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GILLES PLANTE

B.A. C.C.L. LL.L. M.A. PH. D.

FRANÇOIS CHÉNIER
D.E.C. B.SC.ÉCOM.

COMMENT RÉUSSIR

UN DÉMANTÈLEMENT TERRITORIAL

LE CAS DE LA BASSE-MAURICIE

© Saint-Étienne-des-Grès, 30 Avril 2010


TABLE DES MATIÈRES

PRÉSENTATION 1

ORIGINE DU PROBLÈME 5

L’ORGANISATION TERRITORIALE MUNICIPALE 7

MRC DE FRANCHEVILLE 13

ANALYSE DES DONNÉES PAR LE MANDATAIRE 14

LE TERRITOIRE 14

CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES 16

CARACTÉRISTIQUES SOCIALES 16

CARACTÉRISTIQUES INSTITUTIONNELLES 17

NAVETTAGE ET INTERDÉPENDANCE 18

CARACTÉRISTIQUES ÉCONOMIQUES 18

FISCALITÉ 20

RÉSEAUX ET ENTENTES INTER-MUNICIPALES 44

POSITIONS ET RECOMMANDATIONS DU MANDATAIRE 45

DISTINGUER L’URBAIN ET LE RURAL 47

LE MILIEU RURAL : CONSTATS 48

COMMUNAUTÉ RURALE DES CHENAUX 50

MRC DU CENTRE-DE-LA-MAURICIE 53

MÉTHODOLOGIE ET PROBLÉMATIQUE 54

LE SECTEUR PÉRIURBAIN SELON LE MANDATAIRE 65

NOTRE-DAME-DU-MONT-CARMEL 67

SAINT-BONIFACE-DE-SHAWINIGAN 70

LE SECTEUR RURAL SELON LE MANDATAIRE 73


“ ANALYSE FROIDE ET RATIONNELLE ” 77

RÉSEAU MUNICIPAL EN 2001 81

DÉMANTÈLEMENT DU CENTRE MAURICIEN 94

EXPLORATION DU PROBLÈME 101

RECOMMANDATION REJETÉE 103

INVESTIGATION 105

RURALITÉ 106

NÉO-RURALITÉ 116

ÉTAT DE LA QUESTION 125

CRITÈRE DE DÉMARCATION — TERRITOIRES HORS MRC ET EN MRC 129

CRITÈRE DE DÉMARCATION — TERRITOIRES « ORPHELINS » 135

IMPORTANTE CONVERGENCE 138

DÉMONSTRATION 143

CONCLUSION 155

BIBLIOGRAPHIE 165
PRÉSENTATION

1
Le 25 avril 2000, avec la publication du Livre blanc : Changer les façons de faire pour mieux servir les ci-
toyens, le Gouvernement du Québec engage une réforme municipale qui, en Basse-Mauricie, va engendrer
l’éclatement du Centre-de-la-Mauricie.

Avant 2002, le territoire constituant le centre de la Mauricie était organisé au sein de la MRC du Centre de la
Mauricie. Lors de la réforme municipale mise en place en 2002, cette MRC fut dissoute, et ce, en même
temps que la MRC de Francheville, alors que deux municipalités dites hors MRC furent créées : les Territoires
équivalents de Shawinigan et de Trois-Rivières.

Notre-Dame-du-Mont-Carmel fut alors rattachée à la MRC Les Chenaux, principalement constituée des muni-
cipalités de la MRC de Francheville qui ne furent pas intégrées à Trois-Rivières, à l’exception de Saint-Étien-
ne-des-Grès. Saint-Étienne-des-Grès fut plutôt rattachée à la MRC de Maskinongé, ainsi que toutes les autres
municipalités de la MRC du Centre de la Mauricie qui ne furent pas intégrées à Shawinigan.

Comme nous allons le montrer dans les pages qui vont suivre, une fouille des données conduite selon les
règles de la discipline nommée «problématique» met à découvert la matrice des ressemblances et des dis-
semblances dont l’ignorance, en 2001, ne pouvait que rendre et a rendu inadéquate la configuration de la
Basse-Mauricie issue de l’éclatement du Centre-de-la-Mauricie.

Au mot «problématique», le Petit Robert écrit : «Art, science de poser les problèmes». Ainsi entendu, le mot
«problématique» recouvre ce que signifient les expressions anglaises «problem finding», «problem shaping»
et «problem solving», qui nomment les trois étapes fondamentales de la problématique. 1

Par «problem finding», qui constitue la toute première étape, il convient d’entendre : découverte de la nature
même d’un problème. Aucune véritable solution ne peut être découverte à moins d’avoir mis en lumière la
nature même du problème à résoudre, car c’est cette nature qui est à l’origine de toute voie de résolution ap-
propriée. Une fois que l’origine du problème est ainsi mise en lumière, on passe à l’étape du «problem sha-
ping», c’est-à-dire à l’étape où on est à la recherche d’une manière optimale de poser le problème. C’est au
cours de cette seconde étape que l’analyste en problématique discerne les voies de solution dont l’examen

3
meuble la troisième étape. Le «problem solving», troisième étape de la problématique, consiste en un examen
systématique des voies de solution discernées au cours de la seconde étape.

Dans cette étude, la mise en œuvre de la problématique à laquelle nous allons nous livrer se limitera aux
deux premières étapes. Cette mise en œuvre exige aussi des matériaux. La recherche de ces matériaux, i.e.
des notions et des ratios les mieux convenables, exige la consultation de diverses banques de données :
Institut de la Statistique du Québec, Statistique Canada, Ministère des affaires municipales et des régions,
etc.). Et, dans de telles circonstances, cette mise en œuvre impose une fouille de données, ce qui appartient
au domaine de la statistique exploratoire. À la fin du livre, nous donnons quelques indications bibliographiques
à ce propos.

C’est ainsi que le modèle théorétique retenu établit le fondement de l’appréciation que nous portons sur la
réforme municipale de 2000 en Basse-Mauricie. Comme les pages qui suivent vont le mettre en lumière, nous
n’aurions pas conclu à la désorganisation du territoire qui sévit maintenant. Même si le mal est fait, il demeure
intéressant de mettre en lumière les vices de méthode qui y ont conduit.

Compte tenu de cet objectif, l’ouvrage est garni de capsules méthodologiques qui exposent plus en détail cer-
tains aspects du modèle.

Le plan de l’ouvrage distribue la matière de l’exposé en trois parties :


• Origine du problème
• Exploration du problème
• Conclusion

1 Lʼencyclopédie Wikipedia y consacre trois articles quʼon trouve aux adresses suivantes :
1. http://en.wikipedia.org/wiki/Problem_finding ;
2. http://en.wikipedia.org/wiki/Problem_shaping;
3. http://en.wikipedia.org/wiki/Problem_solving.

4
ORIGINE DU PROBLÈME

5
L’ORGANISATION TERRITORIALE MUNICIPALE

Dans ses Notes sur la théorie de l’organisation, Lyndall Fownes Urwick (1891-1983), le second directeur du
International Management Institute (IMI), le fondateur de Urwick Orr Associés, premier cabinet britannique de
consultants en management, et l’auteur de nombreux ouvrages, formula ce qui est maintenant connu comme
les Dix principes d’Urwick, en ces termes :
Principe de la fin — Toute organisation et toute partie d’une organisation doit être l’expression de la fin de l’entre-
prise pertinente, sinon elle est dépourvue de sens et donc redondante. Vous ne pouvez pas organiser dans le vide ;
vous devez organiser en vue d’une fin.

Principe de la spécification — Les activités de chaque membre d’un groupe organisé doivent être le mieux possible
spécifiée par l’accomplissement d’une fonction définie.

Principe de la coordination — Le but de l’action même d’organiser, vu comme distinct de la fin de l’entreprise, est de
faciliter la coordination et l’unité des efforts.

Principe de l’autorité — Dans chaque organisation, l’autorité suprême doit être située quelque part. Il doit y avoir une
ligne d’autorité claire qui va de l’autorité suprême jusqu’à chacun des membres du groupe.

Principe de la responsabilité — La responsabilité d’un supérieur pour les actes de ses subordonnés est absolue.

Principe de la définition — Le contenu de chaque position, en termes d’obligations, d’autorité et de responsabilité,


ainsi que les relations avec les autres positions doivent être définis par écrit et publiés à l’intention des personnes
concernées.

Principe de la correspondance — À chaque position, le responsabilité et l’autorité doivent correspondre.

Principe de l’empan optimal du contrôle — Personne ne doit être placée en situation de superviser plus de cinq ou, à
l’extrême, six subordonnés immédiats dont la tâche consiste à assurer un engrenage organisationnel. (...) Là où la
tâche n’est pas telle, l’empan peut être plus large. (...)

Principe de l’équilibre — Il est essentiel que les divers rouages d’une organisation soient en équilibre.

Principe de continuité — La réorganisation est un processus continue ; en toute entreprise, des mécanismes doivent
être établis à cette fin.2

Est-ce que la Loi sur l’organisation territoriale municipale (L.R.Q., chapitre O-9) répond au dix commande-
ments d’Urwich, notamment au tout premier, le principe de la fin :
Principe de la fin — Toute organisation et toute partie d’une organisation doit être l’expression de la fin de l’entre-
prise pertinente, sinon elle est dépourvue de sens et donc redondante. Vous ne pouvez pas organiser dans le vide ;
vous devez organiser en vue d’une fin. ?

Mais, auparavant, est-ce que la question se pose ? Dans la Loi sur l’organisation territoriale municipale (LRQ
c. O-9), ne lisons-nous pas que : « 2. Les municipalités du Québec comprennent les municipalités régionales
de comté et les municipalités locales. » ; « 3. Est une municipalité locale toute municipalité autre qu'une muni-
cipalité régionale de comté. » ; « 13. La municipalité locale est une personne morale de droit public formée

7
des habitants et des contribuables de son territoire .» ; «210.5. La municipalité régionale de comté est une
personne morale de droit public formée des habitants et des contribuables de son territoire.»

Remarquons bien les mots : « formée des habitants et des contribuables de son territoire », dont la mise en
italique est de nous. La Commission municipale du Québec semble faire une lecture surprenante de ces mots,
à tel point que se pose bel et bien la question : « Est-ce que la Loi sur l’organisation territoriale municipale
(L.R.Q., chapitre O-9) répond au dix commandements d’Urwich, notamment au tout premier, le principe de la
fin ?».

Ainsi, dans le Dossier CM-56223 3, la Commission soulève la question de la fin en ces termes : « À quoi sert
une municipalité ?» Et elle répond :
• La municipalité, créature du gouvernement provincial, a comme première fonction de rendre des services à la pro-
priété. Il a été rapidement convenu que la municipalité pourrait préférablement gérer localement sur une base quoti-
dienne certaines fonctions comme celles de la fourniture de l’eau, des égouts, l’enlèvement des ordures, l’entretien
des rues et routes, etc.…

• Avec le temps et les demandes des citoyens, les municipalités ont élargi leur sphère de services pour couvrir des
services à la personne, notamment au niveau du loisir. De plus, on a fini par convenir que la municipalité pouvait
avoir un rôle utile comme acteur de développement économique, culturel et social.

Il est parfaitement clair que « certaines fonctions comme celles de la fourniture de l’eau, des égouts, l’enlève-
ment des ordures, l’entretien des rues et routes, etc.…» ne sont des « services à la propriété » que si la
« propriété » boit de l’eau, défèque, produits des ordures, circule dans la rue ou la route, etc. Le propos que
tient ici la Commission est trop absurde pour ne pas être une ellipse, encore que l’emploi de cette figure de
style exige que l’omission d’éléments pertinents offre « un énoncé qui reste néanmoins compréhensible »,
selon le Petit Robert ; or, ici, c’est à peine le cas. Et le cas n’est pas isolé puisque le propos selon lequel la
municipalité est une « division administrative » et une « structure de services » destinée à la « propriété » est
repris par la Commission dans d’autres études :
1. dans le Dossier CM-56009 4 : « Une municipalité, faut-il le rappeler, est une structure adminis-
trative qui rend des services de première ligne, si on peut employer l'expression, des services
d'abord reliés à la propriété. Le plus important budget d'une municipalité est relié à la voirie. Si on
y ajoute l'eau potable, le traitement des eaux usées, l'éclairage, la collecte des déchets et la sé-
curité publique, on aura là plus des trois quarts d'un budget » ;

2. dans le Dossier CM-58189 5 : « Une municipalité est d’abord et avant tout une structure admi-
nistrative qui doit rendre des services, notamment en fonction de la propriété » ;

8
3. dans le Dossier CM-56010 6 : « Les municipalités lèvent des impôts fonciers qui sont davan-
tage utilisés pour assurer des services à la propriété quoiqu’il y ait un déplacement des services
à la personne au niveau local ».

Quoi qu’il en soit, en 2000, le Ministère des affaires municipales semble vouloir se conformer aux dix
commandements de Urwick avec la publication du Livre blanc : Changer les façons de faire pour mieux servir
les citoyens.7 Dans la revue Municipalité, le Gouvernement du Québec « présente les orientations
gouvernementales pour le renouvellement de la gouverne municipale » qu’il expose au long dans le Livre
blanc intitulé Changer les façons de faire pour mieux servir les citoyens en ces termes :

L’échéancier établi 8 se présente ainsi :

3 mars 2000:
• Désignation des mandataires du gouvernement et formation de comités d’élus pour les RMR de Montréal, de Qué-
bec et de l'Outaouais

25 avril 2000:
• Publication du Livre blanc sur la réorganisation municipale

Mai/juin 2000:
• Présentation pour adoption d’un projet de loi-cadre portant sur la création de la Communauté métropolitaine de
Montréal

• Présentation pour adoption d’un projet de loi sur les mesures favorisant les regroupements

• Présentation de projets de loi-cadre sur la création des communautés métropolitaines de Québec et de l’Outaouais

Juin 2000:
• Rapports des mandataires sur les résultats des travaux des comités d’élus sur le financement des équipements,
services et activités à portée supralocale dans les trois communautés métropolitaines

Septembre 2000:
• Recommandations des MRC sur le financement des équipements, services et activités à portée supralocale

9
• Rapports des mandataires sur les résultats des travaux des comités d’élus sur les regroupements de municipalités
locales

Automne 2000:
• Débats en vue de l’adoption des projets de lois-cadres portant sur la création des communautés métropolitaines de
Québec et de l’Outaouais

• Présentation pour adoption de projets de loi sur les compétences des MRC et sur les modalités de mise en œuvre
des communautés métropolitaines

• Adoption d’un décret spécifiant la liste des équipements, services et activités à portée supralocale dans les trois
communautés et dans les MRC

1er janvier 2001:

• Entrée en vigueur de la réorganisation

Cet échéancier sera évidemment adapté aux circonstances. En fait, la réforme entrera en vigueur le 1er
janvier 2002. Dans la revue Municipalité 9, le Ministère des affaires municipales écrit encore :

La publication du Livre blanc constitue la deuxième étape du plan d’action gouvernemental lié à cette réorganisation,
plan qui avait été annoncé le 3 mars dernier.

La mise en œuvre du plan d’action passe évidemment par la présentation et l’adoption de plusieurs pièces législati-
ves qui permettront de créer de nouvelles entités mieux adaptées aux défis d’aujourd’hui et qui redessineront le
partage de certaines compétences.

La réalisation du plan d’action concerne au premier chef les élus municipaux qui sont conviés à proposer la façon
particulière dont cette réorganisation pourra s’établir dans leur milieu propre.

La Loi modifiant la Loi sur l’organisation territoriale municipale et d’autres dispositions législatives, présentée
le 11 mai 2000, est adoptée le 15 juin 2000, et sanctionnée le 16 juin 2000. Aux «notes explicatives» du projet
de loi, nous pouvons lire ce qui suit :

Ce projet de loi prévoit différentes mesures visant notamment à favoriser le regroupement de territoires de municipa-
lités locales.

Ce projet de loi accorde au ministre des Affaires municipales et de la Métropole le pouvoir d’exiger, s’il y est autorisé
par le gouvernement, que certaines municipalités locales lui présentent dans le délai qu’il prescrit une demande
commune de regroupement. Le projet de loi prévoit que pour aider les municipalités à remplir cette obligation, le
ministre peut nommer un conciliateur. Il prévoit également que si le ministre ne reçoit aucune demande dans le dé-
lai, il peut demander au conciliateur nommé, ou à défaut qu’il nomme, de lui faire un rapport de la situation.

Ce projet de loi prévoit aussi que le ministre peut faire effectuer par la Commission municipale du Québec une étude
d’opportunité relativement à des regroupements de territoires municipaux. Le projet de loi précise que l’intervention
de la Commission peut également être demandée par des municipalités locales dont le nombre et la population to-
tale représentent plus de la moitié de ceux des municipalités locales visées par le regroupement. Le projet de loi
indique que la Commission doit produire un rapport dans lequel elle fait une recommandation relativement au re-
groupement qui a fait l’objet de son étude ou à un autre regroupement concernant le territoire d’une ou de plus d’une
municipalité locale visée par la demande. Le projet de loi précise cependant que la Commission ne peut faire une
recommandation positive relativement à un regroupement que si elle a tenu une audience publique sur celui-ci.

10
Ce projet de loi autorise le gouvernement à décréter, après la production du rapport du conciliateur ou de la Com-
mission qui en fait la recommandation, la constitution d’une municipalité locale issue du regroupement des territoires
des municipalités locales visées par le rapport. (...)

Le 24 mai 2002, la Commission municipale du Québec recommandait « que l’on regroupe les municipalités de
La Bostonnais, de La Croche, de Lac-Édouard, de la Ville de La Tuque ainsi que le Village de Parent et les
territoires non organisés, pour former une nouvelle ville englobant tout le territoire de la MRC du Haut-Saint-
Maurice », d’une part, et que « cette nouvelle ville [soit] une municipalité régionale de comté au sens des dis-
positions de la Loi sur l’organisation territoriale municipale »,10 d’autre part.

En ce qui concerne la MRC de Francheville et la MRC du Centre-de-la-Mauricie, les documents suivants 11 ,


que nous prenons en considération dans les pages suivantes, font le point :
Miser sur la solidarité Rapport sur la réorganisation municipale et les équipements supralocaux dans la MRC de
Francheville, André Thibault Ph.D, Mandataire, 15 février 2001

La réorganisation municipale Centre-de-la-Mauricie Réussir le changement Une responsabilité partagée, Claude


Gélinas avocat, Mandataire, 30 avril 2001

2The Encyclopedia of Management, Edited by Carl Heyel, Organization Analysis and Planning, Van Nostrand Reinhold
Company, New York, 1982, p. 797 (notre traduction)
3 Étude sur les avantages et les inconvénients du regroupement de la Ville de Lac-Mégantic, de la Municipalité de Fron-
tenac, de la Municipalité de Nantes et du Canton de Marston, Dossier CM-56223, 1er mai 2002,
http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/organisation/rapports_commission_mun/... [pdf] (350 ko)
4 Étude sur le regroupement de la Ville de Magog, du Village dʼOmerville et de la Municipalité du Canton de Magog,
http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/organisation/rapports_commission_mun/... [pdf] (1682 ko)
5 Rapport au gouvernement du Québec sur les avantages et les inconvénients du regroupement des municipalités de
Va l - d e s - B o i s , d e N o t r e - D a m e - d e - l a - S a l e t t e e t d e B o w m a n , C M - 5 8 1 8 9 2 0 0 2 - 1 2 - 1 2 ,
http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/organisation/rapports_commission_mun/... [pdf] (454 ko)
6 Étude des avantages et inconvénients du regroupement de la Ville de Sutton et du Canton de Sutton, Dossier CM-
56010, 20 mars 2002, http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/organisation/rapports_commission_mun/... [pdf] (328 ko)
7 Ministère des affaires municipales, http://www.mamr.gouv.qc.ca/accueil/livre_blanc_2000/documents/livre_blanc.pdf
[pdf] (304 ko)
8 MUNICIPALITÉ, juin-juillet 2000, p. 10
9 MUNICIPALITÉ, juin-juillet 2000, p. 8
10Étude des avantages et inconvénients du regroupement des Municipalités de La Bostonnais, de La Croche, de Lac-
Édouard, du Village de Parent, de la Ville de La Tuque et des territoires non organisés (TNO) de la MRC du Haut-Saint-
Maurice,Dossier CM-56002, Avril 2002,
http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/organisation/rapports_commission_mun/... [pdf] (374 ko)
11Nous référerons désormais à ces documents comme suit :
a) Rapport Thibault
b) Rapport Gélinas

11
MRC DE FRANCHEVILLE

C’est le 3 novembre 2000 que le mandataire André Thibault se voit confier « le mandat de procéder à l'ana-
lyse de la configuration de la RMR de Trois-Rivières ainsi que d'examiner, d'une part l'identification des équi-
pements, infrastructures, activités et services à caractère supralocal et la définition des modalités de partage
de leurs coûts et, d'autre part, les regroupements souhaitables sur le territoire de la MRC de Francheville »12 .
Et le mandataire situe son « mandat » comme suit :
À l’évidence ce mandat s’inscrit dans la foulée de la politique de réorganisation municipale en cours au Québec dont
les objectifs s’expriment ainsi
♦ Une vision commune du devenir des collectivités.
♦ L’instauration de conditions optimales de développement économique.
♦ Une prise en compte des objectifs de développement durable et d’aménagement.
♦ Un secteur municipal plus efficace permettant des économies.
♦ Une répartition plus équitable du fardeau fiscal entre les contribuables. 13

Comment le mandataire procède-t-il à « l'analyse de la configuration de la RMR de Trois-Rivières », d’une


part, et comment examine-t-il « les regroupements souhaitables sur le territoire de la MRC de Francheville »,
d’autre part ?

Le mandataire nous instruit de « la démarche suivie au cours de l’exercice du mandat » en ces termes :
La démarche suivie au cours de l’exercice du mandat s’est voulue participative avec les maires des villes et villages
du territoire. Ainsi trois types de rencontres ont eu lieu.

♦ Des rencontres collectives (3)


♦ La première, le 9 novembre 2000, visait à présenter le mandat, le mandataire et à convenir de la pre-
mière phase de la démarche.
♦ La seconde, le 10 janvier 2001, a permis de présenter les constats et les orientations du mandataire et
de convenir des chantiers de travail pour mieux configurer ces orientations.
♦ La troisième, et dernière rencontre a porté sur la MRC et en corollaire sur les mécanismes de concerta-
tion entre la communauté rurale et l’agglomération urbaine.
♦ Des rencontres individuelles (17)
Dès après la première rencontre collective, une tournée de toutes les mairies a été entreprise dont l’objec-
tif était de mieux connaître la situation et la position des villages et des villes à l’aide du cadre de discus-
sion de type analyse stratégique reproduit ici.

♦ Vision de la position concurrentielle du village ou de la ville et ses conditions critiques


Comment faire face à la concurrence, au Québec et en région, aux points de vue économique,
des services et de la taille des villes ?
Quels sont les enjeux ?

♦ Intérêts à préserver
Ce qui doit être préservé, quel que soit le modèle retenu.

13
Quels sont les problèmes à régler…pour améliorer la situation.
En gestion de la corporation municipale (services, fiscalité…)
En développement de la collectivité .

♦ Appartenance des citoyens.


Conditions et moyens pour assurer qualité de vie et appartenance des citoyens.

♦ Les services municipaux: enjeux et perspectives


Qualité/coûts, organisation...

♦ La fiscalité: enjeux et perspectives.

♦ Les modèles d’organisation municipale: objectifs, principes et configuration.

♦ Toute question jugée utile.

♦ Quatre chantiers de travail


Les chantiers ont porté sur la Communauté rurale, la Ville centre et la MRC. En cours de route, un chantier
s’est ajouté sur la question de l’appartenance des villes périurbaines.

♦ La démarche a consisté en l’analyse de plusieurs sources d’information et de données pour appuyer les rencon-
tres et les chantiers et définir les orientations du présent rapport. 14

Comme le rapport du mandataire rend compte d’une « démarche [ qui ] a consisté en l’analyse de plusieurs
sources d’information et de données pour appuyer les rencontres et les chantiers et définir les orientations du
présent rapport », l’examen que nous ferons de son rapport sera divisé comme suit :
Analyse des données par le mandataire
Positions et recommandations du mandataire

ANALYSE DES DONNÉES PAR LE MANDATAIRE

Quels sont les fruits de « l’analyse de plusieurs sources d’information et de données » que le mandataire a
recueillis ? Ils sont présentés en huit rubriques :
(1) territoire
(2) caractéristiques démographiques
(3) caractéristiques sociales
(4) caractéristiques institutionnelles
(5) navettage et interdépendance
(6) caractéristiques économiques
(7) fiscalité
(8) réseaux et ententes intermunicipales

LE TERRITOIRE
Le mandataire situe « le territoire à l’étude » en ces termes :

14
Le territoire à l’étude est celui de la MRC de Francheville est délimité au nord par le territoire de la MRC du Centre-
de-la-Mauricie et celui de la MRC de Mékinac, au sud du Saint-Laurent par les MRC de Bécancour et de Nicolet-
Yamaska, à l’est par la MRC de Portneuf et à l’ouest par la MRC de Maskinongé. Il comprend les seize municipalités
suivantes.

Les rurales
37005 Sainte-Anne-de-la-Pérade
37010 Saint-Prosper
37015 Saint-Stanislas
37020 Sainte-Geneviève-de-Batiscan
37025 Batiscan
37030 Champlain
37035 Saint-Luc-de-Vincennes
37040 Saint-Narcisse
37045 Saint-Maurice

Les péri-urbaines
37050 Sainte-Marthe-du-Cap
37075 Pointe-du-Lac
37080 Saint-Étienne-des-Grès.
37060 Saint-Louis-de-France

Les urbaines
37065 Trois-Rivières
37055 Cap-de-la-Madeleine
37070 Trois-Rivières-Ouest 15

Dans cette présentation du territoire, le mandataire ne manque pas de noter que le « territoire à l’étude », qui
est « celui de la MRC de Francheville », s’inscrit dans une Basse-Mauricie où il voisine avec « le territoire de
la MRC du Centre-de-la-Mauricie et celui de la MRC de Mékinac », d’une part, et celui de « la MRC de Maski-
nongé », d’autre part ; nous verrons que ce voisinage va prendre de l’importance. De plus, le mandataire in-
troduit une division des «seize municipalités » en rurales, péri-urbaines, et urbaines. Quels sont les concepts
signifiés par les noms « rural », « péri-urbaine » et
« urbaines », qu’emploie le mandataire ? Est-ce que
les trois concepts que vise le mandataire sont divisés
de manière rigoureuse ? Il appert de la rubrique sui-
vante, portant sur les « caractéristiques démographi-
ques », que le mandataire emploie le nom « péri-ur-
baine » pour désigner « les villes au pourtour de
Trois-Rivières » ; à partir de la carte géographique
(voir ci-contre), il pointe les municipalités qui entou-
rent Trois-Rivières, Trois-Rivières-Ouest et Cap-de-la
Madeleine.

15
CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES
Le mandataire s’inspire de l’Étude des données démographiques du territoire de la MRC de Francheville (avril
1998) pour écrire :

Dans cette Figure 1, le mandataire reprend la division des «seize municipalités » en rurales, péri-urbaines, et
urbaines et, après avoir cité l’étude mentionnée plus haut, il écrit :.
Par ailleurs, si on examine le taux de variation de la population dans chacun des villages et chacune des villes de la
MRC, il apparaît clairement trois phénomènes.

♦ Une diminution constante de la population en milieu rural


♦ Une diminution de la population dans la ville de Trois-Rivières
♦ Une augmentation de la population dans les villes du pourtour de Trois-Rivières. 16

Quels sont les « villes du pourtour de


Trois-Rivières » ? Ce sont les quatre
«villes péri-urbaines » recensées
dans la Figure 2. Notons bien que,
même si, ici, le mandataire situe
Saint-Étienne-des-Grès parmi les
quatre « villes péri-urbaines », le
mandataire va revoir la situation de
Saint-Étienne-des-Grès, comme nous
le verrons dans ses recommanda-
tions.

CARACTÉRISTIQUES SOCIALES
En ce qui concerne les « caractéristiques sociales », le mandataire écrit :
Point n’est besoin de démontrer la grande homogénéité de la population de cette MRC : les gens sont presque tous
francophones et l’immigration d’étrangers est peu présente.

16
Les profils socio-économiques produits par la Régie de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Cœur-
du-Québec mettent en évidence les points suivants pour la MRC de Francheville.

Dans l’ensemble la population de la MRC présente des conditions de vie légèrement plus difficiles que dans l’en-
semble du Québec. Les chiffres récents de chômage, ont longtemps fait de Trois-Rivières la tenante du titre
de capital du chômage. Bien que le taux soit moins élevé, à ce jour, l’écart avec l’ensemble du Québec reste sen-
siblement le même.
♦ Un effort important s’impose pour le redressement économique du milieu urbain.
♦ Ici encore, il faut constater des différences marquées entre le milieu rural et urbain. 17

Notons bien , au passage, l’opposition « milieu rural et urbain », faite in fine, alors que le « péri-urbain » n’est
plus mentionné ; le mandataire va reprendre cette opposition pour la formulation de ses recommandations.

CARACTÉRISTIQUES INSTITUTIONNELLES
À la rubrique « caractéristiques institutionnelles », le mandataire écrit :
La MRC de Francheville bénéficie de l’ensemble de la gamme des institutions publiques scolaires, socio-sanitaires
et de services gouvernementaux. Plusieurs de ces institutions ont une portée régionale et supra régionale. Notam-
ment, le Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR), le CEGEP de Trois- Rivières et l’Université du Qué-
bec à Trois-Rivières (UQTR) offrent leurs services et reçoivent des usagers des régions de la Mauricie et du Centre-
du-Québec et de l’extérieur de ces régions.
♦ Les ressources institutionnelles du noyau urbain témoignent de son rayonnement régional et supra
régional et de sa prétention à occuper une place au Québec.

Trois villes de la RMR : Trois-Rivières, Trois-Rivières-Ouest et Cap-de-la-Madeleine offrent des programmes d'étu-
des secondaires sur leurs territoires. Certains établissements scolaires se sont donnés un caractère spécialisé et
offrent leurs services à l’ensemble du territoire (De-La-Salle et Sainte-Ursule).
♦ La fusion déjà réalisée des Commissions scolaires s’inscrit dans l’unicité de la zone urbaine.

Par ailleurs, il faut noter que la partie rurale de la MRC a plusieurs fois été confrontée à la précarité des services
publics sur son territoire. Ce secteur contient très peu d’institutions scolaires.
♦ La présence des institutions publiques y revêt une importance capitale puisqu’elle assure avec d’autres
services, tels la poste, le comptoir financier, le centre communautaire et le lieu du culte la pérennité du
village. Voilà un défi particulier au secteur Des Chenaux

C’est dans cette dynamique que se sont engagées certaines municipalités du Québec, telle Batiscan pour exiger
des autorités le maintien des activités de leur école primaire.18

17
À cette rubrique, remarquons que le mandataire insiste sur la « présence des institutions publiques » qui
« assure avec d’autres services » la « pérennité du village ». Et, notons que le mandataire souligne l’impor-
tance de la cohérence nécessaire entre les territoires municipal, scolaire et socio-sanitaire. Et le mandataire y
voit « un défi particulier» pour le « secteur Des Chenaux » qui, au moment où il écrit son rapport, ne com-
prend pas encore Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Or, cette dernière municipalité n’appartient ni au même ré-
seau scolaire ni au même réseau socio-sanitaire que le « secteur Des Chenaux ».

NAVETTAGE ET INTERDÉPENDANCE
À la rubrique «navettage et interdépendance », le mandataire, et ce, dès le point de départ, introduit une dis-
tinction qui va prendre de plus en plus d’importance :
Un regard sur les déplacements des travailleurs à l’intérieur et à l’extérieur de la MRC indique avec clarté

♦ Le rôle de centralité des villes de Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières et Trois-Rivières-Ouest;


♦ l’interdépendance de ces trois villes ;
♦ le statut de ville dortoir des villes périurbaines ;
♦ la relative spécificité du secteur Des Chenaux et de Saint-Étienne-des-Grès. 19

Quelle est « la relative spécificité (...) de Saint-Étienne-des-Grès » ? Le mandataire écrit :


Le rôle central des trois villes de Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières et Trois-Rivières-Ouest s’accentue quand on
regarde les données de navettage des ruraux et des périurbains. Ainsi 36 % des ruraux travaillent dans ces trois
villes et entre 70 et 80 % des travailleurs des villes périurbaines y œuvrent. (...)
Le cas de la ville de Saint-Étienne doit être plus nuancé. Cette municipalité a une plus grande diversité économique
et l’analyse du navettage confirme que ses citoyens sont largement actifs chez eux et dans d’autres MRC. 20

Pourquoi insistons-nous autant sur la spécificité de Saint-Étienne-des-Grès ? C’est que la municipalité de


Saint-Étienne-des-Grès est placée au cœur d’une connexion avec plusieurs municipalités de la MRC du Cen-
tre-de-la-Mauricie, dont Notre-Dame-du-Mont-Carmel, et que cette connexité sera exposée dans le Rapport
Gélinas, qui sera le sujet du prochain chapitre.

Annonçons immédiatement qu’une analyse discriminante21 mettra en évidence cette connexion dans le chapi-
tre qui va clore cette première partie de l’étude de la réforme municipale qui va se conclure par une désorga-
nisation de la Basse-Maurice.

CARACTÉRISTIQUES ÉCONOMIQUES
Qu’entend le mandataire par « caractéristiques économiques » ? Il écrit :

18
La nature de l’activité économique des villes et villages se manifeste, notamment, au travers la répartition de leur
richesse foncière. Le tableau qui suit est assez éloquent [ voir Figure 8, page suivante ].

À l’évidence, les villes périurbaines de Pointe-du-Lac, Sainte-Marthe et Saint-Louis-de-France ont une activité éco-
nomique qui tout au plus correspond à l’activité commerciale de proximité, leur vocation première étant la résidence.
Si, en cours de démarche, on a pu envisager que ces villes puissent se confondre avec celle des villages ruraux, il
faut reconnaître clairement que ce ne sont pas des villes rurales et que leurs intérêts sont tout à fait ceux de villes
dortoirs. Le navettage de leurs citoyens vers les trois villes centrales confirme tout aussi cette vocation de villes
dortoirs dans l’agglomération urbaine.

La portion agricole des villages est significative, alors que la portion industrielle et commerciale varient de l’un à
l’autre.

Le tableau qui précède [ Figure 9, ci-haut ] confirme le rôle résidentiel des villes de Pointe-du-Lac, Sainte-Marthe et
Saint- Louis-de-France et leur minime activité agricole. Il indique aussi le rôle commercial et industriel prédominant
des trois villes centrales et explique le haut nombre d’emplois à Trois-Rivières.

♦ Les derniers deux tableaux démontrent l’existence de deux zones distinctes dans la MRC : la zone rurale et la
zone urbaine.

19
♦ La zone rurale est formée des villages du secteur Des Chenaux
♦ La zone urbaine est formée des six villes de Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières- Ouest, Pointe-
du-Lac, Sainte-Marthe et Saint-Louis-de-France.
♦ La ville de Saint-Étienne-des-Grès, bien que fortement orientée vers le noyau urbain, constitue un cas à part. 22

Selon le mandataire, « la répartition de [la] richesse foncière » entre le résidentiel, l’industriel et le commercial,
et l’agricole révèle, et ce, «notamment », « la nature de l’activité économique des villes et villages ». Pour le
mandataire, il existe une « évidence » : « Pointe-du-Lac, Sainte-Marthe et Saint-Louis-de-France ont une acti-
vité économique qui tout au plus correspond à l’activité commerciale de proximité, leur vocation première
étant la résidence. » En effet, poursuit le mandataire, « si en cours de démarche, on a pu envisager que ces
villes [péri-urbaines] puissent se confondre avec celle des [neuf] villages ruraux [soit le secteur Des Chenaux,
où “ la portion agricole des villages est significative], il faut reconnaître clairement que ce ne sont pas des vil-
les rurales et que leurs intérêts sont tout à fait ceux de villes dortoirs », ce que confirme « le navettage de
leurs citoyens vers les trois villes centrales ». Mais, pourquoi ceux qui s’imposent le fardeau du « navettage »
trouvent un « intérêt » à vivre dans une « ville-dortoir » ? Le mandataire n’en dit rien. N’est-ce pas que ceux-ci
n’y font pas que dormir ?

Quoi qu’il en soit, remarquons que « Saint-Étienne-des-Grès, bien que fortement orientée vers le noyau ur-
bain, constitue un cas à part.» Cette conclusion du mandataire est cohérente avec celle que nous avons lue
plus haut : « Le cas de la ville de Saint-Étienne doit être plus nuancé. Cette municipalité a une plus grande
diversité économique et l’analyse du navettage confirme que ses citoyens sont largement actifs chez eux et
dans d’autres MRC ».

FISCALITÉ
Nous avons vu plus haut que le mandataire situait son « mandat » ainsi : « À l’évidence ce mandat s’inscrit
dans la foulée de la politique de réorganisation municipale en cours au Québec dont les objectifs s’expriment
ainsi : (...) ♦ Un secteur municipal plus efficace permettant des économies. ♦ Une répartition plus équitable

du fardeau fiscal entre les contribuables ». Dans cette perspective, comment le mandataire aborde-t-il le
thème de la « fiscalité » ? Pour ce qu’il appelle « villes péri-urbaines », il écrit :
Un examen du taux global de taxation (TGT), mesure permettant de comparer les villes, il est possible de déterminer
les zones de fiscalité dans le territoire de la MRC. Ajouter à cette mesure celle des dépenses per capita et d’une
connaissance plus fine des services offerts, on peut estimer le niveau de service (un examen des réseaux d’eau et
d’égout, des ententes à propos des déchets, de la police et du réseau routier permettra de raffiner la connaissance
du niveau de service). (...)

20
♦ Les tableaux qui précèdent [nous omettons la Figure 10, qui est un diagramme en bâtons de la TGT des villes, la
Figure 11 nous étant plus utiles] indiquent le peu d’écart de fiscalité entre les villes centrales tout en reconnaissant
les coûts plus importants de Trois-Rivières.

♦ Ces tableaux attirent aussi l’attention sur le fait que les coûts des péri-urbains (sauf ceux de Saint-Étienne-des-
Grès) sont assez près de ceux des villes centrales même si leurs citoyens ne bénéficient pas du même niveau de
services. En effet, les transports en commun sont absents de ces villes. Les frais de police qui font l’objet d’entente
avec soit Cap-de-la- Madeleine ou Trois-Rivières-Ouest sont chargés au coût marginal. Les infrastructures artériel-
les, sanitaires (eau et égouts) ne sont pas complétées sur l’ensemble du territoire de ces villes périphériques. Enfin,
ces villes ne participent pas aux coûts des équipements supra locaux. 23

En ce qui concerne ce qu’il appelle «secteur rural », le mandataire s’exprime comme suit :

♦ Hormis Saint-Prosper dont la portion de richesse foncière agricole est de 46 %, il est aussi clair que la fiscalité
des villages du secteur Des Chenaux est peu différente d’un village à l’autre.

Ces passages appellent quelques commentaires. Nous commençons par le segment écrit à propos des « vil-
les péri-urbaines ». Et notre première remarque sera de prendre acte que, encore une fois, Saint-Étienne-des-
Grès fait bande à part : « sauf ceux de Saint-Étienne-des-Grès », écrit le mandataire.

21
Poursuivons en notant que le mandataire choisit quatre variables pour exposer sa thèse : population, taux
global de taxation, charge fiscale moyenne, et dépenses per capita. Or, il est bien connu que le Ministère des
affaires municipales, dans l’abondante documentation qu’il publie, proposent beaucoup plus de variables pour
caractériser la situation des municipalité. Alors, pourquoi ce choix de seulement quatre variables ?

L’auteur du Rapport Thibault se qualifie, et ce, à juste titre, de mandataire du Gouvernement du Québec. Or,
ce dernier poursuit un dessein qu’il décrit au Livre blanc portant sur la réorganisation municipale en ces ter-
mes :
Les objectifs poursuivis par la réorganisation municipale sont les suivants :
♦ une vision commune du devenir des collectivités : (...)

♦ une prise en compte des objectifs gouvernementaux en matière de développement durable et d’aménagement :
(...)
♦ un secteur municipal plus efficace permettant un allégement et une meilleure répartition du fardeau fiscal. 24

Il est plausible d’avancer que le mandataire a choisi ses quatre variables afin d’apprécier la situation dans la
perspective du troisième « objectif » ; il se trouve ainsi à ne pas tenir compte du second, la « prise en compte
des objectifs gouvernementaux en matière de développement durable et d’aménagement », ce dont la consé-
quence va peser lourdement dans ses recommandations, notamment pour son « analyse de la configuration
de la RMR de Trois-Rivières » en ce qui concerne la MRC. En effet, rappelons-nous que, parmi « les orienta-
tions gouvernementales pour le renouvellement de la gouverne municipale », le Gouvernement du Québec
voit une « problématique » dans la « déficience des instances supramunicipales devant les enjeux stratégi-
ques », à laquelle il espère remédier par un « renforcement des agglomérations urbaines et des MRC ». En
somme, c’est le « renforcement des agglomérations urbaines » que le mandataire a surtout à l’esprit lorsqu’il
choisit ses quatre variables.

C’est ainsi que, selon le mandataire, la Figure 11 « attire l’attention sur le fait que les coûts des péri-urbains
(sauf ceux de Saint-Étienne-des-Grès) sont assez près de ceux des villes centrales même si leurs citoyens ne
bénéficient pas du même niveau de services ». Cette appréciation est-elle bien fondée ? Quel est l’intérêt de
soulever cette question aujourd’hui ? C’est qu’il demeure intéressant de faire ressortir la méthode que le man-
dataire emploie pour parvenir à son jugement.

Alors, reprenons la Figure 11 tout en y introduisant la médiane (Tableau 1) :

22
TABLEAU 1
Population TGT Charge fiscale moyenne Dépenses per capita
en nombre d'habitants en $ en $ en $
Trois-Rivières 48475 2,30 1817 1173
Cap-de-la-Madeleine 33734 2,26 1714 806
Trois-Rivières-Ouest 24006 2,13 1787 740
Saint-Louis-de-France 7704 2,11 1516 666
Pointe-du-Lac 6819 1,98 1457 695
Saint-Marthe-du-Cap 6528 1,96 1478 539
Saint-Étienne-des- 3864 1,44 934 476
Grès
Médiane 7704 2,11 1516 695

CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 1

Variables
Comme on utilise souvent le mot variable dans le cadre de l'étude de la statistique, il est important de comprendre sa
signification. Une variable est une caractéristique qui peut supposer plus d'un ensemble de valeurs auquel il est possible
d'attribuer une mesure numérique. (...) On peut classer les variables en diverses catégories, dont certaines sont briève-
ment définies dans la présente section.

Variables catégoriques
Une variable catégorique (aussi appelée variable qualitative) est une variable où chaque réponse peut être classée dans
une catégorie particulière. Ces catégories peuvent être mutuellement exclusives ou mutuellement exhaustives. (...) Une
variable catégorique peut être nominale ou ordinale.

Variables nominales
Une variable nominale décrit un nom ou une catégorie. Contrairement à une variable ordinale, les noms ou les catégo-
ries possibles ne suivent pas un ordre naturel. Le sexe et le genre de logement en sont des exemples. (...)

Variables ordinales
Une variable ordinale est une variable dite catégorique dans laquelle les catégories possibles peuvent être classées
dans un ordre spécifique ou dans un ordre naturel quelconque. (...)

Variables numériques
Une variable numérique, connue aussi sous le nom de variable quantitative, est une variable qui peut supposer un nom-
bre infini de nombres réels, comme l'âge ou le nombre de membres d'un ménage. Toutefois, on ne considère pas que
toutes les variables décrites par des nombres sont des variables numériques. Par exemple, lorsqu'on vous demande
d'indiquer votre niveau de satisfaction par une valeur allant de 1 à 5, vous utilisez des nombres, alors que la variable
« satisfaction » est en fait une variable ordinale. Les variables numériques peuvent être continues ou discrètes.

Variables continues
On dit qu'une variable est continue si elle peut supposer un nombre infini de valeurs réelles. La distance, l'âge et la tem-
pérature sont des exemples d'une variable continue. Les méthodes utilisées ou la précision des instruments employés
pour mesurer une variable continue en restreignent la mesure. La taille d'un élève, par exemple, est une variable conti-
nue, parce qu'elle peut être de 1,6321748755... mètre (m). (...)

Variables discrètes
Contrairement à une variable continue, une variable discrète ne peut revêtir qu'un nombre défini de valeurs réelles. La
note accordée par un juge à un gymnaste à une compétition est un exemple de variable discrète : la plage varie de 0 à
10 et la note ne comporte jamais plus qu'une décimale (p.ex., une note de 8,5). (...)
—0—

23
Mesures de tendance centrale

La meilleure façon de réduire un ensemble de données et de conserver quand même une partie de l'information consiste
à résumer l'ensemble par une seule valeur, mais comment faire lorsqu'il s'agit de calculer un nombre représentatif à
partir d'une liste entière de données?

Les mesures de tendance centrale (la moyenne, la médiane et le mode) peuvent vous aider à saisir, à l'aide d'un nombre
unique, ce qui est typique des données.

La moyenne est la valeur moyenne de toutes les données incluses dans l'ensemble.

La médiane est la valeur qu'ont exactement la moitié des données se situant au-dessus d'elle et la moitié des données
se situant au-dessous de celle-ci.

Le mode est la valeur la plus fréquente à l'intérieur de l'ensemble.

Dans une distribution normale, la moyenne, la médiane et le mode ont des valeurs presque identiques.

—0—

Calcul de la médiane

Données brutes
Distribution de fréquences non groupées
Distribution de fréquences groupées
Tracés en arborescence
Comparaison de la moyenne et de la médiane

Si les observations d'une variable sont ordonnées par valeur, la valeur médiane correspond à l'observation qui se trouve
au point milieu de cette liste ordonnée. Elle correspond plus précisément à un pourcentage cumulé de 50 % (c'est-à-dire
que 50 % des valeurs sont supérieures à la médiane et 50 % lui sont inférieures). La position de la médiane est :

la valeur , ou (n + 1) ÷ 2

le n désignant le nombre de valeurs dans un ensemble de données.

Pour calculer la médiane, il faut d'abord classer les données (les trier dans l'ordre ascendant). La médiane est le nombre
qui se situe au point milieu.

Médiane = la valeur intermédiaire d'un ensemble de données

On calcule habituellement la médiane pour des variables numériques, mais on peut également la calculer pour d'autres
variables séquentielles de nature nominale, comme les catégories d'un sondage sur la satisfaction (excellent, bon, satis-
faisant et médiocre). Ces mesures qualitatives sont classées dans l'ordre approprié et sont considérées comme étant
des mesures ordinales.

Données brutes

Dans le cas des données brutes, la médiane est la valeur pour laquelle exactement la moitié des données se situent au-
dessus, tandis que l'autre moitié lui est inférieure. Ces deux moitiés se rencontrent à la position médiane. Si le nombre
d'observations est impair, la médiane s'avère parfaite et le nombre à la position de la profondeur de la médiane sera un
nombre entier. Par ailleurs, si le nombre d'observations est pair, la position de la profondeur de la médiane sera une
décimale. Vous devez trouver le point milieu entre les nombres d'un côté et de l'autre de la position de la profondeur de
la médiane. (...)

Comparaison de la moyenne et de la médiane

Il est possible que la moyenne et la médiane d'une distribution aient la même valeur. C'est toujours le cas si la distribu-
tion est symétrique comme dans une distribution normale. Les deux valeurs seront proches l'une de l'autre si la distribu-
tion est en gros symétrique.(...)

24
Toutefois, un chiffre ou un nombre peut modifier la moyenne sans influencer la médiane.

Statistique Canada, Les statistiques : le pouvoir des données!


http://www.statcan.ca/francais/edu/power/toc/contents_f.htm

Avec la Figure 11, le mandataire « attire l’attention sur le fait que les coûts des péri-urbains (sauf ceux de
Saint-Étienne-des-Grès) sont assez près de ceux des villes centrales même si leurs citoyens ne bénéficient
pas du même niveau de services ». Pour juger que « les coûts des péri-urbains (sauf ceux de Saint-Étienne-
des-Grès) sont assez près de ceux des villes centrales », le mandataire institue une mesure de la distance
entre les uns et les autres. Or, pour ce faire, il est nécessaire de formuler une unité de mesure et d’en formali-
ser l’emploi, et ce, explicitement. Force est constater que, ici, le discours du mandataire demeure dans le non-
dit ou, au mieux, dans l’implicite. Choisissons le mieux, et tentons de rendre explicite le discours du manda-
taire.

La mesure d’une distance, dans le contexte de notre propos, peut se faire de plusieurs façons dont certaines
sont simples, alors que d’autres sont plus complexes. Parmi les méthodes simples, on trouve celle de l’indice :

En science, l'indice est, d'une manière générale, un nombre sans dimension permettant un classement que l'on
obtient par le rapport entre deux grandeurs mesurables. En particulier : en économie, un indice est la valeur d'une
grandeur économique par rapport à une valeur de référence. Par exemple, si, en 2004, le prix moyen des apparte-
ments au mètre carré dans une ville avait augmenté de 22% par rapport à l'année 2000, servant de référence (indice
100), on dirait que l'indice du prix moyen des appartements est de 122 en 2004.25

Nous sommes tous familiers avec l’indice des prix à la consommation. Mais la méthode de l’indice est appli-
cable en d’autres domaines ; par exemple, pour juger si « les coûts des péri-urbains (sauf ceux de Saint-
Étienne-des-Grès) sont assez près de ceux des villes centrales » et, s’ils le sont « assez », il importe de me-
surer de combien ils le sont exactement. Nous utilisons alors la médiane comme unité de mesure. Illustrons
notre propos en prenant la variable « population» du Tableau 1 et en formulant le Tableau 2 :

TABLEAU 2
Population Indice de population
en nombre d'habitants Médiane = 100
Trois-Rivières 48475 629
Cap-de-la-Madeleine 33734 438
Trois-Rivières-Ouest 24006 312
Saint-Louis-de-France 7704 100
Pointe-du-Lac 6819 89
Sainte-Marthe-du-Cap 6528 85
Saint-Étienne-des-Grès 3864 50
Médiane 7704 100

25
Si la médiane 7704 habitants est égale à 100, l’indice de population de Trois-Rivières est égal à :

Comme les unités de mesure « habitants » se simplifient, le résultat 629 est un nombre qui se lit ainsi : l’indice
de population de Trois-Rivières est de 6,29 fois la médiane de 100, et ainsi de suite pour les autres municipali-
tés :
• l’indice de population de Trois-Rivières est de 6,29 fois la médiane de 100 ;
• l’indice de population de Cap-de-la Madeleine est de 4,38 fois la médiane de 100 ;
• l’indice de population de Trois-Rivières-Ouest est de 3,12 fois la médiane de 100 ;
• l’indice de population de Saint-Louis est de 1,00 fois la médiane de 100 ;
• l’indice de population de Pointe-du-Lac est de 0,89 fois la médiane de 100 ;
• l’indice de population de Sainte-Marthe est de 0,85 fois la médiane de 100 ;
• l’indice de population de Saint-Étienne est de 0,50 fois la médiane de 100.

L’unité de mesure étant ainsi établie, considérons le cas de Saint-Louis de France en le comparant aux cas
des trois « villes centrales », selon l’expression du mandataire. La différence entre Saint-Louis de France et
Trois-Rivières est de 529 points d’indice de population ; elle n’est que de 338 points d’indice de population
entre Saint-Louis de France et Cap-de-la-Madeleine, et de 212 points d’indice de population entre Saint-Louis
de France et Trois-Rivières-Ouest.

On sait que 100 points d’indice de population équivalent à 7704 habitants. Sauf que, dans le calcul de l’indice,
l’unité de mesure « habitant » fut l’objet d’une simplification. Il s’ensuit que l’indice de population devient une
unité de mesure en soi. Ces préliminaires étant ainsi posés dans ces limites, on emploie cette unité de me-
sure en soi pour mesurer la distance entre les sept éléments de l’ensemble ici considéré. Par exemple, la dis-
tance entre Saint-Étienne-des-Grès et Trois-Rivières mesure 579 points, alors que la distance entre Pointe-
du-Lac et Trois-Rivières est de 540 points ; la première est donc plus longue que la seconde.

Nous utilisons aussi la médiane comme unité de mesure pour une autre variable ; par exemple, pour la varia-
ble « TGT », dont la médiane est : 2,11$. Et ainsi de suite pour les autres variables, ce qui donne les quatre
premières colonnes du Tableau 3 (voir page suivante).

Comment obtient-on la cinquième colonne, celle de l’indice composé ? À quoi sert l’indice composé ?

Avant de formuler la réponse à ces deux questions, commençons par un exemple : nous devons prendre la
mesure d’un panneau de bois. Le panneau de bois présente deux dimensions à mesurer : la longueur et la

26
Tableau 3
Indice_pop Indice_TGT Indice_charge Indice_dépenses Indice_composé
Saint-Étienne-des-Grès 50 68 62 68 14
Saint-Marthe-du-Cap 85 93 97 78 60
Pointe-du-Lac 89 94 96 100 80
Saint-Louis-de-France 100 100 100 96 96
Trois-Rivières-Ouest 312 101 118 106 394
Cap-de-la-Madeleine 438 107 113 116 614
Trois-Rivières 629 109 120 169 1390

largeur. Posons que l’unité de mesure employée est le mètre tant pour la longueur et la largeur, que la lon-
gueur mesure deux mètres, et la largeur, un mètre. Nous dirons alors que le panneau de bois mesure deux
mètres de longueur multiplié par un mètre de largeur :
2 mètres x 1 mètre = 2 mètre 1 x mètre 1 = 2 mètres 1+1 = 2 mètres 2
La mesure : 2 mètres 2 est une mesure composée.

Pourrions-nous obtenir une mesure composée si le panneau de bois présente trois dimensions à mesurer : la
longueur, la largeur et l’épaisseur, en posant que l’unité de mesure est le mètre pour la longueur et la largeur,
et le centimètre pour l’épaisseur ? Posons que le panneau de bois mesure deux mètres de longueur, un mètre
de largeur, et un centimètre d’épaisseur. Comme le mètre est égal à cent centimètres, nous dirions alors que
le panneau de bois mesure : 200 centimètres de longueur, 100 centimètres de largeur et un centimètre
d’épaisseur. Nous dirions alors que le panneau de bois mesure 200 centimètres de longueur multiplié par 100
centimètres de largeur multiplié par 1 centimètre d’épaisseur, et nous écririons :
200 centimètres x 100 centimètres x 1 centimètre = 20000 centimètre 1 x centimètre 1 x centimètre 1
20000 centimètre 1 x centimètre 1 x centimètre 1 = 20000 centimètres 1+1+1 = 20000 centimètres 3

Pour le premier cas, nous avions une unité de mesure homogène : le mètre. Pour le second cas, nous avions
deux unités de mesure qui pouvaient être transformées en une mesure homogène. Mais que pourrions-nous
faire dans un cas où nous aurions à considérer deux unités de mesure qui ne peuvent pas être transformées
en une mesure homogène ? Par exemple, le cas du « joule par kilogramme-kelvin » :
La chaleur massique (symbole c ou s), qu'il convient d'appeler capacité thermique massique1 est déterminée par
la quantité d'énergie à apporter par échange thermique pour élever d'un degré la température de l'unité de masse
d'une substance.

27
L'unité du système international est donc le joule par kilogramme-kelvin (J· kg-1· K-1). La détermination des valeurs
des capacités thermiques des substances relève de la calorimétrie.26

La mesure de la capacité thermique massique donne lieu à une multiplication de plusieurs unités de mesure
hétérogènes : « joule par kilogramme-kelvin (J· kg-1· K-1) ». Rapprochons-nous de notre propos avec l’« élabo-
ration d’un outil d’aide à la définition des quartiers prioritaires » décrite dans une « note méthodologique » où
nous lisons :
Le traitement statistique à l’IRIS a porté sur les revenus fiscaux médians 2002 par unité de consommation. La mé-
diane du revenu fiscal à l’IRIS est le revenu fiscal qui partage en deux l’effectif de l’IRIS de telle sorte que 50% des
unités de consommation ont un revenu fiscal inférieur et 50% un revenu fiscal supérieur.

En sélectionnant des IRIS dont le revenu fiscal médian est bas, nous sélectionnons des espaces où les personnes
concernées par des difficultés économiques sont majoritaires. Nous nous intéressons ainsi ici plus à la concentration
de personnes concernées par des difficultés économiques au sein de l’IRIS qu’au niveau de ces difficultés elles-
mêmes. Nous avons donc cherché avant tout à déterminer les IRIS où les faibles revenus sont majoritaires.

La sélection des IRIS a été effectuée selon deux modalités :


1. un écart important de revenu par rapport à la moyenne nationale (fragilité absolue)
2. un écart de revenu important par rapport à l’unité urbaine (fragilité relative) (...)
Pour affiner cette géographie de la fragilité, nous avons ciblé au sein de ces 2600 IRIS, des îlots dans lesquels des
populations présentent un risque d’exclusion élevé selon un indice synthétisant le taux de chômage, le taux de
moins de 25 ans, et le taux de non diplômés, dérivé de l’indice PRV (Pacte de Relance pour la Ville) utilisé pour la
sélection des ZRU en 1996-97. L’indice est constitué de la simple multiplication des trois taux. 27

Dans le Tableau 3, l’indice composé résulte d’une multiplication. Par exemple, pour Saint-Étienne-des-Grès :
50 x 68/100 x 62/100 x 68/100 = 14
Pourquoi divisons-nous la valeur de trois des quatre variables par 100 ? Pour obtenir un résultat qui conserve
la base « 100 » dans la notation indicielle.

Ces éléments méthodologique étant établis, revenons à la question que nous avions soulevée. Selon le man-
dataire, la Figure 11 « attire l’attention sur le fait que les coûts des péri-urbains (sauf ceux de Saint-Étienne-
des-Grès) sont assez près de ceux des villes centrales même si leurs citoyens ne bénéficient pas du même
niveau de services ». Et notre question était : « Cette appréciation est-elle bien fondée ? » Même si nous ne
plaidons pas en appel de son appréciation, force est de constater que sa définition de « assez près » est, pour
le moins, peu rigoureuse. Le pourcentage de la somme de l’indice composé établi au Tableau 4 le montre
(voir page suivante).

Trois-Rivières-Ouest, Cap-de-la-Madeleine et Trois-Rivières totalisent 90,52% de la somme des indices com-


posés. Les 10% qui restent se partagent à raison de 8,91% les trois autres municipalités, laissant un demi de

28
Tableau 4
Indice_composé Ratio
Saint-Étienne-des-Grès 14 0,53 %
Saint-Marthe-du-Cap 60 2,27 %
Pointe-du-Lac 80 3,02 %
Saint-Louis-de-France 96 3,62 %
Trois-Rivières-Ouest 394 14,87 %
Cap-de-la-Madeleine 614 23,18 %
Trois-Rivières 1390 52,47 %
Somme 2649 100,00 %

un pour cent (0,53%) à Saint-Étienne-des-Grès. Le jugement du mandataire est donc bien fondé en ce qui
concerne Saint-Étienne-des-Grès, et c’est un des deux points qui nous importent ici, le second étant la ques-
tion méthodologique.

À propos de la Figure 12, reproduite de nouveau ci-après, nous avons lu plus haut que le mandataire écrit :
« Hormis Saint-Prosper dont la portion de richesse foncière agricole est de 46 %, il est aussi clair que la fisca-
lité des villages du secteur Des Chenaux est peu différente d’un village à l’autre. »

Comme nous l’avons fait à propos de son commentaire de la Figure 11, interrogeons-nous sur la méthode
qu’il emploie pour parvenir à son jugement et sur le bien-fondé de son appréciation, et ce, avec la méthode de
l’indice. Comme nous en avons déjà exposé l’application, nous pouvons nous limiter à donner le résultat ; il
est inscrit au Tableau 5 (voir page suivante).

29
Tableau 5
Indice_composé Ratio Accroissement
Saint_Prosper 20 2,00 % 0,00 %
Saint-Luc 56 5,60 % 3,60 %
Batiscan 82 8,20 % 2,60 %
Sainte-Geneviève 102 10,20 % 2,00 %
Saint-Stanislas 103 10,30 % 0,10 %
Saint-Narcisse 140 14,00 % 3,70 %
Sainte-Anne 157 15,70 % 1,70 %
Champlain 164 16,40 % 0,70 %
Saint-Maurice 176 17,60 % 1,20 %
Somme 1000 100,00 %
Accroissement moyen 1,73 %

Est-ce que le jugement du mandataire est bien fondé ? Les valeurs de la colonne « accroissement » se cal-
cule ainsi en partant de 2,00% : 2,00% - 2,00% = 0,00% ; 5,60% - 2,00% = 3,60% ; 8,20% - 5,60% = 2,60% ;
10,20% - 8,20% = 2,00% ; 10,30% - 10,20% = 0,10% ; 14,00% - 10,30% = 3,70% ; 15,70% - 14,00% = 1,70%;
16,40% - 15,70% = 0,70% ; 17,60% - 16,40% = 1,20%. Les « villages du secteur Des Chenaux » se divisent
en quatre groupes selon le niveau de l’accroissement :
• moins de 1%
• 1% mais moins de 2%
• 2% mais moins de 3%
• 3% et plus

En ce qui concerne la question méthodologique, nous avions écrit plus haut que la mesure d’une distance,
dans le contexte de notre propos, peut se faire de plusieurs façons dont certaines sont simples, alors que
d’autres sont plus complexes. Parmi les méthodes simples, nous venons d’exposer celle de l’indice ; il en
existe d’autres.

CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 2

Mesures de dispersion

Étendue et quartiles

Étendue
L'étendue est très facile à calculer, parce qu'il s'agit simplement de la différence entre les valeurs observées les
plus élevées et les plus faibles dans un ensemble de données. L'étendue, valeurs aberrantes comprises, est
donc la dispersion réelle des données.

Étendue = différence entre les valeurs observées les plus élevées et les plus faibles

30
On ne tient pas compte de beaucoup de renseignements lorsqu'on calcule l'étendue, puisqu'on n'examine que
les valeurs les plus élevées et les plus faibles.

La valeur de l'étendue d'un ensemble de données est grandement influencée par la présence d'une seule valeur
inhabituellement élevée ou faible à l'intérieur de l'échantillon (une valeur aberrante).

On peut exprimer l'étendue sous la forme d'un intervalle comme 4 à 10, dans lequel 4 est la valeur la plus faible
et 10, la valeur la plus élevée. On l'exprime souvent sous la forme de la longueur d'un intervalle. L'étendue de 4
à 10, par exemple, est de 6 chiffres. Nous utiliserons la dernière convention dans la présente section.

L'inconvénient d'utiliser l'étendue, c'est qu'elle ne mesure pas la dispersion de la majorité des valeurs d'un en-
semble de données; elle ne mesure que la dispersion entre la valeur la plus élevée et la valeur la plus faible. Il
faut donc d'autres mesures pour avoir une meilleure idée de la dispersion des données. L'étendue est un outil
instructif qui sert de supplément à d'autres mesures comme l'écart-type ou l'écart semi-interquartile, mais on
devrait rarement l'utiliser comme seule mesure de dispersion.

Quartiles
La médiane divise les données en deux ensembles égaux. (Pour plus de renseignements sur la médiane, con-
sultez le chapitre sur les Mesures de tendance centrale) :

• Le quartile inférieur est la valeur du milieu du premier ensemble, dans lequel 25 % des valeurs sont inférieures
à Q1 et 75 % lui sont supérieures. Le premier quartile prend la notation Q1.
• Le quartile supérieur est la valeur du milieu du deuxième ensemble, dans lequel 75 % des valeurs sont infé-
rieures à Q3 et 25 % lui sont supérieures. Le troisième quartile prend donc la notation Q3.
Il convient de noter que la médiane prend la notation Q2, c'est-à-dire le deuxième quartile. (...)

Écart interquartile
L'écart interquartile est une autre étendue utilisée comme mesure de la dispersion. La différence entre les quar-
tiles supérieur et inférieur (Q3 - Q1), qu'on appelle l'écart interquartile, indique aussi la dispersion d'un ensemble
de données. L'écart interquartile couvre 50 % d'un ensemble de données et élimine l'influence des valeurs aber-
rantes, parce qu'on soustrait, en effet, le quartile le plus élevé et le quartile le plus faible.

Écart interquartile = différence entre le quartile supérieur (Q3) et le quartile inférieur (Q1)(...)

Écart interquartile
L'écart interquartile est une autre étendue utilisée comme mesure de la dispersion. La différence entre les quar-
tiles supérieur et inférieur (Q3 - Q1), qu'on appelle l'écart interquartile, indique aussi la dispersion d'un ensemble
de données. L'écart interquartile couvre 50 % d'un ensemble de données et élimine l'influence des valeurs aber-
rantes, parce qu'on soustrait, en effet, le quartile le plus élevé et le quartile le plus faible.

Écart interquartile = différence entre le quartile supérieur (Q3) et le quartile inférieur (Q1) (...)

Écart semi-quartile
L'écart semi-quartile est une autre mesure de dispersion. On le calcule sous la forme d'une moitié de la diffé-
rence entre le 75e percentile (souvent appelé Q3) et le 25e percentile (Q1). La formule pour calculer l'écart semi-
quartile est la suivante :

(Q3 – Q1) ÷ 2.

Puisque la moitié des valeurs à l'intérieur d'une distribution se situe entre Q3 et Q1, l'écart semi-quartile repré-
sente la moitié de la distance nécessaire pour englober 50 % des valeurs. Dans une distribution symétrique, un
intervalle s'étirant d'un écart semi-interquartile au-dessous de la médiane à un écart semi-quartile au-dessus de
la médiane renfermera la moitié des valeurs. Toutefois, cela n'est pas vrai dans le cas d'une distribution asymé-
trique.

L'écart semi-quartile n'est guère influencé par des valeurs plus élevées; c'est donc une bonne mesure de dis-
persion pour les distributions asymétriques. On utilise rarement des écarts semi-quartiles pour des ensembles
de données dont les distributions sont normales. Lorsqu'un ensemble de données comporte une distribution
normale, on a plutôt recours à l'écart-type.

—0—

31
Construction de tracés en rectangle et moustaches
Un tracé en rectangle et moustaches (parfois appelé un tracé en boîte ou un diagramme de quartiles) est un
diagramme qui présente de l'information à partir d'un résumé en cinq nombres. Il ne montre pas de distribution
aussi détaillée que le fait un histogramme ou un tracé en arborescence, mais il est surtout utile pour indiquer si
une distribution est asymétrique et s'il y a des observations inhabituelles (des valeurs aberrantes) dans l'ensem-
ble de données. Les tracés en rectangle et moustaches sont très utiles lorsqu'on a un grand nombre d'observa-
tions et qu'on doit comparer deux ensembles de données ou plus. (Voir la section sur les résumés en cinq nom-
bres pour plus de renseignements.)

Les tracés en rectangle et moustaches sont idéals pour comparer des distributions, parce qu'ils font apparaître
immédiatement le centre, la dispersion et l'étendue globale.

Le tracé en rectangle et moustaches est un moyen de résumer un ensemble de données mesuré à l'aide d'une
échelle d'intervalles. On l'utilise souvent à l'intérieur d'une analyse explicative de données. Ce type de dia-
gramme sert à montrer la forme de la distribution, sa valeur centrale et sa variabilité.

Dans un tracé en rectangle et moustaches :


• les extrémités du rectangle sont les quartiles supérieur et inférieur; le rectangle couvre donc l'écart interquar-
tile;
• la médiane est indiquée par une ligne verticale située à l'intérieur du rectangle;
• les moustaches sont les deux lignes situées à l'extérieur du rectangle qui s'étendent de l'observation la plus
élevée à l'observation la plus faible.

Figure 1. Tracé en rectangle et moustaches

Statistique Canada, Les statistiques : le pouvoir des données!


http://www.statcan.ca/francais/edu/power/toc/contents_f.htm

La méthode des quartiles est intéressante pour sonder le fondement de la division que le mandataire introduit
parmi les «seize municipalités » de la MRC de Francheville en trois parties, qu’il nomme respectivement : ru-
rales, péri-urbaines, et urbaines. Le Tableau 6 (voir page suivante), où deux distributions sont décrites, une
des indices composés, une autre du ratio de chaque indice composé sur la somme des indices composés, fait
état de ce sondage.

Examinons la situation de Saint-Étienne-des-Grès, municipalité dite « péri-urbaine » par le mandataire. Elle


tombe dans le troisième quartile, avec Saint-Maurice, Sainte-Marthe, et Pointe-du-Lac. Or, la distance entre
Saint-Étienne-des-Grès et Saint-Maurice, tant en points d’indice qu’en points de ratio, est beaucoup moins

32
Tableau 6
Indice_composé Ratio Quartiles (ratios) Valeurs charnières de Tukey
Saint_Prosper 8 0,03 %

Saint-Luc 24 0,10 % Définitions :


Batiscan 34 0,14 %
Sainte-Geneviève 43 0,17 % Écart-interquartiles = Q3 - Q1
Saint-Stanislas 43 0,17 %

Q1 = 0,17 Valeur à part :


Saint-Narcisse 59 0,24 % a) valeur distante :
Sainte-Anne 66 0,27 % Q3 1,5 (Q3 - Q1) > v > Q3 + 3 (Q3 - Q1)
Champlain 69 0,28 % v > Q1 - 3 (Q3 - Q1)
Q2 = 0,29 b) valeur éloignée :
Saint-Maurice 74 0,30 % v > Q3 + 3 (Q3 - Q1)
Saint-Étienne 132 0,54 % v < Q1 - 3 (Q3 - Q1)
Sainte-Marthe 544 2,21 %
Pointe-du-Lac 729 2,96 % Recherche des valeurs à part :
Q3 = 3,41 Q3 - Q1 = 3,41 - 0,17 = 3,24
Saint-Louis 876 3,56 % (Q3 - Q1) x 1,5 = 3,24 x 1,5 = 4,86
Trois-Rivières- 3607 14,66 % (Q3 - Q1) x 3 = 3,24 x 3 = 13,13
Ouest
Cap-de-la-Made- 5619 22,84 %
leine
Trois-Rivières 12677 51,52 %
Somme 24604 100,00 %

longue que la distance entre Saint-Étienne-des-Grès et Sainte-Marthe. La situation de Saint-Louis-de-France


est aussi remarquable. Elle appartient au quatrième quartile avec Trois-Rivières-Ouest, Cap-de-la-Madeleine,
Trois-Rivières. Or, la distance entre Saint-Louis-de-France et Pointe-du-Lac, tant en points d’indice qu’en ra-
tio, est beaucoup moins longue que la distance entre Saint-Louis-de-France et Trois-Rivières-Ouest.

Les trois municipalités dites «urbaines », Trois-Rivières-Ouest, Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières, totalisent


89,02 % de la somme des indices composés. Les quatre municipalités dites « péri-urbaines » se partagent
9,27 % ; Saint-Étienne-des-Grès en prend que 0,54 % sur ces 9,27 %. Et le 1,71 % qui reste se répartit entre
les neuf municipalités dites « rurales ». En somme, la division adoptée par le mandataire accorde 98,29 % à
la conjonction urbain — péri-urbain, ce qui est convenu d’appeler « étalement urbain » n’étant que de 9,27 % ;
autrement dit, le ratio urbain — péri-urbain est de : 9,27% / 98,29% = 0,09.

Par ailleurs, dans le Tableau 6, la valeur de ratio la moins grande, celle de Saint-Prosper, n’est pas statisti-
quement distante, parce qu’elle est plus petite que Q1 - 1,5 (Q3 - Q1) :
Q1 - 1,5 (Q3 - Q1) = 0,17 - 1,5 (3,24) = 0,17 - 4,86 = - 4,69
0,03 % > - 4,69 %

33
Les valeurs de ratio de Sainte-Marthe, Pointe-du-Lac et Saint-Louis ne sont pas statistiquement distantes,
parce qu’elle sont plus petites que Q3 + 1,5 (Q3 - Q1) :
Q3 + 1,5 (Q3 - Q1) = 3,41 + 1,5 (3,24) = 3,41 + 4,86 = 8,27
2,21 % < 8,27 %
2,96 < 8,27 %
3,56 < 8,27 %
Par contre, Les valeurs de ratio de Trois-Rivières-Ouest, Cap-De-la-Madeleine et Trois-Rivières sont toutes
statistiquement éloignées, parce qu’elle sont plus grandes que Q3 + 3 (Q3 - Q1) :
Q3 + 3 (Q3 - Q1) = 3,41 + 3 (3,24) = 3,41 + 9,72 = 13,13
14,66 % > 13,13 %
22,84 > 13,13 %
51,52 > 13,13 %

Le diagramme en boîte à moustache des Indices composés se présente comme suit :

S’ensuit-il que la division que le mandataire introduit parmi les «seize municipalités » de la MRC de Franche-
ville, et ce, en trois parties qu’il nomme : rurales, péri-urbaines, et urbaines, manque de fondement ? Avant de
répondre, il convient de bien éclaircir les termes de la question.

34
On peut aborder l’étude de données de deux manières. L’une consiste à d’abord formuler une hypothèse
pour, ensuite, voir si les données s’y conforment, et dans quelle mesure ; l’autre, à d’abord conduire une
fouille des données (data mining) pour, ensuite, accueillir l’hypothèse qui en émerge.

Comme nous l’avons vu plus haut, le mandataire a choisi la première manière. À partir de la carte géographi-
que de la MRC de Francheville, il a repéré trois villes juxtaposées dites urbaines, Trois-Rivières, Trois-Riviè-
res-Ouest et Cap-de-la Madeleine, les municipalités qui ont une frontière communes avec la conjonction de
ces dernières, dites péri-urbaines, et les autres, dites rurales. Appelons son hypothèse : l’hypothèse cartogra-
phique. Ensuite, il a cherché si les données des Figure 11 et Figure 12, recueillies pour les quatre variables
qu’il a choisi : population, taux global de taxation, charge fiscale moyenne et dépenses per capita, se confor-
ment à son hypothèse cartographique, et, si oui, dans quelle mesure elle s’y conforment. Et nous avons vu
que le mandataire constate que la conformité de la municipalité dite péri-urbaine de Saint-Étienne-des-Grès à
son hypothèse cartographique pose un problème ; nous verrons plus loin qu’il va corriger son hypothèse car-
tographique pour Saint-Étienne-des-Grès, mais que la situation de cette municipalité va demeurer problémati-
que pour lui.

Pour notre part, nous prenons l’autre voie. Et, comme le mandataire introduit la moyenne et l’écart-type dans
sa Figure 12, nous en profitons pour évoquer une autre méthode de mesurer une distance, complexe.

CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 3

Mesures de tendance centrale


Calcul de la moyenne
On calcule la moyenne d'une variable numérique en additionnant les valeurs de toutes les observations incluses
dans un ensemble de données, puis en divisant cette somme par le nombre d'observations qui font partie de
l'ensemble. Ce calcul permet d'obtenir la valeur moyenne de toutes les données.

Moyenne = Somme de toutes les valeurs d'observation ÷ nombre d'observations

Il y a deux types de variables : discrètes et continues. On définit les variables discrètes comme des variables qui
ne peuvent être divisées intérieurement. Un joueur de hockey, par exemple, peut compter 1 ou 2 buts, mais
jamais 1 but et demi. On peut cependant diviser des variables continues en unités plus petites. Un élève peut
avoir 11 ans, 7 mois et 3 jours, plutôt que simplement 11 ou 12 ans.
Il est important que vous compreniez la différence entre ces deux types de variables pour pouvoir calculer cor-
rectement la moyenne dans une situation donnée. Nous utilisons dans les exemples suivants des variables
discrètes pour calculer la moyenne. (...)

La moyenne sert à calculer d'autres statistiques (comme la variance) (...). (Voir Mesures de dispersion pour plus
de renseignements sur la variance.)

Statistique Canada, Les statistiques : le pouvoir des données!


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35
Mesures de dispersion
Les mesures de tendance centrale visent à identifier la valeur la plus représentative à l'intérieur d'un ensemble
de données. Bien que la moyenne, la médiane et le mode donnent des perspectives différentes du centre d'un
ensemble de données, une description de données n'est pas complète aussi longtemps qu'on ne connaît pas
également la variabilité de sa distribution. En fait, la description numérique de base d'un ensemble de données
exige des mesures tant du centre que de la dispersion. Certaines méthodes de mesure de dispersion incluent
une étendue, des quartiles, des écarts-types et une variance.

Statistique Canada, Les statistiques : le pouvoir des données!


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Mesures de dispersion

Écart-type (S) = Racine carrée de la variance

L'écart-type est la mesure de dispersion la plus couramment utilisée en statistique lorsqu'on emploie la
moyenne pour calculer une tendance centrale. Il mesure donc la dispersion autour de la moyenne. En raison de
ses liens étroits avec la moyenne, l'écart-type peut être grandement influencé si cette dernière donne une mau-
vaise mesure de tendance centrale. (...)

Propriétés de l'écart-type
Souvenez-vous des propriétés suivantes quand vous utilisez l'écart-type.

• On n'utilise l'écart-type que pour mesurer la dispersion autour de la moyenne d'un ensemble de données.
• L'écart-type n'est jamais négatif.
• L'écart-type est sensible aux valeurs aberrantes. Une seule valeur aberrante peut accroître l'écart-type et, par
le fait même, déformer le portrait de la dispersion.
• Dans le cas des données ayant approximativement la même moyenne, plus la dispersion est grande, plus
l'écart-type est grand.
• L'écart-type est zéro si toutes les valeurs d'un ensemble de données sont les mêmes (parce que chaque va-
leur est égale à la moyenne).(...)

Distribution de fréquences (variables discrètes)


Les formules pour la variance et l'écart-type changent légèrement si l'on groupe des observations à l'intérieur
d'un tableau de fréquences. On multiplie les écarts au carré par la valeur de chaque fréquence, puis on calcule
le total de ces résultats.

Dans une distribution de fréquences, on définit la variance pour une variable discrète comme suit :

L'écart-type d'une variable discrète se définit comme suit :

Statistique Canada, Les statistiques : le pouvoir des données!


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Variable centrée réduite

▪ Centrer une variable consiste à soustraire sa moyenne à chacune de ses valeurs initiales.

36
▪ Réduire une variable consiste à diviser toutes ses valeurs par son écart-type.
Une variable centrée-réduite a :
▪ une moyenne nulle,
▪ un écart type est égal à un.
Ainsi l'on obtient :
▪ des données indépendantes de l'unité, ou de l’échelle choisie,
▪ des variables ayant même moyenne et même dispersion.
On peut alors comparer plus aisément les variations. Centrer réduire les variables est très utile en analyse de
données :
▪ Cela équivaut à un changement d'unité, et n'a pas d'incidence sur les profils de variation.
▪ Les valeurs des coefficients de corrélation entre variables centrées-réduites demeurent identiques à ce qu'el-
les étaient avant l'opération de centrage réduction.
Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Variable_centrée_réduite

Tableau 7
DIV TGT CFM DPC POP z_tgt z_cfm z_dpc z_pop
1. Batiscan 3 1,38 845 615 900 -0,65 -0,55 -0,36 -0,57
2. Champlain 3 1,24 1027 652 1561 -0,99 -0,15 -0,14 -0,53
3. Sainte-Anne 3 1,44 706 559 2186 -0,50 -0,86 -0,70 -0,48
4. Sainte-Geneviève 3 1,50 786 640 1066 -0,35 -0,68 -0,21 -0,56
5. Saint-Luc 3 1,45 794 626 617 -0,47 -0,66 -0,30 -0,59
6. Saint-Maurice 3 1,43 857 495 2299 -0,52 -0,52 -1,09 -0,47
7. Saint-Narcisse 3 1,32 745 593 1899 -0,79 -0,77 -0,50 -0,50
8. Saint-Prosper 3 1,01 419 719 519 -1,56 -1,49 0,27 -0,60
9. Saint-Stanislas 3 1,35 646 799 1166 -0,72 -0,99 0,76 -0,55
10. Trois-Rivières 1 2,30 1817 1173 48475 1,61 1,59 3,03 2,81
11. Cap-de-la-Madeleine 1 2,26 1714 806 33734 1,52 1,36 0,80 1,76
12. Trois-Rivières-Ouest 1 2,13 1787 740 24006 1,20 1,52 0,40 1,07
13. Saint-Marthe-du-Cap 2 1,96 1478 539 6528 0,78 0,84 -0,82 -0,17
14. Saint-Louis-de-France 2 2,11 1516 666 7704 1,15 0,92 -0,05 -0,09
15. Pointe-du-Lac 2 1,97 1457 695 6819 0,80 0,79 0,12 -0,15
16. Saint-Étienne-des-Grès 2 1,44 934 476 3864 -0,50 -0,35 -1,21 -0,36
Moyenne 1,64 1095,50 674,56 8958,94
Écart-type 0,41 455,08 164,44 14 055,49

Le Tableau 7 reprend les données de la Figure 11 et de la Figure 12 avec introduction des variables centrées
réduites (z-scores) notées « z_x », et d’un code pour la division (1 : urbaine, 2 : périurbaine, 3 : rural ) :

• TGT : TGT de la Figure 12 ;


• z_tgt : variable centrée réduite de TGT ;
• CFM : Charge fiscale moyenne de la de la Figure 12 ;
• z_cfm : variable centrée réduite de CFM ;
• DPC : Dépenses per capita de la Figure 12 ;
• z_dpc : variable centrée réduite de DPC ;
• POP : Population de la Figure 12 ;
• z_pop : variable centrée réduite de POP.

37
La méthode que nous allons illustrer est celle dite de « classification hiérarchique », lorsque fondée sur la me-
sure de la distance euclidienne entre les valeurs.

CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 4

Analyse des données multidimensionnelles

La classification automatique

Les méthodes de classification automatique visent à répartir des objets en classes homogènes disjointes. Les
objets à classer sont en général des individus, mais peuvent être aussi des variables (...). Les données d'une
classification automatique sont de l'un des deux types suivant :
• Un tableau individus - variables quantitatives et une distance permettant de calculer la dissemblance entre
deux vecteurs individus. Lorsque les variables son qualitatives, on utilise une méthode particulière.
• Un tableau de distances entre individus.
Certaines méthodes de classification tiennent compte d'un système de poids défini sur les individus.
On recherche une partition des individus optimisant un critère qui tend :
• à ne regrouper deux individus que s'ils sont très semblables,
• à ne séparer que des individus qui sont suffisamment différents.
Les parties de la partition ainsi constituée sont appelées groupes ou classes.

Les classes peuvent


• avoir une existence “naturelle'' (il existe des groupes bien distincts que la plupart des méthodes de classifica-
tion automatique devraient mettre en évidence),
• ou au contraire n'être que le résultat d'un découpage d'un nuage d'individus constituant un continuum. Dans ce
cas la classification présente une part d'arbitraire et deux méthodes différentes donneront le plus souvent sou-
vent des résultats différents. Une classification constitue une aide pour résumer un ensemble de données :
plutôt que de décrire les individus un à un, on se borne à décrire des classes homogènes d'individus.
La démarche consiste dans un premier temps à choisir :
• un critère mesurant la qualité d'une partition,
• un algorithme qui tend à trouver une partition qui optimise le critère (en général parmi des partitions de nombre
de classes fixé). On distingue principalement les algorithmes hiérarchiques des méthodes de réallocation dont
une des versions est la méthode des nuées dynamiques.

Remarque importante : En anglais et aussi parfois en français, classification veut dire classement : une mé-
thode de classement est une façon d'associer à chaque individu une classe prédéterminée. C'est le mot cluste-
ring qui correspond à la démarche de déterminer des classes à partir des données. (...)

Distance euclidienne
Un des objectifs de l'analyse des données étant de décrire les proximités entre les individus (existe-t-il des
groupes d'individus semblables qui se différencient d'autres groupes d'individus semblables ?) nous avons be-
soin de mesurer la similarité de deux vecteurs individus. Deux individus seront dit proches s'ils ont à peu près
les mêmes valeurs des variables (si le tableau est un tableau de notes, deux élèves proches auront à peu près
les mêmes notes). On utilise en général la distance euclidienne usuelle. Notée d, elle est définie comme la
racine de la somme des carrés des différences des coordonnées :

(...).

Définition : On appelle espace vectoriel euclidien un espace vectoriel munit d'une distance euclidienne.

Carlier, André, Analyse des données multidimensionnelles, 23 juillet 1999,


http://www.lsp.ups-tlse.fr/Carlier/.Hyper/fichclass1/node1.html
—0 —

38
La classification automatique

Les étapes d’une classification automatique


1. Choix des données.
2. Calcul des dissimilarités entre les individus à partir du tableau initial.
3. Choix d'un algorithme de classification et exécution.
4. L'interprétation des résultats : évaluation de la qualité de la classification, description des classes obtenues.

Une classification : remarque


Une classification automatique obtenue sur un ensemble n'est jamais LA classification de cet ensemble, mais
une classification (parmi beaucoup d'autres) établie à partir de variables et de méthodes choisies intentionnel-
lement.

Etape 1 : choix des données


La classification obtenue est liée aux variables choisies pour décrire les individus.
On distingue:
les variables actives, celles sur lesquelles sera basée la classification des individus,
les variables illustratives (ou supplémentaires) qui serviront à décrire les classes constituées: variables décrivant
les caractéristiques de l'individu (variables sociodémographiques, …).

Etape 2 : calcul des ressemblances


Il existe un grand choix de mesures de ressemblances. Le tableau obtenu est un tableau carré de dimension n.

Variables quantitatives
La distance euclidienne est une mesure possible de la ressemblance. Dans le cas de variables hétérogènes, il
faut travailler sur les données centrées réduites.

Variables qualitatives
De nombreux indices de ressemblance ont été proposés: dans le cas d'objets décrits par des variables binaires,
indice de Jaccard, indice de Russel et Rao, …(Saporta, 1990).

Les méthodes de classification hiérarchique


La classification ascendante hiérarchique (CAH) conduit à la construction d'un arbre de classification (ou
dendrogramme) montrant le passage des n individus au groupe «total »par une succession de regroupements.

La classification descendante hiérarchique procède à l'inverse par subdivisions successives de l'ensemble à


classer.

On peut obtenir une partition à partir d’une hiérarchie (partitionnement indirect).

Pratique de la classification
Pour une classification ascendante hiérarchique, on coupe l’arbre hiérarchique de façon à avoir des classes les
plus homogènes possibles tout en étant bien séparées entre elles en se référant à l’histogramme des indices de
niveau (cf. exemple).

La stratégie «Analyse factorielle + Classification» permet d’éliminer les fluctuations aléatoires et d’obtenir des
classes plus stables, les axes factoriels étant très stables relativement à l’échantillonnage.

M. Gettler–Summa, C. Pardoux, La classification automatique, www.ceremade.dauphine.fr/~touati/


EDOGEST-seminaires/Classification.pdf -

Expliquons le principe de la méthode que nous allons employer avec un exemple pris d’un auteur 28 :
Matrice de données Âge Enfants Pointure Taille
1. Alain 45 3 45 182
2. Martine 28 1 36 165
3. Pierre 22 0 43 172

39
Calcul des distances Âge Enfants Pointure Taille Somme Racine carrée
distance entre 1 et 2 289 4 81 289 663 25,75
distance entre 2 et 3 36 1 49 49 135 11,62
distance entre 1 et 3 529 9 4 100 642 25,34

Matrice des distances 1. Alain 2. Martine 3. Pierre


1. Alain 0 25,75 25,34
2. Martine 25,75 0 11,62
3. Pierre 25,34 11,62 0

Groupement 1. Alain G1
1. Alain 0 25,34
G1 = {2,3} 25,34 0

Dans la matrice des données, quatre variables sont placées en tête de colonne : âge, nombre d’enfants, poin-
ture, et taille. Sous les variables sont inscrites les valeurs relevées pour trois sujets d’observation : Alain, Mar-
tine et Pierre. On soulève la question : « Compte tenu des quatre variables prises en conjonction, de qui Mar-
tine est-elle la plus proche, ou la moins distante : d’Alain ou de Pierre ? »

La réponse à donner à cette question exige de calculer les distances euclidiennes pertinentes. Pour la dis-
tance entre Alain et Martine, le calcul se fait ainsi :
(45 - 28 ) 2 + (3 - 1) 2 + (45 - 36) 2 + (182 - 165) 2 = 663
Puis, on extrait la racine carrée de 663, qui est 25,75. On calcule la distance entre Martine et Pierre, et la dis-
tance entre Alain et Pierre, de la même manière.

Avec les résultats de ces calculs, on dresse la matrice des distances. Évidemment, la distance entre Alain et
Alain est nulle ; de même en est-il pour la distance entre Martine et Martine, et pour la distance entre Pierre et
Pierre. Les distances nulles forment la diagonale de la matrice ; la diagonale divise la matrice en deux parties
symétriques équivalentes. Ainsi, la distance entre Alain et Martine apparaît deux fois, une fois de chaque côté
de la diagonale. Pourquoi ? Parce la distance entre Alain et Martine est égale à la distance entre Martine et
Alain. Ainsi de suite pour les autres.

Après avoir dressé la matrice des distances, on passe à l’étape du groupement en classes. Ici, pour les fins
de l’exemple, nous recherchons la distance la plus courte dans la partie sous la diagonale (comme la matrice
est symétrique, nous pourrions choisir la partie au-dessus de la diagonale). Par exemple, sous la diagonale, la

40
distance la plus courte est de 11,62, située au croisement de la ligne « Pierre » et de la colonne « Martine » :
d’où le premier groupement « G1 » où sont agrégés Martine et Pierre. Le prochain groupement sera, évidem-
ment, « G2 », où sont agrégés Alain et G1.

La question était : « Compte tenu des quatre variables prises en conjonction, de qui Martine est-elle la plus
proche, ou la moins distante : d’Alain ou de Pierre ? » La réponse est : de Pierre. Une représentation du résul-
tat est possible dans un graphe appelé dendrogramme.

Pour traiter ce genre de problème de classification, il existe des logiciels : le nôtre est le SPSS 16 29 . Nous
avons utilisé le programme « classification hiérarchique » de ce logiciel pour traiter le problème posé dans
notre exemple. Les résultats intermédiaires et le dendrogramme sont donnés ci-après :

La « matrice de proximité » est ce que nous avons appelé « matrice des distances » ; c’est une « matrice de
dissimilarités », est-il dit, parce que plus la distance est longue entre deux sujets, plus ces deux sujets sont
dissemblables ; évidemment, symétriquement, plus la distance est courte entre deux sujets, plus ces deux
sujets sont semblables. Le diagramme « Stalactite vertical » se lit de bas en haut : la première agrégation
s’accomplit entre Pierre et Martine, d’où le « x » dans la colonne intermédiaire entre celle de Pierre et celle de

41
Martine, à la ligne 2 ; à la ligne 1, le « x » signifiant l’agrégation entre le groupe « G1 » et Alain se trouve dans
la colonne intermédiaire entre le groupe et Alain. La table « Chaîne des agrégations » expose les étapes du
regroupement dont le diagramme « Stalactite vertical » rend compte ; remarquons la colonne « coefficients »,
où sont rangées les distances en ordre croissant. Et le dendrogramme, nommé « arbre hiérarchique » expose
le résultat final.

Nous avons traité les seize observations et les quatre variables du Tableau 7 avec le même programme de
SPSS 16, mais avec une différence : les variables centrées réduites furent utilisées, celles notées « z_x ».
Pourquoi ? Parce les variables centrées réduites sont standardisées. Les principaux résultats sont fournis ci-
après :

42
Comme le mandataire a rangé les seize municipalités en
trois classes nommées respectivement : urbaine, périur- DIVISION
1. Batiscan 3
baine, et rural, nous avons programmé la production 2. Champlain 3
d’une partition en trois groupes, mais en partant des va- 3. Sainte-Anne 3
4. Sainte-Geneviève 3
leurs standardisées calculées à partir des données de la 5. Saint-Luc 3
Figure 11 et de la Figure 12, données dont le choix fut fait 6. Saint-Maurice 3
7. Saint-Narcisse 3
par le mandataire. Ce résultat est donné à la table « ap- 8. Saint-Prosper 3
9. Saint-Stanislas 3
partenance à une classe ».
10. Trois-Rivières 1
11. Cap-de-la-Madeleine 1
12. Trois-Rivières-Ouest 1
Rappelons-nous que, dans le Tableau 7, un numéro 13. Saint-Marthe-du-Cap 2
d’identification est associé au nom de chaque municipali- 14. Saint-Louis-de-France 2
15. Pointe-du-Lac 2
té, et qu’un numéro est associé aux membres de la divi- 16. Saint-Étienne-des-Grès 2

sion, comme suit : 1 à « urbain », 2 à «péri-urbain », et 3


à «rural » (voir ci-contre).

43
Dans la table « appartenance à une classe », nous avons deux colonnes : la colonne des observations notée
« ob...», et la colonne « 3 classes ». Dans la colonne des observations, la note « 1:3 » se lit : « 1 » pour Ba-
tiscan, et « 3 » pour « rural » ; la note « 2:3 » se lit : « 2 » pour Champlain, et « 3 » pour « rural » ; et ainsi de
suite. Cette notation reproduit le classement que le mandataire fait des municipalités selon son hypothèse
cartographique. Dans la colonne « 3 classes », les nombres nomment les trois classes de la structure qui
émerge de la fouille des données ; ils ne faut pas les confondre avec : 1 pour « urbain », 2 pour « péri-ur-
bain », et 3 pour «rural ».

Remarquons bien que, à la note « 16:2 », qui se lit « Saint-Étienne-des-Grès : péri-urbain », est associé le
nombre « 1 », soit le même nombre qui est associé à toutes les municipalités que le mandataire classe
comme rurales. Ce classement de Saint-Étienne-des-Grès avec Batiscan, Champlain, Sainte-Anne, Sainte-
Geneviève, Saint-Luc, Saint-Maurice, Saint-Narcisse, Saint-Prosper et Saint-Stanislas résultent de la structure
qui émerge de la fouille des données que le mandataire a retenues comme importantes pour les fins de son
rapport. Et nous verrons bientôt que le mandataire va finalement classer Saint-Étienne-des-Grès avec les
mêmes neuf municipalités qu’il dit « rurales », et ce, malgré son hypothèse cartographique.

RÉSEAUX ET ENTENTES INTER-MUNICIPALES


À la rubrique « réseaux et ententes inter-municipales », le mandataire aborde les questions de l’eau potable,
des eaux usées, des matières résiduelles, du transport en commun et de la sécurité publique. Compte tenu de
l’objectif poursuivi dans cette étude, il est suffisant de reproduire les constatations faites par le mandataire.
Eau potable
Il faut donc noter que
♦ les ententes sont nombreuses en milieu rural
♦ le recours à la nappe phréatique est massif
♦ la ville de Trois-Rivières-Ouest procède présentement à l’analyse de l’offre présentée par Trois-Rivières afin de
se raccorder à son réseau
♦ bien que le coût de l’eau à Pointe-du-Lac soit bas, cette situation risque de changer à court terme. La municipali-
té envisage apporter des modifications importantes à la source Saint- Charles ainsi qu’à son réseau de la route 138.
Un projet de l’ordre de 5,9M$ est prévu

Les eaux usées


On remarque que
♦ 6 des 9 villages ne sont pas desservis par un système d’assainissement des eaux;
♦ les villes périurbaines de Saint-Louis-de-France et de Pointe-du-Lac ne sont pas à cet égard, au
niveau qui les rendraient comparables au milieu urbain central.

44
Déchets
L’ensemble des villes et villages du territoire sont regroupés en deux ensembles : les uns ( à l’est du Saint-Maurice)
sont membre de la Régie intermunicipale de gestion des déchets de la Mauricie des déchets dont le site d’enfouis-
sement est situé à Saint-Étienne-des-Grès L’autre groupe, à l’est de la Saint- Maurice, a confié à Champlain la ges-
tion d’un site commun d’enfouissement, plus petit.

Transport en commun.
Un service de transport en commun, sous la gouverne de la Corporation intermunicipale de transport des Forges,
est en opération sur le territoire des villes de Trois-Rivières, de Trois-Rivières-Ouest et de Cap- de-la-Madeleine. La
CITF assure aussi le transport adapté sur le territoire qu’elle dessert. Par ailleurs, une navette Bécancour / Trois-Ri-
vières effectue 2 voyages par jour pendant la période scolaire.
♦ On remarquera la non desserte des villes périurbaines

Police
Les trois villes centrales sont desservies par leur propre corps de police. Les trois villes périurbaines achètent au
coût marginal les services de ces villes. Saint-Louis-de-France et Sainte-Marthe-du-Cap achètent à Cap-de-la-Ma-
deleine, Pointe-du-Lac, à Trois-Rivières-Ouest. Les villages font appel à la Sûreté du Québec.
♦ Par ailleurs, le Document de consultation ministérielle sur l’organisation policière au Québec (2001) propose que
toutes les villes de la RMR de Trois-Rivières, à l’exception de Bécancour, « devraient offrir à leurs citoyens les servi-
ces de police du niveau 2 »(p.32)
♦ Faudra-t-il exclure Champlain et Saint-Maurice ?
♦ Les coûts des villes périurbaines seront sans doute majorés ? 30

L’exposé de l’analyse des données accomplie par le mandataire est maintenant achevé. Nous passons à celui
des positions et des recommandations du mandataire.

POSITIONS ET RECOMMANDATIONS DU MANDATAIRE

Les thèmes que la mandataire aborde dans cette partie de son rapport sont les suivants :
Recommandation : distinguer l’urbain et le rural
Le milieu rural : constats
Recommandation : miser sur la solidarité rurale et créer la communauté rurale Des Chenaux
Recommandations relatives à la Communauté rurale Des Chenaux
Le milieu urbain
Recommandations pour la création d’une nouvelle ville
Recommandations relatives aux villes de Pointe-du-Lac et Saint-Louis-de-France
Recommandations relatives à la nouvelle ville
Recommandations d’un comité de transition
Recommandations relatives aux activités et équipements supralocaux
Scénarios relatifs à la MRC de Francheville et à la coordination avec la nouvelle ville

Étant donné l’objectif poursuivi dans cette étude, nous allons nous concentrer sur ce que le mandataire ap-
pelle « milieu rural ». Par conséquent, notre exposé n’abordera pas le thème de ce que le mandataire qualifie
de « milieu urbain », sauf qu’il est nécessaire de relever, et ce, en tout premier lieu, le passage capital suivant
du rapport :

45
Scénarios relatifs à la MRC de Francheville et à la coordination avec la Nouvelle Ville

Plusieurs inconnus limitent actuellement la capacité de quiconque voudrait définir la MRC de demain. Des discus-
sions au niveau gouvernemental sont en cours sur son rôle; la réorganisation municipale des territoires modifiera
sans doute le membership des MRC au Québec; dans la région de la Mauricie, les travaux en cours au Centre-de-
la-Mauricie influenceront la configuration urbaine et rurale des voisins de la MRC de Francheville. Par ailleurs, plu-
sieurs ministères annoncent des responsabilités, souvent accrues aux MRC, notamment en matière de sécurité
(incendie et sécurité civile), de gestion des matières résiduelles et de qualité de l’eau potable. Enfin, l’aménagement
du territoire, mission originale des MRC, doit de plus en plus prendre en compte des ensembles plus grands comme
les bassins hydrographiques, les axes de circulations de toutes sortes, les circuits touristiques et récréatifs (ex. pis-
tes cyclables), etc.

♦ Ne fut-ce que pour cette dernière raison, la MRC, sous quelque forme, doit être renforcée

Dans la suite des recommandations qui précèdent, deux scénarios peuvent être envisagés :

♦ Le premier scénario, consiste à maintenir la MRC de Francheville ayant comme membres la communauté rurale
et les villages qui la composent et les villes de Saint-Louis-de-France, Pointe-du-Lac, Saint-Étienne-des-Grès.
Dans ce cas, est recommandé la création d’une Commission conjointe et paritaire d’aménagement avec la nouvelle
Ville aux fins de l’aménagement et des mandats nouveaux aux MRC.

♦ Le second scénario consiste à intégrer Saint-Étienne-des-Grès dans la Communauté rurale qui exerce alors
aussi les responsabilités d’une MRC. Il consiste aussi à lier les villes de Saint-Louis- de-France et Pointe-du-Lac à la
fonction MRC de la nouvelle ville.
Dans ce cas, est recommandée la création d’une Commission conjointe et paritaire d’aménagement entre nouvelle
Ville et la Communauté rurale. A la lumière des discussions en cours sur le territoire régional, restera à assurer la
continuité du territoire de la Communauté rurale.

Dans une perspective plus large et au terme des travaux de réorganisation municipale en cours, ne devrait- on pas
envisager des MRC au territoire plus étendue et plus conforme aux impératifs de l’aménagement et du
développement.31

Qu’est-ce qu’une analyse de ce passage nous révèle sur l’état d’avancement des études préparatoires qui
précèdent l’adoption des « orientations gouvernementales pour le renouvellement de la gouverne municipa-
le » dans la « réorganisation municipale », d’une part, et du « plan d’action gouvernemental lié à cette réorga-
nisation », d’autre part ? 32

Trois remarques s’imposent :


1. d’abord et avant tout, écrit le mandataire, il importe de situer le problème « des MRC » dans une
« perspective plus large » que celle de la « réorganisation municipale en cours », notamment à cause
des « impératifs de l’aménagement et du développement » ;
2. ensuite, insiste le mandataire, « l’aménagement du territoire, mission originale des MRC, doit de plus
en plus prendre en compte des ensembles plus grands comme les bassins hydrographiques, les axes
de circulations de toutes sortes, les circuits touristiques et récréatifs (ex. pistes cyclables), etc. » ;
3. enfin, souligne le mandataire, « plusieurs inconnus limitent actuellement la capacité de quiconque
voudrait définir la MRC de demain », et ce, d’autant plus que « les travaux en cours au Centre-de-la-
Mauricie influenceront la configuration urbaine et rurale des voisins de la MRC de Francheville ».

46
En un mot comme en mille, et ce, selon le mandataire lui-même, ce qu’il écrit à propos de « deux scénarios
[qui] peuvent être envisagés » n’est pas encore au point puisque la « mission originale des MRC » est encore
à définir au plus haut niveau.

C’est ainsi que le mandataire écrit :


Dans la suite des recommandations qui précèdent, deux scénarios peuvent être envisagés :
♦ Le premier scénario consiste à maintenir la MRC de Francheville ayant comme membres la communauté rurale
et les villages qui la composent et les villes de Saint-Louis-de-France, Pointe-du-Lac, Saint-Étienne-des-Grès. Dans
ce cas, est recommandé la création d’une Commission conjointe et paritaire d’aménagement avec la nouvelle Ville
aux fins de l’aménagement et des mandats nouveaux aux MRC.

♦ Le second scénario consiste à intégrer Saint-Étienne-des-Grès dans la Communauté rurale qui exerce alors
aussi les responsabilités d’une MRC. Il consiste aussi à lier les villes de Saint-Louis- de-France et Pointe-du-Lac à la
fonction MRC de la nouvelle ville. »

Examinons donc les « recommandations qui précèdent ».

DISTINGUER L’URBAIN ET LE RURAL


Le mandataire écrit :
Recommandation : distinguer l’urbain et le rural.
L’ensemble des analyses précitées et la nature évidente des préoccupations de gouvernance et stratégiques
des municipalités de la MRC de Francheville amène la recommandation suivante :
♦ Il est recommandé que l’on considère que les municipalités de la MRC de Francheville forment
deux ensembles distincts et complémentaires : l’un est rural, l’autre est urbain.
♦ Les municipalités rurales sont les suivantes :
37005 Sainte-Anne-de-la-Pérade
37010 Saint-Prosper
37015 Saint-Stanislas
37020 Sainte-Geneviève-de-Batiscan
37025 Batiscan
37030 Champlain
37035 Saint-Luc-de-Vincennes
37040 Saint-Narcisse
37045 Saint-Maurice
37080 Saint-Étienne-des-Grès12.
♦ Les municipalités appartenant au milieu urbain sont :

37050 Sainte-Marthe-du-Cap
37075 Pointe-du-Lac
37060 Saint-Louis-de-France
37065 Trois-Rivières
37055 Cap-de-la-Madeleine
37070 Trois-Rivières-Ouest
(12 ) Saint-Étienne-des-Grès a la capacité de jouer un rôle de pôle rural.

47
Qu’est-ce que « distinguer » ? Au mot « distinguer », le Petit Robert enseigne ce qui suit : « 1. permettre de
reconnaître ( une personne ou une chose d’une autre ), en parlant d’une différence constitutive, d’un trait ca-
ractéristique (...) — 2. Reconnaître ( une personne ou une chose ) pour distincte ( d’une autre ), selon des
traits particuliers permettant de ne pas les confondre ».

Quelle est la « différence constitutive » entre « l’urbain » et le « rural » :


• qu’on trouve dans « l’ensemble des analyses précitées et la nature évidentes des préoccupations de
gouvernance et stratégiques des municipalités de la MRC de Francheville », d’une part ;
• selon laquelle « les municipalités de la MRC de Francheville forment deux ensembles distincts et
complémentaires : l’un [qui] est rural, l’autre [qui] est urbain », d’autre part ?

Ce n’est pas pas ici que nous entrerons dans ce sujet de grande importance ; mais, nous y reviendrons. Pour
le moment, prenons acte de ce que, selon le mandataire, « Saint-Étienne-des-Grès a la capacité de jouer un
rôle de pôle rural » dans le « milieu rural » dont cette municipalité fait partie.

LE MILIEU RURAL : CONSTATS


Le mandataire dresse ce qu’il appelle un « état des lieux », qu’il emprunte à Des Chenaux, un espace rural,
en ces termes :
Au début de l’année 1999, après plusieurs mois de travail et une large participation publique était publié le plan
stratégique du secteur Des Chenaux sous la gouverne de la MRC et du CLD de Francheville. On y décrivait ainsi
l’état des lieux :

Pour le secteur des Chenaux, les 9 municipalités représentent 12 301 habitants, soit 9 % de la population ur-
baine et périurbaine de la MRC de Francheville. Il va sans dire que le poids démographique urbain pèse lourd
dans les décisions que la MRC doit prendre. Si la population urbaine (les trois villes soeurs) a augmenté de 18
%, la périurbaine (Pointe-du-Lac, Sainte- Marthe, Saint-Étienne-des-Grès et Saint-Louis-de-France) a grimpé en
flèche à 205% alors que la population rurale a diminué de 14%.

Le secteur des Chenaux connaît une forte baisse de ses effectifs âgés de 0 à 24 ans et possède une population
âgée plus importante que les autres groupes d'âges. La dynamique démographique désavantage notre secteur
rural.

Au chapitre de l'emploi, le revenu moyen d'emploi est nettement plus avantageux chez les résidants des locali-
tés périurbaines. Il est moyen dans les centres villes et désavantageux dans le secteur des Chenaux. En plus,
les emplois manufacturiers dans le secteur des Chenaux ne représentent que 6 % des emplois de la MRC.
Même si la production agricole dans le secteur des Chenaux est très performante, les emplois ne suivent pas et,
encore moins, ceux reliés à la transformation. Si le taux de chômage est légèrement inférieur (12,3 %) à celui du
secteur trifluvien (13,5 %), c'est parce que plusieurs travailleurs œuvrent à Trois-Rivières. Le secteur rural de-
vient en quelque sorte une banlieue résidentielle, ce qui risque d'éroder son identité et sa spécificité.

Cependant le monde rural est appelé à un avenir prometteur. Il présente un milieu de vie différent de celui de la
ville et des personnes ont décidé de s'y établir, d'y vivre et de s'y développer. Durant la période de 1971 à 1991,
la population des localités de moins de 2500 habitants a augmenté de 32 % pour totaliser 1 544 752 personnes
en 1991 soit 22 % de la population du Québec. On observe le même mouvement aux États-Unis.

48
Dans le secteur des Chenaux, cette augmentation ne se concrétise pas encore de façon claire dans les statisti-
ques. Il appartiendra à ce secteur de faire preuve d'attraction grâce à son dynamisme et à la qualité de vie qu'il
peut offrir aux nouveaux ruraux. Cependant, la qualité des entrepreneurs, les bâtisses industrielles disponibles et
les ressources de support à l'entrepreneurship peuvent permettre tous les espoirs.

Nous vivons déjà un monde rural moins agricole. En 1956, on comptait 122 617 fermes agricoles au Québec, en
1996, il n'en reste plus que 35 991. Si on dénombre environ 40 000 agriculteurs, il y a pourtant 1500 000 per-
sonnes qui vivent en milieu rural. Par contre, les activités agricoles génèrent de moins en moins d'emplois di-
rects car les technologies modernes ne permettent plus d'atteindre les niveaux d'emplois élevés que nous avons
déjà connus. Les conflits entre les impératifs de production agricole et les autres intérêts vont s'entrechoquer si
on ne parvient pas à favoriser une cohabitation harmonieuse entre l'activité agricole, le tourisme, la production
manufacturière, la protection et la mise en valeur de l'environnement de même que les services. Dans le secteur
des Chenaux, cette observation se vérifie en tout point et le défi est identique au reste du Québec.

Le retour de nombreux urbains vers la campagne pour une meilleure qualité de vie nécessitera une gestion déli-
cate pour ne pas transporter la ville à la campagne (mentalité et type d'utilisation de l'espace) d'une part et ne
pas cantonner le milieu rural dans les activités traditionnelles qu'on lui connaissait à savoir, l'agriculture et la
forêt et c'est tout à l'avantage du monde rural. Ce nouveau phénomène de « rurbanisation » nous appelle à la
prudence. 33

Le mandataire fait sien cet « état des lieux » en ces termes :


Cet état de fait et cette réflexion confirme des constats que la présente démarche a mis en évidence

♦ La solidarité est essentielle et présente, notamment par un bénévolat citoyen et une disponibilité des
employés municipaux.
♦ Les services sont de première ligne et, parfois, il faut les préserver.

♦ Un secteur déjà en synergie par plusieurs ententes intermunicipales.


♦ Le poids politique des ruraux est faible.
♦ Il y a un potentiel à développer solidairement (ex.: tourisme, industries légères).

♦ L’utilisation harmonieuse du sol est un défi constant


♦ Certaines expertises en affaires municipales ont avantage à être en commun 34

Puis, le mandataire en fait une courte analyse comme suit :


A la base de ce de secteur rural, il y a les acteurs municipaux et leurs partenaires
♦ Des villages généralement en santé financière,
Presque tous les villages ont un niveau de dépenses, de charge fiscale et de dette inférieur à leur groupe de réfé-
rence.
♦ Des villages aux personnalités différentes
Quelques-uns ont démontré leur capacité à stimuler les solidarités capables de soutenir le développement industriel,
d’autres ont agit de même pour maintenir des services publics de première ligne, d’autres ont stimulé le tourisme ou
fait œuvre d’originalité dans la gestion de l’utilisation diversifiée et harmonieuse de l’espace
♦ Des forces locales évidentes, des interdépendances aussi évidentes
Le nombre d’ententes officielles et officieuses entre les municipalités est important
♦ Une discontinuité dans le tissu urbanisé
La faible densité de population et la distance entre des villages de petite taille oblige le maintien de services et de
solidarités de proximité.
♦ Une contribution équitable de chacun des villages à la richesse du secteur

49
Le prochain tableau [ voir ci-contre ] montre comment la con-
tribution de chacun des villages du secteur en population et en
richesse est équilibrée. Champlain, à cause de son secteur
résidentiel haut de gamme en bordure du Saint-Laurent, fait
une exception qui toutefois n’ira pas en s’accentuant puisque
ces espaces disponibles sont limités.35

Et le mandataire termine son exposé avec un énoncé à


propos des « défis » :
Défis
Le milieu rural a donc des défis stratégiques importants à rele-
ver, défis qui ont été démontrés dans les analyses qui précè-
dent comme dans le plan stratégique du secteur Des Chenaux et la tournée des mairies entreprise au cours de la
présente démarche.
♦ Le vieillissement de la population
♦ Une agriculture qui s’industrialise dans un contexte de mondialisation et risque de réduire ses retom-
bées locales
♦ Une utilisation du territoire à harmoniser entre les usages agricole, forestier, résidentiel et récréo-touris-
tique dont la cohabitation demande des efforts particulièrement dans un territoire près des centres urbains
♦ Un potentiel touristique à mieux exploiter, particulièrement dans les bassins de rivières comme la Ba-
tiscan et la Sainte-Anne.
♦ Des réseaux à assurer (eau, égouts), notamment quant à leur qualité, leur sécurité et dans certains cas
leur développement.
♦ Des services publics et commerciaux à préserver et à améliorer particulièrement en première ligne

♦ Un poids politique à renforcer parce qu’il y a urgence de traiter des défis spécifiques au monde rural. 36

Cet « état des lieux » commenté et l’énoncé de ces « défis » conduisent le mandataire à la formulation de ses
recommandations sur ce « milieu rural ».

COMMUNAUTÉ RURALE DES CHENAUX

Selon le mandataire, il convient de « miser sur la solidarité rurale et [de] créer la Communauté rurale Des
Chenaux », ce qu’il formule ainsi :
Recommandation : miser sur la solidarité rurale et créer la Communauté rurale Des Chenaux
♦ Il est recommandé de créer la Communauté rurale Des Chenaux fondée sur le membership des villages ruraux
du secteur. Ces villages qui lui confient des fonctions stratégiques liées à l’environnement (eau, eaux usées, matiè-
res résiduelles), à la sécurité, au développement et à l’aménagement territorial (planification et inspection), à la cul-
ture et aux équipements régionaux et enfin, à la planification et au développement stratégique économique.
♦ En conséquence, les villages de Champlain et de Saint-Maurice ne seront plus considérés comme partie de la
RMR de Trois-Rivières.
♦ La municipalité de Saint-Étienne-des-Grès ne peut être classée maintenant dans cet ensemble dans la mesure
où elle se situe en discontinuité avec le territoire de la communauté rurale.

50
Toutefois, l’appartenance de cette municipalité devra être précisé dans une perspective plus large que le territoire
actuel de la MRC ; dans une perspective régionale.

Recommandations relatives à la communauté rurale des Chenaux


Composition
La Communauté rurale des Chenaux est formée des villages suivants :
37005 Sainte-Anne-de-la-Pérade.
37010 Saint-Prosper.
37015 Saint-Stanislas
37020 Sainte-Geneviève-de-Batiscan.
37025 Batiscan
37030 Champlain
37035 Saint-Luc-de-Vincennes
37040 Saint-Narcisse
37045 Saint-Maurice
(...) 37

Pourquoi est-ce que « la municipalité de Saint-Étienne-des-Grès ne peut [pas] être classée maintenant [i.e. au
moment où le rapport du mandataire est écrit] dans cet ensemble » ? Le mandataire répond que, « dans la
mesure où elle se situe en discontinuité avec le territoire de la communauté rurale », « l’appartenance de
cette municipalité devra être précisé dans une perspective plus large que le territoire actuel de la MRC ; dans
une perspective régionale. »

Étant donné que, selon le mandataire, « les travaux en cours au Centre-de-la-Mauricie influenceront la confi-
guration urbaine et rurale des voisins de la MRC de Francheville », le moment est venu d’en prendre connais-
sance.

12 Rapport Thibault, p. 5
13 Rapport Thibault, p. 5
14 Rapport Thibault, p. 5-6
15 Rapport Thibault, p. 6
16 Rapport Thibault, p. 7-8
17 Rapport Thibault, p. 8-9
18 Rapport Thibault, p. 9
19 Rapport Thibault, p. 10
20 Rapport Thibault, p. 11-12

51
21 Lʼanalyse discriminante descriptive (analyse factorielle discriminante, canonical discriminant analysis en anglais) est
une technique de statistique exploratoire qui travaille sur un ensemble de n observations décrites par J variables, répar-
tis en K groupes. Elle vise à produire un nouveau système de représentation, constitué de combinaisons linéaires des
variables initiales, qui permet de séparer au mieux les K catégories.
" ▪" Lʼanalyse discriminante descriptive est une technique descriptive car elle propose une représentation graphi-
que qui permet de visualiser les proximités entre les observations, appartenant au même groupe ou non.
" ▪" Cʼest aussi une technique explicative car nous avons la possibilité dʼinterpréter les axes factoriels, combinai-
sons linéaires des variables initiales, et ainsi comprendre les caractéristiques qui distinguent les différents
groupes.
Contrairement à lʼanalyse discriminante prédictive, elle ne repose sur aucune hypothèse probabiliste. Il sʼagit essentiel-
lement dʼune méthode géométrique.
(Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_Discriminante#Analyse_discriminante_descriptive)
22 Rapport Thibault, p. 12-13
23 Rapport Thibault, p. 14-15
24 Ministère des affaires municipales, La réorganisation municipale Changer les façons de faire pour mieux servir les
citoyens Sommaire, http://www.mamr.gouv.qc.ca/accueil/livre_blanc_2000/documents/livre_blanc.pdf [pdf] (304 ko), p. 6
(La mise en italique est de nous.)
25 Wikipedia, Indice, http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice
26 Wikipedia, Chaleur massique, http://fr.wikipedia.org/wiki/Chaleur_massique
27Délégation Interministérielle à la Ville Centre de Ressources – Pôle SIG, Élaboration dʼun outil dʼaide à la définition
des quartiers prioritaires - Note méthodologique, http:/i.ville.gouv.fr/revision/docs/NoteMethodoStat.pdf (Les caractères
mis en italique le sont par nous)
28L'analyse des données à lʼusage des non mathématiciens 5 ème Partie: classification automatique, INRA formation
permanente, Janvier 2006, http://rstat.ouvaton.org/AMVclass.pdf
29SPSS ("Statistical Package for the Social Sciences") est un logiciel utilisé pour l'analyse statistique. C'est aussi le nom
de la société qui le revend (SPSS Inc), Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/SPSS
30 Rapport Thibault, p. 15-17
31 Rapport Thibault, p. 39
32 MUNICIPALITÉ juin-juillet 2000, p. 1
33 Rapport Thibault, p. 24-25
34 Rapport Thibault, p. 25
35 Rapport Thibault, p. 25
36 Rapport Thibault, p. 26
37 Rapport Thibault, p. 27

52
MRC DU CENTRE-DE-LA-MAURICIE

Le 7 octobre 2000, le Ministère des affaires municipales demandait aux douze municipalités de la MRC du
Centre-de-la-Mauricie « de lui faire une proposition de réorganisation municipale sur le territoire de la MRC
avant le 1er décembre 2000 » ; puis, le 23 janvier 2001, comme il « n’avait pas été possible aux élus de faire
consensus sur une proposition de réorganisation municipale », le Ministère « informait les maires des douze
municipalités qu’un mandat avait été confié à monsieur Claude Gélinas d’examiner, en collaboration avec les
municipalités, l’opportunité de procéder à des regroupements sur le territoire de la MRC et de lui faire rapport
avant le 31 mars 2001 »38 . Le mandataire désigné décrit son mandat comme suit :
Analyser les propositions soumises par les municipalités.
Évaluer la pertinence, le bien-fondé et l’opportunité de ces propositions en s’appuyant sur les objectifs du Livre blanc
sur la réorganisation municipale.
Formuler des propositions d’action permettant à la Ministre d’État aux Affaires municipales et à la Métropole de
prendre une décision éclairée.39

Quel était le rôle du mandataire ? Ce dernier répond à cette question en ces termes :
La méthodologie utilisée
Lors d’une première rencontre tenue le 14 février 2001 entre les 12 maires de la MRC et le mandataire du Gouver-
nement, il a été convenu que le mandataire exercerait le rôle suivant :
- S’assurer d’une communication respectueuse et équilibrée.
- Explorer les intérêts derrière les positions.
- Faire ressortir les points communs.
- Soulever et clarifier les zones de mésentente.
- Aider les parties à trouver leurs propres solutions.
- Utiliser les rencontres individuelles au besoin.

Par la suite, au cours de la semaine du 26 février 2001, les 3 trois villes ainsi que les 9 municipalités périurbaines et
rurales présentèrent leurs propositions.

Puis, dans une seconde étape, au cours de la semaine du 5 mars 2001, après avoir répondu aux questions de véri-
fication du mandataire, les intervenants ont fait valoir leurs opinions sur le bien-fondé ou non de chacune des propo-
sitions.

Dès lors, hormis qu’une des propositions ne rallie pas l’ensemble des intervenants, les élus furent avisés qu’au cour
de la semaine du 13 mars nous indiquerions de façon sommaire, l’orientation de nos propositions. Cependant,
comme cette orientation n’était pas définitive ils pouvaient encore faire valoir leurs moyens. Incidemment, c’est ce
que plusieurs élus firent.

Au cours des semaines qui ont suivi, sur invitation, nous avons rencontré les membres des conseils municipaux de
Shawinigan, Grand-Mère, Shawinigan- Sud, Saint-Gérard-des-Laurentides, Saint-Georges, Saint-Mathieu, Grande-
Piles ainsi que 5 membres du conseil municipal de Saint-Jean-des-Piles sans compter les nombreuses autres ren-
contres collectives ou individuelles. Ajoutons que nous avons également eu droit à une visite guidée des municipali-
tés de Saint-Gérard-des-Laurentides, de Notre-Dame-du-Mont- Carmel et de Saint-Boniface.

C’est ainsi que pour mieux cerner et comprendre la problématique soumise à notre attention, nous avons favorisé
l’écoute active, ce qui s’est traduit par la rencontre de plus de 100 personnes qui ont pu se faire entendre. 40

53
MÉTHODOLOGIE ET PROBLÉMATIQUE

Au mot « méthodologie », le Petit Robert écrit que ce nom peut prendre deux acceptions distinctes :
1. la première :
Études des méthodes scientifiques, techniques (subdivision de la logique) => épistémologie
2. la seconde :
ABUSIF Manière de procéder, méthode

Laquelle de ces acceptions est employée par le mandataire ? Comme nous allons le prouver, et ce, de deux
manières, le mandataire n’emploie pas la première acception, mais la seconde : « abusif ».

Première preuve : l’emploi d’un « indice reconnu ». Dans le rapport du mandataire, nous relevons les pas-
sages suivants :
[Saint-Gérard-des-Laurentides] — Bien que le revenu moyen par ménage soit de 42 204 $, le deuxième plus élevé
au Centre-de-la-Mauricie, l’effort fiscal demandé à ses contribuables est de 89 alors que celui de la ville voisine
Shawinigan indique 143%, soit une différence de 37,7%. Par ailleurs, selon l’indice reconnu en cette matière, avec
un indice de 72, les dépenses per capita de Saint-Gérard-des-Laurentides marquent une différence de près de 40%
avec la Ville de Shawinigan. (...)

[Saint-Jean-des-Piles] — L’indice de richesse foncière 159, est le plus élevé au Centre-de-la-Mauricie, tandis que
l’effort fiscal à 136 est le deuxième plus élevé. Les dépenses per capita sont en terme d’indice à 100, soit au qua-
trième rang des 12 municipalités. (...)

[Lac-à-la-Tortue] — Fondée en 1895, cette municipalité de 3169 habitants a un territoire de 52,2 km2. Sa richesse
foncière est de 96 707 M$ et son taux de taxe foncière est de 1,22 $. Les indices indiquent : richesse foncière 88,
effort fiscal 99 et dépenses per capita 76. (...)

[Notre-Dame-du-Mont-Carmel] — L’indice de richesse foncière 73, l’indice d’effort fiscal 82, l’indice des dépenses
per capita 52 et l’indice dépenses-richesse foncière 70. 41

D’où provient cet «indice reconnu en cette matière » ? Le mandataire ne cite pas sa source. Cependant, il est
plausible de croire que le mandataire emploie une publication du Ministère des affaires municipales où ce
dernier emploie des indices. Comme le rapport est publié le 30 avril 2001, le mandataire utilise forcément une
source qui était disponible au début de la même année. Étant donné que nous sommes à explorer une ques-
tion de méthodologie, les données de l’an 2001 suffisent à la tâche ; on les trouve sur le site Internet du Minis-
tère des affaires municipales. Pour 2000 et 2001, les « indicateurs médians » servant au calcul défini dans la
capsule méthodologique 5 sont fournis au tableau de la page suivante.

54
CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 5

Prévisions budgétaires des organismes municipaux – Exercice financier 2001

RATIOS FINANCIERS ET INDICES 2001

Les «Indices» servent principalement à des fins statistiques et s'avèrent utiles, entre autres, pour comparer les
municipalités entre elles pour une année donnée. Ces indices sont établis à partir de divers ratios financiers qui,
parfois, sont aussi utilisés par divers ministères et organismes du Gouvernement du Québec.
DONNÉES DE BASE

Les ratios et indices dont il est ici question ont été établis à partir des renseignements tirés des cahiers des
prévisions budgétaires et des sommaires des rôles de 2001 des municipalités locales du Québec. Les valeurs
foncières utilisées sont celles inscrites au rôle d'évaluation foncière triennal lors de son dépôt (entre le 15 août
et le 15 septembre 2000) ou à la date du premier ou deuxième anniversaire de son dépôt s’il est antérieur à
l’exercice en cours. Il s'agit de l'évaluation foncière inscrite au rôle d'évaluation et uniformisée, même dans le
cas des municipalités qui ont étalé la variation des valeurs, entre deux rôles triennaux, aux fins de l'imposition
des taxes. Dans le cas des annexions ou des regroupements municipaux réalisés après le 15 septembre 2000
et lorsque la nouvelle municipalité issue d’un tel mouvement de territoire a déposé un budget pour l’exercice
2001, les valeurs foncières ont été ajustées selon les règles prévues aux articles 119 ou 171 de la Loi sur l'or-
ganisation territoriale municipale. Les données de population utilisées pour le calcul des indices de richesse
foncière et de dépenses per capita sont celles décrétées pour l'année 2001. (Décret 1434-2000 du 13 décembre
2000).

Des ratios financiers et indices ont été établis pour toutes les municipalités locales qui devaient présenter au
ministère des Affaires municipales et de la Métropole des prévisions budgétaires pour l'année 2001, à l'excep-
tion des villages nordiques. Les 1313 municipalités visées totalisaient une population de 7 314 185 habitants.
Lors de l'établissement de la banque des données utilisées pour le calcul des ratios financiers et indices, le 15
novembre 2001, le ministère des Affaires municipales et de la Métropole n'avait pas reçu les prévisions budgé-
taires 2001 de certaines municipalités. Pour les 6 municipalités suivantes, les données de l'année 2001 ont
donc été substituées par celles des prévisions budgétaires de 2000 :
• Saint-Elzéar (05050) • Sainte-Luce (09095)
• Saint-Lazare-de-Bellechasse (19050) • Saint-Raphaël (19082)
• Saint-Boniface-de-Shawinigan (36020)
• Chelsea (82025)

Pour ce qui est de la municipalité de Saint-Évariste-de-Forsythe (29025), les données des prévisions budgétai-
res 2001 étant incomplètes, nous les avons également substituées par celles de l’année 2000.

Dans un autre cas, celui de la municipalité de Cap-Santé (34030), pour laquelle il était impossible de substituer
les informations avec celles des prévisions budgétaires 2000, nous avons utilisé les données du rapport finan-
cier 2000.

CALCUL DES RATIOS

Les ratios qui ont été retenus sont les suivants :


- la richesse foncière uniformisée (RFU) per capita ;
- l'effort fiscal (TGTU);

55
- les dépenses de fonctionnement nettes per capita ;
- les dépenses de fonctionnement nettes par 100 dollars de RFU.

Les composantes et le mode de calcul de la richesse foncière uniformisée (RFU) sont décrits aux article 261.1 à
261.3 de la Loi sur la fiscalité municipale, l'alinéa 8 de l'article 261.1 étant remplacé par l'alinéa 9 de l'article 5 du
Règlement sur le régime de péréquation.

Les recettes de taxes admissibles aux fins de calcul du taux global de taxation uniformisé (TGTU) sont celles
provenant des taxes imposées à l'égard des immeubles imposables d'une municipalité, à l'exclusion de certai-
nes d'entre elles, le tout tel que stipulé au Règlement sur le taux global de taxation.

Pour le calcul des deux autres ratios, les dépenses de fonctionnement nettes correspondent au total des dé-
penses de fonctionnement diminuées des recettes perçues pour les services rendus aux organismes munici-
paux. Cette soustraction a été rendue nécessaire pour éviter de tenir compte deux fois de la même dépense.

Ces quatre ratios constituent les indicateurs fiscaux et financiers les plus couramment utilisés pour évaluer la
situation de chaque municipalité ou celle d’un groupe de municipalités. Une liste détaillée de ces indicateurs,
calculés pour chaque municipalité, figure en annexe au présent document.

CALCUL DES INDICES

Le calcul des indices est basé sur les ratios fiscaux et financiers décrits précédemment et leur calcul s’opère en
deux étapes :

Pour la première phase, les indicateurs (ratios) calculés précédemment sont regroupés selon la population de la
municipalité en trois classes de population qui sont : de 1 à 1 999 habitants, de 2 000 à 4 999 habitants et, fina-
lement, de 5 000 habitants et plus. Pour chacune de ces classes et pour chacun des indicateurs, on extrait la
donnée médiane.

L’étape suivante consiste à comparer chacun des indicateurs de chacune des municipalités avec les indicateurs
médians pour la classe de population correspondant à la population de la municipalité. Le résultat qui en dé-
coule constitue l'indice pour la donnée mesurée et représente le pourcentage réel par rapport à la donnée mé-
diane comparée. Ainsi, un indice de 150 signifie que la valeur de la donnée pour la municipalité équivaut à 150
% de la valeur de l'indicateur médian établi pour la classe de population concernée. Les ratios des municipali-
tés dont la population permanente se situe à zéro sont comparés à la médiane de la classe de 1 à 1 999 habi-
tants.

• Indice de richesse foncière


Indice = [(Richesse foncière uniformisée de la municipalité / Population de la municipalité) / Médiane des riches-
ses foncières uniformisées per capita de la classe de population de la municipalité ] * 100

• Indice d'effort fiscal


Indice = [(Taux global de taxation uniformisé «TGTU» de la municipalité / Médiane des taux globaux de taxation
uniformisés de la classe de population de la municipalité) * 100 ]

TGTU = [ (Recettes de taxes admissibles de la municipalité / Évaluation uniformisée des immeubles imposables
de la municipalité) * 100 ]

• Indice de dépenses de fonctionnement nettes per capita


Indice = [(Dépenses de fonctionnement nettes de la municipalité / Population de la municipalité) / Médiane des
dépenses de fonctionnement nettes per capita de la classe de population de la municipalité ] * 100

• Indice de dépenses de fonctionnement nettes par 100 dollars de RFU


Indice = (dépenses de fonctionnement nettes par 100 dollars de richesse foncière uniformisée de la municipalité
/ Médiane des dépenses de fonctionnement nettes par 100 dollars de richesse foncière uniformisée de la classe
de population de la municipalité ) * 100

Dépenses de fonctionnement nettes par 100 dollars de richesse foncière uniformisée = (Dépenses de fonction-
nement nettes / Richesse foncière uniformisée de la municipalité ) * 100 dollars

UTILISATION DES INDICES

Il convient de faire une mise en garde concernant l’utilisation des indices qui ont été décrits précédemment, en
raison des distorsions pouvant découler d’une ou plusieurs situations, par exemple :

56
- l’importance relative des immeubles non résidentiels ou de la population saisonnière qui entraînent des distor-
sions dans le calcul des ratios per capita ;
- la prise en charge d’activités non essentielles, qui augmentent le niveau des dépenses, mais qui procurent en
contrepartie des recettes autonomes ou qui sont subventionnées ;
- la prise en charge des services de base par les particuliers, surtout en milieu rural, plutôt qu’au niveau munici-
pal ;
- la délégation d’activités ou la remise d’actifs à un organisme dont les résultats ne sont pas consolidés avec
ceux de la municipalité ou qui sont consolidés au net seulement ;
- les facteurs liés à la géographie (climat, nature des sols, bassin hydrographique, etc...) ;
- l’état général des infrastructures et des actifs municipaux ;
- la non homogénéité du découpage territorial, etc...

DFM – SIFV Novembre 2001

Comme le Ministère des affaires municipales l’énonce dans DFM – SIFV Novembre 2001 42 , « les «Indices »
servent principalement à des fins statistiques et s'avèrent utiles, entre autres, pour comparer les municipalités
entre elles pour une année donnée ». Sauf que, comme il le précise, « le calcul des indices (...) s’opère en
deux étapes » ; « pour la première phase, les indicateurs (ratios) calculés précédemment sont regroupés se-
lon la population de la municipalité en trois classes de population qui sont : de 1 à 1 999 habitants, de 2 000 à
4 999 habitants et, finalement, de 5 000 habitants et plus. » C’est « pour chacune de ces classes et pour cha-
cun des indicateurs, [qu’]on extrait [ensuite] la donnée médiane. »

Comme le mandataire ne fournit pas les données dont il se sert, mais que nous avons celles de 2001, compa-
rons les situations de Saint-Gérard-des-Laurentides et de Shawinigan selon les données du Tableau 8, tirées
de Prévisions budgétaires des organismes municipaux - 2001 Ratios financiers et indices Municipalités loca-
les :

Tableau 8

Population Dépenses de Dépenses Richesse foncière INDICES


Municipalité 2001 fonct.nettes* per capita uniformisée Dép/capita CodeESM NoClasse NomClasse
Shawinigan 18 390 19 182 746 1 043,11 618 856 545 130 AR360 3 Classe de population de 5 000 et plus
Saint-Gérard-des-Laurentides 2 194 982 748 447,93 66 924 216 73 AR360 2 Classe de population de 2 000 à 4 999

En 2001, les « Indicateurs médians » se lisent ainsi :

Richesse foncière Taux global de taxa- Dépenses de fonc- Dépenses de fonc-


Classe de population uniformisée per tion uniformisé par tionnement nettes tionnement par 100$
capita 100$ dʼévaluation per capita de RFU

1 à 1 999 37 837,14 1,2714 659,33 1,72

2000 à 4999 36 013,66 1,4826 612,31 1,6358

5000 et plus 38 118,26 1,8626 800,54 2,1155

57
Si, en 2001, l’indice des dépenses de fonctionnement nettes per capita d’une municipalité de classe 2000 à
4,999, comme l’est Saint-Gérard-des-Laurentides, est de 73, il faut comprendre que la règle de calcul sui-
vante :
Indice = [(Dépenses de fonctionnement nettes de la municipalité / Population de la municipalité) / Médiane des
dépenses de fonctionnement nettes per capita de la classe de population de la municipalité ] * 100

s’applique ainsi :
73 = [(982 748 / 2 194) / 612,31 ] * 100

Pour Shawinigan, municipalité de classe 5000 et plus, l’application de la règle de calcul donne :
130 = [(19 182 746 / 18 390) / 800,54 ] * 100

Selon ces données et ces calculs, est-ce qu’un énoncé tel que ci-après est méthodologiquement bien fondé :
Par ailleurs, selon l’indice reconnu en cette matière, avec un indice de 73, les dépenses per capita de Saint-Gérard-
des-Laurentides marquent une différence de près de 43% avec la Ville de Shawinigan.

D’un point de vue méthodologique, un tel énoncé est, au mieux, inintelligible, au pire, erroné.

Toujours d’un point de vue méthodologique, que penser d’un énoncé tel que le suivant :
[Saint-Jean-des-Piles] — L’indice de richesse foncière 159, est le plus élevé au Centre-de-la-Mauricie, tandis que
l’effort fiscal à 136 est le deuxième plus élevé. Les dépenses per capita sont en terme d’indice à 100, soit au qua-
trième rang des 12 municipalités. ?

Comme le mandataire, encore une fois, ne fournit pas les données dont il se sert, mais que nous avons celles
de 2001, examinons la situation de Saint-Jean-des-Piles au Centre-de-la-Mauricie selon les données du Ta-
bleau 9 (voir ci-après), tirées de Prévisions budgétaires des organismes municipaux - 2001 Ratios financiers
et indices Municipalités locales, eu égard à l’énoncé adapté suivant :
[Saint-Jean-des-Piles] — L’indice de richesse foncière 161, est le second plus élevé au Centre-de-la-Mauricie, tandis
que l’effort fiscal à 139 est le deuxième plus élevé. Les dépenses per capita sont en terme d’indice à 159, soit au
premier rang des 12 municipalités.

58
D’un point de vue méthodologique, tant l’énoncé initial que l’énoncé adapté constituent une lourde erreur mé-
thodologique. Pourquoi ? Parce que, par exemple, « un indice de 150 signifie que la valeur de la donnée pour
la municipalité équivaut à 150 % de la valeur de l'indicateur médian établi pour la classe de population con-
cernée », comme le Ministère des affaires municipales le précise dans le texte cité dans la capsule méthodo-
logique 5.

Autrement dit, comme « les indicateurs (ratios) [qui sont] calculés (...) sont regroupés selon la population de la
municipalité en trois classes de population ( de 1 à 1 999 habitants, de 2 000 à 4 999 habitants et, finalement,
de 5 000 habitants et plus )», et que « pour chacune de ces classes et pour chacun des indicateurs, on extrait
la donnée médiane », il s’ensuit qu’on doit « comparer chacun des indicateurs de chacune des municipalités
avec les indicateurs médians pour la classe de population correspondant à la population de la municipalité » ;
c’est ainsi et seulement ainsi que « le résultat qui en découle constitue l'indice pour la donnée mesurée et re-
présente le pourcentage réel par rapport à la donnée médiane comparée ».

Si l’erreur méthodologique lourde commise par le mandataire doit être rejetée, s’ensuit-il qu’on doive aussi
rejeté le modèle que le Ministère des affaires municipales tire de ce qu’on nous avons appelé la méthode de
l’indice ? Le modèle du Ministère est parfaitement valide « pour comparer les municipalités entre elles pour
une année donnée », et ce, « à des fins statistiques », pourvu qu’il soit maintenu à l’intérieur de ses limites :
« Ainsi, un indice de 150 signifie que la valeur de la donnée pour la municipalité équivaut à 150 % de la valeur
de l'indicateur médian établi pour la classe de population concernée ». Si on sort de ces limites, on doit tirer
un autre modèle conforme à la méthode de l’indice, comme nous l’avons fait au chapitre précédent et que
nous le ferons dans le prochain.

Seconde preuve : l’emploi de la «moyenne ». Dans le rapport du mandataire, nous relevons les passages
suivants :
Quant au total des taxes foncières incluant les taux exigés par certaines municipalités pour la police, le rembourse-
ment de la dette, le réseau routier, l’assainissement et le financement d’activités locales, il s’établit en moyenne à
1,95 $ dans les trois villes et à 1,23 $ dans les 9 autres municipalités soit une différence de 0,72 $ ou 37%. Pour une
maison évaluée à 100 000 $, cette différence représente une diminution de 720 $ du montant de taxes foncières.
L’économie maximale selon la municipalité choisie pourrait aller jusqu’à 1 322 $ par année. Voici un des effets
réels de l’étalement urbain. La charge fiscale moyenne des trois villes est de 1 617 $ alors qu’elle est de 1 113 $
dans les 9 autres municipalités, une différence de 504 $ ou 31%. (...)

Relativement aux dépenses par habitant elles sont en moyenne de 959 $ dans les trois villes et de 609 $ dans les 9
autres municipalités, soit une différence de 350 $ ou 36,5%. Notons que Saint-Jean-des-Piles avec des dépenses
part habitant de 1 033 $ se situe entre Shawinigan 1 177 $ et Grand-Mère 929 $. Quant à Notre-Dame-du-Mont-

59
Carmel avec une dette de 449 $ et Saint-Gérard-des-Laurentides 516 $ elles sont les municipalités ayant les dépen-
ses par habitant les moins élevées. L’examen des dépenses par objet révèle que la rémunération du personnel dans
les villes représente une moyenne de 41,6% des budgets, alors que dans les 9 autres municipalités elle se situe
entre 17% et 34%. Ajoutons toutefois que contrairement aux villes, les municipalités rurales retiennent davantage
les services de consultants. (...)

En revanche, la fonction résidentielle représente 81%, ce qui place Saint- Gérard-des-Laurentides, en ce qui con-
cerne la fonction résidentielle, à un niveau plus élevé que celui de la moyenne des trois villes réunies, moyenne qui
s’établit à 80,3%. Ces chiffres démontrent que les intérêts stratégiques de la population de cette municipalité sont
plus urbains que ruraux. Notons que dans la partie urbaine adjacente aux limites de la Ville de Shawinigan, jusqu’à
l’endroit appelé Côte-de-la-ferme, la valeur foncière est de 30 M$ sur 65 M$ soit 45% de la valeur foncière totale
uniformisée. (...)

En revanche, la fonction résidentielle représente 81%, ce qui place Saint- Gérard-des-Laurentides, en ce qui con-
cerne la fonction résidentielle, à un niveau plus élevé que celui de la moyenne des trois villes réunies, moyenne qui
s’établit à 80,3%. Ces chiffres démontrent que les intérêts stratégiques de la population de cette municipalité sont
plus urbains que ruraux. Notons que dans la partie urbaine adjacente aux limites de la Ville de Shawinigan, jusqu’à
l’endroit appelé Côte-de-la-ferme, la valeur foncière est de 30 M$ sur 65 M$ soit 45% de la valeur foncière totale
uniformisée. (...)

Le total des taxes foncières de cette municipalité est de 1,25 $ du 100 $ d’évaluation, ce qui équivaut à 0,70 $ de
moins que la moyenne du taux de taxes des trois villes. Si l’on compare ce taux à celui des neuf autres municipalités
rurales, le taux de taxe de Saint-Boniface-de-Shawinigan, se situe au quatrième rang. Notons par ailleurs en ce qui
concerne la tarification, qu’avec un montant de 355 $, cette municipalité a la tarification la plus élevée en Mauricie. A
titre comparatif, alors que la moyenne se situe à 208 $, la tarification de Saint-Élie s’élève à 143 $. (...) 43

Encore une fois, le mandataire fait défaut de fournir la source de ses données. Mais, nous avons celles de
2001 ( voir Tableau 9 ).

Une première remarque s’impose en ce qui concerne le passage suivant : « Relativement aux dépenses par
habitant elles sont en moyenne de 959 $ dans les trois villes et de 609 $ dans les 9 autres municipalités, soit
une différence de 350 $ ou 36,5% ». Ici, le mandataire emploie une mesure de tendance centrale : la
moyenne, mais il néglige d’y joindre une mesure de dispersion ; l’écart-type ; évidemment, les valeurs cen-
trées réduites sont passées sous silence.

Examinons les « dépenses par habitant », et comparons-les en prenant soin de situer les « dépenses par ha-
bitant » par rapport avec la richesse foncière uniformisée per capita, tout en introduisant le quartile comme
mesure de dispersion. Le Tableau 10 expose les résultats de cette comparaison (voir page suivante).

Seules « les trois villes », selon l’expression du mandataire, ont un ratio supérieur au troisième quartile. Les
« 9 autres municipalités » sont distribuées à raison de trois par quartile.

Maintenant, constatons que, en chacun des passages cités, le mandataire compare toujours les municipalités
en considérant une seule variable à la fois, et ce, selon la moyenne, sans tenir compte de l’écart-type. En au-

60
Tableau 10 cun de ces passages, le mandataire ne

Dépenses Rich.fonc.unif. Ratio Quartiles


compare les municipalités en prenant les
Municipalité per capita per capita variables en conjonction, et en les rendant
Saint-Élie 537,44 49 340,63 1,09 %
Saint-Mathieu 808,58 62 769,10 1,29 % comparables en les transformant en va-
Saint-Gérard 447,93 30 503,29 1,47 %
Q1 = 1,50% leurs centrées réduites.
Charette 484,78 32 167,48 1,51 %
N-D-Mont-Carmel 441,21 27 613,38 1,60 %
Lac-à-la-Tortue 503,37 29 884,32 1,68 % Nous avons procédé à un tel calcul de la
Q2 =1,70%
Saint-Boniface 507,94 29 692,19 1,71 % distance euclidienne entre les municipali-
Saint-Jean-des-Piles 1 047,89 60 857,00 1,72 %
Saint-Georges 561,89 28 020,80 2,01 % tés, de manière à faire ressortir la plus ou
Q3 = 2,08
Shawinigan-Sud 727,51 31 721,05 2,29 % moins grande différence entre elles, et ce,
Grand-Mère 800,54 33 074,03 2,42 %
Shawinigan 1 043,11 33 651,80 3,10 % selon une méthode exposée au chapitre
précédent. Les résultats sont fournis ci-
après :

61
Matrice de proximité

Distance euclidienne

1:Saint-Je
Observa- an-des-Pil 2:Shawin 3:Saint-M 4:Grand- 5:Saint-G 6:Shawini 7:Saint-B 8:Lac-à-la 9:Saint- 10:Char 11:Saint- 12:N-D-Mo
tion es igan athieu Mère eorges gan-Sud oniface -Tortue Élie ette Gérard nt-Carmel
1:Saint-Jea
n-des-Piles 0,000 6,478 1,837 4,696 3,586 4,232 3,559 3,519 3,121 3,536 3,739 3,918
2:Shawinig
an 6,478 0,000 7,217 2,486 5,607 3,309 6,153 6,339 7,521 7,068 6,930 6,196
3:Saint-Mat
hieu 1,837 7,217 0,000 5,216 3,844 4,591 3,207 3,167 1,679 2,878 3,070 3,522
4:Grand-Mè
re 4,696 2,486 5,216 0,000 3,266 0,890 3,767 3,957 5,264 4,719 4,554 3,775
5:Saint-Geo
rges 3,586 5,607 3,844 3,266 0,000 2,512 1,306 1,322 3,326 2,083 1,987 1,374
6:Shawinig
an-Sud 4,232 3,309 4,591 0,890 2,512 0,000 2,900 3,097 4,486 3,859 3,689 2,918
7:Saint-Bon
iface 3,559 6,153 3,207 3,767 1,306 2,900 0,000 0,239 2,293 1,018 0,827 0,480
8:Lac-à-la-
Tortue 3,519 6,339 3,167 3,957 1,322 3,097 0,239 0,000 2,228 0,847 0,696 0,587
9:Saint-Élie
3,121 7,521 1,679 5,264 3,326 4,486 2,293 2,228 0,000 1,701 1,826 2,494
10:Charette
3,536 7,068 2,878 4,719 2,083 3,859 1,018 0,847 1,701 0,000 0,374 1,263
11:Saint-Gé
rard 3,739 6,930 3,070 4,554 1,987 3,689 0,827 0,696 1,826 0,374 0,000 0,963
12:N-D-Mo
nt-Carmel 3,918 6,196 3,522 3,775 1,374 2,918 0,480 0,587 2,494 1,263 0,963 0,000
Ceci est une matrice de dissimilarités

Comme nous l’avons exposé au chapitre précédent, la matrice de proximité est symétrique, et la diagonale
des « 0,000 » la divise en deux parties semblables. La table de la «chaîne des agrégations (voir page précé-
dente) est divisée en sept colonnes. La première est celle des étapes auxquelles les regroupements de clas-
ses notées à la seconde et la troisième colonne ont lieu. Suit la colonne des coefficients, qui sont des distan-
ces euclidiennes. La dernière colonne, intitulée «étape suivante», indique l’étape à laquelle le regroupement
formé à la ligne pertinente va réapparaître dans la chaîne.

Ainsi, à l’étape 1, nous lisons : 7 sous « classe 1 », et 8 sous « classe 2 ». Dans la matrice de proximité, au
croisement de la colonne 7 (St-Boniface) et de la ligne 8 (Lac-à-la Tortue), nous trouvons le coefficient 0,239.
Nous le lisons aussi au croisement de la ligne 7 (St-Boniface) et de la colonne 8 (Lac-à-la Tortue) puisque la
distance Saint-Boniface-Lac-à-la-Tortue est la même que la distance Lac-à-la Tortue-Saint-Boniface. Ce coef-
ficient de 0,239 est la distance euclidienne entre Saint-Boniface et Lac-à-la Tortue. C’est aussi la distance la
plus courte entre deux municipalités de la MRC du Centre-de-la-Mauricie. C’est pourquoi le premier apparie-
ment entre deux municipalités de cette MRC se fait entre ces deux municipalités. Ainsi est formé le couple

62
Saint-Boniface-Lac-à-la-Tortue, ou le couple (7,8). À la colonne « étape suivante » de la première ligne de la
chaîne des agrégations, nous lisons « 3 » ; cette notation signifie que le regroupement (7,8) apparaîtra à la
troisième étape de la chaîne, et c’est pourquoi, à la troisième étape de la chaîne, sous « classe 1 », nous li-
sons « 7 », notation qui signifie le couple (7,8), alors que le « 8 » est sous-entendu.

La seconde distance la plus courte est 0,374 ( au croisement de la colonne 10 et la ligne 11 ). Le second ap-
pariement intervient entre Saint-Gérard et Charette, ou (10,11), appariement qui réapparaîtra à l’étape 4, où il
est noté « 10 » sous « classe 2 », « 11 » étant sous-entendu. À la troisième étape, c’est le couple Saint-Boni-
face-Lac-à-la-Tortue qui est apparié avec Notre-Dame-du-Mont-Carmel, selon la distance la plus courte de
0,480 et de 0,587, parce que Notre-Dame-du-Mont-Carmel est plus proche de Saint-Boniface (distance 0,480)
que de Lac-à-la-Tortue (distance 0,587). Est ainsi constitué le regroupement de trois municipalités formant le
triplet Saint-Boniface-Lac-à-la-Tortue-Notre-Dame-du-Mont-Carmel, ou le triplet «7,8,12), qui apparaîtra de
nouveau dans la chaîne à l’étape 4.

À la quatrième étape, l’appariement se fait entre le triplet Saint-Boniface-Lac-à-la-Tortue-Notre-Dame-du-Mont-Carmel


et le couple Saint-Gérard-Charette, ou (7,8,12) et (10,11), selon la distance la plus courte. C’est 0,696, qui est
au croisement de la colonne 8 et de la ligne 11, ce qui signifie que l’appariement entre le triplet et le couple se
fait selon la distance entre l’élément Lac-à-la Tortue du triplet et l’élément Charette du couple. Est ainsi consti-
tué le quintuple Saint-Boniface-Lac-à-la-Tortue-Notre-Dame-du-Mont-Carmel-Saint-Gérard-Charette, ou quin-
tuple (7,8,12,10,11), qui apparaîtra de nouveau dans la chaîne à l’étape 6. Et ainsi de suite jusqu’à la distance
la plus longue, soit 2,512.

Complexe ? Oui ! mais la réalité à saisir est complexe, ce qui exige un modèle méthodologiquement fondé.
Car, une telle réalité complexe ne se laisse pas saisir par un discours simpliste.

En conclusion, qu’est-ce que la première et la seconde preuve apportent à l’examen du Rapport Gélinas ?
Nous avons vu plus haut que le mandataire qualifie de « méthodologie » les démarches qu’il a entreprise afin
de « mieux cerner et comprendre la problématique soumise à [son] attention ». « Cerner et comprendre [une]
problématique », lorsque ce dernier terme est proprement entendu, exige des considérations méthodologi-
ques, le terme « méthodologie » étant alors à prendre au sens propre.

63
Maintenant qu’il est établi que le mandataire n’emploie pas le nom « méthodologie » au sens propre, en quoi
consiste son rapport ? Le mandataire donne une réponse en ces termes :
Tel que souligné précédemment, nous avons voulu, comme mandataire, mais également à titre de médiateur, bien
cerner la problématique découlant de l’absence de consensus initial. Pour cette raison, afin de permettre aux élus de
faire valoir leurs opinions et d’avoir une meilleure lecture de la situation, nous leur avons demandé de répondre à
des questions de vérification.

Pour des raisons d’efficacité, nous avons regroupé les réponses sous les thèmes suivants :
- Raisons de l’absence d’un consensus
- Motifs reliés à la non-progression du dossier
- Identification des intérêts à préserver
- Vision de la réorganisation municipale
- Attentes des intervenants suite à la nomination d’un mandataire. 44

Si nous sommes devant le rapport d’un « médiateur », quels sont les sujets qui constituent la matière à mé-
diation en 2000 ? La fouille de données à laquelle nous avons soumis le texte du mandataire révèle que :
1. l’expression « étalement urbain » y revient en 39 occurrences ;
2. et l’expression « concurrence improductive entre les municipalités voisines », en 23
occurrences.

Si le contenu du rapport était limité à ces a priori, nous en cesserions immédiatement l’examen. Mais, le rap-
port du mandataire contient une partie que ce dernier intitule et introduit en ces termes :
V- MOTIVATION DES RECOMMANDATIONS DU MANDATAIRE DU GOUVERNEMENT

Après avoir examiné chacune des propositions à leur mérite, analysé la documentation soumise et les opinions émi-
ses, vérifié les objectifs du Livre blanc sur la réorganisation municipale il incombe maintenant au mandataire du
Gouvernement de décider du choix de ses propositions. Dès lors, afin d’éclairer la Ministre à prendre une décision,
notre rapport en plus d’être objectif, doit être motivé. Ceci dit quelle est notre vision du Centre-de-la- Mauricie en
commençant par la Nouvelle Ville.45

Dans la « vision du Centre-de-la-Mauricie » que propose le mandataire, ce dernier fait une distinction entre
« les villes et les municipalités périurbaines et rurales »46. Étant donné les objectifs de notre étude, « les vil-
les » ne nous intéressent pas ; cependant, « les municipalités périurbaines et rurales » nous intéressent.
« Mais quelles sont [les] municipalités périurbaines ? », se demande le mandataire ; il répond :
Afin de répondre à cette interrogation, nous examinerons la situation et l’avenir des municipalités de Saint-Gérard-
des-Laurentides, Saint-Georges, Saint-Jean-des-Piles, Grande- Piles, Lac-à la-Tortue, Notre-Dame-du-Mont-Carmel
et Saint-Boniface. 47

Au « sommaire des recommandations », le mandataire écrit encore :


VII. SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
(...)
2- QUE la Nouvelle Ville de Shawinigan regroupe les municipalités de Shawinigan, Grand-Mère, Shawinigan-Sud,
Notre-Dame-du-Mont-Carmel, Saint-Georges-de-Champlain, Lac-à-la-Tortue (incluant une partie d’Hérouxville),

64
Saint- Gérard-des-Laurentides, Saint-Jean-des-Piles, Grandes-Piles et de Saint-Boniface si telle est la décision de la
Ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole. 48

On sait que « telle [ne fut pas] la décision de la Ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole »
puisque Notre-Dame-du-Mont-Carmel, Grandes-Piles et Saint-Boniface ne sont pas dans « la Nouvelle Ville
de Shawinigan ». Par ailleurs, toujours au « sommaire des recommandations », le mandataire écrit encore :
9- QUE la Collectivité rurale soit formée de trois municipalités dont deux regroupées soient Saint-Boniface et Cha-
rette, Saint-Élie et Saint-Mathieu-du-Parc et que Saint-Étienne-des-Grès dans la MRC Francheville fasse partie de la
Collectivité rurale du Centre-de-la-Mauricie. 49

L’examen du Rapport Gélinas, que nous entreprenons maintenant, se divisera donc ainsi :
Le secteur périurbain selon le mandataire
Le secteur rural selon le mandataire

LE SECTEUR PÉRIURBAIN SELON LE MANDATAIRE

Dès le point de départ, le mandataire mentionne qu’une « reconnaissance de la distinction entre les municipa-
lités rurales et les municipalités périurbaines contribuerait certainement à mieux comprendre la teneur de
[ ses ] propositions. »50 Quelle est la ligne de démarcation « entre les municipalités rurales et les municipalités
périurbaines » ? Le mandataire écrit :
« Référons-nous au Cadre de référence adopté par le Conseil des ministres le 22 octobre 1999 qui servira de guide
pour l’élaboration de la première Politique québécoise de la ruralité . Ce texte décrit les zones périurbaines en ces
termes :
« Les zones périurbaines sont localisées dans l’environnement immédiat des pôles urbains de toutes importances retrouvés
dans les différentes régions du Québec. Elles comptent sur une population qui tend à croître plus que la moyenne québé-
coise. La structure d’emploi et le profil des professionnels des populations de ces territoires sont similaires à ceux des muni-
cipalités urbaines qu’ils voisinent. Une partie de la main-d’œuvre, souvent plus de 50% travaille à la ville. Le taux de chô-
mage et le revenu moyen des ménages s’approchent des moyennes québécoises. Toutefois, la structure et l’intensification
des activités économiques peuvent représenter une menace pour le cadre de vie rural actuel, pour l’environnement et pour la
préservation du patrimoine propre au milieu rural. L’étalement urbain auquel sont confrontées beaucoup de zones a une
incidence sur l’aménagement et le développement du territoire de ces municipalités et provoque à l’occasion des conflits
d’utilisation. » 51

Bien que le mandataire ait bel et bien affirmé qu’une « reconnaissance de la distinction entre les municipalités
rurales et les municipalités périurbaines contribuerait certainement à mieux comprendre la teneur de nos pro-
positions », il écrit néanmoins :
Nous suggérons que la nouvelle ville de Shawinigan regroupe les 3 villes et les 6 municipalités périurbaines et rura-
les suivantes :
Shawinigan
Grand-Mère
Shawinigan-Sud
Notre-Dame-du-Mont-Carmel
Saint-Georges-de-Champlain

65
Lac-à-la-Tortue incluant une partie d’Hérouxville
Saint-Gérard-des-Laurentides
Saint-Jean-des-Piles
Grandes-Piles
Notons que même si la Municipalité de Saint-Boniface n’est pas dans cette liste, ceci ne veut pas dire que la Minis-
tre ne serait pas justifiée, malgré notre proposition conditionnelle, de la regrouper à la nouvelle ville.

Afin de faire ressortir le caractère pour le moins déroutant de la « teneur de [ ces ] propositions », nous avons
calculé l’indice composé pertinents aux données du Tableau 9 en y ajoutant Saint-Étienne-des-Grès, introduit
la division en déciles et en quartiles et la recommandation du mandataire, ce qui donne le Tableau 11 :

Tableau 11

Municipalité NoClasse NomClasse Indice_composé Déciles Quartiles Recommandation


Charette 1 de 1 à 1 999 1,63 rurale
Grandes-Piles 1 de 1 à 1 999 2,40 ville
4,62
Saint-Élie 1 de 1 à 1 999 9,81 rurale
12,17
Saint-Gérard 2 de 2 000 à 4 999 13,73 ville
14,08 13,83
Saint-Jean 1 de 1 à 1 999 14,12 ville
Saint-Mathieu 1 de 1 à 1 999 25,66 rurale
33,86
Lac-à-la-Tortue 2 de 2 000 à 4 999 66,65 ville
80,76 80,76
Saint-Étienne 2 de 2 000 à 4 999 94,86 rurale
137,47
Saint-Boniface 2 de 2 000 à 4 999 148,12 ville ou rurale
N-D-du-Mont-Carmel 3 de 5 000 et plus 184,82 ville
187,75 206,76
Saint-Georges 2 de 2 000 à 4 999 214,08 ville
6491,17
Shawinigan-Sud 3 de 5 000 et plus 15 906,81 ville
30346,73
Grand-Mère 3 de 5 000 et plus 36 535,26 ville
Shawinigan 3 de 5 000 et plus 211 259,53 ville

Il ressort du Tableau 11 que la recommandation du mandataire présente un caractère hétéroclite qu’explique


le manque de méthodologie dont nous avons parlé plus haut. Par exemple, le mandataire recommande d’in-
clure dans la nouvelle ville les municipalités du quatrième quartile, toutes situés dans les déciles 9 et 10. Mais,
il y inclut aussi une des deux municipalités du premier décile (Grandes-Piles), une municipalité du troisième
(Saint-Gérard), une des deux municipalités du quatrième (Saint-Jean), une municipalité du cinquième (Lac-à-

66
la-Tortue), une ou deux municipalités du septième (Notre-Dame-du-Mont-Carmel) et une municipalité du hui-
tième (Saint-Georges). Le Tableau 11 expose ainsi comment fut amorcée la désorganisation du Centre-de-la-
Mauricie, maintenant disparu de la carte municipale.

Nous allons néanmoins examiner de plus près ce que le mandataire écrit à propos de Notre-Dame-du-Mont-
Carmel et de Saint-Boniface.

NOTRE-DAME-DU-MONT-CARMEL
Lorsqu’il aborde le cas de la municipalité « périurbaine » de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, le mandataire
commence comme suit :
Son territoire d’une superficie de 126,6 km2 est urbain à 5% et zoné agricole à 85% soit le pourcentage le plus éle-
vé au Centre-de-la-Mauricie. Selon nos informations, le nombre de producteurs agricoles oscille entre 16 et 24, dont
quatre se spécialisant dans la culture des pommes de terre.
En s’appuyant sur les données du Profil agricole du Québec, Agriculture, Recensement, Statistique Canada, 1996,
p. 233 à 233 nous obtenons les renseignements suivants : en ce qui a trait au nombre de fermes, après Saint- Boni-
face avec 39 et Grand-Mère avec 31, on retrouve 22 fermes à Notre-Dame-du-Mont-Carmel . Superficie totale des
fermes : 4854 âcres. Terres en culture : 2419. Le total du capital agricole s’élève à 5 961 364 $ alors que celui de
Shawinigan-Sud se chiffre à 5 149 045 $. Au montant de 1 733 761 $, les revenus agricoles totaux sont moins élevé
qu’à Grand-Mère où ils se situent à 1 718 785. Les dépenses totales sont de 1 634 668 $ sensiblement les mêmes
qu’à Grand-Mère 1 579 620 $. 52

La municipalité de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, qui est « périurbaine » aux dires du mandataire, a un « terri-


toire (...) urbain à 5% et zoné agricole à 85% soit le pourcentage le plus élevé au Centre-de-la-Mauricie ».
C’est une donnée de fait plutôt claire et importante. Le mandataire y ajoute des « informations » où il compare
Notre-Dame-du-Mont-Carmel, municipalité « périurbaine », dit-il, à Shawinigan-Sud et à Grand-Mère, deux
municipalités « urbaines », en ces termes :
1. nombre de fermes :
1.1. 22 à Notre-Dame-du-Mont-Carmel
1.2. 31 à Grand-Mère

2. total du capital agricole :


2.1. 5 961 364 $ à Notre-Dame-du-Mont-Carmel
2.2. 5 149 045 $ à Shawinigan-Sud
3. revenus agricoles totaux :
3.1. 1 733 761 $ à Notre-Dame-du-Mont-Carmel
3.2. 1 718 785 à Grand-Mère
4. dépenses totales :
4.1. 1 634 668 $ à Notre-Dame-du-Mont-Carmel
4.2. 1 579 620 $ à Grand-Mère.

67
Et la conclusion du mandataire se lit comme suit : « Nous recommandons que la Municipalité de Notre-Dame-
du-Mont-Carmel fasse partie de la Nouvelle Ville », où se trouvent aussi Shawinigan-Sud et Grand-Mère.

Quiconque s’y connaît en logique ne peut pas ne pas remarquer le faux raisonnement que commet ici le
mandataire. En effet, son paralogisme est rendu manifeste par l’exemple suivant :
Tout ours polaire est de fourrure blanche.
Tout blanchon est de fourrure blanche.
Donc, tout blanchon est un ours polaire.

La suite du texte écrit par le mandataire rend encore plus évident son faux raisonnement. En effet, le manda-
taire réfère à un « document remis au mandataire du Gouvernement» par « le maire » de Notre-Dame-du-
Mont-Carmel, document où ce dernier « a identifié ainsi les principales caractéristiques qui plaident en faveur
du rattachement de la municipalité à la collectivité rurale plutôt qu’à l’agglomération urbaine :
- La municipalité ne rencontre pas les critères pour être incluse à l’agglomération de recensement, elle est
éloignée du centre de l’agglomération et la trame urbaine n’est pas contiguë à la Ville de Shawinigan
- Les habitations surtout familiales isolées sont disséminées sur le territoire
- L’absence de réseau d’égout
- La présence de nombreuses sablières incompatibles avec le milieu urbain
- La municipalité n’est pas desservie par l’autoroute 55
- La municipalité est aux limites des MRC du Centre-de-la-Mauricie et de celle de Francheville
- La population active se répartie entre Shawinigan et Grand-Mère
- Le territoire est zoné agricole à 85% et 24 producteurs sont répartis sur tous les rangs de la municipalité
- L’importance du territoire forestier et des tourbières, paysage agroforestier
- La liaison avec les municipalités rurales de Saint-Étienne-des-Grès, Lac-à-la- Tortue et de la communau-
té rurale des Chenaux
- L’application du Code municipal
- L’autonomie sur le plan communautaire, des loisirs et de la culture et le fort sentiment d’appartenance
des citoyens à leur municipalité
- La bonne situation financière : faible endettement, taux de taxation peu élevé, coût inférieur des services
- Une fonction industrielle et commerciale faible et l’absence quasi totale d’institutions et d’équipements
gouvernementaux
- L’absence de parc industriel et de service de transport en commun
- La présence de services et d’équipement de type rural :plusieurs kilomètres de chemins, chemins en
gravier, nombreux fossés, installations septiques
- L’alimentation en eau par puits souterrain
- Le ralentissement de la construction résidentielle au cours des années et l’augmentation de la proportion
de propriétaires issus de la municipalité. »53

Que pense le mandataire de ces «principales caractéristiques qui plaident en faveur du rattachement de la
municipalité à la collectivité rurale plutôt qu’à l’agglomération urbaine » ? Il écrit : « Toutes ces raisons jointes

68
à la nécessité de conserver le lien avec la collectivité rurale mais surtout un juste équilibre entre la nouvelle
ville et la collectivité rurale militent en faveur du statu quo. »54 Alors, comment s’explique la conclusion que
nous avons lu plus haut ? C’est que le mandataire enchaîne comme suit : « Mais partant de là, il convient de
s’interroger sur l’opportunité de rattacher ou non une partie du territoire de la Municipalité de Notre-Dame-du-
Mont-Carmel à la nouvelle ville, soit la partie nord jusqu’à la côte Cachée. »55

La trame du faux raisonnement tenu par le mandataire est ainsi tissée : le rattachement à la collectivité rurale
plutôt qu’à l’agglomération urbaine d’une municipalité dont le territoire est urbain à 5% et zoné agricole à 85%,
soit le pourcentage le plus élevé au Centre-de-la-Mauricie, ce qui est le cas de Notre-Dame-du-Mont-Carmel,
est justifié par des caractéristiques principales et par un juste équilibre entre la nouvelle ville et la collectivité
rurale ; sauf que, partant de là, il convient de s’interroger sur l’opportunité de rattacher ou non une partie du
territoire de Notre-Dame-du-Mont-Carmel à la nouvelle ville.

Le mandataire ne retient pas cette partition du territoire, et il écrit : « Nous préférons opter pour le rattache-
ment en totalité de la Municipalité à la Nouvelle Ville et ce pour les raisons suivantes : (...)
- La municipalité de Notre-Dame-du-Mont-Carmel sera en continuité avec la Nouvelle Ville ainsi qu’avec Saint-
Louis-de-France qui est identifiée comme une municipalité périurbaine et qui pourrait éventuellement être regrou-
pée à la ville de Trois-Rivières.
- Le lien de Notre-Dame-du-Mont-Carmel avec la municipalité rurale est peu significatif. Aucune démonstration con-
cluante n’a été faite à ce sujet.. La route à une voie du barrage de La Gabelle n’est pas une raison suffisante pour
justifier le maintien de Notre-Dame-du-Mont-Carmel dans la collectivité rurale.
- La capacité de la Nouvelle Ville de bien gérer aussi bien la partie urbaine qui s’étend de la limite de Shawinigan-
Sud au rang Saint-Flavien que la partie rurale de la limite de Saint-Louis-de-France (rang Sainte-Marguerite) au rang
Saint- Félix. Notons que les villes de Grand-Mère et de Shawinigan-Sud ont déjà une expertise du secteur rural. À
preuve, ensemble ces deux villes ont sur leur territoire 50 producteurs agricoles soient 19 de plus que Notre-Dame-
du-Mont-Carmel et 11 de moins que Saint-Boniface et Notre-Dame-du-Mont-Carmel réunies. Quant à la superficie
totale des fermes, elle totalise 10 720 âcres dans les deux villes comparativement à 4854 âcres à Notre-Dame-du-
Mont-Carmel. Le capital agricole est de près de 14 M$ dans les deux villes alors qu’il s’élève à 6 M$ à Notre-
Dame-du-Mont-Carmel.
- L’importance pour le développement récréotouristique que la Nouvelle Ville puisse avoir une unité de commande-
ment sur la rivière Saint-Maurice. 56

La première des « raisons » fait un lien avec la problématique de la MRC de Francheville, que nous avons
étudiée au chapitre précédent. La seconde des « raisons » trouve « peu significatif » que Notre-Dame-du-
Mont-Carmel ait un « territoire (...) zoné agricole à 85% soit le pourcentage le plus élevé au Centre-de-la-Mau-
ricie » ; selon le mandataire, « aucune démonstration concluante n’a été faite à ce sujet ». Dans l’énoncé de la
troisième des « raisons », on reconnaît le paralogisme qui vicie la « démonstration » du mandataire. Quant à
la quatrième, elle justifierait un regroupement de Shawinigan avec Trois-Rivières.

69
SAINT-BONIFACE-DE-SHAWINIGAN
En ce qui concerne Saint-Boniface-de-Shawinigan, le mandataire fait état de plusieurs caractères chiffrés,
mais sans se soumettre à la méthodologie requise en statistique descriptive. Comme nous l’avons lu plus plus
haut, à propos de la « Nouvelle ville », le mandataire écrit :
Notons que même si la Municipalité de Saint-Boniface n’est pas dans cette liste, ceci ne veut pas dire que la Minis-
tre ne serait pas justifiée, malgré notre proposition conditionnelle, de la regrouper à la nouvelle ville.

Qu’écrit le mandataire à propos de « l’opportunité ou non de proposer le regroupement de Saint-Boniface-de-


Shawinigan à la nouvelle ville » ? Le mandataire soulève deux interrogations : une avec partition du territoire,
et une autre sans partition.

« Pourquoi ne pas regrouper à la ville qu’une partie du territoire de Saint- Boniface, soit la partie
urbanisée située entre l’autoroute 55 et le rang Saint-Onge (plus 1 kilomètre vers l’ouest) de
même qu’un corridor de ladite municipalité compris entre la rivière Saint-Maurice et l’autoroute
55 ? »57

Le mandataire, qui écrit en 2001, souligne que « les tenants de cette option évoquent le fait que tout en per-
mettant la consolidation de la vocation rurale de cette municipalité, l’annexion de cette partie de territoire
maximisera les possibilités pour la nouvelle ville de relocaliser à l’intérieur de ses limites l’usine Shawinigan
de la société Alcan. Par conséquent, la nouvelle ville pourrait choisir de localiser son futur parc industriel à
grand gabarit le long de l’autoroute 55, à la hauteur du viaduc du Chemin Bellevue. » Nous avons appris, de-
puis lors, que Rio Tinto Alcan envisage une autre « option ».

Quoi qu’il en soit, le mandataire répond à la question soulevée comme suit :


Et maintenant, après avoir examiné les deux côtés de la médaille, devons- nous suggérer à la Ministre de regrouper
une partie du territoire de la municipalité de Saint-Boniface à l’agglomération urbaine?
Nous répondons par la négative à cette question. Cette municipalité constitue une entité homogène qui vit en équili-
bre avec chacune de ses composantes. En retirer l’agriculture, une partie de sa population ou de ses commerces
qui desservent la population risquerait de provoquer un recul et pourrait avoir comme conséquence de réduire l’en-
gagement , l’implication et le dynamisme de ses citoyens envers la communauté.58

« Par contre, (...) une autre interrogation se pose : la Municipalité de Saint-Boniface devrait-elle
faire partie de la Nouvelle Ville ? » 59

À cette question, le mandataire donne deux réponses. La première, idéologique, se lit comme suit :

Idéalement, à cause principalement des effets de débordements, la Municipalité de Saint-Boniface devrait faire par-
tie de l’agglomération urbaine. Pour cette raison, en se fondant sur les objectifs du Livre blanc, sur la réorganisation
municipale la Ministre serait tout à fait justifiée de favoriser cette option. 60

70
Compte tenu des objectifs de cette étude, c’est la seconde qui est plus intéressante pour nous. En effet, le
mandataire écrit :
Cette considération étant faite, force est de constater l'existence dans le contexte actuel, de plusieurs inconnus à
savoir :
• La décision de la Ministre concernant la Municipalité de Saint-Étienne-des- Grès, qui dans notre recomman-
dation est une composante essentielle de la Collectivité rurale du Centre-de-la-Mauricie
• La décision de la Ministre relativement à la composition des MRC voisines ou de leurs fusions éventuelles
• La décision de la Ministre sur l'opportunité de regrouper ou non les communautés rurales de Francheville et
du Centre-de-la-Mauricie.
Face à ces différents scénarios, il nous est apparu sage de faire preuve de réserve et d’agir avec beaucoup de cir-
conspection. Pour cette raison, afin de guider la Ministre dans sa réflexion, nous avons tenu à exposer les faits dans
la plus stricte objectivité. Si bien, que sans préjuger de l’avenir, nous avons jugé opportun, dans le contexte actuel et
afin de favoriser un juste équilibre entre la nouvelle ville et la Collectivité rurale, de faire la recommandation que
nous verrons ultérieurement. 61

« Force est de constater l'existence dans le contexte actuel, de plusieurs inconnus », écrit le mandataire qui
s’occupe du cas de la MRC du Centre-de-la-Mauricie. Mais, le mandataire s’occupant du cas de la MRC de
Francheville écrivait : « Plusieurs inconnus limitent actuellement la capacité de quiconque voudrait définir la
MRC de demain »62 , comme nous l’avons vu plus haut. Et il poursuivait en ces termes : « La municipalité de
Saint-Étienne-des-Grès ne peut être classée maintenant dans cet ensemble dans la mesure où elle se situe
en discontinuité avec le territoire de la communauté rurale. Toutefois, l’appartenance de cette municipalité
devra être précisé dans une perspective plus large que le territoire actuel de la MRC ; dans une perspective
régionale. »63

« Cette recommandation étant faite, écrit le mandataire qui s’occupe de la MRC du Centre-de-la-Mauricie,
revenons aux particularités de Saint-Boniface et à la motivation de notre recommandation », qui, souvenons-
nous, est « idéalement, à cause principalement des effets de débordements », d’inclure Saint-Boniface dans
la « Nouvelle ville ». Mais, avant d’exposer ces « particularités », un retour en arrière s’impose.

Rappelons-nous que le mandataire mentionnait qu’une « reconnaissance de la distinction entre les municipali-
tés rurales et les municipalités périurbaines contribuerait certainement à mieux comprendre la teneur de
[ ses ] propositions ». Selon le Petit Robert, « confus » est le contraire de « distinct » ; ce qui est distinct n’est
pas confus, et ce qui est confus n’est pas distinct. Bref, si « la distinction entre les municipalités rurales et les
municipalités périurbaines [contribue] certainement à mieux comprendre la teneur de (...) propositions », « la
teneur de [ces] propositions » n’est pas confuse ; par contre, si « la teneur de (...) propositions» est confuse,
c’est qu’il n’y a pas de « distinction entre les municipalités rurales et les municipalités périurbaines ».

71
Alors, quelles sont les « particularités locales de Saint-Boniface » selon le mandataire ? Ce dernier écrit :
• Il y a d’abord lieu de rappeler la place importante et le poids significatif de Saint-Boniface relativement au sec-
teur agricole dans la MRC.
• Ensuite, nul n’ignore que Saint-Boniface est un pôle rassembleur des activités communautaires et sociales d’une
grande partie du secteur rural. Qu’il nous suffise de mentionner la Fête des aînés qui rassemble 800 personnes
du secteur rural, la Foire commerciale, les ententes intermunicipales avec les municipalités de Saint-Étienne-
des-Grès, Saint-Barnabé-Nord et Charette.
• En ce qui concerne le domaine de l’éducation, l’école primaire Sainte-Marie, regroupe 400 écoliers des munici-
palités de Saint-Boniface, Charette, Saint- Élie et de Saint-Barnabé.
• Le domaine culturel n’est pas en reste : le nouveau pavillon de la culture qui est accessible au milieu rural com-
prend une bibliothèque construite au coût de 520 000 $, une salle multifonctionnelle et un centre d’accès Inter-
net.
• Enfin, dans le contexte, le retrait de Saint-Boniface des municipalités rurales pourrait avoir comme conséquence
d’entraîner non seulement une remise en question des municipalités voisines quant au maintien de leur apparte-
nance à la MRC du Centre-de-la-Mauricie mais également des départs éventuels vers des MRC voisines. Pen-
sons notamment à Saint-Élie avec Saint-Barnabé et Charette et Saint-Mathieu-du- Parc avec Saint-Paulin, deux
de ces municipalités sont dans la MRC de Maskinongé et toutes ont des fonctions reliées à la foresterie et à la
villégiature.64

Si la municipalité de Saint-Boniface-de-Shawinigan, comme l’écrit explicitement le mandataire, occupe une


« place importante et [prend] un poids significatif (...) relativement au secteur agricole », qu’elle « est un pôle
rassembleur des activités communautaires et sociales d’une grande partie du secteur rural », et que, « dans
le contexte, [son] retrait [...) des municipalités rurales pourrait avoir comme conséquence d’entraîner non seu-
lement une remise en question des municipalités voisines quant au maintien de leur appartenance à la MRC
du Centre-de-la-Mauricie », une « reconnaissance de la distinction entre les municipalités rurales et les muni-
cipalités périurbaines » s’impose : Saint-Boniface-de-Shawinigan se classe parmi les municipalités rurales.

Pourtant, le mandataire écrit : « Bien qu'une distance de 10 kilomètres sépare les limites de la Ville de Shawi-
nigan de la rue principale de Saint-Boniface, une évidence s'impose : cette municipalité peut être considérée
comme une municipalité satellite de Shawinigan. »65

Comment s’explique « la teneur » de cette dernière proposition ? Le mandataire écrit :


Parfois, dans certaine situations particulières lorsque, malgré les risques d’étalement urbain et de développement
industriel, on doit respecter un certain équilibre entre le pôle urbain et le pôle rural des conditions s’imposent.
Malgré ce qui vient d'être dit, si la Ministre décidait de ne pas rattacher Saint- Boniface à la Nouvelle Ville, nous lui
recommandons d'imposer les conditions suivantes :
Participation de Saint-Boniface au financement des équipements supralocaux
Exigence stricte pour contrer l'étalement urbain et le développement industriel
Réévaluation de Saint-Boniface par la Nouvelle Ville et le Gouvernement avant le 1er janvier 2005.66

72
En un mot comme en mille, ce n’est pas la « reconnaissance de la distinction entre les municipalités rurales et
les municipalités périurbaines [qui contribuera] certainement à mieux comprendre la teneur de [ces] proposi-
tions », qui se perdent dans une grande confusion.

Comment s’explique cette confusion ? Allons prendre connaissance de ce que le mandataire a « tenu à expo-
ser (...) dans la plus stricte objectivité » pour la « collectivité rurale », et ce, « afin de guider la Ministre dans sa
réflexion ».

LE SECTEUR RURAL SELON LE MANDATAIRE

« S’il est un vocable aujourd’hui utilisé dans des acceptations les plus variées , c’est bien celui de la ruralité.
Chacun y apporte ses inquiétudes et ses passions montrant au besoin combien le caractère éminemment
agraire de notre pays est encore fortement ancré dans les mentalités. », selon le mandataire. « Mais, il faut
reconnaître que la ruralité moderne est confrontée à plusieurs défis qui ont trait à l’occupation du territoire, à
l’économie, au développement durable, à la vitalité sociale et culturelle, à l’adaptation gouvernementale aux
réalités rurales et à la prise en charge de leur développement par les communautés rurale. L’espace rural
québécois est un milieu de vie complexe et hétérogène qui évolue au rythme de la société globale », écrit le
mandataire.67

De quoi serait fait ce « milieu de vie complexe et hétérogène » ? « La Collectivité rurale pourrait être formée
des trois composantes suivantes :
♦ Une seule municipalité regrouperait volontairement les municipalités de Saint- Boniface et de Cha-
rette. La population de ces municipalités est de 5158 habitants.
♦ Une seule municipalité regrouperait volontairement les municipalités de Saint-Élie et de Saint-Mathieu-
du-Parc. La population de ces municipalités est de 2 841 habitants.
♦ La municipalité de Sainte-Étienne-des-Grès actuellement dans la MRC de Francheville dont le terri-
toire est en continuité avec Saint-Boniface et Charette, sa population est de 3 890 habitants. » 68

« Pour répondre aux défis soulevés par la ruralité et assurer le bon fonctionnement des municipalités rurales,
il serait approprié de doter la gouverne municipale rurale d’une capacité d’action renforcée. Dans cette pers-
pective, écrit le mandataire, nous recommandons la création d’une Collectivité rurale et pour faire le lien avec
la Nouvelle Ville, la mise sur pied d'une Commission conjointe d’aménagement et de développement. » 69

73
Ainsi, poursuit le mandataire, « la qualité de vie des citoyens bénéficiera de la prise en charge de responsabi-
lités additionnelles par une MRC ajustée à leurs besoins qui répondra véritablement aux besoins spécifiques
des ruraux sans être confronté aux villes. Aussi, cette Collectivité rurale dotée d’une structure souple et finan-
cée par les municipalités rurales pourra avoir une emprise significative sur les enjeux qui se posent dans des
domaines aussi variés que l’aménagement du territoire, le logement social et le développement économi-
que » 70.
—0—

Le mandataire s’occupant du cas de la MRC de Francheville écrit : « La municipalité de Saint-Étienne-des-


Grès ne peut être classée maintenant dans cet ensemble dans la mesure où elle se situe en discontinuité
avec le territoire de la communauté rurale. Toutefois, l’appartenance de cette municipalité devra être précisé
dans une perspective plus large que le territoire actuel de la MRC ; dans une perspective régionale. » Et le
mandataire qui s’occupe du cas de la MRC du Centre-de-la-Mauricie recommande que « Saint-Étienne-des-
Grès qui fait partie de la MRC de Francheville [soit] rattachée à la Collectivité rurale du
Centre-de-la-Mauricie ».71

Saint-Étienne-des-Grès et Notre-Dame-du-Mont-Carmel sont contiguës : elles sont unies par le Parc de la


Gabelle, dont elles sont les usagers conjoints au sein de la Corporation inter-rives, avec Hydro-Québec. Le
barrage est d’ailleurs un lien routier très fréquenté.

« Force est de constater l'existence dans le contexte actuel, de plusieurs inconnus », écrit encore le manda-
taire qui s’occupe du cas de la MRC du Centre-de-la-Mauricie. Et le mandataire s’occupant du cas de de la
MRC de Francheville va dans le même sens : « Plusieurs inconnus limitent actuellement la capacité de qui-
conque voudrait définir la MRC de demain »72, comme nous l’avons vu plus haut.

Si notre compte-rendu des travaux accomplis par les mandataires est apparu sans complaisance à leur égard,
le moment est venu de rectifier cette impression. En effet, les mandataires du Gouvernement du Québec se
sont fait attribuer une tâche difficile, voire impossible. En effet, comme nous l’avons lu dans les Notes sur la
théorie de l’organisation écrites par Lyndall Fownes Urwick, le premier des Dix principes d’Urwick se lit ainsi :
Principe de la fin — Toute organisation et toute partie d’une organisation doit être l’expression de la fin de l’entre-
prise pertinente, sinon elle est dépourvue de sens et donc redondante. Vous ne pouvez pas organiser dans le vide ;
vous devez organiser en vue d’une fin.

74
Or, de leur propre aveu, les mandataires faisaient face à « plusieurs inconnus ». Pourquoi le Gouvernement
du Québec les a-t-il ainsi laissés dans l’inconnu ? Gouverner est une mission difficile. Au moment où le
Gouvernement du Québec entreprend la réorganisation municipale, plusieurs autres grands chantiers sont en
préparation. Par exemple, c’est le 6 décembre 2001 qu’est dévoilée la toute première Politique nationale de la
ruralité au Québec qui « incite les ministères et organismes à moduler leurs services et programmes afin de
mieux les adapter aux particularités des milieux ruraux ». 73 Évidemment, les mandataires ne pouvaient pas la
connaître au moment de leurs travaux.

Il s’ensuit que, au moment où le Gouvernement du Québec confie aux mandataires la mission de lui faire des
recommandations sur la MRC du Centre-de-la-Mauricie et la MRC de Francheville, la tâche qu’il leur confie
consiste, dans une large mesure, à « organiser dans le vide ». Le chapitre suivant en fait mieux état.

38 Rapport Gélinas, p. 1
39 Rapport Gélinas, p. 1
40 Rapport Gélinas, p. 2-3
41 Rapport Gélinas, p. 69, 74, 83 et 91
42 Voir : capsule méthodologique 5
43 Rapport Gélinas, p. 23, 24, 67, 78-79, 97-98
44 Rapport Gélinas, p. 25-26 ; voir aussi p. 30
45 Rapport Gélinas, p. 58
46 Rapport Gélinas, p. 20
47 Rapport Gélinas, p. 65
48 Rapport Gélinas, p. 132
49 Rapport Gélinas, p. 133 ; les caractères en italique sont de nous.
50 Rapport Gélinas, p. 64
51 Rapport Gélinas, p. 64-65
52 Rapport Gélinas, p. 90-91
53 Rapport Gélinas, p. 92-93
54 Rapport Gélinas, p. 93
55 Rapport Gélinas, p. 93
56 Rapport Gélinas p. 96
57 Rapport Gélinas, p. 99
58 Rapport Gélinas, p. 103
59 Rapport Gélinas, p. 104
60 Rapport Gélinas, p. 104
61 Rapport Gélinas, p. 104

75
62 Rapport Thibault, p. 39
63 Rapport Thibault, p. 27
64 Rapport Gélinas, p. 105
65 Rapport Gélinas, p. 108
66 Rapport Gélinas, p. 108
67 Rapport Gélinas, p. 114-115
68 Rapport Gélinas, p. 116
69 Rapport Gélinas, p. 116
70 Rapport Gélinas, p. 117
71 Rapport Gélinas, p. 115
72 Rapport Thibault, p. 39
73 Politique nationale de la ruralité,
http://www.premier-ministre.gouv.qc.ca/salle-de-presse/communiques/2001/decembre/2001-12-06a.shtm

76
“ ANALYSE FROIDE ET RATIONNELLE ”

Le rapport sur la réorganisation municipale dans la MRC de Francheville est déposé le 15 février 2001 ; celui
sur la réorganisation municipale dans la MRC du Centre-de-la-Mauricie, le 30 avril 2001. Or, le 26 avril 2001,
le ministre des Affaires municipales confie « le mandat d’examiner le fonctionnement de 28 MRC dites mixtes,
soit des MRC ayant comme caractéristique principale d’être à la fois urbaine et rurale »74 au Groupe de travail
sur le fonctionnement des municipalités régionales de comté à caractère urbain et rural. Ce Groupe de travail,
formé de Francine Ruest-Jutras et de Roger Nicolet, remet son rapport le 15 octobre 2001.

Dans « la mise en contexte » qu’il fait de son mandat, le Groupe de travail rappelle que, « au tournant des
années quatre-vingt, le gouvernement québécois a résolu de constituer une structure intermédiaire entre les
administrations municipales et l’appareil gouvernemental », et ce, afin « d’asseoir le monde urbain et le
monde rural à la même table en vue de concerter leurs actions en matière d’aménagement du territoire, dans
un premier temps en tous cas. (...) Vingt ans plus tard, poursuit le Groupe de travail, il a semblé essentiel de
revoir le tout à la lumière de certaines grandes tendances qui orientent l’évolution de notre société, comme
elles transforment l’ensemble des sociétés occidentales : urbanisation croissante et parfois galopante, métro-
polisation et étalement urbain ; transformation des activités agricoles et des milieux de vie dans la partie rurale
de nos sociétés; mondialisation des échanges et concurrence de plus en plus vive, non plus seulement entre
les pays, mais également entre les villes et les régions, à l’intérieur de pays et entre les pays. Voilà les réalités
qui interpellent ceux et celles qui ont à réfléchir et à préparer les institutions publiques en vue de les rendre
réceptives aux opportunités et aux défis qui les accompagnent.» 75, conclut-il.

À la lecture de cette “ fresque grandiose ”, une question ne peut pas manquer de surgir à l’esprit. Si « au tour-
nant des années quatre-vingt », on a résolu « d’asseoir le monde urbain et le monde rural à la même table en
vue de concerter leurs actions en matière d’aménagement du territoire », comment est-il possible que, « vingt
ans plus tard », il soit devenu « essentiel de revoir le tout à la lumière de certaines grandes tendances qui
orientent l’évolution de notre société, comme elles transforment l’ensemble des sociétés occidentales ».
Qu’est-ce que la « structure intermédiaire » et « l’appareil gouvernemental » ont fait d’autre que de « s’as-
seoir » durant ces » vingt ans » ? « Organiser dans le vide », ne serait-ce pas cela ?

Dans sa « synthèse des mémoires et des comptes rendus des rencontres », le Groupe de travail fait état de la
MRC du Centre-de-la Mauricie en ces termes :

77
MRC CENTRE--DE-LA-MAURICIE
MRC : Regroupe 12 municipalités et 1 TNO.
Ville--centre : Shawinigan (27,3% de la population).
AR : Comprend 7 municipalités représentant 80,4% de la population de la MRC.
Richesse foncière uniformisée per capita : 33 652$ à Shawinigan et 33 107$ à la MRC.
Dépenses nettes de fonctionnement par capita : 1 043$ à Shawinigan et 761$ pour la MRC.
Emplois : 23 459 dont 95,7% pour l’AR.

Ni la MRC, ni les municipalités la constituant, n’ont souhaité rencontrer le groupe de travail. Un échange de lettres,
quelques conversations téléphoniques et la présence à un colloque organisé à Saint-Étienne-des-Grès le 6 octobre
2001 nous permettent de proposer la présentation suivante de cette MRC :

«(…) Dans la MRC du Centre-de-la-Mauricie, les municipalités appelées à joindre les rangs de MRC périphériques
ne le feront peut-être pas de gaïté de coeur, mais y parviendront au terme d’une analyse froide et rationnelle de
l’évolution des forces ainsi que de leurs intérêts en regard de ceux de la MRC. En effet, la consolidation du coeur de
l’agglomération laisse bien peu de municipalités à l’extérieur de ce nouveau noyau. D’où l’idée de rattacher ces
«municipalités orphelines» à des MRC limitrophes.

Lors d’une journée d’étude tenue le 6 octobre dernier, les 37 municipalités situées à l’extérieur des deux nouvelles
villes ont échangé sur des scénarios de rattachement de municipalités à l’une ou l’autre des MRC de Maskinongé (4
municipalités de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) ou de Des Chenaux (Notre-Dame-du-Mont-Carmel ancienne-
ment de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) et du transfert d’une municipalité, soit Saint-Étienne-de-Grès, d’une MRC
(Des Chenaux) à l’autre (Maskinongé). La centaine de représentants de ces 37 municipalités ont également soupe-
sé les avantages et les inconvénients de regrouper les trois MRC en une ou deux entités, ainsi que les formules
pour entretenir le dialogue dans la région: commission conjointe d’aménagement, table de concertation à cinq (deux
villes et trois MRC) ou à trois (les trois MRC rurales), table des préfets, etc. ». ( Extrait du présent rapport ) 76

Quelle fut cette « analyse froide et rationnelle de l’évolution des forces ainsi que de leurs intérêts en regard de
ceux de la MRC » ? Au cours de nos recherches, nous n’en avons découvert aucune trace. Cependant, les
données auxquelles réfèrent le Groupe de travail sont celles de 2001, données que nous possédons. Le Ta-
bleau 12 (voir page suivante) reproduit des extraits de ces données de 2001 pour les 51 municipalités des
MRC de Mékinac, Centre-de-la-Mauricie, Francheville et Maskinongé.

Nous n’avons conservé que les données numériques ; la classification établie par le Ministère des affaires
municipales pour le calcul de ses indices ne nous est pas utile, et ce, pour des raisons que nous avons déjà
exposées ; nous négligeons aussi certaines données nominales telle que le nom de la région (Mauricie), son
code (région 04).

Grâce à ces données, il nous est donc loisible de conduire une « analyse froide et rationnelle » et de voir ce
qui en résulte.

78
Tableau 12
Prévisions budgétaires des organismes municipaux - 2001 Ratios financiers et indices Municipalités locales

Population Dépenses de Dépenses Taux global de Richesse foncière Rich.fonc.unif. Dépenses par 100$
Code Municipalité Subst. 2001 fonct.nettes* per capita taxation uniformisé uniformisée per capita de rich.fonc.unif. NomESM
35005 Notre-Dame-de-Montauban 906 686 099 757,28 1,6729 34 845 227 38 460,52 1,9690 Mékinac
35010 Lac-aux-Sables 1 483 944 891 637,15 1,2866 64 984 065 43 819,33 1,4540 Mékinac
35015 Saint-Adelphe 1 011 792 329 783,71 1,6998 38 023 945 37 610,23 2,0838 Mékinac
35020 Saint-Séverin 932 559 448 600,27 1,4032 33 362 936 35 797,14 1,6769 Mékinac
35027 Saint-Tite 4 000 2 324 626 581,16 1,3064 144 813 497 36 203,37 1,6053 Mékinac
35035 Hérouxville 1 347 666 326 494,67 1,5894 36 828 099 27 340,83 1,8093 Mékinac
35040 Grandes-Piles 358 441 779 1 234,02 1,1264 25 753 568 71 937,34 1,7154 Mékinac
35045 Saint-Roch-de-Mékinac 303 264 396 872,59 1,2541 19 280 205 63 631,04 1,3713 Mékinac
35050 Sainte-Thècle 2 558 1 536 219 600,55 1,3505 83 424 721 32 613,26 1,8414 Mékinac
35055 Trois-Rives 450 346 960 771,02 0,7791 34 319 670 76 265,93 1,0110 Mékinac
36005 Charette 989 479 450 484,78 1,3406 31 813 636 32 167,48 1,5071 Centre-Mauricie
36010 Saint-Élie 1 528 821 206 537,44 1,0458 75 392 485 49 340,63 1,0892 Centre-Mauricie
36015 Saint-Mathieu-du-Parc 1 243 1 005 065 808,58 1,1725 78 021 995 62 769,10 1,2882 Centre-Mauricie
36020 Saint-Boniface-de-Shawinigan X 4 116 2 090 700 507,94 1,5897 122 213 054 29 692,19 1,7107 Centre-Mauricie
36028 Shawinigan 18 390 19 182 746 1 043,11 2,5899 618 856 545 33 651,80 3,0997 Centre-Mauricie
36035 Shawinigan-Sud 12 159 8 845 734 727,51 2,1098 385 696 245 31 721,05 2,2934 Centre-Mauricie
36040 Notre-Dame-du-Mont-Carmel 5 140 2 267 797 441,21 1,6712 141 932 775 27 613,38 1,5978 Centre-Mauricie
36045 Lac-à-la-Tortue 3 169 1 595 195 503,37 1,6000 94 703 425 29 884,32 1,6844 Centre-Mauricie
36050 Saint-Georges 3 882 2 181 272 561,89 2,1437 108 776 730 28 020,80 2,0053 Centre-Mauricie
36055 Grand-Mère 13 889 11 118 690 800,54 2,3403 459 365 170 33 074,03 2,4204 Centre-Mauricie
36060 Saint-Gérard-des-Laurentides 2 194 982 748 447,93 1,3815 66 924 216 30 503,29 1,4684 Centre-Mauricie
36065 Saint-Jean-des-Piles 693 726 188 1 047,89 1,7642 42 173 900 60 857,00 1,7219 Centre-Mauricie
37005 Sainte-Anne-de-la-Pérade 2 156 1 192 364 553,04 1,5515 70 943 938 32 905,35 1,6807 Francheville
37010 Saint-Prosper 508 409 940 806,97 1,0468 28 095 700 55 306,50 1,4591 Francheville
37015 Saint-Stanislas 1 114 791 930 710,89 1,4232 36 769 894 33 007,09 2,1537 Francheville
37020 Sainte-Geneviève-de-Batiscan 1 023 735 034 718,51 1,3505 45 384 250 44 363,88 1,6196 Francheville
37025 Batiscan 869 486 075 559,35 1,4574 36 789 050 42 334,93 1,3212 Francheville
37030 Champlain 1 517 647 239 426,66 1,1263 73 651 839 48 550,98 0,8788 Francheville
37035 Saint-Luc-de-Vincennes 627 350 494 559,00 1,2231 20 827 400 33 217,54 1,6829 Francheville
37040 Saint-Narcisse 1 874 981 190 523,58 1,3884 56 914 868 30 370,79 1,7240 Francheville
37045 Saint-Maurice 2 326 1 033 315 444,25 1,4471 70 138 185 30 153,99 1,4733 Francheville
37050 Sainte-Marthe-du-Cap 6 428 3 222 992 501,40 2,0022 171 199 400 26 633,39 1,8826 Francheville
37055 Cap-de-la-Madeleine 32 927 24 697 305 750,06 2,2593 927 250 411 28 160,79 2,6635 Francheville
37060 Saint-Louis-de-France 7 798 4 521 740 579,86 2,0642 201 640 100 25 857,93 2,2425 Francheville
37065 Trois-Rivières 48 285 52 384 425 1 084,90 2,2654 2 028 916 458 42 019,60 2,5819 Francheville
37070 Trois-Rivières-Ouest 24 170 15 535 897 642,78 2,0687 809 403 155 33 487,93 1,9194 Francheville
37075 Pointe-du-Lac 6 846 4 205 000 614,23 1,9686 210 158 314 30 697,97 2,0009 Francheville
37080 Saint-Étienne-des-Grès 3 784 1 868 719 493,85 1,4263 112 309 657 29 680,14 1,6639 Francheville
51005 Maskinongé 1 069 668 970 625,79 1,5536 29 894 540 27 964,96 2,2378 Maskinongé
51010 Saint-Joseph-de-Maskinongé 1 168 680 000 582,19 1,1806 52 861 705 45 258,31 1,2864 Maskinongé
51015 Louiseville 8 057 6 543 922 812,20 2,2980 265 692 435 32 976,60 2,4630 Maskinongé
51020 Yamachiche 2 773 1 799 898 649,08 1,4906 111 664 644 40 268,53 1,6119 Maskinongé
51025 Saint-Barnabé 1 359 672 199 494,63 1,4781 41 086 546 30 232,93 1,6361 Maskinongé
51030 Saint-Sévère 342 225 940 660,64 1,2444 13 617 733 39 817,93 1,6592 Maskinongé
51035 Saint-Léon-le-Grand 993 638 211 642,71 1,3064 42 176 625 42 473,94 1,5132 Maskinongé
51040 Sainte-Ursule 1 514 846 225 558,93 1,6082 49 905 850 32 962,91 1,6956 Maskinongé
51045 Saint-Justin 1 148 807 441 703,35 1,5984 45 015 867 39 212,43 1,7937 Maskinongé
51050 Saint-Édouard-de-Maskinongé 712 336 457 472,55 1,2384 20 415 752 28 673,81 1,6480 Maskinongé
51055 Sainte-Angèle-de-Prémont 616 338 045 548,77 1,2257 20 126 898 32 673,54 1,6796 Maskinongé
51060 Saint-Paulin 1 579 1 097 879 695,30 1,6830 56 302 776 35 657,24 1,9500 Maskinongé
51065 Saint-Alexis-des-Monts 2 861 1 916 675 669,93 1,4095 120 532 600 42 129,54 1,5902 Maskinongé

Nombre : 51 mun. loc.


Subst.:
* Ce montant correspond au total des dépenses de fonctionnement moins les recettes provenant des services rendus aux organismes municipaux.
DFM - SIFV
Page 2
01-11-01

79
CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 6
Prévisions budgétaires des organismes municipaux – Exercice financier 2001

RICHESSE FONCIÈRE UNIFORMISÉE


La richesse foncière uniformisée (RFU) permet de mesurer et comparer la capacité de générer des revenus des
municipalités. La RFU comprend en effet l'évaluation uniformisée de tous les immeubles imposables de la mu-
nicipalité, l'évaluation uniformisée totale ou partielle de certains immeubles non imposables à l'égard desquels
sont versés des paiements tenant lieu de taxes municipales et l'évaluation équivalent à la capitalisation des
paiements tenant lieu de taxes perçus à l’égard de certains ouvrages destinés à la production d’électricité (art.
222 LFM).

UTILITÉS DE LA RICHESSE FONCIÈRE UNIFORMISÉE


La RFU peut servir au partage des dépenses des organismes intermunicipaux. Dans le cas des municipalités
régionales de comté, la RFU est la base de répartition utilisée si le conseil n’a pas fixé, par règlement, une autre
base de répartition. La RFU peut également être utilisée pour le partage des dépenses des régies intermunici-
pales et des conseils intermunicipaux de transport.
De plus, la RFU constitue l’élément principal du potentiel fiscal qui est utilisé pour la répartition des dépenses
des communautés urbaines et des organismes publics de transport en commun. Cependant, le calcul du poten-
tiel fiscal est susceptible de différer d’un organisme à l’autre selon le coefficient applicable à l’assiette relative à
la valeur des immeubles non résidentiels ou des lieux d’affaires. La CUM utilise des valeurs qui sont ajustées en
tenant compte de l’étalement de la variation des valeurs et qui sont ensuite uniformisées à l’aide du facteur
comparatif établi pour le premier exercice du rôle triennal.
Enfin, la RFU est également utilisée comme base de calcul ou élément de calcul dans différents programmes
administrés par certains organismes ou ministères du gouvernement du Québec.

—0—

TAUX GLOBAL DE TAXATION – TGT

Il est difficile, à partir de ces diverses taxes, de comparer le fardeau fiscal des contribuables, car les besoins de
financement, la pondération des différents types de taxes de même que le potentiel fiscal diffèrent d'une munici-
palité à l'autre. Afin d'évaluer l'effort fiscal des différentes municipalités, on établit pour chacune d'elles un taux
global de taxation provisoire. Ce calcul consiste à diviser les recettes d'imposition (exclusion faite de la taxe sur
les immeubles non résidentiels, de la surtaxe sur les immeubles non résidentiels et de la taxe d'affaires) par
l'évaluation des immeubles imposables.

Les recettes d’imposition prises en compte dans ce calcul font généralement l’objet de certains ajustements
pour être ensuite identifiées sous le vocable de « recettes admissibles au calcul du TGT ».

On obtient alors le taux théorique qu'il serait nécessaire d'imposer si l'ensemble des recettes de taxation de la
municipalité (excluant la taxe et la surtaxe sur les immeubles non résidentiels et la taxe d'affaires) provenaient
d'une taxe générale imposée sur la valeur de tous les immeubles imposables.

Pour permettre les comparaisons intermunicipales, l'évaluation des immeubles imposables utilisée comme
dénominateur de ce ratio est ajustée à 100 % de la valeur réelle, en multipliant leur valeur au rôle foncier trien-
nal par le facteur comparatif établi pour l’année en cours. On obtient ainsi le taux global de taxation uniformisé
(TGTU).

Dans le Tableau 12, le Ministère des affaires municipales retient sept variables numériques. La variable « po-
pulation » est établie par l’Institut de la statistique du Québec ; la variable « dépenses de fonctionnement net-
tes » mesure le « total des dépenses de fonctionnement moins les recettes provenant des services rendus
aux organismes municipaux ». Les variables « richesse foncière uniformisée » et « taux global de taxation
uniformisé » sont définies dans la capsule méthodologique 6. Les définitions respectives des variables « dé-
penses de fonctionnement nettes per capita », « richesse foncière uniformisée per capita » et « dépenses de
fonctionnement nettes par 100$ de richesse foncière uniformisée » ne soulèvent pas difficultés.

80
Chacune de ces variables mesure un aspect précis d’une municipalité. Chaque municipalité dont le nom ap-
paraît dans le Tableau 12 est ainsi définie par la conjonction de ces sept caractéristiques dont aucune n’est
redondante. Bien sûr, entre certaines, il existe une corrélation qu’on peut calculer, ce qui est requis pour cer-
taines analyses de ces données.

Le Ministère des affaires municipales publie de nombreuses autres tables de variables, comme nous le ver-
rons. Cependant, c’est avec les variables du Tableau 12 que nous allons prendre en considération les « muni-
cipalités orphelines » impliquées dans la réorganisation municipale de la MRC de Francheville et la MRC du
Centre-de-la-Mauricie et conduire « [l’]analyse froide et rationnelle » que le Groupe de travail appelle de ses
vœux pour elles.

Après avoir pris la mesure de ces « municipalités orphelines » au sein du réseau que constitue la Basse-Mau-
ricie, nous examinons ensuite ce qu’il advient d’elles après le démantèlement de la partie centrale de ce ré-
seau. D’où :
Réseau municipal en 2001
Démantèlement du centre mauricien

RÉSEAU MUNICIPAL EN 2001

En 2001, la réorganisation municipale n’est pas encore en vigueur. En Basse-Mauricie, les municipalités loca-
les sont encore regroupées en quatre MRC : Mékinac, Francheville, Centre-de-la-Mauricie, et Maskinongé.
Nous avons soumis ces municipalités à une fouille des données du Tableau 12, et ce, en procédant MRC par
MRC, de manière à faire ressortir la configuration propre à chacune.

CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 7

Analyse factorielle
1. Introduction
De façon générale, le terme "analyse factorielle" est souvent employé autant pour l'analyse en composantes
principales (ACP) et l'analyse factorielle (AF) proprement dite.
(...)
La réduction d'une matrice de données géographiques à quelques grands groupes, voilà ce qu'est une analyse
factorielle (pure ou en composantes principales). Mais qu'est-ce qu'on fait? On essaie, par une méthode quanti-
tative (analyse multivariée), d'expliquer la portion la plus grande de la variance totale (cas d'une analyse en
composantes principales) ou de la covariance (cas de l'analyse factorielle) par de nouvelles variables (créées
de toute pièce par l'analyse - variables construites) que l'on appelle "composantes", "facteurs" ou "axes facto-
riels"; ces variables dites "latentes" ne sont donc pas mesurées mais plutôt générées. Ces composantes ou
facteurs regroupent, dans une certaine mesure, des éléments (variables) ou plutôt des variables corrélées dans
le but d'expliquer un phénomène par une quantité plus restreinte d'éléments.

81
2. Analyse en composantes principales (ACP)
Comme on le mentionne plus haut, l'analyse en composantes principales tente à mettre en évidence des com-
posantes tenant compte de la variance totale de toutes les variables à l'étude (ensemble des variables de la
matrice de données géographiques). Comme l'indique si bien Claire Durand, l'ACP "cherche une solution où les
composantes sont orthogonales (c'est-à-dire indépendantes) entre elles. Quelque soit la matrice de corrélations,
il y a toujours une solution en ACP. L'ACP maximise la variance expliquée".
3. Analyse factorielle (AF)
"L'analyse factorielle (AF) cherche une solution à la covariance entre les variables mesurées. Elle tente d'ex-
pliquer seulement la variance qui est commune à au moins deux variables et présume que chaque variable
possède aussi une variance unique représentant son apport propre. Les divers modes d'extraction visent à
maximiser une bonne reproduction de la matrice de corrélations originale." (Claire Durand)
(...)
5. Les types d'extraction d'une solution factorielle (avec SPSS)
Analyse des composantes :
• ACP (analyse en composantes principales)
◦ produit une solution unique maximisant la variance expliquée par les facteurs (composantes)
Analyse factorielle :
• ML ("maximum likelihood" - maximum de vraisemblance)
◦ maximisation de la probabilité que la matrice de corrélations reflète une distribution dans la population
◦ application : ne s'applique pas aux variables mesurées selon une échelle ordinale et est influencée par
variables non distribuées selon la loi normale
• ULS ("unweighted least square" - moindres carrés non pondérés)
◦ minimisation des résidus
◦ application : variables mesurées selon une échelle ordinale ou variables non distribuées selon la loi
normale
6. Utilisation de la rotation des axes factoriels
Quelques fois, les facteurs ou les composantes principales de l'AF ou de l'ACP sont difficiles à interpréter car, il
y a peu de variables indépendantes de corréler avec les facteurs ou les composantes principales. La rotation
des axes factoriels (ou des composantes principales) aura pour effet de réduire le nombre de variables forte-
ment corrélées avec un axe factoriel (ou une composante principale) tout en conservant l'orthogonalité entre les
axes factoriels (ou les composantes principales).
Le logiciel de traitement statistique SPSS permet deux types de rotation:
• VARIMAX : Rotation orthogonale permettant d'obtenir une structure plus facile à analyser parce que le nom-
bre de variables indépendantes corrélées avec un axe factoriel (composante principale) est maximisé. Claire
Durand appuie sur le fait qu'une solution orthogonale est toujours préférable parce qu'une telle solution indique
que chaque facteur apporte une solution unique, non partagée par un autre facteur.
• OBLIMIN : Rotation oblique employée uniquement dans le cas d'une analyse factorielle (AF), permet une
corrélation entre les facteurs.
(...)
Michel Dufault, Chargé de cours, GÉO 3052 - Méthodes quantitatives avancées, Analyse factorielle et analyse
en composantes principales, http://www.er.uqam.ca/nobel/k22761/geo3052/facto.html

La fouille des données du Tableau 12 est évidemment conduites avec des variables centrées réduites, de
manière à assurer l’homogénéité des variables, d’une part, et la standardisation de leur mesure, d’autre part.

La première opération à laquelle nous avons soumis les données est une analyse factorielle en composantes
principales. Nous avons ainsi voulu connaître dans quelle mesure chacune des sept variables contribue à

82
l’explication de la variance totale qu’on observe entre les municipalités locales de la MRC pertinente, et dé-
couvrir ainsi les variables latentes qu’on appelle aussi : composantes, facteurs ou axes factoriels.

Tableau 13 Le Tableau 13 rassemble les facteurs des municipalités


locales de la MRC du Centre-de-la-Mauricie. Nous
avons rangé les municipalités selon l’ordre croissant du
facteur 1. Les axes factoriels FAC1 et FAC2 constituent
un graphe cartésien où il devient possible de situer cha-
que municipalité selon le couple de nombres qui lui est
associé. Par exemple, dans le graphe cartésien de la
MRC du Centre-de-la-Mauricie, le couple de nombres
( 2,29 , 0,55 ) détermine l’emplacement de Shawinigan.
Le couple ( - 0,25 , - 0,97 ) détermine l’emplacement de Notre-Dame-du-Mont-Carmel dans le même graphe.
Il devient ainsi possible de mesurer la distance euclidienne entre ces deux municipalités. Dans le Graphe 1,
Shawinigan se trouve à l’extrémité droite de la ligne, là où nous lisons « .55574 » dans un rectangle. Notre-
Dame-du-Mont-Carmel est placé à l’endroit où se
Graphe 1
trouve le rectangle contenant « -.97830 ». Entre
Notre-Dame-du-Mont-Carmel et Shawinigan, sur
la même ligne, en allant vers Shawinigan, sont
répertoriées dans l’ordre : St-Georges, Shawini-
gan-Sud, Grand-Mère. À « 2,05877 », se trouve
St-Jean ; à « -,70723 », Lac-à-la-Tortue. Sur la
même ligne, se trouve, dans l’ordre, St-Boniface
et St-Gérard, non représentés. À « -.59404 » est
situé Charette ; à « 1,67232 », St-Mathieu ; entre
les deux, St-Élie, non représenté.

Le Tableau 14 ( voir page suivante ) rassemble les facteurs des municipalités locales de la MRC de Franche-
ville. Nous avons aussi rangé les municipalités selon l’ordre croissant du facteur 1. Les axes factoriels FAC1 et
FAC2 constituent aussi un graphe cartésien (Graphe 2, page suivante) où il devient possible de situer chaque
municipalité selon le couple de nombre qui lui est associé. Trois-Rivières se trouve à la place du rectangle où

83
Tableau 14 Graphe 2

on lit « -.42287 ». Au rectangle « 1,22910 », c’est Cap-de-la-Madeleine. Trois-Rivières-Ouest est au rectangle


« .46585 ». Au rectangle « -2,26007 » se trouve Saint-Prosper. Saint-Étienne-des-Grès est situé à l’extrémité
gauche du graphe, au rectangle « .36310 ».

Le Tableau 15 des facteurs de la MRC de Mékinac et le Tableau 16 des facteurs de la MRC de Maskinongé se
présentent comme suit :

Tableau 15 Tableau 16

Quel est l’intérêt de connaître ces FAC1 et FAC2 ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de se fa-
miliariser un peu plus avec l’analyse des composantes principales. Nous cherchons à caractériser chacune
des municipalités d’une MRC grâce à sept variables centrées réduites :

84
1. Zscore : Population en 2001
2. Zscore : Dépenses de fonctionnement nettes
3. Zscore : DFN par habitant
4. Zscore : Richesse foncière uniformisée
5. Zscore : DFN par 100$ de RFU
6. Zscore : RFU par habitant
7. Zscore : Taux global de taxation uniformisé

En consultant les valeurs de ces


sept variables centrées réduites,
nous constatons que les municipa-
lités d’une MRC sont variées. Cha-
cune de ces variables explique une
partie de cette variance. Ainsi, pour
la MRC du Centre-de-la-Mauricie,
le Diagramme I-1 fait état de ce
que la variable centrée réduite «
Population » explique 73 % de la
variance ; la variable centrée réduite
« Dépenses de fonctionnement nettes », 21,8 % ; la variable centrée réduite « Dépenses de fonctionnement
nettes par habitant », 4,2 % ; la variable centrée réduite « Richesse foncière uniformisée », 0,572 %; et ainsi
de suite. Les trois premières variables totalisent 99,273 % de l’explication ; la variable « Taux global de taxa-
tion uniformisé » n’explique que 0,004 % de la variance. Qu’ajoutent à ces précieux renseignements la re-
cherche de facteurs ? Cette recherche révèle comment la combinaison des sept variables centrées réduites
actualise l’explication de la variance pour chacune des municipalités de la MRC du Centre-de-la-Mauricie.
Autrement dit, cette recherche révèle comment la combinaison des sept variables centrées réduites fait la
configuration de cette MRC ; la configuration de la MRC du Centre-de-la-Mauricie est faite par les facteurs.

Le Diagramme I-2 (voir page suivante), pour la MRC de Francheville, se lit de la même façon. Cependant, il
est remarquable d’y voir que la proportion de la variance expliquée par chaque variables diffère de celle dont
nous avons fait le constat pour la MRC du Centre-de-la-Mauricie. Et les facteurs pertinents expliquent pour-
quoi la configuration de la MRC de Francheville diffère de celle de la MRC du Centre-de-la-Mauricie. Le Dia-

85
gramme I-3 expose la situation pour la situation de
la MRC de Mékinac. Et le Diagramme I-4 fait de
même pour la MRC de Maskinongé.

Comme on peut le lire dans la capsule méthodologique 8, « la méthode de Ward, aisée à mettre en œuvre
lorsque la classification est effectuée après une analyse factorielle (les objets à classer étant repérés par leurs
coordonnées sur les premiers axes factoriels), constitue une très bonne méthode de classification ascendante
hiérarchique sur données euclidiennes ». C’est maintenant ce que nous allons faire.
CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 8

Classification dans un espace euclidien


Inerties interclasse et intraclasse
Soit une classification en k groupes d'effectifs n1, ... , nk, les individus étant des points d'un espace euclidien.
Notons les groupes G1, ... , Gk, et g1, ... ,gk leurs centres de gravité(gest le centre de gravité du nuage).
Critère d’agrégation selon l’inertie

Théorème de Huygens : Inertie totale = Inertie inter-classe + Inertie intraclasse


Au fur et à mesure que les regroupements sont effectués, l'inertie intraclasse augmente et l'inertie interclasse
diminue, car leur somme est une constante liée aux données analysées.

La méthode de Ward

Lorsqu'on remplace deux classes A et B par leur réunion, on montre que la diminution de l'inertie interclasse (et
donc l’augmentation de l’inertie intraclasse) est égale à:

86
La méthode de Ward consiste à choisir à chaque étape le regroupement de
classes tel que l’augmentation de l’inertie intraclasse, utilisée comme indice
de niveau, soit minimum.

Intérêt de la méthode de Ward

L’agrégation selon le lien minimum a l’inconvénient d’induire des «effets de chaîne» (les objets s’agrègent un
par un au groupe déjà constitué), mais déforme peu si on reconstitue les dissimilarités à partir de l’arbre. L’agré-
gation selon le lien maximum a, par contre, l’inconvénient de déformer beaucoup.

La méthode de Ward, aisée à mettre en œuvre lorsque la classification est effectuée après une analyse facto-
rielle (les objets à classer étant repérés par leurs coordonnées sur les premiers axes factoriels), constitue une
très bonne méthode de classification ascendante hiérarchique sur données euclidiennes.
M. Gettler–Summa, C. Pardoux, La classification automatique, www.ceremade.dauphine.fr/~touati/
EDOGEST-seminaires/Classification.pdf -

—0—
David Wishart

Efficient hierarchical cluster analysis for data mining and knowledge discovery

(...)
4.  Ward’s Method

Users of cluster analysis will be familiar with the advantages and disadvantages of different hierarchical agglo-
merative methods. Ward’s method performs in a manner similar to the decision tree approach, namely it com-
bines the two clusters at each stage which minimize the squared error function, or Euclidean sum of squares, E.
The objective function E is defined as follows:
E = SkSiekSj (xij - mkj)2
where for a given classification observation i belongs to cluster k, xij is the value of variable j for observation i,
and mkj is the mean of variable j in cluster k. The summations are, firstly, the squared error of observation i in
cluster k for all the variables; secondly, for all observations within cluster k; and finally, to total the error over all
clusters k.

Standard Ward’s method clustering proceeds as follows:

a) First compute a matrix of squared Euclidean distances for all pairs of observations p and q:
dpq2 = Σj (xpj - xqj)2
b) Combine the two cases p and q whose union results in minimum E. This will initially be the two cases for
which dpq2 is minimum.
c) Transform the distances dpk2 to Epk, the squared error for the union of cluster p∪q with all other cases/
clusters k.
d) Repeat step c), at each subsequent step combining the two cases or clusters whose union results in mini-
mum E.
e) Finish when all the cases are grouped into 1 cluster.

(...)

Presented at Interface ’98, and published in Computing Science and Statistics, 30, 1998, 257-263

http://72.14.205.104/search?q=cache:v4bykrHEUrUJ:www.iipl.fudan.edu.cn/~zhangjp/literatures/cluster%2520a
nalysis/Interface98.doc+Efficient+hierarchical+cluster+analysis+for+data+mining+and+knowledge+discovery&hl
=fr&ct=clnk&cd=1&gl=ca

En nous servant des coordonnées obtenues par une analyse factorielle, nous employons la méthode de Ward
pour classer les municipalités locales de chacune des quatre MRC constituant la Basse-Mauricie en 2001, et

87
ce, en nous servant de SPSS 16 : les résultats apparaîtront dans la suite des
Diagrammes II. En soumettant les municipalités locales à ce traitement statisti-
que, et ce, MRC par MRC, nous connaîtrons les dissimilarités pertinentes. Nous
pourrons ainsi les ranger selon la distance de Ward et faire apparaître la structure
hiérarchique qui les relient les unes aux autres. On trouvera ci-après la matrice de dissimilarités des municipa-
lités de la MRC de Francheville (Diagramme II-2) :
Diagramme II-2 Matrice de proximité a
Carré de la distance Euclidienne
26:St 33:Ca
24:St- e-Ge 27:B 28:Ch 30:St- 31:St- 32:Ste p-de-l 34:St 35:Trois 37:Point 38:St-
23:Ste Prospe 25:St-S neviè atisc amplai 29:St Narciss Mauric -Marth a-Mad -Loui -Rivière 36:Trois-Riv e-du-La Étienn
Observation -Anne r tanislas ve an n -Luc e e e eleine s s ières-Ouest c e
23:Sainte-Anne 0,00 6,32 0,08 1,65 0,88 2,88 0,09 0,03 0,10 0,95 4,16 1,44 13,84 1,45 0,45 0,05
24:Saint-Prospe
6,32 0,00 5,75 1,53 2,58 1,17 5,16 7,07 7,49 11,92 13,36 13,03 12,51 7,70 9,04 7,49
r
25:Saint-Stanisl
0,08 5,75 0,00 1,36 0,82 2,85 0,20 0,20 0,36 1,11 3,38 1,50 11,77 0,90 0,40 0,23
as
26:Sainte-Gene
1,65 1,53 1,36 0,00 0,19 0,52 1,12 2,05 2,32 4,91 6,99 5,68 11,10 2,88 3,18 2,27
viève
27:Batiscan 0,88 2,58 0,82 0,19 0,00 0,61 0,45 1,14 1,28 3,63 6,80 4,46 13,16 2,73 2,34 1,31
28:Champlain 2,88 1,17 2,85 0,52 0,61 0,00 1,98 3,26 3,39 7,13 11,11 8,35 15,74 5,66 5,35 3,56
29:Saint-Luc 0,09 5,16 0,20 1,12 0,45 1,98 0,00 0,16 0,22 1,60 5,19 2,25 14,32 1,93 0,94 0,23
30:Saint-Narciss
0,03 7,07 0,20 2,05 1,14 3,26 0,16 0,00 0,02 0,77 4,39 1,28 14,95 1,71 0,45 0,01
e
31:Saint-Mauric
0,10 7,49 0,36 2,32 1,28 3,39 0,22 0,02 0,00 0,80 4,94 1,38 16,20 2,12 0,60 0,03
e
32:Sainte-Marth
0,95 11,92 1,11 4,91 3,63 7,13 1,60 0,77 0,80 0,00 2,86 0,10 15,54 1,69 0,26 0,64
e
33:Cap-de-la-M
4,16 13,36 3,38 6,99 6,80 11,11 5,19 4,39 4,94 2,86 0,00 2,09 6,46 0,92 2,14 4,24
adeleine
34:Saint-Louis 1,44 13,03 1,50 5,68 4,46 8,35 2,25 1,28 1,38 0,10 2,09 0,00 14,47 1,50 0,36 1,12
35:Trois-Rivières 13,84 12,51 11,77 11,10 13,16 15,74 14,32 14,95 16,20 15,54 6,46 14,47 0,00 7,08 12,27 15,06
36:Trois-Rivières
1,45 7,70 0,90 2,88 2,73 5,66 1,93 1,71 2,12 1,69 0,92 1,50 7,08 0,00 0,71 1,68
-Ouest
37:Pointe-du-La
0,45 9,04 0,40 3,18 2,34 5,35 0,94 0,45 0,60 0,26 2,14 0,36 12,27 0,71 0,00 0,38
c
38:Saint-Étienne 0,05 7,49 0,23 2,27 1,31 3,56 0,23 0,01 0,03 0,64 4,24 1,12 15,06 1,68 0,38 0,00
Ceci est une matrice de dissimilarités
a. Nom MRC = Francheville

Le Diagramme II-3 nous donne la chaîne des


agrégations selon laquelle la MRC de Franche-
ville est constituée. Le Diagramme II-4 (page
suivante) nous livre l’arbre hiérarchique ou la
structure qui émane des deux facteurs extraits
des sept variables que nous avons étudiées en
conduisant l’analyse factorielle.

88
La lecture de la chaîne des agrégations et de l’arbre hiérarchique révèlent que l’hypothèse cartographique du
mandataire chargé de l’étude de la MRC de Francheville est au mieux fragile. Rappelons que c’est dans la
colonne « coefficient » de la chaîne que les distances sont écrites : ici, des distances de Ward. Remarquons
que les distances apparaissant dans la colonne ne se trouvent pas, comme telles, dans la matrice de proximi-
té. C’est que la distance de Ward résulte d’un calcul
fait sur les carrés de distance euclidienne qui, eux,
sont dans la matrice de proximité, comme il est expo-
sé dans la capsule méthodologique 8.

Remarquons que l’agrégation de la triade Sainte-Mar-


the, Saint-Louis et Pointe-du-lac arrive aux étapes 4
et 8 de la chaîne, et la formation du couple Cap-de-la-
Madeleine-Trois-Rivières-Ouest, à l’étape 10. Au Dia-
gramme II-5 (voir ci-contre), on voit que la formation
du couple Sainte-Marthe, Saint-Louis intervient à la
fin du premier quartile, alors que celle de la triade
Sainte-Marthe, Saint-Louis et Pointe-du-lac arrive à la

89
fin du second. La chaîne des agrégations révèle aussi que cette triade est plus proche des municipalités du
sextuple Saint-Narcisse- (...) -Saint-Luc que du couple Cap-de-la-Madeleine-Trois-Rivières-Ouest. Trois-Riviè-
res n’apparaît qu’à l’étape 14 de la chaîne des agrégations, dans le quatrième quartile, là où elle s’agrège au
quadruple Sainte-Geneviève- (...) - Saint-Prosper qui, lui, clôt la chaîne des agrégations. La lecture de l’arbre
hiérarchique confirme ainsi l’existence d’une certaine intrication des municipalités, intrication qui fait ressortir
comment le réseau sous-jacent à la MRC de Francheville est affecté par la création de la nouvelle ville.

Que révèle la méthode de Ward pour la MRC du Centre-de-la-Mauricie ? Le Diagramme III-1 (ci-après) livre
les carrés de distance euclidienne ; le Diagramme III-2 (page suivante), la chaîne des agrégations ; le Dia-
gramme III-3 (page suivante), le dendrogramme ; le Diagramme III-4 (page suivante), les quartiles.

Le Diagramme III-3, le dendrogramme, révèle que la triade des trois villes, Shawinigan, Grand-Mère et Sha-
winigan-Sud, qui se forme à l’étape 4 pour le couple Shawinigan-Sud-Grand-Mère, dans le second quartile, et
à l’étape 8 pour la triade, dans le troisième quartile, constitue un agrégat bien distinct qui revient à l’étape 10,
au quatrième quartile, pour s’agréger au couple Saint-Mathieu-Saint-Jean, formé à l’étape 6.

90
Cependant, le plus intéressant pour nous est
ailleurs ; c’est la réfutation de l’idéologie du
tout périurbain soutenue par le mandataire,
celle qui est l’origine du problème que cause
la désorganisation du Centre-de-la-Mauricie.

Remarquons d’abord que, dès la première étape, se


forme le couple Saint-Boniface-Lac-à-la-Tortue, deux
municipalités appartenant au premier quartile. À la
seconde étape, c’est la formation du couple Cha-
rette-Saint-Gérard, deux municipalités appartenant
aussi au premier quartile. Et, ce qui nous importe au
plus haut point, c’est que, dès la troisième étape,
dans le premier quartile, Notre-Dame-du-Mont-Car-
mel arrive en scène pour s’agréger au couple Saint-
Boniface-Lac-à-la-Tortue. Remarquons encore la
sévère réfutation de l’idéologie du tout périurbain qui

91
intervient à l’étape 6, alors que la “périurbaine” Saint-Jean et la “rurale” Saint-Mathieu s’agrègent pour former
un couple où la distance de Ward n’est que de 0,422, à la limite du second quartile ; la réfutation est achevée
à l’étape 10 où la distance de Ward de 12,638 est franchie pour unir le couple Saint-Jean-Saint-Mathieu à
Shawinigan, qui fait alors sa seconde apparition dans la chaîne des agrégations ; rappelons que sa première
arrive à l’étape 8 où elle s’ agrège au couple Shawinigan-Sud-Grand-Mère formé à l’étape 4.

On voit ainsi comment la mise hors MRC de la nouvelle ville actualise le démantèlement du Centre-de-la-
Mauricie. C’est ce démantèlement qui crée des « municipalités orphelines », selon l’expression du Groupe de
travail Ruest-Jutras-Nicolet. Nous reviendrons sur ce sujet dès après avoir fourni, sans commentaire, les dia-
grammes pertinents à la MRC de Mékinac et à la MRC de Maskinongé.

MRC de Mékinac

La matrice de proximité se présente ainsi :


Diagramme IV-1 Matrice de proximité
a
Carré de la distance Euclidienne
1:Notre-Dame-de- 2:Lac-aux- 3:Saint-Ad 4:Saint-S 5:Saint- 7:Grandes- 8:Saint-Roch- 9:Sainte- 10:Trois-
Observation Montauban Sables elphe éverin Tite 6:Hérouxville Piles de-Mékinac Thècle Rives
1:Notre-Dame-de-Montauban 0,000 2,587 0,026 0,442 10,092 0,189 3,489 2,957 2,814 9,242
2:Lac-aux-Sables 2,587 0,000 2,963 0,931 3,845 1,914 2,184 1,571 0,777 3,337
3:Saint-Adelphe 0,026 2,963 0,000 0,642 10,330 0,191 4,123 3,541 2,944 10,208
4:Saint-Séverin 0,442 0,931 0,642 0,000 7,370 0,372 1,981 1,475 1,608 5,847
5:Saint-Tite 10,092 3,845 10,330 7,370 0,000 7,714 11,481 10,086 2,249 9,651
6:Hérouxville 0,189 1,914 0,191 0,372 7,714 0,000 4,005 3,304 1,640 9,049
7:Grandes-Piles 3,489 2,184 4,123 1,981 11,481 4,005 0,000 0,052 5,286 2,052
8:Saint-Roch-de-Mékinac 2,957 1,571 3,541 1,475 10,086 3,304 0,052 0,000 4,290 2,070
9:Sainte-Thècle 2,814 0,777 2,944 1,608 2,249 1,640 5,286 4,290 0,000 7,075
10:Trois-Rives 9,242 3,337 10,208 5,847 9,651 9,049 2,052 2,070 7,075 0,000
Ceci est une matrice de dissimilarités
a. Nom MRC = Mékinac

La chaîne des agrégations se lit :


Diagramme IV-2 Chaîne des agrégations

Regroupement de Etape d'apparition


classes de la classe
Etape Classe 1 Classe 2 Coefficients Classe 1 Classe 2 Etape suivante
1 1 3 0,013 0 0 3
2 7 8 0,039 0 0 6
3 1 6 0,162 1 0 4
4 1 4 0,492 3 0 8
5 2 9 0,881 0 0 7
6 7 10 2,246 2 0 9
7 2 5 4,148 5 0 8
8 1 2 10,197 4 7 9
9 1 7 18,000 8 6 0
a. Nom MRC = Mékinac

92
Et le dendogramme donne :

MRC de Maskinongé

La matrice de proximité se présente comme suit :


Diagramme V-1 Matrice de proximité a

Carré de la distance Euclidienne


50:S 51:S
39:M 40:Sai 41:Lo 42:Ya 43:Sai 44:Sa 45:Sa 46:Sai 47:Sa 48:Sai 49:Sai aint- aint-
askin nt-Jos uisevi mach nt-Bar int-Sé int-Lé nte-Ur int-Ju nt-Éd nte-A Pauli Alexi
Observation ongé eph lle iche nabé vère on sule stin ouard ngèle n s
39:Maskinongé 0,000 10,497 11,061 6,164 0,664 5,154 7,355 1,112 4,151 0,927 1,659 2,118 8,085
40:Saint-Joseph 10,497 0,000 17,053 1,375 6,453 0,955 0,301 4,775 1,794 7,603 4,434 3,897 1,053
41:Louiseville 11,06117,053 0,000 8,911 13,114 13,71013,76810,688 9,432 16,121 14,240 7,699 9,688
42:Yamachiche 6,164 1,375 8,911 0,000 3,970 0,771 0,530 2,296 0,236 5,487 2,956 1,075 0,130
43:Saint-Barnabé 0,664 6,453 13,114 3,970 0,000 2,448 4,183 0,246 2,275 0,173 0,231 1,236 5,464
44:Saint-Sévère 5,154 0,955 13,710 0,771 2,448 0,000 0,250 1,483 0,399 3,255 1,309 1,280 1,143
45:Saint-Léon 7,355 0,301 13,768 0,530 4,183 0,250 0,000 2,753 0,634 5,295 2,691 2,034 0,548
46:Sainte-Ursule 1,112 4,775 10,688 2,296 0,246 1,483 2,753 0,000 1,077 0,800 0,260 0,389 3,486
47:Saint-Justin 4,151 1,794 9,432 0,236 2,275 0,399 0,634 1,077 0,000 3,447 1,536 0,416 0,689
48:Saint-Édouard 0,927 7,603 16,121 5,487 0,173 3,255 5,295 0,800 3,447 0,000 0,437 2,304 7,155
49:Sainte-Angèle 1,659 4,434 14,240 2,956 0,231 1,309 2,691 0,260 1,536 0,437 0,000 1,112 4,151
50:Saint-Paulin 2,118 3,897 7,699 1,075 1,236 1,280 2,034 0,389 0,416 2,304 1,112 0,000 1,952
51:Saint-Alexis 8,085 1,053 9,688 0,130 5,464 1,143 0,548 3,486 0,689 7,155 4,151 1,952 0,000
Ceci est une matrice de dissimilarités
a. Nom MRC = Maskinongé

La chaîne des agrégations et le dendrogramme sont données à la page suivante :

93
Diagramme V-2 Chaîne des agrégations

Regroupement de Etape d'apparition


classes de la classe
Etape Classe 1 Classe 2 Coefficients Classe 1 Classe 2 Etape suivante
1 42 51 0,065 0 0 9
2 43 48 0,151 0 0 6
3 44 45 0,276 0 0 7
4 46 49 0,406 0 0 6
5 47 50 0,614 0 0 10
6 43 46 0,934 2 4 8
7 40 44 1,311 0 3 9
8 39 43 2,076 0 6 11
9 40 42 2,920 7 1 10
10 40 47 4,367 9 5 11
11 39 40 13,876 8 10 12
12 39 41 24,000 11 0 0
a. Nom MRC = Maskinongé

DÉMANTÈLEMENT DU CENTRE MAURICIEN

Après avoir formulé sa recommandation sur la formation de la nouvelle ville de Trois-Rivières, le mandataire
chargé de l’étude de la MRC de Francheville y allait de la proposition suivante : « Recommandation : miser
sur la solidarité rurale et créer la Communauté rurale Des Chenaux », qu’il développait ainsi :
♦ Il est recommandé de créer la Communauté rurale Des Chenaux fondée sur le membership des villages ruraux
du secteur. Ces villages qui lui confient des fonctions stratégiques liées à l’environnement (eau, eaux usées, matiè-
res résiduelles), à la sécurité, au développement et à l’aménagement territorial (planification et inspection), à la cul-
ture et aux équipements régionaux et enfin, à la planification et au développement stratégique économique.

♦ En conséquence, les villages de Champlain et de Saint-Maurice ne seront plus considérés comme partie de la
RMR de Trois-Rivières.

94
♦ La municipalité de Saint-Étienne-des-Grès ne peut être classée maintenant dans cet ensemble dans la mesure
où elle se situe en discontinuité avec le territoire de la communauté rurale. Toutefois, l’appartenance de cette muni-
cipalité devra être précisé dans une perspective plus large que le territoire actuel de la MRC; dans une perspective
régionale. 77

Pour sa part, après avoir fait sa recommandation sur la formation de la nouvelle ville de Shawinigan, le man-
dataire chargé de l’étude de la MRC du Centre-de-la-Mauricie situait le reliquat comme suit :
Conformément à la proposition remaniée du 13 mars 2001 présentée par les municipalités rurales la Collectivité
rurale pourrait être formée des trois composantes suivantes :
♦ Une seule municipalité regrouperait volontairement les municipalités de Saint- Boniface et de Charette. La po-
pulation de ces municipalités est de 5158 habitants.
♦ Une seule municipalité regrouperait volontairement les municipalités de Saint-Élie et de Saint-Mathieu-du-Parc.
La population de ces municipalités est de 2 841 habitants.
♦ La municipalité de Sainte-Étienne-des-Grès actuellement dans la MRC de Francheville dont le territoire est en
continuité avec Saint-Boniface et Charette, sa population est de 3 890 habitants. 78

Fort des deux recommandations de ses manda- Graphe 5


taires, en avril 2001, le Ministère des affaires
municipales publiait une carte intitulée : «Vision
d’avenir du Centre-de-la-Mauricie » (Graphe 5,
ci-contre). Dans cette vision, le Ministère peint
en rose les municipalités regroupées au sein de
la nouvelle ville de Shawinigan, et en vert les
« municipalités rurales regroupées » selon une
recommandation faite dans le rapport du manda-
taire s’occupant de la MRC du Centre-de-la-
Mauricie. La partie verte en est encore à l’étape
des interrogations, ce que signalent les points
d’interrogation inscrits sur le document. Ces
points d’interrogation manifestent clairement que
la réflexion stratégique sur l’aménagement de
cette portion du territoire n’est pas très avancée,
si tant est qu’elle soit commencée. En un mot

95
comme en mille, le Ministère des affaires municipales ne sait pas encore où il va. Nous l’avons déjà souligné,
ce genre d’opération consiste à « organiser dans le vide ».

Après avoir pris acte de la naissance de « deux nouvelles villes » en Basse-Mauricie, le Groupe de travail
Ruest-Jutras-Nicolet souhaitait que, « au terme d’une analyse froide et rationnelle de l’évolution des forces
ainsi que de leurs intérêts », « les 37 municipalités situées à l’extérieur des deux nouvelles villes » trouvent
leur voie parmi les « scénarios de rattachement (...) à l’une ou l’autre des MRC de Maskinongé (4 municipali-
tés de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) ou de Des Chenaux (Notre-Dame-du-Mont-Carmel anciennement de
la MRC du Centre-de-la-Mauricie) et du transfert d’une municipalité, soit Saint-Étienne-de-Grès, d’une MRC
(Des Chenaux) à l’autre (Maskinongé). » 79 Si une décision de placer les nouvelles villes hors MRC est envi-
sagée, il convient de s’interroger sur la situation des deux reliquats. La recherche d’une réponse à une telle
interrogation passe par une analyse discriminante.
CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 9

Principe géométrique de l’analyse discriminante linéaire


Ce qu’on cherche : une droite (un hyperplan / une séparation linéaire) entre deux groupes d’observations.
Cette droite est une combinaison linéaire des variables explicatives, toutes continues, qui décrivent les deux
groupes d’observations.
Comment on s’y prend : chacun des deux groupes d’observa-
tions est « remplacé » (synthétisé) par son barycentre (point de
coordonnées moyennes de toutes les variables explicatives). La
séparation entre les deux populations est faite selon une droite
perpendiculaire au segment reliant les deux barycentres. Le
point « zéro » (intersection droite / segment) est situé à une
distance des barycentres qui dépend du nombre d’observations
dans chaque groupe ; pour un échantillon équilibré, la droite
séparatrice est équidistante des deux barycentres. Si un échan-
tillon est 2 fois plus représenté que l’autre, l’intersection avec la
droite sera située au 1/3 du segment, plus proche du barycentre
de la population la plus nombreuse.
Principe statistique de l’analyse discriminante linéaire
Ce qu’on cherche : un ensemble d’axes qui résument au mieux la distance existant entre deux groupes d’ob-
servations. Dans ce nouveau repère, les points des deux groupes doivent être aussi distants les uns des autres
que possibles, et aussi proches que possible les uns des autres au sein d’un même groupe.
Comment on s’y prend : la variabilité (variance) de deux groupe d’observations est la somme de deux compo-
santes : sa variance intra-groupe (éloignement moyen du barycentre) Vintra, et la variance inter-groupes (éloi-
gnement des deux barycentres) Vinter. Les deux composantes s’additionnent pour donner la variance totale de
l’ensemble des deux groupes d’observations : Vintra + Vinter = Vtotale (théorème de Huyguens).
On peut donc chercher un ensemble d’axes qui résume au mieux la variance inter- groupes (c'est-à-dire qui
disperse au maximum les observations si elles appartiennent à deux groupes différents) et qui, dans le même
temps (puisque les deux sont liées), minimise la variance intra-groupe (c'est-à-dire représente toutes proches
les observations d’un même groupe).
Le jeu d’axes à obtenir correspond à une analyse en correspondances principales (ACP) de la matrice de va-
riance inter-groupes. Les axes factoriels qui en proviennent (vecteurs propres de la matrice) sont des droites le
long desquels on projette deux points :
• loin l’un de l’autre s’ils appartiennent à deux groupes différents ;

96
• près l’un de l’autre s’ils appartiennent au même groupe.
Ce qu’on obtient dans les deux cas
On obtient p-1 axes discriminants si on cherche à séparer p groupes. Les coordonnées des axes discriminants
(appelés « fonctions linéaires discriminantes » ou « fonctions discriminantes de Fisher ») sont fournies : elles
correspondent au nouveau jeu d’axes factoriels (approche statistique) et à l’équation du segment reliant les
deux barycentres (approche géométrique).
Le signe d’une projection (coordonnées sur ce nouveau jeu d’axes) est une convention, mais détermine dans
quelle catégorie une observation sera prédite.

Olivier Decourt SARL, L’analyse discriminante expliquée à ma fille


http://www.od-datamining.com/download/pdf/discriminante.pdf

Extrayons les données du


Tableau 12 qui concernent
la MRC du Centre-de-la-
Mauricie et la MRC de
Francheville. De cet extrait,
ne conservons que les quinze
municipalités qui ne sont pas regroupées pour former les deux nouvelles villes. Ne gardons que les sept va-
riables numériques, d’une part, et la variable d’appartenance à une MRC, d’autre part. Transformons les sept
variables numériques en variables centrées réduites. Travaillons avec le « principe géométrique de l’analyse
discriminante linéaire » exposé à la capsule méthodologique 9 : « ce qu’on cherche », c’est « une droite ( /.../
une séparation linéaire) entre deux groupes d’observations » qui « est une combinaison linéaire des [sept]
variables explicatives, toutes continues, qui décrivent les deux
groupes d’observations ».

Les coefficients non standardisés de la droite sont donnés au


Diagramme VI-2. L’équation de la droite se lit ainsi :

Score = (-1,847) Zpop + (2,783) Zdfn + (-0,106) Zdfn/hab + (0,156) Zrfu +


(-0,608) Zdfn/100$rfu + (0,056) rfu/hab + (-0,243) Ztgtu + 0,000

97
Le résultat du calcul des scores sont présentés dans le Tableau 17 :

La variable d’appartenance à une MRC, Centre-de-la-Mauricie, d’une part, et Francheville, d’autre part, dé-
termine une partition territoriale des quinze municipalités. Nous recherchons une autre partition, celle qui
émane des sept variables lorsqu’elles sont soumises au « principe statistique de l’analyse discriminante li-
néaire ». Cette autre partition repose
Tableau 18
sur « un ensemble d’axes qui résu-
ment au mieux la distance existant
entre deux groupes d’observa-
tions », de telle manière que « dans
ce nouveau repère, les points des
deux groupes doivent être aussi dis-
tants les uns des autres que possi-
bles, et aussi proches que possible
les uns des autres au sein d’un
même groupe ».

Le Tableau 18 rassemble les résultats de l’analyse discriminante linéaire qui « résument au mieux la distance
existant entre deux groupes d’observations ». Les municipalités du Tableau 18 y sont présentées comme suit :
1. dans la colonne « MRC », le nombre « 1 » signifie : Centre-Mauricie ; le nombre « 2 », Fran-
cheville ;

98
2. dans la colonne « classe », le nombre « 1 » signifie la classe d’affectation d’une municipalité
dont le score est celui qui est indiqué dans la colonne suivante ; le nombre « 2 », de même ;
3. dans la colonne « municipalité », les observations sont mises en ordre comme suit : d’abord
en ordre croissant de classe d’affectation, ensuite en ordre croissant de score dans chaque
classe d’affectation.

Dans le Tableau 18, il importe d’abord de remarquer que les municipalités de la classe d’affectation 1, dont
quatre proviennent de la MRC du Centre-de-la-Mauricie et une de la MRC de Francheville, ont toutes un
score supérieur à 1. Parmi celles-ci, il importe au plus haut point de remarquer les scores respectifs suivants :
Saint-Étienne-des-Grès : 1,27769
Notre-Dame-du-Mont-Carmel : 1,27991

Autrement dit, dans le Tableau 18, la distance entre Notre-Dame-du-Mont-Carmel et Saint-Étienne-des-Grès


est de :
Notre-Dame-du-Mont-Carmel — Saint-Étienne-des-Grès = 0,00222

C’est la démonstration d’une très étroite connexion entre ces deux municipalités. Cette étroite connexion est
étroitement enchâssée entre Saint-Élie (1,04008), Saint-Mathieu (1,55691) et Saint-Boniface (1,58132).

74 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 6
75 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 17
76 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 51
77 Rapport Thibault, p. 27
78 Rapport Gélinas, p. 116
79 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 51

99
EXPLORATION DU PROBLÈME

101
RECOMMANDATION REJETÉE

Le mandataire chargé de l’étude concernant la MRC du Centre-de-la-Mauricie, comme nous l’avons lu plus
haut, associe la ruralité à un atavisme, et ce, en des termes très clairs : « S’il est un vocable aujourd’hui utilisé
dans des acceptations les plus variées , c’est bien celui de la ruralité. Chacun y apporte ses inquiétudes et
ses passions montrant au besoin combien le caractère éminemment agraire de notre pays est encore forte-
ment ancré dans les mentalités.» 80

Puis, dans un revirement qui ne manque pas de hardiesse, le mandataire passe de l’atavisme à une « ruralité
moderne » qu’il présente ainsi :
Mais, il faut reconnaître que la ruralité moderne est confrontée à plusieurs défis qui ont trait à l’occupation du terri-
toire, à l’économie, au développement durable, à la vitalité sociale et culturelle, à l’adaptation gouvernementale aux
réalités rurales et à la prise en charge de leur développement par les communautés rurale. L’espace rural québécois
est un milieu de vie complexe et hétérogène qui évolue au rythme de la société globale 81

Cependant, c’est en vain que, dans son rapport, on cherche un exposé descriptif de ce « milieu de vie com-
plexe et hétérogène » puisque le mandataire s’en remet à un « Cadre de référence adopté par le Conseil des
ministres le 22 octobre 1999 qui servira de guide pour l’élaboration de la première Politique québécoise de la
ruralité » où il relève le passage suivant :
« Les zones périurbaines sont localisées dans l’environnement immédiat des pôles urbains de toutes importances retrouvés
dans les différentes régions du Québec. Elles comptent sur une population qui tend à croître plus que la moyenne québé-
coise. La structure d’emploi et le profil des professionnels des populations de ces territoires sont similaires à ceux des muni-
cipalités urbaines qu’ils voisinent. Une partie de la main-d’œuvre, souvent plus de 50% travaille à la ville. Le taux de chô-
mage et le revenu moyen des ménages s’approchent des moyennes québécoises. Toutefois, la structure et l’intensification
des activités économiques peuvent représenter une menace pour le cadre de vie rural actuel, pour l’environnement et pour la
préservation du patrimoine propre au milieu rural. L’étalement urbain auquel sont confrontées beaucoup de zones a une
incidence sur l’aménagement et le développement du territoire de ces municipalités et provoque à l’occasion des conflits
d’utilisation. » 82

C’est ainsi que le paysage de Grandes-Piles qui


apparaît au Graphe 7 83 est intégré à « la Nouvelle
Ville de Shawinigan » par le mandataire, qui écrit :
VII.SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
(...)
2- QUE la Nouvelle Ville de Shawinigan regroupe les
municipalités de Shawinigan, Grand-Mère, Shawini-
gan-Sud, Notre-Dame-du-Mont-Carmel, Saint-Geor-
ges-de-Champlain, Lac-à-la-Tortue (incluant une partie
d’Hérouxville), Saint- Gérard-des-Laurentides, Saint-
Jean-des-Piles, Grandes-Piles et de Saint-Boniface si
telle est la décision de la Ministre d'État aux Affaires
municipales et à la Métropole.84

103
Or, « telle [ne fut pas] la décision de la Ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole » puisque
Notre-Dame-du-Mont-Carmel ne fut pas intégré à la « Nouvelle Ville de Shawinigan ».

Pourquoi cette décision est-elle bien fondée ? La recherche d’une réponse adéquate à cette question exige :
une investigation ;
une démonstration.

80 Rapport Gélinas, p. 114-115


81 Rapport Gélinas, p. 114-115
82 Rapport Gélinas, p. 64-65
83 http://www.touriste.net/page/album_photo_g_piles.htm#
84 Rapport Gélinas, p. 132

104
INVESTIGATION

La toute première phrase que le Groupe de travail sur les municipalités régionales de comté à caractère
urbain et rural écrit dans son rapport se lit comme suit :
Le 26 avril dernier, la ministre d’État aux Affaires municipales et à la Métropole, madame Louise Harel, confiait à un
Groupe de travail le mandat d’examiner le fonctionnement de 28 MRC dites mixtes, soit des MRC ayant comme
caractéristique principale d’être à la fois urbaine et rurale.85

Dans le nom même du Groupe de travail, il est fait mention de «municipalités régionales de comté à caractère
urbain et rural». Et, dans l’énoncé même de son mandat, le Groupe de travail souligne que son examen porte
sur les «MRC ayant comme caractéristique principale d’être à la fois urbaine et rurale».

Est-ce que le mot «urbain» et le mot «rural» ne sont que des bruits faits avec la bouche ? Ou bien est-ce que
le mot «urbain» et le mot «rural» nomment respectivement des notions qui sont bel et bien distinctes l’une de
l’autre ? Si le mot «urbain» et le mot «rural» ne sont pas que des sons vocaux, mais qu’ils nomment
respectivement des notions qui sont bel et bien distinctes l’une de l’autre, de telle manière que le mot
«urbain» et le mot «rural» ne peuvent pas être pris l’un pour l’autre, alors quelles sont ces notions ? Et, dès
lors, à quel sujet ces notions peuvent-elles être attribuées en vérité, soit directement, soit obliquement, dans
une proposition qui fait sens ?

Ces questions élémentaires gravitent autour d’un problème que, il y a un peu plus de 2000 ans, Aristote
formulait comme suit :
Puisqu'il n'est pas possible d'apporter dans la discussion les choses elles-mêmes, mais qu'au lieu des choses nous
devons nous servir de leurs noms comme de symboles, nous supposons que ce qui se passe dans les noms se passe
aussi dans les choses, comme dans le cas des cailloux qu'on rapporte au compte. Or, entre noms et choses, il n'y a pas
ressemblance complète : les noms sont en nombre limité, ainsi que la pluralité des définitions, tandis que les choses sont
infinies en nombre. Il est, par suite, inévitable que plusieurs choses soient signifiées et par une même définition et par un
seul et même nom. Par conséquent, poursuit Aristote, de même que, dans l'exemple ci-dessus, ceux qui ne sont pas
habiles à manipuler leurs cailloux sont trompés par ceux qui savent s'en servir, ainsi en est-il pour les arguments : ceux
qui n'ont aucune expérience de la vertu significative des noms font de faux raisonnements, à la fois en discutant
eux-mêmes et en écoutant les autres. 86

Par exemple, considérons cette phrase : «Au moment où j’étais couché sur le sol, en chien de fusil, sous la
contellation du chien, je fus distrait par le chien d’une femme qui se promenait avec son chien.» Le même son
vocal «chien» y signifie quatre notions différentes. Autre exemple avec le son vocal « poste » : «Durant mon
poste de jour, je quittai mon poste de travail pour me rendre au bureau de poste afin de mettre à la poste une
lettre concernant mon poste de radio.»

105
RURALITÉ

Au Petit Robert, nous lisons que l’adjectif « rural » vient du substantif latin « rus » qui signifiait « campagne ».
En vérité, le mot français « campagne » vient plutôt du mot latin « campania », dérivé de « campus » : la
plaine. A. Ernout et A. Meillet enseignent que le substantif « rus » n’est pas passé dans les langues romanes ;
il signifie « espace libre », à l’opposé de « domus » (maison), et de « urbs » (ville), ou encore il « désigne les
animaux non domestiques, particulièrement ceux de la plaine »87 . Le mot « urbs », d’où vient « urbanus »,
s’oppose à « rusticus » ; il fut supplanté par « civitas » et « villa » dans les langues romanes. Évidemment, le
« pabulum », « ce qui sert à nourrir ou à faire paître » les troupeaux d’animaux domestiques ne se trouve pas
dans l’« urbs », mais dans le « rusticus », dans la « campania ».

En français, poursuit le Petit Robert, le mot « rural » signifie : « qui concerne la vie dans les campagnes, qui
concerne les paysans. Exploitation rurale, domaine rural. Habitat rural ». Remarquons bien la précision : est
rural ce « qui concerne la vie dans les campagnes ». Une exploitation rurale n’est possible que dans un
espace libre comme l’est la campagne. Au mot « campagne », le Petit Robert fournit le renseignement
suivant : « 1. Vaste étendue de pays découvert -> plaine. Une campagne — MOD. GÉOGR. Paysage rural où les
champs ne sont pas clôturés, où il y a peu d’arbres et où les habitations sont groupées (…). 2. La campagne :
les terres cultivées, hors d’une zone urbaine (opposé à ville). Les travaux de la campagne. (…)». Les
pâturages seront aussi «hors d’une zone urbaine», et hors des «terres cultivées ».

Comme le mot « campagne », selon le mode géographique, s’entend d’un « paysage rural (…) où il y a peu
d’arbres», un paysage où il y a beaucoup d’arbres, un paysage forestier, ne sera pas à proprement parler
« une campagne ». Rappelons que, selon le Petit Robert, la notion signifiée par le mot « forêt » concerne
directement la «vaste étendue de terrain peuplée principalement d’arbres», et, obliquement, « [l’]ensemble de
ces arbres ». La forêt, bien sûr, sert à l’industrie du papier, du bois ouvré, mais ce n’est pas là le plus
important. « Cinq cents arbres adultes absorbent le CO2 que produit une automobile au cours d’une
année » 88, et exhalent de l’oxygène, élément indispensable à la vie de plusieurs animaux, dont l’homme.

Quant est-il de la notion signifiée par le mot « urbain » ? La notion signifiée par le mot latin « urbs », par
opposition à « rus », exclut ce qui concerne directement un certain usage du sol, qu’il s’agisse d’agriculture,
d’élevage, de foresterie. Comme « rus », « urbs » n’est pas passé dans les langues romanes. Que trouve-t-on
dans l’« urbs » ? Le « vicus » : « pâté de maisons, quartiers dans une ville, rue », nous enseignent A. Ernout

106
et A. Meillet 89 . Du mot latin « vicus » viennent : « viculus » (bourgade), « vicinus » (voisin), « vicinalis »
(vicinal). Bref, la notion signifiée par le mot latin « vicus » concerne directement un certain usage du sol : le
tassement de maisons d’habitation pour fins de résidences primaires ou secondaires ; et, obliquement, les
personnes de ce voisinage. C’est dans l’« urbs » qu’on trouvera l’artisanat, le commerce, l’industrie.

La notion signifiée par le mot « rural », enseigne encore le Petit Robert, a comme contraire la notion signifiée
par le mot « urbain ». Qu’est-ce qu’un rapport de contraires ? Si le rapport entre les notions signifiés par les
mots « rural » et « urbain » est celui de contraires, il s’ensuit qu’une attribution de « rural » à un sujet, lorsque
cette attribution est faite en vérité, exclut tout à fait qu’une attribution de « urbain » puisse être faite en vérité à
ce même sujet : elle est et ne peut être que fausse. Revenons à la notion de « campagne » que le Petit
Robert exprime dans l’expression « La campagne » : « les terres cultivées, hors d’une zone urbaine (opposé à
ville). Les travaux de la campagne. (…) ». L’aire géographique constituées de « terres cultivées » est et ne
peut être que rurale ; elle n’est pas et ne peut pas être urbaine parce que, par définition, « les terres cultivées
[sont] hors d’une zone urbaine ». Il en est de même pour les pâturages, et pour la forêt.

Étant donné que le mot « urbain » et le mot « rural » nomment respectivement des notions qui sont bel et bien
distinctes l’une de l’autre, et qu’elles sont des contraires, est-il possible qu’une aire géographique quelconque
puisse avoir « comme caractéristique principale d’être à la fois urbaine et rurale » ? Il est parfaitement
possible de trouver une aire géographique qui n’est ni entièrement rurale ni entièrement urbaine, ou qui est
partiellement rurale et partiellement urbaine. Dans l’expression « partiellement rurale et partiellement
urbaine », l’expression « partiellement rurale » et l’expression « partiellement urbaine » nomment
respectivement des notions qui sont des sous-contraires. Évidemment, la partie d’un tout partiellement rural
est, elle, entièrement rurale ; et la partie d’un tout partiellement urbain est, elle, entièrement urbaine.

À quoi servent ces minuties lexicographies élémentaires ? D’abord, à éviter de parler au seul son. Ensuite, à
lire d’un œil critique le site Internet de Statistique-Canada, qui publie un Dictionnaire du recensement de 2006
où on peut lire une «définition détaillée» de «Région rurale RR» qui est écrite comme suit :
Les régions rurales comprennent tout le territoire situé à l’extérieur des régions urbaines. Ensemble, les régions urbaines
et les régions rurales couvrent tout le territoire canadien.

La population rurale comprend toutes les personnes qui vivent dans les banlieues rurales des régions métropolitaines de
recensement (RMR) et des agglomérations de recensement (AR) ainsi que les personnes qui vivent dans les régions
rurales à l’extérieur des RMR et des AR.

107
Dans le premier paragraphe de sa « définition détaillée » de « Région rurale RR », Statistique-Canada attri-
bue le nom « rural » au sujet « région » ; il en est de même du nom « urbain ». Selon cette « définition dé-
taillée », est rurale la région dont le « territoire [est] situé à l’extérieur des régions urbaines ». Autrement dit, le
critère de la division « rural-urbain », pour ce qui en est de la « Région rurale RR », est : extérieur-intérieur à
une région urbaine. Il est clair que cette «définition détaillée» repose sur une division entre des contraires.

Dans le second paragraphe, Statistique-Canada attribue le nom « rural » au sujet « population ». Évidem-
ment, aucune population n’est une région, et aucune région n’est une population. Alors, le nom « rural », à
quel sujet s’attribue-t-il en premier lieu : à « région » ou à « population » ? Selon le second paragraphe, le
nom « rural » s’attribue en tout premier lieu au sujet « région » : « la population rurale » est faite des « per-
sonnes qui vivent dans les régions rurales à l’extérieur des RMR et des AR ». Sauf que, à la « population ru-
rale » ainsi définie selon la « région rurale », Statistique-Canada ajoute « toutes les personnes qui vivent dans
les banlieues rurales des régions métropolitaines de recensement (RMR) et des agglomérations de recense-
ment (AR) ». Or, au Dictionnaire du recensement de 2006, Statistique-Canada donne de « Région métropoli-
taine de recensement (RMR) et agglomération de recensement (AR) » une « définition en langage simple »
qui se lit comme suit :
Territoire formé d’une ou de plusieurs municipalités voisines les unes des autres qui sont situées autour d’un grand noyau
urbain. Une région métropolitaine de recensement doit avoir une population d'au moins 100 000 habitants et le noyau
urbain doit compter au moins 50 000 habitants. L'agglomération de recensement doit avoir un noyau urbain d'au moins 10
000 habitants.

Lorsque Statistique-Canada fournit « plus d'information sur Région rurale (RR) », on lit les « remarques » sui-
vantes :
Les régions rurales du Canada sont les régions qui restent après la délimitation des régions urbaines, lesquelles ont été
délimitées à l’aide des données démographiques du recensement actuel. Ensemble, les régions urbaines et les régions
rurales couvrent tout le territoire canadien.

Dans les régions rurales, la densité de la population et les conditions de vie peuvent varier considérablement. Les régions
rurales comprennent :

• les petites villes, les villages et les autres localités comptant moins de 1 000 habitants selon le recense-
ment actuel
• les banlieues rurales des régions métropolitaines de recensement et des agglomérations de recensement
pouvant comporter des domaines fonciers, des terres agricoles, des terres non exploitées ainsi que des
terres sur lesquelles il est impossible de bâtir
• les terres agricoles
• les régions éloignées et les réserves naturelles.

108
Dans le premier paragraphe, Statistique-Canada déclare d’abord que « les régions rurales » sont celles qui
« restent après la délimitation des régions urbaines » : ici, on emploie encore le critère de division « extérieur-
intérieur ». Mais, Statistique-Canada déclare ensuite que « la délimitation des régions urbaines » est faite « à
l’aide des données démographiques du recensement actuel ». Selon Statistique-Canada, les « données dé-
mographiques » fondent d’abord « la délimitation des régions urbaines » ; ensuite, « les régions qui restent
après la délimitation des régions urbaines », ce sont « les régions rurales », poursuit Statistique-Canada. Évi-
demment, des « données démographiques » concernent proprement une « population », sans quoi elles ne
seraient pas démographiques.

Faut-il comprendre que, dans son discours sur la division « urbain-rural », Statistique-Canada introduit ainsi
de la confusion ? Le second paragraphe que Statistique-Canada écrit pour fournir « plus d'information sur Ré-
gion rurale (RR) » porte à le croire :
Dans les régions rurales, la densité de la population et les conditions de vie peuvent varier considérablement. Les régions
rurales comprennent :

• les petites villes, les villages et les autres localités comptant moins de 1 000 habitants selon le recense-
ment actuel
• les banlieues rurales des régions métropolitaines de recensement et des agglomérations de recensement
pouvant comporter des domaines fonciers, des terres agricoles, des terres non exploitées ainsi que des
terres sur lesquelles il est impossible de bâtir
• les terres agricoles
• les régions éloignées et les réserves naturelles.

Le mélange hétérogène de choses bien différentes, ce que contient le second paragraphe, confirme très net-
tement la présence d’une confusion dans le discours tenu sur la division « urbain-rural » par Statistique-Ca-
nada. Majella Simard l’atteste en ces termes :

Au Canada, Statistique Canada s'est également donné une définition normative de la ruralité basée sur la taille démogra-
phique et la densité de population des localités. (…) Bien que les deux paramètres utilisés par l'organisme fédéra! consti-
tuent d'excellents indicateurs de l'intensité de l'occupation socio-spatiale, ils sont impuissants à rendre toute la dimension
qualitative de la ruralité. À ce sujet, le commentaire de Michel BOISVERT (1978) s'avère toujours pertinent : “L'une des
principales carences de la définition statistique est d'occulter arbitrairement le contenu du rapport de la population à l'es-
pace; densité, morphologie de l'habitat, équipements, moyens de communications qui définissent un certain mode de vie.
En prenant réellement en compte ces critères on aboutît à des types d'espaces différenciés qui n'ont plus guère de paren-
té avec l'espace rural statistique mais qui se dérobent toujours aussi bien à toute définition objective (BOISVERT, 1978:
68).” En raison de son imprécision, la définition de Statistique Canada a été maintes fois critiquée. En dépit de ses faibles-
ses, la définition de Statistique Canada, qui sert de norme officielle au Canada pour calculer les taux de ruralité ou d'urba-
nité ou encore pour analyser l'évolution de la structure de peuplement, demeure la plus précise de toutes les méthodes
existantes. Elle a «le mérite d'être simple, d'usage facile lorsqu'on l'applique à des subdivisions de recensement équiva-
lant à des municipalités, de correspondre assez bien à une certaine réalité perçue et de permettre d'identifier des ordres
de grandeur et de suivre leur évolution dans le temps» (DUGAS, 1998: 19). 90

109
Sauf que Statistique-Canada développe un
discours qui ne porte pas sur le couple « rural-
urbain » pris comme tel. En adoptant un autre
point de vue que le nôtre, Statistique-Canada
s’emploie à définir un organigramme pour le
recensement d’une RMR ou d’une AR, tel que
l’illustre le diagramme ci-contre. C’est ainsi
que, dans son Dictionnaire du recensement en
2006, qui reprend le lexique exposé dans Cata-
logue de la Géographie, Recensement de 2001 (92-405-XIF, Mars 2002), Statistique-Canada développe la
« définition détaillée » de « Noyau urbain, banlieue urbaine et banlieue rurale » en ces termes :

Les concepts de « noyau urbain, banlieue urbaine et banlieue rurale » permettent de faire la distinction entre les régions
urbaines centrales et périphériques et les régions rurales à l’intérieur d’une région métropolitaine de recensement (RMR)
et d’une agglomération de recensement (AR).

Le « noyau urbain » est une grande région urbaine autour de laquelle les limites d’une RMR ou d’une AR sont définies. La
population du noyau urbain (d’après les chiffres du recensement précédent) doit s’élever à au moins 50 000 habitants
dans le cas d’une RMR ou à au moins 10 000 habitants dans le cas d’une AR.

Le noyau urbain d’une AR qui a été fusionnée à une RMR adjacente ou à une plus grande AR est appelé « noyau urbain
secondaire ».

La « banlieue urbaine » comprend toutes les petites régions urbaines à l’intérieur d’une RMR ou d’une AR qui ne sont pas
contiguës au noyau urbain de la RMR ou de l’AR.

La « banlieue rurale » est le territoire au sein d’une RMR ou d’une AR qui n’est pas considéré comme le noyau urbain ni
comme la banlieue urbaine.

Cependant, la Division de la géographie de Statistique-Canada publie la « Série de documents de travail de la


géographie [qui] vise à stimuler des discussions sur une variété de sujets reliés au travail conceptuel,
méthodologique et technique à l’appui de l’élaboration et de la diffusion des données, des produits et des
services de la division ». Ainsi, Robert Mendelson est l’auteur de « Les structures géographiques comme
variables de recensement : se servir de la géographie pour analyser les phénomènes sociaux et
économiques ». Au « résumé » du document, on peut lire :

Statistique Canada utilise habituellement les régions géographiques normalisées comme «contenants» aux fins de la
diffusion des données statistiques. Cependant, les structures géographiques servent également de variables, afin
notamment d’apporter des précisions sur les populations rurales et urbaines dans une région précise comme une
municipalité (subdivision de recensement). (…)

110
Le présent document de travail vise à faire ressortir les avantages que comporte le recours aux structures géographiques
comme variables en vue de mieux analyser les phénomènes sociaux et économiques, ainsi qu’à favoriser la discussion
chez les utilisateurs sur l’opportunité d’utiliser ces variables et sur le potentiel offert par cette capacité grandement
inutilisée des bases de données du recensement. (…)

Nous cherchons à favoriser l’utilisation des structures géographiques comme variables de recensement afin de donner
aux utilisateurs les outils nécessaires pour analyser plus précisément les processus sociaux et économiques à l’œuvre
dans les régions géographiques du Canada.91

Que penser du « potentiel offert par (…) [les] bases de données du recensement » ? Nous avons lu plus haut
que, « en dépit de ses faiblesses, la définition de Statistique Canada (…) sert de norme officielle au
Canada ». Sauf que Majella Simard ajoute que, si « les deux paramètres utilisés par l'organisme fédéral
constituent d'excellents indicateurs de l'intensité de l'occupation socio-spatiale, ils sont impuissants à rendre
toute la dimension qualitative de la ruralité ».

Après avoir dit que « la notion d'espace rural peut être approchée de deux manières complémentaires : l'une
qualitative et l'autre quantitative », Majella Simard souligne que « les milieux de la recherche scientifique n'ont
toujours pas réussi à formuler une définition [qualitative] précise de la ruralité exprimant l'ensemble de ses
dimensions géographique, sociologique, économique, fonctionnelle, perceptuelle, culturelle et
méthodologique. Les définitions et les discussions abondent au sujet du sens à accorder au terme “rural” ». Et
il fait une « recension des principales définitions [qualitatives] de la ruralité » en ces termes :

1) «Le milieu rural est un espace naturel ou un espace transformé par l'homme qui sert d'assise aux activités d'un groupe
humain dont l'établissement est dispersé et peu dense. Un milieu rural se caractérise surtout par la présence d'activités
agricoles (production végétale, animale, forestière) mais on y retrouve également des activités industrielles, touristiques,
etc.» (MINISTÈRE DES AFFAIRES MUNICIPALES. Cité par Clermont DUGAS «Problèmes de définition et de délimitation
du territoire rural», dans Cahiers nantais, no 28 (juillet 1986), p. 10).

2) «L'espace rural se définit comme un mode particulier de l'utilisation de l'espace et de vie sociale. Il est ainsi caractérisé
par: (a) une densité relativement faible des habitants et des constructions, faisant apparaître une prépondérance des
paysages à couverture végétale; (b) un usage économique à dominance agro-sylvo-pastoral; (c) un mode de vie de ses
habitants caractérisé par leur appartenance à des collectivités de taille limitée et par leur rapport particulier à l'espace; (d)
une identité et une représentation spécifiques fortement connotées par la culture paysanne» (KAYSER, Bernard. La
renaissance rurale. Sociologie des campagnes du monde occidental. Coll. Sociologie. Paris, Éditions Armand Colin, 1990,
p. 13).

3) «Le milieu rural est celui que forment ou qu'offrent les campagnes» (BRUNET, Roger; FERRAS, Robert et THÉRY,
Hervé. Les mots de la géographie. Dictionnaire critique. Coll. Dynamique du territoire. Paris, La Documentation française,
1995, p. 442).

4) «L'espace rural (...) se caractérise par les critères suivants: la prépondérance en surface des usages agricole, forestier
ou naturel (l'espace rural ne se limite pas toutefois à l'espace agro-forestier), la faible dimension et la dispersion sur un
vaste territoire des établissements humains, une gamme de services moins étendue et moins spécialisée que dans
l'espace urbain, une organisation et un équipement du territoire à la mesure d'une population dispersée et d'une activité
économique faible ou modérée» (DUGAS, Clermont et VACHON, Bernard. «Le Québec rural des années 90: son
territoire, sa population, sa structure institutionnelle», dans Bernard VACHON (dir). Le Québec rural dans tous ses états.
Montréal, Éditions du Boréal, 1991, p. 20).

111
5) «Les zones rurales englobent l'ensemble de la population du territoire et des autres ressources des campagnes et des
petits centres de peuplement, situés en dehors de la sphère d'influence directe des grands centres urbains. La ruralité est
un concept spatial ou territorial. Le terme ne désigne pas un mode d'exploitation particulier de la terre, ni un niveau de
développement économique, ni un secteur déterminé» (ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUES. Quel avenir pour nos campagnes? Une politique de développement rural. Paris, Éditions de l'OCDE,
1993, p. 11).

6) «Le territoire rural traduit principalement des caractéristiques liées à la situation géographique et à la taille des
agglomérations, c'est-à-dire, un espace où les agglomérations sont de petites dimensions et situées dans un
environnement dont le peuplement est de faible densité. La pierre d'achoppement de la définition retenue du monde rural
ne résidera pas dans l'identification de ses caractéristiques générales - physique, territoriale, démographique.,
économique et culturelle - mais bien davantage dans l'établissement de critères opérationnels» (SOLIDARITÉ RURALE
DU QUÉBEC. Avis pour une politique gouvernementale de développement rural. Nicolet, janvier 1999, p. 7).

7) «L'espace rural est celui où les faits à caractères de plages revêtant la surface du sol l'emportent sur les éléments
linéaires ou ponctuels offerts au regard» (COMMISSION DE L'ESPACE RURAL DE L'UGI. Citée par BONNAMOUR,
Jacqueline. «Agricultures et campagnes aujourd'hui», dans BONNAMOUR, Jacqueline (dir). Agricultures et campagnes
dans le monde. Coll. Dossiers des images économiques du monde. Paris, Éditions SEDES, 1996, p. 16.).

8) «La ruralité est le fait (...) d'une multitude de collectivités locales, microformations sociales qui sont de véritables
systèmes sociaux dont les rapports à l'espace peuvent être analysés en termes de rapports économiques, de rapports
sociaux, de rapports à la localité, de rapports à l'environnement» (BORNE, Dominique et SCHEILING, Jacques. La
France. Permanences et mutations. Coll. Carré Géographie. Paris, Éditions Hachette Supérieur, 1995, p. 77).

9) «Univers de semblables, le rural désigne un groupe humain caractérisé par sa forte sociabilité, son réseau de relations
de proximité qui scelle l'attachement à un type de relation entre les personnes qui se connaissent» (SANSELME, Franck.
«Entre sciences sociales et sens commun. La «ruralité» dans les Maisons familiales rurales», dans Économie rurale, no
262, (mars-avril 2001 ), p. 65).

10) «Espace de faible densité et/ou de population, faiblement diversifié, aux sols peu artificialisés où l'agriculture tient une
place dominante, où régnent principalement, à l'instar de l'activité agricole, les processus de dispersion des activités et
des populations et que les processus d'agglomération ont tendance à se vider de leur contenu» (SCHMITT, Bertrand et
GOFFETTE-NAGOT, Florence. «Définir l'espace rural? De la difficulté d'une définition conceptuelle à la nécessité d'une
délimitation statistique», dans Économie rurale, no 257
(mai-juin 2000), p. 43).

11) «Le milieu rural est formé par la campagne et par la hiérarchie des villes petites et moyennes qui vivent en symbiose
avec elle. Ses fonctions propres sont l'agriculture, l'industrie de transformation et certains services pour la population
urbaine comme le tourisme» (HOUSSEL, Jean-Pierre. «Promotion collective et développement dans la France rurale
progressive: l'exemple des Monts du Lyonnais», dans Annales de géographie, vol. 109, no 611 (janvier-février 2000), p.
23).

12) «La ruralité définit un mode de sociabilité impliquant une fonction nécessaire de solidarité, cimentant le tissu des
communautés rurales partageant des valeurs communes, une culture et un référentiel d'appartenance: le territoire»
(MOUSSALY, Sergieh F. Crise de la ruralité et appauvrissement du Québec. Réflexion à propos des perspectives
concrètes du développement des communautés rurales du Québec. Montréal, Congrès de Solidarité rurale du Québec,
février 2001, p. 9).

13) «On caractérise les espaces ruraux par leurs positions spécifiques dans l'ensemble du système spatial et par les flux
d'échanges avec les autres espaces» (GAIGNÉ, Cari. «Appariement et stabilité de la relation d'emploi dans les espaces
ruraux», dans Revue d'économie régionale et urbaine, no 5 (2000), p. 824).92

112
Nous ne conduisons pas cette étude dans le but de définir l’organigramme d’un recensement, mais de définir
la notion de « territoire rural », notion que la toute première Politique nationale de la ruralité, dévoilée le 6 dé-
cembre 2001, présente ainsi :

Le territoire rural se caractérise ainsi:

• La densité de la population et des constructions est relativement faible, ce qui donne lieu à des collectivités de taille
limitée, dispersées dans un vaste espace géographique dominé par la végétation

• L’agriculture, l’élevage ou la mise en valeur des ressources naturelles jouent un rôle prépondérant dans l’usage
économique du territoire.

• La population entretient un rapport particulier à l’espace, à la nature, au climat, aux saisons, et ce rapport influence
sa vie sociale, économique et culturelle.

• Les membres de chaque collectivité se connaissent, ils ont le sentiment d’appartenir à une communauté spécifique
qui s’identifie au territoire qu’elle occupe.93

En décembre 2006, le Gouvernement du Québec faisait une mise à jour et publiait la Politique nationale de la
ruralité 2007-2014. Il en présente ainsi le sujet : « La ruralité : un choix, un style et un mode de vie ». Puis, il
propose un discours où apparaissent des considérations méthodologiques qu’il formule ainsi :
La notion de ruralité comporte de nombreuses facettes relevant de l’histoire du Québec, de son organisation, des modes
d’occupation de son territoire, des activités et d’une économie solidaire – qui y ont été et qui y sont encore pratiquées – et
du système de valeurs des populations qui occupent l’espace rural. Ainsi, définir la ruralité nécessite de la considérer sous
plusieurs angles.

Le concept de ruralité se définit aux plans sociologique et géographique comme un espace habité de petites
communautés humaines, dont les valeurs d’entraide et l’histoire commune tournent encore autour de la fierté et de
l’appartenance à un milieu, à un territoire et à la famille. On y retrouve une dynamique et des pratiques sociales,
culturelles et économiques fondées sur la proximité, la convivialité, l’entraide et la coopération. Cette communauté
humaine est représentée comme un milieu de vie qui associe intimement le territoire, les relations de vie et la cohésion
sociale. La population y maintient un lien étroit avec son environnement immédiat tout en valorisant une culture identitaire
différenciée qui inclut les communautés francophones, anglophones, et les Premières Nations.

Sous l’angle socio-économique, la ruralité québécoise n’est pas uniforme et regroupe des milieux diversifiés sur les plans
démographiques, économiques, géographiques, climatiques, historiques et même culturels. L’agriculture, qui a été son
fondement avec la foresterie et les pêches, y tient toujours une place de choix dans l’occupation dynamique du territoire
rural et dans l’économie rurale. Les milieux ruraux connaissent d’ailleurs des conditions économiques très variables qui
vont de milieux très dévitalisés souffrant d’un fort taux de sous emploi, d’une stagnation économique et même de détresse
sociale, jusqu’à des milieux très prospères à démographie croissante qui sont notamment en manque de main-d’œuvre.
Cette ruralité plurielle se projette en nuances importantes entre les régions et au sein même des régions et des MRC.

Au fil des décennies, l’universalité de certaines valeurs et pratiques a rapproché les milieux urbains et ruraux, mais la
correspondance entre les deux modes de vie est loin d’être faite car on trouve encore dans ces derniers de très nombreu-
ses différences. La ruralité d’aujourd’hui est toujours dépositaire de connaissances, de patrimoines, de savoirs et de sa-
voir-faire individuels et collectifs particuliers. Elle représente la diversité sociale des territoires du Québec et correspond
aux idéaux de grands espaces et de liberté qui ont porté notre collectivité depuis les tout débuts. Elle symbolise le rapport
direct aux autres et à la nature, un ancrage dans la stabilité au sein d’un monde changeant, portant parfois à un certain
traditionalisme permettant la transmission des valeurs et des pratiques d’une génération à une autre. Elle transmet enfin
une volonté d’habiter le territoire qui se fonde sur l’engagement et sur la capacité des populations rurales à contribuer
directement à relever les défis auxquels elles font face.

113
La distinction entre le mode de vie rural et le mode de vie urbain qui s’est fortement atténuée depuis 50 ans se situe dans
la similarité des besoins, des comportements, des attentes, des aspirations, des modes de consommation, des modèles et
des pratiques économiques et culturelles qui puisent souvent aux mêmes sources. Les caractéristiques et besoins des
uns et des autres se rapprochent parfois. On peut parler d’une société rurale en mutation comme on peut le faire pour
toutes les collectivités humaines. Il reste toutefois des différences dans les cadres de vie et dans les valeurs qui définis-
sent encore la société rurale et qui font en sorte que plusieurs personnes font le choix de vivre ou de s’installer en milieu
rural.

D’ailleurs, le dynamisme très riche du Québec rural et les approches d’économie solidaire sont pratiquement inconnus et
rarement véhiculés par les grands médias. La définition de la ruralité doit constamment s’ajuster, car les milieux de vie
ruraux ont vu leur population se diversifier, leurs activités socio-économiques se modifier, les paysages se transformer,
tout comme l’aménagement du territoire, la distribution du peuplement, les relations de voisinage et d’entraide, les formes
d’organisation et d’association. L’appartenance à la ruralité est de plus en plus revendiquée par de nouveaux résidants qui
veulent faire partie d’un milieu différent de la ville et qui l’apprécient entre autres pour son cadre et pour sa qualité de vie
de même que pour sa convivialité. Les activités récréatives et touristiques pratiquées en milieu rural, les paysages et la
villégiature, la présence des lacs et des rivières donnent une nouvelle dimension à la ruralité qui est très recherchée tant
par les populations rurales que par les populations urbaines. 94

Est-il vrai que « la notion de ruralité comporte de nombreuses facettes », à tel point que « définir la ruralité
nécessite de la considérer sous plusieurs angles » ? La ruralité est un sujet d’étude qui se donne à la con-
naissance selon « de nombreuses facettes ». Il ne s’ensuit nullement que ce soit « la notion de ruralité [qui]
comporte de nombreuses facettes », mais bien la ruralité elle-même. Évidemment, chacune de ces facettes
n’est adéquatement connue que selon une notion propre à cette facette. Ainsi, il est vrai que « définir la rurali-
té [selon une de ses facettes, puis une autre, puis...] nécessite de la considérer sous plusieurs angles ».

Par exemple, est-il vrai que « le concept de ruralité se définit aux plans sociologique et géographique comme
un espace habité de petites communautés humaines, dont les valeurs d’entraide et l’histoire commune tour-
nent encore autour de la fierté et de l’appartenance à un milieu, à un territoire et à la famille » ? L’histoire, la
sociologie, la géographie, l’ethnologie sont autant de sciences distinctes ; chacune d’elles aborde un sujet
d’étude qu’elles peuvent partager, par exemple, la ruralité, en découpant dans ce sujet commun un objet pro-
pre qui, lui, donne lieu à une définition qui lui est propre.

Ainsi, ce n’est pas « le concept de ruralité [qui] se définit aux plans sociologique et géographique comme…».
Par contre, c’est une facette de la ruralité — et non du concept-de-ruralité — qui se définit, « au plan géogra-
phique », « comme un espace habité de petites communautés humaines ». Pourquoi ? Parce que « la géo-
graphie est une science sociale, comme la sociologie ou l'économie. C'est la science qui étudie l'espace des
sociétés, ou la dimension spatiale du social, c'est-à-dire la façon dont les sociétés établissent les distances
qui séparent leur composants (individus, entreprises, États, ressources, etc). (…) La question fondamentale
de la géographie contemporaine est la suivante : "Y a-t-il de la distance ?" Si, pour une problématique donnée

114
(emploi, logement, accès aux ressources naturelles, tourisme…), la réponse est positive, alors cela signifie
que l'approche géographique est à ce sujet pertinente. (…) La géographie s'applique donc à déterminer les
causes, aussi bien naturelles qu'humaines ; et lorsqu'ils observent des différences, leurs conséquences. » 95

« La géographie est une science sociale, comme la sociologie ou l'économie », nous dit-on. Mais, est-elle
différente de « la sociologie ou [de] l'économie » ? Autrement dit, est-ce que « la sociologie ou l'économie »
peut atteindre et connaître la même « facette » qu’atteint et connaît la géographie ? Non ! La géographie,
« c’est la science qui étudie l'espace des sociétés, ou la dimension spatiale du social, c'est-à-dire la façon
dont les sociétés établissent les distances qui séparent leur composants (individus, entreprises, États,
ressources, etc) », et elle « s'applique (…) à [en] déterminer les causes ». Bref, « pour une problématique
donnée (emploi, logement, accès aux ressources naturelles, tourisme…) », le principe spécificateur de la
géographie, c’est la « distance ». Par contre, « pour une problématique donnée (emploi, logement, accès aux
ressources naturelles, tourisme…) », le principe spécificateur de l’économique est celui de la rareté des
ressources eu égard aux besoins à satisfaire ; celui de la sociologie, l’interraction entre êtres humains. C’est
pourquoi, pour un sujet d’étude nommé « ruralité », l’étude que conduit la géographie comme science est
distincte de celle que conduit la sociologie ou l’économique.

Il n’est donc pas étonnant « les milieux de la recherche scientifique n'ont toujours pas réussi à formuler une
définition [qualitative] précise de la ruralité exprimant l'ensemble de ses dimensions géographique,
sociologique, économique, fonctionnelle, perceptuelle, culturelle et méthodologique », comme le souligne
Majella Simard. Comme chaque science dépend d’un principe méthodologique distinct, il est impossible de
« formuler une définition [qualitative] précise de la ruralité exprimant l'ensemble de ses dimensions
géographique, sociologique, économique, fonctionnelle, perceptuelle, culturelle et méthodologique » qui soit
autre que confuse.

Par contre, il s’impose de prendre en considération « l'ensemble [des] dimensions géographique,


sociologique, économique, fonctionnelle, perceptuelle, culturelle et méthodologique » du sujet nommé
« ruralité », selon ce que chaque science en dit proprement en accord avec son principe méthodologique
distinct, afin de n’en rien échapper, ce qui est tout autre chose que de donner dans la confusion.

115
NÉO-RURALITÉ

Au rural est opposé l’urbain. Dans ses Clefs pour l’histoire, le Musée McCord d'histoire canadienne publie des
extraits de manuels d’histoire qui exposent ce qu’il en est de la croissance de l’urbanisation, de ses causes,
de ses effets et des débuts de l’urbanisme. Nous y lisons :
2. URBANISATION

2.1 LA CROISSANCE DES VILLES

23) Qu'entend-on par urbanisation?


« À l'époque de la Confédération, moins d'un cinquième de la population du Québec vit dans les villes. Trente ans plus
tard, la proportion dépasse le tiers. Ainsi, bien que la population du Québec soit encore majoritairement rurale, elle tend à
s'urbaniser de plus en plus. »

Charpentier, Louise, René Durocher, Christian Laville et Paul-André Linteau. Nouvelle histoire du Québec et du Canada,
Anjou, Centre éducatif et culturel, 1990, p. 240.

« L'urbanisation est sans doute le phénomène qui a le plus marqué le Québec au début du [20e] siècle. En 1901, seule-
ment 36 % de la population vit dans les villes; trente ans plus tard, cette proportion atteint 60 %. »
Charpentier, Louise, René Durocher, Christian Laville et Paul-André Linteau. Nouvelle histoire du Québec et du Canada,
Anjou, Centre éducatif et culturel, 1990, p. 278.

24) Pourquoi les gens quittent-ils les campagnes?


« Les Québécois de la fin du 19e siècle ont la "bougeotte". Mais ce n'est certes pas par caprice. Ils y sont contraints par la
situation économique. Dans plusieurs régions, l'agriculture est peu productive et arrive mal à faire vivre les familles. Il suffit
d'une ou deux mauvaises récoltes pour que l'agriculteur, endetté, soit forcé de vendre sa terre et de prendre le chemin de
l'exil. Dans les vieilles régions agricoles, il y a trop d'enfants pour le nombre de terres disponibles. Arrivés à l'âge adulte,
ceux-ci doivent chercher ailleurs un moyen d'assurer leur subsistance.»
Charpentier, Louise, René Durocher, Christian Laville et Paul-André Linteau. Nouvelle histoire du Québec et du Canada,
Anjou, Centre éducatif et culturel, 1990, p. 226.

25) Pourquoi y a-t-il plus d'emplois en ville?


« Les déplacements de population s'expliquent par la grande activité économique dans les villes et par les emplois qui y
sont créés. L'industrie joue à cet égard un rôle de premier plan puisqu'elle s'implante en milieu urbain. Parfois elle provo-
que même la création d'une ville nouvelle. C'est, par exemple, une compagnie d'électricité qui donne naissance à Shawi-
nigan, en Mauricie, alors qu'au Saguenay, Arvida est créée de toutes pièces par une compagnie d'aluminium. Mais la ville
est aussi le lieu où se concentrent les activités de type "service". La gamme des services offerts à la population s'étend en
ce début du 20e siècle, provoquant une forte montée de l'emploi. Les garagistes, les coiffeurs et coiffeuses, les employés
de restaurant, les enseignants, les secrétaires, les téléphonistes voient leurs effectifs augmenter, tout comme les petits
commerçants, les vendeurs et les vendeuses, pour n'en citer que quelques-uns. »
Charpentier, Louise, René Durocher, Christian Laville et Paul-André Linteau. Nouvelle histoire du Québec et du Canada,
Anjou, Centre éducatif et culturel, 1990, p. 278.

26) Comment s'explique la croissance des villes au 19e siècle, au Québec?


« La croissance des villes s'explique d'abord par le développement de l'industrie. Une partie importante des nouveaux
emplois industriels est occupée par des immigrants ou par des Québécois, francophones ou anglophones, venant de la
campagne. (…)

116
Charpentier, Louise, René Durocher, Christian Laville et Paul-André Linteau. Nouvelle histoire du Québec et du Canada,
Anjou, Centre éducatif et culturel, 1990, p. 240. (…)

29) Comment la croissance urbaine se poursuit-elle au début du 20e siècle, au Canada?


(…) « L'augmentation et la concentration des activités industrielles contribuent largement à l'urbanisation de la société
canadienne. La création de nombreuses manufactures dans les villes requiert l'embauche d'un grand nombre de tra-
vailleurs. Dans la foulée de services de transport, les banques viennent s'y établir et les établissements commerciaux s'y
multiplient. Dans toutes les régions du pays, les centres urbains étendent leur rayonnement sur les régions avoisinantes et
fournissent des biens manufacturés et des services aux habitants des milieux ruraux. »
Couturier, Jacques Paul. L'expérience canadienne, des origines à nos jours, Moncton, Éditions d'Acadie, 1994, p. 240.

2.2 LE FONCTIONNEMENT DES VILLES (…)

31) À quels types de problèmes les villes font-elles face au 19e siècle?
« L'augmentation de la population des villes crée des problèmes d'ajustement auxquels il faut trouver des solutions. Le
moindre incendie peut se répandre rapidement et jeter sur le pavé des centaines de familles. Les pompiers volontaires
sont débordés et les municipalités doivent mettre sur pied un service des incendies permanent, réparti dans plusieurs
postes. Elles doivent construire des aqueducs pour remplacer les vendeurs d'eau qui parcouraient les rues avec leurs
barils montés sur roues et tirés par des chevaux. Cette transformation s'impose aussi bien pour éteindre les feux que pour
alimenter la population en eau.» (…)
Charpentier, Louise, René Durocher, Christian Laville et Paul-André Linteau. Nouvelle histoire du Québec et du Canada,
Anjou, Centre éducatif et culturel, 1990, p. 240-241.

« Dans les villes, l'hygiène fait défaut. Les déchets sont jetés dans la rue ou empilés dans les cours. Ainsi, en 1876, la ville
de Montréal met sur pied un Bureau de santé et prend des mesures visant à réglementer les conditions d'hygiène. En
1886, l'Assemblée législative adopte une loi établissant un Conseil provincial d'hygiène et obligeant les municipalités à
former un bureau local de santé. Malgré tout, en 1896, on compte encore à Montréal plus de 5 000 logements possédant
des toilettes extérieures. »
Allard, Michel, Katy Tari et Guy Vadeboncoeur. Fenêtres sur l'histoire, [Logiciel], Montréal, Micro-Intel, 1994.

32) Quels services publics les villes mettent-elles sur pied?


« Le développement des villes incite les autorités municipales à mettre sur pied une série de services publics qui visent à
assurer les nécessités de la vie et à policer la vie d'une population nombreuse vivant sur un espace restreint. Les services
d'aqueducs, d'égouts, de gaz, d'électricité, de transport en commun, de police et de pompiers sont mis sur pied dans la
seconde moitié du XIXe siècle. (…) La vie urbaine s'organise et se réglemente pour améliorer le bien-être de tous et de
chacun. Toutefois, il faut signaler que la mise sur pied de services publics est souvent le fait de compagnies privées. Les
villes se contentent de les réglementer et de les racheter lorsqu'ils s'avèrent déficitaires. »
Allard, Michel, Katy Tari et Guy Vadeboncoeur. Fenêtres sur l'histoire, [Logiciel], Montréal, Micro-Intel, 1994. (…)

34) Comment l'aménagement de la ville devient-il un objet de préoccupation?


« Avec la croissance urbaine, les administrateurs au Canada ont commencé à s'inquiéter de la laideur et de l'insalubrité
des villes. (…) En 1904, Percy Nobbs, professeur d'architecture à l'Université McGill, expliqua comment il envisageait la
croissance de la ville : «Chaque rue de la ville devrait être la plus belle possible, et chaque bâtiment, dans la mesure du
possible, devrait être en harmonie avec le plan d'ensemble; alors seulement, nous aurons une belle ville. Ce n'est pas en
érigeant une élégante structure ici et là que vous apporterez une amélioration notable. Ni même en aménageant un petit
parc, quoique cela soit un pas dans la bonne direction. La construction de la ville dans son ensemble devrait être effec-
tuée avec le meilleur goût possible! » [trad.]
Dickinson, John A. et Brian Young. Diverse Pasts, a History of Québec and Canada. Mississauga, Copp Clark, 1995, p.
285. (…)96

117
Selon cette doctrine, que faut-il entendre par « urbain » ? « En 1901, seulement 36 % de la population vit
dans les villes; trente ans plus tard, cette proportion atteint 60 %.» «Pourquoi les gens quittent-ils les campa-
gnes? » Parce que, « dans plusieurs régions, l'agriculture est peu productive et arrive mal à faire vivre les fa-
milles. (…). Dans les vieilles régions agricoles, il y a trop d'enfants pour le nombre de terres disponibles. Arri-
vés à l'âge adulte, ceux-ci doivent chercher ailleurs un moyen d'assurer leur subsistance.» Où est cet
ailleurs ? En ville. « Les déplacements de population s'expliquent par la grande activité économique dans les
villes et par les emplois qui y sont créés. L'industrie joue à cet égard un rôle de premier plan puisqu'elle s'im-
plante en milieu urbain ». « L'augmentation de la population des villes crée des problèmes d'ajustement aux-
quels il faut trouver des solutions. » « Le développement des villes incite les autorités municipales à mettre
sur pied une série de services publics qui visent à assurer les nécessités de la vie et à policer la vie d'une po-
pulation nombreuse vivant sur un espace restreint. »

Selon cette doctrine, ce qui caractérise la ville, c’est « une population nombreuse vivant sur un espace res-
treint ». Cependant, comme nous l’avons vu plus haut, « une campagne » est un « paysage rural où les
champs ne sont pas clôturés, où il y a peu d’arbres et où les habitations sont groupées ». Donc, même dans
« une campagne », il se trouve un groupement d’habitations qui peut former un périmètre dit urbain, et ce,
même si c’est à « la campagne » que se trouvent « les terres cultivées, hors d’une zone urbaine (opposé à
ville) » — évidemment, le mot «ville» signifie ici une certaine occupation du sol, non un sujet auquel on décide
d’appliquer la loi dite des cités et villes. — Dans le périmètre urbain d’une campagne, les terrains résidentiels
seront plus grands qu’en ville pour faire place, le cas échéant, au puits et à la fosse septique.

Si la tendance à « l'urbanisation est (…) le phénomène qui a le plus marqué le Québec au début du [20e] siè-
cle », comme l’écrivent Charpentier, Durocher, Laville et Linteau, selon Laval Doucet, un nouveau phénomène
est apparu à la fin du même siècle, i.e. la néo-ruralité :
À long terme, selon le Worldwatch Institute de Washington, il est vraisemblable d'anticiper une inversion de la tendance
qui veut que la taille des villes et la proportion de la population urbaine par rapport à la population rurale ne cesse
d'augmenter; ce qui se produirait avant l'an 2030 (Brown et al., 1990). Il faut donc préparer ce repeuplement rural et
développer une idéologie de la ruralité soucieuse d'harmoniser les rapports entre les personnes, les sociétés et la nature.
Les organisatrices et les organisateurs communautaires, de par leurs connaissances des problèmes sociaux et leur
savoir-faire en cette sociologie appliquée, ne sauraient, à mon sens, se soustraire à cet effort collectif de reconstruction
sociale; bien plus, ils peuvent devenir des agents «proactifs» d'un nouveau modèle de société pour le monde rural. 97

Dans la Politique nationale de la ruralité 2007-2014, cette thèse est reprise en ces termes : « L’appartenance
à la ruralité est de plus en plus revendiquée par de nouveaux résidants qui veulent faire partie d’un milieu dif-

118
férent de la ville et qui l’apprécient entre autres pour son cadre et pour sa qualité de vie de même que pour sa
convivialité » 98.

À quelles conditions fait-on « partie d’un milieu différent de [celui de] la ville » ? C’est dans la première Politi-
que nationale de la ruralité 99 que « rural » est attribué :
1. directement à un «territoire» selon un certain usage du sol : « un vaste espace géographique dominé
par la végétation [où] l’agriculture, l’élevage ou la mise en valeur des ressources naturelles jouent un
rôle prépondérant dans l’usage économique du territoire » ;
2. obliquement à la « population [qui] entretient un rapport particulier à l’espace» : «la densité de la popu-
lation et des constructions est relativement faible, ce qui donne lieu à des collectivités de taille limitée,
dispersées ».

Où peut-on trouver une mesure du « rural » directement attribuable à un « territoire» selon un certain usage
du sol conçu comme «un vaste espace géographique dominé par la végétation [où] l’agriculture, l’élevage ou
la mise en valeur des ressources naturelles jouent un rôle prépondérant dans l’usage économique du territoi-
re », et ce, en 2001 ?

En consultant la rubrique Profil financier 2001 du site Internet du Ministère des affaires municipales 100, nous
trouvons que, par exemple, pour Notre-Dame-du-Mont-Carmel, le Profil financier 2001 de cette municipalité
indique ce qui suit sur la valeur des terrains :
Total rôle d'évaluation unifor.- SR.2001 146 332 700 $
-Résident. uniformisée - SR.2001 114 383 300 $
-Ind. et com. uniformisée - SR.2001 10 243 700 $
-Agriculture unifor.- SR.2001 6 648 300 $

119
Le Tableau 19 (voir page précédente) fournit une compilation des données recueillies par le Ministère des af-
faires municipales. Elles concernent un certain usage du sol, et ce, pour les municipalités qui, en 2001,
constituèrent la Nouvelle Ville de Shawinigan, avec l’inclusion de Notre-Dame-Du-Mont-Carmel et de
Louiseville pour fins de comparaison. Que révèlent les données du Tableau 19 en termes de « vaste espace
géographique dominé par la végétation [où] l’agriculture, l’élevage ou la mise en valeur des ressources natu-
relles jouent un rôle prépondérant dans l’usage économique du territoire », en 2001 ? Évidemment, comme
les données du Tableau 19 ne contiennent rien sur un quelconque espace géographique, aucune réponse à la
question qui soit méthodologiquement adéquate ne peut être fournie ; pourtant, rappelons-le, le mandataire
chargé de l’étude du cas Francheville ne s’est pas conformé à cette exigence.

Afin d’introduire l’espace géographique, on peut se référer aux données du recensement fait par Statistique
Canada en 2001, sous la rubrique Profils des communautés de 2001101. Pour ce faire, il convient de prendre
connaissance du Dictionnaire du recensement de 2001 102 où l’Univers des logements est présenté en ces
termes :

Introduction à l'Univers des logements


L'Univers des logements comprend des sous-univers et
des variables (voir la figure 19) relatives aux caractéristi-
ques des logements au Canada. Les logements se distin-
guent des ménages. Les caractéristiques d'un logement
sont les attributs physiques d'un ensemble de pièces
d'habitation, alors que les caractéristiques d'un ménage
ont trait à la personne ou au groupe de personnes (autres
que des résidents temporaires ou étrangers) qui occupe le
logement.

Figure 19. Univers des logements du recensement de


2001 (ci-contre)

Les définitions suivantes, prises du Dictionnaire du recensement de 2001, sont aussi utiles :
Logement privé

Partie A – Définition en langage simple


Un ensemble de pièces d'habitation conçues ou transformées qu'occupent ou pourraient occuper une personne ou
un groupe de personnes. De plus, un logement privé doit être doté d'une source de chauffage ou d'énergie et doit
fournir un espace clos permettant de s'abriter des intempéries, comme en atteste la présence de murs d'enceinte et
d'un toit ainsi que de portes et fenêtres offrant une protection contre le vent, la pluie et la neige.

Partie B – Définition détaillée


Ensemble distinct de pièces d'habitation ayant une entrée privée donnant sur l'extérieur ou sur un corridor, un hall,
un vestibule ou un escalier commun à l'intérieur. L'entrée doit donner accès au logement sans que l'on ait à passer

120
par les pièces d'habitation de quelqu'un d'autre. Le logement doit répondre aux deux conditions qui le rendent propre
à l'habitation durant toute l'année :
a) avoir une source de chauffage ou d'énergie (comme en atteste la présence d'une cheminée, de fils électriques, de
tuyaux ou compteurs pour l'huile [mazout] ou le gaz, d'une génératrice, de bois de chauffage, d'ampoules électri-
ques, d'une thermopompe, de panneaux solaires, etc.);
b) fournir un espace clos permettant de s'abriter des intempéries (comme en atteste la présence de murs d'enceinte
et d'un toit ainsi que de portes et fenêtres offrant une protection contre le vent, la pluie et la neige).

Pour les besoins du recensement, on classe les logements privés comme logements privés ordinaires et loge-
ments marginaux occupés. Les logements privés ordinaires se subdivisent en trois grandes catégories : les loge-
ments occupés (par des résidents habituels), les logements occupés par des résidents étrangers et/ou tempo-
raires et les logements inoccupés. Les logements marginaux sont classés comme logements occupés par des
résidents habituels ou comme logements occupés par des résidents étrangers et/ou temporaires. Les logements
marginaux inoccupés le jour du recensement ne font pas partie du parc immobilier.103

Logement privé occupé

Partie A – Définition en langage simple


Un ensemble distinct de pièces d'habitation, ayant une entrée privée donnant sur l'extérieur ou sur un corridor, un
hall, un vestibule ou un escalier commun à l'extérieur, occupé de façon permanente par une personne ou un groupe
de personnes.
Partie B – Définition détaillée
Logement privé occupé de façon permanente par une personne ou un groupe de personnes. Sont également inclus
dans cette catégorie les logements privés dont les résidents habituels sont temporairement absents le jour du re-
censement. Sauf indication contraire, toutes les données présentées dans les produits sur le logement ont trait aux
logements privés occupés et non aux logements privés inoccupés ou aux logements occupés par des résidents
étrangers et/ou temporaires uniquement.
Recensements : 2001, 1996, 1991, 1986, 1981, 1976, 1971, 1966, 1961
(...)
Remarques : Le nombre de logements privés occupés est égal au nombre de ménages privés des recensements
de 2001, 1996, 1991, 1986, 1981 et 1976 (voir la définition de Ménage privé dans la section de l'Univers des
ménages).104

Logement privé occupé possédé


Un logement privé occupé est considéré comme possédé quand il appartient à un membre du ménage ou est payé
par celui-ci.
Un logement est considéré comme « possédé » même s'il n'est pas entièrement payé, ce qui est le cas, par exem-
ple, d'un logement grevé d'une hypothèque ou d'une autre créance.
Logement privé occupé loué
Comprend tous les logements privés donnés en location contre de l'argent, sans loyer en argent ou à un loyer réduit
et les logements faisant partie d'une coopérative.105

Le Tableau 20 (page suivante) contient une compilation des données recueillies par Statistique Canada sous
la rubrique Profils des communautés de 2001 quant à un certain usage du sol, et ce, pour les mêmes
municipalités qui, en 2001, constituèrent la Nouvelle Ville de Shawinigan ; nous incluons
Notre-Dame-Du-Mont-Carmel et de Louiseville pour fins de comparaison.

La lecture du Tableau 19 et du Tableau 20 révèle que l’effectif de la population de 2001 varie quelque peu se-
lon la source ; c’est ainsi que la donnée du Tableau 20 qui concerne la densité de la population au kilomètre

121
Tableau 20 carré va varier quelque peu si on prend, pour l’effectif de la population, la
donnée du Tableau 19, calculées par l’Institut de la statistique du Québec.
Les données du Tableau 20 sur les proportions de logements privés possé-
dés et louées sont aussi fort intéressantes à cause de la lumière qu’elles
jettent sur les pourcentages inscrits au Tableau 19.

Par exemple, pour l’ancienne Shawinigan, dont la superficie est de 28,15


kilomètres carrés, ses 18390 habitants, selon l’effectif calculé par l’Institut de
la statistique du Québec pour 2001, se répartissent en 8575 logements pri-
vés ; il s’ensuit que chaque kilomètre carré du territoire de l’ancienne Shawi-
nigan est occupé, en moyenne, par 653,28 habitants répartis en quelque
121,66 logements privés. Il est clair que, dans un tel kilomètre carré occupé
par 653,28 habitants répartis en quelque 121,66 logements privés, il ne reste
pas beaucoup de superficie pour un « espace géographique dominé par la
végétation [où] l’agriculture, l’élevage ou la mise en valeur des ressources
naturelles jouent un rôle prépondérant dans l’usage économique du territoi-
re ». C’est ainsi que peut être dit « rural » un espace géographique où « la
densité de la population et des constructions est relativement faible, ce qui
donne lieu à des collectivités de taille limitée, dispersées » ; ce n’est pas le
cas de l’ancienne Shawinigan où, selon le Tableau 19, la valeur du rôle
d’évaluation uniformisé des terres agricoles se chiffre à cinq millième de 1%
(0, 005 %) du rôle total.

Selon le Tableau 20, nous faisons aussi le constat que, dans l’ancienne
Shawinigan, la proportion de logements privés loués par rapport au nombre
total de logements privés est de 60 % ; elle est de 44,71 % dans l’ancienne
Grand-Mère, et de 35,34% dans l’ancienne Shawinigan-Sud. À Louiseville,
elle est de 45,52%. Ainsi, il appert qu’une forte proportion de logements pri-
vés loués par rapport au nombre total de logements privés implique une oc-
cupation urbaine du sol. Lors du recensement de 2006, Statistique Canada a
ajouté d’autres variables sur le type de logements, ce qui permet une

122
meilleure mesure de la différence entre une occupation rurale et une occupation urbaine du sol ; nous y vien-
drons plus loin.

Comment est-ce que Notre-Dame-du-Mont-Carmel se situait dans cette conjoncture de 2001 avec ses 39,4
habitants distribués en 14,8 logements privés au kilomètre carré, dont 89,21% étaient possédés, et dont seu-
lement 11,05% étaient loués ? À moins d’être guidé par l’idée fixe du tout urbain, elle se situait nettement
comme suit : « Son territoire d’une superficie de 126,6 km2 est urbain à 5% et zoné agricole à 85% soit le
pourcentage le plus élevé au Centre-de-la-Mauricie. »106 Et c’est ainsi que le Ministre des Affaires municipales
l’a vue en rejetant la recommandation du mandataire.

Pour la nouvelle Shawinigan,


selon certaines données des
Tableau 19 et 20 réunies dans le
Tableau 21, l’opération recom-
mandée par le mandataire a sur-
tout consisté à agrandir le terri-
toire des trois villes de 57,65%, et
leur population, de 18,27%, pour un ratio de 164,37 habitants au kilomètre carré ; le Ministère des affaires
municipales a porté la superficie à 781,81 kilomètres carrés, si bien que, aujourd’hui, la densité de population
au kilomètre carré est plus élevée à Louisevile qu’à Shawinigan. Bien sûr, on a prétendu que cette opération
se traduirait par des économies, et ce, en ces termes :
Notons que pour l’instant, selon nos recommandations, la première économie d’échelle se rapporterait à la réduction
du nombre d’élus municipaux, soit de 85 à 31. (10 pour la Nouvelle Ville et 21 pour Saint-Étienne-des-Grès et les
deux municipalités rurales regroupées) 107

Pour souscrire à cette prétention, il fallait être, au mieux, naïf, au pire, crédule, si on en juge par les données
du Tableau 22 108 et du Tableau 23 109 (voir page suivante ).

En 2001, la rémunération totale des 51 élus dirigeant les six municipalités impliqués dans la fusion coûtaient
478,389$ en dollars constants de 2007. En 2002, alors que le nombre des élus a passé de 51 à 11, et ce,
pour une diminution de 78,43%, la rémunération totale des 11 élus restants, en dollars constants de 2007,

123
coûte plus cher que la rémunération totale des 51 élus de 2001, et ce, en 2002, 2003, 2004, 2005, 2006 et
2007.

Tableau 22 — Rémunération des élus en 2001


Rémunération
Code géo- Nombre Cotisations de moyenne des
graphique Municipalités d'élus Rémunération l'employeur Total élus au conseil
36028 Shawinigan 9 142 447,00 $ 23 001,00 $ 165 448,00 $ 18 383,11 $
36035 Shawinigan-Sud 7 105 738,00 $ 14 507,00 $ 120 245,00 $ 17 177,86 $
36045 Lac-à-la-Tortue 7 33 000,00 $ 1 105,00 $ 34 105,00 $ 4 872,14 $
36050 Saint-Georges 7 39 368,00 $ 39 368,00 $ 5 624,00 $
36055 Grand-Mère 7 113 909,00 $ 20 788,00 $ 134 697,00 $ 19 242,43 $
36060 Saint-Gérard-des-Laurentides 7 32 243,00 $ 1 926,00 $ 34 169,00 $ 4 881,29 $
36065 Saint-Jean-des-Piles 7 16 917,00 $ 454,00 $ 17 371,00 $ 2 481,57 $

36033 Nouvelle Shawinigan 51 483 622,00 $ 61 781,00 $ 545 403,00 $ 10 694,18 $

Tableau 23 — Nouvelle Shawinigan — Évolution de la rémunération des élus en dollars constants de 2007 —
2001 à 2007
Rémunéra-
Total Rémunéra- tion
rémuné- tion moyenne
Rému- Rémuné- Cotisa- Cotisations Total ré- ration en moyenne des élus
Nom nération ration en tions em- employeur munéra- dollars des élus au au conseil
bre en dol- L'IPC dollars ployeur en dollars tion en cons- conseil en en dollars
d'élu lars cou- (2002=1 constants en dollars constants dollars tants de dollars cou- constants
Exercice: s rants 00) de 2007 courants de 2007 courants 2007 rants 2007
2001 51 483 622 97,8 424 199 61 781 54 190 545 403 478 389 10 694 9 380
2002 11 490 656 100,0 440 050 80 351 72 064 571 007 512 114 51 910 46 556
2003 11 479 324 102,8 441 924 41 180 37 967 520 504 479 891 47 319 43 626
2004 11 514 810 104,7 483 414 99 801 93 714 614 611 577 128 55 874 52 466
2005 11 483 249 107,0 463 746 121 119 116 231 604 368 579 976 54 943 52 725
2006 11 436 194 109,1 426 805 93 831 91 811 530 025 518 616 48 184 47 147
2007 11 457 511 111,5 457 511 97 244 97 244 554 755 554 755 50 432 50 432

Quoi qu’il en soit, nous avons bien identifier l’origine du problème qui affecte Notre-Dame-du-Mont-Carmel
depuis que deux Territoires équivalents furent créés hors MRC, l’un pour Shawinigan et l’autre pour Trois-Ri-
vières. Et nous sommes parvenus à une première conclusion : en un mot comme en mille, la conduite d’une
« analyse froide et rationnelle » des données de 2001 révèle l’existence de « forces et d’intérêts » réunissant
certaines municipalités en un quintuple d’une nature telle que : là où sont Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès,
Saint-Mathieu et Saint-Boniface, là doit être Notre-Dame-du-Mont-Carmel.

Présentement, nous en sommes rendus au second moment, alors qu’il s’impose de prendre la mesure du
problème qui, bien que né de la désorganisation du Centre-de-la-Mauricie en 2002, n’en persiste pas moins

124
aujourd’hui. Autrement dit, nous en sommes au moment où, en conduisant une fouille des données obtenues
lors du recensement fait par Statistique Canada en 2006, nous espérons que cette exploration du problème
va mettre à découvert une matrice des ressemblances et des dissemblances qu’on ne puisse pas ignorer
dans la configuration de la Basse-Mauricie, à moins de souhaiter que cette configuration ne soit pas adé-
quate.

ÉTAT DE LA QUESTION

Dans cette perspective, en prenant acte de la création de deux Territoires équivalents établis hors MRC, l’un
pour Shawinigan et l’autre pour Trois-Rivières, nous cherchons d’abord un bon critère de démarcation entre
les deux Territoires équivalents établis hors MRC et les territoires établis en MRC, et ce, en Basse-Mauricie.
Et nous cherchons ensuite un bon critère de démarcation entre les territoires que l’établissement hors MRC
des deux Territoires équivalents a laissés « orphelins », selon l’expression retenue par le Groupe de travail sur
le fonctionnement des municipalités régionales de comté à caractère urbain et rural.

Étant donné que le mot « urbain » et le mot « rural » nomment respectivement des notions qui sont bel et bien
distinctes l’une de l’autre, et qu’elles sont des contraires, il est parfaitement impossible qu’une aire géographi-
que quelconque puisse avoir « comme caractéristique principale d’être à la fois urbaine et rurale »,
contrairement à ce que prétend le Groupe de travail sur le fonctionnement des municipalités régionales de
comté à caractère urbain et rural. Cependant, il est parfaitement possible de trouver une aire géographique
quelconque qui ne soit ni entièrement rurale ni entièrement urbaine, ou, ce qui revient au même, qui soit par-
tiellement rurale et partiellement urbaine, étant bien entendu que, dans l’expression « partiellement rurale et
partiellement urbaine », l’expression « partiellement rurale » et l’expression « partiellement urbaine »
nomment respectivement des notions qui sont des sous-contraires. Dès lors, il s’ensuit que la partie d’un tout
partiellement rural est, elle, entièrement rurale ; et la partie d’un tout partiellement urbain est, elle, entièrement
urbaine.

Cette recherche de deux critères de démarcation étant ainsi définie, il s’agit de trouver les variables pertinen-
tes parmi les données du recensement fait par Statistique Canada en 2006, et de les traiter selon une mé-
thode appropriée. Les variables que nous jugeons pertinentes, nous les obtenons dans les Profils des com-
munautés de 2006 110 . La définition des variables, nous la lisons dans le Dictionnaire du Recensement de
2006 111, mais aussi dans les Profils des communautés de 2006.

125
CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 10

Introduction à l'univers des logements


L’univers des logements comprend des sous-univers et des variables (voir la figure 19) relatives aux caractéris-
tiques des logements au Canada. Les logements se distinguent des ménages. Les caractéristiques d’un loge-
ment sont les attributs physiques d’un ensemble de pièces d’habitation, alors que les caractéristiques d’un mé-
nage ont trait à la personne ou au groupe de personnes (autres que des résidents temporaires ou étrangers) qui
occupe un logement.

Logement privé

Partie A – Définition en langage simple :


Un ensemble de pièces d'habitation conçues ou transformées qu'occupent ou pourraient occuper une personne
ou un groupe de personnes. De plus, un logement privé doit être doté d'une source de chauffage ou d'énergie et
doit fournir un espace clos permettant de s'abriter des intempéries, comme en atteste la présence de murs
d'enceinte et d'un toit ainsi que de portes et fenêtres offrant une protection contre le vent, la pluie et la neige.

Partie B – Définition détaillée :


Ensemble distinct de pièces d’habitation ayant une entrée privée donnant sur l’extérieur ou sur un corridor, un
hall, un vestibule ou un escalier commun à l’intérieur. L’entrée doit donner accès au logement sans que l’on ait à
passer par les pièces d’habitation de quelqu’un d’autre. Le logement doit répondre aux deux conditions qui le
rendent propre à l’habitation durant toute l’année :

1. avoir une source de chauffage ou d’énergie (comme en atteste la présence d’une cheminée, de fils élec-
triques, de tuyaux ou compteurs pour l’huile [mazout] ou le gaz, d’une génératrice, de bois de chauffage,
d’ampoules électriques, d’une thermopompe, de panneaux solaires, etc.);
2. fournir un espace clos permettant de s’abriter des intempéries (comme en atteste la présence de murs
d’enceinte et d’un toit ainsi que de portes et fenêtres offrant une protection contre le vent, la pluie et la
neige).
Pour les besoins du recensement, on classe les logements privés comme logements privés ordinaires et loge-
ments marginaux occupés. Les logements privés ordinaires se subdivisent en trois grandes catégories : les
logements occupés (par des résidents habituels), les logements occupés par des résidents étrangers et/ou
temporaires et les logements inoccupés. Les logements marginaux sont classés comme logements occupés par
des résidents habituels ou comme logements occupés par des résidents étrangers et/ou temporaires. Les loge-
ments marginaux inoccupés le jour du recensement ne font pas partie du parc immobilier.

Logement privé inoccupé

Partie A - Définition en langage simple :


Sans objet

Partie B - Définition détaillée :


Logement privé qui répond aux deux conditions essentielles à l’habitation permanente (être doté d’une source
de chauffage ou d’énergie et offrir un abri permanent contre les intempéries), mais que personne (résident habi-
tuel, temporaire ou étranger) n’habitait le jour du recensement.

Logement privé non agricole occupé par le propriétaire

Partie A - Définition en langage simple :


Sans objet

Partie B - Définition détaillée :


Logement privé qui n’est ni situé dans une ferme ni occupé par un exploitant agricole, et qui appartient à un
membre du ménage ou est payé par celui-ci.

Logement privé non agricole occupé par un locataire

Partie A - Définition en langage simple :


Sans objet

Partie B - Définition détaillée :

126
Logement privé qui n’est pas situé dans une ferme et occupé par un exploitant agricole, et qui n’appartient pas à
un membre du ménage.

Logement privé occupé par des résidents habituels

Partie A – Définition en langage simple :


Un ensemble distinct de pièces d’habitation, ayant une entrée privée donnant sur l’extérieur ou sur un corridor,
un hall, un vestibule ou un escalier commun à l’extérieur, occupé de façon permanente par une personne ou un
groupe de personnes.

Partie B – Définition détaillée :


Logement privé occupé de façon permanente par une personne ou un groupe de personnes. Sont également
inclus dans cette catégorie les logements privés dont les résidents habituels sont temporairement absents le
jour du recensement. Sauf indication contraire, toutes les données présentées dans les produits sur le logement
ont trait aux logements privés occupés et non aux logements privés inoccupés ou aux logements occupés par
des résidents étrangers et/ou temporaires uniquement.

Période de construction

Partie A - Définition en langage simple :


Sans objet

Partie B - Définition détaillée :


Période au cours de laquelle l’immeuble ou le logement a été construit.

Pièces

Partie A - Définition en langage simple :


Sans objet

Partie B - Définition détaillée :


Nombre de pièces dans un logement. Une pièce est un espace fermé à l’intérieur d’un logement, fini et habitable
toute l’année.

Type de construction résidentielle

Partie A - Définition en langage simple :


Caractéristiques qui définissent la structure d’une habitation, par exemple, les caractéristiques d’une maison
individuelle non attenante, d’une maison jumelée, d’une maison en rangée, d’un appartement ou d’un plain-pied
dans un duplex.

Partie B - Définition détaillée :


Type de construction et/ou caractéristiques du logement (maison individuelle non attenante, appartement dans
une tour d’habitation, maison en rangée, habitation mobile, etc.).
En 2006, les améliorations apportées au processus de dénombrement et les modifications apportées à la classi-
fication du type de construction ont une incidence sur la comparabilité dans le temps de la variable « type de
construction résidentielle ». En 2006, « appartement ou plain-pied dans un duplex » a remplacé « appartement
ou plain-pied dans un duplex non attenant » et comprend les duplex attenant à d'autres logements ou immeu-
bles, alors qu'en 2001, un duplex attenant à d'autres logements ou immeubles était classé dans la catégorie «
appartement dans un immeuble de moins de cinq étages ».

Valeur du logement
Partie A - Définition en langage simple :
Sans objet

Partie B - Définition détaillée :


Montant en dollars que s’attendrait à recevoir le propriétaire s’il vendait son logement.
—0—

127
Introduction à l'univers des ménages
L’univers des ménages comprend des sous-univers et des variables (voir les figures 17 et 18) ayant trait à une
personne ou à un groupe de personnes (autres que des résidents temporaires ou étrangers) qui occupe un
logement. Les variables relatives aux ménages se distinguent de celles se rapportant au logement, du fait que
ces dernières ont trait aux caractéristiques du logement et non à celles des personnes qui occupent le loge-
ment.
Ménage

Partie A – Définition en langage simple :


Sans objet

Partie B – Définition détaillée :


Personne ou groupe de personnes (autres que des résidents étrangers) occupant un même logement et n’ayant
pas de domicile habituel ailleurs au Canada. Il peut se composer d’un groupe familial (famille de recensement)
avec ou sans autres personnes, de deux familles ou plus partageant le même logement, d’un groupe de per-
sonnes non apparentées ou d’une personne seule. Les membres d’un ménage qui sont temporairement ab-
sents le jour du recensement (par exemple, qui résident temporairement ailleurs) sont considérés comme fai-
sant partie de leur ménage habituel. Pour les besoins du recensement, chaque personne est membre d’un seul
et unique ménage. À moins d’indications contraires, toutes les données contenues dans les rapports sur les
ménages se rapportent aux ménages privés seulement.
Les ménages sont classés en trois catégories : les ménages privés, les ménages collectifs et les ménages à
l’extérieur du Canada.

Genre de ménage

Partie A – Définition en langage simple :


Catégorie à laquelle une personne vivant seule ou un groupe de personnes occupant un même logement appar-
tiennent. On trouve deux catégories : les ménages non familiaux et les ménages familiaux.
Un ménage non familial est formé soit d’une personne vivant seule, soit de deux personnes ou plus partageant
un logement, mais qui ne forment pas une famille.
Les ménages familiaux se subdivisent en deux sous-catégories : les ménages unifamiliaux et les ménages
multifamiliaux.
Un ménage unifamilial se compose d’une seule famille (p. ex., un couple avec ou sans enfants). Un ménage
multifamilial est formé de deux familles ou plus occupant le même logement.

Partie B – Définition détaillée :


Répartition fondamentale des ménages privés en ménages familiaux et en ménages non familiaux. Un mé-
nage familial est un ménage qui comprend au moins une famille de recensement, c’est-à-dire un couple marié
avec ou sans enfants, ou un couple vivant en union libre avec ou sans enfants, ou un parent seul avec un ou
plusieurs enfants (famille monoparentale). Un ménage unifamilial se compose d’une seule famille de recense-
ment (avec ou sans autres personnes) qui occupe un logement privé. Un ménage multifamilial se compose de
deux familles de recensement ou plus (avec ou sans autres personnes) qui occupent le même logement privé.
Un ménage non familial est constitué soit d’une personne vivant seule dans un logement privé, soit d’un
groupe de deux personnes ou plus qui partagent un logement privé, mais qui ne forment pas une famille de
recensement.

Ménage privé

Partie A – Définition en langage simple :


Personne ou groupe de personnes occupant un même logement.
Partie B – Définition détaillée :
Personne ou groupe de personnes (autres que des résidents étrangers) occupant un logement privé et n’ayant
pas de domicile habituel ailleurs au Canada.

Mode d’occupation

Partie A – Définition en langage simple :


Sans objet
Partie B – Définition détaillée :
Indique si le logement est possédé ou loué par un membre du ménage, ou s’il s’agit d’un logement de bande
(dans une réserve ou un établissement indien).

128
Taille du ménage

Partie A – Définition en langage simple :


Nombre de personnes occupant un logement privé.

Partie B – Définition détaillée :


Nombre de personnes dans un ménage privé.

Statistique Canada, http://www12.statcan.ca/francais/census06/reference/dictionary/index.cfm

—0—

http://www12.statcan.ca/english/census06/data/profiles/community/Details/Page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Cod
e1=2437235&Geo2=PR&Code2=24&Data=Count&SearchText=Notre-Dame-du-Mont-Carmel&SearchType=Beg
ins&SearchPR=01&B1=All&Custom=

CRITÈRE DE DÉMARCATION — TERRITOIRES HORS MRC ET EN MRC

Le mot « urbain » et le mot « rural » nomment respectivement des notions qui sont bel et bien distinctes l’une
de l’autre ; elles sont même des contraires, ce pourquoi il est parfaitement impossible qu’une aire géographi-
que quelconque puisse avoir « comme caractéristique principale d’être à la fois urbaine et rurale ».
Cependant, il est parfaitement possible de trouver une aire géographique quelconque qui ne soit ni entière-
ment rurale ni entièrement urbaine, ou, ce qui revient au même, qui soit partiellement rurale et partiellement
urbaine.

129
Dans l’expression «partiellement rurale et partiellement urbaine», l’expression «partiellement rurale» et
l’expression «partiellement urbaine» nomment respectivement des notions qui sont des sous-contraires ; dès
lors, il s’ensuit que, même si le tout d’une aire géographique quelconque peut être partiellement rurale et
partiellement urbaine, la partie rurale de ce tout qui, lui, est partiellement rural est, elle, entièrement rurale ; et
la partie de ce tout qui, lui, est partiellement urbain est, elle, entièrement urbaine.

Graphe 8 En prenant acte de la Graphe 9


création de deux Ter-
ritoires équivalents
établis hors MRC,
l’un pour Shawinigan
et l’autre pour Trois-
Rivières, d’une part, et du maintien de plusieurs territoires établis en
MRC, d’autre part, et ce, en Basse-Mauricie, il est possible d’obtenir
un critère de démarcation suffisant pour saisir dans quelle mesure chacun des deux Territoires équivalents
établis hors MRC se différencie de chacun des 37 territoires établis en MRC, et ce, à titre d’aire géographique
où l’occupation urbaine du sol est plus ou moins importante. Autrement dit, en Basse-Mauricie, où trouve-t-on
surtout du paysage tel qu’illustré dans le Graphe 8 112 et du paysage tel qu’illustré dans le Graphe 9 113 , et
dans quelle mesure ?

Pour répondre à cette dernière question, nous avons fait une compilation des données concernant les loge-
ments et les ménages contenus aux Profils des communautés de 2006, et ce, pour les 39 municipalités de la
Basse-Mauricie ; une variable de rattachement (Territoire équivalent, En MRC) fut créée pour les 39 municipa-
lités. Nous avons retenues quinze variables en ce qui concernent le logement, soient : le total des logements
privés, le total des logements privés occupés par des résidents habituels, la densité de population au kilomè-
tre carré, la superficie des terres en kilomètre carré, le nombre de maisons individuelles non attenantes en
proportion du total des logements privés occupés, ainsi que le nombre de maisons jumelées, de duplex,
d’immeubles de moins de cinq étages, d’immeubles de cinq étages ou plus, d’autres logements, le nombre de
logements possédés, le nombre de logements loués, le nombre moyen de pièces par logement, la valeur
moyenne des logements possédés. Les douze variables que nous avons retenues en ce qui concernent le
ménage sont : le total des ménages privés, le nombre de ménages formés d’un couple avec enfants, le nom-

130
bre de ménages formés d’un couple sans enfant, le nombre de ménages formés d’une seule personne, les
autres genres de ménages, la taille moyenne du ménage, le revenu médian en 2005 des ménages formés
d’un couple avec enfants, des ménages formés d’un couple sans enfant, des ménages formés d’une seule
personne, des autres genres de ménages, le paiement mensuel médian pour les logements loués et le paie-
ment mensuel médian pour les logements occupés par le propriétaire.

Toutes les variables numériques furent transformées en variables centrées réduites, afin de les rendre homo-
gènes. Les variables centrées réduites furent soumises à une analyse factorielle : huit facteurs furent ainsi
dégagés. Ce sont ces huit facteurs qui furent soumis à une analyse discriminante afin d’obtenir le critère de
démarcation saisissant dans quelle mesure chacun des deux Territoires équivalents établis hors MRC se
différencie de chacun des 37 territoires établis en MRC.

Analyse factorielle

Le Diagramme VII-1 décrit le traitement donné par le logiciel aux variables centrées réduites :

Le Diagramme VII-2 ( voir page suivante ) identifie chacune des variables centrées réduites soumises au trai-
tement donné par le logiciel. Ce traitement consiste en une analyse de composantes principales.

Le Diagramme VII-3 ( voir page suivante ) décrit l’amplitude de la variance expliqué par chacune des 27 com-
posantes dont les noms sont fournis au Diagramme VII-2. Ainsi, la valeur centrée réduite Densité de la popu-
lation au kilomètre carré explique 25% de la variance totale. La valeur centrée réduite Superficie en kilomètre
carré explique 22,26% de la variance totale.

131
Diagramme VII-2

Diagramme VII-3 Variance totale expliquée

La valeur des différents facteurs pour chacun des terri-


toires qui nous intéresse est donnée dans le Dia-
gramme VII-4, qu’on peut lire à la page suivante. C’est
ce résultat qui est soumis à une analyse discriminante.

132
Diagramme VII-4

Analyse discriminante

Comment est-ce que les paysages


illustrés dans les Graphe 8 et Graphe 9
se distribuent entre, d’une part, les
deux Territoires équivalents établis hors
MRC, celui de Shawinigan et celui de Trois-Rivières, et, d’autre part, les 37 territoires établis en MRC, et ce,
selon les huit facteurs pertinents à chacun des territoires nommés dans le Diagramme VII-4 ? La réponse est

133
découverte grâce à l’analyse discriminante ( Diagramme VIII-1 , voir page précédente ) à laquelle ont été
soumis les huit facteurs en question.

Diagramme VIII-2 Les coefficients de la fonction linéaire pertinente à un Terri-


toire équivalent et ceux de la fonction linéaire pertinente à
un territoire en MRC sont fournis au Diagramme VIII-2. Le
critère de démarcation qui saisit dans quelle mesure chacun
des deux Territoires équivalents établis hors MRC se
différencie de chacun des 37 territoires établis en MRC tient
à ces deux fonctions de classement. Et la mesure saisie par
le critère de démarcation est établie par le score discriminant
calculé pour chacun des territoires ; le Diagramme VIII-3 fournit le résultat pertinent à chacun de ces territoi-
res, classés selon l’ordre croissant du score
Diagramme VIII-3
noté « Dis1_1 ».

Le score du territoire équivalent de Trois-Riviè-


res est de 9,44 points ; celui du Territoire équi-
valent de Shawinigan fait à peine plus que la
moitié de ce score avec ses 4,87 points. C’est
un argument qui fragilise encore plus l’idée fixe
du tout urbain qui sous-tend la position du man-
dataire s’étant occupé du cas de la MRC du
Centre-de-la-Mauricie. La ligne de démarcation
entre Territoire équivalent et territoire en MRC
passe entre Louiseville et Shawinigan.

La distance entre Shawinigan et les territoires


provenant du Centre-de-la-Mauricie mérite
d’être remarquée. Par rapport aux 4,87 points
de Shawinigan, le score de Saint-Mathieu-du-
Parc est de 0,012 points ; c’est le territoire en

134
MRC le plus proche de Shawinigan qui provient du Centre-de-la-Mauricie, alors que huit territoires provenant
de Francheville ou de Mékinac en sont moins distants. Notre-Dame-du-Mont-Carmel, avec ses - 0,16 points,
est remarquablement éloignée de Shawinigan. Saint-Boniface-de-Shawinigan, avec ses -0,43 points, voisine
Saint-Étienne-des-Grès, avec ses -0,45 points. Saint-Élie-de-Caxton n’arrive qu’ensuite avec ses -0,74 points.
Et Charette ferme la marche avec ses -1,30 points.

CRITÈRE DE DÉMARCATION — TERRITOIRES « ORPHELINS »

Qu’en est-il des quinze territoires que les regroupements ayant donné naissance à Trois-Rivières et à Shawi-
nigan avaient laissé orphelins, selon l’expression du Groupe de travail sur le fonctionnement des municipalités
régionales de comté à caractère urbain et rural ? Est-ce que, de 2002 à 2006, leur situation s’est modifiée ?

Pour répondre à cette question, de la compilation des données concernant les logements et les ménages faite
pour les 39 municipalités de la Basse-Mauricie, nous n’avons conservé que les quinze territoires de la MRC
du Centre-de-la-Mauricie et de la MRC de Francheville que la formation des deux Territoires équivalents a
laissé en MRC. Évidemment, toutes les variables numériques à transformer en variables centrées réduites,
afin de les rendre homogènes, ont été recalculées. Ces variables centrées réduites recalculées furent soumi-
ses à une analyse factorielle : sept facteurs furent ainsi dégagés. Ces sept facteurs furent soumis à l’analyse
discriminante engendrant le critère de démarcation devant servir à juger de leur situation depuis l’établisse-
ment hors MRC de deux Territoires équivalents.

Analyse factorielle

Le Diagramme IX-1 décrit le traitement donné par le logiciel aux variables centrées réduites :

135
Le Diagramme IX-2 Diagramme IX-2

identifie chacune des


variables centrées
réduites soumises à
une analyse de com-
posantes principales.

Diagramme IX-3 Variance totale expliquée Le Diagramme IX-3 décrit l’amplitude de la variance expliqué par
chacune des 27 composantes dont les noms sont fournis au Dia-
gramme IX-2. Notons que les quatorze premières composantes
épuisent l’explication de la variance.

La valeur des différents facteurs pour chacun des territoires qui nous
intéresse est donnée dans le Diagramme IX-4, qu’on peut lire à la
page suivante.

136
Diagramme IX-4

Analyse discriminante

Les sept facteurs donnés au


Diagramme IX-4 ont été sou-
mis à l’analyse discriminante
décrite au Diagramme X-1.

Diagramme X-2 Les coefficients de la fonction linéaire


pertinente aux territoires provenant du
Centre-de-la-Mauricie et ceux de la
fonction linéaire pertinente aux territoi-
res provenant de Francheville sont
fournis au Diagramme X-2. Le critère de
démarcation qui saisit dans quelle me-
sure chacun de ces territoires se situe
par rapport aux autres tient à ces deux
fonctions de classement. Et la mesure
saisie par le critère de démarcation est établie par le score discriminant calculé pour chacun des territoires ; le
Diagramme X-3 (voir page suivante) fournit le résultat pertinent à chacun de ces territoires, classés selon l’or-
dre croissant du score noté « Dis1_1 ».

137
Diagramme X-3

La ligne de démarcation passe entre Saint-Boniface-de-Shawinigan, avec son score de -1,20, et Saint-Gene-
viève-de-Batiscan, avec son score de 0,54.

Mais, il est surtout remarquable que :


a. l’analyse discriminante classe Saint-Étienne-des-Grès, avec son score de -1,26146, avec les territoires
provenant du Centre-de-la-Mauricie ;
b. Notre-Dame-du-Mont-Carmel se démarque très nettement des territoires provenant de la MRC de
Francheville, et ce, malgré leur cohabitation de cinq ans au sein de la nouvelle MRC Les Chenaux.

Ce résultat très remarquable est convergent avec celui du Tableau 18. Le fondement de cette importante con-
vergence doit d’abord être recherché dans la Capsule méthodologique 9, et ensuite dans la Capsule métho-
dologique 7.

IMPORTANTE CONVERGENCE

Commençons avec la Capsule méthodologique 9. Rappelons-nous que, selon le « principe statistique de


l’analyse discriminante linéaire », dans une telle analyse, « ce qu’on cherche », c’est « un ensemble d’axes
qui résument au mieux la distance existant entre deux groupes d’observations ». Pour nous, il s’agit d’obser-
vations concernant des territoires provenant de la MRC du Centre-de-la-Mauricie et d’observations concer-
nant des territoires provenant de la MRC de Francheville, mais des observations prises à deux moments diffé-

138
rents, les unes en 2001 et les autres en 2006, et des observations consistant en des données différentes.
Rappelons-nous encore que, toujours selon le « principe statistique de l’analyse discriminante linéaire », « le
jeu d’axes à obtenir correspond à une analyse en correspondances principales (ACP) de la matrice de va-
riance inter-groupes », et que « les coordonnées des axes discriminants (appelés « fonctions linéaires discri-
minantes » ou « fonctions discriminantes de Fisher ») (...) correspondent au nouveau jeu d’axes factoriels
(approche statistique) et à l’équation du segment reliant les deux barycentres (approche géométrique) », et
que « le signe d’une projection (coordonnées sur ce nouveau jeu d’axes) est une convention, mais [ qui ] dé-
termine dans quelle catégorie une observation sera prédite ».

Si l’analyse discriminante classe Saint-Étienne-des-Grès avec les territoires provenant du Centre-de-la-Mauri-


cie avec un score négatif de -1,26146 en 2006, alors que, en 2001, elle classe ce même territoire avec les
territoires provenant du Centre-de-la-Mauricie, mais avec un score positif de + 1,278769, malgré la différence
du « signe de la projection », qui « est une convention », il demeure qu’il existe une convergence quant à la
détermination de la « catégorie » d’appartenance faite pour 2001 et faite pour 2006, et ce, à propos d'obser-
vations consistant en des données différentes. Il en est de même pour Notre-Dame-du-Mont-Carmel et les
autres territoires provenant du Centre-de-la-Mauricie, avec leur score respectif qui est négatif en 2006, et po-
sitif en 2001.

Terminons avec la Capsule méthodologique 9 en notant que « le jeu d’axes à obtenir correspond à une ana-
lyse en correspondances principales (ACP) de la matrice de variance inter-groupes », ce qui nous conduit à la
Capsule méthodologique 7, où nous lisons que, dans une analyse factorielle en composantes principales, on
« essaie, par une méthode quantitative (analyse multivariée), d'expliquer la portion la plus grande de la va-
riance totale (...) par de nouvelles variables (créées de toute pièce par l'analyse - variables construites) que
l'on appelle "composantes", "facteurs" ou "axes factoriels" », des « variables dites "latentes" [ qui ] ne sont
donc pas mesurées mais plutôt générées. Ces composantes ou facteurs regroupent, dans une certaine me-
sure, des éléments (variables) ou plutôt des variables corrélées dans le but d'expliquer un phénomène par
une quantité plus restreinte d'éléments ».

Nous sommes au nœud de l’importante convergence qui retient ici notre attention.

En 2001, au moment où des municipalités sont rendues orphelines par la création de deux Territoires équiva-
lents, Notre-Dame-du-Mont-Carmel se démarque déjà très nettement des territoires provenant de la MRC de

139
Francheville, et ce, selon l’analyse discriminante portant sur sept variables décrites au Tableau 17 dont rend
compte le Tableau 18. On sait que, malgré cette nette démarcation, Notre-Dame-du-Mont-Carmel et ces au-
tres territoires seront réunis au sein de la nouvelle MRC Les Chenaux.

En 2006, Statistique Canada fait un recensement. Or, l’analyse factorielle décrite au Diagramme IX-1 a porté
sur des variables provenant du dit recensement à propos des logements et des ménages dans quinze territoi-
res dits orphelins. Cette analyse a engendré les sept facteurs décrits au Diagramme IX-4. Et, avec ces sept
facteurs, nous avons découvert « un phénomène » remarquable, celui qui démarque très nettement Notre-
Dame-du-Mont-Carmel des territoires provenant de la MRC de Francheville, et ce, malgré leur cohabitation au
sein de la nouvelle MRC Les Chenaux depuis cinq ans.

À quoi tient cette importante convergence entre les résultats :


a. d’une « analyse froide et rationnelle » des données de 2001 contenues au Tableau 17 qui révèle l’exis-
tence de « forces et d’intérêts » réunissant certaines municipalités en un quintuple d’une nature telle
que : là où sont Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Mathieu et Saint-Boniface, là doit être Notre-
Dame-du-Mont-Carmel, d’une part ;
b. d’une « analyse froide et rationnelle » des données de 2006 contenues au Diagramme IX-4 révèle aus-
si l’existence de « forces et d’intérêts » réunissant encore certaines municipalités en un quintuple élargi
maintenant à un sextuple d’une nature telle que : là où sont Saint-Mathieu, Charette, Saint-Élie, Saint-
Étienne-des-Grès, et Saint-Boniface, là doit être Notre-Dame-du- Mont-Carmel, d’autre part ?

La conclusion qui s’impose ne serait-elle pas que la conduite d’une « analyse froide et rationnelle » des don-
nées de 2001 contenues au Tableau 17, d’une part, et la conduite d’une « analyse froide et rationnelle » des
données de 2006 contenues au Diagramme IX-4, d’autre part, démontrent l’existence de « forces et d’inté-
rêts » tels que Notre-Dame-du-Mont-Carmel serait beaucoup mieux servie avec un rattachement à la MRC de
Maskinongé, là où se trouvent Saint-Mathieu, Charette, Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, et Saint-Bonifa-
ce ? C’est maintenant ce qu’il nous faut examiner.

85 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 6
86 Aristote, Réfutations sophistiques, traduction de J. Tricot, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1969, 165a 6-16
87 A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine Histoire des mots, 4e édition, Paris, 1959
88 Jacques Trahan, La Gazette de la Mauricie, mai-juin 2008

140
89 A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine Histoire des mots, 4e édition, Paris, 1959
90Majella Simard, La fragilité de l'espace rural québécois Le cas des petites localités du Bas-Saint-Laurent: enjeux et
perspectives d'avenir, thèse de doctorat en développement régional, Université du Québec à Rimouski, Juillet 2003 pp.
83-86
91 Statistique Canada, http://www.statcan.ca/francais/research/92F0138MIF/92F0138MIF2001001.pdf
92Majella Simard, La fragilité de l'espace rural québécois Le cas des petites localités du Bas-Saint-Laurent: enjeux et
perspectives d'avenir, p. 76, 80-81
93 Politique nationale de la ruralité Une vision dʼavenir 2001, p. 6
94 Politique nationale de la ruralité 2007-2014, p. 4-5
95 Techno-Science.net, http://www.techno-science.net/?onglet=glossaire&definition=2605
96 Musée McCord, Clefs pour lʼhistoire, http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/eduweb/textes/manuels/urbanisation/#top)
97 Laval Doucet La ruralité et la solidarité au Québec, 1994, Regroupement Québécois des Intervenants et Intervenantes
en Action Communautaire,
http://www.rqiiac.qc.ca/fr/interaction_communautaire/journal/article_theme.asp?Id_theme=34&Id_articles=501
98 Politique nationale de la ruralité 2007-2014, p. 5
99 Politique nationale de la ruralité Une vision dʼavenir 2001, p. 6
100 Ministère des affaires municipales, http://www.mamr.gouv.qc.ca/cgi-bin/c01rechpf.pl?2001
101 Statistique Canada, Profils des communautés de 2001,
http://www12.statcan.ca/english/Profil01/CP01/Index.cfm?Lang=F
102 Statistique Canada, Dictionnaire du recensement de 2001,
http://www12.statcan.ca/francais/census01/Products/Reference/dict/index_f.htm
103 Statistique Canada, Dictionnaire du recensement de 2001,
http://www12.statcan.ca/francais/census01/Products/Reference/dict/dwe009_f.htm
104 Statistique Canada, Dictionnaire du recensement de 2001,
http://www12.statcan.ca/francais/census01/Products/Reference/dict/dwe006_f.htm
105 Statistique Canada,Profil de communauté en 2001 Notre-Dame-du-Mont-Carmel,
http://www12.statcan.ca/english/Profil01/CP01/Details/Page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=2436040&Geo2=PR&Co
de2=24&Data=Count&SearchText=Notre-dame-du-mont-carmel&SearchType=Begins&SearchPR=24&B1=All&Custom=
106 Rapport Gélinas, p. 90
107 Rapport Gélinas, p.125
1081) Ministère des affaires municipales - Répertoire des municipalités 1999 - pour le nombre des élus siégeant aux
Conseils municipaux en 2001 avant les fusions ; 2) Ministère des affaires municipales -Prévisions budgétaires des orga-
nismes municipaux – Exercice financier 2001- http://www.mamr.gouv.qc.ca/finances/fina_info_publ.asp
109 1) Ministère des affaires municipales - Répertoire des municipalités - pour le nombre des élus siégeant aux Conseils
municipaux avant et après les fusions ; 2) Ministère des affaires municipales -Prévisions budgétaires des organismes
municipaux – Exercice financier 2001 à 2007, http://www.mamr.gouv.qc.ca/finances/fina_info_publ.asp ; 3) Statistique
Canada, Indice des prix à la consommation, aperçu historique (1988 à 2007),
http://www40.statcan.ca/l02/cst01/econ46a_f.htm
110 Statistique Canada, Profils des communautés de 2006
http://www12.statcan.ca/english/census06/data/profiles/community/index.cfm?Lang=F
111 Statistique Canada, Dictionnaire du recensement de 2006
http://www12.statcan.ca/francais/census06/reference/dictionary/index.cfm
112 Trois-Rivières, photographie de Vincent Vanderveken, 2001
113 Beauce, photographie de Pierre Lachance, 2004

141
DÉMONSTRATION

Nous nous demandons à quoi tient cette importante convergence entre les résultats :
a. d’une « analyse froide et rationnelle » des données de 2001 contenues au Tableau 17 qui révèle l’exis-
tence de « forces et d’intérêts » réunissant certaines municipalités d’une nature telle que : là où sont
Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Mathieu et Saint-Boniface, là doit être Notre-Dame-du-Mont-
Carmel, d’une part ;
b. d’une « analyse froide et rationnelle » des données de 2006 contenues au Diagramme IX-4 révèle aus-
si l’existence de « forces et d’intérêts » réunissant encore certaines municipalités d’une nature telle
que : là où sont Saint-Mathieu, Charette, Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, et Saint-Boniface, là doit
être Notre-Dame-du- Mont-Carmel, d’autre part.

Est-ce que la relation entre :


1. les variables décrites au Tableau 17,
1. à savoir la population, les dépenses de fonctionnement nettes, les dépenses de fonctionnement per
capita, la richesse foncière uniformisée, les dépenses de fonctionnement par 100$ de richesse fon-
cière uniformisée, la richesse foncière uniformisée per capita, le taux global de taxation, d’une part,
2. et les besoins inhérents à la configuration des communautés qui se dégagent des données de 2006
contenues au Diagramme IX-4,
1. à savoir la densité de population au kilomètre carré, la superficie en kilomètre carré, le nombre de
maisons non attenantes, de maisons jumelées, en rangée, de duplex, d’immeubles de moins de
cinq étages, d’immeubles de plus de cinq étages, le nombre moyen de pièces par logement, le
nombre de logements possédés ou loués, la taille moyenne des ménages, le nombre de ménage
fait d’un couple avec enfants, fait d’un couple sans enfants, fait d’une personne seule, du revenu
médian, du coût mensuel du logement possédé ou loué, d’autre part,
3. résulte d’une pure coïncidence ?

N’est-ce pas plutôt que la conduite d’une « analyse froide et rationnelle » des données de 2001 contenues au
Tableau 17, d’une part, et la conduite d’une « analyse froide et rationnelle » des données de 2006 contenues
au Diagramme IX-4, d’autre part, démontrent l’existence de causes qui sont latentes, ce sans quoi elles se-
raient manifestes, mais causes dont les effets, eux, prennent la forme de « forces et d’intérêts » qui façonnent
une situation telle que Notre-Dame-du-Mont-Carmel serait beaucoup mieux servie avec un rattachement à la

143
MRC de Maskinongé, là où se trouvent Saint-Mathieu, Charette, Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, et Saint-
Boniface ?

Même les auteurs de documents tels que :


Miser sur la solidarité Rapport sur la réorganisation municipale et les équipements supralocaux dans la MRC de
Francheville, André Thibault Ph.D, Mandataire, 15 février 2001
La réorganisation municipale Centre-de-la-Mauricie Réussir le changement Une responsabilité partagée, Claude
Gélinas avocat, Mandataire, 30 avril 2001
Rapport sur le fonctionnement des municipalités régionales de comté à caractère urbain et rural, Groupe de travail
sur les municipalités régionales de comté à caractère urbain et rural, Octobre 2001

ne semblent pas croire à une coïncidence. Il semble donc que, d’un point de vue théorétique, il soit préférable
de prendre l’importante convergence entre les résultats de « [l’]analyse froide et rationnelle » des données de
2001 et de « [l’]analyse froide et rationnelle » des données de 2006 comme la manifestation de causes
latentes dont l’existence n’est connaissable que par voie de démonstration.

CAPSULE MÉTHODOLOGIQUE 11

La connaissance du fait diffère de la connaissance du pourquoi. D’abord, cette différence peut avoir lieu dans
une même science (...). Mais il y a encore une autre façon dont le fait et le pourquoi diffèrent, et c’est quand
chacun d’eux est considéré par une science différente. Tels sont les problèmes qui sont entre eux dans un
rapport tel que l’un est subordonné à l’autre : c’est le cas, par exemple, des problème d’Optique relativement à
la Géométrie, (...). Ici, en effet, la connaissance du fait relève des observations empiriques, et celle du pourquoi,
des mathématiciens. Car ces derniers sont en possession des démonstrations par les causes, et souvent ne
connaissent pas le simple fait, (...).

Aristote, Seconds analytiques, traduction de J. Tricot, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1979, 78a 21-22 et
34-35, 79a 1-5

Nous pensons connaître quand nous savons la cause. Or, les causes sont au nombre de quatre : (...). en
second lieu, que certaines choses étant données, une autre suit nécessairement, : (...). (...) En effet, que telle
chose étant donnée, il en résulte nécessairement que ceci est, (...) on peut (...) le montrer par l,exemple
suivant : pourquoi l’angle inscrit dans le demi-cercle est-il droit ? ou bien : de quelle donnée suit-il que c’est un
angle droit ?

Aristote, Seconds analytiques, traduction de J. Tricot, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1979, 94a 20-30

—0—

La démonstration comparative est une procédure de preuve qui consiste à établir la validité d'une position en
montrant que celle-ci est « meilleure » que les autres positions concurrentes connues. Elle ne prétend donc pas
à une validité absolue mais seulement à une validité relative. La démonstration comparative permet ainsi de
justifier une position en l'absence de tout fondement absolu et, par conséquent, d'établir une hiérarchie entre
des positions concurrentes considérées encore comme hypothétiques.

Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Démonstration_comparative#Liens_internes

—0—

Rapport financier des organismes municipaux – Exercice financier 2005 — Municipalités locales

ACTIVITÉS FINANCIÈRES — Dépenses de fonctionnement

144
Les dépenses sont classées selon deux ordres différents: par fonctions et par objets. Cette classification uni-
forme s'applique aux municipalités locales comme à tous les autres organismes municipaux. (...)

Les municipalités présentent leurs dépenses, par fonctions, selon la classification suivante:

- Administration générale;
- Sécurité publique;
- Transport;
- Hygiène du milieu;
- Santé et bien-être;
- Aménagement, urbanisme et développement;
- Loisirs et culture;
- Électricité;
- Frais de financement.

Les chiffres de l'année 2005 démontrent que la part relative des principales fonctions de l'ensemble des munici-
palités du Québec s'élève à 16,3% pour ce qui est de l'administration générale, 19,8% pour la sécurité publique
et 20,0% pour le transport. L'hygiène du milieu représente 12,7% alors que la part des dépenses consacrées
aux loisirs et à la culture s'élève aussi à 13,1%. Les frais de financement, quant à eux, représentent 8,6% du
total des dépenses de fonctionnement de l’ensemble des municipalités du Québec.

DFM – SIFV Juillet 2007

Ministère des affaires municipales, http://www.mamr.gouv.qc.ca/finances/fina_info_prev_exer_2005.asp#p1

Pour connaître l’existence des causes latentes dont les effets prennent la forme de « forces et d’intérêts » qui
ont façonné la situation que révèlent les données de 2006 contenues au Diagramme IX-4, nous avons retenu
des données dont font état les deux documents suivants :
1. Ministère des affaires municipales, 83_Ratios_et_indices_Données_pour_chaque_mun.xls 114 : le
Tableau 24 (voir page suivante) fournit les observations, variables et mesures pertinentes ;

2. Banque de données des statistiques officielles sur le Québec, Activités financières - Dépenses de
fonctionnement, Québec, région administrative Mauricie, MRC et municipalités (18 février
2008) 115 : le Tableau 25 (voir page suivante) fournit les observations, variables et mesures pertinen-
tes.

Les données que leTableau 24 (voir page suivante) fournit décrivent la situation en 2005 quant aux variables
suivantes :
1. population telle qu’établie par l’Institut de la statistique du Québec ;
2. richesse foncière uniformisée ( RFU ) ;
3. richesse foncière uniformisée par habitant ( RFU per capita ) ;
4. taux global de taxation ( TGTU ) ;
5. dépenses de fonctionnement nettes ( DFN ) ;
6. dépenses de fonctionnement nettes par habitant ( DFN per capita ) ;
7. dépenses de fonctionnement nettes par 100$ de RFU ( DFN par 100$ de RFU.

Dans le traitement statistique, ces variables sont transformées en valeurs centrées réduites.

145
Tableau 24
Code Municipalité Population RFU RFU per capita TGTU DFN DFN per capita DFN par
géographique 100$ de RFU
37205 Sainte-Anne-de-la-Pérade 2 170 90 112 183 $ 41 526 $ 1,70 $ 1 558 745 $ 718,32 $ 1,73 $
37210 Batiscan 954 46 363 844 $ 48 599 $ 1,48 $ 692 991 $ 726,41 $ 1,49 $
37215 Sainte-Geneviève-de-Batiscan 1 136 57 786 215 $ 50 868 $ 1,57 $ 879 926 $ 774,58 $ 1,52 $
37220 Champlain 1 609 84 396 963 $ 52 453 $ 1,20 $ 1 062 908 $ 660,60 $ 1,26 $
37225 Saint-Luc-de-Vincennes 610 25 124 740 $ 41 188 $ 1,17 $ 447 086 $ 732,93 $ 1,78 $
37230 Saint-Maurice 2 305 82 965 400 $ 35 994 $ 1,43 $ 1 286 757 $ 558,25 $ 1,55 $
37235 Notre-Dame-du-Mont-Carmel 5 194 165 254 725 $ 31 816 $ 1,72 $ 2 720 316 $ 523,74 $ 1,65 $
37240 Saint-Narcisse 1 854 71 563 307 $ 38 599 $ 1,55 $ 1 173 571 $ 632,99 $ 1,64 $
37245 Saint-Stanislas 1 088 48 453 516 $ 44 534 $ 1,61 $ 938 240 $ 862,35 $ 1,94 $
37250 Saint-Prosper 540 32 150 580 $ 59 538 $ 1,53 $ 580 034 $ 1 074,14 $ 1,80 $
51070 Saint-Mathieu-du-Parc 1 278 87 308 975 $ 68 317 $ 1,36 $ 1 414 719 $ 1 106,98 $ 1,62 $
51075 Saint-Élie-de-Caxton 1 558 80 921 495 $ 51 939 $ 1,36 $ 1 260 517 $ 809,06 $ 1,56 $
51080 Charette 950 33 457 757 $ 35 219 $ 1,66 $ 652 136 $ 686,46 $ 1,95 $
51085 Saint-Boniface 4 075 146 278 453 $ 35 897 $ 1,77 $ 2 557 900 $ 627,71 $ 1,75 $
51090 Saint-Étienne-des-Grès 3 927 135 127 927 $ 34 410 $ 1,41 $ 2 119 782 $ 539,80 $ 1,57 $

Les données duTableau 25 livrent des renseignements sur la somme dépensée pour chacune des fonctions
suivantes :
1. Administration générale;
2. Sécurité publique;
3. Transport;
4. Hygiène du milieu;
5. Santé et bien-être;
6. Aménagement, urbanisme et développement;
7. Loisirs et culture;
8. Frais de financement.

Tableau 25
Aménage-
Total — dé-
Administra- Sécuri- Santé ment urba- Loisirs Frais de
Code géo- Trans- Hygiène penses de
tion géné- té pu- et bien- nisme et et cul- finance-
graphique port du milieu fonctionne-
rale blique être développe- ture ment
ment
Municipalités ment
37205 Sainte-Anne-de-la-Pérade 297 848 $ 237 532 $270 330 $ 360 144 $ 28 551 $ 75 054 $ 293 337 $ 35 666 $ 1 598 462 $
37210 Batiscan 200 059 $ 106 811 $148 640 $ 175 207 $ 7 774 $ 18 706 $ 62 776 $ 29 462 $ 749 435 $
37215 Sainte-Geneviève-de-Batiscan 220 347 $ 129 776 $219 941 $ 164 660 $ 4 006 $ 39 352 $ 62 837 $ 54 340 $ 895 259 $
37220 Champlain 376 218 $ 177 514 $239 975 $ 255 466 $ 8 071 $ 13 821 $ 114 700 $ 93 465 $ 1 279 230 $
37225 Saint-Luc-de-Vincennes 125 102 $ 46 307 $ 110 935 $ 76 020 $ 0$ 12 203 $ 47 147 $ 1 874 $ 419 588 $
37230 Saint-Maurice 309 254 $ 204 830 $444 303 $ 206 621 $ 5 675 $ 39 944 $ 158 483 $ 45 021 $ 1 414 131 $
37235 Notre-Dame-du-Mont-Carmel 567 360 $ 518 287 $524 998 $ 584 640 $ 5 817 $ 156 185 $ 477 995 $ 104 156 $ 2 939 438 $
37240 Saint-Narcisse 254 227 $ 161 665 $242 682 $ 185 988 $ 6 381 $ 51 987 $ 124 664 $ 163 714 $ 1 191 308 $
37245 Saint-Stanislas 202 912 $ 131 088 $264 767 $ 138 358 $ 8 739 $ 34 028 $ 64 324 $ 74 138 $ 918 354 $
37250 Saint-Prosper 176 944 $ 72 209 $ 197 389 $ 73 588 $ 0$ 10 620 $ 43 444 $ 460 $ 574 654 $
51070 Saint-Mathieu-du-Parc 278 158 $ 243 375 $574 249 $ 155 430 $ 0$ 84 387 $ 114 004 $ 4 497 $ 1 454 100 $
51075 Saint-Élie-de-Caxton 289 769 $ 186 522 $357 857 $ 295 095 $ 11 353 $ 40 761 $ 69 414 $ 85 993 $ 1 336 764 $
51080 Charette 158 480 $ 143 805 $145 684 $ 77 520 $ 4 134 $ 24 902 $ 35 975 $ 87 930 $ 678 430 $
51085 Saint-Boniface 553 932 $ 437 419 $876 865 $ 507 512 $ 3 742 $ 101 913 $ 254 837 $ 136 119 $ 2 872 339 $
51090 Saint-Étienne-des-Grès 454 270 $ 449 722 $624 611 $ 404 709 $ 52 084 $ 90 550 $ 387 529 $ 130 530 $ 2 594 005 $

Nous omettons l’électricité, poste pour lequel aucune des municipalités considérées ne fait de dépenses.
Dans le traitement statistique, nous calculons la proportion du total des dépenses que représente la dépense
faite à chacun des huit postes retenus ; ce sont ces proportions qui sont transformées en valeurs centrées
réduites.

146
Le traitement statistique des données des Tableau 24 et Tableau 25 consiste en une analyse factorielle et une
analyse discriminante. Pour les fins de ces deux analyses, les données des Tableau 24 et Tableau 25 furent
réunies en un seul.

Analyse factorielle

Le Diagramme XI-1 décrit le traitement donné par le logiciel aux quinze variables centrées réduites retenues :

Le Diagramme XI-2 identifie les


quinze variables centrées réduites
soumises au traitement statistique
consistant en une analyse de
composantes principales :

Le Diagramme XI-3 décrit le pourcentage de la variance expliqué par chacune des quinze composantes dont
les noms sont fournis au Diagramme XI-2, d’une part, et en calcule le pourcentage cumulé :

147
Diagramme XI-3 — Variance totale expliquée

Pour chacun des territoires qui nous intéresse, l’analyse dégage cinq composantes principales des quinze
composantes dont les noms sont fournis au Diagramme XI-2. La valeur de ces cinq composantes principales
est donnée dans le Diagramme XI-4 ; ce sont ces cinq facteurs qui sont soumis à l’analyse discriminante qui
va suivre.

Diagramme XI-4

148
Analyse discriminante

Posons adéquatement le problème qu’on explore dans cette seconde partie, avec une analyse factorielle et
une analyse discriminante. Nous demandons si la relation entre :
1. les variables décrites au Tableau 17, à savoir la population, les dépenses de fonctionnement nettes, les
dépenses de fonctionnement per capita, la richesse foncière uniformisée, les dépenses de fonctionne-
ment par 100$ de richesse foncière uniformisée, la richesse foncière uniformisée per capita, le taux
global de taxation, d’une part,
2. et les besoins inhérents à la configuration des communautés qui se dégagent des données de 2006
contenues au Diagramme IX-4, à savoir la densité de population au kilomètre carré, la superficie en
kilomètre carré, le nombre de maisons non attenantes, de maisons jumelées, en rangée, de duplex,
d’immeubles de moins de cinq étages, d’immeubles de plus de cinq étages, le nombre moyen de piè-
ces par logement, le nombre de logements possédés ou loués, la taille moyenne des ménages, le
nombre de ménage fait d’un couple avec enfants, fait d’un couple sans enfants, fait d’une personne
seule, du revenu médian, du coût mensuel du logement possédé ou loué, d’autre part,
résulte d’une pure coïncidence, ou si elle résulte plutôt de l’existence de causes qui sont latentes, mais dont
les effets, eux, prennent la forme de « forces et d’intérêts » qui façonnent une situation telle que Notre-Dame-
du-Mont-Carmel serait beaucoup mieux servie avec un rattachement à la MRC de Maskinongé, là où se trou-
vent Saint-Mathieu, Charette, Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, et Saint-Boniface. Et, comme ces causes
sont latentes, nous cherchons à en connaître l’existence en conduisant une « analyse froide et rationnelle »
des « forces et d’intérêts » qui, eux, en manifestent la présence. Les propriétés logiques de cette « analyse
froide et rationnelle » ainsi conduite en font une démonstration de l’existence des causes latentes.

Pour ce faire, nous partons de données rassemblées dans le Tableau 24 et le Tableau 25, données qui sont
réunies en une table de quinze composantes décrites au Diagramme XI-2. Une analyse en composantes
principales de ces quinze composantes révèle qu’elles sont réductibles à cinq facteurs dont les valeurs sont
inscrites au Diagramme XI-4.

Ces données concernent quinze municipalités que la création de deux Territoires équivalents à une MRC,
Shawinigan et Trois-Rivières, a laissé orphelines, selon l’expression du Groupe de travail sur le
fonctionnement des municipalités régionales de comté à caractère urbain et rural. Ces quinze municipalités
faisaient partie des « 37 municipalités situées à l’extérieur des deux nouvelles villes », et qui « ont échangé

149
sur des scénarios de rattachement de municipalités à l’une ou l’autre des MRC de Maskinongé (4
municipalités de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) ou de Des Chenaux (Notre-Dame-du-Mont-Carmel
anciennement de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) et du transfert d’une municipalité, soit Saint-Étienne-de-
Grès, d’une MRC (Des Chenaux) à l’autre (Maskinongé) », « lors d’une journée d’étude tenue le 6 octobre
[2001] » 116.

Afin de bien rendre cette présentation du


problème que fait le Groupe de travail sur
le fonctionnement des municipalités
régionales de comté à caractère urbain et
rural, dans l’analyse discriminante, nous
avons introduit une variable nominale pour exprimer le rattachement à une MRC des quinze municipalités
dont le nom apparaît dans la liste du Diagramme XI-4, Les Chenaux pour les unes, Maskinongé pour les
autres. Cependant, le critère de démarcation dont l’analyse discriminante fait l’examen est celui de la MRC de
provenance, d’où l’introduction dans l’analyse discriminante de la variable ordinale « GROUPS = Provenance
(1,2) ». Et, comme l’analyse en composantes principales des quinze composantes initiales a révélé leur
réductibilité à cinq facteurs, dont les valeurs sont inscrites au Diagramme XI-4, ces derniers sont introduits
dans l’analyse discriminante comme suit : « VARIABLES = FAC1_1 ... » . Le Diagramme XII-1 fait une synthèse
de ce que nous venons d’exposer.

Les coefficients de la fonction linéaire pertinente aux territoires provenant du Centre-de-la-Mauricie et ceux de
la fonction linéaire pertinente aux territoires provenant de Francheville sont fournis au Diagramme XII-2 :

Diagramme XII-2

150
Le score discriminant calculé pour chacun des territoires selon critère de démarcation retenu, la MRC de pro-
venance, est inscrit au Diagramme XII-3 où les territoires sont classés selon l’ordre croissant du score discri-
minant :

Diagramme XII-3

Afin de rendre plus facile la comparaison avec les données du Tableau 18, qui fournit le résultat de l’analyse
discriminante pour les variables décrites au Tableau 17, celles de 2001, nous en avons reformulé la
présentation dans le Diagramme XII-4, comme suit :

Diagramme XII-4

Dans le Diagramme XII-4, nous ajoutons une colonne « MRC_rattachement » qui n’a aucune correspondance
dans le Tableau 18. Dans le Tableau 18, nous avions : une colonne intitulée « MRC » qui, dans le Diagramme

151
XII-4, devient « Provenance » ; et une colonne intitulée « Classe » qui, dans le Diagramme XII-4, prend le
titre « Dis_1 ». Dans cette colonne « Dis_1 » du Diagramme XII-4, on trouve l’affectation que l’analyse discri-
minante attribue à chaque municipalité selon le score discriminant indiqué dans la colonne « Dis1_1 », score
qui détermine leur rangement en ordre croissant. Dans le Tableau 18, les municipalités de la classe 1, dont
quatre proviennent de la MRC du Centre-de-la-Mauricie et une de la MRC de Francheville, avaient toutes un
score supérieur à 1 ; dans le Diagramme XII-4, les municipalités de la classe d’affectation inscrite à la colonne
« Dis_1 », dont quatre proviennent de la MRC du Centre-de-la-Mauricie et une de la MRC de Francheville, ont
toutes le même score supérieur à 1 que dans le Tableau 18. Enfin, dans le Tableau 18 comme dans le Dia-
gramme XII-4, la classe d’affectation inscrite à la colonne « Classe » ou à la colonne « Dis_1 », lue en con-
jonction avec l’inscription faite à la colonne « MRC » ou à la colonne « Provenance », donne l’affectation que
l’analyse discriminante attribue à chaque municipalité selon le score discriminant calculé.

Pour le Tableau 18, nous avions souligné les scores respectifs suivants :
Saint-Étienne-des-Grès : 1,27769
Notre-Dame-du-Mont-Carmel : 1,27991
ainsi que la distance entre Notre-Dame-du-Mont-Carmel et Saint-Étienne-des-Grès :
Notre-Dame-du-Mont-Carmel — Saint-Étienne-des-Grès = 0,00222
Et nous avions conclu à une démonstration d’une très étroite connexion entre ces deux municipalités, en-
châssée entre Saint-Élie (1,04008), Saint-Mathieu (1,55691) et Saint-Boniface (1,58132). Évidemment, il en
est de même dans le Diagramme XII-4.

Maintenant, que pouvons tirer d’une comparaison entre le Diagramme XII-4 et le Diagramme XII-3 ? Le Dia-
gramme XII-4 fournit les résultats d’une analyse discriminante conduite sur les données de 2001 suivantes :
1. population en 2001 ;
2. dépenses de fonctionnement nettes ;l
3. DFN par habitant ;
4. richesse foncière uniformisée ;
5. DFN par 100$ de RFU ;
6. RFU par habitant ;
7. taux global de taxation uniformisé.
Et, comme nous venons de l’écrire, nous concluions à une démonstration d’une très étroite connexion entre
Notre-Dame-du-Mont-Carmel et Saint-Étienne-des-Grès, enchâssée entre Saint-Élie , Saint-Mathieu et Saint-
Boniface .

152
Or, nous avions remarqué une importante convergence entre ce résultat et autre analyse discriminante de
données de 2006 contenues au Diagramme IX-4. Et nous nous étions demandé si la relation entre les varia-
bles décrites au Tableau 17, à savoir la population, les dépenses de fonctionnement nettes, les dépenses de
fonctionnement per capita, la richesse foncière uniformisée, les dépenses de fonctionnement par 100$ de ri-
chesse foncière uniformisée, la richesse foncière uniformisée per capita, le taux global de taxation, d’une part,
et les besoins inhérents à la configuration des communautés qui se dégagent des données de 2006 conte-
nues au Diagramme IX-4, à savoir la densité de population au kilomètre carré, la superficie en kilomètre carré,
le nombre de maisons non attenantes, de maisons jumelées, en rangée, de duplex, d’immeubles de moins de
cinq étages, d’immeubles de plus de cinq étages, le nombre moyen de pièces par logement, le nombre de
logements possédés ou loués, la taille moyenne des ménages, le nombre de ménage fait d’un couple avec
enfants, fait d’un couple sans enfants, fait d’une personne seule, du revenu médian, du coût mensuel du lo-
gement possédé ou loué, d’autre part, ne démontrerait pas l’existence de causes latentes dont les effets
prendraient la forme de « forces et d’intérêts » qui façonnent une situation telle que Notre-Dame-du-Mont-
Carmel serait beaucoup mieux servie avec un rattachement à la MRC de Maskinongé.

C’est en recherche d’une réponse à cette interrogation que le Diagramme XII-3 fournit les résultats d’une ana-
lyse discriminante conduite sur la situation en 2005 des mêmes municipalités, mais quant aux variables sui-
vantes :

1. population en 2005 telle qu’établie par l’Institut de la statistique du Québec ;


2. richesse foncière uniformisée ( RFU ) ;
3. richesse foncière uniformisée par habitant ( RFU per capita ) ;
4. taux global de taxation ( TGTU ) ;
5. dépenses de fonctionnement nettes ( DFN ) ;
6. dépenses de fonctionnement nettes par habitant ( DFN per capita ) ;
7. dépenses de fonctionnement nettes par 100$ de RFU ( DFN par 100$ de RFU ;
8. administration générale;
9. sécurité publique;
10. transport;
11. hygiène du milieu;
12. santé et bien-être;
13. aménagement, urbanisme et développement;
14. loisirs et culture;
15. frais de financement.

153
Et, les résultats d’une analyse discriminante dont le Diagramme XII-3 rend compte sont convergents avec
ceux que fournit le Diagramme X-3, où nous constatons encore une fois le même clivage entre Notre-Dame-
du-Mont-Carmel et certaines municipalités qui, bien que de même provenance, i.e. de la MRC du Centre-de-
la-Mauricie, sont maintenant rattachée à la MRC de Maskinongé, alors que Notre-Dame-du-Mont-Carmel est
rattaché à la MRC Les Chenaux.

Au final, nous concluons que la convergence entre les résultats de


trois analyse discriminantes, celles dont rendent compte les Dia-
gramme XII-4 ( Tableau 18 ), Diagramme X-3 et Diagramme XII-3,
démontrent l’existence de causes latentes dont les effets prennent
la forme de « forces et d’intérêts » qui façonnent une situation telle
que, en Basse-Maurice, un rattachement à la MRC de Maskinongé,
là où se trouvent Saint-Étienne-des-Grès, Charette, Saint-Boniface et
Saint-Mathieu-du-Parc, servira Notre-Dame-du-Mont-Carmel au
mieux.

114 Ministère des affaires municipales, Finances Fiscalité Évaluation foncière, Ratios financiers et indices, Exercice fi-
nancier 2005, Données détaillées pour chaque municipalité (en $) (format Excel, 464 Ko),
83_Ratios_et_indices_Donnees_pour_chaque_mun2005.xls
http://www.mamr.gouv.qc.ca/finances/fina_info_publ_rati.asp#id2005
115 Banque de données des statistiques officielles sur le Québec, Affaires municipales, Finances municipales, Activités
financières - Dépenses de fonctionnement, Québec, région administrative Mauricie, MRC et municipa-
lités (18 février 2008),
http://www.bdso.gouv.qc.ca/pls/ken/Ken263_Liste_Total.p_tratr_reslt?p_iden_tran=REPERIGK0GI01-736098040171khU
&p_modi_url=1029101724&p_id_rapp=650
116 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 51

154
CONCLUSION

155
Lorsque le Gouvernement du Québec entreprend sa réforme de l’organisation territoriale municipale en 2000,
deux « axes d’intervention » sont prévus : un « regroupement des municipalités locales », et un « renforce-
ment des agglomérations urbaines et des MRC ». Ces « axes d’intervention » sont orientés vers des « objec-
tifs », dont celui d’une « prise en compte des objectifs gouvernementaux de développement durable et d’amé-
nagement du territoire ».

Au Québec, la création de régions administratives remonte à 1966. C’est alors que la région devient un terri-
toire où les interventions de l’État sont conçues au cours d’études de prospective dont est chargé l’Office de
planification et de développement du Québec (OPDQ), un organisme « institué au ministère du Conseil exé-
cutif »117 , i.e. au ministère que dirige directement le premier ministre. Le rôle que sa loi constitutive attribue à
l’OPDQ est :
a) de préparer pour le compte du gouvernement des plans, programmes et projets de développement économique
et social et d'aménagement du territoire en vue de la meilleure utilisation des ressources économiques et humaines
et en tenant compte des particularités des régions du Québec;

b) d'obtenir des ministères et organismes du gouvernement les renseignements disponibles concernant leurs poli-
tiques, leurs programmes, leurs projets et leurs réalisations ainsi que toute autre donnée statistique ou renseigne-
ment qu'il juge nécessaire ou utile à la poursuite de ses fins;

c) d'exécuter ou de faire exécuter, pour les fins prévues aux paragraphes a et b, des recherches, études, enquêtes
et inventaires;

d) de coordonner les recherches, études, enquêtes et inventaires qui sont faits par d'autres ministères et organis-
mes du gouvernement;

e) de donner des avis au gouvernement sur les politiques et programmes élaborés par les ministères et organis-
mes du gouvernement en vue d'en favoriser l'harmonisation;

f) de faire au gouvernement des recommandations sur toute question sur laquelle il a exécuté ou fait exécuter des
recherches, études, enquêtes ou inventaires;

g) d'agir comme agent de liaison entre les ministères et organismes du gouvernement dans la mise en oeuvre des
plans, programmes et projets de développement économique et social qui intéressent plusieurs ministères ou orga-
nismes du gouvernement et qui lui sont indiqués par le gouvernement;

h) d'assumer la direction et d'assurer l'exécution de tout plan, programme ou projet de développement économi-
que et social, y compris de tout plan, programme ou projet d'aménagement rural et de développement agricole, dont
la réalisation lui est confiée par le gouvernement;

i) d'administrer les fonds qui lui sont confiés aux fins d'exercer les fonctions et pouvoirs prévus au paragraphe h et
d'en disposer de la façon indiquée par le gouvernement. 118

L’Office fut abrogé en 1993. Aujourd’hui, au Ministère du Conseil exécutif, c’est le Comité ministériel au déve-
loppement des régions, un des « comités ministériels permanents », qui est censé avoir pris la relève. Son
mandat est « d’assurer le leadership, la cohérence et le suivi des actions gouvernementales en matière de

157
développement régional ». 119 Dans le passage de l’Office au Comité, il est manifeste que le caractère exécutif
des « actions gouvernementales » a grandement pâli ; une comparaison avec l’organisation de la Préfecture
du territoire de Belfort, par exemple, est fort instructive à cet égard. 120 Au Portail Québec, on peut prendre
connaissance de la doctrine qui a actuellement la faveur du Comité :
La municipalité régionale de comté est responsable de l'aménagement du territoire au niveau régional par l'intermé-
diaire du schéma d'aménagement. Dans les faits, elle est également reconnue comme le lieu où les orientations du
développement local en matière d'aménagement sont adoptées. C'est à cette fin d'aménagement que le gouverne-
ment lui fait connaître périodiquement ses orientations pour l'ensemble du territoire québécois, y compris le plan
d'affectation des terres du domaine public. (...)

À l'égard de l'aménagement du territoire, le ministère des Affaires municipales et des Régions a la responsabilité
d'encadrer l'organisation territoriale municipale et le développement local. Constamment à la recherche d'un équili-
bre entre les régions administratives, d'une planification ordonnée et d'une organisation efficace du territoire québé-
cois, le Ministère procède actuellement à la mise en œuvre d'une politique de consolidation des communautés loca-
les. Celle-ci vise à renforcer les institutions municipales afin qu'elles soient en mesure d'assumer de nouvelles res-
ponsabilités au niveau régional, notamment dans les domaines du développement économique et de la création
d'emplois.121

À toute époque pertinente depuis leur création, jamais les régions administratives ne furent constituées en un
niveau authentique de gouvernement. Aujourd’hui, « la conférence régionale des élus constitue, pour le terri-
toire qu'elle représente, l'interlocuteur privilégié du gouvernement en matière de développement régional ».122
Or, selon la même source, le Ministère des affaires municipales, les CRE sont dirigées par un « conseil d'ad-
ministration (...) composé des membres suivants agissant sur son territoire : les préfets des MRC ; les maires
des municipalités locales de 5 000 habitants et plus ; les maires des municipalités locales énumérées à l'an-
nexe B de la Loi sur le ministère des Affaires municipales et des Régions (LMAMR) ». Bref, sous la prétendue
gouvernance des CRÉ, jamais les régions administratives ne deviendront un niveau authentique de gouver-
nement.

Toujours selon la même source, le Ministère des affaires municipales, «chaque CRE a pour principal mandat :
d'évaluer les organismes de planification et de développement travaillant aux paliers local et régional, orga-
nismes dont le financement provient en tout ou en partie du gouvernement ; de favoriser la concertation des
partenaires dans la région ; de donner, s'il y a lieu, des avis au ministre sur le développement de la région ».

Et toujours selon la même source, le Ministère des affaires municipales, la Conférence régionale des élus « é-
tablit un plan quinquennal de développement (PQD) définissant, dans une perspective de développement du-
rable, les objectifs généraux et particuliers de développement de la région. C’est ainsi que le Plan quinquen-
nal de développement « est le cadre de référence privilégié pour l’exercice de concertation entre le gouver-

158
nement et les régions ». En effet, selon la même source, le Ministère des affaires municipales, « le PQD per-
met à la CRE d’établir les axes de développement pour la région administrative. Il peut s’agir d’axes relatifs:
au développement économique et à l’emploi ; à la protection de l’environnement, à l’aménagement du terri-
toire et au transport ; au développement social et à la santé ; à la culture, au loisir et au sport ; à l’éducation, à
la recherche et à la science ».

Lorsqu’on lit le Rapport Thibault ou le Rapport Gélinas, il est clair qu’aucun tel « axe de développement »
n’existe encore. Au contraire, dans le Rapport Thibault, le mandataire recommande de « miser sur la solidarité
rurale et [de] créer la Communauté rurale Des Chenaux », alors que « plusieurs inconnus limitent actuelle-
ment la capacité de quiconque voudrait définir la MRC de demain », comme nous l’avons vu plus haut. Et,
dans le Rapport Gélinas, nous avons aussi lu : « Force est de constater l'existence dans le contexte actuel, de
plusieurs inconnus ».

Autre exemple. Nous avons vu que, pour le mandataire s’occupant du cas de la MRC de Francheville, « la
municipalité de Saint-Étienne-des-Grès ne peut être classée maintenant dans cet ensemble dans la mesure
où elle se situe en discontinuité avec le territoire de la communauté rurale », et que « l’appartenance de cette
municipalité devra être précisé dans une perspective plus large que le territoire actuel de la MRC ; dans une
perspective régionale. » Pour sa part, le mandataire qui s’occupe du cas de la MRC du Centre-de-la-Mauricie
recommande que « Saint-Étienne-des-Grès qui fait partie de la MRC de Francheville [soit] rattachée à la Col-
lectivité rurale du Centre-de-la-Mauricie », alors que, pour lui, « le lien de Notre-Dame-du-Mont-Carmel avec
la municipalité rurale [de Saint-Étienne-des-Grès] est peu significatif».

Quant au Groupe de travail Ruest-Jutras-Nicolet, bien qu’il se soit penché sur le cas des « municipalités
orphelines », il ne semble pas, lui aussi, avoir été beaucoup inspiré par des « axes de développement ». À
peine est-il parvenu au même niveau que les participants à une « journée d’étude » où « les 37 municipalités
situées à l’extérieur des deux nouvelles villes ont échangé sur des scénarios de rattachement de municipalités
à l’une ou l’autre des MRC ».

Pour notre part, une « analyse froide et rationnelle » des données de 2001 sur les « forces et intérêts » ré-
unissant cinq municipalités nous a conduit à conclure que : là où sont Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès,
Saint-Mathieu et Saint-Boniface, là doit être Notre-Dame-du-Mont-Carmel.

159
Alors, où sont Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Mathieu et Saint-Boniface ? Ces quatre municipalités
sont rattachées à la MRC de Maskinongé. Il s’ensuit que, selon « [l’]analyse froide et rationnelle » des don-
nées de 2001 que nous avons soumises à une fouille, Notre-Dame-du-Mont-Carmel aurait dû être rattachée à
la MRC de Maskinongé, dans l’hypothèse où, comme l’a fait le mandataire du Gouvernement chargé de la
MRC du Centre-de-la-Mauricie, on choisit la désorganisation du Centre-de-la-Mauricie, et ce, contrairement à
ce que une « analyse froide et rationnelle » des données impose.

Graphe 6 Les deux flèches tracées sur la


carte du Graphe 6 (ci-contre) mon-
trent bien que Notre-Dame-du-
Mont-Carmel est plus proche de
Louiseville que ne l’est Saint-Ma-
thieu-du-Parc. Mais, la rivière
Saint-Maurice ne divise-t-elle pas
le territoire ? Comme le Parc de la
Gabelle est un bien qu’exploitent
en commun Notre-Dame-du-Mont-
Carmel et Saint-Étienne-des-Grès,
et ce, au sein de la Corporation
Inter-rives dont fait aussi partie
Hydro-Québec, du point de vue de
l’aménagement du territoire, la
rivière, le barrage et le lien inter-rives sont autant de facteurs qui les unit ; au contraire, c’est leur apparte-
nance à deux MRC différentes qui est une nuisance.

De notre fouille des données, une conclusion s’impose :


1. là où sont Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Mathieu et Saint-Boniface, là doit être Notre-Dame-
du-Mont-Carmel
2. mais Saint-Élie, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Mathieu et Saint-Boniface ont été rattachées à la MRC
de Maskinongé
3. alors que Notre-Dame-du-Mont-Carmel ne le fut pas.

160
Dans la « synthèse des mémoires et des comptes rendus des rencontres », à propos de la MRC du Centre-
de-la Mauricie, le Groupe de travail sur le fonctionnement des municipalités régionales de comté à caractère
urbain et rural écrivait :
«(…) Dans la MRC du Centre-de-la-Mauricie, les municipalités appelées à joindre les rangs de MRC périphériques
ne le feront peut-être pas de gaïté de coeur, mais y parviendront au terme d’une analyse froide et rationnelle de
l’évolution des forces ainsi que de leurs intérêts en regard de ceux de la MRC. En effet, la consolidation du coeur de
l’agglomération laisse bien peu de municipalités à l’extérieur de ce nouveau noyau. D’où l’idée de rattacher ces
«municipalités orphelines» à des MRC limitrophes.

Lors d’une journée d’étude tenue le 6 octobre dernier, les 37 municipalités situées à l’extérieur des deux nouvelles
villes ont échangé sur des scénarios de rattachement de municipalités à l’une ou l’autre des MRC de Maskinongé (4
municipalités de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) ou de Des Chenaux (Notre-Dame-du-Mont-Carmel ancienne-
ment de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) et du transfert d’une municipalité, soit Saint-Étienne-de-Grès, d’une MRC
(Des Chenaux) à l’autre (Maskinongé). La centaine de représentants de ces 37 municipalités ont également soupe-
sé les avantages et les inconvénients de regrouper les trois MRC en une ou deux entités, ainsi que les formules
pour entretenir le dialogue dans la région: commission conjointe d’aménagement, table de concertation à cinq (deux
villes et trois MRC) ou à trois (les trois MRC rurales), table des préfets, etc. ». ( Extrait du présent rapport ) 123

Aujourd’hui, nous savons qu’aucune véritable « analyse froide et rationnelle » ne fut conduite pour la
désorganisation du Centre-de-la-Mauricie dont un des résultat fut un « rattachement de municipalités à l’une
ou l’autre des MRC de Maskinongé (4 municipalités de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) ou de Des Chenaux
(Notre-Dame-du-Mont-Carmel anciennement de la MRC du Centre-de-la-Mauricie) et [un] transfert d’une
municipalité, soit Saint-Étienne-de-Grès, d’une MRC (Des Chenaux) à l’autre (Maskinongé) ».

Au contraire, la désorganisation du Centre-de-la-Mauricie procède d’un double aveu d’ignorance. À preuve,


dans le Rapport Thibault, le mandataire recommande de « miser sur la solidarité rurale et [de] créer la
Communauté rurale Des Chenaux » malgré que « plusieurs inconnus limitent actuellement la capacité de
quiconque voudrait définir la MRC de demain ». Et, dans le Rapport Gélinas, le mandataire écrit : « Force est
de constater l'existence dans le contexte actuel, de plusieurs inconnus ». Autre preuve. Nous avons vu que,
pour le mandataire s’occupant du cas de la MRC de Francheville, « la municipalité de Saint-Étienne-des-Grès
ne peut être classée maintenant dans cet ensemble dans la mesure où elle se situe en discontinuité avec le
territoire de la communauté rurale », et que « l’appartenance de cette municipalité devra être précisé dans
une perspective plus large que le territoire actuel de la MRC ; dans une perspective régionale. » Pour sa part,
le mandataire qui s’occupe du cas de la MRC du Centre-de-la-Mauricie recommande que « Saint-Étienne-
des-Grès qui fait partie de la MRC de Francheville [soit] rattachée à la Collectivité rurale du Centre-de-la-
Mauricie », alors que, pour lui, « le lien de Notre-Dame-du-Mont-Carmel avec la municipalité rurale [de Saint-
Étienne-des-Grès] est peu significatif».

161
Pour notre part, nous avons conclu que la convergence entre les résultats de trois analyse discriminantes,
celles dont rendent compte le Diagramme XII-4 ( Tableau 18 ), le Diagramme X-3 et le Diagramme XII-3, four-
nissent une démonstration qu’existent, en Basse-Mauricie, des causes latentes dont les effets prennent la
forme de « forces et d’intérêts » qui façonnent une situation telle qu’un rattachement à la MRC de Maskinon-
gé, là où se trouvent Saint-Étienne-des-Grès, Charette, Saint-Boniface et Saint-Mathieu-du-Parc, aurait mieux
servi Notre-Dame-du-Mont-Carmel, et ce, dans l’hypothèse retenue à l’époque par le Gouvernement du Qué-
bec.

Depuis la dissolution de la MRC de Francheville et de la MRC du Centre-de-la-Mauricie, le Gouvernement du


Québec et « ses partenaires », Solidarité rurale du Québec, l’Association des régions du Québec, la
Fédération québécoise des municipalités, l’Association des centres locaux de développement, ont prononcé la
Déclaration en faveur du monde rural du 6 décembre 2001, et une première Politique nationale de la ruralité
fut adoptée par le Gouvernement du Québec, lequel s’est enfin mis à prendre la géographie au sérieux :
Portail de l’information géographique gouvernementale, http://www.quebecgeographique.gouv.qc.ca/index.asp

Développement et gestion de la géomatique par les organismes municipaux Guide à l’intention des élus et des ges-
tionnaires municipaux , Octobre 2004, Ministère des affaires municipales
http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/amenagement/guide_geomatique.pdf
Les collectivités viables en milieu rural : bref regard sur les enjeux et sur certaines pistes d'action, Ghislaine Vézina,
Pierre Blais et Claude Michaud, du ministère des Affaires municipales, du Sport et du Loisir, 3 juin 2003,
http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/obse_muni/collectivites_tire_a_part.pdf
Fiche de veille — Cadre d’intervention pour la protection des paysages Quelques expériences étrangères, Isabelle
Boucher, Mai 2006, http://www.mamr.gouv.qc.ca/publications/obse_muni/cadr_inte_prot_pays.pdf

Au cours de 2006, Solidarité rurale du Québec a donné son Avis pour une nouvelle Politique nationale de la
ruralité 124 . Le 7 décembre 2006, le Gouvernement du Québec et « ses partenaires », Solidarité rurale du
Québec, l’Union des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités, l’Association des
centres locaux de développement du Québec, ont conclu une Entente de partenariat rural ; et la Politique
nationale de la ruralité 2007-2014 fut promulguée 125 . Dans cette dernière, le Gouvernement du Québec fait
état de deux « consensus », et ce, en ces termes :
Un consensus a été obtenu sur les fondements suivants qui apparaissent indispensables pour offrir aux populations
rurales des moyens et des outils qui correspondent à leurs besoins :
• La Politique a comme but général d’assurer le développement des communautés rurales et l’occupation
dynamique du territoire en misant sur leur diversité et sur leurs particularités ainsi que sur la capacité d’initia-
tive des milieux ruraux. Elle retient la MRC comme territoire d’intervention, d’appartenance et de prise de
décision.
• Elle repose sur une responsabilité partagée et scellée par contrat entre les élus municipaux et le gouverne-
ment du Québec, en association avec les citoyens et les organisations et institutions locales et régionales.

162
• Elle met à la disposition des communautés rurales des moyens souples et adaptés d’intervention.
• Elle favorise la diffusion de l’expertise et des expériences de développement rural acquises lors de la pre-
mière politique.
• Elle promeut et soutient des modèles, démarches, actions et projets ciblés et porteurs de retombées positi-
ves pour les collectivités.
• Elle met en place un mécanisme de soutien, d’accompagnement et de transfert de connaissances de l’appa-
reil gouvernemental en région.
Un consensus a également été dégagé sur le besoin de maintenir une approche de développement fondée sur la
mobilisation, la coopération, l’économie solidaire, la concertation locale et l’engagement communautaire qui, en-
semble, ont des retombées en matière d’occupation dynamique du territoire. En outre, on s’accorde pour faire con-
fiance aux capacités d’initiative des populations, à la richesse et aux potentiels très divers des territoires ruraux et à
la volonté d’explorer de nouveaux champs de développement.126

Le « consensus » qui « retient la MRC comme territoire d’intervention, d’appartenance et de prise de déci-
sion » concerne le « but général [ de la Politique nationale de la ruralité, qui est ] d’assurer le développement
des communautés rurales et l’occupation dynamique du territoire en misant sur leur diversité et sur leurs par-
ticularités ainsi que sur la capacité d’initiative des milieux ruraux ».

Sauf que, en Basse-Mauricie, pour les municipalités rendues orphelines par la création des deux Territoires
équivalents, seule une « analyse froide et rationnelle de l’évolution des forces ainsi que de leurs intérêts en
regard de ceux de la MRC » à joindre pouvait et peut encore définir le « territoire d’intervention, d’apparte-
nance et de prise de décision » optimal. C’est pourquoi devient prioritaire le « consensus » sur « le besoin de
maintenir une approche de développement fondée sur la mobilisation, la coopération, l’économie solidaire, la
concertation locale et l’engagement communautaire qui, ensemble, ont des retombées en matière d’occupa-
tion dynamique du territoire », si une solution optimale est recherchée.

Quelles sont les conditions d’une telle solution optimale au problème dont l’origine et l’exploration nous sont
maintenant connues ? Une authentique solution optimale passe par une réorganisation du Centre-de-la-Mau-
ricie, une réorganisation inspirée par la Politique nationale de la ruralité, d’une part, et une réorganisation gui-
dée par la science qui prend le territoire comme objet d’étude, soit la géographie, d’autre part.

117 Loi sur l'Office de planification et de développement du Québec, LRQ, Chapitre O-3, article 1
118 Loi sur l'Office de planification et de développement du Québec, LRQ, Chapitre O-3, article 2
119 Ministère du conseil exécutif, http://www.mce.gouv.qc.ca/comites_ministeriels/composition_cmdr.htm
120 http://www.territoire-belfort.gouv.fr/cps/sections/pages/le_departement_du_te7031/
121 www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun/portrait/geographie/climat/divisionsterritoire/?lang=fr#AmenagementTerritoire

122Ministère des affaires municipales, http://www.mamr.gouv.qc.ca/amenagement/outils/amen_outi_acte_conf.asp#comp

163
123 Rapport Ruest-Jutras-Nicolet, p. 51
124 Solidarité rurale du Québec, Avis pour une nouvelle Politique nationale de la ruralité, 2006,
http://www.solidarite-rurale.qc.ca/documents/348/Avis.pdf
125Ministère des affaires municipales et des régions, Entente de partenariat rural et Politique nationale de la ruralité
2007-2014, http://www.mamr.gouv.qc.ca/regions/regi_rura_poli.asp
126 Politique nationale de la ruralité 2007-2014, p. 8

164
BIBLIOGRAPHIE

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Ludovic Lebart, Marie Piron, Alain Morineau, Statistique exploratoire multidimensionnelle Visualisation et
inférence en fouilles de données, Paris, 2006, Dunod

Stéphane Tufféry, Data mining en statistique décisionnelle L’intelligence des données, Paris, 2007, Éditions
Technip

Jiawi Han, Micheline Kamber, Data Mining Concepts and Techniques, San Francisco, 2001, Morgan
Kaufmann Publishers

167

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