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Ressources documentaires.

Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 3

Module 3 : Économie et gestion des ressources naturelles

Martin YELKOUNI

Table des matières


Séquence 1 : Importance et gestion des ressources naturelles ................................................... 2
Séquence 2 : Gestion de bassin versant à Madagascar ............................................................... 3
Séquence 3 : Gestion communautaire ....................................................................................... 5
Annexes documentaires............................................................................................................ 6

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Ressources documentaires. Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 3

Séquence 1 : Importance et gestion des ressources naturelles

Nous abordons dans cette séquence l’importance des ressources naturelles pour le système
économique et l’importance de les gérer durablement.

Ces ressources sont indispensables à l’activité économique et au bien-être de l’homme. Le


développement économique est corrélé depuis bien longtemps avec la quête de ressources
naturelles, renouvelables ou non. En effet, l’homme utilise directement ce que la nature lui offre
ou produit les biens qu’il consomme par la transformation des ressources disponibles. La nature
constitue ainsi un capital indispensable à l’homme et à ses activités économiques.

Le rapport sur « L’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire » en 2003, met en exergue
l’importance des ressources naturelles pour l’humanité en évoquant la notion de « services
écosystémiques », considérés comme « les bienfaits que les écosystèmes procurent aux êtres
humains ». On peut distinguer notamment les Services d’approvisionnement (produits tirés
des écosystèmes), les Services de régulation (tels que la régulation du climat et la régulation
de l’eau), les Services culturels (avantages non matériels découlant des écosystèmes) et les
Services d’appui (services nécessaires pour la production de tous les autres services
écosystémiques).

Pour les économistes, l’enjeu majeur est comment allouer efficacement ces ressources
naturelles pour l’économie. En effet, une gestion rationnelle est une gestion qui permet à ces
ressources de se renouveler et d'être conservées de manière pérenne, sans être menacées par la
surexploitation.

Selon le type de bien, la gestion va être différente, comme le montre ce tableau :

Non-exclusion Exclusion
Biens publics Biens de club ou à péage
Non-rivalité
Exemple : éclairage Exemple : TV crypté,
publique cinéma
Ressources communes Biens privés
Rivalité
Exemple : forêt, banc de Exemple : voiture
poissons

Que désignent les termes : non-exclusion et non-rivalité ?


La non-exclusion signifie qu’un agent ne peut exclure un autre agent de l’utilisation du bien.
La non-rivalité renvoie au fait qu’il n’y pas de compétition dans l’utilisation du bien, c’est-à-
dire que la consommation du bien par un individu n’altère pas sa disponibilité pour une autre
personne.

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Ainsi :
- Le bien privé normal est celui qui vous appartient : votre voiture, votre jardin

- Le bien de club ou de péage est celui dont l’accès est payant. En revanche, il n’y a pas
de rivalité dès qu’on y accède. C’est le cas de chaînes cryptées.

- Le bien public, quant à lui, est caractérisé par la non-rivalité et la non-exclusion.


L’éclairage public en est un exemple. Ce type de bien est en général provisionné par
l’État.

- Les ressources communes, comme par exemple une forêt, un parc naturel ou un lac, sont
rivales. C’est-à-dire qu’il y a une concurrence dans l’usage des biens qu’elles offrent.
De plus, il est difficile d’exclure d’autres agents économiques de leurs accès.
Pour cette dernière catégorie, la rivalité est la source potentielle des externalités négatives
pouvant aboutir à ce que Garett Hardin a nommé, en 1968, la tragédie des communs.
C’est une situation qui décrit comment l'accès libre à une ressource limitée pour laquelle la
demande est forte mène inévitablement à sa surexploitation et finalement à sa disparition.
Dès lors, il faut trouver des mécanismes pour gérer de telles ressources. Les solutions classiques
sont possibles : l’intervention de l’État ou la privatisation.
• L’État qui devient propriétaire de la ressource ; il peut donc soit réglementer l'accès à la
ressource, soit l'exploiter directement lui-même. Cette solution a souvent été appliquée
dans les pays en développement, mais les résultats n'ont malheureusement pas toujours
été satisfaisants.
• Pour la privatisation, il faudrait convertir la ressource commune en propriété privée pour
inciter le ou les propriétaires à une gestion rationnelle. Toutefois, cela nécessite
généralement l'intervention de l'État qui peut créer un droit de propriété sous forme de
quota de prélèvements échangeables, plutôt que sur le support de la ressource. Cette
solution est souvent utilisée pour la gestion des pêcheries.
À côté de ces deux solutions classiques, il en existe d’autres, comme la gestion communautaire,
qui sera évoquée dans la séquence 3.

Séquence 2 : Gestion de bassin versant à Madagascar

Cette séquence est consacrée à la présentation de la gestion de bassin versant (BV) à


Madagascar. Nous avons sur cette photo (voir vidéo) un aperçu d’un bassin versant de 400km²
situé à 320 km de la capitale malagasy.
Il est à rappeler que le BV joue, entre autres, un rôle écologique dans la régulation de la quantité
et de la qualité de l’eau. En effet, un BV peut être considéré comme une éponge. Il absorbe les
eaux de pluies en alimentant graduellement à la fois les nappes phréatiques et les cours d’eau,
réduisant ainsi le ruissellement et le risque de crues. Par ailleurs, l’état de la couverture végétale
et le niveau de fragilité du sol du BV vont influencer les charges contenues dans les fleuves en
aval. Sur cette photo (voir vidéo), nous avons un exemple de bonne couverture végétale alors
que sur cette autre photo (voir vidéo), les pratiques agricoles observées entraînent une fragilité
du sol et augmentent les risques d’érosion.
L’état et la gestion du bassin versant vont impacter les différentes activités en aval, comme
la riziculture irriguée, l’hydroélectricité, la production d’eau potable. L’exploitation

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hydroélectriques et la pérennité des infrastructures de production y afférentes comme le barrage


et les turbines vont, par exemple, dépendre de la qualité de l’eau.
Nous avons donc là à faire avec une ressource commune avec externalités, notions évoquées
dans la séquence précédente et dans le Module 1.
L’état du BV va dépendre des pratiques humaines passées, en cours et futures. Il y a
notamment :
− les modalités d’usage de la terre et de gestion des feux liés aux activités
génératrices de revenu (activités agricoles, activités extractives, élevage,
production de charbon, …) ;
− l’existence ou non de dispositifs anti–érosif (courbe de niveau, canaux, …) ;
− la mise en œuvre ou non de travaux de restauration et de consolidation de berges
et des surfaces érodées, indiquées par exemple sur cette photo (voir vidéo) ….
Il est donc important de mettre en place une modalité de gestion du BV afin de réguler ces
pratiques : inciter et consolider les pratiques positives ou favorables, limiter au maximum les
pratiques négatives.
Si la gestion de BV s’appuyait et continue de s’appuyer sur des programmes et projets basés
sur le reboisement, la lutte contre l’érosion, les aires protégées ou la gestion communautaire de
forêts, de nouvelles initiatives ont émergé ces dernières années à Madagascar.
Cette nouvelle approche consiste à mettre en lien directement l’ensemble ou une partie
des entités qui bénéficient ou qui vont bénéficier en aval du bon état du bassin versant et
les entités impliquées dans les pratiques en amont du Bassin versant.
Ces dispositifs de gestion de BV sont liés à la mise en place de pico et microcentrales
hydroélectriques. L’idée globale consiste à faire contribuer les abonnés de l’électricité et les
sociétés qui exploitent les microcentrales hydroélectrique (que nous appellerons « bénéficiaires
de services environnementaux liés au BV ») aux efforts de gestion du BV impliquant la
population qui intervient et a des activités au sein du BV (que nous appellerons « fournisseurs
de services environnementaux liés au BV »).
Il s’agit ici non seulement d’un cas d’internalisation des externalités (évoquée dans le Module
1), mais également de piste de financement durable d’action environnementale, en étant une
alternative ou un complément pour le financement de la gestion du BV.
L’approche permet aux abonnés de l’électricité et aux sociétés qui exploitent les microcentrales
hydroélectriques d’exiger le respect d’un plan d’aménagement du BV et de trouver des
compromis et des arrangements quant aux pratiques à promouvoir et à limiter au niveau des
usagers en amont du BV. Ces derniers recevront en contrepartie des incitations et/ou des
mesures d’accompagnement (compensation financière, appuis/facilitation aux AGR,
infrastructures communautaires, …). Les notions liées aux services environnementaux ont été
abordées dans la 1ère séquence.
Les formes d’arrangement et les modalités de structuration de chaque entité peuvent varier d’un
bassin versant à un autre, mais le point commun réside dans cette approche directe et
contractuelle avec donc des obligations et des droits pour chaque partie. Des structures
d’intermédiation sont créées avec l’implication des collectivités décentralisées.
Des contrats entre les bénéficiaires et les fournisseurs de services environnementaux concernés
ont été signés. La contribution des abonnés et des exploitants des centrales est effective, certains
transferts ou appuis au profit de population impliquée dans la gestion du BV ont eu lieu. Des
dispositifs de contrôle sont en place.

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Toutefois, en observant et analysant ces initiatives, il est à remarquer que ces dispositifs ne sont
pas l’abri de difficultés qui peuvent gripper le mécanisme de fonctionnement. Les dispositifs
mis en place ne couvrent pas encore l’ensemble des besoins financiers liés aux efforts de gestion
des BV. Le contexte institutionnel va également jouer, comme le changement d’équipe
dirigeante au niveau des collectivités décentralisées ou de la capacité d’action collective des
différentes entités. Le nombre limité et en deçà des prévisions des abonnés à l’électricité
nouvellement produite influence aussi le niveau du montant collecté et la régularité du transfert
ou des appuis au profit de la population impliquée dans la gestion en amont du BV.

Séquence 3 : Gestion communautaire

Les premiers travaux sur les biens communs constituent une réaction contre la privatisation des
ressources naturelles. Selon cette approche, une appropriation privative serait la condition sine
qua non pour apporter une solution efficiente aux externalités environnementales. Dans une
perspective d’application pratique, on voulait faire de l’absence de propriété privée, la cause de
« la tragédie des communs ».
S’opposant au courant de pensée sur l’impossibilité d’une action collective, des auteurs dont
Elinor Ostrom en particulier, (1990 ;1992), ont présenté les fondements d’une approche
institutionnaliste qui met l’accent sur les mécanismes de régulation, formels ou informels, qui
gouvernent la viabilité des écosystèmes.
Gouverner fait référence aux représentations des acteurs et se fonde sur un principe de
négociation.
Cette approche consiste souvent à rendre aux communautés locales le contrôle de leurs
ressources, lorsque l’État et les marchés n’arrivent pas à résoudre les problèmes des externalités
négatives dans le cas d’une exploitation de ressources en propriété commune, et de la provision
de biens publics (Bardham, 1993 ; Nugent, 1993). Cela suppose donc l’octroi de droits de
propriété communautaires aux usagers de la ressources.
Qu’est-ce qu’un droit de propriété communautaire ?
L'expression "propriété communautaire" ou "régime de propriété communautaire" est utilisée
pour désigner un type de droits de propriété selon lequel un groupe d'utilisateurs partage des
droits et des obligations vis-à-vis d'une ressource (McKean et Ostrom, 1995). Aussi, en régime
de propriété communautaire, la ressource appartient à une communauté identifiable dont les
membres sont interdépendants avec des règles d’accès à la ressource bien définies (Heltberg,
2001).
Dans beaucoup de pays en développement, la propriété commune fournit un système complexe
de normes et de conventions pour réguler les droits des individus à l’utilisation des ressources
naturelles. C’est le cas notamment de la forêt, l’eau ou du poisson.
Cependant, une gestion communautaire ne peut réussir, selon Ostrom, que si un certain nombre
de conditions ou de principes sont respectées, comme par exemple :
- Une définition claire des droits d’usage de la ressource et des limites bien définies de la
ressource elle-même.
- Des règles définissant l’utilisation de la ressources, règles devant être adaptées au
contexte local.
- L’existence d’institutions locales viables et capables de régler les problèmes
- La reconnaissance des droits par l’État.

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Cette liste n’est pas exhaustive, et il faut étudier les conditions réelles de mise en œuvre d’une
gestion communautaire. C’est ce que Ostom (2009) appelle « systèmes sociaux-écologiques
complexes » qui nécessitent donc une analyse complexe et rigoureuse.
L’exemple du bassin versant à Madagascar dans la séquence 2 est bel est bien une forme de
gestion communautaire.
Au Sénégal par exemple, la gestion de l’eau pour la production implique plusieurs acteurs dont
l’État. Il s’agit ici d’une forme de co-gestion.
Dans des villages, il est possible également de trouver de formes de gestion communautaire
pour des prairies, des forêts, des lacs, des zones humides, etc.
La gestion des ressources naturelles est complexe et chaque mode, privé, publique ou autre ne
fonctionnera qu’en prenant en compte la complexité des acteurs. Cependant, en se basant sur
les systèmes locaux de gestion des ressources naturelles, on peut mettre en œuvre des modèles
d’organisation communautaire et atteindre ainsi plusieurs objectifs : mieux gérer
l’environnement naturel, désengager progressivement l’État et responsabiliser les
communautés paysannes.
Mais la réussite d’une active collective est aussi basée sur sa capacité à prendre en compte les
intérêts individuels.
Je vous invite à des lectures complémentaires comme l’article de Martin Yelkouni, pour
approfondir cette notion.
N'oubliez pas de retourner sur la plateforme de formation pour répondre au
questionnaire d’évaluation et valider vos connaissances ! C’est nécessaire si vous
souhaitez obtenir votre attestation en fin de session.

Annexes documentaires

Manuel de la formation : Institut de la Francophonie pour le développement durable et


Université Senghor, 2019, Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles
[Sous la direction de Reveret, J-P. et M. Yelkouni]. IFDD, Québec, Canada, 266 p.

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Atlas complémentaire à la formation : Institut de la Francophonie pour le développement


durable, 2019, Atlas francophone de l'économie de l'environnement [Sous la direction de
Tamanini, J. et E.L. Ngo-Samnick]. IFDD, Québec, Canada, 224 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Guide pratique : Institut de la Francophonie pour le développement durable, 2015, Économie


verte - Guide pratique pour l’intégration des stratégies de l’économie verte dans les politiques
de développement [Sous la direction de Andrea Marcello Bassi]. IFDD, Québec, Canada, 76
p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Ressources complémentaires :
Martin Yelkouni. Evaluation contingente des ressources naturelles : le cas de la forêt de Tiogo
au Burkina Faso. Économie appliquée : archives de l'Institut de science économique appliquée,
Institut des sciences mathématiques et économiques appliquées — ISMEA, 2005, tome LVIII
(n°4), pp.139-160

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