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Riemann
Théorème 5.1. Soit (xn )n∈N une suite de l’intervalle compact [a,b] ⊂ R. Alors il existe
une fonction strictement croissante ϕ : N −→ N telle que la suite extraite (xϕ(n) ) ait une
limite ℓ ∈ [a,b].
38
La théorie de l’intégration de Riemann
Dans ce cours, ce résultat nous sera surtout utile pour montrer l’uniforme continuité.
Donc pour la continuité, la marge δ ne donnant pas une erreur plus grande que
ε pour les images peut dépendre de x. Ce n’est pas le cas quand on demande
que la continuité soit uniforme. Une fonction uniformément continue est donc
forcément continue, mais la fonction f : x ∈ R 7−→ x2 ∈ R est continue sans
être uniformément continue.
Théorème 5.3. Soit [a,b] un intervalle compact de R et soit f : [a,b] 7−→ C une fonction
continue. Alors f est aussi uniformément continue.
Démonstration : Raisonnons par l’absurde et supposons que f est continue mais pas
uniformément continue. Il existe ε > 0 tel que pour tout n, il existe xn et yn avec |xn −yn | ≤
1
n
mais |f (xn ) − f (yn )| > ε. Par compacité, il existe une sous-suite (xϕ(n) ) extraite de la
suite (xn ) qui converge vers une limite ℓ ∈ [a,b]. Par continuité, on a f (xϕ(n) ) qui tend vers
f (ℓ). Mais on a aussi yϕ(n) qui tend vers ℓ donc f (yϕ(n) ) tend aussi vers f (ℓ). Mais alors en
passant à la limite dans |f (xϕ(n) ) − f (yϕ(n) )| > ε, on aurait 0 ≥ ε ce qui est absurde. Donc
f est forcément uniformément continue.
Théorème 5.4. Soit [a,b] un intervalle compact de R et soit f : [a,b] 7−→ C une fonction
continue. Alors f est bornée et atteint ses bornes sur [a,b].
39
La théorie de l’intégration de Riemann
d’une forme géométrique. Par définition, on peut supposer que l’aire des rectangles vaut
longueur fois largeur. Puis par découpages et recollages, on peut définir l’aire des triangles et
de tout polygone. Comment faire dans le cas d’une courbe ? Nous allons essayer d’encadrer
la courbe avec des aires de polygones et voir si on peut obtenir une aire limite en faisant
en encadrement de plus en plus précis. C’est déjà ainsi que les anciens ont calculé l’aire
du disque et donc π : Archimède (IIIème siècle avant J.C., Syracuse) donne π ≃ 3,14 par
des polygones à 96 côtés, Liu Hui (IIIème siècle après J.C., Chine) trouve une méthode
itérative plus rapide et avec aussi 96 côtés donne π ≃ 3,1416. Deux siècles plus tard, Zu
Chongzhi reprend l’algorithme pour obtenir π au millionième près avec l’équivalent d’un
polygone a 12 288 côtés.
L’histoire de l’intégration d’un point de vue plus analyste remonte à Bonaventura Cava-
lieri (1598-1647, Italie) puis à Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716, Allemagne). Bernhard
Riemann (1826-1866, Allemagne) est un des premiers à formaliser proprement la théorie.
Il existe plusieurs façons de définir et construire l’intégrale de Riemann. Elles sont toutes
grosso-modo équivalentes. Nous allons voir ici une présentation allégée proche de celle de
Gaston Darboux (1842-1917, France).
Définition 5.5. Soit I = [a,b] un intervalle compact de R. Une fonction f est dite en
escalier ou constante par morceaux sur I s’il existe un nombre fini de points a = x0 <
x2 < . . . < xp = b tels que f est constante sur chaque intervalle ]xi ,xi+1 [. Les points xi
forment une subdivision de I.
Notons que cette définition ne dit rien sur les valeurs ponctuelles en xi qui peuvent être
différente des constantes. L’intégrale d’une fonction en escalier se définit naturellement par
la formule d’aire des rectangles.
f (x1 )
f1
f0 f3
a = x0 x1 x2 x3 x4 = b
f2
Définition 5.6. Soit f une fonction en escalier sur un intervalle [a,b] qui est constante
égale à fi sur chaque intervalle ]xi ,xi+1 [ d’une subdivision a = x0 < x2 < . . . < xp = b.
Alors on appelle intégrale de f sur [a,b] le nombre
Z b p−1
X
f (x) dx = (xi+1 − xi ) × fi .
a i=0
40
La théorie de l’intégration de Riemann
Pour définir l’intégrale dans un cas plus complexe, nous allons introduire des fonctions en
escalier encadrant la valeur de l’intégrale.
Définition 5.7. Soit [a,b] une intervalle compact de R et f : [a,b] → R une fonction. On
dit que f est intégrable au sens de Riemann si pour tout ε > 0, il existe deux fonctions en
escalier fε et fε telles que
et Z b Z b
f ε (x) dx − f ε (x) dx ≤ ε.
a a
Proposition 5.8. Si f est intégrable au sens de Riemann sur [a,b] ⊂ R, alors pour tout
choix des familles de fonctions (fε ) et (fε ), on a existence et égalités des limites
Z b Z b
lim fε (x) dx = lim fε (x) dx .
ε→0 a ε→0 a
En outre, cette limite est indépendante du choix des familles de fonctions en escalier. Cette
limite est appelée intégrale de f sur [a,b] au sens de Riemann et est notée
Z b
f (x) dx .
a
Donc Z b Z b
′
f ε (x) dx − f ε ′ (x) dx ≤ max(ε,ε ) .
a a
41
La théorie de l’intégration de Riemann
Le papier original de Riemann de 1867 (posthume mais présentant des travaux de 1854).
Son but principal est de commenter les écrits de Joseph Fourier. Il a déjà écrit une
quinzaine d’intégrales
R bdans l’article en question, quand il pose soudainement la question
≪ Qu’entend-on par f (x) dx ? ≫. Cela fait pourtant 250 ans que les gens écrivent pour
a
des intégrales !
42
La théorie de l’intégration de Riemann
Ceci montre par exemple que les familles d’intégrales des fonctions en escalier vérifie le
critère de Cauchy et donc converge. En prenant deux fonctions qui marchent pour le même
ε, c’est aussi ainsi que l’on voit que l’écart entre les deux valeurs obtenues pour approcher
l’intégrale devient négligeable.
Après avoir vu un contre-exemple, voyons notre principal exemple qui marche : les
fonctions continues.
Théorème 5.9. Soit [a,b] un intervalle compact et f ∈ C 0 ([a,b],R) une fonction continue.
Alors f est intégrable au sens de Riemann. En outre, on a
n−1 Z b
X b−a b − a
f a+k −−−−−−−→ f (x) dx .
k=0
n n n−→+∞ a
La dernière partie montre que l’intégrale peut s’approcher par la méthode des rectangles
à gauche en pratiquant une subdivision régulière.
On découpe [a,b] en n intervalles de lar-
geur b−a
n
. La somme
n−1
X b−a b − a
f a+k
k=0
n n
On rappelle que les minimums et maximums sont bien définis car f est continue sur
[xi ,xi+1 ]. On décide aussi que f (b) = f (b) = f (b). Par construction, f et f sont bien
43
La théorie de l’intégration de Riemann
des fonctions continues par morceaux qui encadrent f . Par ailleurs, leur différence est au
pire de l’écart entre f (x) et f (y) pour x et y dans le même intervalle [xi ,xi+1 ]. Par conti-
nuité uniforme, on peut trouver h assez petit tel que cet écart est plus petit que ε/(b − a).
On a alors que
Z b Z b
X ε
f (x) dx − f (x) dx ≤ (xi+1 − xi ) =ε.
a a
b−a
Ceci montre que f est bien Riemann-intégrable. La convergence de la somme de Riemann
découle simplement du fait que cette somme est encadrée par les deux intégrales de f et
f.
Exemples :
• La fonction x 7→ ex est donc intégrable au sens de Riemann sur [0,1]. En outre, quand
n tend vers +∞, on a
n−1
X 1 k 1 1−e 1−e e−1
en = . 1/n
= 1 1 = .
k=0
n n 1 − e n(1 − 1 − n
+ o( n
)) 1 + o(1)
44
La théorie de l’intégration de Riemann
donne une correspondance entre les éléments de la somme de Riemann (méthode Rdes rec-
tangles) et l’écriture intégrale. On peut commencer par remarquer que le symbole est un
≪ S ≫ allongé. Il a été introduit par Leibniz et fait donc bien référence à l’intégrale comme
une sorte de somme. L’autre point à remarquer, c’est que l’élément d’intégration dx cor-
respond à la limite de la petite distance h = b−an
(symbole qu’on retrouve logiquement dans
d
la dérivation dx par passage à la limite de la pente de la corde). C’est donc un élément qui
fait partie de la somme de l’intégrale et non un symbole servant juste à fermer l’intégrale
(ce sera clair au moment des changements de variables).
En recollant plusieurs intervalles où on applique le résultat précédent, on peut généraliser
ce théorème aux fonctions continues par morceaux.
Définition 5.10. Soit I = [a,b] un intervalle compact de R. Une fonction f est dite
continue par morceaux sur I s’il existe un nombre fini de points a = x0 < x2 < . . . < xp = b
tels que f est continue sur chaque intervalle ]xi ,xi+1 [ et que les limites à droite et à gauche
de chaque intervalle existent et sont finies. L’ensemble des fonctions continue par morceaux
0
sur [a,b] est noté Cpm ([a,b],R).
une fonction continue par morceaux une fonction non continue par morceaux une fonction non continue par morceaux
car la limite à gauche n’existe pas car il y a un nombre infini de discontinuités
au point central
0
Théorème 5.11. Soit [a,b] un intervalle compact et f ∈ Cpm ([a,b],R) une fonction continue
par morceaux. Alors f est intégrable au sens de Riemann. En outre, on a
n−1 b
b−a b − a
X Z
f a+k −−−−−−−→ f (x) dx .
k=0
n n n−→+∞ a
De plus, les valeurs de f aux points de discontinuités ne change pas la valeur de l’intégrale.
Démonstration : Il suffit de recoller les arguments de la démonstration précédente ap-
pliquée sur chaque morceau. Pour la convergence de la somme de Riemann, l’argument
est aussi le même. Il y a juste le problème des valeurs aux points de discontinuités mais
celles-ci sont en nombre fini et leur influence disparaı̂t au fur et à mesure que n tend vers
+∞.
45
La théorie de l’intégration de Riemann
Définition 5.12. Une fonction f : [a,b] −→ C est intégrable au sens de Riemann si ses
parties réelle et imaginaire le sont. On pose alors
Z b Z b Z b
f (x) dx = Re(f (x)) dx + i Im(f (x)) dx .
a a a
Nous allons admettre toutes les propriétés élémentaires de l’intégrale de Riemann, même
si elles se démontrent assez facilement en partant de la définition.
On note que la valeur en un nombre fini de points n’influence pas la valeur de l’intégrale,
donc on peut aussi supposer que f (x) ≤ g(x) sauf en un nombre fini de points.
46
La théorie de l’intégration de Riemann
En conséquent, si f est positive continue et d’intégrale nulle sur [a,b], alors f est identi-
quement nulle sur [a,b].
Rξ
En conséquence, ξ ∈ [a,b] 7−→ a
f (x) dx est l’unique primitive de f sur [a,b] qui s’annule
en a.
Si f est continue par morceaux, alors elle est bornée et l’aire sous la courbe entre ξ et ξ + h
est bornée par un rectangle de largeur h et de hauteur constante. Donc quand h tend vers
0, on obtient bien la continuité de l’intégrale par rapport à sa borne.
47
La théorie de l’intégration de Riemann
max f (x)
x∈[ξ,ξ+h]
min f (x)
x∈[ξ,ξ+h]
a ξ ξ+h
Affinons les choses en supposant que f est continue. Par monotonie de l’intégrale, on a
Z ξ+h
h min f (x) ≤ f (x) dx ≤ h max f (x) .
x∈[ξ,ξ+h] ξ x∈[ξ,ξ+h]
Or, par continuité, minx∈[ξ,ξ+h] f (x) comme maxx∈[ξ,ξ+h] f (x) tendent vers f (ξ) quand h
tend vers 0. On obtient donc par encadrement que
Z ξ+h Z ξ
1
f (x) dx − f (x) dx −−−−−→ f (ξ)
h a a h−→0
ce qui donne par définition la dérivée recherchée. La dernière assertion vient de l’unicité
de la primitive modulo les constantes.
Le théorème montre aussi que toute fonction continue admet une primitive (et donc une
infinité en y ajoutant une constante). Si la fonction f est seulement continue par morceaux,
on peut obtenir une sorte de primitive mais qui ne sera dérivable qu’à droite et à gauche
aux points de discontinuité de f .
Corollaire 5.19. Soit f ∈ C 0 ([a,b],R) une fonction continue et soit F ∈ C 1 ([a,b],R) une
primitive de f sur [a,b]. Alors
Z b
f (x) dx = F (b) − F (a) := [F (x)]ba .
a
Rξ
Démonstration : On pose F̃ (ξ) = a
f (x) dx . On sait que F = F̃ + C avec C une
constante. On a alors
Z b
F (b) − F (a) = (F̃ (b) + C) − (F̃ (a) + C) = F̃ (b) − F̃ (a) = f (x) dx − 0 .
a
48
Chapitre 6 : Des techniques d’intégration
Dans ce contexte, on pourra se souvenir qu’il n’est pas toujours possible d’avoir une expres-
sion de la primitive. Joseph Liouville (1809-1882, France) a ainsi montré que la primitive
2
de e−x ne peut s’exprimer en fonctions des fonctions usuelles. Même si on donne le nom
≪ Erf ≫ à cette primitive, on aura encore des primitives non exprimables etc. Nous allons
donc essayer de faire au mieux, mais une méthode générale ne sera pas possible.
d
(F g(x)) = f (x)g(x) + F (x)g ′ (x) .
dx
On en déduit donc le résultat suivant.
Théorème 6.1. Soit a < b. Soit f une fonction continue sur [a,b] et soit g une fonction
de classe C 1 sur [a,b], alors
Z b Z b
f (x)g(x) dx = [F (x)g(x)]ba − F (x)g ′ (x) dx
a a
49
Des techniques d’intégration
Démonstration : On a
Z b Z b Z b
′
f (x)g(x) dx + F (x)g (x) dx = (F ′ (x)g(x) + F (x)g ′ (x)) dx
a a a
Z b
= (F (x)g(x))′ dx
a
= [F (x)g(x)]ba .
On n’utilisera l’intégration par partie que si on identifie deux parties dans l’intégrande
et qu’au moins une partie a une primitive connue. En outre, cette intégration par parties
doit nous simplifier la tâche, c’est-à-dire aboutir à un intégrande plus simple. Nous allons
voir quelques situations classiques.
Mais aussi
π π π
21
Z Z
2
x cos(2x) dx = x sin(2x) − x sin(2x) dx
0 2 0 0
π
1 π
(−1)
Z
=− x cos(2x) − cos(2x) dx
2 0 2 0
π 1
= − [sin(2x)]π0
2 4
π
= .
2
Le cas ln ou arctan.
Quand une intégrale fait apparaı̂tre un log ou une arctangente, l’idée est d’essayer de faire
une intégration par parties pour dériver ces fonctions. En effet, leur dérivées sont de type
≪ fractions rationnelles ≫, c’est-à-dire quotient de deux polynômes, et on sait intégrer toutes
50
Des techniques d’intégration
Nous allons voir comment calculer une primitive du log. Pour cela, nous allonsR x introduire
une notation qui n’est pas universelle Rmais bien pratique. On sait que 1 ln t dt est la
x
primitive du log qui s’annule en 1, mais 2 ln t dt est aussi une primitive du log etc. En fait,
la borne inférieure n’est pas importante puisque dans tous les calculs, elle ne donnera que
des constantes et la primitive est définie à une constante près. Plutôt que de s’encombrer
des nombres qui viendront de cette borne inférieure, nous allons l’ignorer, ce qui donnera
en quelque sorte la primitive la plus simple à écrire, c’est-à-dire la partie qui dépend de x
avec les fonctions usuelles. Par ailleurs, l’astuce est de faire une intégration par partie en
dérivant le log. A priori, il n’y a rien à intégrer. . . sauf que l’on peut dire que le log est
multiplier par 1 et intégrer cette constante.
x x x
1
Z Z Z
x
ln t dt = 1 × ln t dt = [t ln t] − t× dt
t
Z x
= x ln x − dt
= x ln x − x
2 2 Z 2
1 2 2 ln x
Z
2
x ln x dx = x ln x − x2 dx
1 2 1 1 x
Z 2 2
1 2 21
1 2
Z
2 2
= 2 ln 2 − x ln x dx = 2 ln 2 − x ln x + x dx
1 2 1 2 1 x
1 2
= 2 ln2 2 − 2 ln 2 + x2 1
4
2 3
= 2 ln 2 − 2 ln 2 + .
4
51
Des techniques d’intégration
ties.
Z π Z π
x
cos xe dx = [cos xex ]π0sin xex dx
+
0 0
Z π
π x π
= −e − 1 + [sin xe ]0 − cos xex dx
0
Z π
π x
=e −1− cos xe dx
0
On a l’impression de tourner en rond car la dernière intégrale est celle de départ. Mais le
signe nous sauve miraculeusement et on peut faire passer l’intégrale de l’autre côté pour
obtenir Z π
1 + eπ
cos xex dx = − .
0 2
1 1 1 1
f (x) = = +
(1 − x)(1 + x) 2 1+x 1−x
et donc une primitive de f est
1
F (x) = (ln |1 + x| + ln |1 − x|)
2
(on lèvera les valeurs absolues en fonction de l’intervalle où la primitive est considérée). On
voit ici le point central de la méthode : décomposer la fraction en ≪ éléments simples ≫ que
l’on sait facilement intégrer.
P (x)
Les éléments simples : soit f (x) = Q(x) une fraction rationnelle où P et Q sont deux
polynômes à coefficients réels. Le polynôme Q(x) peut se factoriser sous la forme
où xi sont des racines réelles distinctes, ki et li des puissances entières et (x2 + ai x + bi ) des
facteurs irréductibles réels. Alors la fraction P/Q peut se décomposer sous la forme d’une
somme d’éléments de cette liste
• Un polynôme réel de degré égal à celui de P moins celui de Q. Si Q est de degré plus
grand que P , il n’y a pas de tel terme.
52
Des techniques d’intégration
Méthodes de décomposition : il faut bien sûr commencer par factoriser Q pour trouver
quels sont les éléments simples qui vont intervenir. Une fois les éléments connus, la méthode
la plus basique consiste à tout réduire au même dénominateur et identifier termes à termes.
Par exemple, on écrit
x+2 x+2 a b a(x − 2) + b(x − 1)
f (x) = = = + =
x2
− 3x + 2 (x − 1)(x − 2) x−1 x−2 (x − 1)(x − 2)
(a + b)x − (2a + b)
= .
(x − 1)(x − 2)
Par identification, on trouve que (a + b) = 1 et (2a + b) = −2. La résolution du système
donne que a = −3 et b = 4 et donc
x+2 −3 4
f (x) = 2 = + .
x − 3x + 2 x−1 x−2
Il existe parfois astuces pour aller plus vite. Par exemple, le polynôme peut se trouver
par division euclidienne. Si on n’a qu’un seul facteur simple sous la fraction, la division
euclidienne permet d’avoir tous les termes. Par exemple,
x3 x+1
−x3 −x2 x2 − x + 1
−x2
x2 +x
x
−x −1
−1
53
Des techniques d’intégration
2x + 3 a b
f (x) = = + .
(x + 1)(x − 1) x+1 x−1
2x + 3 x+1
=a+b
x−1 x−1
on prend maintenant la limite x → −1. En fait, on peut prolonger l’expression par conti-
nuité et cette limite revient à regarder la valeur en x = −1 qui donne a = −1/2. On voit
que cette astuce permet de trouver a en neutralisant b dans un premier temps. Pour trouver
b, on procède de même en multipliant l’expression de départ par (x − 1) et en prenant la
valeur en x = 1 (ou plus rigoureusement en faisant la limite x → 1 dans l’expression). On
trouve ainsi
2x + 3 x−1
=a +b
x+1 x+1
puis b = 5/2. On conclut donc que
2x + 3 1 −1 5
f (x) = = + .
(x + 1)(x − 1) 2 x+1 x−1
Intégrations : il ne reste plus qu’à intégrer les différents ≪ éléments simples ≫. Evidem-
ment, l’éventuelle partie polynomiale est facile, de même que les termes 1/(x − xi )ki . Par
exemple, avec les décompositions déjà effectuées, on obtient
Z 3
1 3
Z
2x + 3 −1 5 1
dx = + dx = [− ln(1 + x) + 5 ln(x − 1)]32
2 (x + 1)(x − 1) 2 2 x+1 x−1 2
1 1
= (− ln 4 + 5 ln 2 + ln 3 − 5 ln 1) = ln(24) .
2 2
L’intégration des termes correspondant à des facteurs irréductibles de degré deux est plus
délicate. Nous n’allons voir que le cas des fractions du type (αx + β)/(x2 + ax + b). Cette
intégration est basée sur deux primitives usuelles :
Z x Z x
dt 2t + a
2
= arctan x et 2
dt = ln |t2 + at + b| .
t +1 t + at + b
54
Des techniques d’intégration
Nous n’avons pas vu l’intégration de tous les types de termes ni toutes les astuces qui
servent à avoir rapidement la décomposition. Mais elles sont très bien implémentées dans
les logiciels de calcul formel et nous ne faisons aujourd’hui à la main que les cas simples.
On pourrait vouloir passer aux complexes pour factoriser complètement le
! dénominateur et n’avoir que des éléments simples faciles à intégrer. La
décomposition est parfaitement possible ainsi et permet parfois d’aller plus
vite. Mais attention au moment de l’intégration, il faut revenir aux nombres
réels ou être très prudent. En effet, si on se retrouve avec des nombres comme
ln(1 + i), il va falloir se poser la question du log des nombres complexes, ce
qui est délicat. Par exemple, on voit que ln 1 = ln(e2iπ ) = 2iπ 6= 0 signifie qu’a
priori log et nombres complexes ne font pas bon ménage.
de partie polynomiale car le degré du dénominateur est strictement plus grand que celui
du numérateur. On factorise le dénominateur en x3 − x2 + x = x(x2 − x + 1). On sait donc
que
3x2 − x + 1 a bx + c
f (x) = 3 2
= + 2 .
x −x +x x x −x+1
En multipliant tout par x et en prenant x = 0, on obtient a = 1. Il suffit ensuite de calculer
1 3x2 − x + 1 1 2x
f (x) − = 3 − = .
x x − x2 + x x x2 − x + 1
55
Des techniques d’intégration
et donc
1 2x
f (x) = + 2 .
x x −x+1
Pour intégrer le deuxième terme, on écrit
2x 2x − 1 1 2x − 1 4 1
= + = +
x2 − x + 1 x2 − x + 1 x2 − x + 1 x2 − x + 1 3 ( √3 (x − 12 ))2 + 1
2
d’où
2 2 1
Z
2
f (x) dx = ln |x| + ln |x − x + 1| + √ arctan √ (x − ) .
3 3 2
56
Des techniques d’intégration
R 2π
Exemple : On veut calculer 0 cos2 (x) dx. On a la formule trigonométrique cos2 (x) =
1+cos(2x)
2
et donc
Z 2π
1 2π
Z
2
cos (x) dx = (1 + cos(2x)) dx = π .
0 2 0
où on a utilisé que l’intégrale de cos(2x) sur un nombre entier de périodes (ici la période
est π et l’intervalle de longueur 2π) est nul.
Rπ
Exemple : On veut calculer 0
sin3 (x) dx. On a
ix 3
3 e − e−ix
sin (x) =
2i
−1 3ix
e − 3eix + 3e−ix − e−3ix
=
8i
−1 ei3x − e−3ix eix − e−ix
= −3
4 2i 2i
1 3
= − sin(3x) + sin(x)
4 4
Au passage on note que ce calcul ne fait intervenir les nombres complexes que pour les
calculs intermédiaires : la fonction de départ est réelle et donc le résultat final l’est aussi.
C’est l’utilisation initiale des ≪ nombres imaginaires ≫ qui n’avait qu’une existence formelle
en tant que facilitateurs de calculs.
On obtient au final que
Z π
1 π
Z
3
sin (x) dx = 3 sin(x) − sin(3x) dx
0 4 0
π
1 1
= −3 cos(x) + cos(3x)
4 3 0
1 1 1
= 3− +3−
4 3 3
4
=
3
On notera qu’il y a des façons de contrôler le calcul linéarisant sinp (x) cosq (x)
! en combinaisons linéaires de sin(kx) et cos(lx). Tout d’abord, le plus grand
k ou l correspond à la puissance p + q. Par ailleurs, si le terme de départ est
impair (p impair) alors on n’aura un développement que sur les sin(kx) et
inversement s’il est pair, on n’aura un développement que sur les cos(lx). Par
ailleurs, à cause de l’autre symétrie x 7→ π − x, les fréquences k ou l sautent
de deux en deux.
57
Des techniques d’intégration
4 Changement de variable
Quand on intégre une fonction sur un segment, la formule du changement de variable
s’énonce simplement.
Ce n’est donc qu’une façon de repérer les formes du type (f ◦ ϕ)ϕ′ qui se primitivent
facilement. Mais en pratique le changement se fait sans repérer cette forme. Il passe par
plusieurs étapes :
4. changer les bornes par la méthode ≪ quand x valait a, alors u vaut ϕ(a) ≫.
58
Des techniques d’intégration
59
Des techniques d’intégration
1
Exemple : Cherchons une primitive de f (x) = 1+sin x
. On n’a aucun invariant intéressant.
On va donc poser u = tan(x/2). Dans ce cas, il est utile de connaı̂tre les formules
1 − u2 2u 2 du
cos x = sin x = dx = .
1 + u2 1 + u2 1 + u2
On trouve donc
X tan(X/2)
1 1 2 du
Z Z
dx = 2u
1 + sin x 1+ 1+u2
1 + u2
tan(X/2) tan(X/2)
1 1
Z Z
=2 du = 2 du
1 + u2 + 2u (1 + u)2
2
=−
1 + tan(X/2)
Exemple : Finissons sur un exemple d’intégration d’un des éléments simples que nous
avons mis de côté. On veut calculer
1
1
Z
I= dx .
0 (1 + x2 )2
π/4
1 1 π 1
I= t + sin(2t) = + .
2 2 0 8 4
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Des techniques d’intégration
en faisant bien attention qu’on se situe dans le cadre a ∈ [0,π/2]. On trouve au final que
πR2 h √
A(h) = − R2 arcsin( ) − h R2 − h2 .
2 R
On peut vérifier au passage que le résultat est cohérent quand h = 0 ou h = R. Notons
finalement que ce cas simple peut aussi se faire avec un peu de géométrie élémentaire en
considérant qu’on regarde une portion du disque moins un triangle.
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Des techniques d’intégration
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Des techniques d’intégration
On la résoud par séparation des variables. Si p(t) = 0 a un moment, alors p(t) = 0 pour
tout t car p(t) ≡ 0 est une solution constante. De même, p(t) ≡ α−β γ
= κ est une autre
solution constante. Supposons que p(t) est différent de ces deux valeurs, on peut alors écrire
p′ (t)
=1. (6.1)
(α − β)p(t) − γp(t)2
Pour intégrer cette équation, il nous faut une primitive de
1 1
f (p) = 2
= .
(α − β)p − γp γp(κ − p)
On utilise la décomposition en éléments simple
1 A b
f (p) = = + .
γp(κ − p) p κ−p
Par notre méthode préférée, on obtient au final que
1 1 1 1 1 1 1
f (p) = = + = + .
γp(κ − p) γκ p κ − p α−β p κ−p
D’où p
1 1 p
Z
f (s) ds = (ln |p| − ln |κ − p|) = ln .
α−β α−β |κ − p|
En revenant à (6.1), on obtient donc que
1 p(t)
ln = t + cte
α−β |κ − p(t)|
et donc que
p(t)
= Ce(α−β)t .
|κ − p(t)|
Il ne reste plus qu’à résoudre cette équation. Par exemple si p(0) ∈]0,κ[, alors p(t) reste
dans cet intervalle et
p(t) = Ce(α−β)t (κ − p(t))
implique que
Ce(α−β)t
p(t) = κ
1 + Ce(α−β)t
et donc que
κp(0)
p(t) = .
p(0) + (κ − p(0))e−(α−β)t
Il se trouve que l’expression est la même si p(0) > κ, mais aussi si p(0) = 0 ou p(0) = κ.
A part pour p(0) = 0, la population converge vers l’équilibre κ avec une vitesse e−(α−β)t .
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