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FISCALITE CITOYENNE.

Conférence à l’Institut Africain d’Informatique (IAI).

Thème :

Fiscalité et insertion socioprofessionnelle des diplômés de l’IAI.

Par Dr. Appolinaire Alain ATANGANA ONDIGUI.

Ph.D en Droit Public

Mai 2019.

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La problématique de cette conférence s’articulera sur des axes de recherches
théoriques et opérationnels visant l’appropriation par les étudiants de l’Institut
Africain de l’Informatique (IAI), des dispositions fiscales prévues par les lois
des finances et le CGI pour leur insertion socioprofessionnelle.

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L’impôt est une « une prestation pécuniaire requise des personnes physiques et morales de
droit privé et de droit public d’après leurs facultés contributives, par voies d’autorité et sans
contrepartie, déterminée, à titre définitif en vue de la couverture des charges d’intérêt
général ou à des fins d’interventionnisme de la puissance publique ».
G. JEZE cité par P. BELTRAME

« Nul citoyen n’est dispensé de l’honorable obligation de contribuer aux charges


publiques ».
« Tous les citoyens contribuent à la défense de la patrie  ».
« Chacun doit participer, en proportion de ses capacités, aux charges publiques  »
Préambule de la constitution.

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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE.
- Lois des finances de la République du Cameroun
- Codes Générales des Impôts de la République du Cameroun
- Circulaire No 001/C /MINFI du 28 décembre 2018 Portant instructions relatives à l ‘exécution des Lois de
finances, au suivi et au contrôle de l’exécution du Budget de l’Etat, et des autres entités publiques pour
l’exercice 2019.
- BARILARI « Le consentement à l’impôt », La bibliothèque du citoyen, presse de sciences po. 2000.
- Jacques GROSCLAUDE et Philippe MARCHESSOU, « Droit fiscal général », Dalloz, 6è édition.2007
- Jean Pierre KUATE, « Les collectivités territoriales du Cameroun », 6ème édition, Macacos, 2013.
- JOEL CONSTANT ETANA OMGBA, « Postes Comptables et recouvrement opérationnel de la fiscalité
locale au FEICOM. Analyse de quelques éléments stratégiques de base en matière de recouvrement fiscal
et douanier ». Afrédit, 2011.
- J. OWONA, « Droit constitutionnels et institutions politiques du monde contemporain : étude
comparative. », L’Harmattan, Paris, 2010.
- J. OWONA, « La décentralisation camerounaise », Droit africain et malgache. L’Harmattan, Paris, 2011.
- Léopold hyacinthe NOUETSA, « Les principes de répartition des compétences en matière de fiscalité
locale au Cameroun », doctrine juridique africaine, Edition le Kilimandjaro, 2012.
- Appolinaire Alain ATANGANA ONDIGUI « Le régime de la fiscalité locale au Cameroun : contribution
à l’étude financière des collectivités territoriales décentralisées », Thèse de Doctorat/Ph.D. Université de
Yaoundé 2 SOA.
- Felix ATECK A DJAM, « droit du contentieux fiscal camerounais », finances publiques, L’Harmattan,
2009.
- Martin Collet, « Droit Fiscal », Thémis droit, PUF, 3è édition, 2011 ;
- Martine BETCH, « Droit fiscal. Théorie et pratique »,Dyna’Sup Dtoit, Vuibert, 4è édition, 2012.
- R. MUZZELEC & M. CONAN, « Finances publiques », manuel intégral, Sirey, 16ème édition, 2013.
- Roger Rolland OYONO, « Communes et régions du Cameroun », sopecam, 2015 ;
- Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation /Partenaire pour le Développement
Municipal, « Finances locales du Cameroun », Direction des CTD, 2008.
- Feicom - Cameroun, « Rapport annuel»,  2012, 2013, 2014.

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INTRODUCTION GENERALE

L’impôt est au cœur même de l’exercice de la puissance publique : la possibilité


donnée à l’Etat de lever l’impôt pour assurer la couverture de ses charges, constitue très
certainement l’une des manifestations susceptibles d’illustrer au mieux son pouvoir régalien,
autrement dit, un pouvoir qui ne saurait se partager ou se déléguer, au même titre que
certaines de ses attributions que lui seul est à même d’exercer (la police ; la défense ; la
diplomatie ; la monnaie …). C’est dans le pouvoir fiscal d’un Etat que vont en effet très
certainement résider les plus belles « prérogatives de puissances publique » pour reprendre
une expression caractéristique du droit administratif.
La fiscalité, terme qui tire son origine de fiscus, panier d’osiers que les romains
employaient pour recevoir et garder l’argent désigne l’ensemble des impositions,
contributions et taxes prélevées par l’ensemble des collectivités publiques et les règles et
mécanismes qui régissent leur fonctionnement.
La fiscalité poursuit principalement la mission essentielle de collecter les fonds et
ressources financières nécessaires à l’accomplissement des missions de souveraineté et
d’interventionnisme de l’Etat.
La fiscalité et les finances publiques sont indissociables, en ce sens que les effets de
l’une se reportent et impactent inévitablement sur l’autre.
Dès 1576, dans son ouvrage « La République », JEAN BODIN écrivait « Les
finances sont le nerf de la République ». Cet adage s’est très vite popularisé en se
transformant en cet aphorisme devenu courant : « Les finances sont le nerf de la guerre ».
De fait, la dynamique de l’histoire montre que les finances publiques et l’Etat se sont
développés de manière concomitante ; tout comme elle montre surtout que ce sont les impôts
qui alimentent les finances publiques, c’est-à-dire le trésor public ou encore trivialement les
caisses de l’Etat et participent par là même, au fonctionnement et au développement de l’Etat.
Et vise à procurer à l’Etat et à ses démembrements infra-étatique les moyens financiers lui
permettant de remplir ses missions.
La fiscalité doit être comprise comme étant l’ensemble des règles de droit destinées à
permettre à l’Etat de percevoir, auprès des citoyens, leurs contributions aux charges
financières exigées par l’intérêt public. Elle désigne selon MARTIN COLLET, « l’ensemble
des règles de droit relative aux impôts ». Elle a pour objet l’étude des impôts et au sens

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large du terme, vise à procurer à l’Etat et aux autres entités infra étatiques les moyens
financiers lui permettant de remplir ses missions.
Le droit fiscal exprime avant tout le droit de la puissance publique en s’analysant
comme la mise en œuvre d’un droit de réquisition propre là encore au droit administratif : les
rapports qui s’établissent entre le contribuable et l’administration fiscale se veulent par nature
exorbitant au droit commun ne pouvant s’analyser comme des rapports susceptible d’exister
entre particulier. Les règles applicables à l’impôt sont certes l’expression du pouvoir
Etatique ; cela ne signifie nullement que le contribuable soit dépourvu de droits, de garanties,
de moyens d’action afin de préserver ses libertés fondamentales. Un certain équilibre est
recherché entre, d’une part la nécessité d’assurer le financement d’activités de l’Etat et,
d’autre part, la nécessité d’assurer au contribuable les garanties dont ils doivent disposer dans
le cadre des prélèvements ainsi opérés.
L’impôt est donc un prélèvement pécuniaire, de caractère obligatoire opéré par la
puissance publique par voie d’autorité de façon définitive et sans contrepartie déterminée et
identifiable (…) afin de permettre la couverture des dépenses publiques de l’Etat, des CTD et
des EPA.
Le droit fiscal peut être défini comme la branche du droit permettant la participation
des sujets de droit à l’organisation financière de l’Etat. L’Etat dispose en effet de pouvoir
d’édicter les règles relatives à la nature et au recouvrement des divers impôts. L’impôt
constitue la ressource financière assurée à l’Etat afin de lui les moyens matériels et humains
destinés à lui permettre de répondre aux besoins de l’intérêt public. Il est donc, par voie de
conséquence, la contribution des citoyens aux charges exposées par l’Etat dans un souci
d’intérêt collectif et national
Les règles applicables à l’impôt sont certes l’expression du pouvoir étatique, cela ne
signifie nullement que le contribuable soit dépourvu de droits, de garanties de moyens
d’actions afin de préserver libertés fondamentales. Un certain équilibre est recherché entre,
d’une part, la nécessité d’assurer le financement des activités de l’Etat et, d’autre part, la
nécessité d’assurer aux assujettis les garanties dont ils doivent disposer dans le cadres des
prélèvement ainsi opéré.
Le droit fiscal se doit à l’évidence d’être encadré : telle est la finalité même du droit
fiscal se définissant comme l’ensemble des règles de droit destinées à permettre à l’Etat de
percevoir, auprès des citoyens, leur contribution aux charges financières exigées par
l’intérêt public. Ces règles ont été édictées à la suite d’une lente et longue genèse.

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PROLEGOMENES
Les prolégomènes désignent l’ensemble de notions préliminaires que doit connaitre toute personne
abordant l’étude d’une science nouvelle. Ils sont donc placés en tête de cette conférence pour
encadrer et servir de guide de fil d’Ariane à la compréhension et de l’appréhension de la fiscalité.

I/. HISTOIRE DE L’IMPOT.


A/. De l’antiquité à la révolution française
«  Il y’a des dépenses, il faut les couvrir » claironnait Matthieu Conan dans son
ouvrage « Gaston Jèze et l’utilité de la dépense publique. Elaboration d’une théorie générale
des dépenses publiques ». L’impôt a de tout temps alimenté la couverture des dépenses dans
la société.
Dans la chrétienté, il est rapporté que depuis les temps bibliques, l’entretien des lévites
(prêtre-sacrificateur chargé du service du temple), des démunis, des veuves, des orphelins, des
indigents et des synagogues était assuré par la dîme, l’obole et les offrandes.
De même, la religion islamique, se fondant sur les préceptes du Coran, livre saint
révélé par Dieu, indique l’importance de la Zakat (aumône légale, impôt que le musulman
doit payer sur ses biens), et bien d’autres impôts institués par la loi islamique (charia) pour
alimenter les caisses de plusieurs Etats de la vaste Umma Islamique. La zakat* est d’ailleurs
le troisième pilier de l’Islam.
En règle générale, le roi, pour faire la guerre, faisait appel à ses vassaux. Mais ses
vassaux devaient le servir pendant 40 jours. Pour les suppléer, le roi employait des
mercenaires. C’est donc pour payer les mercenaires dont il avait besoin, outre les armées de
ses vassaux, que le roi devait convoquer les états généraux et leur demandait le droit de lever
une aide exceptionnelle pour la « taille des lances » (autrement dit l’achat et l’entretien des
armes de guerre).
Les états généraux représentaient l’ensemble des sujets, avec des délégués de trois
ordres de la société médiévale : clergé, noblesse et tiers-état (le tiers-état était formé de tous
les sujets dépourvus de privilèges, bref de pauvres ; ses délégués appartenaient à la
bourgeoisie des villes).
Aussi, de la dîme aux dernières créations fiscales, l’impôt a marqué toutes les
civilisations. Sous l’ancien régime et jusqu’en 1789, la fiscalité se caractérise par la
coexistence de trois catégories d’impôts prélevés généralement auprès des pauvres et les
classes sociales défavorisées: l’impôt royal (perçu au profit du trésor royal), l’impôt

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seigneurial (impôt local perçu au profit des seigneurs) et l’impôt d’Eglise (perçu au profit du
clergé).
Les disparités fiscales, le poids excessif des différentes taxes et la lourdeur des
prélèvements subis par les contribuables ont été une des causes de la révolution française.
C’est la révolution de 1789 qui a mis un terme aux systèmes fiscaux en cours et qui a
proclamé le principe de l’égalité des citoyens devant l’impôt.
Parmi les principaux impôts coexistant sous l’ancien régime, il convient d’évoquer :
- Les aides, les banalités, le casuel, le cens, le champart, la dîme, la gabelle,   le minage , la
taille  , la capitation…

B/. Les principes révolutionnaires et la formation du système fiscal contemporain.


Le droit fiscal actuel s’appuie sur des fondements philosophiques issus de la prise de
la Bastille et de la révolution française de 1789. Ces principes portent sur l’élaboration des
règles d’imposition reposant sur le caractère démocratique de l’impôt d’une part, sur la
fonction que doit remplir l’impôt et au contenu même des règles d’imposition d’autre part.
1. Le caractère démocratique de l’impôt.
Affirmé sous la révolution, le principe éminemment démocratique du consentement à
l’impôt reste d’une parfaite actualité.

a). Affirmation du principe de consentement à l’impôt.


Les autorités politiques temporelles (rois et souverains) ont compris bien plus tôt,
l’intérêt qu’ils trouvaient à prélever de manière autoritaire les richesses des dominés que celui
qu’ils avaient à se soumettre à des règles encadrant ces prélèvements.
Comme les conquérants l’ont alors compris, plutôt que de piller purement et
simplement les richesses des peuples soumis, mieux vaut laisser à ceux-ci la possession de
leurs biens et exiger en contrepartie, un impôt (tribut), sous forme, par exemple d’un
prélèvement d’argent proportionnel à l’importance des terres cultivées : cela assure à
l’occupant des revenus réguliers lui permettant notamment de défendre de nouvelles
provinces conquises, en rémunérant les soldats chargés de cette tâche.

b). La rencontre de l’impôt et du droit 


Il est courant de faire remonter au XIIIème siècle, la première affirmation de l’idée
selon laquelle l’impôt ne peut être indéfiniment levé sans l’accord des assujettis (ou des
contribuables). Or, c’est avec le dégagement de ce principe que l’impôt rencontre le droit,

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donnant naissance au droit fiscal. Dorénavant, l’impôt sera établi en fonction de règles
juridiques préétablies auxquelles auront acquiescés les contribuables ou leurs représentants, et
pas seulement en fonction des besoins du souverain.
Le fait d’autoriser l’Etat à prélever des fonds sur les ressources des particuliers a
conduit ces derniers à exiger le droit d’exercer un contrôle sur leur utilisation, par
l’intermédiaire d’un budget qui présenterait d’un côté les recettes, c’est–à–dire les impôts, et
de l’autre les dépenses que l’Etat envisage d’effectuer à partir des recettes dont il dispose.
En Angleterre, c’est l’hostilité des seigneurs féodaux à la levée de nouveaux impôts
par le roi Jean sans terre qui obligea celui-ci à consentir à la formation d’assemblées
obligatoirement consultées en matière fiscale, avec l’édiction de la Grande Charte (Magna
Carta) en 1215. Cette charte, considérée comme l’acte de naissance du régime représentatif et
du parlementarisme, affirme explicitement le principe selon lequel l’impôt ne peut être levé
sans que ceux qui l’acquittent (c’est–à–dire ceux qui le paient effectivement), ou au moins
leurs représentants, y consentent ; d’où l’expression « No taxation without representation »
(pas d’impôts sans représentation). Cinq siècles plus tard, après la révolte de la Boston tea
party, les colonies américaines vont déclencher la guerre d’indépendance contre la couronne
britannique en invoquant le même principe.
En France, ce sont les difficultés financières qui ont conduit Louis XVI à convoquer
les états généraux à Versailles en mai 1789, débouchant sur les évènements que l’on sait : la
transformation des états généraux en assemblées constituantes, abolissant les privilèges et
signant l’acte de décès de l’ancien régime. Ce n’est donc pas par hasard, si l’un des premiers
principes constitutionnels reconnus par la constituante fut celui selon lequel les citoyens
doivent pouvoir «  consentir librement » l’impôt.

c). L’actualité du principe du consentement à l’impôt.

Malgré l’évolution du rôle de l’Etat, les principes juridiques fondamentaux du droit


fiscal contemporain (légalité, annualité, nécessité…), sont directement issus de l’exigence du
consentement à l’impôt tel qu’exprimé en 1789.
C’est le cas, en premier de l’idée que seuls les représentants du peuple et donc le
législateur, peuvent déterminer l’impôt, sous toutes ses facettes (à savoir « la quotité,
l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt). Ensuite l’idée que l’impôt doit être
régulièrement consenti garde toute son effectivité avec le principe de l’annualité de l’impôt
qui oblige l’Administration à recueillir tous les ans le consentement des représentants.

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L’article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) affirme
que « pour l’entretien de la force de publique et pour les dépenses de l’administration une
contribution commune doit être également repartie entre tous les citoyens en raison de
leurs facultés ». A l’analyse de cet énoncé, la  DDHC ne se contente pas de poser le principe
d’ordre procédural relatif à l’élaboration démocratique que devait revêtir l’impôt au nom
d’une certaine justice fiscale. Les constituants entendaient aussi préciser les caractéristiques
que devait revêtir l’impôt au nom d’une certaine justice fiscale.
L’article 13 de la DDHC permet de déceler la fonction particulière que la déclaration
assigne à l’impôt, tout comme des indications sur les principes que doivent respecter les
règles d’assiette permettant de déterminer la matière imposable, comme plus généralement les
règles relatives aux techniques d’imposition (qui viennent préciser comment l’impôt doit être
calculé puis prélevé).
Cependant, c’est beaucoup plus l’évolution considérable des conceptions
philosophique et politique de la justice fiscale qui explique les caractéristiques du système
fiscales actuel, et surtout sa complexité.
2/. Définition de l’impôt.
La naissance de l’impôt précède celle du droit fiscal. Au sens commun, l’impôt évoque
« une contribution exigée pour assurer le fonctionnement de l’Etat et des collectivités
locales » ou « une prestation pécuniaire perçue d’autorité sur les citoyens sans contrepartie
pour financer les charges publiques »
Jacques GROSCLAUDE et Philippe MARCHESSOU, pensent que « l’impôt est un
prélèvement à caractère obligatoire et sans contrepartie, perçue au profit d’une collectivité
publique ». Dans le même sens, Pierre BELTRAME affirme que l’impôt est « une prestation
pécuniaire requise des personnes physiques et morales de droit privé et de droit public
d’après leurs facultés contributives, par voies d’autorité et sans contrepartie, déterminée, à
titre définitif en vue de la couverture des charges d’intérêt général ou à des fins
d’interventionnisme de la puissance publique ».

a). La taxe et la redevance


Au regard des définitions proposées par ces auteurs, et étant dit que ce cours analysera
de façon holistique des prélèvements divers et variés, alimentant les budgets des collectivités
locales camerounaises, la distinction étanche entre impôt et tout autre type de contributions
obligatoires telles que les redevances et les taxes mérite d’être établie.

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En effet, alors que la taxe est un prélèvement obligatoire perçu à l’occasion de la
prestation d’un service rendu,
La redevance, en revanche, se distingue par l’exigence du critère de l’équivalence
entre le prix payé et la prestation fournie par l’Etat. Bien que la doctrine française apporte une
nette distinction entre les impositions et les cotisations obligatoires, la diversité des
prélèvements obligatoires semble avoir imposée au constituant français la nécessité de les
regrouper autour de la qualification « imposition de toutes natures ». En revanche, la
jurisprudence fiscale camerounaise semble adopter une conception large et extensive de
l’impôt, autant les droits de douane, et les cotisations sociales collectées par la Caisse
Nationale de Prévoyance Sociale sont recouvrés comme impôts.

b). Les caractéristiques de l’impôt.


Les principales caractéristiques de l’impôt sont :
- L’impôt est d’abord un prélèvement pécuniaire sur la propriété. Ceci revient à dire qu’à
travers l’impôt, on opère un transfert de richesse d’un patrimoine à un autre. Ce prélèvement
s’effectue d’ailleurs en principe en numéraire, en liquide autrement dit. L’impôt en nature est
proscrit car jugé injuste et incommode.
- L’impôt est ensuite prélevé par voie d’autorité. Autrement dit, c’est un acte de puissance
publique. Cela signifie que le contribuable paye obligatoirement l’impôt dû sous peine de
pénalité ou de sommation.
- L’impôt est par ailleurs une prestation sans contrepartie à titre définitif. En d’autre terme
le paiement de l’impôt par le contribuable ne donne pas un avantage immédiat appréhendé
comme la contrepartie de l’argent que l’on paie à l’Etat;
- L’impôt est enfin, un prélèvement dans le but d’intérêt général et / ou
d’interventionnisme. En effet, l’impôt est d’abord une participation globale à un projet
d’intérêt collectif. Dans cette optique, l’impôt est uniquement un moyen de financement des
charges publiques, de souveraineté. Le passage de l’Etat gendarme à l’Etat providence a
cependant eu pour conséquence l’intervention de l’Etat dans d’autres secteurs d’activités
notamment social et économique. Dans une vision instrumentale, l’impôt est ainsi utilisé pour
satisfaire les charges issues de ces diverses interventions. On prélève ainsi dorénavant l’impôt
pour encourager un certain secteur d’activités économiques ou pour venir en aide à certaines
couches sociales défavorisées. L’impôt booste alors l’économie et participe même à la bonne
redistribution des richesses publiques.

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c). Les classifications de l’impôt
Bien qu’ayant des caractéristiques et des fonctions bien diversifiées et précises, la
notion de l’impôt demeure tout de même générique. En effet, il existe plusieurs types
d’impôts. Afin de ressortir fidèlement cette diversité, la doctrine s’est livrée à plusieurs
classifications en usant d’une diversité de techniques, de processus et de critères
particuliers.
Force est tout de même de reconnaître que cette œuvre de classification scientifique
s’est avérée illusoire à la pratique eu égard à la difficulté d’en trouver concrète vérification.
Ceci étant, certaines classifications restent cependant traditionnelles ou classiques et se
distinguent des autres classifications.
Au nombre de celles-ci, la doctrine a distingué l’impôt réel, de l’impôt personnel
d’une part, l’impôt direct de l’impôt indirect d’autre part. Sous le registre des autres
classifications, on distingue l’impôt analytique de l’impôt synthétique d’une part, et
l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les dépenses, et l’impôt sur le capital d’autre part.
L’impôt réel frappe une chose ou une opération en elle-même, c’est-à-dire dans sa
nature, sa quantité, sa valeur monétaire, en faisant abstraction de la personne du contribuable.
L’impôt personnel est l’impôt personnalisé, c’est-à-dire agencé par une adaptation
individuelle de la charge fiscale à la situation particulière du contribuable.
L’impôt est forfaitaire lorsque la collectivité prélève la même somme pour tous, quel
que soit le niveau de vie ; ce type d’impôt ne modifie pas les inégalités, il tend même à les
augmenter.
L’impôt est Proportionnel lorsque son montant représente une proportion constante
de la base d’imposition par l’application d’un taux invariable (unique). Issue du principe de
l’égalité devant l’impôt, la proportionnalité de l’impôt induit une équitable répartition de
l’impôt entre les citoyens, consacrant l’abolition des privilèges décriés sous l’ancien régime.
Son écueil principal, c’est l’absence de prise en compte des capacités contributives du
contribuable. Exemple la TVA.
L’impôt est progressif lorsque son calcul est déterminé par des taux de plus en plus
élevé au fur et à mesure que s’accroit la base de référence par rapport à laquelle elle est
établie. Ce mécanisme permet d’effectuer une ponction plus forte sur les revenus élevés que
celle effectué sur les revenus plus faibles. Pour nombre d’auteurs, dont Jean-Baptiste
SAY « l’impôt progressif est le seul équitable », car il a permis de développer une équité dite
dégressive, « qui va en diminuant », en tenant compte par exemple des charges familiales ou

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des situations d’indigence avérées. Ainsi l’impôt progressif permet d’imposer davantage les
plus riches, tandis que l’impôt dégressif permet de ne pas surcharger les moins riches.
L’impôt Direct est acquitté directement par le contribuable à l’administration fiscale
(exemple : IR, IS, Droits d’enregistrement, impôts communaux, taxe foncière, taxes
communales et régionales…). Ici, le redevable (celui qui doit verser l’impôt au fisc) est
légalement la même personne que le contribuable (celui qui supporte l’impôt).
L’impôt indirect est acquitté par le contribuable par l’intermédiaire d’un tiers
collecteur. Ici, le redevable (celui qui doit verser l’impôt au fisc) ne fait que collecter l’impôt
auprès des contribuables (ceux qui paient réellement l’impôt, généralement inconnus du fisc),
et le reverser à l’Administration fiscale.
L’impôt analytique frappe un seul élément du capital, une catégorie de revenue
auxquels sont appliqués des taux différents selon leurs natures. Exemple une catégorie de
revenue imposable à l’IR répertoriée sur un bulletin de solde ou sur les salaires et traitements
d’un contribuable. En France, l’impôt cédulaire sur les revenus comportait un impôt cédulaire
sur les salaires et traitements, un impôt cédulaire sur les BIC, un impôt cédulaire sur les BA,
un impôt cédulaire sur les BNC et enfin un impôt sur les valeurs mobilières qui était le plus
taxé auxquels sont appliqués des taux différents selon leurs natures.
L’impôt synthétique, de type général, porte sur plusieurs types de revenus.
d). des impôts locaux bridés
Sur le plan local, l’article 2 de la loi n°2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité
locale du Cameroun et décliné dans le CGI, institue et intègre les impôts, taxes et tout autre
prélèvement fiscal constituant les principales sources des recettes des communes et régions du
Cameroun. On parle alors de l’« impôt local » à côté des impôts d’Etat. Cependant, il a été
remarqué que la fiscalité locale se caractérise par :
- La prédominance de la fiscalité directe locale au sein des ressources fiscales locales ;
- La prédominance du poids communal et intercommunal dans la fiscalité locale ;
- La marginalisation ou la réduction à une portion congrue de fiscalité régionale ;
- Le poids de l’Etat en tant que « contribuable local », lequel participe très largement aux
budgets locaux au travers de différentes dotations ou de transferts de charges induits par les
différents textes décentralisateurs ;
- Une fiscalité hyper-centralisée très largement recouvrée par les services de l’Etat.

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II. L’importance de la fiscalité dans une formation des futurs diplômes de l’IAI
La fiscalité est incontournable pour la formation à la citoyenneté. Une conférence sur
la fiscalité et l’insertion socioprofessionnelle des diplômes de l’IAI essaye, en systématisant la
recension analytique des impôts d’Etat et des CTD, à donner un sens, à mettre de l’ordre dans
ce qui par nature est touffu, désordonné, complexe et rébarbatif. Il faut clarifier et simplifier.
On comprend mieux ce qui est ordonné.
Par ailleurs, la fiscalité n’est pas une discipline abstraite. Connaitre les principes, les
modalités et les techniques de base est certes indispensable, mais il faut également savoir les
appliquer et enfin de pouvoir répondre à la question du contribuable : « combien vais-je
payer ? ». Ainsi, il en va de la fiscalité comme de l’arithmétique ; l’important est moins de
savoir réciter les formules que de savoir les appliquer en faisant des opérations
L’objectif fondamental de cet enseignement vise à faire une recension ordonnée et
une analyse des impôts et taxes (en ce qui concerne leurs modalités, procédures et techniques
d’assiette, de recouvrement et de contentieux) qui concourent à mobiliser les ressources utiles
pour subvenir aux charges régaliennes et interventionnistes de l’Etat.
Bien plus, et surtout, de faciliter l’immersion de l’étudiant, futur acteur du système
fiscal à maints égards (entrepreneur, contribuable, politique, parlementaire, manager, agent de
l’Etat, …) dans une discipline qui jouit d’une réputation d’ésotérisme et susciter en lui la
conscience citoyenne pour le fonctionnement efficace de l’Etat, la consécration de l’Etat de
droit et du respect des droits fondamentaux de l’homme et du citoyen.

A/. Comment appréhender la fiscalité


Les deux sens du terme « appréhension » sont ici de mise : appréhender le droit fiscal
c’est-à-dire aborder son étude suscite généralement une certaine inquiétude, autrement dit une
certaine appréhension. En effet, tout porte croire que sa complexité, héritée de l’histoire lui est
presque consubstantielle.
La politique fiscale est au cœur des programmes de plusieurs gouvernements de
l’ensemble des partis, et il est bien naturel que des visions différentes du bien et du juste, donc
des valeurs différentes, se traduisent par des normes différentes, diverse et variées. En outre,
le droit fiscal se prête évidemment mieux que tout autre à la course au clientélisme et donc au
développement de multiples dérogations et cas particuliers.
B). Le choix de la méthode
Lorsqu’un particulier ou une entreprise s’adresse à un juriste spécialisé en droit fiscal
(Enseignant, juriste, fiscaliste, avocat, notaire, gérant de patrimoine, etc.), c’est généralement

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pour savoir comment appliquer la loi, pour évaluer comment l’administration ou le juge
risquent de l’interpréter, ou encore pour apprécier ce que l’on risque à la violer. Pour parvenir
à répondre à ce type d’interrogations il est nécessaire de privilégier la compréhension des
règles de droit telles qu’elles apparaissent dans les textes et la jurisprudence.
Mais cette première approche ne peut se passer de l’étude de la mise en œuvre des
règles par l’administration. De même que l’on comprend mieux les règles du football en
assistant à un match de football ou en pratiquant ce sport, plutôt qu’en se contentant de lire les
règlements, on comprend mieux le droit fiscal en s’interrogeant sur son application.
C’est la raison pour laquelle, cette conférence abordera de façon pragmatique le
diptyque fiscalité et insertion socioprofessionnelle, en privilégiant l’immersion directe du
futur diplômé de l’IAI dans les principes, procédures et modalités de la fiscalité
camerounaise en vue de le préparer à s’approprier le système fiscale qui encadrera tout
son environnement socio-professionnel.
La fiscalité sera abordée selon la perspective d’une insertion socioprofessionnelle du
diplômé en qualité de créateur d’entreprise, de salarié, de manager, de gestionnaire de
patrimoine de l’entreprise dans un contexte marqué par la volonté d’émancipation réelle des
CTD d’un jacobinisme rigide.
C). Le plan adopte
Parti de l’objectif pédagogique fixé supra ; l’enseignement visera à décliner de façon
transversale, les différents secteurs d’activités et débouchés professionnels qui s’ouvrent aux
futurs lauréats de l’IAI ainsi que les impôts , taxes, redevances et droits auxquels il devra
faire face, en ce qui concerne leurs modalités, procédures et techniques d’assiette, de
recouvrement et de contentieux.
Bien plus, l’exposé facilitera l’immersion de l’étudiant, futur acteur du système fiscal
à maints égards (entrepreneur, contribuable, politique, parlementaire, manager, agent de
l’Etat, …) dans une discipline qui jouit d’une réputation d’ésotérisme et susciter en lui la
conscience citoyenne pour le fonctionnement efficace de l’Etat, la consécration de l’Etat de
droit et du respect des droits fondamentaux de l’homme et du citoyen.
On ne pourra venir à bout de l’irréductible diversité des régimes d’imposition, et
plonger l’apprenant dans cet environnement presqu’hermétique qu’en utilisant l’approche
learning by doing qui consacre le renvoi de l’étudiant à un groupe de travail thématique sur
certaines références législatives et règlementaires contenues dans le CGI.
Il est question de constituer des groupes d’étudiants qui aborderont des thématiques
ayant trait avec les différentes positions qu’ils occuperont dans la vie.

15
PREMIERE GROUPE : IMPOTS DIRECTS:
- Le diplômé de l’IAI, gestionnaire de patrimoine de l’entreprise, (droit
d’enregistrement, timbre et curatelle. Art. 264 à 541) ;
- Le diplômé de l’IAI et la législation fiscale en zone CEMAC, (droit d’enregistrement,
Articles 542 et s.)
- Le diplômé de l’IAI, manager et Directeur de Société, (fiscalité comme élément de
contrainte de gestion ; Impôt sur les Sociétés. Art. 2 à 23) ;
- Le diplômé de l’IAI, salarié, (Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques, Bénéfices
Artisanaux, Industriels et Commerciaux, Traitements, Salaires, Pensions et Rentes
Viagères, Revenus des Capitaux Immobiliers, Bénéfices Agricoles, Bénéfices des
Professions Non Commerciales, Revenus Fonciers…. Art. 24-1 à 124 BIS) ;
DEUXIEME GROUPE : IMPOTS INDIRECTS:
- Le diplômé de l’IAI, contribuable-actionnaire de l’Etat, (TVA, Droits d’accises, …)
Articles 125 et s.
TROISIEME GROUPE: IMPOTS LOCAUX:
- Le diplômé de l’IAI dans un contexte girondin. (Fiscalité locale).
Articles 154 à 205 bis et de l’article C1er à C 149.
QUATRIEME GROUPE : MESURES INCITATIVES A L’INVESTISSEMENT:
- Le diplômé de l’IAI créateur d’entreprise, (mesures incitatives à l’investissement,
Exonérations, abattements, mesures incitatives, régime fiscal des zones sinistrées…
Articles 105 et s. articles 262 et s.
CINQUIEME GROUPE : ENTREPRENEURIAT JEUNE:
Le diplômé de l’IAI créateur d’entreprise, (régime d’imposition, Articles 93 TER et s.
Carte du contribuable, patente, attestation et certificat de localisation, dossier
administratif, bancaire et fiscal… (Voir le Centre de Formalités de Création
d’Entreprise à côté de la maison de la radio).

IL EST ATTENDU DE CHAQUE GROUPE DE REALISER SUR MAXIMUM TROIS PAGES,


UN TRAVAIL DE RECHERCHE THEMATIQUE ET SYNTHETIQUE RELATIVEMENT AU :
- champ d’application de l’impôt (personnes imposables) ;
- bénéfice imposable ;
- lieu d’imposition ;
- période d’imposition ;
- calcul de l’impôt ;
- établissement de l’impôt ;
- règlement de l’impôt ;
- exemptions, exonérations et autres abattements ;

16
- obligations des contribuables
La fiscalité est l’ensemble des normes et de règles juridiques qui visent à encadrer et
régir les activités de l’administration fiscale, à travers la déclinaison et la définition de leurs
prérogatives, et surtout celles des contribuables, en les obligeant à acquitter tel impôt dans
telle situation. Pour présenter ces différentes normes, nous allons distinguer d’une part la
règlementation et les procédures.

CHAPITRE 1er. LA REGLEMENTATION FISCALE

Derrière la référence à la règlementation fiscale, c’est l’ensemble des grands principes


juridiques qui forment le socle commun à toutes les normes et techniques du droit fiscal qu’il
convient d’étudier. En premier lieu, ces normes juridiques, ces principes et ces procédures qui
visent à encadrer et régir les activités de l’administration fiscale et surtout celles des
contribuables et techniques se fondent sur la théorie de l’autonomie du droit fiscal,
proviennent de plusieurs sources hiérarchisées et sont encadrées par de nombreuses règles de
procédure.

Section 1. Les sources du droit fiscal

Les sources du droit fiscal n’ont à-priori rien d’exceptionnel. Comme toutes les
branches du droit, celui-ci puise en effet les normes qui le constituent dans différents textes
entre lesquels une hiérarchie peut être établie, ainsi que dans des décisions de justice.
Toutefois, leur agencement connait certaines spécificités ; la hiérarchie des normes fiscales
n’est pas en tout point conforme à ce que connaissent le droit civil ou le droit administratif.
Seront donc envisagés, les sources constitutionnelles, législatives, règlementaires, les
sources internationales et communautaires.

PARAGRAPHE 1. LES SOURCES INTERNES


En droit interne, les sources du droit fiscal sont hiérarchisées. Au-dessus de tous les
textes, se trouve la constitution. Viennent ensuite les traités internationaux, la loi,
l’ordonnance prise par le pouvoir exécutif seul, par délégation du parlement, les décrets
(décisions du pouvoir exécutif qui ne sont pas contraire à la loi), l’arrêté, la circulaire ou
l’instruction.

17
A. La constitution
La constitution est l’ensemble des règles suprêmes fondant l’autorité étatique
organisant ses institutions, lui donnant son autorité tout en garantissant les libertés
fondamentales des citoyens. Elle est donc à juste titre la source originaire et fondamentale du
droit fiscal. C’est pourquoi elle est généralement qualifiée de loi fondamentale. En effet, la
matière fiscale est largement inspirée par les dispositions de la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen insérées en préambule dans la constitution. Le préambule de la
constitution du 16 janvier 1996, portant révision de constitution du 02 juin 1972, modifiée et
complétée par la loi N° 2008/001 du 14 avril 2008, énonce plusieurs principes de valeur
constitutionnelle régissant la fiscalité camerounaise ; Il énonce notamment que « tous les
hommes sont égaux en droit et en devoir (…) » ; que « chacun doit participer, en proportion
de ses capacités, aux charges publiques » et qu’en plus « tous les citoyens contribuent à la
défense de la patrie ».
Bien plus, plusieurs autres articles de la constitution trouvent à s’appliquer notamment
en matière fiscale : à cet effet, les l’article 16 (2), 26 (2) et 28 confirment à suffisance que la
constitution, loi aux faîtes de la hiérarchie des normes en droit interne, est une source
prééminente non seulement du droit fiscal mais aussi des grands principes juridiques qui
concernent l’ensemble des lois fiscales.

1. Le principe de légalité
Le terme de « légalité » et le principe qui s’y attache peuvent être compris de plusieurs
manières.
En droit administratif, le principe de légalité de l’action administrative désigne ainsi de
façon très générale l’obligation qui pèse sur l’administration de se soumettre au droit. En
revanche, lorsque les juristes parlent du principe de légalité du droit fiscal, ils envisagent une
idée un peu différente : celle selon laquelle la constitution impose que l’essentiel des règles
qui forment le droit fiscal soit posé par la loi.
Le principe de légalité rend le Parlement seul compétent pour établir ou lever les
impôts. La compétence exclusive du législateur s’entend non seulement de la création
d’impôts, mais aussi des règles qui fixent leurs modalités. Cette compétence exclusive est
valable quel que soit le bénéficiaire de l’impôt. Ainsi, le gouvernement ou les CTD ne
peuvent instituer des taxes sans autorisation législative. Leur régime ne peut être modifié par
voie règlementaire.

18
Cette idée découle directement du principe du consentement à l’impôt. En effet, le
deuxième alinéa de l’article 26 indique que « la création des impôts et taxes et la
détermination de l’assiette, du taux et les modalités de recouvrement de ceux-ci  », sont du
domaine de la loi.
L’article 34 de la constitution française énonce quant à lui : « la loi fixe les règles
concernant l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes
natures » le principe de légalité est ancré dans l’article 14 de la DDHC, de 1789, qui énonce
« tous les citoyens ont le droit de constater… la nécessité de la de la contribution publique, de
la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité à l’évidence
Cependant, une flexibilité institutionnelle tend à conduire au décloisonnement de
compétence en matière de loi fiscale, de loi des finances et de loi ordinaire.

2. Le principe d’égalité
Principalement consacré par les dispositions de la DDHC qui fondent le principe
selon lequel « tous les citoyens naissent libres et égaux en droit », le « principe d’égalité
devant la loi » tiré de l’article 6 de la DDHC, selon lequel la loi « doit être la même pour tous,
soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse », a influencé la matière fiscale et s’entend
aujourd’hui comme l’égalité de tous les contribuables-citoyens devant l’impôt.
L’égalité devant l’impôt découle de trois articles dont deux de la DDHC :
- Art .1 de la DDHC « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » 
- Art.13 de la DDHC « la contribution commune doit être également répartie entre les citoyens
à raison de leurs facultés ».
A chaque fois, le juge administratif suit une même démarche : en premier lieu, il
s’assure que les personnes placées dans la même situation au regard du service publique (ou
de l’impôt) bénéficie d’un même traitement. Si ce n’est pas le cas, il apprécie alors en second
lieu si l’intérêt général ou un texte de loi justifie un tel traitement différencié. Si c’est le cas,
la discrimination résultant de la différence de traitement ne viole pas le principe de l’égalité,
malgré l’absence de différence de situation objective vis-à-vis du service.
Le terme « discrimination n’a ici rien de péjoratif : discriminer signifie ici seulement
« distinguer, différencier ». Le Conseil d’Etat et le Conseil Constitutionnel se réfèrent
généralement à cette à cette conception administrative de l’égalité, n’hésitant pas à
paraphraser la jurisprudence du juge administratif, en estimant que « le principe d’égalité ne
s’oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes, ni à ce
qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général pourvu que, dans l’un et l’autre cas,

19
la différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l’objet de la loi qui
l’établit ».

3. Le principe de nécessité

Tout en exposant les « droit naturel, inaliénable et sacré de l’homme », la déclaration


de 1789 n’omet pas mentionner les limites que la loi pourra leur apporter, limite rendu
nécessaire - c ’est-à-dire indispensable – par la vie en société toutefois, ces limites doivent
elles même, si l’on peut dire, être limitées pour ne pas faire sombrer la société dans le
despotisme : ainsi, les atteintes aux libertés individuelles qu’impose la réalisation de l’intérêt
général doivent elles rester strictement nécessaires- c’est-à-dire proportionnée. Dans tous ces
cas, les références à la notion de nécessité renferment une double idée : d’une part un élément
de justification (nécessaire signifie alors indispensable, comme lorsque l’on parle d’un « mal,
nécessaire »), et d’autre part un élément de limitation (nécessaire signifiant aussi
proportionné, adéquat – comme lorsqu’un étudiant refuse de faire « plus que le nécessaire »
pour obtenir son diplôme).

4. le principe d’annualité
Le principe d’annualité budgétaire de l’Etat est l’un des quatre grands principes des
finances publiques. Le budget de l’Etat doit en effet être voté chaque année par le Parlement.
L’idée que l’impôt doit être régulièrement consenti garde toute son efficacité avec le
principe de l’annualité de l’impôt, qui oblige l’administration à recueillir tous les ans le
consentement des représentants. Cette obligation trouve sa traduction concrète chaque année
avec l’adoption de la loi des finances qui, formellement autorise les agents du fisc à percevoir
l’ensemble des impôts

5. le principe de la solidarité face aux charges publiques.


Ce principe pose poursuit un objectif de justice et d’équité fiscale. Il pose le postulat de
l’assujettissement des citoyens à l’impôt au prorata de leurs ressources, de leurs avoirs ou de
leurs biens. Son fondement textuel réside dans l’article 13 de la DDHC. La constitution
camerounaise de 1996 le reprend en ces termes «  chacun doit participer, en proportion de ses
capacités aux charges fiscales publiques ».

20
B. LA LOI
La Loi est une source du droit fiscal par application du principe de la légalité fiscale.
Elle est également une source importante du droit fiscal dont les dispositions sont codifiées
dans le CGI. La compétence du législateur se limite à la fixation des règles de la technique
fiscale tel que l’assiette, le taux, les modalités de recouvrement. En revanche, l’application
concrète de ces règles incombe à la compétence règlementaire.

C. LA JURISPRUDENCE.
La jurisprudence s’entend comme l’ensemble des décisions des tribunaux de l’ordre
administratif et de l’ordre judiciaire, voir même d’autres instances plus importantes comme le
CC. Les sources jurisprudentielles sont très importantes quantitativement par le nombre des
litiges et qualitativement par le rôle créateur du juge de l’impôt (exemple de la jurisprudence
relative à l’acte anormale de gestion) ; elles sont diversifiées : juge judicaire pour les impôts
indirects sauf la TVA, juge administratif pour les impôts directs et la TVA, Cour de justice de
l’Union européenne et, de plus en plus, Cour européenne de sauvegarde des droits de
l’Homme.

D. LES REGLEMENTS.
Le pouvoir règlementaire ne peut intervenir que dans les domaines qui ne sont pas
attribués au législateur par la constitution. Le législateur ne prévoit en général que les
dispositions nécessaires à l’application de la loi fiscale. Il appartient alors au pouvoir
règlementaire d’édicter des mesures d’application qui sont nécessaires à la mise en œuvre des
règles fixées par le législateur sans que ces dispositions puissent avoir pour objet ou pour
effet de modifier le caractère, l’étendue ou la portée des règles législatives.

E. LA DOCTRINE ADMINISTRATIVE.
Elles sont constituées par les commentaires de l’administration fiscale et les directives
adressées aux agents. Pour l’application de celles-ci, la doctrine administrative est capitale,
elle ajoute à jurisprudence la en ne se bornant pas à pas préciser le sens et la portée de textes.
L’article 80 A du Livre des procédures fiscales protège le contribuable contre tout
changement de doctrine. Celle-ci est opposable à certaines conditions même si elle est
contraire à la loi fiscale. Si le redevable a appliqué le texte selon les termes de
l’administration, celle-ci ne peut décider un redressement en défendant une interprétation
nouvelle différente.

21
F. LE CODE GENERAL DES IMPOTS (CGI)
Le Code Général des Impôts (CGI et le Livre des Procédures Fiscale - LPF) est un
document d’origine administratif et gouvernemental qui n’est que le regroupement des
normes législatives et réglementaires intervenues en cette matière. Des décrets viennent
régulièrement l’actualiser en incorporant les modifications survenues mais cette codification
ne modifie pas la valeur juridique ni d’ailleurs le sens des textes ainsi regroupés : ils
conservent leur valeur portée d’origine. Le fait de codifier les normes législatives et
réglementaires ne veut pas dire créer du droit nouveau, mais mieux présenter les règles
établies. Cette codification présente certains avantages : le premier est la clarté ; le droit
devient plus lisible. Le deuxième avantage est la cohérence parce que les textes sont
rapprochés selon un plan logique. Le troisième est l’accessibilité (c’est la possibilité d’avoir
un petit nombre d’ensemble de textes au lieu d’avoir une multitude de textes et de pouvoir
mieux connaitre ainsi ses droits).

PARAGRAPHE 2. LES SOURCES EXTERNES DU DROIT FISCAL


A. Les sources internationales
Il s’agit des conventions internationales classique, notamment relative à l’élimination
des doubles impositions à caractère bilatérale ou à la lutte contre l’évasion fiscale
internationale à caractère multilatérale ; il s’agit surtout du droit Européen, en particulier les
directives sur l’imposition des chiffres d’Affaires des entreprises, sur le contrôle fiscal
Les conventions internationales. Elles se présentent sous plusieurs formes : les
conventions diplomatiques qui imposent aux Etats signataires des obligations négatives. C’est
par exemple par elles que des exemptions fiscales sont faites à certaines catégories de
personnes telles que les diplomates, et les agents des Organisations Internationales.

B. LES REGLES DU DROIT COMMUNAUTAIRE.

Plusieurs normes du droit communautaire sont obligatoires pour les Etats membres et
s’imposent ainsi même à l’administration fiscale. Il s’agit en fonction de leur portée
respective ;
- Des règlements : ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et sont directement applicables
dans les Etats membres.
- Les règlements-cadre ; ils ne sont directement applicables que dans certais de leurs éléments.

22
- Les directives ne lient les Etats membres que pour les résultats à atteindre et leur laissent le
soin de déterminer les moyens.
- Les décisions sont obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu’elles
désignent expressément.
- Les recommandations sont facultatives et ont valeur d’avis ou de conseil.

SECTION 2. INTERPRETATION DU DROIT FISCAL


S’il existe un terrain qui reste sibyllin pour les juristes fiscalistes et qui mérite d’être
bien précisée, c’est bien celui de l’interprétation du droit fiscal. Cette opération intellectuelle
est en effet celle sur laquelle repose l’application de toutes les règles du droit fiscal, comme
du droit en général. C’est pourquoi il est nécessaire de bien préciser le sens de cette question
de l’interprétation et voir si, du point de vue du produit de l’interprétation administrative, elle
révèle de véritables spécificités pouvant militer pour la consécration définitive de l’idée d’une
autonomie du droit fiscal.

PARAGRAPHE 1. SPECIFICITE DE L’INTERPRETATION EN MATIERE


FISCALE

A. La notion d’interprétation
De façon générale, un texte juridique est muet ; il ne dit rien d’autre que ce que lui
font dire ceux qui l’interprètent afin de l’appliquer. L’interprétation consiste ainsi à donner
une signification à un énoncé, c’est-à-dire à préciser ce « que veut dire » telle disposition de
tel texte.
Pour que le droit fiscal soit appliqué, l’interprétation des textes et des principes seule
ne suffit pas ; encore faut-il mener une seconde opération intellectuelle : celle de qualification.
On désigne par-là, l’opération qui conduit l’administration ou les juges à nommer
juridiquement un fait, à caractériser une situation concrète au regard des textes, en somme, à
faire « entrer » dans les mots du droit certains évènements, afin de déterminer la règle qu’il
convient d’appliquer. Par exemple, le fait d’avoir cédé à un ami un immeuble contre une
somme d’argent dérisoire doit-il être juridiquement qualifié de vente ou de donation ? Selon
la qualification juridique retenue, les règles applicables seront différentes (l’imposition de la
vente étant beaucoup plus légère que celle de la donation).

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1. Les interprètes
En matière fiscale, il revient en premier lieu à l’administration d’interpréter la loi,
puisque c’est d’abord elle qui doit l’appliquer. Toutefois comme en toutes matières, c’est
normalement le juge qui reste maitre des interprétations à donner aux textes, dès lors que c’est
lui qui est saisi en cas de litige et donc de difficultés sur le sens à donner au texte. C’est donc
lui qui dictera aux particuliers et surtout à l’administration la manière de comprendre et
d’appliquer la loi fiscale.

2. Les conséquences de l’autonomie du droit fiscal


L’autonomie du droit fiscal a pour corolaire le réalisme (a), l’autonomie du contentieux (b) et
le privilège du trésor (c).

a). Réalisme du droit fiscal.


«Qu’est-ce qu’une loi fiscale ? C’est une loi destinée à frapper la matière fiscale, la
matière imposable et qui la saisit là où elle se trouve, qui la saisit telle qu’elle apparaît, en fait,
sans se préoccuper de ce qu’elle vaut en droit. La loi fiscale frappe donc des états de fait et
non des situations de droit». Conclusions du commissaire du gouvernement Corneille sur CE
21 janvier 1921.
En réalité, le réalisme du droit fiscal n’a pour fonction que celle d’assurer le respect de
l’égalité de tous devant l’impôt, en permettant une lutte efficace contre la fraude organisée
avec des moyens juridiques.
C’est pourquoi, certains publicistes lui reconnaissent une certaine spécificité, un
certain particularisme, un certain réalisme. L’imposition des situations de faits et la répression
d’abus de droit sont généralement présentés comme des manifestations du réalisme du droit
fiscal : Le droit fiscal impose les commerçants de faits comme de droit.
On présente parfois comme un signe remarquable du réalisme fiscal, le fait que le Fisc
impose les bénéfices réalisés à l’occasion d’activités illicites ou immorales. C’est ce qui a été
jugé à l’égard des trafiquants de drogue, des proxénètes (imposés dans la catégorie des
Bénéfices Industrielles et Commerciaux) ; les prostitués et les maitresses imposées dans la
catégorie de Bénéfices Non Commerciaux ;
- L’abus de droit. Certains contribuables ne manquent pas d’imagination et n’hésitent pas à se
livrer à des « montages » audacieux afin de se soustraire à l’impôt qui serait normalement dû.
L’exemple le plus connu est celui de la vente – acte apparent - qui déguise une donation - acte

24
secret § Cf. pour aller plus loin lire dans le Code Générale des Impôts (CGI) du Cameroun;
Cf. CGI 2018. Articles L33 à L33 Bis.
b). Le privilège du trésor
Le privilège du Trésor confère à celui-ci un droit de préférence par rapport aux autres
créanciers du contribuable afin d’assurer le recouvrement des impositions non payées*.
Le privilège du trésor garantit le recouvrement de tous les impôts, droits, taxes et pénalités
assis et liquidés par la DGI et les pénalités de recouvrement liquidées par la DGI. Il porte sur
tous les biens meubles, immeubles et effets mobiliers du contribuable en quelques lieux qu’il
se trouve, dans les conditions rang définies à l’article 107 de l’acte uniforme OHADA relatif
aux sûretés. Cf. CGI. Articles L81 à L91

B. LES FINALITES DE L’IMPOT.


La fonction originelle de l’impôt a profondément changé, au rythme de
l’accroissement des besoins financiers de l’Etat (1). Bien plus, aujourd’hui, l’impôt n’est plus
seulement un  moyen permettant d’alimenter les caisses du trésor public (2). De manière plus
contemporaine et plus volontaire, les pouvoirs publics ont imaginé de confier à l’impôt une
autre mission d’intervention économique et sociale (3).

1. L’accroissement des besoins à couvrir.


Le projet affirmé en 1789 de cantonner l’impôt au paiement des dépenses militaires et
d’administration a fait long feu. La constitution de 1791 affirmait déjà la nécessité de créer « 
un établissement général de secours public » pour élever les orphelins et venir en aide aux
pauvres et aux infirmes, et de mettre en place une « instruction publique commune à tous les
citoyens » et garantie. Bien entendu, l’extension continue des fonctions assignées à l’Etat,
depuis la fin du 18ème siècle, a impliqué une augmentation des dépenses publiques et donc une
hausse du niveau de prélèvements.

2. L’impôt a pour fonction de collecter et d’alimenter les caisses publiques


L’impôt apparait en même temps que les premiers embryons d’organisation collective, le
royaume, le clan ou la tribu ont besoin d’instaurer une contribution sur leurs membres pour
financer les dépenses communes. Le pouvoir fiscal représente un des attributs essentiels de la
souveraineté de l’Etat qui ne veut pas se départir du monopole du pouvoir fiscal. La
justification première de l’impôt demeure de recouvrer les impositions et d’alimenter les
caisses du trésor public.

25
3. L’impôt et volonté d’interventionnisme économique et social
L’extension effrénée des fonctions assignées à l’Etat a impliqué une hausse quasi
exponentielle des charges et dépenses publiques qui iront constamment en hausse. Au
lendemain de la crise économique de 1929 et de la deuxième guerre mondiale, les politiques
fiscales de certains Etats et leurs gouvernements ont assigné à l’outil fiscal des objectifs de
politique économiques et sociale indépendamment des recettes générées. La mise en place du
des mécanismes du quotient familial en 1945 en France, afin d’aider les familles nombreuses
et accompagner la politique nataliste du baby-boom, en est un exemple.
De même aujourd’hui, le législateur multiplie les allègements fiscaux destinés aux
entreprises s’installant dans certaines zones défavorisées afin de les inciter à y créer des
activités économiques et des emplois. Le CGI camerounais 2018 indique à cet effet, certaines
mesures relatives à la réhabilitation des zones sinistrées. (Voir Art. 121(1), (2), (3), (4), (5),
(6) et (7)).
L’impôt peut faciliter ou entraver la création, l’implantation ou la croissance
d’entreprise : double imposition, niveau d’imposition des revenus que les sociétés tirent de
leurs filiales. Il détermine leur dimension en favorisant ou défavorisant les petites entreprises
ou leur concentration. Il conditionne leur nature : protection de l’entreprise individuelle, des
coopératives et des sociétés ; leur nationalité : discrimination ou non entre les entreprises
française et les autres ; leur recrutement : pénalisation ou non des entreprises de main
d’œuvre.
La fiscalité oriente les investissements vers certaine activité : agriculture, sidérurgie,
construction navale…, vers certaines régions : diverses aides à la décentralisation industrielle
(réduction du droit de mutation, exonération d’impositions locales, amortissement
exceptionnelle de 25 % du cout dès l’achèvement des bâtiments) ou vers certaines sources
d’énergies : thermique, pétrolière, atomique, hydraulique.
Dans tous ces cas, la règle fiscale poursuit toujours un objectif d’intérêt général à
caractère économique et social, mais aucunement financier.

PARAGRAPHE 2. ACTEURS ET INSTITUTIONS DU DROIT FISCAL :


A.STRUCTURES ET CHAMP D’INTERVENTION
Au centre du droit fiscal se trouvent ses acteurs. Il est donc capital de savoir qui fait
quoi et comment s’organise-t-il pour l’accomplir ? La connaissance des acteurs intervenant
dans une activité permet donc de saisir leur niveau de compétence ou champ d’intervention,

26
leur organisation structurelle et de savoir en cas de difficulté qui saisir. Deux groupes
d’acteurs sont généralement concernés :
- L’Etat ;
- Ses démembrements et les contribuables
1. L’ETAT
L’Etat est l’acteur qui crée le cadre réglementaire régissant l’activité de recouvrement
des recettes fiscales et douanières. C’est également l’Etat qui organise et supervise ladite
activité et qui conçoit les politiques nationales qui ont un impact sur le recouvrement desdites
recettes.
L’Etat est le plus grand contribuable, suite à sa position de plus grand employeur des
personnes physiques, mais également des personnes morales. Par ailleurs, l’Etat offre des
prestations aux entreprises, lesquelles sont rémunérées après réalisation desdites prestations,
sur la base des factures établies. Ces factures donnent lieu aux retenues de certains impôts,
taxes et redevances, à la source ; on citera à titre d’exemple la TVA, l’IR, et les droits
d’enregistrement.
L’Etat revêt dans ces deux cas le statut de redevable légal, d’une part, dans la mesure
où il paie lesdits impôts qu’il retient à la source sans toutefois les supporter. D’autre part,
l’Etat fait aussi des opérations en son nom propre, suite auxquelles il paye l’impôt ou la taxe y
relatifs, c’est notamment le cas des importations qu’il effectue.
Pour cela il s’appuie principalement sur certaines de ses administrations.
a). Le ministère des finances
Le Ministère des finances assure le suivi de l’exécution de la loi des finances et le
suivi des performances en termes de recettes et des dépenses. Il est chargé de la conception de
la politique fiscale et douanière nationale. Pour accomplir ces missions, le MINFI s’appuie sur
quatre administrations opérationnelles :
- La Direction Générale des Impôts (DGI) ;
- La Direction Générale des Douanes (DGD) ;
- La Direction Générale du Budget (DGB) ;
- La Direction Générale du Trésor et de la Coopération Financière et Monétaire (DGTCFM)
- Le Centre National de Développement Informatique (CENADI)
2. Les démembrements de l’état intervenant dans la fiscalité
Les démembrements de l’Etat sont des administrations décentralisées à savoir des
structures qui jouissent d’une autonomie administrative et financière.

27
a). Le FEICOM
Le Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM), créé
par la loi N° 74/23 du 05 décembre 1974, viendra unifier les règles de gestion des
municipalités des zones anglophones et francophones quatorze années après l’accession du
Cameroun à son indépendance.
Le FEICOM apporte son assistance technique et les ressources financières nécessaires
au développement des communes et des régions.
Le décret N° 77/85 du 22 mars 1977 reconnait quatre missions au FEICOM. Il s’agit
de :
- L’entraide entre les communes notamment par les avances de trésorerie ;
- Le financement des travaux d’investissement communaux ou intercommunaux ;
- La couverture des frais d’assiette et des charges de recouvrement des recettes fiscales ;
- La couverture des frais relatifs à la formation du personnel communal et du personnel d’état-
civil.
b). Collectivités territoriales décentralisées
Les collectivités territoriales sont un ensemble d’organisations administratives
géographiquement délimitées et dotées d’une autonomie juridique qui leur confère la
personnalité juridique.
Pour qu’une population déterminée par son attachement à un territoire ait une vie
administrative propre, et une autonomie par rapport à l’Etat ou à d’autres personnes
publiques, il faut qu’elle soit érigée en personne morale. C’est ainsi que les collectivités
territoriales se distinguent des circonscriptions administratives qui ne possèdent pas de
personnalité juridique.
L’article 55, alinéa 1, stipule à cet effet, que les « collectivités territoriales
décentralisées de la République du Cameroun sont la région et la commune ; tout type de
collectivités territoriales décentralisées est créé par la loi ». L’article 55, alinéa 2, définit et
consacre le statut et la personnalité juridique. Il énonce à cet effet que les « collectivités
territoriales décentralisées sont des personnes morales de droit public. Elles jouissent de
l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux ou locaux.
Elles s’administrent librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par la loi ».
Le Cameroun étant une république unitaire décentralisée, « une et indivisible », les CTD,
exercent leurs activités dans le respect de l’unité et l’intégrité territoriale et nationale et de la
promotion du vivre ensemble.

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3. LES CONTRIBUABLES.
Le contribuable est l’individu, le ménage, ou toute personne morale (entreprises, sociétés,
association…) dont l’activité est assujettie au paiement d’un impôt ou d’une taxe et donc qui
contribue au fonctionnement de l’Etat et de ses services.
a). Les personnes physiques ;
Suite aux activités qu’elles exercent, les personnes physiques s’acquittent et paient des
impôts et taxes, soit à l’Etat, soit aux CTD, soit aux organismes publics de sécurité sociales.
Dans leur mode opératoire, les personnes physiques constituent deux types de redevables : ils
sont soit redevable réel, soit simples redevables. Le redevable réel est le contribuable qui
supportent les impôts et taxes mais qui n’en assurent pas directement le paiement. Le
redevable est tout assujetti qui supporte les impôts et taxes et les payent lui-même
directement.

b). Les personnes morales :


- Etat (V. supra);
- Les démembrements de l’Etat.
- Les entreprises du secteur privé.
Elles interviennent comme redevables réels lorsqu’elles effectuent des opérations
auprès des autres contribuables qui font l’objet de retenue à la source. C’est le cas des
opérations d’achat qu’elles effectuent auprès des autres contribuables ou des prestations
qu’elles réalisent pour ces derniers.
Certaines de ces entreprises sont également redevables légaux. Car ne pouvant être
partout à la fois, l’Etat leur a permis de retenir à la source des impôts ou taxes sur les
opérations faites par d’autres contribuables, notamment dans les achats de biens que ces
derniers effectuent auprès d’eux, ou des prestations.

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