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'HI T I E

FASCINANTE DECES
PERSONNAGES MECONNUS

C H ARLES
SWI N D O LL
L'HISTOIRE FASCINANTE
DE CES
PERS.ONNAGES MÉCONNUS
Grandes vies de la Parole de Dieu

L'HISTOIRE FASCINANTE
DE CES
PERSONNAGES MÉCONNUS

Charles R.
SWINDOLL
ÜÉDICACE

C'est avec une grande gratitude que je dédie ce volume aux


frères Ramer, JOHN, DANNY et LUKE, ainsi qu'à trois de
leurs enfants, ANDREW, JUSTIN ET DAVID. Ces hommes
sont représentatifs d'une véritable éthique du travail, un
engagement à l'excellence, une habileté manuelle, une
attention aux détails, de remarquables attitudes ... des
qualités qui sont pratiquement introuvables à notre époque
de travail bâclé et médiocre.

Non seulement ils ont construit notre nouvelle maison, mais


ils l'ont bien faite, et ils y ont pris plaisir, parce qu'ils ont
accompli leur tâche pour la gloire de Dieu.
INTRODUCTION
.[':Jiisloire fascinanle de ces personna9es méconnus
t' 1 'f, .r,_.

'--�--
'

D
epuis toujours, j'admire les gens qui vivent dans l'ombre. Ils
sentent souvent la pression de leurs grandes responsabilités,
mais ils les assument sans chercher à être remarqués. Grâce
aux capacités que Dieu leur a données et à leur grande expérience, ils
font du bon travail. Beaucoup remplissent des rôles importants et
contribuent pour une large part à l'accomplissement de tâches
essentielles, tout en restant presque anonymes. Sans applaudissements
et, en général, à l'insu de tous, ces hommes et ces femmes fidèles
poursuivent leur travail tout en sachant que leur nom ne sera jamais
sous les feux des projecteurs. À vrai dire, ils seraient mal à l'aise dans
le cas contraire. Si on les honorait publiquement, cela les rendrait
nerveux. Ils n'agissent pas pour être remarqués ou pour attirer
l'attention sur eux, mais parce qu'ils ont une mission à accomplir, ou
plus exactement, parce que c'est leur vocation. Discrètement et
efficacement, ils servent le Seigneur sans ménager leur peine. Grâce
à eux, le monde est meilleur.
En quelque sorte, ils sont le vent qui soutient nos ailes, les héros
inconnus des combats, les machinistes qui s'activent en coulisses,
mettent tout en place et s'assurent que les projets se déroulent sans
encombre. En fait, si vous prenez le temps de mieux les connaître,
vous vous apercevrez que beaucoup d'entre eux sont fascinants et
peuvent vous raconter des histoires captivantes. Ils sont sans doute
inconnus, mais sûrement pas insignifiants. Le public ne prend pas
garde à eux, mais en privé, ils tiennent des rôles essentiels.

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L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Pendant que je me consacrais à écrire ce livre, ma femme et moi


avons supervisé la construction de notre nouvelle maison. Comme ce
sera la dernière fois que nous ferons bâtir, nous avons voulu qu'elle
soit spéciale de bien des manières. Je vous passe les détails, mais
toujours est-il que nous avons pris tout notre temps afin de bien faire
les choses. Elle est pleine des souvenirs de nos cinquante ans de vie
conjugale - des lieux où nous sommes allés, de ce que nous y avons
vu, des livres que j'ai amassés au fil du temps, des gens que nous
avons rencontrés, des amis avec lesquels nous sommes restés en
contact et des souvenirs que nous avons accumulés.
Cynthia et moi, nous aimons ce qui évoque nos lointaines
racines : les vieilles poutres, l'architecture recherchée, les parquets en
bois usés, les briques anciennes, les pierres et les carrelages d'époque,
les cheminées imposantes et, bien sûr, la somptueuse ébénisterie. Ces
choses nécessitent un travail de précision, ce qui implique que
d'excellents artisans les réalisent. Rares sont les ouvriers chevronnés
qui connaissent bien leur travail, sont fiers de l'accomplir
méticuleusement et en rendent la gloire à Dieu. Est-il utile de préciser
que de nos jours, leurs rangs sont particulièrement clairsemés ? Nous
avons la chance d'avoir choisi une famille de frères pour construire
notre maison. Ce sont des hommes au talent, à l'expérience, au goût
et aux aptitudes exceptionnels. Vous ne les connaissez sûrement pas,
mais c'est à eux que revient le mérite du produit fini. Nous leur
sommes si reconnaissants et nous apprécions tellement leur travail
que je leur ai dédicacé ce livre ! Je suis convaincu qu'ils ont été
« appelés par Dieu » à construire notre dernière maison.
Moïse éprouvait certainement ces sentiments à ) 'égard de
Betsaleel et d'Oholiab.
Vous n'avez jamais entendu parler d'eux, n'est-ce pas ? Vous
comprenez où je veux en venir ?Ils constituent un parfait exemple de gens
fascinants que tout le monde a oubliés. Bien qu'ils aient été littéralement
appelés par le Seigneur à accomplir une tâche essentielle, presque
personne ne se souvient d'eux. Qui étaient-ils ? Selon le saint Livre, ils
furent les principaux artisans appelés par Dieu à construire le tabernacle
original.

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.J11trod11clio11

Remarquez comment l'Éternel considère ces deux hommes

« L'Éternel parla à Moïse, et dit: Sache que j'ai choisi Betsaleel,


fils d'Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda. Je l'ai rempli de ('Esprit
de Dieu, de sagesse, d'intelligence, et de savoir pour toutes sortes
d'ouvrages, je l'ai rendu capable de faire des inventions, de
travailler l'or, l'argent et l'airain, de graver les pierres à
enchâsser, de travailler le bois, et d'exécuter toutes sortes
d'ouvrages. Et voici, je lui ai donné pour aide Oholiab, fils
d'Ahisamac, de la tribu de Dan. J'ai mis de l'intelligence dans
l'esprit de tous ceux qui sont habiles, pour qu'ils fassent tout ce
que je t'ai ordonné. »
(Exode 31.1-6)

La Bible est remplie d'hommes et de femmes comme ceux-là. Le


lecteur pressé survolera les passages qui les concernent sans les
remarquer.
Sachant cela, je me suis dit pendant des années qu'un nouveau
genre de biographies devait être écrit et imprimé. Il fallait que
quelqu'un mette en lumière certaines de ces histoires fascinantes de
ces personnages méconnus. Plus j'y réfléchissais, plus j'étais
persuadé que ce devait être l'ouvrage suivant de ma série de
biographies bibliques, Grandes Vies de la Parole de Dieu. Lorsque
j'en ai parlé à mon ami et éditeur de longue date, David Moberg, de
W Publishing Group, j'ai constaté avec plaisir qu'il a immédiatement
été d'accord. Le livre que vous avez en mains est l'aboutissement de
ce projet. Il s'agit du huitième volume de ma série de biographies.
Contrairement aux autres, il a pour but de vous faire connaître
plusieurs personnages bibliques dont vous n'avez peut-être jamais
entendu parler et qui, sans cet ouvrage, risqueraient de passer
inaperçus.
Avant de les rencontrer, j'aimerais mentionner plusieurs
personnes qui m'ont aidé à mener à bien la tâche écrasante et parfois
fastidieuse d'écrire ce livre. Tout d'abord, merci à mon gendre, Mark
Gaither. C'est mon principal éditeur, et son soutien s'est avéré
extrêmement précieux. De plus, il m'a aidé à adapter mon manuscrit
pour le rendre plus lisible. Il m'a épaulé et encouragé sans relâche.

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L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Ses idées originales, sa discipline stricte et son enthousiasme à toute


épreuve pour ce projet ont contribué à me garder motivé du début à la fin.
Je suis aussi extrêmement reconnaissant envers Mary
Hollingsworth de Shady Oaks Studio, ainsi qu'envers son excellente
équipe de correcteurs professionnels, qui ont non seulement apporté
leurs dernières touches à la version finale du manuscrit, mais aussi
mis en page l'intérieur de ce livre et obtenu l'autorisation de
reproduire toutes les citations et anecdotes dont je me suis servi pour
rédiger ce volume. Je vous remercie tous d'avoir si bien travaillé.
Et enfin.j'aimerais mentionner le soutien et l'encouragement que
j'ai reçus de ma femme Cynthia au cours des mois qu'il m'a fallu pour
achever ce livre. Non seulement elle a accepté de renoncer à fêter
dignement nos noces d'or pour me laisser le temps de terminer ce
projet, mais elle a réglé elle-même les innombrables détails et
décisions en rapport avec la construction de notre maison, que nous
espérons occuper au moment où ce livre sera publié.
Et maintenant, permettez-moi de vous présenter des personnages
captivants dont la vie est restée trop longtemps dans l'ombre. J'espère
que vous comprendrez vite pourquoi je n'ai pas voulu qu'ils restent
oubliés.

CHUCK SWINDOLL
Frisco, Texas
(qui vient de déménager pour la dernière fois)

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CHAPITRE UN
'LJes vies imporfanies lrop souvent oubliées

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1 1 \ 'P.

L : ...... '"
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C
ommençons par un petit questionnaire, d'accord ? Ne vous en
faites pas ; ce ne sera pas noté dans votre casier judiciaire.
Voyons si vous vous souvenez de quelques détails relatifs à
des personnages importants du passé.

1. Qui a enseigné la théologie à Martin Luther et inspiré sa


traduction des Écritures du latin à l'allemand ?
2. Qui a parlé du Seigneur à Dwight L. Moody dans une
cordonnerie, ce qui l'a conduit à Christ et lui a permis de
devenir un éminent évangéliste ?
3. Qui. a fait partie de l'équipe pastorale d'Harry Ironside au
cours de ses années cruciales de ministère dans l'église du
Mémorial Moody à Chicago ?
4. Quelle femme âgée a prié pour Billy Graham tous les jours
de sa vie adulte, surtout quand son ministère a atteint son
apogée et a eu une porté mondiale ?
5. Qui a succédé à Hudson Taylor dans la Mission intérieure
chinoise, lui procurant ainsi une remarquable direction et une
vision claire pendant de nombreuses années ?
6. Qui était la femme de Charles Haddon Spurgeon, ce« prince
des prédicateurs » anglais qui a peut-être été le chrétien le
plus influent de ces deux derniers siècles ?

Il
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

7. Qui a consacré à Charles Wesley son talent de compositeur et


a laissé plus de cinq mille cantiques à l'Église ?

Quel est votre score ? N'êtes-vous pas stupéfait ? Pensez à tout


ce que la famille de Dieu aurait perdu sans le talent de ces
remarquables saints ! Et pourtant, rares sont ceux qui peuvent citer le
nom de l'un d'entre eux. (Je dois admettre que, moi-même, j'ai dû les
rechercher)
Permettez-moi de vous présenter la question autrement.
Supposez que vous ayez fidèlement enseigné votre classe d'enfants de
huit ans à l'école du dimanche, ou encore que vous soyez chargé
d'aider des gens plus ou moins courtois à se garer au parking de
l'église, vêtu d'une veste fluorescente. Toute l'année, qu'il fasse chaud
ou froid, qu'il pleuve, qu'il vente ou que ce soit la canicule, vous êtes
fidèle au poste.
Vous faites peut-être partie d'une équipe de serviteurs de Dieu,
mais alors que les autres sont connus du public, vous travaillez dans
l'ombre. Vous n'avez affaire qu'aux autres membres de l'équipe ou
aux gens mécontents. Vous recopiez et distribuez des informations.
Vous réceptionnez les appels téléphoniques ou accueillez le public.
Tous connaissent les autres membres de l'équipe, alors que vous
passez pour quantité négligeable.
Par exemple, disons que vous êtes la réceptionniste. Il serait
logique de penser que tout le monde connaît le nom de la
réceptionniste ! Après tout, elle s'adresse chaque jour à plus de
personnes que n'importe qui d'autre, mais les gens ne téléphonent pas
pour vous parler. En fait, ils veulent avoir quelqu'un d'autre en ligne
et c'est votre voix qu'ils entendent à la place, ce qui les frustre. Votre
tâche est ingrate, mais vous l'accomplissez fidèlement.
Vous êtes peut-être chargé de sélectionner les cantiques de la
chorale ou d'aider les enfants à répéter leur spectacle de Noël dans
une grande assemblée. Ou encore, vous devez faire fonctionner la
sono d'un chanteur ou d'un groupe très connu. C'est vous qui installez
les micros, qui déroulez et branchez les fils électriques, qui réglez les
haut-parleurs et les amplis, qui faites tout pour que ce chanteur ou ce
groupe bénéficie d'une sonorisation parfaite.

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'1Je5 vÎe5 imporla11/e5 trop 5011veut oubliée5

Autres exemples : qui était l'infirmière qui a assisté le célèbre


chirurgien cardio-vasculaire qui vous a brillamment opéré à cœur
ouvert ? Quel est le nom de cette femme compétente qui lui a tendu
les instruments stériles juste au bon moment ?
Connaissez-vous la personne qui a fait le travail de laboratoire
ou l'analyse des rayons X ? N'espérez-vous pas que l'analyse
sanguine soit bonne ?
Et les mécaniciens qui vérifient l'avion dans lequel vous allez
embarquer dans deux heures ? Ou l'employé qui inspecte tous les
bagages de votre vol à destination de Tel Aviv pour s'assurer qu'ils ne
sont pas piégés ? N'espérez-vous pas que ces hommes accomplissent
méticuleusement leur tâche ?
Et qu'en est-il de ce soldat en uniforme qui est en faction de
minuit à 3h00 du matin afin que ses camarades puissent dormir en
sécurité en zone de combat ? N'espérez-vous pas qu'il reste éveillé ?
N'est-ce pas paradoxal ? Beaucoup de gens seraient tentés de
traiter ces personnes extrêmement importantes d'« anonymes ». Sans
que nous en ayons l'intention, nous les ignorons totalement. Nous
sommes préoccupés par que nous faisons, de l'endroit où nous allons
et de ce dont nous avons besoin, et très vite, nous les traitons assez
naturellement comme s'ils n'existaient pas, passant devant eux
comme devant des lampadaires, ou pire, des objets bien utiles. Leur
travail semble aller de soi.
Je m'en suis souvenu quand j'ai décidé d'acheter un nouveau
costume et un pardessus coordonné. Je me suis rendu dans un
magasin pour hommes où ces articles étaient en pro111otion. J'y ai
rencontré un vendeur aimable et compétent qui m'a salué et aidé à
trouver ce que je cherchais. Très vite, il m'a procuré exactement ce
dont j'avais besoin.Il m'a demandé : « Voulez-vous que nous fassions
les retouches ?
- Avec plaisir, » ai-je répondu.
Il a disparu derrière un rideau et il est revenu avec le tailleur, un
homme expérimenté d'une cinquantaine d'années, dont l'accent
prononcé trahissait l'origine étrangère. Quand il s'approcha, je lui
tendis la main, et il la serra d'un air surpris. Je suppose donc que les
hommes qui viennent acheter un nouveau costume ne serrent jamais
la main du tailleur. C'est la même chose quand vous saluez un

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L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

chauffeur de taxi et que vous lui demandez comment il s'appelle. Il se


dit probablement que vous allez vous plaindre de lui. En serrant la
main du tailleur,j'ai déclaré:« Bonjour! Je m'appelle Chuck. Je suis
ravi de faire votre connaissance. Merci pour votre bon travail! » Il se
hâta de mettre des épingles sur mes vêtements,puis il s'éclipsa. Je me
tournai vers le vendeur et m'écriai : « Il semble très qualifié. Depuis
combien de temps travaille-t-il dans ce magasin?
- Depuis quatre ans.
- Vraiment? Et comment s'appelle-t-il? »
Le vendeur haussa les épaules.« Je n'en sais rien.»
Quatre ans ! Le tailleur retouchait tous les costumes qu'il
vendait, et il ignorait comment il s'appelait !
Je ne sais pas si l'anecdote suivante sur le président Teddy
Roosevelt est vraie, mais elle est savoureuse. Un soir, il devait
acceuillir plusieurs personnes qui entraient dans une fonction
particuilière. À sa gauche, un homme lui chuchotait le nom de
chacune d'elles afin qu'il puisse les saluer dignement. À un certain
mom�nt, il se pencha pour murmurer à son assistant : « Qui est ce
type?
- Oh, vous le connaissez, monsieur le Président! C'est lui qui
fait vos pantalons ».
Lorsque l'homme s'avança, le président s'exclama : « Monsieur
Pantalon, nous sommes enchantés que vous soyez ici ce soir.
Bienvenue à la Maison Blanche ! »

LES PERSONNAGES IMPORTANTS DE LA BIBLE

On nous apprend à penser que les gens les plus importants sont
les athlètes, les acteurs et les musiciens, ceux que nous
applaudissons, ceux dont nous cherchons à obtenir un autographe,
ceux qui ont une renommée mondiale. Mais ils ne le sont pas
vraiment. La plupart du temps, les gens réellement admirables sont
ceux qui partent de rien et qui deviennent « grands » sans attirer
l'attention générale.
Je vais illustrer cela en vous présentant quelques personnages
provenant d'une partie de la Bible peu connue. Quand Hollywood
veut produire un film biblique épique,ce n'est pas vers ces textes qu'il

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'lJes vies im porfa11tes trop souveut oublié.es

se tourne, bien qu'ils contiennent des histoires palpitantes et


fascinantes. Comme 1. Chroniques 1 1 et 2 Samuel 23 couvrent la
même période, nous allons examiner les deux passages pour avoir un
tableau d'ensemble.
Lisons d'abord 2 Samuel 23. 1-2 :
« Voici les dernières paroles de David. Paroles de David, fils
d'lsaï, parole de l'homme haut placé, de l'oint du Dieu de Jacob,
du chantre agréable d'Israël. L'Esprit de l'Éternel parle par moi , et
sa parole est sur ma langue. »

Le roi David apparut pour la première fois sous les feux des
projecteurs lorsqu'il assassina le géant et que le peuple d'Israël
célébra sa victoire en chantant : « Saül a frappé ses mille, et David
ses dix mille » ( 1 Samuel 18.7). B ien que la popularité de David ait
été considérable après sa bravoure héroïque, Saül res�a roi pendant
plus de dix ans après que David ait tué Goliath. Au cours de ces
années, la jalousie de Saül s'exacerba à un point tel qu'il ne rêva qu'à
une chose : faire périr le jeune héros. Il finit par décréter que David
était un ennemi de l'état et consacra son temps et son armée à un seul
objectif : exterminer son rival. Mais l'Éternel avait d'autres desseins
pour David :

« David devenait de plus en plus grand, et l 'Éternel des armées


était avec lui. Voici les chefs des vaillants hommes qui étaient au
service de David, et qui l 'aidèrent avec tout Israël à assurer sa
domination, afin de l 'établir roi , selon la parole de l 'Éternel au
sujet d'Israël . »
( 1 Chroniques 1 1 .9- 1 0)

Au cours de ces années, David vécut dans le désert ; il dormit


dans des cavernes et vécut comme un fugitif, tout en attirant à lui des
centaines de guerriers (voir I Samuel 22. 1-2). À la mort de son
persécuteur, David accéda au trône, qu'il occupa de trente à soixante­
dix ans. Vers la fin de sa vie, les historiens d'Israël se rassemblèrent
autour de lui pour consigner les faits les plus importants et préserver
les détails des nombreux triomphes qui marquèrent son règne. On
pourrait penser que le vieux roi aurait voulu raconter des épisodes de

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L ' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE C E S P E R S O N N A G E S M ÉC O N N U S

ses jours de gloire ou expliquer comment il avait transformé une


bande de tribus hétéroclites en empire. Il fut un chef brillant, un
guerrier courageux, un homme d'état avisé et un administrateur
incomparable. Il aurait pu se vanter à juste titre. Mais à la place, il
rappela le nom de ceux qu'il considérait comme les véritables héros
de son accession au pouvoir et à la première place.
Au début, David attira un groupe d'environ quatre cents
hommes, dont une « bande de frères » exceptionnels que la Bible
appelle les « trente ». Il s'agissait d'un groupe d'élite de guerriers
extraordinaires à qui David donna la charge de commander le reste de
son armée croissante. Ils étaient eux-mêmes dirigés par trois
généraux remarquables. La Bible rapporte ces faits à propos de ces
héros oubliés

« Voici les noms des vaillants hommes qui étaient au service de


David. Joscheb-Basschébeth, le Tachkemonite, l ' un des
principaux officiers. Il brandit sa lance sur huit cents hommes,
qu'il fit périr en une seule fois. Après lui, Éléazar, fils de Dodo,
fils d' Achochi . Il était l 'un des trois guerriers qui affrontèrent
avec David les Philistins rassemblés pour combattre, tandis que
les hommes d'Israël se retiraient sur les hauteurs. Il se leva, et
frappa les Philistins jusqu'à ce que sa main soit lasse et qu'elle
reste attachée à son épée. L'Éternel opéra une grande délivrance
ce jour-là. Le peuple revint après É léazar, seulement pour prendre
les dépouilles . Après lui , Schamma, fils d'Agué, d'Harar. Les
Philistins s'étaient rassemblés à Léchi. Il y avait là une parcelle
de terre remplie de lenti lles ; et le peuple fuyait devant les
Philistins. Schamma se plaça au milieu du champ, le protégea, et
battit les Philistins. Et l 'Éternel opéra une grande délivrance . »
(2 Samuel 23.8- 1 2)

Si nous n'y prenons pas garde, nous risquons de ne pas discerner


le prodigieux héroïsme que contiennent ces quelques versets. D'après
mon expérience dans les marines, je peux vous dire que c'est un
exploit inouï. Tuer huit cents hommes en un seul combat est difficile,
même avec une mitraillette. Le guerrier Joscheb-Basschébeth, lui, a

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'Des uies imporlaules trop so1lt'e11I oubliées

vaincu huit cents hommes armés, aguerris et sur leurs gardes av ec une
épée. En supposant qu'il ait tué un homme par minute , il a dû
combattre ses ennemis sans arrêt pendant plus de treize heures !
Remarquez aussi le courage d'Êléazar. Alors que la plupart des
Israélites se terraient dans les montagnes, ce héros a attaqué les
Philistins, une armée de soldats hargneux armés jusqu'aux dents. Il a
persévéré pendant si longtemps que ses camarades ont dû lui ôter
l'épée des mains.
Et Schamma n'était pas en reste. Au cours d'un combat contre
ces mêmes méchants hommes, ses compagnons ont détalé comme
des lapins, mais il est resté ferme - tout seul.
Ces trois héros, Joscheb-Basschébeth , Éléazar et Schamma, des
guerriers vaillants et tenaces, avaient une valeur prodigieuse sur les
champs de bataille. De plus, ils étaient d'une loyauté absolue envers
David :

« David eut un désir, et il dit : Qui me fera boire de l'eau de la


citerne qui est à la porte de Bethléhem ? Alors les trois vaillants
hommes passèrent au travers du camp des Philistins, et puisèrent
de 1 'eau de la citerne qui est à la porte de Bethléhem. I l s
l 'apportèrent e t la présentèrent à David ; mais il n e voulut pas l a
boire , e t il la répandit devant l ' Éternel. Il d i t : Loin � e moi , ô
Éternel, la pensée de faire cela ! Boirais-je le sang de ces hommes
qui sont allés au péril de leur vie ? Et il ne voulut pas la boire.
Voilà ce que firent ces trois vaillants hommes. »
(2 Samuel 23 . 1 5- 1 7)

Cela suggère que ces hommes ne combattirent pas pour David


dans le but de devenir célèbres, riches ou même prééminents dans son
gouvernement. Ils le servirent parce qu'ils l'aimaient. Lorsqu'il émit
en passant le désir de boire un peu d'eau de sa ville natale, ils
risquèrent leur vie pour lui en procurer. Et David fut si touché par leur
dévouement sans faille qu'il préféra ne pas la boire. Ces hommes
étaient loyaux et dévoués, et ils ne cherchaient pas leur gloire
personnelle. Ils se consacraient corps et âme à la tâche que Dieu leur
avait fixée.

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L' H I STO I R E FA S C I N A N T E DE CES P E R S O N N A G ES M ÉCON N U S

Outre ces généraux, il y avait deux commandants, Abischaï et


Benaja. Abischaï était le frère de Joab, l'homme qui deviendrait plus
tard, en quelque sorte, le secrétaire de guerre de David. Il fut réputé
pour avoir tué trois cents soldats avec une lance, ce qui est, m'a-t-on
dit, encore plus difficile qu'avec une épée.
Mais Benaja était encore plus formidable. C'est le genre de type
que vous rêveriez d'avoir à vos côtés si vous vous faisiez agresser en
pleine rue.

« Benaja, fils de Jehojada, fils d'un homme de Kabtsee l , rempli


de valeur et célèbre par ses exploits. Il frappa les deux l ions de
Moab. Il descendit au milieu d ' une citerne , où il frappa un l ion ,
un jour de neige . Il frappa un Égyptien d ' une stature de cinq
coudées et ayant à la main une lance comme une ensouple de
tisserand ; il descendit contre lui avec un bâton , arracha la lance
de la main de ! ' Égyptien , et s'en servit pour le tuer. »

( 1 Chroniques 1 1 .22-23)

Voilà un gars qui avait du cran ! Je ne sais pas ce que vous en


pensez, mais personnellement, si un colosse de deux mètres
cinquante, armé d'une énorme, lance me menaçait, je prendrais mes
jambes à mon cou. Mais pas Benaja. Le mot traduit par « bâton »
correspond sans doute à une houlette de berger ou à une canne pour
marcher. Il a donc fait face à un géant avec un simple bout de bois !
Pouvez-vous imaginer la tête qu'a dû faire )'Égyptien quand Benaja
lui a arraché sa lance et l'a tué avec ?
2 Samuel 23 énumère trente-sept hommes, mais vous
remarquerez qu'un nom essentiel manque. Où est Joab, l'éminent
général et secrétaire de l'armée de David ? Les membres de sa famille
sont cités, mais pas lui. Dans son cantique sur ses fidèles héros
auxquels il attribue ses succès, David a choisi de se concentrer sur les
personnages les moins connus. Joab avait déjà été mis en lumière
d'un bout à l'autre de l'histoire de David. Ce dernier s'efforça donc de
louer les « personnages méconnus » qui avaient rendu possible la

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'1Jes vies imporlartles lrop so11ve11i oubliées

dynastie. Dieu avait été fidèle à son alliance envers David en lui
procurant ces vaillants guerriers et en rejetant les soldats médiocres (2
Samuel 23.4-6).

LES GENS I MPORTANTS FONT U NE D I F F ÉRENCE

Cette partie des Écritures me rappelle des rangées de croix


blanches alignées sur les collines normandes battues par les vents. Si
nous sommes libres aujourd'hui, c'est parce qu'en juin 1 944, au cours
d'une bataille en Normandie qui a duré trois mois, près de cinquante­
trois mille « héros méconnus » ont sacrifié leur vie pour vaincre la
tyrannie nazie. La plage d'Omaha est surplombée de 9387 tombes qui
portent le nom des hommes qui sont morts au cours des premières
heures de l'invasion, le « Jour J » . Chaque croix blanche correspond
à un personnage important, car chacun a eu un impact sur le reste de
l'histoire ; chacun a fait une différence. C'est un lieu très émouvant.
Ceux qui se rendent à cet endroit, situé en France, près de Colleville­
sur-mer, pleurent souvent en silence, honorant ainsi les héros de la
guerre.
C'est ce que David fait dans ce passage. Il honore les héros
méconnus qui ont rendu possible son accession au trône.
Évidemment, pour qu'un royaume dure, il doit avoir un roi fort et
efficace, mais David savait que les rois forts et efficaces ne peuvent
régner que s'ils sont entourés de loyaux et compétents sujets. Il a donc
attiré l'attention sur les exploits individuels de ses guerriers les plus
éminents, parce qu'il comprenait l'impact que « les héros méconnus »
peuvent avoir.
Une histoire illustre parfaitement ce point. Elle se trouve dans
Actes 23

« Quand le jour fut venu, les Juifs formèrent un complot, et firent


des imprécations contre eux-mêmes , en disant qu'ils
s'abstiendraient de manger et de boire jusqu'à ce qu 'ils aient tué
Paul. Ceux qui formèrent ce complot étaient plus de quarante, et
ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les anciens,
auxquels ils dirent : Nous nous sommes engagés, avec des

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L' H I STO I R E FA SC I N A N T E DE CES P E R S O N N A G E S MÉCON N U S

imprécations contre nous-mêmes, à ne rien manger jusqu'à ce


que nous ayons tué Pau l . Vous donc, maintenant, adressez-vous
avec le sanhédrin au tribun , pour qu'il l ' amène devant vous ,
comme si vous vouliez examiner sa cause plus exactement ; et
nous, avant qu'il approche, nous sommes prêts à le tuer. Le fils de
la sœur de Pau l , ayant eu connaissance du guet-apens, alla dans
la forteresse en informer Paul. Paul appela l 'un des centeniers, et
dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose
à lui rapporter. Le centenier prit le jeune homme avec lui , le
conduisit vers le tribun, et dit : Le prisonnier Paul m'a appelé, et
il m'a prié de t'amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te
dire. Le tribun, prenant le jeune homme par la main, et se retirant
à l'écart, lui demanda : Qu'as-tu à m 'annoncer ? Il répondit : Les
Juifs ont convenu de te prier d'amener Paul demain devant le
sanhédrin, comme si tu devais t'enquérir de lui plus exactement.
Ne les écoute pas, car plus de quarante d'entre eux lui dressent un
guet-apens, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux­
mêmes, à ne rien manger ni boire jusqu'à ce qu' ils l'aient tué ;
maintenant ils sont prêts, et n'attendent que ton consentement . Le
tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir recommandé de
ne parler à personne de ce rapport qu'il lui avait fait. Ensuite il
appela deux des centeniers, et dit : Tenez prêts, dès la troisième
heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux
cents archers, pour aller jusqu'à Césarée. »
(Actes 23 . 1 2-23)

Êtes-vous prêt pour une nouvelle question ? Comment s'appelait


ce garçon ?
Cela ne nous est jamais précisé. Nous ne savons p.;ts pourquoi
Luc, sous la direction du Saint-Esprit, ne nous a pas donné le nom du
neveu de Paul, mais je sais que ce n'était pas parce qu'il était
insignifiant. Si ce « héros méconnu » n'avait pas agi fidèlement, le
ministère de Paul se serait achevé avant son procès à Rome. Nous
n'aurions alors pas eu d'épîtres aux Éphésiens, aux Philippiens ou aux
Colossiens, ni de lettres à Timothée et à Tite. Jamais on n'aurait
entendu son témoignage dans les grands tribunaux de cet immense

20
'Ï)es vies im porla11les trop souve11I oubliées

empire. Comment cela aurait-il changé le cours de l'histoire ? Nous


ne le savons pas exactement, mais en tout cas, nous pouvons être sûrs
que l'intervention du neveu de Paul a été capitale.
Évidemment, je ne remets en cause la souveraineté de notre
Dieu tout-puissant, ni sa fidélité pour préserver ses serviteurs. Je veux
juste souligner tous ces points pour insister sur ce qui semble être
oublié beaucoup trop fréquemment : le succès, dans l'œuvre de Dieu
comme dans n'importe quelle église locale, dépend de gens fidèles
qui passent généralement inaperçus aux yeux du public.
J'ai horreur d'entendre les gens appeler l'église Stonebriar
Community, dont je suis le pasteur, « l'église de Chuck ». Croyez­
moi, Je reste souvent dans notre salle de réunion quand tout le monde
est parti, et cela n'a rien d'excitant. Il n'y a ni lumières, ni bruit, ni
rires, ni louanges, ni prières. Nul ne me tient compagnie ni ne
m'encourage. Cette salle si vibrante et si vivante quand elle est
bondée de chrétiens devient un espace vide, sombre et triste lorsque
je m'y retrouve seul. L'église Stonebriar n'est dynamique que grâce
aux gens qui s'y rassemblent pour adorer Dieu, se servir
mutuellement, chanter des cantiques, faire monter leurs prières et
rêver à de nouvelles façons de transformer la communauté dans
laquelle Dieu les a placés. L'église est bouillante parce que nous nous
serrons tous les coudes et que nous nous efforçons d'atteindre, dans
l'harmonie, l'unité et l'humilité les objectifs éternels de Dieu.
Trop d'églises se sont transformées en lieux de divertissements
où des orateurs de renom se pavanent et fanfaronnent devant leurs
fans. Trop de maisons de prière sont devenues des salles de spectacle
pour des musiciens qui, même s'ils crient et chantent au nom de
Jésus-Christ, veulent attirer l'attention sur eux et exciter l'admiration
générale.
Non, l'Église ne se rassemble pas pour les gens en vue : le
pasteur, la personne qui dirige les chants ou les musiciens. L'Église
est un rassemblement de gens « ordinaires » qui adorent le seul être
qui soit réellement important : Christ, notre Chef. Le roi de la
création. ressuscité d'entre les morts, assis à la droite du Père, qui
commande les cieux et exerce une autorité absolue sur le temps et
l'espace. Parfait dans sa justice, infini dans sa miséricorde, saint dans

21
L ' H I STOI R E FAS C I N A N T E DE CES P ER S O N N AG E S MÉCO N N U S

sa perfection, le seul être parfait mort pour de simples êtres humains


comme vous et moi.

LES G E N S O R D I N A I R E S O N T U N I M PACT
DURABLE
Ordinaires. Ce livre est consacré aux gens qui n'ont rien
d'extraordinaire et dont vous n'avez sans doute jamais entendu le
nom. Vous connaissez peut-être certains d'entre eux, Caïn, Abraham,
Ésaü et Samuel. Sans vouloir fausser le sens normal de ce terme, je
dirai qu'en un sens, nous sommes tous « ordinaires ». La scène finale
de The lncredible Shrinking Man (L'homme qui rétrécit) de Richard
Matheson illustre parfaitement ma pensée.
Un phénomène scientifique a propulsé Scott Carey dans un drôle
de voyage censé lui faire découvrir la vraie nature de sa signification
dans l'univers. Plus il rapetisse, moins il se sent important, surtout
lorsqu'il se compare au monde qui l'entoure. Quand il était un
scientifique renommé d'un mètre quatre-vingts, Carey pouvait avoir
un grand impact sur le monde, mais lorsqu'il se met à rétrécir, il perd
toute confiance en lui et il se sent totalement insignifiant. Finalement,
il devient microscopique. Il mange son dernier repas et il se couche
pour dormir, peut-être pour ne plus se réveiller.

« I l était allongé sur le dos et il contemplait les étoiles.


« Comme el les étaient belles ! On aurait dit des diamants
étincelants sur reflets bleutés jetés dans un ciel de satin sombre.
Aucun rayon de lune n'éclairait la scène. Seul l'éclat des étoiles
trouait l'obscurité . Et ce qui était merveilleux , c'est qu'elles
étaient toujours pareilles. Il les voyait, comme tous les autres
hommes, et cela lui procurait un profond contentement. Oui , il
était petit, mais toute la terre l'était aussi par rapport à ceci. » 1

En examinant l'espace infini, l'homme microscopique réalisa


une chose importante. Notre univers se mesure en années lumière
donc , une personne d'une taille d'un mètre quatre-vingts n'est guère
plus grande que si elle mesurait six millimètres ! Par rapport à

22
'LJes vies im porla11les lrop souveul oubliées

l'immensité du cosmos, nous ne sommes que des grains de poussière.


Et pourtant, notre grand Sauveur a estimé que chacun d'entre nous
avait assez de valeur pour qu'il meure pour lui.
Dans runivers du Seigneur, nous sommes de petites fourmis. Et
pourtant, grâce au sacrifice de Christ, aucun habitant de cette planète
n'est insignifiant. Notre valeur d'une personne ne se mesure pas à sa
renommée , à sa taille ou à la publicité qui est faite autour d'elle.
Chacun est important parce que Dieu l'a dit. Et vous faites partie de
ceux-là.
Pour lui, vous êtes important. Alors la questions est : Serez-vous
à la hauteur de ce titre ?

Q U AT R E T R A I T S C A R A CTÉ R I ST I Q U E S
D E S G E N S I M P O RTA NTS

L'influence (positive ou négative) que nous exerçons dépend en


grande partie des choix que nous faisons. Je vous encourage à devenir
important. Vous en avez le potentiel ! Je me suis aperçu que les gens
importants (parfois célèbres, mais la plupart du temps méconnus)
avaient des caractéristiques communes. Voici les quatre que nous
voyons le plus souvent.
Une consécration désintéressée. Les gens qui ont une grande
influence sur les autres ne se préoccupent pas de savoir à qui on
attribue le mérite, et jamais ils ne se plaignent du rôle qu'on leur
donne. Les guerriers de David ont pris des risques et déployé des
efforts héroïques pour établir sa monarchie. Or, jamais nous ne les
entendons se plaindre ni se vanter. Chaque homme était dévoué à
David, désintéressé et consacré à une grande cause commune.
Un ordre de mission. Les gens qui ont une grande influence sur
les autres se concentrent sur les bons objectifs et ne perdent pas leur
temps à poursuivre des choses sans importance. Beaucoup
d'associations se sont écroulées parce que leurs dirigeants ont
détourné les yeux de leur objectif et se sont polarisés sur des détails.
Les plannings et les rôles clairement définis de chacun sont censés
soutenir la mission, et non l'intérêt personnel.
Une volonté d'harmoni e. Les gens qui ont une grande influence
sur les autres restent en harmonie avec eux pour le bien de tous. Ils

23
L' H I STOIRE FA S C I N A N T E DE C ES P E R S O N N AGES MÉCO N N U S

ne tiennent pas compte des petites divergences et choisissent de


pardonner les offenses, car ils ont conscience que l'ennemi est hors du
camp. Les hommes de David n'avaient qu'un but : assoir David sur le
trône d'Israël. Lorsqu'ils ont atteint leur objectif, ils se sont assis pour
festoyer en s'écriant : « David, c'est l'un des plus grands moments de
notre vie ! » (voir I Chroniques 12.38-40).
Une joi e contagi euse. Les gens qui ont une grande influence sur
les autres poussent ceux-ci à rester humbles et unis, ce qui produit la
joie. Je suis convaincu que la joie est un choix, et qu'elle peut être la
plus attrayante des qualités d'une personne. Les gens qui débordent
de joie ont un impact positif autour d'eux. À leur contact, les autres
sont rassérénés.

ET V O U S ?

Au début de ce chapitre, je vous ai posé plusieurs questions qui


vous ont sans doute tenu en échec. Je voudrais à présent vous en
poser deux autres auxquel les vous seul pouvez répondre.
Préférez-vous être quelqu'un d'important ou quelqu'un d e
célèbre ? Réfléchissez bien. La réponse à cette question conditionnera
tout votre avenir, y compris les décisions que vous prendrez, votre
façon de vous comporter avec les autres et votre manière de remplir
la mission que Dieu vous a assignée. C'est à vous qu'il incombe
d'avoir un impact positif. Laissez à Dieu le soin de vous élever s'il le
souhaite.
Qu'est-ce qui est le plus important pour vous, la qualité de votre
impact sur le mond e ou son ampleur ? Ne répondez pas trop vite ! Il
s'agit d'une question épineuse, qui exige qu'on y réfléchisse
soigneusement. Le monde vous fait croire que nous pouvons avoir les
deux, alors qu'en réalité, nous n'en avons qu'un. Et nous savons déjà
duquel il s'agit.
Dans les chapitres suivants, nous évoquerons la vie de plusieurs
personnages bibliques. Certaines des vies fascinantes que j'ai choisies
de mettre en lumière sont généralement oubliées. J'y ai joint des
personnages plus connus de l'Ancien Testament dont certains
épisodes de leur vie méritent qu'on s'y attarde. Ils nous enseignent des
leçons que nous ferions bien d'apprendre (ou de réapprendre pour

24
'LJes vies im porla11les lrop souveul oubliées

certains). La plupart de ces personnages ont exercé un impact positif


sur le monde et sur leur entourage, mais quelques-uns ont laissé un
tragique exemple dans leur sillage. En examinant chacun d'entre eux,
nous essaierons de découvrir des principes bibliques et des
applications pratiques pour notre vie, afin que nous puissions dev enir
ce que nous avons, aux yeux de Dieu, le potentiel d'être... des gens
importants.

25
CHAPITRE DE UX
Caïn, le laboureur q ui tua son frère
,./ 1 'P. ifJ ,,
,
"--:_·
· '-

N
ul ne peut avoir d'impact plus négatif que celui qui supprime
la vie d'un autre. Malheureusement, l'histoire de l'humanité
regorge de meurtres. Pendant que j'écris ces lignes,
quelqu'un projette de tuer son semblable. Cela fait froid dans le dos.
Et tandis que vous lisez ces mots, la victime d'une de ces
machinations va mourir. Je suis atterré par la multitude de crimes, en
particulier de crimes de masse. Je vous épargnerai les détails
sanglants (mon but étant d'illustrer mes propos et non de vous
choquer) ; voici juste quelques exemples :

• Le 6 septembre 1949, en seulement douze minutes, treize


personnes furent tuées par balle à Camdem, dans le New
Jersey. Howard Unruh, le meurtrier, déclara par la suite : « J'en
aurais tué mille si seulement j'avais eu assez de balles. »
• Le 14 juillet 1966, huit élèves infirmières furent poignardées
et/ou étranglées dans un dortoir de Chicago par Richard
Speck, âgé de vingt-quatre ans.
• Peu après, le I er août 1966, Charles W hitman est monté en
haut d'une tour du campus d'une université du Texas avec son
fusil chargé. Avant que la police parvienne à l'arrêter, il tua
seize personnes.
• Le dimanche de Pâques 1 975, onze personnes, dont huit
enfants, furent assassinés au cours d'une réunion de famille à

27
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Hamilton, dans l'Ohio. James Ruppert fut jugé responsable de


deux des meurtres, mais non des neuf autres, pour raisons
psychiatriques. (Cette sentence me semble particulièrement
bizarre ! )
• Le 2 5 septembre 1982, dans une commune de Pennsylvanie,
George Banks abattit treize personnes, dont cinq enfants.
• Le 19 février 1983, au cours du cambriolage d'un club de jeux
d'argent, W illie Mak et Benjamin Ng visèrent treize personnes
à la tête. Toutes sont décédées.
• En 1 984, le dimanche des Rameaux, Christopher Thomas mit
fin à la vie de dix personnes, dont huit enfants, dans un
appartement de Brooklyn, à New York. Le juge souligna le fait
que cet homme était « extrêmement perturbé sur le plan
émotionnel ».
• Le 18 juillet 1984, James Oliver Huberty entra dans un
restaurant McDonald's à San Ysidro, en Californie, avec un
revolver, et tua à l'aveuglette vingt et une personnes avant
qu'un tireur d'élite de la police mette fin au cauchemar.
• Le 7 décembre 1987, David Burke, un employé d'une
compagnie d'aviation, est parvenu à déjouer la surveillance du
service de sécurité et à monter en avion. À neuf mille mètres
d'altitude, il a tué les pilotes, puis il s'est suicidé. L'avion s'est
écrasé, et les quarante-quatre passagers qui étaient à bord ont
tous péri, ainsi que l'équipage.
• Le 17 janvier 1989, Patrick Edward Purdy retourna dans
l'école élémentaire où il avait été élève autrefois, et abattit
trente-cinq personnes, dont cinq enfants. Puis il mit fin à ses
Jours.
• Le I er mai 1992, Eric Houston retourna dans son ancien
lycée. Il tira sur quatorze personnes et en tua quatre. Il
expliqua qu'il s'était ainsi vengé de la mauvaise note qu'il avait
eue en histoire quatre ans auparavant.
• Le 7 décembre 1994, Colin Ferguson abattit méthodiquement

28
Caï11, le iaboureur qui lua s011 frère

vingt-cinq personnes qui voyageaient à bord d'un train allant


vers Long Island. Six trouvèrent la mort. Il dut s'arrêter deux
fois pour recharger son arme.
• Le 24 mars 1998, deux garçons de treize et onze ans tirèrent
sur seize personnes à Jonesboro, dans l'Arkansas. Quatre filles
et un professeur sont décédés.
• Le 20 avril 1999, Eric Harris et Dylan Klebold tuèrent douze
de leurs camarades et un professeur au lycée Columbina près
de Littleton, dans le Colorado, avant de se supprimer eux­
mêmes.

Et, bien sûr, au cours de cette période de vingt-cinq ans,


beaucoup de tueurs en série ont traqué et tué des centaines de
victimes. Le FBI affirme que durant toute cette période, on a
dénombré environ trente-cinq tueurs en série.
J'aurais pu continuer la liste en vous énumérant les meurtres les
plus récents, mais franchement, je n'en peux plus. Et j'ai limité mes
recherches à mon pays, les États-Unis. Étendre l'étude aux autres
pays serait beaucoup trop déprimant. J'ai tenté de remonter le temps
jusqu'à 1900. Et j'ai découvert autant de meurtres multiples, de
massacres et de crimes en série qu'actuellement. Aujourd'hui, grâce à
la technologie moderne, le rapport est plus instantané et plus détaillé,
mais rien n'a changé.
Les recherches de Chuck Colson montrent que malgré notre
technologie, notre prospérité, notre gouvernement énergique et notre
éthique, le meurtre continue à sévir, et que ce n'est pas près de
s'arrêter :

« Nous incarcérons proportionnellement plus de personnes que


n'importe quel autre état au monde, et pourtant notre taux de
criminalité est de 2 ,8 à 8 fois plus élevé que celui des autres pays
industrialisés. Par rapport aux autres nations, les Américains de
1 5 à 25 ans courent soixante-quatorze fois plus de risques d'être
tués que les Australiens du même âge, et soixante-seize fois plus
que les Japonais. »2

29
L' H ISTO I R E FA S C I N A NTE DE CES PERSO N N AGES M ÉCO N N U S

Certains prétendent que le problème empire, d'autres pensent


que c'est la même chose dans le monde entier. On tente d'interdire le
port des armes ou de réformer l'éducation, mais il suffit de survoler
les Écritures pour comprendre d'où vient le problème. En effet, la
Bible est remplie de récits de meurtres.
Consacrez quelques après-midi à étudier l'histoire des meurtres
(si vous le supportez) et vous conclurez fatalement que là où il y a des
hommes, il y a aussi des crimes. Et il suffit de parcourir les Écritures
pour voir quand cela a commencé : dès le début de l'humanité.

« Adam connut Ève, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn , et


elle dit : J 'ai acquis un homme de par l ' Éterne l . Elle enfanta
encore son frère Abel . Abel fut berger, et Caïn fut laboureur. Au
bout de quelque temps, Caïn fit à l 'Éternel une offrande des fruits
de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de
son troupeau et de leur graisse . L'Éternel porta un regard
favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un
regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité,
et son visage fut abattu. Et l'Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu
irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu
agis bien , tu relèveras ton visage, et si tu agis mal , le péché se
couche à la porte , et ses désirs se portent vers toi : mais toi·,
domine sur lui . Cependant , Caïn adressa la parole à son frère
Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur
son frère Abel , et le tua. »
(Genèse 4 . 1 -8)

I N V E S TI G AT I O N S SUR UNE S C È N E D E C R I M E
Ma fille aînée raffole des feuilletons policiers et regarde
fidèlement Les Experts et NCIS. Au début de chaque épisode, les
détectives ou les investigateurs des scènes de crime cherchent à
trouver des indices pendant que le coroner vient chercher le cadavre.
Le reste du programme retrace les investigations des enquêteurs
jusqu'à ce qu'ils parviennent à découvrir la vérité. C'est pourquoi elle
aime tant ces feuilletons : parce que chaque épisode est une quête de

30
Cnïn, le lnboureur qui lua son frère

vérité. Et ce qui est prodigieux , c'est qu'au bout d'une heure, l'énigme
est déjà résolue !
C'est ce que j'espère faire avec cette scène de crime originale
passer les faits au crible pour parvenir à la vérité. Ou, dans le cas qui
nous intéresse, à plusieurs conclusions. Si le Seigneur a préservé les
faits au sujet de cet incident et qu'il les a placés, d'une façon
stratégique, au début du récit biblique, c'est pour notre bien. Comme
dans toute bonne enquête, celle-ci commence par quelques
observations simples.
Vous remarquerez que le tout premier meurtre eut lieu dès la
seconde génération de l'humanité. Genèse 4 nous apprend une
indéniable vérité théologique : les êtres humains sont des meurtriers,
non parce qu'ils commettent des crimes, mais parce que leur cœur est
souillé.
Au cas où le mot m eurtri er vous choquerait, permettez-moi de
le dire autrement. Nous ne sommes pas pécheurs parce que nous
avons commis des péchés, mais au contraire, nous faisons le mal
parce que nous sommes pécheurs. Le problème vient du cœur. Nous
faisons du mal parce que nous sommes mauvais, au plus profond de
nous-mêmes. Le meurtre n'est que la conséquence d'un problème qui
nous est commun à tous. li ne s'agit pas de libre circulation des armes
ou d'éducation, mais de notre nature tordue et égoïste, héritage de
toute l'humanité à la suite de la chute d'Adam et Ève dans Genèse 3.
Autre remarque : le premier homicide a lieu dans Genèse 4.
Dans Genèse 3, nous trouvons l'innocence. Adam et Ève jouissent
d'une intimité mutuelle et avec Dieu sans mélange, sans la moindre
trace d'égoïsme, de honte ou de jalousie. Tout n'est que candeur et
beauté. Mais avant la fin du chapitre 3, le tentateur fait irruption et
débite ses mensonges, et le premier couple choisit sa voie au lieu de
celle de Dieu. En conséquence, il est pollué spirituellement,
corrompu intérieurement, meurtrier dans son cœur.
On pourrait penser qu'il faudra du temps pour que le péché
empire progressivement de génération en génération ; les enfants
d'Adam et Ève racontant quelques mensonges, peut-être que la
troisième génération commettra de menus larcins, que la cinquième
se livrera ouvertement au vol et au racket et qu' ensuite, quelqu'un
tuera peut-être son prochain. Mais l'auteur inspiré de la Genèse

31
L' H I STO I R E FAS C I N A N T E DE CES PER S O N N AG ES M ÉCO N N U S

choisit d e faire suivre l a chute d'Adam e t Ève d e cette histoire, qui


concerne leurs fils. Le premier meurtre de Genèse 4 (peu de temps
après que le péché ait souillé le paradis terrestre du chapitre 3 )
démontre que la corruption n'a pas d e degrés. Elle n'apparaît pas peu
à peu, à l'instar de l'érosion . L'humanité a été totalement corrompue ,
si bien que nous ne devons pas être étonnés que les premiers péchés
aient été parmi les pires.
Le meurtre est abject, mais quand il a lieu au sein d'une famille,
i l prend une dimension particulièrement hideuse . Le mot frère revient
six fois dans les versets 8 à 1 1 de cette histoire, comme pour marquer
la gravité de ce crime . Le premier couple eut des relations conjugales
et Ève devint enceinte. Elle donna naissance à son premier fil s . Les
parents le surnommèrent Caïn , ou Qayin en hébreu . Son nom est
probablement un jeu de mots avec le terme hébreu Qanah, à cause de
ce qu'Ève a déclaré au verset 1 . Qan ah a deux sens possibles :
acquérir ou créer. Beaucoup de traductions optent pour le premier
sens, mais je penche plutôt pour le second . Dans ce cas, Ève a dit :
« J'ai créé un homme, comme l'a fait l'Éternel » . Il est vraisemblable
qu'une mère puisse réagir ainsi .
Souvenez-vous qu'il s'agissait de la toute première naissance
d'un être humai n . Ève a pris part à un miracle que seul Dieu avait
accompli auparavant : la création d'une vie humaine . Pour Ève, cela
dut être prodigieux. Aussi lui donna-t-el le un nom qui lui rappellerait
pour toujours ce miracle .
Adam et Ève eurent ensuite un autre fil s . Le texte biblique nous
l ivre un petit indice : il y avait peut-être un problème, puisque cet
enfant fut nommé Abel , un terme hébreu qui signifie souffle, vapeur
ou futilité . Ève n'a pas fait de commentaire à ce sujet, si bien que nous
en sommes réduits aux suppositions . Elle voulait peut-être dire qu'il
était chétif ou fragile . . . ou même maladif.
Nous apprenons que Caïn a choisi d'être laboureur, comme son
père . Abel , quant à lui, gardait des troupeaux . Il était berger. Leurs
noms contrastent avec leurs occupations . Le nom d'Abel signifie
« futile » , alors qu'il veillait sur ses brebis . Quant au nom de Caïn , i l
est de la même famille que l e terme hébreu Qaniti, « J'ai créé », alors
qu'il s'efforçait à grand peine de tirer la vie d'une terre maudite à
cause du péché .

32
C11ï11, le /11bo11re11r q u i l11a so11 frère

Ensuite, il nous est dit que ces frères, à l'âge adulte, apportèrent
leurs offrandes à l'Éternel. Remarquez comment )'Écriture décrit le
sacrifice que chaque homme a présenté. Concentrez-vous plus
particulièrement sur la comparaison.

« Au bout de quelque temps, Caïn fit à l ' Éternel une offrande des
fruits de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés
de son troupeau et de leur graisse. L'Éternel porta un regard
favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un
regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité,
et son visage fut abattu. »
(Genèse 4 .3-5 , italiques ajoutées)

Dans l'épître aux Hébreux, le contraste est volontairement plus


marqué. Dieu rejeta l'offrande de Caïn et approuva celle d'Abel, ce
qui a déclenché leur conflit. Pourquoi l'offrande de Caïn n'a-t-elle pas
plu au Seigneur ? C'est un sujet épineux. Beaucoup de bons
commentateurs affirment que l'offrande de Caïn aurait dû être un
sacrifice sanglant. Beaucoup d'autres soutiennent que Dieu n'a
institué les sacrifices d'animaux que bien plus tard. Selon moi, les
deux opinions sont valables.
D'après l'histoire d'origine, nous ne savons pas comment les
deux frères ont su ce qu'ils devaient apporter à l'Éternel, mais je suis
certain qu'Adam a enseigné à Caïn et Abel l'importance de l'offrande
et la bonne manière de s'approcher de Dieu. Comme les Écritures
répètent sans cesse que les pécheurs doivent offrir à Dieu un sacrifice
basé sur l'effusion de sang, on peut raisonnablement supposer que
Dieu a expliqué à Adam ce qu'il exigeait. Celui-ci l'a ensuite répété à
ses fils, qui étaient censés l'apprendre aux leurs. Les sacrifices
sanglants adressés à l'Éternel ont fait partie de la culture hébraïque
longtemps avant que Moïse ait exposé en détail les exigences sur
lesquelles était basée leur alliance avec le Seigneur. Avant Moïse, les
Israélites ont sans doute appris cela des patriarches. En tout cas, c'est
ce que confirme le livre de Job.
L'offrande de Caïn aurait pu être une offrande de fleur de farine,
comme dans Lévitique 2 et 6. Toutefois, dans les deux cas, celle-ci
accompagnait un sacrifice sanglant (d'expiation ou de culpabilité).

33
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

On peut considérer les deux points de vue, et nul ne peut


trancher la question avec certitude. En tout cas, une chose est sûre :
la form e du sacrifice et L'esprit dans lequel il est offert sont tous deux
importants. L'offrande de Caïn n'avait ni la forme, ni l'état d'esprit
que l'Éternel souhaitait. Celle d'Abel était excellente, celle de Caïn
médiocre. Cela devrait servir d'avertissement à tous ceux qui
s'imaginent que Dieu acceptera tout ce que nous choisirons de lui
apporter tant que nous serons sincères.

L'OBÉISSANCE N'EST PAS NÉGOCIABLE

« Beaucoup de chemins mènent à Dieu, soutiennent certains.


Aucune croyance n'est "bonne" ou "mauvaise" en soi tant qu'on le
cherche sincèrement. » Cette théorie, selon les Écritures, est
totalement fausse ! Mettez sincèrement votre foi en n'importe quel
moyen ou en n'importe quelle personne autre que Jésus-Christ qui a
versé son sang pour vos péchés, et Dieu ne vous recevra pas, c'est
sûr ! (Voir Jean 1 4.6 et Actes 4.1 2). Si cela vous semble dur, voici
deux sujets de réflexion :
Premièrement, L e S eig neur est aimant et bon, mais il est
ég al em ent just e. Le Père céleste nous a dit précisément comment
venir à lui, et cette démarche est extrêmement simple pour nous. Il
nous offre gratuitement son salut, qui nous a été acquis par la mort et
la résurrection de son Fils Jésus-Christ, et pour lequel nous n'avons
rien à payer. Il à fait absolument tout ce qu'il fallait ; nous n'avons
plus qu'à recevoir ce qu'il nous donne. C'est comme si un milliardaire
vous suppliait de le laisser vous offrir tout son argent. La grâce est
inouïe !
Deuxièmement, La foi doit nous pousser à ag ir. Si vous croyez
vraiment en Dieu, vous ferez ce qu'il dit, quand il le dit et comme il
le souhaite. Caïn est venu à sa façon. Abel s'est plié aux exigences
divines. Leur manière de s'approcher de Dieu a révélé l'authenticité
de leur foi. Plus loin dans la Bible, l'auteur de l'épître aux Hébreux
l'explique en ces termes

« C'est par la foi qu'Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent


que celui de Caïn ; c'est par elle qu ' i l fut déclaré juste, Dieu

34
CCLï11, le ICLbou rcur qui 11111 s0,1 frère

approuvant ses offrandes ; et c'est par elle qu'il parle encore,


quoique mort. »
(Hébreux 1 1 .4)

La véritable foi se caractérise par l'obéissance. L'apôtre Jean l'a


expliqué ainsi

« C'est par là que se font reconnaître les enfants de Dieu et les


enfants du diable. Quiconque ne pratique pas la justice n 'est pas
de Dieu, ni celui qui n'aime pas son frère. Car ce qui vous a été
annoncé et ce que vous avez entendu dès le commencement , c'est
que nous devons nous aimer les uns les autres , et ne pas
ressembler à Caïn , qui était du mal in, et qui tua son frère. Et
pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, et
que celles de son frère étaient justes. »
( 1 Jean 3 . 1 0- 1 2)

C'est ainsi que Dieu a jugé les offrandes de Caïn et Abel : celles
d'Abel étaient justes, et celles de Caïn mauvaises.

N O T R E R EL AT I O N AV EC D I E U A FFECTE
TO UT L E R ES T E

Cela nous amène à une indéniable vérité théologique de plus,


que je vais vous exposer ici et développer en même temps que les
autres faits de cette tragédie : la qualité de nos relations horizontales
dépend totalement de celle de notre relation verticale. Autrement dit,
si vous n'êtes pas en règle avec Dieu, vous serez en conflit avec tout
le monde. . . y compris vous-même.
Je suis fasciné par la disposition de Caïn : « Caïn fut très irrité,
et son visage fut abattu » (Genèse 4.5). Après avoir mal agi et
mécontenté l'Éternel, il se mit en colère et se renfrogna. D'un point de
vue humain, je comprends parfaitement sa réaction, mais en même
temps, celle-ci m'intrigue. Après tout, il savait ce qu'il était censé
faire, et il a choisi d'agir autrement ! Ensuite, comme il n'avait pas
obtenu la faveur de Dieu, il grogna. Il décréta probablement que ce
n'était pas juste et qu'il était toujours lésé.

35
L' H I ST O I R E FA S C I N A N T E DE C ES P ER S O N N AG E S M ÉCO N N U S

Caïn fut tellement furieux que cela s e v i t sur son visage . La


B ible ne révèle pas exactement ce qui le mit dans un tel état, mais je
soupçonne qu'il était tout simplement jaloux . Il ne voulait pas être
que son jeune frère l 'emporte sur lui. L'œil favorable avec lequel
l' Éternel avait regardé le sacrifice d'Abel a probablement excité la
jalousie de Caïn .
Je ne pense pas déformer le texte en disant cela, car lorsque
quelqu'un reçoit une chose qu'un d'autre estime mériter, ce dernier est
généralement jaloux. Un enfant reçoit un jouet un peu plus beau que
son frère : ce dernier l'envie. L'un part à Disney World avec sa famille
pour son anniversaire, l'autre a un petit gâteau avec de la glace pour
la même occasion . Évidemment, il est dévoré de jalousie !
C'est la même chose au travail . L'un a un beau bureau avec deux
fenêtres, l'autre une vieille table dans une pièce borgne . Le dernier
arrivé dans une entreprise bénéficie d'avantages que personne d'autre
n'a jamais reçus. Ses collègues de travail , inévitablement , sont jaloux
et pleins de rancœur.
Bizarrement, ce genre de sentiment prend généralement pour
cible des innocents. Caïn s'est fâché et a reporté sa rage sur Abel , son
petit frère, qui n'avait pourtant rien fait de mal . Caïn aurait pu en
vouloir au Seigneur d'avoir rejeté son offrande , ou s'en prendre à lui­
même de ne pas lui avoir présenté de sacrifices acceptables . Mais
pourquoi en vouloir à Abel, qui n'avait rien fait de mal ?
Prenons le temps de nous livrer à une analyse personnelle et de
mettre l ' accent sur une vérité importante. Si vous êtes en proie à la
jalousie, prenez le temps de vous arrêter et réfléchissez. Votre colère
est sans doute dirigée vers une mauvaise personne . D'un côté , vous
êtes peut-être réellement victime d'une injustice ou dans une situation
où quelqu'un a obtenu ce qui aurait dû vous revenir. Naturellement ,
vous en voulez à ce dernier, même s'il n'a rien fait de mal . Pourquoi
Caïn a-t-il tué Abel , alors que c'était à Dieu qu'il en voulait ?
Voilà qui nous conduit à une autre vérité indéniable : choisir d e
faire le mal m et quelqu'un e n porte à faux av ec lui-mêm e. Lisez
attentivement le conseil que l' Éternel a adressé à Caïn

« Et l 'Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton


visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras

36
Caï11, le laboureur qui lua so11 ftèrr

ton visage , et si tu agis mal . le péché se couche à la porte , et ses


désirs se portent vers toi : mais toi , domine sur lui. »
(Genèse 4 .6-7)

L'Éternel reprit Caïn comme tout bon parent le ferait avec un


enfant. En quelque sorte, il lui a dit : « Si tu as mal agi, c'est de ta
faute. Ne rejette le blâme sur personne d'autre ! Une fois que tu auras
fait le bien, Caïn, ton visage changera. » L'obéissance vient d'abord
les émotions suivent.
On peut le dire de cette façon

« Caïn commenca à tort par présenter une offrande inacceptable


à Dieu . Abel donna le meil leur à l'Éternel , alors que Caïn se
contenta d'une offrande banale . Lorsque le Seigneur rejeta cette
dernière, Caïn aggrava sa situation en réagissant mal . Dieu vit sa
colère et sa dépression , et il fit remarquer que c'était une
mauvaise réaction . Il lui dit : Fais le bien et tu te sentiras mieux .
Puis il le mit en garde contre l'impénitence et le refus d'offrir un
sacrifice agréable. S'il continuait à mal réagir, il allait tomber
dans un péché plus grave (dans les griffes du péché, qui
ressemble à un animal sauvage). » 1

Vers I 960, Anna Russel écrivit une merveilleuse petite chanson


s,tirique sur l'habitude que nous avons de rejeter le blâme sur les
a tres. Ses paroles sont drôles, mais son message sonne juste. Elle l'a
irtitulée « Ce bon vieux Sigmund Freud »

« Je suis allée chez mon psychiatre


Pour être analysée
Afin de savoir pourquoi j'avais tué le chat
Et poché les yeux de mon mari .
Il m'a fait allonger sur un divan
Pour voir ce qu'il pourrait trouver,
Et voici ce qu'il a déduit
En fouillant dans mon subconscient :

Quand j'avais un an, maman a caché


Ma poupée dans une malle,

37
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

C'est évidemment pour cela


Que je bois comme un trou aujourd'hui.
Quand j'avais deux ans, un jour,
J'ai vu papa embrasser la bonne,
Et depuis, naturellement,
Je suis kleptomane.

À trois ans, j'ai eu un sentiment


Ambivalent envers mes frères ;
Aussi , par la suite,
J'ai empoisonné tous mes amoureux .
Mais aujourd'hui , j e suis heureuse,
Car j'ai tiré une leçon de tout ça ;
C'est que tout le mal que je fais
Est de la faute de quelqu'un d'autre. »4

Bien que cette chanson ait été écrite il y a plus de quarante ans,
les paroles expriment le refus de chaque être humain d'assumer la
responsabilité des conséquences de ses désobéissances. Et nous
nuisons considérablement aux générations futures en excusant le mal
au moyen de savantes explications. On prétend que les enfants
négligés et les orphelins sont des victimes de la vie, qu'ils ne sont
donc pas responsables de leurs mauvaises décisions. En conséquence,
nos prisons sont pleines de criminels qui s'apitoient sur leur sort.
Apparemment, cette façon de voir les choses est pleine de
compassion, puisqu'elle reconnaît que les personnes défavorisées
sont, plus que les autres, en proie à des luttes intérieures. Mais le
conseil étendu en compassion et réduit en vérité est pire que de ne
rien dire du tout. J'ai dit pendant longtemps que la vérité sans amour
est cruelle, mais je dois ajouter que l'amour sans la vérité est
trompeur. Nous devons toujours dire la vérité avec amour. Toute autre
réaction prive l'être humain de la dignité que Dieu lui a donné : il l'a
doté d'autonomie, et, avec elle, de la dignité de vivre en assumant les
conséquences de ses actes.
Le conseil que nous devons prodiguer est le suivant : « Mon ami,
tu es responsable de tous les choix que tu fais dans ta vie. C'est à toi
qu'il reviendra d'en assumer les conséquences. Même si c'est pénible
et difficile, assume pleinement la responsabilité de tes actes.

38
Caï11, le labo11reur qu i lua s011 frère

Reconnais que la plupart de tes réactions, qui se lisent sur ton visage,
proviennent de tes choix personnels et de ton attitude , qui les
provoquent. »

L E PÉC H É N O N R É G L É C O R R O M PT TOUT

Le verset 7 nous dévoile une autre vérité : laisser un péché non


réglé dans notre vie nous pousse à en comm ettre davantage.
Remarquez de nouveau le conseil que le Seigneur a adressé à Caïn et
la façon dont il expose le danger d'aggraver le mal : « Certainement,
si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se
couche à la porte. . . » (Genèse 4.7). Le péché est une bête à l'affût qui
attend que nous nous détendions, que nous relâchions notre vigilance
et que nous oubliions de rester sur nos gardes. C'est un lâche
opportuniste, qui attend que nous soyons faibles pour pouvoir nous
dévorer sans prendre de risques. Mais si nous assumons la
responsabilité de nos erreurs, que nous nous repentons et que nous
obéissons, nous pouvons maîtriser le péché. Le mot traduit par
« domine » est le même que celui qui est employé en parlant d'un roi
qui règne sur un pays ou sur son peuple. Nous dominons le péché
potentiel en nous repentant rapidement de notre péché passé et en
décidant de bien agir dorénavant.
C'est un avertissement affectueux, une confrontation pleine de
bonté. L'Éternel rappel le à Caïn qu'il a l'occasion de faire demi-tour.
Ce n'est pas parce qu'il a mal agi autrefois qu'il a perdu toute occasion
de se reprendre. Il peut se repentir, se procurer une offrande convenable
et retourner vers l'autel avec un cœur humble et obéissant. En d'autres
termes, il n' est jamais trop tard pour bi enfaire. Implicitement, Dieu
explique à Caïn que s'il agit correctement, tout ira bien pour lui.
Nous ne pouvons pas nous permettre d'hésiter ou de laisser
traîner nos différends. Ce conseil est aussi valable en ce qui concerne
les relations horizontales, comme nous l'explique Éphésiens 4.26-27 :
« Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se
couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable » . Le
thème général de la lettre de Paul à l'Église d'Éphèse est l'unité,
indispensable dans l'Église, en amitié et au sein du mariage.

39
L' H I STOI R E FA S C I N A NT E D E CES PERSO N N AG E S M ÉC O N N U S

Ma femme et moi avons convenu ensemble de ne jamais nous


coucher fâchés. Parfois, nous discutons jusqu'à deux ou trois heures
du matin pour résoudre un différend. Cette méthode a plusieurs
avantages. Je me suis aperçu qu'à trois heures, nous sommes prêts à
céder sur tous les points . La façon dont le manque de sommeil
ramène un problème à ses justes proportions est stupéfiante ! À
l'inverse. j'ai conseillé des couples dans lesquels chacun des conjoints
rumine constamment ses griefs envers l'autre. Cela remonte parfois à
des affronts qui n'ont pas été réglés depuis des lustres. « Je me
souviens qu'en 1974, il m'a dit telle et telle chose en public, et que je
ne l'ai jamais oublié. » Ces couples passent leur vie à ressasser des
vexations passées, ce qui entretient perpétuellement leur indignation.
Un détail infime devient, au fil du temps, une affaire d'état qui ronge
chaque conjoint et débouche parfois sur la violence.
Hélas, Caïn n'a pas tenu compte de la mise en garde paternelle
de l'Éternel. Et inévitablement, sa rancœur s'est propagée comme un
cancer.

« Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais comme ils étaient
dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. »
(Genèse 4.8)

Le verbe hébreu traduit par « le tua » est un terme employé pour


les meurtres, les exécutions judiciaires et les sacrifices d'animaux. Je
ne veux pas tirer trop de conclusions du choix de ce terme, mais il me
semble que cela ajoute une note d'ironie morbide au récit. Si j'écrivais
un roman où figurait le personnage de Caïn, je lui ferais hurler les
mots : « Tu veux un sacrifice, Seigneur ? Eh bien, en voilà un ! ,.,
Le sang d'Abel a été répandu sur le sol, et son corps sans vie s'est
écroulé dans les bras de Caïn. Qayin - « j'ai créé » - devint le
premier destructeur de la vie.

D ÉC I D E R M A I NT E N A N T D E R ÉS O U D R E
LE CONFLIT

Avant de claquer la langue et de secouer la tête, n'oublions pas


que le cœur meurtrier dont Caïn a hérité à la suite de la chute bat en

40
Caïn, le laboureur qui lua so11 frère

chacun de nous. Le péché se couche à votre porte et à la mienne,


comme à celle de Caïn. Je dois admettre que parfois, j'ai tellement
détesté certaines personnes que si je ne leur avais pas pardonné
volontairement, j'aurais été tenté de les étrangler ! Regardez
franchement ce que vous avez enduré autrefois. N'êtes-vous pas dans
le même cas ? Si vous soutenez le contraire , c'est que vous vous
voilez la face ou que vous vous faites des illusions sur votre nature.
Heureusement, je n'ai jamais tué personne. Je dois rendre grâce
à la puissance de Christ, qui m'a donné la force de pardonner et qui
m'a aidé à repartir du bon pied. Mais j'ai rencontré des gens qui
ruminent des projets de meurtre. Il y a plusieurs années, dans un
camp chrétien, j'ai travaillé avec un jeune homme très perturbé et
visiblement agité. Il était si nerveux qu'il semblait toujours prêt à
exploser. Quand je lui ai demandé comment il vivait chez lui, il m'a
décrit un père très injuste, et même brutal. Quand il parlait de son
père, le garçon était perdu dans ses pensées. Il oubliait presque ma
présence, et il répétait : « J'attends juste le bon moment pour le tuer ».
Et il le pensait !
Nourrissez votre ressentiment, et vous serez en proie à la colère.
Celle-ci s'enracinera de plus en plus profondément en vous et vous
rendra haineux. Or, le fruit de la haine est le meurtre.
Sachez-le, très peu de meurtriers se réveillent un jour en
décidant de commettre un crime. J'irai même jusqu'à dire que la
plupart d'entre eux se croient incapables de tuer. Mais
progressivement, ils laissent la colère gronder en eux jusqu'à ce
qu'elle produise ses effets dévastateurs dans leur vie.

L E PÉC H É N O N R ÉG L É E N D U R C I T L E C Œ U R
Nous ne savons pas combien de temps s'est écoulé entre les
versets 8 et 9. La Bible ne nous révèle pas les événements qui se sont
produits entre temps, mais nous pouvons les imaginer. Le silence
pesant qui suit le dernier soupir d'une victime devrait faire pleurer
quiconque a une conscience. Une vie humaine précieuse, une
personne qui, auparavant, parlait, riait, chantait et faisait le bonheur
de ses proches a été tuée. Caïn s'est probablement hâté d'ensevelir le
corps de son frère dans le champ encore rouge du sang d'Abel. Ce fut

41
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N NA G E S M ÉC O N N U S

la première scène de meurtre de l'histoire. Puis Caïn est parti en


haussant les épaules et il a fait un brin de toilette avant de souper.
Le Seigneur a fini par mettre le doigt sur son péché, mais
remarquez à quel point Caïn s'est endurci :

« L'Éternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne


sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? Et D ieu dit: Qu'as-tu
fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi. »
(Genèse 4.9- 10)

Un péché secret sur la terre est un scandale flagrant au ciel. Ne


l'oubliez jamais ! Ce que nous cachons ici-bas est parfaitement connu
de Dieu. « La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi. »
Dieu savait exactement ce que Caïn avait fait. Réétudiez le processus
divin d'investigation : de quelle façon l'Éternel a-t-il questionné
Caïn ? Vous constaterez que même après le pire crime qui ait été
commis à l'époque, le Seigneur a fait preuve de grâce. Le Dieu
omniscient a posé à Caïn une question rhétorique pour le convaincre
de son péché, mais ce dernier avait le cœur trop endurci pour saisir la
gravité de sa mauvaise manière d'agir. En deux phrases, Caïn a révélé
son impudence, sa méconnaissance totale de Dieu, son absence de
remords et son profond mépris envers Abel.
Dieu a alors appliqué une juste sentence :

«Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche


pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu cultiveras
le sol , il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et
vagabond sur la terre. »
(Genèse 4.11-12)

Le péché de Caïn l'a privé de cultiver le sol, donc d'assurer sa


subsistance. Dorénavant, il allait être condamné à errer sur la terre
pour toujours. C'est ce qui a enfin provoqué quelque émotion chez le
meurtrier :

« Caïn dit à l'Éternel : Mon châtiment est trop grand pour être

supporté. Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai

42
Caïn, le laboureur qui tua so11 frère

caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et


quiconque me trouvera me tuera. »
(Genèse 4 . 1 3- 1 4)

Dieu avait poussé Caïn à avouer son crime, et il lui avait donné
l'occasion de se repentir du fond du cœur d'avoir tué Abel, mais Caïn
n'avait pitié que de lui-même. Comme il avait été pris sur le fait, jugé
et condamné, il demanda grâce. « Je n'aurai plus ni maison ni patrie.
Je serai un fugitif, et un jour, dans un lieu désert, quelqu'un finira par
me tuer. » N'est-ce pas intéressant ? Caïn est persuadé que les autres
le traiteront comme il a lui-même traité son frère !
Avouons-le franchement, si nous avions été le juge présidant la
séance au tribunal, nous aurions été à bout de patience. Nous aurions
tapé du marteau et clamé : « Affaire suivante ! » Mais remarquez la
grâce de Dieu, même pour un meurtrier sans remords comme Caïn :

« L' Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn , Caïn serait vengé sept
fois. Et l' Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le
trouverait ne le tue point. »
(Genèse 4. 1 5)

Je suis sûr que vous vous demandez quelle était cette marque
spéciale. À vrai dire, moi aussi. Au cours de mes recherches. j'ai lu de
nombreuses hypothèses à ce sujet. Certaines sont risibles, d'autres
plausibles. La plupart sont curieuses :

• L'Éternel fit briller une lumière vive autour de Caïn pour qu'il
effraie les autres, afin qu'ils se tiennent à distance de lui.
• Il mit la lèpre sur le front de Caïn afin que personne ne
s'empare de lui de crainte d'attraper sa maladie.
• Il donna un chien à Caïn.
• Il changa sa personnalité, si bien que les gens étaient intimidés
en sa présence.
• Il fit don à Caïn d'un manteau de couleur vive.
• Il fit pousser des cornes sur la tête de Caïn, lui donnant l'aspect
d'un animal, afin que les gens se tiennent à l'écart.

43
L' H I STO I R E FAS C I N A NT E DE C E S P E R S O N N A G E S M ÉC O N N U S

Vous voulez savoir quelle est la bonne réponse ? Personne ne la


connaît ! La seule chose que nous savons, c'est que Dieu, dans sa
grâce, a préservé la vie de Caïn. La seule raison pout laquelle, selon
moi, il l'a fait, c'était pour lui transmettre le message : « Si au cours
des années qui te restent, ton cœur endurci finit par se repentir, je suis
prêt à t'écouter. Je ne demande qu'à t'accepter. Ce n'est pas parce que
tu as commis ce meurtre affreux que tu dois rester pour toujours loin
de moi ! »
Je voudrais que ce genre d'histoire se termine bien. J'aimerais
clore ce récit par un heureux épilogue : « Après cela, Caïn se tourna
vers le Seigneur, se repentit, accepta sa grâce, et passa le reste de ses
jours à l'adorer humblement et ardemment. » Hélas, cela ne s'est pas
déroulé ainsi.

ÉCR I V EZ V O T R E P R O P R E ÉPI LOG U E

C'est dramatique pour Caïn, mais qu'en est-il de nous ? Je


terminerai ce chapitre en glanant pour vous trois principes constants
que, j'espère, vous allez considérer. Ils ne sont pas compliqués. De
prime abord, ils ne semblent pas très profonds, mais je vous
recommande de les méditer.
Premièrement, la voie de D i eu est la seul e qui soit valable.
empruntez-la ! Le Seigneur ne parle pas pour ne rien dire ; s'il nous
donne des instructions claires, comme par exemple : « J'honorerai
cette offrande » , nous devons lui obéir sans nous poser de questions,
demander des explications ou exiger des réponses.
Dieu dit : « Venez à moi par la foi en Jésus-Christ ». C'est clair
et simple. Ne lui offrez pas vos bonnes œuvres ; elles ne suffiront
jamais. Ne vous approchez pas de lui en croyant à un système
religieux qui ne proclame pas que Jésus est le seul chemin menant au
Père. Il vous a frayé une voie facile et sûre. Marchez-y !
Deuxièmement, la jalousie est un péché qui ne peut pas rester
caché. R enoncez-y ! La jalousie est meurtrière. Elle sème dans l'âme
des graines qui engendreront la colère, la rancune, la haine et, peut­
être même, le meurtre. Contentez-vous de faire ce qui est juste. Au
lieu d'être plein de ressentiment, réjouissez-vous avec ceux qui sont
félicités et privilégiés.

44
Caï11, le labo11reur qui tua so11 frère

Troisièmement , ne laissez jamais un péché ou un conflit


irrésolu, surtout avec Dieu. Réglez-Le ! La colère ne se dissipe pas
d'elle-même. Au contraire, elle couve, enfle et s'amplifie. La plupart
des différends ne se règlent pas d'eux-mêmes, mais à force d'attention
et d'efforts.
L'un de mes amis est allé camper dans le Colorado et il observa
un aigle qui guettait sa proie. Il planait au-dessus d'elle, puis, tout à
coup, il fondit sur sa victime, la prit dans ses serres et s'éleva de
nouveau. Mais pendant qu'il se dirigeait vers son nid, ses ailes
s'immobilisèrent et il tomba en ville sur le sol comme une pierre.
Mon ami se demanda ce qui s'était passé et se mit en quête des deux
animaux. En les retrouvant, il réalisa que l'aigle s'était emparé d'une
fouine pour dîner, mais tandis qu'il se dirigeait vers son nid, la fouine
lui avait mordu le cou. Elle avait sectionné une artère, l'aigle avait
perdu tout son sang et la fouine avait été tuée en touchant terre. Mon
ami ne retrouva que deux dépouilles.
C'est une belle image du danger auquel nous nous exposons
lorsque nous entretenons de la rancune ou de la colère. Cette dernière
n'est pas un péché, juste une émotion. La rancune est tout à fait
compréhensible si quelqu'un vous a blessé. Mais si vous la gardez
dans vos serres, elle vous détruira et elle blessera sans doute
quelqu'un d'autre. La devise de ceux qui s'entraînent à pêcher est
bonne à suivre : « Attrape et relâche ».
Pour résoudre les conflits ou les péchés (peu importe qui est
coupable), commencez par en parler à Dieu. Même si vous n'avez
qu'une petite part de responsabilité, reconnaissez-la. Avouez tout ce
qui pèse sur votre cœur. Rendez-en compte à Dieu et confessez votre
péché. En le faisant, vous aurez la sérénité nécessaire pour faire la
paix avec votre frère ou votre sœur. Vous retrouverez une influence
positive sur votre entourage, même si vous êtes coupable.

45
CHAPITRE TROIS
..1/lbraham, le père qui offrit son fils
r 1 1 'P. if- •
,
\.:. -
.

P
eu avant sa mort, Corrie ten Boom est venue régulièrement au
culte dans mon ancienne église de Fullerton, en Californie. Elle
dégageait une sérénité et une humilité remarquables qui
rendaient son culte à Dieu absolument unique. J'admets volontiers
que sa sagesse et son intimité avec le Tout-Puissant
m'impressionnaient tant, que je me sentais légèrement intimidé
lorsque je prêchais face à une personne aussi éminente. Elle me
rassurait toujours en m'assurant qu'elle aimait beaucoup être parmi
nous. Elle ne donnait jamais l'impression de s'attendre à des égards
particuliers. Quelle femme merveilleuse !
Un jour, Corrie et moi avons discuté après le culte. Sa voix au
charmant accent hollandais, et au ton paisible et sage, me poussait à
me pencher vers elle pour ne pas perdre un seul mot de ce qu'elle me
disait. Je venais de lui parler de notre famille et de nos jeunes enfants.
Elle éprouvait beaucoup de plaisir à les regarder grandir tous les
quatre, et elle savait à quel point je les chérissais. « Vous savez,
pasteur Chuck, déclara-t-elle, au fil des années,j'ai appris que nous
ne devons jamais trop nous attacher aux autres. Plus nous chérissons
ces petits, plus nous avons tendance à nous agripper à eux, et plus
nous souffrons lorsque notre Père écarte nos doigts et nous les
prend.»
Ces mots, venant des lèvres de quelqu'un qui avait perdu tous les
membres de sa famille, mais qui avait tant gagné , ont eu une
influence indescriptible sur moi. Je n'ai jamais oublié le visage de
Corrie, ni ses yeux et ses paroles pénétrantes.

47
L' H I STO I R E FAS C I N A NT E DE CES P E R S O N N A G ES M ÉCON N U S

Maintenant que nos quatre enfants sont adultes et parents à leur


tour, je réalise mieux que jamais le sens de ces paroles. Dieu nous les
a pris de la meilleure façon possible. Ils savent s'assumer eux-mêmes
et ils sont devenus des serviteurs zélés de Jésus-Christ, chacun selon
sa voie. Comme Dieu l'a prévu dès le départ, nous les avons laissés
libres de suivre la destinée qu'il a voulue pour eux. Les paroles sages
de Corrie nous ont souvent rappelé, à leur mère et à moi, de ne pas
nous agripper à eux.
Certains d'entre vous qui lisez ces lignes n'ont pas « lâché » leurs
enfants de cette manière. Vous avez peut-être perdu un enfant à la
suite d'un décès, d'un crime affreux, d'un divorce, ou d'une horrible
tragédie. Laissez-moi vous parler clairement. Si Dieu est le maître
souverain de tout, et que rien n'échappe à sa puissance ou à sa
connaissance , une horrible tragédie n'est jamais un acte cruel et
impitoyable de sa part. Dieu ne s'est pas réjoui de vous laisser
endurer un tel chagrin. Certes, comme dans le cas de Job , il l'a
perm is, mais il n'est pas l'auteur du mal . L'iniquité d'un monde
dénaturé par le péché vous a privé de votre enfant.
Non seulement Dieu déteste le péché, mais il hait la mort.À tel
point qu'il a envoyé son Fils la détruire en mourant et ressuscitant.
Les Écritures nomment la mort notre « dernier ennemi » ( 1
Corinthiens 1 5.26). En fin de compte, dans ce combat contre le mal,
le Seigneur aura le dernier mot, comme il nous l'a annoncé par notre
Seigneur Jésus-Christ. En bref, la mort est due à un monde
déboussolé. La résurrection est le triomphefinal de Dieu sur elle.

N E V O U S A G R I PPEZ PA S T R O P À L U I

Que nous perdions nos enfants de façon classique ou tragique,


cette règle est toujours vraie : nous devons apprendre à ne pas nous
agripper trop fort à eux ou à quoi que ce soit d'autre. Reconnaissons­
le, si nous nous accrochons à quelqu'un ou à quelque chose, c'est sans
doute lui qui nous possède, et non l'inverse. Et Dieu ne permettra pas
cela, car ce n'est bon ni pour nous, ni pour l'être que nous aimons.
En réfléchissant à ce principe, quatre domaines distincts de la
vie quotidienne me viennent à l'esprit.

48
.1/lbraliam, le père qui offrit sou fils

Nos possessions. Je veux parler de tout ce qui a un pri x , des


biens matériels que nous acquérons ou que d'autres nous ont donnés .
Il ne s ' agit pas forcément d e c upidité . Certains des objets auxquels
nous tenons le plus chez nous n 'ont qu'une faible valeur monétaire .
Nous les avons reçus des mains des parents et grands-parents de mon
épouse, ou des miens . I l s sont tous irremplaçables . Mais si nous
disons qu'ils ont une valeur incalculable ou que nous y tenons comme
à la prunelle de nos yeux, nous risquons d'y être trop attachés.
A. W. Tozer a e xposé avec subtil ité les dangers de s'agripper
e x cessivement à ses biens dans ce que je considère comme son
meil le u r ouvrage , The Pursuit of God (La recherche de Dieu). À
propos de « la bénédiction de ne rien posséder » , i l a écrit :

« Avant que l'Éternel ait mis l'homme ici-bas, il a commencé par


créer un monde rempli de choses agréables et utiles pour sa
subsistance et sa joie. Dans le récit de la Genèse, elles sont appelées
"des choses" . Elles ont été faites pour l'usage de l'homme, mais elles
étaient extérieures à lui et soumises à lui. Au fond du cœur humain,
il y avait un sanctuaire où Dieu seul était digne de régner. En lui était
Dieu ; à l'extérieur de lui , il y avait un millier de cadeaux que le
Seigneur lui avait accordés.
« Mais le péché a compliqué les choses, et ces dons divins sont

devenus une source potentielle de ruine de l'âme.


« Nos problèmes ont surgi lorsque le Seigneur a été expulsé du

sanctuaire et que nous y avons fait entrer des "choses" . Dans le cœur
humain, celles-ci ont pris le pouvoir.
« Dans notre cœur, nous devons faire les expériences dures et amères
d'Abraham si nous voulons connaître la bénédiction qui les suit.
L'ancienne malédiction ne partira pas sans mal ; notre nature rebelle
ne s'assagi ra pas lorsque nous le lui ordonnerons. Elle doit être
déracinée de notre âme comme une mauvaise herbe, arrachée dans la
souffrance et le sang comme une dent hors de sa gencive, expulsée
violemment comme Christ a chassé les changeurs de monnaie du
temple. Et nous devons nous blinder contre sa supplication de lui
faire grâce et refuser de nous apitoyer sur notre sort, ce qui est l'un
des péchés les plus répréhensibles du cœur humain. »5

49
L' H I STOI R E FA S C I N A NT E DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCON NUS

Tozer a écrit avec tant de passion que ses paroles vous semblent
peut-être excessives, mais vous devez admettre qu'elles ont retenu
votre attention, et que c'est un point positif. Je pense que Dieu est tout
aussi passionné. Ne nous berçons pas d'illusions : nous avons
tendance à nous accrocher aux « choses ». Et n'oublions pas qu'il est
crucial pour nous de les lâcher délibérément et pour de bon. Ne
passez pas sur ce point trop vite. Sondez-vous vous-même ! Nous
pouvons penser que nous avons une perspective correcte des biens
matériels, puis découvrir, à nos dépens, qu'il n'en est rien - et cela,
plus tôt que nous le pensons.
J'ai donné cet avertissement au cours d'un message dont une
dame a entendu l'enregistrement. Par la suite, elle m'a écrit à ce sujet.
Elle m'a dit : « En fait, j'ai entendu une cassette où vous parliez de
cela, et je me suis dit : "Ce genre de choses ne m'arrivera jamais". Un
soir, en rentrant chez moi, à ma grande stupéfaction, j'ai constaté que
tout ce que nous possédions était réduit en cendres. Par la suite, j'ai
réalisé que tout ce qui était important pour moi avait échappé aux
flammes. Mes souvenirs, mes relations avec ma famille et mes amis ,
les choses importantes de ma vie étaient toujours là. » Dieu continue
à détacher nos doigts.
Nos positions. Trop d'entre nous s'identifient à leurs titres et à
leurs positions. Je ne parle pas du prestige d'un titre, mais du sens de
notre identité que nous donne notre occupation, notre travail. Cela
transparaît même dans notre façon de parler. Lorsque quelqu'un me
demande : « Que faites-vous dans la vie ? », je réponds « Je suis
pasteur ».
Vous avez saisi ? Je suis pasteur. On ne m'a pas demandé ce que
je suis, mais ce que je fais !
Toutes les semaines, quelque part, quelqu'un perd son emploi ou
son entreprise, et les problèmes financiers ne constituent qu'une part
de son stress. En fait, nous pouvons être tellement pris par notre
travail que si nous le perdons, nous perdons en même temps notre
identité. Mais si nous savons qui nous sommes, et que ce sentiment
est fondé sur notre relation avec Dieu, la perte de notre emploi nous
fait juste changer de programme et de mode de vie, sans plus.
Nos rêv es. Devoir renoncer à un rêve est difficile à accepter. Voir
l'anéantissement d'un profond désir ou d'une chose que vous avez

50
...'.Abralwm, le père qui offrit so11 fils

prévue et à laquelle vous avez travaillé pendant de nombreuses


années risque de vous laisser chancelant et vide, désespéré et
désorienté. Si vous êtes quelqu'un d'énergique et de volontaire, vous
risquez d'avoir l'impression de ne plus avoir de but dans la vie.
Malheureusement, nous devons renoncer à la plupart de nos rêves, ou
les abandonner avant qu'ils deviennent réalité.
Rêvez ! Je vous encourage même à avoir de grands rêves !
Sortez des sentiers battus et imaginez de grandes choses ! Mais en
cherchant à les réaliser, ne vous agrippez pas trop à eux.
Nos relations. C'est ce qui est le plus difficile à « lâcher » : le
conjoint, les parents, les enfants, les autres membres de la famille, les
amis .. . Les belles histoires d'amour peuvent prendre fin, les
partenariats qui semblent solides peuvent se rompre. Les amis
meurent, les colocataires s'en vont, les voisins déménagent, les
collègues de travail sont mutés, etc. Nous ne devons donc pas nous
agripper excessivement à eux. À aucun d'entre eux.
En fin de compte, la décision de ne pas trop s'attacher à ses
proches est un acte de foi. En effet, notre instinct humain nous pousse
à nous accrocher à ce que nous chérissons par-dessus tout.
Abandonnons-les plutôt au Seigneur, et comptons sur lui pour faire ce
qui est juste. Lorsque nous agissons ainsi, nous sommes de vrais
modèles de foi. Et je ne vois pas de meilleure façon d'enseigner à nos
enfants qui est le Dieu que nous adorons qu'en leur montrant chaque
jour notre confiance en lui.

LE TEST DE FOI D'ABRA H AM


Nul n'a sans doute mieux appris cette leçon qu'Abraham.
Comme c'est le principal patriarche du judaïsme, il n'est pas un héro.s
méconnu, mais Genèse 22 décrit un épisode que beaucoup ont oublié,
ou du moins ne voient pas correctement. C'est pourtant une histoire
fascinante, digne que nous nous en souvenions. Elle ne nous parle pas
de la perte de nos biens, d'une chose que nous pouvons acquérir,
d'une occupation, d'un rêve ou d'un ardent désir, mais de celle d'une
personne, d'une relation entre un père et un fils indescriptiblement
unis. Si vous n'êtes pas vous-même parent, je doute que vous puissiez
saisir pleinement la portée du récit. Mais si vous êtes un père ou une
mère, vous aurez certainement de l'empathie pour Abraham.

51
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSON NAGES MÉCONNUS

C'est l'histoire d'un père très âgé qui aime par-dessus tout son fils
Isaac.

« Après ces choses, Dieu mit Abraham à l'épreuve , et lui dit :


Abraham ! Et il répondit : Me voici ! Dieu dit : Prends ton fils,
ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t-en au pays de Morija,
et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te
dirai . »
(Genèse 22. 1 -2)

Au moment de ce récit, Abraham avait plus de cent ans, et il


avait derrière lui toute une vie d'expériences qui avaient construit sa
foi. Quand il était jeune, Dieu l'avait appelé à tisser une relation
spéciale avec lui, et il l'avait scellée par une alliance. L'une des
clauses de cette dernière garantissait à Abraham et à Sara que leur
descendance formerait une grande nation.
La première chose que Dieu demanda à Abraham fut de quitter
sa terre natale et tous ses proches pour aller dans un pays qu'il lui
montrerait par la suite. Au moment de cet épisode de Genèse 22, le
patriarche fut confronté aux pharaons d'Égypte, aux rois philistins,
aux tentatives d'invasion des armées de l'est et à l'abjecte dépravation
de Sodome et Gomorrhe. Abraham et sa femme triomphèrent de
toutes les difficultés, mais ils restèrent sans enfant . Ils se
demandèrent sêrement quand Dieu leur accorderait-il un fils. Après
tout, l'alliance en dépendait ! Mais non, toujours rien.
Voyant le temps passer, ils décidèrent de donner un coup de
pouce à Dieu en échafaudant leur propre plan. À la demande de Sara,
Abraham conçut un enfant avec sa servante, ce qui fit plus de mal que
de bien. Ce fut un acte d'incrédulité que le Seigneur réprouva.
Abraham manqua le test, et aucun fils ne s'annonça.

L ' E N FA N T D E LA P R O M E S S E
Ensuite, d e nombreuses années après que Sara eut perdu sa
capacité d'engendrer des enfants, elle en conçut un. Malgré son âge
avancé, elle fut enceinte d'Abraham. Neuf mois plus tard, elle mit au
monde un fils, qu'ils prénommèrent Isaac, ce qui signifie « rire ». En

52
..'.Abraliam, le père qu i offrit s011 fils

effet, lorsque l' Éternel annonça à Abraham que Sara lui donnerait un
fils malgré son âge avancé , il éclata de rire . Par la suite , lorsque Dieu
déc lara que Sara serait mère à quatre-vingt-dix ans, elle ne put
s'empêcher de pouffer. J'imagine que ce dut être un mé lange
d'incrédulité et de joie débordante . Enceinte à quatre-vingt-dix ans ?
Cela tiendrait du miracle ! Mais le Seigneur ne riait et ne plaisantait
pas lorsqu'il répliqua : « Y a-t-il quelque chose qui soit étonnant de la
part de l'Éternel ? » (Genèse 1 8 . 1 4)
Lorsque Sara donna naissance à son fils, elle prit conscience que
Dieu avait accompli sa promesse de longue date , et elle dit : « Dieu
m'a fait un sujet de rire ; tous ceux qui l'apprendront riront de moi »
(Genèse 2 1 ,6) . Pour Abraham , Isaac est devenu le symbole de tout ce
que Dieu lui avait promis de lui accorder dans son alliance avec lui.
Le pays de Canaan , la terre promise, serait rempli de ses descendants
qui , par la suite , formeraient une grande nation . Toutes les promesses
de Dieu, toutes les bénédictions de l'Éternel seraient données à
Abraham et à ses descendants par ce fils promis, Isaac . Il tenait donc
à ce garçon plus que tout au monde .

LE TEST

« Après ces choses, Dieu mit Abraham à l'épreuve, et lui dit :


Abraham ! Et il répondit : Me voici ! Dieu dit : Prends ton fils,
ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t-en au pays de Morija,
et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te
dirai . »
(Genèse 22. 1 -2)

Plus Abraham avançait en âge , plus il chérissait son fils attendu


pendant si longtemps (Les parents âgés semblent apprécier leurs
enfants davantage que les jeunes.) L'expression « Dieu mit Abraham
à l'épreuve » prend donc une dimension toute nouvelle pour nous qui
lisons ces lignes . Tout à coup, le Seigneur demanda à ce vieux père
bon et tendre de mettre à mort son fi ls unique sur un autel . Non
seulement Abraham apprit que son fils devait mourir, mais de plus,
fait inconcevable , c'était lui qui devait le mettre à mort.

53
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Pourquoi ? Pour quelle raison un Dieu bon et aimant demanda­


t-il à son serviteur obéissant et fidèle d'agir ainsi ? La réponse se
trouve dans la langue d'origine de Moïse, l'auteur inspiré de la
Genèse. Le terme hébreu nasah, traduit par « mis à l'épreuve » dans
Genèse 22. 1, signifie « prouver la qualité de quelque chose,
généralement en lui faisant subir un test ». Dieu voulait prouver la
validité - l'authenticité - de la foi d'Abraham.
Néanmoins, souvenez-vous que Dieu est omniscient. Il connaît
toutes choses, y compris le futur. Il connaissait le cœur d'Abraham
mieux que celui-ci. Ce test n'avait pas pour but de satisfaire la
curiosité de Dieu. II ne s'agissait pas d'une expérience. L'endroit
désert situé en haut d'une montagne du pays de Morija allait devenir
le lieu où Abraham aurait l'occasion de faire ses preuves. Jadis, sa foi
avait défailli à plusieurs reprises : deux fois, il avait menti pour
sauver sa peau, et il avait tenté d'une façon pathétique d'accomplir
l'alliance au moyen de la servante de sa femme. Mais tout cela allait
cesser. Sa famille verrait sa foi, ses amis aussi, et même nous, grâce
à ce récit. Plus important encore, Isaac en prendrait conscience.
Jamais on n'assisterait à une démonstration de foi plus éclatante qu'en
ce jour.
La question brûlante était la suivante : Abraham préférait-il le
don de Dieu ou Dieu lui-même ?
Permettez-moi d'ouvrir une parenthèse et de vous ramener au
vingt et unième siècle. Voici l'une des questions les plus épineuses
que les parents doivent se poser : Est-ce quej'adore les dons que D ieu
m'accorde davantag e que le donateur ? A i-j e comm encé à adorer les
bi en- aimés dont le Seigneur m'a entouré davantag e que celui qui m'a
béni en m e les confiant ?
Ne répondez pas trop vite.
Adorer quelque chose ou quelqu'un, c'est décréter qu'il a une
grande valeur pour nous, et cela par nos actes aussi bien que par notre
cœur. Un parent doit se demander : Est-ce quej'attribue à m es enfants
une plus grande valeur qu'à mon D i eu ? Pour répondre à cette
question, examinez soigneusement ce que vous avez sacrifié jusqu'à
présent. Évaluez les résultats franchement, même si cela vous coûte.
Pour qui faites-vous le plus de sacrifices ?

54
5'1bralwm, le père q ui off,il so11 fils

Les instructions de Dieu à Abraham comprenaient le mot


« holocauste ». Cela impliquait une offrande totale. Le terme hébreu
olah se réfère au fait de placer l'animal tout entier sur l'autel - avec
ses sabots, sa queue, sa tête, ses oreilles, ses cornes, sa carcasse -
absolum ent tout. C'est le terme employé par Dieu. Il dit, en fait, « je
veux que tout le corps de ce jeune homme soit placé sur l'autel pour
m'être dédié ».
Arrêtez-vous et essayez d'imaginer ce que vous éprouveriez si
cet ordre vous était adressé.
Je suis très impressionné par l'obéissance instantanée de ce père.
La réaction rapide d'Abraham est absolument remarquable. Il ne
discute pas une seconde. Il ne tergiverse pas, n'hésite pas, ne
marchande pas non plus, ne pose pas une seule question et n'a pas
l'ombre d'une hésitation.

« Abraham se leva de bon matin , sella son âne, et prit avec lui
deux serviteurs et son fils Isaac . Il fendit du bois pour
l'holocauste, et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit. »
(Genèse 22.3)

Cela ne veut pas dire qu'Abraham était désinvolte. Je suis sûr


qu'il n'a pas fermé l'œil de la nuit. Il a dû éprouver une angoisse
indescriptible, mais nous voyons une certaine résignation transparaître
dans ses actes. Il n'a eu aucune réticence ni hésitation. Il s'est levé de
bon matin, a préparé ses affaires, a tiré Isaac du lit avant l'aube et s'est
mis en route.
La foi simple et totale de ce père m'impressionne beaucoup.
Remarquez ce que nous n'avons pas lu. Nous ne voyons ni fanfare, ni
gigantesque fête d'adieux, ni même un dernier repas solennel, mais
juste une simple obéissance aux ordres de Dieu accomplie en silence.
Quelle incroyable maturité !

« Le troisième jour, Abraham , levant les yeux, vit le lieu de loin .


Et Abraham dit à ses serviteurs : Restez ici avec l'âne ; moi et le
jeune homme , nous irons jusque-là pour adorer, et nous
reviendrons auprès de vous. »
(Genèse 22.4-5)

55
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE CES PERSO N N AG E S M ÉCON N U S

Il a fallu que je lise ce passage plusieurs fois avant de réaliser la


déclaration de foi implicite d'Abraham. Ses paroles et sa conduite
sont décrites si sobrement qu'il est facile de ne pas discerner
l'intensité dramatique de cette scène. Si j'étais sur le point de sacrifier
mon fils, qui incarnait toutes les promesses que Dieu m'avait
adressées, j'aurais été submergé d'émotion. « Je ne comprends pas
pourquoi Dieu exige cela de moi, mais je vais faire ce qu'il dit. Je vais
escalader cette montagne pour sacrifier mon fils sur l'autel, puis je
rentrerai chez moi et je déplorerai cette terrible perte pendant le reste
de ma vie ! »
Mais Abraham n'a pas réagi ainsi. Remarquez sa calme
assurance. La Bible en français courant rend particulièrement bien ce
verset : « Nous irons là-haut pour adorer, puis nous vous
rejoindrons ». Voyez-vous la répétition du pronom au pluriel ? Dans
le texte original, il n'y a pas l'ombre d'un doute : Abraham s'attendait
bien à rentrer chez lui avec Isaac. Comment a-t-il pu le savoir ?
Hébreux 1 1. 1 7- 19 nous fournit la réponse :

« C'est par la foi qu'Abraham offrit Isaac , lorsqu'il fut mis à


l'épreuve , et qu'i l offrit son fils unique , lui qui avait reçu les
promesses, et à qui il avait été dit : En Isaac , tu auras une postérité
appelée de ton nom. Il pensait que Dieu est puissant, même pour
ressusciter les morts ; aussi , il retrouva son fils, ce qui est une
préfiguration. » (italiques ajoutées)

L A V R A I E FOI
Selon le iivre des Hébreux, Abraham connaissait trois faits
importants. Premièrement, Isaac serait le canal des promesses
divines ; il devait donc vivre. Deuxièmement, Dieu tient toujours ses
promesses. Troisièmement, son pouvoir est absolu et surpasse même
celui de la mort. La seule conclusion logique à en tirer était que Dieu,
contre toute raison, après avoir mis à mort Isaac et laissé le feu le
consumer entièrement, le ferait revenir à la vie par miracle, et qu'il
retrouverait ainsi son fils bien-aimé.

56
.:Jlbraliam, le père q ui offrit s011 fils

Dans son éminent ouvrage My Utmost for His Highest (Mon


maximum pour sa grandeur) , Oswald Chambers parle de l'abandon
total au caractère de Dieu

« La foi est l'effort héroïque de votre vie . Vous vous abandonnez

au Seigneur avec une confiance illimitée.


« Dieu a tout sacrifié en Jésus-Christ pour nous sauver, et

maintenant , il veut que nous lui abandonnions tout avec une


confiance totale . . . Le vrai sens de la vie éternelle, c'est une
existence qui peut tout affronter sans fléchir.
« Vous réaliserez sans cesse ce que veut Jésus-Christ, et vous

refuserez ce qu'il vous demande de sacrifier jusqu'au moment où


vous capitulerez une fois pour toutes. "Ou i , mais supposez que
j'obéisse à Dieu sur ce point , que va-t-il se passer si . . . ?" "Je veux
bien obéir au Seigneur s'il me laisse faire preuve de bon sens,
mais ne me demandez pas de sauter dans le vide . . . " Pour faire
quelque chose de grand, un homme est toujours obligé de tout
risquer, et dans le domaine spirituel , Jésus-Christ vous demande
de lâcher tout ce à quoi vous vous accrochez avec votre bon sens
pour oser faire ce qu'il dit. . . Croyez totalement en Dieu, et
lorsqu'il vous demande de courir un risque, allez-y. En temps de
crise, nous agissons comme des païens. Très rares sont ceux qui
osent fonder leur foi sur le caractère de Dieu. » 6

C'est exactement ce qu'a fait Abraham. Quel modèle de foi il est


devenu ! Regardez sa prompte réaction, son obéissance absolue, sa
foi simple :

« Abraham prit le bois pour l'holocauste, le chargea sur son fils


Isaac, et porta dans sa main le feu et le couteau . Et ils marchèrent
tous deux ensemble. »
(Genèse 22.6)

Pendant mon enfance,à l'école du dimanche, j'ai vu des tableaux


représentant cette scène. Isaac était toujours un petit garçon trottinant

57
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R SO N N AG ES M ÉCON N U S

à côté de son vieux père qui escaladait péniblement la colline. Mais


un enfant n'aurait pas été capable de porter assez de bois pour faire
brûler une offrande. Isaac n'était plus un jeune garçon, mais presque
un adulte, assez âgé pour discuter avec son père , comprendre la
signification du rituel et porter une lourde charge.
Lisez les versets suivants lentement et faites encore appel à votre
imagination. Essayez de vous représenter ce moment très touchant
entre ce père âgé et son fils presque adulte :

« Alors Isaac, parlant à Abraham, son père, dit : Mon père ! Et il


répondit : Me voici , mon fils ! Isaac reprit : Voici le feu et le bois ;
mais où est l'agneau pour l'holocauste ? Abraham répondit : Mon
fils, Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste. Et
ils marchèrent tous deux ensemble .
(Genèse 22.7-8)

Manifestement, Abraham n'a pas dit à Isaac tout ce qu'il savait à


propos de ce qui allait se produire sur la montagne. Nous ignorons
pourquoi il le lui a caché. Peut-être pour lui épargner une peur ou une
appréhension superflue. Mais en tout cas , lorsque Dieu vous
transforme en vous éprouvant, c'est vous qu'il vise, et non les autres.
Comme cette expérience est personnelle, il n'est pas nécessaire (ni
même opportun) de partager toute l'histoire avec tous ceux qui vous
entourent, voire même, comme ici, avec une seule personne. Il faut
parfois du courage pour garder quelque chose pour vous...
totalement.
Isaac a fini par poser la question fatidique. Ils avaient un
couteau, du bois et du feu pour le sacrifice : « Où est l'agneau pour
l'holocauste ? » J'aime la réponse d'Abraham : « Dieu se pourvoira
lui-même... » En hébreu, le terme employé correspond à ce qu'un
père dirait aujourd'hui à son fils : « Le Seigneur verra lui-même,
fils ». Pouvez-vous entendre sa voix calme et rassurante? « Dieu s'en
occupera. C'est lui qui le fera. Nous faisons sa volonté. À lui de régler
les détails qu'il ne nous a pas dévoilés ! De notre côté, nous n'avons
qu'à lui faire confiance. Nous en prendrons le risque ensemble.»

58
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L A FO I I M PL I Q U E U N R I S Q U E

Une vie sans risque est aussi sans saveur. Dans son livre Cod,
But l 'm Bo red (Dieu , je m'ennuie) , Eileen Guder note cette
observation

« Vous pouvez manger des plats insipides pour éviter d'avoir un


ulcère ; ne boire ni café , ni thé, ni aucun autre stimulant au nom
de la santé ; al ler au lit de bonne heure et fuir les distractions
nocturnes ; év iter tous les sujets controversés pour ne jamais
froisser personne ; vous mêler de vos affaires et ne pas intervenir
quand les autres ont des problèmes ; ne dépenser que le strict
nécessaire et faire le plus d'économies possible . . . pu i s , vous
rompre le cou dans votre baignoire, ce qui réduit à néant tous vos
7
efforts. »

Certaines personnes vivent en prenant tant de précautions


qu'elles refusent catégoriquement de courir des risques. Tout doit être
méticuleusement réglé et gardé sous contrôle. . . sous leur contrôle.
Les frontières sont nettement délimitées, les consignes fermement
établies, le budget prévu au centime près, sans surprise. Et après avoir
passé beaucoup de temps et fait de multiples efforts pour essayer de
vivre en sécurité, elles terminent leur existence sans avoir jamais rien
accompli de durable. Elles n'ont rien construit, rien tenté de nouveau,
rien investi en personne.
Mais Abraham était d'une autre trempe ! Sa foi était si affermie
que sa confiance absolue en Dieu le poussait à ne rien calculer, mais
à prendre tous les risques pour obéir. Quelle leçon de théologie
magistrale pour son fils !
Ce dernier n'était pas fou. Isaac comprenait ce qui se tramait,
comme le montre la suite du récit. Nous lisons qu'ils sont arrivés là
où Dieu l'avait dit. Abraham dressa l'autel, arrangea le bois et
commença à chercher partout son fils, qui s'était sauvé et caché pour
que son père ne mette pas la main sur lui. . .
Non ! Isaac n'a pas fui, lutté, plaidé ou gémi pour que son père
ne le place pas sur l'autel. Regardez la foi et le courage remarquables
d'Isaac

59
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

« Lorsqu'ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait dit, Abraham
y éleva un autel, et rangea le bois . I l lia son fils Isaac, et le mit sur
l'autel, par-dessus le bois. »
(Genèse 22.9)

J'ai entendu d'innombrables messages sur ce passage, mais


jamais la foi tranquille de ce remarquable jeune homme n'y a été
évoquée. C'est lui qui va être sacrifié, mais il se laisse ligoter et
mettre sur l'autel ! Visiblement, ce fils a parfaitement assimilé la
leçon de théologie que lui a donnée son père - un père qui a
consacré son fils au Tout-Puissant parce qu'il avait une foi totale en
lui. En fait, ce matin-là, Isaac n'a pas appris ce qu'était la foi en
montant sur la montagne, mais il l'a compris bien avant, grâce à son
père qui lui avait souvent montré l'exemple.

ABANDONNE Z CE Q U I V OUS PÈSE

Certains d'entre vous êtes parents et vous trouvez dans la même


situation. Votre relation avec votre enfant a peut-être atteint un stade
où vous ne pouvez plus que le remettre totalement entre les mains de
Dieu. Vous aimeriez régler vous-même les détails, mais vous ne le
pouvez pas. Vous savez que le Seigneur est bon et vous avez prié pour
résoudre le problème, mais rien à changer. Seul Dieu peut intervenir.
Si vous êtes dans ce cas, prenez exemple sur Abraham.
Dès aujourd'hui, mettez votre relation avec votre fils ou votre
fille sur l'autel. Consacrez-le au Seigneur comme une offrande.
Prenez ce risque. Mentalement, placez votre enfant sur le bois et
écartez-vous. Faites confiance à Dieu. En son temps, il agira.
Je vous écris cela comme un père qui sait, par expérience
personnelle, à quel point c'est dur. Bien que mes enfants soient
adultes et volent de leurs propres ailes, j'ai toujours envie de les
protéger. Je voudrais leur épargner les difficultés. Je n'ai aucune envie
que mes fils et mes filles souffrent, subissent des échecs ou des
brimades, perdent leur emploi, soient victimes d'injustices, malades,
blessés ou...
J'apprends encore et toujours, en tant que père, à les remettre à
Dieu et à compter sur lui pour pourvoir à leurs besoins. Comme

60
.Ylbralwm, le père qui offrit so11 fils

Corrie me l'a rappelé, je dois cesser de m'agripper à eux. Il faut que


je laisse Dieu devenir le Père dont ils auront besoin quand je ne serai
plus sur la terre . Après tout, ils sont d'abord ses enfants ! Toutefois, je
dois avouer qu'il est plus facile d'écrire ces mots que de les mettre en
pratique !
Finalement, le moment crucial arriva : « Abraham étendit la
main, et prit le couteau , pour égorger son fils. » (Genèse 22.1 0)
Ce n'est pas du cinéma. Abraham ignorait ce qui se passerait
ensuite. Il éleva son couteau pour le plonger dans la poitrine ou la
gorge de son fils, et le mettre à mort. C'est vrai ! C'est une foi à toute
épreuve dont l'enjeu était incroyablement élevé : la vie et la mort !
Soudain, à la toute dernière seconde, Dieu intervint :

« Alors l'ange de l'Éternel l'appela des cieux, et dit : Abraham !


Abraham ! Et il répondit : Me voici ! L'ange dit : N'avance pas ta
main sur l'enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu
crains Dieu , et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique . »
( Genèse 22 . 1 1 - 1 2)

Je crois juste de dire qu'à cet instant, Isaac fut soulagé... mais
qu'Abraham le fut encore davantage.
En empêchant la main d'Abraham de porter un coup fatal ,
l'Éternel a dit, en quelque sorte : « Tu as réussi le test haut la main,
mon fidèle ami. Tu m'as prouvé que tu me mettais en premier, mon
fils. Tu as aussi montré que ta foi était pleinement affermie. Ta
volonté de sacrifier ton fils unique a révélé que si tu aimes le don, tu
aimes encore plus le donateur. »

« Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans
un buisson par les cornes ; et Abraham alla prendre le bélier, et
l'offrit en holocauste à la place de son fils. Abraham donna à ce
l ieu le nom de Yahvé-J iré . C'est pourquoi l'on dit aujourd'hui : À
la montagne de l'Éternel il sera pourvu. »
( Genèse 22 . 1 3- 1 4)

Après cela, ce site serait couvert de sable pendant des siècles,


mais cette montagne serait un jour le site d'une ville et d'un temple.

61
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNU S

Elle deviendrait la capitale de l'alliance du royaume de Dieu et sa


maison de prière jusqu'à ce qu'en fin de compte, Christ, le Roi et le
sacrifice suprême, y meure. Morija, Jérusalem était le lieu où un autre
Père allait mettre son Fils sur un autel et le sacrifier pour nous. Sur
cette montagne de la région de Morija - un lieu rebaptisé « l'Éternel
pourvoira » - un agneau a été substitué à Isaac, et Christ est devenu
lui-même notre substitut.

L A FOI D ' A B R A H A M R É V È L E D I E U
Dans cette histoire fascinante de foi, de sacrifice, de confiance et
de soumission, je discerne les caractéristiques d'un Dieu qui n'exige
rien de plus d'Abraham que de lui-même. C'est si significatif que je
ne résiste pas à l'envie de vous livrer trois points importants sur notre
Seigneur que je vais illustrer ici.
Tout d'abord, Dieu le Père nous a montré la voie à suivre quand
il s'est séparé de son Fils pour nous. Neuf mois avant la merveilleuse
nuit de Bethléhem, le Père a envoyé son Fils. Christ a quitté
volontairement le lieu où il avait un pouvoir absolu au ciel. Il a
renoncé à manifester son autorité divine pour devenir un nouveau-né
impuissant. En tant qu'humain, sujet à toutes les épreuves, les
souffrances et les limites qui nous affectent tous, il allait mûrir,
apprendre, servir, souffrir. .. et mourir. Si le Père a accepté de nous
accorder son Fils unique, qu'avons-nous de trop précieux pour le lui
offrir ?
Deuxièmement, Dieu le Fils nous a montré comm ent mourir
lorsqu'il a acc epté de quitter le Père. La calme obéissance d'Isaac à
son père l'illustre magnifiquement. Il s'est soumis à la volonté de son
père et il s'est laissé placer sur l'autel sans protester, exactement
comme le Fils de Dieu l'a fait au Calvaire. Si notre foi est affermie,
nous ne craindrons pas la mort.
Troisièmement, ['Esprit de Dieu nous montrera comm ent vivre et
mourir si nous apprenons à renonc er à c e qui nous tient captifs. (Je
pèse mes mots.) Aussi longtemps que nous sommes sous la coupe de
ce à quoi nous nous agrippons, nous ne nous soumettons pas
totalement au Saint-Esprit. C'est le moment ou jamais de vous livrer

62
Jlbraltam , le père q ui offrit s011 fils

à un examen de conscience. À qui et à quoi vous accrochez-vous ?


Renoncez-y. Libérez-vous en.

U N E D E R N I ÈR E A P P L I C AT I O N
Permettez-moi d'insister. À quoi êtes-vous extrêmement
attaché : à un bien ? À votre vocation ? À un rêve ? À une relation
qui vous hante ?
Peut-être le Seigneur a-t-il entrepris de vous en libérer. Au
départ, il vous pousse doucement pour vous laissez l'occasion de
cesser de vous y agripper. Si vous résistez, il sera ensuite contraint de
détacher vos doigts un à un, et je peux vous assurer que cela vous fera
souffrir. Je vous conseille donc de lâcher volontairement le trésor de
votre cœur. Comptez sur le Seigneur pour pourvoir à vos besoins. Il
a un autre bélier dans un buisson. Même si vous ne le voyez pas pour
l'instant, il vous attend ! C'est seulement après avoir posé votre
sacrifice sur l'autel que vous serez prêt à recevoir le don que Dieu
tient en réserve pour vous.
Ce jour-là, il y a des milliers d'années , Abraham a inculqué une
excellente leçon à son fils. Son terrible acte de foi totale a démontré
à tous (en particulier à Isaac) que Dieu était réellement son Seigneur.
Je me demande souvent comment leur relation a changé après cela. Je
suis certain qu'Abraham a encore plus chéri son fils en descendant de
la montagne qu'en y grimpant, non seulement parce qu'il avait failli
le perdre, mais parce qu'en renonçant à lui, il a été libre de l'aimer
encore davantage. Et l'impact que cela a eu sur Isaac a dû être tout
aussi considérable.
Le meilleur moyen de terminer ce chapitre, c'est de prier. Non
pas avec mes mots, mais avec ceux d'A. W. Tozer. Lisez ces paroles
lentement et soigneusement. Marquez une pause à la fin de chaque
phrase et réfléchissez à votre lecture.

« Père, je veux te connaître, mais mon cœur est trop lâche pour
abandonner de bon gré ses jouets. Je ne peux pas m'en séparer
sans saigner intérieurement, et je t'avoue que cette perspective me
terrorise. Je viens en tremblant, mais je viens. S 'il te plaît,

63
L'HISTOIRE FASC I NANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

déracine de mon cœur toutes les choses que j'ai chéries pendant
si longtemps et qui font partie de moi , afin que tu puisses y
pénétrer et y régner sans partage . Alors tu en feras un endroit
glorieux. Mon cœur n'aura plus besoin du soleil pour y briller, car
tu en seras toi-même la lumière , et il n'y aura plus jamais de nuit
en lui. Au nom de Jésus, amen . » R

Oui, amen !

64
CHAPITR E QUATR E
Écaü, le fils 9ui ne pouvait p as gagner
'
<l P ,r, .
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·, '

A
ppeler Ésaü « le fils qui ne pouvait pas gagner » m'attriste.
Quoi qu'il fasse, il n'avait pas la possibilité de réussir son
coup. Je suis persuadé que beaucoup de ceux qui liront ces
lignes éprouveront des difficultés à s'identifier à Ésaü et à la plupart
de ses problèmes. Apparemment, il a dû se sentir victime d'un destin
aveugle qui le condamnait perpétuellement à faire de mauvais choix.
Partout où il se tournait, il était perdant. Quoi qu'il fasse, il ne
parvenait pas à se tirer d'affaire.
À vrai dire,la vie semble favoriser certaines personnes plus que
d'autres. Chaque jour, des bébés naissent daps des familles riches et
d'autres dans des familles défavorisées. Plus grave encore, certains
sont élevés par des parents sensibles,affectueux et dévoués,alors que
d'autres tentent de survivre aux sévices qu'on leur a infligés. Dans
certains cas, des parents déséquilibrés encouragent et comblent de
cadeaux l'un de leurs enfants et négligent cruel lement l'autre. Ils ne
voient que les qualités de leur favori et que les défauts de leur souffre­
douleur.
Admettons-le, la vie est souvent très injuste. Si nous
reconnaissons ce fait,comment devons-nous réagir ? Avons-nous des
excuses pour faire de mauvais choix ?
Étant le fils qui ne pouvait pas gagner, Ésaü est né avec de
mauvaises cartes dans son jeu - du moins en ce qui concerne le rôle
qu'il allait jouer dans l'histoire. En examinant sa vie, nous
constaterons que sa réaction face au choix souverain de Dieu jointe à

65
L' H I STO I R E FAS C I N A N T E DE C E S P E R S O N N A G E S M ÉC O N N U S

la manière d'agir de ses proches allaient déterminer son bonheur ou


son amertume ultérieur.
Je voudrais préciser d'emblée que mon but n'est pas d'analyser la
vie d'Ésaü d'un point de vue théologique. [Je sais que Paul s'est servi
d'Ésaü pour illustrer un point de son épître aux Romains (9 . 1 0- I 3),et
que l'auteur de l'épître aux Hébreux a qualifié les actes des débauchés
et profanes de « choix d'Ésaü » ( 1 2.I 6). Mais mon étude est plus
large, plus horizontale]. Considérer cet homme comme un être
humain et non comme une marionnette sans âme ni sensibilité, tirée
par des ficelles théologiques,nous aidera.

LA P L A C E D ' É S A Ü D A N S LE
PAN O R A M A D ' EN S E M B L E
L'histoire de l a Bible commence par la généalogie d'Ésaü. Ce
récit nous apprend qu'Abraham et Sara ont donné naissance à Isaac,
qui a épousé Rebecca. Isaac et Rebecca ont à leur tour donné
naissance à des jumeaux. Évidemment,Rebecca ne savait pas ce qui
allait se passer, mais simplement que sa grossesse avait été très
difficile. En fait, cela présagerait les conflits à venir :

« Isaac implora l'Éternel pour sa femme, car elle était stérile, et


l'Éternel l'exauça . Rebecca, sa femme, devint enceinte. Les
enfants se heurtaient dans son sein ; et elle dit : S'il en est ainsi,
pourquoi suis-je enceinte ? Elle alla consulter l'Éternel. »
(Genèse 25.2 1 -22)

Une mère peut percevoir certains mystères qui échappent à


d'autres. Comme Rebecca sentit que ses enfants luttaient en elle,elle
interrogea le Seigneur. Et effectivement, celui-ci lui répondit : « Tu
ne portes pas seulement deux enfants, mais deux peuples en germe,
qui seront sans cesse en conflit » . Et selon sa parole, la lutte se
poursuivrait pendant des siècles, jusqu'à l'époque de Christ... et bien
au-delà. Hérode le Grand était iduméen, donc descendant d'Ésaü.

« Et l'Éternel lui dit : Deux nations sont dans ton ventre, et deux
peuples se sépareront au sortir de tes entrail les ; un de ces peuples

66
Ésaii, le fils qui ue pouvait P"5 911911er

sera plus fort que l'autre , et le plus grand sera assujetti au plus
petit. »
(Genèse 25.23)

Nous trouvons ici des preuves flagrantes que depuis le temps de


la conception, une mère porte la vie en elle. De plus, le plan et
l'objectif divin pour chaque vie débute à ce moment-là ou même
avant. Ce que Dieu a dit à Rebecca ( « Ce ne seront pas seulement
deux enfants , mais deux nations. Chacune d'elles , ainsi que l'enfant
qui la dirigera , aura un rôle à jouer dans le futur que je veux
instaurer ») le prouve.
Dans ce cas, le plan de Dieu était que le plus jeune enfant
devienne le père du peuple de son alliance. La façon dont cela se
produirait, plus ou moins facilement,serait déterminée par les choix
et les actions des personnes concernées

« Le premier sortit entièrement roux , comme un manteau de poil :


et on lui donna le nom d'Ésaü . Ensuite sortit son frère , dont la
main tenait le talon d'Ésaü ; et on lui donna le nom de Jacob. Isaac
était âgé de soixante ans, lorsqu'ils naquirent . Ces enfants
grandirent. Ésaü devint un habile chasseur, un homme des
champs ; mais Jacob fut un homme tranquille, qui restait sous les
tentes . »
(Genèse 25 .25-27)

FAV ORITIS M E PARE NTAL ET


DESTINÉES DIV ERSES

Si nous regardons cette histoire au travers d'une étroite lentille


théologique, nous passerons à côté de l'aspect humain du récit. Avez­
vous déjà imaginé qu'à soixante ans, vous deveniez le père de
jumeaux ? Sans doute pas. Certains prient pour avoir des jumeaux,
mais moi je ne l'ai pas fait. J'ai été très content que nous ayons eu nos
enfants un par un. Certains parents élèvent parfaitement bien leurs
jumeaux. lis ont une patience d'ange et une résistance à toute épreuve.
Isaac et Rebecca ont attendu leurs enfants et ont prié pour les avoir

67
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE D E CES PERSO N N AG ES M ÉCON N U S

pendant presque toute leur vie. Vous pouvez donc imaginer l'espoir
qu'ils ont dû mettre en eux ! Sans aucun doute, ils rêvaient
d'harmonie, mais les deux garçons se sont avérés être totalement
différents l'un de l'autre dès leur naissance.
Un matin, Cynthia et moi avons décidé d'emmener nos cinq
petits-enfants prendre leur déjeuner à l'extérieur. (C'était il y a
quelques années. Aujourd'hui, nous en avons dix ! Inutile de préciser
que nous réfléchissons à deux fois avant d'organiser ce genre de
sorties.) La veille, nous avons donc téléphoné aux deux paires de
parents pour leur expliquer notre projet. Fait notoire, ils nous ont tous
demandé : « Vous êtes sûrs de savoir à quoi vous vous engagez ? »
Nous avons répondu d'un ton enthousiaste : « Absolument. Ce sera
génial ! »
Nous sommes donc allés les chercher, nous les avons tous
installés dans la voiture (certains dans des sièges pour bébés, d'autres
munis d'une ceinture de sécurité) et nous sommes allés dans un
restaurant du coin. Nous étions deux adultes et cinq petits concentrés
d'énergie prêts à faire les quatre cents coups. Le restaurant ne se
doutait pas de ce qui l'attendait ! Je ne suis pas près d'oublier
l'expression du monsieur assis à la table voisine de la nôtre.Il désirait
juste passer un moment paisible avec son épouse. Quand nous avons
demandé trois rehausseurs pour sièges et deux chaises hautes, il a
frémi, sachant que son rêve de sérénité s'était irrémédiablement
envolé. À la fin du déjeuner, je pense que Cynthia n'avait pu avaler
que quatre bouchées (froides) en tout, tellement elle avait été occupée
à faire manger les cinq bambins.
Pendant ces moments dont nous avons savouré chaque seconde,
nous avons été frappés par les différences marquées entre chacun de
nos petits-enfants. D'un côté, cela ne m'a pas surpris. Nous avons
toujours élevé nos enfants en nous efforçant de les former en fonction
de leur personnalité (voir Proverbes 22.6). Et pourtant. je ne peux pas
m'empêcher de sourire en voyant ce principe en action.
Si nous placions l'un de nos petits-enfants dans une chaise haute,
il y restait sans problème pendant une heure. Et si nous lui donnions
des biscuits à grignoter, à émietter sur son tee-shirt ou à s'éparpiller
dans les cheveux, sa joie était sans limite. Par contre, vouloir
maintenir sa sœur dans ce genre de chaise revenait à essayer de

68
És,Lii, le [ils q ni lie pouvait pas gu911er

shampooiner un chat dans l'évier de la cuisine. L'un des garçons


dévorait littéralement , alors que son frère chipotait dans son assiette.
Ils avaient les mêmes parents et étaient élevés de façon identique,
mais c'étaient des petites personnes très différentes, et cela s'applique
aussi aux jumeaux de notre histoire.
Ésaü était radicalement différent de Jacob. Comprenez bien qu'il
n'y a rien de mal à cela. C'est de cette façon que Dieu les a faits. Mais
le verset suivant dévoile un sérieux problème lié à leurs parents

« Isaac aimait Ésaü , parce qu'il mangeait du gibier ; et Rebecca


aimait Jacob. »
(Genèse 25 .28)

Chaque parent avait son préféré, celui avec lequel il avait


davantage d'affinités. Dans la langue et la tradition de la Bible,
l 'amour et la haine ont des connotations différentes de celles de notre
culture occidentale. Lorsqu'on dit que quelqu'un aime quelque chose,
on établit une comparaison implicite. Jadis en Orient , si vous disiez
« Alice aime Pierre » , votre auditeur se demandait « plus que qui ? »
On y trouve aussi une idée d'action et une manifestation de bonté. La
déclaration « Alice aime Pierre » , dans ce cas, suggère qu'elle l'aime
plus que tout autre et qu'elle lui accorde des privilèges exclusifs.
On peut soutenir l'inverse en ce qui concerne le mot haine. Si
vous comparez deux choses et que vous en préférez une, on dit que
vous en aimez une et que vous haïssez l'autre.
L'expression « Isaac aimait Ésaü » ne signifie donc pas qu'Isaac
n'a jamais manifesté d'authentique amour profond envers Jacob, ni
qu'il se montrait désagréable ou brutal envers lui. Néanmoins, il avait
son préféré, et Rebecca aussi. C'était sans doute un homme viril qui
avait tenté de transmettre à ses deux garçons son amour de la chasse
et des distractions typiquement masculines, et Ésaü avait marché sur
ses traces. Ésaü était un homme rude, et cela plaisait à Isaac. Il aimait
la conduite de son premier-né. Il appréciait peut-être certaines de ses
qualités, dont il était lui-même dépourvu. Rebecca, par contre , avait
un faible pour Jacob, qui restait près des tentes et, peut-être faisait la
cuisine. Il préférait les activités domestiques et le confort familial aux
nuits à la belle étoile dans les champs.

69
L' H I STOI R E FAS C I N ANTE DE CES P E R S O N N A G ES M ÉCO N N U S

J'ai souvent entendu dire que Jacob était dans les jupes de sa
mère et qu'il avait un caractère doux et même légèrement efféminé.
Cela m'a toujours paru excessif, car cela ne correspond pas au reste
de l'histoire tel que les Écritures nous l'exposent. Le terme hébreu
traduit par « tranquille » au verset 27 signifie littéralement complet,
sans défaut ou innocent. D'après mon étude de ce mot, je l'aurais
plutôt traduit par civilisé ou cultivé.
Deux garçons très dissemblables sont devenus adultes, ce qui a
révélé des différences criantes. Premièrement, ces hommes avaient
des tempéraments opposés. Et deuxièmement, Jacob n'était pas une
mauviette, mais un homme normal selon les critères de son époque.
Il était cultivé, raffiné, civilisé, et il avait les ongles propres ! Ésaü
était totalement l'opposé. Il était farouche, indépendant et passionné.
Il sentait la campagne, et c'était là qu'il aimait vivre. Jacob
réfléchissait beaucoup, alors qu'Ésaü suivait son instinct. Jacob
devint rusé, Ésaü resta crédule. Jacob échafauda des stratégies, Ésaü
agit impulsivement. Voilà la situation.

C H O I X ET D E S T I N É E

Comprenez bien que si les deux frères étaient très différents,


cela ne veut pas dire que l'un était meilleur que l'autre. Le problème
sous-jacent de cette situation était le favoritisme dont faisaient preuve
les parents, ce qui hantait Ésaü et l'empêchait d'être équilibré. Ce
favoritisme les a incités à pousser à l'extrême leurs tendances
naturelles. En lisant l'histoire ci-dessous, prenez note de la façon dont
leurs personnalités ont influé sur leurs décisions, qui ont elles-mêmes
déterminé leur avenir :

« Comme Jacob faisait cuire un potage, Ésaü revint des champs,


accablé de fatigue . Et Ésaü dit à Jacob : Laisse-moi, je te prie,
manger de ce roux, car je suis fatigué. C'est pour cela qu'on a
donné à Ésaü le nom d'Édom . Jacob dit : Vends-moi aujourd'hui
ton droit d'aînesse. Ésaü répondit : Voici , je m'en vais mourir ; à
quoi me sert ce droit d'aînesse ? Et Jacob dit : Jure-le moi d'abord.
Et il le lui jura, et il vendit son droit d'aînesse à Jacob. Alors Jacob

70
Ésaii, le [ils q ui 11e pouuail pas 9ag11er

donna à Ésaü du pain et du potage de lentilles . Il mangea et but,


puis se leva et s'en alla. C'est ainsi qu'Ésaü méprisa le droit
d'aînesse. »
(Genèse 25 .29-34)

Dans notre culture moderne occidentale et païenne , le droit


d'aînesse n'a plus beaucoup de sens , mais à cette époque , pour ces
gens, cela concernait tous les aspects de la vie de famille. Le droit
d ' aînesse avait une portée inouïe . James Hastings , l'un des plus
émi nents biographes des personnages bibliques, a fait plusieurs
déclarations à propos de la valeur de ce droit

« La prééminence sur les autres branches de la famille et la


double portion de l 'héritage paternel dépendaient du droit
d'aînesse . C'est aussi à ce dernier qu'était rattaché le pays de
Canaan avec toutes ses distinctions sacrées. Celui qui avait le
droit d'aînesse pouvait rêver de devenir l'ancêtre du Messie, ce
premier né entre de nombreux frères, ce Sauveur en qui toutes les
familles de la terre seraient bénies. C'était aussi l'aîné qui avait
l'honneur de recevoir le premier, de la bouche de son père, une
bénédiction particulière qui, prononcée prophétiquement , n'était
jamais vaine. Telles étaient les perspectives d'Ésaü . »9

Pressé par la faim , Ésaü abandonna i mpulsivement son droit


d'aînesse, avec tous les droits et les bénédictions qui s'y rattachaient,
pour un bol de soupe . Son caractère frustre le poussa à céder à son
envie de satisfaire son besoin immédiat. Dans sa décision hative , il fit
passer sa faim avant tout son avenir. Il gâcha son existence en une
seconde . Horrible décision !
Certains soutiendront que Jacob a trompé son frère pour lui voler
son droit d'aînesse, mais je ne vois pas tellement de fourberie dans ce
passage . Par la suite, il y en a eu, sans aucun doute . Mais ici , Jacob
dévoile ouvertement sa stratégie. Certes, il était rusé , manipulateur et
opportuniste . Il a tiré avantage de la faiblesse d'Ésaü, mais il n'a pas
menti . Il s'agissait d'un marché clair aux conditions précises . Rien ne
lui était caché .

71
L' H I STO I R E FASC I N A N T E DE CES PERSO N N A G ES M É C O N N U S

Cet épisode n'a pas pour but de montrer que Jacob était un
escroc, mais plutôt qu'Ésaü a méprisé quelque chose d'essentiel pour
satisfaire ses besoins physiques éphémères. Pour lui, les priorités
spirituelles passaient après le confort physique. Il n'avait pas le sens
des priorités. D'une façon insensée , il n'a eu d'yeux que pour son
besoin du moment : se remplir l'estomac. C'est peut-être pour cela
qu'Hébreux 12. 16 le traite de « profane ».

N ÉG L I G EN C E PAR EN TA L E ET D E S T I N É E
Même si nous avons envie de découvrir le reste du récit, mieux
vaut prendre le temps de réaliser ce que ce passage nous enseigne.
Dieu a préservé ces récits passionnants pour notre instruction. Nous
devons donc chercher des points communs entre notre expérience et
celle des Écritures.
Vous avez peut-être un enfant qui a de gros défauts, comme Ésaü
et Jacob. À la fin de Genèse 25, nous découvrons le fruit d'une nature
pécheresse qui n'est endiguée ni par une sage direction des parents, ni
par une confrontation positive. Apparemment, les parents étaient loin
de se douter de la gravité du conflit qui opposait les deux frères. Le
récit biblique ne nous permet pas de déduire qu'ils avaient la moindre
idée du marché qu'ils avaient conclu, du moins à ce moment-là.
Le récit évoque ensuite la fortune qu'Isaac a amassée avec le
temps. Lorsqu'Ésaü est mentionné, on se rend compte qu'il s'est
beaucoup éloigné de ses parents. Après l'histoire du succès d'Isaac et
avant de décrire les dernières scènes de sa vie , Moïse explique
brièvement la situation :

« Ésaü , âgé de quarante ans, prit pour femmes Judith, fille de


Beéri , le Héthien, et Basmath , fille d'Élon , le Héthien. Elles
furent un sujet d'amertume pour le cœur d'Isaac et de Rebecca. »
( Genèse 26.34-35)

Lorsqu'Abraham envoya son serviteur trouver une femme pour


son fils Isaac, il lui a catégoriquement défendu de choisir une épouse
cananéenne (Genèse 24.3). Je ne sais pas pourquoi Isaac n'a pas pris
soin d'en informer son fils. Apparemment, il l'a laissé se débrouiller

72
Ésaü, le fils qui 11e pouvait p11s 911911er

seul, et il a cherché à assurer sa propre vie. Comme Ésaü n'était pas


bien conseillé, il a eu de mauvaises fréquentations, et à la
consternation de ses parents, il a ramené chez lui non pas une, mais
deux femmes cananéennes. À quoi pensait-il ? Se rendait-il compte
que sa façon d'agir était très choquante ?
Là aussi, Ésaü était perdant.

L E S EN T I E R C O U PA B LE Q U I R É A L I S E
LE PLAN DIVIN
Le chapitre 27 est indubitablement le plus important de l'histoire
de ce fils qui ne pouvait pas gagner. Je voudrais que vous observiez
attentivement les quatre scènes suivantes en vous concentrant
particulièrement sur le caractère d'Ésaü. Nous les examinerons dans
l'ordre où elles figurent dans le récit biblique.

Scène l

« Isaac devenait vieux, et ses yeux s'étaient affaiblis au point qu'il


ne voyait plus. Alors il appela Ésaü , son fils aîné, et lui dit : Mon
fils ! Et il lui répondit : Me voici ! Isaac dit : Voici donc, je suis
vieux, je ne connais pas le jour de ma mort. Maintenant donc, je
te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc , va dans les
champs, et chasse-moi du gibier. Fais-moi un mets comme j'aime,
et apporte-le-moi à manger, afin que mon âme te bénisse avant
que je meure. »
(Genèse 27 . 1 -4)

Évidemment, ce père ignorait totalement le marché que les deux


frères avaient conclu . Il était normal qu'Isaac bénisse Ésaü, son fils
aîné, et qu'il lui passe le flambeau. Toutefois, avait-il vraiment oublié
la prophétie qui avait été adressée à Rebecca des années auparavant ?
« L'Éternel lui dit : Deux nations sont dans ton ventre, et deux peuples
se sépareront au sortir de tes entrailles ; un de ces peuples sera plus
fort que l'autre, et le plus grand sera assujetti au plus petit » (Genèse
25.23). Elle l'a certainement racontée à son mari. L'avait-il oublié ?

73
L' H I STO I R E FA S C I N A N T E DE CES P E R S O N NAGES M ÉCO N N U S

Certains époux ont tendance à oublier ce que leur dit leur femme. Et
après tout, tout cela s'était produit plus de quarante ans auparavant !
L'avait-t-il délibérément oubliée ? Personne ne le sait. Mais Rebecca,
quant à elle, s'en est souvenue.
Le problème est que nous savons que, selon le plan de Dieu,
Jacob devait hériter la bénédiction et devenir le père du peuple de
l'alliance. Et pourtant, la façon dont cela s' est produit nous incite à
nous poser des questions sur la bonté et la justice de Dieu. Établir une
distinction importante nous aidera. Si Dieu a ordonné la destinée, les
personnes impliquées ont accompli cette destinée par des moyens
illicites, si bien qu'elles ont souffert en vain. Elles auraient mieux fait
d'opter pour une solution pacifique et obéissante, ce qui leur aurait
valu les faveurs divines.
Malheureusement, elles se sont mal conduites, et cela futlourd
de conséquences. La scène suivante nous révèle une multitude de
relations familiales tordues.

Scène 2

« Rebecca écouta ce qu'Isaac disait à Ésaü , son fils. Et Ésaü s'en


alla dans les champs, pour chasser du gibier et pour le rapporter.
Puis Rebecca dit à Jacob, son fils : Voici ,j'ai entendu ton père, qui
parlait ainsi à Ésaü, ton frère : Apporte-moi du gibier et fais-moi
un mets que je mangerai ; et je te bénirai devant l'Éternel avant
ma mort. Maintenant, mon fils, écoute ma voix à l'égard de ce que
je te commande . Va me prendre au troupeau deux bons
chevreaux ; j'en ferai pour ton père un mets comme il aime ; et tu
le porteras à manger à ton père, afin qu'il te bénisse avant sa mort.
Jacob répondit à sa mère : Voici, Ésaü , mon frère, est velu, et je
n'ai point de poil . Peut-être mon père me touchera+i l , et je
passerai à ses yeux pour un menteur, et je ferai venir sur moi la
malédiction, et non la bénédiction. Sa mère lui dit : Que cette
malédiction , mon fils, retombe sur moi ! Écoute seulement ma
voix, et va me les prendre. Jacob alla les prendre, et les apporta à
sa mère, qui fit un mets comme son père aimait. Ensuite, Rebecca
prit les vêtements d'Ésaü , son fils aîné, les plus beaux qui se

74
Ésaü, le fils qui 11e pouvait pt1S gagner

trouvaient à la maison, et elle les fit mettre à Jacob, son fils cadet .
Elle couvrit ses mains de la peau des chevreaux, et son cou qui
était sans poi l . Et elle plaça dans la main de Jacob, son fils, le
mets et le pain qu'elle avait préparés. »
( Genèse 27 .5- 1 7)

Comme nous portons toute notre attention sur É saü , je me


bornerai à quelques observations. Remarquez la machination qu'a
tramées contre lui sa propre mère ! Je ne peux pas imaginer ce qu'on
éprouve quand sa mère - la personne qui a souffert pour vous
donner la vie - vous trahit délibérément et s'acharne à nuire à votre
avenir. Regardez aussi la réaction de Jacob. Sa conscience l'a-t-elle
ralenti ? Son intégrité l'a-t-elle poussé à remettre en question le
complot ? Pas du tout ! Il n'a pensé qu'à sa peur et à la sauvegarde de
son intérêt personnel .
É saü allait éprouver l e choc de sa vie. Il n'avait pas l a moindre
idée de ce qui l'attendait. La scène suivante révèle que Jacob était
passé maître dans l'art de tromper les autres, et qu'il l'avait appris de
sa mère .

Scène 3

« [Jacob] vint vers son père et dit : Mon père ! Et Isaac dit : Me
voici ! Qui es-tu , mon fils ? Jacob répondit à son père : Je suis
Ésaü, ton fils aîné ; j'ai fait ce que tu m'as dit. Lève-toi, je te prie,
assieds-toi et mange de mon gibier, afin que ton âme me
bénisse. »
(Genèse 27 . 1 8- 1 9)

Nous voyons maintenant toute la fourberie de Jacob

« Isaac dit à son fils : Eh quoi ! Tu en as déjà trouvé, mon fils !


Et Jacob répondit : C'est que l'Éternel , ton Dieu , l'a fait venir
devant moi . »
(Genèse 27 .20)

75
L' HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

La conscience de Jacob était vraiment réduite à rien. Il disait des


mensonges avec tant de naturel qu'il n'hésitait pas à mêler Dieu à
l'affaire. Pire encore, il savait ce qu'il devait dire pour avoir l'air d'être
en communion étroite avec l'Éternel. Sans aucun doute, il avait
l'habitude de faire semblant d'être quelqu'un d'autre, si bien qu'il
n'éprouva guère de difficultés à se faire passer pour Ésaü

« Isaac dit à Jacob : Approche donc, et que je te touche , mon fils,


pour savoir si tu es mon fils Ésaü , ou non . Jacob s'approcha
d'Isaac, son père, qui le toucha, et dit : La voix est la voix de
Jacob, mais les mains sont les mains d'Ésaü . Il ne le reconnut pas,
parce que ses mains étaient velues, comme les mains d'Ésaü , son
frère ; et il le bénit. Il dit : C'est toi qui es mon fils Ésaü ? Et Jacob
répondit : C'est moi . »
(Genèse 27.2 1 -24)

Isaac était un père méfiant, n'est-ce pas ? Il a posé des questions,


puis a touché son fils, et encore reposé des questions. Peut-être
savait-il que Jacob était un hypocrite. Cela nous laisse penser que
Rebecca et Jacob avaient déjà dû se liguer auparavant contre le vieil
Isaac aveugle.
Ne sous-estimez jamais l'impact de votre personnalité sur vos
enfants.

« Isaac dit : Sers-moi , et que je mange du gibier de mon fils, afin


que mon âme te bénisse . Jacob le servit, et il mangea ; il lui
apporta aussi du vin, et il but . Alors Isaac , son père , lui dit :
Approche donc, et baise-moi, mon fils. Jacob s'approcha, et le
baisa. Isaac sentit l'odeur de ses vêtements ; puis il le bénit, et dit :
Voici , l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ que
l'Éternel a béni . »
(Genèse 27 .25-27)

Isaac vérifia une fois de plus l'identité de son fils. Après ses
oreilles et ses mains, il se sert de son nez. Mais Rebecca avait tout
prévu. Devenue maîtresse dans l'art de tromper, elle connaissait

76
Ésaii, le fils q ui 11e pouvait pas 9"9"er

toutes les ficelles de la rouerie. Et Isaac, totalement berné, prononça


sa bénédiction

« Que Dieu te donne de la rosée du ciel et de la graisse de la terre,


du blé et du vin en abondance ! Que des peuples te soient soumis,
et que des nations se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes
frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! Maudit
soit quiconque te maudira, et béni soit quiconque te bénira. »
(Genèse 27 .28-29)

Scène 4

Dans cette triste scène finale, Ésaü réalise pleinement qu'il ne


peut pas échapper au dessein de Dieu. Son choix impulsif préalable,
les stratagèmes de sa mère et de son frère et la passivité de son père
l'ont scellé pour lui. La quatrième scène est vraiment tragique

« Isaac avait fini de bénir Jacob, et Jacob avait à peine quitté son
père Isaac, qu'Ésaü , son frère, revint de la chasse. li fit aussi un
mets, qu'il porta à son père ; et il dit à son père : Que mon père se
lève et mange du gibier de son fils, afin que ton âme me bénisse !
Isaac, son père, lui dit : Qui es-tu ? Et il répondit : Je suis ton fils
aîné , Esaü. Isaac fut saisi d'une grande, d'une violente émotion, et
il dit : Qui est donc celui qui a chassé du gibier, et me l'a apporté ?
J'ai mangé de tout avant que tu viennes, et je l'ai béni. Aussi sera­
t-il béni. Lorsque É saü entendit les paroles de son père, il poussa
de forts cris, pleins d'amertume, et il dit à son père : Bénis-moi
aussi, mon père ! Isaac dit : Ton frère est venu avec ruse, et il a
enlevé ta bénédiction. Ésaü dit : Est-ce parce qu'on l'a appelé du
nom de Jacob qu'il m'a supplanté deux fois ? li a enlevé mon droit
d'aînesse , et voici maintenant qu'il vient d'enlever ma
bénédiction ? Et il dit : N'as-tu point réservé de bénédiction pour
moi ? Isaac répondit, et dit à É saü : Voici , je l'ai établi ton maître,
et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, je l'ai pourvu de
blé et de vin ; que puis-je donc faire pour toi , mon fils ? Ésaü dit
à son père : N'as-tu que cette seule bénédiction , mon père ! Bénis-

77
L' H I STO I R E FASC I N A NTE DE CES PERSO N N AGES M ÉCO N N U S

moi aussi , mon père ! Et Ésaü éleva la voix , et pleura. Isaac, son
père, répondit, et lui dit : Voici ! Ta demeure sera privée de la
graisse de la terre et de la rosée du ciel , d'en haut. Tu vivras de
ton épée, et tu seras asservi à ton frère ; mais en errant librement
çà et là, tu briseras son joug de dessus ton cou. »
(Genèse 27 .30-40)

OBÉISSANCE ET DEST INÉE

Arrêtez-vous là ! Ne passez pas trop vite au point suivant.


Prenez le temps de considérer cette pathétique tragédie marquée par
l'irresponsabilité et la tromperie. Certes, Ésaü avait récolté ce qu'il
avait semé. Il avait stupidement cédé son droit d'aînesse contre un bol
de soupe. Mais on l'avait spolié de façon injuste, il n'est donc pas
étonnant qu'il ait murmuré entre ses dents : « Papa ne sera bientôt
plus là, et après son décès, je ferai payer à Jacob le tort qu'il m'a
infligé » . Quiconque a été trompé et trahi comprendra sans peine sa
colère. Comme je l'ai dit précédemment, celle-ci est devenue
meurtrière.
Vous souvenez-vous de la prophétie qui a été adressée à sa mère
avant même qu'elle ait mis au monde ses fils ? « Deux nations sont
dans ton ventre, et deux peuples se sépareront au sortir de tes
entrailles... et le plus grand sera assujetti au plus petit » (Genèse
25.23). Avec cette dernière scène, l'issue qui avait été prédite devient
inévitable. Dans le combat pour la bénédiction de l'alliance, une fois
de plus, Ésaü ne pouvait pas gagner.
En lisant plusieurs fois toute l'histoire, afin de préparer ce
chapitre, je n'ai pas pu m'empêcher de me poser une 4uestion
épineuse : le plan de Dieu aurait-il pu s'accomplir sans tout ce péché,
cette rébellion, ces tromperies, ces jalousies et cette tragédie ? La
réponse est évidente : Bi en sûr !
Et si Isaac avait eu un père dynamique qui avait obéi au plan de
Dieu au lieu de céder passivement à sa tendance au favoritisme ?
Et si Rebecca et Isaac avaient appris à leurs enfants à obéir très
tôt dans leur vie, et qu'ils leur avaient dit, en quelque sorte
« Maintenant, les garçons, nous avons une information très

78
Ésaü, le fils qui 11e pouvait P"s 9Uf]11er

importante à vous transmettre de la part du Seigneur : Jacob doit


recevoir le droit d'aînesse et la bénédiction, même s'il est le plus
jeune. Nous ne comprenons pas pourquoi, mais Dieu est bon et toutes
ses voies sont justes. Ésaü, tu seras extrêmement riche, et tu
engendreras une grande nation qui pourra s'allier au peuple de
l'alliance conçu par Jacob. Tes descendants pourront avoir part à
toutes ses bénédictions. »
Et s i Ésaü avait bénéficié de la même attention que Jacob et de
toute l'approbation qu'il souhaitait recevoir de ses parents ? Et s'il
avait cédé de bon gré le droit d'aînesse à Jacob en signe d'humble
obéissance, se soumettant ainsi à la volonté aimante et souveraine du
Seigneur ? Pour reprendre l'idée de Corrie ten Boom au chapitre
précédent, et s'il avait renoncé à son droit d'aînesse au lieu de s'y
agripper ?
Et si Jacob avait humblement reçu la bén�diction, et qu'il avait
proposé à Esaü de partager avec lui sa richesse et ses privilèges ?
Comment l'histoire aurait-elle pu être différente ? À quel point
tous les protagonistes auraient-ils été plus heureux ? Combien Dieu
aurait-il été davantage glorifié grâce à l'obéissance de son peuple ?
C'est difficile à dire, mais l'histoire se termine par un autre exemple
des complications qu'on entraînées les perspectives coupables des
personnages.Isaac était passif, distant et mou. Rebecca a maquillé et
déformé la vérité. Jacob a fui pour éviter d'assumer ses responsabilités.
Et Esaü, quant à lui, a réagi impulsivement, ce qui n'a fait que
compliquer les choses.
Pour sauver son fils de la fureur d'Ésaü, Rebecca a envoyé Jacob
en visite chez son frère, très loin de là. Mais pour obtenir le soutien
d'Isaac, elle a eu recours, une fois de plus, à la manipulation et à la
tromperie. Elle lui fit croire que Jacob devait trouver une épouse et
que, dans ce but, il devait rejoindre son frère Laban

« Rebecca dit à Isaac : Je suis dégoûtée de la vie, à cause des filles


de Heth. Si Jacob prend une femme, comme celles-ci , une des
filles de Heth, parmi les filles du pays, à quoi me sert la vie ? »
(Genèse 27 .46)

79
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Son stratagème fut efficace. Remarquez le conseil qu'Isaac a


donné à Jacob : « Tu ne prendras pas une femme parmi les filles de
Canaan » (Genèse 28 . 1). Puis il bénit son fils cadet et il l'envoya
chercher une épouse parmi des personnes de confiance. Ce qui me
perturbe, c'est qu'Isaac a donné à Jacob des conseils sur le choix de
sa future épouse, chose qu'il n'a jamais faite avec Ésaü. Rien
n'indique qu'Isaac n'ait pas laissé Esaü chercher lui-même une femme
sans lui prodiguer le moindre conseil. En conséquence, le jeune
homme fut critiqué lorsqu'il ramena ses deux épouses chez lui. Là
aussi, il était perdant. Comme toujours.
Tout cela m'incite à marquer une nouvelle pause. En tant que
père de quatre enfants et grand-père d'une ribambelle de petits­
enfants, j'aimerais adresser quelques mots aux parents. Mes amis, vos
enfants doivent être aidés à choisir leur conjoint. L'idéal est que vous
soyez vous-même un conjoint exemplaire. Mais même si votre
mariage a été un vrai fiasco, prenez le temps de guider sagement et
avec tact vos enfants. Si vous ne vous sentez pas qualifié, trouvez des
ressources pour vous aider. Nous vivons à une époque où les
informations sont très faciles à obtenir. Faites preuve de
discernement ! Ayez recours à une association en laquelle vous avez
confiance, aux membres de votre église, à des livres ou à un
conseiller. Jacob avait besoin d'aide, et il en a obtenu. Esaü en avait
tout autant besoin, mais il n'a rien eu d'autre qu'une condamnation
tardive.
Si vous pensez que je tire des conclusions excessives de ce
passage, lisez les versets qui suivent. Ils décrivent une scène finale
dont je voudrais vous faire part. Ils illustrent aussi quelques points
dont je vous ai parlé

« É saü vit qu'Isaac avait béni Jacob, et qu'il l 'avait envoyé à


Paddan-Aram pour y prendre une femme, et qu'en le bénissant il
lui avait donné cet ordre : Tu ne prendras pas une femme parmi
les filles de Canaan. Il vit que Jacob avait obéi à son père et à sa
mère, et qu'il était parti pour Paddan-Aram. Ésaü comprit ainsi
que les fil les de Canaan déplaisaient à I saac, son père . Et Ésaü
s'en alla vers Ismaë l . Il prit pour femme, outre les femmes qu'il

80
Ésaii, le fils qui ue pouvait p<J.S 9a911er

avait , Mahalath , fi lle d'Ismaël , fils d'Abraham, et sœur de


Nebajoth. »
(Genèse 28.6-9)

Écœuré, Ésaü fit une ultime tentative pour s'attirer les faveurs de
ses parents, mais ce fut une démarche pathétique et infructueuse. J'ai
souvent vu des enfants adultes désespérés tenter en vain de se
rapprocher de leurs parents avant de réaliser que c'était impossible.
Au cours de mes quarante ans de ministère, j'ai observé cela à maintes
reprises. J'ai toujours envie de prendre par les épaules les parents
concernés et de les faire revenir à la raison. « Ne comprenez-vous pas
que la conduite que vous condamnez provient de choix que vous avez
encouragés ? » Je serai encore plus direct. Si vous n'avez pas su
diriger vos enfants, ne les blâmez pas et ne vous retournez pas contre
eux s'ils se trompent de chemin ! Vous avez une importance cruciale
sur la destinée de vos enfants. Aidez-les lorsqu'ils ne savent plus où
ils en sont. Montrez-leur comment faire pour obéir sans les
condamner ni les exaspérer.
De nouveau , je le répète, je me place davantage dans une
perspective horizontale que théologique au cours de ce chapitre ,
même si mon premier point aborde des théories théologiques
complexes que je n'ai pas la place de vous exposer ici. Je me bornerai
donc, en conclusion, à quelques simples remarques, en tirant un
avertissement ou un principe à partir des protagonistes de ce récit.

ÉSAÜ

Chacun d'entre nous est né dans certaines circonstances que


nous ne pourrons jamais modifier. Ce qui fait la grandeur d'une
personne, c'est sa capacité à surmonter ses limites, mais poussée à
l'extrême, cette attitude risque de fausser le raisonnement d'un
individu. Dans le cas d'Ésaü , cela a porté atteinte à son sens des
valeurs et a nui à ses rapports avec sa famille et même à sa destinée.
Au lieu de jouer le rôle que Dieu lui avait attribué, il s'est révolté
contre lui. Au bout d'un certain temps, il a sombré dans le désespoir,
ce qui a renforcé ses tendances impulsives déraisonnables et l'a
conduit à prendre de mauvaises décisions.

81
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Si je pouvais vous crier un avertissement, ce serait : MÉFIEZ­


V OUS DES GRAT IFICATIONS INSTANTANÉES ! Agir sous le
coup du désespoir est une façon très risquée de prendre des décisions.
Certains veulent tant mettre un terme à leur solitude qu'ils épousent
la première venue. D'autres fuient des difficultés financières
temporaires en s'associant avec un partenaire qui les remet à flot
provisoirement, mais se retrouvent ensuite sous le même joug que
quelqu'un qui ne sert pas le Seigneur.
Méfiez-vous des décisions prises par désespoir ! Prenez votre
temps. Réfrénez vos impulsions. Écoutez attentivement les sages
conseils de ceux qui vous aiment assez pour vous dire ce que vous
n'av ez pas envi e d'entendre. Et soyez assez brave pour remettre en
question votre objectivité.

I S A A C ET R E B EC C A
Les préférences de certains parents ont un effet néfaste sur toute
la famille et provoquent des conflits qui durent toute la vie. Les
enfants souffrent énormément du tort que leur causent leurs parents
dans ce domaine. Comme ils ne réalisent pas que ce sont leurs parents
qui ont un problème, ils sont très complexés. Ils en veulent à la terre
entière, sauf à leurs parents, auxquels ils essaient désespérément de
plaire. . . jusqu'à ce qu'ils prennent conscience, comme Ésaü, qu'ils n'y
parviendront jamais. Et ce sont eux qui sont blâmés d'avoir pris les
mauvaises décisions, et non leurs parents !

Si vous avez plus d'un enfant, vous avez peut-être une affinité
naturelle, un lien inconscient avec l'un d'eux plus qu'avec les autres.
Vous n'avez pas besoin de faire d'efforts. Avec lui, tout se passe bien.
Et vous pouvez être tenté de lui consacrer plus de temps, car vous êtes
davantage satisfait avec lui qu'avec les autres. À votre insu, vous
risquez de le gâter davantage, d'être plus indulgent avec lui, de moins
le critiquer ou de lui accorder plus de privilèges.
Ne croyez pas que vos enfants ne s'en rendent pas compte ! Ils
sont plus clairvoyants que nous l'imaginons. Ils peuvent détecter à
des kilomètres le moindre soupçon d'injustice.

82
Ésaü, le fils qui 11c pouvait p«s 9«911er

Décidez dès maintenant de faire des efforts supplémentaires


pour vous rapprocher de votre enfant qui vous rend la vie difficile.
Découvrez ses centres d'intérêt et passez du temps avec lui. Même si
vous vous heurtez à un mur, tenez bon. Cela vaut la peine. Il
n'oubliera jamais votre effort , même si vous n'en avez pas
l'impression.

J ACOB

Tout le monde aspire à être accepté inconditionnellement, et il


n'est personne qui n'en ressente pas le besoin. Paradoxalement, Jacob
a eu la garantie de recevoir le droit d'aînesse avant sa naissance, et
pourtant , il a passé toute sa vie à essayer de l'arracher de force à son
père.
Vous acceptez peut-être inconditionnellement vos enfants, mais
en ont-ils conscience ? Si vous ne leur communiquez pas votre
amour, comment le connaîtront-ils ? Certes, ils en ont peut-être une
vague notion, mais pourquoi ne pas leur simplifier les choses ? Quand
avez-vous regardé votre enfant dans les yeux pour la dernière fois en
lui disant que vous l'aimez, que vous l'acceptez et que vous admirez
ses qualités ? Vos enfants le sentent-ils ? Même s'ils ne vous posent
pas de questions, ils n'oublient jamais les moments où vous leur
manifestez de l'amour. Répétez souvent ces trois mots magiques : « Je
t'aime ». Ne vous contentez pas de le penser ; dites-le.

IL N'EST PAS TROP TAR D !

Il se peut que vous lisiez ces lignes et que vous vous disiez qu'il
est trop tard dans votre vie. Il se peut que vous ayez commis bien des
erreurs. Mais que vous le croyiez ou non, vous pouvez toujours offrir
à vos enfants adultes un cadeau inoubliable. Prenez le temps de leur
écrire une lettre ou de les serrer dans vos bras, et dites-leur à quel
point ils comptent pour vous. Et si vous preniez un bon repas avec
votre enfant adulte que vous n'avez pas vu depuis longtemps ? Il est
inutile d'être solennel d'un bout à l'autre du dîner, mais assurez-vous
de le regarder bien en face à un certain moment pour lui dire ce qu'il

83
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

brûle d'envie d'entendre. Et n'hésitez pas à prononcer les trois mots


magiques ! Vous serez très surpris de constater qu'ils peuvent faire
fondre un cœur de pierre.
Et ensuite, décidez d'en faire une habitude. Je vous garantis que
cela aura un profond impact sur eux.

84
CHAPITR E CINQ
..;J/.can, l'homme tlonl le péché provoqua un disaslre
r i l p !/-;
1:- - - ,
'----
.,

I
l n'est jamais facile de parler du péché . Même si les mots viennent
aisément, parce qu'il y a beaucoup à dire, le sujet est si déplaisant
que je le trouve toujours ardu . Le péché attriste le cœur de Dieu ,
nuit gravement à celui qui le commet, et presque systématiquement,
affecte les autres. L'histoire d'un homme nommé Acan constitue un
exemple classique de ce point.
Dans mon enfance , nous allions dans une église qui semblait être
en situation critique . J'étais trop jeune pour comprendre de quoi il
s'agissait, mais ma mère a employé une expression qui m'a marqué .
Un dimanche soir, mes parents en parlèrent , et j 'entendis ma mère
dire à mon père : « Carl , je crois qu'il y a un péché dans le camp » .
À l 'époque, je ne savais pas ce que cela signifiait, mais cette
phrase m'a laissé une impression indélébile. Malheureusement, je l'ai
réentendue très souvent au cours de ma vie. Je me souviens qu'une
fois, après l'échec lamentable d'un ministère , quelqu'un a gémi : « Le
problème de ce ministère, c'est qu'il y a eu un péché dans le camp
pendant beaucoup trop longtemps. » Depuis que je suis pasteur, plus
que jamais, ces mots me consternent.
Quand j'étais pasteur à Ful lerton , en Californie , quelques
membres de notre équipe pastorale avaient entrepri s de faire un
voyage collectif. En cours de route, nous devions nous rendre dans
une assemblée qui , pendant des années, avait été un phare
resplendi ssant pour beaucoup d'âmes . Elle avait rempli d'espoir
d'autres ministères, et elle montrait ce que Dieu peut accomplir au
travers d ' une équipe de chrétiens obéissants et unis . Elle servait

85
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE C E S P E R S O N N A G E S M ÉCON N U S

véritablement de modèle aux autres et jouissait visiblement de la


bénédiction divine. Mais un jour, quelque chose se produisit. Pendant
plusieurs mois, l'influence qu'elle exerçait sur les autres se mit à
décliner. Sans raison apparente, la joie qui y régnait se ternit et son
sens moral se corrompit. Des murmures de mécontentement
parcoururent un lieu jadis caractérisé par son optimisme. On
n'entendit plus d'éclats de rire dans les couloirs. Des membres de
l'équipe commencèrent à se diviser. Au cours de notre visite, nous
avons appris le fin mot de l'histoire. Et de nouveau, j'entendis cette
expression consternante : « Il y a eu un péché dans le camp ».

L A D I FFÉRENCE ENTRE L A C H UTE ET LA


M A R C H E D A N S LES TÉN È B R ES
Je me hâte d'établir une distinction. Les chrétiens - réellement
rachetés, remplis de !'Esprit, membres transformés du corps de Christ
- continuent à être tentés et à avoir des failles morales après avoir
reçu, par la foi, le don et l'assurance de la vie éternelle. Comme c'est
un point crucial, prenez le temps de relire cette phrase lentement, s'il
vous plaît. Chaque mot en a été soigneusement choisi.
Après être entrés dans la famille de Dieu par grâce, nous devons
continuer à vivre par la grâce. Néanmoins, si nous jouons avec le
péché, nous sommes inexcusables. Cela nous nuit beaucoup, et cela
montre que notre relation avec Dieu n'est pas telle qu'elle devrait être.
C'est ce qu'explique I Jean 1.5- 10. Lisez ce qui suit lentement et
attentivement :

« La nouvelle que nous avons apprise de lui , et que nous vous


annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui
de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion
avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons,
et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans
la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes
mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous
purifie de tout péché . Si nous disons que nous n'avons pas de
péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point

86
..'.IL:a11, l'lwmme dont le péché provoq ua 1111 désastre

en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour


nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous
disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa
parole n'esl point en nous. »

Vous remarquerez que dans ce passage, Jean démonte


complètement tous les prétextes ou toutes les raisons que nous
pourrions énoncer pour justifier le péché. Quand quelqu'un pèche,
soit il suit toujours le sombre chemin de l'enfer, soit il est un véritable
disciple de Christ qui choisit de vivre selon la chair et dans la
rébellion. Franchement, je ne peux pas dire ce qui est le pire, mais je
penche vers la dernière option, car le croyant rebelle exerce une
influence pernicieuse sur de multiples membres de la famille de Dieu.
Lorsque je parle de vie selon la chair et dans la rébellion, je ne
pense pas aux moments où nous marchons dans la lumière et où, dès
que nous chancelons, nous demandons sincèrement pardon au
Seigneur. Cela fait partie de notre croissance spirituelle quotidienne
marquée par les épreuves et les erreurs. Comme Jean l'a dit par la
suite : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce
que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons que,
lorsqu ' il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le
verrons tel qu'il est » ( ) Jean 3.2). Un jour, nous serons parfaits ...
mais pas maintenant.
Se rebeller, c'est choisir consciemment de marcher obstinément
dans le péché. C'est ce que Jean voulait dire en parlant de « marcher
dans les ténèbres » , c'est choisir de vivre comme un non-chrétien.
Lorsque cela se produit, il faut s'examiner soi-même de façon
constructive et saine, même si c'est une démarche éprouvante.
Heureusement, 1 Jean 1.9 nous dit que Dieu a un remède pour
les échecs spirituels aussi bien que les rebellions endurcies.
En un mot, il s'agit de repentance : nous convenons avec Dieu
que ce que nous avons fait est mal, nous lui répétons que nous
voulons lui accorder la première place dans notre cœur et que nous
avons besoin d'être en communion étroite avec lui, et enfin, nous
nous engageons à nous détourner de notre péché. Concrètement, cela
nous obligera peut-être à partir à l'autre bout du monde pour parvenir
à tenir notre engagement, mais si nous sommes sérieux et que nous

87
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

marchons dans la lumière - avec le Seigneur - aucune mesure ne


sera trop dure.
Dans le cas dont je vous ai parlé précédemment, le « péché dans
le camp » a persisté. Le dirigeant s'est obstiné à marcher dans les
ténèbres, ce qui a eu d'énormes conséquences qui ont duré pendant
des années. Son péché a continué à nuire à son camp.

L ' EFFET M O RTEL D U P É C H É CAC H É


Q U I PERSISTE

Josué 7 raconte l'histoire d'une communauté victorieuse qui a


bénéficié de la bénédiction divine. Toutefois, eHe n'a pas tardé à
essuyer une défaite inexplicable, parce qu'un de ses membres avait
choisi de désobéir. Cette communauté était la nation d'Israël avant
qu'elle ait totalement conquis la terre promise et qu'elle s'y soit
implantée. À ce moment-là, toute la génération précédente des
Hébreux, qui avait vécu la première Pâque en Égypte et qui avait vu
la main puissante de Dieu partager la mer Rouge, était morte. Cette
génération avait manqué de foi en l'Éternel, qui avait promis de lui
donner la victoire, si bien qu'elle avait vécu en nomade pendant
quarante ans dans le désert.
La jeune génération avait besoin d'encouragements, aussi le
Seigneur lui avait-il accordé une victoire miraculeuse contre la ville
fortifiée de Jéricho. Cette expérience est préalable à l'histoire d'Acan ,
l'homme dont le péché a provoqué un désastre. Lisez Josué 6. 1 5-2 1
pour vous préparer mentalement au contraste choquant

« Le septième jour, ils se levèrent de bon matin , dès l'aurore, et


ils firent de la même manière sept fois le tour de la ville ; ce fut
le seul jour où ils firent sept fois le tour de la ville. À la septième
fois, comme les sacrificateurs sonnaient des trompettes, Josué dit
au peuple : Poussez des cris, car l 'Éternel vous a l ivré la ville ! La
ville sera dévouée à l 'Éternel par interdit, elle et tout ce qui s'y
trouve ; mais on laissera la vie à Rahab la prostituée et à tous ceux
qui seront avec elle dans la maison , parce qu'elle a caché les
messagers que nous avions envoyés. Gardez-vous seulement de
ce qui sera dévoué par interdit ; car si vous preniez de ce que

88
.Ylw11, l'lwmme do11l le péché provoqua 1111 désastre

vous aurez dévoué par interdit, vous mettriez le camp d'Israël en


interdit et vous y jetteriez le trouble. Tout 1 'argent et tout l 'or, tous
les objets d 'airain et de fer, seront consacrés à l ' Éternel, et
entreront dans le trésor de l ' Éternel. Le peuple poussa des cris,
et les sacrificateurs sonnèrent des trompettes. Lorsque le peuple
entendit le son de la trompette, il poussa de grands cris, et la
muraille s'écroula ; le peuple monta dans la ville, chacun devant
soi . Ils s'emparèrent de la ville , et ils dévouèrent par interdit, au
fil de l 'épée, tout ce qui était dans la ville, hommes et femmes ,
enfants et vieillards, jusqu'aux bœufs, aux brebis et aux ânes. »
(italiques ajoutées)

D E L A V I C TO I R E À LA D É FA ITE

Ce fut une importante victoire pour les jeunes Hébreux. Elle


constitua leur« expérience de la mer Rouge ». D'emblée, l'Éternel fit
en sorte qu'ils aient part à une victoire miraculeuse pour leur prouver
qu'il dirigeait la campagne d'occupation de Canaan. Ce fut aussi une
victoire stratégique. En venant à bout de cette forteresse imprenable,
Israël n'était pas loin de conquérir totalement la terre qui avait été
promise à Abraham, à Isaac et à Jacob.
La conquête de Jéricho s'apparente à l'invasion de la Normandie
au cours de la Seconde Guerre mondiale. Pour les alliés, cette victoire
correspondait au début de la fin du régime nazi . Tout le monde le
savait, y compris Hitler. Mais la guerre était loin d'être finie. De
même , la victoire de Jéricho prouvait que la conquête totale de
Canaan n'était qu'une question de temps, mais de nombreuses
batailles devaient encore être livrées. Et aucune ne serait facile,
surtout avec un péché dans le camp

« L'Éternel fut avec Josué, dont la renommée se répandit dans


tout le pays . Les enfants d'Israël commirent une infidélité au
sujet des choses dévouées par interdit. Acan , fils de Carmi , fils de
Zabdi , fil s de Zérach, de la tribu de Juda, prit des choses
dévouées. Et la colère de l'Éternel s'enflamma contre les enfants
d 'Israël. »
(Josué 6.27-7 . 1 )

89
L' HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Le dernier verset du chapitre 6 forme un sinistre contraste avec


le premier du chapitre 7. Josué 7. 1 nous donne une vue d'ensemble,
tandis que les versets 2 à 26 nous exposent en détail la situation.
Nous reviendrons plus loin sur ce que signifie « dévouer par
interdit » , mais tout d'abord, lisons les versets 2 à 5 pour pouvoir
mesurer l'ampleur de la défaite. Cela se passe juste après le miracle
de la ville fortifiée de Jéricho, lorsque les énormes murs imposants se
sont écroulés. La ville d'Aï était dérisoire en comparaison.

« Josué envoya de Jéricho des hommes vers Aï, qui est près de
Beth-Aven, à l 'orient de Béthel . l i leur dit : Montez, et explorez
le pays. Et ces hommes montèrent, et explorèrent Aï. lis revinrent
auprès de Josué, et lui dirent : li est inutile de faire marcher tout
le peuple ; deux ou trois mille hommes suffiront pour battre Aï ;
ne donne pas cette fatigue à tout le peuple, car ils sont en petit
nombre. »
(Josué 7 .2-3)

Observez le rapport des espions : « Inutile de te fatiguer, Josué !


Accordons un petit congé à la plupart des soldats. Après leur exploit
à Jéricho, ils l'ont bien mérité ! Nous n'avons besoin que de deux ou
trois mille hommes, pas plus ». On aurait dit des champions de
football prêts à disputer un match avec des amateurs. Ou le rapport
était exact ou il était le reflet d'une suffisance flagrante.
D'après le déroulement du récit, je crois toutefois que leur
rapport était exact. Le nom d'Aï signifie « ruine » . Cette petite
bourgade n'avait rien d'impressionnant ! Or un bon général sait
combien d'hommes il doit affecter à chaque mission, et Josué n'était
pas novice au point de mobiliser toute son armée à chaque bataille. Il
laissa donc ses troupes se reposer et protéger le camp, et il n'envoya
au combat qu'environ trois mille hommes, selon ce qui lui parut
nécessaire. Malheureusement, ils eurent un grand choc ...

« Trois mille hommes environ se m irent en marche , mais ils


prirent la fuite devant les gens d' Aï. Les gens d' Aï leur tuèrent
environ trente-six hommes ; ils les poursuivirent depuis la porte

90
.?lca11, l'homme do11I le pécl,é provoqua uu dés115/re

jusqu ' à Schebari m , et les battirent à la descente . Le peuple fut


consterné et perdit courage. »
(Josué 7 .4-5)

Trente-six hommes moururent au combat. Et le pire, c'est qu'ils


furent frappés dans le dos en prenant la fuite ! Israël connut la
déroute. Pourquoi ? Dieu leur avait livré Jéricho pour montrer sa
puissance à son peuple et l'assurer de sa présence. Mais voilà que
cette petite bourgade insignifiante - probablement composée de
fermiers peu aguerris - mettait en fuite les soldats d'Israël ! Ce n'est
pas logique. Qu'est-ce qui avait bien pu changer ?

U N E D É FA I T E I N EX PL I C A B LE DEV R A I T
C O N S T I T U E R U N AV E RT I S S EM ENT

Quand ce genre de chose se produit - comme c'est encore le cas


aujourd'hui dans le domaine spirituel - nous devons dresser l'oreille.
Ce résultat illogique a toujours une cause. La réponse exemplaire de
Josué doit nous servir d'exemple quand nous nous trouvons dans cette
situation.

« Josué déchira ses vêtements, et se prosterna jusqu ' au soir le


v isage contre terre devant l ' arche de l ' Éterne l , lui et les anciens
d ' Israël, et ils se couvrirent la tête de poussière. Josué dit : Ah !
Se igneur É ternel , pourquoi as-tu fait passer le Jourdain à ce
peuple, pour nous l ivrer entre les mains des Amoréens et nous
faire périr ? Oh ! si nous avions su rester de l ' autre côté du
Jourdain ! De grâce , Seigneur, que d irai-je , après qu' I sraël a
tourné le dos devant ses ennemis ? Les Cananéens et tous les
habitants du pays l 'apprendront ; ils nous envelopperont, et ils
feront disparaître notre nom de la terre . Et que feras-tu pour ton
grand nom ? »
(Josué 7 .6-9, italiques ajoutées)

Quel éminent leader ! Il a commencé par déplorer le décès des


hommes morts au combat, puis il s'est inquiété de l'avenir de la

91
L' H I STO I R E FASC I N A NTE DE CES P E R S O N N A G ES M ÉC O N N US

nation, de la renommée du nom du Seigneur et de son honneur. J'aime


beaucoup ce genre de raisonnement. Ses actes et sa prière fervente
impliquaient qu'il ne se souciait pas de sa réputation de dirigeant,
mais de la gloire de son Dieu.
C'est lui, le commandant en chef, qui ouvrit son cœur au
Seigneur, parce qu'il futconfronté à une énigme. En effet, la défaite
d'Aï était humainement inexplicable, déroutante et d'après ce que
savait Josué, totalement illogique d'un point de vue spirituel. C'est
pourquoi la première question qu'il a posée à Dieu, c'est : « Pourquoi
as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, pour nous livrer entre les
mains des Amoréens et nous faire périr ? » Ce leader spirituel eut
donc une réaction logique en cas de défaite : il en parla à l'Éternel.
C'est une leçon pour les dirigeants. Elle s'applique à tous ceux
qui suivent Dieu, qu'ils soient dans les affaires ou dans le ministère.
En cas de défaite inexplicable, cessez toute activité et prenez le temps
de lever les yeux vers Dieu. Demandez-lui de vous en révéler la
raison.
Au cours de mon ministère, j'ai connu des périodes de défaites
déconcertantes. Parfois, notre équipe avait élaboré des projets
minutieux, prié au cours de la préparation et agi en s'appuyant avec
foi sur le Seigneur... tout cela pour subir une défaite comme celle
d'Aï. Parfois, après avoir prié et sondé nos cœurs, l'Éternel (ou des
circonstances que certains appelleraient « le hasard ») a dévoilé un
péché dans le camp. Je ne peux pas vous expliquer à quel point on est
frappé de stupeur et pris de nausées en découvrant qu'un collègue en
qui on avait confiance a trahi le ministère, l'amitié et même le
Seigneur. Je suis persuadé que certains de mes lecteurs savent, hélas,
ce que je veux dire. Ce qui s'est passé sous les ordres de Josué mérite
une analyse minutieuse.

L E PÉC H É D A N S L E C A M P D O I T ÊTR E D É V O I L É
Josué a prié sérieusement et le Seigneur a répondu fidèlement -
et dans ce cas, oralement

« L' Éternel dit à Josué : Lève-toi ! Pourquoi restes-tu ainsi couché


sur ton visage ? Israël a péché ; ils ont transgressé mon alliance

92
..'.ïlca11, l 'homme Joui le péd1é provoqua 1111 dés,1slrc

que je leur ai prescrite , ils ont pris des choses dévouées par
interdit, ils les ont dérobées et ont menti , et ils les ont cachées
parmi leurs bagages . Aussi les enfants d ' Israël ne peuvent-ils
résister à leurs ennemis ; ils tourneront le dos devant leurs
ennemis, car ils sont sous l ' interdit ; je ne serai plus avec vous, si
vous ne détruisez pas l ' interdit du milieu de vous. Lève-toi ,
sanctifie le peuple. Tu diras : Sanctifiez-vous pour demain ; car
ainsi parle l ' Éternel , le Dieu d'Israël : Il y a de l'interdit au milieu
de toi , Israël ; tu ne pourras résister à tes ennemis, jusqu 'à ce que
vous ayez ôté l ' interdit du milieu de vous. Vous vous approcherez
le matin selon vos tribus ; et la tribu que désignera l ' Éternel
s 'approchera par famille, et la famille que désignera l 'Éternel
s'approchera par maisons, et la maison que désignera l 'Éternel
s'approchera par hommes. Celui qui sera désigné comme ayant
pris de ce qui était dévoué par interdit sera brûlé au feu, lui et tout
ce qui lui appartient, pour avoir transgressé l 'alliance de l 'Éternel
et commis une infamie en Israël . »
(Josué 7 . 1 0- 1 5)

La défaite d'Aï a fini par tomber sous le sens. Des faits


importants furent révélés. Dieu avait promis la victoire à Israël, et il
lui a accordé un triomphe magistral à Jéricho. Mais, à l'instar de
nombreuses promesses divines, celle-ci reposait sur l'obéissance du
peuple. La ville nommée « ruine » mit Israël en fuite pour une raison
il y avait un péché dans le camp. Quelqu'un avait pris des objets
« dévoués par interdit ».
Jadis, les soldats touchaient une partie du butin de la victoire.
Normalement, une fois qu'une ville avait été prise, les soldats avaient
le droit de s'emparer de tous les objets de valeur qu'ils pouvaient
porter et de les ajouter à leurs richesses. C'était considéré comme leur
solde. Mais pas dans ce cas. Vous souvenez-vous de ce que l'Éternel
avait prescrit lors de la destruction de Jéricho ?

« La ville sera dévouée à l' Éternel par interdit, elle et tout ce qui
s'y trouve ; mais on laissera la vie à Rahab la prostituée et à tous
ceux qui seront avec elle dans la maison, parce qu'elle a caché les

93
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE D E C ES P E R SO N N AG E S M ÉCO N N U S

messagers que nous avions envoyés. Gardez-vous seulement de


ce qui sera dévoué par interdit ; car si vous preniez de ce que vous
aurez dévoué par interdit, vous mettriez le camp d ' Israël en
interdit et vous y jetteriez le trouble. Tout l'argent et tout l'or, tous
les objets d ' ai rain et de fer, seront consacrés à l 'Éternel , et
entreront dans le trésor de l ' Éternel. »
(Josué 6 . 1 7- 1 9)

Le cherem , traduit par « interdit », n'était pas un concept


compliqué. Au lieu de s'emparer du butin pour eux, les soldats ne
devaient rien ramener chez eux. Tout ce qui était vivant devait être
mis à mort. Tout ce qui était précieux devait être entreposé dans le
trésor de l'Éternel. Tout lui était destiné. C'était simple !
Ceux qui comptabilisent les offrandes de l'église ont une
consigne similaire. Ils ne disent pas : « Si j'étais payé pour la tâche
importante que j'accomplis pour l'église, je pense que je mériterais de
toucher telle ou telle somme. Je vais prélever un peu moins d'argent
que ce qui m'est dû, si bien qu'en fin de compte, l'église s'en tirera à
bon compte. Après tout, si personne ne faisait ce travail, tout le
monde serait bien ennuyé ! »
Lire cela paraît stupide, qu'en dites-vous ? Aucune personne
sensée ne tiendrait de propos aussi illogiques ! En réalité, la plupart
des trésoriers des assemblées sont si scrupuleux qu'ils ne veulent pas
être les seuls à manipuler l'argent des offrandes. De cette façon, tout
le processus est clair et chaque centime est comptabilisé, encaissé et
donné au Seigneur.
Malheureusement pour Israël, après la bataille de Jéricho,
quelqu'un a mis dans sa poche toute une corbeille d'offrandes. Josué
était innocent. La grande majorité d'Israël n'avait rien à se reprocher.
Et pourtant, toute la nation en souffrit. J. Sidlow Baxter décrit l'effet
produit de cette façon : « Le fil électrique qui permettait au courant
de circuler entre Dieu et Israël a été sectionné, si bien que la
puissance a cessé de se déverser sur le peuple ». C'est la conséquence
inexorable du péché dans le camp. C'est aussi pour cela qu'à mon
avis, les renseignements fournis au préalable sur la ville d'Aï étaient
exacts. La victoire aurait dû être facile, même sans l'intervention du
Seigneur. Aucun miracle n'était nécessaire ici, mais la présence du

94
-7!cll11, / '110111me do11i le pécl,é p rovoq utl 1rn disiislre

péché a empêché l'Éternel d'accorder une nouvelle victoire à la


nation, alors qu'il en éprouvait le désir.
Admettons-le, nous faisons souvent obstacle aux bénédictions
que le Seigneur voudrait nous accorder. Comme c'est un Dieu de
grâce , je ne veux pas dire qu'il ne nous bénit que lorsque nous
sommes impeccables. J'ai reçu beaucoup plus de privilèges que
j'aurais dû ! En tant que pécheur, je ne mérite que d'être puni. Mais si
les bénédictions momentanées nous causent du tort à long terme, il ne
s'agit plus de grâce. Jamais Dieu ne nous bénira aux dépens de notre
sainteté.
L'effet ravageur du péché caché dans le camp est l'une des
expériences les plus troublantes des dirigeants chrétiens. Ce qui
devrait normalement réussir se met soudain à échouer sans que vous
sachiez pourquoi. Et puis, par la suite (parfois des années plus tard) ,
quand du temps s'est écoulé et que toutes choses sont mises en
lumière, vous découvrez le pot aux roses. Mais entre temps, vous
n'avez pas cessé de vous poser des questions. Dans le cas d'Israël, le
péché avait été enterré. . . littéralement.

LE PÉC H É PR I V É A DES CONSÉQUENCES


PUBL I Q U ES

L'un des soldats qui avait pris d'assaut la muraille de Jéricho


écroulée avait désobéi au commandement de Dieu en s'emparant des
biens censés être consacrés à l'Éternel. Peu après, le forfait avait été
découvert et on avait cherché le coupable. Et quelle enquête ce fut !

« Josué se leva de bon matin, et il fit approcher Israël selon ses


tribus, et la tribu de Juda fut désignée. Il fit approcher les familles
de Juda, et la famille de Zérach fut désignée . Il fit approcher la
famille de Zérach par maisons, et Zabdi fut désigné. »
(Josué 7 . 1 6- 1 7)

Imaginez à quel point le cœur du voleur a dû battre la chamade


et sa tension augmenter lorsque, tribu après tribu, famille après
famille et maison après maison, le filet de Josué se refermait sur lui.
À quoi ce transgresseur a-t-il dû penser ? S'il n'avait pas tenu compte

95
L' H I STO I R E FASC I N A N T E D E CES PERSO N N AG ES M ÉCO N N U S

de l'interdit, il avait certainement appris l a défaite et vu les funérailles


des trente-six hommes. Il connaissait le verdict. « Celui qui sera
désigné comme ayant pris de ce qui était dévoué par interdit sera
brûlé au feu, lui et tout ce qui lui appartient, pour avoir transgressé
l'alliance de l'Éternel et commis une infamie en Israël. » (7 . 15). Il
devait donc éprouver un stress inouï.
J'ai réalisé que Dieu aurait pu se contenter d'indiquer le nom du
voleur à Josué, au lieu d'organiser cette chasse à l'homme publique.
Peut-être , dans sa grâce , donnait-il l'occasion à cet homme de
s'avancer, de confesser son péché, de se repentir, d'épargner d'autres
souffrances à la communauté et de subir un châtiment. Hélas, malgré
l'occasion qu'il a eue, l'homme coupable n'a rien dit. Son péché est
resté enterré.
Avant de poursuivre, laissez-moi souligner une fois de plus la
portée collective du péché d'Acan. Certains péchés deviennent des
scandales publics, qui font peser la suspicion et le mépris sur toute
une association. Même quand leur auteur n'est plus là, l'opprobre
demeure longtemps. Mais reconnaissez que la plupart des péchés sont
privés, et que seul Dieu et vous savez ce qu'il en est. Dans le cas que
nous étudions, Dieu voulait qu'il soit mis publiquement en évidence.
La chasse à l'homme se poursuivit et l'étau se resserra au fur et
à mesure que le Seigneur donnait des indications à Josué pour qu'il
avance dans ses recherches par tirage au sort. Dans l'Ancien
Testament, avant que le Saint-Esprit vienne demeurer en permanence
dans le cœur des croyants, c'était ainsi qu'on déterminait la volonté de
Dieu. Cela ressemblait au lancer de dés, et le sacrificateur se livrait à
ce qui s'apparentait à « un jeu de hasard » , mais l'Éternel dirigeait
l'aboutissement, qui n'était jamais fortuit. À chaque fois, la corde se
resserrait un peu plus autour du cou d'Acan. Ce fut d'abord sa tribu
qui fut désignée, puis sa famille, puis sa maison, et enfin. . . lui.

« Josué fit approcher la maison de Zabdi par hommes, et Acan,


fils de Carmi, fils de Zabdi, fils de Zérach , de la tribu de Juda, fut
désigné. Josué dit à Acan : Mon fils, donne gloire à l'Éternel , le
Dieu d'Israël , et rends-lui hommage. Dis-moi donc ce que tu as
fait, ne me le cache point. »
(Josué 7 . 1 8- 1 9)

96
..?lw11, l'homme do11I le pécl1é p rovoqua u,1 desaslre

J'ai le cœur lourd pour Josué en lisant le récit de ce dirigeant


contraint de dévoiler le péché dans le camp. À la lecture de ces lignes,
j'ai repensé aux rares occasions où, au cours de mon ministère . j'ai été
obligé de m'asseoir en face de quelqu'un qui avait enterré un péché
secret et raconté un mensonge qui avait nui à un ministère et détruit
une famille. Chaque confrontation a été différente. Il a parfois fallu
des heures pour qu'une personne avoue la vérité. D'autres fois, l'aveu
a été immédiat et accompagné d'un déluge de larmes, comme dans le
cas d'Acan :

« Acan répondit à Josué, et dit : Il est vrai que j 'ai péché contre
l ' Éternel , le Dieu d'Israël , et voici ce que j 'ai fait. J 'ai vu dans le
butin un beau manteau de Schinear, deux cents sicles d'argent, et
un lingot d'or du poids de cinquante sicles ; je les ai convoités, et
je les ai pris ; ils sont cachés dans la terre au milieu de ma tente,
et l'argent est dessous. Josué envoya des gens, qui coururent à la
tente ; et voici, les objets étaient cachés dans la tente d'Acan, et
l 'argent était dessous . »
(Josué 7 .20-22)

Constatez la spirale descendante du péché d'Acan


« J'ai vu. . .
« J'ai convoité...
« J'ai pris. . .
« J'ai caché. »

C'est ainsi que les choses se passent. Il a juste oublié la phrase


finale de la progression : « J'ai été pris ». On pense rarement à cela
avant de pécher, mais on le rumine beaucoup après, et on devient
paranoïaque.
Quand il a commis ce péché, Acan a sans doute tenté de se
justifier : « Ma famille et moi avons été privés de beaucoup de bonnes
choses pendant les années que nous avons passées dans le désert. li y
a là un beau manteau à la dernière mode, un peu d'argent et une
poignée d'or. Ce n'est pas grand chose. Par rapport à tout le trésor que
nous avons rapporté de Jéricho, ce ne sont que des bricoles. Diell ne

97
L' H I STOI R E FAS C I N A N T E DE C E S PERSON N AG ES M ÉCON N U S

se formalisera pas ! J'ai beaucoup combattu, et après tout, j'ai bien le


droit de profiter un peu de la vie ! »
Je sais que j'émets des hypothèses, mais c'est ainsi que le
cerveau humain raisonne. La chair peut être extrêmement inventive
pour justifier le péché. Dans l'excitation du moment, l'ivresse du
péché caché, l'attrait de l'aventure et des plaisirs défendus font perdre
la raison. Nous voyons, nous convoitons, nous prenons, nous
cachons. Le commentaire éloquent d'Alexander W hyte sur Acan vaut
la peine d'être cité

« Tous ceux qui lisent les meilleurs livres connaissent par cœur la
célèbre description que fait Thomas à Kempis des étapes
successives du triomphe de la tentation . Tout d'abord, on se met à
penser au péché. Ensuite, on se le représente et on se le projette
sur l'écran secret de son imagination. Cette image distille goutte
à goutte un plaisir dans l'âme, ce qui balaie les réticences. À ce
moment-là, on passe à l'acte. C'est vrai, et c'est puissant. Mais la
confession d'Acan à Josué est beaucoup plus simple et plus
proche de la vérité : "J'ai vu le beau manteau babylonien, je l'ai
convoité, je l'ai pris et je l'ai caché dans ma tente" . Si Josué avait
placé la tribu de Juda de l'autre côté de la ville, cette triste histoire
ne se serait jamais produite . Et même, si Acan avait été placé un
peu plus loin et qu'il n'avait pas aperçu ce beau manteau , il serait
rentré sous sa tente ce soir-là comme un bon soldat et un honnête
homme . Mais une fois que ses yeux se sont posés sur ce
somptueux vêtement, il n'est pas parvenu à en détourner le regard.
Comme le dit Thomas à Kempis, son imagination s'est emballée
et le diable a fait son œuvre.
« 0 fils et fille d'Acan démasqués ! 0 pécheurs coupables et
dissimulateurs ! Toutes vos entreprises sont totalement vaines.
Sachez-le , Dieu est au ciel , il a les yeux fixés sur vous et votre
péché vous atteindra. Vous pensez que les ténèbres vous
dissimulent ? Vous allez voir ! Continuez à semer les graines du
péché, et lorsque vous moissonnerez, vous verrez ce que vous
allez récolter et quel go0t amer cela aura.

98
..7lca11, l'homme do11I le pécl,é provoqua 1111 désastre

« L'aigle qui a dérobé un morceau de viande sacrée sur l'autel a


ramené avec elle une braise ardente qui a réduit en cendres tout
son nid et ses petits en même temps . . . C'est peut-être un fils
prodigue qui a fait blanchir les cheveux de son père et brisé le
cœur de sa mère de façon irrémédiable. Laissez tomber ce
morceau de viande volée ! Il contient un tison ardent qui va
occasionner de terribles dommages . » ' 0

L A C O N FRONTAT I O N D O f T Ê T R E R A P I D E ,
DÉCI S f V E ET ALLER JUSQU'AU BOUT
Acan a ramené plus qu'il pensait chez lui , et son péché n'est pas
resté longtemps enfoui

« Ils prirent [les objets volés] du milieu de la tente, les apportèrent


à Josué et à tous les enfants d'Israël, et les déposèrent devant
l ' Éternel. Josué et tout Israël avec lui prirent Acan , fils de Zérach,
l'argent, le manteau , le l ingot d'or, les fils et les filles d ' Acan, ses
bœufs, ses ânes, ses brebis, sa tente, et tout ce qui lui appartenait
et ils les firent monter dans la vallée d 'Acor. Josué dit : Pourquoi
nous as-tu troublés ? L' Éternel te troublera aujourd 'hui. Et tout
Israël le lapida. On les brûla au feu , on les lapida. »
(Josué 7 .23-25)

Josué a fait un jeu de mots avec le nom d'Acan qui, en hébreu ,


signifie « trouble » . « Pourquoi as-tu agi selon ton nom , Acan ? » Puis
il a été conduit dans un lieu appelé Acor qui veut dire « lieu de
trouble », et Israël lui a fait justice . Après avoir exécuté Acan et tous
ceux qui l'ont aidé à commettre son péché, on a brûlé tous ses biens
selon l'ordre de Dieu , et on a élevé un grand monceau de pierres sur
la tombe du voleur pour que personne n'oubl ie ce qui s'était produit .
C'est choquant , n'est-ce pas ? Une telle cruauté offusque notre
sensibilité moderne habituée aux compromis. Nous avons tendance à
minimiser la sévérité du texte en glissant sur certains détails ou à fuir
un Dieu qui peut faire preuve d'une telle intransigeance . Comme tout
aurait été différent à notre époque marquée par le « politiquement

99
L' H I STOI R E FA S C I N A N T E DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

correct » ! Des avocats défendraient Acan en plaidant la folie


passagère ou en trouvant un vice de forme. (« Josué a omis de lire
cette règle à Acan ! »). Ou encore, ils plaideraient coupable d'un délit
mineur et demanderaient qu'on applique une peine légère au lieu
d'entraîner tout le camp dans un procès complexe et coûteux.
L'opinion publique viendrait à la rescousse. « Il s'est excusé et a
restitué les biens. À quoi servirait une exécution ? Ce serait
inhumain ! De plus, cela rendra-t-il les trente-six soldats décédés à
leur famille ? »
Nous vivons à l'ère de la grâce, mais certains en profitent pour
pécher impunément. D'autres soutiennent que si nos actes ne nuisent
à personne, ils ne sont pas mauvais. Autrement dit, le péché n'est plus
par rapport à Dieu, mais aux autres. Toutefois, personnellement, je ne
vois aucun passage des Écritures qui suggère qu'une action doit faire
du mal à autrui pour que Dieu la considère comme un péché.
Dans ce domaine. je ne vois pas la moindre indication, soit dans
les Écritures, soit dans mon expérience, prouvant que le péché ne
touche que celui qui le commet. Ce n'est jamais tout à fait vrai. Dans
une certaine mesure, le péché affecte toujours les autres. Ce n'est pas
parce que nous ne pouvons pas établir une relation de cause à effet
logique à chaque fois que cette règle n'est pas exacte. En tant que
pasteur, j'ai vu le péché « privé » de quelqu'un briser le cœur des
membres de sa famille et entraver l'œuvre de toute une église. En tant
que nation, nous avons vu plus d'une fois le péché « privé » d'un
président corrompre une administration. Le péché dans le camp est le
redoutable ennemi d'un ministère fructueux. Satan aimerait par­
dessus tout garder ce péché enterré, nous persuader que nos choix ne
regardent que nous et le laisser ronger notre vie de l'intérieur. La
logique de l'adversaire de nos âmes consiste à nous berner de cette
façon.
Un individu qui s'obstine à marcher dans les ténèbres
contrairement à la volonté de Dieu peut entraver l'efficacité de toute
une association et priver celle-ci de tout espoir de victoire. Un Judas
peut affecter toute une équipe de disciples. Un Acan peut bloquer la
progression d'une nation. Une personne qui a enterré sous sa tente un
péché non confessé ni réglé, risque d'avoir un effet néfaste sur tout ce

100
Jlca 11, /'/tomme cUJ11I le pécl1é provoqua u11 dérnslre

qu'elle touche. Le péché dans le camp est mortel, même à l'ère de la


grâce.

DE SÉR I E U X PR I NC IPES Q U I VALENT LA PEINE


Q U ' O N SE LES RAPPELLE

En observant l'histoire de l'homme dont le péché a produit un


désastre, et en la comparant à ma propre expérience dans la direction
du ministère, j'aimerais vous laisser trois grands principes à
considérer. Comme nous vivons dans un monde déchu, brisé et
dénaturé, vous vous trouvez peut-être dans l'une de ces trois
situations : vous pouvez être le dirigeant d'une association avec un
péché dans le camp (ne soyez pas soupçonneux à l'excès, mais tenez­
vous sur vos gardes), vous pouvez faire partie d'une association qui a
un péché dans le camp, vous pouvez être vous-même coupable. Vous
avez enterré votre forfait dans le camp, et lorsque personne ne vous
regarde, vous le déterrez et vous le caressez. Quelle que soit votre
position, considérez ces trois principes.
Premièrement, le péché dans le camp sent mauvais, et les autres
détectent sa puanteur unique. Et je pèse mes mots ! Je sais qu'ils sont
choquants, mais ils conviennent à la situation. Le péché répand une
odeur nauséabonde, et plus nous marchons près de Dieu, plus notre
odorat spirituel y est sensible. Un cœur tendre et proche de Dieu
détecte très facilement la présence du péché. Toutefois, cela risque
parfois de se transformer en crainte et en suspicion excessives .
Gardons-nous de tomber dans l'extrême inverse. Personne n'est à
l'abri des ruses de Satan, et nous ne devons pas voir le mal partout.
Ceci dit, fiez-vous à votre instinct. Notre intuition nous trompe
rarement.
Si vous êtes un dirigeant spirituel, tenez-vous sur vos gardes. Si
votre ministère essuie des défaites et un déclin inexplicables, ayez du
flair ! Sentez-vous une odeur nauséabonde ? C'est (ou ce n'est pas) le
résultat d'un péché dans le camp, mais ne soyez pas naïf ! Faites
comme Josué. Présentez-le au Seigneur avec une transparence et une
humilité absolues. Demandez-lui de vous dévoiler sa perspective
céleste. Souvenez-vous que c'est lui qui combat et qu'il protègera ce
qui lui appartient, y compris sa réputation.

10 1
L' H ISTO I R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G ES MÉCO N N U S

Mon ami, s i vous êtes l'Acan d e votre famille, de votre


ministère, de votre entreprise ou de. . . (complétez vous-même la
phrase), bref, si vous entretenez un péché secret, ne vous figurez pas
que les autres ne le sentent pas. Même s'ils ne savent pas d'où
provient la puanteur (du moins pas encore), l'odeur répugnante de
votre péché flotte dans l'air. Et il empêche sans doute votre entourage
de remporter la victoire.
Repentez-vous. Aujourd'hui même ! Ne tardez pas à le faire.
Décidez maintenant que ce péché doit cesser. Vous souvenez-vous du
passage des Écritures que nous avons lu en introduction ?

« La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous


annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu 'il n'y a point en lui
de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion
avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres , nous mentons,
et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans
la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes
mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous
purifie de tout péché . Si nous disons que nous n'avons pas de
péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n 'est point
en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour
nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. »
( 1 Jean 1 .5-9)

Sortez des ténèbres et marchez dans la lumière. Que votre


repentance constitue le premier pas dans la bonne direction. Il n'est
jamais trop tard pour vous mettre à faire ce qui est bien.
Je voudrais ajouter ceci : dirigeants chrétiens, préparez-vous à
recevoir les pénitents avec grâce. Faites preuve de clémence.
Efforcez-vous de rétablir une bonne relation entre eux et Dieu et
réintégrez-les dans l'assemblée que vous dirigez.
Deuxièmement, les péchés cachés provoquent un malaise.
Même si celui qui les commet fait tout pour donner le change, aucun
cœur n'est fait pour être à l'aise avec un péché caché. Dieu a fait en
sorte que le cœur humain batte à l'unisson du sien. Quand c'est le cas,
nous ressentons une paix profonde et satisfaisante. Mais si nous
entretenons un péché, ce dont l'Éternel a horreur, cette paix fait place

102
.Ylca11, l'homme do,it le pécl1é provoqua u11 désastre

à un malaise accablant , Même si personne ne peut vivre en étant


totalement affranchi du péché, nous pouvons apprendre à le haïr. Le
péché dans le camp devient un problème collectif lorsque nous le
laissons enterré dans notre tente pour le tenir près de nous - moins
parce que nous craignons d'être démasqués que parce que nous
appréhendons de perdre le péché que nous aimons secrètement.
Troisièmement, quand le mal est découv ert, Di eu honore une
action rapide, décisiv e et complète. C'est l'un des principes les plus
déplaisants à considérer, mais il le faut. Personnellement, je
préférerais mettre de côté ce problème épineux pour savourer un bon
repas, car j'ai horreur de dévoiler le péché. Je déteste fouiller dans la
boue et la fange. Et pourtant, chaque fois que j'ai tardé à régler ce
genre de situation, je m'en suis mordu les doigts. En fait, lorsque je
me suis forcé à affronter quelqu'un qui entretenait un péché secret, j'ai
toujours gagné à le faire sans délai. J'aimerais pouvoir dire que tout
s'est arrangé par la suite, que l'homme ou la femme coupable s'est
toujours soumis et a fait une confession émouvante et sincère et que
notre assemblée de pécheurs rachetés a pu les réintégrer avec amour
en son sein. Parfois, les choses se sont passées ainsi, et j'ai été ébahi
par la puissance de guérison du pardon et de la grâce de. Christ. Le
plus souvent, hélas, la conclusion a été moins réjouissante, mais du
moins, l'intégrité du ministère a été préservée, le nom du Seigneur a
été glorifié et nous avons pu nous attendre à des victoires futures, tout
en étant attristés d'avoir perdu un ami.
L'histoire d'Acan s'est terminée ainsi. Il a rejeté toutes les
occasions de se repentir au moment où la main de Dieu s'est
progressivement abattue sur lui. Heureusement, Israël a réglé le
problème sans délai et le péché a été expulsé du camp. Il n'est pas
surprenant que le chapitre suivant raconte l'histoire de la victoire de
la nation sur Aï.

U N D E R N I E R PLA I DO Y ER

Les Écritures nous disent que si nous nous jugions nous-mêmes,


nous ne serions pas jugés ( 1 Corinthiens 1 1.3 1). Si nous réglons nous­
mêmes le problème de notre péché, personne d'autre ne devra le faire.
Le moyen le plus simple est donc de nous débarrasser nous-mêmes

103
L' H I ST O I R E FAS C I N A N T E DE CES P E R SO N N AGES M É C O N N U S

Mon ami, si vous êtes l'Acan de votre famille, de votre


ministère, de votre entreprise ou de... (complétez vous-même la
phrase), bref, si vous entretenez un péché secret, ne vous figurez pas
que les autres ne le sentent pas. Même s'ils ne savent pas d'où
provient la puanteur (du moins pas encore), l'odeur répugnante de
votre péché flotte dans l'air. Et il empêche sans doute votre entourage
de remporter la victoire.
Repentez-vous. Aujourd'hui même ! Ne tardez pas à le faire.
Décidez maintenant que ce péché doit cesser. Vous souvenez-vous du
passage des Écritures que nous avons lu en introduction ?

« La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous


annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui
de ténèbres . Si nous disons que nous sommes en communion
avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons,
et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans
la lumière, comme il est lui-même dans la lumière , nous sommes
mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous
purifie de tout péché . Si nous disons que nous n'avons pas de
péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n 'est point
en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour
nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. »
( I Jean 1 .5-9)

Sortez des ténèbres et marchez dans la lumière. Que votre


repentance constitue le premier pas dans la bonne direction. Il n'est
jamais trop tard pour vous mettre à faire ce qui est bien.
Je voudrais ajouter ceci : dirigeants chrétiens, préparez-vous à
recevoir les pénitents avec grâce. Faites preuve de clémence.
Efforcez-vous de rétablir un, bonne relation entre eux et Dieu et
réintégrez-les dans l'assemblé, : �ue vous dirigez.
Deuxièmement, les péc:,,is cachés prov oquent un malaise.
Même si celui qui les commet 1 ait tout pour donner le change, aucun
cœur n'est fait pour être à l'ai:; • avec un péché caché. Dieu a fait en
sorte que le cœur humain batte I l'unisson du sien. Quand c'est le cas,
nous ressentons une paix pF•: onde et satisfaisante. Mais si nous
entretenons un péché, ce dont I.Stemel a horreur, cette paix fait place

102
.YL:au, l'homme do,it le pécl1é provoqua 1m désastre

à un malaise accablant , Même si personne ne peut vivre en étant


totalement affranchi du péché, nous pouvons apprendre à le haïr. Le
péché dans le camp devient un problème collectif lorsque nous le
laissons enterré dans notre tente pour le tenir près de nous - moins
parce que nous craignons d'être démasqués que parce que nous
appréhendons de perdre le péché que nous aimons secrètement.
Troisièmement, quand l e mal est découv ert, Di eu honore une
action rapide, décisiv e et complète. C'est l'un des principes les plus
déplaisants à considérer, mais il le faut. Personnellement, je
préférerais mettre de côté ce problème épineux pour savourer un bon
repas, car j'ai horreur de dévoiler le péché. Je déteste fouiller dans la
boue et la fange. Et pourtant, chaque fois que j'ai tardé à régler ce
genre de situation, je m'en suis mordu les doigts. En fait, lorsque je
me suis forcé à affronter quelqu'un qui entretenait un péché secret, j'ai
toujours gagné à le faire sans délai. J'aimerais pouvoir dire que tout
s'est arrangé par la suite , que l'homme ou la femme coupable s'est
toujours soumis et a fait une confession émouvante et sincère et que
notre assemblée de pécheurs rachetés a pu les réintégrer avec amour
en son sein. Parfois, les choses se sont passées ainsi , et j'ai été ébahi
par la puissance de guérison du pardon et de la grâce de_ Christ. Le
plus souvent, hélas, la conclusion a été moins réjouissante, mais du
moins, l'intégrité du ministère a été préservée, le nom du Seigneur a
été glorifié et nous avons pu nous attendre à des victoires futures, tout
en étant attristés d'avoir perdu un ami.
L'histoire d'Acan s'est terminée ainsi. Il a rejeté toutes les
occasions de se repentir au moment où la main de Dieu s'est
progressivement abattue sur lui. Heureusement, Israël a réglé le
problème sans délai et le péché a été expulsé du camp. Il n'est pas
surprenant que le chapitre suivant raconte l'histoire de la victoire de
la nation sur Aï.

U N D E R N I ER p : . A I D O Y E R
Les Écritures nous disent que si 1 nus nous jugions nous-mêmes,
nous ne serions pas jugés ( 1 Corinthic c s 1 1 .3 1). Si nous réglons nous­
mêmes le problème de notre péché, personne d'autre ne devra le faire.
Le moyen le plus simple est donc de :1ous débarrasser nous-mêmes

103
L ' H I STOIRE FASCI NANTE DE CES PERSON NAGES MÉCON NUS

dans un petit panier de joncs tressé à la main. Une jeune fille assiste
à la scène, l'air angoissé.
Vous avez reconnu l'histoire de la mère de Moïse, qui a sauvé
son fils d'une mort certaine par ce moyen. Avec l'aide de sa fille, elle
a déposé le panier sur le Nil pour que la fille de Pharaon découvre son
enfant et l'adopte. C'est encore une magnifique histoire des Écritures.
Il m'en reste une, qui représente un jeune garçon assis dans son
lit comme s'il sortait juste du sommeil. Il essaie de s'éveiller.
L'expression de son visage est un mélange de perplexité et de
concentration. Il penche légèrement la tête, comme pour essayer
d'entendre quelque chose.
J'aime beaucoup les histoires, surtout celles qui parlent d'un
humble commencement. Elles vous racontent comment un humble
inconnu était, avant de devenir illustre, comment un opprimé a vaincu
un caïd ou de quelle façon une gigantesque entreprise a débuté dans
un garage. Et chaque histoire délivre un message, ou du moins, le
devrait, sans quoi elle serait comme un diamant sans écrin. Si vous le
posez sur une table, il sera peut-être beau, mais si vous le placez sur
un écrin qui le met en valeur, il vous éblouira par la brillance de son
éclat et sa beauté.
Il faut que nous comprenions dans quel contexte le petit garçon
fut tiré de son sommeil. Ainsi, la signification de l'histoire en sera
rehaussée.

L A T R I STE S IT U AT I O N D ' I S R A Ë L

L e contexte est celui d'Israël avant les jours glorieux d u roi


David. Il y eut une longue période (plusieurs centaines d'années) de
guerres intermittentes. Régulièrement, Israël fut envahi et subit des
famines. Puis, un juge apparut, ce qui apporta momentanément la
paix. Mais durant cette paix, le peuple se mit à pécher, et le cycle
infernal recommenca : autre invasion, suivie d'une défaite et nouvelle
famine, de pire en pire à chaque fois. Cette histoire qui nous concerne
eut lieu au cours d'une période d'accalmie où la violence avait fait
place à une paix relative. Les jours étaient particulièrement
tranquilles et ordinaires.

106
Samuel, "" garço11 qui e11ieuJit la voix Je 'JJieu

Mon grand-père m'emmenait souvent pêcher près de Palacios,


au sud du Texas , à proximité de la baie Malagorda, qui débouche sur
le golfe du Mexique. De temps en temps , nous nous retrouvions au
milieu d'une « nappe ». Si vous êtes pêcheur, vous savez de quoi je
parle. Il s'agit d'une étendue d'eau si lisse que si on y jette une pièce
de monnaie, on peut facilement compter les rides qu'el le provoque à
la surface . Tout est calme et il n'y a pas le moindre souffle de vent.
Sur le plan politique et social , cette période de l'histoire des Hébreux
était une « nappe » après une suite ininterrompue de turbulences.
Le peuple d'Israël avait adopté un style de vie laxiste . Les
Israélites étaient présomptueux . Ils étaient indifférents à l'égard de
Dieu et de la vision qu'il avait pour eux . Ils prenaient les choses à la
légère . Leur dirigeant, le souverain sacrificateur Eli , était un vieillard
presque aveugle . À moins d'un changement, il allait abandonner la
direction spirituelle du peuple à ses deux fils, Hophni et Phinées, qui
l'aidaient au service du Seigneur dans le tabernacle où les enfants
d'Israël adoraient l'Éternel à cette époque.
L'histoire ne commence pas là. Quelques années plus tôt, une
fem me nommée Anne se rendait régulièrement au temple. Elle
passait la plupart de son temps à prier, implorant Dieu de lui donner
un fils. Elle avait fait vœu au Seigneur de lui consacrer cet enfant s'il
exauçait sa requête . L' Éternel finit par lui accorder ce qu'elle désirait ,
et elle appela son fi ls Samue l , nom approprié , puisqu'il signifie
« demandé à Dieu , exaucé de Dieu ». Peu après son sevrage, elle
accomplit sa promesse et elle plaça Samuel sous la garde d'Él i , le
vieux souverain sacrificateur presque aveugle d'Israë l . É li
futresponsable de l'éducation et de l'instruction du petit garçon. Il lui
inculqua les bases des choses spirituelles et le prépara à servir Dieu
pendant toute sa vie .

« Le jeune Samuel était au service de l ' Éternel devant Eli . La


parole de l ' Éternel était rare en ce temps-là, les visions n'étaient
pas fréquentes. »
( 1 Samuel 3 . 1 )

Tout le pays d'Israël , figé dans une « nappe » politique et


spirituelle, était à moitié endormi , et il vivait passivement au jour le
jour. Dieu gardait même le silence . Personne n'avait de visions, à

1 07
L' H I STO I R E FASC I N A NTE DE CES P E R SO N N AG E S M ÉCO N N U S

l'exception, peut-être, de quelques charlatans (un peu comme


aujourd'hui, non ?). Pendant ce temps-là, Samuel, encore enfant,
accomplissait son service pour l'Éternel sous l'œil vigilant d'Eli, qui
jouait le rôle d'un grand-père attentif et affectueux pour lui. Voilà
quelle était la situation.

UN ENFANT REND U NE SENT E NCE

Si l'histoire débute dans un contexte tranquille et ultra calme, on


peut vite s'apercevoir que les choses sont sur le point de changer :

« En ce même temps , Éli qui commençait à avoir les yeux


troubles et ne pouvait plus voir, était couché à sa place. La lampe
de Dieu n'était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le
temple de l ' Éternel , où était l ' arche de Dieu . Alors l'Éternel
appela Samuel . Il répondit : Me voici ! »
( 1 Samuel 3 .2-4)

Dans le tabernacle, tout tournait autour du lieu très-saint. C'était


là que l'éclat éblouissant de la présence de Dieu planait sur l'arche de
l'alliance, un endroit si saint, qu'il était dangereux pour de simples
humains. C'est pourquoi il était séparé par un épais rideau du lieu
saint, où était rangé le matériel du culte. L'un des objets précieux de
ce lieu saint était un chandelier qui, d'après la loi de Moïse, ne devait
jamais être éteint. Afin qu'il y ait de l'huile dans la lampe vingt-quatre
heures sur vingt-quatre, les sacrificateurs se relayaient pour dormir à
proximité du lieu très-saint dans le but de s'assurer que la lampe était
toujours allumée.
Éli et Samuel devaient donc dormir à tour de rôle dans le
tabernacle, dans de petites chambres proches de l'endroit où l'Éternel
résidait. Lorsque Samuel entendit une voix l'appeler par son nom, il
s'est assis dans son petit lit et a dit : « Oui ? » Personne n'a répondu,
si bien que ...

« Et il courut vers Éli, et dit : Me voici, car tu m'as appelé . Éli


répondit : Je n'ai point appelé ; retourne te coucher. Et il alla se
coucher. »
( 1 Samuel 3 .5)

108
Samuel, 1111 9arço11 </ Ui eulendil la voix de "Vieu

Les Écritures ne nous précisent pas toujours si la voix de Dieu


est audible ou << entendue » par quelqu'autre moyen. Quand Saul
(appelé ensuite Paul) était en route pour Damas, il entendit la voix de
Jésus ressuscité lui parler dans une vision, et son entourage aussi.
C'était donc un son audible. Dans Genèse 6, Dieu donna des
instructions spéciales à Noé. Nous pouvons supposer qu'il s'agissait
d'une voix audible dont il a entendu littéralement le son, mais peut­
être l'Éternel lui a-t-il parlé intérieurement. Nous n'avons aucune
certitude. Pour Daniel, la voix de Dieu a retenti comme le tonnerre,
mais des siècles plus tard, il s'est adressé à Élie dans « un murmure
doux et léger » . Dans le cas de Samuel, Dieu a fait en sorte qu'il
entende littéralement sa voix. Il l'a interpellé sur le ton d'une voix
normale, à tel point que le petit garçon a cru qu'Éli l'appelait depuis
une autre pièce.
À la fin des années soixante-dix, mon père âgé vivait chez nous
et avait parfois besoin d'aide. Notre chambre était en haut, la sienne
était en bas, et je me souviens du son de sa voix qui me tirait parfois
du sommeil en pleine nuit. Je me réveillais et j'allais voir de quoi il
avait besoin. Si vous avez des enfants, vous savez de quoi je parle. Il
est donc logique que Samuel se soit précipité dans la chambre d'Éli
pour voir ce dont le vieil homme avait besoin. « Me voici. »
Éli pensa sans doute que Samuel avait rêvé et il l'envoya se
recoucher.

« L'Éternel appela de nouveau Samuel . Et Samuel se leva, alla


vers É li, et dit : Me voici, car tu m 'as appelé. Él i répondit : Je n 'ai
point appelé, mon fils, retourne te coucher. Samuel ne connaissait
pas encore l 'Éternel, et la parole de l 'Éternel ne lui avait pas
encore été révélée. »
( 1 Samuel 3 .6-7, italiques ajoutées)

La dernière phrase est un commentaire du rédacteur à l'intention


de ses lecteurs qui savaient déjà que Samuel était un puissant
prophète de Dieu. C'est la manière dont l'auteur nous apprend que
cela a eu lieu avant que le Seigneur ait commencé à nouer une
relation personnelle avec le jeune garçon. Gardez-le à l'esprit, car cela
deviendra un élément important de la suite du récit.

109
L' H I STOI R E FASC I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

En fait, dans l'Ancien Testament, avoir une relation personnelle


avec Dieu , comme celle dont nous pouvons bénéficier dans la
nouvelle alliance grâce à la présence du Saint-Esprit en nous, était un
privilège rare et inouï. Je pense que nous sommes loin de l'apprécier
à sa juste valeur !
Souvenez-vous des premiers mots du chapitre 3 : « La parole de
1 ' É ternel était rare en ce temps-là, les visions n ' étaient pas
fréquente » . Comme Samuel et Dieu ne s'étaient pas encore parlé
mutuellement, le garçon ne le connaissait que par É l i , et non par
expérience personnelle . Avant que les gens aient les Écritures,
l' Éternel communiquait avec eux en parlant de façon audible à un
prophète ou en donnant une direction provenant d'une autre source
surnaturelle . Mais cela n'était jamais arrivé à Samuel. Non seulement
il était inexpérimenté , mais il était déconcerté , et il a agi en
conséquence . Il courut vers Él i

« L'Éternel appela d e nouveau Samuel, pour l a troisième fois. Et


Samuel se leva, alla vers Éli, et dit : Me voici, car tu m'as appelé.
Éli comprit que c'était l'Éternel qui appelait l'enfant. »
( 1 Samuel 3.8)

Le verbe « comprit » m'intrigue. Il implique du discernement,


une sagesse puisée dans l'expérience personnelle. Aucun cours ne
vous inculquera jamais de discernement . Celui-ci ne s'acquiert qu'au
fil du temps, lorsque nos épreuves et nos erreurs nous permettent de
faire des découvertes . Él i n'avait jamais entendu l' Éternel lui parler
personnellement , et cela faisait très longtemps que Dieu ne s'était pas
révélé de cette manière. Et pourtant, il comprit que cela venait du
Seigneur. La troisième fois, il réalisa qu'il s'agissait de la voix de
Dieu . J'apprécie le conseil qu'il a donné à Samuel

« . . . et il dit à Samuel : Va, couche-toi ; et si l 'on t'appelle, tu


diras : Parle, Éternel , car ton serviteur écoute. Et Samuel alla se
coucher à sa place.
( 1 Samuel 3 .9)

1 10
Samue l , 1111 9arro11 'l ''i e11le11dil la voix de 'lJieu

Imaginez que vous soyez un petit garçon travaillant pour


quelqu'un qui a des années d'expérience au service de Dieu, et que
cette personne que vous respectez beaucoup vous dise : « C'est la
voix de Dieu. Si tu l'entends encore, tends l'oreille ! Sois attentif à ce
que le Seigneur va te dire ». Cela dut faire une drôle d'impression au
petit garçon , mais il a obéi sans hésiter.

« L'Éternel vint et se présenta, et il appela comme les autres fois :


Samuel , Samuel ! Et Samuel répondit : Parle, car ton serviteur
écoute. »
( 1 Samuel 3 . 10)

Dans mon enfance, à l'école du dimanche.je me souviens d'avoir


vu des posters d'histoires bibliques sur les murs de la salle. Samuel y
figurait en bonne place, couché dans son lit, appuyé sur un coude,
penchant légèrement la tête pour écouter quelque chose. Le portrait
de l'artiste était si parfait que je pouvais presque entendre la voix de
Dieu. . . mais à l'époque, pour moi, l'histoire s'arrêtait là.
Je me demandais ce que le Seigneur avait dit. Pourquoi avait-il
réveillé Samuel trois fois ? Qu'y avait-il de si important ?
Malheureusement, le message que Dieu transmit à Samuel était l'un
des avertissements les plus sévères qu'il ait jamais adressés - si
sévère que mes monitrices d'école du dimanche devaient estimer qu'il
n'était pas pour les enfants. Dans le silence de sa chambre, Samuel
entendit ces terrifiantes paroles d'avertissement

« Alors l 'Éternel dit à Samuel : Voici , je vais faire en Israël une


chose qui étourdira les oreilles de quiconque l'entendra. En ce
jour j ' accompl irai sur Éli tout ce que j 'ai prononcé contre sa
maison ; je commencerai et j'achèverai. Je lui ai déclaré que je
veux punir sa maison à perpétuité , à cause du crime dont il a
connaissance, et par lequel ses fils se sont rendus méprisables,
sans qu 'il les ait réprimés . C'est pourquoi je jure à la maison d ' Éli
que jamais le crime de la maison d 'Éli ne sera expié, ni par des
sacrifices ni par des offrandes . »
( 1 Samuel 3 . 1 1 - 1 4)

111
L' H I ST O I R E FAS C I N A NT E DE CES P E R S O N N AG ES M ÉCON N U S

Ce message était un fardeau écrasant pour le petit Samuel, mais


hélas, ce n'était pas un avertissement qu'Éli n'avait jamais entendu.
Auparavant, Dieu avait déjà adressé des remontrances à ce vieil
homme au sujet de la mauvaise conduite de ses fils. Au chapitre
précédent, nous lisons

« Un homme de Dieu vint auprès d'Él i , et lui dit : Ainsi parle


l ' Éternel : Ne me suis-je pas révélé à la maison de ton père ,
lorsqu 'ils étaient en Égypte dans la maison de Pharaon ? Je l 'ai
choisie parmi toutes les tribus d'Israël pour être à mon service
dans le sacerdoce, pour monter à mon autel , pour brûler le
parfum, pour porter l'éphod devant moi , et j'ai donné à la maison
de ton père tous les sacrifices consumés par le feu et offerts pour
les enfants d' Israë l . Pourquoi foulez-vous aux pieds mes
sacrifices et mes offrandes, que j 'ai ordonné de faire dans ma
demeure ? Et d'où vient que tu honores tes fils plus que moi , afin
de vous engraisser des prémices de toutes les offrandes d' Israël ,
mon peuple ? C'est pourquoi voici ce que dit l 'Éternel , le Dieu
d' Israël : J ' avais déclaré que ta maison et la maison de ton père
marcheraient devant moi à perpétuité . Et maintenant, dit
l ' Éternel, loin de moi ! Car j 'honorerai celui qui m'honore, mais
ceux qui me méprisent seront méprisés. Voici, le temps arrive où
je retrancherai ton bras et le bras de la maison de ton père, en
sorte qu'il n'y aura plus de vieillard dans ta maison . Tu verras un
adversaire dans ma demeure, tandis qu'Israël sera comblé de
biens par l 'Éternel ; et il n'y aura plus jamais de vieillard dans ta
maison . »
( 1 Samuel 2.27-32)

LE PÉC H É D ' É L I
Si vous n e connaissez pas le fin mot de l'histoire, vous vous
demandez peut-être pourquoi l'Éternel est si rigoureux. C'est à cause
de deux fils extrêmement corrompus, Hophni et Phinées.

1 12
Samuel, u11 9arço11 qui c11lc11dit la voix dr- <vir-u

Éli était un excellent prédicateur et un sacrificateur consacré. En


tant que souverain sacrificateur, il avait pour mission d'entrer chaque
année dans le lieu très-saint afin d'offrir un sacrifice d'expiation au
profit de la nation. Il était le seul à avoir ce privilège. Il jugeait le
peuple, lui apprenait la pratique du culte, le conseillait et vouait toute
sa vie à servir Dieu dans le tabernacle, ainsi qu'à pourvoir aux besoins
du peuple. Mais il était aussi un père passif et laxiste qui cédait à tous
les caprices de ses fils. Ses garçons étaient épouvantables !

« Les fils d'Éli étaient des hommes pervers, ils ne connaissaie111


point l 'Éternel. »

(1 Samuel 2.12, italiques ajoutées)

L'auteur emploie la même expression pour parler du petit


Samuel, mais avec un sens très différent. Le mot traduit par
« connaître » est identique (yada), mais le contexte est tout autre.
Samuel ne connaissait pas l'Éternel par ignorance juvénile. Hophni et
Phinées, par contre , ne le connaissaient pas parce qu'ils étaient
volontairement dépravés. Moralement , c'étaient des épaves
spirituelles ! Et pourtant, ils avaient été oints sacrificateurs. Voici un
exemple de leur façon d'abuser de leur position

« Même avant qu'on fasse brûler la graisse, le serviteur du


sacrificateur arrivait et disait à celui qui offrait le sacrifice
Donne pour le sacrificateur de la chair à rôtir ; il ne recevra de toi
point de chair cuite, c'est de la chair crue qu'il veut. Et si
l'homme lui disait : Quand on aura brûlé la graisse, tu prendras
ce qui te plaira , le serviteur répondait : Non ! tu donneras
maintenant , sinon je prends de force. Ces jeunes gens se rendaient
coupables devant l 'Éternel d'un très grand péché, parce qu'ils
méprisaient les offrandes de l 'Éternel. »
(1 Samuel 2.15-17)

D'après la loi de Moïse, ils devaient faire brûler la graisse en


offrande et prendre ensuite ce qui n'avait pas été consumé sur l'autel.
Ainsi, ils ne recevaient que ce que le Seigneur leur procurait. Les
misérables fils d'Éli défiaient les instructions divines et s'emparaient

1 13
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

des morceaux de choix pour leur consommation personnelle. C'est


abject, mais il y a pire... bien pire.

« Éli était fort âgé et il apprit comment ses fils agissaient à l'égard
de tout Israël ; il apprit aussi qu'ils couchaient avec les femmes
qui s'assemblaient à l'entrée de la tente d'assignation. »
( I Samuel 2.22)

Non seulement ils bafouaient avec aplomb les sacrifices offerts


à Dieu, mais c'étaient des hommes pervers qui abusaient
sexuellement des femmes venant l'adorer. Ils le faisaient sans honte,
dans la maison de Dieu. Et Éli le savait ! On pourrait penser qu'un
authentique serviteur du Seigneur comme Éli serait scandalisé.
Souvenez-vous qu'il était aussi juge en Israël, donc qu'il avait pour
mission de rendre la justice en faveur de Dieu. Ces fils adonnés à la
pire des luxures auraient dû être traînés hors de la ville et lapidés. Au
lieu de cela, ils ne reçurent qu'une légère réprimande. N'est-ce pas
pathétique ?

« Il leur dit : Pourquoi faites-vous de telles choses ? car


j 'apprends de tout le peuple vos mauvaises actions. Non, mes
enfants, ce que j 'entends dire n'est pas bon ; vous faites pécher le
peuple de l'Éternel. Si un homme pèche contre un autre homme,
Dieu le jugera ; mais s'il pèche contre l 'Éternel, qui intercédera
pour lui ? Et ils n 'écoutèrent point la voix de leur père, car
l 'Éternel voulait les faire mourir. »
(1 Samuel 2.23-25)

Et pendant ce temps-là ... « le jeune Samuel continuait à grandir,


et il était agréable à l' Éternel et aux hommes » ( 1 Samuel 2.26).
Même si c'est difficile à imaginer, Samuel fut élevé dans ce
contexte, mais semble avoir ignoré ce qui se passait. Quand Hophni
et Phinées transformaient le tabernacle en antre du vice, Éli mettait
une main sur les yeux de Samuel et l'autre sur les siens. Mais un jour,
Dieu fut à bout de patience, et il prononça un jugement sans appel par
la bouche d'un petit garçon innocent

1 14
Samuel, 1rn 9arço11 qui euleudil lu uoix de 'l)jeu

« En ce jour j ' accomplirai sur Éli tout ce que j'ai prononcé contre
sa maison ; je commencerai et j 'achèverai. Je lui ai déclaré que je
veux punir sa maison à perpétuité, à cause du crime dont il a
connaissance, et par lequel ses fils se sont rendus méprisables ,
sans q u 'il les ait réprimés . C'est pourquoi je jure à la maison
d' É li que jamais le crime de la maison d' Éli ne sera expié, ni par
des sacrifices ni par des offrandes. »
( 1 Samuel 3 . 1 2- 1 4 , italiques ajoutées)

LA COM PLA I S A N C E E S T L ' E N N E M I


DE L'OB É I SSANCE
Le comportement d'É li reflétait celui d e son époque . Sur l e plan
politique, social et économique, la nation était devenue paresseuse et
laxiste . Il se croisa les bras et se dit : « Je ne peux rienfaire av ec m es
fils. Hophni et Phinées ont été reb elles toute leur vie, et je su is très
occupé. J 'ai tant de charg es à accomplir ! Dieu m e comprendra
sûrem ent ! »
Pas du tout ! La colère divi ne a atteint un tel degré qu'il a réveillé
un petit garçon au cœur tendre pour lui dire : « Je vais te lancer un
avertissement afin que tu saches ce qui va se passer » .

« Samuel resta couché jusqu 'au matin, puis il ouvrit les portes de
la maison de l ' Éterne l . Samuel craignait de raconter la vision à
É l i . Mais É l i appela Samue l , et dit : Samuel , mon fils ! Il
répondit : Me voici ! Et É l i dit : Quelle est la parole que t'a
adressée l ' Éternel ? Ne me cache rien. Que Dieu te traite dans
toute sa rigueur, si tu me caches quelque chose de tout ce qu'il t'a
dit ! Samuel lui raconta tout, sans rien lui cacher. Et É li dit : C'est
l ' Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon ! »
( 1 Samuel 3 . 1 5- 1 8)

Comme Éli le lui à demandé , Samuel lui a révélé tout ce que le


Seigneur avait dit . Il ne lui a rien caché . La réponse d' É li me surprend
beaucoup. Il a déclaré , en quelque sorte : « Eh bien , le Seigneur sait
ce qu'il fait. Qu'il agisse comme il le désire ! » N 'aurait-i l pas mieux

1 15
L' H I STO I R E FAS C I N ANTE DE CES P E R S O N N A G ES M ÉCO N N U S

valu qu'il prenne au sérieux ses avertissements et qu'il s'écrie : « J'en


ai assez entendu ! Maintenant, je vais appliquer la loi à la lettre. Je
vais amener ces garçons aux anciens de la ville pour qu'ils fassent ce
qui est juste ! Il est grand temps que je mette un terme à ma
négligence et que le tabernacle soit enfin purifié. Quand je mourrai,
je veux que ce soit dans l'obéissance ».
Hélas, ce n'était pas le genre d'Eli. Il a réagi comme il l'avait
toujours fait : par la passivité.

TO UTES L E S FA M I LLES P E U V ENT S E


DÉS I NTÉG R E R ; A U C U N E N ' E S T À L ' A B R I
Dieu nous a laissé des histoires passionnantes pour nous
transmettre des leçons durables. Les pères, en particulier, doivent être
vigilants. J'ai observé que l'inertie d'Éli était fréquente... même chez
les pasteurs. En tant que père, dont la vocation est de servir le
Seigneur, je me suis promis d'éviter l'échec d'Éli. Même si je suis loin
d'être parfait, j'ai tout fait pour ne pas rester passif.
Pour éviter cela, chacun d'entre nous doit admettre aujourd'hui
que sa famille risque de finir comme celle d'Éli. Nous devons
reconnaître que toutes les familles sont en péril : celles des anciens,
des pasteurs, des missionnaires dont le père marche avec Dieu et se
consacre corps et âme à l'église, les riches, les pauvres, celles qui sont
saines, celles qui ont de gros problèmes. . . absolument toutes. Les
signes avertisseurs sont souvent évidents. Dans le cas d'Éli, nous
pouvons en détecter au moins quatre.
Premièrement, les familles en péril ont des parents obnubilés
par une occupation autre que les besoins fam iliaux. Éli était un
sacrificateur très occupé, un juge respecté qui se consacrait à servir le
peuple. Nous pouvons raisonnablement supposer que si ce n'était pas
le cas, Dieu l'aurait mentionné dans son avertissement. Son ministère
public n'était pas son point faible. Le problème était qu'il n'accordait
pas autant d'attention à ses fils qu'à Samuel . Peu à peu, ceux-ci
devinrent cyniques et sceptiques, et non seulement Éli fermait les
yeux, mais il ne les reprenait jamais, tout en accomplissant par
ailleurs un bon travail.

1 16
.S11m11el, 1111 911rço11 qui e11le11dit la voix de 'LJieu

L'éminent auteur écossais Alexander W hyte a jadis exposé ses


observations avec éloquence

« Les fils d'Éli étaient des fils de Bélial ; ils ne connaissaient pas
l'Éternel. " Impossible ! " protesteriez-vous, si ce n'était pas dans la
B ible. Mais comme c'est bel et bien dans les Écritures, nous
sommes obligés de nous demander comment il se peut que les fils
d'un homme aussi sacré qu'Éli soient devenus des fils de Bélial .
« Comment ? Ne pas connaître le Seigneur, alors qu'on est né et
qu'on a grandi à l'ombre de la maison de l'Éternel ? Les premiers
sons qu'ils ont entendus n'étaient-ils pas les louanges de Dieu
dans son sanctuaire ? N'ont-ils pas vu depuis leur plus tendre
enfance leur père vêtu de ses tuniques sacerdotales devant l'autel
avec toutes les tables, les pains, les sacrifices et l'encens autour de
lui ? » 1 1

Cela m'amène à marquer une pause pour penser à mes enfants


aujourd'hui adultes. Ils m'ont vu servir la Sainte Cène, prêcher
pendant des années derrière un pupitre, étudier les Écritures chez moi
et chanter des cantiques à pleine voix avec passion ! Dimanche après
dimanche, ils m'ont vu assumer les tâches de mon ministère, et
pendant la semaine, ils ont entendu mes commentaires. Ils ont aussi
prié avec nous à table. Certes, tout cela est bon, mais je serais désolé
que ce soit là tout ce qu'ils connaissent de leur père. S'ils ignoraient
tout de ma vie personnelle et qu'ils ne voyaient que mon engagement
dans le ministère , je serais accablé. Pire encore, ils ne
s'imprégneraient pas de mon amour pour Christ. C'est justement ce
qui s'est passé pour Hophni et Phinées. Certes, je ne peux pas le
prouver avec un verset biblique, mais en y regardant bien, on en
discerne des signes partout.
W hyte poursuit en disant

« Laissez-moi réfléchir. Comment est-il possible qu'Hophni et


Phinées soient nés et aient grandi à Silo sans connaître le
Seigneur ? Eh bien , pour commencer, leur père n'était jamais à la
maison . Alors qu'il jugeait tout Israël , il ne voyait ses enfants

1 17
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

qu'une fois qu'ils étaient au lit. "Que signifient ces pratiques ?"
demandaient les autres enfants israélites à leur père lorsqu'ils
entraient dans le temple. Et pendant tout le trajet, à l'aller comme
au retour, ces pères prenaient leurs enfants curieux par la main et
leur racontaient tout ce qu'ils savaient sur Abraham, Isaac, Jacob,
Joseph et Moïse , ainsi que sur Aaron , l'exode , le désert, la
conquête et la Pâque annuelle. Hophni et Phinées étaient les seuls
enfants qui voyaient le temple chaque jour sans y prêter attention .
« De plus, comme tous les parents le savent, les années passent
vite , et soudain , sans qu'on réalise comment, les enfants sont
grands. Les enfants d'Éli n'ont pas fait exception à la règle . Tout
s'est retourné contre l u i , car ce que ses fils ont fait a porté
directement atteinte à son ministère. Il pensait toujours avoir plus
de temps par la suite, mais ce ne fut jamais le cas, et il le déplora
pendant toute sa vie. Entre les multiples occupations de leur père
et leur cœur rebelle, les deux jeunes gens étaient déjà des fils de
Bélial avant d'être sortis de l'enfance. » 1 2

Tous les enfants de pasteurs risquent d'être tentés de considérer


l'œuvre de leur père comme une simple occupation rel igieuse. I l faut
donc que les parents concernés fassent tout leur possible pour que
leurs enfants comprennent que les serviteurs de Dieu n 'exercent pas
une professionr comme les autres et ne jouent pas un rôle.
Le mot clé est « authenticité » . Non la perfection , comprenez­
moi bien, car personne n'est impeccable en permanence . Mais être
vrai. Admettez vos fautes , assumez-les , demandez pardon, soyez
clément , accordez à vos enfants le droit à l'erreur et montrez-leur que
même en coul isses, vous faites preuve d'affection , de grâce et
d'humour. Tout cela prend du temps et exige des efforts qui
empièteront sur votre productivité professionnelle , mais considérez­
le comme un investissement permanent d'une valeur inesti mable .
Deuxièmement , lesfamill es en péril ont des parents qui refusent
de voir en face la gravité des actes de leurs enfants. Éli savait à quel
point ses enfants étaient devenus dépravés, mais il n'a rien fait ! J'ai
vu des parents nier la réalité au point de ne pas pouvoir se résoudre à
admettre que leur enfant avait un sérieux problème avec la drogue , la

1 18
.Samuel, u11 garço11 qui e11le11dil 111 voix de 'J)ieu

pornographie, la promiscuité sexuelle ou le vol, alors que cela crevait


les yeux. Ils agissaient comme si la crise allait se résoudre d'elle­
même avec un peu de patience.
J'ai vu trop de familles en péril fermer les yeux sur les signes
avant-coureurs, si bien que je considère Proverbes 1 9. 1 8 comme une
règle infaillible. Voici ce verset dans plusieurs traductions
différentes

« Disciplinez vos enfants tant qu'il y a de l'espoir, sans quoi vous


ruinerez leur vie. »

« Discipl inez vos enfants tant qu'ils sont assez jeunes pour
apprendre, sinon vous contribuerez à les détruire. »

« Disciplinez vos enfants tant que vous en avez l'occasion , car


excuser leurs faux-pas les détruit. »

Si vous avez de jeunes enfants, vous savez qu'ils sont


influençables. C'est le moment de vous investir au maximum en leur
faveur. Si vous attendez qu'ils soient aussi grands que vous, vous leur
laisserez largement le temps de se détruire.
Si vos enfants sont presque adultes , assumez votre part de
responsabilité dans leurs mauvais choix, puis faites tout votre
possible pour les sauver. Comme vous avez beaucoup tardé, vous
risquez de ne pas avoir de succès à court terme. Aussi, visez le long
terme, et faites votre devoir. Il n'est jamais trop tard pour redresser la
barre.
Troisièmement, les familles en péril ne réagissent pas
rapidem ent et radicalem ent lorsque d'autres les m ettent en garde.
Écoutez leurs professeurs. Même s'ils vous paraissent avoir une dent
contre votre enfant, c'est rarement le cas. Prenez au sérieux leurs
avertissements et réagissez vite. Écoutez votre pasteur et le dirigeant
du groupe de jeunes de votre assemblée. Si un policier sonne à votre
porte, prêtez l'oreille à ses paroles.
Ne vous hâtez pas de défendre votre enfant. Prenez au moins le
temps d'écouter l'intégralité du rapport. Posez des questions qui vont
droit au but pour être sûr de saisir toute la situation, puis réfléchissez

1 19
L' H I STOIRE FASCI NANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

à ce que vous avez entendu . Si vous êtes sûr que c'est la vérité ,
creusez plus profondément la question et prenez toutes les mesures
nécessaires pour la régler. Sans réagir de façon trop impulsive , ne
soyez pas non plus comme É l i , qui n'a pas écouté l'avertissement de
l'homme de Dieu (voir I Samuel 2 .27) et qui , par la suite , a payé cher
sa négligence.
Quatrièmement , l es familles à risque justifi ent la m auvais e
conduite, amplifiant ainsi le problèm e. Él i a pris part aux méfaits de
ses fils, car il a consommé de la graisse que ses fils avaient volée .
Relisez I Samuel 2 .29 et essayez de vous imaginer la scène que Dieu
a dépeinte à É li

« Pourquoi foulez-vous aux pieds mes sacrifices et mes offrandes,


que j 'ai ordonné de faire dans ma demeure ? Et d 'où vient que tu
honores tes fils plus que moi, afin de vous engraisser des prémices
de toutes les offrandes d'Israël, mon peuple ? »
(italiques ajoutées)

Éli justifiait et excusait les péchés de ses fils en consommant de


la viande qui avait été volée sur l'autel.
Revenons à Samuel, l'enfant qui entendit la voix de Dieu . Les
dernières phrases de cet épisode nous montrent que la léthargie
spirituelle d'Israël était sur le point de se termi ner brutalement.
Samuel allait tirer la nation de son assoupissement et l'inciter à agir :

« Samuel grandissait. L' Éternel était avec lui, et i l ne laissa


tomber à terre aucune de ses paroles . Tout Israë l , depuis Dan
jusqu 'à Beer-Schéba, reconnut que Samuel était établi prophète
de l ' Éternel . L'Éternel continuait à apparaître dans S ilo ; car
l ' Éternel se révélait à Samue l , dans Silo, par la parole de
l ' Éternel. »
( 1 Samuel 3 . 1 9-2 1 )

Un homme d'action entrait en scène ; il allait mettre un terme à


la sécheresse spirituelle d'Israël . Malgré son jeune âge, non seulement
il écoutait l'Éternel , mais il obéissait à sa voix.

1 20
.Samuel, 1111 9arço11 'l''i c11te11dit la voix de 'l>icu

FAI TES Q U ELQ U E C H OSE . . . E N GAGE Z - VOUS


En méditant cela et en évaluant la condition de votre famille,
souvenez-vous qu'il ne suffit pas d'entendre la vérité. L'action est
essentielle. Il est très rare que le Seigneur bénisse quelqu'un juste
pour l'avoir écouté. La foi est active ! Les bénédictions divines sont
presque toujours liées à l'obéissance. Selon les Écritures, la
connaissance enfle d'orgueil ( 1 Corinthiens 8 . 1), mais l'action nous
rend humbles. De plus, des problèmes comme ceux d'Éli ne se
résolvent pas d'eux-mêmes. Ils ne font que se multiplier et
s'intensifier avec le temps. Si vous tolérez des actes de rébellion et
des conflits charnels dans votre famille sans jamais les régler, ils
deviendront des cadeaux de mariage indésirables lorsque vos enfants
se marieront.
Si vous êtes parvenu à la conclusion que votre famille est en
danger, décidez de réagir et non de rester passif. Refusez d'être
comme Éli. À la fin, malgré le succès de son ministère, Dieu lui a
reproché son échec familial. .. et l'a jugé en conséquence.
Ne vous exposez pas à ce traitement.

12 1
CHAPITR E S E PT

L
es gens ne manquent jamais de nous fasciner. Comme vous,
probablement, je ne me lasse pas de les découvrir. Il n'y a pas
deux vies identiques; chaque personne a une histoire
différente. Néanmoins, j'ai remarqué que leur parcours se classe le
plus souvent dans l'une des quatre catégories suivantes.
C ertains ressemblent à des voitures de course sur une piste de
vitesse. Ils sont rapides comme l'éclair. Ils sont actifs, très motivés, ne
s'arrêtent jamais (à part pour manger), se reposent le moins possible
et ne ralentissent quelques instants que pour repartir de plus belle. Et
cependant, malgré leur vitesse et leur fureur, ils ne font rien de
vraiment probant. Ils se livrent à une foule d'activités auxquelles ils
se dévouent corps et âme, mais quand la coursé est finie, leur vie est
comme leur réservoir vide. Ils n'accomplissent pas grand chose au
cours des années que Dieu leur accorde. Ils n'ont aucun impact.
D'autres sont comm e des météores, traversant l'espace jusqu'à ce
qu'ils percutent le monde en un éclair aveuglant. Ils deviennent
célèbres grâce à l'une de leurs performances ou parce qu'ils
s'engagent dans une remarquable entreprise. Mais peu après avoir
captivé les foules, ils s'écrasent et se consument. Le monde qui a
allumé leur flamme et qui les a fait brûler d'un feu éclatant les a
calcinés. Comme les précédents, ils n'ont aucune influence durable,
et les foules se demandent : « Qu'est-il arrivé à . . . ? »
D'autres nous rappellent de profonds fleuv es paisibles. Ce sont
des gens fidèles, persévérants, généreux, encourageants, puissants
sans faire de vagues et mystérieux. Ils aiment faire usage de leur force

1 23
L' H I STO I R E FA SC I N A NTE DE CES P E R S O N N AGES M ÉCO N N U S

silencieuse presque illimitée pour porter les autres. Satisfaits de


laisser les autres s'appuyer sur eux, sachant qu'ils ne seront jamais
sous les feux .des projecteurs, ils continuent simplement à accomplir
leur destinée. Et lorsqu'ils arrivent à bon port, c'est entourés d'une
quantité de gens auxquels ils ont fait du bien.
D 'autres, enfin, sont comme les pentes d'un toit. Leur vie monte
au sommet et redescend au fil du temps. Dieu les a dotés de multiples
talents : une intelligence supérieure, un physique de rêve, une
assurance à toute épreuve et tous les atouts pour réussir. Il s'agit de
jeunes gens prometteurs au sujet desquels les anciens disent
« Gardez l'œil sur eux ; ils iront loin ! » Et effectivement, quand on
leur donne de grosses responsabilités, ils se mettent à les assumer
parfaitement. Et puis. . . quelque chose se passe. Peut-être une
succession d'événements. Alors qu'ils sont au zénith, ils commencent
à dévaler la pente, et ils continuent à descendre jusqu'à la fin de leur
vie. Ces personnes brillantes semblent s'enliser. À la surprise
générale, celles qui avaient si bien commencé ne tardent pas à se
caractériser par la rébellion, le scandale, la tromperie, l'embarras et,
en fin de compte, la faillite totale.
La Bible les contient tous - le coureur automobile frénétique,
le météore éphémère, le fleuve énigmatique et la pente ascendante et
descendante du toit. Hélas, ce dernier cas est le plus commun de tous.
Beaucoup de héros bibliques ont pris un excellent départ, puis ont
décliné longuement et lamentablement.
Telle a été la vie de Saül, le roi qui refusait de plier.
L'histoire tragique de ce monarque me rappelle que l'impact de
toute une vie - positif ou négatif, grand ou petit - ne peut être
mesuré avec exactitude qu'une fois celle-ci terminée. Ne cédez pas à
la tentation de vous forger une opinion hâtive sur certaines personnes,
en particulier sur celles qui sont particulièrement douées. Certes,
soyez bienveillant et accordez à tous le bénéfice du doute, mais
souvenez-vous que la fin d'une vie est plus révélatrice que son
commencement, Quand j'ai le privilège d'adresser un message à des
universitaires fraîchement diplômés, je leur dis souvent : « Je ne vous
congratule pas aujourd'hui. Revenez me voir dans trente ans et nous
en reparlerons. Aujourd'hui, je vous félicite pour vos quatre, cinq ou
six ans d'études supérieures, mais lorsque vous aurez travaillé avec

124
S11ül, le roi qu i ref,1s11il de plier

persévérance pendant une trentaine d'années, je vous applaudirai à


tout rompre » .
Un proverbe du dix-neuvième siècle exprime exactement cette
idée : « C'est quand un arbre est tombé qu'on se rend le mieux compte
de sa hauteur » . Dieu nous a dévoilé le parcours du premier roi
d'Israël, Saül , qui est maintenant « tombé » . Il nous invite à compter
ses cercles et à mesurer sa stature spirituelle.
Dans son livre Mark These Men (Donnez une note à ces
hommes) , J. Sidlow Baxter décrit Saül en ces termes :

« Saül, le premier roi d'Israël, est l'un des personnages les plus
frappants et tragiques de l'Ancien Testament . . . D'une certaine
manière, il est très grand , et d'une autre tout petit. D'une certaine
manière , il est séduisant et imposant, et d'une autre , il est
vraiment affreux . Il est à la fois un géant et un nain, un héros et
un renégat, un roi et un esclave, un prophète et un dépravé, un
homme oint de Dieu et possédé de Satan. Il a commencé de façon
très prometteuse, puis il a dévalé la pente, et il a eu une fin si
abominable que sa chute sert d'avertissement à tous ceux qui
veulent la lire, y réfléchir et en tirer une leçon . » L '

Lorsque j'interroge un candidat à un poste de responsable pour


notre église Stonebriar Community ou pour lnsight for Living , je lui
demande souvent de me citer l'épitaphe qu'il souhaite voir figurer sur
sa pierre tombale. « Qu'aimeriez-vous y voir gravé ? » La réponse
m'en dit long sur les valeurs, la vision et l'image de soi de mon
interlocuteur. Un jour, Saül a énoncé sa propre épitaphe, et le
Seigneur l'a conservée pou_r que nous nous en souvenions tous. Le roi
a dit : « J'ai agi comme un insensé, et j'ai fait une grande faute » ( 1
Samuel 26.2 1).
Ces six mots auraient pu servir d'épitaphe à Saül : J'ai agi
comme un insensé.
Pendant que j'écris ce chapitre - des mois, voire même des
années avant que vous teniez entre les mains ce livre terminé - je me
demande dans quelle catégorie vous vous rangez. Votre vie
ressemble-t-elle à un toit en pente ? Et si le Seigneur m'avait poussé
à écrire ce chapitre pour vous qui allez atteindre un point critique ?

125
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE C ES P E R S O N N A G ES M ÉCO N N U S

Peut-être êtes-vous sur le point de prendre une décision cruciale


qui va causer votre perte. Peut-être êtes-vous à proximité d'un
carrefour essentiel où les choix que vous al lez effectuer vous
orienteront vers un chemin qui s'approche de Dieu ou, au contraire,
s'en éloigne . La façon dont vous choisissez de considérer les choses
fera toute la différence .
Si vous êtes confronté à un grand dilemme moral et que vous
connaissez la volonté divine à ce sujet, mais que vous luttez contre
elle, ce chapitre est pour vous. Lisez-le lentement . Marquez de
nombreuses pauses pour réfléchir. Demandez au Seigneur de vous
révéler tout ce que vous avez besoin de voir, d'abord à propos de Saül,
ensuite à votre sujet et à celui de votre avenir. En lisant, gardez en tête
les paroles de Jésus : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes
vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous
affranchira » (Jean 8 .3 1 -32, italiques ajoutées).

LA P U I S S A NC E D ' U N E S I M PL E D ÉC I S IO N

Depuis l a mort de Josué jusqu'à la prise d e pouvoir de Saül sur


Israël , le gouvernement hébreu n'était pas une monarchie comme la
plupart des nations environnantes. Les théologiens l'ont qualifié de
théocratie - « règne de Dieu ». L' Éternel dirigeait lui-même Israël .
Il dictait ses lois et gouvernait par les prophètes et les sacrificateurs .
Chaque région attendait d'un juge ce que la plupart des autres cultures
demandaient à leur roi . Il ( ou parfois elle) menait le peuple au
combat, tranchait les affaires civiles et faisait appliquer la loi divine.
Samuel jugeait tout Israël avec Dieu qui régnait en maître sur le
peuple hébreu. En ce sens, les Israélites ne ressemblaient à aucune
autre nation de la terre, puisqu'ils considéraient l'Éternel comme leur
chef, le Créateur invisible , le Dieu d'Abraham , d'Isaac et de Jacob, le
Tout-Puissant qui avait vaincu l'Égypte , ouvert la mer Rouge et
conquis Canaan . Néanmoins, de même que la génération qui avait
erré dans le désert s'était lassée de la manne , le peuple se fatigua de
la théocratie. 1 Samuel 8 . 1 nous dit pourquoi :

« Lorsque Samuel devint vieux , il établit ses fils juges sur Israël.
Son fi ls premier-né se nommait Joël , et le second Abija ; ils

1 26
Saii/, le roi qu i reJ,,sail ,le plier

étaient juges à Beer-Schéba. Les fils de Samuel ne marchèrent


point sur ses traces ; ils se livraient à la cupidité, recevaient des
présents, et violaient la justice . Tous les anciens d ' I sraël
s' assemblèrent, et vinrent auprès de Samuel à Rama . Ils lui
dirent : Voici, tu es vieux , et tes fils ne marchent point sur tes
traces ; maintenant, étab_l is sur nous un roi pour nous juger,
comme il y en a chez toutes les nations. »
( 1 Samuel 8 . 1 -5 )

Ces versets nous dévoilent les trois raisons pour lesquelles le


peuple voulait un roi . Premièrement, Samuel était âgé et ne pouvait
pl us diriger correctement la nation . Deux ièmement , ses fils se
comportaient si mal que le peuple ne les respectait pas . Et
troisièmement , les Israél ites voulaient être « comme les autres
nations » .
Avant d'aller plus loin , attardons-nous quelques instants sur un
point particul ièrement intéressant. Au dernier chapitre , nous avons vu
qu' Él i ne parvenait pas à guider ses fils. Maintenant , nous constatons
qu'apparemment, Samuel n'a pas fait mieux . Les Écritures ne nous
laissent pas d'informations détaillées sur sa façon d'élever ses enfants,
mais la similarité remarquable entre les fils de Samuel et ceux d' Éli
nous permet de tirer nos propres conclusions. Éli était un excellent
sacrificateur et un juge fidèl e , mais un mauvais père .
M alheureusement, Samuel a marché sur ses traces. Ses fils sont
devenus des responsables aussi dépravés que ceux d' É l i .
Selon le verset 6 , cette requête déplut à Samuel , qui porta
l'affaire devant le Seigneur :

« L'Éternel dit à Samuel : Écoute la voix du peuple dans tout ce


qu'il te dira ; car ce n'est pas toi qu' ils rejettent, c 'est moi qu' ils
rejettent, afin que je ne règne plus sur eux . Ils agissent à ton égard
comme i l s ont toujours agi depuis que je les ai fait monter
d ' Égypte jusqu'à ce jour ; ils m'ont abandonné , pour servir
d' autres dieu x . Écoute donc leur voix ; mais donne-leur des
avertissements, et fais-leur connaître le droit du roi qui régnera
sur eux. »
( 1 Samuel 8 .7-9)

127
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSO N N AGES MÉCONNUS

C'était un moment crucial dans la vie d'Israë l . Remarquez


comment l'Éternel a interprété leur décision : « ce n 'est pas toi qu' ils
rejettent, c 'est moi qu ' ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux » .
C'est extrêmement significatif. Rejeter le règne d e Die u , a u
profit d e ce q u i semble être u n meilleur plan , a fait surgir u n gros
problème dans tout Israël et une série de complications dans ce récit.
Néanmoins, l 'avertissement suivant vient du cœur d'un Père
compatissant. À l'instar d'un père qui voit son fils fermement résolu
à maintenir une conduite qui lui infligera de grands crève-cœur par la
suite , le Dieu paternel d'Israël leur énonce les conséquences qu'ils
subiront en se soumettant à un roi humain.

« Samuel rapporta toutes les paroles de l 'Éternel au peuple qui lui


demandait un roi . I l dit : Voici quel sera le droit du roi qui régnera
sur vous. li prendra vos fils, et il les mettra sur ses chars et parmi
ses cavaliers, afin qu 'ils courent devant son char ; il s 'en fera des
chefs de mille et des chefs de cinquante, et il les emploiera à
labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes
de guerre et l'attirail de ses chars. li prendra vos filles, pour en
faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. li
prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de
vos oliviers, et la donnera à ses serviteurs. Il prendra la dîme du
produit de vos semences et de vos vignes, et la donnera à ses
serviteurs . JI prendra vos serviteurs et vos servantes , vos
meilleurs bœufs et vos ânes, et s'en servira pour ses travaux . li
prendra la dîme de vos troupeau x , et vous-mêmes serez ses
esclaves. »
( 1 Samuel 8 . 1 0- 1 7 , italiques ajoutées)

Remarquez combien de fois Samuel a répété : « Il prendra » . Le


plus souvent, les rois de la terre prennent plus qu'ils ne donnent. Un
royaume est fait pour un roi et la nation se consacre à le servir, et non
l'inverse . Lorsqu'un homme accède au trône, il devient le centre de
l'attention générale, et quand un royaume appartient à Dieu, comme
dans le cas d'Israël , cela représente un gigantesque conflit d'intérêts.
Cependant , le peuple hébreu était fermement résolu à avoir un roi ,
exactement comme l 'Éternel l 'avait prédi t par l'intermédiaire de
Moïse dans Deutéronome 1 7 . 1 4-20. Afin que le peuple sache ce qui

1 28
Saiil, le roi qui refi1s11il tk plier

l'attendait , Dieu lui lança ce dernier avertissement par la bouche de


Samuel : « Et alors vous crierez contre votre roi que vous vous serez
choisi , mais l'Éternel ne vous exaucera point » ( 1 Samuel 8 . 1 8).
En effet, le Seigneur (comme le ferait un parent) a dit : « Vous
êtes résolus à suivre ce chemin - qui vous causera certainement des
soucis - et je ne vous arrêterai pas . Vous avez rejeté ma voie au
profit de la vôtre . Par conséquent , vous récolterez ce que vous avez
semé . »

« Le peuple refusa d'écouter la voix de Samuel . Non ! dirent-ils,


mais il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme
toutes les nations ; notre roi nous jugera, il marchera à notre tête
et conduira nos guerres. »
( 1 Samuel 8 . 1 9-20)

Ne dirai t-on pas une discussion entre un père et son fi l s


adolescent ? Malgré toutes les explications, malgré les mises e n garde
précises, le peuple s'obstine . Regardez la base de leur raisonnement :
« nous aussi nous serons com me toutes les nations » . Pour être
comme les autres , i l s étaient prêts à tout risquer, leur particularité ,
leurs biens e t leur sécurité, leur direction , leur identité, leur objectif
fixé par Dieu et leur destinée. Le Seigneur a appelé Abraham et a
affermi sa foi afin qu'il donne naissance à une nation fidèle dont Dieu
serait le roi , mais Israël , tel un adolescent entêté , n'a rien voulu
entendre . Aussi Dieu paternel a-t-i l laissé le peuple d'Israël suivre sa
route .
Parfois, l'Éternel nous laisse agir à notre guise en sachant que
nous en souffrirons. Comme il est bon , nous sommes sûrs que s'il
existait un autre moyen de nous donner une leçon , il l'emploierait .
Mais hélas, seules nos pénibles expériences nous instruisent . Les
conséquences éprouvantes n'ont pas leur pare i l pour nous faire
progresser.

UN D É B UT P R O M ETTE U R
Après avoir exposé la situation sociale , pol itique et théologique ,
nous sommes prêts à rencontrer Saül , le premier roi d'Israël , le
monarque qui a refusé de plier. Remarquez comment la Parole de

1 29
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G ES M ÉCO N N U S

Dieu nous le présente. La première impression que nous avons de lui


est excellente !

«Il y avait un homme de Benjamin, nommé Kis, fils d' Abiel, fils
de Tseror, fils de Becorath , fils d'Aphiach, fils d'un Benjamite.
C'était un homme fort et vaillant. Il avait un fils du nom de Saül,
jeune et beau, plus beau qu'aucun des enfants d'Israël, et les
dépassant tous de la tête. »
(1 Samuel 9.1-2)

Quel candidat ! Aurait-on pu faire meilleur choix ? Il venait


d'une bonne famille. C'était le fils d'un guerrier vaillant et honorable,
au nom de famille prestigieux. Il était grand, impressionnant et très
séduisant. Il était aussi viril, jeune et fort.
Si vous êtes enclin à penser que notre génération est plus
superficielle que les précédentes, cela vous prouve que rien n'a
changé. Pour on ne sait quelle raison, l'apparence, l'image, le
charisme et le style influent sur le succès. Quand Israël a voulu un roi,
il trouva un spécimen idéal en Saül. De plus, c'était un garçon très
modeste. Quand on lui apprit qu'il allait être roi d'Israël, il a répliqué :
« Ne suis-je pas Benjamite, de l'une des plus petites tribus d'Israël ?
et ma famille n'est-elle pas la moindre de toutes les familles de la
tribu de Benjamin ? Pourquoi donc me parles-tu de la sorte ? » ( 1
Samuel 9.2 1).
Les chapitres 9 et 10 nous montrent que Saül était un homme
discret, qui voulait faire confiance à Dieu, avait un esprit généreux,
parlait pour Dieu et était plein d'énergie et d'inspiration. Et comme
c'était un homme remarquablement prometteur, Samuel lui a certifié
qu'il serait rempli de !'Esprit de Dieu

« L'Esprit de l'Éternel te saisira, tu prophétiseras avec eux , et tu


seras changé en un autre homme. Lorsque ces signes auront eu
pour toi leur accomplissement, fais ce que tu trouveras à faire, car
D ieu est avec toi. »
(1 Samuel 10.6-7)

130
Saiil, le roi q ui refu sait de plier

Le vieux prophète était prêt à présenter Saül à la nation comme


son roi, mais afin de s'assurer que tout le monde voyait que c'était
Dieu qui l'avait désigné et non lui, il a employa un procédé dont nous
avons déjà parlé. Vous souvenez-vous de la façon dont Israël a pâti de
la présence d'un « péché dans le camp » et de la manière dont Josué
a trouvé le coupable ? Samuel rassembla la nation dans un lieu de
réunion traditionnel, et dit : « Présentez-vous maintenant devant
l'Éternel, selon vos tribus et selon vos milliers » ( 1 Samuel 1 0. 1 9).

« Samuel fit approcher toutes les tribus d' Israël , et la tribu de


Benjamin fut désignée . I l fit approcher la tribu de Benjamin par
familles, et la famille de Matri fut désignée. Puis Saü l , fils de Kis,
fut désigné . On le chercha, mais on ne le trouva point. »
( 1 Samuel 1 0.20-2 1 )

Quand le lancer de dés dirigé par Dieu a désigné Saül comme


nouveau roi et que le peuple a voulu le couronner, il n'a pas pu le
trouver. Pourquoi ?

« On consulta de nouveau l'Éternel : Y a-t-il encore un homme


qui soit venu ici ? Et l 'Éternel dit : Voici , il est caché vers les
bagages. »
( 1 Samuel 1 0 .22)

L'une des principales qualités que je recherche chez un éventuel


responsable ou employé de l'église est la modestie. Je veux qu'il (ou
elle) ait de l'assurance, mais aussi une certaine appréhension. C'est
pour moi la preuve qu'il voit bien quel rôle nous attendons qu'il joue.
C'est impressionnant ! Une personne humble s'appuie sur le Seigneur
pour réussir et court donc beaucoup moins de risques d'échouer. Je
me méfie des gens qui cherchent les feux de la rampe.
Je pense que la candidature de Saül aurait retenu toute mon
attention. Il était vraiment modeste. Au lieu de s'élancer devant la
foule en comptant sur l'assentiment général, prétendant avec audace
à la couronne et au trône d'Israël, il s'est dissimulé derrière les
bagages.

131
L' H I STOI R E FA S C I N A NTE DE C E S P E R S O N N AG ES M ÉCO N N U S

« Samuel d i t à tout l e peuple : Voyez-vous celui que l'Éternel a


choisi ? Il n'y a personne dans tout le peuple qui soit semblable à
lui . Et tout le peuple poussa les cris de : Vive le roi ! »
( I Samuel 1 0 .24)

Quand le peuple eut trouvé son nouveau roi , il explosa de joie,


et c'est compréhensible. Ce fut un jour glorieux. Saül était grand , fort ,
modeste, et sa nation l'acceptait sans réserve. D'un point de vue
humain, c'était le beau commencement d'une nouvelle ère ( . . . d'un
point de vue humain). Les Israél ites poussèrent un soupi r de
satisfaction et dirent : « Enfin, nous avons ce que nous voulions et ce
dont nous avions besoin. Comme les autres peuples , nous possédons
maintenant un dirigeant fort et puissant. Notre sécurité est assurée !
Nous pouvons désormais rivaliser avec les autres empires ! » Ce jour­
là, on a dû danser dans les rues !
Mais pour Dieu , c'était une triste journée. Son peuple avait rejeté
sa royauté au profit d'une séduisante star de cinéma. Contrairement à
tous ces gens en liesse, l'Éternel savait que pour Israël, ce n'était pas
le début d'une ère de gloire , mais d'un désastre imminent.

LE M O M ENT D É C I S I F
D'un jour à l'autre , l a cote de popularité de Saül explosa. Il
s'avéra être un guerrier brave et compétent , un fin stratège et un
leader énergique . Lorsque les Ammonites passèrent à l'attaque , il
réagit fermement, avec détermination et bravoure . Cela lui valut la
confiance du peuple ainsi qu'un magnifique discours élogieux de
Samuel. Mais n'oubliez pas que cette histoire est une tragédie . Saül
est au faîte du toit, mais il va vite dévaler la pente .
Après cette heure de gloire , la vie de Saül a commencé à
péricliter. Il fut lui-même son pire ennemi , rempli d'orguei l ,
d'impatience , de rébellion, de jalousie e t de pulsions meurtrières.
Pendant de longues et lamentables années, i l est devenu un être
déséquilibré, insensé et pathétique . En fin de compte, il s'est suicidé .
Le mal a commencé à envahir sa vie comme des eaux poll uées
s'infiltrent en profondeur dans un port , à la faveur de la nuit. Personne
n'a rien vu, mais lentement et sûrement , son âme s'est infectée. Les

132
.Suül, le roi q ui refiw,it de plier

Écritures nous dépeignent la déchéance de Saül au cours de trois


scènes brèves, mais révélatrices : son arrogance à Guilgal, son
obsession de gagner et sa désobéissance en ce qui concerne Amalek.

L ' A R ROG A N C E DE S A Ü L À G U I LG A L
Le premier signe inquiétant se trouve dans 1 Samuel 13, où nous
observons une marque subtile d'irrespect au travers d'un acte
présomptueux. Les versets 1 à 4 nous apprennent que Saül s'est battu
contre les Philistins, ce qui était légitime. Les Hébreux vivaient dans
la terre promise d'Israël, et les Philistins leur étaient très hostiles. Ce
peuple corrompu s'opposait aux Hébreux depuis des générations.
Lorsque Saül a provoqué ces farouches adversaires, il a dû mobiliser
les Israélites afin de les préparer à mener une guerre totale, si bien
qu'il a rassemblé son armée à Guilgal. Ses ordres venus de Dieu par
l'intermédiaire de Samuel étaient simples :

« Puis tu descendras avant moi à Guilgal ; et voic i , je descendrai


vers toi , pour offrir des holocaustes et des sacrifices d'actions de
grâces. Tu attendras sept jours, jusqu'à ce que j'arrive auprès de
toi et que je te dise ce que tu dois faire. »
( 1 Samuel 1 0.8)

C'était un test décisif pour 1� nation et le nouveau roi. N'oublions


pas la raison pour laquelle le peuple voulait un roi

« . . . il y aura un roi sur nous, et nous aussi nous serons comme


toutes les nations ; notre roi nous jugera, il marchera à notre
tête et conduira nos guerres. »
( 1 Samuel 8 . 1 9-20, italiques ajoutées)

Le roi faisait exactement ce qu'on attendait de lui. Saül avait


lancé un appel et, à Guigal, il attendait que les hommes d'Israël
mettent leur foi en action, afin de pouvoir les lancer à l'assaut de leur
pire ennemi. Saül allait être mis à l'épreuve. �uivrait-il l'Éternel dans
les combats, comme l'avait fait Josué ? Ou traiterait-il lui-même ses
affaires et essaierait-il de rallier le Seigneur à sa cause ?

133
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

E n attendant que les troupes arrivent, la situation devint


dramatique . Les Philistins avaient mis au point un processus pour
faire des armes en métal : ils savaient découper le bronze en lamelles .
De plus, ils avaient des quantités de chars, qui étaient l'équivalent de
nos tanks actuels. Et non seulement ils étaient supérieurs
numériquement , mais leurs soldats étaient expérimentés et aguerris .
Il n'est donc pas surprenant que l'armée de Saül ait été e n déroute .
Ceux qui ne se sauvèrent pas furent terrorisés.

« Les hommes d ' Israël se virent à l 'extrémité , car ils étaient


serrés de près, et ils se cachèrent dans les cavernes , dans les
buissons, dans les rochers, dans les tours et dans les citernes. I l y
eut aussi des Hébreux qui passèrent le Jourdain, pour aller au
pays de Gad et de Galaad. Saül était encore à Guilgal , et tout le
peuple qui se trouvait auprès de lui tremblait. »
( 1 Samuel 1 3 .6-7)

Saül attendit patiemment que Samuel arrive, tout en voyant son


armée se disséminer. Il devait patienter pendant sept jours, au bout
desquels le prophète arriverait, offrirait des sacrifices et communiquerait
les plans de bataille du Seigneur.
Cinq jours . . . des centaines d'israélites se tapissent dans les
fourrés .
Six jours . . . le camp des Philistins grossit.
Sept jours . . . les murmures des Hébreux s'amplifirent . La
mutinerie n'est pas loin.
Et Samuel n'arrivait toujours pas ! Huit jours et l'armée d'Israël
allait être réduite à néant. Saül se dit qu'il faut faire quelque chose ,
n'importe quoi . La patience fit place à la panique . Il prit donc les
choses en main

« I l attendit sept jours , selon le terme fixé par Samuel . Mais


Samuel n'arrivait pas à Guilgal, et le peuple se dispersait loin de
Saül . Alors Saül dit : Amenez-moi l 'holocauste et les sacrifices
d'actions de grâces. Et il offrit l 'holocauste. »
( 1 Samuel 1 3 .8-9)

1 34
Saül, le roi q ui refusai/ de plier

Les actes de Saül ont dévoilé au moins trois grandes erreurs.


Premièrement, les rois n'étaien t pas censés offrir des sacrifices
en faveur de la communauté. Ils pouvaient en offrir pour eux-mêmes,
mais jamais pour la nation. Ce rôle était dévolu aux sacrificateurs.
Deuxièmement , c'était Samuel qui devait commun iquer Les
plan s de bataille de l'Éte rnel. Saül était tenu de l'attendre. Mais
comme il fixait ses yeux sur le cadran solaire et son armée en déroute,
il a agi inconsidérément, avec précipitation. Ce qui a réduit son
sacrifice à un rituel insignifiant qui ressemblait davantage à ceux des
païens qu'à ceux des Hébreux. Les généraux païens décidaient du
moment et du lieu des attaques, mobilisaient leurs troupes et ensuite,
offraient un sacrifice à leurs dieux pour gagner leurs faveurs. Les
sacrifices des Hébreux, par contre, étaient des actes de soumission, et
non des marchés.
Troisièmement, point capital pour notre étude, Saül a pris la
décision de compter sur lui-même au momen t critique. Sa décision
d'offrir un sacrifice et de passer à l'attaque était basée sur le bon sens
(du moins d'un point de vue humain). Tout comme le désir d'Israël
d'avoir un roi humain et son acceptation de Saül étaient basés sur
l'apparence extérieure de celui-ci, le nouveau roi était prêt à partir
affronter l'ennemi avec une stratégie humaine. Peut-être judicieuse,
mais néanmoins humaine.
Vous souvenez-vous de la victoire à Jéricho ? Qui aurait pu
deviner le plan de bataille divin ? Imaginez le désastre qui se serait
produit si Josué avait raisonné en termes purement humains ! Mais il
a suivi à la lettre les instructions très étranges de l'Éternel, et les murs
de la forteresse imprenable se sont écroulés.
Nous servons un Dieu dont la puissance et la créativité sont sans
limites. Pourquoi vouloir compter sur nos propres ressources pour
remporter une victoire qu'il a promis d'accorder par sa puissance ?
Quand nous ne pensons qu'à nos capacités, à notre force et à notre
ingéniosité, nous agissons avec précipitation, et nous nous privons
toujours de joies et de bénédictions. Le Seigneur veut nous donner au­
delà de ce que nous désirons, mais nous le limitons en entravant ses
plans avec nos solutions hâtives et maladroites.
Saül a manqué de foi. Il a vu son armée s'évaporer comme de
l'eau et la ville de Micmash être envahie par se_s ennemis. Il a estimé

1 35
L' H I ST O I R E FA S C I N A N TE DE CES P ER S O N N A G ES MÉCO N N U S

que le délai de sept jours était passé et que Samuel était en retard. Et
il a renversé le protocole en revêtant la tenue du sacrificateur en
même temps que sa couronne et son cachet, tentant de faire de l'autel
un instrument de pouvoir, alors qu'il n'avait aucun droit d'agir ainsi.
Lorsqu'une personne est dans cet état, à un certain moment de sa
vie, elle s'engage sur la pente glissante de l'orgueil et de l'arrogance.
Elle confond alors les rôles et les responsabilités de chacun. Elle se
met à tout régenter et, ce faisant, elle s'estime noble et juste. Observez
la réaction de Saül face à Samuel. Remarquez à quel point il se
justifie, se fourvoie et rejette le blâme sur les autres

« Comme il achevait d'offrir l ' holocauste, voici , Samuel arriva,


et Saül sortit au-devant de lui pour le saluer. Samuel dit : Qu 'as­
tu fait ? Saül répondit : Lorsque j 'ai vu que le peuple se dispersait
loin de moi , que tu n ' arrivais pas au terme fixé, et que les
Philistins étaient assemblés à Micmasch, je me suis dit : Les
Philistins vont descendre contre moi à Guilgal , et je n'ai pas
imploré l 'Éternel ! C'est alors que je me suis fait violence et que
j 'ai offert l 'holocauste . »
( 1 Samuel 1 3 . 1 0- 1 2)

Il a en quelque sorte déclaré : « Je veux dire que je... je n'ai pas


pu m'en empêcher. Mes mains ont agi par réflexe ! Ça... ça m'est
arrivé, un point c'est tout. En fait, il a absolument fallu que je le fasse.
Je ne le voulais pas, mais tu étais en retard, les ennemis grouillaient
partout et le temps était compté. En fait, c'est de ta faute et non de la
mienne ». Mais c'est faux! Il s'agissait d'une désobéissance délibérée
reposant sur la présomption et l'arrogance. Et Samuel l'a souligné
« Samuel dit à Saül : Tu as agi en insensé, tu n'as pas observé le
commandement que l'Éternel , ton Dieu, t'avait donné » ( 1 Samuel
1 3.1 3).
La confrontation est rarement agréable, mais souvent nécessaire.
Nous avons tous besoin d'un Samuel, de quelqu'un qui pense
davantage à nous édifier qu'à nous flatter. Souvent, la franchise
aimante oblige à dire catégoriquement : « Tu as mal agi ». Ce n'est
jamais facile à entendre, mais lorsque cela vient d'un ami chrétien en
qui nous avons confiance, nous devons y prendre garde. Dans ce cas,

1 36
Saiil, le roi qui refi,sait de plier

la situation était beaucoup plus dramatique que Saül le pensait. Soyez


attentif à la suite de la réprimande de Samuel

« Samuel dit à Saül : Tu as agi en insensé, tu n ' as pas observé le


commandement que l ' Éternel , ton Dieu , t' avait donné . L'Éternel
aurait affermi pour toujours ton règne sur Israël ; et maintenant
ton règne ne durera point. L'Éternel s 'est choisi un homme selon
son cœur. et l ' Éternel l ' a destiné à être le chef de son peuple ,
parce que tu n ' as pas observé ce que l ' Éternel t ' avait
commandé. »

( 1 Samuel 1 3 . 1 3- 1 4)

Pour le roi d'Israël, l'obéissance n'est pas négociable. Si Saül


était devenu trop sûr de lui, cet avertissement remit les choses au
point. De même, nous ferions bien de nous souvenir que nul n'est
irremplaçable. Personne n'est puissant au point de ne pas pouvoir être
remplacé en un clin d'œil. Les postes à responsabilité s'accompagnent
d'une bonne dose de pouvoir. Généralement, plus on a d'autorité, plus
on a de pouvoir. Et si nous n'y prenons pas garde, nous risquons de
nous imaginer que notre puissance et notre autorité nous garantissent
une certaine sécurité. Mais c'est faux ! Le Seigneur exige davantage
de responsabilité à ceux qui ont le plus d'autorité, et j'ai vu de
nombreuses personnes être dépouillées de leur poste élevé par
) 'Éternel, à leur grande consternation.
Saül est parvenu au sommet juste avant cet incident, et la
réprimande divine exprimée par Samuel a marqué un tournant
décisif. Le roi y a appris que Dieu le destituait de son trône et lui avait
choisi un remplaçant. Ce qui s'est passé ensuite prouve que depuis le
début, Saül se méprenait sur sa position

« Pu is Samuel se leva, et monta de G u i l gal à Gu ibea de


Benjami n . Saül fit la revue du peuple qui se trouvait avec lui ; i l
y avait environ s i x cents hommes. »

( 1 Samuel 1 3 . 1 5)

Cela me stupéfie. Si j'avais appris une telle nouvelle, je serais


tombé à genoux pour implorer Dieu de me pardonner. Mais Saül n'a

137
L' H I STO I R E FASC I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

pas réagi ainsi. Il a fait comme si Samuel ne lui avait rien dit. Il
poursuivit ses plans, prouvant ainsi qu'il ne prenait pas au sérieux
l'Éternel. Il se préoccupait davantage des circonstances que de Dieu.
Lorsqu'une personne est a atteint le sommet et qu'elle glisse sur
la pente descendante, elle est si obnubilée par ses activités égoïstes et
si préoccupée par son image qu'elle pense davantage à plaire aux gens
qu'à obéir .à Dieu. Attention ! Ce peut être un piège grave ! Les
événements qui suivent montrent que Saül, après les remontrances de
Samuel, s'est senti incompris et, sans doute, un peu indigné. Sa
rébellion l'aveuglait tant que dans son esprit, ses actes avaient honoré
Dieu, même si le Tout-Puissant n'était pas d'accord avec lui.

L 'O B S E S S I O N D E G A G N ER D E S A Ü L
Si le revirement de Saül était passé presque inaperçu aux yeux
de son entourage, la seconde étape de son déclin lui valut une
attention considérable. S'il se préoccupait peu de Dieu, il s'inquiétait
encore moins du sort des gens. J'ai toujours soutenu que la
profondeur de notre relation verticale conditionne celle de nos
relations horizontales. Cette scène se passe au début de la longue
chute de Saül, et elle laisse présager de futures catastrophes.
Une fois que Samuel a réprimandé Saül et l'a laissé à Guilgal,
Israël a vaincu les Philistins. Cela non à cause de la grande foi du roi,
mais plutôt grâce à celle de son fils Jonathan. En effet, ce dernier
emmena avec lui le jeune homme qui portait ses armes faire un raid
dans le camp ennemi, en lui disant : « Viens, et poussons jusqu'au
poste de ces incirconcis. Peut-être l'Éternel agira-t-il pour nous, car
rien n'empêche l'Éternel de sauver au moyen d'un petit nombre
comme d'un grand nombre » (1 Samuel 14.6). Pendant que les deux
hommes tuaient plusieurs ennemis, Dieu provoqua un tremblement
de terre dans le camp des Philistins, ce qui causa la panique. Les
envahisseurs furent ainsi poussés à se replier chez eux, poursuivis par
l'armée d'Israël. Les déserteurs se joignirent à Saül et pourchassèrent
l'ennemi dans le désert.
Toutefois, avant que Jonathan sauve la situation, Saül avait lancé
un ordre très imprudent qui faillit coûter la victoire à Israël :

138
Saiil, le roi qui rcJ,,sail ,k plier

« La journée fut fatigante pour les hommes d ' I sraël. Saül avait
fait jurer le peuple. en disant : Maudit soit l ' homme qui prendra
de la nourriture avant le soir, avant que je me sois vengé de mes
ennemis ! Et personne n 'avait pris de nourriture . Tout le peuple
était arrivé dans une forêt, où il y avait du miel à la surface du sol .
Lorsque le peuple entra dans la forêt, il vit du miel qui coulait
mais nul ne porta la main à la bouche, car le peuple respectait le
serment. »
( 1 Samuel 1 4 .24-26)

Aucune personne sensée ne comprendra jamais pourquoi le roi a


émis un vœu aussi ridicule. Mais lorsque quelqu'un dévale la pente,
il prend souvent des décisions ou donne des ordres insensés,
irresponsables et parfois dangereux. Ce fut certainement le cas au
cours de la semaine d'attente de Saül. Il se souciait moins de ses
hommes que de remporter la victoire. Il ne s'arrêtait pas au fait que
s'ils étaient plus faibles , ils mourraient plus facilement au combat .
Pour lui, il n'étaient que des numéros , et non des compagnons
d'armes. Même son fils l'avait constaté

« Jonathan ignorait le serment que son père avait fait faire au


peuple ; il avança le bout du bâton q u ' i l avait à la main, le
plongea dans un rayon de miel , et ramena la main à la bouche ; et
ses yeux furent éclaircis. Alors quelqu ' un du peuple, lui adressant
la parole , dit : Ton père a fait jurer le peuple, en disant : Maudit
soit l ' homme qui' prendra de la nourriture aujourd 'hui ! Or le
peuple était épu isé. Et Jonathan dit : Mon père trouble le peuple
voyez donc comme mes yeux se sont éclaircis, parce que j ' ai
goûté un peu de ce miel . Certes, si le peuple avait aujourd'hui
mangé du butin q u ' i l a trouvé chez ses ennemis, la défaite des
Phil istins n'aurait-elle pas été plus grande ? »
( 1 Samuel 1 4 .27-30)

Autrement dit : « Le vœu que mon père vous a imposé est


stupide. Pourquoi a-t-il décrété cela? Regardez-moi : si nous étions
maudits , Dieu me tuerait , alors qu'au contraire , il m'a fortifié ! »

139
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R S O N N AGES M ÉCO N N U S

Jonathan était la voix d e la raison d e son époque, alors que Saül


commençait visiblement à perdre la tête :

«Et Saül dit : Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si tu ne


meurs pas, Jonathan ! »
( 1 Samuel 1 4 .44)

Je présume qu'en disant ces mots, il avait posé la main sur son
épée. Quelle folie ! Au lieu d'admettre que son ordre était impulsif et
stupide, et de se repentir devant Dieu, il était sur le point d'exécuter
son propre fils afin de sauver la face ! Heureusement, ses sujets
intervinrent avec bon sens :

« Le peuple dit à Saül : Quoi ! Jonathan mourrait , lui qui a opéré


cette grande délivrance en Israël ! Loin de là ! L' Éternel est
vivant ! il ne tombera pas à terre un cheveu de sa tête, car c 'est
avec Dieu qu 'il a agi dans cette journée. Ainsi le peuple sauva
Jonathan , et il ne mourut point . »
( 1 Samuel 1 4 .45)

Marquez une pause. Imaginez la scène. Observez à quel point


Saül était aveuglé par son obsession. Il était tellement décidé à gagner
la guerre à tout prix, si déterminé à préserver son image qu'il préférait
tuer son fils que d'admettre que sa décision avait été stupide. Cette
tendance a beaucoup contribué à sa chute.

LA D ÉS O B É I S S A N C E D E S A Ü L EN C E Q U I
C O N C E R N E A M A LEK

Le troisième épisode marque le commencement de la fin de Saül


et scelle son destin. Dieu l'a destitué de son poste de roi oint d'Israël ,
et les véritables couleurs de sa personnalité commencent à déteindre
à travers son masque d'imposteur. À ce moment-là, il était tellement
obnubilé par ses désirs insensés qu'il était capable de se comporter
d'une certaine façon et de parler d'une autre sans le moindre remords.
À partir du moment où il donna son ordre insensé, le Seigneur
laissa Saül diriger seul Israël, ce dont il s'est plutôt bien tiré. Sa nation

140
Saiil, le roi qui ref,,sail de plier

était cernée par ses ennemis , et le roi parvint à remporter


suffisamment de victoires pour que son peuple soit relativement en
sécurité. Au bout d'un certain temps - des mois, voire des années -
Samuel vint trouver Saül avec des paroles plutôt déconcertantes. Le
prophète avait déjà annoncé au roi que Dieu ne voulait plus qu'il
règne, et qu'il avait trouvé« un homme selon son cœur » pour prendre
sa place.

« Samuel dit à Saül : C'est moi que l ' Éternel a envoyé pour
t'oindre roi sur son peuple, sur Israël : écoute donc ce que dit
l ' Éternel . »
( 1 Samuel 1 5. 1 )

D'un côté, ce verset peut sembler contradictoire, mais nous ne


devrions pas être surpris. Après tout, nous savons que Dieu aime
accorder une seconde chance. .. et même une troisième, une
quatrième, etc., aux hommes. Mais à la fin, si nous nous obstinons à
dévaler la pente et à refuser obstinément de fléchir les genoux, de
nous soumettre, d'obéir et de suivre Dieu, nous ne pourrons nous en
prendre qu'à nous-mêmes si nous courons au désastre.
Comme toujours, le Seigneur voyait l'avenir très clairement, si
bien qu'il savait exactement ce que Saül allait faire. Et pourtant, afin
d'être équitable, il a donné au roi l'occasion de plier devant lui et de
reconnaître en Dieu le vrai roi d'Israël. La rébellion de Saül allait
prouver que le Seigneur avait eu raison, puisqu'il savait à l'avance
qu'il allait échouer, et cela laissait le roi rebelle sans aucune excuse.
Le test ultime du Seigneur nous rappelle un chapitre antérieur :

« Ainsi parle l ' Éternel des armées : Je me souviens de ce


qu'Amalek fit à Israël, lorsqu'il lui ferma le chemin à sa sortie
d' Égypte. Va maintenant, frappe Amalek , et dévouez par interdit
tout ce qui lui appartient ; tu ne l 'épargneras point, et tu feras
mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et
brebis, chameaux et ânes. »
( 1 Samuel 1 5 .2-3, italiques ajoutées)

14 1
L' H I STO I R E FASC I N A NTE D E CES P E R S O N N AG E S MÉCO N N U S

N'est-ce pas très clair ? « . . . Dévouez par interdit tout c e qui lui
appartient. » Si un soldat hébreu entendait son commandant proférer
cet ordre, il savait immédiatement que tout, dans le camp ennemi,
devait être sacrifié. De plus, c'était l'Éternel lui-même qui donnait cet
ordre, et non Samuel. Saül avait reçu des instructions très limpides
directement de Dieu : tuez tout et tout le monde. Un point c'est tout.

« Saül battit Amalek depuis Havi la jusqu'à Schur, qui est en face
de l'Égypte . »
( 1 Samuel 1 5 .7)

Très bien. Mais ensuite, nous lisons

« Il prit vivant Agag, roi d'Amalek . . . »


( 1 Samuel 1 5 .8)

Comment ? Il prit vivant Agag ? Ce n'est pas du tout ce qui lui


avait été ordonné ! Je lis « frappe, dévoue par interdit, n'épargne
point, fais mourir ». Et il y a pire !

« Mais Saül et le peuple épargnèrent Agag , et les meilleures


brebis, les meilleurs bœufs, les meilleures bêtes de la seconde
portée, les agneaux gras, et tout ce qu'il y avait de bon ; ils ne
voulurent pas le dévouer par interdit, et ils dévouèrent seulement
tout ce qui était méprisable et chétif. »
( 1 Samuel 1 5.9, italiques ajoutées)

Pour plus de sûreté, relisez I Samuel 1 5.2-3. Ces propos prêtent­


ils à confusion ? Saül a-t-il mal compris ? A-t-il juste commis une
toute petite erreur ? L'ordre de « dévouer par interdit » comportait-il
des exceptions ? Qui a donné le droit à Saül et à ses hommes d'établir
une distinction entre ce qui était « bon » et ce qui était
« méprisable » ? Pour obéir à Dieu, ils ne devaient laisser que des
cadavres sur le sol. Mais ils ont désobéi. Lorsque Samuel arriva, Saül
se prélassait dans sa tente, et il réfléchissait aux pâturages qu'il allait
attribuer à ses nouveaux troupeaux

142
Suiil, le roi qui refi1sait de plier

« L' Éternel adressa la parole à Samuel, et lui dit : Je me repens


d ' avoi r étab l i Saül pour roi , car il se détourne de moi et i l
n ' observe point m e s paroles. Samuel fut irrité , e t i l cria à
l ' Éternel toute la nuit . »
( 1 Samuel 1 5 . 1 0- 1 1 )

Le mot hébreux traduit par « irrité » veut dire ici bouillir de


colère . Samuel était furieux contre Saül, et il passa la nuit à crier à
Dieu sa colère légitime. L'Éternel accorda alors au roi rebelle une
nouvelle chance de faire le bien et de plier devant le seul vrai Roi
d'Israël, mais une fois de plus, Saül la laissa passer.

« [Samuel] se leva de bon matin, pour aller au-devant de Saü l . Et


on vint lui dire : Saül est allé à Carmel, et voici, il s'est érigé un
monument ; puis il s'en est retourné, et, passant plus loin , il est
descendu à Guilgal . Samuel se rendit auprès de Saü l , et Saül lui
dit : Sois béni de l ' Éternel ! J 'ai observé la parole de l ' Éternel . »
( 1 Samuel 1 5 . 1 2- 1 3 )

Bien que je connaisse des gens tels que lui, je n'arrive pas à
comprendre Saül. Comment peut-il être aussi inconscient ? Il a
désobéi à l'ordre précis de l'Éternel en ne dévouant pas par interdit
tout ce qui avait de la valeur. Non seulement Saül était insensé, mais
il était aussi présomptueux. Au lieu de s'humilier et d'admettre sa
culpabilité, il s'est érigé un monument pour lui-même afin de
commémorer la journée. Du moins, Acan a eu le bon sens d'avoir
honte de son péché, mais pas Saül ! Il s'est arrangé pour déformer les
faits et fausser la réalité afin de se présenter comme un champion de
Dieu.
La réponse de Samuel est excellente : « Qu'est-ce donc que ce
bêlement de brebis qui parvient à mes oreilles, et ce mugissement de
bœufs que j'entends ? » ( I Samuel 15 . 14).
Comme de simples faits peuvent facilement démasquer un cœur
sournois ! Acculé dans ses retranchements, Saül semble changer de
tactique

« Saül répondit : Ils les ont amenés de chez les Amalécites, parce
que le peuple a épargné les mei l leures brebis et les mei lleurs

143
L' H I STO I R E FASC I N A NTE D E CES P E R S O N N A G E S MÉCO N N U S

bœufs, afin de les sacrifier à l ' Éternel , ton Dieu ; e t le reste, nous
l'avons dévoué par interdit. »
( 1 Samuel 1 5 . 1 5)

Observez les pronoms qu'il emploie : « Ils les ont amenés . .. afin
de les sacrifier à l'Éternel, ton Dieu . . . et le reste, nous l'avons dévoué
par interdit ». Saül est un redoutable manipulateur (selon le
dictionnaire Hachette, manipuler quelqu'un, c'est « l'utiliser à des fins
non avouées et en le trompant ») .
Chercher une justification après coup est un fin vernis qui
masque l'hypocrisie. Je pense que personne ne s'est mépris sur les
motivations de Saül. Il a prétendu que le butin était préservé pour
offrir des sacrifices dans le seul but d'apaiser l'émotion légitime de
Samuel, ce qui, une fois de plus, montrait combien il était retors. De
même qu'il sous-estimait Samuel, il ne se rendait pas compte de la
gravité de la situation, de l'importance de sa position, de la place qu'il
était destiné à occuper dans l'histoire, du sens de l'obéissance et , par­
dessus tout, de l'infinie grandeur du Dieu qu'il servait.
Mais Samuel n'était pas dupe. Le dialogue suivant montre que
Saül n'a pas seulement fait une petite entorse à la règle. Il a poussé
son odieux mensonge à l'extrême dans l'espoir que ses belles paroles
allaient berner Samuel. Regardez à quel point il est impudent

« Samuel dit à Saül : Arrête, et je te déclarerai ce que l 'Éternel


m'a dit cette nuit. Et Saül lui dit : Parle ! Samuel dit : Lorsque tu
étais petit à tes yeu x , n ' es-tu pas devenu le chef des tribus
d'Israël , et l 'Éternel ne t'a-t-il pas oint pour que tu sois roi sur
Israël ? L'Éternel t'avait fait partir, en disant : Va, et dévoue par
interdit ces pécheurs , les Amalécites ; tu leur feras la guerre
jusqu'à ce que tu les aies exterminés. Pourquoi n'as-tu pas écouté
la voix de l 'Éternel ? Pourquoi t'es-tu jeté sur le butin , et as-tu fait
ce qui est mal aux yeux de l ' Éternel ? Saül répondit à Samuel
J'ai bien écouté la voix de l'Éternel , et j'ai suivi le chemin par
lequel m'envoyait l'Éternel . J ' ai amené Agag, roi d'Amalek, et
j'ai dévoué par interdit les Amalécites ; mais le peuple a pris sur
le butin des brebis et des bœufs , comme prémices de ce qui devait
être dévoué, afin de les sacrifier à l'Éternel, ton Dieu , à Guil gal . »
( 1 Samuel 1 5 . 1 6-2 1 )

144
Saiil, le roi qui refi,sail de plier

Le verbe traduit par « arrête » exprime une tournure de langage


et une nuance qui sont rares en hébreu . Il ne signifie pas « tais-toi » ,
mais plutôt « capitule » o u « ne t'obstine pas » . Samuel voulait dire,
en réalité : « Cesse de raconter des histoires , Saül . Laisse-moi te
transmettre ce que Dieu m'a dit à ce sujet cette nuit » .
La réaction de Saül montre qu'il pensait que Samuel bluffait et
qu'il doutait de la relation du prophète avec Die u . De plus, son sens
confus du bien et du mal l'amenait à croire qu'il agissait correctement .
S e tromper soi-même pave le chemin à u n destin tragique . Ainsi ,
Samuel lui cita à nouveau les faits, concluant avec une déclaration
sans équivoque quant à la position de Saül concernant le bien et la
mal .
« Pourquoi n'as-tu pas obéi à la voix de l'Éternel , mais t'es-tu
précipité sur le butin et as-tu fait ce qui est mal aux yeux de Dieu ? »
Saül a réagi en multipliant les excuses , en rejetant plus que jamais le
blâme sur les autres et en se justifiant à tort.

L ' O B É I S S A N C E N ' ES T PA S FAC U LTAT I V E

Les paroles que Samuel a prononcées sont allées droit a u cœur


du problème ; elles nous révèlent un principe important qui pourra
vous sauver la vie lorsque vous vous trouverez à un tournant décisif
de votre existence . Lisez ces versets lentement. J'imagine que Samuel
a baissé le ton . Je sens une certaine compassion dans sa voix , celle
d'un homme qui implore son jeune ami de regarder la vérité en face

« Samuel dit : L'Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes


et les sacrifices, comme dans l'obéissance à la voix de l ' Éternel ?
Voici, l'obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l'observation
de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers . Car la
désobéissance est aussi coupable que la divination , el la
résistance ne l 'est pas moins que l ' idolâtrie et les théraphim .
Puisque tu a s rejeté la parole d e l ' Éternel , i l te rejette aussi
comme roi . »
( 1 Samuel 1 5 .22-23)

Samuel n'essayait plus de sauver la couronne de Saül ; il l'avait


irrémédiablement perdue . Le vieux prophète tentait de faire pour Saül

1 45
L' H I STO I R E FA S C I N A N TE DE CES P E R SO N N AG E S M ÉCON N U S

ce qu'il n'avait jamais fait pour ses propres fils : l'empêcher de se


rebeller davantage, ce qui le détruirait à coup sûr. Malheureusement,
il n'y parvint pas. Cet épisode n'est que le premier d'un long et
pitoyable déclin.
L'homme qui a eu pour épitaphe « J'ai agi en insensé » n'a pas
commencé ainsi . Au départ , il était grand , séduisant, modeste,
généreux, vaillant à la guerre et humble dirigeant serviteur. Mais
comme il a refusé de plier, le cœur de Saül s'est endurci. Il est devenu
plus grand à ses yeux que son Dieu , et il s'est opposé à tout ce qu'il
était censé représenter.

P R I N C I P ES I M M U A B L E S ,
S T R ATÉG I E S E S S EN T I E L L E S

L'histoire de Saül me dévoile deux principes immuables qui


méritent de retenir notre attention.
Premièrement, la faç on dont v ous terminez est b eaucoup plus
imp ortante que celle dont vous comm encez.
Personne, à la fin de ses études, ne se dit : « A u fait, comm ent
vais-je m'y prendre pour échouer ? » Aucun époux ne lance à ses
invités, le jour de son mariage : « Profitez bien de la fête ; dans
quelques années, nous nous déchirerons » . C'est seulement à la fin
d'une vie qu'on peut affirmer qu'elle a été réussie. Un début
prometteur ne garantit pas une belle fin. Cette dernière résulte des
bons choix et d'une discipline constante maintenue pendant toute une
vie.
Deuxièmement, justifi er ses mauvais choix après coup , c'est
désobéir et refuser d'accepter la vérité. Quelqu'un a dit que le pire
des mensonges est celui qu'on se raconte à soi-même . Se justifier
après coup, c'est se berner soi-même. Cela commence , à petite
échelle , par quelque chose d'innocent, puis cela nous entraîne à
« adapter » la vérité pour qu'elle serve nos intérêts. À la fin, l'être
égaré arrange tout à sa convenance, d'une façon si automatique qu'il
ne se rend même plus compte que son raisonnement et son
comportement sont ridicules. Et - ne l'oubliez jamais - nous
courons tous ce risque.
Pour éviter ce piège, voici trois stratégies essentielles

1 46
Saii/, le roi qui refi1s11il k plier

Rendez des comptes aux autres . Écoutez les conseils de ceux qui
vous aiment et qui veulent votre bien. Peut-être essaient-ils
désespérément de vous aider à comprendre un point capital de votre
conduite. Soyez attentif aux reproches.
Rejetez l 'orgueil. li vous pousse à défendre vos décisions
insensées au lieu d'admettre simplement que vous vous êtes trompé.
Si vous êtes un dirigeant, vos subordonnés vous respecteront plus, et
non moins, si vous assumez la responsabilité de vos échecs, si vous
demandez pardon et si vous faites tout pour ne pas retomber dans les
mêmes ornières. Justifier vos erreurs ne trompe personne et vous
donne l'air stupide.
Cherchez la vérité. C'est la devise que je me suis toujours fixé.
Cherchez la vérité où que cela vous mène, et vous serez
perpétuellement béni. Je préfère vous prévenir : la route sera risquée
et semée d'embûches, et vous vous sentirez vulnérable. Votre
engagement vous obligera à affronter des situations déplaisantes, et
vous serez souvent seul. . . à court terme. Mais souvenez-vous que
vous n'êtes jamais vraiment seul. De plus, l'honneur que Dieu vous
accordera sera infiniment supérieur à celui que vous pourriez vous
donner vous-même.
La stricte obéissance vaut mieux que les bonnes intentions. Ce
n'est pas compliqué ! Lorsque vous entendez un ordre clair, ne
l'analysez pas et ne l'interprétez pas. Obéissez-y, un point c'est tout.
Quand Dieu dit : « N'épouse pas un non-croyant » , aucune somme
d'amour ou d'espoir ne rendra ce mariage plus acceptable aux yeux de
Dieu. Lorsque le Seigneur dit : « Abstiens-toi de toute immoralité
sexuelle » , obéissez à ce commandement. Ne cherchez pas à le
contourner ou à tenter de justifier votre comportement impur. Cela ne
rendra pas votre péché moins destructeur.
Justifier ses actes après coup est souvent dicté par de bonnes
intentions, mais celles-ci causent toujours des problèmes.
Peut-être avez-vous déjà fait de mauvais choix. Il se peut même
qu'actuellement, vous tentiez de justifier ces décisions. Pour
reprendre le verbe de Samuel, « arrêtez ! » Changez de conduite.
Cessez de vous défendre. Vous ne trompez que vous-même. Il ne
vous reste qu'une option raisonnable. Elle n'est pas facile, mais elle
n'est pas compliquée non plus.

1 47
L' H I STO I R E FA S C I N A N TE DE CES PERSO N N AG E S M É CO N N U S

Contrairement à Saül, faites demi-tour. Reconnaissez votre


erreur. Cherchez la clémence divine. Courbez-vous humblement
devant votre Dieu. Cessez de vous rebeller. Vous verrez que le
Seigneur vous écoutera, vous pardonnera et vous inondera de sa
grâce.

1 48
CHAPITR E HUIT
..;//,9i9ai1, la femme qui sauva la vie de son mari
r< , ·p "';

'

P
resque tous les maris que je connais peuvent raconter de quelle
façon, à un certain moment, leur épouse leur a porté secours. Je
ne parle pas d'un événement dramatique où leur vie était en
péril et où elle les a sauvés de la mort in extremis. En général, elle les
a plutôt sauvés d'eux-mêmes. Grâce à son tact et à sa sagesse, elle les
a empêchés de faire ou de dire quelque chose qu'ils auraient regretté
par la suite. Quant à moi, je me souviens particulièrement de deux
situations qui auraient pu tourner au désastre sans le conseil tendre,
discret, mais ferme de Cynthia.
Lorsque notre dernier fils, Chuck, avait une douzaine d'années,
j'étais tellement pris par mes prédications, mes publications, mes
émissions à la radio, mes déplacements en voiture et les charges de
mon ministère que je frisais le surmenage. Je n'avais pas appris à dire
non, si bien que je partais travailler à l'aube et que je rentrais
longtemps après que Chuck soit allé se coucher. Je dois avouer à ma
honte que ma femme et mes enfants - les êtres les plus importants
au monde pour moi - n'avaient drqit qu'à des miettes de mon temps
et de mon énergie.
Cynthia en avait beaucoup plus conscience que moi, et elle se
préoccupait surtout d'un aspect particulier de ma négligence : notre
dernier enfant, Chuck. Comme c'est une femme pleine de sagesse,
elle attendit patiemment le moment idéal pour modifier ma
perspective. Si vous avez un reproche à formuler, souvenez-vous que
votre objectif doit être d'être entendu, et non de prouver que vous
avez raison alors que votre partenaire a tort. Mon épouse me connaît

149
L' H ISTO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R S O N N AG E S M ÉCON N U S

bien, et elle savait à quel moment j'écouterais son conseil sans me


sentir attaqué . Et elle me le présenta d'une façon qui ne me donnait
aucune raison d'être sur la défensive .
« As-tu conscience de tout le temps que tu as passé avec Curt
[notre fils aîné] et du peu de temps que tu consacres à Chuck ? m'a­
t-elle demandé. Je me souviens qu'il y a quelques années , lorsque je
regardais par la fenêtre, je te voyais très souvent jouer à te battre ou
t'entraîner au football avec Curt jusqu'à la nuit . Et tu allais à la plupart
de ses entraînements, à tous ses matchs et à ses autres activités. Mais
tu ne fais jamais rien avec Chuck . »
Elle avait raison , et pourtant, je me rebiffai . Je n'étais pas aussi
ouvert à la critique que j'aurais dû l'être . . . jusqu'à ce que je sois seul
et que j'y repense . Heureusement, cette conversation porta de
merveilleux fruits. Cynthia s'adressa à moi au bon moment, et cela
s'avéra être un tournant crucial dans ma vie de mari et de père. Dès
lors , j'ai eu une relation beaucoup plus profonde avec Chuck
qu'auparavant. Cynthia m'a « sauvé la vie » !
Plus récemment, j'eu un désaccord de plus en plus vif avec un
frère en Christ qui vit dans un autre état. Ce qui n'était, au départ,
qu'une légère exaspération s'est beaucoup amplifié à la suite d'un
certain nombre d'événements . J'étais assez proche de lui pour pouvoir
lui en parler, mais je n'avais rien dit. Cependant, un jour, un
événement plus grave m'incita à lui écrire une lettre . C'était un
samedi après-midi. Je voulais que mes paroles soient fermes et justes,
tout en laissant une place suffisante à la grâce. Je l'imprimai , puis je
la corrigeai , et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle soit impeccable. Je
passai plus de deux heures à préparer ma missive de réprimandes.
J'avais d'autres choses à faire , mais c'était important .
Quand j 'eus terminé , j e décidai de l a lire à Cynthia. Comme
nous partageons pratiquement tout, c'était naturel pour moi . Je la lui
lus en exprimant toute la passion, les sentiments que j'avais éprouvés
en l'écrivant . Elle m'écouta en hochant la tête , comme si elle
comprenait parfaitement mon point de vue .
À la fin , elle ne dit pas grand chose , mais elle m e conseilla : « Tu
sais, mon chéri , si j'étais toi , je laisserais passer la nuit avant
d'envoyer cette lettre . Tout ce que tu dis est vrai, et je ne pense pas

1 50
./tg igaïl, la femme q ui sauva la vie de s011 mari

que ce soit excessif, mais c'est très fort. Et je crois que si tu l'envoies ,
tu risques de le regretter » .
J e n'en ai pas dormi de l a nuit . Pendant que je me retournais dans
mon lit, ce que j'avais écrit me restait sur l'estomac . Le lendemain à
l'aube . je dépliai ma missive et la relus. Dans le courant de )a journée ,
je la déchirai . Et je suis très heureux de l 'avoir fait ! Cet homme
n'avait pas besoin de ma lettre, et à long terme, mes paroles ne lui
auraient servi à rien. En fait, les problèmes qu'il posait se résolurent
grâce à un concours de circonstances qui ne se seraient jamais
produites si je lui avais envoyé mon « missile » .
Une fois de plus, Cynthia ma « sauvé l a vie » . C'est l'un des
grands avantages d'avoir un sol ide mariage , dans lequel la
communication est permanente . Cela nous permet d'affronter les
situations epmeuses avec un partenaire qui nous aime
inconditionnellement et qui ne cherche que notre bien, même lorsque
nous sommes fautifs.

U N E FEM M E N O M M ÉE A B I G AÏ L ET
U N M A R I N O M M É I N S EN S É
Voici l'histoire d'Abigaïl , l a femme qui sauva l a vie de son mari ,
non pas au sens figuré , mais au sens propre. Elle lui a épargné une
mort violente qu'il s'était volontairement attirée à cause de sa folie . 1
Samuel 25 nous relate cette histoire caractérisée par la passion , le
danger, le paradoxe et les intrigues. Elle me rappelle les westerns
classiques avec ses grandes prairies , ses farouches héros à cheval , ses
jolies héroïnes et ses cruels et implacables bandits qui compliquaient
la vie de tout le monde . Mais le récit que nous allons découvrir n'a
rien d'une fiction , et il tourne autour de trois personnages très
complexes qui se retrouvent ensemble grâce à un concours de
circonstances fortuites. Laissez-moi vous les présenter
successivement .

L E H ÉROS
Imaginez qu'il s'agisse d'un film. Au début, la caméra parcourt
un vaste désert hostile, où règne la loi du plus fort et où des hommes

151
L' H I STO I R E FASC I N A N T E DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCON N U S

frustres survivent sans l'aide d'un gouvernement ni d'aucune loi. La


caméra s'arrête soudain sur un séduisant jeune guerrier qui précède
des centaines de soldats aguerris au combat : David.

« Samuel mourut. Tout Israël s'étant assemblé le pleura, et on


l 'enterra dans sa demeure à Rama. Ce fut alors que David se leva
et descendit au désert de Paran . »
( 1 Samuel 25 . 1 )

À ce moment-là, David avait tué Goliath et avait été oint roi


d'Israël. Il s'était enfui dans le désert pour échapper au roi Saül, qui
était jaloux et cherchait à le tuer. Nous lisons l'histoire de la chute
vertigineuse du monarque déchu au chapitre précédent. L'un des
éléments de cette déchéance était son mépris abso.l u pour David, qui
l'avait pourtant servi fidèlement. Au lieu de faire preuve de gratitude
envers lui, Saül s'en était pris au jeune homme et s'était acharné à sa
perte. Pendant des années, David avait vécu dans les coins les plus
reculés d'I sraël, là où une armée n'aurait pas pu survivre assez
longtemps pour le traquer.
Comme je l'ai relaté au premier chapitre, David a réuni un
groupe de quatre cents combattants qu'il a entraînés dans la caverne
d'Adullam. Au moment où débute notre récit, ce nombre s'est élevé à
six cents. C'étaient des guerriers rudes et aguerris qui vivaient en
marge de la loi, mais sous la direction de David, ce groupe disparate
de mécontents était devenu une armée disciplinée. Après s'être rendus
dans le désert de Paran, ces hommes s'improvisèrent gardiens et
hommes de loi de la région. Leurs services indispensables étaient très
appréciés.
Le désert de Paran se situe à l'extrême sud d'Israël, en dessous
de la mer Morte, juste au-dessus du Sinaï. C'était un no man's Land,
trop loin de tout pour être influencé par le gouvernement, si bien que
ceux qui y vivaient devaient se débrouiller seuls. Tous les troupeaux
qui paissaient à cet endroit auraient été victimes des voleurs ou des
bêtes sauvages sans David et ses troupes. Heureusement pour les
propriétaires de ces troupeaux, ces hommes avaient entrepris de
maintenir l'ordre à la frontière sud.

152
Cet arrangement, conformément à la tradition, était gratuit. Mais
en toute justice, les propriétaires des troupeaux offraient
volontairement une compensation en signe de gratitude. Déroger à
cette règle aurait été comme, de nos jours, priver une serveuse du
pourboire auquel elle s'attend. Si elle fait bien son travail, le
pourboire doit être généreux. Dans le cas que nous étudions, David
offrait une excellente protection aux habitants. Aucun troupeau n'était
mis à mal. Aucun n'était ravi par des voleurs. Comme c'était l'époque
de la tonte des brebis, c'était le moment ou jamais de rappeler
discrètement aux propriétaires des troupeaux qu'ils bénéficiaient
d'une protection de qualité.

L ' A D V ER S A I R E

Imaginez que la scène suivante se passe au centre de Carmel, là


où les propriétaires se regroupaient pour acheter et vendre. En arrière­
plan, on charge des balles de laine sur des bêtes de somme, tandis
qu'un entrepreneur rusé, vêtu de vêtements luxueux et arborant un
sourire satisfait, caresse l'une des nombreuses pièces d'argent qu'il a
gagnées ce jour-là. Il a le regard dur. Il n'a pas son pareil pour
augmenter ses revenus, mais par ailleurs, il est rustre et plein de
suffisance. En dépit de sa condescendance, il est très populaire. . .
parce qu'il est très riche.

« Il y avait à Maon un homme fort riche, possédant des biens à


Carmel ; il avait trois mille brebis et mille chèvres, et il se trouvait
à Carmel pour la tonte de ses brebis. Le nom de cet homme était
Nabal, et sa femme s'appelait Abigaïl ; c'était une femme de bon
sens et belle de figure, mais l ' homme était dur et méchant dans
ses actions. Il descendait de Caleb. »
( 1 Samuel 25 .2-3)

Le nom Nabal signifie, en hébreu, « fou ». C'est le terme qui est


employé dans les Proverbes et dans d'autres textes philosophiques
pour qualifier les gens revêches, rudes, ignorants, malhonnêtes,
agressifs, obstinés et stupides. Il ne s'agissait sans doute pas du nom
que lui avait donné sa mère. L'auteur biblique a peut-être désigné cet

153
L' H I STO I R E FASC I N A N T E D E CES PER S O N N A G E S MÉCON N U S

homme ainsi, à moins que ce soit l e surnom que les hommes lui aient
donné derrière son dos. Le verset 3 ressemble à une parenthèse : « Au
fait, cet homme s'appelait Nabal ».
Quelle que soit la façon dont Nabal a reçu son nom ou son
surnom, ce dernier lui allait comme un gant. C'était un individu
borné, entêté, rigide, plein de préjugés et sournois. Et pour couronner
le tout, c'était un grippe-sous. À part cela, il n'y a rien à en dire !

L ' H ÉR O Ï N E
Et enfin, après nous avoir montré le centre de Carmel en pleine
activité, le film nous ramène dans une propriété située à quelques
kilomètres au sud de Maon. La musique s'estompe, et la caméra
s'arrête sur une femme extrêmement belle. Elle a des cheveux
d'ébène, les traits réguliers et des yeux pétillants d'intelligence et de
sagesse. Elle est aussi travailleuse et ingénieuse que belle. Elle se
nomme Abigaïl, ce qui signifie « père de l'enthousiasme ».
Si cette femme était belle et intelligente, son mari était dur et
malhonnête. Selon notre perspective moderne, nous nous demandons
comment une telle femme a pu épouser un être aussi vil que Nabal.
Ici, le paradoxe est dramatique. Une femme pleine de sagesse est
mariée à un grossier individu qui porte le nom de Fou. Mais à cette
époque, le mariage était un arrangement commercial entre deux
pères, et non l'issue de fréquentations amoureuses comme
aujourd'hui. Toutefois, gardez-vous de croire ce que prétendent
certains historiens partiaux. La plupart du temps, cela se passait très
bien. Les pères aimaient leur fille et prenaient grand soin de choisir
un homme qui, en plus de pourvoir aux besoins de sa femme,
l'aimerait et l'entourerait de prévenances. Et presque toujours, les
conjoints s'attachaient fortement l'un à l'autre dès le départ.
Néanmoins, à l'époque comme aujourd'hui, les gens pouvaient
se tromper. Abigaïl venait sans doute d'une bonne famille, mais son
père n'a pas vu les défauts de son futur gendre. Ce fut un couple très
mal assorti et, en conséquence, Abigaïl souffrit beaucoup, même si
elle ne le montra pas.

1 54
../19 i 9aïl, ICL femme q u i slluva I" vie k so11 mari

LA C R ISE

Au fil de l'histoire, nous pouvons découvrir et admirer le sang­


froid et le bon sens remarquables d'Abigaïl

« Il y avait à Maon un homme fort riche, possédant des biens à


Carmel . . . David apprit au désert que Nabal tondait ses brebis. Il
envoya vers l u i d i x jeunes gens, auxquels il dit : Montez à
Carmel , et allez auprès de Nabal . Vous le saluerez en mon nom,
et vous lui parlerez ainsi : Pour la vie sois en paix , et que la paix
soit avec ta maison et tout ce qui t'appartient ! Et maintenant . j 'ai
appris que tu as les tondeurs. Or tes bergers ont été avec nous
nous ne leur avons fait aucun outrage, et rien ne leur a été enlevé
pendant tout le temps qu' ils ont été à Carmel . Demande-le à tes
serviteurs, et ils te le diront. Que ces jeunes gens trouvent donc
grâce à tes yeu x , puisque nous venons dans un jour de joie .
Donne donc, je te prie, à tes serviteurs et à ton fils David ce qui
se trouvera sous ta main . Lorsque les gens de David furent
arrivés, ils répétèrent à Nabal toutes ces paroles, au nom de
David. Puis ils se turent. »
( 1 Samuel 25 .2, 4-9)

J'apprécie la façon pleine de tact dont David a agi. Tout d'abord,


il n'a pas galopé à bride abattue à Carmel avec six cents cavaliers
pour exiger d'être payé. Il a discrètement fait observé que sans sa
protection, Nabal aurait fait au marché des bénéfices beaucoup moins
avantageux. De plus, David a singulièrement honoré cet homme et il
a reconnu sa position de notable. Quand on pense qu'il était le futur
roi d'Israël, il faisait preuve d'une étonnante humilité. N'oubliez pas
qu'il ne fixait aucune somme particulière. Il disait, en quelque sorte
« Donne ce qui te semble juste ».
S'il s'agit là d'une facture, elle est très bien tournée et très
aimable. Je ne me rappelle pas avoir jamais reçu de facture
d'électricité aussi pleine d'égards.

1 55
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSO N N AGES MÉCO N N US

Cher M . Swindoll ,

La paix soit sur votre foyer et sur votre famille. Depuis


plusieurs semaines , vous avez de l'électricité à domicile .
Comme nous avons nous-mêmes des frais, pensez-vous être
en mesure de nous aider à les régler ? Dans ce cas, veuillez
nous retourner dans l'enveloppe ci-jointe ce que vous voudrez
bien nous verser.

Que Dieu vous bénisse ,


Vos humbles serviteurs de la compagnie d'électricité

Je pense que si je recevais une telle missive, je tomberais


évanoui . En temps normal, nous lisons plutôt : « Payable
immédiatement à l'ordre de. . . ! Veuillez réglez ce que vous nous
devez avant telle date, sans quoi nous vous priverons de courant et
des frais supplémentaires seront éxigés pour réactiver votre
courant ! » Mais David n'a pas réagi ainsi. Il a dit, en quelque sorte :
« Envoie-nous ce que tu estimes juste et nous le recevrons avec
gratitude. Shalom. »
La réponse de Nabal n'aurait pu être plus insultante :

« Nabal répondit aux serviteurs de David : Qui est David, et qui


est le fils d'Isaï ? Il y a aujourd'hui beaucoup de serviteurs qui
s'échappent d'auprès de leurs maîtres'. Et je prendrais mon pain ,
mon eau , e t mon bétail que j 'ai tué pour mes tondeurs, e t j e les
donnerais à des gens qui sont je ne sais d'où ? Les gens de David
rebroussèrent chemin ; ils s'en retournèrent , et redirent, à leur
arrivée, toutes ces paroles à David. »
( 1 Samuel 25 . 1 0- 1 2)

Prenez note de la réponse de Nabal. Cherchez-y des indices


révélateurs de son caractère. Ne vous méprenez pas sur sa première
question. En fait, il savait très bien qui était David. C'était juste une
façon de le dénigrer et de sous-entendre qu'il n'avait aucun titre.
Nabal, en revanche, était un descendant et un héritier direct de

156
..:;l9i9aïl, la femme qui sa11u11 la vie de sou mari

l'illustre Caleb , ce qui équivaudrait , de nos jours, à avoir George


Washington pour ancêtre. Caleb et Josué, pendant l'exode, avaient
encouragé Israël à conquérir Canaan, que le Seigneur avait promis de
leur donner. Par la suite, après l'errance dans le désert, à l'âge de
quatre-vingt-cinq ans, Caleb s'est posté à la frontière sud du pays, et
il a dit : « Donne-moi cette contrée vallonnée ! »
Demander : « Qui est David, et qui est le fils d'Isaï ? » , c'était
infliger un grave affront à David et à ses ancêtres. Bien sûr, nous
savons que David était destiné à devenir roi d'Israël, mais très peu de
gens en étaient informés à l'époque. Ainsi , l'exclamation de Nabal
revenait à dire : « Tu n'es rien, et tu viens de nulle part. Qui es-tu pour
oser t'adresser à quelqu'un d'aussi important que moi ? »
Le commentaire suivant de Nabal cible David et ses partisans.
C'était un coup bas insinuant qu'aucun d'eux ne valait mieux qu'un
esclave (la classe la plus basse de la société) et qu'ils n'étaient que des
traîne-savate déloyaux envers Saül et Israël.
Puis il termina son flot d'insultes par une dernière pique : « Et je
prendrais mon pain, mon eau, et mon bétail que j'ai tué pour mes
tondeurs, et je les donnerais à des gens qui sont je ne sais d'où ? »
Autrement dit : « Je préfère donner les fruits de mon travail à ceux
qui l'ont gagné qu'à une équipe de parasites qui tentent de vivre sur le
dos de producteurs comme moi. »
Examinez la réaction des hommes de David. Ils ne se sont pas
battus et ils n'ont rien répliqué. Ils sont juste partis.
Nabal retourna à ses affaires, et il alla se vanter de son succès,
qu'il devait en partie à David. Avec son inconscience habituelle, il
pensait sans doute que tout se passerait comme d'habitude. Pendant
ses réjouissances à Carmel, l'indignation grondait dans le désert, et
David bouillait de rage. Il n'était pas encore l'homme de Dieu aguerri
qu'il allait devenir. Il faudrait de nombreuses années dans le désert
pour tempérer sa fougue. À l'époque, il était dur et impulsif. Dans 1
Samuel 24 , nous lisons qu'il a fait preuve d'une maîtrise de soi
surnaturelle en épargnant la vie de Saül, qu'il considérait toujours
comme I'« oint de l'Éternel » , mais au chapitre 25, nous voyons un
David différent. Le cœur d'un farouche guerrier battait dans sa
poitrine, et la réponse pleine de morgue de l'ingrat Nabal excita ses
pires instincts.

157
L' H I STO I R E FASC I N A N T E D E CES P E R S O N N AG E S M ÉCO N N U S

Ce ne fut pas son meilleur moment. Sa réaction fut dure et


charnelle, et non inspirée par )'Esprit de Dieu. Le Seigneur agit
parfois sévèrement et ses jugements peuvent être foudroyants, mais il
n'est jamais irréfléchi.
Laissez-moi ouvrir une parenthèse. Ayez soin d'éprouver ce que
vous pensez être une direction du Seigneur. Il ne nous parle plus à
haute voix comme il le faisait à cette époque, et ce que vous croyez
être une indication du Saint-Esprit peut correspondre simplement à
votre désir secret. Il est vrai que vou·s avez en vous l'Esprit du Dieu
vivant et qu'il vous guide sans cesse, mais il vous reste aussi une
grande part de réactions_charnelles qui vous font prendre le mal pour
le bien. Un esprit transformé voit la différence, mais cela ne se
produit pas d'un jour à l'autre. La maturité vient avec le temps et
l'expérience, à la suite d'une communion de plus en plus étroite avec
le Tout-Puissant.
Je vous invite donc à réfréner vos élans. Le Seigneur confirmera
toujours sa vérité pour vous. Refusez d'agir impulsivement. Pesez
plutôt vos paroles avec soin, laissez passer la nuit avant de prendre
une décision qui aura des conséquences importantes et prêtez l'oreille
aux reproches. Les Écritures sont-elles en accord avec votre choix ?
Est-il vraiment sage et moral ? Les chrétiens affermis qui vous
entourent soulèvent-ils des objections· à ce sujet ? Que vous a appris
votre expérience passée ? Avez-vous demandé au Seigneur de sonder
votre cœur à ce sujet et prié sans a priori ?
David n'a rien fait de tout cela. Il s'est contenté d'ordonner :
« Que chacun de vous ceigne son épée ! » Il a laissé deux cents
hommes pour garder son camp, pendant que les quatre cent un autres
se précipitaient dans un nuage de poussière vers la fête de la tonte de
Carmel . La tente de Nabal n'allait pas tarder à être éclaboussée de
son sang et de celui de ses fils. Le carnage était imminent.

A B I G AÏ L C O N T R E - ATTA Q U E
Pendant ce temps, un serviteur anonyme qui avait entendu les
insultes de Nabal quitta furtivement Carmel pour avertir Abigaïl.
Remarquez qu'il n'a pas parlé à Nabal. On n'obtient rien en s'adressant
à un homme qui s'appelle Fou. Mais il savait qu'Abigail l'écouterait,

158
Jl9i9aïl, la Jemme qui S<llJVll la Vif de 5011 rr111ri

parce que c'est ce que font les gens intell igents. Ils tendent l'oreille . . .
en particulier à ce que disent les serviteurs

« Un des serviteurs de Nabal vint dire à Abigaïl , femme de


Nabal : Voici , David a envoyé du désert des messagers pour
saluer notre maître, qui les a rudoyés. Et pourtant ces gens ont été
très bons pour nous ; ils ne nous ont fait aucun outrage, et rien ne
nous a été enlevé , tout le temps que nous avons été avec eux
lorsque nous étions dans les champs. Ils nous ont nuit et jour servi
de muraille, tout le temps que noi.Js avons été avec eux, faisant
paître les troupeaux . Sache maintenant et vois ce que tu as à faire,
car la perte de notre maître et de toute sa maison est résolue, et il
est si méchant qu'on n'ose lui parler. »
( 1 Samuel 25 . 1 4- 1 7)

Cette affirmation est claire , non ? Je suis stupéfait de voir le


serviteur mentionner les défauts de Nabal devant sa femme . Et
pourtant, selon la culture hébra·1:q ue, celle-ci devait l'honorer et le
respecter, en privé comme devant ses serviteurs . Quelle misérable
existence ! Comme il est tragique de vivre sous l'autorité d'une
personne qui n'écoute rien et qui est méprisée de tous, même de ses
serviteurs !
Vivez-vous avec une personne de ce genre ? Avez-vous été élevé
par un père ou une mère qui se croyaient infail libles ? L'un de vos
enfants , aujourd'hu i adulte , refuse-t-il de vous écouter ? Votre
conjoint ne se rend-il pas compte qu'il blesse les autres ? Dans ce cas ,
vous savez par expérience que c'est u ne situation extrêmement
pénible . Vous ne parvenez pas à communiquer avec ces personnes.
Avant même d'ouvrir la bouche, vous savez qu'elles vont rejeter vos
paroles et qu'elles auront une quantité d'objections à formuler. Il y a
toujours des Nabal parmi nous.
Permettez-moi de faire preuve d'imagination en vous livrant
mon prochain commentaire , d'accord ? Abigaïl aurait pu se dire
« Alors, ça y est, David va tuer Fou ? Dieu ag it vraiment de façon
mystérieuse, et il fait des prodige s ! » Mais elle n'a pas réagi ainsi , et
son intégrité force mon admiration . Elle a choisi de protéger son
mari , non parce qu'il le méritait ou qu'il était bon , mai parce qu'elle

159
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

était bonne. Même si son mari était exécrable, elle l'a honoré ... y
compris en son absence.
Si vous êtes dans la même situation qu'elle, vous savez à quel
point c'est difficile. Peut-être avez-vous perdu patience et vous
demandez-vous : « Comb ie n de temps devrais-je e ndurer cela,
Seigneur ? » Il se peut que vous ayez baissé les bras et que vous vous
soyez mal comportée, en réagissant avec hostilité ou en vous
vengeant subtilement de temps à autre. En vous montrant l'attitude
exemplaire d'Abigaïl, je ne cherche pas à vous jeter la pierre. Je veux
juste souligner qu'elle aurait pu ne rien faire, et qu'elle aurait eu des
circonstances atténuantes pour réagir ain.si. Mais sa réaction inouïe
nous confond. Fait stupéfiant, elle a mis immédiatement en œuvre un
plan pour préserver la sécurité de son mari. C'était vraiment une
femme remarquable !

« Abigaïl prit aussitôt deux cents pains, deux outres de vin, cinq
pièces de bétail apprêtées, cinq mesures de grain rôti , cent masses
de raisins secs, et deux cents de figues sèches. Elle les mit sur des
ânes, et elle dit à ses serviteurs : Passez devant moi , je vais vous
suivre. Elle ne dit rien à Nabal, son mari. »
( 1 Samuel 25 . 1 8- 1 9)

Elle rassembla assez de provisions pour nourrir une armée . . .


littéralement ! Personne n e l'y poussa ni n e lui suggéra d'intercéder
pour son mari. En fait, elle ne lui dit jamais ce qu'elle était en train de
faire. Sans aucun doute, dans le cas contraire, il l'aurait empêchée
d'agir. Cette femme intelligente, belle et généreuse fit ce qu'il fallait
pour sauver la vie de son mari, comme tout bon conjoint. Et tout en
s'activant, elle prépara mentalement son petit discours pour David.

LE PO I NT C U L M I N AN T D U R ÉC IT

« Montée sur un âne, elle descendit la montagne par un chemin


couvert ; et voici, David et ses gens descendaient en face d'elle,
en sorte qu'elle les rencontra. David avait dit : C'est bien en vain
que j'ai gardé tout ce que cet homme a dans le désert, et que rien

160
./19 i 9aïl, lu femme qui sauva la vie de so11 nwri

n ' a été enlevé de tout ce qu'il possède ; il m'a rendu le mal pour
le bien . Que Dieu traite son serviteur David dans toute sa rigueur,
si je laisse subsister jusqu'à la lumière du matin qui que ce soit de
tout ce qui appartient à Nabal ! Lorsque Abigaïl aperçut David ,
elle descendit rapidement de l 'âne , tomba sur sa face en présence
de David, et se prosterna contre terre. »
( 1 Samuel 25 .20-23)

À ce moment de l'histoire, le suspense est à son comble.


Quoique totalement opposés, les deux hommes agissaient de la même
manière. Tous deux étaient entêtés et orgueilleux, et chacun
considérait l'autre comme fou. Tous deux se laissaient dominer par
leur colère et couvraient d'insultes leur adversaire. Tous deux
agissaient sous le coup de la colère au lieu de raisonner de façon
lucide. Mais ici, au point culminant de cette histoire, qui Abigaïl
aborda+elle pour régler le conflit ?
Son seul espoir consistait à faire appel à David. Elle savait que
s'adresser à Nabal ne changerai_t rien. Ses paroles constituent un
exemple classique des discours persuasifs du Moyen Orient, et elles
sont pleines de.bon sens. Elle veut d'abord rappeler à David qu'il est
l'oint de l'Éternel , puis le supplier d'agir en conséquence . Lisez
lentement et attentivement ses paroles

« Puis, se jetant à ses pieds , elle dit À moi la faute , mon


seigneur ! Permets à ta servante de parler à tes oreilles, et écoute
les paroles de ta servante. Que mon seigneur ne prenne pas garde
à ce méchant homme, à Nabal, car il est comme son nom ; Nabal
est son nom , et il y a chez lui de la folie. Et moi , ta servante, je
n ' ai pas vu les gens que mon seigneur a envoyés. Maintenant ,
mon seigneur, aussi vrai que l' Éternel est vivant et que ton âme
est vivante, c'est l ' Éternel qui t'a empêché de répandre le sang et
qui a retenu ta mai n . Que tes ennemis, que ceux qui veulent du
mal à mon seigneur soient comme Nabal ! Accepte ce présent que
ta servante apporte à mon seigneur, et qu'il soit distribué aux g�ns
qui marchent à la suite de mon seigneur. Pardonne, je te prie, la
faute de ta servante , car l 'Éternel fera à mon seigneur une maison

161
L' H I STOI R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S MÉCO N N U S

stable ; pardonne, car mon seigneur soutient les guerres de


l ' É terne l , et l a méchanceté ne se trouvera jamais en toi . S ' i l
s'élève quelqu'un qui te poursuive et qui en veuille à ta vie, l ' âme
de mon seigneur sera l iée dans le faisceau des vivants auprès de
l ' Éternel, ton Dieu , et il l ancera du creux de la fronde l ' âme de tes
ennemis . Lorsque l ' Éternel aura fait à mon seigneur tout le bien
q u ' i l t'a annoncé, et qu 'il t 'aura établi chef sur Israël, mon
seigneur n ' aura ni remords ni souffrance de cœur pour avoir
répandu le sang in�tilement et pour s 'être vengé lui-même. Et
lorsque l ' Éternel aura fait du bien à mon seigneur, souviens-toi de
ta servante. »
( 1 Samuel 25 .24-3 1 , italiques ajoutées)

En d'autres termes, elle a dit : « Réfléchis, David. Tu n'as même


pas trente ans ! Tu peux rendre le bien pour le mal, car Dieu t'a choisi
comme futur roi d'Israël. N'entache pas ta réputation avant même de
monter sur le trône ! Si tu agis comme le roi que tu vas devenir, Dieu
te bénira . De plus, ce combat est celui de l'Éternel. Laisse-le se
charger lui-même de Nabal. »
Observez la réponse de David

« David dit à Abigaïl : Béni soit l ' Éterne l , le Dieu d ' Israël , qui t ' a
envoyée aujourd ' hui à ma rencontre ! Béni soit ton bon sens , et
bénie sois-tu , toi qui m ' as empêché en ce jour de répandre le
sang, et qui as retenu ma main ! Mais l ' Éternel , le Dieu d ' Israë l ,
q u i m'a empêché d e t e faire d u mal , est vivant ! Si t u n e t' étais
hâtée de venir au-devant de moi , il ne serait resté qui que ce soit
à Nabal, d ' ici à la lumière du matin . »
( 1 Samuel 25 .32-34)

Deux hommes au caractère fort s'étaient dressés l'un contre


l'autre à cause d'une entorse au savoir-vivre, et David s'apprêtait à
tuer un homme parce que celui-ci avait blessé son orgueil . Dans cette
histoire, nous ne voyons guère de différence de caractère entre David
et Nabal... jusqu'au point culminant. La différence est mince, mais
capitale. Nabal n'écoutait pas les reproches, contrairement à David.

162
.Ylgigaïl, lu femme qui sauva lu vie de so11 mari

Voyez quelle profonde gratitude il exprima à Abigaïl. Non seulement


elle sauva son mari, mais aussi David. F. B. Meyer, dans son chapitre
sur David, a intitulé à juste titre cet épisode de la vie de ce héros
« T ête brûlée, mais main généreuse ».
Les Écritures nomment David « un homme selon le cœur de
Dieu ». Évidemment, cela ne signifie pas qu'il était parfait, et cette
histoire le prouve. Il était impulsif, dur et fougueux. De plus, il a eu
de nombre.uses femmes. Mais en dépit de ses failles, il était selon le
cœur de Dieu parce que tout ce qui émouvait le cœur de Dieu touchait
aussi le cœur de David. Ce qui poussait le Tout-Puissant à agir avec
compassion animait aussi David. Bref, le cœur de David battait au
même rythme que celui de Dieu. Abigaïl rappela au futur roi cette
relation avec le Seigneur, ce qui dissipa instantanément sa colère.

« Et David prit de la main d'Abigaïl ce qu'elle lui avait apporté,

et lui dit : Monte en paix dans ta maison ; vois, j'ai écouté ta voix,
et je t'ai favorablement accueillie. »
(2 Samuel 25 .35)

La catastrophe fut évitée. Nabal eut la vie sauve et David n'eut


pas la réputation d'être un tyran capricieux avant d'accéder au trône.
Les deux hommes durent cela à la sagesse et au tact d'Abigaïl.
Fin de l'histoire. . .
Attendez ! C'est u n merveilleux récit, mais i l ne s'arrête pas l à !
En général, l'obéissance nous pousse à sacrifier ce que nous désirons
en faveur de ce que Dieu veut. Et quand nous lui obéissons, il aime
nous surprendre en nous accordant une bénédiction beaucoup plus
conséquente que celle à laquelle nous avons renoncé. Cet épisode ne
fait pas exception à la règle

« Abigaïl arriva auprès de Nabal . Et voici , il faisait dans sa


maison un festin comme un festin de roi ; il avait le cœur joyeux ,
e t il était complètement dans ! ' i vresse . Elle n e lui d i t aucune
chose, petite ou grande . jusqu'à la lumière du matin. »
(2 Samuel 25 .36)

1 63
L' H I STOI R E FASC I N A N T E DE CES P E R S O N N A G ES MÉCO N N U S

Après cet acte courageux de sagesse et de grâce, n'aurait-il pas


été merveilleux qu'Abigaïl puisse rentrer chez elle afin de raconter à
Nabal ce qu'elle avait fait pour lui ? Mieux encore, n'aurait-il pas été
formidable qu'il la prenne dans ses bras et qu'il la remercie de lui
avoir sauvé la vie ? Hélas, elle ne revint chez elle que pour trouver un
mari ivre mort et ses compagnons de beuverie. II ne se doutait
absolument pas que quelques heures auparavant, il avait échappé de
très peu à la mort.Il ne réalisait pas la valeur inouïe d'Abigaïl. En fait,
si on réfléchit à sa situation, on a tendance à penser qu'elle aurait
mieux fait de laisser Nabal périr, ce qui aurait constitué une
conséquence logique de sa folie.
Je pense avec émotion à tous les conjoints qui souffrent à
longueur de semaines en espérant vainement recevoir un jour un
quelconque encouragement. Si c'est votre cas, vous attendez des
paroles gentilles qui ne viennent jamais. J'ai déjà rencontré des
couples dont l'un des partenaires était terriblement égoïste. Il était si
égocentrique qu'il ne voyait pas à quel point il était privilégié d'avoir
un conjoint remarquable !
Je voudrais vous donner un conseil. Lors de certains
enterrements, l'époux survivant vient me dire au creux de l'oreille
« Je ne sais pas pourquoi c'est seulement maintenant que je réalise
tout ce qu'elle signifiait pour moi. » C'est pourquoi je me permets de
vous recommander de ne pas attendre que votre mari ou votre femme
soit mort(e) pour lui dire : « Merci pour tout ce que tu fais. Je ne peux
pas imaginer la vie sans toi. Je t'aime. » En fait, soyez précis. Citez
les raisons pour lesquelles vous appréciez votre partenaire.
La pauvre Abigaïl n'avait jamais droit au moindre compliment.
Quand elle a vu dans quel état était son mari, elle a décidé de le
laisser cuver son vin. Il est probable qu'après les heures de
préparation, de trajet, de plaidoyer et de soulagement, cette femme
hors du commun se soit effondrée d'épuisement sur sa couche et se
soit profondément endormie. Malgré la musique et le vacarme des
compagnons de beuverie de Nabal, elle savait qu'elle avait fait ce
qu'il fallait. Elle sauva la vie de son abject mari en implorant David,
alors que celui-ci aurait pu lui épargner de futurs crève-cœur.

164
./lgi gaïl, la femme q ui sauva la vie � so11 mari

« Mais le matin, l ' ivresse de Nabal s 'étant dissipée , sa femme lui


raconta ce qui s'était passé . Le cœur de Nabal reçut un coup
mortel , et devint comme une pierre . Environ dix jours après,
l ' É ternel frappa Nabal , et il mourut. »
( 1 Samuel 25 .37-38)

Je veux être prudent et me garder de déformer les Écritures.


Nous devons accepter le fait que cette histoire, comme beaucoup
dans la Bible, nous décrit des événements extraordinaires pour nous
enseigner des principes importants. La mort d'un être humain ne doit
jamais être prise à la légère. Mais franchement, s'il s'agissait d'un
film, l'auditoire applaudirait à tout rompre à ce moment-là.

LA CONCLUSION
David a laissé à Dieu le soin de rendre justice. Abigaïl, de son
côté, a remis au Seigneur sa destinée future. Tous deux ont renoncé à
un avenir attirant en apparence pour faire leur devoir. Lorsque le
Seigneur a jugé l'homme appelé Fou, ses plans sont apparus au grand
jour. Ils étaient déjà là auparavant, juste derrière la porte de
l'obéissance.
Si vous raffolez des fins heureuses, vous allez apprécier cette
histoire. S'il s'agissait des dernières minutes d'un film, vous seriez
frustré si le générique défilait devant Abigaïl, seule devant sa tente,
observant les troupeaux qui paissaient au loin. Ce serait une triste
fin ! Regardez la réaction de David en apprenant la nouvelle :

« David apprit que Nabal était mort, et il dit : Béni soit l ' É ternel ,
qui a défendu ma cause dans l ' outrage que m'a fait Nabal , et qui
a empêché son serviteur de faire le mal ! L' Éternel a fait retomber
la méchanceté de Nabal sur sa tête . David envoya proposer à
Abigaïl de devenir sa femme. Les serviteurs de David arrivèrent
chez Abigaïl à Carmel , et lui parlèrent ainsi : David nous a
envoyés vers toi , parce qu'il désire te prendre pour femme . Elle
se leva, se prosterna le v isage contre terre , et dit : Voic i , ta
servante sera une esclave pour laver les pieds des serviteurs de

165
L' H I STO I R E FAS C I N A N T E DE C E S P E R SO N N AG E S M ÉCO N N U S

mon seigneur. Et aussitôt Abigaïl partit, montée sur u n âne , et


accompagnée de cinq jeunes filles ; elle suivit les messagers de
David, et elle devint sa femme. »
( 1 Samuel 25 .39-42)

Quand David s'est décidé à obéir, il a vu le plan de Dieu et il a


cherché à obtenir la bénédiction qui l'attendait. Abigaïl n'a pas perdu
de temps non plus. Je ne peux pas les blâmer ! Les actes d'Abigaïl ont
prouvé que c'était une femme extraordinaire qu'un roi aurait été
stupide de ne pas remarquer. La manière d'agir de David a révélé qu'il
était un homme digne de ce nom, assez fort pour réaliser qu'il avait
tort de s'irriter, pour examiner ses choix, pour faire confiance à Dieu
et pour agir selon la volonté divine.
Certains peuvent estimer que les choses vont un peu trop vite. La
tombe de Nabal est encore fraîche et ces deux personnes ne se
connaissent que depuis quelques jours. Mais souvenez-vous qu'il ne
s'agit pas de deux amoureux du vingt et unième siècle. À l'époque, le
mariage était davantage basé sur l'honneur et le devoir que sur
l'amour. Jadis, au Moyen Orient, la vie était dure pour les veuves,
même si elles étaient riches, et vivre à la frontière sud d'Israël était
dangereux pour quiconque ne pouvait pas se défendre.
David a vu une veuve démunie qui était remarquablement bonne
et intelligente. Abigaïl, de son côté, a rencontré un protecteur capable
de veiller sur sa propriété qui était, de plus, selon le cœur de Dieu. Ce
fut une union idéale.
Au fil des années, j'ai appris que pour prendre de grandes
décisions, on doit tenir compte des traditions et de la sagesse
conventionnelle. Faire le deuil d'un conjoint exige du temps. Il faut
au moins trois ans (voire cinq) avant de pouvoir rétablir son équilibre
et parfois, entamer une nouvelle relation. J'ai vu beaucoup trop de
personnes brûler les étapes et, fréquemment, avoir le cœur brisé. Je
vous conseille donc d'écouter les êtres sages qui vous aiment et qui
vous ont prouvé qu'ils ne veulent que votre bien. S'ils vous disent
d'attendre, écoutez-les.
Toutefois, gardez-vous de faire de ces conventions classiques
des règles absolues. La tradition et la sagesse conventionnelle
devraient être prises au sérieux, mais permettez au Seigneur, s'il le

1 66
.JÏ9i9aïl, la Jêmmc qui sauva la vie Je s011 mari

souhaite, de bousculer les idées reçues. Les miracles sont, par nature,
précieux, et assez rares pour que nous ne les rejetions pas. David et
Abigaïl ont fait preuve d'une foi exemplaire en choisissant de
remettre leur avenir au Seigneur. À la suite de cela, Dieu les a bénis
instantanément, sans les laisser attendre.

LES MOR ALES DE L' H ISTOIRE

Chaque personne nous donne une leçon importante. Après tout,


les récits divins ne sont pas simplement là pour nous divertir, même
s'ils sont captivants. Le Seigneur nous les a transmis pour notre
développement spirituel.
David nous apprend que les réaction s impulsives son t très
néfastes. Sa fougue a failli lui faire commettre un meurtre. Si David
avait tué Nabal dans un accès de rage, son mariage avec Abigaïl
aurait sali sa réputation. J'imagine que l'histoire d'Israël aurait peut­
être été très différente si David n'était pas parvenu à se maîtriser.
Grâce à Dieu, c'était un homme qui savait écouter les autres.
Vous qui lisez ces l ignes, vous vous apprêtez peut-être à mettre
en application un projet. Il s'agit d'un acte passionné. Attention s'il
n'est pas mûrement réfléchi, vous risquez de vous en mordre les
doigts ! Pensez aux conséquences. Laissez passer la nuit. Cherchez de
sages conseils ... et tenez-en compte. Vous n'avez considéré qu'un
seul aspect de la question. Forcez-vous à changer de perspective. Si
vous êtes souvent sur la défensive et que les autres ne sont pas de
votre avis, remettez-vous en cause. Agir sous le coup des émotions
risque de vous faire souffrir pendant des années.
Nabal nous apprend que les conjoin ts insensibles font souffrir
tous ceux qui les entourent. Cela s'applique aux femmes qui privent
leur mari de la dignité et du respect auxquels il a droit par leurs
critiques continuelles et leur attitude dédaigneuse. Ne croyez pas que,
parce que vous l'aimez, il n'a pas besoin de sentir votre respect et
votre admiration. Pour lui, l'amour et le respect sont indissociables.
Si vous le critiquez, que vous l'insultez ou que vous ne lui faites pas
confiance, vous l'affligez profondément. Le problème, c'est que vous
n'en avez probablement pas conscience. (Ne lui posez pas la question.
Il ne vous répondra pas.)

167
L'HISTOIRE FASC I NANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Cela s'applique aussi aux maris qui dépouillent leur femme de


leur valeur et de leur dignité en méprisant ses conseils et en ne voyant
pas ses qualités. La communication est aussi importante pour une
femme que l'intimité physique l'est pour un homme. La rabrouer
quand elle ouvre la bouche est aussi démoralisant pour elle que, pour
vous, de voir vos avances repoussées. Si vous faites cela pendant
longtemps, elle finira par ne plus essayer de vous parler, comme
Abigaïl. Et croyez-moi, messieurs, si votre femme ne se confie plus
à vous, votre mariage est en grand danger. Malheureusement, certains
d'entre vous risquent de ne jamais s'en rendre compte, car ils sont
aveuglés par leur insensibilité.
J'aimerais mettre les points sur les i. Non seulement votre
indél icatesse fait beaucoup souffrir votre femme, mais elle risque de
vous détruire. Nabal n'a eu aucun égard pour ceux qui protégeaient
son troupeau, et la tornade qui a ébranlé les collines de Paran a failli
lui être fatale. D'autre part, il a été tellement distant avec sa femme
que lorsqu'il a été en danger, elle n'a pas eu la possibilité de l'avertir.
Si vous êtes comme Nabal, s'il vous plaît... Réag issez ! Dieu
vous a accordé un don inestimable : votre épouse. Il l'a dotée de
discernement, de même que celui que j'ai appris à apprécier chez ma
femme durant nos cinquante ans de mariage. J'ai eu beaucoup plus de
succès à partir du moment où j'ai appris à donner autant d'importance
au point de vue de mon épouse qu'au mien.
Abigaïl nous apprend que les partenaires intellig ents sav ent
choisir le m eilleur mom ent etfaire preuv e de tact. Lorsqu'elle a senti
le danger, personne n'a dû lui dire de réagir rapidement. La sagesse
sait à quel moment elle doit agir et évaluer tous les aspects d'une
situation, et aussi comment saisir une occasion avant qu'il soit trop
tard. Cette femme remarquable s'est hâtée de préparer des provisions.
Elle a réagi sans délai . Presque toujours, savoir choisir le meilleur
moment est vital.
Et lorsqu'elle a lu dans les yeux de David qu'i l était prêt à
commettre un meurtre, elle lui a parlé courageusement, quoique
calmement. Elle a choisi ses termes avec soin, non pour avoir le
dernier mot, mais pour disposer le futur roi à l'écouter et à tenir
compte de ses conseils. Et lorsqu'elle a terminé sa tâche, elle est

168
5il9 igaïl, /11 femme q ui sauva la vie de so11 mari

rentrée chez elle sans souffler mot à Nabal. Ce n'était pas le bon
moment. Mieux valait attendre le lendemain matin.
En tournant la dernière page de ce chapitre, faites-vous du bien.
Mettez un marque-page dans ce livre et posez à votre conjoint
plusieurs questions délicates. Je vous en suggère quelques-unes pour
vous aider à commencer, ou vous pouvez en trouver vous-même.
Après les avoir posées, contentez-vous d'écouter. Ne vous défendez
pas, n'essayez pas de vous justifier. . . Écoutez.

• À quel moment ce que je dis ou ce que je fais te réconforte­


t-il ou , à l'inverse, te déprime+il ?
• Si tu pouvais changer une chose en toi, de quoi s'agirait-il ?
Et en moi ?
• Si j'étais sur le point de commettre une terrible erreur, me
préviendrais-tu ? Sinon, qu'est-ce qui t'en empêcherait ?
• As-tu l'impression que j'accorde de la valeur à ton jugement ?
Je t'en prie, réponds-moi franchement. J'ai besoin de le
savoir.

Une fois de plus, je vous invite à écouter le conjoint que Dieu


vous a donné. Qui sait ? Un jour, il ou elle vous sauvera peut-être la
vie.. . littéralement !

1 69
C HAPITRE N EU F
..5/,bsalom, le prince charmant rebelle
,.f 1 :p
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L
a Bible n'enjolive jamais ses héros , Le séduisant jeune guerrier
qui a enthousiasmé Abigaïl était, en réalité , un polygame ,
Apparemment, une femme ne lui suffisait pas , Aussi David a­
t-il transgressé l'instit�tion sacrée du mariage (un homme et une
femme unis pour la vie) en choisissant d'épouser plusieurs femmes ,
Je dois admettre que cet aspect du caractère de David m'a
toujours perturbé et déconcerté. C'était un homme selon le cœur de
Dieu , un vaillant guerrier qui avait appri s à faire confiance au
Seigneur en toute chose . C'était aussi un tendre et talentueux
adorateur qui avait l'âme d'un poète et qui était doué pour la musique .
Il était beaucoup plus intègre que ceux qui l'entouraient , et pourtant . . .
Qu'a d û ressentir Abigaïl en découvrant qu'elle n'était qu'un
élément d'un harem une fois sa lune de miel terminée ? David l'a
épousée quand il n'était pas encore roi et qu'il apprenait l'obéissance
le long de la frontière désertique de Juda . Peu après, il devint le
monarque d'une partie d'Israël et installa ses femmes dans son palais
d'Hébron. Ensuite , sept ans et demi plus tard , ses ennemis moururent,
et il put alors régner sans partage sur les douze tribus . À ce moment­
là, il al la vivre à Jérusalem avec ses épouses.
Alors que l'Éternel avait expressément défendu aux rois d'Israël
de se constituer des harems (Deutéronome 1 7 . 1 7) , Abigaïl a dû
partager le palais de Jérusalem avec M ica! , Achinoam , Maaca et
plusieurs autres femmes et concubines . D'un pont de vue social , cette
pratique était acceptable et presque traditionnelle pour les rois de

171
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES PERSO N N AGES M ÉCON N U S

l'époque. Néanmoins, comme nous allons le voir, elle a empêché la


dynastie de David de devenir ce que Dieu aurait voulu qu'elle soit.
L'auteur inspiré de 2 Samuel nous apprend que David a eu
plusieurs fils de ces femmes. Alexander W hyte fait un portrait
évocateur du monarque et de sa maisonnée

« La polygamie est juste le mot grec désignant un amas


d'immondices. David a foulé aux pieds la première et la meilleure
loi de la nature dans son palais de Jérusalem, à la suite de quoi il
a passé toutes les années suivantes à vivre l'enfer sur la terre. Le
palais du roi était un lieu où régnaient la suspicion , les intrigues ,
la jalousie et la haine, qui provoquèrent l'inceste et le meurtre. Et
ce fut dans cette maisonnée, si du moins ce cloaque pouvait être
nommé ainsi, qu'Absalom, le troisième fils que David a eu de sa
troisième femme, est né et a grandi . » 14

C'est dans ce lieu plein d'intrigues et d'hypocrisie que Maaca


(nom qui signifie « oppression » en hébreu) a élevé son fils Absalom.
Son nom signifie « père de la paix », ce qui deviendra de plus en plus
paradoxal au fur et à mesure que le récit se déroulera. Même avant
son union avec David, Maaca et Absalom avaient du sang royal dans
les veines. En effet, cette femme avait pour père Talmaï, roi d'une
ville importante située près de la mer de Galilée.

L ' I NFLUENCE Q U ' A B S ALOM A S U B I E


D A N S S O N ENFA N C E

Entre 2 Samuel 3 et 2 Samuel 13, vingt ans se sont écoulés. Le


royaume de David a grandi, et ses amis qui lui sont restés loyaux au
cours de ses humbles journées dans le désert ont été récompensés de
leur dévouement. La Bible les nomme « les trente », comme nous
l'avons vu au premier chapitre. Eliam donna pour épouse sa
ravissante fille à Urie, l'un des trente vaillants héros de David, et ce
dernier lui offrit une propriété située juste derrière le palais. Il
accorda également au père d'Eliam un rôle important de conseiller
- l'équivalent de secrétaire d'état de son conseil royal , en quelque
sorte. Il s'appelait Achitophel (encore un nom à retenir).

172
.Ylbsa/0111, le p ri11ce cl111mw11t rebelle

Au cours de ces vingt ans, David a été extrêmement occupé. Il a


vaincu les Philistins et conquis Moab, Edom, Ammon et Aram. Il a
aussi repoussé plusieurs grandes armées d'envahisseurs. Et lorsqu'il
n'a pas conquis de terres ou construit d'édifices, il a été pris par les
affaires incessantes de l'état. Il a passé un temps considérable dans ses
cabinets privés, et il y a pris des décisions sur la guerre, la diplomatie,
les constructions, les impôts et l'administration. Il a passé le reste du
temps à voyager, à défiler, à faire des discours et à présider des
réunions. Il a eu trop de femmes et d'enfants pour exercer une
quelconque influence sur eux, sauf en de rares occasions. Il a conçu
une quantité d'enfants, mais en fait, il n'en a éduqué aucun.
Pour vous donner une idée plus précise du nombre de femmes et
d'enfants dont nous parlons, j'ai réalisé un tableau que vous trouverez
à la page suivante. J'ai compté huit femmes dont le nom est cité, plus
un certain nombre d'anonymes qui lui ont aussi donné des enfants et
pas moins de dix concubines. Chacune des femmes a eu au moins un
enfant, à l'exception de Mica!. Elle avait hérité du tempérament de
son père, ce qui explique probablement qu'elle soit restée stérile (2
Samuel 6.20-23).
Au cours d'une pause inhabituelle dans la vie de David, à un
moment où il était censé être à la guerre, il a vu Bath-Schéba, la
ravissante femme d'Urie, se baigner dans la cour de la propriété qu'il
avait offerte à son ami de longue date. Son oisiveté et sa convoitise
lui furent fatales. Pendant qu'Urie combattait ses ennemis, David
commit l'adultère avec son épouse. Et quand elle fut enceinte, David
s'arrangea pour que son fidèle ami soit tué afin de cacher son péché.
Dès que Bath-Schéba termina son deuil, il la prit pour épouse. Les
Écritures disent : « Ce que David avait fait déplut à l'Éternel » (2
Samuel 1 1.27). En fin de compte, le Seigneur fit éclater le scandale
et prononça son jugement sur David

« Ainsi parle l 'Éternel : Voici , je vais faire sortir de ta maison le


malheur contre toi , et je vais prendre sous tes yeux tes propres
femmes pour les donner à un autre, qui couchera avec elles à la
vue de ce solei 1 . Car tu as agi en secret ; et moi , je ferai cela en
présence de tout Israël et à la face du soleil . »
(2 Samuel 1 2 . 1 1 - 1 2)

173
L' H ISTO I R E FA S C I N A NTE DE CES P E R SO N N AG E S M ÉCO N N U S

Bien que David se soit repenti - sincèrement et totalement -


et que le Seigneur lui ait fait grâce, le palais ne fut plus jamais comme
avant. Les péchés commis lui causèrent un préjudice considérable. Il
ne fut plus qu'un timide juge du bien et du mal qui hésita à manifester
son autorité royale.

LA FAMILLE DE DAVID
1 Samuel 1 8.27, 1 Samuel 25.42-43,
2 Samuel 3.3-5, 1 Chroniques 3.1-9, 14.3-4

Q
David
. !
a epouse
.
..- · · - · - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - · · · · · · · · · · - - - - - - · - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -..

QQQQ Shimea Echobab Nalhan SaJanon

QQQQQQQQQ Q
(Schammua)

Jibhar E1i!chama Eliphélcth Noga Néphcg Japhia Elischama Eliada Eliphélcth Autres
(Eli,hua) (Elpbélcth) fils

174
:Jlbsalom, le pri11cc clwrma11I rebelle

Pendant tout ce temps, Absalom est parvenu à l'âge adulte,


entouré des femmes querelleuses et jalouses de son père. Il éprouvait
déjà du ressentiment envers son père toujours absent, mais après
avoir découvert qu'il était un adultère et un meurtrier, il perdit tout
respect pour lui, et il n'éprouva plus que du mépris.

LE M O M ENT D ÉTER M I N A N T D ' A B S A L O M


Dans des familles aussi désastreuses que celle-ci, les frères et
sœurs doivent dépendre les uns des autres pour puiser du réconfort et
même pour survivre. Absalom et sa sœur Tamar devinrent très
proches. Absalom l'aima tant que par la suite, il prénomma sa fille
Tamar.
Au début du chapitre 1 3, Absalom est amer et furieux. Ce qui
arrive ensuite va le faire sortir de ses gonds

« Après cela, voici ce qui arriva. Absalom , fils de David , avait


une sœur qui était belle et qui s'appelait Tamar ; et Amnon , fils
de David, l ' aima. Amnon était tourmenté jusqu'à se rendre
malade à cause de Tamar, sa sœur ; car elle était vierge , et il
paraissait difficile à Amnon de faire sur elle la moindre
tentative . »
(2 Samuel 1 3 . 1 -2)

Le fils aîné de David, Amnon, est tombé amoureux de sa demi­


sœur Tamar. Son affection incestueuse était perverse. L'Ancien
Testament qualifie son désir et sa façon d'agir d'« abomination »
(Lévitique 1 8.6-8, en particulier le verset 9 ; Lévitique 20 ;
Deutéronome 27 .22). Jonadab a eu une influence désastreuse sur
Amnon, car il l'a incité à céder à ses mauvais désirs :

« Amnon se coucha, et fit le malade. Le roi vint le voir, et Amnon


dit au roi : Je te prie, que Tamar, ma sœur, vienne faire deux
gâteaux sous mes yeux, et que je les mange de sa main. David
envoya dire à Tamar dans l ' intérieur des appartements : Va dans
la maison d' Amnon , ton frère , et prépare-lui un mets . . . Alors

1 75
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Amnon dit à Tamar : Apporte le mets dans la chambre, et que je


le mange de ta main. Tamar prit les gâteaux qu 'elle avait faits, et
les porta à Amnon, son frère, dans la chambre. Comme elle les lui
présentait à manger, il la saisit et lui dit : Viens, couche avec moi ,
ma sœur. Elle lui répondit : Non, mon frère, ne me déshonore pas ,
car on n ' agit point ainsi en Israël ; ne commets pas cette infamie .
Où irais-je, moi , avec ma honte ? Et toi , tu serais comme l ' un des
infâmes en Israël . Maintenant, je te prie, parle au roi, et il ne
s 'opposera pas à ce que je sois à toi. »
(2 Samuel 1 3 .6-7 , 1 0- 1 3 , italiques ajoutées)

Les propos de Tamar sont vraiment étranges ! Pense-t-elle que


David va autoriser un mariage entre ses enfants ? Soit il avait perdu
la tête, soit il n'avait plus la �oindre autorité sur sa famille. Hélas, le
raisonnement de Tamar n'a pas empêché son frère de la violer.

« Mais il ne voulut pas l'écouter ; il lui fit violence , la déshonora


et coucha avec elle. »
(2 Samuel 1 3 . 1 4)

Lorsqu'il eut assouvi sa convoitise, le grand « amour » d'Amnon


se transforma instantanément en haine farouche, et il lui dit:« Lève­
toi, va-t'en ! » (v. 1 5). Puis il la fit jeter dehors.
Regardez maintenant la réaction des hommes de sa vie

« Absalom, son frère, lui dit : Amnon , ton frère , a-t-il été avec
toi ? Maintenant, ma sœur, tais-toi, c'est ton frère ; ne prends pas
cette affaire trop à cœur. Et Tamar, désolée , demeura dans la
maison d'Absalom , son frère . Le roi David apprit toutes ces
choses, et il fut très irrité. Absalom ne parla ni en bien ni en mal
avec Amnon ; mais il le prit en haine, parce qu'il avait déshonoré
Tamar, sa sœur. »
(2 Samuel 1 3 .20-22)

David fut très irrité! C'est tout? Juste irrité? D'après la loi , que
David connaissait sur le bout des doigts, quiconque violait sa sœur
devait être banni de la communauté. C'était la loi d'un pays dont

1 76
..'.Absalom, le p ri11ce cliarm a11I rebelle

David était le roi. Il avait le devoir de faire appliquer la loi de Dieu !


Il aurait dû chasser son fils de la maison, de Jérusalem et du pays
d'Israël, tout en avertissant la communauté que son fils avait agi de
façon abominable. Mais Amnon connaissait son père, comme tous ses
frères et sœurs. Il savait qu'il s'en sortirait. Après ses erreurs passées,
son père était mal placé pour le réprimander. C'est pourquoi Amnon
était si téméraire.
David fut très irrité ... mais il ne fit rien !

LE C H OIX D' ABSALOM

Absalom, qui était déjà en colère contre son père, a ruminé ses
griefs pendant deux longues années. Il a vainement attendu que
David fasse ce qui était juste. Vous vous souvenez de notre étude de
Caïn au chapitre 2 ? Le péché non réglé et la fureur mènent à la
tragédie et parfois au meurtre. Il n'est pas surprenant que ce soit
exactement le plan mis en action par Absalom

« Absalom donna cet ordre à ses serviteurs : Faites attention


quand le cœur d 'Amnon sera égayé par le vin et que je vous dirai
Frappez Amnon ! Alors tuez-le ; ne craignez point, n'est-ce pas
moi qui vous l 'ordonne ? Soyez fermes, et montrez du courage !
Les serviteurs d ' Absalom traitèrent Amnon comme Absalom
l 'avait ordonné. Et tous les fils du roi se levèrent , montèrent
chacun sur son mulet, et s'enfuirent. »
(2 Samuel 1 3 .28-29)

Le prince Absalom a donc grandi dans une maisonnée


anarchique, indisciplinée et totalement dysfonctionnelle. Son demi­
frère a violé sa sœur sans en subir les conséquences, parce que leur
père était trop faible pour faire appliquer la loi de Dieu dans sa
maison. Et tout cela a abouti à un nouveau meurtre. Absalom a tué
Amnon, puis il est allé se cacher. Remarquez à quel endroit il est
parti

« Absalom s'était enfui, et il alla chez Talmaï, fils d' Ammihur, roi
de Gueschur. Et David pleurait tous les jours son fils. Absalom

177
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAG ES MÉCONNUS

resta trois ans à Gueschur, où il était allé, après avoir pris la fuite.
Le roi David cessa de poursuivre Absalom , car il était consolé de
la mort d' Amnon . »
(2 Samuel 1 3 .37-39)

Le nom de Talmaï vous rappelle-t-il quelque chose? Il s'agit du


grand-père maternel d'Absalom, qui dirigeait une grande ville au nord
de Jérusalem . Absalom s'est réfugié chez son grand-père.
Apparemment, Absalom s'était lié avec lui et avait trouvé chez grand­
père Talmaï ce qui lui faisait défaut chez David. Il resta là-bas
pendant trois ans.
Pendant ce temps, au lieu de regretter l'absence de son fils,
David parut plutôt soulagé. Il se réjouit de ne pas être obligé de
sanctionner son aîné. De manière détournée, la situation s'arrangea
d'elle-même, et le roi n'eut plus qu'à chercher où son premier-né
s'était réfugié. C'est ce qu'il fit avec son commandant en chef Joab.
Mais lorsqu'il l'eut retrouvé, il eut une réaction bizarre

« Et Joab se leva et partit pour Gueschur, et il ramena Absalom à


Jérusalem. Mais le roi dit : Qu'il se retire dans sa maison, et qu'il
ne voie point ma face. Et Absalom se retira dans sa maison, et il
ne vit point la face du roi . »
(2 Samuel 1 4 .23-24)

C'est assez différent de l'histoire du fils prodigue de l' Évangile


de Luc, ne trouvez-vous pas ? Là, le père avait dit : « Mon fils que
voici était mort, et il est revenu à la vue ; il était perdu , et il est
retrouvé » (Luc 1 5.24). Mais David, lui, a soupiré : « Bon, il peut
revenir, mais je ne veux pas le voir ! Qu'il habite chez lui avec sa
famille. Quant à moi , je ne veux plus avoir le moindre contact avec
lui. » Bien que vivant à proximité l'un de l'autre, le père et le fils ne
se rencontrèrent jamais.

LE C O M PLOT D' A B S A L O M
Les deux hommes étaient pleins de ressentiment. David refusait
de pardonner et son fils était amer, négatif et assoiffé de vengeance.

178
.Ylbs11lom, le pri11ce ch11rma11I rebelle

Quique fourbe , il avait un aspect extérieur sédui sant . Notez le


changement : ! 'écri vain bibl ique ne se contente plus d'émettre de
simples faits historiques, mais il apporte une touche de pittoresque :

« I l n'y avait pas un homme -dans tout Israël aussi renommé


qu 'Absalom pour sa beauté ; depuis la plante du pied jusqu'au
sommet de la tête, il n'y avait point en lui de défaut. Lorsqu' il se
rasait la tête - c'était chaque année qu'il se la rasait, parce que sa
chevelure lui pesait - le poids des cheveux de sa tête était de deux
cents sicles, poids du roi . »
(2 Samuel 1 4 .25-26)

Bien qu'Absalom ait été furieux et avide de prendre sa revanche,


il ressemblait à un séduisant prince charmant. Non seulement il était
de toute beauté, mais la Bible précise qu'il n'y avait aucun défaut en
lui ; ni marque, ni grain de beauté , ni bouton, ni acné, ni maladie .
Mais il avait un trait distinctif : une crinière d'épais cheveux noirs
qu'il rasait une fois par an . D'après les commentaires, deux cents
sicles font près d' 1 ,5 kg ! C'est un poids considérable !
Pourquoi Absalom ne se rasait-il pas plus souvent la tête, alors
que sa chevelure le gênait ? Certainement parce que cette chevelure
épaisse rehaussait sa grande beauté et attirait des femmes de tout le
royaume ! L'effet que son all ure exerçait sur la gent féminine le
dissuadait d'aller chez le coiffeur.
Et notre prince était aussi charmant que séduisant, du moins en
apparence . Car intérieurement, son péché non réglé le poussait à la
rancœur, à l'amertume et à la haine . Mais il joua parfaitement la
comédie :

« Après cela, Absalom se procura un char et des chevaux, et


cinquante hommes qui couraient devant lui. Il se levait de bon
matin, et se tenait au bord du chemin de la porte. Et chaque fois
qu 'un homme ayant une contestation se rendait vers le roi pour
obtenir un jugement, Absalom l'appelait, et disait : De quelle ville
es-tu ? Lorsqu'il avait répondu : Je suis d 'une telle tribu d'Israël ,
Absalom lui disait : Vois, ta cause est bonne et juste ; mais

1 79
L' H ISTO I R E FA S C I N A N T E DE CES P E R S O N N A G E S MÉCON N U S

personne de chez l e roi n e t ' écoutera . Absalom disait : Q ui


m ' établira juge dans le pays ? Tout homme qui aurait une
contestation et un procès viendrait à moi et je lui ferais justice. Et
quand quelqu'un s'approchait pour se prosterner devant l u i , i l l ui
tendait l a ma i n, le saisissait e t l 'embrassait. Absalom agissait
ainsi à l ' égard de tous ceux d ' Israël , qui se rendaient vers le roi
pour demander justice . Et Absalom gagnait le cœur des gens
d ' Israël. »
(2 Samuel 1 5 . 1 -6)

Notre prince charmant semble avoir été un intrigant et un


rebelle, mais cela n'a rien de surprenant . En effet, il n'a jamais admis
que David ne fasse pas payer à Amnon le viol de sa sœur. Aussi,
comme le prophète Nathan l'avait prédit auparavant, l'épée a toujours
sévi dans la maison de David. Quand le jeune homme est revenu à
Jérusalem, David ne lui a pas accordé la moindre attention, pas plus
qu'à Amnon précédemment. Ni en bien, ni en mal . Et lorsque le roi
finit par accorder un entretien à son fils, l'ambiance fut cordiale , sans
plus. Le texte nous dit qu'Absalom se prosterna devant le roi , qui
l'embrassa.
Malgré cette apparente réconcil iation , souvenons-nous qu'il
s'agit ici d'une époque et d'une culture différentes. En ce temps-là, un
baiser équivalait à notre poignée de mains actuelle. Pas de lannes.
Pas de paroles aimables d'encouragement et de réconciliation . Pas
d'étreinte paternelle. Ce geste superficiel scellait donc officiellement
la paix entre les deux hommes , mais ne réchauffait en rien une
relation qui s'était dégradée au fil des mois de silence pesant .
Finalement, Absalom n'éprouva plus le moindre sentiment envers son
père , et il décida froidement de le renverser.

L E S M O T I FS D ' A B S A LO M
Comme les détails de sa longue campagne pour détruire David
pourraient remplir un livre , je me bornerai à étudier une question
cruciale : qu'est-ce qui pousse un fils à conspirer contre son père ?
Absalom en voulait terriblement à David, et cela l'empêchait de
le voir tel qu'il était . Je me demande comment il aurait réagi si son

1 80
..;Absalom, le pri11ce clwrn11111I rebelle

père avait renoué le contact avec lui au lieu de le tenir à distance. Son
amertume aurait-elle été apaisée si son père avait choisi d'être
complètement transparent, ouvert à la critique et prêt à entendre des
réactions blessantes ?
En tant que parents, nous nous imaginons à tort que nos enfants
s'attendent à ce que nous soyons parfaits. Parfois , nous les tenons à
distance pour leur dissimuler nos défauts, que nous haïssons. Mais en
réalité, nos enfants souhaitent nous connaître tels que nous sommes ,
avec nos failles , nos blessures, nos interrogations , nos limites , nos
cicatrices, etc. Ils veulent nous aimer du fond du cœur, mais pour
cela , nous devons rester vulnérables et authentiques. Trop d'entre
nous ne pensent qu'à gagner leur vie et à maintenir une réputation qui
impressionne les autres (du moins , c'est ce que nous espérons). Vous
ferez peut-être illusion tant que vos enfants seront petits , mais
lorsqu'ils grandiront, ils verront les failles de votre caractère sous
votre belle façade. À ce moment-là, déçus et déconcertés , ils
chercheront d'autres adultes plus francs que vous.
Au fond, Absalom aurait voulu savoir qui était vraiment son
père. S'il avait vu David regretter amèrement ses péchés, s'il lui avait
demandé pardon d'être resté si impassible quand Amnon avait violé
Tamar, cela aurait fait une différence considérable. Mais il n'a eu droit
qu'à un contact superficiel scellé par un baiser machinal.
De plus, Absalom ne pouvait pas supporter le demi pardon
ambigu de David. Le jeune homme aurait tant voulu que son père ait
une réaction franche qu'il préférait mourir que de continuer à vivre en
disgrâce. Regardez ce qu'il a dit quand il a demandé à voir son père :

« Pourquoi suis-je revenu de Gueschur ? Il vaudrait mieux pour


moi que j'y sois encore . Je désire maintenant voir la face du roi
et s'il y a quelque crime en moi , qu'il me fasse mourir. »
(2 Samuel 1 4 .32)

Malheureusement, la tentative que le jeune homme a faite pour


se réconcilier avec son père n'a pas vraiment abouti, et son
écœurement a été total.
En considérant tout ce qui s'est passé - le péché de David, son
refus de punir Amnon et de renouer le contact avec Absalom (qu'il n'a

181
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES P E R SO N N AG ES M ÉCON N U S

ni châtié, ni absous), est-il surprenant qu'Absalom ait tout fait pour


s'attirer les faveurs du peuple afin de détrôner son père ? Le choix des
mots du rédacteur biblique est particulièrement ironique

« Absalom disait : Qui m'établira juge dans le pays ? Tout homme


qui aurait une contestation et un procès viendrait à moi et je lui
ferais justice . Et quand quelq u 'un s 'approchait pour se
p rosterner devant lui, il lui tendait la main , le saisissait et
l 'embrassait. »
(2 Samuel 1 5 .4-5 , italiques ajoutées)

L E M ÉP R I S D ' A B S A LO M P O U R D AV I D

Quand Absalom a fini par avoir le droit de circuler dans


Jérusalem et dans le palais, il s'est constitué un petit royaume à
l'intérieur de celui de David. Au fil du temps, ce noyau s'est
développé comme un cancer, et il a transformé des sujets loyaux en
rebelles. Il commença à rendre justice au peuple, en s'arrangeant pour
dénigrer le roi au passage. Puis il jeta son dévolu sur un des
conseillers mécontents de David dont vous vous souvenez peut-être,
car nous l'avons déjà mentionné au début de ce chapitre. Il s'agit
d'Achitophel.

« [Absalom] envoya chercher à la ville de Guilo Achitophel , le


Guilonite , conseiller de David. La conjuration devint puissante, et
le peuple était de plus en plus nombreux auprès d' Absalom. »
(2 Samuel 1 5 . 1 2)

Gagner Achitophel à sa cause a constitué une grande victoire


stratégique, et cela semble avoir été facile. Sans doute était-il aussi
déçu de David que l'était Absalom lui-même. En effet, cet homme
d'état aguerri était le grand-père de Bath-Schéba ; David avait
commis l'adultère avec elle et avait assassiné Urie, un grand ami du
fils d'Achitophel. Avec une redoutable habileté, Absalom a su tirer
parti de la relation tendue entre Achitophel et David. Gagner ce
notable respecté à sa cause lui a conféré assez de poids parmi les

182
.:7fbsulom, le p ri11ce r/wmuuil rebelle

notables d'Israël pour renverser le roi. Pour sauver sa peau, David a


été contraint de fuir loin du palais et retourner vers le désert. Mais
cette fois, c'était son fils qui cherchait à le tuer et non Saül.
Pour accroître les tourments de David, Achitophel, le grand-père
de Bath-Schéba, donna ce conseil à Absalom

« Et Achitophel dit à Absalom : Va vers les concubines que ton


père a laissées pour garder la maison ; ainsi tout Israël saura que
tu t'es rendu odieux à ton père, et les mains de tous ceux qui sont
avec toi se fortifieront. On dressa pour Absalom une tente sur le
toit, et Absalom alla vers les concubines de son père, aux yeux de
tout Israël . Les conseils donnés en ce temps-là par Achitophel
avaient autant d ' autorité que si l 'on avait consulté Dieu lui­
même . Il en était ainsi de tous les conseils d' Achitophel , soit pour
David, soit pour Absalom. »
(2 Samuel 1 6.2 1 -23 , italiques ajoutées)

Où se trouvait David la première fois qu'il a convoité Bath­


Schéba ? Avez-vous remarqué à quel endroit Achitophel a fait dresser
la tente ? Sur L e toit. Ainsi, la prophétie s'est accomplie : « Voici, je
vais faire sortir de ta maison le malheur contre toi, et je vais prendre
sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui
couchera avec elles à la vue de ce soleil. Car tu as agi en secret ; et
moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil » (2
Samuel 12.11- 12). Le rappel de la convoitise de David sur le toit a
rouvert ses anciennes blessures.

LE DÉCÈS D' ABSALOM

Je voudrais que l'histoire de ce prince charmant se termine


comme un conte de fées. Mais 2 Samuel 18 nous relate sa fin sordide.
David a rassemblé ses fidèles guerriers et a lutté pour reconquérir son
trône. Son armée et celle de son fils se sont engagées dans la bataille,
et David a triomphé haut la main. Joab, commandant en chef de
David, et deux autres hommes avec lesquels il a élaboré sa stratégie

1 83
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE C E S P E R S O N N AGES M ÉCO N N U S

étaient près de lui lorsque le roi a donné des instructions strictes


concernant la bataille

« Le roi donna cet ordre à Joab, à Abischaï et à lttaï : Pour


l 'amour de moi, doucement avec le jeune Absalom ! Et tout le
peuple entendit l 'ordre du roi à tous les chefs au sujet
d' Absalom . »
(2 Samuel 1 8.5)

Sans aucun doute, David s'est senti extrêmement coupable de sa


longue négligence envers le fils qu'il avait tenu à distance, le jeune
homme qu'il n'avait jamais connu ni épaulé. Il luttait pour reconquérir
sa place légitime sur le trône d'Israël et non pour se venger, et il ne
voulait à aucun prix voir son fils périr. Néanmoins, ce qui faisait la
vanité d'Absalom fut aussi ce qui causa sa perte

« Absalom se trouva en présence des gens de David . I l était monté


sur un mulet. Le mulet pénétra sous les branches entrelacées d'un
grand térébinthe, et la tête d' Absalom fut prise dans le térébinthe
il demeura suspendu entre le ciel et la terre, et le mulet qui était
sous lui passa outre. Un homme ayant vu cela vint dire à Joab :
Voici, j 'ai vu Absalom suspendu à un térébinthe . Et Joab dit à
l ' homme qui lui apporta cette nouvelle : Tu l ' as vu ! Pourquoi
donc ne l 'as-tu pas abattu sur place ? Je t'aurais donné dix sicles
d'argent et une ceinture. Mais cet homme dit à Joab : Quand je
pèserais dans ma main mi lie sicles d'argent, je ne mettrais pas la
main sur le fils du roi ; car nous avons entendu cet ordre que le
roi t'a donné, à toi , à Abischaï et à Ittaï : Prenez garde chacun au
jeune Absalom ! Et si j'avais attenté perfidement à sa vie, rien
n'aurait été caché au roi , et tu aurais été toi-même contre moi .
Joab dit : Je ne m'arrêterai pas auprès de toi ! Et il prit en main
trois javelots, et les enfonça dans le cœur d' Absalom encore plein
de vie au milieu du térébinthe. Dix jeunes gens, qui portaient les
armes de Joab, entourèrent Absalom , le frappèrent et le firent
mourir. »
(2 Samuel 1 8.9- 1 5)

184
.Jlbs11lom, le prince cht1rma11I rebelle

Nous sommes ainsi conduits à l'un des passages les plus


poignants de la Bible. Un messager transmet la nouvelle de la mort
d'Absalom. Les propos suivants prouvent à quel point le chagrin de
David a été profond

« Alors le roi , saisi d'émotion , monta dans la chambre au-dessus


de la porte et pleura. Il disait en marchant : Mon fils Absalom !
mon fil s , mon fils Absalom ! Que ne suis-je mort à ta place !
Absalom, mon fils, mon fils ! »
(2 Samuel 1 8 .33)

En lisant ces exclamations désespérées, nous réalisons que


David a saisi toute la tragédie de la vie d'Absalom. Ses milliers de
lacunes lui ont brisé le cœur. Il aurait donné sa vie pour pouvoir
réparer toutes ses erreurs. La mort d'Absalom les lui a remémorées, à
l'instar d'un fer chauffé à blanc. Hélas, ses remords sont venus trop
tard. C'est avant leur mort que nous devons rectifier nos erreurs
envers ceux que nous aimons.

LES LEÇON S Q U E N O U S L A I S S E A B S A L O M
Dans ce conte tragique d'un roi et de son fils rétif - un prince
charmant rebelle - je discerne trois grandes leçons toujours
d'actualité. J'en ai parlé en relatant cette histoire, mais elles valent la
peine qu'on s'y attarde.
Premièrement, une famill e malheureus e form e des enfants
déséquilibrés. Même si le royaume de David était florissant,
l'atmosphère dans sa famille était déplorable. Il a laissé un héritage
impressionnant à Israël et il a agrandi le royaume à un point
inimaginable . Il a été un brillant commandant sur les champs de
bataille qui a mobilisé et dirigé ses troupes avec une habileté
consommée, ce qui a permis de remporter des victoires éclatantes. Il
a même été un homme selon le cœur de Dieu qui a écrit des psaumes
prophétiques et composé des mélodies qui ont poussé les autres à
adorer l'Éternel, mais il n'a pas su conduire sa famille dans la voie où
il marchait lui-même. Toutes ses performances publiques ont été
éblouissantes, mais sa vie de famille a lamentablement échoué.

185
L' H I STOI R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S MÉCO N N U S

L'ambiance de sa maison était si désastreuse et ses enfants étaient si


déséquilibrés que pour y remédier, l'un des psychologues
d'aujourd'hui aurait mis des dizaines d'années.
Messieurs, je ne doute pas que vous ayez brillamment réussi
votre parcours professionnel et que vous ayez un impact considérable
dans votre milieu de travail. C'est impressionnant et motivant. Mais
permettez-moi de vous conseiller de marquer une pause et de
réfléchir : assurez-vous le bonheur de votre famille ? Vos enfants
sont-ils en passe de devenir des hommes et des femmes de Dieu
épanouis, équilibrés et pieux ? En tant que protecteur et soutien de
votre foyer, vous devez instaurer une atmosphère sûre et saine pour
tous ceux dont vous avez la charge, afin qu'ils deviennent ce que Dieu
veut qu'ils soient. Certes, vous ne serez jamais parfait, et vous n'êtes
pas censé l'être, mais il faut que vous soyez présent, et que vous
déployiez la même énergie et la même ingéniosité qu'à votre travail.
Ne vous plongez pas jusqu'au cou dans votre tâche tandis que
vos enfants vous glissent entre les doigts comme de petits grains de
sable. Le vieux cliché est vrai : avant que vous vous en aperceviez,
ils ne sont plus là ! Vous n'avez sûrement pas envie qu'un jour, en
regardant derrière eux, ils disent : « Qui est cet homme ? Pourquoi
m'a-t-il mis au monde ? » L'histoire d'Absalom est toujours
d'actualité. Les extrémités auxquelles les gens se livrent pour combler
le vide laissé par des pères absents se voient tous les jours dans les
cours d'assises. Absalom a fait ses propres choix, mais David n'a pas
pu nier qu'il y a beaucoup contribué par sa négligence, et sa douleur
a été indescriptible.
Deuxièmement, L'absence de discipline parental e déconcerte et
révolte L es enfants. Nous vivons à une époque où ces derniers ont des
ressources et des loisirs abondants et où on leur laisse la bride sur le
cou. Certes, ils réclament avec insistance plus de liberté, mais ce n'est
pas réellement ce qu'ils veulent. Comme Absalom, ils aspirent à
trouver la sécurité d'une famille où on récompense la bonne conduite
tout en reconnaissant et en réprimant la mauvaise. Comme les
adultes, les enfants ont besoin d'un tel cadre pour s'épanouir.
Imaginez que vous jouiez à un jeu dont les règles changent sans
préavis et que ce qui vous enlève des points en rajoute aux autres

186
:;l/,mlom, le pri11cc clwrma11I re/,d/c

joueurs. Votre perplexité et votre rancune vous pousseraient soit à


tricher, soit à cesser de jouer.
Je ne vois nulle part dans les Écritures que David ait discipliné
ses enfants. Au contraire, ceux-ci ont sans cesse transgressé la loi de
Dieu sans qu'il réagisse. À la fin, même son général le plus dévoué et
le plus proche, Joab, n'a pas hésité à désobéir à un ordre direct sans
subir la moindre sanction. Bref, les règles et les limites brillaient par
leur absence.
Ne pas fixer de règles ou s'abstenir de les faire appliquer par ses
enfants désoriente ceux-ci. Je ne peux pas vous garantir que si vous
disciplinez fidèlement et équitablement vos rejetons, ce seront de
petits anges, mais en tout cela, vous obéirez ainsi aux Écritures. Je
vous encourage à accomplir fidèlement le bien et à remettre les
résultats au Seigneur. Vos enfants ont besoin que vous les aimiez et
que vous leur manifestiez beaucoup d'affection, mais il faut aussi
qu'ils soient soumis à des règles précises.
Troisièmement, ne pas rétablir une relation brisée engendre des
blessures incurables. Un jour, j'ai eu la triste mission d'essayer de
conseiller une famille qui ressemblait beaucoup à celle de David. Le
père était extrêmement occupé à gagner de l'argent. Ses filles et son
fils sentaient que ses affaires comptaient plus qu'eux à ses yeux. En
conséquence, ils se mirent à mener une vie misérable, sensuelle et
dépravée sans qu'il se donne la peine de les sanctionner. La conduite
des enfants fit scandale dans le quartier, ce qui nuisit à la réputation
de l'église. J'entrepris donc de rendre visite à cette famille à domicile.
À un moment , j'ai dû séparé deux des filles qui se battaient après
avoir fait tomber le lustre du plafond et cassé un carreau. La mère de
famille se tordait les mains en geignant : « Je ne sais pas ce que je
vais pouvoir faire de ces enfants. » Visiblement, les relations entre les
membres de cette famille étaient rompues depuis très longtemps, si
du moins il y en avait eu un jour.
À quarante-deux ans, le cœur du père de cette famille cessa de
battre pendant assez longtemps pour provoquer des lésions cérébrales
importances. Il était mort cliniquement, même si son corps resta
pendant quelque temps à l'hôpital. Lorsque ses enfants lui rendaient
visite, espérant voir son état s'améliorer pour avoir une dernière
chance de se réconcilier avec lui, ils étaient de plus en plus désespérés

187
L' H I STO I R E FASC I N A NTE DE C ES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

au fur et à mesure que son état se dégradait. Il finit par décéder.


L'atmosphère de remords et de désespoir qui flottait dans la chambre
mortuaire était insoutenable.
Ce père était mort affectivement longtemps avant son décès
tragique. Il laissa ses enfants sans direction morale. Sa femme fut
obligée de tenir le rôle des deux parents. Ses enfants ne se sentirent
jamais ni importants, ni aimés, et il les quitta sans leur laisser aucun
moyen de guérir les profondes blessures émotionnelles qu'ils avaient
subies et infligées. À la fin , il les laissa se débrouiller seuls.
Les enfants de cet homme sont restés traumatisés pendant des
années. Je ne sais pas s'ils parviendront un jour à avoir une relation
normale avec un conjoint, des enfants ou un proche.
Je vous en prie, faites un effort pour rétablir dès maintenant vos
relations brisées. Croyez-moi, cela en vaut la peine. Je le répète, il
n'est jamais trop tard pour commencer à bien faire! Reprenez contact
dès aujourd'hui. Commencez par ces mots : « J'ai eu tort. Je t'aime et
je veux avoir une relation étroite avec toi. S'il te plaît, pardonne-moi
et dis-moi ce que je dois faire. »
C'est difficile , je sais. Mais moins que : « Si seulement
j'avais... »
Je me souviens aussi d'avoir appris par cœur un court poème de
John Greenleaf Wittier quand j'étais à l'école. C'était une institutrice
très intelligente qui nous l'avait enseigné. Elle savait que ses élèves
étaient trop jeunes pour comprendre ce qu'ils récitaient, mais que ces
vers resteraient gravés dans leur esprit. Je ne peux pas vous dire
combien de fois je me suis répété ces mots et je les ai cités aux autres
depuis que je suis adulte. Comme ils correspondent parfaitement à la
tragique histoire de ce père bien connu et de son fils rebelle, je vous
les livre ici afin que vous les méditiez :

« De toutes les tristes formules qui existent,


la plus navrante est sans doute : "Si seulement j'avais su ! " » 1 5

188
CHAPITR E DIX
<:Roboam, un h!Jpocrife irresponsable
,'[ 1 'P
, rI :
1/,-
\;_

0
, '

n ne s'en rendait pas compte au départ, mais leur maison


n'était qu'une façade. Littéralement. L'un des côtés avait
l'aspect d'une belle maison d'un demi million de dollars avec
des briques et une coquette allée ; l'autre côté n'était qu'un
enchevêtrement de planches grossières, de poulies et d'échafaudages.
Si vous tapiez sur les briques, vous constatiez qu'elles sonnaient
creux. Évidemment, aucune famille ne vivait là, sauf une demi-heure
par semaine à la télévision.
Je suis impressionné par le souci du détail dont les décorateurs
font preuve dans les studios télévisés. Si on regarde d'un côté, on voit
l'extérieur d'une maison, avec des buissons, de l'herbe et même du
lierre accroché à la façade. Si on tourne les yeux dans une autre
direction, on aperçoit l'intérieur d'un séjour. J'ai même observé une
scène de camping à l'extérieur avec des arbres, de la terre et un feu de
camp extrêmement réaliste. Tout était élaboré avec un grand sens du
détail et un souci permanent de « faire vrai » . . . du moins tant qu'on
ne voyait que la façade. En effet, par derrière, à l'abri des caméras, il
y avait un enchevêtrement inesthétique de plastique, de métal et de
bois de mauvaise qualité tenus ensemble par des matériaux bon
marché. Tout était construit à la va-vite en vue du programme
hebdomadaire. Mais la caméra donnait l'impression que les édifices
étaient là depuis des années. Tout était factice : les buissons, le lierre,
l'herbe, les briques - tout. Ce n'était qu'une grande illusion.
Mark Twain disait : « Chacun d'entre nous est une lune. Il a un
côté sombre qu'il ne montre jamais à personne. » '" Roboam

189
L' H I STOI R E FAS C I N A N T E DE C E S P E R S O N N A G ES M ÉCO N N U S

correspondait mieux que quiconque à cette description. I l avait un


côté sombre que Dieu était le seul à discerner, mais qu'il a voulu nous
révéler dans I Rois et dans 2 Chroniques. Ces anciens livres sont de
grands témoins de l'histoire qui nous divulguent les aventures
captivantes de personnages oubliés dont nous pouvons à peine
prononcer les noms, mais qui nous enseignent des leçons essentielles.
L'histoire de Roboam ne fait pas exception à la règle. Comme un
décor télévisé, le côté visible du public semblait authentique, mais le
récit inspiré nous conduit dans les coulisses pour que nous
découvrions qui était en vérité Roboam - un poseur irresponsable.

C O M M ENT O N D E V I ENT H Y POC R I TE

Pour comprendre Roboam, nous devons réaliser ce qui a


contribué à faire de lui l'homme qu'il est devenu. Steven Ambrose a
dit avec raison : « C'est par l'histoire que nous apprenons qui nous
sommes et comment nous le sommes devenus, pourquoi et comment
nous avons changé, pourquoi le bien a parfois triomphé et d'autres
fois non. » 1 7 1 Rois 1 1 nous relate la chute du père de Roboam. Vous
serez surpris d'apprendre qu'il s'agissait de Salomon, un monarque
auquel Dieu avait accordé la sagesse, le succès et une fabuleuse
richesse. Je n'ai pas assez de place pour vous décrire la splendeur
inouïe de son palais. Les royaumes environnants lui payaient un
tribut, et les transactions commerciales d'Israël rapportaient de vraies
fortunes chaque mois.
Mais s'il était riche, il négligea sa relation avec le Seigneur et il
se mit à vivre dans la luxure. Voici ce qui le mena à sa perte :

« Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères, outre la


fille de Pharaon : des Moabites, des Ammonites, des Edomites,
des Sidoniennes, des Héthiennes, appartenant aux nations dont
l 'Éternel avait dit aux enfants d' Israël : Vous n'irez point chez
elles, et elles ne viendront point chez vous ; elles tourneraient
certainement vos cœurs du côté de leurs dieu x . Ce fut à ces
nations que s'attacha Salomon, entraîné par l 'amour. Il eut sept
cents princesses pour femmes et trois cents concubines ; et ses

190
'fl.ohom11, 1111 liypocrite irres po11sal1/e

femmes détournèrent son cœur. À l 'époque de la vieil lesse de


Salomon , ses femmes incl inèrent son cœur vers d ' autres dieux
et son cœur ne fut point tout entier à l ' Éterne l , son Dieu , comme
l ' avait été le cœur de David , son père . Salomon alla après Astarté,
d i v i n ité des Sidoniens, et après M i lcom , l ' abom ination des
A mmonites. Et Salomon fit ce qui est mal aux yeux de l ' Éternel,
et i l ne suivit point pleinement l ' É ternel , comme David, son
père . »
( 1 Rois 1 1 . 1 -6)

Dans cette longue liste d'épouses, remarquez plus


particulièrement une certaine nationalité de femmes et leur faux dieu.
Au verset 1, l'auteur mentionne les femmes ammonites, et au verset
5, « Milcom, l'abomination des Ammonites ». Ensuite, au verset 7 ,
vient « Moloc, l'abomination des fils d'Amnon ». La plupart des
spécialistes pensent que Milcom et Moloc étaient la même idole vue
selon une perspective différente. C'étaient peut-être les dieux
jumeaux de la même fausse religion. Quoi qu'il en soit, ils faisaient
partie du peuple ammonite.
Salomon, un homme de Dieu, a épousé plus d'une femme ,
comme son père David, et il a poussé encore plus loin les compromis
en épousant des femmes de cultures différentes de la sienne, ce que
l'Éternel avait expressément défendu. Puis il apaisa ces étrangères en
les laissant adorer leurs idoles sur le sol que Dieu voulait précisément
débarrasser de toute influence païenne. Au bout d'un certain temps, il
poussa les compromis encore plus loin en leur bâtissant des endroits
où elles pouvaient adorer leurs faux dieux. Et comme si cela ne
suffisait pas, il finit par participer à l'idolâtrie à laquelle les femmes
étrangères se livraient !
Au cours des quarante ans de règne de Salomon, la nation
s'enrichit de plus en plus. David avait assuré la paix grâce à une
implacable campagne militaire, et les tribus faisaient bloc contre
d'éventuels envahisseurs. Les royaumes environnants tenaient Israël
en haute estime grâce à la puissance militaire de David et à la sage
diplomatie de Salomon, sans compter la puissance du Dieu des
Hébreux. Mais hélas, ce fut par l'intérieur que le royaume de Salomon
fut menacé. Au lieu d'opter pour servir exclusivement le Seigneur, il

19 1
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

adora des idoles. Les étrangères irritèrent l' Éternel et les impôts
ulcérèrent le peuple . Il n'est donc pas étonnant qu'une nation forte et
unie depuis plus d'un siècle ait commencé à chanceler.
À cause des compromis spirituels et de l'abus de pouvoir de
Salomon, les hommes influents commencèrent à se détourner de lui .
Jéroboam fut de leur nombre . Afin d'attirer un jugement sur Salomon
à cause de ses mauvais choi x , l' Éternel promit à Jéroboam qu'il
régnerait sur dix des douze tribus d'Israë l . Il lui susciterait même une
dynastie s'il lui restaitfidèle. Mais au lieu d'accepter la réprimande et
de se repentir, Salomon considéra Jéroboam comme une menace pour
son royaume , et i l chercha à le tuer. Jéroboam s'enfuit alors en
Égypte, où il vécut sous la protection de Schischak, le roi d'Égypte .
Finalement, Salomon mourut et son fils Roboam prit sa place sur
le trône d'Israël. Au quatorzième chapitre du même livre, la B ible
nous précise qu'il avait quarante et un an lors du décès de Salomon .
Pendant quarante et un ans , Roboam avait donc vécu dans le palais
du roi sans toutefois avoir été élevé directement par son père . Il a
d'abord été influencé par sa mère idolâtre, et il a tiré une leçon de
l'exemple négatif de son père . Salomon lui a appris à faire bonne
figure devant la foule tout en menant secrètement une vie hypocrite ,
perverse et impie . . . aussi noire que l'autre côté de la lune .

L ' A PPA R IT I O N D ' U N H Y PO C R I T E


ET L A C H U T E D ' U N E N AT I O N

« Roboam se rendit à Sichem, car tout Israël était venu à Sichem


pour le faire roi . Lorsque Jéroboam , fils de Nebath , eut des
nouvelles, il était encore en Égypte, où il s'était enfui loin du roi
Salomon , et c 'était en Égypte qu'il demeurait. On l ' envoya
appeler. Alors Jéroboam et toute l'assemblée d'Israël vinrent à
Roboam et lui parlèrent ainsi : Ton père a rendu notre joug dur ;
toi maintenant, allège cette rude servitude et le joug pesant que
nous a imposé ton père . Et nous te servirons. »
( 1 Rois 1 2 . 1 -4)

1 92
'J<oboam, '"' l1ypocrile irres po11sable

Prêtez attention : qui est venu trouver Roboam ? Tout Israël


les dirigeants les plus influents du pays, représentant le peuple
conduits par un homme qui était resté en exil pendant plusieurs
années . Durant la deuxième moitié de son règne, Salomon , malgré
ses succès , était devenu impopulaire . Grâce à l'accès au trône de son
fils, le peuple espérait être soulagé. Regardez comment Roboam a
réagi :

« Il leur dit : Allez, et revenez vers moi dans trois jours . Et le


peuple s'en alla. Le roi Roboam consulta les vieillards qui avaient
été auprès de Salomon, son père , pendant sa vie , et il dit : Que
conseillez-vous de répondre à ce peuple ? Et voici ce qu'ils lui
dirent : Si aujourd ' hui tu rends service à ce peuple, si tu leur
cèdes, et si tu leur réponds par des paroles bienveil lantes, ils
seront pour toujours tes serviteurs. »
( 1 Rois 1 2 .5-7)

Il entra dans le cabinet privé de son père, et il interrogea des


hommes barbus ridés et assagis par les années, qui avaient vu la
nation décliner, mais qui étaient restés fidèles. Leur sage conseil fut
qu'il devienne , contrairement à son père, un roi serviteur. Hélas, la
phrase suivante montre que Roboam ne leur demanda leur avis que
pour la forme

« Mais Roboam laissa le conseil que lui donnaient les vieillards,


et il consulta les jeunes gens qui avaient grandi avec lui et qui
l 'entouraient. »
( 1 Rois 1 2 .8)

En fai sant mine de demander conseil aux sages vieil lards,


Roboam soignait simplement son image, mais en réalité , il avait déjà
son idée sur la question . Il ne demandait pas de conse i l , mais il
c herc hait une justification . C'est devenu évident lorsqu'il s'est
détourné des anciens pour écouter ses amis

« li leur dit : Que conseil lez-vous de répondre à ce peuple qui me


tient ce langage : Allège le joug que nous a imposé ton père ? Et

1 93
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

voici ce que lui dirent les jeunes gens qui avaient grandi avec lui
Tu parleras ainsi à ce peuple qui t'a tenu ce langage : Ton père a
rendu notre joug pesant, et toi , allège-le-nous ! tu leur parleras
ainsi : Mon petit doigt est plus gros que les reins de mon père.
Maintenant, mon père vous a chargés d'un joug pesant, et moi je
vous le rendrai plus pesant ; mon père vous a châtiés avec des
fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions. »
( 1 Rois 1 2.9- 1 1 )

Le nouveau roi consacra donc trois jours (soi-disant) à recueillir


de sages conseils, puis il somma Jéroboam et la nation d'écouter sa
décision . Observez quel avis il a choisi

« Le roi répondit durement au peuple . Il laissa le conseil que lui


avaient donné les vieillards, et il leur parla ainsi d'après le conseil
des jeunes gens : Mon père a rendu votre joug pesant , et moi je
vous le rendrai plus pesant ; mon père vous a châtiés avec des
fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions. »
( 1 Rois 1 2. 1 3- 1 4)

Remarquez quelles images Roboam a employées pour


caractériser le régime de son père. Un joug est l'objet qu'on place sur
une bête de somme lorsqu'on veut la faire travailler. Un scorpion était
sans doute un fouet muni d'une poignée et de douze lanières de cuir
dans lesquelles étaient enchâssés des fragments d'os et de métal .
C'était un fouet aux effets particulièrement redoutables . Roboam
considérait donc que le royaume de son père devait être mis sous le
joug et mené par le fouet . Ces i mages expressives parlaient de
travaux forcés et d'une relation de maître à esclave dans laquelle le
peuple était au service du roi .
Pourquoi Roboam a-t-il fait mine de chercher conseil auprès des
anciens alors qu'il n'avait aucune intention de le sui vre ?
Apparemment, il s'agissait des actes d'un jeune chef sage , mais en
réalité, ce n'était qu'une mise en scène destinée à lui attirer les faveurs
du public. Toutefois, Roboam n'allait pas tarder à se rendre compte
que sa position n'était pas aussi sûre qu'il le pensait . Les rois, même

194
'J<ohoam, 1111 hypocrite irrespo11sahle

puissants et riches, ont besoin de la loyauté de leurs sujets pour garder


leur couronne.

« Lorsque tout Israël vit que le roi ne l'écoutait pas, le peuple


répondit au roi : Quelle part avons-nous avec David ? Nous
n'avons point d' héritage avec le fils d'Isaï ! À tes tentes, Israël !
Maintenant, pourvois à ta maison, David ! Et Israël s'en alla dans
ses tentes. »
( 1 Rois 1 2 . 1 6)

La fin du verset 16 marque le début d'une terrible guerre civile.


Subitement, une nation unie depuis plus d'un siècle se scinda en
douze. Dix des douze tribus se rallièrent à Jéroboam contre l'arrogant
Roboam, qui ne conserva que les terres de Juda et Benjamin ainsi que
sa capitale Jérusalem. Les dix tribus du nord prirent position pour
Jéroboam, qui forma son propre royaume, Israël (parfois nommé
Ephraïm). Il établit sa capitale à Samarie.

L E POU VO I R PO L I T I Q U E D E L A
P S E U DO- O B É I S S A NC E

À cause de l'arrogance et de la folie d'un hypocrite irresponsable,


la terre promise fut, pour la première fois, un royaume divisé. C'est
vraiment tragique ! On aurait pu espérer que Roboam retiendrait sa
leçon et choisirait d'être un authentique leader au cœur de serviteur
qui dépendrait de Dieu, mais cela n'a pas été le cas. Il s'est juste
contenté de repeindre la vieille façade.
2 Chroniques 10- 1 1, qui est un récit paral lèle, nous donne de
plus amples détails sur ce qui s'est passé ensuite

« Roboam, arrivé à Jérusalem , rassembla la maison de Juda et de


Benjamin, cent quatre-vingt mille hommes d'élite propres à la
guerre, pour qu'ils combattent contre Israël afin de. le ramener
sous la domination de Roboam . Mais la parole de l 'Éternel fut
ainsi adressée à Schemaeja, homme de Dieu : Parle à Roboam,
fils de Salomon, roi de Juda, et à tout Israël en J uda et en

195
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

Benjamin . Et dis-leur : Ainsi parle l 'Éternel : Ne montez point, et


ne faites pas la guerre à vos frères ! Que chacun de vous retourne
dans sa maison , car c'est par moi que cette chose est arrivée. »
(2 Chroniques 1 1 . 1 -4)

Ce n'est pas difficile à comprendre. Dieu a dit, en fait : « Ne vous


battez pas. Renoncez à cette guerre. N'entraînez pas vos soldats.
Rentrez chez vous ! C'est justement ce que j'avais prédit. L'épée est
venue ! J'ai prévenu David que l'épée ne quitterait pas sa maison et
Salomon que son royaume se diviserait. Il s'est passé maintenant ce
que j'avais prévu. Je contrôle toute la situation. Rentre chez toi. Ne te
bats pas ! »
En apparence, Roboam semble avoir obéi à l'ordre de l'Éternel,
mais comme nous l'avons dit, c'était uniquement « pour les
caméras » . En fait, il se contenta de différer ses plans, tout comme
lorsqu'il avait demandé au peuple un délai de réflexion de trois jours.
En coulisses, il se prépara à combattre.

« Roboam demeura à Jérusalem, et il bâtit des villes fortes en


Juda. I l bâtit Bethléhem, Etham, Tekoa, Beth-Tsur, Soco,
Adullam, Gath , Maréscha, Ziph, Adoraïm, Lakis, Azéka, Tsorea ,
Ajalon e t Hébron , qui étaient e n Juda e t e n Benjamin, e t il e n fit
des villes fortes. Il les fortifia, et y établit des commandants, et
des magasins de vivres, d'huile et de vin. Il mit dans chacune de
ces villes des boucliers et des lances, et il les rendit très fortes .
Juda et Benjamin étaient à lui. »
(2 Chroniques 1 1 .5- 1 2)

Roboam est-il rentré chez lui pour se détendre et faire confiance


à Dieu ? Pas du tout ! Il se hâta de préparer quinze villes de son
territoire en vue d'un siège. Il en fortifia les murs, il y stocka des
provisions et des armes et il y posta des garnisons. Certains
prétendent que comme toutes ces villes sont situées au sud de
Jérusalem alors que le territoire de Jéroboam était au nord, Roboam
voulait simplement protéger son pays de l'éventuelle invasion des
Égyptiens, mais vous souvenez-vous de l'endroit où vivait Jéroboam

1 96
<
'J.oboum, ,m liypocrile irres po11sublc

pendant le règne de Salomon ? Avec son ami Schischak, le roi


d'Égypte .
D'un point de vue purement humain, construire des forteresses
pour résister à une attaque par le sud aurait été sage. Il justifia sans
doute ses actes en disant : « Mieux vaut prévenir que guérir ! » Mais
les hypocrites ont toujours des excuses toutes prêtes, n'est-ce pas ?
Roboam ne faisait que maquiller son véritable projet, qu'il mit en
œuvre en changeant en forteresses ces paisibles cités.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, j'étais encore un enfant
qui vivait à Houston, au Texas. Je me souviens des ouvriers qui ont
commencé à fortifier l'île de Galveston pour en faire une barrière.
Jamais je n'oublierai le sentiment d'insécurité que j'ai éprouvé au
creux de l'�stomac. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable que
lorsque j'ai vu les ouvriers construire d'énormes bunkers en béton le
long du rivage là où, peu avant, nous faisions des châteaux de sable.
Peu après, les plages de Galveston ainsi que, progressivement,
d'autres parties de l'île furent interdites au public. Il devint évident
pour moi, malgré mon jeune âge, que si la guerre continuait, une
flotte allemande ne tarderait pas à pénétrer dans le golfe du Mexique.
A ussi, avec un peu d'imagination, je vois les membres des tribus de
Juda et de Benjamin dormir moins bien à partir du moment où
Roboam a mis son plan de défense en action.
Évidemment, son stratagème pour avoir l'air pieux a fait son
effet. Les versets qui suivent nous décrivent ses fortifications :

« Les sacrificateurs et les Lévites qui se trouvaient dans tout


Israël quittèrent leurs demeures pour se rendre auprès de lui ; car
les Lévites abandonnèrent leurs banlieues et leurs propriétés et
vinrent en Juda et à Jérusalem, parce que Jéroboam et ses fils les
empêchèrent de remplir leurs fonctions comme sacrificateurs de
l'Éternel . Jéroboam établit des sacrificateurs pour les hauts lieux,
pour les boucs, et pour les veaux qu'il avait faits. Ceux de toutes
les tribus d ' Israël qui avaient à cœur de chercher l 'Éternel, le
Dieu d'Israël, suivirent les Lévites à Jérusalem pour sacrifier à
l'Éternel, le Dieu de leurs pères. Ils donnèrent ainsi de la force au
royaume de Juda, et affermirent Roboam, fils de Salomon,

197
L' H I STO I R E FA S C I N A N T E D E CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

pendant trois ans ; car i l s marchèrent pendant trois ans dans la


voie de David et de Salomon . »
( 2 Chroniques 1 1 . 1 3- 1 7)

En tant que roi des tribus du nord, Jéroboam s'inquiétait à l'idée


que son peuple risquait de revenir à Roboam s'il continuait à adorer
l'Éternel dans le temple de Salomon à Jérusalem. Il établit donc deux
lieux de culte des faux dieux dans son territoire afin de dissuader ses
sujets d'aller à Jérusalem et de les détourner du Dieu de David et de
Salomon. Néanmoins , les Israélites qui aimaient l'Éternel allèrent
s'installer au sud avec leur famille, et pendant trois ans, le plan de
Roboam fonctionna. Il fit bonne figure devant la caméra , et ses
admirateurs l'acclamèrent.

LES COULISSES DE LA VIE D' U N H YPOC RITE

Du verset 17 au verset 18, la caméra change de perspective. Le


verset 17 nous montre le côté public de Roboam. Le verset 18 nous
introduit dans les coulisses afin que nous puissions entrevoir sa vie de
famille, et nous découvrons immédiatement qu'il n'était pas sans
ressembler à son père dépravé

« Roboam prit pour femme Mahalath , fille de Jerimoth, fils de


David et d 'Abichaïl , fille d ' Eliab, fils d'Isaï. Elle lui enfanta des
fils : Jeusch, Schemaria et Zaham . Après elle, il prit Maaca, fille
d'Absalom . Elle lui enfanta Abij a, Attaï, Ziza et Schelomith.
Roboam aimait Maaca, fille d ' Absalom, plus que toutes ses
femmes et ses concubines ; car il eut dix-huit femmes et soixante
concubines, et il engendra vingt-huit fils et soixante filles. »
( 2 Chroniques 1 1 . 1 8-2 1 )

Un rapide tableau généalogique (que j'oublie rarement d'établir)


révèle qu'il a_épousé ses cousines, ce qui est fortement déconseillé de
nos jours, mais n'était pas interdit par la loi. En fait, mieux valait
choisir des femmes appartenant à la famille royale que des païennes
qui ne faisaient pas partie du peuple hébreu.

198
':Roboam, 1u1 l1ypocrilc irres ponsable

Hélas, c'était également une imposture, car Roboam eut dix-huit


femmes et six concubines. Cela ne vous rappelle rien ? Dans ce
domaine, il était exactement comme son père et son grand-père. Dans
presque toutes les biographies de l'Ancien Testament , nous
constatons que les fils reproduisent les fautes de leur père. Par
exemple, un penchant pour la sensualité s'observe souvent de père en
fils, et en l'espace d'une ou deux générations, une petite graine de
compromis engendre une rébellion totale.
David n'a pas respecté l'injonction divine défendant à des
Hébreux d'épouser des femmes païennes qui risquaient de les
entraîner dans l'idolâtrie. Il n'a pas non plus tenu compte de la mise
en garde de Dieu contre la polygamie. David a fait un compromis
dans ce domaine, mais son cœur ne s'est jamais tourné vers les idoles.
Sa sensualité l'a conduit à commettre l'adultère et le meurtre, mais il
n'a jamais toléré de religion étrangère. Son fils Salomon a suivi les
traces de son père et s'est constitué un gigantesque harem en pensant
peut-être que comme la consécration de David était restée intacte, la
sienne le serait aussi. Et pourtant, comme nous l'avons dit, ces
femmes l'amenèrent à construire des lieux de culte à de faux dieux,
puis le poussèrent à participer à leurs rites païens.
Roboam agit comme son père et son grand-père le faisaient en
coulisses, tout en prétendant être consacrés à l'Éternel. Et s'il soigna
son image de marque, il transmit à ses fils un déplorable héritage

« Roboam donna le premier rang à Abija, fil s de Maaca , et


l 'établit chef parmi ses frères , car il voulait le faire roi . Il agit avec
habileté en d ispersant tous ses fil s dans toutes les contrées de
Juda et de Benjamin, dans toutes les villes fortes ; il leur fournit
des vivres en abondance , et demanda pour eux une multitude de
femmes. »

(2 Chroniques 1 1 .22-23)

C'est consternant ! Cet homme ne s'est pas contenté de se


constituer un harem, mais il a cherché des femmes pour ses fils. Quel
odieux abus de ses privilèges et de son pouvoir !
À ce propos, je voudrais vous parler du mot hébreu traduit par
« avec habileté ». En effet, le lecteur peut avoir l'impression que le

1 99
L' H I STOI R E FA S C I N A N T E DE C ES P E R SO N N A G ES M ÉCO N N U S

rédacteur biblique approuvait les actes de Roboam et qu'il les trouvait


bons et honorables. La plupart du temps,ce terme bin est traduit par
« habilement, avec habileté ». Certes, Roboam fit vraiment preuve
d'habileté, et il se montra fin stratège, mais uniquement dans la
désobéissance. C'est ainsi qu'on érigeait et maintenait un royaume
dans )'Antiquité, mais Israël représentait le peuple de Dieu, et était
donc censé être différent.

L' H YPOC R ISIE DE R OBOAM SE DÉVOILE

Le récit d' 1 Rois 1 4 nous raconte la phase suivante de la vie de


Roboam. Un bref résumé nous sera utile. Après son couronnement,il
a prétendu chercher conseil,mais il a fait éclater le royaume en deux
à cause de sa folie. Il a agi comme s'il avait confiance en Dieu, mais
il a bâti des forteresses. Il s'est présenté comme un homme de Dieu
pieux pour tromper les familles du nord qui craignaient l'Éternel,
mais il a rempli son harem de femmes idolâtres. En fin de compte,
dans l'étape suivante de sa vie, son masque tombe, révélant
l'hypocrisie qui lui a permis de conserver une belle apparence
publique.

« Roboam, fils de Salomon , régna sur Juda. I l avait quarante et un


ans lorsqu'il devint roi , et il régna dix-sept ans à Jérusalem, la
ville que l 'Étemel avait choisie sur toutes les tribus d'Israël pour
y mettre son nom. Sa mère s'appelait Naama, I' Ammonite. »
( 1 Rois 1 4 .2 1 )

Cette série de phrases attire mon attention pour deux raisons.


Premièrement, on dirait des actions qui n'ont aucun rapport entre
elles. Deuxièmement, elles semblent former un tout,ce qui m'amène
à penser qu'en fait, elles sont étroitement associées. Roboam vivait
dans une cité nommée Jeru shalom « ville de paix ». Dieu voulait que
son nom , Yahvé, y ait la place suprême. Puis le rédacteur nous livre
le nom de la mère de Roboam, Naama )'Ammonite. Roboam voulait
que sa ville ait l 'a ir d'être la cité de l'Éternel, mais en fait, c'était le
contraire qui se produisait. C'était la ville de Naama )'Ammonite et de
son idole Moloc.

200
':R.ohoam, 1111 l1y pocrîlc irres po11sahlc

Le nom Naama signifie « gentille, agréable » , ce qui décrit sans


doute la disposition générale de cette femme. Le récit nous précise à
deux reprises, aux versets 2 1 et 3 1, que la mère de Roboam était
/ 'Ammonite. C'était une femme ammonite qui avait une influence
considérable, à tel point qu'elle persuada son mari d'abandonner
Yahvé au profit d'une idole particulièrement abominable.
Roboam avait quarante et un ans lorsqu'il devint roi. Nous
savons que Salomon régna pendant quarante ans. Durant tout ce
temps, Roboam fut élevé par Naama !'Ammonite, l'adoratrice de
Moloc. Un archéologue a écrit

« Moloc était un détestable dieu sémite auquel on rendait un culte


en lui sacrifiant des enfants , qu'on jetait dans le feu . Les grottes
de Palestine recèlent des squelettes d'enfants ensevelis dans les
l ie u x de cu lte païens. Les Ammonites considéraient Moloc
comme un père protecteur. Aucune forme d'idolâtrie n'était aussi
abominable que le culte de Moloc. »'R

La mère de Roboam , Naam, a élevé son fils dans le culte de


Moloc, et Salomon a toléré cette pratique en érigeant des temples au
faux dieu. Le péché aimé de sa mère et accepté de son père a pris au
piège ce fils. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait conduit son
royaume dans le même piège mortel

« Juda fit ce qui est mal aux yeux de l ' É ternel ; et, par les péchés
q u ' i ls commirent, ils excitèrent sa jalousie plus que ne l ' avaient
jamais fait leurs pères. Ils se bâtirent , eux auss i , des hauts l ieux
avec des statues et des idoles sur toute coll ine élevée et sous tout
arbre vert . Il y eut même des prostitués dans le pays. Ils imitèrent
toutes les abominations des nations que l ' Éternel avait chassées
devant les enfants d ' Israël . »
( 1 Rois 1 4 .22-24)

En seulement deux générations, le compromis de David avait


dégénéré en complète rébellion. La phrase finale du passage ci­
dessus montre à quel point la pseudo consécration à Dieu de Juda
était hypocrite. L'Éternel a établi la dynastie de David pour qu'elle

20 1
L'HISTOIRE FASCI NANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONN U S

soit un témoin vis à vis des nations païennes environnantes, mais


durant le règne de son petit-fils, la terre promise était aussi soui llée
qu'à l'époque où Josué avait dû la purifier. Ne vous méprenez pas : le
peuple était devenu , exactement comme son chef, dépravé et
corrompu jusqu'à la moelle.

L ' H Y POCR ITE V I C TO R I E U X


Roboam était ainsi depuis l e début , sachez-le ! S a mère l'avait
élevé dans l'idolâtrie , mais il avait dissimulé sa position à son public
qui craignait Dieu pour pouvoir agrandir son royaume . Il attira même
à lui des familles qui craignaient l'Éternel en prétendant l'adorer et lui
obéir, alors qu'au fond, il était en pleine déroute morale. Jusqu'à ce
que les villes du sud soient fortifiées et sa richesse à l'abri de
l'invasion, il a maintenu soigneusement son image de marque, mais
dès qu'il a assuré ses arrières, il a dévoilé son vrai visage

« Lorsque Roboam se fut affermi dans son royaume et qu'il eut


acquis de la force, il abandonna la loi de ] 'Éternel , et tout Israël
l 'abandonna avec lui . »
(2 Chroniques 1 2 . 1 )

Beaucoup pensent que le succès peut ruiner un homme. Je dirais


plutôt qu'il révèle ce que ce dernier était au départ . Lorsqu'il a besoin
de l'aide des autres et qu'il est en pleine ascension , il fait bonne figure
pour parvenir à ses fins, mais lorsqu'il est arrivé et qu'il n'a plus
besoin de porter un masque, il laisse apparaître son vrai caractère .
Le succès est donc révélateur.
Comme nous pouvons nous y attendre , le Seigneur n'a pas
permis que cette comédie se poursuive. Avec un humour subtil , il a
puni Roboam en lui infligeant le châtiment qu'il redoutait le plus :

« [ Schischak, roi d'Égypte ] prit les villes fortes qui appartenaient


à Juda, et arriva jusqu'à Jérusalem. Alors Schemaeja, le prophète ,
se rendit auprès de Roboam et des chefs de Juda qui s'étaient
retirés dans Jérusalem à l 'approche de Schischak , et il leur dit

202
':R.ol1oa111, 1111 l1yporrilc irres po11sah/e

Ainsi parle l ' Éternel : Vous m ' avez abandonné je vous


abandonne aussi , et je vous livre entre les mains de Schischak .
Les chefs d ' I sraël et le roi s'humil ièrent et dirent : L'Éternel est
juste ! Et quand l ' Éternel vit qu' ils s ' humiliaient, la parole de
l ' Éternel fut ainsi adressée à Schemaeja : Ils se sont humiliés, je
ne les détruirai pas . je ne tarderai pas à les secourir, et ma colère
ne se répandra pas sur Jérusalem par Schischak ; mais ils lui
seront assujettis, et ils sauront ce que c'est que me servir ou servir
les royaumes des autres pays. Schischak, roi d ' Égypte, monta
contre Jérusalem. li prit les trésors de la maison de l ' Éternel et les
trésors de la maison du roi , il prit tout. Il prit les boucl iers d'or
que Salomon avait faits. »
(2 Chroniques 1 2 .4-9)

Voir ses forteresses renversées comme des châteaux de cartes


atteignit Roboam en plein cœur. Au dernier moment , il se repentit de
son péché et de son arrogance. Dans les marines, nous appel ions cela
« la foi due à la panique » . Au cœur de la batai lle, beaucoup
d'hommes devenaient très pieux . . . jusqu'à ce qu'ils se retrouvent en
sûreté dans leur baraquement . À ce moment-là, ils reprenaient le
cours de leur existence comme si de rien n'était. Mais dans sa
miséricorde , le Seigneur a tenu compte de la supplication du roi , et il
lui a promis de ne pas détruire totalement le royaume, ni d'en faire un
état asservi à l' Égypte . Ce faisant, Roboam a perdu tout ce que son
père avait gagné.
L'opulence des édifices érigés par Salomon n'avait pas son
pareil , même en Égypte . On peut en voir un exemple dans l'un de ses
édifices publics de Jérusalem. Pour symboliser la force d'Israël, il
avait fait réaliser cinq cents boucliers en or afin de décorer les murs .
Tous les notables qui venaient lui rendre visite comprenaient son
message tacite : « Rien qu'ici, j'ai assez de richesses pour former,
nourrir, équiper et mobil iser une armée qui vous détruira si je le
souhaite . »
D'après la description de 2 Chroniques 9 . 1 5- 1 6, j'estime que la
valeur totale de l'or équivaudrait actuellement à près de 1 76 000 000
de dollars . Cela suffisait à subventionner une campagne militaire de
grande envergure . . . et à remporter le combat. Mais lorsque Juda fut

203
L' H I ST O I R E FAS C I N ANTE DE C ES P E R S O N N AGES M ÉCON N U S

totalement envahi , tout, y compris les boucliers d'or, revint à


Schischak.

L ' H U M B LE H Y POCR I T E

Heureusement, Roboam s'humilia sincèrement devant Dieu, et


comme le disent les Écritures, « l'Éternel détourna de lui sa colère et
ne le détruisit pas entièrement. Et il y avait encore de bonnes choses
en Juda. Le roi Roboam s'affermit dans Jérusalem et y régna » (2
Chroniques 12. 12- 13).
Hélas, Roboam ne changea jamais vraiment. Pas au plus profond
de lui-même. Jusqu'au bout, il resta hypocrite. Lisez attentivement ce
qu'il a fait lorsque les Égyptiens se sont emparés des boucliers d'or de
Salomon :

« Le roi Roboam fit à leur place des boucliers d 'airain, et il les


remit aux soins des chefs des coureurs, qui gardaient l 'entrée de
la maison du roi. Toutes les fois que le roi allait à la maison de
l 'Éternel , les coureurs venaient et les portaient ; puis ils les
rapportaient dans la chambre des coureurs. »
(2 Chroniques 12.10-11)

Quel charlatan ! Il fit des boucliers d'airain à la place de ceux en


or, mais il ne les laissa pas à la vue de tous. Il ne les exhibait que lors
d'occasions exceptionnelles, après quoi il les rangeait sous bonne
garde, peut-être pour les faire astiquer ! En effet, il ne voulait à aucun
prix que le peuple réalise qu'ils n'étaient pas en or.
En réalité, le roi d'Égypte avait mis la main sur près de deux
millions de dollars d'or. Aussi Roboam s'arrangea-t-il discrètement
pour fabriquer des faux à bas prix, des imitations , des objets de
pacotille que la caméra ferait passer pour de l'or. Ce roi soucieux de
préserver son image cacha soigneusement son secret pour que
personne ne découvre le pot aux roses : du vulgaire airain avait
remplacé l'or de grand prix.
La vie de Roboam se définissait par l'hypocrisie, comme le
prouvent quatre exemples frappants.

204
':R.obo11111, 1111 liypocrilc irrespo11sable

Premièrement, ce roi a fait mine de chercher conseil auprès des


anciens alors qu'il savait déjà ce qu'il ferait. Lorsque ces derniers ne
lui ont pas fourni la réponse souhaitée, il a consulté ses amis
d'enfance qui, naturellement, ont été d'accord avec lui.
Deuxièmement, lorsque l'Éternel lui a dit de ne pas se battre, il
a fait semblant d'être d'accord avec lui, mais il a passé des années à
préparer ses villes pour la guerre. Vers la fin des deux récits parallèles
de sa vie, les historiens ont précisé : « Il y eut toujours guerre entre
Roboam et Jéroboam » (2 Chroniques 1 2. 1 5).
Troisièmement, il a reçu une ville qui portait le nom de Yahvé,
mais en réalité, elle se nommait Naama, une païenne qui adorait
Molac.
Quatrièmement, lorsque le symbole d'or de la richesse et de la
force du royaume a été dérobé par l'Égypte à cause de son apostasie,
il l'a remplacé par une imitation en airain. Quelle métaphore
appropriée ! Un bouclier d'airain, poli pour briller comme de l'or,
mais qui n'avait aucune valeur en comparaison.

U N E Q U ES T I O N É P I N E U S E

Le dernier verset du récit de 2 Chroniques déclare : « Roboam


se coucha avec ses pères, et il fut enterré dans la ville de David. Et
Abija, son fils, régna à sa place » (2 Chroniques 1 2.1 6).
Malheureusement, seul un hypocrite est mort. Il en reste des
multitudes autour de nous aujourd'hui.
Voici ma question épineuse : Enfaites-vous partie ?
Marquez une pause, je vous en prie. Ne soyez pas sur la
défensive. Permettez-moi d'insister. Si nous braquions une caméra
dans les coulisses de votre vie, que verrions-nous ? Qui êtes-vous
lorsque vous n'avez pas de public en face de vous ? Parlez-vous le
langage chrétien couramment.. . mais seulement le dimanche ? Votre
religion n'est-elle qu'une façade ?
Que voit votre famille ? Un homme ou une femme de Dieu
exemplaire devant les membres de l'église, mais qui cajole et justifie
son péché favori à la maison ? Êtes-vous insensé au point de croire
que cela n'aura pas de conséquences ? Peut-être parviendrez-vous à
maintenir ce péché dans certaines limites pour éviter qu'il ne ruine

205
L' H I STO I R E FA S C I N A NT E DE CES PERSO N N A G ES M ÉCO N N U S

votre vie, mais quel effet aura-t-il sur les êtres sur lesquels vous
exercez une certaine influence, en particulier sur vos enfants ?
C'est ce que j'appelle l'effet domino. Le compromis de David a
affaibli Salomon, dont le péché a ensuite nui à Roboam. En fin de
compte, le péché que la mère a chéri et que le père a permis a pris au
piège le fils , lui apprenant à être un hypocrite irresponsable et
dévoyé.
Malheureusement, c'est une tendance naturelle à laquelle nous
sommes tous exposés. Vous risquez de vivre en hypocrite , moi
aussi... et nos chefs politiques également.

206
CHAP ITR E ONZ E
;}aebels, l'inconnu qui devin/ célèbre
.1
, , P. ,f, '
/

\.:_
. '

V
enez vous promener en ma compagnie. Nous allons flâner
dans un vieux cimetière, quelque part au sud des États-Unis.
Au cœur d'une bourgade tranquille, une grille en fer sépare
l'ancien monde de l'actuel. La tombe était jadis somptueuse, mais
celui qui l'occupe est décédé depuis très longtemps. Nous soulevons
le loquet d'une grille rouillée, et en la poussant énergiquement, elle
s'ouvre en grinçant pour la première fois depuis des mois. Comme les
proches du défunt sont morts depuis longtemps, les visiteurs se font
rares...
Des arbres gigantesques aux formes étranges et couverts de
mousse séparent cet endroit sinistre du monde extérieur. Nous
remarquons qu'il est, bizarrement, froid et sombre en ce jour
ensoleillé. Malgré les couches de feuilles mortes et les broussailles
enchevêtrées, la pierre tombale nous permet de situer l'endroit où gît
le défunt. Les pierres tombales environnantes nous apprennent qui a
bâti la ville. Les monuments surplombant la scène nous indiquent qui
était important, tandis que les humbles tombes portent le nom de ceux
qui n'étaient rien , et qu'un siècle de pluies en a même effacé les
inscriptions.
Chaque plaque résume toute une vie en quelques mots : nom,
date de naissance, date de décès, marques d'affection ou lien de
parenté. En regardant de plus près, nous pouvons glaner quelques
faits supplémentaires. Les noms de famille se croisent parfois, nous
permettant d'imaginer l'heureux jour où un homme et une femme se
sont unis pour la vie. Une petite croix à côté d'eux avec juste quelques

207
L' H I STO I R E FAS C I N A NT E DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCON N U S

mois entre les deux dates nous révèle l a souffrance qu'ils ont dû
endurer. Mais à part cela, les détails qui ont rendu ces vies fascinantes
sont maintenant secrets, enfermés dans des boîtes en voie de
décomposition à deux mètres sous nos pieds.
En faisant quelques pas au milieu de ces témoins silencieux d'un
passé lointain, nous jetons un regard machinal sur les noms et les
dates, puis nous les oublions aussitôt. . . Legrand, né , décédé .. .
Martin, né, décédé ... Lemercier, né, décédé... Mais soudain, quelque
chose est différent. Gravé sur une pierre tombale comme les autres,
nous apercevons un nom inhabituel accompagné d'un bref récit. Ce
ne sont que quelques mots, juste trois ou quatre phrases, mais par
rapport aux centaines de pierres que nous avons vues, c'est comme un
mini livre d'histoire. Nous nous sentons poussés à nous arrêter pour
lire.

U N E É P I TA P H E D I G N E Q U ' O N S ' Y ATTA R D E


L a lecture des neuf premiers chapitres d u premier livre des
Chroniques ressemble beaucoup à une promenade dans un cimetière
- d'interminables généalogies aux noms imprononçables qui
n'évoquent absolument rien pour nous. J'admets honnêtement que je
trouve souvent ces passages ennuyeux, mais que je m'astreins à les
lire, car ils font partie de la Parole de Dieu au même titre que les
passages du Nouveau Testament imprimés en rouge dans certaines de
nos Bibles.

« Naara lui enfanta Achuzzam, Hépher, Thémeni et


Achaschthari : ce sont là les fils de Naara. Fils de Hélea : Tséreth ,
Tsochar et Ethnan . Kots engendra Anub et Hatsobéba, et les
familles d'Acharchel, fils d'Harum. »
( 1 Chroniques 4.6-8)

Vous voyez ce que je veux dire ? Il y a trois chapitres comme


cela, et six autres ensuite. Mais soudain, au chapitre 4, nous
découvrons une brève épitaphe. Deux versets laconiques. Ce n'est pas
beaucoup en comparaison de tout ce que la Bible dit d'autres grands
hommes et femmes, mais à côté des interminables listes monotones

208
é}«ebels, l ' i 11co111111 qui ckvi11I célèbre

de Chroniques I à 9, il s'agit d'un trésor caché, prêt à être découvert


et apprécié. J. Oswald Sanders, dans un excellent petit livre intitulé A
Spiritual Clinic (Une clinique spirituelle), écrit : « Quand Dieu prend
la peine de préserver l'épitaphe d'un homme entre des millions et qu'il
nous la livre dans des termes aussi concis et aussi évocateurs, nous
pouvons être certains que cela mérite une étude détaillée. » 1 En face "

de cette pierre tombale silencieuse, nous nous demandons ce que


Dieu veut nous dire au travers de ces quelques mots. . .
Avant de prendre le temps d'analyser cette épitaphe, permettez­
moi de vous livrer quelques commentaires préalables. La plus grande
partie de mon étude et des principes que j'expose dans ce chapitre ne
sont pas nouveaux. J'ai commencé mon enseignement sur Jaebets en
1 976, et je l'ai poursuivi en 1990, dix ans avant que mon collègue et
ami de longue date Bruce Wilkinson écrive son célèbre livre, et mon
point de vue n'a pas changé. Je n'ai l'intention ni de soutenir son
travail, ni de le réfuter ; si vous cherchez un point de vue particulier,
vous n'en trouverez donc pas ici. Néanmoins, je vais vous exposer le
sujet dans une optique particulière et étudier de plus près certains des
mots du texte. Comme le caractère de Jaebets a donné matière à
controverse dans certains cercles et que par conséquent, on doit faire
preuve d'une grande minutie. j'aurai soin d'établir une base solide aux
principes que je présente. Cela dit, examinons de plus près l'homme
que j'appelle « l'inconnu qui est devenu très connu ».

EN Q U O I L ' H I STO I R E D E J A E B ETS


E S T I M PORTA NT E
Le Seigneur n'a pas poussé le rédacteur des Chroniques à nous
rapporter l'histoire de Jaebets sans raison. Pour comprendre cette
dernière, nous allons devoir mener notre enquête. Chaque fois que
nous étudions un passage des Écritures, il est bon que nous sachions
pourquoi les mots qu'il contient ont été écrits, ce qui a poussé l'auteur
à les inclure dans le texte et, s'il s'agit d'un récit historique, à quel
moment les événements ont eu lieu. Un éminent commentateur a
déclaré :

209
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES PERSO N N AG E S M ÉCO N N U S

« 1 et 2 Chroniques ont pour but d e montrer la grâce élective et


préservatrice de Dieu à l'égard du peuple de son alliance par
David , le roi et sacrificateur messianique. Les généalogies sont
données pour montrer comment David et Juda ont été choisis par
le Seigneur. Cette sélection divine remonte au temps des
patriarches, et même avant. »20

Le peuple hébreu est souvent nommé « peuple de l'alliance de


Dieu » parce qu'au cours de son histoire, le Seigneur lui a promis à
maintes reprises qu'il serait une grande nation prospère dans le pays
de Canaan. Il l'a garanti à Abraham, le père du peuple hébreu, et à la
nation qui a été affranchie du joug de l'esclavage en Égypte pour
s'installer dans la « terre promise ». Dans Deutéronome 28. 1 - 1 1, le
Seigneur a dit à ses enfants qu'il désirait les rendre si riches, si
puissants et si influents que le monde serait émerveillé par la
grandeur de leur Dieu et désirerait le connaître. Après tout, qui serait
attiré par un Maître qui se plaît à maintenir son peuple dans la
pauvreté et l'oppression ?
Le Tout-Puissant veut que tous les siens soient dans l'abondance
(du moins si cela ne nuit pas à leur sainteté) pour trois raisons.
Premièrement, parce qu'il nous aime. Deuxièmement, parce que cela
le réjouit. Et troisièmement, parce que cela le glorifie. Irénée, l'un des
pères de l'Église, a écrit : « Dieu se glorifie dans un homme
pleinement épanoui, et ce dernier est tel lorsqu'il contemple le
Seigneur. »
Continuez à creuser le sujet avec moi. Ce livre historique a été
écrit au cours d'une période très faible et instable de la vie de la
nation. Comme le roi Saül, le peuple de l'alliance de Dieu est parvenu
au sommet, après quoi il a subi un long déclin pénible et
démoralisant. Finalement, l'Éternel a été à bout de patience, et leur
rébellion a eu de graves conséquences. Il a réveillé le géant assoupi
Babylone, qui a envahi et ravagé le pays, puis réduit les Hébreux en
esclavage. Le rédacteur des Chroniques a écrit son récit peu de temps
après le retour du peuple dans son pays, après soixante-dix ans de
captivité à Babylone. Pendant ce temps, la nation faisait tout pour
retrouver son identité de peuple de l'alliance de Dieu. Elle réapprenait

2 10
é}acbets, l'i11co1111u qui devi n t célèbre

à s'appuyer sur les promesses que Dieu lui avait adressées des siècles
auparavant dans Deutéronome 28.
Si nous regardons les noms qui précèdent et qui suivent celui de
Jaebets , nous pouvons en déduire qu'il a vécu à l'époque de Josué et
de la conquête de Canaan. Il était né dans une famille qui n'était ni
riche ni influente au cours des années d'errance d'Israël dans le désert ,
mais nous le verrons, il s'est distingué personnellement .
Après avoir brossé ce panorama historique , examinons ce que
rapportent les Écritures à propos de Jaebets

« Jaebets était plus considéré que ses frères ; sa mère lui donna le
nom de Jaebets, en disant : C'est parce que je l 'ai enfanté avec
douleur. Jaebets invoqua le Dieu d'lsraêl , en disant : Si tu me
bénis et que tu étendes mes limites, si ta main est avec moi , et si
tu me préserves du malheur, en sorte que je ne sois pas dans la
souffrance ! . . . Et Dieu accorda ce qu'il avait demandé. »
( 1 Chroniques 4.9- 1 0)

Et c'est tout . On ne retrouve plus jamais trace de cet homme dans


les Écritures. Ce n'est pas grand chose, mais cela suffit. En fait, je
vous suggère de revenir en arrière et de relire ce court passage . . . plus
lentement et, de préférence, à voix haute.

D ' H U M B LES C O M M E N C E M E N T S Q U I M È NE N T
À UN G R A N D HONNEUR
E n hébreu, Jaebets s e prononce yah-betz. Quand sa mère a choisi
son nom , elle pensait au terme hébreu ah-tzav, qui exprime
l'angoisse , la douleur intense ou la souffrance . Pour arriver à ce nom
à partir du mot hébreu, on doit transposer deux lettres. C'est donc un
jeu de mots basé sur deux termes aux consonances voisines . La
naissance de Jaebets a été associée à une terrible douleur. Nous
ignorons totalement de quoi il s'agissait.
En tant que père de quatre enfants nés à la maison , je me
souviens parfaitement de la terrible souffrance que Cynthia a
éprouvée pendant ses accouchements , comme on pouvait s'y attendre .
Chacun sait qu'il est douloureux de donner la vie . Les circonstances

21 I
L' H ISTO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R SO N N AG E S M ÉCO N N U S

de notre existence étaient plutôt favorables, s i bien que jamais je n'ai


envisagé d'appeler l'un de mes enfants Agonie ou Peine. Toutefois, au
cours de la naissance de Jaebets, sa mère a choisi ce nom pour une
raison indéterminée. Nous ne pouvons que faire des suppositions.
Cette famille a peut-être subi des revers financiers. La prière de
Jaebets ne ressemblait pas à celle d'un homme riche. Les problèmes
de santé et de survie étaient toujours cruciaux à cette époque, et
élever des enfants lorsqu'on avait une santé délicate ou qu'on devait
affronter les rigueurs du désert devait être très pénible. Peut-être
traversait-elle des moments difficiles. J'imagine qu'au cours de la
grande dépression américaine de 1 930, des quantités d'enfants
auraient pu porter des prénoms de ce genre. Peut-être le père de
Jaebets mourut-il au cours de l'une des nombreuses batailles d'Israël ?
À son époque, la nation en a livré des quantités ! Il n'est jamais facile
d'être une maman qui élève seule ses enfants, mais dans l'Antiquité,
c'était quasiment impossible.
On donne à certains enfants des noms positifs comme Désiré,
Aimé, Grâce, Mélodie, etc. Imaginez que vous vous appeliez
Douleur. Dans votre enfance, une petite voisine aurait frappé à la
porte pour demander : « Est-ce que Douleur peut venir jouer dehors
aujourd'hui ? »
Au crépuscule, votre mère aurait ouvert la porte et crié
« Douleur ! Le repas est prêt, Douleur ! » Chaque fois qu'elle
prononcerait votre nom, cela lui rappellerait de façon saisissante la
souffrance qu'elle aurait éprouvée lors de votre naissance. On n'aurait
jamais fêté votre arrivée, on n'aurait pas célébré une nouvelle vie, on
ne vous aurait pas raconté à quel point votre père et votre mère
auraient été comblés par votre venue au monde, mais on aurait juste
gémi : « Quand tu es née, Douleur, nous étions au comble du
désespoir. »
Comprenez-vous mieux ce qu'a dû ressentir Jaebets ? Certains
d'entre vous qui lisez ces pages se souviennent de l'histoire de leurs
origines. Vous n'avez pas été désiré, et on n'a pas hésité à vous le dire
en face. Vous ne connaissez peut-être pas vos parents biologiques, et
vous vous demandez comment ceux qui vous ont donné la vie ont pu
ensuite vous abandonner. Vous êtes peut-être né dans des
circonstances atroces -avec des parents dans le besoin, drogués ou

212
é}acbels, /'iuco,11111 qui deuiul célèbre

caractériels - et vous avez été pour eux un désastre supplémentaire,


si bien qu'ils vous ont perpétuellement couvert d'insultes. Ou peut­
être, tout simplement, êtes-vous venu tard dans la vie de vos parents.
Ils avaient décidé de ne plus avoir d'enfant et ils ne vous ont jamais
manifesté de chaleur ni d'affection.
Jaebets est né dans des circonstances difficiles, et le nom qui lui
a été attribué l'a empêché à tout jamais de l'oublier. Toutefois,
remarquez la brève description qui suit son nom :

« Jaebets était plus considéré que ses frères. »

( I Chroniques 4 .9)

Le terme hébreu traduit par considéré signifie littéralement


« lourd ». Lorsqu'il qualifiait une personne, il exprimait l'idée que
celle-ci était impressionnante ou digne d'être remarquée. Une étude
approfondie des termes hébreux donne ce commentaire :

« La réputation d'un individu avait une importance capitale dans


ces usages. Une personne qui avait une position sociale en vue et
une richesse correspondante était donc , automatiquement,
honorée, et elle avait du poids dans la société (Nombres 22 . 1 5 ,
etc.). Une telle position, des richesses et une longue vie étaient
considérées comme des récompenses accordées aux gens droits et
justes ( 1 Chroniques 29.28, etc .) On était automatiquement
honoré si on atteignait ce statut, mais on était aussi censé mériter
l'honneur et la gloire. » 2 1

Souvenez-vous que ces mots n'ont pas été écrits pendant la vie
de Jaebets, mais après sa mort. L'arbre était tombé : la mesure était
donc juste. Quelles que soient les circonstances pénibles qui ont
entouré le début de sa vie, il a fini ses jours avec plus d'honneurs, un
statut plus prestigieux et une plus grande influence que ses frères. La
première partie du verset 9 souligne ce contraste. Après avoir
minutieusement étudié le texte hébreu, en voici une traduction
nuancée qui tient compte de la complexité sémantique et
grammaticale du texte original. J'ai mis entre crochets les passages
que j'ai étoffés :

2 13
L' H I ST O I R E FAS C I N A N T E DE CES P E R SO N N AG ES M ÉCO N N U S

« Jaebets était [quelqu'un d e plus remarquable , de plus


impressionnant, de plus considéré dans sa communauté] que ses
frères ; [paradoxalement , néanmoins,] sa mère l'avait nommé
Jaebets, [un jeu de mots qui signifie "douleur"] , en disant : [Je lui
donne ce nom] parce que je l'ai enfanté avec douleur. »

Soyez attentif à la constitution de cet épitaphe. Bien que Jaebets


soit né dans des circonstances défavorables, c'était un grand homme.
Cela revient à dire : « Abraham Lincoln a été l'un des plus grands
présidents des États-Unis, bien qu'il soit né dans une cabane en
rondins. » Après une telle phrase, nous nous attendons à ce qu'on
nous explique comment s'est déroulée la transition. Le verset 10 nous
indique comment Jaebets est passé de la souffrance et de la douleur
de sa naissance à la grandeur et à la notoriété dans ses dernières
années.

L A P R I È R E A M B I TI E U S E D ' U N H O M M E H U M B LE

Que s'est-il donc passé ? Il nous est dit que ce fut le résultat d'une
prière audacieuse et fervente que Dieu choisit d'exaucer. Voici ma
traduction nuancée de cette requête

« Jaebets adressa au Dieu d'Israël [cette prière ] . Si tu me bénis


[abondamment , comme je le désire ardemment ] , [que tu
augmentes mes responsabilités, ma prospérité et mes moyens] ,
que [ta présence et ta puissance] restent [constamment] sur moi et
que tu [ interviens pour me préserver] du malheur, en sorte que je
ne sois pas dans la souffrance, [comme mon nom l'implique !] »

Jaebets a clairement adressé quatre requêtes précises.


Examinons chacune d'elles à tour de rôle :

2 14
. é}acl,cls, /'i11co11,111 qui devi11/ célèlire

A noblissement divin
Jaebets a commencé par demander à Dieu de le bénir. .. mais il
ne s'agissait ni d'un cliché, ni d'une requête ordinaire. Le texte hébreu
trahit une vive émotion dans sa prière au moyen de ce que les érudits
nomment « une particule de souhait » . Cette expression très rare,
combinée avec la forme simplifiée du verbe, révèle qu'il s'agit d'un
homme qui voulait quelque chose à tout prix. Par conséquent , la
requête « Bénis-moi ! » est intensifiée. Elle devient : « Accorde-moi
une bénédiction considérable. »
Il a demandé ce que nous pourrions appeler un anoblissement
divin. La bénédiction du peuple élu n'était pas une mince affaire. Elle
était étroitement associée à l'alliance que Dieu avait faite avec Israël ,
ce qui deviendra plus clair dans la prochaine partie. Tous les Hébreux
désiraient obtenir cette bénédiction de l'alliance, mais la requête de
Jaebets était différente. En fait, il demanda : « Accorde-moi une
bénédiction exceptionnelle. Seigneur, dissipe le nuage qui a assombri
ma vie, depuis la tristesse qui a entouré ma naissance jusqu'aux
limites dont j'ai souffert pendant de nombreuses années. Fais en sorte
que mon avenir contraste avec mon passé. Donne-moi une place
d'honneur dans ton alliance avec mon peuple. »

Expansion divine
Ensuite, « étends mes limites ». De prime abord, cela semble
être une ambition égoïste, une prière pour recevoir la santé et la
richesse, du style de celles que certains prédicateurs prônent avec
aplomb : « Réclamez la bénédiction, et vous l'aurez ! » Janis Joplin
chantait de façon sarcastique : « Seigneur, tu veux bien me payer une
Mercedes Benz ? »
Si nous nous arrêtons à « Élargis mes limites » et que nous ne
creusons pas plus loin pour en comprendre le sens, nous risquons de
réduire cette prière à une liste de « Donne-moi ceci et cela » . C'est
sans doute ce que nous concluons.
Cependant, dans !'Antiquité, élargir ses limites signifiait
acquérir de plus grandes richesses, avoir une place importante dans la
communauté, plus de pouvoir et davantage de responsabilités pour le
Seigneur et pour les autres. La terre représentait la richesse... et bien

215
L' H ISTO I R E FA S C I N ANTE DE CES PERSO N N AG E S M ÉCO N N U S

plus encore. Jaebets implora l e Dieu d'Israël de le rendre riche et


puissant. Ce fut la prière remarquable d'un homme à la sainte
ambition et à la grande espérance.
Comprenez bien que dans un juste contexte, l'ambition n'est pas
mauvaise. Dieu ne veut pas que nous priions pour devenir riches
égoïstement, et ce n'est pas ce que Jaebets souhaitait ! Dans le
contexte de la culture hébraïque, comme on le constate dans les
promesses de Deutéronome 28, un plus grand terrain équivalait à une
plus grande part au plan de Dieu pour Israël. Demander au Seigneur
davantage de terres, c'était prier pour prendre une part accrue à
l'alliance, avec toutes ses conditions - dont les malédictions pour la
désobéissance. L'ambition de Jaebets était donc noble.

La puissance divine
Jaebets a aussi prié pour recevoir la puissance divine : « si ta
main est avec moi » est la traduction littérale du texte hébreu. En
effet, dans la culture et la littérature de l'Ancien Testament, la main
symbolisait la puissance, la force, le pouvoir ou la capacité. Jaebets
demandait donc à l'Éternel de lui accorder constamment sa présence
et sa puissance. Dans toute la Bible, l'intervention souveraine de Dieu
et l'exercice de son omnipotence sont associés très souvent à sa main.
En fait, Jaebets a prié : « Seigneur, je compte sur toi pour faire
ces choses en ton temps et à ta manière. Je ne souhaite pas marcher
seul, mais j'aspire à ce que tu m'accompagnes. Je désire que tu diriges
chacun de mes pas par ta main puissante. Je ne veux à aucun prix
sentir de moins en moins ta main sur ma vie au fur et à mesure que je
prospérerai. C'est pourquoi je te demande humblement d'être avec
moi. »
Dans toutes les Écritures, nous constatons que ce sont ceux qui
se soumettent perpétuellement à l'autorité du Seigneur et qui ne
cherchent que sa gloire qui sont les plus richement bénis.
J'ignore qui vous êtes et ce que l'avenir vous réserve. Vous êtes
peut-être un futur PDG, politicien d'envergure, prédicateur de renom,
enseignant de qualité ou artiste célèbre. Dieu seul le sait. Je voudrais
juste vous avertir solennellement : lorsque vous serez sur le point
d'accepter cette lourde charge qui s'accompagnera de responsabilités
considérables et d'une grande prospérité, n'oubliez pas de prier ainsi

2 16
;Jacbels, /'i11co11 1111 qui devi11I célèbre

« Que ta main soit avec moi, Seigneur. Préserve-moi de l'arrogance et


de l'orgueil. Guide-moi pour que je reste fidèlement soumis à toi
malgré le pouvoir illusoire qui m'est accordé. Rappelle-moi souvent
les dangers qui accompagnent le succès. »
Au chapitre précédent, j'ai affirmé que le succès ne gâtait pas le
caractère d'une personne , mais qu'il révélait simplement sa vraie
personnalité. Néanmoins, nous pouvons demander au Seigneur de se
servir de notre réussite pour forger notre caractère afin que nous
ressemblions de plus en plus à Christ. Jaebets ne voulait pas d'une
ascension sociale qui l'éloignerait de Dieu, si bien qu'il a humblement
imploré l'Éternel de rester près de lui.

Capacité divin e
La dernière requête de Jaebets est étroitement liée à la
précédente. Nous lisons : « et si tu me préserves du malheur, en sorte
que je ne sois pas dans la souffrance ». Ma version personnelle
amplifiée est : « Et que tu [interviens pour me préserver du malheur] ,
en sorte que je ne sois pas dans la souffrance, [comme mon nom
l'implique ! »]
La main de Dieu n'est pas seulement une présence qui nous
guide , mais aussi une puissance protectrice. La requête de Jaebets est
voisine des promesses que l'Éternel a faites dans Deutéronome 28. Il
a assuré à son peuple que non seulement il le ferait prospérer, mais il
le protégerait des invasions. C'est une requête naturelle, mais la
dernière phrase indique que cela tenait particulièrement à cœur à
Jaebets. En effet, il a employé le même mot que celui que sa mère
avait en tête lorsqu'elle lui a donné son nom.
Cela incite à penser qu'il ne demandait pas seulement au
Seigneur de le préserver de futures épreuves.Il intercédait sans doute
pour être délivré de l'existence de souffrance et de tourments à
laquelle il semblait voué. Il pensait pouvoir échapper à son nom et
aux tribulations qui s'y rattachaient. Il disait, en somme : « Aide-moi
à ne pas vivre en fonction de mon nom ! Délivre-moi de mes chaînes
passées, et ouvre devant moi un avenir grand et glorieux. »
La dernière phrase de cette éloquente épitaphe nous dévoile le
résultat de sa prière : « Et Dieu [provoqua pour lui] [absolument tout]
ce qu'il avait demandé. »

2 17
L' H I STO I R E FASC I N A N TE DE CES P E R S O N N A G E S MÉCO N N U S

J e traduis ainsi l e verbe hébreu correspondant à ce que Dieu a


fait pour Jaebets en raison d'une nuance subtile du texte original.
« Dieu accorda » donne l'impression que le Seigneur n'eut qu'à lever
la main pour que Jaebets soit instantanément revêtu d'habits
somptueux et installé dans sa nouvelle propriété. En fait, l'Éternel
provoqua ce que Jaebets désirait, non pas miraculeusement (alors
qu'il aurait pu le faire), mais en agissant souverainement par des
interventions humaines, dans des circonstances quotidiennes. Il fit
prospérer Jaebets, non pas du jour au lendemain , mais au fil des
années. Il le guida et le protégea continuellement.
Jaebets fit une prière audacieuse, qui prouva sa foi, et Dieu
l'honora. L'Éternel sourit en entendant ses requêtes, et il marcha
ensuite avec lui, en fortifiant sa foi au travers de ses succès comme
de ses échecs. Et en fin de compte, il lui accorda tout ce qu'il avait
demandé.
Puis-je vous faire une dernière remarque ? En examinant les
lignes qui précédent et qui suivent les deux versets sur Jaebets, nous
rencontrons fréquemment les expressions « père de, fils de, frère de »,
mais pas en ce qui concerne cet homme humble qui a fait une prière
si extraordinaire. Il avait une mère et des frères, mais à part cela, il
n'avait aucun rapport avec les centaines de noms de ce livre. C'était
vraiment un « inconnu » dans tous les sens du terme.
Il est possible que vous vous identifiiez parfaitement à lui.
Pendant des années, vous avez estimé que vous étiez insignifiant.
Peut-être avez-vous fait votre entrée dans le monde au sein d'une
série de circonstances tragiques. Vous avez fini par vous dire que
vous ne serviriez jamais à grand chose. L'endroit d'où vous venez et
celui où vous allez prouvent que Dieu vous a fixé d'étroites limites,
soupirez-vous.
Cela ne veut pas dire qu'il soit nécessairement mauvais
d'accomplir de son mieux une humble tâche, mais prenons garde de
ne pas être fatalistes. Le contentement ne doit pas se confondre avec
la résignation. Certes, Dieu nous appelle à lui soumettre notre volonté
et il veut que nous lui obéissions... mais sans devenir défaitistes pour
autant. Si vous êtes intimement convaincu que votre sphère
d'influence est aussi vaste que celle que Dieu a prévue dans sa grâce,

2 18
;Jnebcls, l 'i11co111111 qu i devi n t célèbre

acceptez-la et agissez en conséquence. Vous en serez abondamment


récompensé, ici-bas et dans l'éternité.
Mais si vous n'avez jamais pris le temps de regarder le ciel et de
dépasser vos limites, qu'attendez-vous pour le faire ? Pourquoi
hésitez-vous tant à demander au Seigneur qu'il vous accorde une
grande place dans ce monde , une position dans laquelle vous aurez
d'importantes responsabilités ? Évidemment , nous sommes surpris
lorsque Dieu le fait. La majeure partie des personnes de ma
connaissance qui ont atteint de tels sommets m'ont avoué qu'elles
étaient stupéfaites d'avoir acquis une telle autorité. La plupart du
temps, elles ne se sentaient pas prêtes à l'assumer et se trouvaient
totalement indignes de leur mission, ce qui prouvait leur humilité.
Je voudrais vous poser deux questions auxquelles vous êtes le
seul à pouvoir répondre : se pourrait-il que le Seigneur ait prévu pour
vous un poste à lourdes responsabilités, à grands privilèges et à
autorité considérable ? Et si le rôle qu'il a en tête pour vous était
beaucoup plus important que vous l'avez jamais imaginé ? S'il voulait
vous voir prendre des décisions qui auront un impact significatif sur
la société ? Certes, ce ne sont pas forcément des positions enviables,
car on y est exposé aux feux des projecteurs, mais la récompense que
vous obtiendrez pour prix de votre obéissance en vaudrait la peine.
Voici maintenant une troisième question qui risque de vous effrayer,
mais à laquelle je vous demande de réfléchir : qu'est-ce qui vous
empêche de prier pour que Dieu élargisse votre vision et repousse vos
limites ? Je me demande si le Tout-Puissant n'a pas consigné cette
histoire brève, mais édifiante pour inciter ses lecteurs à se poser ce
genre de questions.

TRO I S P R I N C I PES

L'histoire de Jaebets ne me pousse pas seulement à vous adresser


ces questions. J'y trouve aussi trois principes que vous devriez garder
en mémoire en constatant vos limites actuelles.
Premièrement , une vi e qui a mal comm encé ne sera pas
forcém ent limitée pour au tant. Si vous ne vous tenez pas sur vos
gardes . l'adversaire vous convaincra qu'à cause de votre mauvais
départ dans la vie , votre avenir est bouché. L'ennemi de votre âme

2 19
L' H ISTO I R E FAS C I N A NTE DE CES PERSO N N AG E S M ÉCO N N U S

s'ingénie à vous convaincre que vous êtes né sous une mauvaise étoile
et que vous n'aurez jamais de chance dans la vie. Ne l'écoutez pas !
Souvenez-vous de Jaebets, l'inconnu qui a commencé sa vie dans la
douleur, mais que le Seigneur a élevé et honoré, parce qu'il a osé prier
hardiment et être zélé pour Dieu. L'Éternel a exaucé la requête de
Jaebets. Pourquoi n'en ferait-il pas autant pour vous ?
Deuxièmement, il est dangereux d'avoir du succès sans la
présence et la pu issance de Dieu. Dans le chapitre précédent, nous
avons examiné la vie de Roboam. La richesse et la puissance que son
père Salomon lui avaient léguées auraient dû suffire à préserver la
nation d'Israël des envahisseurs ennemis. Dans l'un des édifices
publics, Roboam avait assez d'or pour lever une armée gigantesque
afin de détruire l'Égypte, mais comme Dieu a cessé de le protéger,
rien n'a empêché le roi d'Égypte de vaincre les Hébreux et de
s'emparer de l'or. Sachez-le, votre succès personnel vous fait courir
de grands risques.
Troisièmement, quand Dieu bénit qu elqu'un et l e fait prospérer,
ce dernier n'éprouv e aucune culpabilité. Les dons du Seigneur sont
toujours appropriés et justes. Ils ne gênent pas et ne font jamais honte
à leurs bénéficiaires. Les rangs ou les statuts privilégiés et les
bénédictions qui les accompagnent ne sont que de petites
compensations par rapport aux responsabilités considérables qui
pèsent sur les épaules des personnes « en vue ». Les responsabilités
s'accompagnent d'un poids égal de tension. J'ai observé attentivement
les photos des présidents des États-Unis peu de temps après leur
entrée en fonctions, puis d'autres prises à la fin de leur second
mandat. Le contraste est toujours saisissant. Le stress lié aux huit
années à la tête de la nation les a fait vieillir prématurément.
Ne vous excusez jamais des bénédictions que le Seigneur vous
donne. Nous endurons assez d'épreuves dans l'existence sans que
nous nous sentions coupables des bienfaits qu'il nous accorde. Si
vous faites partie de ceux que Dieu a choisis pour remplir une
mission importante qui s'accompagne d'abondance matérielle ,
acceptez-le avec reconnaissance. Décidez de faire servir tout ce qu'il
vous donne à l'accomplissement de son œuvre et donnez
généreusement en vue de l'avancement de son royaume. Appréciez
pleinement la bonté du Seigneur.

220
;J,u:bets, l'i11co111111 qui devi11I célèbre

LE D É F I : U N R Ê V E À L A TA I LL E
D E C E U X D E D I EU

Laissez-moi vous poser quelques questions personnelles. Se


pourrait-il que votre vision actuelle soit restreinte par votre condition
modeste et vos humbles origines ? Les influences qui régissent votre
vie vous retiennent-elles captif, prisonnier d'une façon de vivre ou
d'une mentalité étriquée ? Ne vous êtes-vous jamais libéré de ces
entraves, tout si mplement parce que l'occasion ne s'est pas
présentée ? Avez-vous demandé au Seigneur de vous donner une
vision qui dépasse de loin vos limites actuelles ? Si vous ne l'avez pas
fait, qu'est-ce qui vous en empêche ?
L'un de mes plus proches amis dans le ministère, Mark Young,
est né et a grandi à Putnam County, en Virginie occidentale, comme
sept générations de Young l'ont fait avant lui. Je ne vais pas émettre
de stéréotypes. Son père était banquier, et il percevait un salaire
honorable. Mais il espérait que Mark serait le premier Young depuis
sept générations à obtenir un diplôme universitaire. C'était une noble
ambition, raisonnable et, en même temps, assez limitée.
Non seulement Mark a fait des études supérieures à l'université
Marshall, mais il a décroché une maîtrise de théologie au séminaire
théologique de Dallas, puis uri doctorat à l'école de la Divinité
Évangélique de la Trinité. De plus, sa femme et lui se sont installés
en Pologne - qui était encore située de l'autre côté du rideau de fer
à l'époque - où Mark a fondé et dirigé un séminaire évangélique.
Après de nombreuses années de ministère au cours desquelles il a été
tém oin de la chute du régime soviétique et du retour à la démocratie
et où il a fait prospérer son séminaire, le Dr. Mark Young est
aujourd'hui professeur des missions mondiales et des études
interculturelles au séminaire de Dallas. Il est aussi pasteur principal
et s'occupe de l'organisation stratégique et de la formation en vue du
ministère à l'église Stonebriar Community.
Et tout cela a commencé dans la petite ville d'Hurricane, en
Virginie occidentale, où son père espérait simplement que son fils
irait à l'université. Le Seigneur l'a abondamment béni , c'est vrai . .. et
Mark est le premier à le reconnaître.

22 1
L' H I STOI RE FAS C I N A N TE DE C ES PER S O N N A G E S M ÉCO N N U S

Voilà ce que j'appelle élargir ses frontières ! Croyez-moi, Mark


vous le dirait, il n'aurait rien pu accomplir de tout cela juste avec de
grands rêves et de grandes ambitions. Ce parcours exceptionnel a été
orchestré par Dieu. Jaebets et Mark avaient ceci en commun : une vie
limitée, un désir de voir plus loin et un Dieu de grâce qui souhaitait
ardemment manifester sa grâce par leur moyen. Dans les deux cas, ce
fut une parfaite réussite.
Si vous n'envisagez pas d'élargir vos horizons, vous serez
condamné à rester prisonnier de votre petit monde étriqué actuel.
Ne restez pas statique!

222
CHAPITRE DOUZE
%.aman, !officier dont la lèpre ll été purifiée

,!\ 'P. -:if, '


,
.

� '
.

L
e chapitre 5 du deuxième livre des Rois est l'histoire d'un
miracle et d'un mystère. Le récit est relaté avec une grande
habileté. Le rédacteur emploie ce que les experts en littérature
nomment de l'ironie dramatique : en effet, les lecteurs savent une
chose que le héros de l'histoire ignore. Par conséquent,la façon d'agir
de ce dernier prend un sens différent pour les lecteurs. Les écrivains
utilisent souvent ce subterfuge pour forcer leurs lecteurs à réexaminer
leurs valeurs ou leurs opinions,ce qui est certainement une excellente
idée dans le cas que nous allons étudier maintenant.
Pour préparer notre esprit à apprécier pleinement cette histoire,
nous avons besoin d'une nouvelle perspective. Esaïe 55 nous aidera

« Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas
d 'argent ! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du
lait, sans argent , sans rien payer !
Prêtez l 'oreille, et venez à moi , écoutez, et votre âme vivra : Je
traiterai avec vous une alliance éternelle, pour rendre durables
mes faveurs envers David .

Cherchez l 'Éternel pendant qu'il se trouve ; invoquez-le, tandis


qu'il est près . Que le méchant abandonne sa voie , et l ' homme
d ' iniquité ses pensées ; qu'il retourne à l'Éternel , qui aura pitié de
l u i , à notre Dieu , qui ne se lasse pas de pardonner. Car mes
pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes

223
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

voies, dit l ' Éternel . Autant les cieux sont élevés au-dessus de la
terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et
mes pensées au-dessus de vos pensées. »
(Esaïe 55. 1 , 3 , 6-9)

C H E R C H EZ LE S E I G N E U R

Les études bibliques efficaces et fondées commencent toujours


par des observations scrupuleuses. Tout d'abord, veuillez noter que
ces mots sont écrits à l'intention de ceux qui ne connaissent pas le
Seigneur. Ce sont ceux que nous appelons des « chercheurs » . Ils sont
en quête de Dieu (parfois à leur insu), parce que quelque chose a
excité leur intérêt. Peter Marshall, l'aumônier presbytérien très
populaire du sénat des États-Unis à la fin des années quarante, a
appelé cela « la tape sur l'épaule ».

« Si vous marchiez dans la rue et que soudain, quelqu'un venait


derrière vous et vous tapait sur l'épaule . . . que feriez-vous ?
Naturellement, vous vous retourneriez. Eh bien, c'est exactement
ce qui se passe sur le plan spirituel. Un homme parcourt la vie
sans avoir d'aspiration spirituelle précise lorsque soudain, sans
crier gare , !'Esprit tape sur son épaule. Cette tape , c'est la
puissance infinie de Dieu qui agit sans aide ni entraves . . . afin
d'engendrer une nouvel le créature et de lui indiquer l'œuvre
particul ière que le Seigneur a prévue pour elle . » 2 2

Cette « tape » commence par un ordre : « Cherchez l'Éternel. »


Remarquez aussi que cet ordre de chercher l'Éternel
s'accompagne d'une injonction, d'un avertissement et de deux
promesses. Avant tout, il nous est prescrit d'invoquer l'Éternel.
Ensuite, le méchant est incité à abandonner son état d'esprit présent,
à se détourner de la direction qu'il prend et à se diriger vers Dieu. Le
ton et le contexte contiennent un avertissement implicite, comme une
mère dirait à son enfant : « Tu as intérêt à écouter ! » Si celui qui
cherche ne renonce pas à son ancienne mentalité, il aura un prix à

224
':Naama11, l 'officier doiil la lè prF li élé purifiée

payer et de graves conséquences à affronter. Et les promesses incluent


la compassion du Seigneur et l'offre d'un pardon complet.
Troisièmement - ce qui est essentiel pour comprendre notre
histoire - n'oubliez pas que le Seigneur a une surprise en réserve
pour quiconque vient à lui. Observez attentivement les versets 8 et 9.
Lisez-les lentement. C'est important, non seulement pour l'histoire
miraculeuse de 2 Rois 5, mais aussi pour comprendre comment le
Seigneur veut écrire votre histoire

« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont
pas mes voies, dit l'Éternel. Autant les cieux sont élevés au­
dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos
voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »
(Esaïe 55.8-9)

Vous vous rappelez peut-être que dans le chapitre consacré à


Abigaïl, nous avons vu ce principe en action. Une fois que le
Seigneur a fait justice à Nabal, autrement dit à Fou, son plan pour
bénir David et Abigaïl est apparu clairement. Il a été là tout le temps,
caché derrière la porte de l'obéissance.
Le Seigneur aime nous surprendre par sa bonté, pourvu que nous
ouvrions la porte de l'obéissance avec la clé de la foi qu'il nous a
donnée, puis que nous la poussions et que nous entrions par elle.
Vous pensez peut-être avoir bénéficié au maximum de la bonté
de Dieu dans votre vie. Dans ce cas, vous allez être surpris ! Tant que
vous aurez de l'air dans les poumons, le Seigneur vous étonnera par
sa bonté.Il est infiniment créatif et plein de ressources prodigieuses.
Ses voies ne sont pas les nôtres, et si nous croyons le contraire, nous
le rabaissons. De plus, son plan est plus grand que les nôtres. Il ne
projette pas de nous terrasser, mais de nous élever. Contrairement à
l'opinion populaire, il ne souhaite pas nous enterrer, mais nous bénir
pour sa cause et sa gloire.
Mais il s'agit d'un processus considérable et ardu. Lorsque nous
nous détournons de nos voies pour poursuivre les siennes, nous avons
un long périple à accomplir. J'ai fait cela dans ma jeunesse, et mon
voyage singulier avec Dieu a débuté à partir de ce jour-là. Et il se
poursuit ! Juste au moment où je me dis : « C ette fois, ça y est. J'ai

225
L' H I STO I R E FASC I N A N T E DE CES P E R SO N N AG E S M ÉCON N U S

connu le m eilleur l'an dernier. Comment le S eigneur pourrait- il m e


Jaire d'autres surprises ? », l'année suivante m'étonne encore
davantage et se déroule comme personne d'autre n'aurait pu le
prévoir, mêm e pas m oi !
Tout en abordant l'histoire miraculeuse de 2 Rois 5, gardez en
tête Esaïe 55 .6-9. Souvenez-vous de ce que nous avons étudié
l'invitation, l'avertissement, les promesses .. . et surtout la surprise.

LE C H E R C H E U R
Comme les bijoux de grand prix, les récits bibliques ont besoin
d'être placés dans leur écrin, et celui-ci se distingue de ce que nous
voyons normalement dans l'Ancien Testament. Vous vous souvenez
sans doute, d'après le chapitre sur Roboam, que la nation élue s'est
scindée en deux à cause de sa folie. Les dix tribus du royaume du
nord se sont appelées Israël et les deux tribus du sud, Juda. Comme
on pouvait s'y attendre, elles se sont régulièrement battues. Ce fut une
guerre civile qui n'est pas sans rappeler celle des États-Unis de 186 1
à 1865, une époque tumultueuse de confusion et de bouleversements,
où les ennemis joignirent souvent leurs forces pour lutter contre un
envahisseur, puis recommencèrent à se haïr et à se méfier l'un de
l'autre.
Au cours de cette période confuse de l'histoire des Hébreux,
Dieu a travaillé avant tout par ses prophètes, qui ont été ses porte­
parole. Comme la Bible n'était pas encore complète, les paroles d'un
vrai prophète étaient celles du Seigneur. Les vrais prophètes faisaient
des annonces et lançaient des avertissements infaillibles. Si la
déclaration de quelqu'un qui se disait prophète s'avérait être
incorrecte sur un seul point, il devait être emmené à l'extérieur de la
ville et lapidé sur le champ. Souvent, les messages des prophètes
étaient adressés sous une forme écrite.Ils étaient conservés avec ceux
d'autres prophètes qui s'étaient avérés être réellement inspirés par
l'Éternel, et nous les retrouvons dans notre Bible. Avant l'achèvement
de la Parole écrite de Dieu, les prophètes jouaient un rôle
prépondérant. Ils étaient les ambassadeurs de l'Éternel.
Cette histoire s'est passée lors d'une accalmie dans la lutte entre
les royaumes du nord et du sud. La Syrie (ou Aram, comme

226
r:N,wm,111, l'officier do11I la lèpre a été purifiée

!_ 'appelaient les Hébreux) était une civilisation montante au nord


d'Israël qui avait commencé à s'intéresser à la Palestine. Un prophète
n'a pas été très populaire pendant cette période. Élisée, comme son
mentor Élie, est resté en marge de la société. À son époque, très peu
de rois ont suivi le Seigneur, et le seul qui l'ait fait tolérait à peine sa
présence. Nous pouvons affirmer qu'Élisée n'avait pas d'amis haut
placés. Les gens craignaient la puissance surnaturelle du prophète, si
bien que tous le tenaient à l'écart.
Le personnage central de cet épisode du ministère d'Élisée est un
homme qui s'appelait Naaman. (Son nom se prononce Na-a-ma , avec
trois a). Jamais Élisée n'a eu affaire à un homme aussi haut placé.
Regardez le résumé

« Naaman , chef de l'armée du roi de Syrie, jouissait de la faveur


de son maître et d'une grande considération ; car c'était par lui
que l ' Éternel avait délivré les Syriens. Mais cet homme fort et
vaillant était lépreux . »
(2 Rois 5 . 1 )

E n quelques phrases, nous apprenons que Naaman était un


homme remarquable.Il n'était ni du royaume du nord, ni de celui du
sud. En fait, il n'était même pas hébreu. C'était un officier de haut
rang de l'armée syrienne, l'équivalent actuel d'un général quatre
étoiles. Les Écritures nous précisent qu'il « jouissait de la faveur de
son maître » . Il était donc l'homme de confiance et l'ami de Ben­
Hadad, le roi de Syrie. De plus, sa bravoure lui valait le respect de
tout son entourage. De nos jours, il aurait été considéré comme un
militaire responsable, honorable et éminent. Mais en dépit de toute sa
richesse, sa puissance, sa position honorifique et ses succès, qu'il
avait gagnés à force de courage et de mérite, il était atteint de la
maladie des paysans.
En hébreu, les expressions sont reliées les unes aux autres sans
transition, si bien que la fin de la phrase choque le lecteur. Il lit, en
fait : « Il était estimé, il était respecté, le Seigneur lui avait donné du
succès, il était fort, il était vaillant, il était lépreux. » Comment ?
Lépreux ? Quelqu'un que tous craignaient habituellement était

227
L'HI STOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

devenu répugnant, parce que cette redoutable maladie tuait ses


victimes lentement et douloureusement.
Le terme Lépreux était employé pour décrire un certain nombre
de maladies cutanées allant des mycoses au pied à l'horrible maladie
de Hansen. C'est pour cette raison que certains commentateurs ont
suggéré qu'il ne s'agissait pas de la forme terminale que nous
associons généralement avec la chair en putréfaction, les doigts
manquants et les bandages sanglants. Mais comme nous le verrons
dans la suite de l'histoire, les démarches désespérées que Naaman a
faites pour trouver un remède ont montré qu'il était dans un état
critique.
Néanmoins, s'il avait été hébreu, Naaman aurait dû être banni de
la société, comme toute personnes souffrant d'une maladie de peau
chronique, surtout si elle était aussi redoutable que la maladie de
Hansen. Mais souvenez-vous qu'il était syrien. Le vénérable érudit
allemand C. F. Keil a fait cette remarque dans son commentaire de 2
Rois :

« Nous trouvons ici une allusion à la différence entre la façon


dont les Syriens et les Israélites considéraient la lèpre . Alors qu'en
Israël , les lépreux étaient exclus de la société humaine, en Syrie,
un homme atteint de la lèpre pouvait occuper un poste très élevé
en étroite association avec le roi . »23

En Israël, aucun lépreux ne pouvait conserver sa position


d'autorité. Dieu avait institué des lois sur la lèpre pour préserver la
population d'une épidémie, mais l'influence païenne en avait dénaturé
le sens. La lèpre a fini par être considérée comme une marque du
mécontentement de Dieu et un signe externe d'un péché intérieur.
C'est risible si on tient compte de l'état d'immoralité d'Israël à cette
époque ! Mais ces règles n'avaient pas cours en Syrie. Selon la culture
de ce pays, un lépreux pouvait rester actif, avoir des contacts avec les
autres et même diriger des affaires importantes de l'état.
Le jour où Naaman a remarqué la première tache sur sa peau, il
a dû avoir un choc, comme celui que nous éprouvons en lisant la fin
du verset 1. Imaginons ce qui s'est passé. Il s'est levé un matin, a
commencé à s'habiller et a baissé les yeux pour voir ce qu'il avait sur

228
CNaam1111, l'officier ,uml la lèp re Il été puri}iée

la peau. À sa stupéfaction ... cela ressemblait à la lèpre ! Subitement,


d'autres mots ont dû lui venir à l'esprit. Douleur. Dés espoir.
Incurable. Injuste. Toutes les médailles accrochées sur son torse , le
faste et le prestige que lui avaient valu une centaine de victoires et
toutes ses accolades pompeuses s'évanouirent en fumée. La preuve de
sa fin prochaine le fit vaciller. Tout ce qui lui · paraissait jadis
important lui sembla subitement dérisoire. Les parents qui sont
confrontés à la mort témoignent toujours que cela remet les choses
dans leur juste perspective. Ma propre crise cardiaque, en octobre
2000, a radicalement modifié mon sens des priorités.
Après avoir fait appel à notre imagination, souvenons-nous que
Naaman n'était pas un personnage fictif, mais un homme réel. Or,
personne n'a envie d'avoir une maladie incurable, pas plus hier
qu'aujourd'hui. Mais souvenez-vous qu'il s'agit de l'histoire d'un
miracle.

LA VOIE D U SEIGNEUR

« Or les Syriens étaient sortis par troupes, et ils avaient emmené


captive une petite fille du pays d 'Israël, qui était au service de la
femme de Naaman. Et elle d it à sa maîtresse : Oh ! si mon
seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, le prophète le
guérirait de sa lèpre ! »
(2 Rois 5.2-3)

La voie de Dieu n'est-elle pas fascinante à observer ? Vous


souvenez-vous de l'invitation d'Esaïe 55 ?

« Cherchez l 'Éternel pendant qu'il se trouve ; invoquez-le, tandis


qu'il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme
d'iniquité ses pensées ; qu'il retourne à l 'Éternel, qui aura pitié de
lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. Car mes
pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes
voies, dit l'Éternel. »
(Esaïe 55.6-8)

229
L' H ISTO I R E FA SCI N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M É CO N N U S

En quelque sorte, Dieu a tapé sur l'épaule de Naaman. L'Éternel


a agi dans sa vie pour lui offrir la guérison. Évidemment, le prophète
dont il entendit parler était Élisée, mais cet homme était Syrien. À ses
yeux, Élisée n'était qu'un magicien comme un autre qui s'était engagé
à l'aveuglette dans l'une des nombreuses religions stériles de
l'époque. Considérez le récit selon cette perspective. Qu'avaient fait
les dieux syriens pour Naaman ? Il a dû se dire aussi que si le Dieu
d'Israël était vraiment puissant, pourquoi ses rois adoraient-ils les
dieux des autres nations ?
Son attitude générale envers l'Éternel devait être dédaigneuse,
voire hostile. Ce jour-là, cependant, quelque chose était différent.
L'annonce de ce prophète en Israël a eu une grande importance pour
lui, parce que Naaman avait un besoin criant. Regardez sa réaction

« Naaman alla dire à son maître : La jeune fille du pays d' Israël
a parlé de telle et telle manière. »
(2 Rois 5 .4)

Le roi Ben-Hadad a dû sentir que Naaman était profondément


désespéré. Pour réaliser la situation, plaçons-nous dans un contexte
actuel. Imaginez qu'un secrétaire d'état soit atteint du syndrome
d'Alstrom. Son corps commence à se tordre, à se déformer, et tout le
monde remarque qu'il éprouve de plus en plus de difficultés à
marcher. Il s'est bien battu, il a gagné le respect et l'admiration de ses
collègues, mais il sera bientôt incapable de marcher, de parler. . . voire
même de bouger. Finalement, il mourra. Désespéré, il entre dans le
cabinet du chef de l'état et demande : « Monsieur le Président, une
femme de ménage embauchée par mon épouse m'a parlé d'un sorcier
vaudou du Honduras. D'après elle, il peut guérir ma maladie. »
À vrai dire, j'ai l'impression que la réaction de Naaman
représente l'impulsion d'un homme qui tente le tout pour le tout afin
de sauver sa vie, même si cela paraît ridicule. Je me hâte d'ajouter que
je ne le blâme pas, et que les mots que je choisirais pour lui remettre
les idées en place seraient empreints de tact et de tendresse.
Quiconque est aussi affligé a besoin de douceur et de compassion et
non de froide logique.

230
CN,wma11, l'officier do11t la lèpre u été purifiée

LES FA U X - PAS D' U N C H E R C H E U R H ONNÊTE

Le roi Ben-Hadad rédigea sur le champ une lettre au roi d'Israël


demandant l'autorisation pour Naaman de voir Élisée. Aussi , à partir
de l'information sommaire de la petite fille, le général quatre étoiles
se mit en quête du prophète. Mais ses actes montraient que son état
d'esprit était celui d'un non-croyant. Dans les versets suivants,
observez certaines erreurs fréquentes chez les incroyants qui
réagissent lorsque Dieu leur tape sur l'épaule

« Et le roi de Syrie dit : Va, rends-toi à Samarie , et j'enverrai une


lettre au roi d' Israël. li partit, prenant avec lui dix talents d'argent,
six mille sicles d'or, et dix vêtements de rechange. Il porta au roi
d' Israël la lettre, où il était dit : Maintenant, quand cette lettre te
sera parvenue, tu sauras que je t'envoie Naaman, mon serviteur,
afin que tu le guérisses de sa lèpre . »
(2 Rois 5 .5-6)

Sur la planète terre, l'ordre naturel des choses est que rien n'est
gratuit. Un homme qui a le pouvoir de guérir les maladies en phase
terminale doit être très sollicité, donc injoignable, à moins d'y mettre
le prix. Une fois que quelqu'un obtient un rendez-vous avec lui, il a
intérêt à se munir d'une grosse somme, car les guérisseurs coûtent
cher. S'ils sont efficaces, leurs exigences peuvent être démesurées.
La première erreur de Naaman fut de croire qu'il pouvait acheter
sa guérison.
C'est toujours le cas aujourd'hui. Trop de gens sont prêts à payer
pour quelque chose d'aussi merveilleux et primordial que le ciel.
Malheureusement, ils préfèrent acheter leur place au ciel que de
croire qu'ils iront. Et pourtant, l'invitation est claire : « Vous tous qui
avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent ! Venez,
achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans
rien payer ! » (Esaïe 55.1 )
L'idée que nous devons venir au Seigneur avec des cadeaux et de
l'argent pour recevoir sa grâce est renforcée jour après jour par de soi­
disant messages de foi qui inondent les ondes et les chaînes
télévisées. On nous recommande de semer des graines de foi afin de

23 1
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

moissonner des bénédictions divines. Ceux qui ont du discernement


savent ce que cela signifie. La« semence » est l'argent, le« terrain »
est leur poche et la « bénédiction » est la délivrance de votre
affliction. Cela nous amène à considérer une autre erreur que
commettent souvent ceux qui ne sont pas sauvés.
La deuxième bévue de Naaman fut de croire qu'il serait guéri par
un autre pécheur.

« Il porta au roi d ' Israël la lettre, où il était dit : Maintenant,


quand cette lettre te sera parvenue, tu sauras que je t'envoie
Naaman, mon serviteur, afin que tu le guérisses de sa lèpre. Après
avoir lu la lettre, le roi d ' Israël déchira ses vêtements, et dit
Suis-je Dieu, pour faire mourir et pour faire v ivre, pour qu'il
s'adresse à moi afin que je guérisse un homme de sa lèpre ?
Sachez donc et comprenez qu'il cherche une occasion de dispute
avec moi. »
(2 Rois 5.6-7)

La lettre du roi de Syrie était conforme aux traditions de


l'époque. Elle respectait le protocole en vigueur. Dans les cultures
païennes, les prêtres mystifiaient les hommes en leur faisant croire
que leurs dieux descendaient physiquement parmi les êtres humains.
Naaman espérait que le roi inciterait le saint homme à prononcer les
incantations qui guériraient sa lèpre.
Méfiez-vous de tout être humain qui prétend obtenir une
puissance particulière de Dieu ou connaître ses voies secrètes À
l'époque de l'Ancien Testament, le Seigneur faisait tout pour faire
comprendre au peuple que le pouvoir ne résidait ni dans les
prophètes, ni dans les sacrificateurs, mais en lui. Malheureusement,
beaucoup de soi-disant dirigeants chrétiens se comportent comme des
prêtres païens. Pour être guéri, vous devez assister à leurs campagnes
et donner de l'argent à leur association. C'est seulement à cette
condition que vous recevrez des conseils« oints ».
N'oubliez pas l'invitation d'Esaïe 55.3, 6 : « Prêtez l'oreille, et
venez à moi » et « Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve ;
invoquez-le, tandis qu'il est près. » Jamais la Bible ne dit : « Cherchez
mon prophète, et il vous guérira ; invoquez mes prêtres tandis qu'ils

232
'fi/,u11na11, l'officier do11I la 'lèpre a été purifiée

sont près. » En effet, la relation est entre vous et Dieu. Dans l'Ancien
Testament, les sacrificateurs ne servaient que d'intermédiaires, de
messagers. Et actuellement, à l'ère du Nouveau Testament, Jésus­
Christ est notre souverain sacrificateur. Comme il est Dieu, nous
avons (en tant que croyants sacrificateurs) un accès direct au Tout­
Puissant par notre Sauveur.
Je suis catégorique sur ce point : aucun homme, aucune femme
ne doit jamais prétendre être le seul représentant de Dieu, l'unique
personne capable de proclamer son message de délivrance ou son
pouvoir de purification de vos péchés ou de votre guérison. Seul Dieu
fait cela personnellement. Allez à lui.
Le roi d'Israël avait raison d'avoir peur. Il savait qu'il était
incapable de guérir Naaman et qu'Élisée ne le pouvait pas davantage.
Le Dieu des Hébreux n'agissait pas ainsi. Il était à peu près sûr que
Ben-Hadad le savait fort bien et qu'il profiterait de l'occasion pour le
brouiller avec le chef militaire.

« Lorsque Élisée, homme de Dieu, apprit que le roi d' Israël avait
déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi : Pourquoi as-tu
déchiré tes vêtements ? Laisse-le venir à moi , et il saura qu'il y a
un prophète en Israël . »
(2 Rois 5 .8)

Dieu était à l'œuvre. Ses voies sont mystérieuses et plus élevées


que notre capacité de compréhension. Nous pouvons nous demander
comment Élisée a entendu parler de cela. Quoi qu'il en soit, il a
envoyé ses instructions au roi d'Israël (vous cqnstaterez qu'il a suivi
la voie hiérarchique) pour que Naaman lui rende visite.
Apparemment, Élisée transgressait le principe que j'ai mentionné plus
haut, mais au fil du récit, nous constatons qu'il s'agissait juste d'un
moyen de préparer ce chercheur à rencontrer l'Éternel.
Tout cela nous conduit à la troisième erreur de Naaman : il a
dressé la liste de ses propres prescriptions.

« Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s'arrêta à la

porte de la maison d'Elisée. Élisée lui fit dire par un messager :

233
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES PERSO N N AG E S M ÉCO N N U S

Va, e t lave-toi sept fois dans l e Jourdain ; t a chair deviendra saine,


et tu seras pur. »
(2 Rois 5 .9- JO)

C'était tout. Pas de cérémonie longue et solennelle d'incantations


magiques, de fumée, de sang répandu , de longues veillées de prière
ni même d'entrevue directe. Un homme éminent avait bousculé les
règles de diplomatie habituelles et parcouru de nombreux kilomètres.
Il avait pris avec l ui une somme correspondant à des milliers de
dollars dans l'espoir d'obtenir une entrevue avec un puissant chaman
qui allait invoquer les forces de l'univers pour qu'il soit rétabli. Quelle
déconvenue !
Vous imaginez la scène ? Pendant que le général Naaman se tient
devant la maison du prophète avec ses chars et son escorte de soldats
à cheval, un quelconque serviteur entrouvre la porte, se glisse dehors
et lui adresse un message. Il l ui dit simplement : « Élisée te demande
d'aller te plonger sept fois dans le fleuve et tu iras bien. Bonne
journée ! » Puis la porte se ferme et le verrou est poussé. Le vaillant
soldat paré de son plus bel uniforme reste bouche bée. Le prophète ne
s'est pas donné la peine de venir sur le seuil , et il n'a même pas
remarqué les présents que Naaman l ui a apportés. De plus, quelles
instructions humiliantes et stupides! « Ce prophète ne sait-il pas à qui
il a affaire? »

« Naaman fut irrité, et il s'en alla, en disant : Voici , je me disais :


Il sortira vers moi, il se présentera lui-même, il invoquera le nom
de l 'Éternel , son Dieu , il agitera sa main sur la place et guérira le
lépreux . »
(2 Rois 5 . 1 1 )

« Naaman fut irrité » : le terme employé pour exprimer son


sentiment est le plus fort des six mots par lesquels la langue
hébraïque désigne la fureur. En général , il se rapporte à la juste colère
de Dieu contre le péché. Naaman était exaspéré, car sa rencontre avec
Élisée ne correspondait absolument pas à ce qu'il escomptait
personnellement (cela arrive encore aujourd'hui).

234
":N,wmll11, l'officier do11I /,1 lèpre a été purifiée

I l s'attendait à ce que le prophète le prenne au sérieux . Naaman


était un homme qui dirigeait des armées: On lui obéissait au doigt et
à l'œi l . Sa seule présence suffisait pour que les gens se mettent à
genoux . I l était très important , et il s'imaginait sans doute que le
prophète aurait dû être impressionné de voir quelqu'un de son rang,
qui détenait une telle autorité , venir dans son petit vil lage perdu.
I l croyait aussi qu'on prendrait sa maladie au sérieux. I l se serait
senti mieux si É lisée était venu le trouver pour lui dire : « Cela ne va
pas être facile, mais je pense que grâce à la grosse somme que tu as
apportée , Dieu se laissera fléchir. » Tout cela aurait flatté son ego et
lui aurait fait sentir son importance . I l s'attendait à un remède
soph istiqué ou, du moins, plein d'apparat . Prêtez attention à son
raisonnement

« Les fleuves de Damas, l 'Abana et le Parpar, ne valent-ils pas


mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pourrais-je pas m'y laver
et devenir pur ? Et il s'en retournait et partait avec fureur. »
(2 Rois 5 . 1 2)

En quelque sorte, il disait : « S'il faut prendre un bain, pourquoi


irais-je me laver dans une petite rivière d'Israël alors que j'ai de beaux
grands fleuves dans mon pays ? Les fleuves syriens valent mieux que
tous les ruisseaux d'Israël réunis ! Cette histoire est vraiment
stupide ! »
Cela vous semble famil ier ? Vous êtes face à une démonstration
d'orgueil . « Je veux être purifié à mes conditions, à ma manière, grâce
à mon mérite. Je ne me livrerai pas à cette farce grotesque ! » Mais
dans Esaïe 55, nous avons appris :

« Car mes pensées ne sont pas vos pensées , et vos voies ne sont
pas mes voies , dit l ' É ternel . Autant les cieux sont élevés au­
dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos
voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »
(Esaïe 55 .8-9)

235
L' H I STO I.R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCO N N U S

L A F I D ÉL ITÉ D E D I E U E N V E R S L E C H ER C H E U R

Naaman était complètement perdu. Rien ne se passait comme


prévu. Et pourtant, grâce au ton ironique du rédacteur, nous voyons
l'Éternel guider ce chercheur dans chaque étape de son périple vers la
purification. Dieu s'est d'abord servi d'une petite servante, puis du roi
de Syrie, du roi d'Israël, d'un messager d'Élisée à la voix douce et,
finalement, des serviteurs de Naaman pour le maintenir sur le droit
chemin :

« Mais ses serviteurs s'approchèrent pour lui parler, et ils dirent


Mon père , si le prophète t'avait demandé quelque chose de
difficile, ne l'aurais-tu pas fait ? Combien plus dois-tu faire ce
qu'il t'a dit : Lave-toi , et tu seras pur ! »
(2 Rois 5 . 1 3)

Naaman a bien failli rentrer chez lui pour y mourir, et il aurait


péri à cause de son orgueil - de son stupide refus d'abandonner sa
voie pour suivre celle du Seigneur. Aujourd'hui, nous observons
fréquemment ce scénario. On annonce aux gens la bonne nouvelle du
salut par la grâce seule, mais ils répliquent : « C'est trop simple. Où
est le mérite ? Où sont les efforts ? Si cela change la vie à ce point, il
faut sûrement que je fasse des sacrifices ! »
Heureusement, les serviteurs de Naaman sont parvenus à le
convaincre autrement. Le désespoir l'a peut-être poussé à se laisser
fléchir. En écoutant leur raisonnement, il a probablement compris
qu'il n'avait plus le choix. Lentement, son orgueil s'est dissipé et il a
suivi les instructions très simples du prophète. Finalement. . .

« Il descendit alors et se plongea sept fois dans l e Jourdain, selon


la parole de l ' homme de Dieu ; et sa chair redevint comme la
chair d'un jeune enfant, et il fut pur. »
( 2 Rois 5 . 14)

Quel miracle ! Ne vous laissez pas arrêter par sa simplicité.


Élisée a arrangé la guérison de façon à ce que ce soit le Seigneur qui
ait toute la gloire et non lui, et il a prévu juste assez de complexité -

236
r:N1w 111<1 11, l'officier do11I la lèpre a élé purifiée

sept immersions - pour s'assurer de l'obéissance totale de Naaman.


Malgré le processus surprenant qu'il devait suivre, il ne s'agissait que
de l'eau ordinaire d'un fleuve comme les autres, sans chants d'anges,
de trompettes, de feu, de fumée ni de lumière éblouissante. Le seul
élément extraordinaire de cette histoire miraculeuse est le Dieu
invisible et invincible - son invitation, ses voies, sa grâce et sa
gloire. Lorsque la chair de l'homme est redevenue saine, Dieu seul a
reçu toute la gloire. Combien il a dû être reconnaissant, en baissant
les yeux, de constater qu'il avait été purifié !

DES L E Ç O N S PO U R L E S C H ER C H E U R S
L'expérience de Naaman peut donner quatre leçons à tous ceux
qui cherchent.
Premièrement, c'est seulem ent quand nous reconnaissons notre
état de péché que nous cherchons à être purifiés. Jésus-Christ n'est
pas venu sur la planète terre pour appeler des justes à la repentance,
mais des pécheurs. Une fois que quelqu'un reconnaît son péché, le
voyage vers le salut est déjà à moitié fait.
Deuxièmement, c'est seulem ent quand nous entendons la vérité
que nous découvrons le chemin de la purification. L'Éternel a donné
à Naaman une tape sur l'épaule, puis il a murmuré la vérité à son
oreille en se servant d'une petite esclave. Ensuite, il a placé des
personnes sur son chemin afin de l'attirer pas à pas vers lui. Sans ces
messages de vérité, jamais il n'aurait été purifié.
Troisièmement, c'est seulem ent lorsque nous somm es à bout de
ressources que nous somm es prêts à suivre le S eigneur. Sa voie
n'implique pas d'avoir beaucoup d'argent, de faire des sacrifices, de
connaître des secrets ni d'avoir une bonne conduite, et elle n'est pas
négociable. Elle va à l'encontre de notre sensibilité terrestre normale
et elle nécessite de l'humilité. Dès que nous renonçons à nos voies,
nous sommes en mesure de suivre les siennes.
Quatrièmement, c ' est seulem ent lorsque nous faisons ce que
Dieu v eut que nous sommes purifiés par lui. Savoir où se situait le
Jourdain et ce qu'il devait y faire n'aurait servi à rien à Naaman s'il
n'avait pas mis sa foi en action en se déshabillant, en entrant dans
l'eau et en s'y immergeant sept fois. Rien de plus, rien de moins et

237
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES P ER S O N N A G ES M ÉCON N U S

rien d'autre . La voie de Dieu est ainsi . De même que vous ne guérirez
pas de la lèpre par vos propres moyens, vous ne serez pas sauvé par
vos efforts personnels.
Les paroles énergiques et les supplications d'un prédicateur
écossais formeront pour nous une conclusion appropriée

« Je vous conseille de surmonter vos réticences et d'essayer


l'humble voie à laquelle vous avez été si farouchement opposé
jusqu'à présent. Faire cela vous humil iera, et vous n'êtes pas
humble par nature. Mais si vous revenez du Jourdain avec votre
chair comme celle d'un petit enfant , vous serez le premier à
attester que votre orgueil , vos préjugés et votre mauvaise nature
ont failli vous coûter la vie . . .
Sans aucun doute, vous savez ce qu'est la véritable lèpre. Vous
n'ignorez pas ce qu'est la lèpre de votre âme. C'est le péché ; oui ,
le péché. C'est vous-même . . . 0 lépreux , lépreux ! Toi qui as le
cœur chargé et qui es voué à la mort, va te laver dans le Jourdain.
Vas-y au nom du Seigneur, avec sa force, en comptant sur sa
compassion , sur sa patience et sur sa miséricorde . . . Vas-y à
l'instant même. » 24

« Il y a une fontaine pleine du sang


Coulant des veines d'Emmanuel ,
Et les pécheurs qui s'y plongent,
Perdent toute trace de culpabilité. » 25

238
CHAPITRE TREIZE
[iuélza:zi, le serviteur qui devin/ cupide
,,: 1 'P. !f, •
,
"-::_·
.'

L
a cupidité est un fléau qui consumera un ministère de
l ' intérieur si elle n'est pas décelée très tôt et traitée
énergiquement . Et les êtres cupides nuisent aux serviteurs de
Dieu, car la cupidité est totalement opposée au ministère .
Les pasteurs servent les autres, alors que les rapaces se servent
eux-mêmes. Les serviteurs de Dieu appellent les hommes et les
femmes à renoncer à leurs gains égoïstes pour assister les autres , alors
que la cupidité est un désir excessif et répréhensible d'acquérir
quelque chose pour son seul bénéfice. Un pasteur doit vivre selon des
normes éthiques très élevées, surtout en ce qui concerne les richesses
et les biens matériel s , alors qu'une personne cupide sera prête à
sacrifier ses normes éthiques si celles-ci entravent la satisfaction de
ses désirs . Les hommes de Dieu emploient les biens pour servir les
autres, alors que les rapaces se servent des autres pour parvenir à
leurs fins.
L'avidité n'est jamais acceptable . Certains font tout leur possible
pour la justifier, la sanctifier et même élaborer une théologie à son
sujet . Elle est l'ennemie mortelle d'un vrai service des autres .
Dès le début de mon ministère , j'ai appris que la cupidité
commençait souvent par la convoitise . Par chance , un sage mentor a
souligné ce danger avant qu'il puisse poser problème . Lorsque j'ai
commencé à servir le Seigneur comme pasteur, j'ai eu le privilège de
travai ller en étroite collaboration avec un homme de Dieu très
bril lant . Il était tout ce que je n'étais pas : érudit, connaissant les
Écritures sur le bout des doigts, prédicateur expérimenté et

239
L'HI STOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

enseignant remarquable. Naturel lement, il avait acquis une tel le


réputation qu'on l'invitait à prêcher de tous côtés. Il attirait aussi bien
les chrétiens que les non chrétiens, mais si les gens se pressaient
autour de lui, je ne l'ai jamais vu essayer d'attirer l'attention sur lui.
Ma position d'assistant, d'aide et de membre de l'équipe de
responsables de son église était enviable. Je pouvais le voir quand je
le voulais et il me parlait à cœur ouvert, surtout lorsque nous
voyagions ensemble. Je considérais le fait d'être près de lui et de le
servir comme un formidable privilège.
J'ajouterai que c'était une véritable aubaine. Par exemple, quand
je prêchais en son absence, j'attirais des foules grâce à sa réputation.
Comme je travail lais en sa compagnie dans le cadre de son vaste
ministère, j'avais de l'influence grâce à sa position. Ma popularité
était due à ses écrits prolifiques et à son remarquable discernement.
Servir cet homme et être son partenaire dans le ministère s'est avéré
extrêmement bénéfique pour moi, et encore aujourd'hui, je lui suis
profondément reconnaissant.
Un jour, l'un de mes bons amis qui n'était pas dans le ministère
m'a adressé une parole d'avertissement ferme, quoique courtoise. Il
m'avait vu travailler en tandem avec ce grand homme et il savait que
mon mentor m'aimait beaucoup et me faisait entièrement confiance.
Il avait compris que cette relation pouvait présenter un danger pour
moi si je n'y prenais pas garde. « Méfie-toi de l'ennemi ! me
conseilla-t-il. En tant qu'ancien de l'église, je suis votre ami à tous
deux, et je considère ta position comme précaire . Évite
systématiquement de te servir de son nom ou de votre association
pour attirer l'attention sur toi. Tu as de nombreux privilèges que tu
n'as pas gagnés au fil des années. Il les a obtenus, et il est le premier.
Tu n'es que son assistant. » Il avait tout à fait raison, et depuis, jamais
je n'ai oublié cet avertissement qui venait à point nommé.
Un autre de mes premiers mentors a appris que j'étais l'assistant
personnel de cet homme très éminent. Il m'a, lui aussi, donné ce
conseil : « Ton objectif doit être de multiplier le succès de l'homme
que tu sers. »
Ces deux hommes sont venus me trouver avec un réel désir de
voir mon propre ministère couronné de succès, et non de me remettre
à ma place. Ils m'ont fourni des conseils précieux, nécessaires et

240
!juélwzi, le servileur q ui devi11I cupide

valables. Ils m'ont rappelé que le ministère se base sur le service et ils
m'ont incité à fuir la convoitise, qui mène à la cupidité.

L E S M U LT I P L E S FA C ETTES D E L A C O N V O IT I S E

Cette sorte de cupidité m'a appris à considérer de près mes


motivations. J'ai aussi réalisé que la convoitise n'a pas toujours trait à
l'argent. On peut devenir cupide dans au moins quatre domaines
courants.

L'arg ent
Cette sorte de cupidité est extrêmement courante. C'est une soif
d'avoir plus d'argent, même aux dépens de nos relations et de notre
intégrité personnelle. Le désir insatiable de s'enrichir mène souvent à
une cupidité éhontée.

L es possessions
Cette cupidité est étroitement liée au désir avide d'argent mais
elle en diffère légèrement. Les avares meurent avec de l'argent caché
sous leurs matelas ou dans des boîtes à café enterrées au fond du
jardin, mais ils ne possèdent rien. Toutefois, grâce à de petites cartes
plastifiées, nous n'avons pas besoin d'avoir de gros revenus pour
devenir avides de possessions. Nous pouvons toujours prendre des
crédits ! Mais attention : lorsque notre envie de nous payer de
nouveaux gadgets nous plonge dans le surendettement, nous sommes
en proie à la cupidité.

La renommée
Il s'agit d'un désir exacerbé d'attirer l'attention, d'être connu, de
voir son nom écrit partout, d'être en vue, populaire, en haut de
l'affiche, influent, poursuivi par des photographes et par des
admirateurs qui réclament des autographes, etc.
J'ai connu un jeune homme qui rêvait de faire une brillante
carrière politique. Au début, il pria le Seigneur de lui donner les
bonnes occasions et les meilleurs contacts. Puis il se mit à considérer
ses relations comme de simples pions, et sa soif de notoriété surpassa

24 1
L'HISTOIRE FASCINANTE DE CES PERSONNAGES MÉCONNUS

son désir sincère de se faire de vrais amis ou de rendre service aux


autres. Il était avide de notoriété.

L e plaisir
Toutes les sociétés riches se caractérisent par l'hédonisme.
Poussé à l'extrême, c'est le style de vie des playboys : une existence
dans laquelle on s'efforce de satisfaire ses désirs sensuels avant tout.
Ceux qui sont avides de plaisirs essaient d'oublier leur vide intérieur
en multipliant les distractions, mais très vite, ils sont torturés par ce
qui était censé les satisfaire au départ.
Ne croyez pas que cet avertissement ne vous concerne en rien.
Vous pensez peut-être : « Je ne suis pas comme cela. Je n'ai pas
beaucoup d'argent, de biens, de notoriété, et je vis très simplement.
J'ai juste le minimum. Je ne cours donc aucun danger ! » Je vous
préviens, ne cherchez pas de signes évidents de cupidité. Si vous êtes
cupide, vous vous êtes déjà justifié à vos yeux. Demandez-vous
plutôt si vous n'êtes pas atteint des premiers symptômes inquiétants :
envie et convoitise. La cupidité se cache derrière des désirs excessifs
et démesurés des bonnes choses de la vie, souvent en voyant ce qu'a
acquis quelqu'un d'autre.
Au début de ce livre, nous avons parlé de ces gens discrets que
nous considérons à tort comme« insignifiants » et qui influent sur le
monde en aidant les autres. Dans le chapitre qui leur est consacré, j'ai
chanté leurs louanges, espérant ainsi encourager ceux qui servent le
Seigneur dans l'ombre et nous inciter à savoir apprécier leur œuvre et
à réaliser que pour Dieu, ils sont importants.
Si vous êtes quelqu'un qui a pour mission essentielle d'assister
les autres, ce chapitre est fait pour vous. De même que mon ami m'a
aidé à apercevoir un danger potentiel, je veux faire de même pour
vous qui travaillez en collaboration avec une personne très connue.
Vous êtes un assistant, un vice-président, l'associé d'un pasteur
éminent, le bras droit d'un directeur d'entreprise, l'adjoint
administratif d'une personne importante, etc. Bref, vous êtes (en
quelque sorte) un« serviteur ». Je vous écris cela pour vous rappeler
ce que j'ai déjà dit et vous encourager. Ne sous-estimez pas le pouvoir
de votre impact de serviteur. Votre manière d'agir est soit bénéfique,
soit nuisible à la personne que vous assistez. Les implications futures

242
fjuéliazi, le serviteur qu i deviul cu pide

de vos mobiles et de vos choix peuvent être inouïes. Je vais partir de


l'histoire de Guéhazi, le serviteur qui s'est laissé emporter par sa
cupidité, pour vous exposer les dangers et les opportunités qui vous
guettent, et pour illustrer l'impact que vous pouvez exercer si vous
êtes fidèle.

L' H I S TO I R E D ' U N S ERV ITEU R C U PI D E


Cette histoire fait suite à celle de Naaman, l'officier qui a été
purifié de sa lèpre. Souvenez-vous que le fier général de l'armée
syrienne s'imaginait pouvoir monnayer sa guérison, mais avait appris
que les voies de Dieu sont plus élevées que les nôtres.Il a découvert
la grâce de Dieu, qui est gratuite pour quiconque la demande. Le
prophète Élisée a refusé d'être soudoyé et a envoyé Naaman se
plonger sept fois dans le Jourdain. Lorsque le général est sorti de
l'eau, il s'est aperçu que sa peau était totalement pure. Mais sa
guérison n'a pas été seulement extérieure. Son cœur, tout comme sa
peau, a été transformé.

« Naaman retourna vers l ' homme de Dieu [Élisée] , avec toute sa


suite. Lorsqu'il fut arrivé, il se présenta devant lui, et dit : Voici ,
j e reconnais qu'il n ' y a point de Dieu sur toute l a terre, s i ce n'est
en Israël . Et maintenant, accepte, je te prie, un présent de la part
de ton serviteur. »
(2 Rois 5 . 1 5)

Ce verset et ceux qui suivent révèlent un homme dont les


dispositions de cœur ont été changées par la grâce gratuite de Dieu,
mais qui était encore ignorant. S'il avait accepté le seul vrai Dieu et
promis de n'offrir, désormais, de sacrifices qu'à l'Éternel, il était
encore superstitieux. J'aime beaucoup la réaction d'Élisée. Il n'a pas
réprimandé Naaman et il n'a pas rectifié sa façon de penser avant de
le renvoyer chez lui. Le sage prophète l'a laissé partir paisiblement,
convaincu que ce n'était là que le début d'un long périple du général
pour devenir un serviteur dévoué et affermi du seul vrai Dieu.
Quand quelqu'un se convertit au Seigneur, les jours qui suivent
sa décision sont cruciaux. Les informations qu'on lui fournit au cours

243
L' H I STO I R E FA S C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G ES MÉCO N N U S

de cette brève période peuvent soit l'affermir dans l a grâce, soit


l'accabler. « D'accord, vous avez reçu le don gratuit du salut en Christ
et votre place au ciel est assurée. À présent, il faut vous faire baptiser.
Et vous devez donner la dîme. Purifiez votre vie : plus de cigarettes,
d'alcool ni de "gros mots" . . . Maintenant, vous devez . . . et vous
devez... et vous devez . . . » Le pauvre chrétien de fraîche date
s'interroge : « Mais vous avez dit que j'étais libre ! Que s'est-il
passé ? »
Quand Naaman a constaté qu'il avait été purifié, il a voulu faire
un cadeau au prophète, non pour l'acheter comme avant, mais en
signe d'action de grâces. Observez la réaction noble et désintéressée
du prophète :

« Élisée répondit : L'Éternel, dont je suis le serviteur, est vivant !


je n'accepterai pas. Naaman le pressa d 'accepter, mais il refusa. »
(2 Rois 5. 1 6)

Élisée n'a pas renoncé à une petite somme. Comme nous ne nous
servons plus ni de sicles ni de talents, permettez-moi de convertir la
somme en dollars. Naaman a offert à cet humble serviteur de Dieu
375 kilos d'argent et 75 kilos d'or. Cela se monte approximativement
à 1, 1 million de dollars (les vêtements, beaucoup moins coûteux
quoique luxueux, avaient été emportés en même temps que l'argent
en signe d'amitié).
Imaginez à quel point cette somme aurait été profitable au
ministère d'un honnête prophète de Dieu. Et avouez que si vous
viviez de votre salaire de prophète, cette somme vous ferait
écarquiller les yeux. Il y aurait de quoi assurer toute votre existence !
Dans ce cas, pourquoi Élisée a-t-il refusé les présents ? La Bible ne
nous le dit pas, mais nous pouvons tirer assez d'indices de l'histoire
pour conclure que c'était pour renforcer la leçon que Naaman avait
apprise. On ne peut pas acheter le Seigneur. Il donne son salut
librement, par grâce, par le moyen de la foi. Prendre l'argent de
Naaman aurait compromis ce message.
En rentrant chez lui, Naaman aurait pu penser : « Tiens tiens,
Élisée a fini par accepter quelques b eaux vêtem ents, de L'argent et de
L'or ! J e m e demande s'il n'en a pas rêvé dès L e départ ? » Un message

244
fj11él1a:l.i, le seruileur q ui dcuiut cu p ide

compromis fait naître ce genre de réactions parasites. Mais Élisée a


su garder le cap et n'a pas fait preuve de la moindre cupidité.
« Guéhazi, serviteur d'Élisée... »
Ces quelques mots marquent un tournant dans l'histoire. Pendant
toute cette histoire , un serviteur, l'assistant du prophète,
accompagnait Élisée. Il travaillait en collaboration avec lui, comme
Élisée l'avait lui-même fait pour Élie. Dans 2 Rois 4, nous apprenons
qu'il avait été avec son maître pendant plusieurs années, qu'il avait
travaillé en étroite collaboration avec lui et qu'il était même allé
accomplir des miracles sur son ordre. Il avait été placé sous les feux
des projecteurs en raison du ministère incroyable et impressionnant
d'Élisée. Sa popularité était due à son maître. Il était influent parce
que l'onction d'Élisée était puissante et qu'elle avait une portée
fabuleuse. Il vivait à l'ombre de la grandeur.

L E PO U V O I R S U B T I L D E L A R ATI O N A L I S AT I O N
P O U R TR A N S FO R M ER
Pendant qu'il repartait aux côtés d'Élisée, quelque chose a tordu
la pensée de Guéhazi. Le verset suivant nous fait part d'une
gymnastique éthique surprenante, cette sorte de rationalisation qui ne
devient naturel le qu'au bout d'années de pratique.

« Guéhazi, serviteur d'Elisée, homme de D ieu, se dit en lui­


même : Voici, mon maître a ménagé Naaman, ce Syrien, en
n'acceptant pas de sa main ce qu'il avait apporté ; l'Éternel est
vivant ! je vais courir après lui, et j'en obtiendrai quelque chose. »
(2 Rois 5.20)

Quelques expressions me sautent aux yeux. D'abord, « mon


maître a ménagé Naaman ». Le terme hébreu traduit par« ménagé »
serait mieux rendu par« rejeté » ou« réfréné ». Dans d'autres endroits
des Écritures, ce terme exprime l'idée de se retenir de quelque chose.
Guéhazi disait donc : « Mon maître a empêché ce général d'exprimer
sa gratitude. Il voulait juste lui dire merci ! N'est-ce pas normal ? De
plus, refuser son don peut sembler impoli. Ce général était si

245
L' H I STOI R E FA S C I N A N T E DE CES PERSO N N AGES M ÉCO N N U S

reconnaissant qu'il nous a pressé de l'accepter ! En fait, Élisée l'a


retenu de faire c e qui était juste ! »
Autre expression significative : « L'Éternel est vivant ! » Ces
mots apparaissent plusieurs fois dans les livres de Samuel et des Rois.
Ils constituent un vœu solennel invoquant le saint nom de Yahvé
d'une façon très sérieuse et précise. Cela revient à dire : « Je garantis
que cela se fera parce que c'est la volonté du Seigneur, et je ne peux
pas échouer parce qu'il me donne sa force. » Prenez note de ce
qu'Élisée a déclaré quelques instants plus tôt :

« L'Éternel , dont je suis le serviteur, est vivant ! je n'accepterai


pas. »
( 2 Rois 5 . 1 6 )

Par ses raisonnements faussés, Guéhazi a prétendu que sa


cupidité correspondait à la volonté de Dieu pour sa vie ! En réalité, il
venait d'entendre son maître lui dire : « En accord avec la volonté de
Dieu et par sa puissance, je ne recevrai pas ton argent. » Une fois la
caravane de Naaman disparue à l'horizon, néanmoins, l'esprit cupide
du serviteur s'est ingénié à légitimer le mal qu'il allait commettre.
Avec un peu d'imagination, nous pouvons deviner les autres pensées
qui ont traversé son esprit

« Cet homme est riche comme Crésus. Sinon, il ne nous aurait


pas offert de présents aussi généreux. Il est normal d'accepter
une partie de ce qu 'il a apporté. Élisée n 'aurait jamais dû
l 'empêcher d'accomplir ce que son cœur lui dictait ! C'est
l'Éternel qui a poussé ce général à nous Jaire cette offre . . .
« La façon dont le Seigneur dirige les choses est prodigieuse. Qui
aurait pu penser que ces richesses si abondantes, dont nous
avons un si grand besoin, nous viendraient des mains d'un Syrien
converti ? Béni soit le Seigneur pour le don miraculeux qu'il nous
a accordé ! »

Pire encore...

246
fjuél1112i, le servi leur qui dcviul cu p ide

« Mon maître ne manque de rien, mais moi, je suis totaleme/11

démuni. Et Élisée ne m 'a pas accordé d'augme111ation depuis des


années ! Je l'a i servi fidèlement et avec zèle. Il n 'a peut-être pas
besoin de ces provisions accordées par l'Éternel, mais moi, j'ai
une famille à nourrir ! »

Vous voyez comment la rationalisation accompagne la


convoitise ? Comprenez bien que ces pensées ne sont pas toujours
mauvaises. Dans certaines circonstances, elles peuvent être tout à fait
correctes . Mais la rationalisation tire les vérités de leur contexte et en
fait des conclusions parfaitement valables au mauvais moment, au
mauvais endroit , avec un mauvai s moti f et dans une mauvaise
situation . La rationalisation balaie la culpabi l ité pour permettre à la
personne qui s'y livre de mal agir. En fin de compte , la personne
cupide empoche de l'argent qui ne lui revient pas en toute bonne
conscience.
Fait incroyable , les rapaces sont tellement passés maîtres dans
l'art de se leurrer eux-mêmes et si aveugles à leur perversité qu'ils
tombent des nues et se vexent si quelqu'un ose dire q u ' i l s sont
malhonnêtes.
Quelles sont les erreurs de G uéhazi à ce moment-là ?
Premièrement, en tant qu'assistant d' É l isée , son rôle consistait à
rendre le ministère du prophète encore plus bri llant. I l devait suivre
scrupuleusement les consignes d' Élisée et faire des choix conformes
à ceux de son maître (du moins en ce qui concerne le ministère ) .
É lisée avait d i t , e n quelque sorte : « L a volonté d e Dieu est q u e j e ne
reçoive pas d'argent pour ta guérison . » Si Guéhazi ne pouvait plus
approuver le ministère de son mentor, il aurait dû le lui avouer, se
séparer de l u i , établir son propre ministère ou s'associer avec
quelqu'un qu'il pourrait cautionner.
Autre faille dans le raisonnement de Guéhazi : on ne lui offrait
rien ! Naaman voulait remettre des présents à É l isée . I l était hors de
question que Guéhazi reçoive quelque chose !
G uéhazi savait pertinemment que ses actions étaient
malhonnêtes parce qu'il a choisi délibérément de cacher ses plans à
son supérieur. Il n'a évidemment pas pris Él isée à part pour lui dire
« Maître, j'ai une opinion différente de la tienne à propos de cette

247
L' H I STO I R E FAS C I N A N TE DE C ES PERSO N N AG E S M ÉCO N N U S

offre. T u es convaincu que le Seigneur ne veut pas que tu reçoives


quoi que ce soit, je le sais, mais je sens que Dieu me dicte autre chose.
Serait-il possible que j'accepte une petite partie de ce que cet homme
nous offre? Qu'en penses-tu? Me donnes-tu ta bénédiction? »

L E D É V ELOPPEM E N T D E L ' AV I D ITÉ


La convoitise de Guéhazi avait grandi peu à peu et était restée
cachée. Cela a commencé par de l'envie, puis, comme une maladie de
l'âme,cela a miné sa loyauté et faussé sa perspective. Je le répète, la
cupidité est l'ennemie du ministère. À la différence de son mentor, le
protégé ne pensait qu'à son intérêt personnel et non à celui de son
maître ou au bien de Naaman. Le fruit de cette avidité secrète peut
être discerné dans cinq actes égoïstes de la suite de l'histoire

« Et Guéhazi courut après Naaman [il a couru après lui].


Naaman , le voyant courir après lui, descendit de son char pour
aller à sa rencontre, et dit : Tout va-t-il bien ? Il répondit : Tout va
bien. Mon maître m'envoie te dire [il lui a menti] : Voici, il vient
d'arriver chez moi deux jeunes gens de la montagne d'Ephraïm ,
d'entre les fils des prophètes ; donne pour eux, je te prie, un talent
d'argent et deux vêtements de rechange. Naaman dit : Consens à
prendre deux talents. Il le pressa, et il serra deux talents d'argent
dans deux sacs, donna deux habits de rechange, et les fit porter
devant Guéhazi par deux de ses serviteurs [il a volé]. Arrivé à la
colline , Guéhazi les prit de leurs mains et les déposa dans la
maison [il a dissimulé], et il renvoya ces gens qui partirent. Puis
il alla se présenter à son maître. Élisée lui dit : D'où viens-tu,
Guéhazi ? Il répondit : Ton serviteur n'est allé ni d'un côté ni d'un
autre [il a menti]. »
(2 Rois 5.2 1 -25, commentaires ajoutés)

Premièrement, Guéhazi est parti chercher les biens sans un seul


mot de prière, sans se demander comment il risquait de nuire à la
santé spirituelle du Syrien ou de compromettre le ministère ou la

248
fjué/1 11:zi, le seruileur qui de11 i11I cupide

réputation de son maître. D'un bout à l'autre , il a fait une


démonstration magistrale d'égoïsme.
Deuxièmement, il a peaufiné un mensonge retors pour délester
Naaman de son argent et pour que, ce faisant, il se sente plus spirituel
(cela me fait penser à l'œuvre des bonimenteurs religieux
d'aujourd'hui). En fait, tout n'allait pas bien. Son maître ne l'avait pas
envoyé. Les fils des prophètes qui avaient besoin d'argent étaient
sortis tout droit de son imagination. Les cadeaux étaient uniquement
destinés à son usage personnel. Il s'est servi de son rôle spirituel, de
sa fonction et de son association avec un éminent homme de Dieu
pour pousser cet homme laïc à faire une chose qui n'était pas du tout
spirituelle : payer pour la guérison gratuite de l'Éternel.
Troisièmement, il a reçu de Naaman ce qui ne lui appartenait
pas. Tous les dons éventuels auraient dû revenir à Élisée ; c'est à lui
qu'ils étaient offerts. De plus, Naaman les avait destinés à deux
étudiants du séminaire affamés. C'est comme si quelqu'un vous
demandait de soutenir des orphelinats à l'étranger qui n'existent pas,
uniquement pour empocher l'argent que vous lui avez remis en toute
confiance. Quel que soit l'angle sous lequel vous considérez la
question, Guéhazi a effrontément volé cet argent.
Quatrièmement, il a dissimulé à Élisée ce qu'il avait fait. Il a
demandé aux serviteurs de Naaman de porter le butin jusqu'à la lisière
du village où habitaient Guéhazi et Élisée. Afin que son maître ne
remarque rien s'il regardait par la fenêtre, le serviteur cupide a dit aux
hommes de Naaman : « Je me charge de les porter à l'intérieur. Allez
en paix ! » Il a pris l'argent de leurs mains, a prononcé une
bénédiction à consonance pieuse, a renvoyé les hommes et a déposé
les affaires dérobées chez lui, afin que personne n'en sache rien. Il a
délibérément dissimulé ses péchés à son maître.
Cinquièmement, quand son mentor lui a demandé où il était allé,
il a menti sans hésiter. Observez la touche faussement spirituelle qu'il
a ajoutée à son mensonge éhonté au verset 25 : « Ton serviteur n'est
allé ni d'un côté ni de l'autre. » Quelle odieuse hypocrisie !
Être l'assistant de quelqu'un, surtout de quelqu'un qui a une
grande influence exige une loyauté absolue. Le mot clé est absolue.
Même en son absence, il doit pouvoir être sûr que vous ne le trompez
pas et que vous ne tirez pas injustement avantage de votre position.

249
L' H ISTOI R E FAS C I N A NTE DE CES PERSON N A G E S MÉCO N N U S

Comme la confiance est essentielle, vous devez rester ferme dans


votre intégrité. Si vous vous apercevez que vous avez de bonnes
raisons de ne pas être loyal, quittez votre poste. Sinon, restez-y et
accordez tout votre soutien à votre supérieur. Soyez encore plus
consciencieux que ce qui vous est demandé. Restez en contact étroit
avec la personne que vous assistez afin de connaître ses désirs, d'y
pourvoir et de la soutenir à fond. Examinez constamment vos
mobiles pour être sûr que vos actes défendent les intérêts de ceux que
vous servez et non les vôtres.

L' EFFET DÉVA S TAT E U R D E L A C U P I D ITÉ ET


L ' E S P O I R D E R EPENTA N C E
Évidemment, Élisée n e s'est pas laissé berner, e t les
conséquences ont été tragiques

« Mais Élisée lui dit : Mon esprit n'était pas absent, lorsque cet
homme a quitté son char pour venir à ta rencontre . Est-ce le temps
de prendre de l ' argent et de prendre des vêtements , puis des
oliviers, des vignes, des brebis, des bœufs, des serviteurs et des
servantes ? La lèpre de Naaman s'attachera à toi et à ta postérité
pour toujours. Et Guéhazi sortit de la présence d ' Élisée avec une
lèpre comme la neige. »
(2 Rois 5 .26-27)

Essayez d'imaginer ce que Guéhazi a dû éprouver. Quelle folie


s'était emparée de lui ! Élisée était un prophète puissant. Combien
Guéhazi a été humilié et gêné ! Le péché qu'il s'était si bien efforcé
de cacher était dévoilé à l'homme qu'il admirait le plus. Comme sa
déception a été grande ! Il était pour Élisée ce que celui-ci avait été
pour son maître, Élie. Guéhazi a détruit son futur ministère. Pensez à
son effroi ; il a contracté la maladie d'un autre homme qui était prêt à
payer des millions pour en être purifié. Représentez-vous sa honte ;
les reproches d'Élisée montrent une droiture absolue que Guéhazi
avait perdue depuis longtemps. Le serviteur cupide avait oublié que
le ministère sert les autres et non soi-même.

250
S11élw2i, le servileur q ui devint cupide

Q U AT R E I M PÉ R AT I FS
Après avoir étudié ce passage et médité le sens de cette histoire
tragique , je discerne au moins quatre impératifs qui s'appl iquent à
tout le monde . . . mais plus particul ièrement à ceux qui exercent la
fonction d'assistants. J'espère que si vous êtes dans ce cas , vous en
prendrez note .
Premièrement , méfi ez-vous d e votre imagination. Une
imagination débridée est un terrain fertile pour la convoitise. Cel le-ci
se transforme ensuite en avidité, qui produit son fruit empoisonné. Le
dictionnaire Hachette définit ainsi l'imagination : « Faculté de créer
des images ou de faire des combinaisons nouvelles d'images » . La
définition sui vante du même terme fournit matière à réflex ion
« Pouvoir d'invention , faculté d'inventer, de concevoir en combinant
des idées, chose créée par l'imagination . »
Les gens créatifs ont une imagination hors du commun , mais
cette faculté présente un risque éventuel : la créativité qui nous aide
à faire des rêves mervei l leux risque aussi d'élaborer des chimères
néfastes . C'est ce qu'a fait Guéhazi . En apparence, il a servi É lisée et
il a même prétendu être son bras droit, mais dans l'univers secret de
son imagination débridée , il a oublié son rôle et il a laissé son avidité
l 'emporter sur son ministère .
Deuxièmement, la rationalisation justifi e toutes sortes d e
péchés, en particulier la cupidité. Elle procure des motifs plausibles
apparemment justes à la mauvaise conduite , ce qui nous encourage à
agir selon nos fantasmes. Comme dans la plupart des domaines, avec
de la pratique, on devient expert en la matière . Au cours de mes
années de ministère, j'ai entendu les prétextes les plus farfelus pour
justifier une vie l icencieuse. Parfois même, certains s'appuient sur la
Bible pour transgresser leurs vœux conjugaux et s'engager dans la
voie de l'adultère ! Ces personnes sont devenues expertes en l'art de
la tromperie personnel l e , parce qu'elles n'ont pas cessé de se
convaincre que le péché pouvait être bon ou même bénéfique.
Comme l'argent est moralement neutre , il est facile de rationaliser ses
failles dans ce domaine .
L'antidote de cette mentalité empoi sonnée est l a discipline
spirituel le qui consiste à rendre des comptes à quelqu'un d'autre . C'est

25 1
L' H I STOI R E FA SCI N A NTE DE CES P E R S O N N AG ES M ÉCO N N U S

vraiment une discipline, car cela implique qu'on maîtrise ses


émotions. Il faut parfois se faire violence pour agir bien quand on
préférerait le contraire. Prenez l'habitude d'exposer vos idées à un ami
chrétien mûr et droit. Croyez-moi, cela fera une grande différence. Là
où la rationalisation efface la limite entre le bien et le mal, rendre
compte à quelqu'un d'autre rétablit les choses. Il est probable que le
moment où vous souhaitez le moins exposer vos projets à cet ami soit
le moment où vous en avez le plus besoin.
Troisièmement, décidez ferm em ent de pratiquer ouv ertem ent
toutes vos transactions professionnelles. Qu'elles soient totalement
limpides, ce qui ne laissera aucune place à la tromperie. Cela vous
empêchera de vous berner vous-même et de céder à la tentation de
tromper les autres. C'est lorsqu'on a des pratiques inavouables qu'on
aime s'entourer de mystère.
La façon dont nous gérons notre association lnsight for Living
illustre parfaitement ce point. Notre ministère radiophonique s'est
volontairement inscrit dans un conseil évangélique de contrôle
financier. Cet organisme indépendant a établi des règles de conduite
spécifiques strictement éthiques et il examine nos comptes et nos
pratiques commerciales à la loupe afin de s'assurer que nous restons
parfaitement honnêtes. Savoir que nous sommes regardés empêche
celui qui prend les décisions, qui a une position de leader de
s'illusionner et même de faire preuve d'un soupçon de malhonnêteté.
Quatrièmement, examinez vos mobiles, sachez discerner la
cupidité quand vous la voy ez et confess ez-la. En général, la
confession met brusquement fin au péché. Sachez qu'il peut aussi
s'agir d'une chose très difficile à faire. Réaliser que vous êtes
coupable d'une chose aussi vile que l'avarice et que vous l'avez
parfois parée d'un vernis spirituel nécessite une lucidité et une force
remarquables. Néanmoins, je ne vois aucun autre moyen de
surmonter ce péché que de le nommer, de le confesser ouvertement,
de trouver le pardon en s'appuyant sur la grâce gratuite de Jésus­
Christ, puis de proclamer la puissance de Dieu et de changer de voie.
Apparemment, Guéhazi s'est repenti, mais jamais il n'a été
délivré de sa lèpre. Selon la loi hébraïque, il a pu continuer à être
l'assistant d'Élisée parce que sa peau était devenue complètement
blanche (Lévitique 13. 12- 13). Par la suite, il s'est présenté devant le

252
fjué/111:zi, le serviteur qu i devi11t cu pide

roi Joram en tant que serviteur d'Élisée. Il a continué à exercer son


ministère, mais sa peau blanche qui pelait lui a rappelé pour toujours
trois souvenirs cuisants : le visage du Syrien dont il a compromis la
marche dans la foi, le regard déçu du maître qu'il a trahi et le jour
funeste où il s'est laissé gagner par la cupidité.
Un dernier mot à l'intention de mes collègues pasteurs.
Souvenons-nous toujours de ce que Guéhazi a oublié : la cupidité est
l'ennemie du ministère.

253
CHAPITRE QUATORZE
Ozias, le leader qui a mal terminé
t1 1 p
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ous approchons du terme de notre étude de quelques
personnages méconnus qui ont beaucoup à nous apprendre.
Mon désir est que ce livre, tout comme ma vie, se termine en
beauté. J'ai donc choisi de finir par Ozias, un homme remarquable
pour beaucoup de raisons. Mon objectif deviendra plus clair au fil du
récit.
Ozias est né dans une période tumultueuse de l'histoire du
peuple hébreu. Un siècle avant qu'il règne, la folie de Roboam (vous
vous en souvenez ?) avait déchiré en deux le royaume : Israël était au
nord et Juda au sud. Au cours du siècle suivant, les deux nations se
sont battues l'une contre l'autre, et de mauvais rois sont montés sur le
trône et ont dominé leurs sujets. Les rois d'Israël étaient tous des
païens violents et corrompus, alors que de nombreux rois de Juda
montraient quelques traces de piété. Toutefois, la violence du nord
finit par contaminer Juda.
Laissez-moi vous donner un bref aperçu de cette sombre page
d'histoire, car c'est important. Le père d'Ozias, Amatsia, a été
assassiné. Le père d'Amatsia, Joas, a été victime d'une conspiration
de ses officiers. Le père de Joas, Achazia, n'est resté sur le trône qu'un
an avant d'être assassiné. La mère d'Achazia, Athalie, a régné à sa
place jusqu'à ce qu'elle soit exécutée. Les quatre monarques qui se
sont succédé sur le trône de Juda ont donc tous été tués avant le
couronnement d'Ozias. Bienvenue dans le monde abject de la
violence, jeune homme !

255
L' H ISTO I R E FA S C I N A NT E DE CES PERSO N N A G ES M ÉC O N N U S

Ce fut une période sanglante et inique pour Juda. Ses mauvais


rois étaient totalement impies. La nation aurait sombré dans le
désespoir sans la présence de quelques prophètes et sacrificateurs
fidèles. Ses bons rois lui assurèrent des périodes de relative stabilité
et de paix, bien qu'elle n'ait jamais rendu un culte à Dieu aussi fervent
que celui de David et de Salomon. Après neuf mauvais rois, Ozias
promettait d'être différent. En étudiant de près son histoire, nous nous
apercevons qu'il a peut-être régné au cours des dernières années de
son père. Nous pouvons le déduire d'une curieuse précision qui
apparaît dans le texte

« Tout le peuple de Juda prit Ozias, âgé de seize ans, et l 'établit


roi à la place de son père Amatsia . . . Ozias avait seize ans
lorsqu 'il devint roi , et il régna cinquante-deux ans à Jérusalem. Sa
mère s'appelait Jecolia, de Jérusalem. »
(2 Chroniques 26. 1 , 3 , italiques ajoutées)

Une étude chronologique minutieuse des rois de Juda montre


qu'Amatsia n'a été roi que pendant six ans lorsque le peuple a installé
son fils de seize ans comme régent. Pour quelle raison ? Les Écritures
précisent qu'Amatsia « fit ce qui est droit aux yeux de l'Éternel, mais
avec un cœur qui n'était pas entièrement dévoué » (2 Chroniques
25.2). La Bible en français courant dit qu'Amatsia « fit ce qui plaît au
Seigneur, mais sans grand enthousiasme ». Autrement dit, Amatsia
était un homme instable, sur lequel on ne pouvait pas compter.
Pourtant, il eut des débuts prometteurs. Il s'appuya sur la force
du Seigneur pour vaincre Edom, l'ennemi juré de Juda. Mais ensuite,
il prit la décision malencontreuse d'adorer les idoles édomites au lieu
du seul vrai Dieu de Juda qui lui avait donné la victoire. Il détourna
une somme considérable pour acheter des mercenaires, puis il les
renvoya chez eux avec leur argent sans faire appel à leurs services. Il
alla se battre sans raison contre le roi d'Israël, avec pour seul résultat
d'entraîner Juda dans une défaite humiliante. Écœuré, le peuple
couronna son fils de seize ans afin qu'il devienne régent du royaume
avant de tuer Amatsia et de laisser le jeune Ozias gouverner la nation.
Malheureusement, des jeunes gens issus d'un milieu aussi
sordide finissent souvent par ressembler à leur père en prenant de

256
02ins, le lwder q ui a mu/ lermi11é

l'âge. Pourtant, Ozias prit un bon départ, et le bien qu'il fit ne fut pas
sans rappeler les premiers pas de son père

« Il fit ce qui est droit aux yeux de l'Éternel , entièrement comme


avait fait Amatsia, son père . »
(2 Chroniques 26.4)

Avant de poursuivre, laissez-moi vous poser une question


personnelle : si vos enfants marchent sur vos traces, feront-ils ce qui
est droit aux yeux de l'Éternel ? S'ils vous imitent - et ils L e feront
c ertainem ent - pourrez-vous dire un jour qu'à l'âge adulte, ils ont
honoré le Seigneur ?
Imaginez que vous marchiez sur un sol couvert de neige,
quelques pas devant votre enfant. Chacun de vos pas laisse une
empreinte qu'il peut voir parfaitement, et le bambin fait de grandes
enjambées pour poser ses pieds au même endroit que vous. En fait,
c'est ce qu'il fera pendant sa vie, à l'instar d'Ozias. Il a bien
commencé, tout comme son père, mais avec un cœur partagé,
exactement comme lui.

« Il s'appliqua à rechercher Dieu pendant la vie de Zacharie, qui


avait l ' intelligence des visions de Dieu ; et dans le temps où il
rechercha l ' Éternel , Dieu le fit prospérer. »
(2 Chroniques 26.5)

Ne passez pas trop vite sur la dernière phrase de ce verset. Elle


énonce un principe : cherchez l'Éternel et il vous fera prospérer. Cela
ne veut pas dire que vous aurez nécessairement des ressources
financières considérables, une renommée importante ou tout ce qui
est un signe de prospérité et de succès aux yeux du monde. Cela
signifie que l'Éternel, à sa manière incomparable, va se servir de vous
et honorer vos efforts, et que dans ce sens, il vous fera prospérer.
Peut-être devrez-vous revoir votre définition de la prospérité pour
saisir le véritable sens spirituel de ce concept. L'effort en vaut la
peine.

257
L'HISTOIRE FASCINANTE DE C ES PERSONNAGES MÉCO N N US

L ' ΠU V RE D ' U N B O N R O I
Par sa grâce, Dieu fit prospérer Ozias dans les nombreuses voies
où nous nous attendons à ce qu'un roi soit couronné de succès.

Conquêtes militaires
« Il se mit en guerre contre les Philistins ; et il abattit les murs de
Gath, les murs de Jabné, et les murs d' Asdod, et construisit des
vil les dans le territoire d ' Asdod , et parmi les Philistins. Dieu
l'aida contre les Philistins, contre les Arabes qui habitaient à Gur­
Baal , et contre les Maonites. »
(2 Chroniques 26.6-7)

Ozias n'a pas seulement été un général compétent, mais aussi un


homme d'état sage et compatissant. Il n'a pas terrassé ses ennemis
après les avoir conquis. Il a neutralisé ces nations potentiellement
dangereuses et il en a fait des voisines pacifiques en les traitant avec
compassion. Mais le plus important, dans ce domaine, se situe au
début du verset 7 : « Dieu l'aida. »

Notoriété et respect
« Les Ammonites faisaient des présents à Ozias, et sa renommée

s'étendit jusqu'aux frontières de l ' Egypte , car il devint très


puissant. »
(2 Chroniques 26.8)

Dans l'Antiquité, les présents étaient un signe d'allégeance. Ils


disaient : « Nous respectons votre pouvoir sur nous. Veuillez accepter
ce don en gage de loyauté... et de gratitude pour ne pas nous avoir
massacrés. »

Prospérité
« Ozias bâtit des tours à Jérusalem sur la porte de l'angle, sur la

porte de la vallée, et sur l'angle, et il les fortifia. Il bâtit des tours


dans le désert , et il creusa beaucoup de citernes, parce qu'il avait
de nombreux troupeaux dans les vallées et dans la plaine , et des

258
Oi.icis, le leculer qui a mal terminé

laboureurs et des v ignerons dans les montagnes et au Carmel , car


il aimait l ' agriculture . »
(2 Chroniques 26.9- 1 0)

Ozias a fait des plans judicieux, il les a menés à bien, et le


Seigneur lui a accordé des résultats favorables. Comme l'affirme le
Psaume 1 27 .1 , « si l'Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent
travaillent en vain. » Les rois ne se contentent pas de diriger leur
nation ; ils s'occupent aussi de leurs propriétés personnelles.
Le roi Ozias avait la particularité d'aimer l'agriculture. Il aimait
travailler la terre. Si nous avions pu, vous et moi, visiter Jérusalem à
l'époque de ce monarque, nous aurions vu des terres cultivées sur les
collines de Juda. Ce qui était jadis un désert devint un sol fertile.
Ozias avait la main verte. Tout ce qu'il touchait fleurissait et portait
du fruit (pas comme moi. J'aime la terre, mais elle ne me le rend pas
du tout. Je n'arrive pas à maintenir une seule plante en vie !)

Pouvoir
« Ozias avait une armée de soldats qui allaient à la guerre par
bandes, comptées d ' après le dénombrement qu 'en firent le
secrétaire Jeïel et le commissaire Maaséja, et placées sous les
ordres de Hanania, l'un des chefs du roi . Le nombre total des
chefs de maisons paternelles, des vaillants guerriers, était de deux
mille six cents. Ils commandaient à une armée de trois cent sept
m i lle cinq cents soldats capables de soutenir le roi contre
l ' ennemi . »
(2 Chroniques 26 . 1 1 - 1 3)

Ozias était un homme de guerre émérite, créatif et fin stratège.


Nous avons déjà vu qu'il était prêt à passer à l'attaque lorsqu'il le
fallait, mais qu'à la différence de son père, il n'était pas belliqueux.
Presque tous ses actes visaient à assurer la prospérité et la sûreté du
royaume.

Sécurité
« Ozias leur procura pour toute l 'armée des boucliers, des lances,
des casques, des cu irasses, des arcs et des frondes. Il fit faire à

259
L' H I STO I R E FAS C I N A NTE DE C ES P E R S O N N AGES M ÉCO N N U S

Jérusalem des machines inventées par u n ingénieur, et destinées à


être placées sur les tours et sur les angles, pour lancer des flèches
et de grosses pierres . Sa renommée s'étendit au loin, car il fut
merveilleusement soutenu jusqu'à ce qu'il soit devenu puissant. »
( 2 Chroniques 26. 1 4- 1 5)

L'inventivité et l'ingéniosité de cet homme m'impressionnent. Il


ne s'est pas entièrement reposé sur la force brute (armes, casques et
boucliers) pour se défendre. Il a conçu tout un assemblage de
machines qu'il a placées sur les tours afin de protéger les villes.
L'armée impressionnante qu'il avait rassemblée et ces inventions
sophistiquées placèrent Juda loin devant les autres nations. Très vite,
le pays qu'Ozias dirigeait fut bien protégé par des villes fortifiées
entourées de vastes champs cultivés et productifs. Quiconque aurait
envisagé d'attaquer Juda aurait vite compris la folie de son projet.

L' O R G U E I L
La réputation impressionnante d'Ozias, c e roi ingénieux, fort et
prospère, se répandit comme une traînée de poudre. Ses voisins le
craignirent et l'admirèrent. Ses sujets le louèrent et l'acclamèrent.
Tout ce succès lui monta à la tête, et il finit par s'en attribuer le mérite.
C'est ainsi qu'est la nature humaine. Quand les gens admirent un
personnage public, ils pensent : « Quel homm e excepti onnel ! » Il n'y
a rien de mal à cela. Le danger ne vient pas de là, mais de la personne
qu'on met sur un piédestal. Dans le cas d'Ozias, cela se vérifie au
verset 15 : « Il fut merveilleusement soutenu jusqu'à ce qu'il soit
devenu puissant. »
Pendant de nombreuses années, Ozias agit avec sagesse, et
l'Éternel bénit abondamment ses efforts. Cela aurait pu se passer
autrement. Ozias aurait pu agir sagement sans que le Seigneur le fasse
prospérer. Les agriculteurs le savent par expérience. Ils peuvent
préparer le sol, planter leur semence, arroser leurs terres, y mettre de
l'engrais... mais c'est toujours Dieu qui fait croître.
Dès qu'une personne en vue se laisse monter la tête par la foule,
elle est en danger. À ce propos, un autre homme illustre nous vient à
l'esprit. Nous l'avons étudié précédemment. Il se nomme Saül.

260
Ozias, le leader q u i u mal lerm i11é

Vous vous souvenez de lui ? C'était aussi un inconnu au départ.


Il avait une si piètre opinion de lui que lorsque Dieu mit sa main sur
lui et lui dit : « Tu seras le roi de mon royaume, » il alla se cacher
derrière les bagages. Il doutait d'être capable d'accomplir sa mission
et il n'avait aucun désir de devenir célèbre. Mais comme il a changé
lorsque le Seigneur l'a fait prospérer ! Après quelques victoires sur le
champ de bataille, il s'enfla d'orgueil et il se mit à regarder le royaume
comme s'il l'avait lui-même construit. Les gens lui obéirent au doigt
et à l'œil et il se mit à bomber le torse. Il estima que tous les
hommages qu'on lui rendait étaient largement mérités.
Vous vous rappelez ce qui s'est passé ensuite ? Il s'est lui-même
accordé une promotion. Non content d'être le commandant suprême
d'Israël, il décida de devenir souverain sacrificateur. Il enfila une
tunique sacerdotale par-dessus son armure et il s'apprêta à offrir des
sacrifices. C'est alors que Samuel, l'homme de Dieu , le reprit en lui
disant, en quelque sorte : « Saül, quand tu étais petit à tes yeux , le
Seigneur pouvait se servir de toi, mais maintenant que tu es devenu
orgueilleux, tu ne lui sers plus à rien. »
C'est pour nous une bonne raison de nous arrêter pour réfléchir.
Essayez de vous mettre à la place d'Ozias, pas nécessairement en
termes politiques, mais plutôt en ce qui concerne les bénédictions et
le succès. Pour l'instant, vous avez le vent en poupe. Vous élaborez
des projets qui sont couronnés de succès. Vous êtes créatif et
compétent. Vous moissonnez les fruits de votre bon travail. Tout va
bien pour vous. Vous pouvez dire à juste titre que votre succès est dû
à votre excellente stratégie, à votre sage direction, à votre pensée
créative ou à votre persévérance hors du commun - voire même à
une combinaison de tous ces facteurs. Si vous vous reconnaissez, je
vous dis : « Tant mieux pour vous ! » et je le pense sincèrement. Je
ne suis absolument pas sarcastique. Pourquoi le serais-je ? Le
Seigneur a choisi de vous bénir et de vous faire prospérer. C'est un
effet de sa grâce !
Sur bien des points, Ozias était quelqu'un de remarquable. Le
texte hébreu dit littéralement : « et son nom fut connu au loin, car il
fit des choses extraordinaires, et il fut aidé jusqu'à ce qu'il soit fort. » 26
Il méritait des applaudissements pour ce qu'il avait accompli, et vous
aussi... du moins si vous gardez une juste vision des choses. Rendre

26 1
L' H I STO I R E FA S C I N A N T E DE CES P E R SO N N AG ES M ÉCON N U S

toute la gloire à Dieu n'exige pas que vous niiez votre rôle (relisez ces
mots, s'il vous plaît). Mais nous sommes en danger lorsque nous
minimisons le rôle du Seigneur.

LA C H UTE

Remarquez le premier mot du verset 1 : « Mais... » Ces quatre


lettres font toute la différence, n'est-ce pas ? Quel rôle déterminant ils
jouent dans beaucoup de vies ! Nous l'avons vu à maintes reprises
dans ce livre.

« Mais lorsqu'il fut puissant, son cœur s'éleva pour le perdre. »


(2 Chroniques 26. 1 6)

Cela peut nous arriver à tous, et pas seulement aux rois ou aux
personnes en vue. Vous pouvez être serviteur de Dieu, homme
d'affaires, artiste, professeur, commerçant, femme d'intérieur,
serveuse, maçon, musicienne, mathématicien, etc., n'importe quelle
fonction. Si vous reconnaissez la nécessité de la puissance de Dieu et
la futilité de vos efforts sans lui, il veut « vous soutenir
merveilleusement jusqu'à ce que vous soyez devenu puissant ».
Mais ... voici de nouveau le redoutable petit mot. Mais lorsque vous
devenez fort à vos yeux, tout change. Comme Ozias ne le savait pas,
il a reproduit le funeste schéma. Imbu de son importance, il n'a plus
eu de limites. Si vous êtes comme moi, vous croirez voir Saül
dans la suite du verset suivant

« Il pécha contre l ' Éterne l , son Dieu : il entra dans le temple de


l 'Éternel pour brûler des parfums sur l'autel des parfums. »
(2 Chroniques 26. 1 6)

En tant que chrétiens - si du moins le Seigneur Jésus est


devenu notre Sauveur - ce n'est pas au travail ou dans notre famille
que nous devons avant tout faire preuve de fidélité, mais dans notre
cœur. Nous n'éprouverons aucune difficulté à rester humbles en
public si nous gardons une juste vision intérieure. Après tout, ce sont
nos pensées qui dirigent nos actes.

262
02i11s, Ir leader qui a mal lermi11é

Ozias s'est mis à penser : « Je suis vraiment exceptionnel. Ces


Égyptiens ont raison ! Jamais il n'y a eu de roi tel que moi. Regardez
ce que j'ai inventé ! Personne n'a jamais fait preuve d'u ne telle
ingéniosité. Voyez combien j'ai fait prospérer le royaume ! On n'a
jamais vu cela depuis le temps du roi Salomon. Je suis vraime nt
remarquable ! » Ce raisonnement finit par le persuader qu'il pouvait
avoir la mainmise sur le temple de Dieu . Il s'est sans doute dit : « Je
n'ai pas besoin de sacrificateurs pour adorer l'Éternel. Ne suis-je pas
le chef suprême ? Qui peut m'empêcher de faire mes qu atre
volontés ? » Aussi saisit-il l'encensoir et pénétra-t-il là où le roi
n'avait aucun droit d'al ler. Aveuglé par son orgueil, il perdit toute
réserve . Ce faisant , il s'exposa à tous les dangers :

« Le sacri ficateur Azaria· entra après l u i , avec quatre-vi ngts


sacrificateurs de l ' Éternel , hommes courageux , qui s'opposèrent
au roi Ozias et lui dirent : Tu n 'as pas le droit, Ozias , d'offrir des
parfums à l ' Éternel ! Ce droit appartient aux sacrificateurs, fils
d ' Aaron, qui ont été consacrés pour les offrir. Sors du sanctuaire,
car tu commets un péché ! Et cela ne tournera pas à ton honneur
devant l ' Éternel Dieu. »
(2 Chroniques 26. 1 7- 1 8)

Certains diraient qu'il s'agit d'un « instant de vérité » . Ce genre


de situation révèle l'état des cœurs . Au cours de cet affrontement , tous
ont pu voir la présomption d'Ozias, son orgueil et son irrespect envers
l'Éternel, la conception qu'il avait de son rôle et de celui des
sacrificateurs . Tout fut dévoilé . Si quelqu'un s'était mépris
auparavant , il a pu di scerner clairement ce que révélait l'attitude
d'Ozias . Et ce qui s'est passé ensuite a contribué à ouvrir les yeux du
monarque aveuglé par son orgueil :

« La colère s'empara d ' Ozias, qui tenait un encensoir à la main .


Et comme il s ' irritait contre les sacrificateurs , la lèpre éclata sur
son front , en présence des sacrificateurs , dans la maison de
l ' Éternel , près de l 'autel des parfums. Le souverain sacrificateur
Azaria et tous les sacrificateurs portèrent les regards sur lui , et
voic i , il avait l a lèpre au front . Ils le mirent préc ipitam ment

263
L' H ISTO I R E FAS C I N A NTE DE CES P E R S O N N A G E S M ÉCON N U S

dehors, e t lui-même se hâta de sortir, parce que l 'Éternel l'avait


frappé. »
(2 Chroniques 26. 1 9-20)

Vous vous représentez la scène ? Ozias, vêtu de ses atours


royaux et de la longue tunique des sacrificateurs, tenant à la main un
encensoir, les yeux brillants d'indignation, ordonne aux sacrificateurs
de s'écarter, mais juste au moment où i l leur rappelle sa « divine
autorité » de roi de Juda, une plaie caractéristique de la lèpre se forme
devant ses yeux. Puis la peau de son visage, de son cou et de ses bras
se putréfie beaucoup trop vite pour que ce soit naturel. En quelques
instants, tout son corps est atteint de la maladie la plus redoutable de
son époque. Rien ne réduit une personne à néant aussi rapidement que
la lèpre.
En I 958, j'ai eu l'occasion de comprendre pourquoi la lèpre était
si terrifiante dans !'Antiquité. Alors que j'étais un marine en poste à
Okinawa, j'ai eu le privilège de faire partie d'un orchestre militaire.
Un jour, nous avons été invités à donner un concert dans une
l éproserie du nord de l'île. Nous avons interprété nos morceaux
favoris, varié les genres musicaux et nous nous sommes donnés au
maximum pour ces pauvres gens si souvent oubliés de tous. Nous
sentions qu'ils appréciaient notre musique, malgré la faiblesse des
applaudissements. À la fin du concert, les victimes de cette terrible
maladie firent de leur mieux pour nous applaudir, mais leurs bras et
leurs mains étaient souvent réduits à l'état de moignons à la suite des
inévitables amputations qu'ils avaient subies.
Après avoir rangé nos instruments, nous nous sommes efforcés
d'entrer en contact avec eux et de leur adresser quelques mots gentils
avant ·de partir, mais ce fut difficile. Ils dissimulaient leur visage
défiguré ainsi que leurs mains et leurs bras mutilés et ils s'écartaient
loin de nous, honteux de leur maladie répugnante qui les avait rendus
si hideux. Je remarquai qu'ils étaient totalement dépourvus d'orgueil.
Je n'en décelai pas la moindre trace dans toutes ces âmes brisées.

L ' I M PORTA N C E D E B I E N F I N I R

S i on considère l a longue et impressionnante carrière d'Ozias


(cinquante-deux ans en tout), ce fut une fin tragique. Juste, mais

264
Ozias, le leader qu i a mal lermi11é

tragique. Le Seigneur l'a aidé et fait prospérer, mais lorsque ce


remarquable dirigeant très doué se mit en tête d'étendre son autorité
au temple, lieu saint de Dieu, l'Éternel le frappa. La coupe était
pleine. Et le dirigeant orgueilleux eut une triste fin.
Lisez son épitaphe en soupirant

« Le roi Ozias fut lépreux jusqu 'au jour de sa mort, et il demeura


dans une maison écartée comme lépreux , car il fut exclu de la
maison de l ' Éternel . Et Jotham, son fils, était à la tête de la
maison du roi et jugeait le peuple du pays. »
(2 Chroniques 26.2 1 )

J'ai déjà expliqué que j'ai joué dans un orchestre de marines. Une
chose que j'ai apprises en tant que musicien, c'est que les notes les
plus importantes que vous jouez se situent souvent dans les dernières
mesures d'un morceau. Si le début est médiocre, vous pouvez
toujours redresser la situation. Vers le milieu , tout est rentré dans
l'ordre. Mais les dernières notes se terminent par un long silence et la
qualité des dernières mesures du dernier morceau d'un récital sont
celles dont votre auditoire se souviendra par la suite.
Indubitablement, Ozias a bien commencé. Durant la plus grande
partie de son règne, le peuple de Dieu a bénéficié d'un climat sain,
pieux et prospère. Mais les dernières notes de son récital ont gâché
l'ensemble du concert. Voici ce qui a frappé ses auditeurs

« Ozias se coucha avec ses pères, et on l 'enterra avec ses pères


dans le champ de la sépulture des roi s , car on disait : Il est
lépreux. Et Jotham , son fils, régna à sa place . »
(2 Chroniques 26.23 , italiques ajoutées)

Comme il était lépreux, il a vécu seul le reste de sa vie. Pensez­


y ! À sa mort, on l'a enterré dans un champ qui jouxtait le cimetière
royal et non dans ce dernier, car il était toujours considéré comme
impur. Sa pierre tombale n'a pas porté l'inscription « Il était roi », ni
même « Il était roi, mais il devint lépreux ». À la fin, sa grandeur fut
oubliée. Ses sujets écrivirent ce dont ils se souvenaient : « Il était
lépreux. »

265
L' H I STOI R E FASCI N ANTE DE CES P E R S O N N A G E S MÉCO N N U S

L' I M PACT D ' O Z I A S S U R N O U S


Cette histoire fascinante nous livre trois principes essentiels
Premièrement sans le Seigneur, il n'y a pas de vrai succès. Le
psalmiste avait raison : « Si l'Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la
bâtissent travaillent en vain » ( Psaume 127 .1 ). Ozias a pris un
excellent départ, mais c'est l'Éternel qui lui a donné du succès. Si
vous avez du succès, attribuez-en le mérite à Dieu et rendez-lui grâce.
Même si cela résulte de vos plans ingénieux, de votre engagement
persévérant et de votre travail acharné, c'est parce que l'Éternel a fait
réussir votre travail que la moisson a été possible. Je vous en prie, ne
l'oubliez jamais !
Deuxièmement, le succès n'a pas son pareil pour révéler Le
caractère d'une personne. Au chapitre précédent, j'ai dit qu'il ne la
ruine pas, mais qu'il dévoile simplement sa vraie nature.
Curieusement, la plupart des gens surmontent l'adversité sans
problèmes, mais rares sont ceux qui parviennent à gérer correctement
leur succès. Si vous réussissez dans vos entreprises, ne vous imaginez
pas que Dieu vous favorise parce que vous êtes son enfant préféré.
Mieux vaut considérer votre succès comme un test, tout comme
l'adversité. Faites avec le succès ce que vous faites en quelque autre
temps difficile. Priez. Soyez vigilant. Cherchez à recevoir de sages
conseils. N'ayez pas peur... mais demandez régulièrement au
Seigneur de vous garder et de vous ouvrir les yeux. Cherchez à tirer
profit de ce qui vous arrive. Cette circonstance, comme n'importe
quelle autre, peut vous donner l'occasion de croître. De plus, elle est
éphémère. Ce que vous avez mis des années à amasser peut
disparaître en un clin d'œil. Comme l'a écrit Salomon, « la richesse se
fait des ailes, et comme l'aigle, elle prend son vol vers les cieux »
(Proverbes 23.5).
Troisièmement, Le Dieu qui vous bénit peut aussi cesser de Le
faire. Souvenez-vous du vieil adage « Ne mords pas la main qui te
nourrit » . Le père d'Ozias a vaincu les Édomites par la puissance de
l'Éternel, puis il a ramené chez lui les dieux impuissants de son
ennemi vaincu et il s'est mis à les adorer. En conséquence, le Seigneur
l'a discipliné. Comme son père, Ozias est devenu fort parce que
l'Éternel l'a fait prospérer, mais quand il a essayé de se servir de son

266
Ozias, le leader q ui a mal lermiué

pouvoir pour transgresser les lois de Dieu dans son temple, le


Seigneur l'a châtié. Ce principe de cause à effet est toujours en
vigueur.
Dieu est un Dieu de grâce, et nous ne devons pas venir à lui en
nous disant que nous devons être bons pour avoir droit à ses
bénédictions. Il nous donnera toujours plus que nous le méritons !
Néanmoins, il se préoccupe beaucoup plus de notre sainteté que de
notre bonheur, et il va donc tout faire pour nous sanctifier. Si sa
bénédiction ne nous rend pas plus saints, il n'a plus d'autres
ressources que de nous châtier.
Sachons-le, Dieu désire ardemment nous bénir au-delà de ce que
nous pouvons imaginer. Le Seigneur qui a aidé et fait prospérer Ozias
a aussi déclaré : « Qu'il soit lépreux ». Cela vous semble dur ? Dans
ce cas, réfléchissez : comme Dieu est parfaitement juste, infiniment
aimant, entièrement saint, extrêmement patient et inexplicablement
miséricordieux, nous pouvons être sûrs que la lèpre était l'ultime
solution qui lui restait pour attirer l'attention du roi qu'il aimait. Et ce
fut efficace.

U NE DERNIÈRE PE NSÉE

Ozias a eu une fin misérable, mais nous avons vu dans ce livre


que Dieu aime les gens ordinaires. Quand il est devenu un homme qui
a vécu sur cette terre, il a dit : « Ce ne sont pas ceux qui se portent
bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu
appeler des justes, mais des pécheurs » (Marc 2. 17).. Le paradoxe de
cette histoire, c'est que ce monarque orgueilleux a dû découvrir à ses
dépens ce qu'en réalité, il était dès le départ. L'impureté de ses plaies
et son statut de paria lui ont révélé l'impureté qui était dans son âme
dès le départ.
Quand il a fini par accepter son statut d'homme ordinaire, il a
pris place parmi le reste de l'humanité. C'est seulement lorsque nous
parvenons à ce stade que nous sommes prêts à rencontrer le seul Être
exceptionnel. J'espère qu'Ozias, lorsqu'il a été exclus de la société et
privé pour toujours de l'exercice de son service public, a laissé
l'Éternel faire de lui un homme exemplaire. Ce n'est pas impossible !
Après une longue chaîne de rois iniques ou qui ont mal tourné, le fils

267
L' H ISTO I R E FASC I N A NTE D E CES PERSO N N AG E S M ÉCO N N U S

d'Ozias, Jotham, est devenu le seul roi de Juda en 130 ans dont il ne
nous est rapporté que du bien. Je me plais à penser que c'est lié aux
sept années qu'il a passées à régner avec son père, peut-être en tirant
profit des erreurs de ce dernier.
En tout cas, c'est le genre d'impact que tous les gens
« ordinaires » devraient avoir, y compris vous. . . et moi.

268
CONCLUSION
,['Jiisloire fascinante de ces personnages méconnus
,. / 1 'P,
if, .


. '

C
e safari à travers les Écritures a été mouvementé. Nous avons
voyagé dans la jungle de l'humanité et nous y avons découvert
toutes sortes de comportements. Nous avons rencontré des
gens plus ou moins connus extrêmement différents les uns des autres .
Par exemple, un fils qui n'a jamais pu trouver moyen de gagner
avec ses parents, un grand frère qui s'est tellement irrité contre son
cadet qu'il a fini par le tuer, un père dont l'amour pour son fils était
sans limites,mais qui a prouvé que sa consécration au Seigneur était
encore plus grande, et aussi une femme si loyale envers son ignoble
mari qu'elle s'est interposée pour calmer l'homme qui s'apprêtait à le
tuer.
Et le roi qui était son pire ennemi ? Ou le charmant jeune prince
qui a fini par être pris par les cheveux dans un arbre avec trois lances
pointées sur lui... ou encore le roi doué et créatif qui a pris un
excellent départ de leader à qui tout réussissait, mais qui a fini si
tristement couvert de lèpre ? Il est difficile de déterminer si son
histoire d'orgueil démesuré est plus navrante que celle du serviteur
dévoré de convoitise ou du soldat dont le péché a provoqué un
désastre national.
Et ce ne sont là que certaines des vies que nous avons
découvertes ensemble ! Heureusement, toutes les histoires n'ont pas
été tragiques. Les prières d'un homme ont été tellement honorées par
l'Éternel qu'en grandissant,il est devenu l'opposé de ce qu'il avait été
dans son enfance. Et le général qui répugnait tant à suivre de simples
ordres ? Et l'enfant privé de la présence de sa mère qui a entendu

269
L' H I STO I R E FAS C I N A N T E DE CES PERSON N AG ES M ÉCON N U S

plusieurs fois la voix de Dieu au milieu de la nuit ? Sans compter la


longue liste d'hommes courageux qu'un roi a nommé ses « vaillants
hommes » à la fin de sa vie ... des héros dont nous ne connaissons pas
le nom, quasiment impossible à prononcer !
Ces histoires fascinantes de personnages souvent méconnus sont
comme des fils entrelacés dans la grande tapisserie du plan de Dieu.
Elles sont anciennes, mais toujours instructives. Elles sont gravées à
jamais sur les pierres éternelles de la Bible pour que nous les lisions
et les imaginions, que nous les appréciions et que nous en tirions des
leçons, tout comme nous l'avons fait dans ces chapitres.
Est-il étonnant que Paul ait écrit les commentaires suivants dans
sa lettre aux Romains ?

« Or, tout ce qui a été consigné autrefois dans !'Écriture l'a été
pour nous instru ire, afin que la patience et l'encouragement
qu'apporte !'Écriture produisent en nous l'espérance. »
( 1 5 .4, version du Semeur)

Vous avez lu ces pages avec persévérance, vous avez pris note
d'un certain nombre de personnes et de situations qui, pour la plupart,
vous étaient presque inconnues. Je vous félicite d'avoir poursuivi
votre lecture, et je vous en remercie.
Vous avez terminé cet ouvrage, mais pas votre mission. Après
avoir lu ces histoires, vous devez les laisser vous instruire.
Car vous savez, c'est ce qui est important pour celui qui les a
préservées pour vous. Il ne se préoccupe pas seulement du fait que
nous apprenions comment ont vécu d'autres personnes, qu'elles soient
obscures ou célèbres, bien connues ou non, mais il veut surtout que
nous nous connaissions mieux nous-mêm es. C'est pourquoi Paul a
insisté sur le fait que tout cela a été écrit pour nous. Ces personnes et
leur histoire ont été conservées comme des trésors précieux pour faire
office de miroirs qui nous révéleront des vérités oubliées ou ignorées
à notre sujet.
Je vous recommande de reprendre cet ouvrage et de relire les
applications exposées à la fin de chaque chapitre. Cette fois, au lieu
de les considérer comme des principes qui se rapportent uniquement

270
Co11dusio11

à la vie de ceux que nous avons examinés dans ce chapitre, voyez-y


des préceptes que vous pouvez appliquer à votre vie dès aujourd'hui.
Leur grande variété devrait vous encourager. Cela vous montre
que Dieu a un plan pour vous comme pour moi. Personne n'est exclu.
Plus vous assimilerez les conseils personnels que Dieu vous
prodigue abondamment dans les Écritures, plus ces vérités
importantes apparaîtront dans votre vie. Quel meilleur objectif
pourrions-nous avoir ?
Qui sait si plus tard, longtemps après que nous ayons poussé
notre dernier soupir, Dieu ne se servira pas de l'histoire fascinante de
notre vie pour encourager de futures générations ? Même si nous
avons tendance à croire que nous serons vite oubliés, ce ne sera pas
le cas. Voici la principale leçon de ce livre :

Aucune vie n'est insignifiante quand Dieu s'en sert pour


enseigner aux autres sa vérité.

Cela suffit pour que nous « guettions ce qu'il va faire ».


N'est-ce pas palpitant ?

27 1
NOTES

C H A PITRE 1

Richard Matheson. The lncredible Shrinking Man ( New York: Tom Doheny Associates.
LLC. 1 994). p. 202.

CHAPITRE 2

2 Charles W. Colson. Faith 011 rhe Line (Colorado Springs: Victor Books. a division of Cook
Communications. 1 985). p. 24-25. Avec autorisation.
3 Jay Adams. Compele/11 IO Cmmsel (Grands Rapids. M l : Baker. 1 970). p. 1 47 .
4 Anna Russell. Jolly Old Sigmund Freud, BR Music Publications
l ncJAPRA.www.apra.com.au.

C H A PITRE 3

5 A.W. Tozer, The P11rrni1 of God ( Harrisburg. PA: Publications. Inc., 1 982 , 1 993). p. 2 1 -
22. 30. Avec l'autorisation de Christian Publications. Inc . . 800-233-4443,
www .christianpublicat ions .corn.
6 Cet extrait est tiré de My U1111os1 for His Highesr par Oswald Chambers Publications Assn ..
Ltd. Avec l'autorisation de Discovery House Publishers. Box 3566. Grand Rapids, Ml
4950 1 . Tous droits réservés .
7 Eileen Guder. God. B w l'm Bored (New York: Random Housc, 1 97 1 ). p. 5 5 .
8 A.W. Tozer. The Pursuir of God ( Harrisburg. PA: Christian Publications. I nc . . 1 982. 1 993 ).
p . 3 1 . Avec l'autorisation de Christian Publications. Inc . . 800-233-4443,
www.christianpublicaions.com.
C H A PITRE 4

9 James Hastings. ed .. The Gremer Men and Women of the Bible. vol . 1 ( Edinburgh: T & T
Clark. 1 9 1 3) .

C HAPITRE 5

1 0 Alexander Whyte. Bible Characters. vol . 1 ( London: Oliphants Ltd .. 1 952). p. 1 73- 1 75.
CHA PITRE 6
1 1 Alexander Whyte. Bible Characrers, vol . 1 ( London: Oliphants Led .. 1 952), p. 74-75.
1 2 Ibid., p. 75-76.

C H A P IT R E 7
1 3 J . Sidlow Baxter. Mark These Men (Grand Rapids. M l .: Zondervan , 1 960), p. 25.

CHA PITRE 9
1 4 Alexander Whyte, Bible Chamcrers, vol. 1 ( London: Oliphants Ltd .. 1 952). p. 309.
15 John Greenleaf Whittier, The Complere Poerical Works of John Greenleaf Whiuier
( Boston: Hough1on, Mifflin and Company. 1 884) , p. 1 5 1 .

C H A PI T R E 1 0
1 6 Mark Twain , Following the Equator: A Jo11me_v Around the World. Vol . 2 ( New York: P.F.
Collier & Son. 1 899). p. 237.
17 Stephen Ambrose, To America ( New York: Simon & Schus1er. 2002). xvi. Avec
au1orisation. Tous droils réservés.
1 8 Merri li F. Unger. Unger's Bible Dicrionary (Chicago: Moody Press. 1 957). p. 4 1 6.

CHAPITRE 1 1
1 9 J . Oswald Sanders. A Spiriruai Clinic: A Suggestive Diagnosis and Prescription for
Problems in Christian Life and Service (Chicago: Moody Press, 1 958), p. 1 20.
20 John E. Walvoord, Roy B. Zuck el Dallas Theological Seminary. The Bible Knoivledge
Commenwry: An Exposition of the Scriptures (Colorado Springs: Victor Books. a
division of Cook Communica1ions. 1 985), p. 59 1 -592. Avec autorisation.
21 R. Laird Harris, Gleason Leonard Archer. and Bruce K. Wallke. Theological Wordbook of
the Old Tesramellt (Chicago: Moody Press, 1 980), p. 426-427.

C H A PI T R E 1 2
22 Peler Marshall . Misler Jones, Meer the Master, ed. Catherine Marshall (New York:
Fleming H. Revell. a division of Baker Books. 1 950) . p. 1 35- 1 36.
23 C . F. Keil and F. Delilzsch. Biblical Commenwry 011 the Old Testament (Grand Rapids.
M l : Wm. Eerdmans. 1 982). p . 3 1 7 .
24 Alexander Whyte. Bible Characters. vol. 1 . ( London: Oliphants Lld . . 1 952). p . 374-375.
25 Will iam Cooper, "There 1s a Fountain Fi lied with Blood". Domaine public.

C H A PI T R E 1 4
26 B iblical Studies Press. The NET Bible Notes. 2 Ch 26: 1 5 ( Dallas: Biblical S1udies Press.
2003). p. 696.
TA B L E DE S M ATI È RE S

INTRODUCTION 7

1. DES VIES IMPORTANTES TROP SOUVENT OUBLIÉES ))

2. CAÎN, LE LABOUREUR QUI TUA SON FRÈRE 27

3. ABRAHAM, LE PÈRE QUI OFFRIT SON FILS 47

4. ESAÜ , LE FILS QUI NE POU VAIT GAGNER 65

5. ACAN, L'HOMME DONT LE PÉCHÉ PROVOQUA UN DÉSASTRE 85

6. SAMUEL, LE GARÇON QUI ENTENDIT LA VOIX DE DIEU ) 05

7. SAÜL, LE ROI QUI REF USAIT DE PLIER _________ 123

8. ABIGAIL, LA FEMME QUI SAUVA LA VIE DE SON MARI 149

9. A BSALOM, LE PRINCE CHARMANT REBELLE 171

10. ROBOAM, UN HYPOCRITE IRRESPONSABLE 189

1 1. JAEBETS, L'INCONNU QUI DEVINT CÉLÈBRE 207

12. NAAMAN, L'OFFICIER DONT LA LÈPRE A ÉTÉ PURIFIÉE 223

1 3. G UÉHAZI, LE SERVITEUR QUI DEVINT CUPIDE 239

1 4. ÛSIAS, LE LEADER QUI A MAL TERMINÉ 255

CONCLUSION 269

NOTES 273
ou quel qu'un de c él èbre ?

Réfléchissez bien ! La façon dont vous ❖ Joscheb-Basschébeth fit périr en une


répondrez à cette question déterminera seule fois huit cents guerriers
tout votre avenir. aguerris avec sa lance.
Le pasteur, enseignant et auteur appré­ ❖ Eléazar attaqua lui-même les
cié Charles Swindoll affirme : « Parfois, la Philistins pendant si longtemps que
vie déforme notre vision. On nous apprend ses camarades durent lui ôter l'épée
à penser que les gens les plus importants des mains.
sont les athlètes, les acteurs et les ❖ Pendant que ses compagnons
musiciens, ceux que nous applaudissons, détalaient comme des lapins devant
ceux dont nous cherchons à obtenir un leurs ennemis, Schamma resta seul
autographe, ceux qui ont une renommée et remporta la victoire.
mondiale.
Mais ils ne le sont pas vraiment. La Et pourtant, vous souvenez-vous d'un
plupart du temps, les gens réellement seul de leurs noms ? Ils ne font partie ni des
admirables sont ceux qui partent de rien et gens riches ni des célébrités. Cela ne les
qui deviennent "grands" sans attirer empêche pas d'être importants.
l'attention générale. » Voici ce qu'on oublie Dans ce huitième volume de la série très
trop souvent : appréciée des Grandes Vies de la Parole de
Dieu, Chuck examine de près des
Dans le royaume de Dieu et dans personnages et des événements bibliques
l'Église, le succès dépend de gens fidèles peu connus. Il va vous aider à découvrir
rarement connus du public. des principes bibliques et leurs applications
pratiques pour votre vie, afin que
L'Ancien Testament contient de
nombreuses histoires fascinantes de . Vous puissiez être celui ou celle que
personnages méconnus. Leurs actes, leurs Dieu vous destine à être . . . quelqu'un de
sacrifices ou leurs combats ne leur ont pas vraiment important.
assuré de renommée mondiale. Toutefois,
ces grandes vies révèlent des gens Le docteur CHARLES R. SWINDOLL est le
importants que Dieu honore dans les pages président du séminaire théologique de Dallas,
de sa Parole et qui méritent donc que nous où il contribue à préparer au ministère une
leur prêtions attention et que nous les nouvelle génération d'hommes et de femmes. Il
imitions. est aussi le présentateur du programme radio
Imight for Living, qui
est diffusé quotidienne­
ment dam le monde

mum��t[oo1mw111 111 19,1 1 101 1 € ii


2
entier. Les quarante ou­
vrages de Swindoll ont
été vendus à plus de cinq
!L'I
COMPER MIMH060 milliom et demi d'exem­
15102018 G09GOO
plaires.

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