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Dossier cadeau

Observer votre terrain


en pratique
Le B.A-BA du jardiner serein !
Observer votre terrain en pratique Observer votre terrain en pratique

Sommaire

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Observer l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Observer le vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Observer la topographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Observer la biodiversité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Observer la superficie du terrain . . . . . . . . . . 11

Observer la nature du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Observer le climat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

À vos plantations ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

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Introduction

« Si j’avais 6 heures pour abattre un arbre, je passerais les 4 premières à affuter
ma hache »

Ce proverbe d’un sage asiatique fonctionne également dans le cas de plan-


tation !

Car la première chose à faire avant d’agir au jardin c’est d’OBSERVER.

Et en permaculture, on conseille dans l’idéal d’observer votre terrain un an


avant de faire quoi que cela soit ! Pourquoi un an ? Parce que, ainsi, vous
pouvez voir comment le terrain réagit à chaque saison ! Les zones d’ensoleil-
lement, les fortes pluies, tout cela varie au cours de l’année !

Rassurez-vous : vous pouvez tout à fait cultiver pendant cette première


année d’observation !

Mais pour vous assurer de meilleures récoltes, il faudra planter aux bons
endroits, grâce à vos bonnes observations. C’est pourquoi nous vous recom-
mandons dans ce dossier cadeau ultra pragmatique quoi observer et com-
ment, toute l’année !

Créer un lieu d’abondances

Le but final d’un jardin en permaculture est d’atteindre son « climax », c’est-à-
dire son niveau de productivité maximal, tout en répondant aux envies et aux
besoins de chaque être vivant présent sur place.

Pour y arriver, cela se fait sur plusieurs années. Il faut suivre de nombreuses
voies de réflexion, imaginer son lieu, prendre en compte les synergies posi-
tives et négatives entre les éléments et concilier tout cela afin d’obtenir un
écosystème complet, où tous ses habitants vivent en harmonie.

Et la clé c’est de mettre en interaction toutes vos observations.

C’est parti pour savoir qu’observer et comment !

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Observer l’eau

Pourquoi ?

L’accessibilité à l’eau est primordiale en permaculture. Elle est un facteur im-


portant du vivant puisqu’elle en est son principal constituant. En augmentant
la réserve en eau de votre écosystème, vous augmenterez immanquable-
ment la biomasse vivante, et morte, cruciales pour la fertilité de votre sol.

L’eau ne doit pas passer sur votre terrain en emportant avec elle la fertilité de
votre sol. Sinon, cela crée le phénome d’érosion des sols. Elle doit s’infiltrer
au mieux pour nourrir les organismes présents. Un grand principe de la per-
maculture est que l’eau qui sort de votre jardin doit être aussi pure voire plus
qu’elle ne l’était à son entrée.

L’eau permet également de réguler la température là où elle est présente. Plus nous
aurons d’insectes et d’oiseaux, plus notre lieu sera résilient contre les attaques.

Il nous faudra donc observer l’eau sur votre terrain et déterminer s’il y a des
endroits plus propices à son arrivée et pour son stockage. (Un grand bassin
pour l’arrosage de notre jardin est également à prévoir si cela est possible.)

Comment l’observer en pratique ?

Observer votre maison :

• Où se déversent les gouttières ?

• Pourriez-vous installer un bac de récupération ou un bassin à cet


emplacement ?

• Quand celui est rempli, où pourriez-vous évacuer le surplus ?

• Est-il possible de faire dériver l’eau jusqu’à un autre bassin ?

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Observer votre terrain :

• Si le terrain est en pente, avez-vous des ruissellements qui se produisent ?

• L’eau ravine-t-elle quelque part lors de fortes pluies ?

Si c’est le cas, pouvez-vous envisager la création d’un petit étang à cet em-
placement ? Sinon, que pouvez-vous faire pour conserver l’eau avant qu’elle
ne s’en aille hors du terrain ? Créer des baissières par exemple, des buttes
qui freinent l’eau dans sa course et lui permettent de s’infiltrer dans le terrain.
L’eau est importante, y compris dans le sol !

• Existe-t-il un ruisseau, même petit, qui passe sur le terrain ?

Que pouvez-vous faire avec cette eau ? Les petits ruisseaux sont souvent as-
séchés l’été, alors pourquoi ne pas créer une retenue suffisamment grande
qui se remplirait l’hiver pour garder de l’eau l’été ?

• Existe-t-il des sources souterraines qui passent sur votre terrain ?

Si c’est le cas, à quelle profondeur ? Vous pourriez alors envisager de forer un


puit pour partager cette eau avec les habitants, animaux et végétaux du lieu.

Observer le vent

Pourquoi ?

Le vent peut s’avérer à la fois utile et nuisible. En effet, si votre terrain est
balayé sans cesse par de forts vents, cela va contribuer à faire baisser la
température (du terrain et de votre maison !) et gêner la vie qui s’y développe.
Nous tolérons mieux une température de -10 degrés s’il fait sec et qu’il n’y a
pas de vent qu’une température de 0 degré avec des vents glacés !

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A l’inverse, le vent est une énergie inépuisable si l’on souhaite atteindre une
certaine autonomie énergétique : au travers de la création d’éoliennes ou de
moulins pour s’en servir comme une force ! Voilà pourquoi, il est nécessaire
d’observer comment se manifeste le vent afin de l’utiliser à bon escient. La
circulation de l’air est importante pour préserver les végétaux de certaines
maladies, mais trop de vent est également inhibiteur de la croissance de
certains autres végétaux, comme l’aubergine par exemple, qui ne le supporte
que très peu !

Comment l’observer en pratique ?

Les courants d’airs sont souvent multiples et il convient de savoir si le vent


vient de toutes les directions, et à quelle fréquence, puissance, quels sont les
vents dominants, selon que vous habitez en plaine, en montagne ou en fond
de vallée…

Suite à cette observation, vous pourrez déterminer plusieurs choses. Par


exemple, si vous souhaitez installer une éolienne : il sera utile de laisser un
couloir de vent à son emplacement futur, et donc de déterminer l’orientation
des vents dominants pour déduire l’emplacement optimal. Mais si vous sou-
haitez également avoir un potager qui bénéficierait d’un microclimat favo-
rable, il faudra alors casser la force du vent en installant des haies.

Comment protéger votre potager du vent ?

Une des meilleures façons de se protéger des vents dominants est de plan-
ter une haie en U ! Le bas du U se trouvant face aux vents dominants s’ils
sont vraiment gênant, ou plus généralement au nord, afin de ne pas faire
baisser l’ensoleillement arrivant du sud. Comme cela, le vent sera dévié vers
les côtés et s’infiltrera moins sur votre terrain !

Une haie protège du vent sur une distance d’environ 3 fois sa hauteur. Une
haie de 10 m protègera convenablement les 30 m suivants. Des effets se
font cependant ressentir sur 10 à 20 fois la hauteur des arbres, soit 100 à
200 m pour notre exemple.

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Observer la topographie

C’est quoi et pourquoi ?

La topographie est l’étude de la configuration et des reliefs d’un lieu. Elle est
importante pour déterminer les emplacements des futurs espaces : verger,
potager, bassin, maison, si elle n’est pas encore construite !

En effet, si votre terrain est en pente raide, il sera peut-être plus simple de dis-
poser le potager au même niveau que la maison, ou plus en hauteur. Nous
allons souvent au potager les mains vides, et nous revenons chargés de lé-
gumes. Si le potager est en hauteur, nous redescendrons plus facilement les
bras chargés que si nous devons remonter 30 m de dénivelé ! Il est possible
également d’installer un tire-charge, comme une tyrolienne pour faire des-
cendre les légumes ! C’est exemple un peu farfelu, mais il peut vous per-
mettre de mieux visualiser.

Comment l’observer en pratique ?

L’emplacement du potager est aussi à réfléchir par rapport à un autre critère :


si votre terrain est convexe ou concave. Les parties convexes (en forme de
bosse) dans la nature sont souvent celles les plus exposées au vent et à l’éro-
sion, tandis que les parties concaves (en forme de creux) sont, elles, souvent
les plus fertiles et les plus protégées. Pensez au sommet d’une montagne,
les sols sont généralement peu profonds, et peu fertiles. Alors que les fonds
de vallées sont plutôt fertiles et les sols profonds car l’érosion provoquée
par les pluies, et les dépôts d’alluvions par les fleuves, ont déposé de nom-
breux minéraux. Ce qui est vrai à l’échelle d’un territoire l’est aussi souvent à
l’échelle de votre terrain !

La détermination des reliefs est aussi importante pour savoir où disposer


les bassins de récupération d’eau. Le plus bas possible pour récupérer plus
d’eau, mais devoir la remonter avec une pompe ? Ou le mettre en hauteur
pour pouvoir utiliser la gravité pour faire descendre l’eau d’arrosage ? A vous
de choisir, mais vous ferez le meilleur choix quand vous aurez bien détermi-
né quels sont les reliefs de votre lieu.

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Observer la biodiversité

Pourquoi ?

Votre lieu dispose forcément d’un capital naturel de base de biodiversité, et


il vous faut l’augmenter encore. L’étude de la biodiversité est importante. Elle
déterminera votre future stratégie pour la favoriser et créer ainsi l’écosys-
tème équilibré.

Comment l’observer en pratique ?

Il faudra observer les végétaux présents sur place :

• Sont-ils variés ?

• Y a-t-il la prédominance d’une espèce ?

• Etes-vous sur une prairie sans aucun arbre ?

• Etes-vous dans une forêt ?

• Quels genres d’oiseaux sont présents, sont-ils nombreux ?

Après un an, vous pourrez peu à peu voir si votre écosystème s’est enrichi,
ou si, au contraire, il s’est appauvri et peu diversifié.

Comment la favoriser ?

Si vous bénéficiez d’un écosystème déjà préservé et riche en vie, vous pour-
riez alors créer quelques corridors écologiques pour assurer le déplacement
optimal de cette biodiversité (multiplication des zones de lisières, de haies,
de mini-bassins, etc.).

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A l’inverse, si votre écosystème paraît pauvre en vie, il faudra sans doute


commencer par planter de nombreux végétaux locaux permettant d’amener
les animaux et les insectes utiles (et peut-être nuisibles dans le lot !) dans
votre terrain.

Dans tous les cas, votre rôle en tant que jardinier naturel est de favoriser
constamment la biodiversité par la création d’aménagements spécifiques.
Ceci dans le but de nourrir tout le monde et que chacun puisse vivre conve-
nablement. Même les frelons et les guêpes ont une utilité écologique !

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Observer la superficie du terrain

Pourquoi ?

Il s’agit là de confronter vos objectifs à la taille de votre terrain. Générale-


ment, plus nous avons de place, moins la main d’œuvre est nécessaire. C’est
l’opposition de deux modèles : intensifs et extensifs. Par exemple, si vous
souhaitez être autonome en fruits, mais que nous ne disposez que de 50 m²
pour votre verger, alors il sera plus pertinent de cultiver avec un modèle « in-
tensif », par exemple, de conduire vos arbres fruitiers en espaliers (c’est à
dire bien taillés et conduits de sorte à produire le plus possible). Cela aug-
mentera le rendement au m², mais demandera plus de travail qu’un verger
où l’on planterait que des arbres de plein-vent, qui ne nécessitent que très
peu d’entretien (modèle extensif).

Il est donc important de bien repérer la taille de votre lieu pour arriver à vos
objectifs du mieux possible ! La première année peut servir à déterminer vos
objectifs et voir s’ils sont réalisables sur votre surface.

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Observer la nature du sol

Il est important de déterminer les types de sols sur lesquels vous cultivez,
pour penser un agencement optimal des cultures.

Bien souvent, nous n’avons qu’un seul type de sol sur notre lieu. Mais il y a
toujours des endroits légèrement différents dont nous pouvons tirer profit !

Par exemple, peut-être avez-vous remarqué une butte sur laquelle le sol
semble ingrat, sec et peu profond. A première vue, nous pensons que rien ne
poussera sur cette butte, mais en réalité, il est possible de s’en servir pour
des plantes adaptées, qui poussent sur ces zones : les kakis, les argousiers,
certaines aromatiques comme le romarin… Et voilà une zone qui semblait
inutile au départ et qui devient une potentielle zone d’abondance !

A l’inverse, vous avez remarqué qu’une zone est très humide ? Vous éviterez
alors d’y planter des fruitiers, qui sont généralement sensibles à l’asphyxie
racinaire, pour privilégier les végétaux qui se plaisent en terrain humide.

Comment l’observer en pratique ?

Si vous voulez tester votre terre, faites le test de l’anneau : prenez dans votre
main un peu de terre (l’équivalent d’une mandarine), humidifiez-la un peu, de
sorte à en faire une boule type « pâte à modeler ». Puis, testez de faire un
boudin de l’épaisseur d’un doigt et essayez de former un anneau avec :

Si l’anneau fend, alors votre sol est composé de moins de 25 % d’argile.

Un sol argileux est généralement plus fertile qu’un sol sableux.

En revanche si votre sol est trop argileux, plutôt que d’importer beaucoup
de matière organique (compost ou autre) comme on le ferait sur un sol très
sableux pour « créer » du sol, vous pourrez vous contenter de semer des
engrais verts pour structurer votre sol argileux. Cela déterminera également
votre stratégie pour la future irrigation, les dates de travaux, les plantes que
vous pourrez cultiver (certaines plantes aiment le calcaire, d’autres le dé-
testent...).

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S’il ne fend pas, vous êtes en présence d’un sol avec une teneur en argile
supérieure à 25 % : un sol lourd.

Ce n’est pas bon de planter sur un sol lourd, astuce : planter sur une butte
surélevée avec technique lasagne par exemple.

Observer le climat

Pourquoi ?

Un autre point primordial est la détermination de notre climat et de l’orien-


tation du terrain. Cela va déterminer quels types de végétaux vous pourrez
cultiver et comment les cultiver. Il est évident que planter des amandiers en
plein cœur du Massif Central est risqué : vous ne récolterez surement jamais
d’amandes, même si la floraison est magnifique… En revanche, si vous êtes
en climat méditerranéen, ils donneront de belles amandes !

Comment l’observer en pratique ?

Pour déterminer votre climat : vous pouvez observer une carte de rusticité,
et/ou chercher des informations sur votre commune sur internet. Vous pour-
rez alors déterminer votre climat de base.

Il est également possible d’installer à plusieurs endroits du terrain des ther-


momètres minimum-maximum qui enregistrent les amplitudes de tempé-
rature. Grâce à cela vous aurez des informations au fil des ans sur votre
climat, et si vous les avez disposés à plusieurs endroits, vous pourrez alors
déterminer avec précision où se situent les microclimats sur votre terrain !

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Pour finir, il est intéressant de déterminer l’ensoleillement global de notre


terrain, afin de pouvoir réfléchir à de futurs aménagements : si votre terrain
est assez peu ensoleillé et que vous êtes en climat frais, orienté au nord,
vous éviterez de planter des haies partout qui pourraient réduire encore plus
l’arrivée du soleil. Pensez-y !

À vos plantations !

Vous savez maintenant ce qu’il est intéressant d’observer la première année


en permaculture. Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive et de nombreuses
choses peuvent être imaginées. L’important, c’est de créer un lieu qui vous
ressemble, et dans lequel vous vous sentez à l’aise. Gardez à l’esprit que
vous serez bientôt en possession d’un lieu magique où chaque forme de vie
est en communion avec les autres !

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Directeur de la publication : Florence Mont
Rédacteur : Guillaume Desfaucheux, Jardinier Curieux à la Ferme de Cagnolle et Florence Mont
Crédits photos : Monkey Business Images – Dieter Hawlan – kay roxby – mythja / Shutterstock.com | Saine
Abondance | Florence Schmitt
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