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UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA ENSEIGNANT:

UFR SCIENCES ECONOMIQUES Dr SYLLA N’Gomory Muhamed

ET DEVELOPPEMENT

COMMERCE INTERNATIONAL

PLAN DU COURS
INTRODUCTION

IERE PARTIE: LES FONDEMENTS THEORIQUES DU COMMERCE

INTERNATIONAL

CHAPI: Contributions des Economistes Classiques a la Théorie du

Commerce International

CHAPII: Théorie Néoclassique du Commerce International

CHAPIII: Les Nouvelles Théories du Commerce International

IIEME PARTIE: LA POLITIQUE COMMERCIALE

CHAPI: Les Instruments de la Politique Commerciale

CHAPII: Approche d’Equilibre Partiel: Gains de l’Echange en Termes de

Surplus

CHAPIII: La Protection
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INTRODUCTION
L’économie internationale utilise les mêmes méthodes fondamentales d’analyse que
les autres branches de la science économique; les motivations et les comportements
des individus et des entreprises sont les mêmes dans la sphère internationale que
dans les transactions nationales. En autarcie, la production et la consommation sont
limitées par la dotation de facteurs de production tandis que l’échange international
rend plus variées les opportunités de consommation.

La matière de l’économie internationale porte sur les problèmes résultant des


interactions entre Etats souverains délimités par des frontières, avec des dotations de
ressources économiques différentes et ayant des monnaies différentes. Par l’échange
de biens et services et par les flux internationaux de monnaies qui l’accompagnent,
les économies de différents pays sont plus ou moins reliées les unes aux autres.

L’économie internationale peut être subdivisée en deux parties: l’étude des relations
monétaires internationales et l’étude du commerce international. L’analyse monétaire
internationale se concentre sur l’aspect monétaire international de l’économie
internationale. C’est la branche qui traite des relations en termes de flux monétaires
entre un pays et le reste du monde (RDM) d’une part, et des relations de l’ensemble
des pays à l’échelle mondiale d’autre part.

L’analyse du commerce international se concentre principalement sur les transactions


réelles se produisant dans l’économie internationale, c’est-à-dire les transactions qui
impliquent un mouvement physique de biens et services ou une affectation tangible de
ressources économiques.

La théorie du commerce international possède son propre corps d’hypothèses liées à


l’existence de différences entre Etats. Ces différences s’expriment à travers des
différences de prix des produits exportés ou importés, ou des différences de
caractéristiques d’offre et de demande telles que les différences de connaissances
technologiques, de dotations de facteurs de production, de tailles des économies, des
goûts et de structures de marchés.

.Quatre types d’hypothèses peuvent être distingués:

1-l’existence de frontières géographiques et politiques impliquant un ensemble de


contrôles et de politiques différents;

2-l’existence de systèmes monétaires différents;

3-une plus ou moins grande proximité géographique et culturelle entre les pays
partenaires;

4-une mobilité des facteurs de production entre les pays beaucoup moins grande
qu’entre les régions d’un même pays.
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Ce cours a pour objet de développer la connaissance des aspects positifs de l’échange


international. Il s’agira d’expliquer la structure des échanges (qui vend quoi et à qui),
les gains de l’échange et leurs répartition, les effets des politiques commerciales sur
les agents économiques.

1èrePARTIE: LES FONDEMENTS THEORIQUES DU COMMERCE


INTERNATIONAL
Les théories du commerce international ont pour objet d’expliquer:

-la structure du commerce c’est-à-dire quels sont les biens exportés ou importés;

-les termes de l’échange c’est-à-dire à quels prix les biens sont échangés entre les
pays;

-les gains et leur répartition entre les pays partenaires à l’échange.

Dans cette partie la théorie classique du commerce international, la théorie


néoclassique du commerce international, l’analyse néo-factorielle et l’approche néo-
technologique de l’échange international sont présentées.

CHAPITRE I : Contribution des Economistes Classiques à la Théorie du


Commerce International

Section I : La Théorie Classique du Commerce International

La théorie classique du commerce international fut essentiellement formulée en termes


réels. Elle explique le commerce par les différences de productivité du travail ou de
technologie entre les nations. La théorie classique du commerce International est
basée sur la théorie de la valeur travail.

A/ La Théorie de la Valeur Travail

Selon les classiques le travail est le seul facteur de production si bien que dans une
économie fermée les prix relatifs des biens sont déterminés par leur contenu relatif en
main d’œuvre. Autrement dit dans une économie fermée les marchandises
s’échangent entre elles dans des proportions déterminées par les quantités de travail
nécessaires à leur production.

Si la fabrication d’une chemise nécessite 10 heures de travail tandis que la production


d’une paire de chaussures exige 40 heures de travail, alors 4 chemises s’échangeront
sur le marché contre une paire de chaussures.

Plus généralement, soient deux biens X et Y dont les prix sont Px et Py respectivement.
Soit lj la quantité de travail nécessaire pour produire une unité du bien j (j=X, Y) et w
4

le taux de salaire nominal dans les deux industries. La Concurrence Pure et Parfaite
(CPP) assure qu’à long terme les profits sont nuls et que le prix d’équilibre est égal au
PX  l X  PX l X
coût moyen dans chaque industrie. On a donc  P   . Les prix
et PY  lY  PY lY
relatifs sont donc entièrement déterminés par les coefficients techniques.

B/ La loi de l’Avantage Absolu

C’est Adam Smith qui est à l’origine de la loi de l’avantage absolu. La formulation
originale du plaidoyer d’Adam Smith pour le commerce international est contenu dans
"La Richesse des Nations" (1776). Il raisonne en termes de différences de coûts entre
les nations. Pour lui, chaque pays produit une ou plusieurs marchandises à un coût
réel plus faible que ses partenaires à l’échange. Le coût réel est défini comme étant la
quantité de travail nécessaire à la production d’un bien.

Selon Smith, lorsqu’un pays est plus efficace dans la production d’un bien par rapport
à celle de son partenaire, mais moins efficace que ce dernier dans la fabrication d’un
second bien, alors chaque nation à un avantage absolu dans un des deux produits.
Ces pays ont intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel ils ont un
avantage absolu et à échanger avec leur partenaire.

Ce processus de spécialisation permet aux ressources économiques de chaque nation


d’être utilisées plus efficacement qu’auparavant et à la production des deux biens
d’augmenter. L’échange est ainsi générateur de gain, mesuré par cette augmentation
de production qui se repartie entre les deux pays.

Pour Adam Smith les avantages qu’un pays a sur un autre peuvent être acquis
(apprentissage, éducation,….) ou naturels (climats; ressources minérales, forestières
halieutiques, ……).

Les données du tableau 1 indiquent qu’en l’absence d’échange il faut 1200 heures de
travail pour produire une tonne de café au Niger contre 200 heures en Côte d’Ivoire
(CI); de même la production d’une tonne de coton exige 300 heures au Niger contre
1000 heures en CI.

Tablbeau1: Nombre d’heures nécessaires pour la production d’une tonne de café et


de coton dans chaque pays.

Pays Niger CI
Biens
Café 1200 200
Coton 300 1000

Ainsi la CI est plus efficace que le Niger dans la production du café; par contre ce
dernier est plus efficient dans la production du coton que la CI. Chaque pays a un
avantage absolu dans une des deux productions: le café pour la CI et le coton pour le
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Niger. Avec l’échange, chaque pays va se spécialiser dans la production du produit


pour lequel il a un avantage absolu.

En autarcie en CI 1000 heures de travail produisent une tonne de coton ou 5 tonnes


de café. Par conséquent, une tonne de café s’échange contre 0,2 tonne de coton. Au
Niger, en l’absence d’échange international, une tonne de café s’échange contre 4
tonnes de coton.

Il est évident que sur le marché mondial, si une tonne de café s’change contre 2 tonnes
de coton, les deux pays gagneraient à se spécialiser chacun dans le bien de son
avantage absolu. En effet, si la CI transfère 1000 heures de travail de la production de
coton à celle de café, la production de coton baisse d’une tonne tandis que la
production de café augmente de 5 tonnes qui peuvent être échangées avec le Niger
contre 10 tonnes de coton. Le gain net de l’échange est alors de 9 tonnes de coton
soit 45 tonnes de café selon les termes de l’échange internes de la CI.

 1 tonne de cot on   5 tonnes de café  10 tonnes de cot on

De même, si le Niger diminuait sa production de café d’une tonne, il pourrait affecter


1200 heures de travail supplémentaires à la production de coton. La production de
coton augmenterait alors de 4 tonnes qui pourraient s’échanger sur le marché mondial
contre 2 tonnes de café. Ceci équivaut à un gain net dans l’échange égal à une tonne
de café par tonne de café sacrifiée dans la production.

 1 tonne de café   4 tonnes de cot on  2 tonnes de café

Selon la théorie de l’avantage absolu, les pays pour échanger doivent avoir des
avantages absolus dans au moins un produit, sinon ils ne peuvent pas participer au
commerce international. Avec cette théorie, l’explication de l’échange se limite donc à
des cas particuliers. Les pays qui n’ont pas d’avantage absolu dans aucun produit,
peuvent-ils participer à l’échange international? David Ricardo répond à cette question
en développant le concept d’avantage comparatif.

C/ La Loi de l’Avantage Comparatif

David Ricardo démontre dans les "Principes de l’Economie et de l’Impôt" (1817) que
même peu compétitif, tout pays a intérêt au commerce international et à la
spécialisation. Pour lui chaque pays gagne à se spécialiser dans les produits pour
lesquels il est le plus avantagé ou le moins désavantagé et à abandonner les autres
productions à ses partenaires.

Soient deux pays I et II, et deux biens X et Y. Notons l ij la quantité de travail nécessaire
à la production d’une unité du bien j dans le pays i, et P j le prix du bien j (avec i=I,II et
j=X,Y).

Le pays I a un avantage comparatif dans la production du bien X si et seulement si


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l XI lYI
 . Autrement dit la productivité relative du pays I est plus élevée en bien X qu’en
l XII lYII
bien Y.

Exemple:

Tableau2: Nombre d’heures de travail nécessaires à la production d’une tonne de


marchandises

Pays Niger Burkina


Biens
Ananas 100 600
Bananes 200 300

Le Burkina a un désavantage absolu vis-à-vis de la CI dans la production des deux


CI
l ananas 1 l CI 2
biens. Cependant Burkina   bananes
Burkina
 le Burkina a un avantage comparatif (ou un
l ananas 6 lbananes 3
moindre désavantage comparatif) dans la production de bananes. Autrement dit
l’avantage absolu de la CI est plus grand dans la production d’ananas. La CI doit se
spécialiser dans la production d’ananas et le Burkina dans celle des bananes.

En autarcie, une tonne d’ananas s’échange contre 0,5 tonne de bananes en CI, et 2
tonnes au Burkina. Si sur le marché international, une tonne d’ananas s’échange
contre 1,5 tonnes de bananes, l’échange est viable.

Dans une production directe 100 heures de travail en CI produisent seulement 0,5
tonne de bananes. Le même temps de travail pourrait être consacré à produire un
tonne d’ananas qui peut alors être échangée sur le marché mondial pour 1,5 tonnes
de bananes. Semblablement, le Burkina pourrait utiliser 300 heures de travail pour
produire directement 0,5 tonne d’ananas; au lieu de cela, ces 300 heures peuvent être
1
utilisées pour produire une tonne de bananes échangée contre 0,67  tonne
1,5
d’ananas.

100 heures  0,5 tonne de bananes


CI 
100 heures  1 tonne d ' ananas  1,5 tonnes de bananes  1 tonne de bananes

300 heures  0,5 tonne d ' ananas


Burkina 
300 heures  1 tonne de bananes  0,67 tonne d ' ananas  0,17 t d ' ananas.

D/ Les Coûts d’Opportunité et Avantage Comparatif

Les coûts d’opportunité permettent de valider la loi des avantages comparatifs sans
pour autant que celle-ci soit liée à la théorie de la valeur travail que Ricardo utilisait.
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Les coûts d’opportunité d’un bien X représentent le nombre d’unités d’un bien Y auquel
on doit renoncer si l’on veut produire une unité supplémentaire du bien X.
l
Généralement, le coût d’opportunité de X en termes de Y est noté CO X  X .
Y lY

De plus, un pays I a un avantage comparatif dans la production d’un bien X si et


seulement si le coût d’opportunité de X en termes de Y est plus faible que chez ses
partenaires commerciaux. En effet
I II I II I
 CO    CO   l X  l X en multiplian t chaque membre par lY
 X
Y   X
Y  lYI lYII l XII
l XI lYI
   I a un avantage comparatif dans X .
l XII lYII

Tableau3: quantités (en kilogrammes) de biens produites par un ouvrier en une heure
de travail

Pays I II
Biens
Sorgho 2 4
coton 4 6

Pour obtenir les coûts de production, il suffit d’inverser les données du tableau 3. Ce
qui donne le tableau suivant:

Tableau4: Nombre d’heures de travail nécessaires pour la production d’une unité du


bien

Pays I II
Biens
sorgho 0,50 0,25
Coton 0,25 0,16

I II
 CO   0,5  2   CO   0,25  1,56  le pays II a un avantage
 Sorgho   Sorgho 
 Coton  0,25  Coton  0,16
comparatif dans la production du sorgho et le pays I dans celle du coton.

Dans le pays II, pour produire une unité supplémentaire de sorgho on doit renoncer à
1,56 unités de coton. Le coût d’opportunité de sorgho en termes de coton est de 1,56
dans le pays II, comparé à 2 tonnes dans le pays I.
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Section II: Les Gains de l’Echange

Pour les économistes classiques, le commerce international n’est pas un jeu à somme
nulle, où un pays gagnerait ce que l’autre perd, mais un jeu à somme positive où tous
les partenaires à l’échange gagnent par rapport à la situation autarcique.

A/ Définitions de Concepts

1/ La Frontière des Possibilités de Production (FPP) ou Courbe de


Transformation

La Frontière des Possibilités de Production ou Courbe de Transformation indique la


quantité maximale d’un bien Y qu’une économie peut obtenir pour un niveau donné de
production du bien X et une dotation de main-d’œuvre donnée.

LI l XI
Soit L la dotation de main-d’œuvre du pays I. On a L  l X  l Y  Y  I  I X
I I I
X
I
Y
lY lY
I
l XI  I
 I   CO X 
dY
équation de la FPP du pays I. De plus,
dX lY  Y 

LI
lYI

FPPI

0 LI X
l XI

Si le pays I a un avantage comparatif dans la production du X et le pays II dans celle


de Y, la FPP de I sera plus plate que la courbe de transformation de II. On dit que la
FPP du pays I est étalée vers l’axe des abscisses.
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2/ La Frontière des Possibilités de Consommation (FPC) ou la Droite de Revenu

La Frontière des Possibilités de Consommation ou la Droite de Revenu est l’ensemble


des paniers de biens (X,Y) qui coûtent exactement la production domestique.

Soient LII , l XII , lYII , PX* , PY* la dotation en heures de travail, le nombre d’heures
nécessaires à la production d’une unité du bien X, le temps nécessaire pour la
production d’une unité du produit Y, le prix mondial du bien X et le prix international du
bien Y respectivement. En situation d’échange, le pays II se spécialise complètement
dans le bien Y et l’équation de la FPC est:

LII LII PX*


P II  PY Y  PX X  Y  II  P X où P  * représente les termes de l’échange
Y
* * * * *

lY lY PY
mondiaux ou le prix relatif international du bien X, et X et Y sont les quantités
consommées des biens X et Y respectivement dans le pays II.

PXII l XII
En l’absence d’échange on a: Pd  II  II où PXII et PYII sont les prix autarciques des
PY lY
biens X et Y respectivement dans le pays II; et les possibilités de consommation sont
les mêmes que les possibilités de production. La FPP et la FPC sont alors confondues.

Le pays II importe le bien X si le prix relatif autarcique de X est supérieur à son prix
PXII l XII PX*
relatif mondial, c’est-à-dire, Pd  II  II  P  * . Autrement dit, dans l’échange,
*

PY lY PY
la FPC est au-dessus de la FPP. On dit que l’échange élargit les possibilités de
consommation.
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LII
lYII

FPPII

l XII
pente  
l XII

0 X
LII
l XII

B/ L’Equilibre et les Gains de l’Echange

Les goûts des individus peuvent être globalement représentés graphiquement par une
série de courbes d’indifférence. Les points d’équilibre sont alors les points de tangence
des FPP et FPC avec des courbes d’indifférence.

LII
lYII

YII . EP=EC

FPP=FPC

0 XII LII X
l XII
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LII EP
YIIP 
lYII

YIIC
. EC

FPCII

FPPII

0 XIIC LII X
l XII

EP est le point de production et EC le point de consommation. En situation d’autarcie,


ces deux points se superposent et les quantités consommées et produites sont XII et
YII respectivement. En situation d’échange le pays II se spécialise complètement dans
la production de Y. Il produit YIIP unités de Y, consomme YIIC unités de Y et XIIC unités
de X. XIIC unités de X sont donc importées en échange de (YIIP-YIIC) unités de Y
exportées. (EP)YIIC(EC) est appelé le triangle des échanges.

L’ouverture au commerce améliore la situation de l’ensemble du pays et de chaque


citoyen considéré individuellement. La raison est que le commerce permet de déplacer
la main-d’œuvre des secteurs où la productivité est faible aux secteurs à forte
productivité. Il en résulte que le commerce international ne modifie pas la distribution
du revenu.

Section III: La Détermination du Taux d’Echange Réel d’Equilibre

Les économistes classiques ont deux théories de la valeur:

-la théorie de la valeur travail pour expliquer les termes de l’échange domestiques;

-et la demande réciproque nécessaire à l’explication des termes de l’échange


internationaux.
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L’immobilité du travail met en difficulté la théorie de la valeur travail puisque la quantité


de travail nécessaire pour la production d’une unité d’un même bien varie d’un pays à
l’autre. Le taux d’échange réel entre deux biens n’est donc pas nécessairement égal
sur le marché mondial à leur contenu relatif en travail. Les économistes classiques
ont donc éprouvé la nécessité d’une théorie qui explique le taux d’échange réel
d’équilibre sur le marché mondial.

A/ L’Apport de Ricardo

Selon Ricardo les termes de l’échange internationaux sont compris entre les rapports
d’échange domestiques.

Démonstration:

Soient Pji le prix du bien j dans le pays i (i=I,II et j=X,Y) et P* les termes de l’échange
internationaux d’équilibre ou prix relatif mondial d’équilibre du bien X. Les termes de
PXI PXII
l’échange autarciques sont I et II dans les pays I et II respectivement.
PY PY

PXI PXII
Globalement trois situations peuvent se présenter si I  II :
PY PY

PXI PXII
a/ I  II  P * chaque pays se spécialise en bien X, exporte X et demande Y en
PY PY
échange sur le marché mondial. Le bien Y n’est pas produit et l’échange n’est pas
viable;

PXI PXII
b/ I  P  II le pays I se spécialise en X et le pays II en Y. L’échange est possible;
*

PY PY

PXI PXII
c/ P  I  II les pays I et II se spécialisent dans le même bien Y.
*

PY PY

L’échange n’est donc viable que si les termes de l’échange internationaux sont
compris entre les prix relatifs autarciques.

B/ Détermination de P* Par les Courbes de Demande Réciproque ou Courbes


d’Offre

La détermination exacte des termes de l’échange internationaux d’équilibre est l’œuvre


de John Stuart Mills dans les "Principles of Political Economy" (1848). Mills introduit
les considérations de demande dans l’analyse. Les quantités offertes et demandées
sont fonction des termes de l’échange. Au taux d’échange d’équilibre l’offre
d’exportation d’un bien dans un pays donné doit nécessairement être égale à la
demande d’importation du reste du monde (RDM) pour ce bien.
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1/ Dérivation de la Courbe d’Offre du Pays I

Les dispositions à l’échange de chaque pays sont représentées à l’aide de courbes


d’offre ou courbes de demande réciproque indiquant les quantités qu’il accepte de
céder contre une quantité du bien qu’il importe. La disposition à l’échange n’apparaît
que lorsque la demande intérieure est satisfaite. La courbe de demande réciproque de
chaque pays ne se dissocie donc de la droite représentant le rapport de prix autarcique
qu’au-delà d’un segment qui correspond à cette demande intérieure, par exemple O’E
pour le pays I sur le graphique ci-dessous.

B
DR1 Courbe d’offre de I

.G

LI
A
lYI
.F

FPPI
.E

Io
P
0 XG XF XE X
LI
l XI

Le pays I a un avantage comparatif dans la production de X. Si le rapport d’échange


sur le marché mondial est représenté par la pente de PB, OP quantité du bien X est
produite, PXF=O’XF unités de X sont exportées en échange de FXF unités du bien Y.
De même, si le taux d’échange passe à PC, PXG=O’XG unités de X sont exportées
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contre GXG unités de Y. La courbe d’offre est le lieu géométrique de ces quantités que
le pays est disposé à échanger à différents prix relatifs sur le marché mondial (ceci
revient à changer d’origine de O en P et à faire une rotation de 180 degrés de telle
sorte que la ligne PEFG devienne O’EFG).

Y
DRI
Courbe
d’Offre de I G

0’ XE XF XG X
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2/ Détermination des termes de l’échange d’équilibre, T*

Y DRI
Y* DRII
T*

Zone
d’exclusion

YQ Q

E’

0 XE XQ X* X

Nous pouvons porter sur un même diagramme les courbes de demande réciproque
du pays I et du RDM. L’équilibre se trouve au point où les deux courbes de croisent,
et les termes de l’échange d’équilibre mondial sont égaux à la pente de OT*. Ces
termes de l’échange assurent la compatibilité des offres et des demandes des deux
pays sur le marché mondial. Les quantités OX* de X et OY* de Y sont échangées.

Le point Q sur la courbe d’offre OET* indique que le pays I accepte d’offrir la quantité
OXQ de X contre au minimum la quantité OYQ de Y. Par conséquent toutes les
transactions associées à des points situés au-dessous et à droite de la courbe de
demande réciproque sont refusées par le pays I. Symétriquement, les points situés
au-dessus et à gauche de la courbe d’offre OE’T* sont exclus par le pays II. Au total
la zone hachurée est appelée zone d’exclusion.

La répartition des gains de l’échange international est déterminée par la position de la


droite OT* à l’intérieur du domaine délimité par les courbes de demande réciproque.
Les gains à l’échange du pays I sont d’autant plus grands que les termes de l’échange
sont distants de son propre rapport d’échange autarcique et qu’ils sont proches de
celui du pays II.
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D/ La Loi de Walras

1/ Définition

Supposons un pays et un bien X. Soient D la demande du bien X et O l’offre de X. On


appelle excès de demande (ED) la différence entre la demande et l’offre. On appelle
excès d’offre (EO) la différence entre l’offre et la demande. On a

ED=D-O et EO=O-D ; il en résulte que EO= -ED.

2/ La Loi de Walras

Soient deux pays I et II, et deux biens X et Y. On note

E XI l’excès de demande de X par le pays I ;

EYI l’excès de demande de Y par le pays I ;

E XII l’excès de demande de X par le pays II ;

EYII l’excès de demande de Y par le pays II .

A l’équilibre international les exportations de X par le pays I sont égales aux


importations de X par le pays II c’est-à-dire  E XI  E XII  E XI  E XII  0 . De même
EYI  EYII  0 . Pour un même bien, la somme des excès de demande est nulle à
l’équilibre.

En outre pour un pays donné, la valeur des exportations est égale à la valeur des
importations à l’équilibre. En effet, si le pays I est spécialisé dans la production de X,
c’est qu’il importe le bien Y pour lequel apparait un excès de demande de même valeur
que les exportations de X. Autrement dit on a:

PX* E XI  PY* EYI  P * E XI  EYI  0 (1)

où PX* est le prix unitaire de X sur le marché mondial;

PY* est le prix unitaire de Y sur le marché mondial;

PX*
et P*  * est le prix relatif international de X.
PY

De même pour le pays II :

PX* E XII  PY* EYII  P * E XII  EYII  0 (2)

(1) et (2)  P * ( E XI  E XII )  ( EYI  EYII )  0 . C’est la fameuse loi de Walras qui dit que
la somme de la valeur des excès de demande est nulle pour tout prix relatif
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international. Autrement dit, s’il y a équilibre sur le marché de X, il y a nécessairement


équilibre sur le marché de Y; c’est-à-dire E XI  E XII  0  EYI  EYII  0 .

D/ La FPP Mondiale et le Point Ricardien

La FPP mondiale est le lieu géométrique des productions mondialement efficientes.


Sur le graphique ci-dessous on suppose que le pays I a un avantage comparatif dans
la production de X et le pays II dans la fabrication de Y. On a en ordonnée les
quantités de Y qu’il est possible de produire mondialement. C’est la somme des
productions potentielles du bien Y par les pays I et II . La quantité maximale de Y
LI LII
qu’il est possible de produire est représentée par OS   . Cette quantité est
lYI lYII
obtenue quand les deux pays se spécialisent simultanément et totalement dans le bien
Y.

En abscisse sont représentées les quantités mondiales du bien X qu’il est possible de
LII LI
produire. Au point G ( OG  IIX  I ) les pays I et II se spécialisent simultanément
lX lX
dans le bien X.

Au point R, chaque pays se spécialise dans le bien de son avantage comparatif:

I en X et II en Y. Le point R est le point ricardien.

Supposons que nous partons du point S où I et II sont tous les deux spécialisés
dans la production de Y. Puisque pays II a l’avantage comparatif dans la production
de Y, demandons au pays II de rester spécialiser dans la production de Y pendant
que le pays I abandonne progressivement et de façon continue la production de ce
bien. Nous nous déplaçons alors du point S vers le point R et le coût d’opportunité de
Y en X est celui du pays I . De même, si à partir du point G le pays II produit de
moins en moins de X, la production de Y augmente et on se déplace à nouveau vers
le point R. La pente de la FPP mondiale entre les points G et R est donc le coût
d’opportunité du pays II .

La FPP mondiale est représentée par la ligne brisée SRG. Elle peut être obtenue en
déplaçant parallèlement à elles mêmes, les FPP des pays I et II jusqu’à ce qu’elles
passent par S et G respectivement.
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LI LII
S  I  II
lY lY

FPP Mondiale

LII
.R
lYII

FPPII

LI
lYI

FPPI

LI LII
G  II
0 LII l XI lX
LI X
l XII l XI

G/ L’Echange Inégal

La théorie de l’échange inégal a ses racines dans l’idée marxiste que la valeur est
seulement créée par le travail. Cet argument a été souvent invoqué par ceux qui
plaident pour une redistribution du revenu des pays riches aux pays pauvres (voir
Arghiri Emmanuel). Selon eux l’échange international "aboutit à l’exploitation d’un pays
et en empire la situation s’il utilise plus de travail pour produire ses biens exportés que
les autres en utilisent pour produire les biens qu’il reçoit en échange". Autrement dit,
un pays est exploité si ses exportations incorporent une quantité plus grande de travail
que ses importations.

Le tableau 5 indique le besoin unitaire travail, c’est-à-dire le nombre d’heures de travail


nécessaire pour la production d’une unité de chaque bien dans les pays I et II .
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Tableau5: Besoin Unitaire Travail des Biens X et Y dans les Pays I et II .

Pays I II
Biens
X 1 2
Y 6 3

I II
  6   3
On a  COY     COY    1,5. Par conséquent, I se spécialise en X et II
 X  1  X  2
en Y. Les termes de l’échange internationaux de Y en termes de X sont compris entre
6 et 1,5.

Si P*=4, alors une unité de Y s’échange contre 4 unités de X sur le marché mondial.
La production d’une unité de Y requière 3 heures de travail dans le pays II tandis que
la fabrication de 4 unités de X exige 4 heures de travail dans le pays I . Par
conséquent, sur le marché mondial 4 heures de travail du pays I s’échangent contre
3 heures de travail du pays II . L’échange est dit inégal et le pays I est dit exploité.

Si le prix relatif de Y sur le marché mondial passe à P*’=3, l’échange est toujours viable
et 3 X s’échangent contre 1 Y. L’échange est égal puisque 3 X contiennent autant
d’heures de travail du pays I qu’une unité de Y d’heures de travail du pays II .

L’inégalité de l’échange ne remet cependant pas en cause la profitabilité du commerce


international. Ainsi, lorsque P*=4, 4 heures de travail sont suffisantes au pays I pour
obtenir une unité de Y dans l’échange. Par contre la production directe de cette unité
de Y aurait exigé l’utilisation de 6 heures de travail dans le pays I . Chaque unité du
bien Y acquise dans l’échange procure un gain net de 2 heures de travail au pays I .

CHAPITRE II: La Théorie Néo-Classique du Commerce International: La Théorie


d’Heckscher-Ohlin.

Si le travail était le seul facteur de production comme le suppose le modèle ricardien,


l’avantage comparatif pourrait seulement provenir de différences internationales dans
la productivité du travail. Cependant, une vue réaliste de l’échange doit tenir compte
des autres facteurs de production que sont la terre, le capital, les ressources minérales
et halieutiques, … Ce Chapitre présente le modèle d’Heckscher-Ohlin (H.O.) ou
modèle des proportions de facteurs dans lequel les différences de ressources entre
les pays sont le seul facteur du commerce. La théorie H.O. met l’accent sur les effets
réciproques entre les proportions dans lesquelles les différents facteurs de productions
sont disponibles dans les différents pays et les proportions dans lesquelles ils sont
utilisés pour produire les différents biens.

Section I: Définitions de Concepts


20

Deux concepts importants sont inclus dans la démarche d’H.O. Ce sont les notions
d’abondance factorielle et d’intensité factorielle.

A/ Abondance Factorielle Relative

L’abondance factorielle relative peut être définie soit en termes de quantités physiques
de facteurs de production existant sur le territoire d’un pays, soit en termes de
rémunérations des services fournis par ces facteurs de productions.

Soient deux pays I et II , Ki le stock de capital et Li la population active, ri le taux de


rémunération du capital ou prix de location d’une unité de capital par unité de temps
dans le pays i ( (i  I , II ).

1-Abondance Physique des Facteurs

Le pays I est relativement plus abondant en travail que le pays II si le rapport entre
le montant total de travail et le montant total de capital est plus élevé pour le pays I
LI LII
que pour le pays II . Autrement dit, si  . Dans ce cas le pays II est
K I K II
relativement abondant en capital.

Dans cette définition, seule l’offre de facteurs de production disponible à un moment


donné dans l’économie est considérée.

2-Abondance Economique

L’abondance économique est basée sur les prix relatifs des facteurs qui résultent de
l’interaction entre l’offre et la demande de sur les marchés de facteurs. Le pays I est
dit relativement abondant en travail si la rémunération relative du travail est plus faible
I  II
dans le pays I que dans le pays II ; c’est-à-dire si  .
rI rII

Ces deux définitions d’abondance factorielle relative sont équivalentes


I  II LI LII
(    ) si les goûts et les préférences des consommateurs sont
rI rII K I K II
identiques dans les deux pays.

B/ Intensité Factorielle

Les biens X et Y n’incorporent pas tous les mêmes quantités de facteurs de production.
Ils ont des intensités factorielles différentes.

Soient Kj et Lj le nombre d’unités de capital et de travail nécessaires à la fabrication


d’une unité de bien j (j=X,Y). Le bien Y est relativement plus intensif en capital par
K K
rapport au bien X si X  Y .
LX LY
21

Si les facteurs de production sont substituables dans la fabrication des biens,


l’importance de l’utilisation du travail et du capital dans un secteur donné variera et
dépendra des rémunérations relatives des services des facteurs. Le rapport capital-
travail qui minimise le coût de production d’une quantité donnée d’un bien est relié
inversement à la rémunération relative du capital.

KE E

I0
0 LE R’ L

L’équilibre se situe au point où l’isoquante est juste tangente à la droite de revenu,



c’est-à-dire où TMSTLK  . L’équilibre du secteur de production de X dans le pays I
r
est au point E où la quantité XI produite correspond à l’isoquante I I . La pente de la
droite OE représente l’intensité capitalistique de l’industrie de X. En effet, on a pente
OK E
OK E XI K
de OE    X.
OLE OLE LX
XI

C/ Construction de la FPP Quand les Coûts d’Opportunité sont Croissants

Soient deux biens X et Y intensifs en L et K respectivement. Si le pays I est abondant


en travail, les conditions de production sont représentées par les graphiques suivants:
22

K K

Y3
Y2
Y1

X3
X2
X1
OX L OY L

Pour tout niveau de production donné de Y, les quantités disponibles des facteurs de
production dans le pays I notées LI et K I limitent le volume de production domestique
de X que le pays peut offrir. Ces limites représentent des points sur la FPP du pays I .
La FPP est construite à partir d’un diagramme rectangulaire dont les dimensions
représentent les dotations du pays I en travail ( LI ) et capital ( K I ).
23

Origine du producteur
de Y dans le pays I
K
L OY

X4 Courbe de contrat

X3

X2
X1
Y1
P

KI
Y2
KQ Q
Y3

Y4
R Z

OX
L
K
V LQ
(OXLQ) V
( LI  O X LQ )

Y
O’X
. R’
. Q’

. Z’

. P’

O’ O’Y X
24

A partir de l’origine O X nous représentons le graphique sur lequel sont portées les
isoquantes relatives au bien X. Puis nous tournons le graphique correspondant au bien
Y dans le sens contraire des aiguilles d’une montre de telle sorte que son origine se
situe à l’angle Nord-Est, et que la longueur mesurée horizontalement soit égale à la
quantité disponible de travail ( LI ) et la largeur mesurée verticalement soit égale à la
dotation de capital du pays I ( K I ).

Chaque point à l’intérieur de la boîte représente une allocation possible des ressources
entre les productions X et Y. Au point Q par exemple, les quantités de travail et de
capital utilisées dans la production de X sont (O X LQ ) et (O X K Q ) respectivement. En
ce point ( LI  O X LQ ) unités de travail et ( K I  OX K Q ) unités de capital sont affectées
à la production du bien Y.

Les points de tangence des isoquantes sont les points de productions efficientes des
deux biens X et Y dans le pays I . Ces points forment la courbe de contrat. Sur la
courbe de contrat, l’output de Y est maximisée étant donné un niveau de production
de X.

La FPP est obtenue en notant pour chaque point sur la courbe de contrat les quantités
des deux biens X et Y produites dans le plan (X,Y). Les points OX , R, Q, P, OY sur la
courbe de contrat correspondent aux points O' X , R' , Q' , P' , O'Y sur la FPP du pays I .
Etant donné que le pays I est abondant en travail et que le bien X est intensif en
travail, sa FPP est plus décentrée dans la direction de X que dans la direction de Y.

Section II: Les Hypothèses du Modèle H.O.

Le modèle H.O. suppose:

-Deux pays ( I et II ) produisant deux biens homogènes (X et Y) à l’aide de deux


facteurs de production (L et K) homogènes et substituables;

-Il y a immobilité des facteurs de production entre pays et mobilité parfaite à l’intérieur
de chaque pays;

-Il y a concurrence parfaite sur les marchés des biens et des facteurs des deux pays.
Cela implique que les prix des facteurs sont les mêmes dans chaque industrie, que le
prix de chaque bien est égal au coût marginal, et que le plein emploi est réalisé;

-L’état de la technologie est le même dans tous les pays. Cela suppose que les
fonctions de production sont identiques. On dit qu’il y a parité technologique;

-Les rendements d’échelle sont constants;


25

-La productivité marginale des facteurs est positive et décroissante, c’est-à-dire que le
coût marginal de chaque facteur est croissant;

-Les biens peuvent être classés selon leur intensité factorielle;

-Les coûts de transport sont nuls et il n’y a pas de barrières tarifaires entre les pays;

-Les conditions de la demande sont identiques pour tous les pays partenaires à
l’échange.

Section III: Le Théorème d’Heckscher-Ohlin (H.O.)

L’objectif central de la théorie d’H.O. est d’expliquer les différences de prix relatifs
autarciques entre les pays. Quand un facteur donné est abondant dans un pays, le
prix de marché de ce facteur a tendance à être bas, et les biens qui sont intensifs dans
ce facteur seront relativement moins chers dans ce pays que dans le reste du monde.
Si un autre facteur de production est rare dans un pays, les biens intensifs dans ce
facteur seront relativement plus chers qu’à l’étranger. D’où:

Théorème : Un pays a un avantage comparatif dans le bien dont la production est


intensive dans le facteur relativement abondant dans ce pays; ce bien sera exportable.
Inversement, il aura un désavantage comparatif dans le bien dont la production est
intensive dans le facteur relativement rare; ce bien sera importable.

Section IV: Echange et Répartition des Revenus

Le commerce international dans le modèle H.O. améliore le bien être de chaque pays
partenaire et modifie la répartition interne des revenus dans chaque pays en faveur du
facteur de production abondant.

A/ Gains à L’Echange des Pays Partenaires

A l’ouverture du commerce entre pays, la demande d’importation de chaque pays


augmente la production des biens de l’avantage comparatif de l’autre. Il se produit
donc une réallocation des ressources productives en faveur du secteur de production
du bien de l’avantage comparatif. Cette réallocation des ressources continue jusqu’à
ce que le coût d’opportunité dans la production soit égal aux termes de l’échange
internationaux. Graphiquement les pentes des droites DD et TT représentent le prix
relatif autarcique de X et les termes de l’échange internationaux respectivement.
L’équilibre autarcique est au point A où les quantités produites et consommées sont
XA et YA, et le niveau de bien être communautaire est I O . A l’équilibre, en situation
d’échange, les quantités XP et YP sont produites tandis que les quantités XC et YC sont
consommées. Par conséquent, FP=XCXP unités de X sont exportées en échange de
FC=YPYC unités de Y. FPC représente le triangle des échanges. Le
26

T
Y

D
YC C

YA A

YP F P
D

T
O XC XA XP X

commerce international permet au pays I d’atteindre un niveau de satisfaction plus


élevé qu’en autarcie ( I 1 > I O ).

En présence de coûts d’opportunité croissants, la spécialisation est en générale


incomplète. Dans ce cas, même si un pays s’est spécialisé dans la production du bien
pour lequel il a un avantage comparatif, il conserve une partie de la production du bien
dans lequel il a un désavantage comparatif et ceci de façon compétitive par rapport
aux importations.

B/ Gains à L’Echange et Répartition Interne des Revenus

Les termes de l’échange internationaux d’équilibre sont compris entre les prix
autarciques. Cela implique que dans chaque pays partenaire, le prix relatif du bien de
l’avantage comparatif tend à s’élever à l’ouverture au commerce. Dans le modèle H.O.
il en résulte une tendance à l’égalisation des prix des facteurs de production.

Soient deux pays I et II abondants en travail et en capital respectivement.


Supposons en outre que les deux pays produisent deux biens X et Y, et que X est
relativement plus intensif en travail. Si on note wi et ri le taux de salaire et le prix de
I  II
location du capital dans le pays i (i= I , II ), alors on a  en autarcie.
rI rII
27

A l’ouverture au commerce international, la réallocation progressive des facteurs de


production à la fabrication d’unités supplémentaires de X va devenir de plus en plus
coûteuse dans le pays I . En effet, en augmentant la production du bien X, les
fabricants dans le pays I vont accroître leur demande de capital et de travail sur les
marchés des facteurs. Puisque X est intensif en travail, la demande de ce facteur sera
plus forte que celle de capital dans le secteur de production de X. L’abandon
progressive de la production de Y et l’accroissement concomitant de la fabrication de
X, supposent que le capital, qui est le facteur rare, est délaissé de façon plus
importante dans le secteur de production de Y qu’il n’est demandé dans l’industrie de
X. La demande totale de capital va baisser tandis que celle de travail augmente. Pour
des quantités offertes des deux facteurs, il apparaîtra un excès de demande de travail
et un excès d’offre de capital sur les marchés des facteurs. L’équilibre est rétabli par
une hausse du taux de salaire ( I ) et une baisse du taux de rémunération du capital
(rI ).

Ainsi dans le pays I , abondant en travail, la rémunération relative du travail tend à


s’élever suite à la hausse du prix relatif de X. Dans le pays II , l’augmentation de rII
et la baisse de  II se traduisent par une baisse du prix relatif du travail.

Les graphiques suivants illustrent la relation entre les prix des biens et les prix des
facteurs de production. La concurrence parfaite implique que, dans chaque pays, les
rémunérations des facteurs de production sont égales dans les différentes industries,
et que le prix de marché de chaque bien soit égal à son coût de production. Pour

r
X’
X

X’

O 
28

tout prix donné d’un bien, la contrainte prix égal coût de production définit un ensemble
de prix possibles des facteurs. Par exemple pour un prix donné du bien, plus haut est
le taux de salaire  , plus bas doit être le taux d’intérêt r . La courbe XX représente
toutes les combinaisons de  I et rI pour lesquelles le coût de production d’une unité
de X est égal à son prix. Si le prix de X augmente, l’industrie est en mesure de payer
un salaire plus élevé ou un taux d’intérêt plus élevé; la droite XX se déplace vers la
droite.

L’économie ne produira les deux biens que si le prix est égal au coût de production
d’une unité de bien dans les deux secteurs. Cette égalité est vérifiée pour les deux
biens au point d’intersection des deux courbes XX et YY au taux de salaire   et au
taux d’intérêt r  .

r
Y X’
X

r* E

r’ E’
Y

X’

O  ' 

Il est donc possible de déterminer les prix des facteurs à partir des prix des biens sans
faire référence aux quantités disponibles de facteurs de production dans chaque pays.

Lorsque le prix de X augmente, le taux de salaire augmente et le taux d’intérêt baisse


dans le pays I . Par conséquent le prix relatif du travail augmente plus que
proportionnellement. Il y a un effet amplifié des prix des biens sur les prix des facteurs.
D’où:
29

Théorème de Stolper-Samuelson

Un accroissement dans le prix relatif d’un produit augmente la rémunération réelle du


facteur de production intensif dans la production de ce bien et diminue celle du facteur
de production non intensif dans la production du produit.

Il en résulte que dans le modèle H.O., l’ouverture aux échanges modifie la répartition
du revenu à l’intérieur de chaque pays en faveur du facteur abondant. Plus
précisément, les propriétaires des facteurs abondants gagnent à l’échange
international tandis que les détenteurs de facteurs rares y perdent.

Lorsqu’un pays s’ouvre au commerce international, le prix relatif du bien de son


avantage comparatif augmente. Ceci entraîne une augmentation du prix relatif du
facteur abondant dans le pays et une hausse de la rémunération relative de l’autre
facteur dans le reste du monde. Ainsi dans le pays I , relativement abondant en travail,
la rémunération relative de ce facteur tend à s’élever tandis qu’elle tend à baisser dans
I  II
le pays II . Puisqu’en autarcie on a  , ces mouvements tendent à réduire l’écart
rI rII
entre les prix relatifs entre les pays. En l’absence de tout obstacle (coûts de transport,
tarifs, imperfections du marché, …..) cette tendance conduit à l’égalisation complète
des prix des facteurs. D’où:

Théorème d’Heckscher-Ohlin-Samuelson ou Théorème d’Egalisation des Prix


des Facteurs: Lorsque le libre échange s’instaure entre deux pays, cela engendre
une tendance à l’égalisation des prix relatifs et absolus entre ces pays. Si les deux
économies continuent en libre échange à produire les deux biens, cette tendance se
poursuivra jusqu’à l’égalisation complète des prix des facteurs entre les deux
partenaires.

Section V: Spécialisation Internationale et Croissance

Les augmentations du stock de capital par l’investissement, celle de la main d’œuvre


par la croissance de la population ou l’immigration, ou les découvertes de nouvelles
ressources naturelles, vont avoir un impact sur les avantages comparatifs des pays.
La croissance d’un facteur de production engendre une augmentation biaisée de la
capacité de production du pays concerné en faveur du bien intensif dans ce facteur.

Tibor Rybczynski a démontré dans le cadre du modèle H.O. une proposition reliant le
commerce d’un pays à l’accroissement de ses facteurs de production. Cette
proposition connue sous le nom de Théorème de Rybczynski s’énonce comme suit:

Théorème de Rybczynski La croissance d’un facteur de production, à prix constants


des produits, engendre une croissance absolue de la production du bien intensif dans
ce facteur et une réduction absolue de la fabrication du bien intensif dans l’autre
facteur.
30

Section VI: Stabilité de L’Equilibre International

A/ Les Courbes d’Offre de Commerce (COC)

La construction de la COC se fait en deux étapes:

-pour différents niveaux des termes de l’échange, quels sont les volumes de X et de Y
qu’un pays donné souhaite exporter ou importer? Les combinaisons des exportations
de X et des importations de Y correspondant à différents niveaux des termes de
l’échange donnent sa courbe d’offre de commerce ou sa demande réciproque;

-ensuite, l’intersection des COC des deux pays détermine les termes de l’échange, et
à l’équilibre, selon la loi de Walras, la somme des excès de demande doit être nulle
pour chaque bien.

Pour construire la COC d’un pays, on construit d’abord ses courbes d’indifférence du
commerce (CIC): ensuite, sous la contrainte de la droite des prix, on obtient la COC.

1) Construction de la CIC

B G H

D
K u
A m
L

x C E F O J  EX

Dans le cadran Nord-Ouest la FPP du pays I est CAD et I O est sa courbe


d’indifférence communautaire qui est tangente à la courbe de transformation au point
31

A. Dans ce graphique, la différence entre la production et la consommation de X et Y


représente les excès de demande. Pour lire les quantités consommées, on doit se
rapporter à l’origine des axes O.

Le point A correspond à l’équilibre autarcique. La production de X est égale à la


consommation qui est égale à EO= AI . La quantité produite de Y est égale à la
consommation de Y qui est égale à AE= OI . Les quantités de X et Y importées et
exportées au point A sont nulles. L’origine O constitue donc un point de la courbe
d’indifférence de commerce.

Maintenant, faisons glisser la FPP (CAD) parallèlement à elle-même en la maintenant


tangente à la courbe d’indifférence communautaire I O . B est alors le nouveau point
de tangence de la FPP et I O . En ce point B, la production de X est BH et sa
consommation BG. La quantité GH=OJ de X est donc exportée. Toujours au point B,
la production de Y est BK tandis que la consommation de ce bien s’élève à BF. Cela
implique que KF=uJ de Y unités sont importées. Le point u est donc un autre point sur
la courbe d’indifférence du commerce. En joignant les points tels que O et u on obtient
la courbe d’indifférence du commerce CICO . Une courbe d’indifférence du commerce
à gauche de CICO représente une plus grande satisfaction étant donné que le pays
obtient une plus grande quantité de Y en échange d’une quantité donnée de X
exportée.
32

2) Construction de la Courbe d’Offre de Commerce (COC)

La construction de la COC se fait à partir des CIC et des termes de l’échange. Soit Pa
et P1 deux niveaux des termes de l’échange. Pa est le prix relatif autarcique. Par
conséquent, la droite des termes de l’échange Pa est tangente à la CICO au point O
tandis que la droite des termes de l’échange P1 est tangente à CIC1 au point B sur le
graphique ci-dessous. En joignant les points tels que O et B on obtient la courbe d’offre
du commerce du pays I , COCI .

P1

Pa
B

O  EX

3) L’Equilibre International

En supposant que le pays II a un avantage comparatif dans la production de Y, on


obtient de la même manière ses CIC et sa COC. Notons que ses courbes d’indifférence
communautaires seront dans le cadrant Sud-Est. L’équilibre international est obtenu à
l’intersection des COC des pays I et II au point E sur le graphique ci-dessous. E
33

est l’équilibre international puisqu’en ce point on a  EYII  EYI et E XII   E XI . Il en résulte


que Pe représente les termes de l’échange d’équilibre ou le prix relatif international
d’équilibre.

On peut montrer que le point E est optimal du point de vue des deux pays puisque
toute déviation de E entraîne la baisse du bien-être d’au moins un des pays.

Pe

O  E XI ,  E XII

B) COC, Elasticités et Stabilité de L’Equilibre International

1) Définitions

On appelle élasticité de la COC, le rapport entre une variation proportionnelle des


importations et une variation proportionnelle des exportations.

Supposons que le pays I exporte le bien X et importe le bien Y. Notons x les quantités
exportées du bien X et y les importations de Y. L’élasticité de la COC,  , est
34

y
y y x
I   . pour de petites variations de x, on a:
x x y
x
dy x
I  . (1)
dx y

On définit de la même façon l’élasticité de la demande d’importation et l’élasticité de


l’offre d’exportation.

L’élasticité de la demande d’importation mesure la variation relative de la quantité


importée y induite par une variation de 1 pourcent du prix relatif des importations.

1 1 x
Si P est le prix relatif de X, est le prix relatif de Y et à l’équilibre on a Px  y  
P P y
et l’élasticité de la demande d’importation e I est

dy 1
 
y dy  P  1 x
eI   . . En utilisant la relation  , et après quelques
1 1 y P y
d  d 
P P
1
 
P
manipulations, on obtient la relation

I eI 1
eI   I   (2)
1  I 1  e1 1
1
eI

Quand e  0  alors   0  autrement dit, quand la demande d’importation est


inélastique (élastique), la COC est inélastique (élastique).

L’élasticité de l’offre d’exportation  est égale à la variation relative de la quantité


exportée, x, divisée par la variation relative du prix relatif des exportations.

dx
dx P 1 x
I  x  . . En utilisant la relation  , et après quelques manipulations, on
dP dP x P y
P
a 1 (3)
I 
 I 1
eI   I  1
(2) et (3) impliquent qu’à l’équilibre (4)
35

2) Stabilité de L’Equilibre: Condition de Marshall-Lerner

Un équilibre est dit stable si l’économie retourne automatiquement à cet équilibre


après une petite déviation causée par un choc.

Selon l’hypothèse de tâtonnement walrasien, s’il y a excès de demande, le prix


augmente tandis que l’excès d’offre fait baisser le prix. Aussi:

-une baisse de prix à partir de l’équilibre entraîne un excès de demande;

-une hausse de prix à partir de l’équilibre entraîne un excès d’offre.

Il existe donc une relation négative entre l’excès de demande et le prix à partir de
l’équilibre. En supposant que le pays I exporte le bien X, tandis que le pays II
importe le bien X, on a E XI  0 et E XII  0 . Algébriquement on a


d E XI  E XII  0 
dE XI dE XII
 0
dP P  Pe
dP dP

 dE XI P  E XI  dE XII P  E XII
  . I    . II  0
 dP E X  P  dP E X  P

1 dE XI P dE XII P
 ( I E XI  eII E XII )  0 où   I ,  e II et puisque E XI   E XII on a
P dP E XI dP E XII

E XI
 I  eII   0   I  eII  0 car E XI  0
P

 eII   I  0 on sait en outre que eI   I  1   I  1  eI

eII  eI  1
(5)
qui est la condition de stabilité de l’équilibre international appelée condition
Marshall-Lerner. En d’autres termes, l’équilibre international est stable si la somme
des élasticités des demandes d’importations des deux pays est supérieure à 1 en
valeur absolue.

CHAPITRE III: Les Nouvelles Théories du Commerce International

Les nouvelles théories du commerce international que nous considérons ici sont
l’approche néo-factorielle et l’approche néo-technologique qui peuvent être
36

considérées comme des améliorations des premières théories du commerce


international.

A/ L’Approche Néo-factorielle

Pour l’approche néo-factorielle, l’éducation (le facteur humain transformé à l’aide de


l’éducation) est l’élément déterminant de l’avantage comparatif d’un pays. L’éducation
permet d’obtenir de la main-d’œuvre qualifiée. Ce qui permet d’augmenter la
productivité du travail.

B/ L’Approche Néo-technologique

L’approche néo-technologique tente d’expliquer les échanges internationaux à partir


de l’écart technologique et le cycle du produit.

1) Ecart technologique: un nouveau produit, dû à une nouvelle technologie,

attribue un monopole à l’exportation au pays initiateur. Ici le facteur capital explique


l’avantage comparatif à l’exportation d’un pays. L’écart technologique résulte de
l’effet d’investissement dans la recherche développement qui permet à un pays de
découvrir de nouveaux processus de production et lui confère un avantage
comparatif. La spécialisation se fait donc dans les produits nouveaux intensifs en
recherche.

2) Cycle du Produit: le cycle du produit comprend quatre phases:

-L’émergence correspond à la naissance ou au lancement du produit. Dans cette


phase, le produit est intensif en technologie et dépenses en recherche et
développement. Le prix du produit est élevé et le marché intérieur est plus apte à
servir de test au produit et il n’y a pas d’échange entre pays.

-La naissance ou le décollage

Le produit se développe, connait une standardisation, maid sa production requiert


une forte intensité capitalistique. Il y a un flux d’échange du pays innovateur vers les
pays développés suiveurs.

-La maturité et la saturation

Cette étape est caractérisée par la banalisation de la technologie de production car


les techniques de production sont connues de tout le monde et l’emploi de la main-
d’œuvre semi qualifiée s’accroît dans la production du bien. Il y a inversion du flux
des échanges c’est-à-dire que les pays développés suiveurs deviennent exportateurs
du produit.

-Le déclin
37

Le produit devient obsolète et la main-d’œuvre non qualifiée devient le principal


facteur de production. Dès lors, les pays développés innovateurs et suiveurs
deviennent importateurs et les pays en développement exportateurs du produit.

A mesure que la demande du nouveau produit croît, que la technique de production


se diffuse et est assimilée dans d’autres pays, que la technologie de production est
standardisée, les déterminants de base de l’avantage comparatif expliquent la
localisation de la production et donc le passage d’un cycle à l’autre ( R et D, main-
d’œuvre qualifiée, main-d’œuvre semi qualifiée et main-d’œuvre non qualifiée).

La montée des firmes multinationales peut conduire à la réduction ou à l’élimination


du cycle du produit. Une firme multinationale peut décider que la production initiale
soit réalisée dans une filiale étrangère et non dans le pays initiateur.

Les approches néo-factorielle et néo-technologique montrent que l’avantage


comparatif n’est pas définitif.

DEUXIEME PARTIE: LA POLITIQUE COMMERCIALE

Chapitre I: Les Instruments de la Politique Commerciale

Les théories classiques montrent que le libre-échange améliore le bien-être dans


chaque pays partenaire à l’échange. Cependant, dans le monde réel on constate que
les entraves à l’échange international existent et tentent de le restreindre. Les
politiques commerciales peuvent être regroupées en deux grandes catégories:

-Les restrictions tarifaires qui influencent directement les prix. Ce sont par exemple
les droits de douane et les subventions à l’importation, les taxes et subventions à
l’exportation.

-Les restrictions non tarifaires influencent directement les quantités. On peut citer les
quotas et les interdictions d’importation ou d’exportation.

En général, les droits de douane qui sont des taxes à l’importation peuvent prendre
trois formes: ad valorem, spécifique, ou une combinaison de ces deux types.

Le droit de douane ad valorem est exprimé sur la base d’un pourcentage du prix d’un
bien importé. Si le prix à l’importation ou prix international d’un bien est Pm=110
francs CFA, et si la taxe ad valorem est ta=10%, l’importateur doit verser à l’Etat
10
Pm.10%  110.  11 francs CFA sur chaque unité du bien importée.
100

De manière générale, si Pm est le prix mondial de X, ta le droit de douane ad valorem


et Pd le prix intérieur de X, on a:

Pd  Pm(1  t a ) (6)
38

-Le droit de douane spécifique est une taxe à l’importation prenant la forme d’un
montant fixe à payer par unité du bien importée. Si ts est le droit de douane
spécifique, l’importateur verse à l’Etat ts francs par unité importée. On a:

Pd  Pm  t S (7)

Si Pm=110 francs et ts=10 francs, alors Pd=110 +10=121 francs.

-Il est possible de combiner un droit de douane ad valorem et un droit de douane


spécifique. Dans ce cas, on a:

Pd  t S  Pm(1  t a ) (8)

Chapitre II: Approche d’Equilibre Partiel et Mesure des Gains de l’Echange en


Termes de Surplus

Section I: Equilibre International: le Cas d’un Petit Pays

Un petit pays sur le marché d’un bien est un pays qui ne peut influencer les cours
mondiaux de ce bien. Il en résulte que le prix international est fixé par le RDM et c’est
à ce prix que les décisions concernant la consommation et la production sont prises
dans le petit pays.

Sur le graphique ci-dessous, l’équilibre autarcique est le point A où QA unités du bien


sont produites et consommées au prix Pa. Le surplus des consommateurs (SCa) est
alors ABPa tandis que le surplus des producteurs (SPa) est GAPa. Dans l’échange,
le surplus des consommateurs augmente et devient CSe=ABPa+AFPmPa+AFP,
pendant que le surplus des producteurs (SPe) baisse de AFPmPa. Le surplus social
augmente au total de AFC qui représente un gain net pour le pays.

Il faut cependant noter que la perte des producteurs peut être compensée par les
gains des consommateurs.
39

CFA

B
O

Pa A

C
Pm Offre monde
F E

G Importations D

O QO QA QD Q

Section II: Equilibre International: le Cas de Deux Grands Pays

Un grand pays est un pays qui peut exercer une influence sensible sur les
CFA CFA CFA
Marché mondial Pays O
Pays

O
PII

PE

PI

D
O Q O Q O Q

cours mondiaux. Supposons que les pays I et II sont de grands pays présents sur
le marché mondial de X et que le pays I a un avantage comparatif dans la production
40

du bien X. L’équilibre international est réalisé au prix P E auquel les exportations du


pays I (excès d’offre) sont égales aux importations de bien X (excès de demande)
par le pays II . PE est compris entre les prix autarciques PI et PII du bien X. Si PE< PI
, les pays I et II auront tous les deux des excès de demande du bien X. Si PE> PII , ils
auront tous les deux simultanément des excès d’offre du bien X. Les zones hachurées
pour les pays I et II représentent leurs gains nets à l’échange.

Chapitre III: Les Effets d’un Tarif Douanier Nominal

Un tarif douanier affecte à la fois la consommation, la production, le bien-être collectif


et la distribution du revenu dans le pays.

Section I: Cas d’un Petit Pays

Puisque le petit pays n’a aucune influence sur le prix mondial, le prix intérieur
augmente du montant du droit de douane, ta, en passant de Pm à PT=(Pm+ta). La
production augmente de Qom à QOT tandis que la demande interne baisse de QDm à
QDT. Par conséquent, les importations baissent de (QDm-Qom) à (QDT-QOT). Le surplus
des consommateurs passe de (a+b+c+d+e+f) à (a+f) tandis que le surplus des
producteurs passe de g à (g+b). Par conséquent, à l’ouverture à l’échange
international, la variation du surplus des consommateurs est ΔSC=+b, tandis que le
surplus des producteurs et la recette fiscale varient de ΔSP=(-b-c-d-e) et ΔT=d
respectivement. Le gain net de bien-être pour le pays est donc
ΔSS=ΔSC+ΔSP+ΔT=(c+e). C est appelé la perte de distorsion de la production et e
CFA

PT f
Prix intérieur
ta b d e
c
Pm Offre monde
g

Importations D

O QOm QOT QDT QDm Q


41

est la perte de distorsion de la consommation.

Section II: Cas d’un Grand Pays

Avec le droit de douane, le prix intérieur augmente de Pm à P T, tandis que sur le


*
marché international le prix mondial baisse de Pm à PT =(PT-ta) du fait de la baisse de
la demande du bien taxé dans le grand pays importateur. Par conséquent, quand on
passe de la situation de libre échange à une situation avec la taxe, on a:

CFA

PT f
Prix intérieur
b c d e
ta Pm
Offre monde
* h
P
T

Importations D

O QOm QOT QDT QDm Q

gain des producteurs ΔSP=b

perte des consommateurs ΔSC= -b-c-d-e

recette douanière ΔT=ta(QDT-QOT)= d+h

perte d’efficience= -c-e

perte nette de bien-être ΔSS=ΔSP+ΔSC+ΔT= -c-e+h. La perte nette de bien-être peut


être positive ou négative. Le résultat dépend des élasticités des courbes d’offre et de
demande dans le pays qui impose le tarif sur ses importations et dans le reste du
monde. Le rectangle h représente les gains de termes de l’échange qui viennent de
ce que le droit de douane abaisse les prix étrangers d’exportation. C’est la part du
fardeau des tarifs que supporte le pays étranger. Le droit de douane améliore les
termes de l’échange du grand pays qui impose le tarif à l’importation. Mais cette
politique peut provoquer des représailles de la part des autres grands pays.
42

CHAPITRE IV: LA PROTECTION

L’effet des différentes mesures d’incitation (tarifs douaniers, restrictions quantitatives,


etc.) qui influencent l’allocation des ressources entre les diverses industries est
mesuré par le taux de protection nominale et le taux de protection effective.

Section I: La Protection Nominale

Le taux de protection nominale (TPN) mesure l’accroissement relatif (en pourcentage)


du prix d’un produit sur le marché intérieur par rapport à son prix sur le marché
international.
Pd  Pm Pd
TPN   1 (8)
Pm Pm

où:

Pd est le prix du produit sur le marché intérieur. C’est le prix sortie usine n’incluant ni
les taxes indirectes, ni les coûts de transport, ni les marges commerciales;

Pm représente le prix du produit sur le marché international en monnaie nationale.


C’est le prix CAF (coûts, assurances, frêt [frais de transport]).

Pour les industries d’exportation, la protection nominale est nulle s’il n’y a ni taxe, ni
subvention à l’exportation. Une subvention à l’exportation confère une protection
nominale positive. En revanche, les activités d’exportation qui sont frappées d’une taxe
de sortie ont une protection nominale négative.

La protection nominale est insuffisante pour mesurer l’effet des mesures de protection
d’une activité économique donnée parce qu’elle ne tient pas compte de la protection
dont bénéficient les matières premières. Cette lacune est corrigée par la protection
effective.

Section II: Le Taux de Protection Effective (TPE)

La protection effective permet de mesurer l’impact de toutes les mesures de protection


(affectant aussi bien le produit final que les biens intermédiaires) sur la valeur ajoutée
d’une industrie.

Le taux de protection effective est le pourcentage d’augmentation de la valeur ajoutée


domestique (VAD) entraînée par la protection par rapport à sa valeur ajoutée
internationale (VAI). On a:

VAD  VAI VAD (9)


TPE   1
VAI VAI

où VAD est la valeur ajoutée aux prix domestiques; et VAI représente la valeur ajoutée
aux prix internationaux.
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