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L. Burgorgue-Larsen (Dir.)
TRIBUNAL CONSTITUCIONAL
PRINCIPAT D’ANDORRA
TRIBUNAL
L’
analyse contemporaine des modalités d’interprétation des droits, et partant,
de leur subséquente application, laisse à voir un processus commun entre CONSTITUCIONAL
les Cours régionales de protection des droits de l’homme (les Cours
PRINCIPAT D’ANDORRA
africaine, européenne et interaméricaine) et les Cours constitutionnelles : il s’agit
de l’utilisation de sources extérieures aux systèmes juridiques concernés.
Cette ouverture des systèmes juridiques à des sources extérieures est tantôt inscrite
dans les textes de références (Conventions de protection et Constitutions), tantôt
découle de l’œuvre prétorienne des juges (conventionnels et constitutionnels). Sous la direction de
Les défis
interpréter les droits) et entre les juges conventionnels et nationaux (pour appliquer
les droits).
l’homme
De l’ouverture au dialogue
Editions A. Pedone
ISBN 978-2-233-00840-4 57 €
Pedone
LES ARTICLES 60 ET 61 DE LA CHARTE AFRICAINE
DES DROITS ET DEVOIRS DE L’HOMME ET DES PEUPLES
FATSAH OUGUERGOUZ
Juge et ancien Vice-président
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples
PROLÉGOMÈNES
136
des autres instruments adoptés par les Nations Unies et par les pays africains
dans le domaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que des
dispositions de divers instruments adoptés au sein d’institutions spécialisées
des Nations Unies dont sont membres les parties à la présente Charte ».
Quant à l’article 61, il est calqué sur l’article 38 du Statut de la Cour
internationale de Justice,1 et dispose ce qui suit :
« La Commission prend aussi en considération comme moyens auxiliaires de
détermination des règles de droit, les autres conventions internationales, soit
générales, soit spéciales, établissant des règles expressément reconnues par
les Etats membres de l’Organisation de l’Unité Africaine, les pratiques
africaines conformes aux normes internationales relatives aux droits de
l’homme et des peuples, les coutumes généralement acceptées comme étant
le droit, les principes généraux de droit reconnus par les nations africaines
ainsi que la jurisprudence et la doctrine ».
Aucune de ces dispositions ne traite à proprement parler de la question du droit
applicable par la Commission. L’article 60 autorise seulement la Commission à
« s’inspirer » de certaines sources et non pas à les appliquer; quant à l’article 61,
il autorise la Commission à prendre également en considération d’autres sources
comme « moyens auxiliaires de détermination des règles de droit » qu’il lui
appartient d’appliquer.
Ces deux dispositions se contentent en réalité d’offrir expressément à la
Commission la possibilité de recourir à des sources extérieures aux fins
d’interpréter les dispositions de la Charte africaine qu’elle a vocation à appliquer
durant l’examen des communications dont elle est saisie. Il ne fait pas de doute
qu’un tel pouvoir d’interprétation est inhérent à la qualité d’organe quasi-judiciaire
de la Commission et qu’une autorisation expresse n’était pas nécessaire à cet effet.
Ces deux dispositions offrent toutefois un «guide d’interprétation du pouvoir
d’interprétation» de la Commission qui a certainement dû faciliter le travail de
cette dernière depuis son établissement en 1987.
La première fois que l’article 60 a été évoqué devant la Commission africaine
remonte à 1995, soit huit années après son installation. La Commission avait été
saisie d’une communication concernant le statut juridique des homosexuels au
Zimbabwe2 et qui alléguait la violation d’un certain nombre de droits garantis
par la Charte ; cette communication mettait également l’accent sur l’article 60
de la Charte, aux termes duquel la Commission s’inspire du droit international
des droits de l’homme et des peuples. L’auteur de la communication avait joint
les observations du Comité des droits de l’homme des Nations Unies qui,
dans l’affaire Toonen c. Australie, avait considéré que la condamnation de
l’homosexualité à Tasmania constituait une ingérence arbitraire dans la vie
1
Je ferai ici observer que l’article 38 du Statut ne traite pas de l’interprétation en général mais a pour
objet de définir le droit applicable par la Cour de La Haye.
2
Communication 136/94, William Courson c. Zimbabwe, Huitième rapport annuel d’activités (1994-
1995) (ACHPR 1995).
137
3
Toonen c. Australie, Communication No. 488/1992, UN Doc CCPR/C/50/D/488/1992 (1994).
4
« Dans plusieurs décisions antérieures, la Commission africaine a établi le principe que lorsque les
allégations d’abus des droits de l’homme ne sont pas contestées par le gouvernement concerné,
même après de multiples notifications, la Commission doit décider sur la base des faits fournis par le
plaignant et traiter ces faits tels qu’ils lui sont livrés. Ce principe est conforme à la pratique des
organes internationaux des droits de l’homme et au devoir de la Commission de protéger les droits de
l’homme», Communication 25/89, Free Legal Assistance Group c. Zaire, Communication 47/90,
Lawyers’ Committee for Human Rights c. Zaire, Communication 56/91, Union Interafricaine des
Droits de l’Homme c. Zaire, Communication 100/93, Les Témoins de Jehovah c. Zaire (regroupées),
Neuvième rapport annuel de la Commission (1995/1996), paragraphe 49.
5
Communication 224/98, Media Rights Agenda c. Nigeria, paragaphe 65 de la décision,
Quatorzième rapport annuel de la Commission (2000/2001).
6
Communication 211/98, Legal Resources Foundation c. Zambie, paragraphe 58 de la décision.
7
Ibid., paragraphe 59.
8
Communication introduite contre l’Uruguay, Rapport 29/92 du 2 octobre 1992.
138
Vienne sur le droit des traités pour souligner que le droit conventionnel interdit
aux Etats de s’appuyer sur le droit national pour justifier le non-respect de leurs
engagements internationaux (paragraphe 59). Elle a également cité l’Observation
générale No. 9 sur le devoir de donner effet au premier Pacte dans la législation
nationale, adoptée par le Comité des Nations Unies sur les droits économiques,
sociaux et culturels dans laquelle ce dernier a notamment indiqué que
« les principes internationaux des droits de l’homme légalement obligatoires
devraient s’appliquer directement et immédiatement dans le système juridique
interne de chaque Etat partie ; et ainsi permettre aux individus de faire valoir
leurs droits devant les cours et tribunaux nationaux » (paragraphe 59).
Dans son examen d’une communication introduite contre le Nigéria, la
Commission a également cité des décisions des Commission et Cour
européennes des droits de l’homme aux fins de définir le contenu de la
prohibition des traitements cruels, inhumains ou dégradants prévue par l’article 5
de la Charte africaine ; elle l’a fait dans les termes qui suivent : « Le traitement
interdit aux termes de l’article 3 de la Convention est celui qui atteint un niveau
minimal de sévérité et […] l’évaluation de ce niveau minimal est, dans la nature
des choses, relative. Il dépend de toutes les conditions qui entourent le cas, telles
que la durée du traitement, ses effets physiques et mentaux, et dans certains cas
du sexe, de l’âge et de l’état de santé de la victime, etc… »9.
La Commission s’est aussi référée à des textes adoptés par l’Organisation des
Nations Unies tels que les Principes fondamentaux relatifs à l’indépendance de
la magistrature 10 , l’ensemble de principes pour la protection de toutes les
personnes soumises à la détention ou à l’emprisonnement11, ou la Déclaration de
l’Assemblée générale du 18 décembre 1992 sur la Protection de toutes les
personnes contres les disparitions forcées12.
Il n’est pas ici sans intérêt de faire observer que la jurisprudence de la Commis-
sion africaine a, à son tour, inspiré celle de la Cour interaméricaine ; cette dernière
a en effet cité des décisions de la Commission africaine en relation avec des lois
d’amnistie 13 , les droits des peuples autochtones 14 , l’expulsion de ressortissants
9
Irlande c. Grande Bretagne, arrêt du 18 janvier 1987, Série A, No. 25, paragraphe 162, et décision
de la Commission dans l’affaire Antonio Urrutikoetxea c. France, 5 décembre 1996, p. 157 ; voir
aussi le paragraphe 41 de la décision relative à la Communication 225/98, Huri-Laws c. Nigeria.
10
Communication 224/98, Media Rights Agenda c. Nigeria, paragraphe 64 de la décision ;
Communication 204/97, Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples v. Burkina
Faso, paragraphe 38 de la décision.
11
Communication 225/98, Huri-Laws c. Nigeria, paragraphe 40 de la décision ; Communica-
tion 232/99, John D. Ouko c. Kenya, paragraphes 24 et 25 de la décision ; Communication 224/98,
Media Rights Agenda c. Nigeria, paragraphe 70.
12
Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples c. Burkina Faso, paragraphe 44 de la
décision.
13
«The African Commission on Human and Peoples’ Rights considered that amnesty laws cannot
protect the State that adopts them from complying with their international obligations, and noted, in
addition, that in prohibiting the prosecution of perpetrators of serious human rights violations via the
granting of amnesty, the States not only promote impunity, but also close off the possibility that said
abuses be investigated and that the victims of said crimes have an effective remedy in order to obtain
reparation», Gelman v. Uruguay (Merits and Reparations), (24 February 2011), paragraphe 214 ;
139
Gomes Lund and Others v. Brazil (Preliminary Objections, Merits, Reparations and Costs), IACtHR
Series C, No. 219 (24 November 2010), paragraphes 146, 147, 160, 162.
14
Pueblo Indigena Kichwa de Sarayaku v. Ecuador (Merits and Reparations), IACtHR Series C,
No. 245 (27 June 2012), paragraphe 216; Pueblo Saramaka v. Suriname (Preliminary Objections,
Merits, Reparations and Costs), IACtHR Series C, No. 172 (28 November 2007), paragraphe 120.
15
Nadege Dorzema and Others v. Dominican Republic (Merits, Reparations and Costs), IACtHR
Series C, No. 251 (24 October 2012), paragraphes 162, 163, 175; Velez Loor v. Panama (Preliminary
Objections, Merits, Reparations and Costs), IACtHR Series C, No. 218 (23 November 2010),
paragraphe 100.
16
Apitz Barbera et al. (‘first court of administrative disputes’) v. Venezuela (Preliminary Objection,
Merits, Reparations and Costs), IACtHR Series C, No. 182 (5 August 2008), paragraphe 84 (citant
les Principes et Directives sur le droit à un procès équitable et l’assistance juridique en Afrique).
17
Herrera Ulloa v. Costa Rica (Preliminary Objections, Merits, Reparations and Costs), IACtHR
Series C, No. 107 (2 July 2004), paragraphe 114.
18
Tanganyika Law Society and Legal and Human Rights Centre c. République Unie de Tanzanie
(Requête 009/2011) et Christopher R. Mtikila c. République Unie de Tanzanie (Requête 011/2011),
arrêt du 14 juin 2013.
140
2006 et ce n’est que trois années plus tard, le 15 décembre 2009, qu’elle a rendu
son tout premier arrêt. Dans cet arrêt, la Cour s’est déclarée incompétente pour
connaître de la requête introduite contre la République du Sénégal par Monsieur
Michelot Yogogombaye. Au cours des sept années qui ont suivi, elle a adopté de
très nombreuses décisions dans lesquelles elle s’est également déclarée
incompétente pour connaître des requêtes introduites ou a considéré que celles-ci
ne remplissaient pas les conditions de recevabilité19. Il faudra attendre le 14 juin
2013 pour que la Cour rende son tout premier arrêt sur le fond dans deux affaires
introduites contre la République Unie de Tanzanie et dont elle avait ordonné la
jonction20. Au 1er juillet 2016, la Cour a rendu six autres arrêts sur le fond21 et
trois arrêts sur la réparation22. Elle a également rendu un arrêt sur la compétence
et la recevabilité 23 , une douzaine d’ordonnances en indication de mesures
conservatoires24, deux arrêts relatifs à l’interprétation ou à la révision d’un de ses
arrêts antérieurs25 ainsi qu’un avis consultatif26.
Comme je l’ai indiqué précédemment, dans l’exercice de sa fonction judiciaire,
la Cour n’a pas manqué de puiser généreusement dans les sources extérieures.
Elle n’a ainsi pas hésité à s’inspirer de la jurisprudence d’organes quasi-
judiciaires tels que la Commission africaine, le Comité africain d’experts sur les
droits et le bien-être de l’enfant et le Comité des droits de l’homme des Nations
Unies, ou d’organes judiciaires tels que les Cours européenne et interaméricaine
des droits de l’homme, la Cour internationale de Justice et la Cour pénale
internationale. Elle a également cité d’autres conventions internationales que la
19
Urban Mkandawire c. République du Malawi (Requête 003/2011), Peter Joseph Chacha c.
République Unie de Tanzanie (Requête 001/2012), Frank David Omary et autres c. République Unie
de Tanzanie (Requête 003/2012).
20
Voir supra, note infrapaginale 18.
21
Ayants-droits de feu Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Ibouldo & Mouvement Burkinabe des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Requête
013/2011), Lohe Issa Konate c. Burkina Faso (Requête 004/2013), Alex Thomas c. République Unie
de Tanzanie (Requête 005/2013), Wilfred Onyango et autres c. République Unie de Tanzanie
(Requête 006/2013), Commission africaine des droits de l’homme et des peuples c. Libye (Requête
002/2013) et Mohamed Abubakari c. République Unie de Tanzanie (Requête 007/2013).
22
Christopher R. Mtikila c. République Unie de Tanzanie (Requête 011/2011), Ayants-droits de feu
Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablasse, Ernest Zongo et Blaise Ibouldo & Mouvement
Burkinabe des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Requête 013/2011) et Lohe Issa
Konate c. Burkina Faso (Requête 004/2013).
23
Ayants-droits de feu Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Ibouldo & Mouvement Burkinabe des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Exceptions
préliminaires) (Requête 013/2011), arrêt du 21 juin 2013.
24
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples c. Jamahirya Arabe Libyenne,
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples c. République du Kenya, Commission
africaine des droits de l’homme et des peuples c. Libye (2 ordonnances), Lohe Issa Konate c. Burkina
Faso Lohe Issa Konate c. Burkina Faso, Armand Guéhi c. République Unie de Tanzanie, John
Lazaro c. République Unie de Tanzanie, Ally Rajabu et autres c. République Unie de Tanzanie,
Deogratius Nicholaus Jeshi c. République Unie de Tanzanie, Habiyalimana Augustino c.
République-Unie de Tanzanie, Joseph Mukwano c. République Unie de Tanzanie, Amini Juma c.
République Unie de Tanzanie.
25
Urban Mkandawire c. République du Malawi (Interprétation et révision) (Requête 003/2011) et
Frank David Omary et autres c. République Unie de Tanzanie (Révision) (Requête 003/2012).
26
Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (Demande 002/2013).
141
Charte africaine, des résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations
Unies ou la Commission africaine, ainsi que la doctrine. Les trois seules
catégories de sources extérieures mentionnées par les articles 60 et 61 auxquelles
la Cour ne s’est pas encore référée sont 1) les pratiques africaines conformes aux
normes internationales relatives aux droits de l’homme et des peuples, 2) les
coutumes généralement acceptées comme étant le droit et 3) les principes
généraux de droit reconnus par les nations africaines.
La fréquence avec laquelle la Cour se réfère aux sources extérieures est
toutefois très variable. Dans son premier, et à ce jour unique, arrêt sur les
exceptions préliminaires rendu le 21 juin 2013, la Cour n’a fait référence à
aucune source extérieure, exception faite de la Convention de Vienne sur le droit
des traités et le Projet d’articles sur la responsabilité de l’Etat pour fait
internationalement illicite adopté par la Commission du droit international en
2001 (et dont l’Assemblée générale des Nations Unies a pris note dans sa
résolution 56/83 du 12 décembre 2001) 27 et, cela allait de soi, de trois
instruments dont la violation avait été alléguée par les Requérants (la Déclaration
universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils
et politiques et le Traité révisé de la Communauté des Etats de l’Afrique de
l’Ouest). En revanche, dans son tout premier arrêt sur le fond rendu quelques
jours plus tôt, le 14 juin 2013, la Cour a recouru très abondamment à ces sources
extérieures, en ne faisant toutefois qu’une seule référence expresse à l’article 60
de la Charte africaine28. Moins d’une année plus tard, dans son arrêt sur le fond
rendu le 28 mars 2014 dans l’affaire Norbert Zongo c. Burkina Faso, la Cour ne
faisait que deux références à des sources extérieures : au dictionnaire Petit
Robert (paragraphe 68) et à un arrêt de la Cour européenne (paragraphe 70).
Dans son arrêt rendu le 3 juin 2016 dans l’affaire Mohamed Abubakari c.
République Unie de Tanzanie, la Cour a fait à huit reprises référence à des
sources jurisprudentielles extérieures et à dix reprises à ses propres arrêts.
La tendance récente de la Cour est en effet de réduire au strict nécessaire ces
références à des sources extérieures et de privilégier le renvoi aux prononcés
judiciaires de la Cour elle-même ; c’est là la manifestation d’un désir
d’autonomisation progressive de la Cour qui caractérise, me semble-t-il, le
développement normal de toute juridiction.
Je me propose maintenant de procéder à un examen, bien entendu loin d’être
exhaustif, de la jurisprudence de la Cour 29 et d’adopter pour ce faire une
approche thématique ; je donnerai quelques exemples de référence à des sources
extérieures dans l’examen par la Cour des questions de compétence, de
recevabilité des requêtes, de fond et de réparations.
27
Ayants-droits de feu Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Ibouldo & Mouvement Burkinabe des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Exceptions
préliminaires) (Requête 013/2011), arrêt du 21 juin 2013, paragraphes 63, 66 et 73.
28
Tanganyika Law Society and Legal and Human Rights Centre c. République Unie de Tanzanie
(Requête 009/2011) et Christopher R. Mtikila c. République Unie de Tanzanie (Requête 011/2011),
arrêt du 14 juin 2013, paragraphe 107.3 bis (il y a une erreur de numérotation des sous-paragraphes).
29
J’exclurai du champ de mon examen les opinions individuelles ou dissidentes jointes aux
prononcés de la Cour.
142
143
31
Mohamed Abubakari c. République Unie de Tanzanie (Requête 007/2013), paragraphe 27 de l’arrêt
du 3 juin 2016; dans la note infrapaginale 4, la Cour fait également référence au paragraphe 31 de l’arrêt
Dombo Beheer B.V. c. Pays-Bas (arrêt du 27 octobre 1993), au paragraphe 164 de l’arrêt Gäfgen c.
Allemagne (arrêt du 1er juin 2010), au paragraphe 36 de l’arrêt Balta et Demir c. Turquie (arrêt du
23 juin 2015) et aux paragraphes 61 et 62 de l’arrêt Bochan c. Ukraine (arrêt du 11 mars 2015).
32
Ayants-droits de feu Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Ibouldo & Mouvement Burkinabé des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Exceptions
préliminaires) (Requête No. 013/2011), arrêt du 21 juin 2013, paragraphe 63.
33
Ibid., paragraphes 66 et 73.
34
Tanganyika Law Society and Legal and Human Rights Centre c. République Unie de Tanzanie
(Requête 009/2011) et Christopher R. Mtikila c. République Unie de Tanzanie (Requête 011/2011),
arrêt du 14 juin 2013, paragraphe 82 (1).
144
des Cours européenne et interaméricaine pour établir que seuls les recours
adéquats doivent être épuisés. Elle a en effet cité l’arrêt du 29 juillet 1998 rendu
dans l’affaire Velásquez-Rodríguez c. Honduras, en son paragraphe 64 ainsi
libellé : « Les recours internes adéquats sont ceux qui sont à même de réparer la
violation d’un droit reconnu par la loi. Dans chaque pays, il existe un certain
nombre de recours, mais ceux-ci ne sont pas tous applicables à toutes les
situations. Si un recours n’est pas adéquat dans une affaire donnée, il est évident
qu’il ne doit pas être épuisé »35.
La Cour a dans la foulée reproduit le paragraphe suivant de l’arrêt rendu par la
Cour européenne des droits de l’homme le 16 septembre 1996 dans l’affaire
Akdivar et autres c. Turquie : « Un requérant doit se prévaloir des recours
normalement disponibles et suffisants pour lui permettre d’obtenir réparation
des violations qu’il allègue ; ces recours doivent exister avec un degré suffisant
de certitude, en pratique comme en théorie, sans quoi leur manquent l’effectivité
et l’accessibilité voulues »36.
Dans son troisième arrêt sur le fond, rendu celui-ci contre le Burkina Faso, et
toujours aux fins de souligner l’importance de cette condition et l’exigence que
ces recours soient à la fois disponibles, efficaces et satisfaisants, la Cour a fait
référence au paragraphe 60 de la décision de la Commission relative à la
communication n° 293/04 Zimbabwe Lawyers for Human Rights & Institute for
Human Rights and Development in Africa c. Zimbabwe, et aux paragraphes 99 et
100 de celle relative à la communication n° 284/03 Zimbabwe Lawyers for
Human Rights & Associated Newspapers of Zimbabwe c. Zimbabwe ;37 elle s’est
également référée au paragraphe 31 de la décision rendue dans l’affaire Sir
Dawda Jawara c. Gambie susmentionnée.38
A l’instar de la Cour européenne, la Cour a considéré qu’une voie de recours
est efficace si elle offre des perspectives de réussite et que, dans certains cas, le
pourvoi en cassation est une voie de recours à épuiser. Ainsi dans son arrêt rendu
le 28 mars 2014 dans l’affaire Ayants-droits de feus Norbert Zongo et autres c.
Burkina Faso, la Cour a fait observer que le pourvoi en cassation n’était pas un
recours inutile dans la mesure où la Cour de cassation pouvait, dans certaines
circonstances, modifier le fond de la décision contestée ; elle a ajouté que sauf à
exercer ce recours, le Requérant ne pouvait pas savoir ce que la Cour de
cassation aurait décidé. Pour soutenir cette affirmation, la Cour a indiqué ce qui
suit : « Comme l’a relevé la Cour européenne des droits de l’homme dans une
affaire impliquant la France qui appartient à la même famille juridique que le
Burkina Faso : "[…] le pourvoi en cassation figure parmi les voies de recours à
épuiser en principe pour se conformer à l’article 35 [de la Convention]
35
Id..
36
Id..
37
Lohé Issa Konaté c. Burkina Faso (Requête N° 003/2013), arrêt du 5 décembre 2014, paragraphes
77, 78 et 79.
38
Ibid., paragraphe 79, note infrapaginale 7.
145
II. FOND
C’est dans son tout premier arrêt sur le fond, rendu dans les deux affaires
introduites contre la République Unie de Tanzanie, que la Cour a eu à se
prononcer sur des allégations de violation de ce droit. Dans cet arrêt, la Cour a
conclu à la violation du droit du Révérend Mtikila à la libre participation à la
direction des affaires publiques de son pays en raison du « fait que pour se
porter candidat aux élections présidentielles, législatives ou locales en Tanzanie,
il faut être membre d’un parti politique » (paragraphe 111) ; la Cour a poursuivi
en indiquant que « les Tanzaniens ne sont donc pas libres de participer à la
direction des affaires publiques de leur pays, directement ou par le libre choix
de leurs représentants » (paragraphe 111). La Cour est arrivée à cette conclusion
après un examen minutieux de la clause de limitation contenue dans l’article 13
(1) de la Charte africaine garantissant le droit de l’individu de participer
librement à la direction des affaires publiques de son pays. Elle a notamment
considéré que les limitations aux droits imposées par l’Etat défendeur devaient
être conformes au droit international et que cette exigence est elle-même
conforme au principe posé par l’article 27 de la Convention de Vienne sur le
droit des traités (1969) et l’article 32 du Projet d’articles de la Commission du
droit international sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement
illicite (2001), qui prévoient tous deux qu’un Etat ne peut pas invoquer les
39
Ayants-droits de feu Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablasse, Ernest Zongo et Blaise
Ibouldo & Mouvement Burkinabe des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Requête N°
013/2011), arrêt du 28 mars 2014, paragraphe 70; dans la note infrapaginale 4 de ce même arrêt, la
Cour a également fait référence au paragraphe 32 de l’arrêt de la Cour européenne rendu le 20 janvier
2000 dans l’affaire Yahiaoui c. France.
146
147
Convention américaine et que ces restrictions doivent donc être à la fois légales
et légitimes (paragraphe 106.5). En guise de conclusion, la Cour africaine a
indiqué ce qui suit : « La Cour s’accorde avec la Commission africaine pour
dire que les limitations aux droits et libertés prévues dans la Charte ne peuvent
être uniquement que celles qui sont précisées à l’article 27 (2) de la Charte et
que ces limitations doivent prendre la forme d’une "loi d’application générale".
Elles doivent aussi être proportionnées à l’objectif légitime poursuivi. La Cour
européenne a adopté la même approche, qui requiert qu’un juste équilibre soit
trouvé entre les exigences de l’intérêt général de la communauté et les impératifs
de protection des droits individuels fondamentaux » (paragraphe 107.1).
La Cour n’a par ailleurs pas hésité à s’inspirer des travaux du Comité des droits
de l’homme des Nations Unies. Elle a en effet fait référence au paragraphe 17 de
l’Observation générale n° 25 du Comité sur le droit de participer librement à la
direction des affaires publiques, en précisant qu’elle « fait sienne cette
observation générale car il s’agit d’une déclaration faisant autorité sur
l’interprétation de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIDCP), qui reflète l’esprit de l’article 13 de la Charte et qui, en
vertu de l’article 60 de la Charte, est "un instrument adopté par les Nations
Unies relatif aux droits de l’homme" dont la Cour peut "s’inspirer" pour sa
propre interprétation » (paragraphe 107.3).
Il n’est pas sans intérêt de faire observer que la Cour a estimé nécessaire de
terminer son examen de la clause de limitation de l’article 13 de la Charte en
revenant à la jurisprudence de la Commission africaine selon laquelle les
restrictions imposées par les lois nationales ne peuvent pas aller à l’encontre des
dispositions explicites de la Charte ; la Cour a à cet égard indiqué qu’elle
partageait le point de vue de la Commission de Banjul tel que reflété comme suit
au paragraphe 50 de sa décision relative à la communication n° 212/98 Amnesty
International c. Zambie : « Les clauses "dérogatoires" ne devraient pas être
interprétées dans le sens contraire aux principes de la Charte. Le recours à ces
dispositions ne devrait pas être un moyen de perpétrer des violations des
dispositions claires de la Charte. Il importe que la Commission fasse une mise
en garde contre le recours trop facile à ces clauses dérogatoires à la Charte
africaine. Il incombe à l’Etat de prouver qu’il est justifié de recourir aux clauses
dérogatoires » (paragraphe 109).
Sans faire état de la confusion que semble opérer ici la Commission entre
clause de « limitation » des droits et clause de « dérogation » aux droits, la Cour
s’est appuyée sur cette conclusion pour à son tour conclure que « même si la
clause en question envisage l’adoption de règles et règlements pour l’exercice
des droits qui y sont consacrés, ces règles et règlements ne sauraient annuler les
mêmes droits et libertés qu’ils doivent régir » (paragraphe 109).
Dans son arrêt rendu le 20 novembre 2015 dans l’affaire Alex Thomas c.
République Unie de Tanzanie, la Cour a considéré qu’une personne indigente
poursuivie en matière pénale a spécialement droit à l’assistance judiciaire
148
gratuite lorsque l’infraction concernée est grave et que la peine prévue par la loi
est sévère. Pour soutenir sa conclusion, la Cour s’est référée non seulement à la
jurisprudence de la Commission africaine (paragraphe 30 de la décision relative
à la Communication n° 231/99 Avocats sans frontières (au nom de Gaëtan
Bwampamye) c. Burundi) 40 , mais également à celle du Comité des droits de
l’homme des Nations Unies (paragraphe 13.2 de la décision relative à la
communication n°377/89 Anthony Currie c. Jamaïque)41 et à celle de la Cour
européenne des droits de l’homme (paragraphe 59 de l’arrêt du 10 juin 1996
dans l’affaire Benham c. Royaume-Uni, et paragraphe 54 de l’arrêt du
27 novembre 2008 en l’affaire Salduz c. Turquie)42. Dans ce même arrêt Alex
Thomas c. République Unie de Tanzanie, la Cour a relevé que la jurisprudence
susmentionnée avait trouvé un écho dans les deux résolutions suivantes : les
Principes et Directives de la Commission africaine des droits de l’homme et des
peuples sur le droit à un procès équitable et l’assistance judiciaire en Afrique
(2003) et la Déclaration de Lilongwe sur l’accès à l’assistance juridique dans le
système pénal africain (2004) qui a été endossée par la Commission en 200643.
Dans son arrêt rendu le 3 juin 2016 dans l’affaire Mohamed Abubakari c.
République Unie de Tanzanie, la Cour a considéré que « dans la présente espèce,
le juge national aurait dû, avant de poursuivre l’examen de l’affaire, pousser plus
avant les investigations sur la question du conflit d’intérêts, en demandant au
requérant d’étayer ses allégations et d’en apporter la preuve ; et prendre une
décision formelle sur cette question ». Le juge n’ayant fait ni l’un ni l’autre, et
ayant choisi de poursuivre simplement l’examen de l’affaire, la Cour en a conclu
que l’Etat défendeur avait violé le droit du Requérant à un procès équitable
garanti par l’article 7 de la Charte. La Cour a à ce propos tenu à mentionner la
maxime selon laquelle « non seulement la justice doit être faite, mais elle doit
être également perçue comme ayant été faite » ; elle s’est à cette fin référée au
paragraphe 3.2 des Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire (2002),
au paragraphe 12 des Principes directeurs applicables au rôle des magistrats du
parquet, adoptés par le huitième Congrès des Nations Unies pour la prévention
du crime et le traitement des délinquants (1990), ainsi qu’aux paragraphes 1 et
4.3 des Normes de responsabilité professionnelle et déclaration des droits et
devoirs essentiels des procureurs et poursuivants, adoptées par l’Association
internationale des procureurs et poursuivants (23 avril 1999)44. Dans ce même
arrêt, la Cour a énuméré un certain nombre d’éléments essentiels du droit à un
procès équitable en se référant à la jurisprudence internationale. Elle a par
exemple considéré que le fait de ne pas avoir accès à un avocat pendant une
40
Paragraphe 117 de l’arrêt.
41
Paragraphe 120 de l’arrêt.
42
Paragraphe 119 de l’arrêt ; dans la note infrapaginale 20 de son arrêt, la Cour fait également
référence aux arrêts suivants: arrêt Quaranta c. Suisse du 24 mai 1991 (paragraphe 33), arrêt Zdravka
Stanev c. Bulgarie du 6 novembre 2012 (paragraphe 38), arrêt Talat Tunç c. Turquie du 27 mars
2007 (paragraphe 56), arrêt Prezec c. Croatie du 15 octobre 2009 (paragraphe 29) et arrêt Biba c.
Grèce du 26 septembre 2000 (paragraphe 29).
43
Paragraphe 121 de l’arrêt.
44
Paragraphe 111 de l’arrêt.
149
45
Paragraphe 121 de l’arrêt.
46
Paragraphe 153 de l’arrêt, note infrapaginale 19.
47
Paragraphe 158 de l’arrêt.
48
Paragraphe 192 de l’arrêt.
49
Paragraphe 193 de l’arrêt.
50
Paragraphe 223 de l’arrêt.
150
la Cour affirma que cette question « devrait être appréciée avec une certaine
flexibilité et pas de façon trop formaliste »51. A ce propos, elle a cité l’arrêt rendu
le 10 avril 2012 par la Cour européenne dans l’affaire Lorenzetti c. Italie, dans
lequel cette dernière avait notamment considéré « qu’il convenait, dans chaque
cas, d’apprécier à la lumière des particularités de la procédure dont il s’agit, et
en fonction du but et de l’objet de l’article 6 § 1, la forme de publicité du
«jugement» prévue par le droit interne de l’Etat en cause » (paragraphe 37)52.
III. RÉPARATIONS
Au 1er juillet 2016, la Cour avait rendu trois arrêts exclusivement consacrés à la
question des réparations53, dans lesquels elle s’est abondamment référée à des
sources extérieures, et à la jurisprudence internationale en particulier, lorsqu’elle
s’est prononcée sur certains aspects de cette question tels que l’obligation de
réparer, l’exigence d’un lien de causalité, la définition, l’étendue et la victime
potentielle d’un dommage moral, les formes de la réparation ou la définition des
parents proches. Nous nous proposons de mentionner quelques-unes de ces
références relativement à l’obligation de réparer, l’exigence d’un lien de
causalité, la définition du dommage ainsi qu’au contenu et au bénéficiaire de la
réparation, en puisant largement dans l’arrêt Ayants-droits de feus Norbert
Zongo et autres c. Burkina Faso (Réparations) que je considère être, à ce jour,
la décision de la Cour la plus élaborée en la matière.
A. Obligation de réparer
Dans son tout premier arrêt rendu sur les réparations,54 à savoir Christopher
R. Mtikila c. République Unie de Tanzanie (Réparations), la Cour a tenu à
rappeler le principe posé par le désormais classique arrêt rendu par la Cour
permanente de Justice internationale dans l’affaire de l’Usine de Chorzow ;
le paragraphe suivant de cet arrêt a été reproduit : « […] "la Cour constate que
c’est un principe du droit international, voire une conception générale du droit,
que toute violation d’un engagement comporte l’obligation de réparer". Déjà
dans son arrêt n°. 8, la Cour, statuant sur la compétence qu’elle dérivait de
l’article 23 de la Convention de Genève, a dit : la réparation est le complément
indispensable d’un manquement à l’application sans qu’il soit nécessaire que
cela soit inscrit dans la convention même. L’existence du principe établissant
l’obligation de réparer comme un élément du droit international positif n’a du
51
Paragraphe 224 de l’arrêt.
52
Id..
53
Christopher R. Mtikila c. République Unie de Tanzanie (Réparations) (Requête 011/2011), arrêt du
13 juin 2014, Ayants-droits de feu Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema, Ernest Zongo, Blaise Ilboudo
& Mouvement Burkinabe des droits de l’homme et des peuples c. Burkina Faso (Réparations)
(Requête 013/2011), arrêt du 5 mai 2015, et Lohe Issa Konate c. Burkina Faso (Réparations)
(Requête 004/2013), arrêt du 3 juin 2016.
54
Paragraphe 21 de l’arrêt.
151
reste jamais été contestée au cours des procédures relatives aux affaires de
Chorzów »55.
Au paragraphe 20 de son deuxième arrêt rendu sur les réparations (Ayants-
droits de feus Norbert Zongo et autres c. Burkina Faso (Réparations)), la Cour a
reproduit un extrait de l’arrêt que la Cour permanente a rendu sur la compétence
dans la même affaire de l’Usine de Chorzów56. Au paragraphe 21 de l’arrêt, la
Cour a également reproduit l’article 31 (1) du Projet d’articles de la Commission
du droit international sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement
illicite (2001), ainsi libellé : « L’Etat responsable est tenu de réparer
intégralement le préjudice causé par le fait internationalement illicite ».57
55
Affaire relative à l’Usine de Chorzow (Demande en indemnités) (fond), Allemagne c. Pologne,
arrêt du 13 septembre 1928, Séries A, No. 17 (1928), p. 29.
56
« C’est un principe général de droit international que la violation d’un engagement entraîne
l’obligation de réparer dans une forme adéquate. La réparation est donc le complément indispensable
d’un manquement à l’application d’une convention, sans qu’il soit nécessaire que cela soit inscrit dans la
convention même », Cour permanente de Justice internationale, Affaire relative à l’Usine de Chorzow
(Demande en indemnités) (compétence), arrêt du 26 juillet 1927, Séries A, No. 9 (1927), p. 21.
57
Annuaire de la Commission du droit international, 2001, vol. II (2), p. 28.
58
La Cour voulait certainement faire référence au paragraphe 1 de cet article 31, et non pas à son
paragraphe 2.
59
Paragraphe 26 de l’arrêt.
60
Note infrapaginale 5.
61
Paragraphe 55 de l’arrêt ; dans la note infrapaginale 20, la Cour a également mentionné les arrêts
suivants de la Cour interaméricaine: Aloeboetoe c. Suriname (Réparations et dépens), arrêt du
10 septembre 1993, paragraphe 76; Loayza Tamayo c. Pérou (Réparations et dépens), arrêt du
27 novembre 1998, paragraphe 140; Gonzalez Medina et autres c. République dominicaine (Exceptions
152
préliminaires, fond, réparations et dépens), arrêt du 27 février 2012, paragraphe 270 ; Myrna Mack c.
Guatemala (Fond, réparations et dépens), arrêt du 25 novembre 2003, paragraphe 243.
62
Paragraphe 55 de l’arrêt ; Cour interaméricaine des droits de l’homme, Massacre de Mapiripan c.
Colombie (Fond, réparations et dépens), arrêt du 15 septembre 2005, paragraphe 146: «Beyond the
above, in a case such as that of the Mapiripán Massacre, the Court deems that no evidence is required
to prove the grave impact on the mental and emotional well-being of the next of kin of the victims».
63
Paragraphe 26 de l’arrêt.
64
Annuaire de la Commission du droit international, 2001, vol. II (2), p. 28 .
65
Paragraphe 27 de l’arrêt.
66
Jean Salmon (dir.), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p. 361.
67
Id.
68
Ce paragraphe 53 est ainsi libellé: «Non-pecuniary damages might include the pain and suffering
caused to the direct victims and to their loved ones, discredit to things that are very important for
persons, other adverse consequences that cannot be measured in monetary terms, and disruption of
the lifestyle of the victim or his family».
69
« La réparation intégrale du préjudice causé par le fait internationalement illicite prend la forme de
restitution, d’indemnisation et de satisfaction, séparément ou conjointement, conformément aux disposi-
tions du présent chapitre », Annuaire de la Commission du droit international, 2001, vol. II (2), p. 29.
70
« Le Comité considère que la réparation doit couvrir l’ensemble des dommages subis par la
victime, et englobe, entre autres mesures, la restitution, l’indemnisation, la réadaptation de la victime,
153
ainsi que des mesures propres à garantir la non-répétition des violations, en tenant toujours compte
des circonstances de chaque affaire », Comité contre la torture, Communication No. 269/2005 Ali
Ben Salem c. Tunisie, 7 novembre 2007, paragraphe 16.8; la Cour a également mentionné la décision
relative à la Communication No. 212/2002 Kepra Urra Guridi c. Espagne, mai 2005, paragraphe 6.8.
71
Affaire relative à l’Usine de Chorzow (Demande en indemnités) (fond), arrêt du 13 septembre
1928, Séries A, No. 17 (1928), p. 47.
72
Castillo Paez c. Pérou (Réparations), arrêt du 27 novembre 1998, paragraphes 48 et 51; Caracazo
c. Vénézuela (Réparations et dépens), arrêt du 29 août 2002, paragraphe 77; Barrios Altos c. Pérou
(Réparations et dépens), arrêt du 30 novembre 2001, paragraphe 25.
73
«Judgments, pursuant to repeated international precedents, constitute in and of themselves a form
of reparation», Montero-Aranguren et al. (Detention Center of Catia) c. Vénézuela (Exceptions
préliminaires, fond, réparations et dépens), arrêt du 5 juillet 2006, paragraphe 131 ; la Cour a
également mentionné les décisions suivantes: El Amparo c. Vénézuela (Réparations et dépens), arrêt
du 14 septembre 1996, paragraphe 35 ; Neira Alegria et autres c. Pérou (Réparations et dépens),
arrêt du 19 septembre 1996, paragraphe 56.
74
Varnava et autres c. Turquie, arrêt du 18 septembre 2009, paragraphe 224.
75
Affaire du détroit de Corfou (Fond), Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord c.
République Populaire d’Albanie, arrêt du 9 avril 1949, Recueil CIJ, 1949, p. 36.
76
Paragraphe 66 (note infrapaginale 26) de l’arrêt Ayants-droits de feus Norbert Zongo et autres c.
Burkina Faso (Réparations)).
77
Massacre du Plan de Sánchez c. Guatemala (Réparations), arrêt du 19 novembre 2004,
paragraphes 102 et 103 ; Heliodoro Portugal c. Panama (Exceptions préliminaires, fond, réparations
et dépens), arrêt du 12 août 2008, paragraphe 248 ; Garrido et Baigorria c. Argentine (Réparations et
dépens), arrêt du 27 août 1998, paragraphe 79.
78
Affaire du détroit de Corfou (Fond), Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord c.
République Populaire d’Albanie, arrêt du 9 avril 1949, Recueil CIJ, 1949, p. 36.
79
Paragraphe 98 de l’arrêt Ayants-droits de feus Norbert Zongo et autres c. Burkina Faso
(Réparations)).
80
Paragraphes 37 et 45 de l’arrêt du 13 juin 2014 relatif à l’affaire Christopher R. Mtikila c.
République Unie de Tanzanie (Réparations).
81
Paragraphe 103 de l’arrêt Ayants-droits de feus Norbert Zongo et autres c. Burkina Faso
(Réparations).
82
Paragraphe 104 de l’arrêt.
154
83
Paragraphe 105 de l’arrêt.
84
Id.; Comité des droits de l’homme, M’Boissona c. République centrafricaine (pour François
Bozize), décision du 7 avril 1994, Communication No. 428/1990, paragraphe 7.
85
Paragraphe 105 de l’arrêt ; Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,
Communication 288/04, Gabriel Shumba c. Zimbabwe, 2 mai 2012, paragraphe 194 (2). Dans la note
infrapaginale 39 de l’arrêt, la Cour a cité les décisions suivantes de la Commission qui vont dans le
même sens: Communications 54/91-61/91-98/93-164/97-196/97-210/98, Malawi Africa Association,
Amnesty International, Ms Sarr Diop, Union interafricaine des droits de l’homme et RADDHO,
Collectif des veuves et ayants-droits, Association mauritanienne des droits de l’homme c.
Mauritanie, 11 mai 2000, dispositif; Communication 241/01, Purohit et Moore c. Gambie, 29 mai
2003, dispositif; Communication 279/03-296/05, Soudan Human Rights Organisation and Centre on
Housing Rights and Evictions (COHRE) c. Soudan, 27 mai 2009, dispositif; Communication 236/00,
Curtis Francis Doebbler c. Soudan, 25 novembre 2009, dispositif; Communication 334/06, Egyptian
Initiative for Personal Rights and Interights c. Egypte, 1er mars 2011, dispositif.
86
Paragraphe 47 de l’arrêt Ayants-droits de feus Norbert Zongo et autres c. Burkina Faso
(Réparations).
87
Ibid., note infrapaginale 15.
155
***
88
Aslakhanova c. Russie, arrêt du 18 décembre 2012, paragraphe 133 : «[…] the applicants, who are
close relatives of the disappeared men, must be considered victims of a violation of Article 3 of the
Convention, on account of the distress and anguish which they suffered, and continue to suffer, as a
result of their inability to ascertain the fate of their family members and of the manner in which their
complaints have been dealt with».
89
Shirin Aumeeruddy-Cziffra et 19 autres femmes mauriciennes c. Ile Maurice, Communication
No. 035/1978, décision du 9 avril 1981, paragraphe 9.2: «A person can only claim to be a victim in
the sense of article 1 of the Optional Protocol if he or she is actually affected. It is a matter of degree
how concretely this requirement should be taken».
90
« La Cour ne peut […] exclure, au vu de sa propre jurisprudence et à la lumière de cette pratique, qu’il
puisse y avoir, pour une société commerciale, un dommage autre que matériel [préjudice moral] appe-
lant une réparation pécuniaire », Comingersoll S.A. c. Portugal, arrêt du 6 avril 2000, paragraphe 35.
91
Paragraphe 65 de l’arrêt Ayants-droits de feus Norbert Zongo et autres c. Burkina Faso
(Réparations)).
92
Id.
93
Voir les paragraphes 61, 62 (note infrapaginale 22), 65, 74 (note infrapaginale 27), 81, 82, 87, 88,
90 et 92.
156
Avant-propos ........................................................................................................ 3
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L’ère du décloisonnement
Laurence BURGORGUE-LARSEN ............................................................................ 21
II. LE DIALOGUE
ENTRE LES JUGES DE DIFFÉRENTS SYSTÈMES JURIDIQUES
422
TABLE DES MATIÈRES
CONCLUSIONS GÉNÉRALES
De l’Afrique à l’Amérique latine en passant par l’Europe
Le poids des textes, la force de la jurisprudence
Francis WODIÉ .................................................................................................. 413
423