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Au cœur de la sociologie il y a un projet politique, démocratique. En effet cette discipline est née à la fin du XIXe (Weber et Durkheim)
avec un projet politique : l’Etat. Pour les fondateurs de la sociologie, analyser la vie sociale c’est d’abord comprendre les multiples les
changements sociaux qui marquent la société dans laquelle ils vivent (révolution industrielle et révolutions politiques), mais aussi
comprendre les interactions les plus élémentaires entre les acteurs de la vie sociale.
Il s’agit d’une science sociale, elle se distingue alors des autres projets à vocation sociale. Elle est instituée, donc elle constitue un
champ cad un espace autonome avec ses règles, son langage et ses luttes de pouvoir. Cette discipline poursuit deux objectifs :
Repérer les régularités, les lois qui ordonnent le monde social (la plupart du temps ces mécanismes sont dissimulés).
Rechercher la singularité des individus, l’objectif étant d’expliquer par quel processus les individus se construisent.
Ces deux objectifs sont un énorme enjeu politique : ils impliquent une rupture assez fondamentale avec le sens commun. Ce dernier
se rapporte à un ensemble de connaissances socialement transmis et largement diffusés dans une culture donnée. Une société
fonctionne avec des représentations qui permettent aux individus de se positionner les uns par rapport aux autres.
En effet la sociologie ne consiste pas à commenter un simple fait social ; ce n’est pas parce qu’un fait surgit dans l’actualité qu’il s’agit
forcément d’un objet sociologique. De même il ne s’agit pas d’une discipline permettant de passer des concours ou de parler
intelligemment d’un problème social. D’ailleurs la plupart du temps un problème social n’est pas un problème sociologique.
La construction d’un problème sociologique implique trois opérations :
ð La mise en énigme : ce peut être assez trivial, visible par tous mais personne ne veut véritablement le voir. Ex : Pourquoi y a-t-il
plus de chefs d’entreprises protestants – Weber ; Pourquoi les individus acceptent-ils l’ordre social ?
ð L’enquête : la sociologie implique de mettre en œuvre un dispositif extrêmement rigoureux et contraignant, afin de pouvoir
vérifier les hypothèses. Les moyens, les données doivent toujours être vérifiables. Cette enquête peut faire émerger des
questions, des problèmes qui n’étaient pas visibles au départ.
Le point essentiel de cette étape est le concept de neutralité axiologique (Max Weber) : il s’agit de mettre de côté ses
propres valeurs et d’être capable de travailler sur un monde social extérieur sans le juger. En effet les prénotions du
sociologue peuvent biaiser son analyse. Pour qu’une analyse soit scientifique, elle ne doit pas dépendre des valeurs du savant
et doit pouvoir être contrôlée, vérifiée ; il importe de faire la différence avec une analyse en partie subjective.
ð La théorisation : il s’agit de proposer une généralité qui puisse servir à comprendre d’autres phénomènes. Ce paradigme doit être
fondé sur un système explicatif, et doit être vérifiable.
Quoiqu’il en soit, ce qui rend la sociologie si singulière c’est qu’elle cherche à construire une critique sociale ayant pour but de révéler
un ordre caché, des lois, des régularités, et à traquer certaines vérités que ne veulent pas connaître les individus.
En effet la sociologie met en cause un certain nombre de fictions, au premier rang desquelles se trouve la liberté. En proposant de
révéler un ordre social, le sociologue s’expose à deux écueils :
- Tomber dans les théories conspirationnistes (cf. Gustave Lebon + Boltanski) : dans une logique de dénonciation, cela revient à
b produire une espèce de scepticisme chronique vis-à-vis des institutions.
- Tomber dans la prédiction : cela revient à s’éloigner de l’objectif principal de la sociologie, à savoir détecter et établir des d
singularités qui sont irréductibles.
La sociologie présente la particularité d’être à la fois ésotérique (elle a un langage propre) et exotérique (tous les individus se pensent
naturellement en mesure de porter un jugement sur le monde social). Elle s’oppose au sens commun, qui peut avoir deux approches
différentes :
On peut considérer que les discours du sens commun sont des prénotions (Durkheim), auquel cas la sociologie s’impose comme un
discours supérieur qui dit au monde social qu’il est en dehors des choses.
Au contraire, on peut aussi prendre au sérieux le sens commun au détriment des discours sociologiques.
Paradigme = théorie, système explicatif, cohérent d’expliquer le monde social et son fonctionnement.
Il faut comprendre qu’il y a différentes façons d’expliquer le monde social, et ces façons sont en concurrence, en compétition sur le
champ scientifique ; elles dominent en fonction des positions institutionnelles.
Sur le plan visible, dans la sociologie classique, il existe quatre paradigmes :
Le paradigme de l’intégration sociale : il privilégie le modelage des conduites par les structures sociales (déterminisme). Il
s’agira de s’intéresser à Durkheim et deux de ses héritiers : Parsons et Merton.
Le paradigme de l’action sociale : il s’agit ici de faire résulter les structures sociales de la coordination ou de la régulation des
actions individuelles ou collectives. En découlent la sociologie des organisations (Max Weber) celle des mouvements sociaux
(Alain Touraine), et ce qu’on a pu appeler l’individualisme méthodologique.
Le paradigme de la construction sociale : le constructivisme insiste sur la structuration conjointe des conduites et structures
sociales, par des interdépendances au sein de configurations sociales (Bourdieu – sociologie de la domination).
Le paradigme de l’identité sociale : il privilégie les interactions dans le temps entre des trajectoires individuelles et des
appartenances collectives (Goffman).
Mais on assiste à l’émergence de nouveaux paradigmes, centrés autour de trois termes : les réseaux, le risque et le sujet.
S’il est un concept qui a révolutionné le langage sociologique traditionnel, c’est bien celui du risque qui émerge à la fin des années 80
avec la publication de La société du risque d’Ulrich Beck (1986). Ce qu’explique Beck doit être compris en faisant référence à la
sociologie classique, et en particulier celle de Weber.
Pour rappel, le projet sociologique de Weber consiste à comprendre notre modernité, cad comprendre quel est le principe d’action
qui guide nos sociétés. Il vise les sociétés occidentales, qui proposent un mode de développement singulier, fondé sur le capitalisme.
Ce qui constitue le point de départ de La société du risque, c’est la pensée wébérienne qui considère que depuis le développement du
capitalisme les sociétés reposent sur un principe assez clair : le principe de rationalisation.
ð Première acception : il existe historiquement une affinité élective entre des principes d’action religieux et des modes
d’organisation de la vie sociale, donnant naissance au capitalisme. En fait il y a une influence réciproque entre un ethos calviniste
et un ethos social et économique. Ce système de valeur est fondé sur le calcul, la prévision, l’anticipation, soit la réduction de
l’incertitude. Cette rationalité devient donc un principe d’action, d’abord économique.
Ce principe d’action a été étudié par Weber dans L’éthique protestante, dans lequel il met en avant une transformation profonde : le
désenchantement du monde, cad l’exclusion progressive des ressorts magiques (religion) dans l’explication du social. On consacre
alors la science, la technique comme seul principe explicatif. C’est la valeur collective qui doit l’emporter dans les conflits de normes.
On peut alors s’interroger sur le retour du religieux auquel on assiste. Pour Weber, il y a une part de charisme et de prophétisme qui
subsiste dans les sociétés modernes. La modernité va toujours accepter une forme de religiosité.
A ce titre on identifie des communautés prophétiques (ex : Daesh), présentant certaines caractéristiques :
- Un leader porteur d’un charisme personnel. Ce charisme vient non pas de la compétence technique, mais de la révélation qu’il a
reçue d’un message personnel.
- Une propagande qui repose fondamentalement sur l’appartenance à un système singulier, qui désamorce systématiquement toute
controverse. Elle consiste en une publicité particulière : elle se fonde sur le désintéressement par rapport à tout ce qui est
économique, tout ce qui est richesse. Elle attribue des positions à l’individu, qu’il n’aurait pas pu occuper dans le monde d’où il vient.
Cette position est synonyme de pouvoir, qu’il va chercher à conserver.
- Une prophétie qui se présente comme un pouvoir qui n’est subordonné à aucun autre pouvoir. Elle est toujours très critique par
rapport aux pouvoirs institués, la communauté prophétique se tenant à distance de la réalité politique et des légitimités installées.
Elle implique aussi l’exigence d’une cohérence dans toutes les manifestations de la vie.
On a finalement une réponse au désenchantement du monde : la rationalisation technique ne peut pas être le moteur unique d’un
individu, aucune société ne parvient à évacuer la dimension prophétique.
ð Deuxième acception : la rationalisation a entraîné des formes d’organisation spécifiques, notamment la scientifique qui est
censée ordonner par ses résultats les choix qui sont pris par une société. On met alors l’accent sur l’émergence de pouvoirs
impersonnels, qui vont constituer des outils potentiellement contraires à la liberté des individus.
Ainsi la rationalisation ce sont les organisations qui assurent la conformité des individus à la norme sociale. Elles deviendraient
incontrôlables, si bien que cette rationalisation pourrait signifier la disparition des sociétés.
La rationalisation correspond à ce qu’on appelle une première modernité, cad que tous les concepts fondamentaux de la sociologie
ont été fondés dans cette période. L’émergence de la prééminence du risque a engendré une seconde modernité réflexible. Penser
de la sorte a des effets sociaux considérables.
Déviance = ensemble des comportements qui s’écartent de la norme sociale. A ce titre ils font l’objet d’une réaction sociale, le plus
souvent sous la forme d’une sanction pénale.
Le terme lui-même a commencé à avoir du succès dans les années 1950 aux Etats-Unis, avec les travaux des sociologues Merton et
Parsons : ce sont les pères du fonctionnalisme, qui ont revitalisé des travaux menés à l’université de Chicago au début du XXe.
Ensuite dans les années 1960 un autre mouvement se développe sous l’influence de Goffman et Becker : l’interactionnisme
symbolique.
Même si on a vu émerger une approche critique en la matière au Royaume-Uni, cette discipline se développe beaucoup plus aux EU.
Cela grâce à l’école de Chicago, dans laquelle s’est développé le premier département de sociologie. De nombreuses études ont été
conduites par rapport aux phénomènes vécus dans la ville de Chicago qui connaît alors une explosion démographique.
On essaye de trouver des solutions à des problèmes que l’on vit tous les jours – les flux migratoires, les différentes classes qui divisent
la société… On retrouve ces problèmes dans les films des années 30, par exemple la criminalité organisée (godfathers) qui était très
présente dans la société. En fait on assiste à une importante violence, et on ressent le besoin de donner des solutions pratiques.
Le concept de déviance, de criminalité, est relatif :
ð Dans le temps, cad que certains comportements qui étaient considérés comme déviants ne le sont plus (ex : le divorce).
Inversement, la société moderne va réprimer des comportements qui étaient considérés comme légal (ex : harcèlement sexuel).
ð Dans l’espace, cad que les normes changent en fonction des pays. Un phénomène criminel en France peut ne pas l’être dans un
autre pays (ex : le vol d’identité numérique n’est pas un délit en Italie).
ð Dans le contexte : dans une société donnée, un même comportement peut être considéré comme légal dans un contexte, et
illégal dans un autre (ex : avoir une arme blanche).
Il est important de différencier la déviance de la délinquance : le crime ne concerne qu’une petite partie des comportements déviants.
Ce sont tous les actes qui transgressent une loi pénale. A côté on a tout ce qui concerne les sensibilités, les nuisances, les
comportements qui vont à l’encontre des normes sociales.
Les sociologues se sont donc demandé pourquoi certaines personnes transgressaient les normes.
Normes = ensemble des règles organisant les relations sociales et les comportements. Ce sont des modèles de comportement et des
principes qui sont socialement acceptés et qui découlent d’un système de valeurs. Ex : la valeur du respect de l’autre implique des
règles concernant la politesse.
On distingue les normes formelles, cad exprimées à travers les lois, des normes informelles relevant de mœurs, de la coutume, qui
elles ne sont pas codifiées. En fait elles sont intériorisées pendant le processus de socialisation, et vont se transformer par des
décisions politiques à la suite de conflits opposant des individus ou des groupes.
Contrôle social = ensemble de moyens, de processus, à travers lesquels les membres d’une société obligent les acteurs à respecter
les normes. On distingue le contrôle formel, exercé par des acteurs spécialisés dans cette fonction (police, système judiciaire), du
contrôle informel qui lui est exercé par l’ensemble de la population (contrôle de voisinage).
Cet intérêt pour la déviance a émergé au XIXe en Italie et en France. A la base ces études n’avaient pas une vocation scientifique, mais
les chercheurs étaient motivés par des préoccupations sociales, des raisons pratiques. Notamment il fallait réguler toutes les
conséquences négatives de la révolution industrielle – ex : maladies, violence, révolte du prolétariat… Au cours de ce siècle deux
courants vont se développer : les juristes (Beccaria) et les médecins (Lombrog).
Le postulat de base des juristes est que tous les individus sont maîtres de leurs volontés et de leurs décisions, cad que chacun choisit
librement et avec conscience entre le bien et le mal. Ainsi s’ils adoptent un comportement criminel, c’est qu’ils l’ont choisi. De là
découle le principe de responsabilité pénale, toujours en vigueur aujourd’hui.
Le courant des médecins psychiatres s’oppose à cela, en insistant sur le fait que le comportement humain est conditionné par des
facteurs biologiques ou mentaux. Ainsi le criminel n’est pas une personne normale, il est biologiquement malformé ; on considère
qu’il est né avec un gène de criminalité. Cela donne naissance à la police scientifique. Ainsi on a une approche déterministe.
D’abord tous les travaux analysent la déviance en rapport avec la désorganisation sociale : le comportement criminel ne peut pas être
expliqué en faisant référence à une pathologie biologique ou à la pauvreté. Elle est liée à des dysfonctionnements de la société.
Les chercheurs commencent alors à collecter des statistiques, qu’ils vont mapper révélant des zones dans lesquelles les taux de
criminalité sont plus importants. En répétant cette opération dans le temps, ils constatent une certaine stabilité. Donc malgré les
changements dus aux flux migratoires, certaines zones restent plus propices à la déviance. Ainsi la criminalité n’est pas uniquement
liée à des facteurs individuels.
Cette théorie va être déclinée de plusieurs manières :
Shaw et Mac Kay vont utiliser ce modèle pour étudier les centres-villes. Ils constatent que plus on s’éloigne du centre, moins il y a de
phénomènes déviants. Ainsi la criminalité n’est pas liée à des facteurs ethniques, mais à ce qu’ils appellent des aires criminelles. De là
ils développent la théorie de la transmission culturelle de la déviance : il y a une tradition criminelle dans certaines aires, à travers
laquelle les valeurs et les normes déviantes sont transmises à la population du quartier.
Sutherland (1947) va approfondir cette théorie : son objectif est de déterminer pourquoi, devant une même situation, certains vont
commettre un acte criminel alors que la majorité de le fera pas. Il a élaboré la théorie de l’association différentielle : il insiste non
seulement sur la transmission, mais surtout sur l’apprentissage de la déviance. Le comportement criminel est appris en interaction au
sein d’un groupe restreint de relations personnelles.
Il y a un apprentissage de techniques, mais surtout un apprentissage de l’orientation des mobiles, des rationalisations. Cela concerne
le processus d’interprétations que l’individu fait des normes. Si elles sont favorables à une transgression de la loi, l’individu est
susceptible de devenir un délinquant. Il en résulte que diverses formes de comportements criminels peuvent être défavorables pour
un délinquant (ex : le meurtre pour un voleur). A l’inverse, les personnes conformistes peuvent être favorables à une attitude
délictueuse (ex : criminalité en col blanc – fraude fiscale).
Merton tente de poser les bases d’une analyse des sources
sociales et culturelles de la déviance, cad découvrir comment
les structures sociales peuvent pousser certains individus à des
comportements non-conformistes. Il estime que ce ne sont pas
des inégalités culturelles qui sont à l’origine de la déviance, mais
des inégalités sociales. Ainsi le problème ne provient pas de
l’intégration culturelle mais de l’intégration socio-économique,
des inégalités liées aux milieux sociaux.
Pour ce faire il va réutiliser le concept d’anomie de Durkheim :
dans la société il y a des buts mis en avant et intériorisés par
tout le monde (valeurs) et des moyens qui ne sont pas
distribués de façon égale (règles). Il doit y avoir un équilibre
entre les objectifs socialement acceptés et les moyens légitimes
pour les atteindre. Dans le cas de l’anomie, les normes en
vigueur perdent leur signification et ne peuvent plus limiter les
Dans les années 50/60, avec la diffusion de la logique marxiste, on a des chercheurs qui vont faire basculer la manière dont on
appréhende la déviance. Ils critiquent les chercheurs précédents qui ont omis de questionner le pouvoir politique, alors que c’est de
lui qu’émanent les normes.
Ils s’inscrivent alors dans l’interactionnisme symbolique, avec une nouvelle approche : la réaction sociale. Ils partent de l’idée que
toutes les théories précédentes étaient causalistes, fondées seulement sur l’auteur des actes délictueux et ne prenaient pas en
compte la dimension formelle des comportements.
Ils se demandent comment le contrôle social produit la criminalité, en partant de l’évidence qu’il y a énormément de gens qui n’ont
pas commis d’actes déviants mais qui sont quand même soumis au contrôle social. Inversement il y a des gens qui en commettent et
qui ne vont jamais en prison. Ce qu’il faut analyser c’est l’impact de l’intervention des institutions sur le plan collectif et individuel.
L’interactionnisme est une approche constructiviste consistant en une rupture importante dans la sociologie américaine. L’objectif est
de saisir la signification que les sujets donnent à leurs actions. Il s’agit de refuser les interprétations de facteurs, et de privilégier les
processus d’interaction entre les gens, et notamment la réaction sociale officielle aux comportements déviants. Ainsi le pouvoir est à
la fois la condition et l’enjeu de la déviance.
Becker considère que la déviance en tant que telle n’existe pas : un acte devient déviant lorsque ce comportement est défini comme
tel par les pouvoirs publics. En fait le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès. Cela permet de démontrer
pourquoi certains individus ne sont pas identifiés comme criminels alors qu’ils ont enfreint la loi.
Il introduit le concept de carrière criminelle : la délinquance se construit à travers tout un parcours. Becker analyse comment cette
étiquette modifie la propre vision du délinquant sur lui-même – il abandonne ses valeurs d’antan pour adopter celles d’un criminel.
Cette théorie a le mérite de mettre en évidence le poids de la réaction sociale sur la déviance. Pour autant certains auteurs estiment
qu’il y a un problème : les interactionnistes ne disent rien sur la production des normes et les enjeux qu’il y a derrière. A ce propos,
Young et Wolfgang ont considéré que cette production était le résultat du conflit des classes, classes qui sont en compétition pour
avoir le pouvoir. Celle qui gagne cette compétition est celle qui produit les normes, et qui définit ce qui est déviant ou non.
Le travail de sociologue est avant tout un travail de construction de la réalité sociale, cad qu’il y a des faits sociaux mais ce qui compte
c’est la façon dont on les interprète, cela ayant une influence sur le comportement humain. En effet le comportement humain n’est
pas nécessairement le résultat de faits objectifs, mais celui des interprétations que l’on en fait.
Lorsqu’on parle de mouvements sociaux ou de groupes d’intérêt, on identifie des éléments qui ne sont pas nécessairement les
mêmes. On parle de mouvements sociaux en connexion avec des phénomènes (ex : mouvements nationalistes, printemps arabe).
Parfois on observe dans la littérature des phénomènes très limités (ex : extension d’un aéroport) parce que des protestations y sont
associées.
Quoi qu’il en soit ils essayent de représenter un intérêt au sein de la société civile.
Le concept de société civile est utilisé de plusieurs manières : pour faire référence à un système de valeur, à un système de civilité
défini en Occident par la tolérance, la priorité aux moyens d’action respectant la démocratie donc pas de violence/répression…
On parle des sociétés civiles comme un espace public de délibération où les intérêts sont discutés, débattus.
On en parle aussi comme l’action volontaire orientée à la production de biens publics. Ainsi elle n’est pas orientée vers le profit mais
vers un bien qui ne peut pas être partagé ou privatisé. Ex : un environnement plus sain, une transformation politique… Pour autant
cela ne signifie pas que ce sont des choses bien dans la substance, on ne s’intéresse pas à la dimension morale.
La différence entre groupe d’intérêt et mouvement social réside alors dans le système de relation général : les premiers font un travail
isolé ; ils ont une identité propre mais ne l’élargissent pas aux solidarités.
L’idée de coalition renvoie à un groupe d’acteurs qui prennent des décisions à propos de l’allocation de ressources en poursuivant un
objectif d’intérêt commun. C’est une forme de collaboration facile à percevoir (ex : manif), et chaque démonstration est le résultat
d’un travail de coopération avec des groupes différents.
Il est difficile d’identifier empiriquement la différence entre coalition et mouvement social. D’un point de vue théorique par contre,
dans la coalition la définition des frontières reste concentrée sur des groupes spécifiques ; il n’y a pas de forme de solidarité. Ex :
printemps arabe – ils ne sont pas tous partisans de la démocratie, du moins n’en ont pas la même vision.
Finalement pour analyser la société civile, il ne faut donc pas se contenter d’étudier les acteurs, mais il faut aussi s’intéresser aux
connexions et aux modes de coordination.