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II – Écophyto 2018
2008‐2018, 10 ans pour diminuer l'usage des pesticides (ou
produits phytopharmaceutique si l'on souhaite être
politiquement correct). Un objectif chiffré : baisse de 50 %, un
bémol de taille: « si possible », car oui le but recherché
diminution de 50% de l'usage des produits phytosanitaires, si
possible. Tout est dit malheureusement.
Pour la première fois en 2010 et 2011, depuis le début de ce suivi, le nombre de pesticides détectés
dans les eaux qui était toujours à la hausse jusqu'alors était en baisse. A‐t‐on été confronté à des
années 2010 et 2011clémentes vis‐à‐vis des adventices et des ravageurs des cultures ? Est‐ce une
réelle diminution du recours aux pesticides chimiques liée à un changement de la part des
principaux utilisateurs ? Les interdictions de certaines molécules (Cancérogènes, Mutagènes ou
Reprotoxiques dites CMR) en sont‐elles la cause ? Ou plus simplement est‐ce lié à des conditions
métérologiques particulières? Toujours est‐il que cette baisse ne s'est pas confirmée en 2012 avec
l'atteinte de la barre des 100 molécules détectées.
Après une année 2009 qui avait connu tous les records de contamination et un infléchissement du
nombre maximal de molécules rétrouvées dans un même échantillon en 2010 et 2011, le chiffre de
2012 revient au niveau de ceux rencontrés en 2007 et 2008. Mais qu'en est‐il des concentrations
mesurées?
2‐ Un cocktail inquiétant
Une grande diversité de molécules est quantifiée dans un même échantillon, ces ont jusqu’à 23
molécules qui ont été retrouvées dans un même prélèvement en 2012. C’est là aussi la
caractéristique de la pollution des eaux par les pesticides : non seulement ils sont présents toute
l’année, mais c'est un vrai cocktail auquel nous avons à faire.
Les nombres maximum de molécules quantifiées par station sont à cet égard très révélateurs :
16 sur le Meu en juin 2012 (30 différentes sur l'année)
17 sur le Gouessant en juin 2012 (44 différentes sur l'année)
23 sur le Sainte‐Suzanne en mai et juin 2012 (50 différentes sur l'année)
20 sur la Flume en juin 2012 (38 différentes sur l'année)
14 sur la Rance en jmai et juin 2012 (32 différentes sur l'année)
22 sur l'Horn en avril 2012 (48 différentes sur l'année)
19 sur la Seiche en juin 2012 ( 37 différentes sur l'année)
10 sur l'Arguenon en juillet 2012 (26 différentes sur l'année)
12 sur la Belle‐Chère en mai et juin 2012 ( 31 différentes sur l'année)
6 sur l'Aven en septembre et décembre 2012 ( 16 différentes sur l'année)
Le plus inquiétant, c’est que personne ne connaît l’impact de cette présence simultanée de plusieurs
molécules sur les écosystèmes aquatiques ou sur la santé. Existe‐t‐il des effets synergiques,
antagonistes ? Mystère…
Une étude de 2012 a comparé l'effet isolé et l'impact combiné,
sur des cellule sde notre système nerveux central, de trois
fongicides fréquemment rencontrés sur les fruits et les légumes.
Résultat : les dommages infligés aux cellules sont vingt ou trente
fois plus sévères lorsque les pesticides sont associés."Des
substances réputées sans effet pour la reproduction humaine,
non neurotoxiques et non cancérigènes ont, en combinaison,
des effets insoupçonnés", résume l'un des auteurs de l'étude, le
biologiste moléculaire Claude Reiss, ancien directeur de
recherche au CNRS et président de l'association Antidote
Europe."Notre étude porte sur un petit nombre de substances,
elle apporte plus de questions que de réponses, mais ces effets ont été mis en évidence à des
doses très faibles, des concentrations proches de celles trouvées dans nos aliments", explique
l'auteur principal de l'étude, le toxicologue Michael Coleman, de l'Université d'Aston, en Angleterre.
Cette ignorance résulte en partie des lacunes de la procédure d’autorisation de mise sur le marché
des pesticides. Si la réglementation en vigueur exige des fabricants qu’ils analysent les impacts de la
nouvelle molécule sur l’environnement, la santé publique, la santé des utilisateurs ‐et encore tout
ceci se fait en laboratoire‐ rien ne leur impose d’apprécier l’impact de la combinaison possible
de cette molécule avec les 10, 20, ou 40 autres présentes dans l’environnement …
Isoproturon
Cet herbicide des céréales est très présent dans les eaux
bretonnes, la baisse de 2008 s’explique par une absence de
prélèvements en début d’année. Depuis 2010, il semble que sa
fréquence de détection suive une pente décroissance :25% en
2010, 20.90% en 2011 et 15.79%. Il reste néanmoins responsable
de pics de pollution comme sur le Sainte‐suzanne où il a été
retrouvé à 1.2μg/L.
Diuron
Encore un herbicide, mais celui‐là utilisé sur les zones non agricoles. Un produit dont l’usage a été
sévèrement réglementé en 1998 dans les départements bretons : interdiction d’usage sur surfaces
imperméabilisées et proches des cours d’eau, usage interdit 11 mois sur 12… Décembre 2008 marque
la fin de son autorisation en France en tant que produit phytosanitaire (mais pas biocide). On le
retrouve pourtant encore aujourd'hui dans 36.84% des prélèvements réalisés.
Glyphosate et AMPA
Le glyphosate est la matière active du « Roundup » et autres
désherbants fréquemment utilisés par les particuliers, les collectivités, et
les agriculteurs. C’est le pesticide le plus vendu dans le monde, mais aussi
le plus utilisé par les particuliers en Bretagne. Sa formule est aujourd'hui
tombée dans le domaine public. Sa molécule de dégradation est
l’AMPA. La fréquence de détection de l'AMPA est en augmentation,
comme celle du Glyphosate.
se retrouvait dans l’eau, ceci durant plusieurs mois après le traitement ! En zone agricole, sur le
bassin versant du Haut Blavet (Côtes d’Armor), l’épandage de glyphosate sur seulement 18 % de la
surface agricole du bassin, a provoqué le dépassement de la norme de 0,1 μg/l durant quatre jours
consécutifs !
VII‐ Conclusion
Si la pollution des eaux bretonnes par les pesticides a changé de nature depuis
quelques années, à l’évidence elle demeure une réalité. Sûrement mieux
mesurée que dans d’autres régions de France, c’est un véritable cocktail qui
empoisonne nos rivières… La politique de substitution des molécules, les plus
anciennes remplacées par des nouvelles, n’a rien solutionné ! La réduction de
l’usage des pesticides pour tous les utilisateurs, collectivités comme agriculteurs,
particuliers comme paysagistes, est une nécessité absolue pour réduire la contamination des
eaux. Des solutions alternatives existent et font chaque jour la preuve de leur efficacité et de leur
intérêt environnemental : désherbage mécanique, utilisation de plantes couvre sol,
développement des systèmes herbagers, nouvelles conduites céréalières… Les mentalités évoluent
également, les regards changent ; nous sommes plus enclins à voir de la verdure dans nos villes et
villages et la couleur orange de la végétation interroge. Les pouvoirs publics doivent en priorité
encourager et généraliser ces nouvelles pratiques, et les accompagner :
‐ d’une amélioration des procédures de mise sur le marché ;
‐ d’une interdiction de vente des pesticides destinés aux jardiniers amateurs (à
minima vente uniquement en magasins spécialisés derrière un guichet, avec conseil)
‐ d’un contrôle strict des mesures réglementaires d’interdiction d’épandage de ces
;
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Le 04 octobre 2013
d'infos
www.eau‐et‐rivieres.asso.fr