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devant servir de base de discussion avec les différents secteurs de la vie nationale
Juin 2017
Table des matières
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3.3. Le caractère critique du rapport de la Loi et de la Constitution ............................................. 28
3.3.1. L’incertitude du domaine de la Loi ........................................................................................... 28
3.3.2. La validation de l’élection des parlementaires : tension entre les pouvoirs du CEP et du
Parlement ............................................................................................................................................... 28
3.3.3. La durée du mandat du président élu......................................................................................... 29
3.3.4. Les délais de promulgation des lois........................................................................................... 29
3.3.5. La promulgation dans les deux langues. .................................................................................... 29
3.3.6. L’adoption inconstitutionnelle des décrets ................................................................................ 29
3.3.7. La problématique du respect de la hiérarchie des normes juridiques......................................... 30
3.4. La question de l’assiduité et des majorités au Parlement ......................................................... 30
3.4.1. La grève du quorum au Parlement............................................................................................. 30
3.4.2. Le calcul de la majorité pour les délibérations .......................................................................... 31
3.5. La question de la nationalité ....................................................................................................... 31
3.5.1. De la reconnaissance de la pluri nationalité aux restrictions prohibitives.................................. 31
3.5.2. Le flou des conditions d’établissement de la nationalité haïtienne par la naissance .................. 31
3.6. La question de l’Armée ............................................................................................................... 31
3.6.1. Le problème de statut avant l’amendement de 2011 ................................................................. 31
3.6.2. Le problème de statut après l’amendement de 2011 .................................................................. 31
3.7. Le Chantier législatif ................................................................................................................... 32
3.7.1. Le relevé des lois nécessaires à l’institutionnalisation du régime de 1987 ................................ 32
3.7.2. La nécessité de combler les vides juridiques et de rendre opérationnel le régime ..................... 32
CONCLUSION ............................................................................................................................. 32
ANNEXE I.- SYNTHÈSE DES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR LES
AMENDEMENTS ........................................................................................................................ 34
- Liste non exhaustive ........................................................................................................................ 35
ANNEXE II.- DES PROPOSITIONS D’AMENDEMENTS NON RETENUES .................. 39
A.- Sur les privilèges à accorder aux communautés haïtiennes vivant à l’étranger ............................ 40
B.- Sur les attributions du président de la République.......................................................................... 40
C.- Sur la décharge à accorder pour tous les postes électifs ................................................................. 40
D.- Sur la question du quorum au Parlement ........................................................................................ 41
E.- Sur les conditions de nomination des juges ...................................................................................... 41
F.- Sur le régime électoral ........................................................................................................................ 41
G.- Sur la procédure de révision constitutionnelle................................................................................. 42
ANNEXE III.- PROCES-VERBAL DU DEBAT DE VALIDATION DU RAPPORT A LA
CHAMBRE DES DEPUTES. ...................................................................................................... 43
A. Fonctionnement des institutions ..................................................................................................... 44
B. Idéologie ........................................................................................................................................... 45
C. Mentalité .......................................................................................................................................... 45
D. Laïcité et langues ............................................................................................................................. 46
E. Terminologie .................................................................................................................................... 46
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INTRODUCTION
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I. LES EXPÉRIENCES ANTÉRIEURES CONCERNANT LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION DE 1987
1.1. Les difficultés d’instauration du nouveau régime politique
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Dns le même ordre d’idée, il convient de noter un autre exemple : la mise en place du
gouvernement intérimaire (2004-2006) ne procéda point de dispositions constitutionnelles
spéciales mais d’un compromis politique qui déboucha sur l’Accord du 4 avril 2004. Il aurait été
donc logique de pousser à la recherche d’un accord national pour procéder à cette révision
constitutionnelle dont, dans plusieurs secteurs, on admettait l’impératif. La révision s’imposerait
d’abord comme une exigence de clarification en vue de la gestion efficace de l’État, compte tenu
de l’impact des conflits de compétence et des vides institutionnels sur la gouvernance, même si
on est porté à considérer les luttes de pouvoir comme la cause première de la déstabilisation
gouvernementale et des dysfonctionnements institutionnels.
1.2.1. La mise en place d’une Commission chargée de réfléchir sur la Constitution en mars 2007
C’est dans ce contexte de crises constitutionnelles successives qu’a été mise en place, en
mars 2007, et à l’occasion du 20ème anniversaire de la Constitution, une Commission chargée de
réfléchir sur la Constitution tout en faisant une synthèse des débats dans la société en cette
occasion. Elle a réalisé des consultations auprès de plusieurs secteurs de la vie nationale :
membres du gouvernement, dirigeants de partis politiques, parlementaires, juges de la Cour de
cassation, du Bâtonnier a.i. de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, représentants
d’organisations syndicales, ceux d’organismes de droits humains, secteur des universités et des
étudiants, celui des organisations patronales et d’associations professionnelles, maires.
De ces consultations est sorti le rapport Moïse/Hector remis au président de la République
le 17 juillet 2007. La principale recommandation du rapport Moïse/Hector a été la formation d’un
comité technique d’experts pour travailler sur un projet de révision de la Constitution.
Finalement, la décision prise par le Président Préval consiste à revenir à l’idée originelle,
préconisée par ses conseillers, de stimulation des partis. Puisqu’en fin de compte c’est au
Parlement qu’il reviendra de disposer de la révision conformément au titre XIII traitant de la
procédure d’amendements.
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1.2.2. Les suites du rapport Moïse/Hector
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Claude MOISE
Marie-Marthe PAUL
Charles SUFFRARD
Daniel SUPPLICE
Jerry TARDIEU
Sybille THÉARD MEWS
Serge Henri VIEUX
La provenance plurielle des participants devrait fournir déjà des indications intéressantes
sur la validité de l'exercice d'éclairage et d'harmonisation que l'on veut entreprendre, voire sur la
possibilité de construire un consensus. On reconnaitra parmi eux des professionnels du droit, des
enseignants, des économistes, des défenseurs de droits humains, des militants associatifs, des
entrepreneurs.
Coordonnateur du Groupe de Travail, le Professeur Claude Moïse est assisté d’un Comité
exécutif composé de Cary HECTOR, Édith LATAILLADE, Jerry TARDIEU et Serge Henri
VIEUX. L’agenda de travail défini par le Comité par l’arrêté présidentiel à consiste à :
1. « conduire une réflexion et animer des débats sur la constitution de 1987 en vue de
faire des recommandations au Chef de l’État » en tenant compte « des analyses et
recommandations provenant des études et débats produits à propos de la structure,
du contenu et de l'application de la Constitution de 1987.»
2. réaliser le mandat en quatre (4) mois à partir de la date de la mise en place du GTC.
Cet objectif final - les recommandations à faire au Chef de l’État – devra être
atteint bien avant la fin de la législature en cours pour respecter la date butoir
prévue par le titre XIII de la Constitution de 1987, notamment à l’article 282-1.
Imbu des exigences et surtout des contraintes temporelles de ce mandat, le GTC a adopté le
programme suivant :
• D’abord procéder à un examen attentif de la Charte de 1987 en vue de repérer les
vides, les incohérences, les défauts mécaniques de la machine et de définir ce qui
peut être l’objet de la révision constitutionnelle.
• Ensuite, conduire une large consultation auprès des experts et de tous les secteurs
vitaux de la nation à travers le pays, colliger les écrits et interventions diverses sur
le sujet, assurer à l’opération toute la diffusion possible par des moyens adéquats.
• Enfin, rédiger et présenter au président de la République un rapport final contenant
le film des démarches, les grandes orientations qui s’en dégagent, les propositions
recueillies et les recommandations du groupe de travail.
Au cours de ses réunions de travail, le GTC a abordé le problème constitutionnel sous trois
grands thèmes correspondant aux trois ateliers internes de la Commission, soit le Régime
politique de la Constitution de 1987, la Gouvernance administrative (notamment la
décentralisation) et les Problèmes spéciaux comme la double nationalité, l’armée, les droits et les
devoirs des citoyens, etc. Ce sont ces mêmes thèmes qui ont été soumis à la réflexion des
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participants aux rencontres-débats qui ont débuté le 29 mars 2009 et que nous reprenons à notre
compte aujourd’hui.
Il est sorti de ces travaux un rapport remis au président de la République le 19 juillet 2009.
Il contient la méthodologie adoptée, le parcours de la Commission, les résultats obtenus, les
champs constitutionnels analysés, soit : Le Régime politique de la Constitution de 1987, la
Gouvernance administrative, notamment la décentralisation, et les Problèmes spéciaux comme la
double nationalité, l’armée, les droits et les devoirs des citoyens, etc. et les recommandations
finales. Il rend compte synthétiquement de l’expérience des rencontres/débats et des consultations
et fait ressortir les points forts, les tendances lourdes, les préoccupations majeures qui ont pu être
identifiés au cours de cette opération. De même que les réactions à la question centrale, à savoir :
l’opportunité de la révision constitutionnelle.
1.3.2. L’instauration d'un débat dépassionné, objectif et apaisé autour de ces enjeux et défis
De tout cela il faudra débattre. Et le débat, allégé de toute suspicion, doit faire émerger dans
des conditions de rigueur et de sérénité ce que les citoyens jugent conforme au destin de progrès
de la nation. Pour cela, il est nécessaire d’adopter un langage, une méthode de travail, une
pédagogie, entretenir un état d’esprit, bref créer des conditions qui devraient permettre à tous et à
toutes de s’exprimer comme citoyens et citoyennes à part entière. On a l’habitude en Haïti de
travailler à chaud, de réagir à l’événement. Lorsque la crise éclate on part à l’assaut. Alors se
réveille toute la peste émotionnelle qui dort d’un sommeil léger dans notre société fragilisée par
tant de malheurs.
Toutes les fois que l’on touche à la loi mère, c’est d’une volonté de clarification, sinon de
refondation qu’il s’agit. Ce rappel est destiné à faire ressortir le fait que nous ne sommes jamais
sortis de la problématique constitutionnelle depuis 1988, pour se battre, pour débattre ou pour
normaliser. Nous le rappelons aussi pour dire qu’il n’est pas nécessaire de remonter le cours de
notre histoire politique pour comprendre que la question constitutionnelle est non seulement
éminemment politique, mais profondément sociétale. Les hommes politiques ont toujours
cherché à se donner la légitimité nécessaire. Les constitutions ne sont pas que du papier. Elles
ont une fonction politique précise. Quand vient le temps de les produire, remanier, rejeter,
l’opération crée beaucoup d’effervescence. En ce sens, Haïti ne fait pas exception. Les
constitutionnalistes, analystes politiques de l’Amérique latine où fleurirent les dictatures l’ont
assez bien analysé. Platon ne voulait pas dire autre chose lorsqu’il notait : « Même les brigands
sont contraints d’administrer leurs victimes avec une forme inférieure de justice.»
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vigilance de communication alimentée par le souci de porter le débat dans tous les coins du pays
et de parvenir au consensus le plus large possible autour d’un projet clair et précis qui se
dégagerait de l’exercice.
C’est pour cette raison qu’il est prévu une large consultation auprès de toutes les forces
vives du pays en mettant en œuvre différents voies et moyens (auditions, cahiers de charges,
mémorandums, site internet interactif, etc.). L’examen des principales tendances dégagées au
cours d’une telle consultation, hier comme aujourd’hui, devrait permettre d’harmoniser la
convergence du projet de révision par rapport à l’opinion nationale représentative. Peut-être de
tout cela sortirait-il la nécessité ressentie par tous d’un pacte constitutionnel de gouvernabilité qui
engagerait les élus, les partis politiques, le secteur associatif et tout le mouvement citoyen.
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1.3.6. L’agenda de travail de la Commission
L’agenda de travail est reparti sur une année, soit du 29 mars 2017 au 29 mars 2018.
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Octobre
Secteur politique
Ateliers d’échanges avec les représentants des :
• Partis politiques ;
• Secteur Droits humains ;
• Organisations féminines ;
• Organisations paysannes.
Secteur économique
Ateliers d’échanges avec les représentants du Secteur privé des affaires :
• Forum économique ;
• Chambres de commerce et d’industrie ;
• Chambres des métiers et de l’artisanat ;
• Associations patronales ;
• Associations syndicales.
Secteur socioculturel
Ateliers d’échanges avec les représentants :
• de l’Église catholique
• des églises protestantes
• du vodou
• des organisations de jeunesse et d’autres organisations
socioculturelles
Novembre
Diaspora
Amérique du Nord
Miami
New York
Montréal
Antilles/Caraïbe
Guadeloupe (Martinique et Guyane)
Santo-Domingo
Europe
Paris
Rédaction du rapport avec les propositions d’amendement issues des ateliers
Le Comité exécutif est coordonné par le Professeur Claude MOÏSE, assisté par le
Professeur Louis Naud PIERRE, Monsieur John MOREAU et Monsieur Jean Eric PAUL.
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II. L’ÉTAT DES LIEUX
2.1. La caractéristique principale de la Constitution de 1987
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3. Collectivités territoriales à plusieurs niveaux emboîtés :
- Conseil d’Administration de la Section Communale (CASEC) et Assemblée de la
Section Communale (ASEC) [Section communale]
- Conseil communal, assemblée municipale (commune);
- Arrondissement ;
- Conseil départemental, Assemblée départementale, Assemblée interdépartementale
(départements)
Mais la rupture s’opère surtout aux plans de la dévolution des pouvoirs, des rapports entre
les institutions et des modalités de leur fonctionnement.
Au sein de l’Exécutif, entre les deux têtes, soit le président de la République, chef de l’État,
et le gouvernement dirigé par le Premier ministre (article 133). L’aménagement de leurs rapports
est établi par les définitions de leurs pouvoirs respectifs sans qu’il soit établi une subordination de
l’un à l’autre. Si le président participe à la formation du gouvernement dans quelque cas que ce
soit, le sort de celui-ci dépend essentiellement du Parlement qui a le pouvoir de le ratifier ou de le
renvoyer.
Il se trouve que le gouvernement constitué est responsable devant le Parlement, mais il est
coincé entre, d’une part, le président de la République qui garde certaines prérogatives
susceptibles d’influencer le travail du Premier ministre - (participation à la formation du
gouvernement, direction du Conseil des ministres, promulgation des lois, droit d’objection,
pouvoir de nomination à de hautes fonctions, y compris les directeurs généraux des ministères,
etc.) – et, d’autre part, chacune des deux Chambres dont les membres disposent, en plus du
privilège de ratifier la formation du gouvernement, du droit de questionner, d’enquêter,
d’interpeller et de censurer ce dernier.
Une telle imbrication ne peut-elle pas produire des effets indésirables sinon nuisibles sur la
gouvernance? Des dispositions constitutionnelles facilitent le jeu des alliances d’occasion au sein
des Chambres et le harcèlement des membres du gouvernement. Tout regroupement de
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circonstance de cinq membres au moins dans l’une des deux chambres peut se livrer à des
manœuvres allant jusqu’à des interpellations et motions de censure (article 129-3).
Les deux Chambres sont indépendantes l’une de l’autre. Chacune jouit séparément des
mêmes pouvoirs en ce qui concerne la ratification, le contrôle et les différentes formes de
sanction du gouvernement.
Il ne leur est fait obligation d’harmoniser leurs actes que pour la production des lois qui
doivent être votées dans les mêmes termes. Il va sans dire qu’il se crée là plusieurs champs où les
jeux d’intérêt et d’influence peuvent se développer et se télescoper.
Là où il existe dissymétrie des rôles et des privilèges, c’est d’abord sur le terrain de
l’Assemblée nationale que peuvent se manifester les effets de la disparité. En effet, par le jeu des
majorités où l’effectif de la Chambre basse est plus que le triple de celui de la Chambre haute on
peut assister à des tiraillements, sinon à des dysfonctionnements, puisque l’Assemblée nationale
est dépositaire de pouvoirs aussi importants que la révision de la Constitution, la ratification ou la
sanction des accords ou traités internationaux, la promulgation de l’État de siège, le choix de trois
membres du Conseil électoral permanent. De plus, la question des majorités de décision résolue
suite à la dernière révision ne préjuge pas de rapports harmonieux entre les deux Chambres ou
entre celles-ci et l’Exécutif lors même que les votes en Assemblée nationale interviennent
séparément dans chacune de ses deux branches.
Par ailleurs, le Sénat n’a pas à tenir compte de la Chambre basse dans l’exercice de ses
nombreux autres privilèges (ratification de certaines nominations à de hautes fonctions,
participation au choix des membres de la Cour de cassation, élection des membres de la Cour
supérieure des Comptes, etc.). Il domine de toute sa stature, de ses prérogatives et privilèges à la
fois la Chambre basse et le gouvernement.
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2.1.3.3. Entre l’Exécutif et le Législatif
Il est clair que le déséquilibre des pouvoirs est ce qui est le plus dommageable dans la
Constitution haïtienne. A part le président de la République qui est inatteignable mais dont le
pouvoir de dissuasion sur le Parlement est nul (le droit d’objection étant pratiquement inopérant),
le gouvernement se trouve à la merci de chacune des deux Chambres sans aucune contrepartie,
celles-ci ne pouvant être dissoutes ni leurs travaux ajournés. Les pouvoirs du chef de l’État
demeurent flous par rapport à l’obligation qui lui est faite à l’article 136 d’assurer le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics et de veiller à la stabilité des institutions. Arbitre et
gardien de la Constitution, le chef de l’État, devrait disposer de moyens d’action et d’intervention
suffisants et clairement définis en cas de force majeure.
Il faut considérer que le domaine de la loi n’étant pas limité, (Voir articles 111 et 111.1), le
Parlement jouit d’une immunité politique absolue. Le Conseil constitutionnel introduit dans la
Charte depuis la dernière révision tarde à être constitué. Et pour cause. Les turbulences politiques
et sociales, la faillite des acteurs politiques n’ont permis aucune avancée dans la mise en place de
nouvelles institutions et même d’anciennes créations comme le Conseil Électoral Permanent et
les assemblées départementales. Du reste, des doutes générés par la gestion boiteuse et suspecte
du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), on a lieu de redouter la mise en œuvre de ce
nouveau lieu de pouvoir sans le préalable d’une loi organique.
On remarquera qu’il ne suffit que d’une chambre pour renverser un gouvernement, mais
des deux – chacune séparément – pour en confirmer un présenté par un Premier ministre ratifié.
Quand les forces sont émiettées et qu’aucun parti n’obtienne une majorité de sièges dans les
Chambres, la stabilité gouvernementale ne pourra reposer que sur la solidité des coalitions
parlementaires. Ce qui ne s’est pas encore produit. On a connu en fait des coalitions de
circonstance ne reposant sur aucun préalable programmatique ni sur un contrat de législature. Du
reste, l’apparente stabilité des années 2006-2010 a été traversée de tels embrouillements
électoraux (2007, 2008, 2009) que le Sénat a fonctionné avec un déficit d’effectif et qu’il
paraissait impossible de former les assemblées territoriales.
On s’est rendu compte que les soubresauts politiques et parlementaires rendaient ardue la
formation des gouvernements suite à des démissions comme en 1997 ou à des renversements de
gouvernement comme en 2008. Les exemples ne manquent pas pour illustrer les aberrations qui
résultent du processus de la formation d’un nouveau gouvernement. On en trouve une illustration
dans le vote du Sénat le 15 avril 1998 sur le rapport de la commission parlementaire chargée
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d’examiner le dossier du Premier ministre désigné, Hervé Denis. Sur 16 présents, 15 sénateurs
ont pris part au vote. Le résultat accuse 8 pour 5 contre et 3 abstentions dont celle réglementaire
du président. Le choix est rejeté après qu’au niveau de la Chambre des députés l’éligibilité du
Premier Ministre désigné a été reconnue sur la base du même dossier. L’article 117 de la
Constitution dispose que les actes du Corps législatif sont pris à la majorité des membres
présents. Voilà donc un cas limite où il apparaît qu’une minorité impose sa volonté de manière
plus que douteuse. Les 5 qui votent contre l’emportent. Comment interpréter les abstentions?
La commune englobe les sections communales (article 67). Elle, et non la section
communale, a l’autonomie administrative et financière (article 66). Elle constitue le pivot de la
décentralisation. Tout part d’elle pour aboutir à la mise en place des pouvoirs régionaux. D’où la
nécessité de définir clairement et dans un souci d’efficacité les rapports entre les entités de cette
collectivité territoriale. Ce qui est sans doute du domaine de la loi. Il en est de même du président
du conseil municipal (le maire) et de ses adjoints.
Cette nécessité se fait sentir également dans la détermination légale des compétences
respectives des assemblées et des organes de gestion dans chaque collectivité territoriale :
ASEC/CASEC, Conseil municipal/Assemblée municipale, Conseil départemental/Assemblée
départementale.
On doit observer qu’au cours des 25 dernières années, ces nouvelles institutions n’ont pu se
former et fonctionner adéquatement ni, à plus forte raison, remplir leur mandat. Celles qui, tant
bien que mal, ont pu être constituées (les Conseils communaux et les CASEC) ont subi les
contrecoups des crises politiques à répétition. On s’est rendu compte cependant des difficultés
découlant de leur structuration complexe qui impliquerait que la charge organisationnelle en
termes de ressources peut être lourde à supporter par le pays dans un contexte économique
difficile. Le Corps législatif, dans sa loi constitutionnelle de 2011 n’a pas jugé bon de toucher à la
nature et à la structuration de ces nouvelles institutions dont une simplification aurait été
profitable. Il s’est contenté de les alléger de leur participation à la nomination du CEP.
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2.1.3.5. Entre l’Exécutif, le Législatif, le Pouvoir judiciaire et les organes des collectivités
territoriales
Dans tous les cas, obligation est faite à l’État, donc au pouvoir central exécutif et législatif,
de fournir aux collectivités des moyens de fonctionner (articles 64, 71). Les domaines de
collaboration entre l’État et le département sont définis aux articles 81 et 83.
Au Conseil interdépartemental est réservée toute une section, les articles 87 à 87 – 5 qui en
font un organisme qui assiste l’Exécutif, a son entrée au Conseil des ministres tel que prescrit
dans ce chapitre.
Il convient de noter que le Sénat élit directement les dix membres de la Cour supérieure des
Comptes et du Contentieux administratif, ratifie les choix du commandant en chef de l’armée, du
chef de la police, des ambassadeurs et des consuls généraux. À l’occasion, il peut s’ériger en
Haute Cour de Justice sur mise en accusation de la Chambre des députés.
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2.2. Les observations générales
On n’a pas assez remarqué l’importance de l’effectivité éventuelle du jeu des partis
politiques dans le fonctionnement du régime à cause de la faible implantation de ces derniers.
Pourtant ce régime en fait les moteurs institutionnels de la démocratie. À tous les niveaux de
pouvoir et dans les principales institutions indépendantes. Il suffirait qu’un parti domine dans
tous les compartiments de la gouvernance, de la base au sommet, des sections communales au
Parlement et à la présidence pour qu’il colore tous les lieux de pouvoir.
2.2.2.1. Le paradoxe d’un Président de la République qui préside mais qui ne gouverne pas
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l’échelle nationale. Conséquence, la campagne électorale est focalisée sur le candidat à la
présidentielle et le président élu garde son ascendant dans le jeu de pouvoir, mais les moyens mis
à sa disposition pour qu’il exerce son pouvoir sont très limités. Du reste, il préside mais ne
gouverne pas. Il est formellement libéré de la cuisine administrative C’est le Premier ministre,
chef du gouvernement, qui « conduit la politique de la nation », (article156), « fait exécuter les
lois … détient le pouvoir réglementaire qui s’exerce par Arrêté du Premier ministre » (article
159).
L’article 136 est vide. De fait, le chef de l’État est constitutionnellement irresponsable,
mais rattrapée par la tradition, la société dans toutes ses composantes le perçoit comme le pivot
du pouvoir et de toute la vie administrative en sorte qu’il se livre impunément à une pratique de
micro gestion propre à tous nos chefs d’État. On s’habitue à pérenniser une sorte de lien
quasiment organique entre les deux chefs du pouvoir exécutif en popularisant l’expression
« L’administration X-Y ».
Il n’existe pas une clause de déblocage, si après des élections générales – les plus
importantes étant celles du renouvellement de la législature – le pays n’accorde pas une majorité
claire à un parti pour gouverner, les deux Chambres disposant chacun séparément de la
prérogative de ratifier un gouvernement. D’expérience, la formation laborieuse et les modalités
de censure du gouvernement apparaissent comme des irritants dommageables.
Ce nouveau régime politique aura des incidences électorales importantes. La mise en place
des instances de pouvoir qui s’emboitent de la section communale à la présidence de la
République a nécessité l’élaboration à l’intérieur du texte constitutionnel de normes permanentes
et de dispositions transitoires, fixant des conditions et des délais à la disposition de l’organisme
électoral indépendant, le CEP, sous ses deux variantes : le provisoire et le permanent (voir les
articles 289 à 289-3 et 290 non abrogés).
Tous les schémas considérés peuvent se regrouper sous deux titres : l’institutionnel et le
politique et appellent les considérations suivantes.
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• exécutif bicéphale ;
• parlement bicaméral, en situation potentielle de conflit mutuel ;
• collectivités territoriales ;
• institutions indépendantes.
Il en découle des équilibres précaires et des déséquilibres fréquents. Cas de figures propres
à un régime non encore assis sur ses bases, à une institutionnalisation balbutiante.
2.2.3.2. Le déficit de partis politiques bien ancrés dans l’espace social et démocratique
Faute de partis politiques bien ancrés dans l’espace social et démocratique, le sort de la
gouvernance démocratique est menacé par l’émergence d’un leadership populiste et autocratique
confinant à l’autoritarisme. Même si on ne voit pas encore leur impact réel en termes
d’organisation, d’orientation et d’influence sur les élus apparentés, on a des raisons de croire
qu’ils constituent, dans la logique du régime politique de la Constitution de 1987, des acteurs
potentiellement incontournables.
La justice devient un enjeu encore plus considérable maintenant qu’à la faveur de nouvelles
dispositions de la Constitution de 1987 elle tend à devenir un véritable pouvoir indépendant. A
tâtons et par petites touches certes. Dans la contradiction et la confusion parfois. Mais à mesure
que l’on avance dans l’implantation de l’État de droit, les groupes d’intérêt s’aperçoivent de la
puissance souvent décisive de l’autorité judiciaire autrefois dominée par l’Exécutif. En desserrant
l’étau de l’Exécutif autour de la magistrature, on libère des espaces de marchandage où peuvent
s’engouffrer les trafiquants et les corrupteurs de tout poil, compte tenu de la faiblesse de l’État,
de la paupérisation accélérée des classes populaires et de larges couches classes moyennes. D’où
la nécessité de soumettre le système judiciaire à une évaluation plus poussée. Le Conseil
Supérieur du Pouvoir Judiciaire : organisme de gestion et de contrôle de toute l’activité judiciaire
ou de la Magistrature à renforcer.
Compte tenu de l’histoire récente, des difficultés considérables du pays aggravées des
péripéties électorales, du poids de la communauté internationale et de la société civile (société
civile entendue ici en termes de forces vives organisées dans tous les compartiments de la société
et non de représentations fictives), deux aspects se dégagent qui invitent à répondre aux
préoccupations suivantes en leur donnant un traitement approprié : Rôle et influence des
organisations de la société civile, des mouvements citoyens comme acteurs incontournables.
Comment les intégrer? Poids de la Communauté internationale et importance des relations avec
elle. Comment établir avec elle des rapports qui sauvegardent la souveraineté nationale tout en
reconnaissant l’importance des accords internationaux et du système international dont Haïti est
partie prenante?
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III. LES QUESTIONS CRITIQUES
3.1. Le système électoral
Les constituants haïtiens de 1987 ont créé un régime politique où, pour mettre en place le
pouvoir exécutif, il faut passer par deux élections (la présidentielle et les législatives) et quatre
tours de scrutin sous la responsabilité exclusive du CEP. Ils y ont ajouté une modalité de
formation gouvernementale comprenant le choix d’un Premier ministre et la ratification d’un
gouvernement en deux temps devant deux assemblées séparées et souveraines.
Disons tout de suite qu’il y a deux descriptions pour un seul sigle. Le CEP désigne à la fois
le Conseil électoral permanent et le Conseil électoral provisoire. Sous ce même sigle il y a une
histoire qui rend compte des péripéties de l’instauration du nouveau système électoral et des
difficultés de la normalisation institutionnelle de la Constitution de 1987.
Compte tenu des modalités constitutionnelles d’accès aux différents pouvoirs, le CEP doit
gérer trois catégories de scrutin : le suffrage universel à la majorité absolue pour la présidentielle
et les législatives, à la majorité relative pour la section communale et le conseil municipal, le
suffrage indirect pour le conseil départemental, les assemblées municipale, départementale et
interdépartementale.
Rappelons que la Constitution est muette sur le mode de scrutin pour l’assemblée de la
section communale (ASEC). Une tâche considérable assumée jusque-là par des Conseils
provisoires dans des contextes de luttes politiques sévères, entrainant en partie l’embouteillage
électoral et la dissociation du temps constitutionnel et du temps électoral au cours de ces deux
dernières décennies. La faillite électorale est la grande affaire du nouveau régime politique de la
Constitution de 1987.
Les élections se suivent depuis 1988, mais ne débouchent pas sur une institutionnalisation
durable. Exceptionnelles, elles ne découlèrent pas du rythme normal imposé par la Constitution,
mais de la recherche de solution à des dysfonctionnements institutionnels ou à des crises
politiques successives.
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Plusieurs analystes ont dénoncé un système qui consacre une représentation parlementaire
non proportionnelle à la population en raison de l’inégalité du vote des citoyens d’une commune
à l’autre, d’un département à l’autre ; d’autres attirent l’attention sur l’organisation souvent
chaotique et le coût élevé des élections; les dispositions transitoires non abrogées (articles 289 et
suivants), que faut-il en faire?
Les récents scrutins de 2015 et 2016 appellent une attention spéciale s’agissant du
renouvellement des 2/3 et du 3e tiers du Sénat en tenant compte des articles 95 et 95-3. Comment
les concilier? Une simple loi ne saurait modifier une disposition constitutionnelle - Le
renouvellement du tiers du Sénat s’est révélé problématique dès les premiers temps d’application
de la Constitution.
3.3.2. La validation de l’élection des parlementaires : tension entre les pouvoirs du CEP et du
Parlement
Selon l’article 108 non abrogé, chaque chambre vérifie et valide les pouvoirs de ses
membres et juge souverainement les contestations qui s’élèvent à ce sujet. Comment concilier cet
article avec les pouvoirs attribués au CEP ? On peut évoquer à ce sujet l’épisode du
renouvellement du tiers du Sénat de 1997 lorsque, suite aux élections, le Sénat a refusé de valider
les pouvoirs de deux sénateurs déclarés élus confirmés par le CEP. Il en est résulté la plus grande
crise institutionnelle et politique du nouveau régime entre octobre 1997 et février 2001, crise
28
prolongée jusqu’en 2004 à la chute du président Aristide dont la légitimité électorale a été
contestée et qui nous a valu une intervention étrangère.
29
On a observé que même sous une présidence constitutionnelle (Aristide en 1995, Martelly
en 2015) des décrets ont été émis avec prétention de force de loi alors que les élections étaient en
cours pour la reconstitution du Parlement seul habilité à faire des lois.
Un des exemples les plus criants est l’initiative prise en 1995 par un président
constitutionnel de légiférer par décret sur l’organisation du système judiciaire (décret du 22 août
1995) : un pouvoir indépendant également dépositaire de la souveraineté nationale, et cela, peu
de jours avant l’achèvement (septembre 1995) des élections législatives.
30
3.4.2. Le calcul de la majorité pour les délibérations
Dans les situations, souvent produites, notamment au Sénat où une Chambre fonctionne à
effectif réduit faute d’élections complémentaires, les parlementaires ont décidé de fixer le calcul
de la majorité comme si l’effectif était complet. Il en est résulté qu’une minorité prend en otage le
Pouvoir législatif et exerce du chantage non seulement sur le gouvernement mais sur la majorité
parlementaire.
31
Article 268-3.- Les forces armées ont le monopole de la fabrication, de l’importation, de
l’utilisation et de la détention des armes de guerre et de leurs munitions, ainsi que du
matériel de guerre.
On aura remarqué que la Constitution ne fait aucune référence à la loi dans ces
dispositions concernant les Forces armées comme du reste dans tout le chapitre les
concernant, sauf lorsqu’il s’agit d’encadrer « le service national civique mixte. »
C’est donc un chapitre à réexaminer de près.
CONCLUSION
L’histoire contemporaine d’Haïti, comme celle du 19e siècle, enseigne que les impasses
constitutionnelles sont souvent surmontées par des coups de force (1873, 1935, 1950) ou des
confusions de fin de mandat (1997-2000, 2014-2016), étant donné la fragilité de l’État de droit
naissant. Les exemples ne manquent pas pendant la période de transition post-duvaliériste : Il n’y
a certes pas eu de coup de force (mis à part les coups d’État : 1987-88, 1991 non issus
directement d’une impasse constitutionnelle), mais des réponses politiques extra
constitutionnelles : 1999 avec l’accord du 6 mars 1999; puis 2004-2006 pour la mise en place de
la transition Alexandre- Latortue suite au renversement du président Aristide; et enfin 2014-2016
engloutissant pas moins de 4 Accords. Tout cela sans que les acteurs principaux se soucient de
rechercher dans la Charte les causes de telles impasses et évidemment se sentent obligés d’attirer
l’attention sur l’urgence de la révision constitutionnelle.
On a donc vécu avec les failles et les lacunes en faisant semblant de les ignorer. On peut
comprendre que les circonstances de la lutte contre les coups d’État militaires en 1988 et 1991-
1994 appellent au rétablissement de la légalité constitutionnelle sans mettre en cause la Charte
elle-même. Mais la lutte anti Aristide de 2000-2004 est née de la faillite électorale qui a
compromis la légitimité du 2e mandat du leader lavalas. On aura remarqué que si l’appel au
président de la Cour de Cassation, Boniface Alexandre, pour remplacer le président Aristide dit
démissionnaire le 29 février 2004, amorce une réponse légale à la crise ; le reste n’a rien à voir
avec la Constitution. De plus, une grande partie du mouvement anti-lavalas s’est développée en
32
faisant la promotion d’un nouveau contrat social, mais par la suite on s’est enfermé pendant deux
ans dans le processus de normalisation par la sortie électorale sans interroger le modèle d’État de
la Constitution de 1987. La situation va se répéter en 2014-2016.
En résumé, on peut noter que pour sortir des coups de force, surmonter des crises
électorales et institutionnelles, les acteurs majeurs de l’intérieur et de l’extérieur ont dû, à défaut
de réponse juridique, recourir à plus d’une vingtaine d’Accords, d’arrangements, de commissions
ad hoc, de lois spéciales, de décrets inconstitutionnels, d’intenses négociations, de résolutions, de
velléité d’un pacte de gouvernabilité, de missions internationales et même de deux interventions
militaires; tout cela sans parvenir à un minimum de stabilité politique fonctionnelle.
Aujourd’hui, suite aux scrutins des deux dernières années, le parlement est redevenu
fonctionnel, un nouveau président installé, un gouvernement mis en place, la formation des
collectivités territoriales en voie d’être complétée, peut-on alors se contenter de quelques
aménagements dans la Constitution actuelle pour écarter le danger de l’affaiblissement de l’État?
Peut-on faire comme si l’édifice constitutionnel érigé en 1987 peut tenir, avec quelques
retouches, dans un hypothétique État démocratique?
Il faudra répondre à ces questions en commençant par les suivantes :
1. Quel régime politique voulons-nous ?
2. Le régime induit de la Constitution de 1987 est-il inadéquat ? Pourquoi ?
3. Voulons-nous le changer ou le réformer ?
33
ANNEXE I.-
34
- Liste non exhaustive
3. Mise en place d’un Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire avec un mandat renforcé.
- L’article 184.2 ajouté
Toutefois, la nomination des juges de paix, de ceux de la Cour d’appel et des
tribunaux de première instance implique, en vertu de l’article175 non amendé,
l’intervention des assemblées communales et départementales qui n’ont pu être
formées à ce jour.
4. Clarification de la fin du mandat présidentiel et celle des élus du Corps Législatif au cas
où les élections ne peuvent aboutir avant le 7 février ou le deuxième lundi de janvier
respectivement :
- Les articles amendés 92.1, 95, 134.2
35
7. Nouvelles dispositions pour combler une vacance présidentielle (par les rôles dévolus au
PM ou à l'Assemblée Nationale selon le cas)
- Les articles 149 et 149.1 amendés et 149.2 ajouté
9. Exigence de la majorité absolue dans chacune des deux Chambres pour désigner un parti
majoritaire dont le PM devra obligatoirement être sorti de ses rangs
- L’article 137 amendé
10. Introduction de la notion de l'État d'urgence dans les attributions de l'Assemblée Nationale
- L’article 98.3 amendé, alinéa 6
Réintroduction du bénéfice de l’urgence dans le vote d’un projet de loi
- Article 119.1 ajouté : Le Pouvoir Exécutif peut solliciter le bénéfice de l’urgence
dans le vote d’un projet de loi.
Dans le cas où le bénéfice de l’urgence sollicité est obtenu, le projet de loi est voté
article par article toutes affaires cessantes.
11. Tout Premier Ministre ayant obtenu un vote de confiance ne peut être interpellé que dans
un délai de six (6) mois après ce vote de confiance.
- L’article 129.6 amendé
Cet article dans son alinéa 3 règle en même temps la question de censure. Il
précise : «L’échec d’une motion de censure, soumise au vote dans une des deux
Chambres, à l’endroit du Premier ministre équivaut à un vote de confiance».
12. En cas d'incapacité permanente dûment constatée du Premier Ministre ou de son retrait du
poste pour raisons personnelles, le Président choisit un Premier Ministre intérimaire parmi
les membres du cabinet ministériel en attendant la formation d'un nouveau Gouvernement
dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours.
- L’article 165 amendé
14. L’élection du Député a lieu le dernier dimanche d’octobre de la quatrième année de son
mandat
- L’article 90.1 amendé
15. Le principe du quota d’au moins trente pour cent (30%) de femmes est reconnu à tous les
niveaux de la vie nationale, notamment dans les services publics.
Le préambule et l’article ajouté 17.1 (ci-dessous):
36
- L’article 31.1.1 ajouté se lit comme suit :
- Toute loi relative aux Partis politiques doit réserver dans ses structures et dans ses
mécanismes de fonctionnement un traitement en conformité avec le principe du
quota d’au moins trente pour cent (30%) de femmes exprimé à l’article 17.1.
- L’article 207.2bis ajouté se lit comme suit :
- Dans l’exercice de ses fonctions, il (Le protecteur du citoyen) accordera une
attention spéciale aux plaintes déposées par les femmes, particulièrement en ce qui
a trait aux discriminations et aux agressions dont elles peuvent être victimes
notamment dans leur travail.
17. L’État peut, si la nécessité en est démontrée, déclarer une zone d’utilité écologique.
- L’article ajouté 256.1
18. Renforcement des obligations de L’État et des collectivités territoriales dans le domaine
de l’éducation et de l’enseignement
- Articles 32 à 32.9 amendés
Distinction au sein de l’Administration publique nationale
L’article 234.1 ajouté stipule : L’Administration Publique Nationale est constituée
de l’Administration d’État et de l’Administration des collectivités territoriales.
19. Dans le titre VIII Des finances publiques, quelques modifications (amendements ou
abrogations) méritent d’être soulignées :
L’article 217 abrogé stipule : Les finances de la République comportent deux
composantes : les finances nationales et les finances locales. Leur gestion
respective est assurée par des organismes et mécanismes prévus à cet effet.
L’Exécutif est tenu de prévoir un mode de consultation des collectivités
territoriales pour toute démarche intéressant les finances locales.
L’article 223 abrogé ajoute aux prérogatives du Parlement en stipulant en alinéa
2 : Le contrôle de l'exécution de la Loi des finances est assuré par le Parlement
(une nouveauté), la Cour Supérieure des Comptes et toutes autres institutions
prévues par la loi.
L’article 227 abrogé : Le budget est voté par entité administrative (au lieu de
chaque ministère) suivant la classification établie par la loi.
L’article 227.3 abrogé supprime le délai de 15 jours après l’ouverture de la
session législative pour la présentation des comptes généraux des recettes et des
dépenses de la République par le ministre des Finances. Il renvoie à la loi
d’établir les délais.
37
Par contre, l’abrogation de l’article 229 enlève aux Chambres législatives le
pouvoir de «s’abstenir de tous travaux législatifs tant que les documents sus-visés
ne leur sont pas présentés … »
A signaler également l’abrogation de l’article 228.2 qui stipulait : Aucune
augmentation, aucune réduction ne peut être apportée aux appointements des
fonctionnaires publics que par une modification des lois y afférentes.
38
ANNEXE II.-
39
Les négociations aboutissant à la Déclaration du Corps législatif qu’il y a lieu d’amender la
Constitution de 1987 ont réuni des représentants de l’Exécutif, de nombreux parlementaires de
toutes tendances et quelques membres de la Commission présidentielle qui a produit le rapport
sur la réforme constitutionnelle. A partir de ce rapport, le Pouvoir exécutif a élaboré sa
proposition d’amendements avec motifs à l’appui. Nous énumérons ici les principales
propositions qui n’ont pas été retenues.
A.- Sur les privilèges à accorder aux communautés haïtiennes vivant à l’étranger
La représentation parlementaire des Haïtiens de l’étranger, leur participation aux élections
nationales, l’ouverture des fonctions administratives et électives à tout haïtien, nonobstant
certaines conditions, n’ont pas été prises en compte faute par les parlementaires d’analyser
adéquatement les implications d’une telle innovation dans les institutions de l’État. On admet
pourtant que l’apport des expatriés à l’économie nationale est essentiel et qu’il conviendrait de
renforcer leur contribution au développement du pays. Outre leur participation aux élections, leur
intégration dans une institution délibérative aussi importante que le Sénat les conforterait dans
leur appartenance nationale et la conscience de leur responsabilité vis-à-vis de la patrie.
40
établir une possibilité de recours auprès du Conseil constitutionnel constitutionnelle pour les
personnes qui pourraient s’estimer lésées.
41
G.- Sur la procédure de révision constitutionnelle
La procédure actuelle est longue, périlleuse et incertaine. Il y a lieu de penser à l’alléger, à
la simplifier et à la rendre plus célère.
42
ANNEXE III.-
43
Ce rapport a été validé en l’état par l’Assemblée des Députés au cours de deux séances
plénières, respectivement les 9 et 31 août 2017. Un certain nombre de points cruciaux ont été
abordés lors de ces discussions.
44
9- Articuler les pouvoirs des Collectivités territoriales, en envisageant des pistes de solutions
aux conflits pouvant exister entre Maire Principal et Assesseurs ou encore entre Mairie et
Sections communales.
Enfin les honorables députés, ont recommandé de porter un regard sur l’organisation
générale de l’Etat par rapport aux ressources limitées dont dispose le pays. Il a été donc question
de mener une réflexion à ce niveau.
B. Idéologie
La question idéologique a été posée. La constitution de 1987 a été élaborée et promulguée
dans un contexte particulier. La préoccupation centrale a été la prévention de toute forme de
pouvoir dictatorial. Par voie de conséquence, la problématique centrale des Constituants a été de
de trouver les « bonnes » techniques de limitation du pouvoir. La Constitution prend alors
l’aspect d’un assemblage de mécanismes orientés selon cette problématique. Il est alors déploré
l’inscription du présent rapport dans cette visions purement techniciste, avec en corollaire
l’accent sur : « les failles dans les arrangements relatifs à la prévention ou à la résolution des
conflits au sein des pouvoirs, entre les pouvoirs, entre les divers niveaux de pouvoirs des
collectivités territoriales, entre des ordres de pouvoirs, ainsi que des obstacles au processus de
règlement des crises politiques ». Certes, cet effort de compréhension des facteurs de crise qui
affecte notre régime politique est appréciable ; en ce sens qu’il permet de mieux comprendre les
propositions d’amendement de nature à définir des stratégies constitutionnelles de prévention et
de sortie de crise. Mais, la question idéologique doit être au cœur de la réflexion.
En effet, il a été mis en évidence que la question de la Constitution est avant tout d’ordre
idéologique. L’État peut revêtir différentes formes politiques, notamment : libéralisme,
socialisme, communisme, républicanisme, confessionnalisme, mobilisant chacune une certaine
conception de la société et de la justice admise. Autrement dit, toute Constitution est porteuse
d’une idéologie qui traduit une certaine mentalité qu’il ne faut pas nier.
C. Mentalité
La question idéologique implique celle de la mentalité ; problématique dont le débat sur
l’amendement de la Constitution doit tenir compte, selon certains Députés. Par mentalité, on
entend un état d’esprit, une façon de penser. La mentalité est à la base de l’attitude face aux
situations de la vie quotidienne. Elle permet de faire rapidement et clairement la part des choses
face à ces situations et de prendre des décisions clés qui résoudront des problèmes ponctuels sans
perdre de vue les objectifs plus vastes poursuivis, notamment dans un cadre institutionnel. Un
état d’esprit trop étriqué peut en revanche empêcher l’acteur de se rendre compte des
changements de situation qui nécessitent de nouvelles approches et une nouvelle façon de penser,
ou de chercher du compromis. Donc les crises qui ont affecté nos institutions au cours de ces
dernières années ne peuvent pas être mises exclusivement sur le compte des failles de la
Constitution.
Il faudra analyser l’état notre mentalité en lien avec l’idéologie sous-jacente à la
Constitution de 1987. Il s’agira plus précisément de discuter les valeurs fondamentales
constitutives de ladite idéologie, et les conditions d’ancrage de ces valeurs dans notre mentalité.
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D. Laïcité et langues
Durant le débat sur le rapport de la Commission, des recommandations touchant la culture
et la religion, ont été formulées.
Certains députés ont recommandé à ce que le caractère laïc de l’Etat soit clairement
affirmé. Il a été mentionné qu’Haïti est un pays à dominance religieuse. Plusieurs religions
existent, il est important de traiter l’ensemble de ces religions avec équité.
Par ailleurs, la question de la langue a été l’objet de discussion ; et cette question doit aussi
être clarifiée à travers le projet d’Amendement constitutionnel. Il existe deux langues officielles,
il est important que les deux soient traitées de manière impartiale.
E. Terminologie
Le problème de certaines terminologies utilisées dans la Constitution a été soulevé lors des
débats en Assemblée, notamment : celle « Assemblée nationale ». Dans les États disposant d’un
système législatif bicamériste (à deux chambres), l’Assemblée nationale désigne la Chambre
basse, ou la Chambre des Députés, par opposition à la Chambre haute ou Sénat. Dans la
Constitution de la Cinquième République française qui semble inspirer la Constitution de 1987,
le terme Assemblée nationale est utilisé pour désigner uniquement la Chambre des députés. La
réunion des deux chambres en une seule Assemblée porte le nom de Congrès.
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