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A- Rappel
Il fallut un temps incroyablement long dans l’histoire de la science pour établir une distinction
entre les concepts de chaleur et de température, mais une fois cette distinction faite, des progrès
rapides en furent le résultat.
« La théorie calorique : un fluide invisible, indestructible et sans masse qui migre d’un
corps chaud vers un corps plus froid. »
« Un fluide très subtil, très élastique, qui environne de toutes parts la planète que nous
habitons, qui pénètre avec plus ou moins de facilité les corps qui la composent, et qui
tend lorsqu'il est libre, à se mettre en équilibre dans tous »
Cette conception a permis d’expliquer avec succès les phénomènes de transfert de chaleur d’un
corps à l’autre, et plus généralement de conservation de la chaleur dans des systèmes isolés. En
effet, de même que la masse d’un système isolé reste invariable, même si une transformation
chimique s’y produit, la chaleur se conserve, même si elle s’écoule d’un corps à l’autre.
Joule 1818-1889
L'ancienne unité, la calorie est cependant une unité encore très utilisée pour exprimer une
quantité de chaleur.
Pour une quantité de matière donnée, l’apport d’une quantité de chaleur (énergie) induit un
changement de sa température ou un changement d’’état de la matière. La distinction entre ces
deux phénomènes permet de distinguer deux formes de chaleur, la chaleur sensible et la chaleur
latente.
La température quant à elle est une grandeur physique qui caractérise un niveau d’énergie de la
matière.
Chaleur sensible
Lorsqu’un corps qui reçoit ou cède de la chaleur s'échauffe ou se refroidit sans changer d'état,
on parle alors de chaleur sensible. La variation de température T que va subir un corps de masse
m est reliée à la quantité de chaleur Q par le coefficient de proportionnalité C P (chaleur
spécifique, ou capacité calorifique).
Par définition, la chaleur spécifique CP correspond à la quantité de chaleur qu'il faut fournir à
un matériau de masse donnée pour que sa température s'élève d'un degré. C'est-à-dire :
Chaleur latente
On parle de chaleur latente lorsque le corps qui reçoit ou cède de la chaleur l'utilise pour changer
d'état, sans que sa température ne varie.
La quantité de chaleur qu'il faut fournir à un matériau de masse m donnée pour que, à
température constante, celui-ci change d'état (solide -> liquide ; liquide -> gaz) est donnée par
Par Conduction
Exemple : propagation de la chaleur dans une paroi entre un intérieur de bâtiment chauffé et
l’extérieur.
Par Convection
Ce type de transfert n’intervient que pour les liquides et les gaz (C’est le fluide en mouvement
qui transporte de la chaleur)
Par Rayonnement
Exemple : réchauffement d’un mur par le rayonnement solaire le jour, et chaleur émise par le
mur la nuit.
Le milieu poreux est un assemblage de grains ou particules solides entre lesquels existent des
vides : appelé pore, ce vide est occupé par un fluide ou plus comme l’aire, l’eau, l’huile, etc.,
qu’ils ont le pouvoir d’écouler librement là dans.
On trouve de nombreux matériaux naturels dans cette catégorie : les sols, les couches
sédimentaires, la plupart des roches, ainsi que certains matériaux vivants.
Certains matériaux artificiels requièrent d’être poreux soit dans le processus de fabrication soit
dans leur finalité pour jouer un rôle de filtre ou apporter des propriétés macroscopiques
particulières (conductivité thermique pour la mousse isolante par exemple).
D’un point de vue général, un matériau poreux, à l’état naturel, est un milieu hétérogène tri
phasique constitué d’une phase solide, d’une phase liquide et d’une phase gazeuse
Un volume élémentaire représentatif est un volume pour lequel les propriétés caractéristiques
moyennes (comme la porosité, la perméabilité dans le cas d’un milieu poreux) peuvent être
déduites.
Il dépend non seulement de la structure du milieu poreux, mais aussi des phénomènes physiques
étudiés. Un VER doit être assez grand pour représenter la structure du milieu poreux, mais aussi
petit pour que les variations des propriétés, parfois non linéaires (teneur en eau), soient
continues.
1- Volume
Il est clair que le volume des milieux poreux est occupé essentiellement par la matrice solide qui
possède des pores ou des vides, ce volume de vide aussi est rempli par un seul ou plusieurs
fluides généralement on rencontre l’eau et l’air.
2- Masse
3- Masse volumique
Masse volumique totale ou apparent : c’est le poids de l’ensemble par unité de volume totale
et on a deux cas.
➢ Masse volumique humide : quand l’eau existe est leur poids sera incluse :
➢ Masse volumique sec : le matériau est sec le poids mesuré que pour les grains solides
puisque l’air est plus lège :
4- Porosité
C’est un rapport entre le volume des pores et le volume total composé du volume solide et du
volume des pores. Il est exprimé en pourcentage.
La porosité est divisée en deux types suivant sa position par rapport au milieu extérieur
- la porosité ouverte correspond aux pores qui sont connectés à la partie extérieure du matériau,
elle joue un rôle important dans le processus de transport d’humidité et conditionne la durabilité
du matériau. Les pores pénétrants ont la particularité de relier au moins deux faces du matériau
poreux, reliés entre eux par des canaux qui permettent le transfert de fluide et les pores non
pénétrants qui sont isolés à l'intérieur du matériau et ne sont connectés à aucun autre pore.
- la porosité fermée correspond à l'ensemble des pores fermés. Elle joue un rôle important vis-
à-vis des propriétés mécaniques et thermiques mais n'est pas concernée par les phénomènes de
diffusion ou d’écoulement
Les pores forment des réseaux de vides plus ou moins complexes ayant une influence directe
sur les phénomènes hydriques, mécaniques et thermiques.
Les classifications de la porosité en fonction de la taille des pores sont très nombreuses et
souvent arbitraires car les seuils de coupures entre les domaines dits microporeux et
macroporeux varient selon les auteurs et selon les méthodes utilisées pour l’investigation du
milieu poreux
La classification proposée par l'union internationale de la chimie pure et appliquée. Cette
classification est basée sur le diamètre des pores.
6- Connectivité
La connectivité est un paramètre topologique qui mesure le degré d’interconnexion d’un milieu
poreux.
En général, il est préférable que le réseau de pores capillaires soit constitué de pores les plus
petits possibles car le degré d’interconnexion y est plus faible
7-Tortuosité
La tortuosité τ, caractérise le chemin d’écoulement d’un fluide à travers le réseau poreux. Elle
est définie par :
𝐿𝑒: Longueur effective du déplacement du fluide, c’est à dire la longueur moyenne des lignes de
courant du fluide.
𝐿: Distance parcourue par le fluide, c’est à dire la longueur de l’échantillon poreux dans la
direction de l’écoulement.
8- La surface spécifique
La surface spécifique d’un matériau poreux désigne la surface développée des parois des pores
par unité de masse du matériau. Elle est donnée par la relation :
La surface spécifique est généralement déterminée par la méthode BET (Brunauer et al., 1938),
c’est une technique qui ne modifie pas la texture du matériau, elle se base sur le principe
d’adsorption de molécules de gaz qui est un phénomène de surface. Elle permet donc de
déterminer l’aire de la totalité des pores ouverts accessibles aux molécules extérieures.
C’est le rapport du volume de l'eau Ve contenue dans les pores (ou vides) du matériau poreux
au volume total V du matériau considéré.
Une grandeur qui exprime la quantité d’eau par rapport aux vides
Dans un milieu poreux, la phase liquide est liée à la phase solide par des forces d’hydratation.
Ces forces sont de plusieurs natures et l’importance de chacune varie suivant l’état hydrique du
milieu.
Pour de fortes teneurs en eau, c’est la capillarité qui a un rôle prépondérant dans la rétention d’eau
alors que pour les états les plus secs, ce sont les forces d’adsorption.
On présente ici une description de ces deux types de mécanismes et de leurs influences sur le
comportement du milieu.
I-Adsorption
L’adsorption est le mécanisme par lequel les molécules d’eau sont tenues à la surface d’un
solide. Le phénomène peut être physique ou chimique selon la nature des forces d’interaction
entre le fluide et le solide. Le processus inverse s’appelle la désorption (perte de poids par
séchage).
L’adsorption physique
L’adsorption physique ou physisorption est un phénomène réversible, favorisée par une baisse
de la température et met en jeu des liaisons faibles et conserve l’identité des molécules
adsorbées. Les forces de physisorption sont de types : forces de Van Der Waals, forces polaires
résultant de la présence de charges électriques et forces de liaisons hydrogènes dues au
groupement hydroxyle.
L’adsorption chimique
Si on place un échantillon poreux sec dans une enceinte thermostatée dans laquelle on peut
contrôler l'humidité relative, on constate une augmentation de poids correspond à une fixation
de molécules d'eau sur la matrice poreuse (la teneur en eau en fonction de l’humidité relative).
Ce type d'expérience permet de tracer une courbe appelée "isotherme d'adsorption/désorption"
Sur cette courbe qui permet de caractériser la capacité d'un matériau à fixer de l'eau par
adsorption, on peut distinguer trois étapes, chacune correspond à un mode de fixation des
molécules qui n'intervient que pour une gamme d'humidité relative
- Région hygroscopique (domaine I) : pour les très faibles humidités relatives, l'adsorption des
molécules d'eau se fait progressivement jusqu'à constituer une monocouche (mono-moléculaire)
recouvrant toute la surface externe des pores du milieu poreux. Le passage à la zone suivante
s'effectue quand toute la surface est saturée.
- Région super-hygrosopique (domaine II) : pour des valeurs d'humidité relative intermédiaires
; c’est l'adsorption pluri-moléculaire, il correspond à une adsorption des molécules sur la
monocouche initiale.
- Région saturée (domaine III) : pour des fortes valeurs d'humidités relatives. Il correspond à la
condensation capillaire lorsque les couches plurimoléculaires adsorbées se rejoignent pour
former des ménisques dans les micropores. Il y a alors saturation et écoulement dans la phase
condensée.
L’hystérésis est souvent expliqué par l’effet de réseau (structure des pores) et par le phénomène
de condensation capillaire non réversible.
II-Condensation
Sous certaines conditions, l’eau vapeur contenue dans l’air présent dans le réseau poreux peut
se condenser sous forme liquide. Elle est alors fixée par capillarité dans les pores dont le rayon
le permet.
➢ A l'intérieur d'un fluide, une molécule quelconque minimise son énergie en interagissant
avec toutes les molécules de son environnement.
➢ En surface, l'interaction n'existe que du côté "intérieur" du fluide. D'où une énergie
moléculaire plus élevée, et une attraction vers l'intérieur. Cette force d'attraction
s'oppose à tout accroissement de la surface.
D'un point de vue thermodynamique, dans des conditions isothermes, la variation de surface dA
peut être reliée au travail dW nécessaire à cette variation :
Le paramètre γ est l'énergie de surface qui s'exprime en J.m-2, et correspond à l'énergie qu'il faut
produire pour fabriquer une interface.
γ peut aussi être défini comme une tension de surface exprimée en N.m-1. (1 J.m-² =1 N.m-1)
Lorsque deux fluides différents (un liquide et un gaz, ou deux liquides non miscibles) sont en
contact avec une surface solide, la configuration d'équilibre dépend des valeurs relatives des
tensions de surface entre les 3 phases
Soit une goutte de liquide déposée sur une surface solide en présence d'air et soit γ sl, γlg et γsg
les tensions de surface respectives entre solide/liquide, liquide/gaz, et solide/gaz. Les surfaces
des trois phases s'intersectent le long d'une ligne et les trois forces de surface sont appliquées
perpendiculairement à cette ligne. Soit α l'angle de contact entre la surface du liquide et la
surface plane du solide.
Cette équation est connue sous le nom d'équation de YOUNG (1805), ou YOUNG-DUPRE
(DUPRE, 1869). Le mouillage est quantifié par la valeur de l'angle α : un liquide est dit
mouillant si α < 90° (cos α > 0 ; γsg > γlg) et il est dit non mouillant si α > 90°. Si α = 0°, il y a
étalage complet de la goutte et on parle de mouillage parfait.
La pression, ou tension, capillaire peut être définie comme la différence de pression existant de
part et d'autre de la surface séparant deux fluides non miscibles, à l'intérieur d'un capillaire. Lors
d'une imbibition par l'eau, en présence d'air à pression atmosphérique, la pression dans l'eau
(dans la partie convexe du ménisque) est inférieure à la pression dans l'air (dans la partie
concave). La pression atmosphérique dans la partie concave du ménisque reste constante.
Pc = P0 + Pl
Si on considère l'exemple simple d'un tube capillaire de rayon r, plongeant dans un réservoir
contenant un liquide mouillant surmonté d'un gaz et si l'on néglige les effets de gravité sur
l'interface, l'équation de LAPLACE (1806) permet de relier la pression capillaire aux rayons de
courbure, R1 et R2, du ménisque :
Dans un tube cylindrique de petit diamètre le ménisque étant quasiment sphérique, il n'y a plus
qu'un rayon de courbure R1 = R2 = R, égal au rayon du capillaire r. L'équation précédente
devient :
La pression capillaire est aussi égale au poids de la colonne d'eau à l'équilibre dans le tube :
En combinant les équations, on obtient l'équation de JURIN qui permet de calculer la hauteur
d'équilibre h atteinte par le ménisque en fonction du rayon du capillaire :
Deux lois régissent les transferts thermiques selon que l’on se place en régime permanent (Loi
de Fourier) avec la notion de conductivité thermique, ou en régime transitoire, ce dernier
mettant en œuvre le concept de diffusivité thermique.
1. Régime permanent
Dans ce régime, la température est constante en fonction du temps en tout point de l'espace
considéré.
Loi de Fourier :
La loi de Fourier a été établie expérimentalement par Joseph Fourier en 1822. Elle
exprime la proportionnalité entre le flux de chaleur à travers une surface par unité
de temps et l’élévation de la température de part et d’autre de cette surface.
En notation différentielle et en considérant que les axes sont orientés du chaud vers le froid,
cette expression devient :
Les coefficients de conductivité sont des propriétés physiques intrinsèques des matériaux. Pour
les matériaux du bâtiment, la détermination de λ est complexe car elle dépend : du matériau, de
son passé, de la température, de sa densité, de l’humidité…
➢ Généralisation à 3D
Pour un matériau anisotrope, la conductivité thermique n’est plus un scalaire mais un tenseur λ
et relation précédente se généralise comme suit :
2. Régime transitoire
Dans ce régime, soit la température n'a pas atteint une valeur d'équilibre, soit elle varie
périodiquement dans le temps.
La chaleur spécifique nous permet d'écrire que la quantité de chaleur qui traverse un volume V
dans une direction Ox donnée en 1 seconde est égale à :
On sait que :
On a donc :
On pose :
La diffusivité thermique est la grandeur physique qui caractérise la capacité d'un matériau à
transmettre un signal de température d'un point à un autre de ce matériau.
La conductivité thermique effective d’un matériau poreux dépend de nombreux paramètres,
les conductivités thermiques du solide et du gaz, le taux de porosité, la taille, la forme et la
distribution des pores.
Les hypothèses communes à chaque modèle ne sont pas toujours très explicites,
particulièrement sur la morphologie et la répartition spatiale, on peut toutefois retenir quelques
postulats communs :
❖ L'adhésion entre les phases est supposée parfaite, assurant la continuité du flux
thermique et du gradient de température aux interfaces.
Dans cette partie, nous nous intéressons au cas d’un milieu poreux de porosité totale ε formé
d'une matrice solide de conductivité thermique λs et d'une phase fluide de conductivité λf , nous
pouvons distinguer selon la disposition des couches par rapport au flux de chaleur les modèles
suivants:
Les modèles les plus simples considèrent une association en parallèle ou en série des différents
constituants. Le flux de chaleur traverse chacune des phases soit parallèlement, soit
perpendiculairement à leur arrangement.
❑ Krischer combine les deux modèles série et parallèle. Pour essayer de faire le calcul
théorique de la conductivité thermique de matériaux à plusieurs phases.
❑ Willy et Southwich assimilent le milieu poreux à un ensemble formé d'un modèle série
et parallèle en parallèle.
Avec :
θ : La part de dispositif en conduction série.
(1-θ) : La part en conduction parallèle. En pratique, on considère que le milieu poreux présente
une porosité uniforme
ε = ε1= ε2, sachant que la porosité ε s'écrit : ε = θε2+(1- θ) ε2
Leurs expressions respectives pour un assemblage de trois phases solide, liquide (eau) et gazeux
(air) de conductivités thermiques respectives λs , λl et λg
➢ Modèle de Krischer
Ce modèle est fondé sur la combinaison des deux modèles précédents. Le système triphasique
est schématisé par des plaques composées de solide, d'eau et d'air, les plaques sont disposées de
façon à ce qu'une partie du milieu soit perpendiculaire à la vectrice densité de flux de chaleur
et l'autre lui soit parallèle
b) Modèles inclusionnaires
Hashin et Shtrikman proposent un encadrement plus performant des propriétés thermiques d'un
matériau multiphasé, la méthode variationnelle utilisée est basée sur la résolution d'un problème
d'inclusions noyées dans une matrice homogène. L'assemblage de sphères composites conçu
par Hashin considère des sphères semblables constituées d'un noyau sphérique de matériau 1
(solide) entouré d'une coquille de matériau 2 (fluide) avec λs λf. De telles sphères peuvent
remplir tout l'espace. Leur distribution spatiale est parfaitement aléatoire et leur diamètre peut
atteindre des valeurs infinitésimales.
➢ Modèle de Maxwell
Le modèle de Maxwell est basé sur le schéma des particules sphériques isolées de rayon
quelconque, homogènes, dispersées, régulièrement et suffisamment éloignées, les interactions
entre les champs thermiques des particules sont négligées.
➢ Modèle de Rayleigh
Rayleigh s'appuie sur les mêmes hypothèses que Maxwell. Il considère le cas d'un arrangement
cubique périodique de sphères de même diamètre. Ce modèle s'applique également à un
assemblage périodique de cylindres
La conductivité thermique dans la direction perpendiculaire à l'axe des cylindres est exprimée
par: