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Dejan STOSIC

«PAR» ET «À TRAVERS»
DANS L'EXPRESSION
DES RELATIONS SPATIALES :
COMPARAISON ENTRE LE FRANÇAIS
ET LE SERBO-CROATE

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A nrt
Thèse à la carte
Atelier national de reproduction des thèses
Dans cette thèse, nous abordons la notion de « passage » dans la langue et
dans la cognition, à travers une analyse sémantique approfondie des usages spatiaux
des prépositions par et à travers en français et de leurs équivalents en serbo-croate (ex.
: Il est rentré à la maison par le jardin public. Nous sommes passés à travers le faubourg
Saint-Denis). Ces prépositions jouent un rôle crucial dans l'expression des relations
spatiales dynamiques relevant de la phase médiane du déplacement, c’est-à-dire de la
phase du parcours.
L'étude se situe dans le cadre de la sémantique référentielle (cf. travaux de G.
Kleiber) et part de l'hypothèse selon laquelle l'analyse sémantique des marqueurs
spatiaux doit tenir compte des propriétés référentielles des situations extra-linguistiques
décrites. En même temps, notre travail s'inspire des recherches en sémantique
cognitive telle qu'elle est développée dans les travaux de L. Talmy. En effet, nous partons
de l’idée que la langue constitue un moyen privilégié d'accéder – par le biais des
analyses linguistiques très précises –, aux concepts de base sous-jacents à la cognition
spatiale.
Un objectif double est poursuivi tout au long de ce travail : faire une description
sémantique très fine du sens spatial de par et à travers en français et examiner comment
et sur la base de quels concepts sémantiques les mêmes situations de passage sont
exprimées en serbo-croate. L'analyse s'appuie sur un vaste corpus d'exemples attestés
dans divers textes de langue générale (environ 900 attestations par marqueur).
En ce qui concerne la préposition par, un examen détaillé des contraintes
spatiales et aspectuelles qu’elle impose dans ses usages spatiaux nous a permis de
définir son sens spatial au moyen du concept de « trajet ». La particularité des
situations décrites par par est que l'entité localisatrice est envisagée à travers les liens
(géométriques ou fonctionnels ; directs ou indirects) qu'elle permet d'établir entre la
source et le but du déplacement. Le site médian de par assure donc une fonction de
connexion et doit pouvoir faciliter le déplacement de l'entité mobile.
Pour ce qui est de la préposition à travers, nous proposons de définir son sens
spatial à l’aide de la notion de « guidage », la pertinence de la notion d'« obstacle »,
souvent avancée pour expliquer les usages spatiaux de à travers, nous paraissant
douteuse. La notion de « guidage » incorpore deux notions plus générales
sous-jacentes à bien d'autres phénomènes linguistiques : la notion de « force » (cf.
Talmy 2000) et la notion d'« orientation latérale » (cf. Vandeloise 1986). Il semble, en
effet, que les compléments de lieu en à travers rendent compte de la nécessité pour la
cible de passer par l'intérieur du site qui opère par ses frontières latérales ou par sa
structure interne une sorte de guidage du déplacement (ex : Le chien se mit à courir à
travers les rochers).
Le volet comparatif de notre travail met au jour différents types de passage
distingués par la/les langue(s) et nous permet de mesurer à la fois la part d'invariance
sémantique dans l'expression du passage dans les deux langues et l'impact de la langue
sur la cognition spatiale. Les résultats de cette comparaison suggèrent que chaque
langue semble avoir choisi et avoir fixé par sa sémantique une des conceptualisations
possibles d'un fait spatial donné.

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