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Lydia Tadjadit Module d’histologie/embryologie 2016/2017

GENERALITES SUR LES ORGANES DES SENS


Définition :
Un organe de sens est un récepteur de la sensibilité spéciale. C’est une structure non nerveuse
renfermant des récepteurs nerveux très spécifiques.

Ces récepteurs sont des cellules spécialisées, transformant le stimulus en influx nerveux qui sera
transmis par des voies nerveuses sensorielles au centre nerveux.

Différents types de systèmes sensoriels :


A. Il existe 3 types de sensorialités :

Sensibilité Sensibilité
extéroceptive Sensibilité intéroceptive
proprioceptive
(consciente) (inconsciente)

Organes de sens Propriocepteurs Viscérorécepteurs

Somesthésie, vision, Muscles, tendons,


Sensibilité des
audition, équilibre articulations (position
viscères, vaisseaux et
vestibulaire, et mouvement du
endothélium
olfaction, goût corps

B. Il existe différents récepteurs :


• Equilibration : Stato- et rotato-récepteurs.
• Audition : Phono-récepteurs.
• Olfaction, gustation : Chémorécepteurs.
• Tacto-récepteurs.
• chaud et froid : Thermorécepteurs.
• Douleur : Nocicepteurs.

Les étages des voies sensorielles :


Trois types de neurones sont étagés le long d’une voie sensorielle :
Organes des sens

• Un neurone périphérique : récepteur.


• Un (ou plusieurs) neurones intermédiaires : de transmission.
• Un neurone terminal : central (généralement situé au niveau des centres nerveux).
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Variétés de cellules d’organes sensoriels :


Selon leur nature, 3 variétés de cellules peuvent constituer un organe sensoriel :

Des cellules sensorielles Cellules nerveuses ou neurosensorielles représentant les


principales neurones récepteurs.
Des cellules sensorielles Cellules épithéliales différenciées et non-nerveuses.
accessoires
Des cellules de soutien Cellules épithéliales.

Variétés de cellules sensorielles principales :


Dans un organe sensoriel, le neurone récepteur ou cellule sensorielle principale peut être :

 Cellule neurosensorielle placodiale : d’origine épiblastique.


 Cellule nerveuse ganglionnaire : ganglion cérébro-spinaux.
 Cellule neurosensorielle centrale : d’origine nerveuse.

Catégories d’organes de sens :


Organe des sens primaire Organes des sens secondaires Organes des sens
tertiaire
Selon la Cellule sensorielle principale Cellule sensorielle principale ganglionnaire. Cellule sensorielle
topographie périphérique placodiale. principale nerveuse.
Cellule nerveuse
Selon l’origine Cellule neurosensorielle Cellule nerveuse proprement dite proprement dite
épiblastique. neurectoblastique (des crêtes neurales). neurectoblastique
(du tube neural).
• Organe de la gustation (ganglions
d’Andersch et d’Ehrenritter).
Exemple d’organe Olfactif. • Organe de l’audition et de l’équilibration Rétine visuelle.
(ganglions de Corti et de Scarpa).
• Organe du tact (ganglions rachidiens).
Organes des sens

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OREILLE
Généralités et rappels :
A. Définition :
L’oreille est un organe des sens secondaire ; on la définit comme étant un organe audio-vestibulaire
permettant :
 La perception des sons : grâce aux phono-récepteurs (extérocepteurs) qui transmettent
mécaniquement et traduisent en influx nerveux les vibrations de l’air ambiant.
 Le maintien de l’équilibre : grâce aux stato-récepteurs (intérocepteurs) qui enregistrent les
variations de l’accélération.

B. Rappel anatomique :

C. Développement embryologique :
1. Oreille interne :
L’ébauche embryonnaire est d’origine épiblastique, et évolue en 3 stades :

• Placode auditive : 3ème semaine.


• Fossette auditive : invagination de la placode.
• Vésicule auditive (otocyste) : fin de la 4ème semaine, la fossette se détache de l’épiblaste et
Organes des sens

s’isole dans le mésenchyme sous-jacent en tant que vésicule


auditive.

2 amas de neuroblastes apparaissent dans la région inféro-interne


de l’otocyste : ganglions de Corti et de Scarpa.
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Organogenèse

Evolution de l’otocyste :
Chaque vésicule auditive se divise en deux parties (vers la 5ème semaine) :

 Partie dorsale : donne l’utricule, les canaux semi-circulaires et le canal endolymphatique.


 Partie ventrale : donne le saccule et le canal cochléaire.

6ème semaine :
A partir de l’ébauche utriculaire : se mettent en place, sous forme d’évagination, les canaux
semi-circulaires.
A partir du pôle inférieur du saccule : prend naissance le canal cochléaire (qui donnera par la
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différenciation de l’épithélium de sa paroi inférieure : l’épithélium de Corti).


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2. Oreille externe :

Conduit auditif externe :


Se forme à partir de la première poche branchiale ectoblastique. Il s’enfonce jusqu’au revêtement
entoblastique du récessus tympanique.

3. Oreille moyenne :
Dérive de la première poche entoblastique : diverticule dont l’extrémité s’élargit pour former la
caisse du tympan. La partie proximale donne la trompe d’Eustache.

D. Histologie des tuniques de l’oreille :


1. Oreille externe :
 Pavillon : squelette de cartilage élastique recouvert par le
derme cutané.

→Epithélium pavimenteux stratifié kératinisé avec follicules pileux


et glandes sébacées (produisent du sébum).
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Tissu adipeux au niveau du lobule richement vascularisé.


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 Conduit auditif externe :

Paroi cartilagineuse.
1/3 externe Tégument épais riche en poils, renferme des glandes
sébacées et des glandes sudoripares apocrines (les
glandes cérumineuses sécrétant le cérumen).
2/3 internes Tégument fin dépourvu de poils et de glandes,
repose directement sur la surface osseuse du conduit.

L’accumulation du cérumen peut former de véritables bouchons venant obstruer le conduit.


2. Oreille moyenne :
Composée de la caisse du tympan qui est une cavité remplie d’air, contenant 3 petits osselets.

Limitée :
En avant : par la trompe d’Eustache.

En arrière : par les cavités mastoïdiennes.

Séparée du conduit auditif externe par la membrane du tympan.

Communique avec l’oreille interne par 2 orifices fermés par de fines membranes conjonctives :
• La fenêtre ovale : s’ouvre dans la rampe vestibulaire de la cochlée.
• La fenêtre ronde : s’ouvre dans la rampe tympanique de la cochlée.

Ces 2 orifices jouent un rôle important dans le processus de transformation des vibrations
acoustiques en vibrations mécaniques qui seront transmise dans l’oreille interne.

Tympan :
C’est une membrane fibreuse épaisse et résistante entourée par un
bourrelet fibro-cartilagineux qui s’insère dans une rainure semi-
circulaire.

3 osselets et 2 petits muscles striés à commande


involontaire :
 Marteau enclume et étrier.
 Tenseur du tympan (muscle du marteau) et muscle
stapédien.
Organes des sens

Leur rôle est de transformer les ondes acoustiques en ondes


vibratoires et de les acheminer vers l’oreille interne.

L’ensemble de l’oreille moyenne est tapissée par un épithélium cubique


simple sauf au niveau de la trompe d’Eustache où l’épithélium est
respiratoire cylindrique pseudo-stratifié cilié.
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3. Oreille interne :
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 Le limaçon membraneux est relié au saccule par le canal de HENSEN ou canalis reuniens.
 Le labyrinthe membraneux (situé dans le labyrinthe osseux) renferme l’endolymphe
(similaire au liquide intracellulaire, riche en K+ et pauvre en Na+).
 Le labyrinthe osseux contient la périlymphe (pauvre en K+ riche en Na+).
 Toute l’oreille interne est revêtue par un épithélium pavimenteux simple ou cubique.
 Sauf au niveau des récepteurs neurosensoriels tels que :
✓ les macules au niveau de l’utricule et du saccule.
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✓ l’organe de Corti au niveau de la cochlée.


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E. Innervation :
Les fibres afférentes des récepteurs vestibulaires et cochléaire ont leur corps cellulaire
respectivement dans le ganglion vestibulaire de Scarpa et de Corti (organe des sens secondaire).
Les axones forment le nerf auditif.
Le premier relais se fait dans les noyaux vestibulaires bulbaires.
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EQUILIBRE
Définition et topographie :
L’organe de l’équilibration est un organe des sens secondaire, c’est un stato-récepteur.

Il est situé au niveau de l’oreille interne, plus précisément au sein du vestibule membraneux lui-
même contenu dans un vestibule osseux.

Etude morphologique et structurale :


Organe de
l’équilibration

Canaux semi-circulaires Vestibule membraneux

Canal externe Utricule Saccule


(Latéral)

Canal postérieur

Canal supérieur
(Antérieur)

• Les canaux semi-circulaires sont disposés selon trois plans :


✓ Le canal semi-circulaire supérieur : frontal.
✓ Le canal semi-circulaire postérieur : sagittal.
✓ Le canal semi-circulaire externe : horizontal.
• Chaque canal semi-circulaire possède une extrémité
non ampullaire et une extrémité ampullaire. Cette
dernière est le siège d’une différenciation
épithéliale : la crête acoustique.
La crête acoustique est orientée
perpendiculairement au grand axe de l’ampoule.1

• Le vestibule membraneux est donc constitué de


deux vésicules : le saccule et l’utricule.
Ils sont réunis par 2 petits canaux qui se rejoignent
pour former le canal endolymphatique qui se
termine par un cul de sac au niveau de la dure mère
du rocher (os du rocher).
Organes des sens

• Chacune de ces deux vésicules est porteuse d’un épithélium sensoriel appelé : la macule (tâche
acoustique).
L’on retrouve donc une macule sacculaire et une macule utriculaire perpendiculaires l’une à
l’autre.
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1 Notion importante pour comprendre la physiologie des crêtes acoustiques


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Etude histologique :

A. Le labyrinthe membraneux :
En MO :

1. Vestibule membraneux :

Epithélium Simple, cubique ou aplatie sauf au niveau des zones


sensorielles (crête/ macule).
• Des histiocytes (macrophages).
Lame conjonctivo-vasculaire • Des cellules pigmentaires.
• Fibres : de collagène, élastiques et nerveuses.

2. Différenciations sensorielles :

Epithélium cylindrique unistratifié :


Epithélium sensoriel ▪ Cellules ciliées (cellules sensorielles accessoires).
▪ Cellules de soutien.
Membrane conjonctivo-vasculaire ▪ Capillaires sanguins.
▪ Fibres nerveuses.
Membrane otolithique

L’épithélium sensoriel est surmonté de :

 Macule : une cuticule qui flotte dans l’endolymphe. C’est une substance gélatineuse dense
traversée par des canalicules logeant les longs poils des cellules sensorielles accessoires. Elle
renferme des concrétions calcaires ou otolithes (d’où le nom de membrane otolithique).
 Crête : une cupule qui flotte dans l’endolymphe. C’est une substance géliforme traversées par
des canalicules logeant les longs poils des cellules sensorielles accessoires. Dépourvue de
concrétions calcaires.
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B. Les cellules ciliées :

1. Variétés de cellules ciliées :

Selon la forme et l’innervation, l’on distingue 2 types de cellules ciliées :


Cellule de type I Cellule de type II
• En bouteille (vase) • Cylindrique
• Terminaison en calice • Terminaison en bouton
(agranulaire) (granulaire/agranulaire)

2. Caractéristiques structurales de la cellule ciliée :

MO :

Pôle apical Cuticule hérissé de poils.


Corps cellulaire Noyau, cytoplasme riche en chondriosome.
Pôle basal Séparée de la vitrée par les pieds des cellules de soutien et par
les terminaisons nerveuses.

ME :

Cuticule Apicale granuleuse dense, traversée par des stéréocils, dont un


est un véritable cil vibratile, reposant sur un corpuscule basal ;
occupant une position périphérique asymétrique.
Matrice cytoplasmique Riche en organites (chondriosomes) qui prédominent dans les
régions sous-cuticulaire, supra-nucléaire et infra-nucléaire.

Au niveau des contigüités entre les cellules ciliées et les


terminaisons nerveuses, ou zones synaptiques, le cytoplasme
cellulaire comporte des différenciations particulières appelées :
Bâtonnets synaptiques
bâtonnets synaptiques.
Chaque bâtonnet et appliqué perpendiculairement à la
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membrane cellulaire, entouré d’une couronne de microvésicules.


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Innervation :
L’organe de l’équilibration est innervé par un double système de fibres nerveuses :

Fibres afférentes Ce sont des dendrites des neurones bipolaires du ganglion de


Agranulaires Scarpa.
Fibres efférentes D’origine bulbaire exerçant un contrôle régulateur sur l’appareil de
granulaires l’équilibration.

Cytophysiologie :

Macules acoustiques
Utricule Variations lentes de pression Organe des sens baresthésique
Saccule Direction de pression
Organes des sens

Organe des sens Siesthésique


Crêtes acoustique : sens des pressions

Corrélation clinique :
Vertige :
Trouble de l’équilibre par dysfonctionnement du système vestibulaire (infection virale, certains
médicaments, neurinome acoustique).
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Audition
Définition et topographie :
L’organe de l’audition est un organe des sens secondaire, c’est un phono-récepteur.

L’organe de Corti (organe de l’audition) est situé dans le canal cochléaire (ou limaçon
membraneux) contenu dans le limaçon osseux.

Anatomie microscopique :
A. Limaçon osseux :
• La columelle : le limaçon osseux est un tube creux, enroulé
autour d’un axe conique : la columelle.
• La lame spirale : se détache de la columelle et cloisonne
partiellement la cavité du limaçon osseux. Elle est creusée par
un canal spiral occupé par le ganglion de Corti.
• Le canal cochléaire : se situe entre le bord externe libre de la
lame spirale et la paroi osseuse du limaçon (lame des contours).
La cavité du limaçon osseux se trouve alors divisée en rampe
vestibulaire et en rampe tympanique.

B. Le canal cochléaire :
De section triangulaire présente 3 parois à décrire :

Paroi supéro-interne Membrane de Reissner tendue du


Répond à la rampe ligament spiral à la bandelette sillonnée
vestibulaire (recouvre la face sup de la lame spirale).
Paroi externe Ligament spiral recouvert d’un
Répond à la lame des épithélium vascularisé : strie vasculaire.
contours
Paroi inférieure ▪ Bandelette sillonnée : portion
Répond à la rompe interne.
tympanique ▪ Membrane basilaire : portion
externe.

C. L’organe de Corti :
C’est un dispositif sensoriel différencié à partir de l’épithélium recouvrant la paroi inférieure du
Organes des sens

canal cochléaire (c.à.d. la membrane basilaire et la bandelette sillonnée).

Ce dispositif est séparé du reste de l’épithélium indifférencié par des sillons :


✓ Le sillon spiral externe.
✓ Le sillon spiral interne.
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Etude histologique de l’organe de Corti :


En MO, l’organe de Corti apparait formé de 3 constituants :

Epithélium sensoriel (cellules auditives et cellules de soutien).


Membrane basilaire supportant cet épithélium sensoriel.
Membrane recouvrante : membrana tectoria.

 Epithélium de l’organe de Corti :


1. Tunnel de Corti :
Tunnel limité par des cellules ou piliers de Corti.
Disposés sur des rangs : l’un interne et l’autre externe.
Ces cellules reposent par leurs pieds sur la membrane basilaire.

2. Cellules auditives (cellules ciliées) :

Cellules sensorielles accessoires. L’on distingue des cellules auditives


internes et d’autres externes.

3. Cellules de soutien :

Cellules de soutien

Cellules de Deiters
Organes des sens

Cellules de Hensen Cellules de Claudius


(cellules en siège)
(externes) (internes et externes)
(internes et externes)

4. Les fibres nerveuses :


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Gagnent l’épithélium à partir de la lame spirale.


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 Cellules auditives :

En MO :
Corps cellulaire Allongé, parfois en forme de dé à coudre.
Noyau Strié au pôle basal de la cellule.
Pôle apical Coiffé d’un plateau cuticulaire, portant des stéréocils auditifs,
rigides, immobiles atteignant la membrana tectoria.

En ME :
Les cellules auditives offrent à décrire au moins 3 éléments de structure, impliqués dans les
processus de déclenchement et de transmission de l’incitation :

Microvillosités non vibratiles.


Stéréocils Avec : une racine intra-cuticulaire et une tige en contact intime avec la
membrana tectoria.
La stimulation des stéréocils est le point de départ de l’incitation.
A disposition périphérique dans la matrice cytoplasmique, prédominant dans
Système de la portion supra nucléaire.
tubules et de Ce système tubulo-lamellaire intervient dans la transmission de la stimulation
Organes des sens

lamelles cellulaire.
En forme de citerne ou de bâtonnet.
Différenciations Au niveau des zones de jonctions neurosensorielles (synapses entre cellules
synaptiques auditives et terminaisons nerveuses).
Situées généralement vers le pôle basal de la cellule.
Ces organites sont impliqués dans la terminaison de l’excitation cellulaire.
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Innervation :
Fibres nerveuses :

Les cellules auditives sont innervées par un double système de fibres :

Des fibres afférentes Ce sont les dendrites des neurones bipolaires du ganglion de Corti.
(Agranulaires)
Des fibres efférentes D’origine bulbaire (appartenant au faisceau olivo-cochléaire afférent croisé)
(granulaires)

L’ensemble de ces fibres nerveuses est compris dans le tronc du nerf auditif (VIII).
Les terminaisons nerveuses gagnent l’épithélium sensoriel en cheminant dans l’espace de Nuel.

L’aspect granulaire ou agranulaire décrit est lié à l’abondance


de microvésicules synaptiques dans le neuroplasme des
terminaisons nerveuses.

Espace de Nuel : cet espace est délimité par la


base des cellules auditives et les cellules de
Deiters.
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OLFACTION
Définition :
L’organe de l’olfaction est le seul organe des sens primaire, il permet la perception des odeurs.

Il se réduit chez l’homme à une portion réceptrice : la muqueuse


olfactive.

La muqueuse olfactive comporte des cellules neurosensorielles


chémoréceptrices (cellules neurosensorielles principales).

La tâche jaune (muqueuse olfactive) ainsi appelée en raison de


sa teinte brun jaunâtre, occupe sur le plan topographique le
plafond des fausses nasales proprement dites.

La tâche olfactive (tâche jaune) présente macroscopiquement


un aspect lisse, d’une épaisseur de 60 μ, elle s’étend sur une surface d’environ 250 mm2 (par narine).

Origine embryologique :
1. Organogenèse :

Remember :
Muqueuse = épithélium + chorion.

Les ébauches de l’épithélium olfactif évoluent en 3 stades :

Stade de placode olfactive :


25ème jour Simple épaississement épiblastique
(Milieu de la 4ème S) apparaissant à la partie inféro-latérale du
bourgeon frontal.

Stade de la fossette olfactive :


L’apparition des bourgeons nasaux par
(5ème S) prolifération du mésenchyme sous-jacent
provoque une légère dépression de la
placode qui devient fossette olfactive.

Stade de la gouttière olfactive :


L’accroissement continu et progressif des
Organes des sens

(6ème S) bourgeons nasaux entraine un


approfondissement des fossettes qui
deviennent des gouttières
antéropostérieures (orientée d’avant en
arrière) : c’est les gouttières olfactives.
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2. Histogenèse :
C’est l’épithélium placodial de la partie toute supérieure de la gouttière olfactive qui se différencie
en épithélium olfactif (sensoriel).

Cette différenciation se fait en 2 stades :

 Stade indifférencié :

Apparition à la surface de cet épithélium d’une série de champs


polygonaux semblables (cellules épithéliales indifférenciées)
contenant chacun un diplosome.2

 Stade différencié :

Marqué par l’apparition de 2 types cellulaires :


✓ Les cellules neurosensorielles.
✓ les cellules de soutien.

La multiplication des diplosomes est à l’origine de la formation des


vésicules olfactives puis des cils olfactifs.
Le pôle basal des cellules olfactives donnera progressivement naissance à
un prolongement de type axonique à destination cérébrale.
Parallèlement à la différenciation de l’épithélium, le mésenchyme ambiant est à l’origine
des formations conjonctivo-vasculaires du chorion de la muqueuse olfactive.

Structure histologique :

Muqueuse
olfactive

Epithélium
Chorion
olfactif

L’épithélium repose sur une membrane basale (vitrée) qui le sépare du chorion.
Ces éléments reposent sur une lame osseuse : la lame criblée de l’éthmoïde.
Organes des sens

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2Le diplosome est l'ensemble des deux centrioles, disposées perpendiculairement et situé près du nucléus, il joue un rôle
important dans la mitose.
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A. épithélium olfactif :
C’est un épithélium pseudo-stratifié, il comporte :

Couche profonde Cellules basales anastomotiques disposées en une assise de cellules


discontinues.
• Cellules de soutien.
Couche superficielle • Cellules neurosensorielles olfactives (cellules sensorielles principales
de l’organe de l’olfaction).

1. Cellule basale :
Ces cellules représentent des éléments de remplacement.

Ce sont des cellules aplaties, irrégulièrement étoilées, anastomosées entre elles et délimitant des
mailles par où pénètrent les pieds des cellules de soutien pour aller se fixer sur la vitrée.

2. Cellule de soutien :
a. Au MO :
Ce sont des cellules épithéliales prismatiques hautes perpendiculaires à la membrane basale, à
noyau ovalaire, foncé, occupant le segment moyen (ou externe) de la cellule.

Le cytoplasme est riche en tonofibrilles.3

La cellule de soutien offre à décrire 2 segments :

Cannelé.
Le pôle apical comporte une bordure en brosse (microvillosité)
Segment supra-nucléaire participe à la formation de la membrane limitante olfactive.
A ce niveau, le cytoplasme renferme des granulations pigmentaires
brunes ou jaunes et des vacuoles de mucigène.
Segment infra-nucléaire Bosselé et déprimé par les cytones des cellules olfactives.

b. Au ME :
Le cytoplasme de la cellule de soutien renferme un
RE développé, de l’ergastoplasme, des
mitochondries aux 2 pôles et un appareil de Golgi
supra-nucléaire.
Organes des sens

Cellules de l'épithélium olfactif observées en MO


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3Regroupement de tonofilaments….Toujours pas clair ? xD


Tonofilament : Minuscule filament de cytokératine présent dans le cytoplasme.
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3. Cellule olfactive :
a. Au MO :
La cellule olfactive représente la cellule sensorielle principale de l’organe de l’olfaction (d’origine
placodiale épiblastique).

Elle est intercalée entre les cellules de soutien et offre à décrire :

Cytone ▪ Mesure environ 7 μ de diamètre avec un noyau clair, nucléolé.


(corps cellulaire) ▪ Situé à des niveaux différents de l’épithélium, il déprime la portion
infra nucléaire des cellules de soutien adjacentes.
Prolongement ▪ Ascendant, à valeur dendritique.
superficiel ▪ Traverse la membrane limitante olfactive et se termine par une
(bâtonnet olfactif) vésicule olfactive d’origine centrosomique portant 5 à 8 cils
olfactifs4 (long d’environ 2μ) reposant sur des corpuscules basaux.
▪ Descendant vers le chorion à valeur axonique.
Prolongement profond ▪ Grêle et variqueux, traverse la vitrée s’enfonce dans le chorion
(filet olfactif) puis traverse la lame criblée de l’ethmoïde pour atteindre le bulbe
olfactif.
▪ Au niveau du chorion les filets olfactifs sont entourés de la gaine
de Schwann.

b. Au ME :
Deux éléments structuraux de la cellule olfactive méritent un intérêt particulier, ce sont :

Représente le segment de la cellule olfactive où le cytoplasme est


Le bâtonnet olfactif relativement abondant et renferme : un RE développé, quelques
lamelles ergastoplasmiques, des chondriosomes.5
Différenciation apicale de la cellule olfactive.
La vésicule olfactive Sa membrane plasmique est hérissée de cils olfactifs ayant la
structure fine habituelle.

Les cils : sont des structures formées de microtubules.


Structure d’un cil : une paire de tubules centraux en continuité avec les corpuscules basaux et
neuf paires de tubules périphériques, l’ensemble de ces tubules est recouvert par une
évagination de la membrane plasmique de la vésicule olfactive.

Le cytoplasme au niveau de la vésicule olfactive renferme de nombreuses microvésicules de


Organes des sens

pinocytose et des vacuoles, ainsi qu’un chondriosome et des corpuscules.

4 Ces cils vibratiles sont les véritables organites récepteurs, doués de mouvements, ils sont capables de s’orienter dans
l’espace pour une meilleure perception des signaux. D’un point du vu biochimique, ils sont riches en lipides.
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5 Ailleurs c.à.d. au niveau du corps cellulaire et du filet olfactif le cytoplasme est très réduit, pauvre en organites.
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B. Chorion :
Le chorion de la muqueuse olfactive est constitué de :

Un tissu conjonctif lâche Infiltré de lymphocytes et d’histiocytes.

Sanguin : formé par des capillaires et des veinules.


Un réseau vasculaire Lymphatique : en rapport avec les vaisseaux lymphatiques des espaces
intracrâniens.
Amyéliniques : correspondant aux filets olfactifs.
Des fibres nerveuses Myéliniques : terminaisons sensitives en provenance du nerf trijumeau (V).
Fibres vasomotrices, annexées aux vaisseaux sanguins.
Organes des sens

Des glandes Glandes de Bowmann : glandes tubulo-alvéolaires de type muqueux.

Le mucus produit par les glandes de Bowmann forme une couche


lubrifiante et protectrice qui recouvre l’épithélium olfactif.
Remarque : il est partiellement produit par les cellules de soutien.
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Les voies olfactives :


Depuis l’épithélium olfactif jusqu’au cortex olfactif, les influx olfactifs passent par les filets olfactifs
(lesquels constituent le nerf olfactif), puis font relais au niveau du bulbe olfactif pour enfin aboutir
au cortex olfactif en empruntant les voies olfactives.

1. Les filets olfactifs :


Ils sont en nombre égal à celui des cellules neurosensorielles (vu que c’est leurs prolongements)
entourés des cellules de Schwann au niveau du chorion.

Ils traversent par petits fascicules les orifices de la lame criblée de l’éthmoïde (toujours entourés de
leur gaine de Schwann) et rejoignent le bulbe olfactif pour
faire synapse avec les dendrites des cellules mitrales et les
ramifications terminales des cellules à panache (cellules de
conjugaison) au niveau d’un dispositif synaptique
particulier : le glomérule olfactif.

L’ensemble des filets olfactifs entourés de la gaine de


Schwann forme le nerf olfactif (I).

2. Le bulbe olfactif :
C’est une structure du cerveau, paire, légèrement détachée
Organes des sens

du reste et la plus proche de la cavité nasale. Elle est plaquée


entre la face ventrale de l’encéphale et la lame criblée de l’éthmoïde Muqueuse olfactive observée en MO

Synaptologie :
 Les filets olfactifs ne se divisent pas avant d’atteindre la couche glomérulaire du bulbe
olfactif.
 Chaque cellule mitrale reçoit l’influx de plusieurs centaines de cellules olfactives.
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3. Les faisceaux olfactifs :


A. Le faisceau olfactif latéral :

Les axones des cellules mitrales


constituent par leur ensemble le
faisceau olfactif latéral.
Voie olfactive principale qui transmet
l’influx au :
➢ Cortex olfactif primaire (Paléo
cortex ou cortex prépiriforme de
BRODMAN).
➢ Cortex de la 5emecirconvolution
temporale, ou circonvolution de
l’hippocampe.

B. Le faisceau olfactif médial :


Organes des sens

Réduit chez l’Homme, se


termine dans la région médio
basale du cerveau.
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Mécanisme cytophysiologique :

Selon la théorie stéréochimique des odeurs, l’odorité d’une substance dépend de la configuration
géométrique de ses molécules odorantes. 7 molécules ayant chacune une configuration
géométrique définie et correspondant chacune à une odeur spécifique ont pu être identifiées sur le
plan biochimique.
On a ainsi démontré l’existence de 7 odeurs élémentaires qui
sont :
✓ Odeur camphrée.
✓ Odeur du musc.
✓ Odeur de l’éther.
✓ Odeur florale.
✓ Odeur putride.
✓ Odeur âcre.
✓ Odeur mentholée.

A chaque odeur élémentaire correspond un site récepteur


spécifique localisé au niveau de la membrane plasmique des
cils olfactifs.

Pour stimuler ces récepteurs olfactifs, les molécules doivent


être dotées d’une certaine volatilité et de solubilité dans
l’eau et les lipides (cette solubilité dans les lipides
conditionne la pénétration du film mucolipidique protecteur
qui recouvre l’épithélium olfactif).

La réponse des cellules olfactives aux stimuli odorants


consiste en une dépolarisation de la membrane, c’est le
potentiel du récepteur qui donne naissance au potentiel d’action de la fibre nerveuse olfactive.

Partant des cils olfactifs, les stimuli sont transmis par les filets olfactifs au bulbe olfactif puis en
définitive au cortex cérébral (via le faisceau olfactif latéral) où aura lieu l’intégration, la
discrimination et l’interprétation des influx.
Organes des sens

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GUSTATION
Définition :
L’organe de la gustation est un organe des sens secondaire, il permet la perception du goût.

L’organe de la gustation est représenté par les bourgeons du goût, ce sont de petits organes
épithéliaux sensoriels (chémorécepteurs) spécialisés dans la perception des sensations gustatives.

Topographie :
Les bourgeons du goût siègent :

 Essentiellement : dans la cavité bucco-pharyngée (muqueuse linguale, voile du palais et


pharynx).
 Accessoirement : sur la partie postérieure des fosses nasales, la partie supérieure du larynx,
l’épiglotte et l’œsophage.

Le siège de prédilection est représenté par l’épithélium de la langue. (Malpighien non kératinisé).
Il présente une face dorsale hérissée de 4 types de papilles :

• Filiformes : pointe de la langue.


• Fongiformes : en avant du V lingual.
• Caliciformes : forment le V lingual.
• Foliées : inconstants, occupent les bords de la base de la langue.

Les bourgeons du goût sont enfouis dans l’épaisseur de l’épithélium de ces papilles et siègent de
manière préférentielle :
✓ Sur les faces latérales et le sommet des papilles fongiformes.
✓ Au niveau du versant interne du vallum, entourant les papilles caliciformes et rarement sur
le versant externe.
Organes des sens

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Origine embryologique :6
Les bourgeons du goût sont d’origine entoblastique : ils se développent à partir de l’épithélium
entoblastique recouvrant le champ mésobranchial de His et la région du pharynx.

Structure histologique :
Au MO :

Le bourgeon du goût apparait comme une formation arrondie ou ovoïde (80μ de hauteur et 40μ de
diamètre).
Il est de structure lamellaire « en bulbe d’oignon », d’aspect clair, contrastant avec le reste de
l’épithélium lingual.

Pôle basal Séparé du chorion de la muqueuse linguale par une membrane basale (vitrée).
Reste légèrement en retrait par rapport à la surface épithéliale.
Pôle apical Cette dernière est déprimée en fossette dont l’orifice profond porte le nom de
pore gustatif.

Les bourgeons du goût contiennent d’abondantes terminaisons nerveuses sensitives


et sont par contre, dépourvues de capillaires sanguins.
Organes des sens

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6 Déjà vu en détail dans le cours appareil digestif.


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Le bourgeon du goût comporte 3 variétés de cellules épithéliales :

1. Les cellules basales de remplacement :


Situées à la base du bourgeon du goût, elles ont un rôle dans le renouvellement régulier des cellules
du bourgeon du goût.7

2. Les cellules de soutien (cellules sensorielles immatures) :


Elles forment la masse des bourgeons du goût et se répartissent en :

 Cellules périphériques (recouvrantes) : les plus nombreuses.


 Cellules intercalaires : moins abondantes, plus interne que les précédentes.

Elles représentent des cellules épithéliales indifférenciées (immatures) de forme allongée avec une
base élargie, un sommet effilé, un cytoplasme pauvre en organites avec un noyau clair de situation
variable et de nombreux granules de sécrétion au pôle apical (contenant de la mucine qui sera
libérée dans le pore gustatif).

3. Les cellules gustatives (cellules sensorielles matures) :


Ce sont des cellules épithéliales différenciées, elles représentent les cellules sensorielles
accessoires (au nombre de 4 à 10). Elles occupent le centre du bourgeon du goût.

A. Au MO :

Corps cellulaire Fusiforme dont la partie renflée contient un noyau allongé.


Pôle apical Surmonté d’un petit bâtonnet : le bâtonnet gustatif.
Pôle basal Bi ou trifurqué reposant sur la vitrée.

B. Au ME :

Le bâtonnet gustatif apparait formé d’une dizaine de microvillosités qui


Pôle apical baignent dans le mucus remplissant le pore gustatif.
Le cytoplasme de la base de ces microvillosités renferme de nombreuses
microvésicules et un matériel filamenteux.
Jonctions C’est la zone de contact entre les terminaisons nerveuses et les cellules
neurosensorielles sensorielles.
A ce niveau, le cytoplasme renferme une multitude de microvésicules.
Faces latérales Présence de nombreux dispositifs d’engrènement ainsi que des
desmosomes.
Organes des sens

7 Etantdonné leur localisation, les cellules des bourgeons gustatifs sont sujettes à la friction et elles sont fréquemment
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brûlées par les aliments chauds. Heureusement, elles sont parmi les plus dynamiques de l’organisme et elles se
renouvellent tous les 10 jours.
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L’étude en ME montre également 2 aspects différents de la cellule gustative :

Cellule d’aspect clair : Pauvre en ribosomes et riche REL.


Cellule d’aspect sombre : Riche en ribosomes et contenant un REG très développé.

Ces deux variétés cellulaires correspondent à des stades évolutifs différents d’une même entité cellulaire.

L’évolution cellulaire dans le bourgeon du goût est centripète : c.à.d. que les cellules se différencient
de la périphérie (zone de mitoses) vers le centre (zone de dégénérescence).

En réalité, le bourgeon de goût se constitue d’une seule et même cellule que l’on voit dans ses
différents stades de différenciation.

Au centre se trouve donc des cellules complètement matures de courte durée de vie renouvelées en
Organes des sens

permanence à partir des cellules périphériques plus jeunes.

𝒎𝒂𝒕𝒖𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏
𝒄𝒆𝒍𝒍𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒃𝒂𝒔𝒂𝒍𝒆𝒔 → 𝒄𝒆𝒍𝒍𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒕𝒊𝒆𝒏 → 𝒄𝒆𝒍𝒍𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒈𝒖𝒔𝒕𝒂𝒕𝒊𝒗𝒆𝒔
𝒎𝒂𝒕𝒖𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏
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Innervation du bourgeon du goût :


L’organe du goût est un organe sensoriel secondaire, les cellules principales se trouvent donc dans
les ganglions cérébraux.
Dans ce cas là, c’est au niveau des ganglions du VII (facial), du IX (glosso-pharyngien) et du X
(vague).8

A. Distribution et disposition des fibres nerveuses :


Les fibres qui innervent le bourgeon du goût se distribuent en trois plexus :

1. Plexus sous épithélial :

Ensemble hétérogène de fibres nerveuses myélinisées, situées dans le chorion.


Terminaisons dendritiques provenant des cellules en T du ganglion d’Andersch et
d’Ehrenritter, terminaisons nerveuses du nerf facial et de terminaisons
végétatives du vague.

2. Plexus périgemmal :9

Fibres nerveuses amyéliniques disposées autour du bourgeon du goût sans le


pénétrer.

Elles appartiennent aux fibres du VII venant du plexus sous épithélial (en perdant
leur gaine de myéline et de Schwann)

3. Plexus intragemmal :

Fibres nerveuses amyéliniques d’origine : (les deux nerfs restants)


Organes des sens

Terminaisons dendritiques des cellules en T du ganglion d’Andersch et d’Ehrenritter pour le IX


(sensibilité postérieure de la langue : papilles caliciformes).
Rôle capital dans la perception des sensations gustatives.
D’origine sympathique, provenant du nerf vague (avec cellule principale en T au niveau du
ganglion jugulaire et plexiforme).
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8 Vu que l’organe du goût est innervé par différents nerfs, l’on retrouve rarement une perte totale de ce sens.
9 Gemmal (adj.masc) : qui fait partie du bourgeon.
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Les terminaisons nerveuses sensitives au niveau des zones de jonction


neurosensorielles présentent des extrémités renflées en massue.

Leur neuroplasme renferme :


✓ Un chondriosome plus ou moins abondant.
✓ D’abondantes microvésicules synaptiques contenant de l’acétylcholine.

B. Les voies gustatives :

Ganglion : 1er neurone (cellule principale en T).

Bulbe rachidien (noyau solitaire) : 2ème neurone.

Thalamus (noyau arqué): 3ème neurone qui parvient


au cortex cérébral gustatif (siège temporal).

Cytophysiologie de la gustation :
Il existe 4 saveurs fondamentales perçues par des régions différentes au niveau de la langue.

 Amer : base de la langue.


Organes des sens

 Sucré : bord de la langue.


 Acide : pointe et bords de la langue.
 Doux : base et pointe de la langue.

Cette théorie est cependant remise en question de nos jours.


L’on admet plutôt que ces saveurs sont perçues sur toute la surface de la langue.
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L’on distingue schématiquement dans le mécanisme cytophysiologique de la gustation encore


hypothétique trois étapes :

Première étape :
Après dissolution dans la salive, les substances sapides10 sont absorbées et fixées sur des sites
récepteurs précis, présents à la surface de la membrane plasmique des microvillosités gustatives.

Deuxième étape :
La liaison « substance sapide – site récepteur » déclencherait des réactions enzymatiques, lesquelles
entraînent :
• La dépolarisation de la membrane des microvillosités gustatives : point de départ de la
stimulation gustative.
• Libération à partir des mitochondries de l’énergie nécessaire à l’excitation de la cellule gustative.

Troisième étape :
Propagation de la stimulation sensorielle au niveau de la zone de jonction.

Cellule gustative – terminaison nerveuse : synapse à mécanisme cholinergique.


Organes des sens

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10 Qui a de la saveur.
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VISION
Généralités :

1. Introduction :
L’appareil de la vision comprend un organe essentiel qui est le globe oculaire ainsi que des parties
annexes (paupières, cils, muscles…).

2. Définition :
L’organe de la vision est un organe des sens tertiaire (le seul) ; représenté essentiellement par la
rétine située dans le globe oculaire.

C’est une membrane photo-réceptrice, pluristratifiée et vascularisée.


Caractérisée par la présence de cellules photosensibles particulières : les cellules visuelles.

3. Rappel anatomique :
Sur une coupe longitudinale, le globe oculaire offre à décrire :

Paroi

Tunique externe Tunique moyenne Tunique interne


fibreuse vasculaire et nerveuse
pigmentée

De l’extérieur vers l’intérieur :

Tunique externe fibreuse Sclérotique : ¾ postérieurs, opaque.


Cornée : ¼ antérieur, transparente.
Tunique moyenne Choroïde : postérieure.
vasculaire et pigmentée Corps ciliaire : intermédiaire.
Tractus uvéal (uvée) Iris : en avant.
Tunique interne nerveuse rétine visuelle : postérieure.
Rétine Ora serrata : intermédiaire.
Rétine aveugle : antérieure.
Organes des sens

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Développement embryologique :
L’œil humain a 3 origines embryologiques :

Neurectoblastique Apparait comme une évagination du diencéphale :


c’est l’ébauche oculaire, qui sera à l’origine de la rétine.
Epiblastique Sera à l’ origine du cristallin.

Située entre l’épiblaste et l’ébauche oculaire neurectoblastique, sera à


Mésenchymateuse l’origine de la sclérotique, de l’uvée et des
annexes de l’œil.

L’ébauche neurectoblastique de la rétine apparait dès la 3ème semaine du développement


embryonnaire à partir des parois latéro-ventrales de la future vésicule diencéphalique.

Elle évolue en 3 stades :

• Stade de fossette optique : 18ème jour.


• Stade de vésicule optique primitive : 27ème jour.
• Stade de vésicule optique secondaire ou cupule optique : 29ème jour.
Organes des sens

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L’ébauche neurectoblastique et l’ébauche cristallinienne ont une évolution concomitante.

La vésicule optique secondaire (cupule optique) comporte deux feuillets : un feuillet externe et un
feuillet interne.

Ces deux feuillets sont initialement séparés par une fente (qui normalement est destinée à
s’effacer)11

 Le feuillet externe : sera à l’origine de l’épithélium pigmentaire de la rétine (couche 1).


 Le feuillet interne : persiste dans son 1/3 antérieur à l’état d’épithélium unistratifié et sera à
l’origine de la rétine aveugle.
S’épaissit dans ses 2/3 postérieurs et sera à l’origine de l’épithélium sensoriel ou rétine
visuelle proprement dite.

Histogenèse de la rétine
Organes des sens

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11 C’est à ce niveau qu’a lieu le décollement de la rétine.


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Structure histologique :
Sur le plan fonctionnel, la rétine présente 2 segments distincts :
 Rétine visuelle (organe de la vision) : s’étend sur les 2/3 postérieurs du globe oculaire.
 Rétine aveugle : tapisse le 1/3 antérieur du globe oculaire

Les 2 segments sont séparés par l’Ora serrata.

A. Les couches de la rétine visuelle :

Observée en technique de coloration ordinaire, la rétine visuelle présente une structure stratifiée
comportant classiquement 10 couches qui sont, de la choroïde vers l’intérieur du globe oculaire :
Couche 1 : Epithélium pigmentaire.
Couche 2 : Couche des cônes et bâtonnets.
Couche 3 : Limitante externe.
Couche 4 : Couche granuleuse externe.
Couche 5 : Couche plexiforme externe.
Couche 6 : Couche granuleuse interne.
Couche 7 : Couche plexiforme interne.
Couche 8 : Couche des cellules ganglionnaires.
Couche 9 : Couche des fibres optiques.
Couche 10 : Limitante interne.

B. Les cellules de la rétine visuelle :


Organes des sens

Observée en technique d’imprégnation argentique (cytoarchitectonie), la rétine visuelle comporte


en plus de l’épithélium pigmentaire, 3 types fondamentaux de cellules nerveuses :
• Les cellules visuelles (cellules sensorielles principales) qui comprennent les cellules à cône
et les cellules à bâtonnet.
• Les cellules bipolaires (dont le corps cellulaire se trouve au niveau de la couche granuleuse
interne).
• Les cellules multipolaires ou ganglionnaires (dont le corps cellulaire se trouve au niveau de
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la couche des cellules ganglionnaires).


Lydia Tadjadit Module d’histologie/embryologie 2016/2017

En plus de ces cellules neurosensorielles suscitées, la rétine visuelle comporte d’autres


éléments nerveux d’association, ainsi que des éléments névrogliques de soutien.

 Les cellules visuelles :


Examinés en microscopie optique, chacun des deux types de cellules visuelles présente 3
caractéristiques morphologiques essentielles:

Cytone Situé dans la couche granuleuse externe (couche 4).

Prolongement externe En forme de bâtonnet allongé (cellules à bâtonnets), de cône épais


(dendrite) et court (pour les cellules à cône).
Organes des sens

Il est situé dans la couche des cônes et des bâtonnets (couche 2).
Prolongement interne Se termine dans la couche plexiforme externe (couche 5).
(axonique)
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Le prolongement externe d’une cellule visuelle (cône ou bâtonnet) observé en microscopie optique
est composé de 3 segments:
 Un article externe.
 Un article interne.
 Un segment connectif reliant les deux articles.

a. La cellule à bâtonnet :
 Article externe :
L’article externe d’un bâtonnet de cellule à bâtonnet observé en microscopie électronique présente :

Une membrane superficielle, continuant la membrane plasmique.


Une série de disques empilés, limités chacun par une cytomembrane.
Des molécules de Rhodopsine (pourpre rétinien), situées entre les trois couches de la membrane du
disque.

 Segment connectif :

Qui relie les deux articles d’un bâtonnet de cellules visuelles, consiste en un véritable cil vibratile
reposant sur un corpuscule basal.
Il est relié à des disques de l’article externe par de petits prolongements tubulaires.
Organes des sens

 Article interne :

Portion distale Riche en mitochondries.


Portion ellipsoïde
Portion proximale Contractile.
Portion myoïde
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b. La cellule à cône :
Le prolongement externe d’une cellule à cône, observé en microscopie électronique, offre 3
caractères distinctifs :

Il est plus court et plus large que celui d’une cellule à bâtonnet.
Les disques de l’article externe contiennent de faibles quantités d’Iodopsine (pourpre rétinien).
L’article interne est très développé surtout aux dépens de sa portion distale.
Organes des sens

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 L’épithélium pigmentaire de la rétine :

L’épithélium pigmentaire de la rétine (couche 1) est un épithélium prismatique simple, reposant sur
une vitrée.
Les cellules qui le constituent offrent à décrire :

Un corps volumineux à noyau central.


Des grains cytoplasmiques arrondis fusiformes, d’un pigment mélanique très noir.
Des franges filiformes apicales qui s’insinuent entre les cônes et les bâtonnets qu’elles coiffent
plus ou moins complètement, selon l’intensité de l’éclairement.

 La nutrition de la rétine visuelle :

La nutrition de la rétine visuelle est assurée de 2 manières :

▪ 2/3 internes : par les vaisseaux rétiniens.


▪ 1/3 externe : à travers l’épithélium pigmentaire.

 La fovéa centralis :

La fovéa centralis est une dépression de la rétine, située à l’extrémité postérieure


de l’axe optique de l’œil.
Elle est formée uniquement des 5 premières couches (les autres sont rejetées à
la périphérie :

Couche 1 : épithélium pigmentaire


Couche 2 : couche des cônes (les seules cellules retrouvées à ce niveau de la
rétine)
Organes des sens

Couche 3 : limitante externe.


Couche 4 : couche granuleuse externe.
Couche 5 : couche plexiforme externe.
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 Aspect général de la rétine aveugle :

La rétine aveugle est séparée de la rétine visuelle par l’Ora serrata.


La rétine aveugle est composée uniquement de 2 couches :

Couche 1 : épithélium pigmentaire.


Couche 2 : couche de cellules cubiques (prismatiques suivant les endroits).

Histophysiologie :
1. L’excitation lumineuse et sa transmission :
• L’œil capte la lumière (les photons), pour ensuite l'analyser et interagir avec son environnement.
• Dans le processus de la vision, la lumière visible constitue l’excitant physiologique.
• Elle traverse toute l’épaisseur de la rétine visuelle pour se réfléchir au niveau de l’épithélium
pigmentaire afin d’être captée par les cellules visuelles.
• La transmission lumineuse passe ensuite vers les cellules bipolaires puis vers les cellules
ganglionnaires dont les axones constituent par leur regroupement le nerf optique.
• En général, au niveau de la rétine visuelle, la transmission lumineuse est radiale convergente :
c'est-à-dire que le nombre de cellules visuelles est plus grand que celui des cellules bipolaires qui
lui-même est plus grand que les cellules ganglionnaires.

Au niveau de la fovéa centralis, une zone de plus grande sensibilité, assurant une discrimination
des influx élémentaires :
La transmission de l’excitation lumineuse à ce niveau est influencée par :
 Une condition morphologique : les cellules à cônes sont les seuls récepteurs de la fovéa.
 Une condition topographique : la fovéa se situe dans l’axe optique de l’œil.
 Une condition synaptologique : chaque cellule à cône s’articule avec une seule cellule
bipolaire, elle-même en contact avec une seule cellule ganglionnaire. Ceci assure une
transmission radiale linéaire de l’excitation lumineuse.
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2. Rôle des cônes et des bâtonnets :


Les cônes et les bâtonnets représentent les véritables récepteurs des cellules sensorielles
principales de la rétine. On admet que :
 Les bâtonnets interviennent dans la vision nocturne et crépusculaire.
 Les cônes interviennent dans la vision diurne discriminative.

3. Rôle de l’épithélium pigmentaire de la rétine :


L’épithélium pigmentaire de la rétine assure 3 fonctions essentielles:
▪ Une fonction de soutien et de protection des cônes et bâtonnets par l’intermédiaire de ses
franges.
▪ Une fonction d’élaboration du pourpre rétinien.
▪ Une fonction trophique: nutrition du tiers externe de la rétine.
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