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La modalité

Définition :
Bally installe la notion de modalité en linguistique en reprenant la distinction latine entre
modus et dictum : «  chez Ch. Bally, dans une analyse logique de la phrase, la modalité est
une série d’éléments qui indiquent que le dictum, procès pur et simple considéré comme
débarrassé de toute intervention du sujet parlant, est jugé réalisé ou non, désiré ou non,
accepté avec joie ou regret, et cela par le sujet parlant ou par quelqu’un d’autre que le sujet
parlant » (Dubois et al. 1991 : 305-306)
Dans la grammaire méthodique du français : «  les modalités sont considérées comme des
éléments qui expriment un certain type d’attitude du locuteur par rapport à son énoncé […],
toute phrase peut s’analyser en deux éléments : un contenu représenté, le dictum (ou
contenu propositionnel) et une modalité, le modus, qui indique la position du locuteur par
rapport à la réalité du contenu exprimé. » (Riegel et al., 1994 : 579-580).
La modalité traduit donc une certaine attitude du sujet énonciateur par rapport au contenu
propositionnel de son énoncé : «  la forme linguistique d’un jugement intellectuel d’un
jugement affectif ou d’une volonté qu’un sujet parlant énonce à propos d’une perception ou
d’une représentation de son esprit » (Bally : 1942). De façon général, o, considère que la
modalité est constitutive de la signification fondamentale car la phrase la moins modalisée
comporte une modalité minimale : par exemple, « La terre tourne autour du soleil. »
comporte une modalité déclarative implicite (Cervoni, 1987 : 65).
Classifications des modalités :
Au niveau des valeurs exprimées on distingue les valeurs suivantes :
1. Les modalités qui se rapportent aux valeurs de vérité d’un contenu propositionnel.
2. Les modalités de l’ordre de la permission et de l’obligation.
3. Les modalités temporelles.
4. Les modalités marquant la certitude et l’incertitude du sujet énonciateur par rapport
au contenu de son assertion.
5. Les modalités subjectives indiquant les attitudes psychologiques du locuteur.
6. Les modalités intersubjectives qui sont du domaine de l’ordre, du conseil, de la
suggestion, de la prière, du reproche …
7. Les modalités implicatives exprimant un rapport implicatif de but, de conséquence,
de condition ….
La modalité définit le statut de la phrase en tenant compte de l’attitude du sujet parlant à
l’égard de son énoncé et du destinataire :
1. Les modalités d’énoncé : logiques ou appréciatives qui concernent le dictum et ne
porte pas sur la relation entre le locuteur et l’allocutaire mais caractérise la manière
dont le locuteur situe l’énoncé par rapport à la vérité, la probabilité, la certitude, le
vraisemblable mais aussi l’heureux, l’utile…
2. Les modalités d’énonciation : qui expriment l’attitude énonciative du sujet
énonciateur dans sa relation avec l’allocutaire (Riegel, 1994 : 580). Il s’agit donc d’une
relation interpersonnelle, sociale entre les protagonistes de l’échange verbal. Le
niveau d’incidence de ces modalités est le type de phrase : l’assertion, l’interrogation,
l’ordre et l’exclamation.
3. Les modalités de message : en relation avec certaines transformations syntaxiques
qui peuvent modifier la structure de la phrase et dont le résultat est la modification
de la perspective de l’énonciateur sur le contenu propositionnel de l’énoncé :
l’emploi d’une phrase déclarative du type «  Le professeur interroge ses étudiants. »
indique que l’énonciateur s’intéresse au caractère agentif du procès, il veut mettre
l’accent sur la réalisation du procès par un agent. En échange, dans «  Les étudiants
sont interrogés par le professeur. » l’énonciateur met l’accent sur le patient qui subit
le procès dénoté. Dans une structure emphatique du type : « Marie, elle viendra
certainement chez nous », «  Les livres, le les ai rendus hier », l’intérêt du sujet
énonciateur porte soit sur le sujet, soit sur le CD qui deviennent par cela le centre
d’intérêt de la communication. On peut citer aussi la factitivité du type : « Il fait bâtir
plusieurs villas dans cette région. »
Un autre classement proposé par M. Lévy (2000) qui propose 4 types de modalité :
1. Modalité 1 : assertion /interrogation (l’énonciateur choisit entre certitude et
interrogation)
2. Modalité 2 : modalité de l’évènement (l’énonciateur ajoute une évaluation sur les
chances de réalisation de la relation sujet-prédicat)
3. Modalité 3 : appréciation sur l’énoncé (jugement appréciatif)
4. Modalité 4 : modalité du sujet (l’énonciateur émet un avis sur les relations relatives
au sujet grammatical qui soient propices à la réalisation du procès).

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