Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
ÉDUCATEUR SPÉCIALISÉ
DEES
MODULES
DC 2.
Conception
et conduite
de projet éducatif
spécialisé
2e édition
Série dirigée par Stéphane Rullac
Stéphane Rullac
Éducateur spécialisé, docteur en anthropologie,
formateur-chercheur dans une école
du travail social
Cécile Soris
Éducatrice spécialisée,
responsable d’une Antenne d’action éducative
en milieu ouvert dans le secteur associatif
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 2
Avant-propos
Le diplôme d’état d’éducateur spécialisé (DEES) a fêté ses 40 ans en 2007, tout en se voyant
simultanément remanié pour la seconde fois de son histoire. Après 1990, la formation
proposée aux éducateurs spécialisés est de nouveau revisitée par le décret n° 2007-899 du
15 mai 2007. Toute modification porte en elle la même question : qu’apporte la nouvelle
donne et représente-t-elle un progrès ?
Les huit anciennes unités de formations (UF) laissent la place à quatre domaines de formation
(DF). En passant d’une approche thématique (UF 1 : Pédagogie générale ; UF 2 : Pédagogie
de l’expression et techniques éducatives ; UF 3 : Approches des handicaps, des inadaptations
et pédagogie de l’éducation spécialisée ; UF 4 : Vie collective ; UF 5 : économie et société ;
UF 6 : Unité juridique ; UF 7 : Culture générale professionnelle ; UF 8 : Unité de spécialisation),
à celle de la compétence, le nouveau DEES est révolutionné. En effet, la formation est
désormais structurée autour de l’acquisition de quatre domaines de compétences (DC 1 :
Accompagnement social et éducatif spécialisé ; DC 2 : Conception et conduite de projet
éducatif spécialisé ; DC 3 : Communication professionnelle en travail social ; DC 4 : Implication
dans les dynamiques partenariales, institutionnelles et interinstitutionnelles).
Ce changement est révolutionnaire dans la mesure où la formation est directement mise au
service de l’acte éducatif. Les formateurs ont désormais l’obligation de dispenser un contenu
et de mettre en place un processus formatif tourné vers le savoir-faire. Cet objectif implique
l’interdisciplinarité et renvoie à l’arrière-plan l’approche thématique. Le fameux lien avec le
terrain est intimement lié aux contenus dispensés ; il est même au cœur de l’objectif
pédagogique. Cette exigence d’opérationnalité incombe dorénavant exclusivement aux
formateurs qui sont tenus de mettre leurs connaissances au service d’un métier.
Ce nouveau dispositif intègre massivement la méthodologie dans son contenu : le travail
d’équipe, la méthodologie de projet et les écrits professionnels. Le défi formatif est de ne pas
tomber dans l’acquisition d’une procédure qui oublierait que l’humain reste au cœur de
l’éducation spécialisée. Le projet éducatif s’adresse à des individus qui doivent rester maîtres
de leur existence. Ainsi, en nous penchant sur le « comment », nous allons défendre le
« pourquoi » et à travers lui l’identité professionnelle.
Cette réforme donne une place plus importante aux lieux de stage. En validant seuls les écrits
professionnels que chaque étudiant est tenu de réaliser pendant ses stages, les « acteurs de
terrain » se voient confier, en totale autonomie, un accompagnement pédagogique et une
certification. Cette reconnaissance rapproche un peu plus la formation des réalités de terrain.
Cette réforme porte finalement en elle la définition d’une méthodologie propre à l’éducation
spécialisée qui dépasse la méthodologie de projet, pour s’affirmer comme une véritable
pédagogie de l’éducation spécialisée. Les manuels que nous vous proposons pour les quatre
domaines de compétences contribuent à cette indispensable construction théorique
collective. La responsabilité incombant à tous les acteurs de ce champ professionnel ne saurait
voir la pratique qui la met en œuvre se dispenser de la théorie cohérente dont elle est le fruit.
Stéphane Rullac
Directeur de collection
3
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 4
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 5
Sommaire
Avant-propos ................................................................................................................................... 3
Sommaire .............................................................................................................................................. 5
Introduction ...................................................................................................................................... 11
6 • Sommaire
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 7
Sommaire • 7
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 8
8 • Sommaire
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 9
II Le mémoire........................................................................................................................ 210
1. Définition officielle............................................................................................................ 210
2. L’esprit .................................................................................................................................... 210
3. Objectifs ................................................................................................................................ 212
4. Méthode................................................................................................................................ 212
5. Aspects formels .................................................................................................................. 213
Sommaire • 9
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 10
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 11
Introduction
Par Stéphane Rullac
11
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 12
est alors vue comme contraire à l’efficacité qui doit reposer sur une totale liberté, comme
le sous-entendait Fernand Deligny :
« Il ne s’agit donc pas de méthode, je n’en ai jamais eu. Il s’agit bien, à un moment donné,
dans des lieux très réels, dans une conjoncture on ne peut plus concrète, d’une position
à tenir. Il ne m’est jamais arrivé de pouvoir la tenir plus de deux ou trois ans. à chaque
fois, elle était cernée, investie et je m’en tirais comme je pouvais, sans armes et sans
bagages et toujours sans méthode1. »
12 • Introduction
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 13
formule pour répondre aux besoins de l’usager. Ce pari constitue la problématique édu-
cative. La théorie est donc le ciment d’un édifice construit brique par brique en actions
diverses qui s’articulent entre elles.
La méthodologie de projet ne permet pas de prévoir l’avenir. Un récent article (« Le chaos
est finalement partout », Science et vie, avril 2010) affirme que les physiciens se rendent
aujourd’hui compte que l’avenir est toujours imprévisible : « même un système le plus sim-
ple peut présenter une évolution imprévisible, semblant faire du chaos l’essence même de
toute dynamique ». Si les physiciens semblent découvrir la complexité, celle de la vie
humaine est connue depuis longtemps. Ce n’est donc pas à l’heure de la découverte de la
complexité généralisée, y compris dans les sciences exactes, que l’éducation spécialisée
doit revendiquer son exactitude, en tant qu’éléments des sciences humaines. Restant une
activité basée sur la relation, la méthodologie de projet éducatif reste une démarche aléa-
toire dans ses effets. La première source d’imprévisibilité réside dans le désir de l’usager
qui fait ainsi valoir sa propre et inaliénable liberté de choisir. C’est dans cette logique que
le professionnel ne doit imposer ses choix, en fonction de ses propres désirs. Le projet édu-
catif est avant tout tourné vers les intérêts de l’usager (besoins et/ou attentes). Pour ce
faire, parmi toutes les réponses possibles, face à la problématique éducative, la démarche
du professionnel consiste à tenter de trouver celle qui convient le mieux aux besoins repé-
rés de la personne suivie, à un moment donné, en fonction de son désir et des contraintes
de son environnement. La rigueur de la démarche consiste donc à déterminer cette voie
forcément unique et momentanée. Il ne s’agit donc pas de prévoir dans l’absolu (la vérité),
mais de tenter de tracer au fur et à mesure le chemin le mieux adapté pour autrui (la réa-
lité). Cette ambition ne consiste pas à la recherche d’un chemin universel et reproductible,
mais de tenter de trouver le chemin le plus adapté dans une situation donnée. L’ambition
du projet éducatif réside donc dans sa capacité à situer les effets de l’accompagnement
par rapport aux besoins repérés de l’usager. Cette tentative d’évaluer les besoins, les
moyens et les effets de l’accompagnement constitue la seule prévision légitime de cette
démarche méthodologique ; et c’est déjà beaucoup.
La méthodologie de projet n’oppose pas l’objectivité (ce qui est à un moment donné ; la
réalité) et la subjectivité (ce que chacun pense à un moment donné ; la vérité). Le propre
de l’être humain est de vouloir imposer sa vision à celle d’autrui. L’éducateur n’échappe pas
à cette tentation. S’il s’y abandonne, le suivi ne peut pas convenir aux besoins de l’usager
qui doit rester maître de sa vie. C’est pour cette raison que le professionnel doit repérer ses
propres problématiques, pour se consacrer entièrement à celle de ses usagers. Pour ce
faire, l’éducateur doit distinguer les différentes subjectivités : la sienne et celle des autres.
Ce travail, mené principalement en équipe, nécessite de faire valoir sa propre subjectivité
pour parvenir à s’en détacher. La méthodologie de projet intègre donc la subjectivité du
professionnel, comme un élément participant au processus, notamment dans la relation
interhumaine, mais non comme le fil conducteur du sens du projet. Bien loin de nier cette
composante, cette démarche implique le plus difficile pour un être humain : être au clair
avec soi-même et renoncer momentanément à faire valoir sa propre vérité. Le projet est
alors un moyen de construire un objet commun qui transcende les subjectivités indivi-
duelles autour d’une réalité alors partagée.
Enfin, la méthodologie de projet et les livres qui s’y consacrent ne sont pas des proposi-
tions de recettes applicables à toutes les situations éducatives. Ce procès souvent entendu
Introduction • 13
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 14
assimile cette démarche à une approche procédurale, dont la réponse automatique est
adaptée à la création d’objets en série, mais aucunement à l’élaboration d’une relation. La
méthodologie de projet est une démarche en processus qui ne vaut que dans la situation
relationnelle dans laquelle elle s’est forgée. Cette unicité et sa réalité contextuelle confère
à la méthode de l’éducateur son caractère complexe, qui est trop souvent considérée
comme un art relationnel. Si l’inexplicable relationnel est bien présent, l’éducation est bien
un métier. Si chaque professionnel est amené à apporter son propre « tour de main », en
fonction de sa personnalité, la rigueur méthodologique, avec ses outils, ses concepts et
une logique de construction partagée à l’échelle d’une profession, lui permet d’apparte-
nir à un métier. Et c’est ainsi que l’usager peut espérer recevoir un accompagnement dont
la cohérence est favorisée par une construction collective professionnelle et non indivi-
duelle et personnelle, piégée dans une éventuelle toute-puissance éducative.
Il est vrai que toute relation éducative se base sur un projet. L’usager 3 n’est jamais dans
une relation « gratuite », sans but, avec l’éducateur, même si la relation de son projet peut
passer par des moments totalement informels. Cette méthodologie intègre notamment
une importante dimension d’ordre réflexif (retour sur soi-même). Cette compétence
consiste à s’interroger personnellement dans sa réalité affective pour mesurer les enjeux
relationnels avec l’usager. Selon cette orientation, la relation que l’éducateur entretient
avec l’usager est une source d’informations à intégrer à l’ensemble des données recueil-
lies. Ce regard sur soi-même permet à travers sa propre subjectivité de mieux comprendre
l’autre dans sa réalité affective. Cette voie de connaissance d’autrui permet d’établir des
diagnostics et des actions éducatifs plus justes et nourrit l’analyse de la pratique en équipe.
Il convient alors d’étendre les limites habituelles de la notion de projet pour l’adapter aux
spécificités de l’action éducative spécialisée qui ne peut se contenter d’une méthode
impersonnelle et vide de sens : la question est avant tout de déterminer la finalité éthique
d’un projet au centre duquel se situe un individu en souffrance personnelle et/ou sociale.
Nous reprenons à notre compte dans cet ouvrage l’esprit de la définition donnée par le
Conseil supérieur du travail social 4 , selon lequel l’éthique définit un idéal de sagesse qui
guide les actions du quotidien pour atteindre une vie en société harmonieuse. Si la morale
édicte des règles à suivre, l’éthique fait appel à la conscience de chacun en l’appelant à se
positionner en fonction de ses propres valeurs, dans une perspective du bien collectif. La
déontologie constitue les règles morales, mais aussi juridiques, qui doivent régir une
profession.
Cet ouvrage est conforme aux textes officiels qui définissent le DEES : décret n° 2007-899
du 15 mai 2007 relatif au DEES, arrêté du 20 juin 2007 relatif au DEES et la circulaire
interministérielle WDGAS/SD4A12007/436 du 11 décembre 2007 relative aux modalités
des formations préparatoires et d’obtention du DEES et du diplôme d’état de moniteur-
éducateur (DEME). Nous nous sommes appliqués à construire le plan en conformité avec
la définition du DF 2 (tableau 1), le référentiel de compétences (tableau 2) et le référentiel
de formation (tableau 3).
3. Nous revendiquons ce vocable dans cet ouvrage, parce qu’il est plus adapté que le client des assistants de
services sociaux (le travail social ne fournit pas un service commercial), mais surtout parce qu’il porte en lui
la présence médiatrice de l’institution : l’usager, c’est celui qui fait usage de la relation éducative qui est à son
service. Ainsi, l’usager est au cœur du dispositif qui est construit pour lui, conformément à la loi 2002-2,
rénovant l’action sociale et médico-sociale.
4. « éthique des pratiques sociales et déontologie des travailleurs sociaux », CSTS, février 2001.
14 • Introduction
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 15
Compétences
Indicateurs de compétences
DF2
Savoir collecter et analyser des données et des observations
Savoir formaliser et restituer les éléments recueillis
Participer à l’élaboration et à
la conduite du projet éducatif. Savoir évaluer l’apport des activités au projet éducatif
Observer, rendre compte Savoir réajuster l’action éducative en fonction de cette évaluation
et analyser les situations
Savoir tenir compte des éléments qui caractérisent une situation individuelle, des groupes ou
éducatives
un territoire dans la réponse éducative
Savoir mettre en lien des constats avec l’environnement social et économique
Savoir mobiliser les ressources, projets et réseaux internes et externes à l’institution
Participer à la mise en œuvre Savoir prendre en compte la place et le rôle des familles
d’un projet éducatif Savoir anticiper les difficultés, ajuster et réguler les actions
Savoir rendre compte de l’évolution du projet
Savoir réaliser la synthèse d’approches pluri-professionnelles permettant d’établir un diagnostic
Établir un diagnostic socio-éducatif
socio-éducatif
Savoir intégrer un diagnostic socio-éducatif à un projet personnalisé
Savoir identifier le cadre de sa mission et participer à l’élaboration d’une stratégie d’équipe
Concevoir un projet éducatif Savoir poser des hypothèses d’action éducative en fonction d’un diagnostic
Savoir formaliser les étapes et objectifs d’un projet
Savoir faire le bilan des actions menées et des objectifs atteints
Évaluer le projet éducatif Savoir présenter le bilan des actions menées et des objectifs atteints
Savoir rechercher et prendre en compte les analyses des différents acteurs du projet personnalisé
Préambule • 15
DC2_003-16.qxp:Mise en page 1 30/09/10 14:32 Page 16
Référentiel de formation
DF2
Approche globale de la notion de projet
Construction des différents projets : associatif et institutionnel ; éducatif,
pédagogique et thérapeutique
Projet personnalisé et notion de référent
Approche des processus d’évaluation
Accompagnement du projet éducatif de l’usager
Place de la personne dans la construction de son projet
1re partie : Usager et ses groupes d’appartenance
Participation à l’élaboration Visées et gestion du projet (temporalité, moyens, réglementation, évaluation)
300 heures
et à la conduite du projet Supports et cadres de l’action éducative
éducatif spécialisé Techniques éducatives, leur mise en œuvre et leur évaluation
Quotidien et son organisation
Analyse de situations
Connaissance des gestes d’urgence et conduite à tenir
Place des familles dans l’action éducative
Compétences des familles et leur rôle dans un projet d’intervention
Prise en compte et les conséquences de la relation contractuelle entre
l’institution et la famille
Méthodologie de recueil, d’analyse et d’exploitation de données relatives à une
situation individuelle ou à la situation d’un groupe
Dynamique du projet individualisé dans une approche territorialisée
Méthode et outils d’analyse d’un territoire
Méthode et outils de construction d’un diagnostic socio-éducatif
Notions sur l’évaluation
2e partie Place de l’évaluation dans les projets éducatifs
Conception du projet Approche des méthodes d’évaluation 200 heures
éducatif spécialisé Méthodologie de recherche en travail social
Accompagnement de l’élaboration d’une posture et d’une méthodologie
professionnelles
Analyse de pratiques – Suivi de formation
Approches méthodologiques liées au domaine de formation (observation,
synthèse, comptes rendus...)
Appropriation de méthodes de travail (auto-formation, atelier d’écriture,
recherche documentaire...)
Nous ne prétendons pas dans cet ouvrage présenter toutes les méthodes de projet possibles.
Nous avons fait un choix personnel qui consiste à nous rapprocher de la logique de la
recherche-action, que nous présenterons en détail. En revanche, l’ambition est de participer
aux nécessaires débats et efforts collectifs qui contribuent au développement d’un métier
qui, s’il n’est pas impossible, est du moins hautement complexe.
16 • Préambule