L’espagnol est une langue dite romane ou latine car elle provient du latin, tout
comme le français, l’italien, le roumain, le portugais. Ce sont les Romains venus
d’Italie qui l’introduisent en Europe.
Après être passés par les îles, -la Sardaigne, la Sicile, la Corse-, ils envahissent
la Péninsule Ibérique en 218 avant J.C et répandent le latin.
La Péninsule Ibérique est le premier pays à être envahi par les Romains, bien
avant la Gaule par exemple : on y parle donc un latin qualifié d’archaïque. C’est
de ce latin parlé archaïque que dérive la langue espagnole. Il est désigné sous
le nom de latin vulgaire car il est parlé par le peuple (vulgus en latin). Il est dit
archaïque car c’est un latin exporté assez tôt et qui n’a donc guère évolué, à
l’inverse du latin parlé en Gaule qui, ayant été exporté beaucoup plus tard (en
58 avant J.C), avait renouvelé son lexique. Cette différence entre latin
archaïque et latin tardif se manifeste dans le vocabulaire : on dit table en
français (latin TABULA) mais mesa en espagnol (lat. MENSA), on dit parler en
français (lat. PARABOLARE) mais hablar en espagnol (lat. FABULARE), on dit
hallar en espagnol (lat. AFFLARE) mais trouver en français (lat. TROPARE,
dont l’origine d’ailleurs est très controversée). Dans les autres pays d’Europe se
développeront en parallèle des latins vulgaires différents : c’est de ces latins
que naîtront les langues romanes : le français, l’italien, le portugais, et le
roumain. L’éclatement puis la chute de l’Empire romain est à l’origine de cet
éclatement linguistique.
C’est au Vème siècle après J.C. que l’espagnol commence à prendre forme à
l’époque où le latin entame son déclin. Des peuples germaniques déferlent sur
l’Europe et envahissent la Péninsule Ibérique. Ils parlent une langue
germanique qu’aucun autochtone romanisé ne comprend et dont la rudesse
des sonorités ressemble à un « barabara » continu, ce qui leur vaut le nom de «
Barbares ». Entre le Vème et le VIIIème siècle en Péninsule Ibérique sous les
règne des Wisigoths, latin parlé et langues germaniques se mélangent. Ces
dernières laissent des traces dans la langue espagnole: ces traces sont
appelées le « superstrat germanique ». Des mots tels que guerra (WERRA),
estribo (STREUP), jabón (SAIPO), falda (FALDA), ou encore ropa (RAUPA)
sont des mots d’origine
barbare… Le mot Andalucía lui-même dérive de Al-Andalus. Ce mot a pour
origine « al-vandalus » (al, article arabe et vandalo, vandales, peuple d’origine
germanique), adaptation arabe de Portus Vandalusius, désignant à l’origine le
port d’où partirent les vandales.
Au VIIIème siècle, plus précisément en 711, les Arabes envahissent la
Péninsule Ibérique qu’ils occuperont jusqu’au XVème siècle. L’arabe s’impose
comme langue de culture et comme langue administrative. Toutefois, l’espagnol
appelé à l’époque romance, est déjà bien consolidé. Il s’arabise et finit par
former ce que l’on appelle le mozárabe. Le mozárabe est parlé par tous, y
compris par les arabes eux-mêmes qui connaissent cette langue et la
pratiquent à l’oral, bien qu’ils privilégient l’arabe à l’écrit. Parmi les premiers
textes écrits en langue espagnole, on trouve ainsi de petits poèmes Las
Jarchas, datant du XIème siècle, écrits en fait en mozarabe.
L’arabe influence considérablement l’espagnol : les mots commençant par al ou
a incorporent au mot l’article arabe al. On les trouve dans le vocabulaire de la
maison (azotea, alcantarilla), des aliments (arroz (riz sans article en français),
azúcar (sucre), algodón (coton), aceituna), du commerce (aduana, almacén,
zoco, maravedí), de l’administration (alcalde, alguacil), des professions
(albañil), de l’habillement (almohada, alfombra), du jeu (ajedrez, azar, naipe).
De nombreux noms de lieux sont formés à partir de Guad, wadi ‘le fleuve’ :
Guadalquivir, Guadalajara.
C’est sous l’occupation arabe que l’espagnol en tant que tel voit le jour. Le
premier texte écrit en langue espagnole date du Xème siècle. Ce sont des «
gloses » que l’on retrouve en marge des manuscrits latins recopiés par les
moines. Ces derniers, jugeant que les lecteurs de l’époque ne comprenaient
plus le latin, avaient apposé ans la marge la traduction de certains passages
dans une nouvelle langue qui n’était autre que…l’espagnol. Ces Gloses sont
appelées Glosas Silenses et Glosas Emilianenses: les premières émanent du
Monastère de Silos situé dans la région de Burgos et les secondes de San
Millán de la Cogolla situé dans la région de La Rioja.
Enfin, c’est au XIIème siècle que le premier grand texte de la littérature
espagnole voit le jour : le Cantar de Mio Çid, chanson de gestes, écrite en vers
qui retrace les exploits de Rodrigo Díaz de Vivar, dit le Çid, parti à la
reconquête de la Péninsule. Son nom écrit à l’époque avec un ç et prononcé «
ts », tire son origine de l’arabe Said qui signifie « mon maître ». L’espagnol était
né et allait connaître le développement et le destin que l’on sait : être
aujourd’hui l’une des langues les plus parlées au monde.
Source : https://www.telemartin.tv/origines-espagnol/