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Revue de Métaphysique et de Morale
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Le critère de la vérité chez Spinoza
Chez Spinoza, l'idée vraie est norme du vrai et du faux (veritas norma
sui et falsi). Que la vérité soit son propre critère est une conception
souvent formulée par Spinoza1, mais difficile à saisir dans toute son
ampleur. Il semble que la connaissance du critère de la vérité implique
toujours un méta-niveau, un point de vue hors de la vérité supposée.
Tandis que, sans une possibilité d'une métalangue, la notion d'évidence,
si chère à Spinoza, deviendrait superflue2 : le critère en tant que consis-
tance logique ne consiste qu'en étant une tautologie et qu'en étant la
correspondance avec les faits conçue comme possibilité de vérification
et de falsification. On verra que Spinoza rejette un critère de correspon-
dance à l'égard de la vérité mais qu'il rejette également un critère de
cohérence logique qui serait tautologique sans implication métaphysique.
Il n'est pas possible de séparer la théorie de connaissance de la méta-
physique chez Spinoza, car la métaphysique ne constitue pas une réflexion
à part, une métalangue, mais elle est impliquée dans l'epistemologie : cela
est l'essentiel de la notion de vérité comme son propre critère. Il est
néanmoins possible et utile d'analyser cette notion spinoziste en commen-
çant par l'aspect épistémologique.
Il y a deux premières difficultés dans l'exposé de Spinoza. Ne faut-il
pas constater qu'une proposition est vraie ou fausse ? Et cette exigence
n'implique-t-elle pas un critère en dehors de la proposition examinée ?
Et, ensuite, comment Spinoza peut-il dire « qui peut savoir qu'il est certain
d'une chose, s'il n'est pas auparavant certain de cette chose ? »3 - on
peut, à la rigueur, admettre que l'on possède des idées certaines, mais la
grande question est comment on peut savoir qu'on les possède.
1. Tract. Intell. Emend, (ed Gerhardt II, 17, 18) ; Körte Verhandeling II cap. 15 ;
Etti. II, prop. 43 schol.
2. L. Wittgenstein, Troctotus 5.4731 : « Des Einleuchten... entbehrlich. > ; 6.1262 :
« Der Beweis., nur ein mechanisches Hilfsmittel ».
3. Eth. II, 43 schol.
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Spinoza : De la vérité
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C'A. çan Peursen
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Spinoza : De la vérité
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C.-A. çan Peursen
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Spinoza : De la vérité
vraie en nous ne peut être qu'une idée adéquate en Dieu20. Même une
idée inadéquate renvoie vers son adéquation possible et indique, de cette
manière, la même idée, mais maintenant complétée en Dieu. Surtout la
réflexivité, le « idea ideae », ne joue pas au dedans de nous, ici, mais là,
au dedans de la Pensée comme attribut de Dieu. C'est donc une réflexivité
structurelle et objective - expression qui contient une contradiction
pour la tradition reflexive et transcendantale. Mais c'est pourtant cela
qui est indiqué par la notion de Dieu. Il en résulte que Spinoza emploie
l'analogie de la lumière dans un nouveau sens. Le scolie de la proposition 43
(Eth. ii^ en donne la fameuse formulation : « comme la lumière se fait
connaître elle-même ainsi que les ténèbres, la vérité est critère d'elle-
même et du faux ». La même image se trouve, avec des variations, chez
Platon, Aristote, saint Augustin, saint Bonaventure, Descartes - mais
toujours au sens que la lumière ou le soleil est un troisième élément :
la lumière vient du dehors afin de faire le pont épistémologique entre la
représentation du spectateur et l'objet de connaissance. Ici c'est l'idée
elle-même, dans son caractère intrinsèque de vérité et d'adéquation, qui
est la lumière.
En ce rapport il faut rappeler que l'idée vraie est toujours affirmation
et que la négation ne se trouve pas au même plan. C'est l'affirmation
qui est critère de la vérité ainsi que du faux. La négation ne contient
donc rien de positif ; le faux est au vrai comme le néant est à l'être21.
Chaque inadéquation, chaque restriction, toute finitude implique donc
une partie de négation. L'infinitude est donc l'affirmation absolue, dit
Spinoza, en posant ainsi le fondement réel de toute affirmation véridi-
que : la Substance. L'essence de ce qui est absolument infini n'enve-
loppe aucune négation : la Substance est Dieu, caractérisée par une
infinité d'attributs et par l'existence nécessaire qui s'appelle « l'éternité »22.
La conséquence logique de l'affirmation manifeste la dimension métaphy-
sique de l'epistemologie objective.
C'est dans des textes cités que l'idée vraie et adéquate est souvent
caractérisée comme « sans rapport avec un objet », et « en soi » (in se)23.
L'en-soi, chez Spinoza, n'est jamais l'objectivité triviale ou vide d'une
tautologie, d'une convention formelle - des termes primitifs (sans
« signification ») réglés par des axiomes (définitions implicites) - mais
la présupposition de toute opération logique. L'en-soi supporte tout
raisonnement qui est fondé dans une présupposition (in alio).
L'objectivité logique de la vérité n'est pas une structure vide, mais
« in se » est justement la définition de la Substance avec laquelle U Éthique
commence24. Le terme « Dieu » n'est .donc pas simplement un nom
20. Eth.f II, prop. 20, 36, 43.
21. Eth.y II, prop. 33, 49 scüol.
22. Eth., I, dei. 6 ; 8 ; prop. 8 schol. I.
23. EOI., II. dei. 4.
24. Eth., I, dei. 3.
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C'A. van Peursen
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Spinoza : De la vérité
25. G.W.F. Hegel, Phänomenologie des Geistes, chap. VII, C. ; Wissenschaft der
Logik, II, 3, chap. I Anni.
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