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Thème :
ANALYSE DES PERFORMANCES DE
L’IRRIGATION PAR ASPERSION SOUS PIVOTS SUR
LE COMPLEXE SUCRIER DE FERKE 2
Présenté par :
KEDJA Kedja Jean Marc
Ce mémoire a été rendue possible grâce au concours de différents acteurs tant au niveau de
l’Ecole Supérieure d’Agronomie (ESA) qu’au niveau de la SUCAF-CI (les SUCreries
d’AFrique-Côte d’Ivoire). Je profite de cet ouvrage pour vivement remercier toute la famille
de la direction technique Agricole au sein de la SUCAF, et en particulier celle du service
exploitation irrigation.
Je remercie Dr YESSOH M’Boua Jean Marie, pour sa disponibilité, son dynamisme et ses
conseils tout au long de ce travail.
Je tiens à dire vivement merci à M. ADJA Nahoule Armand, pour son soutien et sa
disponibilité.
Enfin, j’exprime ma profonde gratitude à toutes ces personnes, qui de près ou de loin ont
contribué à l’édification de cette œuvre.
1
RESUME
Une étude a été menée sur l’évaluation des performances de l’irrigation par rampes
pivotantes sur le périmètre sucrier de Ferké 2 (9° 35’ N et 5° 12’ O), au nord de la Côte
d’Ivoire. L’objectif de ce travail est d’évaluer la qualité des apports d’eau d’irrigation à
travers un diagnostic d’alimentation hydrique des cannes et une analyse des performances
hydrauliques des pivots. Pour ce faire il a été évalué d’une part les mesures hydrauliques in
situ (répartition pluviométrique, débit, pression), et d’autre part l’efficience agronomique
(rendement, indice moyen de satisfaction hydrique). Cette évaluation a permis d‘identifier les
principaux facteurs qui influencent les uniformités d’arrosage en vue de proposer des actions
à mener pour assurer une meilleure conduite de l’irrigation. Les résultats obtenus montrent
que le rendement moyen des pivots est de 86 t/ha ; l’efficience de l’irrigation est de 5,3 kg/m3
et l’efficience d’utilisation de l’eau de 9,8 kg/m3. Il a été enregistré une corrélation linéaire
positive entre le rendement moyen des cannes et les quantités d’eau apportée. Les pivots
étudiés présentent dans l’ensemble une uniformité d’arrosage correcte (CU ≥ 80%). Les
Principaux facteurs qui influencent l’uniformité de distribution de l’eau des rampes pivotantes
sont : la pression de fonctionnement ; la conformité du plan de busage ; les activités de
débouchages des buses et la vitesse du vent. Les rendements moyens en canne peuvent être
améliorés à l’issu d’une meilleure conduite de l’irrigation et une amélioration de l’uniformité
de distribution.
Mots clés : Canne à sucre, aspersion, pivot, performances, uniformité de distribution, Côte
d’Ivoire
2
ABSTRACT
3
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS................................................................................................................ 1
RESUME ................................................................................................................................... 2
ABSTRACT .............................................................................................................................. 3
INTRODUCTION .................................................................................................................... 9
4
1.3.2. Pivot…….. .......................................................................................................... 18
1.4.4.1. Productivité................................................................................................ 24
5
2.8. EFFICIENCE AGRONOMIQUE DE L’IRRIGATION EFFICIENCE
D’UTILISATION DE L’EAU ................................................................................... 33
ANNEXES ............................................................................................................................... 51
6
TABLES DES ILLUSTRATIONS
Photo 1 : Canaux à ciel ouvert (à droite canal principal et à gauche canal secondaire menant à
la station IPS7). ........................................................................................................................ 13
Photo 2 : Station de pompage IPS7 ......................................................................................... 14
Photo 3 : Disposition des pluviomètres le long d’un rayon de pivot pour la mesure de la
pluviométrie ............................................................................................................................. 29
Photo 4 : Manomètre utilisé pour mesurer la pression au niveau des régulateurs des arroseurs
.................................................................................................................................................. 30
Photo 5 : Mesure de la perméabilité du sol à l’aide d’un infiltromètre à tension ................... 31
7
LISTE DES TABLEAUX
CEMAGREF : Centre des Etudes en Machinisme Agricole, du Génie Rural, des Eaux et des
Forêts
CU : Coefficient d’uniformité
UD : Uniformité de distribution
8
INTRODUCTION
La production sucrière ivoirienne, varie de 150 000 à 180 000 tonnes par an. Elle
couvre la demande intérieure (Péné et Kehe, 2005). Cette production est assurée par deux
entreprises (SUCAF-CI et SUCRIVOIRE), nées de la privatisation de l’ex-société d’Etat
SODESUCRE en juin 1997. Ces entreprises sont réparties sur quatre complexes sucriers
(deux pour chaque entreprise). En plus des plantations industrielles de ces entreprises, des
exploitants individuels ou regroupés en coopérative participent également à la fourniture de
canne.
Les facteurs qui affectent le rendement sont multiples (les pratiques culturales, les
variétés de cannes, le mode de gestion de l’enherbement et la qualité d’arrosage). Ce dernier
s’apprécie à travers trois principaux critères que sont l’efficience, l’uniformité d’arrosage et
l’intensité pluviométrique. Ces critères (techniques) notamment les deux premiers permettent
d’évaluer la performance d’un système d’irrigation. A ces critères techniques d’évaluation,
s’ajoute la qualité de la conduite de l’arrosage. Selon Péné (2005) et Péné et al. (2001), les
rendements en canne sont fortement tributaires de l’eau reçue. L’eau constitue de ce fait le
premier facteur limitant des rendements de la canne à sucre dans les périmètres sucriers
ivoiriens (Péné et Tuo, 1996 ; Péné, 1999). L’étude de la performance des systèmes
d’irrigation, en particulier celle de la rampe pivotante s’avère donc nécessaire afin d’améliorer
la gestion de l’irrigation.
L’objectif général de ce travail est d’étudier la qualité des apports d’eau d’irrigation
afin de permettre un approvisionnement adéquat de la canne à sucre en eau. Plus
spécifiquement, il s’agit de:
9
- établir un diagnostic de fonctionnement au champ du pivot permettant la
détermination des paramètres hydrauliques;
- caractériser la distribution de l’eau sous pivot en terme d’homogénéité ;
- étudier les rendements aux apports d’eau ;
- dégager des actions à mener pour assurer un meilleur apport en eau du point de vue
qualitatif et quantitatif.
L’intérêt de cette étude est, le cas échant, de réaliser à court et à moyen terme les
actions suivantes:
- améliorer l’uniformité de distribution de l’eau d’irrigation pour garantir un
fonctionnement adéquat de ce système d’aspersion mécanisé ;
- réaliser une économie d’eau grâce à une meilleure gestion de l’irrigation à travers
l’établissement d’un bilan hydrique.
Le présent document est subdivisé en trois chapitres. Le premier chapitre traite des
notions relatives au thème de l’étude à travers des données fournies par la littérature. Le
deuxième décrit la méthodologie adoptée pour mener à bien cette étude. Quant au troisième, il
présente les résultats et les perspectives d’une meilleure gestion des apports d’eau sur le
complexe sucrier de Ferké 2.
10
CHAPITRE 1 : REVUE DE LITTERATURE
1.1.2.1. Climat
11
70%. Les pluviométries annuelles cumulées (données recueillies sur 10 ans) sont de 1253 mm
contre un déficit pluviométrique (évaporation bac) mensuel cumulé de 1819 mm.
280 36
260 33
1.1.2.3. Pédologie
1.1.2.4. Végétation
12
1.2. DESCRIPTION DE L’EXPLOITATION
Dans cette partie, nous nous attellerons à décrire le réseau d’irrigation du complexe
sucrier de Ferké 2. Les parcelles sont alimentées en eau à travers un réseau souterrain de
conduites, qui est approvisionné par 11 stations de pompages. Trois de ces stations servent à
alimenter les canaux à ciel ouvert. L’eau est prise directement du Bandama par deux stations
nommées R1 et R2. La station R1 est destinée à alimenter des parcelles quand, la station R2
alimente le canal principal long d’environ 11 km, par le biais d’une conduite de diamètre 900
mm et de longueur 375,5 m (photo1). Les stations IPS 1 ; 2 ; 3 et 4 pompent l’eau dans le
canal principal pour irriguer les parcelles sous leurs emprises. Deux stations de relevage d’eau
C1 et C2, pompent l’eau dans le canal principal pour alimenter les canaux secondaires. La
station C1 permet d’alimenter le canal secondaire long d’environ 1,5 km dans la direction
sud-est et approvisionne les stations IPS 5 et 6. La station C2 alimente un second canal
(environ 3 km) dans la direction nord-est vers la station IPS7. Les stations IPS 5 ; 6 et 7
approvisionnent directement les parcelles en eau. Les stations C1 et C2 relèvent l’eau d’une
hauteur d’environ 22 m.
Photo 1 : Canaux à ciel ouvert (à droite canal principal et à gauche canal secondaire menant à
la station IPS7).
13
1.2.1.2. Station de pompage et canaux à ciel ouvert
Ces stations sont dotées de pompes de type Gaudin, Idéal Bombass, Flow serve, etc.
Le débit des pompes varie de 450 à 520 m3/h avec des moteurs de puissance de 250 kW. La
pression nominale admise pour toutes les stations est de 9 à 10 bars. L’eau pompée par les
stations est refoulée dans un réseau de conduites d’irrigation souterraine. Le tableau 1 donne
la composition des stations de pompage en termes de nombre de pompes.
Les stations de mise en pression sont alimentées par la station R2 à travers des canaux
à ciel ouvert et de conduites composés :
14
1.2.1.3. Réseaux souterrains d’irrigation
15
1.2.3. Matériel végétal
Règne : Végétal
Embranchement : Spermaphytes
Sous-embranchement : Angiospermes
Classe : Monocotylédones
Ordre : Poales
Famille : Poacées
Sous-famille : Andropogonoideae
Genre : Saccharum
Espèce : Saccharum officinarum
1.2.3.2. Ecologie de la canne à sucre
La canne à sucre est une plante cosmopolite. Elle s’adapte a plusieurs conditions
climatiques, même celles qui sont considérées comme hostile à son bon développement. Son
aire naturelle de développement correspond aux régions relativement arrosés des zones inter
subtropicales. Cependant, pour des raisons économiques, elle est apprivoisée et se cultive
dans des régions hors de son aire naturelle. En effet, le déficit en eau se corrige par l’irrigation
quand c’est possible.
La canne à sucre n’exige pas de type de sol particulier. Elle s’adapte à une large
texture de sol allant des sols sableux aux sols argileux. Il est préférable que les sols aient une
bonne profondeur (plus d’un mètre), une richesse en humus et en éléments fertilisants
(essentiellement en azote, en phosphore et en potassium). L’enracinement peut aller jusqu’à 5
m de profondeur. Le sol doit être de préférence bien aéré et la teneur totale en eau disponible
doit se situer à plus de 15 % pour un pH optimal d’environ 6,5. Cependant, la canne à sucre
pousse sur des sols ayant un pH compris dans la gamme de 5 à 8,5 (Cissé, 2013).
16
La croissance de la canne à sucre dépend des conditions de l’environnement, notamment de
l’énergie lumineuse interceptée, de l’eau et des éléments minéraux nutritifs puisés dans le sol.
Pendant toute la phase végétative une humidité suffisante est requise pour assurer des
rendements optimums de la canne à sucre. Selon le climat, le besoin en eau (ETM) de la
canne à sucre varie de 100 à 170 mm par mois (Anonyme 1, 2002). Les valeurs du coefficient
cultural (kc) qui met en rapport l’ETM avec l’évapotranspiration de référence (ET0) au cours
des différents stades de croissance sont les suivantes (Doorenboss et Kassam, 1986) :
- 0,5 au tallage (6 décades) ;
- 0,8 au début de la phase de grande croissance (4 décades) et 1 pendant le reste de cette
phase (18 décades) ;
- 0,8 à partir de la floraison jusqu’à l’arrêt des irrigations (sevrage) pour favoriser la
maturation avant la récolte (3 décades).
L'irrigation par aspersion est utilisée pour diverses cultures industrielles. Les
techniques d'arrosage appliquées en irrigation par aspersion découlent directement du matériel
utilisé. On peut classer les équipements d’irrigation par aspersion en deux types :
- les couvertures d’asperseurs ;
- les machines à irriguer (rampes frontales, pivots, enrouleurs, etc.).
Dans le cas d’une installation d’irrigation par couvertures d’asperseurs, les appareils
distributeurs d’eau sont en position fixe durant leur fonctionnement. Par contre, les machines
automotrices ont la faculté de déplacer le ou les organes distributeurs d’eau durant l’arrosage.
En irrigation par aspersion, l'eau qui parvient aux cultures imite la chute naturelle de la pluie.
Ceci, grâce à l'utilisation de divers appareils de projection alimentés sous pression, choisis et
disposés de façon à obtenir une répartition la plus uniforme possible de la pluviométrie. Bien
que l'aspersion soit théoriquement créditée d'une excellente efficience d’application de l’eau,
les chiffres observés dans la pratique se situent entre 55 et 85%, essentiellement en fonction
de la maîtrise technique des irrigants (Anonyme 2, 2006).
Le schéma type d’un réseau d’irrigation par aspersion se constitue de l’unité de pompage, des
canalisations principales et d’approches, des rampes ou flexibles et des asperseurs ou un
canon.
17
1.3.2. Pivot
La rampe pivotante est constituée par une canalisation de grande longueur avec
arroseurs, tournant autour d’un axe ou pivot (élément central) par lequel se fait l’arrivée d’eau
et d’électricité (figure 2). La canalisation est portée, de proche en proche, par des tours
équipées de roues, animées par des moteurs électriques (ou hydrauliques). Les tours séparent
l’appareil en travées rigidifiées par un système de triangulation et de tirants, la canalisation
tenant lieu de poutre. L’eau est distribuée par des asperseurs ou des buses disposées le long de
la canalisation. Un canon d’extrémité, placé au bout du porte-à-faux complète souvent
l’équipement. Le mouvement de la rampe est discontinu, l’alignement de l’ensemble est
commandé au niveau de chaque tour par des contacteurs, sensibles à l’angle formé par deux
travées contiguës. Le réglage de la vitesse d’avancement se fait par modification du temps de
fonctionnement du moteur de la dernière tour, au cours d’un cycle d’une minute (Anonyme 3,
2003).
18
Figure 2: Schéma type d’un pivot et de ses diverses parties
(Source : document technique Irrifrance)
Le pivot présente une efficience d’application élevée de 75-85% qui permet une
économie d’eau, avec le contrôle depuis la source jusqu’à la plante. L’uniformité
d’application de l’eau est meilleure en comparaison aux autres systèmes d’aspersion, en
raison de la continuité de distribution de l’eau. Les pivots peuvent fonctionner dans les deux
19
sens (avant et arrière) à des vitesses facilement réglables pour un apport de doses précises
d’irrigation. L’utilisation de rampes pivotantes permet une économie de main d’œuvre. Le
prix du pivot est le plus bas du marché comparé aux autres dispositifs d’arrosage. Par contre,
son installation requiert un investissement initial important.
La performance est une notion relative qui consiste à atteindre des objectifs donnés,
avec des ressources limitées et dans un environnement soumis à des changements (Salia,
2011). Au sens strict du terme, une performance est un résultat chiffré dans une perspective
de classement.
Pour Burt (2000), l’accroissement des rendements serait le plus souvent dû à une
amélioration de l’uniformité d’arrosage. Les paramètres hydrauliques (pression, débit, hauteur
d’eau appliquée, etc.) doivent être pris en compte dans la détermination de l’uniformité. En
effet, une variation de 10% de la dose appliquée par le pivot peut entraîner jusqu’à 20% de
perte de rendement sur les sols légers type sables (Anonyme 4, 2015). Plusieurs indicateurs
ont été utilisés pour déterminer l’uniformité d’application de l’eau. Les plus utilisés sont
l’uniformité de distribution (UD) et le coefficient d’uniformité (CU) (Heermann et Hein,
1986 ; Christiansen, 1942).
21
1.4.2.1.1. Coefficient d’uniformité
∑𝑛𝑖|𝑉𝑖 − 𝑉̅ |
𝐶𝑢𝐶 = 100 [1 − ]
∑𝑛𝑖 𝑉𝑖
La seconde équation est celle de Heermann et Hein (1986), elle s’utilise pour les rampes
pivotantes et est formulée comme suit :
ℎ𝑚 /𝑞𝑢𝑎𝑟𝑡 𝑖𝑛𝑓é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟
𝑈𝐷 =
ℎ𝑚
La hauteur moyenne d’eau infiltrée sur la parcelle est une moyenne pondérale obtenue en
divisant la somme des hauteurs d’eau pondérées à la superficie couverte par le pluviomètre
par la somme des superficies couvertes par les pluviomètres. Pour déterminer la hauteur
moyenne d’eau infiltrée sur le quart inférieur, on procède comme suit :
1) On effectue un tri croissant sur les hauteurs d’eau recueillies par les pluviomètres.
22
2) On sélectionne les valeurs qui correspondent à 25% de la somme de toute la surface
parcellaire.
Selon Donkora et al. (2014) l’uniformité de distribution est une condition nécessaire pour
l’efficience d’une irrigation. Toutefois, elle n’est pas suffisante pour apprécier la qualité de
l’arrosage car on peut avoir une irrigation très uniforme mais avec une très faible efficience
d’application (Bouaziz et Belabbes, 2002).
1.4.3.1. Rendement
Le rendement d’une culture est défini comme le rapport entre la quantité récoltée et
le facteur de production (terre, travail, capital d’exploitation) jugé pertinent dans la situation
agricole considérée. Ainsi la détermination du rendement doit tenir compte du but recherché
ou des questions qu’on se pose par rapport à la situation dans laquelle on se trouve. Il faudrait
choisir de façon pertinente le dénominateur de l’équation traduisant le rendement (par quel
critère ou facteur divise-t-on la production). Le rendement le plus utilisé en agriculture est le
𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 (𝑘𝑔)
rendement à l’hectare exprimé par la formule : 𝑟𝑑𝑡 (𝑘𝑔⁄ℎ𝑎 ) = 𝑢𝑛𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 (ℎ𝑎)
23
1.4.3.2. Productivité de l’eau
La productivité de l’eau (PE) est une notion d’évaluation des rendements des cultures
par rapport à l’eau. La productivité de l’eau a été longtemps définie comme le rendement des
cultures par unité de transpiration (Viets, 1962). Elle se définie actuellement comme la
production des cultures par unité d’eau utilisée. La notion de la productivité de l’eau est
diversement perçue. Pour Donkora et al. (2014) elle s’exprime par le rapport de la production
(ou du rendement) par rapport à l’eau consommée (évapotranspiration réelle). Salia (2001), en
reprenant Pereira (1999), l’utilise pour désigner la quantité de produit par une quantité d’eau
utilisée, consommée ou non. Cette eau utilisée correspond aux apports d’irrigations majorés
par les pluies.
𝑟𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 (𝑘𝑔⁄ℎ𝑎)
𝐸𝑈𝐸(𝑘𝑔⁄𝑚𝑚/ℎ𝑎) = 𝐸𝑇𝑅 (𝑚𝑚)
1.4.4.1. Productivité
𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑒
𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é/𝑓𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑖 = , le facteur i représente le facteur de production
𝑓𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑖
considéré. Ainsi, la production de toute entreprise agricole peut s’exprimer par une fonction
appelée fonction de production (y) : 𝑦 = 𝑓(𝑥1 , 𝑥2 , … 𝑥𝑗 )
24
Avec y = le produit fabriqué par l’entreprise, f est la fonction de production et (𝑥1 , 𝑥2 , … 𝑥𝑗 )
les facteurs de production.
Pour les agro-économistes, l’efficience est définie par le rapport entre la marge brute
ou la marge nette de la production d’une unité de surface et le coût des inputs.
25
CHAPITRE 2 : MATERIELS ET METHODES
Pour mener à bien cette étude, nous avons établi un critère de sélection pour
déterminer un nombre de pivots qui à la fois tient compte de la diversité des pivots présents
sur le complexe et écarte ceux qui sont susceptibles de présenter des insuffisances.
- l’élimination systématique des pivots dont le busage sera réhabilité en 2015 et des
pivots qui doivent être renouvelés sur la période de 2015 à 2017 ;
- la marque des pivots;
- la taille : on choisira en premier le plus petit et le plus grand pivot, puis suivront ceux
qui ont une taille intermédiaire ;
- les arroseurs : les deux types d’arroseurs doivent figurer parmi les arroseurs des pivots
sélectionnés ;
- la pression : trois types de pression seront prises en compte dans le choix des pivots
(pression faible, pression suffisante ou pression élevée). Une pression est dite faible si
la pression relevée est inférieure à la pression de travail ôtée ou non de 0,5. Si la
pression relevée est supérieure à la pression de travail ajoutée ou non de 0, 5 ; on dit
que la pression est élevée. Dans les autres cas la pression est dite suffisante ;
- le rendement comme critère de sélection s’apprécie selon deux axes : soit le rendement
de la parcelle est strictement inférieur à 80 t/ha, soit strictement supérieur à 90 t/ha. Le
pivot qui a ses quatre parcelles inférieures à 80 t/ha est qualité de pivot à mauvais
rendement. Si le rendement des quatre parcelles sous pivots est supérieur à 90 t/ha
alors le rendement du pivot est qualifié de bon rendement. Excepté ces deux cas, le
26
rendement est dit moyen. Les données de rendement utilisées sont celles des
campagnes de 2010-2011 à 2013-2014.
27
Figure 5 : Carte parcellaire présentant les pivots sélectionnés (parcelles en bleu)
28
2.3. APPRECIATION DE LA REPARTITION PLUVIOMETRIQUE
Selon les normes standards ISO 11545 (2001) et ANSI/ASAE (2001), les collecteurs
ou pluviomètres utilisés doivent être disposés uniformément le long d’au moins deux rayons
du pivot à distance inférieure ou égale à 3 m. Le CEMAGREF a proposé une distance
maximale de 5 m entre les collecteurs pour des essais de détermination de l’uniformité de
distribution des pivots (Anonyme 3, 2003). Dans le cadre de notre étude, par manque de
pluviomètres, nous avons effectué deux séries de mesures. La première mesure a été effectuée
le long d’un rayon du pivot avec des pluviomètres équidistants de 5 m (photo 3). La seconde
mesure a été effectuée le long de deux rayons arrosés par le pivot à l’aide de pluviomètres
disposés tous les 10 m. La première mesure a été effectuée durant la journée et la seconde est
une mesure de nuit excepté les pivots 1 et 4. Les collecteurs utilisés sont des pluviomètres à
lecture directe.
Photo 3 : Disposition des pluviomètres le long d’un rayon de pivot pour la mesure de
la pluviométrie
𝑉 = 2𝜋𝑒 ∑ 𝑃𝑖 𝑟𝑖
29
Dose moyenne apportée par le pivot
La dose moyenne (D) délivrée par le pivot exprimée en mm est le rapport entre le
volume total apporté par le pivot et la surface totale arrosée par celui-ci.
𝑉 ∑𝑖 𝑃𝑖 𝑟𝑖
𝐷= =
𝑆 ∑𝑖 𝑟𝑖
𝑟𝑖 (m) est la distance séparant le pluviomètre i du centre du pivot et 𝑃𝑖 le volume recueilli par
le pluviomètre i.
Les débits en tête de pivot ont été mesurés en utilisant les indications des compteurs
volumétriques installées sur les pivots au début et à la fin de l’essai. Nous avons mesuré la
pression de la rampe pivotante à l’aide de manomètre installé sur les pivots d’une part et
d’autre part d’un manomètre (photo 4) équipé d’une vanne pour la mesure de la pression
disponible au niveau des arroseurs. Pour tester le fonctionnement des régulateurs de pression
associés aux arroseurs, nous avons échantillonné cinq arroseurs répartis comme suit : un
arroseur par travée (travée 1, travée 3, travée 5, dernière travée) et le dernier se situant sur le
porte à faux.
Photo 4 : Manomètre utilisé pour mesurer la pression au niveau des régulateurs des
arroseurs
30
2.5. MESURE DE LA VITESSE D’INFILTRATION DE L’EAU DANS LE SOL
La méthode utilisée pour le calcul de la conductivité hydraulique est basée sur les
travaux de Wooding (1968) et Gardner (1958). La conductivité hydraulique à la saturation est
déterminée par la formule suivante:
𝐾(ℎ) = 𝐾𝑠𝑎𝑡 exp(𝛼ℎ) (1)
où 𝐾𝑠𝑎𝑡 est la conductivité hydraulique à la saturation (cm/h), K (cm/h) est la conductivité
hydraulique, α est un paramètre, et h (cm) est le potentiel matriciel ou tension appliquée.
Le volume d'eau entrant dans le sol par unité de temps (Q en cm3 /h) est :
4
𝑄 = 𝜋𝑟²𝐾(1 + 𝜋𝑟𝛼) (2)
En appliquant deux tensions différentes h1 et h2, on obtient 𝑄(ℎ1) et 𝑄(ℎ2) puis on calcule 𝛼
par l’expression:
ln(𝑄(ℎ2)⁄𝑄(ℎ1))
𝛼=
ℎ2 − ℎ1
Avec α connu, on détermine maintenant la conductivité hydraulique à la saturation (𝐾𝑠𝑎𝑡 ).
31
2.6. MESURE DE LA VITESSE MOYENNE ET DE LA DUREE MOYENNE DE
ROTATION DU PIVOT
Nous avons procédé à la mesure du temps t nécessaire pour effectuer dix séquences
successives d’avancement de la dernière tour du pivot et la distance d qu’elle a parcouru.
Après avoir effectué trois mesures successives, la vitesse moyenne (𝑣(𝑚⁄𝑚𝑛) ) a été calculée
𝑑(𝑚)
par la formule suivante : 𝑣(𝑚⁄𝑚𝑛) = 𝑡(𝑚𝑛)
avec 𝑃𝑖 la hauteur d’eau recueillie dans le ième pluviomètre, 𝑆𝑖 la distance du centre du pivot
au ième collecteur.
La formule retenue pour évaluer l’UD est celle développée par Merriam et Keller
(1978). Elle s’exprime par :
ℎ𝑚 /𝑞𝑢𝑎𝑟𝑡 𝑖𝑛𝑓é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟
𝑈𝐷 =
ℎ𝑚
32
2.8. INTENSITE PLUVIOMETRIQUE
Nous avons déterminé l’intensité pluviométrique moyenne en bout de rampe (𝐼𝑚𝑎𝑥 ) par la
formule:
𝐷 𝑉𝑟
𝐼𝑚𝑎𝑥 =
2𝑊
Avec 𝐼𝑟 l’intensité pluviométrique moyenne, W la portée des arroseurs terminaux, 𝐷 la dose
délivrée par le pivot (calculé à partir des quantités d’eau recueillies par les pluviomètres) et 𝑉𝑟
la vitesse moyenne du pivot.
Selon Péné (2005), le bilan hydrique exprime la conservation, entre deux dates
quelconques, de la masse d’eau présente dans le système sol-plante-atmosphère. Le modèle
utilisé est l’équation simplifiée du bilan de l’eau dans le sol :
Où Δ𝑆𝑡𝑜𝑐𝑘 est la variation du stock d’eau du sol sur une période considérée.
L’évapotranspiration réelle (ETR) est calculée selon la formule d’Eagleman (1971) qui
dépend de la demande évaporative (ETM) et de l’humidité disponible dans le sol (Hd) :
𝐸𝑇𝑅 = 0.732 − 0.05 𝐸𝑇𝑀 + 𝑎 ∗ 𝐻𝑑 – 𝑏 ∗ 𝐻𝑑2 + 𝑐 ∗ 𝐻𝑑3
𝐻𝑑 = 𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘 𝑑𝑢 𝑗𝑜𝑢𝑟 / 𝑅𝑈 ;
𝐸𝑇𝑀 = 𝐾𝑐 . 𝐸𝑇𝑜
900
0,408Δ(𝑅𝑛 − 𝐺) + 𝛾 𝑇 + 273 𝜇2 (𝑒𝑠 − 𝑒𝑎 )
𝐸𝑇𝑜 =
Δ + 𝛾(1 + 0,34𝜇2 )
𝐸𝑇𝑅
𝐼𝑠 =
𝐸𝑇𝑀
34
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
Le tableau 4 récapitule les données relatives aux différences aperçues entre les plans
théorique et pratique de busage pour chaque rampe pivotante considérée. Pour le pivot 1 et le
pivot 5, le busage théorique correspond au busage calculé avec les valeurs relevées sur le
terrain cinq ans plutôt. Quant aux pivots 2 ; 3 et 4, il correspond à celui fournit par le
fabricant.
Le pourcentage d’identité enregistré est faible pour l’ensemble des pivots, excepté le
pivot 3. Les activités de débouchage des buses colmatées, par leur méthode de réalisation,
sont le principal facteur qui influencent la conformité des plans de busage indiqué par le
constructeur et celui adopté sur terrain. En effet, si ces activités de maintenance sont réalisées
régulièrement sur un pivot, le risque d’échanger les buses de leur emplacement initial est très
élevé. Ce risque devient plus grand lorsque le pivot prend de l’âge ; cela entraînera de faible
pourcentage d’identité. Pour éviter une fréquence d’exécution très élevée des activités de
débouchage, il faut s’assurer que l’eau d’irrigation présente de faible taux de matières en
suspension (la boue par exemple). Aussi la présence de filtre à tamis limitera-t-elle le passage
de quelques impuretés lorsque l’eau est chargée. Il est recommandé aux maintenanciers
d’effectuer le débouchage des buses, arroseur par arroseur en remettant la buse à son
emplacement initial.
Les valeurs des débits mesurés à l’aide des indications des compteurs volumétriques
sont plus ou moins proches de celles calculées (à partir du plan de busage) et du débit
d’équipement, excepté pour le pivot 4. Le tableau 5 donne les résultats de mesures de débit et
35
de pression. L’écart constaté est dû à un disfonctionnement du compteur volumétrique installé
sur le pivot 4. Dans l’ensemble, les différences observées sont peut-être dues à la variation de
pression au niveau des pivots, qui sont équipés pour la plupart de régulateurs de pression non
fonctionnelle. En effet, la régulation de la pression se fait par ajustement de l’ouverture ou de
la fermeture de la vanne en fonction de la valeur affichée par le manomètre par rapport à la
pression souhaitée. Notons que l’impact de la variation de la pression est perceptible lorsque
la pression de fonctionnement obtenue est supérieure à la pression que peut supporter les
régulateurs de pression associés aux arroseurs.
Les pressions mesurées sont supérieures ou égales à la pression de service sauf pour le
pivot 5. Ce pivot est situé en fin de réseau, il ne reçoit pas plus de 2,5 bars de pression. Cette
faible pression occasionne des variations temporelles de la dose délivrée par le pivot, dose qui
est souvent inférieure à la dose requise.
Les pressions mesurées au niveau des régulateurs de pression des arroseurs varient
pour la plupart de 1 à 1,4 bars pour les arroseurs de type Nelson (Pivot 1 ; 2 ; 4 ; 5) et de 0,6 à
0,7 bar pour les arroseurs de type Senniger (Pivot 3). Ces valeurs sont proches des valeurs de
régulation des régulateurs de pression associés aux arroseurs (0,7 pour le Senniger et 1,4 pour
le Nelson). Les valeurs faibles constatées sont dues au fait que les régulateurs sont obstrués.
Lorsque le régulateur est défaillant, on obtient des valeurs élevées de pression (cas du pivot 4,
arroseur au niveau du porte à faux). La figure 6 présente les variations de pression au niveau
des régulateurs des arroseurs des pivots 3 et 4.
Les résultats des autres pivots figurent en annexe 1.
36
2,8
Pivot 3 Pivot 4
0,7 0,7
1,5 1,4
1,3
0,65 0,65
1
0,6
Les mesures effectuées montrent une variabilité des hauteurs d’eau et doses moyennes
délivrées par les pivots sur l’ensemble des deux mesures (tableau 6). Les écarts observés
peuvent s’expliquer d’une part par l’effet des pertes par évaporation (différence entre quantité
d’eau évaporée sur les deux mesures) ; quantité d’eau évaporée durant le trajet s’effectuant
entre la buse et le pluviomètre et d’autre part les pertes par évaporation directe depuis le
pluviomètre et les pertes dues à l’effet du vent, entraînant l’eau en dehors de la cible (le
pluviomètre).
L’évaluation des pertes par évaporation ne tient pas compte de l’effet du vent et du
pouvoir évaporant de l’air dans la majeure partie des situations présentées dans la littérature.
L’estimation de la lame d’eau évaporée avant que l’eau atteigne le couvert végétal et/ou le sol
n’est pas chose aisé. Dans le cas d’une demande climatique extrême, ces pertes peuvent être
évaluées à 15% de la quantité d’eau apportée (Ruelle et al., 2004). La valeur estimée dans le
37
cadre de notre étude est d’environ 2 mm, elle permet d’expliquer en partie, en associant les
pertes dues à l’effet du vent et à l’insolation, les différences observées pour les mesures qui
ont été conduites la journée (pivot 1 et pivot 4). Concernant les mesures de jour et de nuit
effectuées pour les pivots 2 ; 3 et 5, les écarts observés sont dus soit à l’effet de la vitesse du
vent, et/ou aux pertes par évaporation directe depuis le pluviomètre mais aussi avant que l’eau
n’arrive au pluviomètre.
L’un des facteurs qui expliquerait les écarts observés surtout au niveau de la dose
moyenne est l’arrêt de la rotation du plateau de l’arroseur (arroseur Nelson) dû au fait que la
buse est colmatée et /ou la pression fournie par le régulateur est faible. Les surfaces arrosées
par un tel arroseur peuvent recevoir plus de 40 mm voire 140 mm et plus (jusqu’à 140 mm
pour certains pluviomètres du Pivot 5 et 65 mm pour ceux du pivot 1). Ainsi, un pluviomètre
qui ne se trouve pas dans l’axe de jet d’un tel arroseur recevra peu ou pas d’eau. Par contre
celui qui se trouve dans cet axe recevra une très grande quantité d’eau. On se retrouve alors
avec des surfaces sous arrosées et d’autres sur-arrosées pouvant affecter le rendement de la
culture.
38
Pivot 4/ mesure1
30
25
20
15
10
0
6
91
1
11
16
21
26
31
36
41
46
51
56
61
66
71
76
81
86
96
101
Pi1 hm1
Pivot 1/ mesure2
150
140
130
120
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1 5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49 53 57 61 65 69 73 77 81 85 89
Pi2 hm2
Pivot 1
Pivot 3
30 30
25
25
20
20
15
15 10
10 5
5 0
0
travée travée travée travée travée travée porte
1 2 3 4 5 6 à faux
39
3.1.2.4. Détermination de l’uniformité d’arrosage
Coefficient Uniformité de
Doseur
d’uniformité (%) distribution (%)
cyclique (%)
CU1 CU2 UD1 UD2
Pivot 1 50 81 85 71 79
Pivot 2 50 88 87 80 80
Pivot 3 38 91 91 99 86
Pivot 4 100 83 85 72 78
Pivot 5 35 70 66 56 51
Considérant les tests effectués par le Cemagref (Anonyme 3, 2003), une valeur de
CU supérieure ou égale 80 % correspond à une répartition homogène de l’eau le long de la
rampe pivotante ; la distribution spatiale de l’eau a été homogène pour quatre des pivots
considérés. La courbe de régression linéaire (figure 9) montre qu’il existe une relation linéaire
entre le CU et l’UD avec un coefficient de corrélation proche de 1 (R² = 0,9087). Ces deux
indicateurs sont donc complémentaires et peuvent être pris séparément pour évaluer
l’uniformité d’arrosage. Il ressort de cette relation que pour des valeurs de CU supérieures ou
égales 80 %, les valeurs de l’UD doivent être supérieures ou égales à 70% pour avoir une
bonne uniformité de distribution. Ces valeurs sont sensiblement similaires à celles que
recommandent Keller et Bliesner (1990) ; UD supérieur 75% et CU supérieur 84%. En tenant
compte de ces deux indicateurs, le Pivot 5 présente une très mauvaise uniformité d’arrosage.
40
110
100
90
80
70
60
CU
50 y = 0,5783x + 39,209
40 R² = 0,9087
30
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
UD
Les mauvaises valeurs de l’UD et de CU sont très souvent dues à la nature des buses
(buse colmaté ou régulateur de pression obstrué), aux faibles pressions, à l’effet du vent et aux
variations de pressions durant l’irrigation (Pereira, 1999). L’impact de la variation de la
pression durant l’irrigation est perceptible lorsque la pression de fonctionnement du pivot est
supérieure à la pression de service et à la pression que peut supporter les régulateurs de
pression associés aux arroseurs. A ces facteurs s’ajoute le non-respect du plan de busage (buse
au mauvais endroit par rapport à l’emplacement initial). En effet, lorsqu’un ensemble de buses
est bouché sur le même pivot, les maintenanciers ne les remettent pas souvent au même
endroit après le débouchage.
Les mauvaises valeurs de CU et de l’UD obtenues pour le pivot 5 sont dues
uniquement à la faible pression de fonctionnement. Elle s’apprécie par le fait que les arroseurs
projettent des jets d’eau dans des directions fixes (pas de rotation du plateau mobile de
l’arroseur) lorsqu’ils ne sont pas bouchés. .Les valeurs d’UD (inférieur à 80%) des pivots 1 et
4 sont dues d’une part aux variations de pressions durant l’irrigation, aux arroseurs dont la
direction dans laquelle le jet d’eau se déverse est fixe et d’autre part à l’effet du vent (qui n’a
pas été mesuré mais observé pendant l’essai).
Pour améliorer l’uniformité d’arrosage, il faut s’assurer dans un premier temps que le
plan de busage adopté sur le terrain est conforme à celui proposé par le constructeur. Dans un
second temps, l’eau d’irrigation doit contenir de faible taux de matière en suspension (boue),
en installant des filtres à tamis au niveau des pivots. Les activités de débouchage doivent être
41
bien menées afin d’éviter que les buses ne soient pas inter changées après leur nettoyage.
Ensuite, limiter dans la mesure du possible les variations de pressions durant l’irrigation en
installant des régulateurs de pression au niveau des bornes d’irrigation (point d’alimentation
en eau des pivots). Enfin, éviter d’irriguer dans les conditions de vent fort si possible.
Les parcelles sur lesquelles ont été conduites les essais de pluviométrie sont des
parcelles à forte réserve et à texture soit argilo-très sableux, soit sablo-argileux. Les résultats
des mesures de la capacité d’infiltration du sol et de l’intensité d’arrosage des pivots sont
résumés dans le tableau 9. Sur les cinq parcelles, seule la parcelle où fonctionne le pivot 3, a
une perméabilité qui ne correspond pas apparemment à la texture du sol. Cela pourrait
s’expliquer par des erreurs de manipulation de l’infiltromètre à tension.
42
Perméabilité Intensité pluviométrique
Réserve
Type sol du sol (mm/h)
utile (mm)
(mm/h) Calculée mesurée
Pivot 1 Argilo-très sableux 150 26,81 26,59 21,98
Pivot 2 Sablo-argileux 149 35,55 23,63 17,60
Pivot 3 Sablo-argileux 140 17,14 31,15 20,68
Pivot 4 Sablo-argileux 151 36,18 30,72 12,02
Pivot 5 Argilo-très sableux 114 19,11 30,13 18,44
3.2.1. Rendement
Les données des productions de canne à sucre en culture irriguée sous pivot ont été
recueillies sur une période de 5 ans (campagnes 2010-2011 à 2014-2015). Il ressort des
analyses de données que 23% des pivots ont un rendement moyen inférieur à 80 t/ha. Le
rendement moyen des pivots est de 86 t/ha (tableau 10) alors que le potentiel de production
est estime à 120 t/ha dans les conditions pédoclimatiques du pays (Péné, 1999). La plus faible
valeur du rendement obtenue est de 78 t/ha pour la campagne 2013-2014 contre une valeur
maximale de 98 t/ha pour la campagne 2014-2015. En considérant les pivots étudiés, seul le
pivot 5 présente des rendements en canne inférieurs au rendement moyen des pivots sur
l’ensemble des campagnes considérées (figure 10). Le rendement des pivots est très variable
d’une année à une autre.
La variabilité interannuelle des rendements moyens peut s’expliquer, outre l’irrigation,
par divers facteurs. On peut citer les pratiques culturales, le mode de gestion de
l’enherbement, l’apport d’éléments fertilisants, les variétés de canne et leur stade de repousse,
etc. L’uniformité d’arrosage des pivots influe sur le rendement en canne. Le Pivot 5 qui a un
UD inférieur à 70 et CU inférieur à 80 présente des rendements inférieurs à 80 t/ha. Le
rendement des pivots sur la période des 5 années figure en annexe 4.
43
110,0
100,0
90,0
80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Pivot 1 Pivot 2 Pivot 3 Pivot 4 Pivot 5
Figure 10 : Rendement des pivots étudiés par année par rapport au rendement moyen des
pivots
44
(irrigation et pluie enregistrée). Ce résultat est en accord avec les expériences réalisées sur les
complexes sucriers ivoiriens (Péné, 1999 ; Péné et Tuo, 1996; Péné et al, 2001).
130,0
Rendement (t de cannes/ha)
120,0
y = 0,7019x + 26,414
R² = 0,2
110,0
100,0
90,0
80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
60 62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 100
ETR/ETM (%)
45
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
- le rendement moyen des pivots varie de 72 à 113 t/ha avec moyenne de 86 t/ha ;
- l’efficience de l’irrigation est de 5.3 kg/m3 avec une EUE de 9.8 kg/m3 ;
- une dépendance du rendement moyen en canne vis-à-vis de l’eau :
- les pivots étudiés présentent dans l’ensemble une bonne uniformité d’arrosage, mais
qui peut être améliorée.
Les facteurs qui influencent l’uniformité de distribution de l’eau des rampes pivotantes sont la
pression de fonctionnement, la conformité du plan de busage, les activités de débouchages des
buses et éventuellement les variations de pression durant l’irrigation et l’effet de la vitesse du
vent. Les rendements moyens en canne peuvent être améliorés grâce à une meilleure conduite
de l’irrigation et une amélioration de l’uniformité de distribution.
Pour une meilleure approche de l’évaluation de la performance de l’irrigation par aspersion
sous pivots, une sélection des facteurs pertinents pour la performance s’avère nécessaire selon
‘‘une analyse multicritère’’.
RECOMMANDATIONS
- vérifier que le plan de busage adoptée sur le terrain est conforme à celui proposé par le
constructeur ;
- pour les pivots ayant une faible pression de fonctionnement, des arroseurs comportant
des buses à basse pression doivent être utilisés afin d’améliorer l’uniformité de distribution.
On pourra choisir par exemple entre l’arroseur Senniger de type I-Wob UP3 et l’arroseur
Nelson de type Nutator N300 dont la valeur de la pression tourne autour de 0,7 bar ;
- l’utilisation de régulateur de pression au niveau des pivots permettra de limiter les
variations de pression durant l’irrigation ;
- la présence de filtre à tamis permettra une réduction des matières en suspension dans
l’eau afin d’éviter les fréquentes activités de débouchages des buses pour certains pivots.
46
Aussi voudrions-nous suggérer l’installation de station de filtration au niveau des différentes
stations de mise en pression ;
- l’établissement d’un diagnostic de fonctionnement des pivots et un contrôle de la
conformité du plan de busage doit être mené au moins deux fois par an ;
- l’utilisation du bilan hydrique du sol en culture cannière permettra de contribuer à
l’estimation des apports d’eau et de réaliser une économie d’eau grâce à une meilleure gestion
de la conduite de l’irrigation.
PERSPECTIVES
Les investigations menées dans ce travail de recherche constituent une contribution à
l’évaluation de la performance des systèmes irrigués sous pivots, au complexe sucrier de
Ferké 2, selon une approche réductionniste plus basée sur les aspects hydrauliques. Elles
devront être complétées par des actions de recherche tant sur le plan expérimental que sur la
démarche méthodologique. Parmi ces actions nous pouvons citer les suivantes :
47
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50
ANNEXES
1,1 1,1
45 22
40 20
35 18
30 16
25 14
20 12
15 10
10 8
5 6
0 4
1 6 11162126313641465156616671768186 1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66 71 76
16 22
14 20
12 18
10 16
8 14
12
6 10
4 8
2 6
1 5 9 1317212529333741454953576165697377 1 5 9 131721252933374145495357616569
51
Courbe de distribution pluviométrique le long du
Pivot 3/ mesure2 Courbe de distribution pluviométrique le long du Pivot
4/ mesure2
22
20
20 18
18 16
16 14
14 12
10
12 8
10 6
8 4
2
6 0
1 5 9 131721252933374145495357616569
1
7
13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Pi2 hm2 Pi2 hm2
60 65
55 60
50 55
45 50
40 45
40
35 35
30 30
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
73
50
1
7
13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
79
85
91
97
1
8
15
22
29
36
43
57
64
71
78
85
92
99
Pi1 hm1 Pi2 hm2
hauteur moy par travée Pivot 2 hauteur moy par travée Pivot 4
hauteur moy par travée Pivot 5
15 12
10 25
10 8 20
6 15
5 4
2 10
0 0 5
travée 7
travée 8
travée 1
travée 2
travée 3
travée 4
travée 5
travée 6
travée 1
travée 2
travée 3
travée 4
travée 5
travée 6
travée 7
travée 9
porte à faux
porte à faux
52
Annexe 4. Rendement moyen des pivots pour les campagnes de 2010-2011 à 2014-2015
53
Annexe 5 : Carte présentant les différents systèmes d’irrigation du complexe de Ferké 2
54