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Notion d’équation différentielle

Une équation différentielle se présente sous la forme d’une égalité dans laquelle figure une fonction et
sa dérivée (ou ses dérivées successives).
Résoudre une équation différentielle, c’est trouver toutes les fonctions qui satisfont l’égalité.

f '( x) = 3[ f ( x)] + π ,
2
Exemple : Chercher toutes les fonctions, dérivables sur R, vérifiant : ∀x∈R
c’est résoudre l’équation différentielle notée : y ' = 3 y 2 + π .
On parle d’équation d’ordre 1 si la dérivée première est seule à figurer, d’ordre 2 lorsque la dérivée
seconde figure mais aucune des dérivées suivantes, etc … Il va sans dire que l’ordre d’une équation
différentielle influe beaucoup sur la difficulté de la résolution.

Définition : Une solution d’une équation différentielle, prise dans l’ensemble des solutions, est
souvent appelée solution particulière de l’équation.

Exemple :
B Montrer que la fonction f : x ! cos x + sin x est une solution particulière de l’équation
différentielle : y '+ y = 2cos x .
La fonction f est dérivable sur R comme somme de fonctions dérivables sur R.
∀x∈R f '( x) = − sin x + cos x donc ∀x∈R f '( x) + f ( x) = − sin x + cos x + cos x + sin x = 2 cos x
ce qui prouve que f est une solution particulière de l’équation y '+ y = 2cos x .

C Sauriez-vous trouver une solution particulière de l’équation ( y ')2 = 4 y ?

Une solution particulière est la fonction f : x ! x 2 . En effet, ∀x∈R f '( x) = 2 x donc


∀x∈R [ f '( x)]
2 2
= 4 x = 4 f ( x) .

Théorème : a désignant un réel non nul, les solutions de l’équation différentielle y ' = a y sont les
fonctions x ! Ce ax , où C est un réel quelconque.

Démonstration :.

On commence par remarquer que la fonction g : x ! e ax est une solution particulière de


l’équation puisque ∀x∈R g '( x) = e ax × a = a g ( x) .
f ( x)
Soit f une solution quelconque de l’équation. On pose alors ϕ( x) = . Cette fonction est
g ( x)
dérivable sur R comme quotient de fonctions dérivables sur R, g ne s’annulant pas.
f '( x) × g ( x) − f ( x) × g '( x) a × f ( x) × g ( x) − f ( x) × a × g ( x)
∀x∈R ϕ '( x) = = =0
[ g ( x)]2 [ g ( x)]2
La fonction ϕ est donc constante sur R. Désignons par C cette constante.
f ( x)
Il vient ∀x∈R = ϕ( x) = C d’où ∀x∈R f ( x) = C × g ( x) = Ceax .
g ( x)

EQUATIONS DIFFERENTIELLES 1 P.G. 2007/2008


Définition : Lorsqu’on a trouvé la formule donnant toutes les solutions de l’équation différentielle,
on dit qu’on a trouvé la solution générale.

Cette appellation est à rapprocher du terme général d’une suite.


On pourra donc rencontrer une phrase du genre :
« La solution générale de l’équation y ' = a y est y = Ce ax (C∈R) ».

Exemple :
D Déterminer les fonctions, dérivables sur R, solutions de l’équation différentielle : − 3y' + 5y = 0.
5
−3 y '+ 5 y = 0 ⇔ y ' = y.
3
5
x
Les solutions de cette équation sont donc les fonctions x ! Ce 3 , avec C∈R.
Même question avec : 2y' + 3y = 0.
3
2 y '+ 3 y = 0 ⇔ y ' = − y
2
3
− x
Les solutions de cette équation sont donc les fonctions x ! Ce 2 , avec C∈R.

Théorème : Pour tout couple de réels (x0 ; y0), il existe une unique solution f de l’équation
différentielle y ' = a y qui vérifie la « condition initiale » : f ( x0 ) = y0 .

Démonstration :
y0
y0 = f ( x0 ) ⇔ y0 = Ce ax0 ⇔ C = ax0
. Existence assurée par le fait que e ax0 ne peut pas
e
être nul.

Exemple :
E Montrer qu’il existe exactement une fonction f, dérivable sur R, solution de l’équation y = 3y' et
telle que f '(0) = 5.
1
y = 3y ' ⇔ y ' = y
3
1
x
Les solutions de cette équation sont les fonctions f : x ! (C∈R) Ce 3
1
f '(0) = 5 ⇔ f (0) = 5 ⇔ f (0) = 15 ⇔ Ce0 = 15 ⇔ C = 15
3
Il existe donc exactement une fonction f, dérivable sur R, solution de l’équation y = 3y' et telle
1
x
que f '(0) = 5 : c’est la fonction f : x ! 15e 3 .

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Théorème : a et b désignant deux réels (a non nul), les solutions de l’équation différentielle
b
y ' = a y + b sont les fonctions x ! Ce ax − , où C est un réel quelconque.
a

Démonstration :.
Soit f une solution quelconque de l’équation.
 b 
( ∀x∈R f '( x) = af ( x) + b ) ⇔  ∀x∈R f '( x) = a  f ( x) +   (a ≠ 0)
  a 
b
Posons ∀x∈R u ( x) = f ( x) + . La fonction u est dérivable sur R comme somme de
a
fonctions dérivables sur R et ∀x∈R u '( x) = f '( x) .
( ∀x∈R f '( x) = af ( x) + b ) ⇔ ( ∀x∈R u '( x) = au ( x) )
( ∀x∈R (
f '( x) = af ( x) + b ) ⇔ ∀x∈R u ( x) = Ceax , C∈R )
 b 
( ∀x∈R f '( x) = af ( x) + b ) ⇔  ∀x∈R f ( x) + = Ceax , C∈R 
 a 
 b 
( ∀x∈R f '( x) = af ( x) + b ) ⇔  ∀x∈R f ( x) = Ceax − , C∈R 
 a 
Exemple :
F Déterminer les fonctions, dérivables sur R, solutions de l’équation différentielle :
−2y' + 3y − 2 = 0.
3
−2 y '+ 3 y − 2 = 0 ⇔ y ' = y − 1
2
3 3
x −1 x 2
Les solutions de cette équation sont les fonctions f : x ! Ce 2 − = Ce 2 + (C∈R)
3 3
2
Même question avec : y' − 5y + 3 = 0.
y '− 5 y + 3 = 0 ⇔ y ' = 5 y − 3
−3 3
Les solutions de cette équation sont les fonctions f : x ! Ce5 x − = Ce5 x + (C∈R)
5 5

Théorème : Pour tout couple de réels (x0 ; y0), il existe une unique solution f de l’équation
différentielle y ' = a y + b qui vérifie la « condition initiale » : f ( x0 ) = y0 .

Démonstration :
b
y0 +
b
y0 = f ( x0 ) ⇔ y0 = Ce ax0
− ⇔ C = ax a . Existence assurée par le fait que e ax0 ne peut
a e 0
pas être nul.
Exemple :
G Déterminer la solution de l’équation différentielle y' + 2y + 1 = 0 qui vérifie y(0) = 3.
y '+ 2 y + 1 = 0 ⇔ y ' = −2 y − 1
1
Les solutions de cette équation sont les fonctions f : x ! Ce −2 x − avec C∈R.
2
1 7 7 1
f (0) = 3 ⇔ Ce0 − = 3 ⇔ C = . La solution cherchée est donc f : x ! e−2 x − .
2 2 2 2

EQUATIONS DIFFERENTIELLES 3 P.G. 2007/2008


1^ Dans une culture de microbes, le nombre de microbes à un instant t, exprimé en heures, peut être
considéré comme une fonction y à valeurs réelles de la variable t. La vitesse de prolifération à
l'instant t du nombre des microbes est la dérivée y ' de cette fonction. On a constaté que
y '(t) = ky(t) où k est un coefficient réel strictement positif. On désigne par N le nombre de
microbes à l'instant t = 0.
1. Déterminer l'unique solution de l'équation différentielle y' = ky telle que y(0) = N.
L’équation y' = ky a pour solutions les fonctions x ! Ce kx , avec C∈R.
y (0) = N ⇔ Ce k ×0 = N ⇔ C = N . L'unique solution de l'équation différentielle y' = ky telle
que y(0) = N est donc la fonction x ! Nekx
2. Sachant qu'au bout de deux heures le nombre de microbes a quadruplé, calculer en fonction de
N, le nombre de microbes au bout de trois heures.

( )
2
y (2) = 4N ⇔ Ne k ×2 = 4N ⇔ e2k = 4 ⇔ e k = 4 ⇔ ek = 2

Nous admettrons provisoirement (en attendant le chapitre suivant) que tout nombre réel
strictement positif b a exactement un antécédent par la fonction exponentielle qui est
appelé logarithme népérien de b et est noté lnb.
On a donc b = e a ⇔ a = ln b et b = eln b .

y (2) = 4N ⇔ k = ln 2 .

( )
3
y (3) = Nek ×3 = Ne3ln 2 = N eln 2 = N × 23 = 8N
Au bout de trois heures, le nombre de microbes a donc été multiplié par 8.
3. Quelle est la valeur de N sachant que la culture contient 6400 microbes au bout de cinq heures ?

( )
5
y (5) = 6400 ⇔ Ne5ln 2 = 6400 ⇔ N eln 2 = 6400 ⇔ N × 25 = 6400 ⇔ 32N = 6400
y (5) = 6400 ⇔ N = 200

1& 1. Intégrer l'équation différentielle (1) : 2y ' − y = 0, où y et y ' désignent les images respectives
d'une variable réelle x par une application numérique f et par sa dérivée f '.
1
1 x
2 y '− y = 0 ⇔ y ' = y . L’équation (1) a donc pour solutions les fonctions x ! Ce 2 (C∈R).
2
2. Montrer que la fonction g, telle que g(x) = x – 1 est une solution de l'équation différentielle
(2) 2y' − y = 3 − x.
La fonction g est dérivable sur R (fonction polynôme). ∀x∈R g '( x) = 1 .
On a donc : ∀x∈R 2 g '( x) − g ( x) = 2 × 1 − ( x − 1) = 3 − x , ce qui prouve que g est solution de
l’équation (2).
3. Montrer que, quelle que soit la solution h de (2), la fonction h − g est une solution de
l'équation différentielle (1).
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R 2h '( x) − h( x) = 3 − x

Point-méthode : On utilise alors le fait que g est une solution particulière de (2) pour
substituer.

h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R 2h '( x) − h( x) = 2 g '( x) − g ( x)


h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R 2h '( x) − 2 g '( x) − h( x) + g ( x) = 0
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R 2 [ h '( x) − g '( x)] − [ h( x) − g ( x)] = 0
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R 2(h − g ) '( x) − (h − g )( x) = 0
h est solution de (2) ⇔ h – g est solution de (1)

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4. Déterminer la solution particulière h0 de (2) telle que h0(0) = − 2 et calculer la valeur de la
dérivée de h0 pour x = 0.
Point-méthode : On commence par utiliser le résultat précédent et celui de la question
1 pour trouver la solution générale de l’équation (2).
1
x
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R (h − g )( x) = Ce 2 (C∈R)
1
x
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R h( x) − g ( x) = Ce 2 (C∈R)
1
x
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R h( x) = Ce 2 + g ( x) (C∈R)
1
x
h est solution de (2) ⇔ ∀x∈R h( x) = Ce 2 + x − 1 (C∈R)
1
×0
h(0) = −2 ⇔ Ce 2 + 0 − 1 = −2 ⇔ C = −1 . La solution particulière h0 de (2) telle que
1
x
h0(0) = − 2 est donc la fonction h0 : x ! −e2 + x −1 .
1 1
x 1 1 x
Sa dérivée est définie sur R par la formule : h0' ( x) = − e 2 × + 1 = − e 2 + 1 .
2 2
1
1 ×0 1 1
On a donc h0' (0) = − e 2 + 1 = − + 1 =
2 2 2
Il est plus astucieux d’utiliser le fait que h est solution de l’équation (2) :
∀x∈R 2h '( x) − h( x) = 3 − x donc 2h '(0) − h(0) = 3 − 0 ce qui donne immédiatement :
1 1 1
h '(0) = [3 + h(0)] = [3 − 2] = .
2 2 2

2)

Un chariot de masse 200 kg se déplace sur une voie rectiligne et horizontale. Il est soumis à une
"
force d’entraînement constante F de valeur 50 N. Les forces de frottement sont proportionnelles
à la vitesse et de sens contraire ; le coefficient de proportionnalité a pour valeur absolue 25
N.m−1.s−1.
La position du chariot est repérée par la distance x, en mètres, du point H à l’origine O du repère
en fonction du temps t, exprimé en secondes. On prendra t dans l’intervalle [0 ; + ∞[.
Les lois de Newton conduisent à l’équation différentielle du mouvement : (E) 25 x '+ 200 x " = 50 , où :
x ' est la dérivée de x par rapport au temps t,
x" est la dérivée seconde de x par rapport au temps t.
1. On note v(t) la vitesse du chariot au temps t ; on rappelle que v(t) = x'(t). Prouver que x est
1 1
solution de (E) si et seulement si x' est solution de l’équation différentielle (F) v ' = − v + .
8 4
25 50
x est solution de (E) ⇔ 25 x '+ 200 x " = 50 ⇔ 25v + 200v ' = 50 ⇔ v ' = − v+
200 200
1 1
x est solution de (E) ⇔ v ' = − v + ⇔ v (c'est-à-dire x') est solution de (F).
8 4

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Résoudre l’équation différentielle (F).
Par théorème, l’équation (F) a pour solutions toutes les fonctions définies sur [0 ; +∞[ par :
1
1 1
− t − t
v(t ) = Ce 8 − 4 = Ce 8 + 2 où C désigne une constante réelle quelconque.
1

8
2. On suppose que, à l’instant t = 0, on a : x(0) = 0 et x'(0)= 0.
a. Calculer, pour tout nombre réel t positif, x'(t).
1
− t
x '(t ) = v(t ) = Ce 8 + 2. x '(0) = 0 ⇔ C + 2 = 0 ⇔ C = −2
1
− t
On a donc x '(t ) = −2e 8 +2.
b. En déduire que l’on a, pour tout nombre réel t positif, x(t) = 2t − 16 + 16e − t/8.
1
− t
Les primitives de x' sont définies par : x(t ) = −8 × (−2)e 8 + 2t + k où k désigne une
constante réelle quelconque.
x(0) = 0 ⇔ 16 + k = 0 ⇔ k = −16 d’où la formule : x(t) = 16e − t/8 + 2t − 16.
3. Calculer V = lim v(t ) . Pour quelles valeurs de t la vitesse du chariot est-elle inférieure ou
t →+∞
égale à 90 % de sa valeur limite V ?
t
 t −
lim  −  = −∞ et lim e x = 0 . Par composition : lim e 8 =0 et comme
t →+∞  8  x→−∞ t →+∞
1
− t
v(t ) = x '(t ) = −2e 8 +2, V = lim v(t ) = 2 .
t →+∞

 t  t  −t  t
90 −2e − 8  −
+ 2 £ 1,8 ⇔  −2e £ − 0, 2 ⇔ e 8 ≥ 0,1 ⇔  − 8 ≥ ln 0,1
8
v(t ) £ V ⇔ 
100 t ≥ 0 t ≥ 0 t ≥ 0 t ≥ 0
90 t £ − 8ln 0,1
v(t ) £ V ⇔  ⇔ 0 £ t £ − 8ln 0,1
100 t ≥ 0
C’est donc pour t compris entre 0 et −8ln0,1 ≈ 18,42.
4. Quelle est la distance parcourue par le chariot au bout de 30 secondes ? On exprimera cette
distance en mètres, au décimètre près.
Au bout de 30 secondes le chariot a parcouru (en mètres et au décimètre près) :
x (30) = 16e − 30/8 + 2×30 − 16 = 16e − 15/4 + 44 ≈ 44,4.

EQUATIONS DIFFERENTIELLES 6 P.G. 2007/2008

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