général
Livret 1
Séquence 1
Nouvelle à lire entre les lignes 8
Découvrir les personnages - Comprendre les relations entre les
personnages et le point de vue du narrateur - Étudier la chronologie
et le rythme du récit - Découvrir les notions de thème, propos et
emphase - Interpréter la nouvelle - Réviser l’accord du participe passé
Séquence 2
Nouvelles pour faire réfléchir sur la société contemporaine 26
Lire un incipit déroutant - Découvrir un personnage clef - Dénotation
et connotation - Interpréter la chute - Comprendre la nouvelle
L’intruse et le rôle du point de vue - Les reprises anaphoriques - La
visée de la nouvelle L’intruse - Des homophones grammaticaux : du/
dû et cru/crû - Une nouvelle pour réfléchir
Séquence 3
La poésie engagée 62
S’engager pour résister - S’engager pour le souvenir - Connaître
l’épreuve du D.N.B. - S’engager pour l’environnement - Le participe
présent et l’adjectif verbal - Défendre une idée - S’engager pour un
peuple - Les différentes classes grammaticales du mot que
Séquence 4
Découvrir comment l’engagement peut se manifester 88
Montrer son engagement - Chanter pour dénoncer et argumenter
- La lettre ouverte pour dénoncer… - Le participe passé des verbes
pronominaux - Dénoncer le racisme et la discrimination dans les
textes et les images - Le participe passé des verbes impersonnels et le
participe passé suivi d’un infinitif
Séquence 5
Lire un récit d’adolescence : L’Ami retrouvé de Fred Uhlman (1) 116
Lire les premières pages du livre - Lire une scène de rencontre -
Exprimer ses souvenirs d’enfance avec émotion - Épanouissement de
l’amitié - Comparer les premières de couverture
Séquence 6
Lire un récit d’adolescence : L’Ami retrouvé de Fred Uhlman (2) 144
Désillusion - Un climat tendu - Histoire des Arts : la propagande
nazie - Rencontrer l’auteur - Écrire une lettre - Comprendre le sens du
titre L’Ami retrouvé
Annexes
Tableaux de conjugaison – Quelques règles d’orthographe – 179
Repères – Glossaire
2 — © Cned, Français 3e
Livret 2
Séquence 7
Lire Antigone de Jean Anouilh (1) 4
Étudier le prologue d’Antigone - Analyser l’invention d’un
nouveau personnage : la nourrice - Étudier l’opposition de deux
personnages : Antigone et Ismène - Comprendre l’enjeu d’une
scène : les adieux à Hémon - Étude de l’image : comparaison de
différentes mises en scène
Séquence 8
Lire Antigone de Jean Anouilh (2) 32
Étudier la justification religieuse d’Antigone : Antigone face à Créon (1) -
Identifier une stratégie argumentative : Antigone face à Créon (2) - Repérer
un tournant dans la pièce : Antigone face à Créon (3) - Analyser la relation
Créon / Hémon - Comprendre l’enjeu d’une scène : Antigone et le garde -
Étudier une fin pathétique - Analyser les caractéristiques de la tragédie selon
Jean Anouilh
Séquence 9
Femme et société : représentations dans l’art 64
Images traditionnelles de la femme - Vent de révolte - Représentations de la
femme et publicité - Femme et société de consommation
Séquence 10
Lire un apologue : La ferme des animaux de George Orwell 78
Lire une péroraison révolutionnaire - Le soulèvement - Le subjonctif :
conjugaison et emploi - Comprendre une dénonciation de la tyrannie - Savoir
utiliser les outils de l’argumentation - Comprendre une satire politique - Lire
un récit en boucle - Une fable aux résonances historiques
Séquence 11
Les poètes : voyageurs de la modernité 114
Découvrir une forme poétique nouvelle : le calligramme - Étudier un poème
en vers libres - Analyser un poème de la modernité - Étudier un poème en
prose - Découvrir le regard du poète sur une ville moderne
Séquence 12
Aspects du théâtre contemporain : du rire à l’absurde 144
Analyser une parodie du théâtre classique - Étudier la reprise d’un mythe
antique - Découvrir le théâtre de l’absurde - Aborder la relation entre texte et
représentation dans le théâtre contemporain - Étudier le mélange des genres
et la portée de la pièce - Étudier la remise en cause du langage dans une pièce
contemporaine
Annexes
Tableaux de conjugaison – Quelques règles d’orthographe – 177
Repères – Glossaire
© Cned, Français 3e — 3
CONSEILS
Bonjour et bienvenue en 3e !
Tu es certainement heureux/heureuse d’entrer en 3e, dernière année du collège, mais tu
ressens sûrement aussi une légère appréhension, car tu sais que la classe de 3e est une classe
importante, puisqu’elle a un double objectif :
- te préparer à obtenir le DNB (Diplôme National du Brevet),
- te permettre de poursuivre ta scolarité dans les meilleures conditions possibles, que ce
soit en seconde générale ou professionnelle.
C’est vrai, mais ne t’inquiète pas : les cours du Cned sont conçus pour te mettre en position
de réussite. Ils vont te permettre d’approfondir tes connaissances acquises dans les classes
précédentes, en te proposant des révisions, et d’assimiler des notions nouvelles.
Cette année en français, tu vas étudier les formes du récit aux XXe et XXIe siècles, t’intéresser à
la poésie dans le monde et dans le siècle et enfin découvrir comment le théâtre peut être à la
fois continuité et renouvellement.
Tu dois te procurer au plus vite les trois œuvres intégrales que nous étudierons cette année :
- L’Ami retrouvé, de Fred Uhlman,
- Antigone, de Jean Anouilh, si possible dans l’édition de la Table Ronde d’avril 2012 (ISBN
978-2-7103-3040-0),
- La ferme des animaux, de George Orwell.
Tu n’es pas obligé(e) d’acheter ces œuvres : tu peux les emprunter dans une bibliothèque, mais
il faut que tu les lises et que tu les aies à ta disposition quand tu feras les séquences qui te
seront proposées dans ce cours.
Tu aborderas aussi plusieurs thématiques à travers des groupements de textes : les nouvelles
contemporaines, la notion d’engagement dans la poésie et les images, la modernité, le
pouvoir…
L’objectif principal de cette année est que tu élargisses ta culture générale et que tu aies
l’opportunité de réfléchir au regard que la littérature apporte sur le monde dans lequel tu
vis. En améliorant ta compréhension des textes, tu en écriras toi-même de plus riches et
apprendras à mieux assimiler le fonctionnement de ta langue. Ainsi, au fil des séquences, tu
t’entraîneras à l’épreuve de Français du diplôme national du Brevet (DNB) sans toujours t’en
rendre compte !
Tu pourras aussi approfondir tes connaissances en Histoire des Arts puisque certaines séances
abordent les relations entre le texte et l’image.
Tu devras lire au moins trois œuvres en lecture cursive (c’est-à-dire tout seul). En début de
séquence, nous te proposons des choix de livres.
© Cned, Français 3e — 4
Voici maintenant quelques conseils pour faciliter l’organisation de ton travail :
Ton matériel
français 3e
corrigés 1
français 3e
Blandine Bihorel - amandine Lasnon - frédéric nottebaert
français 3e
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Deux livrets de cours Deux livrets de corrigés un CD
Tu dois acheter :
- un cahier de leçons, grands ou petits carreaux, format 21 x 29,7 cm, dans lequel tu
recopieras tous les encadrés Je retiens que tu rencontreras dans les séquences.
- un cahier, grands ou petits carreaux, format au choix, dans lequel tu effectueras les
exercices.
- Des crayons de couleurs, des stylos (noir, bleu, rouge, vert), un crayon à papier, une
gomme, une règle.
Tu dois avoir en permanence un dictionnaire de français à ta disposition.
5 — © Cned, Français 3e
PRÉFACE
Dans la continuité avec les précédents, ce manuel a été réalisé par des professeurs en exercice
qui adaptent les séquences qu’ils construisent pour leurs élèves et utilisent dans leurs classes
aux conditions de l’enseignement à distance dans l’esprit des nouveaux programmes.
Les apprentissages font l’objet d’une attention particulière, car il ne suffit pas de lire
des textes ou de faire des exercices, il faut aussi « apprendre » en français : des règles
d’orthographe et de grammaire, du vocabulaire et des notions littéraires qui permettent une
approche réfléchie des textes littéraires, et qui en font mieux percevoir les effets de sens et les
enjeux. Dans cet esprit, toutes les notions sont précisées à mesure qu’elles sont rencontrées
dans les séquences, et sont systématiquement réinvesties dans des exercices ou un travail
d’écriture.
En outre, une partie « Repères », en fin de manuel, reprend toutes les notions de langue
du programme et indique où elles sont présentées dans ce manuel. Les notions abordées
les années précédentes peuvent être retrouvées dans une grammaire ou un manuel
d’orthographe. Ces dispositions permettent aussi à toute personne qui souhaite apporter une
aide à ces élèves de vérifier l’acquisition de ces connaissances, indispensables pour une bonne
maîtrise de la langue.
Les séquences sont construites autour des œuvres et des textes littéraires, essentiels à
l’acquisition des bases culturelles fondamentales. Les textes proposés sont volontairement
longs afin de développer les compétences de lecture des élèves et de présenter un sens plus
riche. L’étude des œuvres intégrales devrait vraiment favoriser la lecture des livres entiers
par l’élève, même si le manuel se contente d’en présenter de larges extraits accompagnés
de résumés. Enfin, on ne saurait trop conseiller à l’élève de suivre les propositions de
lectures complémentaires d’œuvres de « littérature de jeunesse », qu’il peut emprunter à une
bibliothèque ou acheter dans des collections de poche. Les programmes recommandent en
effet de lire au moins trois livres par an en autonomie.
Dans l’esprit des nouveaux programmes et dans le cadre de la mise en œuvre du socle
commun qui vise à développer les compétences et les connaissances des élèves, le
questionnement qui accompagne les lectures est volontairement centré prioritairement sur les
significations des textes. Il a pour objet d’aider l’élève à mieux comprendre ce qu’il lit et à lui
faire percevoir certaines caractéristiques ou particularités qui sont étudiées dans le cadre de
la séquence. Il ne s’agit évidemment pas de prétendre expliquer toutes les richesses des textes
littéraires, mais de permettre à de jeunes élèves de 3e d’en saisir l’essentiel et d’en apprécier les
qualités afin de nourrir leur culture et de développer leur goût et leur intérêt pour la lecture.
© Cned, Français 3e — 6
Cette façon d’étudier les textes correspond tout à fait aux nouvelles modalités des épreuves
du brevet des collèges, qui sont préparées dans ce manuel par quelques « brevets blancs ». En
effet, la première partie de l’épreuve propose un questionnement plus limité, comprenant des
questions appelant soit des réponses brèves, pouvant prendre la forme de Q.C.M (question à
choix multiples), soit des réponses plus développées. Ce dernier type de question peut porter
sur la compréhension globale du texte ou l’analyse de certains passages, peut solliciter la
réaction personnelle du candidat qui est invité à proposer un point de vue ou un jugement
personnel, et peut aussi demander de mettre en relation le texte avec ses lectures et sa culture.
Dans la perspective de l’histoire des arts, certaines séquences présentent des ouvertures sur les
autres arts par des reproductions d’œuvres qui peuvent être complétées par une recherche sur
les sites des musées.
Les travaux d’écriture proposés amènent à réinvestir les éléments découverts lors des lectures
ou demandent de construire un avis argumenté. Ils s’inscrivent ainsi dans la perspective
des deux sujets proposés dans les nouvelles épreuves du brevet. En effet, dans la volonté
de développer l’autonomie des élèves, les sujets de brevet ne comportent plus de consignes
complémentaires. Pour le premier type de sujet, le sujet d’invention, sa formulation et sa mise
en relation avec le texte faisant l’objet des questions devraient permettre à l’élève de déduire les
consignes d’écriture. Pour le second type de sujet, le sujet de réflexion, il s’agit de développer
une réflexion qui s’inscrive dans le cadre de ce qui est demandé dans le programme de 3e à
savoir « la présentation d’une prise de position étayée par quelques arguments et exemples » dans un
développement de deux pages.
Nous espérons que ce manuel aide les élèves qui l’utilisent à faire des progrès en français,
par l’acquisition de connaissances solides et sûres, par l’amélioration de leurs compétences
de lecture et d’écriture afin qu’ils obtiennent de bons résultats aux épreuves de français du
brevet et poursuivent leur scolarité. Nous serions aussi heureux d’avoir réussi à développer leur
goût pour la lecture, la littérature et les arts, formateurs pour la personnalité et porteurs des
grandes valeurs humanistes.
7 — © Cned, Français 3e
ministère de l’éducation nationale
français
3e
Livret de cours
Rédaction
Blandine Bihorel
Amandine Lasnon
Frédéric Nottebaert
Coordination
Élise Bozec-Baret
Expertise pédagogique
François Didier (IA-IPR de lettres)
Enregistrement
Mallorie Villain
Elizabeth Masse
Didier Douet
Marie Lescure
René Defossez
Relecture
Amandine Jacquot
Ce cours est la propriété du Cned. Les images et textes intégrés à ce cours sont la propriété de leurs auteurs et/ou ayants droit
respectifs. Tous ces éléments font l’objet d’une protection par les dispositions du code français de la propriété intellectuelle ainsi que
par les conventions internationales en vigueur. Ces contenus ne peuvent être utilisés qu’à des fins strictement personnelles. Toute repro-
duction, utilisation collective à quelque titre que ce soit, tout usage commercial, ou toute mise à disposition de tiers d’un cours ou d’une
œuvre intégrée à ceux-ci sont strictement interdits.
©Cned-2009
Dans cette séquence, tu vas lire une nouvelle et apprendre à repérer les pistes données par l’auteur
pour faire comprendre l’histoire au lecteur.
Séance 2
Comprendre les relations entre les personnages et le point de vue du
narrateur
Séance 7 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
8 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 1
Séance 1
Découvrir les personnages
Durée : 1 h
© Cned/ N. Julo
Pour cette première séance, tu ne vas lire que le début de la nouvelle pour faire connaissance avec
les personnages qui y jouent un rôle.
La totalité du récit sera à lire au début de la séance suivante.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Lis à présent le texte ci-dessous et écoute-le à la piste 1 de ton CD.
1 Bien sûr, tout n'avait pas toujours marché comme elle l'aurait souhaité pendant toutes ces années ;
mais tout de même, cela lui faisait drôle de se retrouver seule, assise à la grande table en bois. On lui
avait pourtant souvent dit que c'était là le moment le plus pénible, le retour du cimetière. Tout s'était bien
passé, tout se passe toujours bien d'ailleurs. L'église était pleine. Au cimetière, il lui avait fallu se faire
5 embrasser par tout le village. Jusqu'à la vieille Thibault qui était là, elle qu'on n'avait pas vue depuis un
an au moins. Depuis l'enterrement d'Émilie Martin en fait. Et encore, y était-elle seulement, à
l'enterrement d'Émilie Martin ?
Impossible de se souvenir. Par contre, Angèle aurait sans doute pu citer le nom de tous ceux qui
étaient là aujourd'hui. André, par exemple, qui lui faisait tourner la tête, au bal, il y a bien quarante ans
10 de cela. C'était avant que n'arrive Baptiste. Baptiste et ses yeux bleus, Baptiste et ses chemises à fleurs,
Baptiste et sa vieille bouffarde1, qu'il disait tenir de son père, qui lui-même... En fait ce qui lui avait
déplu aujourd'hui, ç'avait été de tomber nez à nez avec Germaine Richard, à la sortie du cimetière. Celle-
là, à soixante ans passés, elle avait toujours l'air d'une catin2. Qu'elle était d'ailleurs.
Notes :
1. « bouffarde » : pipe.
2. « catin » : prostituée.
© Cned, Français 3e — 9
Séquence 1 — séance 1
A Comprendre le texte
Après avoir relu le premier paragraphe du récit, réponds aux questions suivantes.
Compare tes réponses avec celles du corrigé avant de passer à la seconde partie.
Relis attentivement les deux premiers paragraphes du texte puis réponds aux questions suivantes.
b) Pourquoi ?
Vérifie tes réponses en consultant le livret de corrigés avant de passer à la séance suivante.
10 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 1
Séance 2
Comprendre les relations entre les personnages
et le point de vue du narrateur.
Durée : 2h
Pour comprendre les relations entre les personnages, tu vas devoir chercher des indices dans tout le
texte.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
1 Bien sûr, tout n'avait pas toujours marché comme elle l'aurait souhaité pendant toutes ces années ;
mais tout de même, cela lui faisait drôle de se retrouver seule, assise à la grande table en bois. On lui
avait pourtant souvent dit que c'était là le moment le plus pénible, le retour du cimetière. Tout s'était bien
passé, tout se passe toujours bien d'ailleurs. L'église était pleine. Au cimetière, il lui avait fallu se faire
5 embrasser par tout le village. Jusqu'à la vieille Thibault qui était là, elle qu'on n'avait pas vue depuis un
an au moins. Depuis l'enterrement d'Émilie Martin en fait. Et encore, y était-elle seulement, à
l'enterrement d'Émilie Martin ?
Impossible de se souvenir. Par contre, Angèle aurait sans doute pu citer le nom de tous ceux qui
étaient là aujourd'hui. André, par exemple, qui lui faisait tourner la tête, au bal, il y a bien quarante ans
10 de cela. C'était avant que n'arrive Baptiste. Baptiste et ses yeux bleus, Baptiste et ses chemises à fleurs,
Baptiste et sa vieille bouffarde1, qu'il disait tenir de son père, qui lui-même... En fait ce qui lui avait
déplu aujourd'hui, ç'avait été de tomber nez à nez avec Germaine Richard, à la sortie du cimetière. Celle-
là, à soixante ans passés, elle avait toujours l'air d'une catin2. Qu'elle était d'ailleurs.
Angèle se leva. Tout cela était bien fini maintenant. Il fallait que la mort quitte la maison. Les
15 bougies tout d'abord. Et puis les chaises, serrées en rang d'oignon le long du lit. Ensuite, le balai. Un
coup d'œil au jardin en passant. Non, décidément, il n'était plus là, penché sur ses semis, essayant pour la
troisième fois de la journée de voir si les radis venaient bien. Il n'était pas non plus là-bas, sous les
saules. Ni même sous le pommier, emplissant un panier. Vraiment, tout s'était passé très vite, depuis le
jour où en se réveillant, il lui avait dit que son ulcère3 recommençait à le taquiner. Il y était pourtant
20 habitué, depuis le temps. Tout de même, il avait bientôt fallu faire venir le médecin. Mais celui-là, il le
connaissait trop bien pour s'inquiéter vraiment. D'ailleurs, Baptiste se sentait déjà un peu mieux... Trois
semaines plus tard, il faisait jurer à Angèle qu'elle ne les laisserait pas l'emmener à l'hôpital. Le médecin
était revenu. Il ne comprenait pas. Rien à faire, Baptiste, tordu de douleur sur son lit, soutenait qu'il allait
mieux, que demain, sans doute, tout cela serait déjà oublié. Mais, quand il était seul avec elle, il lui disait
25 qu'il ne voulait pas mourir à l'hôpital. Il savait que c'était la fin, il avait fait son temps. La preuve,
d'autres, plus jeunes, étaient partis avant lui... Il aurait seulement bien voulu tenir jusqu'à la Saint-Jean.
Mais cela, il ne le disait pas. Angèle le savait, et cela lui suffisait. La Saint-Jean il ne l'avait pas vue cette
année. Le curé était arrivé au soir, Baptiste était mort au petit jour. Le mal qui lui sciait le corps en deux
avait triomphé. C'était normal.
30 Angèle ne l'avait pas entendue arriver. Cécile, après s'être changée, était venue voir si elle
n'avait besoin de rien. De quoi aurait-elle pu voir besoin ? Angèle la fit asseoir. Elles parlèrent. Enfin,
Cécile parla. De l'enterrement bien sûr, des larmes de quelques-uns, du chagrin de tous. Angèle
l'entendait à peine.
Baptiste et elle n'étaient jamais sortis de Sainte-Croix, et elle le regrettait un peu. Elle aurait
35 surtout bien aimé aller à Lourdes. Elle avait dû se contenter de processions télévisées. Elle l'avait aimé
son Baptiste dès le début, ou presque. Pendant les premières années de leur mariage elle l'accompagnait
aux champs pour lui donner la main. Mais depuis bien longtemps, elle n'en avait plus la force. Alors elle
l'attendait veillant à ce que le café soit toujours chaud, sans jamais être bouillant.
© Cned, Français 3e — 11
Elle avait appris à le surveiller du coin de l'œil, levant à peine le nez de son ouvrage. Et puis, pas
40 besoin de montre. Elle savait quand il lui fallait aller nourrir les volailles, préparer le dîner. Elle savait
quand Baptiste rentrait. Souvent Cécile venait lui tenir compagnie. Elle apportait sa couture, et en même
temps les dernières nouvelles du village. C'est ainsi qu'un jour elle lui dit, sur le ton de la conversation
année. Le curé était arrivé au soir, Baptiste était mort au petit jour. Le mal qui lui sciait le corps en deux
avait triomphé. C'était normal.
30 Angèle ne l'avait pas entendue arriver. Cécile, après s'être changée, était venue voir si elle
n'avait besoin de rien. De quoi aurait-elle pu voir besoin ? Angèle la fit asseoir. Elles parlèrent. Enfin,
Cécile parla. De l'enterrement bien sûr, des larmes de quelques-uns, du chagrin de tous. Angèle
l'entendait1à peine.
Séquence — séance 2
Baptiste et elle n'étaient jamais sortis de Sainte-Croix, et elle le regrettait un peu. Elle aurait
35 surtout bien aimé aller à Lourdes. Elle avait dû se contenter de processions télévisées. Elle l'avait aimé
son Baptiste dès le début, ou presque. Pendant les premières années de leur mariage elle l'accompagnait
aux champs pour lui donner la main. Mais depuis bien longtemps, elle n'en avait plus la force. Alors elle
l'attendait veillant à ce que le café soit toujours chaud, sans jamais être bouillant.
Elle avait appris à le surveiller du coin de l'œil, levant à peine le nez de son ouvrage. Et puis, pas
40 besoin de montre. Elle savait quand il lui fallait aller nourrir les volailles, préparer le dîner. Elle savait
quand Baptiste rentrait. Souvent Cécile venait lui tenir compagnie. Elle apportait sa couture, et en même
temps les dernières nouvelles du village. C'est ainsi qu'un jour elle lui dit, sur le ton de la conversation
bien sûr, qu'il lui semblait bien avoir aperçu Baptiste discutant avec Germaine Richard, près de la vigne.
Plusieurs fois au cours des mois qui suivirent, Cécile fit quelques autres " discrètes " allusions. Puis elle
45 n'en parla plus. Mais alors Angèle savait. Elle ne disait rien. Peu à peu elle s'était habituée. Sans même
avoir eu à y réfléchir, elle avait décidé de ne jamais en parler à Baptiste, ni à personne. C'était sa dignité.
Cela avait duré jusqu'à ce que Baptiste tombe malade pour ne plus jamais se relever. Cela avait duré près
de vingt ans. Son seul regret, disait-elle parfois, était de n'avoir pas eu d'enfants. Elle ne mentait pas.
Encore une raison de détester la Germaine Richard d'ailleurs, car elle, elle avait un fils, né peu de temps
50 après la mort de son père ; Edmond Richard, un colosse aux yeux et aux cheveux noirs avait été emporté
en quelques semaines par un mal terrible, dont personne n'avait jamais rien su. Le fils Richard, on ne le
connaissait pas à Sainte-Croix. Il avait été élevé par une tante, à Angers. Un jour cependant, c'était juste
avant que Baptiste ne tombe malade, il était venu voir sa mère. Cécile était là, bien sûr, puisque Cécile
est toujours là où il se passe quelque chose. Elle lui avait trouvé un air niais, avec ses grands yeux bleus
55 délavés. Angèle en avait semblé toute retournée.
Cécile était partie maintenant. La nuit était tombée. Angèle fit un peu de vaisselle. Elle lava
quelques tasses, puis la vieille cafetière blanche, maintenant inutile, puisqu'Angèle ne buvait jamais de
café. Elle la rangea tout en haut du bahut. Sous l'évier, elle prit quelques vieux pots à confiture vides. À
quoi bon faire des confitures, elle en avait un plein buffet. Elle prit également quelques torchons, un
60 paquet de mort-aux-rats aux trois-quarts vide, et s'en alla mettre le tout aux ordures. Il y avait bien vingt
ans qu'on n'avait pas vu un rat dans la maison.
Pascal Mérigeau, Quand Angèle fut seule © Magnard
Notes :
1. « bouffarde » : pipe.
2. « catin » : prostituée.
3. « ulcère » : plaie à l’estomac qui ne cicatrise pas.
3- a) Leur relation est-elle aussi heureuse ensuite qu’au début de leur mariage ?
12 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 1
b) Comment peux-tu expliquer le terme « discrètes » allusions ? Selon toi, que symbolisent
ici les guillemets ?
3- Que vient finalement faire Cécile quand elle rend visite à Angèle ?
5- De quoi Angèle ne veut-elle donc pas parler à Baptiste ? Pourquoi ? Justifie ta réponse.
6- Pourquoi Angèle n’aime-t-elle pas Germaine Richard ? Relève les expressions qui le
prouvent.
d) Qui pourrait être ce personnage dans la nouvelle : Angèle ou Cécile ? Justifie ta réponse.
© Cned, Français 3e — 13
Séquence 1 — séance 2
2- Dans la phrase « Angèle en avait semblée toute retournée » (l. 55), a-t-on toujours les
pensées du même personnage ?
3- Est-ce que l’on suit ensuite les pensées de ce nouveau personnage ou bien en revient-on
au premier ?
4- Par conséquent, à travers quel personnage surtout le lecteur connaît-il l’histoire dans ce
texte ? Explique ta réponse.
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis apprends le « Je sais déjà » qui suit.
j e sais déjà
Le point de vue interne
Identifier le point de vue dans un texte narratif, c’est répondre à la question : « qui voit
la scène ? », pour connaître la place que le narrateur a voulu prendre par rapport à ses
personnages.
On parle de point de vue interne quand la scène est décrite à travers le regard d’un
personnage. Tout est perçu à travers lui.
Dans cette nouvelle, tout ce qui concerne Baptiste, Germaine Richard ou encore Cécile
nous est rapporté à travers le regard d’Angèle. Tout est perçu à travers elle : on parle
donc de point de vue interne.
14 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 1
Séance 3
Étudier la chronologie des faits et le rythme du récit
Durée : 1h30
Dans cette séance, tu vas étudier le traitement du temps dans l’ensemble de la nouvelle.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
1- Voici un tableau résumant les différents événements dans l’ordre dans lequel ils sont
racontés dans le texte :
Maintenant que tu connais bien l’histoire, remets ces événements dans l’ordre
chronologique en mettant la lettre qui convient en face du bon numéro :
1 : ………….. 6 : …………..
2 : ………….. 7 : …………..
3 : ………….. 8 : …………..
4 : ………….. 9 : …………..
5 : ………….. 10 : …………..
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis apprends le « Je retiens » qui suit.
© Cned, Français 3e — 15
Séquence 1 — séance 3
B Le rythme du récit
1- Relis les lignes 18 à 29 : « Vraiment tout s’était passé très vite » à « c’était normal » :
a) Surligne les indications de temps. Combien de jours séparent le début de la maladie
de Baptiste et sa mort ?
b) Quelle indication de temps passe sous silence une partie de la maladie de Baptiste ?
Quel est l’effet produit ?
2- a) D’après toi, un « coup d’œil » (l. 16) prend-il beaucoup de temps ?
b) Combien de lignes rendent compte du « coup d’œil » de la l. 16 ?
3- Dans le cinquième paragraphe (l. 34 à 38) relève une phrase qui résume plusieurs années.
Pourquoi l’auteur a–t-il choisi de ne pas donner davantage de détails sur cette période,
d’après toi ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit.
16 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 1
C Écriture
Est-ce que toute l’histoire de la vie d’Angèle est racontée dans la nouvelle ? Aide-toi de
tes réponses aux questions de cette séance pour répondre à cette question en un petit
paragraphe.
Regarde dans le corrigé ce qu’il était possible d’écrire avant de passer à la séance 4.
© Cned, Français 3e — 17
Séquence 1 — séance 4
Séance 4
Découvrir les notions de thème, propos et emphase
Durée : 1h
Dans cette séance, tu vas t’intéresser à la manière dont s’organisent, dans un texte, les
informations les unes par rapport aux autres. Tu apprendras également comment mettre en valeur
certaines de ces informations.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » suivant :
18 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 1
1- « Celle-là, à soixante ans passés, elle avait toujours l’air d’une catin ».
a) Dans cette phrase, de qui est-il question ? (relit le début de la nouvelle, séance 1, si tu
ne t’en souviens plus).
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » suivant :
j e retiens L’emphase*
L’emphase* désigne une formule marquante qui attire l’attention sur certains mots de
la phrase. Une phrase peut être emphatique par :
le détachement de mots : on peut mettre en relief un mot ou un groupe de mots
en le détachant en tête ou en fin de phrase. Un pronom permet alors de le
reprendre ou de l’annoncer.
Ex. : La phrase « Mais cela, [Baptiste] ne le disait pas. » (l. 27) met en relief « cela », ce
qui n’est pas le cas dans la phrase neutre correspondante Baptiste ne disait pas cela.
la mise en valeur par un présentatif : un présentatif permet d’encadrer un mot
ou un groupe de mots pour le mettre en valeur (C’est… qui (que) ; voici/voilà…
qui (que), il y a … qui (que)
Ex. : « Il y avait bien vingt ans qu’on n’avait pas vu un rat dans la maison » (l.60-61)
permet de mettre en valeur la durée (« vingt ans »).
d) Il a illustré ce carnet.
© Cned, Français 3e — 19
Séquence 1 — séance 5
Séance 5
Interpréter la nouvelle
Durée : 1h30
Dans cette nouvelle séance, maintenant que tu connais bien toute la nouvelle, tu vas pouvoir y lire
entre les lignes ce qui n’est pas écrit…
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A Interprétation
1- Relis le portrait du fils de Germaine Richard, (lignes 54-55), celui de Baptiste (ligne
10-11) et celui d’Edmond Richard (ligne 50) et compare-les :
a) Quel détail est important ?
b) Qu’est-ce qui est sous-entendu par ce détail ?
c) Que peux-tu conclure ?
2- « Angèle en avait semblé toute retournée». (l.55)
a) Pourquoi est-elle si «retournée» ?
b) Qu’a-t-elle compris ?
c) Pourquoi déteste-t-elle autant Germaine Richard ?
3- Relis le dernier paragraphe (Lignes 56-61).
Ce paragraphe constitue ce que l’on appelle la chute de la nouvelle : c’est à dire qu’il
donne la clef (la solution) de l’interprétation de la nouvelle.
a) Qui buvait du café ?
b) Quel est « l’état » du paquet de mort-aux-rats ?
c) Pourquoi Angèle le met-elle à la poubelle ?
d) Y a-t-il des rats dans la maison d’Angèle ?
e) Que peux-tu déduire alors ?
f) De quoi Baptiste est-il finalement mort ?
g) Qui est responsable de cette mort ?
B Écriture
Pour terminer cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Sujet : raconte l’histoire d’Angèle, Baptiste et les autres, selon le point de vue de Cécile,
elle qui sait tout depuis bien longtemps.
20 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 1
Fais d’abord cet exercice au brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en
complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton texte dans ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
© Cned, Français 3e — 21
Séquence 1 — séance 6
Séance 6
Réviser l’accord du participe passé
Durée : 1h
Ce cours est une révision, et va te permettre de revoir tes connaissances sur l’accord du participe
passé, avant d’approfondir cette notion dans une autre séquence.
Tu peux aller voir ton livret de cinquième, séquence 11, séance 3. Tu peux aussi consulter cette
séance sur internet en tapant http://www.academie-en-ligne.fr/
Voici des phrases extraites de la nouvelle. Lis ces phrases, observe bien les verbes et réponds aux
questions.
A Observation
Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je sais déjà » qui suit. Ceci est une révision des
accords les plus simples.
Tu seras amené à voir les cas particuliers dans une autre séquence.
22 — © Cned, Français 3e
séance 6 — Séquence 1
j e sais déjà
Les accords du participe passé
Le participe passé est une forme du verbe : il s’utilise pour conjuguer les verbes aux
temps composés avec les auxiliaires être ou avoir.
Employé seul, il joue le même rôle qu’un adjectif qualificatif et s’accorde avec le nom.
Ex. : (l.15) « Et puis les chaises, serrées en rang d’oignon le long du lit.»
Réécris le texte suivant en remplaçant Lucien par Lucien et son frère jumeau.
Claude Bourgeyx, « Lucien », in Les Petits Outrages, 1984, Le Castor Astral 2004
© Cned, Français 3e — 23
Séquence 1 — séance 7
Séance 7
Je m’évalue
Durée : 1h
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque
chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que
ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.
Je connais Je suis capable de
Les différents points de vue : Dire quel est le point de vue utilisé dans
l’extrait suivant et justifier ma réponse :
• Je sais que, dans un récit, l’auteur peut
choisir différents points de vue pour • « Baptiste et elle n’étaient jamais sortis
raconter l’histoire. de Sainte-Croix, et elle le regrettait un
peu. Elle aurait surtout bien aimé aller
à Lourdes. Elle avait dû se contenter de
processions télévisées. Elle l’avait aimé
son Baptiste dès le début, ou presque.
Pendant les premières années de leur
mariage elle l’accompagnait aux champs
pour lui donner la main. Mais depuis
bien longtemps, elle n’en avait plus la
force. Alors elle l’attendait veillant à ce
que le café soit toujours chaud, sans
jamais être bouillant. »
……………………………………………………
……………………………………………………
……………………………………………………
……………………………………………………
………………………….………..............…..
La chronologie dans le récit : Souligner en rouge un retour en arrière et
en bleu une anticipation dans les extraits
• Je sais que souvent, dans les nouvelles, les
suivants :
auteurs modifient la …………....….……….
des événements. « Impossible de se souvenir. Par contre,
Angèle aurait sans doute pu citer le nom
• Dans un récit, un auteur peut choisir
de tous ceux qui étaient là aujourd’hui.
d’avancer dans le futur, on parle alors
André, par exemple, qui lui faisait tourner
d’………………………………….
la tête, au bal, il y a bien quarante ans de
• Il peut aussi choisir d’évoquer un moment cela. »
situé avant l’action que l’on nomme
« D’ailleurs, Baptiste se sentait déjà un
…….………..……… en ……………..…………
peu mieux... Trois semaines plus tard,
il faisait jurer à Angèle qu’elle ne les
laisserait pas l’emmener à l’hôpital. Le
médecin était revenu. Il ne comprenait
pas. Rien à faire, Baptiste, tordu de
douleur sur son lit, soutenait qu’il allait
mieux, que demain, sans doute, tout cela
serait déjà oublié. »
24 — © Cned, Français 3e
séance 7 — Séquence 1
© Cned, Français 3e — 25
Sommaire
Séquence 2
Nouvelles pour faire réfléchir sur la société contemporaine
Durée approximative : 10 h 30
Séance 10 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
26 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 2
Séance 1
Lire un incipit déroutant
Durée : 1 h 30
© Cned/ N. Julo
SOCIETE D’AMENAGEMENT
DES BERGES DE LA SEINE
CONSTRUCTION D’UN TERRAIN DE GOLF
Les flics se garèrent au travers de la route pour en interdire l’accès aux curieux. Le conducteur, un
30 jeune type assez gras au visage poupin, se dirigea droit sur les deux hommes, les apostrophant d’une voix
mal assurée.
« C’est vous qui nous avez téléphoné ? »
Son collègue, un vieux flic au front plissé comme un soufflet d’accordéon, descendait déjà vers le
fleuve, plantant avec précaution ses chaussures dans la terre meuble, se raccrochant aux herbes, aux
35 branches. Il atteignit le cadavre.
Les deux hommes s’étaient contentés de le tirer à eux, et il conservait la même position que dans
l’eau, allongé sur le ventre, les bras levés de chaque côté de la tête, les jambes écartées. Les os du
policier craquèrent quand il s’agenouilla. Il sortit une paire de gants blancs de sa poche de blouson et les
enfila tout en observant les différentes traces laissées par les promeneurs au flanc de la berge. Il agrippa
40 le corps par l’épaule, des deux mains, et le retourna. Un homme d’une cinquantaine d’années, au visage
massif, ouvrait les yeux sur la mort. Une plaie profonde, nettoyée par la Seine, laissait voir l’intérieur du
tuyau du cartilage qui gonflait son cou. Le flic piqua du nez et respira longuement. Son collègue
l’observait, deux mètres plus haut.
« Alors, c’est quoi ? »
45 Il se redressa et plaqua son index tendu sur sa pomme d’Adam.
« Tout juste si la tête tient aux épaules ! Appelle le fourgon, qu’ils viennent avec la bâche… »
Il ferma les yeux du cadavre avant de procéder à l’inventaire de ses poches : un paquet de gauloises
entamé, une pochette d’allumettes, une carte de téléphone, une clef de verrou sans numéro et, roulés en
boule, quelques tickets de PMU, des enjeux-hippodrome pour la nocturne de la veille, à Enghien. Le 5 et
50 le 7, écurie gagnante dans la seconde course.
Les policiers enquêtèrent dans tout le quartier, interrogeant les riverains, téléphonant aux mariniers
en voyage, dressant la liste des habitués des champs de courses, relevant les empreintes de pas, de pneus,
analysant les conclusions du médecin légiste.
Un mois plus tard le cadavre ne possédait toujours pas d’identité ni la clef de son verrou.
55 « Ils font des sondages, pour se faire une opinion. Ils enfoncent des grands tubes, très profond, et quand
ils ressortent ils appellent ce qu’ils trouvent au bout : la carotte. C’est comme ça qu’ils savent ce qu’il y
a en dessous de la terre, sans creuser. Pareil que pour le pétrole. L’ouvrier avec qui j’ai parlé dit que
toute l’île est pourrie, qu’on ne peut rien construire sur un sol en éponge : ça explique le golf. »
Mireille prit appui sur la première machine à laver pour se mettre debout. Elle brossa son manteau et
60 passa ses meubles en revue, ouvrant les portes des lave-linge, des lave-vaisselle, puis elle inspecta
l’intérieur de ses huit réfrigérateurs… Les cahiers noircis par son écriture serrée s’empilaient dans les
quatre congélateurs. Elle disposa son armée de transistors par marques et rembobina les fils de sa
vingtaine d’aspirateurs que les chiens déroulaient dès qu’elle avait le dos tourné. Le ventilateur trônait
sur l’étagère centrale du vaisselier, au milieu des boîtes de biscuits bretons, des bocaux de confiture, des
65 bouteilles de porto, de suze, de scotch. Toute cette accumulation de matériel était disposée en arc de
cercle au bord du trou qu’elle ne cessait de creuser, d’améliorer, jour après jour. Á la moindre averse elle
consolidait les parois en y incrustant des boîtes de conserve et surtout des bouteilles de coca-cola dont
elle possédait un gisement inépuisable et qu’elle plantait dans la terre ruisselante, le goulot en avant. Une
trame composite, faite de tringles à rideaux, de bâtons, de fils de fer, recouvrait la fosse, et c’est là-
70 dessus—queCned,
Mireille faisait glisser le toit-toile cirée quand le ciel menaçait.
28 © Français 3e
Elle puisait l’eau dans la Seine au moyen d’un seau attaché à une ficelle et se prenait de temps en
temps d’une fringale de ménage… Elle inondait alors son campement et frottait l’émail terni des
appareils ménagers à l’aide de boules de papier confectionnées avec les journaux qui tapissaient le fond
quatre congélateurs. Elle disposa son armée de transistors par marques et rembobina les fils de sa
vingtaine d’aspirateurs que les chiens déroulaient dès qu’elle avait le dos tourné. Le ventilateur trônait
sur l’étagère centrale du vaisselier, au milieu des boîtes de biscuits bretons, des bocaux de confiture, des
65 bouteilles de porto, de suze, de scotch. Toute cette accumulation de matériel séanceétait
1 — disposée
Séquenceen2arc de
cercle au bord du trou qu’elle ne cessait de creuser, d’améliorer, jour après jour. Á la moindre averse elle
consolidait les parois en y incrustant des boîtes de conserve et surtout des bouteilles de coca-cola dont
elle possédait un gisement inépuisable et qu’elle plantait dans la terre ruisselante, le goulot en avant. Une
trame composite, faite de tringles à rideaux, de bâtons, de fils de fer, recouvrait la fosse, et c’est là-
70 dessus que Mireille faisait glisser le toit-toile cirée quand le ciel menaçait.
Elle puisait l’eau dans la Seine au moyen d’un seau attaché à une ficelle et se prenait de temps en
temps d’une fringale de ménage… Elle inondait alors son campement et frottait l’émail terni des
appareils ménagers à l’aide de boules de papier confectionnées avec les journaux qui tapissaient le fond
de son antre. Ses cahiers y passaient quelquefois…
75 Elle n’abandonnait son repaire que le matin, de cinq à neuf heures. Elle remontait seule jusqu’à
l’ancienne guinguette, au bout de l’île, là où on entreposait les pneus usagés, poussant sa carriole. Des
montagnes de rondelles de caoutchouc, comme si un collectionneur avait décidé de stocker là tous les
pneus lisses de la planète… Il était rare qu’en chemin elle ne ramasse pas une bricole intéressante. Il lui
arrivait de pousser jusqu’à la gare de Saint-Denis, après le pont, et de passer dans l’espèce de gros tuyau
80 qui traversait les voies du RER. Elle n’allait jamais plus loin et s’accoudait au parapet poussiéreux, juste
au-dessus de la naissance du canal Saint-Denis.
Mireille partait en confiance : les chiens défendaient le territoire.
« Tout à l’heure, aux Franco-Belges, ils ont lancé un bateau, une vedette pour relier Saint-Pierre à
Miquelon, mais elle s’est plantée dans la vase amenée par la crue de la Seine. Quand le remorqueur a
85 voulu le tirer, il a dérivé et le bateau s’est déchiré contre le ponton. J’ai fait tremper des gueules-de-loup
avec de la pelure d’oignon. Ça soulage les varices… »
Le sol se mit à trembler. Mireille repoussa son cahier. Les chiens hurlaient et se débattaient au bout
de leur corde. Elle fit coulisser le carton qui la protégeait du soleil. L’arbre s’abattit d’un coup, soufflant
les bibelots, sur le buffet.
90 — Qu’est-ce que vous foutez ! Vous êtes devenus fous ? Il y a du monde qui habite ici … »
Ils attaquaient déjà le second peuplier, celui sur lequel elle venait appuyer sa chaise, l’été. Les dents
de la scie mangeaient l’écorce. Elle lâcha les chiens.
Les forestiers abandonnèrent leur matériel et se réfugièrent dans le bulldozer qui nettoyait le terrain,
cinquante mètres en retrait.
95 « Vingt ans que j’habite ici… Ils le savent tous mais c’est comme si je n’existais pas. Cette maison,
c’est moi qui l’ai construite, meublée. Je ne partirai pas. »
Le lendemain ils envoyèrent la fourrière, en éclaireur. Les cris de Mireille couvraient les
grondements des chiens. Un peu avant midi une ambulance l’emmena vers Sevran, à René-Muret. Les
bûcherons purent abattre leur peuplier en paix. Les chenilles du bulldozer écrasèrent les bords de la
100 caverne, bousculant les téléviseurs, les transistors, les aspirateurs, les grille-pain, les frigos qui servaient
de remparts au paradis de Mireille. La porte du congélateur explosa en tombant, délivrant une pile de
cahiers. L’un d’eux s’ouvrit aux pages centrales.
« Cette nuit à trois heures, la dépanneuse du casseur s’est garée au bord de la Seine, après les
peupliers. Il est descendu avec son fils et ils ont jeté un homme dans l’eau. Je crois bien qu’il était mort.
105 On voit presque toutes les constellations sauf la Grande Ourse qui est cachée par un nuage… »
Quand tout fut empilé dans le trou, le conducteur de l’engin s’approcha, un jerricane à la main, et
arrosa d’essence l’univers mutilé de la clocharde. Il craqua une allumette.
Didier Daeninckx, « Mort en l’île », Autres lieux et autres nouvelles, Librio © Éditions Verdier, Lagrasse, 1993.
Notes :
1. « professeur Schwartzenberg » : médecin de renom
2. « Marie-Pervenche » : nom d’une péniche
3. « avitaillement » : pour le ravitaillement des bateaux
4. « bahut » : camion-benne
5. « halage » : chemin où l’on tirait jadis les bateaux avec des cordes
6. « Printemps » : nom d’un grand magasin
7. « marinier » : homme qui navigue sur les canaux ou les rivières
Dans cette séance, nous allons étudier uniquement l’incipit de cette nouvelle (l. 1 à 54). Avant de
répondre aux questions, recherche la définition du mot incipit (c’est un terme que tu as vu en 4e).
Vérifie la réponse dans ton corrigé. Note cette définition dans ton cahier.
© Cned, Français 3e — 29
Séquence 2 — séance 1
2- Ligne 7 :
3- Quels personnages sont cités par Mireille ? Quelles informations donne-t-elle sur eux ?
4- Lignes 25 à 54 :
B Le cadre du récit
1- Où la scène se passe-t-elle ?
2- La description des lieux est-elle en accord avec ce qui est écrit sur la pancarte ?
a) Quel est le passage qui raconte des événements se déroulant dans l’intervalle de temps
le plus long ?
4- Comment peux-tu justifier cette différence de «longueur» entre ces deux passages ?
C Les personnages
1- Sais-tu qui est Mireille ?
30 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 2
Pour répondre aux questions ci-dessous, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces
questions doit te permettre de construire un paragraphe synthétique.
Méthode :
- Un paragraphe synthétique reprend les informations trouvées dans les réponses
précédentes et les organise.
- Les différentes questions de cette séance amènent à réfléchir sur l’organisation du
texte étudié.
- Les deux questions ci-dessous t’aident à construire cette synthèse et te donnent les
parties de ton paragraphe.
1- Qu’est-ce qui apparente ce récit à un récit policier ? Quels sont les personnages cités ?
2- Pour quelles raisons cet incipit de nouvelle peut-il sembler déroutant pour le lecteur ?
Quelles sont les particularités, les différents éléments de ce début de récit ?
© Cned, Français 3e — 31
Séquence 2 — séance 2
Séance 2
Découvrir un personnage clef
Durée : 1h
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Cette séance porte sur les lignes 55 à 82 de la nouvelle Mort en l’île, dont le texte est donné au
début de la séance 1. Relis le passage concerné et réponds aux questions.
3- Lignes 59 à 74 : Souligne les noms qui montrent de quoi est composé le logement de
Mireille.
4- Fais une phrase de synthèse pour expliquer de quoi est essentiellement composé ce
logement.
6- Relève dans les lignes 72, 75 et 82 les trois mots qui désignent le logement de Mireille.
32 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 2
Pour répondre à ces questions, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces questions
doit te permettre de construire un paragraphe synthétique. Relis si besoin le petit point méthode de
la séance 1.
2- Sur quels membres de notre société et sur quels modes de vie l’auteur nous fait-il réfléchir ?
© Cned, Français 3e — 33
Séquence 2 — séance 3
Séance 3
Dénotation - Connotation
Durée : 1h
2- Quelle qualité est donnée par le mot « renard » dans la première phrase ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé et apprends le « Je retiens » qui suit avant de faire les exercices
d’application.
j e retiens
Dénotation et connotation.
On nomme dénotation le sens premier d’un mot ou d’une expression.
Ex : La lune est un astre qui brille dans la nuit.
La (ou les) connotation regroupe les idées, les jugements, les opinions associées
à un mot.
Ex : Il a un visage en forme de lune. (La lune connote ici la forme ronde).
La connotation peut-être péjorative ou méliorative.
RAPPEL :
Les termes péjoratif* et mélioratif* ont été vus en 4e (SQ2, séance 1) :
Selon le terme employé, une description subjective peut être :
- péjorative (dévalorisante) : Cette bicoque est toute petite.
- méliorative (valorisante) : Cette maison est une magnifique demeure.
Ex : Cet enfant est sans cesse dans la lune (la lune est associée à la rêverie et la connotation
est plutôt péjorative).
Une image peut aussi comporter des éléments dénotés et connotés.
C’est en particulier le cas des images publicitaires : une plage de sable blanc et des
palmiers (dénotation) évoque tout de suite des vacances paradisiaques (connotation).
B Appliquer
1- Classe les mots suivants dans le tableau, selon leur connotation. Tu chercheras leur
définition dans le dictionnaire si tu ne connais pas leur signification.
34 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 2
2- Précise quelle est la connotation des mots soulignés. Dis si celle-ci est méliorative ou
péjorative.
c) Ils ont meublé leur maison avec des antiquités rares et magnifiques.
3- Emploie chacune de ces expressions dans une phrase qui mettra en évidence sa
connotation :
d) tendre la main
e) hausser la voix
a) Observe cette publicité pour un parfum et remplis les cadres en cherchant ce que les
différents éléments de l’image connotent.
© Cned, Français 3e — 35
Séquence 2 — séance 3
© Guy Laroche
36 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 2
Séance 4
Interpréter la chute
Durée : 1h30
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Cette séance porte sur les lignes 83 à 107 de la nouvelle Mort en l’île, dont le texte est donné au
début de la séance 1. Relis le passage concerné et réponds aux questions.
A Comprendre la chute
1- Qu’arrive-t-il au logement de Mireille ?
B La visée du récit
1- Surligne les verbes d’action des lignes 87 à 98 : quelle atmosphère contribuent-ils à créer ?
3- a) Ligne 101 et ligne 107 : entoure les groupes nominaux qui désignent le logement de
Mireille.
4- « Les destructeurs »
Pour répondre à ces questions, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces questions
doit te permettre de construire un paragraphe synthétique. Relis si besoin le petit point méthode de
la séance 1.
1- Quelle critique de la société implique cette nouvelle policière ?
© Cned, Français 3e — 37
Séquence 2 — séance 4
Complète les phrases avec les mots suivants, en les accordant si nécessaire (tu
chercheras leur sens dans un dictionnaire si besoin) :
38 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 2
Les expressions suivantes ont un rapport avec le texte que tu viens de lire.
a. l’action humanitaire
b. faire la manche
c. en centre d’hébergement
e. l’exclusion sociale
f. la soupe populaire
g. le bénévolat
La séance suivante porte sur une nouvelle qui n’est pas reproduite ici pour des raisons liées au
respect du droit d’auteur. Il s’agit de « L’intruse », d’Éric-Emmanuel Schmitt, publiée dans le
recueil Odette Toulemonde et autres histoires aux Éditions Albin Michel en 2006.
© Cned, Français 3e — 39
Séquence 2 — séance 5
Séance 5
Comprendre la nouvelle L’intruse et le rôle du point de vue
Durée : 1h30
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
b) Qui appelle-t-elle ?
6- Quelles informations sur sa propre vie leur donne-t-elle ? Quel âge a-t-elle, d’après tout
ce qu’elle dit aux policiers lors de leur première rencontre ?
7- Lignes 265 et suivantes : Qui vient lui rendre visite ? Quel service lui rend-il ?
8- Ligne 293 : En quoi cette phrase donne-t-elle un indice sur la signification de la nouvelle ?
2- Lignes 360-402 :
4- Qui est finalement l’intruse ? Relève des indices dans l’ensemble de la nouvelle.
5- À travers quel point de vue l’histoire nous est-elle racontée jusqu’à la ligne 529 ?
40 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 2
j ’approfondis
Les points de vue du narrateur
Rappel : identifier le point de vue dans un texte narratif, c’est répondre à la question :
« qui voit la scène ? »
- le point de vue interne :
Tout est perçu à travers le regard d’un personnage.
- le point de vue externe :
Les faits et les personnages sont présentés à travers le regard d’un témoin extérieur à
la scène. L’information est limitée à ce qui se voit de l’extérieur.
- le point de vue omniscient (du latin omnis « tout » et scio « savoir »)
Le narrateur a une vue d’ensemble sur l’espace, le temps et les personnages dont il
connaît les pensées, les projets….
D Dictée
Écoute attentivement le texte de la piste 4 qui va être donné en dictée.
© Cned, Français 3e — 41
Séquence 2 — séance 6
Séance 6
Les reprises anaphoriques
Durée : 1h30
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A Observer
Relis les lignes 359 à 402 de la nouvelle L’intruse en t’intéressant plus spécifiquement au
personnage de Yasmine :
1- à travers le point de vue de quel personnage est-elle vue ?
2- Relève les mots qui la désignent. Quelle image d’elle donnent ces mots ?
B Repérer
42 — © Cned, Français 3e
séance 6 — Séquence 2
La manière avec laquelle les escargots inspiraient la macabre imagination de notre sœur
nous poussa, mon frère et moi, à une révolte faite de solidarité avec ces pauvres bêtes
torturées, de dégoût pour leur saveur et de fureur contre tout et contre tous.
4- Invente deux groupes nominaux pour reprendre le nom « Baptiste » et traduire ce que le
narrateur pense de sa sœur.
C S’exercer
1- Associe chaque nom de la liste de gauche à une ou plusieurs reprises nominales de la liste
de droite :
2- Fais suivre ces phrases d’une autre phrase contenant une reprise nominale des mots
soulignés, conformément à l’objectif indiqué entre parenthèses.
3- Écriture :
En utilisant le texte étudié en début de séance, raconte à ton tour un repas au cours
duquel on te sert un plat qui te répugne.
Choisis un aliment que tu pourras reprendre avec des termes différents. Cherche des
adjectifs qui provoquent le dégoût.
© Cned, Français 3e — 43
Séquence 2 — séance 6
Vérifie que :
Ensuite, lis dans ton livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
44 — © Cned, Français 3e
séance 7 — Séquence 2
Séance 7
Comprendre la visée de la nouvelle L’intruse
Durée : 1h
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Relis le passage de la ligne 530 à la fin du texte et réponds aux questions :
1- Qui est Yasmine ?
6- Retrouve (en relisant si besoin la première partie de la nouvelle) deux faits qui, interprétés
après avoir lu la fin de la nouvelle, sont des symptômes de cette maladie.
7- Quelle est la visée de cette nouvelle ? Que cherche-t-elle à faire comprendre au lecteur ?
© Pierre-Yves Viray
Prends ton livret de corrigés pour lire un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
© Cned, Français 3e — 45
Séquence 2 — séance 8
Séance 8
Des homophones grammaticaux : du/dû et cru/crû
Durée : 1h
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A Observation
Dans les phrases suivantes, dis si les termes soulignés sont des formes verbales ou non. Si
oui, donne leur infinitif.
Les mots que tu viens d’observer se ressemblent au niveau du son 2 par 2. Ce sont des
homophones.
Rappel : Les homophones sont des mots qui se prononcent de la même manière mais se
différencient par l’écriture.
46 — © Cned, Français 3e
séance 8 — Séquence 2
B Application
Choisis la forme qui convient pour compléter les phrases :
a) J’ai …….....… comprendre que tu allais escalader le sommet …….....… piton rocheux ?
d) J’avais …….....… bien apprendre ma leçon, mais j’ai eu une mauvais note.
© Cned, Français 3e — 47
Séquence 2 — séance 9
Séance 9
Une nouvelle pour réfléchir
Durée : 1h
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Lis le texte et réponds aux questions.
Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit de
la nouvelle de Mikaël Ollivier « La maison verte » in Nouvelle re-vertes © Éditions Thierry
Magnier, 2008.
B Le message sous-entendu
1- Explique la dernière phrase du texte : pourquoi le père scintille-t-il ?
2- Relis les lignes 31 à 35 : quel est l’élément qui annonce cette chute ?
3- Explique l’effet produit par les derniers mots de la nouvelle.
4- À quel âge le père sera-t-il à la retraite ? Pourquoi ?
5- Finalement, quelle est la thèse* défendue par le texte ?
C Vocabulaire - écriture
1- Donne la définition de ce que serait, selon toi, l’ « écocivisme ».
2- Trouve trois mots formés avec le préfixe éco- et emploie-les chacun dans une phrase qui
en éclaire le sens.
3- En t’appuyant sur tes réponses précédentes et tes connaissances sur l’environnement,
explique en quelques phrases pourquoi ce texte est toujours d’actualité.
48 — © Cned, Français 3e
séance 10 — Séquence 2
Séance 10
Je m’évalue
Durée : 1h
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque
chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que
© Cned, Français 3e — 49
Séquence 2 — séance 10
50 — © Cned, Français 3e
Sommaire
Séquence 3
La poésie engagée
Durée approximative : 10 h
Séance 9 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
62 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 3
Séance 1
S’engager pour résister
Durée : 1 h 30
© Cned/ N. Julo
Dans cette séquence, tu vas être amené à lire des poèmes de formes différentes, comprendre
pourquoi l’auteur les écrit et ce qu’il cherche à faire comprendre au lecteur. Ce sera l’occasion de
réutiliser un vocabulaire propre à la poésie que tu as déjà abordé les années précédentes.
Dans cette séance, tu vas pouvoir étudier le vers libre et comprendre ce qu’est un poème en faveur
de la résistance.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
© Cned, Français 3e — 63
Séquence 3 — séance 1
j e sais déjà
Lis le poème suivant et réponds aux questions. Tu peux aussi l’écouter à la piste 6 de ton CD.
Courage
1. " dans le métro" : les Parisiens se réfugiaient dans le métro, durant les alertes aux bombardements.
2. "ingénue" : d'une sincérité innocente (non calculée).
3. "la force idiote a le dessous" : l'année 1943 signe le début du déclin de l'armée nazie.
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le
« Je retiens » suivant.
© Cned, Français 3e — 65
Séquence 3 — séance 1
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire le « J’approfondis»
suivant.
j ’approfondis
Les figures de style
Tu peux consulter cette page Internet du collège Lezay-Marnesia de Strasbourg pour
réviser les figures de style :
http://www.col-lezay-marnesia-strasbourg.ac-strasbourg.fr/
Dans la colonne de droite, à la rubrique « français», clique sur « le livre des figures ».
3- Vers 13-22 :
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de lire et mémoriser le « Je retiens » suivant.
66 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 3
C Prolongement
Écoute « Le chant des partisans » en le cherchant sur Internet : tu le trouveras interprété
par Yves Montand, Anna Marly, ou encore, dans une version plus moderne par le groupe
Zebda.
Fais également des recherches sur l’origine de ce chant, les circonstances dans lesquelles il
a été écrit.
2- Quelle est, selon toi, la force d’une chanson pour faire passer un message ?
D Écriture
À ton tour, écris un court poème d’espoir, en vers libres, sur le thème du courage :
- Tu t’adresseras à un pays, à une ville qui a subi une guerre, une grande catastrophe…
- Tu personnifieras ce lieu.
Lis dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton travail.
E Oral
Apprends par cœur les 15 premiers vers de ce poème et récite-le à un proche.
© Cned, Français 3e — 67
Séquence 3 — séance 2
Séance 2
S’engager pour le souvenir
Durée : 1h
Dans cette séance, tu vas découvrir un poème engagé qui dénonce la déportation au cours de la
deuxième guerre mondiale.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
4- Vers 14-16 : Jean Ferrat rend-il hommage uniquement aux déportés juifs ? Justifie ta
réponse.
5- Vers 25-27 :
B Rendre hommage
1- Vers 31-32 :
a) Qui est désigné par le pronom « vous » ? À qui Jean Ferrat s’adresse-t-il donc
directement ?
2- Quelles sont donc les intentions du chanteur à travers les vers 31-32 ? Réponds à cette
question en développant ta réponse et en reprenant les idées données par les deux
questions précédentes.
68 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 3
Tu pourras notamment être attentif au rythme de la musique, pour observer comment elle
© Cned, Français 3e — 69
Séquence 3 — séance 3
Séance 3
Connaître l’épreuve du D.N.B.
Durée : 1h
Le sujet de fin de séquence sera un sujet très proche de ce qui te sera demandé au brevet. Tu vas
maintenant découvrir sous quelle forme se présente l’épreuve de français de cet examen que tu
passeras à la fin de l’année. Tu vas aussi découvrir ce qu’est le sujet de réflexion que tu n’as encore
jamais traité.
1- Les parties du sujet :
Voici un sujet tel qu’il pourrait être donné au Brevet des collèges. Ce premier sujet va te permettre
de découvrir ce que l’on attend de toi.
Sujet : Est-il important de rappeler à la mémoire certains épisodes particulièrement noirs
de l’histoire ?
70 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 3
3- Méthode :
a) Avant de répondre, il faut choisir sa position : nous considérons que la réponse est OUI.
Ce sera la thèse : Oui, il est important de rappeler à notre mémoire certains épisodes
particulièrement noirs de l’histoire.
c) Une fois les arguments trouvés, tu chercheras des exemples concrets parmi les faits
historiques que tu connais.
4- Entraînement :
- La solidarité est la preuve que nous pouvons donner sans attendre quelque chose en retour.
Arguments Exemples
5- Pour le sujet proposé plus haut – début de la partie 2 -, formule deux arguments à l’appui
de la thèse choisie plus bas : Oui, il est important de rappeler à notre mémoire certains
épisodes particulièrement noirs de l’histoire.
7- Rédige ton texte en pensant à l’introduire par une phrase exprimant ta thèse, et à le
terminer par une phrase de conclusion.
Vérifie tes réponses dans le corrigé et lis un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de
poursuivre ton travail.
© Cned, Français 3e — 71
Séquence 3 — séance 4
Séance 4
S’engager pour l’environnement
Durée : 1h30
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Dans le poème suivant, tu vas pouvoir découvrir les liens entre engagement et environnement en
poésie.
Lis le poème suivant et réponds aux questions.
Docilité
Note :
1- « noise » (v.3) : querelle, dispute.
72 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 3
B Le discours et sa visée
j e sais déjà
Les connecteurs logiques
Les connecteurs sont des mots choisis en fonction du rapport logique établi :
s’il s’agit de préciser l’ordre des éléments, on utilisera :
pour commencer : d’abord, premièrement, en premier lieu
pour poursuivre : en outre, puis, de plus, par ailleurs, ensuite, de surcroît
pour terminer : enfin, en dernier lieu, en définitive, en conclusion...
s’il s’agit d’illustrer une idée par un exemple, on emploiera : ainsi, par exemple,
notamment, comme...
s’il s’agit de marquer une opposition, on utilisera : or, pourtant, en revanche, mais...
s’il s’agit d’indiquer une cause, on utilisera : car, parce que, puisque...
s’il s’agit d’indiquer une conséquence, on utilisera : c’est pourquoi, donc, par
conséquent...
1- Vers 8 : « et pourtant » :
a) Quel lien logique est exprimé ici ?
b) Que cherche à montrer la forêt ?
2- Vers 9-11 : Observe la structure de ces vers :
On m’ordonna : « Prenez racine. » Et je donnai de la racine tant que je pus.
« Faites de l’ombre. » Et j’en fis autant qu’il était raisonnable.
« Cessez d’en donner l’hiver. » Je perdis mes feuilles jusqu’à la dernière.
a) Trace un trait vertical pour séparer chaque vers en deux parties en tenant compte de la
ponctuation.
b) Qu’exprime la première partie de chaque vers ? La deuxième ?
c) Que signifie le terme « docilité » ?
d) En quoi ces vers illustrent-ils donc le titre du poème ?
© Cned, Français 3e — 73
Séquence 3 — séance 4
C Une requête
1- Vers 14 :
a) Quelle interrogation la forêt formule-t-elle ici ?
b) Pourquoi ne comprend-elle pas ce qui lui arrive ?
2- Vers 15-16 :
a) Quelle est la requête de la forêt ?
b) Surligne les formes verbales qui représentent cette requête. À quel mode sont conjugués
les verbes ?
D Bilan
Ce poème est extrait d’un recueil intitulé « La fable du monde ».
1- Quelles fables connais-tu ? Cite au moins deux titres.
2- Quel est le but d’une fable ?
3- En quoi ce poème s’apparente-t-il à une fable ?
4- Explique le sens du titre de ce recueil.
5- Quel est le message implicite de cette fable ?
E J’approfondis :
Lis l’extrait du poème suivant écrit par Ronsard :
[…]
1 Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras,
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
5 Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de détresses,
Mérites-tu, méchant, pour tuer des Déesses ?
74 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 3
F Écriture
Sans reprendre le thème du poème que tu viens d’étudier, fais parler un végétal ou un
animal qui s’interroge sur le sens de son existence.
FAIT
J’ai fait parler un végétal ou un animal
J’ai utilisé des liens logiques
J’ai utilisé le discours direct pour faire parler le végétal ou l’animal
J’ai employé des phrases interrogatives
© Cned, Français 3e — 75
Séquence 3 — séance 5
Séance 5
Le participe présent et l’adjectif verbal
Durée : 1h00
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Dans cette séance, tu vas apprendre à différencier le participe présent de l’adjectif verbal.
A Observation
Lis les extraits suivants des poèmes que tu as lus dans les séances précédentes :
a) « Paris tremblant »
b) « Notre espoir survivant »
(Courage, Eluard.)
c) « Nus et maigres tremblants »
d) « Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire »
(Nuit et brouillard, Jean Ferrat.)
Observe les formes surlignées :
1- Quelles sont celles qui peuvent être mises au pluriel ?
2- Quelles sont celles qui complètent un nom ?
3- Quelle est celle qui est une forme verbale ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de lire et mémoriser le « Je retiens » suivant :
76 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 3
B Application
1- Dis si les termes soulignés sont des participes présents ou des adjectifs verbaux en
entourant la bonne réponse.
2- Pour chaque verbe à l’infinitif, donne le participe présent puis l’adjectif verbal, en les
orthographiant correctement :
3- Utilise chacun de ces participes présents en les utilisant dans une phrase. Tu en utiliseras
trois au gérondif.
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés, puis passe à la séance suivante.
© Cned, Français 3e — 77
Séquence 3 — séance 6
Séance 6
Défendre une idée
Durée : 1h00
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Lis le poème suivant qui met en scène l’idée de liberté et réponds aux questions :
Liberté
Sur la lampe qui s'allume
1 Sur mes cahiers d'écolier Sur la lampe qui s'éteint
Sur mon pupitre et les arbres Sur mes raisons réunies
Sur le sable de neige J'écris ton nom
J'écris ton nom
50 Sur le fruit coupé en deux
5 Sur toutes les pages lues Du miroir et de ma chambre
Sur toutes les pages blanches Sur mon lit coquille vide
Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom
J'écris ton nom
55 Sur mon chien gourmand et tendre
Sur les images dorées Sur ses oreilles dressées
10 Sur les armes des guerriers Sur sa patte maladroite
Sur la couronne des rois J'écris ton nom
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur la jungle et le désert 60 Sur les objets familiers
Sur les nids sur les genêts Sur le flot du feu béni
15 Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur les merveilles des nuits Sur le front de mes amis
Sur le pain blanc des journées 65 Sur chaque main qui se tend
Sur les saisons fiancées J'écris ton nom
20 J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur tous mes chiffons d'azur Sur les lèvres attendries
Sur l'étang soleil moisi Bien au-dessus du silence
Sur le lac lune vivante 70 J'écris ton nom
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
25 Sur les champs sur l'horizon Sur mes phares écroulés
Sur les ailes des oiseaux Sur les murs de mon ennui
Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom
J'écris ton nom
75 Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
30 Sur chaque bouffée d'aurore Sur les marches de la mort
Sur la mer sur les bateaux J'écris ton nom
Sur la montagne démente
J'écris ton nom Sur la santé revenue
80 Sur le risque disparu
78 Sur—©la Cned,
mousse des
Français 3e nuages Sur l'espoir sans souvenir
35 Sur les sueurs de l'orage J'écris ton nom
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom Et par le pouvoir d'un mot
J'écris ton nom
75 Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
30 Sur chaque bouffée d'aurore Sur les marches séance
de la mort
6 — Séquence 3
Sur la mer sur les bateaux J'écris ton nom
Sur la montagne démente
J'écris ton nom Sur la santé revenue
80 Sur le risque disparu
Sur la mousse des nuages Sur l'espoir sans souvenir
35 Sur les sueurs de l'orage J'écris ton nom
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Sur les formes scintillantes 85 Je suis né pour te connaître
Sur les cloches des couleurs Pour te nommer
40 Sur la vérité physique
J'écris ton nom Liberté
A Observer / rechercher
Connecte-toi sur Internet et cherche des renseignements sur cette œuvre et son auteur :
3- Quel lien peux-tu alors faire avec le poème « Courage » étudié en séance 1 ?
B Comprendre
1- Combien de strophes compte ce poème ?
C Analyser
1- Quelles strophes évoquent la nature ?
© Cned, Français 3e — 79
Séquence 3 — séance 6
80 — © Cned, Français 3e
séance 7 — Séquence 3
Séance 7
S’engager pour un peuple
Durée : 1h
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Pour connaître l’auteur du poème que tu vas lire ci-dessous, connecte-toi sur Internet au site
suivant : http://www.hommage-cesaire.net/
Clique ensuite sur « Aimé Césaire » et lis la page qui présente sa biographie. Sélectionne les
informations les plus importantes et écris ensuite un court paragraphe de présentation de cet
auteur en mettant en avant les caractéristiques essentielles de son œuvre.
Lis dans le corrigé un exemple de paragraphe qui pouvait être écrit, puis lis le poème suivant tout en
l’écoutant à la piste 7 de ton CD et réponds aux questions :
ô lumière amicale
ô fraîche source de la lumière
ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
5 ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre
gibbosité1 d'autant plus bienfaisante que la terre déserte
davantage la terre
silo où se préserve et mûrit ce que la terre a de plus terre
10 ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour
ma négritude n'est pas une taie2 d'eau morte sur l'œil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale
Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile © Cned, Français 3e — 81
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
35 Eia parfait cercle du monde et close concordance !
25 poreux5 à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain6 de toutes les eaux du monde
Séquence 3 étincelle
— séance 7du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
30 Tiède petit matin de vertus ancestrales
Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
35 Eia parfait cercle du monde et close concordance !
Aimé CÉSAIRE, Cahier d'un retour au pays natal, (1947) © Présence Africaine
Notes :
A Comprendre le poème
1- Vers 1 à 12 :
b) Par quels éléments sont alors définis « ceux » que le poète présente ?
3- Vers 23-28.
c) Que révèlent donc ces vers sur le rapport du peuple africain avec la nature ?
82 — © Cned, Français 3e
séance 7 — Séquence 3
1- À partir du vers 30 :
2- Quels sentiments le poète exprime-t-il envers « le monde blanc » ? Utilise pour répondre
les différents éléments trouvés dans les réponses précédentes et appuie-toi également sur
le dernier vers.
© Cned, Français 3e — 83
Séquence 3 — séance 8
Séance 8
Les différentes classes grammaticales de que
Durée : 1h
Dans cette séance, tu vas étudier un petit mot que l’on rencontre souvent, mais qui n’est en réalité
pas toujours le même car il peut avoir plusieurs classes grammaticales différentes.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A Observer
Lis les phrases suivantes, extraites ou adaptées des poèmes que tu as étudiés et réponds
aux questions :
a) « On me dit que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire. »
b) Il est comme un cheval que l’on agace.
c) « Que l’on me dise ce que l’on attend de moi. »
1- Dans la phrase b), quel GN reprend le mot que ?
2- a) Dans la phrase c), à quel mode est conjugué le verbe « dire » ?
b) Réécris cette phrase en donnant l’ordre à un camarade (en le tutoyant) : vas-tu encore
utiliser le mot « que » ?
3- Dans la phrase a), quel est l’unique rôle du mot « que » ? À quelle classe grammaticale
appartient-il alors ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de lire et mémoriser le « Je retiens » suivant :
84 — © Cned, Français 3e
séance 8 — Séquence 3
B Appliquer
2- Écriture :
Tu veux convaincre tes parents d’aller assister à un concert. Écris au moins quatre phrases
différentes en employant :
- un que pronom relatif pour décrire le groupe que tu souhaites aller voir
© Cned, Français 3e — 85
Séquence 3 — séance 9
Séance 9
Je m’évalue
Durée : 1h
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque
chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que
ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.
86 — © Cned, Français 3e
séance 9 — Séquence 3
© Cned, Français 3e — 87
Sommaire
Séquence 4
Découvrir comment l’engagement peut se manifester
Durée approximative : 10 h 30
Séance 6
Le participe passé des verbes impersonnels et le participe passé suivi d’un
infinitif
Séance 8 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
88 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 4
Séance 1
Montrer son engagement
Durée : 1 h
© Cned/ N. Julo
Dans cette nouvelle séquence, tu vas approfondir tes connaissances sur la manière dont peut se
manifester l’engagement. En effet, dans la séquence précédente, tu as lu des poèmes engagés : tu
vas voir que de nombreux autres supports peuvent témoigner d’un engagement pour une cause.
Ainsi tu découvriras dans cette séquence aussi bien des chansons, des discours, des lettres ouvertes
que des publicités.
Pour cette première séance, c’est une tapisserie que nous avons choisi de te faire étudier.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Observe l’œuvre ci-dessous et réponds aux questions posées.
© Cned, Français 3e — 89
Séquence 4 — séance 1
Note : cette œuvre est une tapisserie. Elle fut composée et tissée en 1943, clandestinement
dans les ateliers d’Aubusson. Ces ateliers sont des ateliers très réputés de tapisseries.
Jean Lurçat revendique qu’elle peut être « lourde de sens ».
A Observer
2- Une particularité :
a) Quels éléments remarques-tu à
chaque angle de cette tapisserie ?
b) Quel est ce texte ? À quelle
occasion l’as-tu déjà lu ? Dans quelles
circonstances a-t-il été écrit ?
c) Quel mot du poème est
particulièrement mis en valeur ?
90 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 4
B Interpréter
1- À quel phénomène les deux astres qui passent l’un devant l‘autre font-ils penser ?
2- Que représentent les motifs tissés à l’intérieur du soleil ? Et ceux sur l’autre astre ?
C Conclure
© Cned, Français 3e — 91
Séquence 4 — séance 2
Séance 2
Chanter pour dénoncer et argumenter
Durée : 1 h 30
Dans cette séance, tu vas lire et écouter deux chansons qui ont un point commun : l’objectif sera,
après les avoir étudiées, de dégager ce point commun et d’être capable de faire des rapprochements
entre ces textes.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
En 1943, une artiste russe, Anne Marly, réfugiée à Londres, compose la musique. Joseph Kessel et
Maurice Druon, écrivains français eux aussi exilés à Londres, composent le texte.
Il est diffusé à la radio, transmis par les parachutistes, chanté par les résistants prisonniers, parfois au
moment de leur exécution.
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
10 La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux du lit font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...
92 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 4
A Comprendre
1- Strophe 1 :
a) À quoi font référence « le vol noir » et « les corbeaux » ?
b) Que cherchent à souligner « les cris sourds » ?
c) Comment le pays est-il présenté ?
d) Quel est le terme qui lance la révolte ?
2- Strophe 2 :
a) Quels sont les différents moyens mis en œuvre pour la révolte ?
b) Quel est le mode employé dans ces vers ? Justifie son emploi.
3- Strophe 3 :
a) Relève les termes qui montrent une situation désespérée.
b) Quelle est la situation des Français ?
4- Strophe 4 :
Quels sont les risques encourus par tout résistant ?
B Bilan
Pour répondre à ces questions, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces
questions doit te permettre de construire un paragraphe synthétique.
© Cned, Français 3e — 93
Séquence 4 — séance 2
TEXTE B :
Anne, ma sœur Anne
Écoute si tu peux cette chanson en te connectant par exemple sur Internet : tu seras alors
particulièrement attentif à la partie instrumentale à la fin de la chanson.
Anne Frank est une jeune fille juive qui, durant la seconde guerre mondiale a dû entrer dans
la clandestinité pour échapper aux nazis. Le journal qu’elle a tenu a été publié après sa mort.
Pour la connaître mieux, tu peux te connecter sur le site suivant :
http://www.annefrank.org/fr/
94 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 4
3- Que voit-il venir ? Relève tous les termes appartenant au champ lexical à l’appui de ta
réponse.
4- « les mêmes discours, les mêmes slogans, les mêmes aboiements ! » (v. 18-19)
Que peux-tu dire de la construction de cette phrase et sur la succession des termes ?
B Bilan
Pour répondre à ces questions, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces
questions doit te permettre de construire un paragraphe synthétique.
Quel peut être l’impact d’une telle chanson sur ceux qui l’écoutent ?
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton
travail.
© Cned, Français 3e — 95
Séquence 4 — séance 3
Séance 3
La lettre ouverte pour dénoncer…
Durée : 1 h 30
Dans cette séance, tu vas lire deux documents sous forme de lettres. Le premier est un texte
d’Emile Zola, le second un poème de Boris Vian.
L’objectif est de comprendre ce qu’est une lettre « ouverte » et de dégager l’argumentation présente
dans ces textes.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
L’affaire Dreyfus commence comme une banale histoire d‘espionnage militaire, par la découverte
d’un bordereau à l’ambassade allemande. Après une enquête rapide basée sur des rumeurs,
l’antisémitique et une vague ressemblance d’écriture, le capitaine Alfred Dreyfus est condamné et
déporté en 1894 vers la Guyane, accusé à tort d’espionnage.
L’affaire commence réellement en 1898 quand l’article « j’accuse » d’Emile Zola est publié dans
l’Aurore. Il met en accusation le jury militaire du procès et réclame la révision du procès. Par la
suite la France va être déchirée en deux partis :
- Les Dreyfusards : qui prônent les droits de l’homme et la notion de justice.
- Les Antidreyfusards : dont l’importance majeure reste l’honneur de l’armée et le bien-fondé de
l’état. Mais de façon cachée le tout est réalisé sur fond d’antisémitisme.
Ces deux partis s’affronteront sur fond de guerre médiatique, d’article publié et de polémiques.
Cette affaire n’est pas seulement politique mais aussi sociale, morale et religieuse
Enfin le nouveau gouvernement de« défense républicaine » de 1899 ordonnera le rapatriement de
Dreyfus, Il sera rejugé en 1899 suite à cela ; il accepte la grâce présidentielle. Cependant, il n’est
réhabilité qu’en 1906, ainsi que réintégré dans l’armée tout en étant nommé chevalier de la légion
d’honneur.
http://www.cahiers-naturalistes.com/jaccuse.htm
96 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 4
Président de la République
1 Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour,
d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est
menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?
[…]
5 Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur
judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis
trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une
10 des plus grandes iniquités du siècle.
J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de
Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de
lèse-justice, dans un but politique, et pour sauver l'état-major compromis.
J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du même
15 crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des
bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable.
J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate,
j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du
second, un impérissable monument de naïve audace.
20 J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des
rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une
maladie de la vue et du jugement.
J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans L'Eclair et
dans L'Echo de Paris, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.
25 J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur
une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par
ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable.
En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de
la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement
30 que je m'expose.
Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni
rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte
que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la
justice.
35 Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a
droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me
traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour !
J'attends.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.
Émile Zola
© Cned, Français 3e — 97
Séquence 4 — séance 3
L’Aurore du13 Janvier 1898 © Collection privée / Archives Charmet / The Bridgeman Art Library
A Comprendre
1- En t’aidant du paratexte, réponds aux questions suivantes :
b) Cette lettre a-t-elle été envoyée directement à son destinataire ? Explique en détail.
4- Comment cette accusation est-elle mise en valeur par les premiers mots de chaque phrase ?
7- « Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la
vérité et de la justice. Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a
tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme.
Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour. »
La chanson de Boris Vian a été écrite à la fin de la guerre d’Indochine (1946-1954) et au début
de la guerre d’Algérie qui a débuté en 1954.
Cette chanson a été censurée jusqu’en 1962 (c’est-à-dire qu’elle a été interdite de diffusion par le
gouvernement).
Au moment de la guerre du Vietnam, elle est reprise aux Etats-Unis par une chanteuse américaine,
Joan Baez.
Elle a également été chantée en France par Mouloudji.
98 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 4
1 Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
5 Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
10 Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
15 Ma décision est prise
Je m'en vais déserter
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
35 De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens :
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
40 Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
45 Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
© Cned, Français 3e — 99
Séquence 4 — séance 3
2- Quelle raison Boris Vian donne-t-il au fait qu’il a l’intention de déserter, dans la première
strophe ?
4- Deuxième strophe :
5- Troisième strophe :
Connecte-toi sur Internet et écoute cette chanson dans la version de Boris Vian. Si tu souhaites
l’écouter dans une autre version, tu peux chercher avec les mots clefs « déserteur », « Reggiani » ou
« Mouloudji ».
Séance 4
Le participe passé des verbes pronominaux
Durée : 1h30
Dans cette séance, tu vas apprendre les règles particulières d’accord du participe passé des verbes
pronominaux.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant d’apprendre le Je retiens qui suit.
B Appliquer :
Dans les phrases suivantes, souligne les verbes pronominaux et dis s’ils sont essentiellement
pronominaux, pronominaux de sens réfléchi ou pronominaux de sens réciproque.
a- Les oiseaux se sont enfuis.
b- Nous nous sommes parlé.
c- Ils se sont rencontrés à la plage.
d- Elle s’est inscrite à l’université.
Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de lire et mémoriser le « Je retiens » suivant.
j e retiens
L’accord du participe passé des verbes pronominaux
Le participe passé s’accorde avec le sujet si :
- Le verbe est essentiellement pronominal :
Ex. : Elle s’est évanouie. (Ce verbe n’est que pronominal car le verbe « évanouir » n’existe
pas.)
- Le verbe pronominal a un sens passif :
Ex. : Les vendanges se sont faites en Octobre. (= Les vendanges ont été faites en Octobre)
Le participe passé des verbes pronominaux de sens réciproque et de sens réfléchi
se fait avec le COD si :
- Le pronom réfléchi est le COD :
Ex. : Ils se sont lancés dans cette aventure. (Se = COD)
- Un COD (autre que le pronom réfléchi) est placé avant le verbe :
Ex. : La balle qu’ils se sont lancée est restée dans le jardin.
Le participe passé des verbes pronominaux de sens réciproque et de sens réfléchi
est invariable si :
- Le pronom réfléchi est COI ou COS et que le COD est placé après le verbe :
Ex. : Ils se sont lancé des plaisanteries. (« des plaisanteries » = COD / Se = COS)
D Appliquer
1- Conjugue les verbes pronominaux des phrases suivantes au passé composé en accordant
chaque participe passé si nécessaire.
b) Il se tait.
d) Elles s’évanouissent.
e) Il se prépare au concours.
Séance 5
Dénoncer le racisme et la discrimination dans
les textes et les images
Durée : 1h30
Dans cette séance, tu vas lire et observer des documents différents : extrait de roman, texte de
chanson, image… afin de dégager la force de persuasion qu’ils dégagent.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
DOCUMENT A
Lis le texte suivant et réponds aux questions :
En 1931, le narrateur et son ami, Badimoin, originaires de Nouvelle-Calédonie, sont emmenés à
Paris pour figurer à l’Exposition coloniale, où ils sont présentés comme des cannibales. Ils
s’échappent et s’enfuient vers Paris.
A Comprendre
2- Lignes 1 à 7 :
b) Pourquoi le tutoie-t-il ?
5- Ligne 15 et suivantes :
b) Relève les deux expressions qui décrivent la ville et son activité (ligne 15 à 17).
6- « Il suffisait que nous nous décidions à le traverser pour que les moteurs se mettent à
rugir »
7- Explique, en relisant la fin du texte, comment les deux personnages sont considérés.
j e retiens
Pour défendre une idée, l’auteur cherche à toucher le lecteur dans ses sentiments, en
suscitant la pitié, la révolte, la sympathie.
Pour cela, il fait en sorte que le lecteur s’identifie à un ou plusieurs personnages.
B Écrire
Raconte cette scène vue par un passant : il a, par hasard, suivi les « cannibales » et raconte
alors ce qu’il a vu à un ami.
Précise les sentiments qu’il a éprouvés et qu’il éprouve encore pour les deux personnages.
DOCUMENTS B et C
© Dove / Unilever
C Écriture
À partir de cette image, des affiches étudiées, du texte de D. Daeninckx, explique ce qu’est
la discrimination et ce qu’elle implique.
Quel est, à ton avis, le moyen le plus efficace pour interpeller la population ? Pourquoi ?
Séance 6
Le participe passé des verbes impersonnels et le participe passé
suivi d’un infinitif
Durée : 1h00
Dans cette séance, tu vas travailler sur des cas particuliers d’accord du participe passé : lorsqu’il est
suivi d’un infinitif, et lorsqu’il s’agit d’un verbe impersonnel.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
j e sais déjà
La forme impersonnelle du verbe
On dit qu’un verbe est employé à la forme impersonnelle quand il a pour sujet le pronom
« il » qui ne reprend aucun nom ou groupe nominal cité dans le texte.
- Il a eu ce qu’il méritait.
C Application
1- Réécris les phrases suivantes en remplaçant le mot en gras par celui donné entre
parenthèses à la fin de la phrase, et en faisant toutes les modifications nécessaires :
a) L’avion passe si haut que nous ne l’avons pas entendu venir. (Les avions)
b) Mon ami était en cours : la CPE l’a envoyé chercher. (Mon amie)
c) Quel effort il a fallu faire pour arriver au sommet ! (Quels efforts)
2- Complète les phrases suivantes avec le participe passé du verbe faire et accorde-le s’il y a
lieu.
a) Quelle bêtise as-tu encore ………………………….. ?
b) La CPE a ………………………….. appeler mon amie.
c) Ces gâteaux ont été ………………………….. par un grand pâtissier.
d) On nous a ………………………….. attendre longtemps.
Séance 7
Un discours engagé
Durée : 1h00
Tu vas découvrir dans cette séance un discours engagé très célèbre qui a eu une conséquence très
importante : l’abolition de la peine de mort en France.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
En 1981, Robert Badinter, ministre de la Justice, est chargé par le président de la République
François Mitterrand, d’œuvrer pour abolir la peine de mort. Le texte qui suit est un extrait de son
discours à l’Assemblée Nationale.
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/badinter.asp
1 Il s'agit bien, en définitive, dans l'abolition, d'un choix fondamental, d'une certaine conception
de l'homme et de la justice. Ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une
double conviction : qu'il existe des hommes totalement coupables, c'est-à-dire des hommes
totalement responsables de leurs actes, et qu'il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité au
5 point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là doit mourir.
À cet âge de ma vie, l'une et l'autre affirmations me paraissent également erronées. Aussi
terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n'est point d'hommes en cette terre dont la
culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit
la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les hommes qui jugent, la justice
10 demeure humaine, donc faillible.
Et je ne parle pas seulement de l'erreur judiciaire absolue, quand, après une exécution, il se
révèle, comme cela peut encore arriver, que le condamné à mort était innocent et qu'une société
entière - c'est-à-dire nous tous - au nom de laquelle le verdict a été rendu, devient ainsi
collectivement coupable puisque sa justice rend possible l'injustice suprême. Je parle aussi de
15 l'incertitude et de la contradiction des décisions rendues qui font que les mêmes accusés,
condamnés à mort une première fois, dont la condamnation est cassée pour vice de forme, sont de
nouveau jugés et, bien qu'il s'agisse des mêmes faits, échappent, cette fois-ci, à la mort, comme si,
en justice, la vie d'un homme se jouait au hasard d'une erreur de plume d'un greffier. Ou bien tels
condamnés, pour des crimes moindres, seront exécutés, alors que d'autres. plus coupables,
20 sauveront leur tête à la faveur de la passion de l'audience, du climat ou de l'emportement de tel ou
tel.
Cette sorte de loterie judiciaire, quelle que soit la peine qu'on éprouve à prononcer ce mot quand
il y va de la vie d'une femme ou d'un homme, est intolérable. […]
Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair : ou notre société refuse une justice qui
25 tue et accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales - celles qui l'ont faite grande et
respectée entre toutes - la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois,
et c'est le choix de l'abolition ; ou cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire
disparaître le crime avec le criminel, et c'est l'élimination. Cette justice d'élimination, cette justice
d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce
30 qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et
de l'humanité.
J'en ai fini avec l'essentiel, avec l'esprit et l'inspiration de cette grande loi. Raymond Forni,
tout à l'heure, en a dégagé les lignes directrices. Elles sont© Cned, simples et — précises.
Français 3e 111
Parce que l'abolition est un choix moral, il faut se prononcer en toute clarté. Le Gouvernement
35 vous demande donc de voter l'abolition de la peine de mort sans l'assortir d'aucune restriction ni
d'aucune réserve.
Robert Badinter, Discours sur l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée Nationale, 1981.
il y va de la vie d'une femme ou d'un homme, est intolérable. […]
Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair : ou notre société refuse une justice qui
25 tue et accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales - celles qui l'ont faite grande et
respectée entre toutes - la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois,
et c'est le choix de l'abolition ; ou cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire
disparaître
Séquence 4 —leséance
crime7avec le criminel, et c'est l'élimination. Cette justice d'élimination, cette justice
d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce
30 qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et
de l'humanité.
J'en ai fini avec l'essentiel, avec l'esprit et l'inspiration de cette grande loi. Raymond Forni,
tout à l'heure, en a dégagé les lignes directrices. Elles sont simples et précises.
Parce que l'abolition est un choix moral, il faut se prononcer en toute clarté. Le Gouvernement
35 vous demande donc de voter l'abolition de la peine de mort sans l'assortir d'aucune restriction ni
d'aucune réserve.
Robert Badinter, Discours sur l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée Nationale, 1981.
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/badinter.asp
http://www.assemblee-national.fr/histoire/badinter.asp
2- Ligne 6 : quelle est l’expression qui montre que l’orateur s’implique personnellement ?
3- « Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les
hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible. » (l. 8 à 10)
4- « Cette sorte de loterie judiciaire, quelle que soit la peine qu’on éprouve à prononcer ce mot
quand il y va de la vie d’une femme ou d’un homme, est intolérable. » (l.22-23)
5- « Le choix qui s’offre à vos consciences est donc clair. » (l. 24)
7- Écriture
Tu es journaliste et tu dois écrire un court article pour rendre compte du discours et des
arguments donnés par Robert Badinter dans son discours.
Séance 8
Je m’évalue
Durée : 1h
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque
chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que
ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.
Séance 6 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Séance 1
Lire les premières pages du livre
Durée : 1 h 30
Tu vas lire le roman de Fred Uhlman, L’Ami retrouvé, en entier et tu étudieras quelques extraits de
manière plus approfondie.
L’objectif de cette première séance est de lire le début du livre et de découvrir les caractéristiques de
l’incipit d’un roman autobiographique.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
j e sais déjà
Les premières pages d’un roman s’appellent un incipit (du latin incipere « commencer »).
Elles mettent en place les lieux, les personnages et le cadre spatio-temporel du récit. Elles
doivent également séduire le lecteur pour lui donner envie de lire la suite.
Lis l’extrait ci-dessous, il s’agit du début du livre. Tu peux aussi en écouter le début à la piste 8 de
ton CD. Réponds ensuite aux questions.
1 Il entra dans ma vie en février 1932 pour n’en jamais sortir. Plus d’un quart de
siècle a passé depuis lors, plus de neuf mille journées fastidieuses et décousues 1, que le
sentiment de l’effort ou du travail sans espérance contribuait à rendre vides, des années
et des jours, nombre d’entre eux aussi morts que les feuilles desséchées d’un arbre
5 mort.
Je puis me rappeler le jour et l’heure où, pour la première fois, mon regard se posa
sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus
grand désespoir. C’était deux jours après mon seizième anniversaire, à trois heures de
l’après midi, par une grise et sombre journée d’hiver allemand. J’étais au Karl
10 Alexander Gymnasium à Stuttgart, le lycée le plus renommé du Wurtemberg2, fondé en
1521, l’année ou Luther3 parut devant Charles Quint, empereur du Saint Empire et roi
d’Espagne.
Je me souviens de chaque détail : la salle de classe avec ses tables et bancs massifs,
l’aigre odeur de quarante manteaux d’hiver humides, les mares de neige fondue, les
15 traces jaunâtres sur les murs gris là où, avant la révolution, étaient accrochés les
portraits du Kaiser4 Guillaume et du roi Wurtemberg. En fermant les yeux, je vois
encore le dos de mes camarades de classe, dont un grand nombre périrent plus tard
dans les steppes russes ou dans les sables d’Alamein5. J’entends encore la voix lasse et
désillusionnée de Herr6 Zimmermann qui, condamné à enseigner toute sa vie, avait
20 accepté son sort avec une triste résignation. Il avait le teint jaune et ses cheveux, sa
moustache et sa barbe en pointe étaient teintés de gris. Il regardait le monde à travers
un pince-nez7 posé sur le bout de son nez avec l’expression d’un chien bâtard en quête
de nourriture. Bien qu’il n’eût sans doute pas plus de cinquante ans, il nous paraissait,
à nous, en avoir quatre-vingts. Nous le méprisions parce qu’il était doux et bon et avait
25 l’odeur d’un homme pauvre ; probablement n’y avait-il pas de salle de bains dans son
logement de deux pièces. Durant l’automne et les longs mois d’hiver, il portait un
costume tout rapiécé, verdâtre et luisant (il avait un second costume pour le printemps
et l’été). Nous le traitions avec dédain8 et, de temps à autre, avec cruauté, cette lâche
cruauté qui est celle des garçons bien portants à l’égard des faibles, des vieux et des
30 êtres sans défense.
Le jour s’assombrissait mais il ne faisait pas assez nuit pour éclairer la salle et, à
travers les vitres, je voyais encore clairement l’église de la garnison, une affreuse
construction de la fin du XIXe siècle, pour le moment embellie par la neige recouvrant
ses tours jumelles qui transperçaient le ciel de plomb. Belles aussi étaient les blanches
35 collines qui entouraient ma ville natale, au-delà de laquelle le monde semblait finir et le
mystère commencer. J’étais somnolent, faisant de petits dessins, rêvant, m’arrachant
parfois un cheveu pour me tenir éveillé, lorsqu’on frappa à la porte.
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
1- « fastidieuses et décousues » (l.2) : ennuyeuses et désordonnées.
2- « Wurtemberg » (l.10) : région du Sud-Ouest de l’Allemagne.
3- « Martin Luther » (l.11) : théologien allemand (1483-1546) dont les idées sont à l’origine de la création du
protestantisme, en réaction à certains principes de l’Église catholique.
4- « Kaiser » (l.16) : mot allemand signifiant « empereur ».
5- « les steppes russes, les sables d’Alamein » (l.18) : allusions aux batailles perdues par Hitler en Russie et en
Égypte en 1942.
6- « Herr » (l.19) : mot allemand signifiant « monsieur ».
7- « un pince-nez » (l.22) : lunettes fixées sur le nez par un ressort, sans montures.
8- « dédain » (l.28) : mépris.
j ’approfondis
L’ordre du récit
Dans cet incipit*, la chronologie est bouleversée, elle ne suit pas l’ordre chronologique :
le narrateur à la fois anticipe les évènements à venir (on parle alors de prolepse*) et fait
des retours en arrière, des « flash-back » (on parle alors d’analepse*).
4- Que dirais-tu de l’attitude de Hans en classe ? En quoi met-elle en valeur l’événement qui
va se dérouler après cet extrait ?
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.
C Réécriture
« Je puis me rappeler le jour et l’heure où pour la première fois mon regard se posa
sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus
grand désespoir. C’était deux jours après mon seizième anniversaire, à trois heures de
l’après-midi, par une grise et sombre journée d’hiver allemand. J’étais au Karl Alexander
Gymnasium à Stuttgart, le lycée le plus renommé du Wurtemberg […] »
Travaille sur ton cahier puis vérifie ce que tu as fait dans le corrigé, et tu pourras lire la suite du
chapitre 1 : tu découvriras qui est le nouvel élève de la classe ! Poursuis ensuite ta lecture jusqu’au
chapitre 4 avant de commencer la séance 2.
Si les livres ayant pour thème l’école te tentent, lis pour le plaisir :
Si les films ayant pour thème l’école te tentent, regarde pour le plaisir :
Séance 2
Lire une scène de rencontre
Durée : 1h30
L’objectif de cette nouvelle séance est de découvrir la violence des sentiments d’adolescents qui se
rencontrent.
Pour cette séance, tu dois avoir lu les chapitres 2 à 4 du livre.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Lis l’extrait ci-dessous et écoute le début à la piste 9 de ton CD, puis réponds aux questions.
Hans a tenté à plusieurs reprises d’attirer l’attention du nouvel élève Conrad Von Hohenfels. Ses
efforts sont jusqu’alors restés vains.
1 Trois jours plus tard, le 15 mars – je n’oublierai jamais cette date –, je rentrais de l’école par
une douce et fraîche soirée de printemps. Les amandiers étaient en fleur, les crocus 1 avaient fait
leur apparition, le ciel était bleu pastel et vert d’eau, un ciel nordique avec un soupçon de ciel
italien. J’aperçus Hohenfels devant moi. Il semblait hésiter et attendre quelqu’un. Je ralentis le
5 pas – j’avais peur de le dépasser – mais il me fallait continuer mon chemin, car ne pas le faire eût
été ridicule et il eût pu se méprendre2 sur mon hésitation. Quand je l’eus presque rattrapé, il se
retourna et me sourit. Puis, d’un geste étrangement gauche3 et encore indécis, il serra ma main
tremblante. « C’est toi, Hans ! » dit-il, et, tout à coup, je me rendis compte, à ma joie, à mon
soulagement et à ma stupéfaction, qu’il était aussi timide que moi et, autant que moi, avait besoin
10 d’un ami.
Je ne puis guère me rappeler ce que Conrad me dit ce jour-là ni ce que je lui dis. Tout ce que
je sais est que, pendant une heure, nous marchâmes de long en large comme deux jeunes
amoureux, encore nerveux, encore intimidés, mais je savais en quelque sorte que ce n’était là
qu’un commencement et que, dès lors, ma vie ne serait plus morne4 et vide, mais pleine d’espoir
15 et de richesse pour tous deux.
Quand je le quittai enfin, je courus sur tout le chemin du retour. Je riais, je parlais tout seul,
j’avais envie de crier, de chanter, et je trouvai très difficile de ne pas dire à mes parents combien
j’étais heureux, que toute ma vie avait changé et que je n’étais plus un mendiant, mais riche
comme Crésus5. Mes parents étaient, grâce à Dieu, trop absorbés pour observer le changement
20 qui s’était fait en moi. Ils étaient habitués à mes expressions maussades6 et ennuyées, à mes
réponses évasives7 et à mes silences prolongés, qu’ils attribuaient aux troubles de la croissance et
à la mystérieuse transition de l’adolescence à l’âge viril. De temps à autre, ma mère avait essayé
de pénétrer mes défenses et tenté une ou deux fois de me caresser les cheveux, mais elle y avait
depuis longtemps renoncé, découragée par mon obstination et mon manque de réceptivité.
25 Mais, plus tard, une réaction se produisit. Je dormis mal parce que j’appréhendais le
lendemain matin. Peut-être m’avait-il déjà oublié ou regrettait-il sa reddition8 ? Peut-être avais-je
commis une erreur en lui laissant voir à quel point j’avais besoin de son amitié ? Aurais-je dû me
montrer plus prudent, plus réservé ? Peut-être avait-il parlé de moi à ses parents et lui avaient-ils
conseillé de ne pas se lier d’amitié avec un Juif ? Je continuai à me torturer ainsi jusqu’au
30 moment où je tombai enfin dans un sommeil agité.
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes
122 : — © Cned, Français 3e
1- « crocus » (l.2) : plante à fleurs.
2- « se méprendre » (l.6) : se tromper.
3- « gauche » (l.7) : maladroit.
montrer plus prudent, plus réservé ? Peut-être avait-il parlé de moi à ses parents et lui avaient-ils
conseillé de ne pas se lier d’amitié avec un Juif ? Je continuai à me torturer ainsi jusqu’au
30 moment où je tombai enfin dans un sommeil agité.
séance 2 — Séquence
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions 5
Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
1- « crocus » (l.2) : plante à fleurs.
2- « se méprendre » (l.6) : se tromper.
3- « gauche » (l.7) : maladroit.
4- « morne » (l.14) : triste, sans surprise.
5- « riche comme Crésus » (l.19) : sous l’Antiquité, Crésus était connu pour sa fortune. La comparaison est ici
employée au sens figuré : le narrateur fait allusion aux richesses du cœur.
6- « maussades » (l.20) : tristes, sombres.
7- « évasives » (l.21) : vagues, imprécises.
8- « reddition » (l.26) : capitulation, fait de relâcher sa vigilance.
A L’écriture de l’inoubliable
1- « Trois jours plus tard, le 15 mars – je n’oublierai jamais cette date » écrit le narrateur à
la ligne 1. Pourquoi cette date en particulier est-elle restée dans la mémoire de Hans aussi
nettement ?
2- En quoi cette date semble-t-elle favorable à la naissance de sentiments nouveaux ? Aide-
toi de la description des paysages au début du texte.
3- a) En complétant le tableau suivant, compare les émotions de Hans avant, pendant et
après avoir été abordé par Conrad.
b) Rédige maintenant une ou deux phrases pour résumer l’évolution des émotions de
Hans dans ce passage.
4- Quelle phrase dans le premier paragraphe, permet de penser que l’amitié entre les deux
garçons sera possible ?
j e sais déjà
Quelques figures de style.
Une figure de style est un procédé d’écriture qui donne de l’originalité, de l’expressivité au
texte. Voici quelques figures de style que tu as déjà rencontrées.
La comparaison est une figure de style de ressemblance. Elle rapproche deux éléments
(un comparant et un comparé) à l’aide d’un outil de comparaison (comme, tel
que…). Les éléments peuvent alors entretenir des rapports d’égalité (comme, pareil à),
d’infériorité de l’un envers l’autre (moins que) ou de supériorité de l’un envers l’autre
(plus que).
B Le doute
1- À quel moment du texte le bonheur de Hans cesse-t-il brutalement ? Précise le
paragraphe concerné.
2- Quelles remarques peux-tu faire sur la construction grammaticale des phrases de ce
paragraphe ? En quoi soulignent-elles l’inquiétude du narrateur ?
3- Quelle révélation ce paragraphe comporte-t-il et en quoi permet-elle au lecteur de mieux
comprendre l’inquiétude de Hans ?
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et mémorise le « Je sais déjà » et « Je retiens »
ci-dessous.
C Dictée préparée
Pour t’entraîner à la dictée, tu vas recopier le texte suivant en accordant correctement les mots
entre parenthèses. [e] = é, ée, és, ées ou er
Si tu as besoin de revoir l’accord des participes passés avec les auxiliaires « être » et « avoir » tu
peux revoir la première séquence de ton livret.
« Mes parents étaient, grâce à Dieu, trop (absorb[e]) pour (observ[e]) le changement
qui s’est fait en moi. Ils étaient (habitu[e]) à mes expressions maussades et (ennuy[e]), à
mes réponses évasives et mes silences (prolong[e]), qu’ils attribuaient aux troubles de la
croissance et à la mystérieuse transition de l’adolescence à l’âge viril. De temps à autre,
ma mère avait (essay[e]) de (pénétr[e]) mes défenses et (tent[e]) une ou deux fois de me
(caress[e]) les cheveux, mais elle y avait depuis longtemps (renonc[e]), (décourag[e]) par
mon manque de réceptivité »
Maintenant regarde dans le corrigé si tu as bien accordé tous les mots entre parenthèses. Corrige-
toi si besoin et lis bien les explications. Tu es prêt pour faire la dictée ! Écoute-la à la piste 10 de
ton CD.
Si les livres ayant pour thème l’adolescence te tentent, lis pour le plaisir :
- L’Élégance du hérisson de Muriel Barbery (tu peux aussi trouver la bande-annonce du film
sur internet)
Sache que L’Élégance du hérisson, Le Grand Meaulnes et No et moi ont été adaptés pour le
cinéma. Va voir les bandes annonces sur Internet et si cela te donne envie regarde le film en
entier !
Pour la séance 4, poursuis ta lecture de L’Ami retrouvé jusqu’au chapitre 6 inclus.
Séance 3
Évoquer ses souvenirs d’enfance avec émotion
Durée : 2h
Dans cette séance, tu vas observer des textes et des images afin de comprendre les différentes
manières d’exprimer les émotions liées à l’évocation de ses souvenirs d’enfance. Cela te permettra
d’enrichir ton vocabulaire.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A L’expression de soi
1- Décris cette illustration le plus précisément possible en utilisant les mots suivants : pelote,
aiguilles, fil, tête, tricoter, livre, pensées, ordonner, écrire. (Tu peux conjuguer les verbes).
2- Quel(s) titre(s) donnerais-tu à ce dessin ?
Compare tes réponses avec celles du corrigé.
B Le vocabulaire du souvenir
Lis attentivement le texte suivant, puis réponds aux questions.
Vendredi, 3 heures.
Mes souvenirs sont comme les pistoles dans la bourse du diable : quand on l’ouvrit, on
n’y trouva que des feuilles mortes. […] J’ai beau fouiller le passé je n’en retire plus que
bribes d’images et je ne sais pas très bien ce qu’elles représentent, si ce sont des souvenirs
ou des fictions. […]
Jean-Paul Sartre, La Nausée (1938) © Éditions Gallimard.
Vocabulaire :
Lis maintenant cet autre texte et réponds aux questions qui suivent :
62
Je me souviens des scoubidous.
63
Je me souviens de « Dop Dop Dop, adoptez le shampooing Dop ».
295
Je me souviens de la barbe à papa dans les fêtes foraines
Georges Perec, Je me souviens (1978) © Hachette.
4- Comment est construit cet extrait ? Quelle est la figure de style utilisée ?
5- Évoque toi aussi cinq souvenirs d’enfance (souvenir personnel, publicité, mode, goût
alimentaire…), à l’aide de phrases courtes, en utilisant le même procédé. Tu numéroteras
comme Georges Perec tes souvenirs.
3- Pour chacun des termes suivants, trouve en t’aidant des lettres données, un synonyme
plus fort.
Chagrin " -r- - - - - - - Colère f - - - - -
Tourment - - u l - - - étonné s - - p - - - - -
Triste dé - - - - - - - perdu dés - - - - - - -
1 2
4 5
6 8
7
3- Comment les sentiments et l’expression du visage de Marjane évoluent-ils dans les deux
dernières bandes (vignettes 4 à 8) ?
Le « Haut Mal », c’est le nom qu’on donnait à l’épilepsie au Moyen Âge. L’Ascension du Haut
Mal, c’est l’histoire d’une famille au milieu des années soixante dont le fils aîné, Jean-Christophe,
est atteint par cette maladie à l’âge de sept ans. C’est son frère David qui raconte cette histoire
familiale.
3- À ton avis, quel est l’intérêt de l’utilisation du noir et blanc par rapport à la couleur ?
4- Quel jugement David B. porte-t-il sur son comportement lorsqu’il était enfant ?
Si tu as envie de découvrir des bandes dessinées qui ont pour thème l’enfance et
l’adolescence, tu peux lire :
Séance 4
Épanouissement de l’amitié
Durée : 1h
L’objectif de cette séance est de comprendre que ce passage de L’Ami retrouvé est un point
culminant dans l’amitié des deux jeunes gens et qu’il annonce pourtant des heures plus sombres.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais
ensuite le travail demandé.
1 Les quelques mois qui suivirent furent les plus heureux de ma vie. Avec la venue du
printemps, toute la campagne ne fut qu’une immense floraison, les cerisiers et les pommiers, les
poiriers et les pêchers, tandis que les peupliers prenaient leur couleur argentée et les saules leur
teinte jaune citron. Les collines bleuâtres de la Souabe1, pleines de douceur et de sérénité, étaient
5 couvertes de vignobles et de vergers et couronnées de châteaux. Ces petites villes médiévales
avaient des mairies à hauts pignons et, autour de leurs fontaines, sur des colonnes entourées de
gargouilles crachant de l’eau, se dressaient des ducs et des comtes souabes portant des noms tel
Eberhardt le Bien-aimé ou Ulrich le Terrible, raides, comiques, moustachus, vêtus de lourdes
armures. Et le Neckar coulait lentement autour d’îles plantées de saules. De tout cela émanait un
10 sentiment de paix, de confiance dans le présent et d’espoir en l’avenir.
Le samedi Conrad et moi prenions un train omnibus2 pour aller passer la nuit dans une de ces
nombreuses et vieilles auberges aux lourdes boiseries, où l’on pouvait trouver à bon marché une
chambre propre, une chère3 excellente et du vin de la région. Nous allions parfois dans la Forêt-
Noire, où les sombres bois, qui exhalaient l’odeur des champignons et des larmes ambrées des
15 lentisques4, étaient émaillés de ruisseaux à truites sur les rives desquels se dressaient des scieries.
Il nous arrivait aussi de gagner les sommets montagneux et, dans les bleuâtres lointains, nous
pouvions voir la vallée du Rhin au cours rapide, les Vosges bleu lavande et la flèche de la
cathédrale de Strasbourg. Ou bien le Neckar5 nous tentait avec
arbres aux blanches floraisons, aux fleurs roses aussi, ou roussâtres, ses arbres sauvages aux
feuilles d’un vert sombre.
Nous choisissions parfois l’Hegau7, où il y avait sept volcans éteints, ou le lac de Constance, le
25 plus rêveur de tous les lacs. Nous allâmes un jour à Hohenstaufen, au Teck et à Hohenfels. Il ne
subsistait pas la moindre pierre de ces forteresses, pas la moindre piste pour marquer la route que
les Croisés8 avaient suivie jusqu’à Byzance et Jérusalem. Non loin de là, se trouvait Tübingen où
132 Hölderlin-Hypérion,
— © Cned, Français 3e notre poète préféré, avait passé trente-six années de sa vie après avoir
sombré dans la folie, entrückt von den Göttern9, emporté par les dieux. Abaissant notre regard sur
30 la tour, la demeure de Hölderlin, sa douce prison, nous récitions notre poème favori :
arbres aux blanches floraisons, aux fleurs roses aussi, ou roussâtres, ses arbres sauvages aux
feuilles d’un vert sombre.
séance 4 — Séquence 5
Nous choisissions parfois l’Hegau7, où il y avait sept volcans éteints, ou le lac de Constance, le
25 plus rêveur de tous les lacs. Nous allâmes un jour à Hohenstaufen, au Teck et à Hohenfels. Il ne
subsistait pas la moindre pierre de ces forteresses, pas la moindre piste pour marquer la route que
les Croisés8 avaient suivie jusqu’à Byzance et Jérusalem. Non loin de là, se trouvait Tübingen où
Hölderlin-Hypérion, notre poète préféré, avait passé trente-six années de sa vie après avoir
sombré dans la folie, entrückt von den Göttern9, emporté par les dieux. Abaissant notre regard sur
30 la tour, la demeure de Hölderlin, sa douce prison, nous récitions notre poème favori :
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
2- À quelle saison les excursions de Hans et Conrad ont-elles lieu ? Justifie ta réponse en
relevant le vocabulaire qui se réfère à cette saison.
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de lire et mémoriser le « je sais déjà » ci-après :
j e sais déjà
L’accord des adjectifs de couleur
Un adjectif de couleur s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se
rapporte comme tous les adjectifs qualificatifs.
Ex. : Des montagnes bleues
Toutefois, il existe des exceptions. L’adjectif de couleur ne s’accorde pas si :
- l’adjectif de couleur est composé de deux adjectifs. Ex. : des montagnes bleu marine.
- l’adjectif de couleur est composé d’un adjectif et d’un nom. Ex. : des montagnes bleu
lavande.
- l’adjectif de couleur provient d’un nom de fruit, de fleur, de matière. Ex. : des nuages ivoire,
des feuilles noisette et orange.
Il y a cependant des cas particuliers : les adjectifs mauve, rose, pourpre, écarlate et fauve
s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils qualifient.
3- Accorde correctement les adjectifs de couleur
a. Des perroquets (vert) …………………. et (jaune citron) ………………….
b. Des ailes (bleu) ………………….
c. Une tache (noir) ………………….
d. Des plages de sable (blanc) ………………….
e. Des nuages (gris cendré) ………………….
f. Des fleurs (rose) …………………. et (mauve) ………………….
g. Des collines (verdoyant) ………………….
4- Classe les couleurs de la liste ci-dessous en t’aidant si besoin d’un dictionnaire.
Ivoire – vermillon – mordoré – crème – saumon – nacre – noisette – ébène – jade – rubis –
coquelicot – émeraude – anthracite – olive – grenat – corail – jais
blanc noir rouge orange vert jaune brun gris
Corrige-toi à l’aide de ton livret de corrigés, puis réponds aux questions ci-dessous :
C Le poème de Hölderlin
1- a) À la fin du texte, quel genre littéraire permet aux jeunes gens de traduire leurs
sentiments ?
b) En quoi ce genre littéraire fait-il écho aux paysages qu’ils visitent ?
2- Observe attentivement le poème. Comment est-il composé ?
3- Quelle opposition peux-tu faire entre les deux strophes ?
4- « les murs se dressent, muets et froids, et, dans le vent, claquent des étendards gelés »
(l. 43 à 45). Que peuvent annoncer ces vers pour la suite de l’histoire compte tenu du
contexte historique en Allemagne en 1932 ?
D Écriture
Sujet d’imagination
Comme Hans et Conrad, il y a sûrement des lieux que tu aimes parcourir avec tes
ami(e)s. Décris ces lieux en utilisant au moins six mots de la « boîte à idées » ci-dessous.
Attention : tu accorderas correctement les adjectifs qualificatifs.
Émerveiller, impression, vert foncé, innombrable, écarlate, irréel, pourpre, mauve, ivoire, bleu marine,
bleu des mers du sud, lie de vin, rouge vermillon, idyllique.*
Regarde dans ton livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Si tu veux lire d’autres livres sur l’amitié, tu peux aussi emprunter au CDI de ton collège ou à
la bibliothèque :
- No et moi, Delphine de Vigan
Séance 5
Découvrir les premières de couverture
Durée : 2h
L’objectif de cette séance est de découvrir les premières de couverture du livre que tu as commencé
à lire. Ainsi, tu retrouveras des éléments de l’histoire que tu connais déjà et cela te donnera des
indices sur la suite.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A Le titre
1- En t’appuyant sur le titre du roman, comment imagines-tu la suite ?
j e sais déjà
La formation des mots
Dans la séquence 2 séance 6 du livret de 6e tu as déjà travaillé sur la dérivation, c’est-à-
dire sur la formation des mots. Voici les points importants à retenir :
La dérivation : les mots dérivés sont construits à partir d’un radical auquel on rajoute un
préfixe ou un suffixe. Ils forment ainsi une famille de mots.
Le préfixe : élément qui se place avant le radical en modifiant le sens du mot.
Ex : chercher, rechercher.
Voici quelques exemples de préfixes avec leur sens :
- a-, an- : « absence ». Ex. : amoral, anormal.
- anti- : « contre ». Ex. : antigel, antisèche.
- auto- : « soi-même ». Ex. : autobiographie, autodidacte.
- bi-, bis- : « deux ». Ex. : bimensuel, bilatéral.
- en-, em-, in-, im- : « à l’intérieur ». Ex. : emprisonner, importer.
- ex- : « en dehors ». Ex. : exporter, extérieur.
- hyper- : « idée d’intensité, caractère excessif ». Ex. : hypertension, hypersonique.
- hypo- : « insuffisance ». Ex. : hypotension, hypoglycémie.
- in-, im-, il-, ir- : « négatif ». Ex. : inégal, illégal.
Le suffixe : élément qui se place après le radical en modifiant la classe grammaticale du
mot et parfois aussi le sens :
Ex. : retrouver, retrouvailles, retrouvé ; jaune " jaunâtre.
B Les images
Observe attentivement ces différentes illustrations de L’Ami retrouvé.
Document 1 Document 2
Document 3 Document 4
2- Pour chacun de ces quatre documents, que peux-tu dire de la relation entre les
personnages sur chacune de ces illustrations ? Réponds en complétant le tableau
ci-dessous.
4- Quel est selon toi le contexte historique et le pays dans lequel se déroule cette
histoire ? Explique. Quel élément représenté sur l’arrière-plan de deux de ces premières
de couvertures te permet d’être précis ?
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de lire et mémoriser le « Je retiens » ci-après.
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de lire et mémoriser le « Je retiens » ci-dessous.
4- Transforme les mots soulignés par des verbes qui commencent par ag-, al-, an-, ou at-.
a- L’avion se pose à terre : L’avion ………………………………………
b- L’architecte rend plus grande la maison : L’architecte ………………………………………
c- Il rend plus lourd son cartable en ajoutant des livres : Il ………………………………………
d- L’élève écrit des notes sur son cahier : L’élève ………………………………………
e- Il rend plus léger son sac en enlevant ses manuels : Il ………………………………………
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de faire le travail d’écriture ci-dessous.
D Écriture
Dans l’image du document 2, le jeune garçon est seul. Avec les indices que tu as recueillis
pendant cette séance, raconte en quelques lignes pourquoi il n’est pas avec son ami.
Regarde dans ton livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
140 — © Cned, Français 3e
séance 6 — Séquence 5
Séance 6
Je m’évalue
Durée : 1h30
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu as oublié quelque chose ou si tu n’es pas
sûr de toi, tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes réponses.
Il est très important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.
Une …………..…..
Un …………..…..
L’accord des adjectifs de couleur D’accorder correctement les adjectifs de
couleur :
Un adjectif de couleur s’accorde en
……………………. et en ……………………. Ex. : - des gants orange…
avec le ……………………. auquel il se
- des yeux marron…
rapporte comme tous les adjectifs
qualificatifs. - des yeux bleu… foncé…
Mais il existe des exceptions. L’adjectif de - des jupes rouge...
couleur ne s’accorde pas si : - des jupes rose…
- l’adjectif de couleur est composé de
……………………. .
- l’adjectif de couleur est composé d’un
……………………. et d’un …………………. .
- l’adjectif de couleur provient d’un nom
de ……………………., de …………………….,
de ……………………. .
Il y a cependant des exceptions : les
adjectifs mauve, rose, …………………….,
écarlate et ……………………. s’accordent
en genre et en nombre avec le nom qu’ils
qualifient.
Te voilà arrivé au terme de cette séquence … mais pas de L’Ami retrouvé ! L’étude de ce roman
va se poursuivre dans la prochaine séquence. Avant de la commencer, poursuis ta lecture jusqu’au
chapitre 14 inclus.
Séance 1 Désillusion
Séance 7 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Compétence 1 : La maîtrise de la langue française
- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments
implicites nécessaires
- Dégager par écrit l’essentiel d’un texte lu
- Écrire lisiblement un texte, spontanément ou sous la dictée, en respectant l’orthographe et
la grammaire
- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de
consignes données
Compétence 5 : La culture humaniste
- Établir des liens entre des œuvres littéraires et artistiques pour mieux les comprendre
- Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire
- Avoir des connaissances et des repères relevant du temps: connaître les différentes
périodes de l’histoire de l’humanité, les grands traits de l’histoire (politique, sociale,
économique, littéraire, artistique, culturelle) de la France et de l’Europe
- Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique, de curiosité : Manifester sa curiosité pour
l’actualité et pour les activités culturelles ou artistiques
Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative
- Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et
sélectionner des informations utiles
Séance 1
Désillusion
Durée : 2h
Dans la séquence précédente, tu as vu que, malgré leurs différences, Hans et Conrad entretiennent
une amitié forte et sincère. Tu as lu la suite du roman jusqu’au chapitre 14 et sais donc que ces
deux garçons partagent beaucoup de moments ensemble et que rien ne semble pouvoir les séparer.
Ils vont régulièrement l’un chez l’autre, mais Hans souffre de n’avoir jamais rencontré les parents
de son ami. Curieusement, ils sont toujours absents lorsqu’il est invité à entrer dans la magnifique
demeure. Le jeune homme se pose de plus en plus de questions. Que lui cache son meilleur ami ?
Tu vas découvrir dans cette nouvelle séquence le secret de Conrad. L’amitié entre les deux garçons
pourra-t-elle alors continuer ?
© Cned/ N. Julo
Dans l’extrait de cette séance, tu verras que Hans avait raison de se poser des questions sur
l’attitude mystérieuse de son meilleur ami. Un événement important aura lieu lors d’une soirée
à l’opéra, ce qui marquera le début de la désillusion du jeune garçon. Cette séance te permettra
également de revoir les phrases complexes comportant des propositions subordonnées.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Hans et Conrad sont amis et se rendent l’un chez l’autre régulièrement mais Hans se demande
pourquoi il n’a jamais rencontré les parents de son camarade. Il s’inquiète et s’interroge… Dans
cette scène, Hans va voir les parents de son ami pour la première fois.
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation
de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
1 - « Fidelio » (l.2) : unique opéra de Ludwig Von Beethoven composé en 1805.
2 - « Furtwängler » (l.2) : Gustav Furtwängler était un chef d'orchestre et compositeur allemand.
3 - « fauteuil d’orchestre » (l.3) : place située au parterre (rez-de-chaussée) d’une salle de théâtre.
4 - « diadème » (l. 10) : couronne.
B La désillusion
1- Relève l’expression que le narrateur emploie pour décrire Conrad à son arrivée à l’Opéra.
Pourquoi le jeune homme semble-t-il différent ?
j e retiens La périphrase*
On utilise une périphrase* lorsqu’on remplace un mot par un groupe de mots de
même sens pour mettre en valeur un aspect particulier d’un être ou d’une chose.
Ex : Je reconnus mon ami, un étrange et élégant jeune homme en smoking (l. 8-9)
Compare tes réponses avec celles de ton livret de corrigés, puis lis et mémorise le « Je retiens »
suivant :
© Cned, Français 3e — 147
Séquence 6 — séance 1
5) Conrad se dit qu’il pourra échanger des pièces de monnaie avec son ami.
3- Transforme les deux phrases simples suivantes en une seule phrase complexe. Utilise pour
ce faire une conjonction ou une locution conjonctive exprimant la valeur circonstancielle
entre parenthèses. Attention, tu devras peut-être faire des modifications pour que ta
phrase soit correcte (concernant les verbes notamment).
4) Il n’arrête pas de réviser son cours. Ses parents voient qu’il veut avoir son brevet. (but)
Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés avant de relire l’extrait pour répondre aux questions
suivantes :
2- « Ils se dressaient là, unis, supérieurs, escomptant que les assistants les contempleraient
bouche bée ». (l. 13-14)
Quelles sont les attentes des Hohenfels dans cette phrase ? Justifie ta réponse.
E La disgrâce
1- a) Au début de l’entracte, quel type de phrase est employé ?
2- À ce moment-là de l’extrait, quel est le sentiment ressenti par Hans ? Quelle figure de
style est ici employée pour renforcer ce sentiment ?
3- À la ligne 32, quel terme très fort le narrateur choisit-il d’employer pour faire référence à
l’épreuve qu’il doit endurer ? Explique-le.
Compare tes réponses avec celles de ton livret de corrigés avant de continuer.
F Réécriture
« Là, appuyé contre l’une des colonnes et m’efforçant d’avoir l’air hautain et dédaigneux,
j’attendis l’apparition des Hohenfels. Mais quand je les vis enfin, j’eus envie de m’enfuir. »
(l. 25-27)
Termine de lire le chapitre 15 et lis également le chapitre 16, puis passe à la séance 2.
Séance 2
Un climat tendu
Durée : 2h
Dans cette nouvelle séance, tu découvriras les difficultés que doit surmonter au quotidien Hans.
L’école est pour lui maintenant le lieu de brimades et de menaces et son amitié avec Conrad
se délite encore. Cette séance te permettra aussi de travailler les propositions subordonnées
circonstancielles de condition et le subjonctif.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
C’est dans un contexte politique agité qu’évolue l’amitié de Hans et Conrad mais les violences
n’atteignent pas les deux amis qui considèrent ces événements comme des « incidents mineurs ». Pour
la première fois, Hans va être directement confronté à l’antisémitisme (si tu ne sais plus ce que
signifie ce mot, réfère-toi à ton cours d’histoire) ambiant. Son ami l’aidera-t-il dans cette épreuve ?
1 Jusqu’alors, je ne m’étais jamais heurté à plus d’animosité1 que celle que l’on trouve
généralement parmi des garçons de classes sociales et d’intérêts différents. Personne ne semblait
avoir une opinion bien arrêtée à mon sujet et je n’avais jamais subi d’intolérance religieuse ou
raciale. Mais lorsque j’arrivai au lycée un matin, j’entendis à travers la porte close de ma classe le
5 bruit d’une violente discussion. « Les Juifs, entendis-je, les Juifs. » Ces mots étaient les seuls que
je puisse distinguer, mais ils se répétaient en chœur et l’on ne pouvait se méprendre2 sur la
passion avec laquelle ils étaient proférés3.
J’ouvris la porte et la discussion cessa brusquement. Six ou sept garçons, debout, formaient un
groupe. Ils me regardèrent fixement comme s’ils ne m’avaient jamais vu. Cinq d’entre eux
10 gagnèrent leur place en traînant les pieds, mais deux autres, Bollacher, l’inventeur de « Castor et
Pollack4 », qui me parlait à peine depuis un mois, et Schulz, un rustre5 agressif qui pesait bien
soixante-seize kilos, fils d’un pauvre pasteur de village, destiné à suivre la voie de son père, me
regardèrent droit dans les yeux. Bollacher ricana — cette sorte de ricanement supérieur et stupide
qu’arborent certaines personnes lorsqu’elles voient un babouin au zoo — mais Schulz, se
15 pinçant le nez comme s’il sentait une mauvaise odeur, me dévisagea d’un air provoquant.
J’hésitai un instant. Je pensais avoir une chance sur deux au moins de terrasser6 ce gros lourdaud,
mais je ne voyais pas comment cela pourrait arranger les choses. Une trop grande quantité de
poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée. J’allai donc à ma place et fis semblant de
jeter un dernier coup d’œil sur mes devoirs du soir, à l’exemple de Conrad, qui se donnait un air
20 trop occupé pour prêter attention à ce qui se passait.
Or, encouragé par mon indécision à relever le défi de Schulz, Bollacher se précipita vers moi.
« Pourquoi ne retournes-tu pas en Palestine, d’où tu es venu ? » hurla-t-il. Et, tirant de sa poche
un petit bout de papier imprimé, il le lécha et le colla sur mon banc, devant moi. Il y était écrit :
« Les Juifs ont ruiné l’Allemagne. Citoyens, réveillez-vous ! »
25 — Ote-moi ça, dis-je.
150 —— Ote-le
© Cned, toi-même,
Français 3e répondit-il. Mais attention, si tu le fais, je te casse la figure.
C’était le moment critique. La plupart des garçons, y compris Conrad, se levèrent pour voir ce
qui allait se passer. Cette fois, j’avais trop peur pour hésiter. C’était vaincre ou mourir. De toutes
mes forces, je frappai Bollacher au visage. Il chancela, puis revint vers moi. Ni l’un ni l’autre
30 n’avions la moindre expérience de la lutte ; dans ce combat, les règles étaient ignorées… oui,
mais je ne voyais pas comment cela pourrait arranger les choses. Une trop grande quantité de
poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée. J’allai donc à ma place et fis semblant de
jeter un dernier coup d’œil sur mes devoirs du soir, à l’exemple de Conrad, qui se donnait un air
20 trop occupé pour prêter attention à ce qui se passait.
Or, encouragé par mon indécision à relever le défi de Schulz, Bollacher se précipita vers moi.
« Pourquoi ne retournes-tu pas en Palestine, d’où tu es venu ? » hurla-t-il. séance — Séquence
Et,2tirant 6
de sa poche
un petit bout de papier imprimé, il le lécha et le colla sur mon banc, devant moi. Il y était écrit :
« Les Juifs ont ruiné l’Allemagne. Citoyens, réveillez-vous ! »
25 — Ote-moi ça, dis-je.
— Ote-le toi-même, répondit-il. Mais attention, si tu le fais, je te casse la figure.
C’était le moment critique. La plupart des garçons, y compris Conrad, se levèrent pour voir ce
qui allait se passer. Cette fois, j’avais trop peur pour hésiter. C’était vaincre ou mourir. De toutes
mes forces, je frappai Bollacher au visage. Il chancela, puis revint vers moi. Ni l’un ni l’autre
30 n’avions la moindre expérience de la lutte ; dans ce combat, les règles étaient ignorées… oui,
mais c’était également nazi contre juif, et je me battais pour la meilleure cause.
Le sentiment passionné qui m’animait alors eût pu ne pas suffire à me tirer de là si Bollacher,
en voulant m’assener7 un coup que j’évitai, n’avait trébuché et ne s’était coincé entre deux
pupitres8 au moment où Pompetzki en personne entrait dans la classe. Bollacher se mit sur pied.
35 Me désignant du doigt tandis que des larmes de mortification9 coulaient sur ses joues, il dit :
— Schwarz m’a attaqué.
Pompetzki me regarda.
— Pourquoi avez-vous attaqué Bollacher ?
— Parce qu’il m’a insulté, dis-je, tremblant de tension et de rage.
40 — Il vous a insulté ? Que vous a-t-il dit ? demanda Pompetzki avec douceur.
— Il m’a dit de retourner en Palestine, répondis-je.
— Oh, je vois, dit Pompetzki avec un sourire, mais ce n’est pas une insulte, mon cher
Schwarz ! C’est plutôt un conseil amical. Asseyez-vous tous les deux. Si vous voulez
vous battre, battez-vous dehors autant que vous voudrez. Mais souvenez-vous Bollacher,
45 qu’il vous faut être patient. Bientôt, tous nos problèmes seront résolus. Et maintenant,
revenons à notre cours d’histoire.
A À l’épreuve de l’antisémitisme
1- Pour quelle raison une dispute éclate-t-elle entre Hans et ses camarades ?
2- « Une trop grande quantité de poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée »
(l. 17-18). De quel poison s’agit-il ?
j e sais déjà
L’impératif présent
L’impératif présent n’a pas de sujet exprimé et ne comporte que trois personnes : 2e du
singulier, 1re et 2e du pluriel.
Les terminaisons des verbes du 1er groupe : -e, -ons, -ez
Exemple : mange, mangeons, mangez.
Attention : certains verbes du 3e groupe se conjuguent sur le même modèle.
Exemples : cueille, cueillons, cueillez / souffre, souffrons, souffrez…
Les terminaisons des autres verbes : -s, -ons, -ez
Exemple : finis, finissons, finissez.
Attention : la 2e personne du singulier prend un –s devant en et y
Exemple : Ils vendent des oranges au marché, vas-y et rapportes-en.
j e sais déjà
Le subjonctif
1- La conjugaison du subjonctif
Le mode subjonctif comprend quatre formes : présent, passé, imparfait et plus-que-
parfait.
Le subjonctif présent
Les terminaisons sont toujours les mêmes quel que soit le groupe du verbe :
-e, -es, -e, -ions, -iez, -ent sauf pour « être » et « avoir » qui ont au singulier -s, -s-, -t
Attention : Quelques verbes du 3e groupe sont irréguliers !
Ex. : aller : que j’aille ; faire : que je fasse ; falloir : qu’il faille ; pouvoir : que je puisse ; savoir : que je
sache, vouloir : que je veuille.
Le subjonctif passé
C’est le temps composé qui correspond au subjonctif présent ; il se forme au moyen de
l’auxiliaire « être » ou « avoir » conjugué au subjonctif présent suivi du participe passé.
Ex. : que je sois sorti, que j’aie frappé.
Le subjonctif imparfait
Il est assez rare et ne se rencontre que dans un niveau de langue soutenu, le plus souvent
à la 3e personne du singulier.
Il est formé sur le radical du passé simple suivi des terminaisons :
-sse, -sses, - ^t, -ssions, -ssiez, -ssent.
Ex. : il fallait qu’il le crût, il fallait que je réussisse.
Le subjonctif plus-que-parfait
C’est le temps composé qui correspond au subjonctif imparfait. Il se forme au moyen de
l’auxiliaire « être » ou « avoir » conjugué au subjonctif imparfait suivi du participe passé.
Ex : que je fusse tombé, que vous eussiez réussi.
2- Les valeurs et les emplois du subjonctif
Le subjonctif exprime des actions possibles, incertaines liées à des sentiments ou à des
volontés.
Il peut s’employer soit dans des propositions indépendantes ou principales soit dans des
propositions subordonnées.
Il peut exprimer :
Il peut aussi être employé après des verbes d’opinion dans les phrases à la forme négative
ou interrogative. Dans ce cas, on peut hésiter entre les modes indicatif et subjonctif.
L’indicatif va exprimer une plus grande certitude que le subjonctif.
- Le mode indicatif Ex : Je ne crois pas qu’il intervient pour défendre son ami.
- Le mode subjonctif Ex : Je ne crois pas qu’il intervienne pour défendre son ami.
1- Au cours de la dispute, Hans éprouve des sentiments différents. Relève trois expressions
qui décrivent son état d’esprit et analyse l’évolution de ses sentiments.
2- Bollacher menace ainsi Hans aux lignes 26 : « Mais attention, si tu le fais, je te casse la
figure ». Comment analyses-tu la proposition incise, entre virgules ?
M éthodologie
Comment analyser une proposition ?
Une phrase peut comporter une ou plusieurs propositions. Une proposition est un
groupe de mots organisés autour d’un verbe conjugué. La phrase contient donc autant
de propositions que de verbes conjugués.
V1 V2
b) Hans trouve-t-il de l’aide autour de lui ? En quoi cela rend-il encore plus difficile cette
confrontation ?
c) À ton avis, que va-t-il se passer après cet épisode ? Hans osera-t-il revenir à l’école ?
Que peut-on craindre ?
D Expression écrite
Après avoir terminé ton travail, lis dans ton livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible
d’écrire.
Séance 3
Histoire des Arts : la propagande nazie
Durée : 1h30
L’objectif de cette séance est de te préparer à l’épreuve d’histoire des arts. Tu étudieras des affiches
de propagande nazie afin de mieux comprendre l’Allemagne dans laquelle se déroule l’histoire de
L’Ami retrouvé.
Lors de l’épreuve d’Histoire des Arts, tu pourras être interrogé sur des œuvres aux
supports variés. Tu dois être capable d'identifier la nature de celles-ci. Voici un petit
lexique des arts, il te donnera une petite idée de ce qui t’attend. Tu peux être par exemple
interrogé sur :
- Une affiche publicitaire : elle associe le plus souvent du texte et de l’image. Elle est
destinée à vanter un produit ou à inciter à adhérer à une cause (comme dans une affiche
de propagande).
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
7- à ton avis, quels sentiments traduisent le visage et la position des mains du personnage
principal ?
8- Selon toi, quelles peuvent être les émotions ressenties par les personnes qui à l’époque
regardent l’affiche ?
Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés. Maintenant, lis et mémorise le « Je retiens »
suivant.
C Forger la jeunesse
2- Commente la composition de l’affiche en t’appuyant par exemple sur les couleurs, les
tailles, l’orientation des visages et regards…
Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés. Maintenant, lis et mémorise le « Je retiens »
suivant.
La propagande nazie a beaucoup utilisé les affiches pour servir son idéologie mais il y avait
Tu peux visionner les premières minutes du film Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl,
pour glorifier et mythifier le régime et Hitler. La séquence d’ouverture fait d’Hitler un dieu
Si le sujet t’intéresse, tu peux également faire des recherches sur la dictature Nord-Coréenne.
Les affiches de propagande y sont encore d’actualité, elles glorifient le pays et ses dirigeants.
Séance 4
Rencontrer l’auteur
Durée : 1h30
Cette séance va te permettre de faire la connaissance de l’auteur, Fred Uhlman. Cet homme a eu
un parcours atypique - c’est-à-dire hors du commun - et tu découvriras au fil des séances qu’il s’est
inspiré des événements politiques qui ont marqué sa vie pour raconter l’histoire de L’Ami retrouvé.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Nous te proposons de rencontrer Fred Ulhman par le biais d’une interview imaginaire : lis-la bien
avant de répondre aux questions.
Interview imaginaire de Fred Ulhman
Fred Ulhman, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis né le 19 janvier 1901 à Stuttgart en Allemagne. Ma famille, juive mais peu
pratiquante, était installée depuis deux siècles dans ce pays. J’ai fait mes études dans un
prestigieux lycée de ma ville natale, puis j’ai effectué des études de droit à l’université
pour devenir avocat. Très vite, je me suis engagé en politique et ai adhéré au Parti
social-démocrate, adversaire du Parti nazi. Mais après la victoire d’Hitler aux élections
législatives de 1932, j’ai échappé de peu à la déportation et ai fui l’Allemagne.
Dans quel pays vous êtes-vous réfugié ?
Je me suis exilé dès 1933 en France. Je me suis installé à Paris et j’ai fréquenté les milieux
artistiques et en particulier le monde de la peinture. Je me suis moi-même mis à peindre
et ai connu un certain succès.
C’est votre portrait ici ?
Oui, c’est un portrait de moi réalisé par Kurt Schwitters dans les années 1940. Lui aussi
devra quitter l’Allemagne après l’arrivée du parti nazi au pouvoir. Ses tableaux seront
décrochés des murs des musées allemands et ses œuvres figureront à l’exposition de
l’ « art dégénéré » à Munich.
C’est l’expression employée par les nazis pour qualifier les œuvres artistiques qui ne
correspondaient pas à l’art officiel qui servait le parti. À cette exposition, les visiteurs
étaient invités à confronter les productions de malades mentaux et celles de représentants
de l’avant-garde…
Non, je suis parti en Espagne où j’ai rencontré Diana, fille d’un parlementaire anglais.
Nous nous sommes alors installés en Angleterre. J’ai essayé d’y faire venir mes parents
restés en Allemagne mais ils ont refusé. Ils sont morts en déportation. Ma sœur
également a connu un sort funeste, elle s’est jetée sous le train qui devait les mener, elle
et son bébé, au camp d’Auschwitz.
J’ai appris rapidement l’anglais et n’ai plus jamais parlé ma langue natale. J’ai renié
totalement mes origines. Nous avons été recueillis par un groupe d’intellectuels refugiés
eux-aussi et nous avons imaginé des moyens de combattre les nazis. Nous avons créé
ensemble la Ligue allemande libre pour la culture. En 1940, j’ai été arrêté par le gouvernement
britannique qui me suspectait d’être un espion parce que j’étais allemand. J’ai passé six
mois sur l’île de Man, située en mer d’Irlande.
Vous avez beaucoup voyagé au cours de votre vie, quelle est votre nationalité de cœur ?
Avant 1933, je me sentais allemand avant d’être juif, je suis maintenant européen.
1- Fred Ulhman nous a raconté brièvement sa vie et celle de ses parents, mais as-tu bien lu ?
Pour vérifier ta compréhension, entoure dans la grille ci-après les mots correspondant
aux définitions proposées.
Horizontalement
c- Prénom de l’auteur
Verticalement
2- Selon toi, pourquoi Fred Ulhman n’a-t-il pas écrit l’histoire de L’Ami retrouvé dans sa
langue maternelle mais en anglais ?
3- Pourquoi Fred Uhlman a-t-il souhaité, selon-toi, publier cette histoire personnelle et
douloureuse ?
Si tu as envie de connaître davantage la vie de Fred Ulhman, nous te conseillons de lire son
autobiographie Il fait beau à Paris aujourd’hui. Il y raconte notamment son départ précipité de
son pays natal. En voici quelques lignes :
« Le 23 mars, Pazaurek me téléphona. Il avait vu Dill, un juge avec lequel j’avais toujours été
en bons termes et qui, je fus choqué de le découvrir, se révéla être un vieux membre du parti nazi.
Dill lui avait dit : « Si vous voyez Uhlmännle (le petit Uhlman), dites-lui qu’il fait beau à Paris
aujourd’hui. Dites-lui bien aujourd’hui ».
J’avais compris. Je rassemblai quelques vêtements, pris un peu d’argent et, sans pouvoir
même dire au revoir à mes parents, sautai dans ma voiture et partis.
C’est ainsi que je quittai ma patrie, la ville où j’avais passé trente-deux ans de ma vie… »
Fred Uhlman, Il fait beau à Paris aujourd’hui, Éditions Stock, 2001, p.194.
Tu peux également t’intéresser aux peintres qui ont été classés par les nazis dans l’ « art
dégénéré » : Picasso, Otto Dix, Max Ernst, Marc Chagall…
Séance 5
Écrire une lettre
Durée : 1h30
L’objectif de cette séance est de réviser les codes de la lettre et de travailler l’argumentation.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
L’amitié entre les deux garçons est de plus en plus difficile à cause du contexte politique en
Allemagne. Ils s’éloignent progressivement et Hans, suite à la décision de ses parents, va quitter son
pays pour se réfugier aux Etats-Unis. Au chapitre 17, comme tu l’as déjà lu par toi-même, Conrad
lui écrit une lettre avant son départ.
Relis-la attentivement ci-dessous et écoute-la à la piste 14 de ton CD :
1 Mon cher Hans,
C’est là une lettre difficile. Laisse-moi d’abord te dire combien je suis triste de te voir partir
pour l’Amérique. Il ne peut être aisé pour toi, qui aimes l’Allemagne, de commencer une vie
nouvelle en Amérique, pays avec lequel toi et moi n’avons rien en commun, et j’imagine ton
1
5 amertume et ton chagrin. D’autre part, c’est probablement la chose la plus sensée que tu puisses
faire. L’Allemagne de demain sera différente de celle que nous avons connue. Ce sera une
Allemagne nouvelle sous la conduite de l’homme qui va décider de notre destin et de celui du
monde entier pour des siècles à venir. Tu seras scandalisé si je te dis que je crois en cet homme.
Lui seul peut préserver notre pays bien-aimé du matérialisme2 et du bolchevisme3 ; c’est grâce à
10 lui seul que l’Allemagne regagnera l’ascendant moral4 qu’elle a perdu par sa propre folie. Tu n’en
conviendras pas, mais je ne vois pas d’autre espoir pour l’Allemagne. Il nous faut choisir entre
5
Staline et Hitler, et je préfère Hitler. Sa personnalité et sa sincérité m’ont impressionné plus que
je ne l’eusse cru possible. J’ai fait récemment sa connaissance alors que je me trouvais à Munich
avec ma mère. Extérieurement, c’est un petit homme quelconque, mais, dès qu’on l’écoute, on est
15 entraîné par sa force de conviction, sa volonté de fer, sa violence inspirée et sa perspicacité
prophétique6. En sortant, ma mère était en larmes et ne cessait de répéter : « C’est Dieu qui nous
l’a envoyé. » Je suis plus fâché que je ne saurais dire de ce que, pour un certain temps — peut-
être un an ou deux — il n’y aura pas place pour toi dans cette Nouvelle Allemagne. Mais je ne
vois pas pourquoi tu ne reviendrais pas plus tard. L’Allemagne a besoin de gens comme toi et je
20 suis convaincu que le Führer est parfaitement capable et désireux de choisir, parmi les éléments
juifs, entre les bons et les indésirables.
Je suis heureux que tes parents aient décidé de rester. Bien entendu, personne ne les molestera7
25 et ils pourront vivre et mourir ici en paix et en sécurité.
Peut-être, un jour, nos chemins se croiseront-ils de nouveau. Je me souviendrai toujours de toi,
cher Hans ! Tu as eu sur moi une grande influence. Tu m’as appris à penser, et à douter, et, grâce
au doute, à trouver Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Bien à toi,
Conrad v. H.
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute
utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdit www.gallimard.fr
Notes
168 : — © Cned, Français 3e
1 - « amertume » (l.5) : rancœur, déception.
2 - « matérialisme » (l.9) : attitude qui consiste à s’attacher à la jouissance de biens matériels.
3 - « bolchevisme » (l.9) : communisme russe. Les Nazis détestent les communistes qui sont pour eux
responsables, comme les Juifs, des malheurs de l’Allemagne.
4 - « ascendant moral (l.10) : grandeur, pouvoir.
cher Hans ! Tu as eu sur moi une grande influence. Tu m’as appris à penser, et à douter, et, grâce
au doute, à trouver Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Bien à toi,
Conrad v. H.
séance 5 — Séquence 6
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute
utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
1 - « amertume » (l.5) : rancœur, déception.
2 - « matérialisme » (l.9) : attitude qui consiste à s’attacher à la jouissance de biens matériels.
3 - « bolchevisme » (l.9) : communisme russe. Les Nazis détestent les communistes qui sont pour eux
responsables, comme les Juifs, des malheurs de l’Allemagne.
4 - « ascendant moral (l.10) : grandeur, pouvoir.
5 - « Staline » (l.12) : Joseph Staline, homme politique russe qui arrive au pouvoir en 1924 après la mort de
Lénine. Il impose rapidement un régime totalitaire.
6 - « perspicacité prophétique » (l. 16) : lucidité, clairvoyance quant à l’avenir.
7 - « molestera » (l. 24) : violentera, persécutera.
A Le genre de la lettre
j e sais déjà
Les codes de la lettre
- Le nom de la personne qui reçoit la lettre dans la formule d’appel : c’est le destinataire.
1- Surligne dans l’extrait tous les indices qui prouvent qu’il s’agit d’une lettre puis complète
le tableau ci-dessous.
2- Voici une lettre à trous. Tu dois remettre à la bonne place les expressions ci-dessous.
Bien à toi Le 28 mars 1933 Mon cher Hans Ton fidèle ami
Je t’écris cette courte lettre pour te demander de tes nouvelles. Tu n’es pas venu hier au
collège et je m’inquiète pour toi. As-tu besoin d’aide ?
3- « Je suis heureux que tes parents aient décidé de rester. Bien entendu, personne ne les
molestera et ils pourront vivre et mourir ici en paix et en sécurité » (l. 24-25).
Conrad rassure son ami mais a-t-il raison d’être aussi confiant en l’avenir ? Qu’en penses-
tu ?
D Travail d’écriture
À la réception de la lettre de son ami, Hans décide de lui répondre. En une trentaine de
lignes, il exprimera son incompréhension face à l’adhésion de Conrad aux idées d’Hitler,
sa tristesse de s’éloigner de ses parents et son regret de quitter son pays et son ami.
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les
consignes en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ta lettre sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé
un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Si tu as envie de découvrir des romans construits par lettres, tu peux lire aussi :
- Le cercle littéraire des amateurs des épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie
Barrows.
Pour la séance suivante, termine de lire L’Ami retrouvé si ce n’est déjà fait !
Séance 6
Comprendre le sens du titre L’Ami retrouvé
Durée : 1h30
Souviens-toi : au début de la séquence 5, tu t’es interrogé(e) sur le sens du titre l’Ami retrouvé.
Nous arrivons au terme du roman et de notre étude et la question reste en suspens. Sois rassuré(e) :
c’est dans cette ultime séance, consacrée à la fin du roman, qu’enfin ta curiosité va être satisfaite.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
1 Je continuai à parcourir toute la liste, sauf les noms commençant par « H », et, quand j’eus
fini, je vis que vingt-six garçons de ma classe, sur quarante-six, étaient morts pour « das 1000-
jährige Reich.1 »
Je reposai la liste… et attendis.
5 J’attendis dix minutes, une demi-heure, sans quitter du regard ces pages imprimées qui
émanaient2 de l’enfer de mon passé antédiluvien3 et avaient fait irruption pour me troubler l’esprit
et me rappeler quelque chose que je m’étais tant efforcé d’oublier.
Je travaillai un peu, donnai quelques coups de téléphone et dictai quelques lettres. Et je ne
pouvais encore ni délaisser cet appel, ni me forcer à chercher le nom qui m’obsédait.
10 Je décidai finalement de détruire cette chose atroce. Avais-je vraiment envie ou besoin de
savoir ? S’il était mort ou vivant, quelle différence cela ferait-il pour moi, puisque, de toute façon,
je ne le reverrais jamais ?
Mais en étais-je bien certain ? Était-il absolument hors de question que la porte pût s’ouvrir
pour lui laisser passage ? Et n’étais-je pas, en cet instant même, en train de prêter l’oreille4 pour
15 entendre son pas ?
Je saisis le fascicule et j’étais sur le point de le mettre en pièces lorsque, au dernier moment, je
retins ma main. M’armant de courage, tremblant, je l’ouvris à la lettre « H » et lus :
« VON HOHENFELS, Conrad, impliqué dans le complot contre Hitler. Exécuté. »
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute
utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
Notes :
1 - « das 1000-jährige Reich » (l.3) : l’empire de mille ans. Expression nazie qui désigne l’Allemagne créée par
Hitler.
2 - « émanaient » (l.6) : sortaient, provenaient.
3 - « antédiluvien » (l.6) : très lointain. Au sens propre, qui date d’avant le Déluge.
4 - « prêter l’oreille » (l.14) : tendre l’oreille, écouter attentivement.
Hans a quitté l’Allemagne depuis de nombreuses années et vit maintenant aux États Unis. Il
a épousé une américaine, dont il a eu un enfant, et a mené une brillante carrière d’avocat.
Cependant, malgré sa réussite matérielle, le narrateur ne semble pas heureux. Un jour, il reçoit
une lettre de son ancien lycée qui va le marquer pour toujours.
C L’effet de surprise
1- Hans parcourt la liste par ordre alphabétique en évitant soigneusement une lettre. Pour
quelles raisons ?
2- a) Qu’apprends-tu à la dernière phrase du roman ?
b) Qu’en déduis-tu sur l’évolution idéologique de Conrad après le départ de Hans pour
l’Amérique ?
3- Commente la mise en forme et la construction de cette phrase par rapport à celles qui
concernent les autres élèves (reporte-toi à ton exemplaire du roman). Que peux-tu en
déduire ?
4- Fais le lien avec le titre de l’œuvre.
j e sais déjà
Un récit à chute
Les récits à chute suscitent la surprise du lecteur à la fin de l’histoire. Un élément vient
éclairer l’intrigue et permet le basculement des événements
j 'approfondis
Les fonctions d’un titre de roman.
Le titre d’un roman peut avoir plusieurs fonctions. D’abord, il permet souvent d’identifier
son contenu : L’Ami retrouvé implique qu’il s’agisse d’une histoire d’amitié. Ensuite, il peut
attiser la curiosité du lecteur par sa formulation. Ici, le mot « retrouvé » incite le lecteur
à s’interroger : « si cet « ami » est « retrouvé », c’est donc qu’il a été perdu. Pourquoi ?
Comment ? »
En commençant sa lecture du roman, le lecteur s’attend donc à avoir les réponses à ses
questions : on parle alors d’horizon attente. Dans le récit de Fred Uhlman que tu viens
de lire, ce n’est qu’à la dernière phrase que le titre prend tout son sens : c’est la chute qui
donne enfin au lecteur la réponse à ses interrogations initiales.
D Expression écrite
1- Sujet d’imagination : Imagine les sentiments de Hans lorsqu’il découvre que Conrad a été
exécuté pour avoir mené le complot contre Hitler. Tu écriras la suite du passage étudié
dans cette séance. Ton récit commencera par cette phrase : « Je reposai la lettre sur mon
bureau, me levai pour regarder à la fenêtre et pensai à mon amitié passée avec Conrad… »
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les
consignes en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton texte sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé
un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
2- Sujet de réflexion : Selon toi, peut-on tout pardonner par amitié ? écris cinq phrases en
utilisant des propositions subordonnées de condition. Veille à varier les conjonctions ou
locutions conjonctives et à conjuguer aux temps et modes appropriés.
Si tu as envie d’être surpris(e) à la fin d’un récit, tu peux lire d’autres récits à chute :
- « Pauvre petit garçon » de Dino Buzzati
Séance 7
Je m’évalue
Durée : 1h30
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu as oublié quelque chose ou si tu n’es
pas sûr(e) de toi, tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes
réponses. Il est très important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Compétence 1 : La maîtrise de la langue française
- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments
implicites nécessaires.
- Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu.
- Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire.
- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une
consigne donnée.
Compétence 5 : La culture humaniste
- Établir des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre.
4 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 7
Séance 1
Étudier le prologue
Je peux lire aussi… Dans le cadre de cette séquence, tu peux lire aussi en
lecture cursive les œuvres suivantes :
- Sophocle : Antigone
- Jean Anouilh : Œdipe ou le Roi boiteux
- Jean Cocteau : La Machine infernale
- Jean Giraudoux : La Guerre de Troie n’aura pas lieu
- M.-T. Davidson : Rebelle Antigone (collection Histoires
noires de la mythologie, éditions Nathan)
Durée approximative : 2h
Dans cette séquence, tu vas découvrir une pièce de Jean Anouilh, Antigone, écrite en 1942,
et jouée pour la première fois en 1944, sous l’Occupation. Tu dois avoir en ta possession un
exemplaire de la pièce dans son intégralité pour pouvoir la lire au fil de cette séquence et de la
suivante. Cette œuvre s’inspire de la pièce de l’auteur grec Sophocle (Ve siècle av J.-C.) et s’inscrit
dans ce courant du théâtre français du XXe siècle qui a actualisé les mythes et les tragédies antiques.
Malgré le contexte historique de l’Occupation, la pièce de Jean Anouilh a rencontré un grand succès
et a suscité de nombreuses interprétations.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Pour étudier cette séquence et la suivante, tu dois te procurer le texte intégral d’Antigone
d’Anouilh, dans l’édition de la Table Ronde.
Tu numéroteras les lignes des extraits étudiés, au crayon de papier, de 5 en 5, à partir de la ligne 1
pour chaque extrait.
Bien sûr, et c’est valable pour tous les textes, tu ne compteras pas :
- les lignes correspondant aux noms des personnages (« LE PROLOGUE » est une ligne que tu
ne compteras pas) ;
- les autres didascalies (elles sont en italique), sauf si celles-ci se trouvent dans une réplique.
Dans le tableau page suivante, la numérotation des lignes a été faite dans le texte d’avril 2012
(ISBN 978-2-7103-3040-0). Tu peux utiliser un exemplaire plus ancien, mais la pagination et la
numérotation des lignes pourraient varier un peu.
© Cned, Français 3e — 5
Séquence 7 — séance 1
Dans cette première séance, tu vas lire le prologue de la pièce. Tu étudieras le tragique moderne
selon Jean Anouilh et tu découvriras un point de langue : les périphrases verbales.
Avant de commencer ton travail, complète le « Je vérifie mes connaissances ».
Justifie ta réponse.
b) Selon toi, pourquoi les personnages sont-ils présentés dans cet ordre ?
généalogique d’Antigone.
blonde – noiraude – robuste – renfermée – belle – fatigué – heureuse – aux cheveux blancs –
petite maigre
© Cned, Français 3e — 7
Séquence 7 — séance 1
e) D’après les indications données par le Prologue, identifie les différents personnages
sur la photographie suivante.
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis recopie et mémorise le « Je retiens… » qui suit.
8 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 7
b) Dans le passage « de nous qui n’avons pas à mourir ce soir » (l. 24-25), qui le pronom
« nous » désigne-t-il ?
c) Selon toi, le personnage du Prologue fait-il partie des personnages de la pièce ou des
spectateurs ? Justifie ta réponse.
d) Relève dans les lignes 6 à 25 (de « Voilà. Ces personnages vont vous jouer » à « de
nous qui n’avons pas à mourir ce soir. ») les mots ou expressions appartenant au
champ lexical du théâtre.
2- a) Quel adjectif qualificatif, employé deux fois à la ligne 14, « se dresser seule en face du
monde, seule en face de Créon » met en valeur la solitude d’Antigone ?
c) Quels sont les deux autres personnages qui subiront le même sort ? Souligne dans le
discours du Prologue les expressions qui l’annoncent.
d) D’après toi, Antigone peut-elle échapper à son destin ? Relève une phrase du prologue
qui le montre.
e) Puisque le spectateur connaît déjà la fin tragique d’Antigone, quel est l’intérêt de cette
pièce ?
d) Dans la didascalie* initiale, on apprend que les personnages « bavardent, tricotent, jouent
aux cartes ». Ces attitudes te semblent-elles nobles ou familières ?
Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre ton travail.
© Cned, Français 3e — 9
Séquence 7 — séance 1
ISMÈNE
ISMÈNE
À moi, Antigone, aucun propos ne m’est parvenu
À moi, Antigone, aucun propos ne m’est parvenu sur sur ceuxceux
qui qui
nousnous
sontsont
chers
chers
Ni d’apaisant ni de douloureux,
Ni d’apaisant ni de douloureux,
10 10 Depuis queque
Depuis toutes deux
toutes avons
deux été privées
avons de nos
été privées deux
de nos frères
deux frères
Morts en un
Morts en seul jourjour
un seul d’une main
d’une réciproque.
main réciproque.
Et puisque l’armée
Et puisque des des
l’armée Argiens 2
Argiensest2 partie cettecette
est partie nuitnuit
même, je nejesais
même, rienrien
ne sais de plus,
de plus,
Ni qui me me
Ni qui rende plusplus
rende heureuse ni qui
heureuse m’afflige
ni qui davantage.
m’afflige davantage.
ANTIGONE
ANTIGONE
Je leJesavais bien,
le savais et c’est
bien, pourquoi
et c’est je t’ai
pourquoi entraînée
je t’ai horshors
entraînée des des
portes du palais,
portes du palais,
15 15 AfinAfin
queque
tu sois seule
tu sois à m’entendre.
seule à m’entendre.
ISMÈNE
ISMÈNE
Qu’y a-t-il ? Car, à l’évidence, tu médites quelque projet.
Qu’y a-t-il ? Car, à l’évidence, tu médites quelque projet.
ANTIGONE
ANTIGONE
CréonCréonn’a-t-il pas,pas,
n’a-t-il de nos deux
de nos frères,
deux frères,
JugéJugél’unl’un
digne, et l’autre
digne, indigne
et l’autre des des
indigne honneurs
honneurs de ladesépulture ? ?
la sépulture
PourPourÉtéocle, à ceàqu’on
Étéocle, ce qu’ondit, dit,
20 20 Il a Ilvoulu fairefaire
a voulu preuve
preuvede justice
de justiceet deetrespect de ladecoutume,
de respect la coutume,
Et ilEtl’ail fait ensevelir pour qu’il reçoive les honneurs
l’a fait ensevelir pour qu’il reçoive les honneurs du monde
du monded’end’en
bas.bas.
En revanche,
En revanche, pourpour
le cadavre
le cadavrede Polynice
de Polynice mortmort
misérablement,
misérablement,
On Ondit qu’il a fait
dit qu’il proclamer
a fait proclamer
De neDepas l’enterrer
ne pas dansdans
l’enterrer uneunetombetombeni que quelqu’un
ni que quelqu’un le pleure, […][…]
le pleure,
25 25 Et ilEtneilprend pas pas
ne prend cettecette
affaire à laàlégère
affaire : quiconque
la légère : quiconque commettra
commettral’unl’un
de ces actes
de ces actes
SeraSeracondamné
condamnéà mort par par
à mort lapidation 3
lapidation de3ladecité.
la cité.
Sophocle, Antigone,
Sophocle, versvers
Antigone, 1 à 38,
1 à 441 av. J.-C.,
38, 441 traduit
av. J.-C., du grec
traduit par É.
du grec parBallanfat © Magnard
É. Ballanfat 2011.
© Magnard 2011.
NOTES
NOTES: :
1- «1-
Zeus » : roi
« Zeus » : des dieux
roi des dansdans
dieux la mythologie grecque.
la mythologie grecque.
2- «2-
l’armée des des
« l’armée Argiens » : les
Argiens » : sept princes
les sept grecs
princes venus
grecs aideraider
venus Polynice à prendre
Polynice le trône
à prendre de Thèbes.
le trône de Thèbes.
3- «3-
par« par
lapidation » : à»coups
lapidation de pierres.
: à coups de pierres.
a) Par qui apprenons-nous les informations sur l’histoire de la pièce dans le prologue de
Sophocle ?
b) À quel paragraphe du prologue de Jean Anouilh ces informations correspondent-elles ?
c) Dans la tragédie de Sophocle, qui impose le destin aux hommes ? Souligne, dans la
première réplique d’Antigone, l’expression qui t’a permis de répondre.
Vérifie maintenant tes réponses dans le livret de corrigés, puis recopie et apprends le « Je retiens… »
qui suit.
10 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 7
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis recopie et mémorise le « Je retiens… » qui suit.
© Cned, Français 3e — 11
Séquence 7 — séance 1
Le mythe d’Œdipe
Abandonné à sa naissance par ses parents, après qu’un oracle leur a prédit qu’il tuerait son
père et épouserait sa mère, Œdipe est recueilli par le roi et la reine de Corinthe et reçoit une
éducation de prince. Plus tard, il les quitte et se querelle à un carrefour avec un inconnu
qu’il tue. Il délivre ensuite le royaume de Thèbes du sphinx qui terrorisait la région. Œdipe
devient roi de Thèbes en épousant Jocaste dont il a quatre enfants. Mais il découvre un jour
la vérité sur ses parents. L’inconnu qu’il avait tué était son père, Laïos, et Jocaste, sa femme,
est en réalité sa mère. Jocaste se suicide et Œdipe se crève les yeux. Il est alors chassé de
Thèbes par ses fils qui s’entre-tuent pour régner.
Pour préparer la séance suivante, lis attentivement la rencontre entre Antigone et sa nourrice, qui
constitue la première scène de la pièce, aux pages 13 à 20, de la réplique de la nourrice « D’où
viens-tu ? » à la didascalie « Entre Ismène ».
12 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 7
Séance 2
Analyser l’invention d’un nouveau personnage : la nourrice
Durée approximative : 2h
Dans cette deuxième séance, tu vas étudier la rencontre entre Antigone et sa nourrice. Cela
constitue la première scène de la pièce. Le personnage de la nourrice n’apparaît pas dans la pièce
de Sophocle, c’est donc un nouveau personnage que Jean Anouilh met en scène. Tu découvriras
la notion d’implicite et tu travailleras sur le conditionnel. Après le discours du Prologue, les
personnages sont sortis, et l’éclairage s’est modifié. La scène se déroule à l’aube. Antigone rentre
au palais, ses souliers à la main, lorsque la nourrice surgit.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Numérote le texte, pages 16 à 20, de « D’où viens-tu, mauvaise ? » (qui sera la ligne 1) jusqu’à
« Et il ne faut pas que je sois petite ce matin. » Ensuite, relis cet extrait.
Pour vérifier ta bonne compréhension de la scène, réponds maintenant aux questions qui suivent.
c) Quel est le niveau de langage employé par la nourrice ? Souligne deux exemples dans
ses répliques.
c) Quelle menace formule la nourrice aux lignes 33 à 34 (p. 18) « mais ton oncle, ton
oncle Créon saura. Je te le promets ! »
3- a) De qui la nourrice rapporte-t-elle les propos dans les lignes 50 à 59, de « Vieille bête
[…] » à « […] le lit est froid ! » (p. 19)
Vérifie maintenant tes réponses en consultant le livret de corrigé puis poursuis ton travail.
© Cned, Français 3e — 13
Séquence 7 — séance 2
B La petite Antigone
1- a) La nourrice évoque les différences entre les deux jeunes filles qu’étaient Antigone et
Ismène. Associe à chaque personnage les caractéristiques qui lui correspondaient.
Douce • • Antigone
Mauvais caractère •
Pas assez coquette • • Ismène
Bouclettes et rubans •
b) Laquelle des deux sœurs la nourrice préférait-elle ? Pour quelle raison ?
2- Relis attentivement la dernière réplique de l’extrait, page 20, de « Ne pleure plus […] »
(l. 79) à « […] que je sois petite ce matin. » (l. 92).
a) Relève les expressions employées par Antigone pour s’adresser à sa nourrice.
b) Quel sentiment traduisent ces expressions ?
c) Souligne maintenant la didascalie* qui le confirme.
d) Pourquoi les larmes de la nourrice perturbent-elles tant Antigone ?
e) Cette scène met-elle en valeur la force ou la fragilité du personnage d’Antigone selon
toi ? Justifie ta réponse.
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles du corrigé. Ensuite, recopie et apprends le
« Je retiens… » qui suit.
C Le quiproquo et l’implicite
Rappel : Un quiproquo* est un malentendu qui fait que l’on prend une personne pour
une autre ou une chose pour une autre. Il est souvent employé au théâtre.
1- a) Cette nuit-là, qu’est allée faire Antigone en dehors de la ville ? Appuie-toi sur les
« Je retiens » de la séance 1.
b) Que comprend la nourrice lorsqu’Antigone lui dit : « J’avais un rendez-vous » (l. 5,
page 16) ?
c) Relève deux autres phrases de la nourrice qui montrent clairement que le quiproquo
s’est installé.
14 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 7
Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le corrigé, puis recopie et apprends le
« Je retiens… » qui suit.
© Cned, Français 3e — 15
Séquence 7 — séance 2
4- Réécris les phrases suivantes en formulant le lien logique implicite qui lie les deux
propositions juxtaposées.
a) Antigone doit mourir ; elle aime la vie.
b) Hémon est désespéré : Antigone vient de lui annoncer qu’elle ne l’épousera pas.
c) La nourrice est en colère ; Antigone n’était pas dans son lit.
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés puis mémorise le « Je retiens… » qui suit.
16 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 7
2- Dans les phrases suivantes, conjugue au conditionnel simple le verbe entre parenthèses
puis précise sa valeur : futur dans le passé / ordre ou demande / souhait / potentiel /
irréel du présent.
Valeur : ...........................
Valeur : ...........................
Valeur : ...........................
Valeur : ...........................
E Expression écrite
- Proposer quelques didascalies en italique (portant sur le ton et l’attitude des personnages)
© Cned, Français 3e — 17
Séquence 7 — séance 2
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les
consignes en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton dialogue de théâtre sur ton cahier. Lis ensuite
dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Pour préparer la séance suivante, lis la scène qui réunit Antigone et sa sœur Ismène, aux pages
21 à 31.
18 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 7
Séance 3
Étudier l’opposition de deux personnages : Antigone et Ismène
Durée approximative : 1h30
Dans cette séance, tu vas faire connaissance avec Ismène, la sœur d’Antigone, et tu pourras mesurer
ce qui les oppose. Tu travailleras également sur une image.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Ismène vient d’entrer sur scène ; la nourrice se retire et va préparer un peu de café pour Antigone.
Numérote les lignes de 5 en 5 de la réplique d’Ismène : « J’ai bien pensé toute la nuit, tu es folle »
(p. 23) à celle d’Antigone : « […] Hémon sera tout à l’heure une affaire réglée » (p. 30). Ensuite
relis cet extrait.
Ismène Antigone
« Moi je suis plus pondérée. Je réfléchis. »
(l. 16-17, p. 24)
« Je comprends un peu notre oncle. » (l. 21,
p. 24)
« Il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple. »
(l. 23)
« J’ai raison plus souvent que toi. » (l. 32-33,
p. 25)
b) À quelle forme (positive / négative) sont les phrases prononcées par Ismène ? À quelle
forme sont les phrases que tu as recopiées ?
c) Quel trait de caractère cela traduit-il chez Antigone ?
d) Relis la réplique d’Antigone, page 25, aux lignes 24 à 29 de « Moi, je ne suis pas le roi. »
à « Elle n’avait qu’à ne pas désobéir ! ». Relève les expressions par lesquelles l’héroïne
se désigne elle-même. Laquelle de ces expressions te semble correspondre le mieux à la
jeune fille ?
© Cned, Français 3e — 19
Séquence 7 — séance 3
e) Quel verbe est répété sept fois dans la réplique d’Antigone, lignes 36 (« Comprendre… »)
à 52 (pp. 25-26) ? Quel est l’effet produit par cette répétition ?
a) Relève les didascalies du début de l’extrait (p. 23) jusqu’à la ligne 94 « Ma petite
sœur…. » (p. 28). À qui se rapportent principalement ces didascalies ?
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles contenues dans le corrigé.
B L’argumentation d’Ismène
1- Quel sentiment empêche Ismène de se joindre à Antigone pour enterrer leur frère
2- a) Pour tenter de convaincre Antigone, Ismène emploie plusieurs arguments : repère ceux
qui font appel à la raison et ceux qui font appel aux sentiments.
c) Dans les lignes 36 à 52 (pp. 25-26), contre quoi s’élève la jeune femme ?
20 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 7
« Bien sûr. À chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller
enterrer notre frère. C’est comme cela que ç’a été distribué. Qu’est-ce que tu veux que
nous y fassions ? »
c) « Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller enterrer notre frère. »
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis recopie et apprends le « Je retiens… » ci-dessous.
© Cned, Français 3e — 21
Séquence 7 — séance 3
D Étude de l’image
Antigone, mise en scène de Nicole Anouilh, Théâtre des Mathurins, Paris, 1975
© M. Enguerrand CDDS.
1- Identifie les deux personnages en écrivant leur nom à l’endroit qui convient.
2- Comment l’opposition entre les deux sœurs est-elle traduite dans leur apparence
physique ?
Pour préparer la séance suivante, lis la scène des adieux entre Antigone et Hémon, aux pages 37 à
44, de « Pardon, Hémon, pour notre dispute […] » à « […] C’est fini pour Hémon, Antigone ».
22 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 7
Séance 4
Comprendre l’enjeu d’une scène : les adieux à Hémon
Dans cette séance, tu vas lire et analyser une scène d’adieu. Tu travailleras également sur le
conditionnel passé ainsi que sur les mots de la situation d’énonciation. Ismène est sortie de la
scène, la nourrice est venue apporter du café à Antigone. C’est à ce moment-là qu’Hémon fait son
apparition.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais en-suite le
travail demandé.
Numérote les lignes du texte, des pages 38 à 44, de « Ne ris pas ce matin. Sois grave » à
« […] C’est fini pour Hémon, Antigone ». Ensuite relis cet extrait.
As-tu bien compris cette scène ? Pour le vérifier, réponds aux questions qui suivent.
1- a) Comment se traduit l’amour que les personnages éprouvent l’un pour l’autre, à la fois
dans les gestes et dans les paroles ?
b) Lors de sa visite à Hémon, la veille, Antigone avait sur elle trois éléments liés à la
féminité. Retrouve-les dans le texte et souligne-les.
c) Pour quelle raison les portait-elle ? Justifie ta réponse par un élément du texte.
c) Quels sont les deux projets importants auxquels Antigone renonce en faisant ses
adieux à Hémon ?
© Cned, Français 3e — 23
Séquence 7 — séance 4
2- a) Antigone est déchirée entre sa fragilité de jeune femme et le rôle de l’héroïne tragique
qu’elle doit jouer. Observe les didascalies* qui suivent et classe-les dans le tableau.
« Elle s’est détachée de lui, elle a pris un autre ton. » (l. 61-62)
b) « C’est fini pour Hémon, Antigone. » (l. 116-117, p. 44). Dans cette phrase, à qui
s’adresse Antigone ?
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigé puis poursuis ton travail.
« J’aurais été très fière d’être ta femme, ta vraie femme, sur qui tu aurais posé ta main. »
(l. 58-59)
a) Dans les phrases que tu viens de lire, de quels éléments sont composées les formes
verbales soulignées ?
l’envie
le regret
la colère
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et apprends le « Je retiens… » suivant.
24 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 7
© Cned, Français 3e — 25
Séquence 7 — séance 4
1. « Si tu parles, si tu fais un seul pas vers moi, je me jette par cette fenêtre. »
2. Antigone menaça Hémon de se jeter par la fenêtre de la salle, s’il parlait ou faisait un
pas vers elle.
Phrase 1 Phrase 2
Pronoms personnels
Déterminants
X
démonstratifs
Indicateurs de lieu
Temps des verbes
Vérifie maintenant tes réponses avant de lire et de mémoriser le « Je retiens… » qui suit.
2- Encadre, dans les phrases suivantes, les mots qui renvoient à la situation d’énonciation*.
26 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 7
Séance 5
Étude de l’image : comparaison de différentes mises en scène
Durée approximative : 1h
Pour terminer cette première séquence sur la pièce de Jean Anouilh, tu vas travailler sur différentes
mises en scène d’Antigone.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Observe bien les documents qui suivent puis réponds aux questions.
A Le décor de la pièce
Voici un dessin du décor qu’André Barsacq avait réalisé pour la création d’Antigone, en 1944. Tu
as pu observer dans la séance 1, une photographie de ce décor avec les personnages.
Document A
Décor d’André Barsacq pour la création d’Antigone au théâtre de l’Atelier, février 1944 © akg-images.
© Cned, Français 3e — 27
Séquence 7 — séance 5
2- a) Si les anachronismes du texte donnent à la pièce une dimension moderne, est-ce le cas
de ce décor ?
c) Si les personnages sur la scène sont bien les acteurs de la pièce, dans quelle attitude
sont-ils également, assis de cette manière ?
Observe maintenant les documents B et C puis réponds aux questions. La statue que tu aperçois à
l’arrière-plan, sur le document B, est la reproduction d’une statue grecque antique : la Victoire de
Samothrace (tu peux l’admirer à Paris, au musée du Louvre).
Document B
2- a) À quel jeu te fait penser le dallage (le sol) de la scène où se tiennent les personnages ?
28 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 7
Document C
Antigone par la compagnie Les Treize au Théâtre de poche, mars 2009 © Marc Robitaille
Quels sont les éléments qui projettent la pièce de Jean Anouilh en 2009 ?
e) Quelle dimension une mise en scène aussi moderne donne-t-elle au mythe d’Antigone ?
2- Dans un petit paragraphe argumenté, explique quelle mise en scène tu préfères et pour
quelles raisons.
© Cned, Français 3e — 29
Séquence 7 — séance 6
Séance 6
Je m’évalue
Durée approximative : 1h
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque
chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que
30 — © Cned, Français 3e
séance 6 — Séquence 7
© Cned, Français 3e — 31
Sommaire
Séquence 8
Lire Antigone de Jean Anouilh (2)
Durée approximative : 11 h 30
Séance 1 Étudier la justification religieuse d’Antigone : Antigone face à Créon (1)
La loi et l’interdit
Analyser l’argumentation d’Antigone
Vocabulaire : autour du mot loi et de l’idée d’obligation
Séance 2 Identifier une stratégie argumentative : Antigone face à Créon (2)
Identifier la stratégie argumentative de Créon
Liberté et politique
Vocabulaire : autour du mot politique
Séance 3 Repérer un tournant dans la pièce : Antigone face à Créon (3)
Étudier un point de bascule dans la pièce
Deux conceptions opposées du bonheur
Comprendre le rôle des didascalies
Orthographe : distinguer Quel(le)(s) et Qu’elle(s)
Séance 4 Analyser la relation Créon / Hémon
Analyser la relation père/fils
Exercice de réécriture
Séance 5 Comprendre l’enjeu d’une scène : Antigone et le garde
Étudier le pathétique du personnage d’Antigone
Le tragique moderne : l’art des contrastes
Les modalisateurs
Séance 6 Étudier une fin pathétique
Étudier le dénouement de la pièce
Le rôle du chœur
Vocabulaire : autour du mot « chœur »
Séance 7 Analyser les caractéristiques de la tragédie selon Jean Anouilh
Un discours moderne sur la tragédie
Vocabulaire : autour du mot fatalité
Séance 8 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Compétence 1 : La maîtrise de la langue française
- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments
implicites nécessaires.
- Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu.
- Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire.
- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une
consigne donnée.
Compétence 5 : La culture humaniste
- Établir des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre.
32 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 8
Séance 1
Étudier la justification religieuse d’Antigone
Antigone face à Créon (1)
Dans cette séquence, tu vas poursuivre la lecture de la pièce de Jean Anouilh, Antigone. Dans la
séquence précédente, tu as étudié la façon dont Antigone s’efforce de rompre un à un les liens qui
l’unissaient à ses proches. Cela explique l’importance des dialogues avec sa nourrice, avec Ismène
et avec Hémon qui sont en réalité des scènes d’adieu. Son destin est scellé puisqu’elle tentera à
nouveau d’enterrer son frère Polynice. Dans la seconde partie de la pièce, la jeune femme se trouve
confrontée à Créon, son oncle, au cours d’un duel très éprouvant pour les deux personnages.
Dans l’extrait reproduit ci-dessous, Antigone vient d’être arrêtée par les gardes et se retrouve face à
Créon qui tente de comprendre les raisons de son acte. Tu étudieras les notions de loi et d’interdit
et tu analyseras la justification religieuse mise en avant par Antigone pour expliquer son geste.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
À présent, lis deux fois le texte et écoute le début à la piste 17 de ton CD.
Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit des pages
65 à 74 de la pièce Antigone de Jean Anouilh (Éditions de la Table Ronde, 1946), de « Pourquoi
as-tu tenté d’enterrer ton frère ? » à « Vous pouvez seulement me faire mourir ».
Pour vérifier ta bonne compréhension de la scène, réponds maintenant aux questions qui suivent.
A La loi et l’interdit
© Cned, Français 3e — 33
Séquence 8 — séance 1
c) Que signifie l’expression de Créon : « la loi est d’abord faite pour les filles des rois »
(l. 20) ?
Tu peux vérifier tes réponses dans le livret de corrigés, avant de poursuivre ton travail.
B L’argumentation d’Antigone
1- a) Quel verbe Antigone répète-t-elle aux lignes 2 et 4 ?
d) Souligne, dans les lignes 4 à 33, tous les termes appartenant au champ lexical de la
mort.
a) Quels sont les deux actes auxquels Créon réduit le déroulement d’un « enterrement
dans les règles ».
b) Relève l’expression employée par Créon pour caractériser les prêtres de Thèbes.
e) Dans la réplique de la ligne 31, relève trois expressions employées par Créon pour
désigner la cérémonie des honneurs funèbres.
f) Quelle figure de style est employée dans ces expressions ? Quel effet produit-elle ?
c) Pour qui fait-elle donc ce geste, si ce n’est pas pour son frère ? Que cherche-t-elle alors
à affirmer ?
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles proposées dans le corrigé. Puis, poursuis ton
travail.
34 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 8
C Expression écrite
Tu vas maintenant faire un petit travail d’expression écrite.
Sujet : Comment Créon parvient-il à détruire l’argument religieux utilisé par Antigone ?
Rédige sur ton cahier de brouillon un paragraphe argumenté de quelques lignes. Ton
paragraphe comprendra les mots clés suivants : rites funéraires – absurde – dénoncer –
péjoratif – prêtres – comédie – cérémonie – comparer.
Compare maintenant ton paragraphe argumenté avec celui proposé dans le corrigé, puis recopie-le
sous la forme d’un « Je retiens ».
b) Quel synonyme du mot loi est employé dans la première partie de l’extrait ?
2- Le mot loi vient du latin lex, legis. Complète les phrases suivantes avec ces mots formés sur
les radicaux loi (loy-) ou leg- : légal, illicite, loyal, loyauté, légitime, légiférer. Tu peux consulter un
dictionnaire pour t’aider.
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Séquence 8 — séance 1
La séance touche à sa fin. Vérifie tes réponses aux exercices précédents en consultant le livret de
corrigés, puis lis le coin des curieux ci-dessous.
Pour préparer la séance suivante, lis attentivement la suite du duel entre Créon et Antigone aux
pages 74 à 89 jusqu’à la fin de la réplique de Créon « […] Et je t’assure que cela m’est égal. »
36 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 8
Séance 2
Identifier une stratégie argumentative
Antigone face à Créon (2)
Durée approximative : 2h
Comme pour la séquence précédente, tu numéroteras dans ton livre les lignes des extraits étudiés,
au crayon de papier, de 5 en 5, à partir de la ligne 1 pour chaque extrait.
Bien sûr, et c’est valable pour tous les textes, tu ne compteras pas :
- les autres didascalies (elles sont en italique), sauf si celles-ci se trouvent dans une réplique.
© Cned, Français 3e — 37
Séquence 8 — séance 2
- « une chique » :
tabac ayant subi
une préparation
spéciale et que
l’on mâche.
- « nuptial » :
qui se rapporte
aux noces, au
mariage.
- « Ô tombeau !
Ô lit nuptial !
Ô ma demeure
souterraine … » :
ce passage est
une citation de la
pièce Antigone de
Sophocle.
Séance 6 pp. 117 à « Là ! C’est fini pour jusqu’au milieu
123 Antigone. » (l. 1) de la réplique du
chœur « […] Morts
pareils, tous, bien
raides, bien inutiles,
bien pourris […] ».
(l. 107)
Après avoir reconnu l’absurdité des rites funéraires, Antigone persiste dans son intention d’enterrer
le cadavre de Polynice. L’affrontement se poursuit entre Créon et sa nièce. Dans cette séance, tu
apprendras à identifier une stratégie argumentative et tu travailleras également le vocabulaire
autour du mot politique.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais
ensuite le travail demandé.
38 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 8
Numérote de 5 en 5 les lignes des pages 76 à 87, de « Vous serrez trop, maintenant […] » (qui
sera la ligne 1) à « Oui, c’est vrai. » Lis ensuite attentivement cet extrait.
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés. Ensuite,
recopie et mémorise le « Je retiens » qui suit.
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Séquence 8 — séance 2
B Le vocabulaire de l’argumentation
Complète le texte ci-dessous à l’aide des mots suivants : dénoncer – justifier – réfuter
– convaincre – raisonnement – démontrer – adhérer – persuader. (N’hésite pas à te servir
d’un dictionnaire et n’oublie pas de conjuguer les verbes ni de faire les accords).
Créon tente de faire comprendre son ______________ à Antigone afin de la faire
__________ à son point de vue. Il commence par ___________ l’argument religieux
de la jeune fille, en lui ___________ l’absurdité des rites funéraires. Puis il essaie
de la _________ et ___________ sa décision par des raisons politiques. Enfin, il
cherche à la ___________ en ____________ le comportement indigne de son frère.
Vérifie tes réponses et poursuis ton travail.
40 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 8
c) Relis les lignes 46 à 55 (p. 78) et 85 à 88 (p. 80). Quel sens a le mot « avec » dans ces
deux répliques d’Antigone ?
Complète maintenant le tableau suivant :
Créon Antigone
- votre couronne - mes ongles cassés
- -
- -
è « vous pouvez seulement me faire mourir » è « moi, je suis reine »
d) En quoi ces images sont-elles paradoxales (= contraires à ce que l’on attend) ?
e) Dans les paroles d’Antigone « Vous avez dit «oui». » (l. 94, p. 81) et « Je suis là pour
vous dire non […] » (l. 132, p. 82), que signifient les expressions soulignées ?
f) Selon toi, Antigone domine-t-elle Créon ? Comment se comporte-t-elle avec lui ?
Justifie ta réponse.
Consulte maintenant le livret des corrigés afin de vérifier tes réponses. Tu continueras ton travail
ensuite.
Compare tes réponses avec celles contenues dans le corrigé avant de terminer le travail de la séance.
E Expression écrite
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.
Imagine qu’Eurydice, cachée dans un coin de la pièce, a entendu la conversation entre
Créon et Antigone. Une fois seule avec son mari, elle tente de le convaincre de sauver
Antigone en employant différents types d’arguments. Écris ce dialogue sous la forme d’un
texte théâtral d’une quinzaine de lignes.
© Cned, Français 3e — 41
Séquence 8 — séance 2
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les
consignes en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton dialogue de théâtre sur ton cahier. Lis ensuite
dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
42 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 8
Séance 3
Repérer un tournant dans la pièce
Antigone face à Créon (3)
Durée approximative : 1h30
Créon vient de raconter à Antigone la véritable histoire d’Étéocle et de Polynice. Polynice n’était
qu’un petit voyou qui avait levé le poing sur son père. De plus, leurs cadavres étaient tellement
méconnaissables que Créon est incapable de dire lequel des deux a eu droit à un tombeau de
marbre. Cette fois, Antigone est ébranlée. Pour la première fois depuis le début de sa confrontation
à Créon, elle semble prête à renoncer à son projet. Dans cette séance, tu verras comment la pièce
peut basculer à partir d’un simple mot. Tu étudieras également deux conceptions opposées du
bonheur et de la vie.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les.
Fais ensuite le travail demandé.
Numérote et lis le texte des pages 90 à 99, de la réplique d’Antigone « Pourquoi m’avez-vous
raconté cela ? » (qui sera la ligne 1) à « Enfin, Créon ! » (qui sera la ligne 170).
Ensuite réponds aux questions.
© Cned, Français 3e — 43
Séquence 8 — séance 3
b) Quel type de phrase Antigone utilise-t-elle dans la réplique des lignes 43 à 50, page 92 ?
e) Donne quatre exemples de « pauvretés » qu’Antigone se refuse à faire pour assurer son
bonheur. Tu trouveras les réponses entre les lignes 43 et 50.
2- a) D’après sa réplique des lignes 59 à 70 (p. 93), quelles sont les quatre qualités
qu’Antigone attend d’Hémon ?
c) Dans la réplique des lignes 72 à 81 (p. 94), de quel « royaume » Antigone parle-t-elle ?
e) En t’appuyant sur tes réponses précédentes, montre que le conflit entre Créon et
Antigone est aussi un conflit de générations (la jeunesse contre la vieillesse).
3- « tu es en train de défendre ton bonheur […] comme un os » (l. 87-88)
« On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. » (l. 92-93)
Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés puis lis et
mémorise le « Je retiens » qui suit.
44 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 8
b) Parmi les didascalies que tu as relevées, quelles sont celles qui nous renseignent sur les
sentiments éprouvés par les personnages ?
c) Comment les didascalies permettent-elles d’identifier les différentes scènes de la
pièce ?
2- Observe l’attitude de Créon dans l’image ci-dessous et écris une didascalie qui lui
correspond.
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.
© Cned, Français 3e — 45
Séquence 8 — séance 3
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et recopie le « Je retiens » qui suit afin de le
mémoriser.
Tu liras dans ton édition d’Antigone les pages 99 à 105, jusqu’à la didascalie « Il est sorti en
courant. », afin de préparer la séance suivante.
46 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 8
Séance 4
Analyser la relation Créon / Hémon
Durée approximative : 1h
À la fin de la confrontation entre Créon et Antigone, Ismène entre sur scène et annonce qu’elle
veut partager le sort de sa sœur. Antigone refuse. Poussé à bout et insulté, Créon appelle ses gardes
qui emmènent Antigone. Le personnage du chœur, dont tu analyseras le rôle dans la séance 6,
entre alors sur scène. Il vient faire des reproches à Créon, lorsque surgit Hémon. Dans cette séance,
tu analyseras la relation complexe qu’entretiennent Créon et son fils.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les.
Fais ensuite le travail demandé.
Numérote de 5 en 5 et lis le texte des pages 100 à 105, de la réplique de Hémon « Père ! »
(qui sera la ligne 1) à la réplique de Hémon « Antigone ! Antigone ! Au secours ! ».
Réponds aux questions suivantes afin de vérifier que tu as bien compris ce texte.
b) « J’ai tout essayé pour la sauver […] » (l. 4, p. 101) : es-tu d’accord avec cette
déclaration de Créon ? Justifie ta réponse.
d) Relève, dans les lignes 10 à 22 (pp. 101-102), trois raisons invoquées par Créon pour
ne pas sauver Antigone.
e) Dans la phrase de Créon « Ils diront que ce n’est pas vrai. » (l. 16), à qui renvoie le
pronom personnel « ils » ?
2- a) Dans l’échange entre Créon et le chœur (l.14 à 22), relève l’expression qui est répétée
par Créon.
c) « Je suis le maître avant la loi. Plus après. » (l. 24, p. 102) : que veut dire Créon par ces
phrases ?
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.
© Cned, Français 3e — 47
Séquence 8 — séance 4
b) Classe les didascalies suivantes dans le tableau, selon qu’elles se rapportent à Créon
ou à Hémon : court à lui, l’embrasse / le détache de lui / le tient plus fort / se jetant dans ses
bras /s’arrache de ses bras / crie, tentant de s’arracher à son étreinte.
c) Quelle évolution peux-tu remarquer dans l’attitude des deux personnages, entre le
début et la fin de l’extrait ?
b) Relève, dans la réplique des lignes 48 à 53, pp. 103-104 (« Cette grande force […] tu
crois ? »), les expressions employées par Hémon pour désigner son père.
c) Dans la réplique des lignes 60 à 67, p. 104 (« Père, ce n’est pas vrai ! […] si je ne peux
plus t’admirer. »), quel sentiment Hémon souhaite-t-il continuer à ressentir pour son
père ?
3- a) Relève les expressions par lesquelles Créon désigne Hémon aux lignes 2 et 41.
Que révèlent-elles sur la manière dont Créon considère encore Hémon ?
b) Relis la réplique de Créon lignes 27 à 29 (p. 102) : de quelle qualité Hémon doit-il
maintenant faire preuve selon son père ?
c) En quoi consiste pour Créon le fait de « devenir un homme » (l. 70, p. 105) ?
d) Selon toi, Hémon se montre-t-il courageux à la fin de cette scène ? Justifie ta réponse
en t’appuyant notamment sur sa dernière réplique (l. 72, p. 105).
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles contenues dans le corrigé.
D Exercice de réécriture
Réécris le passage « Et te voilà, devant moi avec ces larmes… » à « ce sera fini. » (l. 39 à
44, page 103) en remplaçant la 2e personne du singulier par la 2e personne du pluriel.
Pour préparer la séance 5, prends ton édition d’Antigone et lis les pages 105 à 117, jusqu’à la
didascalie se terminant par « Ils sortent tous. »
48 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 8
Séance 5
Comprendre l’enjeu d’une scène : Antigone et le garde
Durée approximative : 2h
Aux reproches du chœur et aux supplications de son fils, Créon a répondu qu’il n’y avait rien à
faire et qu’Antigone voulait mourir. Antigone se retrouve seule avec le garde, en attendant son
châtiment. Cette rencontre, qui n’existe pas chez Sophocle, a été inventée par Jean Anouilh.
Dans cette séance, tu découvriras l’enjeu de cette scène en étudiant le pathétique du personnage
d’Antigone, et un aspect du tragique moderne : l’art des contrastes. Tu travailleras également sur
les modalisateurs.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les.
Fais ensuite le travail demandé.
Numérote de 5 en 5 et relis attentivement le texte des pages 110 à 116, de « Tu crois qu’on a mal
pour mourir ? » jusqu’à « Oui, c’est tout ».
Pour vérifier ta bonne compréhension de la scène, réponds maintenant aux questions qui suivent.
© Cned, Français 3e — 49
Séquence 8 — séance 5
Vérifie maintenant tes réponses en consultant le livret de corrigés puis poursuis ton travail.
Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles du corrigé. Ensuite, recopie et apprends le
« Je retiens » qui suit.
50 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 8
Vérifie tes réponses dans le corrigé, puis recopie et mémorise le « Je retiens » qui suit.
D Les modalisateurs
1- Phrase 1 : « Je crois que j’ai entendu dire […] qu’ils allaient vous murer dans un trou. »
Phrase 2 : « C’est trop laid, tout cela, tout est trop laid. »
Phrase 3 : « J’ai peur que nous n’ayons plus le temps… »
a) Dans quelle phrase le locuteur exprime-t-il un jugement de valeur, un doute,
un sentiment ?
b) Souligne dans chaque phrase les indices qui t’ont permis de répondre.
Compare tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés puis lis et recopie le
« Je retiens » suivant afin de le mémoriser.
© Cned, Français 3e — 51
Séquence 8 — séance 5
j e retiens La modalisation.
• Un énoncé peut être objectif (neutre) et faire un simple constat, ou subjectif et traduire
un point de vue :
Ex. : Antigone est une jeune femme. (constat objectif)
Antigone est une jeune femme admirablement courageuse. (point de vue subjectif)
• La modalisation consiste à introduire une part de subjectivité dans ce que l’on dit en
exprimant un sentiment de doute ou de certitude par rapport à ce que l’on dit, ou un
jugement de valeur. Pour cela, on utilise des modalisateurs.
è Le doute peut être exprimé par des adverbes (peut-être, sans doute…), des verbes comme
sembler, paraître, devoir, par le conditionnel.
Ex. : Antigone aurait été arrêtée par les gardes. Elle sera sans doute conduite devant Créon.
è La certitude peut être exprimée par des adverbes (certainement…), des verbes comme
assurer, certifier.
Ex. : Je vous assure qu’Antigone a été arrêtée par les gardes.
è Le jugement de valeur peut être :
- un jugement péjoratif : exprimé par un lexique péjoratif, des adverbes, ou des figures de
style.
Ex. : « C’est trop laid, tout cela. »
- Un jugement mélioratif : exprimé par un lexique mélioratif, des adjectifs au superlatif,
des adverbes, ou des figures de style qui mettent en valeur une personne ou une action.
Ex. : Antigone est la meilleure pièce de Jean Anouilh.
e) Je peux vous assurer que j’ai lu d’une traite cette pièce passionnante.
E Expression écrite
52 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 8
© Cned, Français 3e — 53
Séquence 8 — séance 6
Séance 6
Étudier une fin pathétique
Après avoir dicté sa lettre d’adieu à Hémon, Antigone a été emmenée par les autres gardes. Nous
ne la verrons plus. C’est alors qu’arrivent le chœur et le messager. Le piège s’est refermé sur tous
les personnages et l’annonce du Prologue se réalise. Dans cette séance, tu étudieras le dénouement
pathétique de la pièce à travers le récit du messager et les interventions du chœur.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les.
Fais ensuite le travail demandé.
Relis maintenant le texte, de la page 117 « Le Chœur entre soudain. Là ! C’est fini pour
Antigone. » jusqu’à la page 123, au milieu de la réplique du chœur « […] Morts pareils, tous,
bien raides, bien inutiles, bien pourris […] ». Numérote bien les lignes de 5 en 5.
• Mort d’Antigone
Le chœur •
• Mort de Hémon
Le messager •
• Mort d’Eurydice
d) Relève dans l’extrait que tu as numéroté deux expressions désignant le sang répandu
près des victimes.
e) Pourquoi ces trois morts ne sont-elles pas représentées sur la scène de théâtre ?
54 — © Cned, Français 3e
séance 6 — Séquence 8
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le
« Je retiens » suivant.
B Le récit du messager
1- a) Délimite le récit du messager en indiquant les numéros des lignes.
b) Quelle particularité grammaticale possède la première phrase de ce récit ?
Quel effet cela produit-il ?
c) À quel temps sont conjugués la plupart des verbes employés pour raconter les faits ?
Quelle est ici la valeur de ce temps ?
d) Qu’apporte l’emploi de ce temps au récit du messager ?
© Cned, Français 3e — 55
Séquence 8 — séance 6
C Le rôle du chœur
1- a) Quel est le rôle de l’intervention du chœur dans la réplique des lignes 58 à 73, p. 120 ?
b) Dans les répliques des lignes 77 et 98 (pp. 121-122), à qui s’adresse le chœur ?
2- a) Le chœur fait-il partie des personnages de la pièce ? Comment peux-tu le montrer ?
b) En quoi possède-t-il un statut particulier ?
Consulte maintenant les réponses dans le livret de corrigés puis lis et mémorise le « Je retiens » qui
suit.
Tu peux vérifier tes réponses dans le livret de corrigé, avant de poursuivre ton travail.
56 — © Cned, Français 3e
séance 6 — Séquence 8
E Exercice de réécriture
Réécris la fin du récit du messager « Puis soudain il se dresse […] l’embrassant dans une
immense flaque rouge. » (l. 30 à 43, p. 119) en conjuguant les verbes au passé simple
comme temps dominant.
Compare maintenant tes réponses avec celles du corrigé.
© Cned, Français 3e — 57
Séquence 8 — séance 7
Séance 7
Analyser les caractéristiques de la tragédie selon Jean Anouilh
Durée approximative : 1h
Pour terminer cette séquence consacrée à Antigone, tu vas analyser les caractéristiques de la
tragédie selon Jean Anouilh. Tu vas lire un monologue prononcé par le chœur au milieu de la
pièce et qui constitue un discours sur la tragédie. Tu travailleras également sur le vocabulaire lié à
l’univers tragique.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les.
Fais ensuite le travail demandé.
Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit des pages
53 à 54 de la pièce Antigone de Jean Anouilh (Éditions de la Table Ronde, 1946), de « Et voilà.
Maintenant le ressort est bandé » à « Et il n’y a plus rien à tenter, enfin ! ».
1- Retrouve dans ton édition d’Antigone ce passage situé aux pages 53 à 55.
b) « le petit coup de pouce », « Cela roule tout seul », « à gueuler » : à quel niveau de
langage appartiennent ces expressions ?
b) Relève les trois adjectifs employés au début du second paragraphe pour qualifier la
tragédie.
58 — © Cned, Français 3e
séance 7 — Séquence 8
Déroulement implacable •
Coups de théâtre* • • Drame
Gratuit •
Utilitaire •
Présence d’espoir • • Tragédie
Absence d’espoir •
e) « on n’a plus qu’à crier […] à gueuler à pleine voix ce qu’on avait à dire, qu’on n’avait
jamais dit et qu’on ne savait peut-être même pas encore » (l. 21-22) En quoi cette
particularité du héros tragique peut-elle s’appliquer à Antigone ? Tu développeras
ta réponse dans un petit paragraphe de quelques lignes et tu t’appuieras sur des
exemples précis.
Tu peux maintenant vérifier tes réponses avant de recopier et de mémoriser le « Je retiens » qui
suit.
1- Le nom fatalité vient du latin fatum, qui signifie « destin ». Complète les phrases ci-dessous
par les mots de la même famille proposés : fatalement – fatidique – fatal – fataliste.
b) Cet homme n’essaie même plus de réagir face aux difficultés, il est _______________.
c) L’alpiniste n’avait pas vérifié son harnais de sécurité ; cet oubli lui a été __________.
© Cned, Français 3e — 59
Séquence 8 — séance 7
3- Dans les phrases suivantes, remplace l’adjectif fatal par un des synonymes proposés :
réchauffement climatique.
60 — © Cned, Français 3e
séance 8 — Séquence 8
Séance 8
Je m’évalue
Durée approximative : 1h
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque
chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que
ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.
© Cned, Français 3e — 61
Sommaire
Séquence 9
Femme et société : représentations dans l’art
Durée approximative : 6 h 30
Séance 5 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Compétence 1 : La maîtrise de la langue française
- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de
consignes données.
- Procéder à des allers et retours dans un document ou dans un texte.
- Circuler du texte à l’image (relier une image avec un slogan, un message publicitaire ou un
texte).
- Exprimer, en un propos raisonné, un avis personnel face à une œuvre d’art.
Compétence 5 : La culture humaniste
- Établir des liens entre les œuvres littéraires et artistiques pour mieux les comprendre.
- Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire.
- Avoir des connaissances et des repères relevant du temps : connaître les différentes
périodes de l’histoire de l’humanité, les grands traits de l’histoire (politique, sociale,
économique, littéraire, artistique, culturelle) de la France et de l’Europe.
- Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique, de curiosité : Manifester sa curiosité pour
l’actualité et pour les activités culturelles ou artistiques.
- Comprendre l’importance du respect mutuel et accepter toutes les différences
(Reconnaître les situations de discrimination et lutter contre toutes ses formes : sexe,
origine, orientation sexuelle, apparence physique, handicap, convictions religieuses…).
Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative
- Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et
sélectionner des informations utiles.
64 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 9
Séance 1
Images traditionnelles de la femme
Durée : 1h30
En fin d’année, tu auras une épreuve écrite d’histoire des arts. Dans cette séquence, nous te
proposons de t’entraîner autour du thème suivant : Femme et société : représentations dans
l’art. Tu étudieras en plus de textes littéraires des supports variés comme des tableaux, des affiches
publicitaires et des planches de bande-dessinée. Cette séquence te permettra ainsi de développer tes
compétences d’analyse et d’interprétation d’œuvres artistiques.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
A Femme et maternité
1- Observe attentivement le tableau suivant. Puis, sans tenir compte du titre du tableau, dis
quelle est ta première impression face à l’œuvre de Pablo Picasso. Exprime brièvement ce
que cette œuvre évoque pour toi.
© Cned, Français 3e — 65
Séquence 9 — séance 1
2- Comment les moyens techniques employés par le peintre participent-ils à l’émotion qui se
dégage de ce tableau ?
3- Compare cette œuvre avec celle de Georges de La Tour ci-dessous.
66 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 9
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le
« Je retiens » suivant.
© Cned, Français 3e — 67
Séquence 9 — séance 1
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le
« Je retiens » suivant.
4- Lis le texte suivant et écoute-le à la piste 20 de ton CD, puis fais des liens avec le
document précédent.
Venons maintenant au détail des choses dont une femme doit être instruite. Quels sont
ses emplois ? Elle est chargée de l’éducation de ses enfants ; des garçons jusqu’à un certain
âge, des filles jusqu’à ce qu’elles se marient ou se fassent religieuses ; de la conduite des
domestiques, de leurs mœurs, de leur service ; du détail de la dépense, des moyens de faire
tout avec économie, et honorablement : d’ordinaire même, de faire les fermes, et de recevoir
les revenus.
La science des femmes, comme celle des hommes, doit se borner à s’instruire par
rapport à leurs fonctions ; la différence de leurs emplois doit faire celle de leurs études. Il
faut donc borner l’instruction des femmes aux choses que nous venons de dire. Mais une
femme curieuse trouvera que c’est donner des bornes bien étroites à sa curiosité : elle se
trompe ; c’est qu’elle ne connaît pas l’importance et l’étendue des choses dont je lui propose
de s’instruire.
Fénelon, Traité de l’éducation des filles (1687).
68 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 9
Séance 2
Vent de révolte
Durée : 2h
Dans la séance précédente, tu as travaillé sur des œuvres qui donnaient une image traditionnelle
de la femme. Néanmoins, certains auteurs et artistes ont refusé cette image et ont revendiqué un
statut différent ou du moins la liberté de faire des choix.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
Lis le texte suivant et écoute-le à la piste 21 de ton CD, puis réponds aux questions.
Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit d’un
extrait du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir (publié aux Éditions Gallimard en 1949), qui
commence par « Ainsi, la passivité qui caractérisera essentiellement la femme féminine » et se
termine par « On la traite comme une poupée vivante et on lui refuse la liberté ».
A Revendications féministes
1- « La femme-féminine » (l. 1) Comment comprends-tu cette expression mise entre guillemets ?
a) Quelle est la figure de style ici employée ? Quel est l’effet produit ?
© Cned, Français 3e — 69
Séquence 9 — séance 2
70 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 9
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire le « J’approfondis »
suivant.
j ’approfondis
Le traitement du temps dans la bande-dessinée
Dans une séquence précédente sur l’autobiographie, tu as eu l’occasion de travailler sur des
planches de bandes-dessinées et ainsi d’apprendre le vocabulaire de cet art. Pour analyser une
planche de bande-dessinée, tu peux aussi utiliser le vocabulaire du cinéma ou de l’art pictural
que tu as déjà travaillé également dans une séquence précédente : les plans et les angles de
vue. Tu peux enfin être attentif au traitement du temps, il y a parfois des ellipses temporelles.
- L’ellipse : procédé qui consiste à abréger le déroulement d’une action en supprimant
certaines étapes, c’est du temps occulté. L’ellipse permet à l’auteur de ne montrer que ce
qui est nécessaire à la compréhension de l’action. Elle permet aussi de donner du rythme au
récit.
- Le flash-back : « retour en arrière » : On l’utilise en général pour représenter le souvenir d’un
personnage, ou pour raconter une action s’étant déroulée avant la scène que l’on est en train
de lire. C’est le cas dans la planche de Persépolis. La vignette 2 évoque les manifestations qui
ont eut lieu dans les années 1980 alors que le récit se passe dix ans plus tard.
C Écriture
Selon toi, le jeu et le jouet préparent-ils l’enfant au rôle que la société lui réserve ?
Réponds à cette question en un paragraphe argumenté et en t’appuyant sur des exemples
précis.
Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
© Cned, Français 3e — 71
Séquence 9 — séance 3
Séance 3
Représentations de la femme et publicité
Durée : 1h
Dans cette séance, tu travailleras sur la représentation de la femme et l’analyse des affiches
publicitaires.
A Femme dominatrice
© Nina Ricci
72 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 9
B Ironie* publicitaire
© Eram
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le
« Je retiens » suivant.
© Cned, Français 3e — 73
Séquence 9 — séance 4
Séance 4
Femme et société de consommation
Durée : 1h
Dans cette séance, tu verras que la représentation de la femme est aussi l’occasion de faire la
critique de la société de son temps. C’est le cas notamment dans les années soixante aux États-Unis
où est né un courant artistique important : le pop art.
Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
j ’approfondis
Si ce thème t’intéresse, tu peux lire et regarder aussi
- Les choses de Georges Perec
- Marcovaldo d’Italo Calvino,
- Nature morte n°30 de Tom Wesselmann et toutes les œuvres d’Andy Warhol.
Duane Hanson, Supermarket Shopper, fibre de verre, polyester, environ 166 sur 70 sur 70 cm (1969).
© Ludwig Collection, Aachen, Germany / The Bridgeman Art Library
74 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 9
Séance 5
Je m’évalue
Durée : 1h
Cette dernière séance te permet de vérifier si tu as bien compris cette séquence sur l’histoire des
arts.
76 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 9
© LG
Cette affiche publicitaire n’utilise pas l’image
de la femme. Qu’est-ce qui te paraît intéressant
dans cette publicité ?
……………………………………………………………
……………………………………………………………
……………………………………………………………
© Cned, Français 3e — 77
Sommaire
Séquence 10
Lire un apologue : La Ferme des animaux de George Orwell
Durée approximative : 15 h 30
Séance 2 Le soulèvement
Séance 9 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Compétence 1 : La maîtrise de la langue française
- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments
implicites nécessaires.
- Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu.
- Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire.
- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une
consigne donnée.
- Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir faire appel à
des outils variés pour améliorer son texte.
- Adapter sa prise de parole à la situation de communication
Compétence 5 : La culture humaniste
- Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire.
Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative
- Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et
sélectionner des informations utiles.
78 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 10
Séance 1
Lire une péroraison révolutionnaire
Durée : 2h
Dans cette nouvelle séquence, tu vas étudier un roman du XXe siècle, La Ferme des animaux de
George Orwell.
Pour réussir la séance 1 tu dois avoir lu le premier chapitre en entier. L’extrait que tu vas découvrir
maintenant est un discours tenu par un personnage important de l’histoire, Sage l’Ancien.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Lis attentivement l’extrait ci-dessous. Tu peux aussi en écouter le début à la piste 22 de ton CD.
Dans La Ferme des animaux, George Orwell met en scène des animaux : au début du roman, un cochon
âgé qui fait figure de sage s’adresse aux animaux de la ferme.
1 Tous les animaux étaient maintenant au rendez-vous — sauf Moïse, un corbeau apprivoisé qui
sommeillait sur un perchoir, près de la porte de derrière — et les voyant à l’aise et bien attentifs,
Sage l’Ancien se racla la gorge puis commença en ces termes :
« Camarades, vous avez déjà entendu parler du rêve étrange qui m’est venu la nuit dernière.
5 Mais j’y reviendrai tout à l’heure. J’ai d’abord quelque chose d’autre à vous dire. Je ne compte
pas, camarades, passer encore de longs mois parmi vous. Mais avant de mourir je voudrais
m’acquitter1 d’un devoir, car je désire vous faire profiter de la sagesse qu’il m’a été donné
d’acquérir. Au cours de ma longue existence, j’ai eu, dans le calme de la porcherie, tout loisir de
méditer. Je crois être en mesure de l’affirmer : j’ai, sur la nature de la vie en ce monde, autant de
10 lumières que tout autre animal. C’est de quoi je désire vous parler.
Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence ? Regardons les choses en face : nous
avons une vie de labeur2, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est
tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au 3
travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici
15 qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passée notre première année sur cette terre, il
n’y pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et
quand le malheur l’accable4, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple
vérité. © Cned, Français 3e — 79
Camarades, est-ce que ce n’est pas clair comme de l’eau de roche ? Tous les maux de notre vie
20 sont dus à l’Homme, notre tyran. Débarrassons-nous de l’Homme, et nôtre sera le produit de
notre travail. C’est presque du jour au lendemain que nous pourrions devenir libres et riches. Á
« Camarades, vous avez déjà entendu parler du rêve étrange qui m’est venu la nuit dernière.
5 Mais j’y reviendrai tout à l’heure. J’ai d’abord quelque chose d’autre à vous dire. Je ne compte
pas, camarades, passer encore de longs mois parmi vous. Mais avant de mourir je voudrais
1
m’acquitter
Séquence d’un 1devoir, car je désire vous faire profiter de la sagesse qu’il m’a été donné
10 — séance
d’acquérir. Au cours de ma longue existence, j’ai eu, dans le calme de la porcherie, tout loisir de
méditer. Je crois être en mesure de l’affirmer : j’ai, sur la nature de la vie en ce monde, autant de
10 lumières que tout autre animal. C’est de quoi je désire vous parler.
Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence ? Regardons les choses en face : nous
avons une vie de labeur2, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est
tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au 3
travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici
15 qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passée notre première année sur cette terre, il
n’y pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et
quand le malheur l’accable4, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple
vérité.
Camarades, est-ce que ce n’est pas clair comme de l’eau de roche ? Tous les maux de notre vie
20 sont dus à l’Homme, notre tyran. Débarrassons-nous de l’Homme, et nôtre sera le produit de
notre travail. C’est presque du jour au lendemain que nous pourrions devenir libres et riches. Á
cette fin, que faut-il ? Eh bien, travailler de jour et de nuit, corps et âme, à renverser la race des
hommes. C’est là mon message, camarades. Soulevons-nous ! Quand aura lieu le soulèvement,
cela je l’ignore : dans une semaine peut-être ou dans un siècle. Mais, aussi vrai que sous moi je
25 sens de la paille, tôt ou tard justice sera faite. Ne perdez pas de vue l’objectif, camarades, dans le
temps compté qui vous reste à vivre. Mais avant tout, faites part de mes convictions à ceux qui
viendront après vous, afin que les générations à venir mènent la lutte jusqu’à la victoire finale.
Et souvenez-vous-en, camarades : votre résolution ne doit jamais se relâcher. Nul argument ne
vous fera prendre des vessies pour des lanternes. Ne prêtez pas l’oreille à ceux selon qui
30 l’Homme et les animaux ont des intérêts communs, à croire vraiment que de la prospérité de l’un
dépend celle des autres ? Ce ne sont que des mensonges. L’Homme ne connaît pas d’autres
intérêts que les siens. Que donc prévalent, entre les animaux, au fil de la lutte, l’unité parfaite et
la camaraderie sans faille. Tous les hommes sont des ennemis. Les animaux entre eux sont tous
camarades. »
35 « J’ai peu à ajouter. Je m’en tiendrai à redire que vous avez à montrer en toutes circonstances
votre hostilité envers l’Homme et ses façons de faire. L’ennemi est tout deuxpattes, l’ami tout
quatrepattes ou tout volatile. Ne perdez pas de vue non plus que la lutte elle-même ne doit pas
nous changer à la ressemblance de l’ennemi. Même après l’avoir vaincu, gardons-nous de ses
vices. Jamais animal n’habitera une maison, ne dormira dans un lit, ne portera de vêtements, ne
40 touchera à l’alcool ou au tabac, ni à l’argent, ni ne fera négoce 5. Toutes les mœurs de l’Homme
sont de mauvaises meurs. Mais surtout, jamais un animal n’en tyrannisera un autre. Quand tous
sont frères, peu importe le fort ou le faible, l’esprit profond ou simplet. Nul animal jamais ne
tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux.
George Orwell, La Ferme des animaux, 1945. Traduit de l’anglais par Jean Queval.
© Éditions Champ Libre / Ivrea, Paris, 1981 et 2009. www.editions-ivrea.fr
Vocabulaire :
- « acquitter » (l. 7) : Satisfaire à une obligation, la remplir.
- « labeur » (l. 12) : travail.
- « sont astreints au » (l. 13) : être contraint, obligé de.
- « l’accable » (l. 17) : oppresse, anéantit.
- « négoce » (l. 40) : commerce.
80 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 10
Réponds sur ton cahier aux questions suivantes par des phrases complètes.
2- À qui s’adresse-t-il ?
3- De quelle sorte de discours réels peux-tu rapprocher ces propos de Sage l’Ancien ?
En quelle occasion peut-on les entendre ?
B Sage, un orateur
1- Quelle image le cochon donne-t-il de lui dans le deuxième paragraphe de l’extrait
(l. 4 à 10) ?
2- Pourquoi, selon toi, ce personnage est-il plus en mesure d’être écouté que les autres ?
2- Quel est le constat de départ ? Appuie ta réponse sur un champ lexical que tu relèveras.
3- Qui est désigné comme responsable de la condition des animaux ? Quelle image l’orateur
donne-t-il du responsable ?
D Un discours politique
1- Quel terme Sage l’ancien emploie-t-il pour désigner ses auditeurs ?
3- Quel type de phrase ouvre les troisième et quatrième paragraphes ? Quel est l’effet
produit par leur emploi ?
4- Énumère les procédés et figures de style que le cochon utilise pour captiver son auditoire.
5- « Est-ce que ce n’est pas clair comme de l’eau de roche ? » (l. 19 à 21) et « Nul argument
ne vous fera prendre des vessies pour des lanternes. » (l. 28-29). Commente ces deux
phrases, en observant notamment leurs forme et type.
6- En quoi ce récit illustre-t-il ce que l’on appelle historiquement la lutte des classes ?
© Cned, Français 3e — 81
Séquence 10 — séance 1
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.
Liberté Esclavage
2- Choisis-en deux par colonne et emploie-les dans des phrases qui mettent en évidence leur
signification.
3- Recopie les phrases suivantes en les complétant avec les mots proposés. Utilise le
dictionnaire si tu as un doute !
Acquiescer, clamer, contredire, élocution, émettre, interrompre, orateur, palabrer, plaidoyer, proférer,
propos, rallier, réfuter.
a) Les… si véhéments du chef ennemi semblaient terrifier les troupes et personne n’osa …
la moindre remarque.
b) Les militaires apprécièrent l’…si claire du dernier… Aussi n’hésitaient-ils pas à … tout
ce qu’il disait.
c) Grâce à un…poignant l’avocat obtint la grâce de l’accusé. Il réussit même le tour de
force de… à sa cause les journalistes présents.
d) Enthousiaste comme il est, il aime…pendant des heures ; n’hésitez pas à l’…
82 — © Cned, Français 3e
séance 1 — Séquence 10
e) Le malheureux garçon avait beau…qu’il n’avait jamais trahi, il était facile pour ses
opposants de…chacun de ses arguments.
f) Le traître ne cessait de… des mensonges. Il fut facile pour ses ennemis de le …
F Prononcer un discours
Entraîne-toi à prononcer le discours de Sage l’Ancien en employant un ton éloquent.
Tu mettras en valeur :
- les apostrophes
- les questions oratoires
- le ton injonctif
© Cned, Français 3e — 83
Séquence 10 — séance 2
Séance 2
Le soulèvement
Durée : 2h
Avant de commencer cette séance, tu dois avoir lu le chapitre 2 du roman. Dans cette séance, tu
apprendras à quel genre littéraire appartient La Ferme des animaux.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Lis attentivement l’extrait ci-dessous. Tu peux en écouter le début à la piste 23 de ton CD.
Les animaux, ayant réussi à expulser Mr Jones, prennent possession de la ferme et instaurent les Sept
Commandements inscrits en gros caractères blancs sur le mur de la ferme. Les animaux s’organisent pour leur
nouvelle vie.
1 Rênes, licous1, œillères, muselières humiliantes furent jetés au tas d’ordures qui brûlaient dans
la cour. Ainsi des fouets, et, voyant les fouets flamber, les animaux, joyeusement, se prirent à
gambader. Boule de Neige livra aussi aux flammes ces rubans dont on pare2 la crinière et la queue
des chevaux les jours de marché.
5 « Les rubans déclara-t-il, sont assimilés aux habits. Et ceux-ci montrent la marque de
l’homme. Tous les animaux doivent aller nus. »
Entendant ces paroles, Malabar s’en fut chercher le petit galurin3 de paille qu’il portait l’été
pour se protéger des mouches, et le flanqua au feu, avec le reste.
Bientôt les animaux eurent détruit tout ce qui pouvait leur rappeler Mr. Jones. Alors Napoléon
10 les ramena à la resserre4, et il distribua, à chacun double picotin5 de blé, plus deux biscuits par
chien. Et ensuite les animaux chantèrent Bêtes d’Angleterre, du commencement à la fin, sept fois
de suite. Après quoi, s’étant bien installés pour la nuit, ils dormirent comme jamais encore.
Ils prirent le petit déjeuner, puis Boule de Neige et Napoléon les réunirent en séance plénière6.
« Camarades, dit Boule de Neige, il est six heures et demie, et nous avons une longue journée
15 devant nous. Nous allons faire les foins sans plus attendre, mais il y a une question dont nous
avons à décider tout d’abord.
Les cochons révélèrent qu’ils avaient appris à lire et à écrire, au cours des trois derniers mois,
dans un vieil abécédaire des enfants Jones (ceux-ci l’avaient jeté sur un tas d’ordures, et c’est là
que les cochons l’avaient récupéré). Ensuite, Napoléon demanda qu’on lui amène des pots de
20 peinture blanche et noire, et il entraîna les animaux jusqu’à la clôture aux cinq barreaux. Là,
Boule de Neige (car c’était lui le plus doué pour écrire) fixa un pinceau à sa patte et passa sur le
barreau supérieur une couche de peinture qui recouvrit les mots : Ferme du Manoir. Puis à la
place, il calligraphia : Ferme des Animaux. Car dorénavant tel serait le nom de l’exploitation
agricole. Cette opération terminée, tout le monde regagna les dépendances. Napoléon et Boule de
25 Neige firent alors venir une échelle qu’on dressa contre le mur de la grange. Ils expliquèrent
qu’au terme de leurs trois mois d’études les cochons étaient parvenus à réduire les principes de
l’Animalisme à Sept Commandements. Le moment était venu d’inscrire les Sept
Commandements sur le mur. Ils constitueraient la loi imprescriptible7 de la vie de tous sur le
territoire de la Ferme des Animaux. Non sans quelque mal (vu que pour un cochon, se tenir en
30 équilibre sur une échelle n’est pas commode), Boule de Neige escalada les barreaux et se mit au
travail ; Brille-Babil, quelques degrés plus bas, lui tendait le pot de peinture. Et c’est de la sorte
que furent promulgués les Sept Commandements, en gros caractères blancs, sur le mur
goudronné. On pouvait les lire à trente mètres de là. Voici leur énoncé :
C’était tout à fait bien calligraphié, si ce n’est que volatile était devenu vole-t-il, et aussi à un s
près, formé à l’envers. Boule de Neige donna lecture des Sept Commandements, à l’usage des
animaux qui n’avaient pas appris à lire. Et tous donnèrent leur assentiment8 d’un signe de tête, et
les esprits les plus éveillés commencèrent aussitôt à apprendre les Sept Commandements par
45 cœur.
« Et maintenant, camarades, aux foins ! s’écria Boule de Neige. Il y va de notre honneur
d’engranger la récolte plus vite que ne le feraient Jones et ses acolytes. »
George Orwell, La Ferme des animaux, 1945. Traduit de l’anglais par Jean Queval.
© Éditions Champ Libre / Ivrea, Paris, 1981 et 2009. www.editions-ivrea.fr
Vocabulaire :
1- « licou » (l.1) : lien mis autour du cou des bêtes de somme.
2- « pare » (l.3) : décore, orne.
3- « galurin » (l.7) : (populaire) chapeau.
4- « resserre » (l.10) : lieu où l’on resserre différents objets, remise.
5- « picotin » (l.10) : Mesure dont on se servait pour l’avoine que l’on donne aux chevaux et qui valait
environ deux litres et demi.
6- « séance plénière » (l.11) : réunion.
7- « imprescriptible » (l.28) : qui ne peut être annulé, supprimé.
8- « assentiment » (l.38) : accord.
© Cned, Français 3e — 85
Séquence 10 — séance 2
86 — © Cned, Français 3e
séance 2 — Séquence 10
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.
j e retiens L’apologue*.
Les apologues sont de courts récits à visée didactique, c’est-à-dire qu’ils sont destinés
à délivrer un enseignement, une leçon de façon explicite ou implicite. Leur message
permet de réfléchir à des problèmes humains, d’ordre historique, politique ou social. Les
apologues peuvent prendre des formes variées :
- La fable : elle comporte une leçon exprimée dans une morale. Cette leçon est illustrée
par un court récit dont les personnages sont souvent des animaux qui représentent les
êtres humains. Les fables les plus célèbres sont celles de Jean de La Fontaine.
- Le conte : il comporte également une leçon exprimée dans une morale explicite
ou implicite. En classe de 6e, tu as découvert les fameux contes de Grimm ou de
Perrault. Tu te souviens peut-être que la moralité des contes apporte une leçon sur les
comportements humains, les qualités et défauts des hommes.
- L’utopie : c’est une histoire sur des mondes nouveaux insérée dans un récit plus long.
Elle représente à travers une fiction une société idéale pour mieux critiquer le monde tel
qu’il est. Les plus célèbres sont l’Abbaye de Thélème de François Rabelais dans son livre
Gargantua ou encore l’Eldorado de Voltaire dans son conte philosophique Candide.
- La contre-utopie : C’est également un récit sur des mondes nouveaux mais qui décrit un
univers déshumanisé sous l’emprise de la technologie ou de régimes totalitaires contre
lesquels l’auteur met en garde le lecteur. La Ferme des animaux est par exemple une
contre-utopie. À ce sujet, tu peux lire aussi 1984 de George Orwell ou encore Le meilleur
des mondes d’Aldous Huxley.
C Réécriture
Récris le passage suivant au discours direct en faisant toutes les modifications nécessaires.
Les cochons révélèrent qu’ils avaient appris à lire et à écrire, au cours des trois derniers
mois, dans un vieil abécédaire des enfants Jones (…) Ensuite, Napoléon demanda qu’on lui
amène des pots de peinture blanche et noire (…) Ils expliquèrent qu’au terme de leurs trois
mois d’étude les cochons étaient parvenus à réduire les principes de l’Animalisme à Sept
Commandements.
D’après George Orwell, La Ferme des animaux (1945).
D Expression écrite
Lis les chapitres 3 et 4 et fais le résumé en une dizaine de lignes des événements qui
surviennent dans ces chapitres.
© Cned, Français 3e — 87
Séquence 10 — séance 3
Séance 3
Le subjonctif dans les propositions relatives et circonstancielles
Durée : 1h
L’objectif de cette séance est pour toi d’approfondir ta connaissance du mode subjonctif, en
étudiant son emploi dans les propositions subordonnées relatives et circonstancielles.
Tu as déjà révisé la conjugaison du subjonctif dans la séance 2 de la séquence 6 sur L’Ami retrouvé,
n’hésite pas à t’y reporter si besoin. Tu peux aussi consulter les tableaux de conjugaison en annexe.
88 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 10
j e sais déjà
L’emploi du subjonctif dans les propositions conjonctives COD
Dans les propositions subordonnées conjonctives COD, on utilise le subjonctif après :
- un verbe exprimant un souhait, une volonté, un doute, un ordre, un sentiment.
Ex. : Je veux que Napoléon abdique, je doute qu’il écoute mes souhaits.
- un verbe de pensée employé à la forme interrogative ou négative.
Ex. : Je ne pense pas que ce soit aussi simple, Pensez-vous que ce le soit ?
- Les animaux sont réunis dans la grange afin qu’ils écoutent le discours de Napoléon.
© Cned, Français 3e — 89
Séquence 10 — séance 3
- Avant que les cochons (s’assoir), les autres animaux parlent entre eux.
- Jusqu’à ce que M. Jones (partir) du manoir, les animaux travaillent avec acharnement.
- Avant que le bruit des sabots de Malabar (s’éteindre) dans le fourgon, les animaux lui
crient de s’enfuir.
90 — © Cned, Français 3e
séance 3 — Séquence 10
3- Remplace dans les phrases suivantes les groupes nominaux compléments circonstanciels
en italique par des propositions circonstancielles au subjonctif.
- Avant l’arrivée de Napoléon, les animaux menaient bon train leur conversation.
- Ils lisent attentivement les sept commandements jusqu’à la tombée de la nuit.
- Malgré tous ses efforts, il n’arrive pas à retenir tous les commandements.
- Malgré sa crainte de parler en public, il intervient dans le débat.
- En dépit de sa force physique, il ne parvient plus à labourer les champs.
C Écriture
Napoléon exhorte les animaux de la ferme avant qu’ils ne le rejoignent dans son camp.
Rédige en une dizaine de lignes le discours qu’il leur adresse. Tu commenceras ton texte
par : Mes amis les animaux, il faut que…
Tu emploieras des verbes conjugués au subjonctif.
© Cned, Français 3e — 91
Séquence 10 — séance 4
Séance 4
Comprendre une dénonciation de la tyrannie
Durée : 2h
Dans cette séance tu vas découvrir comment George Orwell écrit une dénonciation implicite du pouvoir.
Pour cette séance, tu dois avoir lu les chapitres 3 et 4 du livre.
Prends une nouvelle page. Note le titre de la séquence en rouge.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Lis l’extrait ci-dessous puis réponds aux questions, et écoute le début à la piste 24 de ton CD.
La révolte lancée par Sage l’Ancien a mis fin à la domination humaine. Les animaux travaillent pour leur
propre bénéfice et non pour enrichir un humain. Les cochons ont appris à lire et sont devenus les leaders du
groupe. Parmi eux, Boule-de-Neige et Napoléon se disputent le rôle de chef. Un jour, alors que Boule-de-
Neige parvient à convaincre son auditoire par des arguments solides, Napoléon fait venir neuf molosses qui
effraient son adversaire et le chassent. Il prend ainsi le pouvoir sur la Ferme des animaux. L’extrait que tu vas
lire fait suite au coup d’état.
1 En silence, terrifiés, les animaux regagnaient la grange. Bientôt les chiens revenaient, et
toujours au pas accéléré. Tout d’abord, personne ne soupçonna d’où ces créatures pouvaient bien
venir, mais on fut vite fixé : car c’étaient là les neuf chiots que Napoléon avait ravis1 à leurs
mères et élevés en secret. Pas encore tout à fait adultes, déjà c’étaient des bêtes énormes, avec
5 l’air féroce des loups. Ces molosses2 se tenaient aux côtés de Napoléon, et l’on remarqua qu’ils
frétillaient de la queue à son intention, comme ils avaient l’habitude de faire avec Jones.
Napoléon, suivi de ses molosses, escaladait maintenant l’aire surélevée du plancher d’où
Sage l’Ancien, naguère3, avait prononcé son discours. Il annonça que dorénavant il ne se tiendrait
plus d’assemblées du dimanche matin. Elles ne servaient à rien, déclara-t-il. — pure perte de
10 temps. Á l’avenir, toutes questions relatives à4 la gestion de la ferme seraient tranchées5 par un
comité de cochons, sous sa propre présidence. Le comité6 se réunirait en séances privées, après
quoi les décisions seraient communiquées aux autres animaux. On continuerait de se rassembler
le dimanche matin pour le salut au drapeau, chanter Bêtes d’Angleterre et recevoir les consignes
de la semaine. Mais les débats publics étaient abolis7.
15 Encore sous le choc de l’expulsion de Boule de Neige, entendant ces décisions les animaux
furent consternés. Plusieurs d’entre eux auraient protesté si des raisons probantes leur étaient
venues à l’esprit. Même Malabar était désemparé, à sa façon confuse. Les oreilles rabattues et sa
mèche lui fouettant le visage, il essayait bien de rassembler ses pensées, mais rien ne lui venait.
Toutefois, il se produisit des remous8 dans le clan même des cochons, chez ceux d’esprit délié9.
20 Au premier rang, quatre jeunes gorets10 piaillèrent leurs protestations, et, dressés sur leurs pattes
de derrière, incontinent11 ils se donnèrent la parole. Soudain, menaçants et sinistres, les chiens
assis autour de Napoléon se prirent à grogner, et les porcelets se turent et se rassirent. Puis ce fut
le bêlement formidable du chœur des moutons : Quatrepattes, oui ! Deuxpattes, non ! qui se
prolongea presque un quart d’heure, ruinant toute chance de discussion.
25 Par la suite, Brille-Babil fut chargé d’expliquer aux animaux les dispositions nouvelles.
« Camarades, disait-il, je suis sûr que chaque animal apprécie à sa juste valeur le sacrifice
consenti par le camarade Napoléon à qui va incomber12 une tâche supplémentaire. N’allez pas
imaginer, camarades, que gouverner est une partie de plaisir ! Au contraire, c’est une lourde, une
écrasante responsabilité. De l’égalité de tous les animaux, nul n’est plus fermement convaincu
30 que le camarade Napoléon. Il ne serait que trop heureux de s’en remettre à vous de toutes
décisions. Mais il pourrait vous arriver de prendre des décisions erronées 13, et où cela mènerait-il
alors ?
George Orwell, La Ferme des animaux, 1945. Traduit de l’anglais par Jean Queval.
© Éditions Champ Libre / Ivrea, Paris, 1981 et 2009. www.editions-ivrea.fr
92 — © Cned, Français 3e
séance 4 — Séquence 10
Vocabulaire :
1- « Avaient ravis » (l. 3) : avaient enlevés.
2- « Molosses » (l. 5) : gros chiens.
3- « Naguère » (l. 8) : autrefois.
4- « Relatives à » (l. 10) concernant.
5- « Seraient tranchées » (l. 10) : seraient décidées.
6- « Comité » (l. 11) : rassemblement, assemblée.
7- « Abolis » (l. 14) : supprimés.
8- « Remous » (l. 19) : agitation, confusion.
9- « Esprit délié » (l. 19) : finesse d’esprit, à la compréhension facile.
10- « Gorets » (l. 20) : cochons.
11- « Incontinent » (l. 21) : qui a tendance à trop parler, sans modération.
12- « Incomber » (l. 27) : revenir à.
13- « Erronées » (l. 31) : qui sont dans l’erreur, fausses.
© Cned, Français 3e — 93
Séquence 10 — séance 4
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.
D Écriture
« Au premier rang, quatre jeunes gorets piaillèrent leurs protestations et, dressés sur leurs
pattes de derrière, incontinent, ils se donnèrent la parole ». (l. 20-21)
En une dizaine de phrases, rédige le discours qu’auraient pu prononcer l’un de ces
animaux en utilisant des arguments illustrés par des mises en relief et des formules pour
interpeller l’auditoire.
Lis ensuite dans le livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
94 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 10
Séance 5
Savoir utiliser les outils de l’argumentation
Durée : 2h
Dans les séances précédentes, tu as découvert en lisant les différents extraits de la Ferme des
animaux que les personnages qui maîtrisaient la parole, et donc le discours, détenaient le pouvoir.
Il est important, pour te former au sujet de réflexion notamment, que tu sois à l’aise avec les
techniques et le vocabulaire de l’argumentation. L’objectif de cette séance est de te préparer à
répondre de manière argumentée afin de pouvoir convaincre ton lecteur ou ton auditoire.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
© Cned, Français 3e — 95
Séquence 10 — séance 5
3- Pour former un mot exprimant un jugement péjoratif, transforme les mots en gras à
l’aide d’un des suffixes suivants : -âtre, -ot(te), -aud(e), -ailler, -ard, -asse, -asser.
a) Arrête de discuter.
h) Je le trouve pâle.
4- Relie chaque verbe à son antonyme*. N’hésite pas à utiliser ton dictionnaire si tu as un
doute sur les significations des verbes suivants.
attaquer • • louer
accuser • • complimenter
dénoncer • • cacher
critiquer • • défendre
blâmer • • célébrer
fustiger • • innocenter
B Le vocabulaire de l’argumentation
a) Indique pour chacun de ces deux mots, convaincre et persuader, au moins deux
termes de la même famille.
96 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 10
3- Complète les phrases suivantes à l’aide d’un de ces mots : convaincant, conviction,
persuasif, persuasion.
a) Le ton de cet orateur est particulièrement ...
b) Le développement de son raisonnement m’a paru ...
c) Dans notre monde où l’image d’une personne publique est essentielle, chacun travaille
l’art d’être ... avant les grands rendez-vous médiatiques.
d) L’essentiel est le pouvoir de ... d’un discours sérieux et rigoureux.
e) L’art de la … nécessite une diction et une gestuelle appropriées.
4- En t’aidant d’un dictionnaire si nécessaire, complète les phrases suivantes avec le
verbe qui convient : alléguer, délibérer, développer, illustrer, défendre, étayer et fonder.
Attention : tu devras le conjuguer correctement.
a) La thèse que ... cet avocat dans sa plaidoirie est l’innocence de l’accusé.
b) Sa thèse se ... sur plusieurs arguments qu’il ... largement devant l’assemblée.
c) Pour qu’on le croit, il veille à … ses arguments par des exemples qui ... son propos.
d) À la fin du procès, le jury se retire pour ...
e) Il ... un argument qui ne semble pas vraiment fondé.
5- Classe dans le tableau les mots ou expressions suivants :
C’est-à-dire, c’est le cas de, il en va de même, en outre, comme, de surcroît, en d’autres
termes.
© Cned, Français 3e — 97
Séquence 10 — séance 5
j ’approfondis
L’argumentation
Argumenter c’est s’exprimer par écrit, par oral ou par l’image :
- pour justifier ou dénoncer un fait, une idée
- pour convaincre ou persuader un destinataire
On recourt à l’argumentation dans les domaines politiques et médiatiques, dans les
procès, dans la publicité, dans la vie professionnelle mais aussi personnelle
Une thèse* est une opinion que l’on émet et qui s’appuie sur plusieurs arguments
et exemples. On peut également réfuter une thèse adverse en utilisant des contre-
arguments illustrés de contre-exemples.
Les arguments peuvent par exemple se fonder sur :
- un raisonnement logique. Ex. : Le triangle ABC présente deux côtés d’égale longueur or un
triangle comportant deux côtés de longueur égale est un triangle isocèle donc le triangle ABC est
isocèle.
- une expérience personnelle. Ex. : J’ai vécu moi-même une expérience similaire, c’est donc en
toute connaissance de cause que je maintiens ma position.
- Un propos de personne qualifiée, on parle alors d’argument d’autorité Ex. : Selon
l’ONU, les écosystèmes marins ont diminué de 30% en 40 ans.
Lorsque l’on argumente, on emploie des indices de jugements (des modalisateurs*)
pour nuancer ou au contraire affirmer (termes péjoratifs* ou mélioratifs*, questions
rhétoriques*, emploi du conditionnel…).
Pour que l’argumentation soit efficace elle doit être rigoureusement construite à l’aide
notamment de liens ou connecteurs logiques.
Lis ensuite dans le livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
98 — © Cned, Français 3e
séance 5 — Séquence 10
2- Souligne dans les phrases suivantes les groupes nominaux circonstanciels et indique s’ils
expriment la condition, la concession ou l’opposition.
a) Malgré son impatience, il reste très calme.
b) Pour un chanteur, il fait beaucoup de fausses notes.
c) En cas de maladie, le voyage sera remboursé.
d) Sans autorisation de sortie, tu ne pourras pas participer au voyage.
3- Complète les phrases suivantes à l’aide de groupes nominaux circonstanciels en tenant
compte des indications données entre parenthèses :
a) (GN CC de concession), elle est allée au travail.
b) (GN CC d’opposition), il acheté des fraises.
c) Tu ne pourras pas venir avec nous, (GN CC d’opposition).
© Cned, Français 3e — 99
Séquence 10 — séance 5
4- Souligne dans les phrases suivantes les subordonnées puis indique si elles expriment
l’opposition ou la condition.
a) Bien qu’elle soit timide, elle s’est présentée à l’élection des délégués.
b) S’il neigeait, je ne pourrais pas sortir la voiture du garage.
c) Si vous êtes trop impatient, vous aurez du mal à attendre votre tour.
5- Conjugue les verbes des subordonnées circonstancielles d’opposition au temps et au
mode qui conviennent.
a) Alors qu’il (aimer) la musique, Henri ne peut jamais en écouter.
b) Quels que (être) les avantages de ce poste, je décline l’offre.
c) Bien qu’elle (comprendre) l’anglais, elle le parlait difficilement.
d) Quoi que vous (dire), elle vous contredira toujours.
Séance 6
Comprendre une satire politique.
Durée : 2h.
Par l’étude de cet extrait, tu pourras te rendre compte que le régime politique instauré par
Napoléon est un régime de terreur qui arrive à son point culminant. Tu auras également l’occasion
de réviser les paroles rapportées.
Pour cette séance, tu dois avoir lu les chapitres 5 et 6 du livre.
Prends une nouvelle page. Note le titre de la séquence en rouge.
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Lis attentivement le texte ci-dessous, et écoute le début, lu à la piste 25 de ton CD.
1 Napoléon donna ordre à tous les animaux de se rassembler dans la cour. Quand ils furent tous
réunis, il sortit de la maison de la ferme, portant deux décorations (car récemment il s’était
attribué les médailles de Héros-Animal, Première Classe et Deuxième Classe). Il était entouré de
ses neufs molosses qui grondaient : les animaux en avaient froid dans le dos, et chacun se tenait
5 tapi en silence, comme en attente de quelque événement terrible.
Napoléon jeta sur l’assistance un regard dur, puis émit un cri suraigu. Immédiatement les
chiens bondirent en avant, saisissant quatre cochons par l’oreille et les traînant, glapissants et
terrorisés, aux pieds de Napoléon. Les oreilles des cochons saignaient. Et, quelques instants, les
molosses ivres de sang, parurent saisis d’une rage démente. Á la stupeur de tous, trois d’entre eux
10 se jetèrent sur Malabar. Prévenant leur attaque, le cheval frappa l’un d’eux en plein bond et de
son sabot le cloua au sol. Le chien hurlait miséricorde. Cependant, ses deux congénères, la queue
entre les jambes, avaient filé bon train. Malabar interrogeait Napoléon des yeux. Devait-il en finir
avec le chien ou lui laisser la vie sauve ? Napoléon parut prendre une expression autre, et d’un
ton bref il lui commanda de laisser aller le chien, sur quoi Malabar leva son sabot. Le chien
15 détala, meurtri et hurlant de douleur.
Aussitôt le tumulte s’apaisa. Les quatre cochons restaient sidérés et tremblants, et on lisait sur
leurs traits le sentiment d’une faute. Napoléon les invita à confesser leurs crimes. C’étaient là les
cochons qui avaient protesté quand Napoléon avait aboli l’assemblée du dimanche. Sans autre
forme de procès, ils avouèrent. Oui, ils avaient entretenu des relations secrètes avec Boule de
20 Neige depuis son expulsion. Oui, ils avaient collaboré avec lui à l’effondrement du moulin à vent.
Et oui, ils avaient été de connivence pour livrer la Ferme des Animaux à Mr. Frederick. Ils firent
encore état de confidences du traître : depuis des années, il était bien l’agent secret de Jones. Leur
confession achevée, les chiens, sur–le-champ, les égorgèrent. Alors, d’une voix terrifiante,
Napoléon demanda si nul autre animal n’avait à faire des aveux.
25 Les trois poulets qui avaient mené la sédition dans l’affaire des œufs s’avancèrent, disant que
Boule de Neige leur était apparu en rêve. Il les avait incités à désobéir aux ordres de Napoléon.
Eux aussi furent massacrés. Puis une oie se présenta : elle avait dérobé six épis de blé à la
moisson de l’année précédente et les avait mangés de nuit. Un mouton avait, lui, uriné dans
l’abreuvoir — sur les instances de Boule de Neige —, et deux autres moutons avouèrent le
30 meurtre d’un vieux bélier, particulièrement dévoué à Napoléon : alors qu’il avait un rhume de
cerveau, ils l’avaient pris en chasse autour d’un feu de bois. Tous furent mis à mort sur-le-champ.
Et de cette façon, aveux et exécutions se poursuivirent : à la fin ce fut, aux pieds de Napoléon, un
amoncellement de cadavres, et l’air était lourd d’une odeur de sang inconnue depuis le
bannissement de Jones.
35 Quand on en eut fini, le reste des animaux, cochons et chiens exceptés, s’éloigna en foule
furtive. Ils frissonnaient d’horreur.
George Orwell, La Ferme des animaux, 1945. Traduit de l’anglais par Jean Queval.
© Éditions Champ Libre / Ivrea, Paris, 1981 et 2009. www.editions-ivrea.fr
Vocabulaire
- « se tenait tapi » (l. 8) : se cacher, se dissimuler.
- « glapissant » (l. 13) : poussant de petits cris.
- « démente » (l. 15) : folle, hystérique.
- « hurlait miséricorde » (l. 18) : demandait grâce, réclamait la vie sauve.
- « congénères » (l. 19) : qui sont de la même espèce, semblables.
- « sidérés » (l. 27) : stupéfaits, figés par la peur.
- « sédition » (l. 41) : Émeute, révolte, soulèvement.
j e sais déjà
Le discours rapporté
En cinquième, tu as étudié le discours direct et en quatrième, le discours indirect.
Tu connais donc déjà deux façons de rapporter les paroles d’un personnage.
- Le discours direct : façon de rapporter directement les paroles ou les pensées telles
qu’elles ont été exprimées. Le dialogue ou monologue est inséré dans le récit par des
verbes de parole et par une ponctuation particulière : deux-points, guillemets et tirets.
Ex. : Napoléon annonça aux animaux sidérés :
« Je suis votre nouveau chef, soumettez-vous ! »
- Le discours indirect : rapporte indirectement les paroles du personnage en les
transformant pour les intégrer au récit à l’aide de propositions subordonnées.
Ex. : Napoléon annonça aux animaux sidérés qu’il était leur nouveau chef et qu’il exigeait qu’ils se
soumettent.
Attention : les pronoms personnels sont modifiés, ainsi que les temps verbaux. Pour
transformer, dans un récit au passé, le discours direct en discours indirect, il faut respecter
la concordance des temps.
2- Transforme les phrases en employant le discours indirect. Fais attention aux indicateurs
de temps.
a) Napoléon déclara aux animaux : « Ce matin, je vais vous réciter les sept
commandements. »
b) Il ajouta : « Demain, vous appliquerez ces nouvelles règles. »
c) Il ordonna à ses molosses : « Surveillez-les de près ! »
d) Un des molosses lui demanda : « Quand pourrons-nous les attaquer ? »
3- Identifie les types de discours utilisé pour chacune des phrases suivantes.
a) Dans la grange, Napoléon présenta sa dernière loi.
b) Malabar demanda à Moïse s’il avait compris la fin du discours.
c) M. Jones interrogea Napoléon sur la marche à suivre.
d) « N’oublie pas de suivre les sept commandements » lui recommandé Brille-Babil.
C Expression écrite
Imagine les pensées des animaux après cette scène. Tu commenceras par « Ils n’auraient
pas su dire ce qui les bouleversait le plus… » Tu poursuivras en veillant à ce que ton récit
soit au discours indirect libre.
Lis ensuite dans le livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
© Cned, Français 3e — 103
Séquence 10 — séance 7
Séance 7
Lire un récit en boucle
Durée : 1h
Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.
Lis l’extrait ci-dessous et écoute-le à la piste 26 de ton CD, puis réponds aux questions.
Voici les dernières lignes du roman : des fermiers des alentours ont été invités à visiter la ferme. À la suite de
cette visite, ils festoient en compagnie des cochons. Les animaux, surpris, observent la scène par la fenêtre.
Napoléon prend la parole et porte un toast.
1 Messieurs, conclut Napoléon, je vais porter le même toast que tout à l’heure, mais autrement
formulé. Que chacun remplisse sa chope à ras bord. Messieurs, je bois à la prospérité de la Ferme
du Manoir ! »
Ce furent encore des acclamations chaleureuses, et les chopes furent vidées avec entrain. Mais
5 alors que les animaux observaient la scène du dehors, il leur parut que quelque chose de bizarre
était en train de se passer. Pour quelle raison les traits des cochons n’étaient-ils plus tout à fait les
mêmes ? Les yeux fatigués de Douce glissaient d’un visage à l’autre. Certains avaient un
quintuple menton, d’autres avaient le menton quadruple et d’autres triple. Mais qu’est-ce que
c’était qui avait l’air de se dissoudre, de s’effondrer, de se métamorphoser ? Les
10 applaudissements s’étaient tus. Les convives reprirent la partie de cartes interrompue, et les
animaux silencieux filèrent en catimini1.
Ils n’avaient pas fait vingt mètres qu’ils furent cloués sur place. Des vociférations 2 partaient
de la maison. Ils se hâtèrent de revenir mettre le nez à la fenêtre. Et, de fait, une querelle violente
était en cours. Ce n’étaient que cris, coups assenés sur la table, regards aigus et soupçonneux,
15 dénégations furibondes3. La cause du charivari4 semblait due au fait que Napoléon et Mr.
Pilkington avaient abattu un as de pique en même temps.
Douze voix coléreuses criaient et elles étaient toutes les mêmes. Il n’y avait plus maintenant à
se faire de questions sur les traits altérés des cochons. Dehors, les yeux des animaux allaient du
cochon à l’homme et de l’homme au cochon, et de nouveau du cochon à l’homme ; mais déjà il
20 était impossible de distinguer l’un de l’autre.
George Orwell, La Ferme des animaux, 1945. Traduit de l’anglais par Jean Queval.
© Éditions Champ Libre / Ivrea, Paris, 1981 et 2009. www.editions-ivrea.fr
Vocabulaire
1- « en catimini » (l. 11) : discrètement.
2- « vociférations » (l. 12) : cris de colère, de protestation.
3- dénégations furibondes » (l. 15) : refus violent d’admettre la vérité.
4- « charivari » (l. 15) : vacarme, tumulte.
A Un récit en abyme*
1- Quels sont les différents personnages en présence dans cet extrait ?
2- Quels sont les personnages qui découvrent la scène en même temps que les lecteurs ?
3- Pourquoi peut-on dire qu’ils sont spectateurs ? Justifie ta réponse en relevant au moins
deux éléments dans le texte.
4- Relève dans le texte des expressions (détails physiques, activités, comportements…) qui
montrent que les cochons et les autres animaux de la ferme ont des conditions de vie
bien opposées ?
5- En t’aidant de ton relevé à la question précédente, montre que Napoléon et les cochons
ont mis en place un régime de terreur qui asservit les autres animaux.
B La disparition de l’animalisme
1- « Les yeux fatigués de Douce glissaient d’un visage à l’autre » (l. 7). Quel événement
étonnant remarque-t-il en observant la scène par la fenêtre ?
2- Quel est le type de phrase utilisé pour marquer la surprise ?
3- Quel événement fantastique se produit à la fin du récit ?
4- En quoi peut-on dire que cet événement marque la fin de l’animalisme ?
6- En reprenant tes réponses précédentes, en quoi peut-on dire que La Ferme des animaux est
un récit en boucle ?
D Dictée
Séance 8
Une fable aux résonances historiques
Durée : 2h
En lisant intégralement le roman de Georges Orwell, tu as vu qu’il s’agissait d’une œuvre engagée
sur le plan politique. Dans cette séance, il est question de te donner toutes les clés pour comprendre
l’arrière plan historique.
A Découvrir l’auteur
Lis attentivement cette biographie de Georges Orwell puis coche la bonne réponse parmi
les questions qui suivent (une seule bonne réponse possible) :
George Orwell, né en 1903 à Motihari (Inde britannique, actuelle Inde), est un écrivain
anglais et journaliste du XXe siècle. Son vrai nom est Eric Arthur Blair.
À dix-neuf ans, George Orwell entre dans la police impériale birmane. Il y restera jusqu’en
1927. Cette période l’a inspiré pour écrire Une histoire birmane (1934), récit critiquant
le colonialisme anglais. Il exerce ensuite plusieurs métiers (maître d’école, employé de
librairie...) pour pouvoir vivre.
En 1936, après sa participation à la guerre civile espagnole dans les rangs du P.O.U.M
(Parti Ouvrier d’Unification Marxiste), Orwell se dresse contre le totalitarisme nazi et
soviétique. Après avoir observé et partagé les conditions d’existence des classes ouvrières
à Londres et à Paris, il décide de se battre pour plus de justice sociale et adhère au
socialisme.
George Orwell publie La Ferme des animaux en 1945 où il se moque de la politique
stalinienne. En 1949, il publie son plus célèbre roman, 1984. Ce dernier est un roman
de science-fiction dans lequel Orwell décrit une contre-utopie totalitaire en Grande-
Bretagne. Big Brother, un personnage de fiction dans le roman, est devenu une figure
métaphorique du régime policier et totalitaire et de la réduction des libertés.
George Orwell meurt en 1950 à Londres de la tuberculose.
1- Georges Orwell est un pseudonyme, son vrai nom est :
o Tony Blair
o Eric Arthur Blair
o Georges Blair
2- La nationalité de cet auteur est :
o Birmane
o Anglaise
o Espagnole
3- Pendant la guerre civile espagnole, Georges Orwell a participé :
o À la BOUM (Bolchévique organisation unie et menaçante)
o Au POUM (Parti Ouvrier D’Unification Marxiste)
o Au POUM (Parti organisé dans l’urgence mondiale)
B Lecture d’images
Observe attentivement les différentes images :
1 2 3
4 5 6
1- Laquelle de ces six images représente le mieux selon toi le roman que tu viens de lire ?
Justifie ta réponse.
2- Lesquelles de ces six images proposent un travestissement des animaux ? Explique
comment ils sont humanisés.
3- Lesquelles de ces six images ne proposent pas la lecture des animaux travestis en
homme ? Explique ta réponse.
4- Les images 4 et 5 font particulièrement appel à la symbolique des couleurs, qu’est-il
évoqué à travers celles-ci ?
D Écriture
Selon toi est-il plus efficace de dénoncer de façon implicite comme l’a fait Georges Orwell
dans La Ferme des animaux ou de façon explicite ?
Réponds à cette question de façon argumentée et en quelques phrases en t’appuyant sur
des expériences que tu as pu vivre à l’école par exemple et éventuellement sur des œuvres
littéraires que tu connais.
Séance 9
Je m’évalue
Durée : 1h30.
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra
de faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.
Complète maintenant le tableau suivant. Si tu as oublié quelque chose ou si tu n’es pas sûr de toi,
tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes réponses. Il est très
important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.
Les dérivés des mots en –ion Trouver des mots de la même famille que
Les mots en –ion peuvent servir à les noms féminins en –ion ci-dessous, et
former d’autres mots qu’on appelle des doubler le « n » du suffixe si besoin.
…………... Il faut souvent doubler le « n » Proportion è ………………………….
du suffixe -ion Raison è ………………………….
Passion è ………………………….
Nation è ………………………….
Les familles de mots irrégulières Donner au moins trois mots pour former
Une famille de mots irrégulière peut la famille de :
englober des mots dont le radical prend - mer : ……………………………..……………
des formes …………… - donner : ………………………………………
Ex. : ………………………………….
Le vocabulaire de l’éloquence Répondre aux questions suivantes :
L’éloquence (ou ……………………) est 1) Le nom éloquence est-il synonyme
l’art de bien construire un discours. La ou antonyme de rhétorique ?
partie initiale d’un discours s’appelle …………………………………………
l’e……………………… et sa partie finale 2) Quel adjectif qualificatif peut-on utiliser
s’appelle la p……………………………. pour parler d’un orateur qui parle bien ?
………………….………
3) Quel nom est formé sur le verbe
exhorter ? ………………….………
L’argumentation est l’art de c………………. Surligner les connecteurs logiques du
par des arguments solidement construits texte suivant :
ou de p……………. son auditoire en M. Jones se dépêcha d’abord de fuir car il
faisant appel à ses sentiments (colère, savait que les animaux s’étaient soulevés
pitié…) pendant la nuit. Il se refugia ensuite dans une
Pour que l’argumentation soit efficace, ferme avoisinante et se dit qu’il prendrait sa
elle doit être rigoureusement construite, à revanche. Même s’il était terrorisé, il était
l’aide notamment de liens ou connecteurs certain de faire son retour mais il ne savait
logiques. Le lien logique qui existe entre pas encore quand.
deux idées peut exprimer plusieurs
……………………
Séance 6 Je m’évalue
Socle commun
Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items
des compétences ci-dessous.
Compétence 1 : La maîtrise de la langue française
- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments
implicites nécessaires.
- Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu.
- Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire.
- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une
consigne donnée.
Compétence 5 : La culture humaniste
- Établir des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre.
Séance 1
Découvrir une forme poétique nouvelle : le calligramme
« La Petite Auto », Guillaume Apollinaire
Durée approximative : 1h
Dans cette séquence, tu vas partir en voyage et parcourir le monde, de Montmartre à New York,
en passant par la Sibérie. Tu voyageras en train, en auto ou en bateau, mais toujours en compagnie
de poètes. Au XXe siècle, les progrès techniques ont considérablement modifié le rapport que les
hommes entretiennent avec l’espace. Les poètes que tu vas découvrir ont su capter et fixer dans
leurs textes les particularités du voyage moderne. Pour cela, ils ont dû renouveler les formes
poétiques traditionnelles et en forger d’autres, plus souples, plus libres, capables de recueillir et
de transcrire les vibrations, parfois les soubresauts, d’un monde en pleine mutation. C’est donc
également à un voyage à travers la modernité poétique que cette séquence t’invite maintenant.
La première séance t’emmène dans une « petite auto », aux côtés de Guillaume Apollinaire, au
moment où la première guerre mondiale éclate. Tu découvriras une forme poétique originale, le
calligramme et travailleras sur l’orthographe et l’accord de leur.
Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en
rouge. Encadre-les.
Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le
travail demandé.
À présent, lis deux fois le texte qui suit.
LA PETITE AUTO
Pour vérifier ta bonne compréhension du poème, réponds maintenant aux questions qui suivent.
d) Par quelle région les armées adverses arrivent-elles ? Cite le texte à l’appui de ta
réponse.
b) Dans les vers 6 à 9, quels verbes de mouvement expriment les préparatifs de la guerre ?
d) Le poète emploie le champ lexical des animaux pour parler des forces qui vont
s’affronter : relèves-en trois exemples.
b) Relève, entre les vers 11 et 19, deux groupes nominaux traduisant le bonheur de
l’avant-guerre.
2- a) Le poète ressent d’une manière très intime les événements historiques qui se profilent.
Retrouve trois expressions qui le montrent.
c) « Nous venions […] de naître » (v.40) : que cherche à exprimer Apollinaire par cette
expression ?
3- D’après tes réponses aux questions précédentes, explique en quoi ce voyage en voiture est
aussi un voyage dans le temps.
Tu peux maintenant vérifier toutes tes réponses dans le corrigé avant de lire et de mémoriser le « Je
retiens » suivant.
collages dans leurs dessins. Apollinaire intègre à son tour le dessin à sa poésie par l’emploi
du calligramme. Un calligramme est un poème dont les vers sont disposés de manière à
figurer un objet en rapport avec le poème. Il incarne un nouveau mode d’expression qui
donne à la poésie un aspect visuel et suggère une autre manière de lire.
Tu peux maintenant vérifier tes réponses avant de recopier le « Je retiens » qui suit afin de le
mémoriser.
Séance 2
Étudier un poème en vers libres
« Ode », Valéry Larbaud
Dans cette séance, tu vas monter à bord des trains de luxe, en compagnie de Valéry Larbaud. Sous
le pseudonyme de A. O. Barnabooth, le poète, disposant d’une immense fortune personnelle,
nous fait partager ses voyages dans les paquebots et les trains de luxe. Cette séance sera pour toi
l’occasion d’étudier une autre forme poétique moderne, le vers libre.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais
ensuite le travail demandé.
Lis attentivement le texte qui suit. Tu peux aussi l’écouter à la piste 29 de ton CD.
ODE
Valéry Larbaud, « Ode », in Les Poésies de A.O. Barnabooth, 1913 © Éditions Gallimard (1966)
« Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation
individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr
NOTES :
1- « ode » : poème lyrique destiné à célébrer des événements importants ou de grands personnages.
2- « bruit » : (du verbe bruire) fait du bruit.
3- « loquets » : sorte de verrou.
4- « Harmonika-Zug» : mot allemand signifiant « train harmonica ». L’Harmonika-Zug était un célèbre
train de nuit au début du XXe siècle en Allemagne.
5- « Nord-Express » : train, créé en 1896, qui relie les grandes capitales d’Europe.
6- « Wirballen et Pskow» : villes de Lituanie et de Biélorussie.
7- « Samnium » : région montagneuse de l’Italie.
8- « Castille » : région du centre de l’Espagne.
9- « mer de Marmara » : mer qui relie la mer Noire à la mer Égée.
10- « Orient-Express » : train de luxe, créé en 1883, qui relie Paris à Istanbul, en passant par Vienne.
11- « Sud-Brenner-Bahn » : train du sud de l’Autriche.
12- « chanterelle » : corde la plus fine, ayant le son le plus aigu, dans un instrument à corde.
Vérifie maintenant tes réponses dans le livret de corrigé avant de poursuivre ton travail.
b) « On glissait » (v. 13) : quelle impression suggère l’emploi du verbe « glisser » ?
c) Dans les vers 23 à 28, relève les termes qui confirment et développent cette
impression.
3- a) Relève et classe dans le tableau suivant les termes évoquant le bruit et la musique.
Le bruit La musique
b) Quel vers exprime une harmonie entre la voix du poète et les bruits du train ?
4- a) Quel nom, employé au vers 11, traduit le plaisir ressenti par le poète lors de ses
voyages en train ?
Compare tes réponses avec celles du corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » qui suit.
c) « […] et disent
Pour moi ma vie indicible […] » (v. 31-32)
Souligne dans cette expression deux termes qui s’opposent. Que traduit leur
rapprochement ?
2- a) Les vers employés sont-ils de longueur régulière ?
b) Le poème comporte-t-il des rimes ?
c) Observe les différentes strophes. Quelle remarque peux-tu faire sur leur taille ?
d) En quoi ces choix permettent-ils au poète de faire entrer dans son écriture le
« mouvement » des trains ?
3- a) « ton grand bruit » (v. 1) - « l’angoissante musique qui bruit » (v. 4)
Les mots en gras appartiennent-ils à la même classe grammaticale ? Justifie ta réponse.
b) « tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd » (v. 4)
Souligne dans ce vers deux paronymes (mots dont la prononciation est très proche).
c) « Et je suis ta course » (v. 8)
Quelles sont les deux interprétations possibles du verbe en gras ?
j e sais déjà
Assonance et allitération
L’assonance est la répétition d’un même son vocalique (= voyelle).
L’allitération est la répétition d’un même son consonantique (= consonne).
4- a) « Vos vibrantes voix de chanterelle » (v. 22)
Observe les éléments surlignés. Quel son consonantique est répété ? Quel effet cette
allitération peut-elle traduire ?
b) « Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré,
Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd » (v. 4-5)
Surligne dans ces deux vers les sons consonantiques et vocaliques qui sont répétés.
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » suivant.
Étudie les différents moyens par lesquels cette affiche publicitaire peut donner envie de
voyager. Rédige, en quelques lignes, un petit paragraphe argumenté.
Pour réussir cet exercice tu dois :
- Identifier les éléments visuels présents sur l’affiche
- Étudier la typographie utilisée (taille et forme des lettres imprimées, mise en page du texte).
Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les
consignes en complétant le tableau ci-dessous.
Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton paragraphe argumenté sur ton cahier. Lis
ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Séance 3
Analyser un poème de la modernité
« La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France »,
Blaise Cendrars
Durée approximative : 1h
La séance suivante t’emmène sur les traces de Blaise Cendrars, pour un voyage en Sibérie. Au
début du XXe siècle, alors qu’il n’a que 16 ans, le jeune Blaise Cendrars prend le Transsibérien
pour la Russie où il a trouvé un emploi. Il est accompagné par une jeune fille, Jeanne. Le trajet
dure une dizaine de jours, à travers la Russie alors en guerre contre le Japon. Quelques années plus
tard, il rapporte cette expérience dans un long poème novateur, Prose du Transsibérien et de la
petite Jehanne de France, dont tu vas lire un extrait. Tu étudieras également l’orthographe et
l’accord de tout.
Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais
ensuite le travail demandé.
Lis attentivement le texte qui suit. Tu peux en écouter le début à la piste 30 de ton CD.
30 Les inquiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardées obliques sur la route
Les fils télégraphiques auxquels elles pendent
Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent
Le monde s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmente
35 Dans les déchirures du ciel, les locomotives en furie
S’enfuient
Et dans les trous,
Les roues vertigineuses les bouches les voix
Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses
40 Les démons sont déchaînés
Ferrailles
Tout est un faux accord
Le broun-roun-roun des roues
Chocs
45 Rebondissements
Nous sommes un orage sous le crâne d’un sourd…
NOTES :
6- « lézardées » : fissurées.
Tu peux maintenant répondre aux questions suivantes pour vérifier ta bonne compréhension du
texte.
c) Quels indices montrent que ce poème retrace une expérience vécue par le poète ?