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Traitement des impacts sur le

milieu humain dans le cadre


d’une étude d’impact sur
l’environnement:
méthodologies /outils
communément utilisés au
Québec.

Document de travail
Septembre 2014
Comité sur l’orientation 2 du plan stratégique de
l’Association québécoise pour l’évaluation d’impacts (AQÉI)
________________________________________________________________________________________________________________

Collaboratrices/Collaborateurs à la rédaction
Hélène Boudier (consultante)
Geneviève Dionne (SNC-Lavalin Environnement)
Véronique Landry (UQAT)
Kelly LeBlanc (Administration régionale crie)
Marie-Ève Martin (WSP)
Brigitte Masella (New Millennium Iron Corp.)
Cyril Michaud (Groupe AGÉCO)

Collaboratrices/Collaborateurs occasionnels
Christine Abdel-Malek (Dessau)
Ahmed Cherifi (ETS)
Antoine Moreau (WSP)
Colette Schwartz (Consultante)

Sous la responsabilité de :
Hélène Boudier (Consultante)

i
Préambule

L’Association québécoise pour l’évaluation d’impacts (AQÉI) s’est dotée en octobre 2011 d’un
Plan d’orientation stratégique après un processus de consultation de ses membres dont un des
volets est de «Promouvoir et développer les outils prenant en compte les dimensions économiques,
sociales et culturelles dans les études d’impact».

Un appel a été lancé aux membres en avril 2012 pour former un comité qui a fonctionné sous
forme d’atelier en continu « working in progress» avec les participants présents tout en
acheminant systématiquement les documents et informations à tous les membres du comité.

Le 30 avril 2013, le comité a transmis au conseil d’administration (CA) de l’AQÉI une version
préliminaire d’une structure pour organiser les informations devant être colligées, proposition
qui a satisfait le CA. Une version du document de travail a été déposée en février 2014 au CA pour
commentaires.

En mai 2014, le document révisé a été envoyé aux membres de l’AQÉI pour avoir leurs
commentaires et le document ci-après présente les travaux effectués. Il ne prétend à aucune
exhaustivité des thématiques abordées.
TABLES DES MATIÈRES

INTRODUCTION ................................................................................................................................................................. 5
1. DÉMARCHE SUIVIE PAR LE COMITÉ ................................................................................................................................ 5
2. CADRE REFERENTIEL DE L’EVALUATION DES IMPACTS SUR LE MILIEU HUMAIN DANS L’ETUDE D’IMPACT SUR
L’ENVIRONNEMENT (ÉIE) ................................................................................................................................................... 6
3. CONTENU DES ÉTUDES D’IMPACTS SUR LE MILIEU HUMAIN SELON LES PRINCIPALES ÉTAPES D’UNE ÉTUDE D’IMPACT
SUR L’ENVIRONNEMENT (ÉIE) .......................................................................................................................................... 10
3.1 PRÉSENTATION DU PROMOTEUR ........................................................................................................................................... 10
3.2 JUSTIFICATION DU PROJET ................................................................................................................................................... 10
3.3 DESCRIPTION DU PROJET ..................................................................................................................................................... 10
3.4 IDENTIFICATION ET ÉVALUATION DES ALTERNATIVES AU PROJET.................................................................................................. 11
3.5 IDENTIFICATION ET ÉVALUATION DES VARIANTES ..................................................................................................................... 11
3.6 IDENTIFICATION DES CADRES LÉGISLATIFS, RÉGLEMENTAIRES ET POLITIQUES EN VIGUEUR ................................................................ 12
3.7 IDENTIFICATION DES COLLECTIVITÉS POTENTIELLEMENT AFFECTÉES : AUTOCHTONES ET NON-AUTOCHTONES ....................................... 13
3.8 IDENTIFICATION DES AIRES D’ÉTUDES SOCIO-ÉCONOMIQUES LOCALES ET RÉGIONALES .................................................................... 13
3.9 IDENTIFICATION PRÉLIMINAIRE DES PARTIES PRENANTES ET DE LEURS ENJEUX ............................................................................... 14
3.10 DÉFINITION D’UN PLAN DE PARTICIPATION PUBLIQUE ............................................................................................................. 14
3.12 COLLECTE ET COMPILATION DES DONNÉES DE RÉFÉRENCE SECONDAIRES .................................................................................... 15
3.13 COLLECTE ET COMPILATION DES DONNÉES DE RÉFÉRENCE PRIMAIRES (ACTIVITÉS DE CONSULTATION ET DE COLLECTE DE DONNÉES AVEC
LES PARTIES PRENANTES)........................................................................................................................................................... 16
3.14 ÉVALUATION DES IMPACTS POTENTIELS ET/OU RÉSIDUELS SUR LE MILIEU HUMAIN (POSITIFS ET NÉGATIFS ; DIRECTS, INDIRECTS ET
INDUITS) POUR CHAQUE ÉTAPE DU PROJET ................................................................................................................................... 17
3.15 IDENTIFICATION DES MESURES D’ATTÉNUATION, DE COMPENSATION ET D’OPTIMISATION ............................................................. 18
3.16 ÉVALUATION DES IMPACTS CUMULATIFS .............................................................................................................................. 18
3.17 ÉLABORATION D’UN PROGRAMME DE SURVEILLANCE ET DE SUIVI ............................................................................................. 19
4. AUTRES MÉTHODOLOGIES/OUTILS POTENTIELS ......................................................................................................... 20
4.1 ÉTUDE SUR LES DÉTERMINANTS DE LA SANTÉ........................................................................................................................... 20
4.2 GESTION DES RISQUES TECHNOLOGIQUES ............................................................................................................................... 21
4.4 ANALYSE DES SERVICES ÉCOLOGIQUES OU DE L’ÉCOSYSTÈME ...................................................................................................... 21
4.5 ANALYSE DU PROJET EN FONCTION DES PRINCIPES DE DÉVELOPPEMENT DURABLE .......................................................................... 22
ANNEXES ........................................................................................................................................................................... 1
ANNEXE A ................................................................................................................................................................................ 1
ANNEXE B ................................................................................................................................................................................ 2
ANNEXE C ................................................................................................................................................................................ 3
ANNEXE D................................................................................................................................................................................ 4
ANNEXE E ................................................................................................................................................................................ 5
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

Introduction

Le traitement de la dimension sociale en évaluation environnementale, bien que souvent présent


dans les études d’impacts, s’est affiné au cours des quarante dernières années pour répondre aux
préoccupations grandissantes des collectivités concernant la qualité de vie liée à celle de
l’environnement lors de l’implantation de projets de développement.

Le besoin de faire le point sur les pratiques ayant cours s’étant fait sentir, un groupe de
professionnels en sciences sociales réuni en comité s’est attelé à la tâche et a mis en commun
leurs expériences pour dégager des méthodologies et outils communément utilisés au Québec
dans le traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d’une étude d’impact sur
l’environnement (ÉIE).

Le document ci-après a été conçu comme un canevas pour alimenter des discussions futures (en
atelier, mini-colloque, congrès). Comme indiqué dans le préambule, il ne prétend à aucune
exhaustivité des thématiques abordées.

1. Démarche suivie par le comité

Le but du comité a été de dresser un portrait global de l’évaluation des impacts sur le milieu
humain au Québec du point de vue de la pratique professionnelle en sciences sociales dans le
cadre des ÉIE à l’heure actuelle. L’angle choisi a impliqué de présenter la démarche la plus
communément suivie pour intégrer ces impacts sans exposer en détail le contenu de la boîte à
outils. Comme point de départ pour organiser l’information, nous sommes partis des étapes que
doit suivre une ÉIE pour donner une vue d’ensemble du contenu des études d’impacts sur le
milieu humain.

Dans un premier temps sera donné un aperçu des principaux cadres auxquels se réfèrent
actuellement les études d’impacts sur le milieu humain.

En deuxième lieu, la liste vise à énumérer les principales méthodologies et certains des outils
utilisés pour évaluer les impacts sur le milieu humain d’un projet de développement en les
associant aux plus importantes étapes d’une ÉIE. La liste est présentée de façon séquentielle,
mais l’ordre des séquences n’est pas figé et nous tenons à souligner la nature itérative de
plusieurs étapes, particulièrement celle concernant la participation du public.

La troisième partie explore succinctement certains enjeux qui ouvrent de nouvelles perspectives
pour leur prise en compte dans l’évaluation environnementale et qui, pour les praticiens, posent
le défi de développer des méthodologies/outils pour y répondre.

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

2. Cadre référentiel de l’évaluation des impacts sur le milieu humain dans


l’étude d’impact sur l’environnement (ÉIE)

Il faut rappeler qu’historiquement, après l’adoption de la Loi sur la qualité de l’environnement


(LQE 1978), l’évaluation environnementale visait essentiellement la protection du milieu naturel.
Les préoccupations du milieu humain et du territoire ont pris une importance de plus en plus
grande par les questions soulevées lors des audiences publiques et par la structuration graduelle
de la participation du public.

Au fil du temps, la prise en compte des facteurs sociaux et humains s’est concrétisée par le
développement de méthodologies et d’outils en évolution avec l’interprétation de la définition de
l’environnement qui est devenue plus englobante. Cependant, il faut noter que seul le règlement
concernant le territoire de la Baie-James et du Nord québécois spécifie explicitement dans son
intitulé l’environnement et le milieu social. 1

Les ÉIE sont réalisées par un initiateur de projet (milieu méridional) ou un promoteur (milieu
nordique). Il a la charge de se conformer au cadre légal applicable pour l’obtention des
autorisations requises. Les exigences des autorités en matière de consultation du public par le
promoteur et celles en matière d’évaluation d’impacts sur le milieu humain, traduites dans la
directive ministérielle, ont évolué au fil du temps. Elles sont mieux définies et mieux encadrées,
bien que du travail reste à faire. Les exigences sont en fonction du type de projet et du contexte
dans lequel il s’insère. Cette flexibilité est essentielle afin de maintenir un équilibre entre le
risque et l’effort.

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la lutte contre les


changements climatiques (MDDELCC) définit le cadre de l’évaluation environnementale comme
suit :

L’évaluation environnementale permet, avant même la réalisation de projets, de considérer,


d’analyser et d’interpréter l’ensemble des facteurs qui exercent une influence sur les écosystèmes, les
ressources et la qualité de vie des individus et des collectivités. En raison de sa nature préventive,
l’évaluation environnementale favorise le développement durable.

En accordant une large place aux mécanismes d’information et de consultation du public,


l’évaluation environnementale au Québec s’appuie sur les valeurs des individus, des groupes et des
collectivités. C’est ainsi que les projets sont mieux conçus et que leurs impacts, tant sur le milieu
humain que biophysique, sont minimisés le plus possible.
http://www.mddefp.gouv.qc.ca/evaluations/inter.htm

1
Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement et le milieu social dans le territoire de la Baie-
James et du Nord québécois).

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

L’étude d’impact est la pièce maîtresse dans l’évaluation environnementale qui se centre sur les
impacts d’un projet. Le MDDELCC en définit les caractéristiques dans l’énoncé ci-dessous:

L’étude d’impact est un instrument privilégié dans la planification du


développement et de l’utilisation des ressources et du territoire. Elle vise la
considération des préoccupations environnementales à toutes les phases de
réalisation du projet, depuis sa conception jusqu’à son exploitation incluant sa
fermeture, le cas échéant, et aide l’initiateur à concevoir un projet plus soucieux du
milieu récepteur, sans remettre en jeu sa faisabilité technique et économique.

L’étude d’impact prend en compte l’ensemble des composantes des milieux


biophysique et humain susceptibles d’être affectées par le projet. Elle permet
d’analyser et d’interpréter les relations et interactions entre les facteurs exerçant
une influence sur les écosystèmes, les ressources et la qualité de vie des individus et
des collectivités.

L’étude d’impact a pour but de déterminer les composantes environnementales qui


subiront un impact important. L’importance relative d’un impact contribue à
déterminer les éléments cruciaux sur lesquels s’appuieront les choix et la prise de
décision.

L’étude d’impact prend en considération les opinions, les réactions et les principales
préoccupations des individus, des groupes et des collectivités. À cet égard, elle rend
compte de la façon dont les diverses parties concernées ont été associées dans le
processus de planification du projet et tient compte des résultats des consultations
et des négociations effectuées. 2

2
http://www.mddefp.gouv.qc.ca/evaluations/guide_realisation/introduction.htm#avant

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Le processus type que doivent suivre les ÉIE est établi comme suit dans le guide du
MDDELCC :

http://www.mddefp.gouv.qc.ca/evaluations/documents/Guide-realisation.pdf

Le MDDELCC donne les indications suivantes pour la prise en compte des principaux impacts sur
le milieu humain dans les ÉIE:

L’étude indique les impacts sur l’utilisation actuelle et prévue du territoire,


principalement les affectations agricoles, sylvicoles et commerciales, les périmètres
d’urbanisation, les périmètres de protection des ouvrages de captage d’eau
souterraine, de même que sur la superficie des lots et des terres agricoles, la
modification des accès aux bâtiments et aux terres, la destruction de lotissements
existants, l’expropriation de bâtiments, le morcellement des propriétés, etc. Elle tient
aussi compte des impacts des travaux sur le sol et le sous-sol où sont localisés les
vestiges archéologiques, ainsi que sur le patrimoine bâti et les paysages.

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Elle fournit une estimation des retombées économiques locales et régionales


associées à la réalisation du projet. Les impacts économiques peuvent comprendre
les possibilités d’emplois ou de contrats au niveau régional, les prix et salaires, la
répartition des revenus, la valeur des terres et des propriétés, la base de taxation et
les revenus des gouvernements locaux.

L’étude considère les impacts sociaux du projet, soit ses effets sur la population
même et sa composition, le mode de vie, les relations communautaires et la qualité
de vie de la collectivité concernée. Ceux-ci peuvent comprendre, par exemple, la
relocalisation des individus et des activités, la modification des habitudes de vie, la
perte d’espaces verts, les inconvénients liés à la circulation sur les routes (bruit,
odeurs, poussières, etc.).

Elle considère aussi les impacts sur les infrastructures de services publics,
communautaires et institutionnels, tels que routes, lignes électriques, prises d’eau,
logement, services de santé et de protection publique, pistes cyclables, parcs et
autres sites naturels, etc.

De plus, l’étude indique les impacts potentiels sur la santé publique en considérant
notamment les concentrations ou charges de contaminants (dans l’eau, l’air et, le cas
échéant, les sols) auxquelles la population pourrait être exposée, particulièrement en
ce qui concerne les groupes vulnérables (personnes hospitalisées, enfants, personnes
âgées, etc.). Ces impacts sont estimés en fonction des critères basés sur des
considérations de santé publique et tiennent compte du bruit de fond existant dans le
milieu récepteur.

En ce qui concerne les risques pour la santé publique, un niveau approprié d’analyse
doit être utilisé. Si des préoccupations particulières sont exprimées, des études
supplémentaires, telle une analyse de risque complète, peuvent être demandées afin
de caractériser le risque avec plus d’exactitude.

Néanmoins, nous ouvrons une parenthèse pour souligner que les impacts sociaux peuvent être
analysés dans un cadre plus large. En effet, l’International Association for Impact Assessment
(IAIA) donne la définition suivante de l’évaluation des impacts sociaux:

L’évaluation des impacts sociaux inclut les processus d’analyse, de suivi et de gestion
des effets attendus ou inattendus, positifs ou négatifs des interventions (politiques,
programmes, plans, projets) ainsi que tous les processus de changements sociaux
qu’impliquent ces interventions. Son but premier est de favoriser un environnement
humain et biophysique plus durable et équitable.

http://www.iaia.org/publicdocuments/special-publications/SP2_fr.pdf?AspxAutoDetectCookieSupport=1

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3. Contenu des études d’impacts sur le milieu humain selon les principales
étapes d’une étude d’impact sur l’environnement (ÉIE)

3.1 Présentation du promoteur

Identifier le promoteur et, le cas échéant, ses partenaires ; décrire l’historique du promoteur ;
énoncer les politiques corporatives; (par ex. responsabilité sociale, équité en matière des sexes,
respect de certains standards internationaux, développement durable, santé et sécurité,
déclaration de paiements aux gouvernements aux fins de transparence, respect de standards
internationaux en d’autres domaines que ceux qui précèdent).

3.2 Justification du projet

Définition : Historique du projet, contexte et raison d’être, enjeux ciblés, besoins à combler,
occasions de marché dans le secteur d’activité du projet, bénéfices potentiels pour une
population donnée (par ex. emplois, contrats, diversification économique).

Exemples de méthodologies : réaliser une étude de marché ; évaluer sommairement les effets
d’autres projets annoncés ou en cours sur la viabilité du projet ; évaluer les bénéfices potentiels
pour une population donnée.

3.3 Description du projet

Le promoteur doit décrire son projet, mais aussi déterminer les alternatives et variantes à celui-
ci. Lors de la sélection des alternatives et variantes pertinentes, le promoteur ne doit pas se
limiter aux aspects techniques et économiques. Il doit également considérer les aspects
environnementaux et sociaux de chacune d’elles. Pour ce faire, la consultation des populations
touchées et des parties prenantes permettra d’éclairer le promoteur dans ses choix dès la
conception du projet.

Dans le cadre de la description relativement détaillée de son projet (principales activités,


méthodes, infrastructures, etc.), le promoteur ne doit pas oublier de préciser certains aspects de
nature plus « sociale », tels que la main-d’œuvre requise et les horaires de travail, pour ne
nommer qu’eux.

Le promoteur doit également situer le projet dans un contexte plus large en définissant sa durée
de vie et en décrivant tout projet connexe ultérieur.

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3.4 Identification et évaluation des alternatives au projet

Exemples de méthodologies : évaluer sommairement les principaux impacts sur le milieu humain
de NE PAS réaliser le projet ; identifier les projets annoncés ou en cours pouvant se substituer au
projet proposé, et évaluer sommairement les principaux impacts sur le milieu humain de
remplacer le projet proposé par un autre projet.

3.5 Identification et évaluation des variantes

À la différence des alternatives au projet, qui remettent en cause la nature même de celui-ci (par
ex. option no-go), les variantes représentent différentes solutions possibles pour réaliser le
projet. Elles peuvent, par exemple, concerner la localisation d’un projet (sites, corridors pour les
projets linéaires) ou de ses sous-composantes, le choix d’une technologie de production et les
différentes options en matière de mesures d’atténuation.

La définition des variantes peut aussi provenir d’autres sources (par ex. processus de
participation publique, jugement professionnel).

Exemples de méthodologies : évaluer la faisabilité économique et technique des variantes ;


évaluer les variantes en fonction d’autres facteurs pertinents (par ex. propriété des
infrastructures en cause, développement durable) ; évaluer sommairement les principaux
impacts sur le milieu humain des variantes, et assurer la prise en compte des savoirs locaux et
traditionnels dans l’évaluation.

Exemples d’outils :

- Superposition ou systèmes d’informations géographiques (SIG) afin de réaliser des cartes


de contraintes ou d’aptitudes pour délimiter des corridors ou sites propices à la
réalisation d’un projet (les couches d’informations relatives aux contraintes ou aptitudes
peuvent évidemment contenir des informations relatives aux enjeux sociaux, tels que les
sites ayant une signification sociale, économique ou culturelle pour la population (par ex.
sites récréatifs), les sites ayant un statut particulier (par ex. biens culturels, sites
patrimoniaux reconnus officiellement ou non) et les zones d’urbanisation.

- Analyse coûts-avantages (en tenant compte uniquement du point de vue du promoteur ou


– de préférence – en intégrant l’ensemble des coûts et avantages du point de vue de la
société en faisant des analyses qualitatives ou quantitatives).

- Analyse multicritères pouvant intégrer des critères de faisabilité technique et juridique,


mais aussi des critères relatifs au développement durable (impacts économiques, sociaux
et environnementaux). Une telle analyse multicritères peut être faite en interne par le
promoteur ou être aussi abordé pour éclaircir les enjeux dans le cadre du processus de
participation publique.

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3.6 Identification des cadres législatifs, réglementaires et politiques en vigueur

Le système juridique fédéral, provincial et territorial prescrit un cadre dans lequel devront être
identifiés et évalués les impacts sur le milieu humain causés par les projets de développement. Ils
peuvent toutefois, dans certains cas, être encadrés par des plans de standardisation dans le cadre
de systèmes ISO (l’Association internationale de Standardisation), par la mise en place par le
promoteur d’une charte de responsabilité sociale ou être évalués à l’intérieur d’un plan de
gestion qui peut être exigé par une loi, un règlement ou une politique d’un bailleur de fonds (par
ex. la Banque Mondiale, Sustainable Forestry Initiative).

Exemples de méthodologies :

A. identifier les régimes d’évaluation environnementale applicables (par ex. fédéral,


provincial, territorial, supramunicipal) ;

Exemples :
• Loi canadienne sur l’évaluation environnementale 2012
• Loi sur la qualité de l’environnement
• Convention de la Baie-James et du Nord québécois – Régimes d’évaluation
environnementale des chapitres 22 et 23
• Convention du Nord-est québécois – Régime d’évaluation environnementale
du chapitre 14 (région de Moinier)
• Accord sur les revendications territoriales des Inuit du Nunavik (ARTIN).

B. analyser la législation et les politiques de chaque juridiction pertinente (non


autochtone et autochtone) pour identifier les lois et les règlements applicables et les
permis, certificats, autorisations et ententes requis et ce, pour chaque étape du projet ;

Exemples :
• Loi sur le développement durable
• Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (MAMROT)
• Loi sur les mines
• Loi sur la conservation du patrimoine naturel (L.R.Q., c. C-61.01)
• Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement, Q-2,
r.23
• Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement dans
une partie du Nord-Est québécois, RRQ, 1981, c. Q-2, r.24
• Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement et le
milieu social dans le territoire de la Baie-James et du Nord québécois, Q-2,
r.25
• Schéma d’aménagement et de développement (SAD) des Municipalités
régionales de comté (MRC) et réglementation municipale.

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C. consulter les politiques, directives, lignes directrices, guides et autres publications


pertinentes

Exemples :
• Directives ou lignes directrices (MDDEFP, ACEE)
• Guide pour l’initiateur de projet : La prise en compte du patrimoine
archéologique dans la réalisation des études d’impact environnementales en
conformité avec la Loi sur la qualité de l’environnement (MCC, 2012)
• Guide pour la considération des principes de développement durable dans les
travaux des commissions d’enquête
• Lignes directrices pour la réalisation des évaluations du risque toxicologique
pour la santé humaine (MSSS, 2002)
• Principes directeurs d'évaluation du risque toxicologique pour la santé
humaine de nature environnementale (MSSS, 2002)
• Politique sur le bruit routier (MTQ, 1998)
• International Finance Corporation’s Performance Standards (2-Labor and
Working Conditions ; 4-Community Health, Safety and Security; 5-Land
Acquisition and Resettlement; 7-Indigenous Peoples; 8-Cultural Heritage)
• Ententes avec les collectivités locales.

D. consulter les gouvernements non autochtones et autochtones pour identifier des


éléments supplémentaires du cadre législatif, réglementaire et politique.

3.7 Identification des collectivités potentiellement affectées : autochtones et non-


autochtones

Exemples de méthodologies : identifier les collectivités autochtones potentiellement affectées


(directement et indirectement) sur la base des droits ancestraux ou issus de traités et des droits
affirmés (établis) ou revendiqués (potentiels) dans les secteurs en cause, tel le droit de chasser,
de pêcher et de piéger, qui pourraient être affectés par le projet (exemples d’outils : consulter les
gouvernements, les traités, les revendications territoriales) ; identifier les collectivités non
autochtones potentiellement affectées (directement et indirectement) sur la base de l’étendue
probable des impacts (positifs et négatifs) et/ou de leur appartenance à une entité administrative
touchée par le projet.

3.8 Identification des aires d’études socio-économiques locales et régionales

Exemples de méthodologies : définir des aires d’étude locales entourant les infrastructures et les
activités du projet ainsi que les collectivités et les territoires/ressources potentiellement affectés
de façon directe ; définir une aire d’étude régionale pour les collectivités qui seraient affectées de
façon seulement indirecte (par ex. possibilité de bénéficier d’emplois et de contrats, mais aucun
impact sur leur utilisation du territoire ou des ressources) ; dans la définition des aires d’étude
locales et régionales, prendre en compte les limites administratives et traditionnelles (par ex.
terrains de chasse familiaux / lignes de trappe), les composantes socio-économiques valorisées
(des aires d’étude distinctes peuvent être définies selon la composante étudiée, par ex. l’étude

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des impacts potentiels sur la chasse du caribou pourrait exiger une aire plus grande que celle des
impacts potentiels sur la cohésion familiale) et les impacts cumulatifs potentiels (évalués de
façon sommaire).

3.9 Identification préliminaire des parties prenantes et de leurs enjeux

Exemples de méthodologies pour identifier les parties prenantes : revue de la littérature ;


connaissance personnelle des régions en cause ; consultation d’autres études d’impacts ; données
de référence ; cueillette d’informations auprès des organismes locaux et régionaux (par ex.
chambres de commerce, ONGs) et des leaders locaux et régionaux.

Exemple de méthodologie pour identifier les enjeux (« stakeholder issues mapping ») : corréler
dans une liste préliminaire les parties prenantes et leurs enjeux respectifs potentiels par
catégorie et par collectivité/communauté.

3.10 Définition d’un plan de participation publique

Exemples de méthodologies : identification des parties prenantes soient les personnes ou


groupes affectés directement ou indirectement par le projet, intéressés par leurs missions ou
préoccupations, leur statut professionnel, etc. ou enfin ceux qui peuvent contribuer à l’analyse
(par ex. groupe de recherche) ; identifier le niveau de participation publique auquel le promoteur
est prêt à s’engager et/ou celui auquel s’attendent les parties prenantes ; sélectionner le niveau
de participation publique pour chaque étape et chaque partie prenante (il est possible de varier
le niveau de participation – Spectrum de IAP2 3 – informer, consulter, impliquer, collaborer,
habiliter/déléguer) et identifier les objectifs de participation publique pour chacune des étapes ;
hiérarchiser les parties prenantes (certaines seront rencontrées individuellement ou en groupe,
alors que d’autres seront informées/consultées par le biais de communications écrites) ; établir
l’échéancier du programme (par ex. suivant le dépôt de l’avis de projet, lors de la rédaction de
l’étude d’impacts) ; déterminer les modalités du programme (par ex. événements) selon le type
de parties prenantes et selon les collectivités/communautés, ainsi que les outils/techniques qui
seront appropriés selon les cas ; déterminer la méthode de mise en œuvre (par ex. modérateur
indépendant) ainsi qu’une évaluation systématique du programme de participation publique.

Exemples d’outils/techniques : communiqués de presse ; site web ; résumés vulgarisés de l’avis


de projet et de l’étude d’impacts ; affiches et vidéos ; maquettes de certaines infrastructures
proposées ; messages télévisés ou radiophoniques ; listes de questions et réponses ; présence sur
les médias sociaux ; portes ouvertes ; rencontres publiques ; « focus groups » ; sondages ; ateliers
de travail ; comité de citoyens consultatif ; référendum/vote. À noter que la technique employée
est tributaire du niveau de participation publique visé et des objectifs ciblés.

Il est important de considérer l’utilisation de formulaires de consentement et d’ententes de


confidentialité et de propriété intellectuelle.

3
http://www.iap2.org/

14
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l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

3.11 Identification des composantes socio-économiques valorisées et définition de la


portée de l’étude

Exemples de méthodologies : revue de la littérature et de projets/activités similaires ; séances de


consultation (avis, observations, connaissances locales et traditionnelles recueillies afin
d’identifier les composantes valorisées et leurs indicateurs respectifs) ; préciser en fonction de
quoi les composantes sont valorisées (par ex. protection légale, valorisation par des parties
prenantes (autochtones et non autochtones), jugement professionnel).

3.12 Collecte et compilation des données de référence secondaires

Exemples de méthodologies : revue de la littérature ; revue de presse ; revue des médias sociaux.

Exemples d’outils : production de tableaux synthèses et/ou de résumés de l’information


pertinente ; production d’un registre de type bibliographique (source, pertinence, citations).

Autres exemples de méthodologies/outils :

- Consultation et analyse des bases de données de référence dans le but de présenter un


portrait des dynamiques en cours pour les populations concernées, au niveau des enjeux qui
auront été identifiés grâce aux discussions avec les parties prenantes, l’analyse de projets et
cas similaires, etc. Dans la plupart des cas, il s’agit des enjeux suivants :

- Démographie (croissance/stagnation ; mouvements de population ; composition par âge ;


composition ethnique ; composition hommes/femmes)
- Marché du travail, emploi et taux de chômage (importance de faire les bons liens entre
l’évolution de la population active, du taux de chômage et du taux d’emploi)
- Indicateurs de revenus
- Indicateurs relatifs à l’éducation
- Indicateurs de santé
- Situation du logement (taux d’occupation, coût du logement, etc.)
- Infrastructures et services.

- Consultation et analyse des données de référence dans le but de présenter un portrait des
dynamiques en cours pour l’utilisation du territoire, au niveau des enjeux suivants :

- Aménagement du territoire (Schéma d’Aménagement des MRC, Plans régionaux de


développement intégré des ressources naturelles et du territoire, réglementation
municipale, territoire de piégeage pour les populations autochtones, etc.)
- Utilisation du territoire (usages liés aux ressources naturelles tels que foresterie,
extraction de ressources minières ou hydrocarbures, agriculture, chasse, pêche, activités
récréotouristiques, lignes de transport énergie et voies de communication).

Exemples de sources : Statistique Canada, Institut de la statistique du Québec, Centres de santé et


de services sociaux ou autres institutions selon le territoire à l’étude.

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

3.13 Collecte et compilation des données de référence primaires (activités de consultation


et de collecte de données avec les parties prenantes)

Exemples de méthodologies : entrevues individuelles (en personne, téléphonique ou par écrit) ou


en groupe ; tables rondes de discussion ; ateliers de réflexion ; réalisation d’entrevues avec les
utilisateurs du territoire et certaines personnes ressources (élus, administrateurs, groupes
communautaires, etc.) ; sondages ; réalisation d’activités d’identification physico-spatiale des
éléments essentiels du territoire par les parties prenantes ; relevés de terrain et prise de photos
(visite de reconnaissance terrain).

Dans certains cas, des approches plus détaillées peuvent être privilégiées (par ex. un protocole
d'ethnoscience qui met à jour et organise le savoir traditionnel par rapport à la toponymie, la
faune, la flore, etc. ; une enquête alimentaire détaillée).

Exemples d’outils : guides d’entrevues ou questionnaires (questions ouvertes ou fermées) ;


support cartographique ou support papier afin d’identifier les éléments importants du territoire
par les parties prenantes et les personnes connaissant bien le milieu (identification de lieux
importants, d’infrastructures, de services, etc.) ; photographies du territoire ; présentation
multimédia.

Selon les cas, les outils développés pour les entrevues devront être adaptés aux types de parties
prenantes et à la « profondeur » d’entrevue désirée. Souvent, un guide d’entrevue à partir duquel
de grands thèmes sont identifiés peut être suffisant. Sinon, pour les collectes de données plus
détaillées, des questionnaires d’entrevues plus précis seront nécessaires. Dans certains milieux
plus sensibles et/ou éloignés, il sera essentiel d’adapter la méthodologie en conséquence
(traduction simultanée ou utilisation d’enquêteurs locaux, respect des traditions/protocoles ;
utilisation d’incitatifs tels que des prix de participation ou un service de repas ; utilisation de
support visuel pour faciliter la compréhension de tous, etc.). De même, selon le contexte ou les
enjeux à documenter, la méthodologie d'échantillonnage peut varier grandement et être ciblée
sur les informateurs-clés, aléatoires ou déterminés en boule de neige (« snowballing »).

Aussi, il peut arriver que des entrevues « préliminaires » soient réalisées pour identifier les
enjeux majeurs auprès de parties prenantes très ciblées. Dans ce cas, le guide d’entrevue est plus
approprié pour discuter autour de grands thèmes.

16
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

3.14 Évaluation des impacts potentiels et/ou résiduels sur le milieu humain (positifs et
négatifs ; directs, indirects et induits) pour chaque étape du projet

La méthodologie utilisée afin d’évaluer les impacts, incluant les principes guidant l’évaluation
(par ex. principe de précaution) est toujours présentées dans le rapport principal avant de traiter
des impacts et peut différer d’un consultant à un autre. Bien qu’il n’existe aucun consensus sur
une seule méthodologie d’évaluation des impacts, diverses approches peuvent servir comme
outil de diagnostic et d’aide à la décision et permettre d’établir une base pour discussion entre le
promoteur, les autorités concernées, le consultant, les populations concernées et toute autre
partie prenante.

Dans un premier temps, les principales sources d’impacts selon les différentes étapes du projet
(construction, exploitation, fermeture, etc.), et leurs interactions avec les composantes valorisées
sont identifiées notamment avec l’aide d’une grille d’interrelations (voir l’annexe A).

Un impact peut être de nature positive ou négative. Seule l’importance d’un impact négatif est
évaluée (à noter qu’on peut aussi faire le choix d’évaluer l’importance des impacts positifs). La
combinaison de différents critères est utilisée pour évaluer l’importance de l’impact. La relation
entre ces critères permet de porter un jugement global sur l’importance de l’impact, qui peut être
catégorisée en plusieurs classes, soit de très forte, forte, moyenne, faible à très faible.

Sans qu’elle soit exhaustive, la liste suivante donne des exemples de critères pouvant guider
l’évaluation des impacts sur le milieu humain.

- Valeur socioéconomique : tient compte de l’importance de la composante pour la


population locale ou régionale ; elle peut être grande (par exemple, elle fait l’objet de
mesures réglementaires), moyenne (par exemple, une proportion significative de la
population concernée fait usage de la composante sans qu’elle fasse l’objet d’une
protection légale) ou faible (la composante est peu ou pas valorisée par la population).
- Degré de perturbation : ampleur des modifications structurales et fonctionnelles que la
composante risque de subir ; les modifications peuvent induire des effets positifs ou
négatifs, directs ou indirects ; prend en compte les effets cumulatifs, synergiques ou
différés ; peut être élevé, moyen, faible ou indéterminé.
- Intensité : importance relative des conséquences attribuables à l’altération induite par
une activité du projet sur une composante ; résulte d’une combinaison entre valeur
environnementale et degré de perturbation ; évaluée à l’aide d’une grille (voir l’annexe
B) ; l’intensité peut être forte (degré de perturbation élevé et valeur grande ou moyenne),
moyenne (degré de perturbation élevé et valeur faible, ou degré de perturbation moyen et
valeur moyenne, ou encore, degré de perturbation faible et grande valeur
environnementale), ou faible (degré de perturbation moyen et valeur faible ou encore
degré de perturbation faible et valeur moyenne ou faible).
- Étendue spatiale : envergure ou rayonnement spatial des effets sur celle-ci, proportion
d’une population affectée ; elle peut être régionale, locale, ou ponctuelle.
- Durée : correspond à la dimension temporelle, i.e. la période de temps pendant laquelle les
impacts affecteront la composante ; elle peut être longue, moyenne ou courte, de même
que temporaire, continue ou discontinue.

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

- Probabilité d’occurrence : correspond à la probabilité réelle qu’un impact puisse affecter


une composante ; elle peut être élevée, moyenne ou faible.

L’importance des impacts est souvent déterminée à partir d’un tableau où sont présentées les
combinaisons entre les différents critères (voir l’annexe C). Pour certains projets, les impacts
potentiels sont évalués avant la définition de mesures d’atténuation alors que pour d’autres, les
mesures d’atténuation sont prises en compte dès l’évaluation des impacts qui porte alors sur les
impacts résiduels.

Mis à part le jugement professionnel, il existe des outils spécifiques permettant d’évaluer les
impacts sur certaines composantes valorisées. Les connaissances « scientifiques occidentales » et
autochtones associées à chaque composante valorisée peuvent être présentées conjointement ou
séparément (dans les deux cas, il est important d’indiquer ce qu’il faut faire dans le cas de
connaissances conflictuelles).

Exemples de méthodologies spécifiques : modélisation des retombées économiques (exemple


d’outils : logiciels gouvernementaux) ; modélisation tridimensionnelle des effets sur le paysage ;
études d’utilisation du territoire.

3.15 Identification des mesures d’atténuation, de compensation et d’optimisation

Exemples de méthodologies : revue de la littérature ; consultation d’autres études d’impacts ;


consultation des parties prenantes ; négociation d’ententes avec les collectivités locales ;
expériences scientifiques (par ex. projet-pilote de restauration de sites perturbés en utilisant des
espèces végétales indigènes) ; pour chaque composante valorisée, distinction entre mesures
courantes (souvent celles-ci s’appliquent aussi à d’autres composantes) et mesures particulières.

3.16 Évaluation des impacts cumulatifs

Définition : les effets cumulatifs que la réalisation d’un projet, combinée à celle d’autres activités
concrètes, passées, en cours ou futures, est susceptible de causer à l’environnement.

Exemple de méthodologie : analyse en style narratif des projets existants aux alentours du projet
à l’étude, en considérant les changements dans l’environnement résultant des projets semblables
aux changements résultant du projet, y compris des mesures d’atténuation mises en œuvre et de
tout programme de surveillance ou de suivi réalisé à long terme.

Exemples d’outils :

- Énoncé de politique opérationnelle (2013) exposant les exigences générales et la marche à


suivre pour tenir compte des effets environnementaux cumulatifs des projets
conformément à la LCEE 2012 lorsque l’Agence canadienne d'évaluation
environnementale (l'Agence), l'Office national de l'énergie (ONE) ou la Commission
canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) est l'autorité responsable.
- Le Guide du praticien pour l’évaluation des effets cumulatifs de l’Agence canadienne
d’évaluation environnementale (1999). Principales étapes : a) détermination de la portée

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

de l’étude (définition des composantes environnementales et sociales valorisées) ;


b) description des actions, projets ou événements passés, présents ou futurs ayant une
interaction probable avec une des composantes environnementales et sociales valorisées ;
c) analyse des effets cumulatifs potentiels affectant les composantes environnementales et
sociales valorisées en définissant pour chacune d’elles, l’état de référence, les tendances
historiques et les effets cumulatifs ; d) l’élaboration de mesures d’atténuation des effets
cumulatifs.
- Données historiques.

Critères d’évaluation de l’importance des effets cumulatifs


Une combinaison de différents critères permet d’évaluer si les effets d’un projet sont importants
ou non par rapport aux effets des autres projets sur des composantes valorisées données. La liste
de critères suivante est donnée à titre d’exemple (voir l’annexe D).

- Orientation : effet sur les composantes valorisées environnementales et sociales ; peut


être positive, neutre ou négative.
- Portée (extension géographique) : peut être ponctuelle, locale, sous-régionale et régionale.
- Durée : peut être à court, moyen ou long terme.
- Fréquence : peut être aiguë, chronique, sporadique ou périodique.
- Ampleur : évaluation du changement de la fonction ou du processus de la composante ;
peut être faible, modérée ou grande.
- Réversibilité : peut l’être ou non.
- Intensité des effets : peut être négligeable, modérée, élevée ou inconnue.
- Certitude : niveau général de certitude dans l’évaluation de l’intensité des effets ; peut être
faible, modérée ou élevée.

3.17 Élaboration d’un programme de surveillance et de suivi

Le programme de surveillance et de suivi permet de s’assurer que les impacts réels n’excèdent
pas les impacts prévus dans l’ÉIE et qu’il n’y a pas d’impacts imprévus. Il permet aussi de vérifier
si les mesures d’atténuation prévues ont été mises en œuvre de façon conforme et si elles
demeurent efficaces au fil du temps ; d’autres mesures sont proposées au besoin.

Exemples de méthodologies : définition de secteurs exposés proches et éloignés et de zones


témoins ; entrevues périodiques (par ex. quinquennales) avec les parties prenantes en cause
quant à certaines composantes socio-économiques valorisées (par ex. pêche de subsistance) ;
programmes de recherche périodiques visant certaines composantes valorisées (par ex.
transformation des modes de vie des collectivités) ; rapports périodiques sur les emplois et
contrats donnés aux membres et aux entreprises des collectivités en cause.

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

4. Autres méthodologies/outils potentiels

Au cours des dernières années, les directives pour les ÉIE de projets se penchent de façon plus
exhaustive sur certains enjeux dont certaines approches qui en traitent sont présentées ci-
dessous.

4.1 Étude sur les déterminants de la santé

Les impacts sur la santé font généralement partie des composantes à évaluer dans les directives
qui encadrent une ÉIE. Cependant, une étude sectorielle évaluant spécifiquement les impacts
d’un projet sur la santé de la population touchée peut également être demandée dans le contexte
d’une ÉIE.

Toutefois, une étude plus spécifique sur certains aspects sociaux importants pour la santé (par
exemple, l'impact potentiel d'une hausse de salaire sur les comportements de consommation
d'alcool, de drogues, etc.) évaluant spécifiquement les impacts d’un projet sur la santé de la
population touchée peut également être demandée dans le contexte d’une ÉIE.

Un outil pouvant être utilisé dans ce cas est le cadre conceptuel des déterminants de la santé
développé par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS, 2006) afin
d’évaluer les cas où une proposition législative ou un projet de règlement pourrait influer de
façon négative sur la santé de la population, comme prescrit par la Loi sur la santé publique
(CCNPPS, 2010).

Ce cadre conceptuel regroupe un ensemble de déterminants ou facteurs qui influencent


positivement ou négativement la santé d’une population et qui permettent de qualifier leur santé.
Selon cette approche, la santé résulte d’une interaction constante entre l’individu et son milieu.
Les déterminants de santé y sont regroupés selon quatre champs : les caractéristiques
individuelles, les milieux de vie, les systèmes, et le contexte global (voir l’annexe D).

Les champs couverts par une étude sur les déterminants de la santé sont souvent en partie
abordés par une évaluation d’impacts sur le milieu humain. Néanmoins, l’étude sur les
déterminants de la santé exige parfois d’aller un peu plus loin dans la description du milieu
humain et au niveau du suivi des impacts.

Exemple d’outil utilisé au Québec : cadre conceptuel des déterminants de la santé du MSSSQ.

Références :

CENTRE DE COLLABORATION NATIONALE SUR LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LA SANTÉ


(CCNPPS). 2010. Quatre types d’évaluation d’impact utilisés au Canada. En ligne :
http://www.ccnpps.ca/100/publications.ccnpps?id_article=580. Consulté le 18 janvier 2014.

MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX (MSSS). 2006. Évaluation d’impact sur la
santé lors de l’élaboration des projets de loi et règlement au Québec. En ligne :

20
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-245-01.pdf. Consulté le
18 janvier 2014.

MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX (MSSS). 2012. La santé et ses déterminants.
Mieux comprendre pour mieux agir. En ligne :
http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2011/11-202-06.pdf. Consulté le
18 janvier.

4.2 Gestion des risques technologiques

Lorsqu’il y a des risques pour les populations et/ou les employés, il peut être jugé opportun de
définir quelques lignes directrices pour s’assurer que les risques technologiques soient bien
gérés. Bien que l’ÉIE ne soit pas indiquée pour élaborer des plans de gestion des risques de
manière détaillée, celle-ci peut néanmoins contenir des recommandations en ce sens, à la lumière
des consultations et des préoccupations soulevées par les populations, ainsi que de l’analyse
approfondie des impacts sur le milieu humain.

Exemple de méthodologies/outils : mesures de santé et de sécurité au travail pendant les phases


de construction et d’exploitation ; plan d’intervention pour la communauté; plan de
communication et de gestion de l’information ; suivi de la santé des populations par rapport à
certains risques (par ex. fuite de contaminants).

Élaboration d’un programme de gestion sociale

De façon générale, le plan de gestion sociale permet de faire les liens entre les impacts, les
mesures d’atténuation et les programmes de surveillance et de suivi. Ce plan est souvent
présenté sous forme de tableau synthèse.

Exemples de méthodologies : adoption de mesures de gestion adaptative prises au cours du cycle


de vie du projet en analysant les données générées à l'aide d'un programme de suivi ou de
surveillance rigoureusement mis en œuvre 4 ; définir des plans conceptuels (par ex. plan de
développement durable (exemple d’outils : grille d’analyse du caractère durable du projet), plan
de gestion des déchets, plan de restauration de sites perturbés, plan de recrutement des femmes,
plan de communications avec le milieu) ; définir des programmes faisant partie d’un plan (par ex.
programme d’évaluation des perceptions du projet par le milieu); plan de formation de la main-
d’œuvre et identification des postes potentiels; recrutement des populations locales, en
particulier à l’étape d’exploitation.

4.4 Analyse des services écologiques ou de l’écosystème

Ce type d’analyse permet d’approfondir les liens entre les écosystèmes et les services ou les
bénéfices économiques et sociaux qu’en retirent les populations. L’intégration de ce type
d’analyse permet de :

4
http://www.ceaa-acee.gc.ca/default.asp?lang=Fr&n=50139251-1

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Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.

- Faire les liens entre les aspects biologiques et socioéconomiques


- Évaluer la dépendance du projet en relation avec les services écologiques
- Mieux identifier les impacts cumulatifs
- Obtenir une base de discussion pour élaborer des plans de communication ou de
négociation et de compensation avec les communautés.

Cette approche requiert une collaboration étroite entre les équipes qui travaillent
respectivement sur les volets biologiques et socioéconomiques. 5

4.5 Analyse du projet en fonction des principes de développement durable

Afin de mieux intégrer la recherche d’un développement durable dans les sphères d’intervention,
ce type d’analyse permet de faire des liens entre les 16 principes relevant de la Loi sur le
développement durable et les impacts des actions examinées, d’en mesurer l’importance, de
déterminer s’il y a des perspectives de bonification et d’évaluer s’il est pertinent d’y apporter des
modifications ou des bonifications.

Exemple de méthodologie : voir annexe E.

5
Pour d’autres explications :
http://www.agrireseau.qc.ca/agroenvironnement/documents/Services_ecologiques.pdf

22
ANNEXES
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.
_________________________________________________________________________________________________

Annexe A

Grille d’interrelations
Exemple : Étude d’impact environnemental et social du projet diamantifère Renard

Source : http://ceaa.gc.ca/050/documents/56405/56405F.pdf

A-1
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.
_________________________________________________________________________________________________

Annexe B

Grille de détermination de l’intensité de l’impact

Degré de perturbation Valeur de la composante


Grande Moyenne Faible
Élevé Forte Forte Moyenne
Moyen Forte Moyenne Faible
Faible Moyenne Faible Faible

Source : Niobec. 2012. Étude d’impact sur l’environnement et le milieu social. Projet d’expansion
de la mine Niobec à Saint-Honoré. Pagination multiple et annexes.

A-2
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude d'impact sur
l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés au Québec.
_________________________________________________________________________________________________
Annexe C

Combinaison de critères permettant de déterminer l’importance d’un impact sur une composante
de l’environnement

Source : Niobec. 2012. Étude d’impact sur l’environnement et le milieu social. Projet d’expansion
de la mine Niobec à Saint-Honoré. Pagination multiple et annexes.

A-3
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude
d'impact sur l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés
au Québec.
_________________________________________________________________________________________________
Annexe D

Déterminants de la santé

http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2011/11-202-
06.pdf ; p7.

A-4
Traitement des impacts sur le milieu humain dans le cadre d'une étude
d'impact sur l'environnement: méthodologies et outils communément utilisés
au Québec.
_________________________________________________________________________________________________

Annexe E

GUIDE POUR LA PRISE EN COMPTE DES PRINCIPES DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

http://www.mddefp.gouv.qc.ca/developpement/outils/guide-principesdd.pdf

A-5

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