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me/whatsnws
« Elisabeth II, une reine
dans son siècle » Episode 16
Aéronautique :
la crise sanitaire
rebat les cartes
l Le traditionnel équilibre entre Airbus et Boeing
remis en question.
l La crise sanitaire favorise les moyen-courriers.
l L’Airbus 380 et le Boeing 747, principales
victimes de la recomposition des flottes.
l L’aéronautique chinoise
en embuscade. // PAGE 12
Au Salon du Bourget, en juin 2017. Photo Gilles Rolle/RÉA
Le « coliving »,
logement prisé
SUR
des jeunes actifs,
s’est imposé avec
la crise
IMMOBILIER Entre la colocation
DOMINIQUE SEUX classique et la résidence étudiante,
DANS « L’ÉDITO ÉCO » le logement en « coliving » est
À 7H45 très prisé des jeunes actifs. Parti-
DU LUNDI AU VENDREDI culièrement flexible, permettant
de bénéficier d’espaces communs
et de services inclus (Internet, élec-
tricité), la formule est adaptée
aux contraintes professionnelles
du moment (contrats courts,
périodes d’essai) et, le plus souvent,
financièrement attractive. Au
point que certaines entreprises y
ISSN0153.4831 113e ANNÉE
NUMÉRO 23268 24PAGES recourent aussi pour leurs salariés
Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €. en mission, en lieu et place des
Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Appart’hôtels. Les poids lourds du
Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg secteur, comme Bouygues, Vinci
3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie
5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA. ou Altarea, s’intéressent de près à
ce marché naissant. // PAGE 15
« Donald Trump : qu’était Trump
// P. 9 avant d’être Trump ? » Episode 1
Les Français
plébiscitent le
Livret A, sur fond
d’incertitude
économique
ÉPARGNE L’année n’est pas encore
terminée, mais elle s’annonce déjà
historique pour le Livret A, avec
une collecte cumulée depuis jan-
vier de 22,5 milliards d’euros. Un
chiffre bien supérieur à la normale
qui pourrait, à la fin de l’année, bat-
tre le record des 28,16 milliards
d’euros de 2012. La recherche de
sécurité dans un contexte de crise
sanitaire et d’incertitudes écono-
miques explique en partie cet
afflux d’épargne. Mais celui-ci ne
profite pas à tous les supports. Les
fonds en euros de l’assurance-vie
ont ainsi subi une décollecte nette
de près de 5 milliards d’euros au
premier semestre.
// PAGE 19
L’assureur
mutualiste
Covéa s’apprête
à remodeler
sa gouvernance
ASSURANCE Sous le collimateur
du régulateur qui a mis en ques-
tion sa gouvernance, le groupe
Covéa devrait annoncer, début sep-
tembre, plusieurs initiatives. Sa
direction générale pourrait être
remodelée, le rôle des comités
auprès du conseil d’administration
renforcé, les structures simplifiées
et la place donnée aux différentes
marques mutualistes du groupe
(MMA, MAAF et GMF) accentuée.
Après avoir renoncé en pleine
crise du Covid-19 à son projet de
rachat du réassureur PartnerRe,
Covéa espère, avec cette nouvelle
initiative, tirer les leçons d’une
période mouvementée.
// PAGE 21
GESTION PRIVÉE
GESTION DE FORTUNE
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LUNDI 24 AOÛT 2020
séries
// P. 8
d’été
L’exécutif décale
le plan de relance
ÉCONOMIE Face à une rentrée
synonyme de crise protéiforme –
sanitaire, économique, sociale –,
le gouvernement doit fixer ses
priorités. Il a décidé de reporter
d’une semaine la présentation du
plan de relance économique, ini-
tialement prévue mardi, pour se
concentrer sur la gestion de la
crise sanitaire alors que le coro-
navirus repart à la hausse. Sur le
fond, rien ne devrait bouger
quant à la teneur et au calendrier
de ce plan capital pour l’économie
française, puisqu’il a aussi une
dimension structurelle. Après
l’automobile et l’aérien, la SNCF
attend à son tour une aide publi-
que tandis que les acteurs du fret
John Thys/Pool via Reuters
ferroviaire estiment à 14 milliards
d’euros le montant pour relancer
la filière. // PAGES 2 ET 3
Emmanuel Macron a décidé
de donner la priorité
à la gestion de l’épidémie.
Europe : leçons Le point de vue de
Thierry Breton
de crise Qu’avons-nous appris de la cri-
se du Covid ? D’abord qu’il n’y a
pas de solution nationale à une
secousse d’une telle ampleur,
mais que la réponse se situe à
l’échelle du continent. Et que
l’Europe est plus forte quand
elle est solidaire. Mais les ater-
moiements au printemps ont
aussi montré le besoin d’adap-
ter les mécanismes de coopéra-
tion et de décision européens
aux temps de crise. // PAGE 6
Trump muscle sa
campagne pour
un second mandat
Reuters/Tom Brenner
ÉTATS-UNIS A peine la conven- Covid-19 qui sévit au Etats-Unis.
tion démocrate – virtuelle depuis Le président américain devrait
le Delaware – s’est-elle terminée intervenir quotidiennement
en montrant un visage uni et dans cette convention, avant de
combatif derrière Joe Biden, s’exprimer jeudi depuis la Mai-
c’est Donald Trump qui doit son-Blanche. Entre -temps,
être officiellement choisi cette Trump a musclé sa campagne et
semaine par le Parti républicain. tente d’occuper le terrain en
Un peu à Charlotte, en Caroline multipliant les déplacements
du Nord, mais essentiellement dans des Etats clés.
sur Internet également, en rai- // PAGE 4 ET L’ÉDITORIAL DE
son de la sévère pandémie de LUCIE ROBEQUAIN PAGE 10

FRANCE
Macron reporte le plan de relance pour se
consacrer à la gestion de la crise sanitaire
l Le gouvernement a annoncé samedi le report d’une semaine de la présentation du plan de relance.
l Il entend montrer qu’il se concentre sur la gestion de l’épidémie, dont la propagation est en hausse.
CORONAVIRUS
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
Une rentrée placée sous le signe du
virus et non de la relance économi-
que. Face à la recrudescence de
l’épidémie et les incertitudes qu’elle
suscite pour la rentrée dans les
entreprises et les établissements
scolaires, le gouvernement a décidé
de reporter à la semaine prochaine
la présentation de son plan de
relance économique. Matignon
assure que ce plan, d’un montant de
100 milliards d’euros, dont 30 con-
sacrés à la transition écologique, est
prêt et qu’il n’a pas vocation à être
modifié d’ici à la semaine pro-
chaine. Le calendrier de sa mise en
œuvre n’est pas non plus décalé.
Décision prise à Brégançon
La décision de report a été prise ven-
dredi dernier à Brégançon, lors
d’une rencontre entre Emmanuel
Macron et Jean Castex. Le cap prio-
ritaire que veut mettre en avant
l’exécutif reste la lutte contre la pro-
pagation du virus. Un Conseil de
défense consacré à l’épidémie se
tiendra mardi à l’Elysée, tandis que
le Conseil des ministres de rentrée a
finalement été décalé à mercredi
matin. Le report de l’annonce relève
plus d’une stratégie de communica-
tion, alors que les Français vont
commencer leur rentrée. « Nous ne
devons pas démultiplier les messa-
ges », estime un proche d’Emma-
nuel Macron. Néanmoins, ce report
risque de donner l’impression d’un
gouvernement qui cafouille dans sa
gestion de la crise, mais l’évolution
de cette dernière l’oblige aussi à faire
preuve d’une grande souplesse.
L’exécutif se situe sur une ligne de
crête étroite : rassurer sur le plan
sanitaire, ne pas compromettre la
Pôle emploi va recruter des milliers de CDD
pour aider les chômeurs
Le renfort, inscrit dans le
plan de relance dont la
présentation a été décalée
d’une semaine, se situerait
entre 3.000 et 5.000 em-
bauches en CDD de 18 mois
en deux ou trois vagues
étalées sur 2020 et 2021.
Alain Ruello
@AlainRuello
Malgré le report de sa présentation
d’une semaine, officiellement pour
que les ministres calent la rentrée
sur le plan sanitaire, les détails com-
mencent à émerger sur le plan de
relance du gouvernement. Plus pré-
cisément sur son volet compéten-
ces. Outre plusieurs centaines de
millions d’euros pour moderniser
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reprise économique et anticiper la
crise sociale, sans oublier, surtout,
de tout faire pour ne pas entamer la
confiance des Français. Dans le
baromètre du « JDD » réalisé par
l’Ifop, la cote de popularité de Jean
Castex perd 7 points pour tomber
sous la barre des 50 %, à 48 %. Un
premier signal inquiétant alors que
le nouveau Premier ministre,
inconnu des Français à sa nomina-
tion, a enchaîné les déplacements
dans l’Hexagone tout au long du
mois d’août, preuve que la commu-
nication ne peut pas tout.
Report critiqué
Même s’il a tenu à relativiser la por-
tée de la deuxième vague, la situa-
tion est « à risque », a estimé Olivier
Véran, le ministre de la Santé,
dans une interview au « JDD ».
La semaine dernière, le gouverne-
ment a annoncé que le port du mas-
que en permanence sera obliga-
toire dans les entreprises à partir du
1er septembre. Pour la rentrée sco-
laire, collégiens et lycéens devront
également le porter constamment.
Son utilisation élargie dans l’espace
public devient de plus en plus la
norme.
Malgré cette aggravation, qui
reste encore sous contrôle, l’écono-
mie française, dont le rebond
donne déjà des signes d’essouffle-
ment, ne peut pas se permettre un
reconfinement généralisé. « On ne
peut pas mettre le pays à l’arrêt parce
que les dommages collatéraux d’un
confinement sont considérables », a
estimé Emmanuel Macron dans les
colonnes de « Paris Match ».
La décision de report de
l’annonce a été bien accueillie par le
Medef, pour qui, « l’important, c’est
le contenu ». Au passage, ce report
permet aussi de rappeler que ce
plan existe, alors qu’il est capital
pour la suite du quinquennat. Il doit
permettre à l’économie française de
le secteur de la formation profes-
sionnelle, ce volet prévoit de renfor-
cer les effectifs de Pôle emploi via
des embauches qui pourraient se
situer dans une fourchette de 3.000
à 5.000 CDD en deux ou trois
vagues étalées sur 2020 et 2021.
L’activité économique a repris de
manière assez soutenue depuis la
fin du confinement, mais le chô-
mage reste à un niveau exception-
nellement élevé, avec 4,2 millions
de demandeurs d’emploi inscrits à
Pôle emploi sans activité (catégorie
A) fin juin. Soit une augmentation
de 800.000 au deuxième trimestre.
Le gouvernement ne peut donc pas
faire l’économie d’effectifs en plus
au sein de l’opérateur public s’il ne
veut pas être submergé, sachant
qu’avant la crise les portefeuilles
01 87 39 70 08
Le cap prioritaire que veut mettre en avant l’exécutif reste la lutte contre la propagation du virus. Photo Mohamed Azakir/Reuters
« On ne peut pas
mettre le pays
à l’arrêt, parce
que les dommages
collatéraux d’un
confinement sont
considérables. »
EMMANUEL MACRON
des conseillers étaient déjà notoire-
ment surchargés.
Interviewée fin juillet dans « Les
Echos », la ministre du Travail, Eli-
sabeth Borne, n’a pas fait mystère
qu’il fallait en passer par là pour
affronter la vague à venir. « Je plaide
pour un renforcement des effectifs de
Pôle emploi dans le cadre du plan de
relance si on veut avoir un accompa-
gnement de qualité des demandeurs
d’emploi », avait-elle déclaré, esti-
mant le besoin de renfort à « plu-
sieurs milliers ». L’opérateur « aura
un rôle important […] dans les sec-
teurs en tension sur l’emploi : rénova-
tion thermique des bâtiments, trans-
port ferroviaire », avait-elle ajouté.
« Il y a urgence »
La direction de Pôle emploi et les
représentants du personnel se sont
déjà réunis à plusieurs reprises
pour voir comment organiser
tout cela sur la base de clés de répar-
tition par agence. Les chiffres
mis sur la table vont de 2.000 à
6.000 embauches, mais la four-
chette finale irait plus probable-
ment de 3.000 à 5.000 sur 2020 et
2021 en fonction de l’évolution du
chômage. « Les recrutements pour-
raient démarrer mi-septembre, à rai-
son de 2 ou 3 par agence. Il y a
urgence », confirme-t-on en interne.
Concrètement, les embauches
prendront la forme de CDD de
18 mois pour surcroît d’activité, ce
Lundi 24 août 2020 Les Echos
retrouver, d’ici à 2022, son niveau de
2019 et marquer le tournant écolo- Masques à tout faire
gique du quinquennat. Ce plan est
aussi présenté comme structurant
pour l’après-2022. Les oppositions Le port du masque, qui s’impose partout en cette
ont dénoncé ce report. « On se rentrée, doit permettre de sauver la reprise
demande si c’est un report pour con- économique qui montre des signes d’essoufflement.
venance personnelle, si c’est lié à la Sans garantie de succès.
crise sanitaire ou si le gouvernement
a l’intention de muscler davantage ce
plan de relance, ce que j’appelle de LE FAIT
mes vœux », a déclaré le député LFI DU JOUR
Adrien Quatennens dimanche. n POLITIQUE
Stéphane
Dupont
E
n début d’année,
scientifiques et
gouvernants
qui – compte tenu des volumes et de expliquaient aux Français
la durée envisagés – a obligé Pôle qu’il n’y avait pas lieu de porter
emploi à renégocier la convention le masque. Il était inutile, voire
collective maison. Les postes seront contre-indiqué, car
majoritairement affectés à l’accom- décourageant les fameux
pagnement des demandeurs gestes barrières. En cette
d’emploi, mais une part le sera aussi rentrée, les mêmes disent
aux équipes chargées de l’indemni- strictement le contraire. Tout
sation. un chacun est sommé de
porter cette protection dans
les espaces publics clos, dans
L’activité économique les rues de plus d’une
a repris de manière commune sur trois et, d’ici
assez soutenue à la fin du mois, dans les
entreprises. Avant que
depuis la fin les collégiens et lycéens ne
du confinement, mais la mettent dans les salles de
le chômage reste classe. Le masque est devenu
en quelques semaines un sauf-
à un niveau très élevé, conduit pour continuer de
avec 4,2 millions de vivre en société, un moyen
demandeurs d’emploi impératif pour empêcher
fin juin. l’épidémie de coronavirus
de repartir de plus belle,
une arme décisive pour éviter
Pour rappel, l’opérateur public une deuxième vague de
avait recruté 1.000 CDD sur une contamination dévastatrice.
durée deux fois plus longue en C’est en tout cas ce qui doit
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
août 2019 car il s’agissait de rempla- permettre aux Français de
cer autant de conseillers internes retourner au travail ces jours-
affectés aux offres d’emploi non ci comme prévu et d’éviter de
pourvues. Ces renforts ne sont pas « mettre le pays à l’arrêt » de
remis en cause, indique-t-on, tou- nouveau, comme s’y est
jours de même source. Contactés, engagé Emmanuel Macron la
ni Pôle emploi ni le ministère du semaine passée dans « Paris
Travail n’ont souhaité confirmer les Match ». Bref, le masque doit
ordres de grandeur des recrute- sauver le redémarrage de
ments prévus. n l’activité, qui montre de
premiers signes d’essouf-
flement. Plus que le recours au
télétravail que le gouvernement
se contente de « recommander
dans les zones où le virus
circule activement », comme
à Paris ou dans les Bouches-
du-Rhône, en attendant que
les partenaires sociaux se
mettent d’accord sur le sujet.
Le masque a été aussi appelé
à la rescousse jeudi soir par le
ministre de l’Education, Jean-
Michel Blanquer, pour
permettre la « rentrée de tous »
le 1er septembre dans les
établissements scolaires, sauf
« exception locale ». Quitte à ce
que le respect de la distance
physique entre élèves se fasse
« dans la mesure du possible ».
Le recours à l’enseignement
à distance et la réduction
des effectifs dans les classes
ne sont envisagés, là encore,
que pour les territoires où le
virus circule activement. Bref,
tout est fait pour que les
enfants ne restent pas à la
maison et que les parents
puissent retrouver une activité
la plus normale possible.
Le gouvernement ne nie pas
ce changement de pied sur le
masque. Son nouveau porte-
parole, Gabriel Attal, l’admet
même ouvertement dimanche
dans « Le Parisien ». Une
« humilité » revendiquée, qui
aura du mal à lever les doutes
chez beaucoup de Français,
tant la méfiance à l’égard
des politiques est désormais
ancrée dans la population. Or
cette suspicion est aujourd’hui
l’une des principales menaces
pesant sur la reprise. Car elle
conduit à épargner plutôt qu’à
consommer, à procrastiner
plutôt qu’à investir.
sdupont@lesechos.fr

Les Echos Lundi 24 août 2020
Le rebond de l’activité perd de sa vigueur
l Fort en juin, le rebond de l’activité économique a eu tendance à se tasser cet été.
l Cela rend la rentrée très incertaine avec la hausse des cas de Covid-19 et un marché du travail qui va se détériorer.
CONJONCTURE
Guillaume de Calignon
@gcalignon
Dans la moyenne basse. L’écono-
mie française n’est pas celle qui a le
plus souffert du Covid-19 dans la
zone euro, mais elle pointe tout de
même en queue de peloton. Ainsi, le
niveau du PIB au deuxième trimes-
tre est inférieur de 15,3 % à celui des
trois derniers mois de l’an passé
dans la zone euro, avant l’irruption
de la pandémie. En France, le PIB
est plus bas de 19 % par rapport au
quatrième trimestre de l’an passé,
en Espagne de 23 % et en Italie de
17 %. L’Allemagne s’en sort mieux
avec un repli de 12 %.
Le tourisme et l’aéronau-
tique touchés de plein fouet
Ces différences s’expliquent par
plusieurs facteurs. D’abord, la
dureté du confinement et l’ampleur
de l’épidémie. Ensuite, les spécifici-
tés de chacune de ces économies
ont joué. La France est très exposée
au tourisme et à l’aéronautique,
deux secteurs touchés de plein
fouet par le Covid-19. Ainsi, la pro-
duction industrielle a davantage
rebondi depuis mai en Italie qu’en
France et en Allemagne. Mais en
juin, elle reste inférieure de 15 % à
son niveau de janvier tandis que,
dans l’Hexagone, la production
industrielle de juin restait 20 % plus
faible que celle du début d’année.
Bref, c’est un rebond auquel on
assiste, mais pas encore vraiment
une reprise. D’autant qu’« il est pos-
sible qu’après avoir stocké leur pro-
duction dans la première moitié de
l’année les entreprises accélèrent le
déstockage au deuxième semestre »,
avance Denis Ferrand, directeur de
l’institut Rexecode.
« Le risque d’affaissement de l’économie française est très substantiel »
Propos recueillis par G. C.
et Renaud Honoré
@r_honore
L
e co ordinateur du pro-
gramme économique du
candidat Macron en 2017
incite l’Etat à « jouer un rôle de réas-
sureur de la demande en dernier res-
sort » et estime qu’il « faut réfléchir à
des soutiens sectoriels à l’emploi, là
où la productivité est temporaire-
ment la plus entamée » par le
Covid-19.
La reprise économique en
France est-elle bien engagée ?
Contrairement à ce qu’on avait
craint, il n’y a pas d’exception fran-
çaise : la chute du PIB a été au moins
aussi forte en Espagne, en Italie et en
Grande-Bretagne, et, en mai-juin, la
dynamique de redressement a été
forte. Cependant, elle s’essouffle,
alors qu’en juillet les niveaux d’acti-
vité et d’emploi actif étaient encore
inférieurs de 7 % à ceux d’avant-
crise. D’ici à la fin de l’année, nous
pourrions converger vers une situa-
tion où le PIB serait inférieur de
l’ordre de 5 % à la normale. Ce serait
déjà une perte importante, mais ce
pourrait être pire si le retour des
inquiétudes sanitaires aggrave les
difficultés économiques et entretient
les comportements de précaution. Il
y a pour la rentrée un risque de cercle
vicieux, de mécanique récessive :
l’effet de la crise sur l’emploi va se
manifester ; l’arrivée sur le marché
du travail des jeunes diplômés va
venir gonfler le chômage ; les plans
sociaux, les défaillances d’entrepri-
ses vont se multiplier. Sans compter
que la situation internationale est
incertaine.
Dans ce contexte, les
100 milliards d’euros du plan
de relance proposé par le
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« La chute d’activité intervenue au
deuxième trimestre puis l’amorce
d’une remontée de l’activité à partir de
juin procèdent d’un air familier de
l’économie française : la consomma-
tion des ménages résiste plutôt,
notamment à la faveur d’effets tempo-
raires de rattrapage. A l’inverse le com-
gouvernement vont-ils suffire ?
Il va nous falloir une stratégie équi-
librée qui traite les problèmes
d’offre et de demande. Le montant
de 100 milliards d’euros, qui repré-
sente environ 4 points de PIB sur
deux ans et demi, me paraît bien
calibré. Mais à deux conditions :
équilibrer soutien à la demande et
mesures d’offre ; et se réserver la
possibilité d’en faire plus en cas de
détérioration. Il faut une stratégie
agile, avec des objectifs ambitieux et
des moyens contingents à l’évolu-
tion de la situation. L’Etat doit se
fixer de jouer un rôle de réassureur
de la demande intérieure.
Le soutien à la demande
ne paraît pas prioritaire
à en croire l’exécutif…
Depuis le début de la crise, les ména-
ges dans leur ensemble ont beau-
coup épargné puisque leur revenu a
été relativement préservé. Leur
consommation a fortement repris,
mais ils n’ont pas vraiment puisé
dans cette épargne. Leur donner
confiance est la priorité. Cependant,
les ménages modestes ont moins
épargné, et il serait utile de prendre
des mesures en leur faveur, au-delà
de l’augmentation assez limitée
(100 euros) de l’allocation de rentrée
scolaire. Ces mesures pourraient
représenter de 4 à 5 milliards
d’euros et prendre en partie la forme
d’un « chèque vert », à dépenser d’ici
à 2021 dans des produits labellisés
en accord avec les objectifs de tran-
sition environnementale.
Pensez-vous qu’il soit opportun
de baisser la TVA
comme en l’Allemagne ?
La situation en Allemagne est diffé-
rente, puisque le revenu des ména-
ges allemands a été moins préservé
que celui des Français, notamment
en raison d’un dispositif de chômage
merce extérieur pèse lourdement sur
l’activité », note ainsi l’économiste.
En juin, la consommation des ména-
ges a en effet dépassé son niveau
d’avant le confinement, notamment
à la faveur des achats d’automobiles.
Il faut dire que le revenu des ména-
ges a plutôt résisté à la crise jusqu’ici
JEAN PISANI-FERRY
Professeur d’éco-
nomie à Sciences Po
(Paris) et à la Hertie
School (Berlin)
partiel moins généreux. Et la situa-
tion budgétaire de l’Allemagne lui
permet de financer plus facilement
cette mesure coûteuse. La baisse de
la TVA n’est donc pas forcément
nécessaire aujourd’hui en France,
mais il ne faut pas exclure une baisse
générale et temporaire si l’économie
tombe dans la spirale de la récession.
Comment aider les entreprises
à passer cette crise ?
Les entreprises françaises dispo-
sent aujourd’hui d’un bon matelas
de trésorerie grâce aux prêts garan-
tis par l’Etat. En contrepartie, elles se
sont beaucoup endettées pendant la
crise, de l’ordre de 160 milliards
d’euros. La question est de savoir ce
qui va se passer quand les prêts
garantis arriveront à échéance.
Pour l’instant, le gouvernement a
opté pour une approche au cas par
cas. Mais les tribunaux de com-
merce risquent d’être vite engorgés
par les défaillances. Il faut définir
une procédure systématique, car
l’Etat n’a pas la capacité d’analyser le
bilan et les perspectives de chacune
des entreprises qui vont connaître
des difficultés. La solution, c’est
d’impliquer le système bancaire, qui
a cette connaissance du tissu pro-
ductif, et de le mettre à contribution.
Si les banques restructurent leurs
créances sur une entreprise pour
que l’activité puisse continuer, alors
l’Etat, qui est économiquement et
socialement en faveur d’une conti-
nuation, devrait abandonner une
partie plus importante des créances
(PGE, retard d’impôts et cotisations)
et cela se traduit par un rebond plus
fort de la consommation que celui de
la production.
Cela va-t-il durer ? En juillet,
selon la Banque de France, le niveau
d’activité était 7 % inférieur à la nor-
male alors qu’il était plus bas de 9 %
en juin. Il y a donc eu du mieux,
qu’il a lui-même accumulées. Car
le risque, c’est que les banques ne
fassent rien et qu’on se tourne
ensuite vers l’Etat pour sauver les
entreprises… et renflouer indirecte-
ment les banques.
Le respect des consignes sani-
taires risque de faire baisser
la productivité des entreprises.
Comment traiter ce problème ?
Le port du masque obligatoire en
entreprise, la distanciation sociale
vont en effet avoir un impact négatif
sur la productivité. Environ 15 %
des entreprises estiment que leur
productivité va baisser de plus de
10 %. Pour l’instant, nous n’avons
pas d’outils pour traiter cette diffi-
culté. On devrait réfléchir à des sou-
tiens sectoriels à l’emploi, là où la
productivité est temporairement la
plus entamée. Mais je reconnais
que c’est difficile à calibrer.
Le tissu productif français
est aussi confronté au change-
ment structurel de l’économie
à la suite du Covid-19…
Cette crise touche particulièrement
l’économie française en raison de la
spécialisation de du pays. Ce choc
est donc très dangereux pour nous.
D’un côté, nos points forts souf-
frent : Airbus et le tourisme de lon-
gue distance. De l’autre, la concur-
rence s’aiguise au détriment des
producteurs plus faibles : Renault et
PSA dans une moindre mesure ris-
quent de servir de variable d’ajuste-
ment dans un marché dominé par
Tesla, Toyota et les allemands… Le
renouvellement de l’offre est un
sujet de plus long terme puisque
l’urgence, c’est de sauver les entre-
prises. Mais, faute de politiques
industrielles adéquates et d’instru-
ments efficaces de reconversion des
salariés, nous risquerions de sortir
nettement affaiblis de cette crise.
mais le rebond est de moins en
moins vigoureux. La Banque de
France s’attend ainsi à ce que le PIB
retrouve son niveau de fin 2019 à la
mi-2022… Et cet essoufflement est
confirmé par l’enquête de l’institut
IHS Markit auprès des entreprises
publiée en fin de semaine dernière.
Le gouvernement a-t-il raison de
vouloir baisser de 10 milliards
les impôts de production ?
Il est difficile de défendre les impôts
de production. La seule raison pour
les maintenir est budgétaire. Donc
profiter de cette occasion pour les
baisser, c’est une bonne chose. Cela
ne peut qu’aider les entreprises qui
vont connaître des difficultés. Cela
sera plus efficace que de faire de
l’amortissement accéléré des inves-
tissements, qui ne correspond pas à
ce qu’exige la situation.
Le gouvernement va consacrer
30 milliards d’euros
à la transition énergétique.
Est-ce à la hauteur des enjeux ?
En tout cas, cela représente une
grosse somme et c’est bien. Il faut
s’assurer que cela se traduira rapide-
ment en actes. La tâche n’est pas
facile compte tenu des nombreux
acteurs ou dispositifs qui sont impli-
qués dans les investissements cor-
respondants. Sur les bâtiments
publics, nous sommes très en retard.
Sur la rénovation des logements
individuels des ménages, on a multi-
plié les mécanismes et créé une
« Il y a pour la rentrée
un risque de cercle
vicieux, de mécanique
récessive : l’effet de la
crise sur l’emploi va se
manifester ; les plans
sociaux, les défaillan-
ces d’entreprises vont
se multiplier... »
FRANCE // 03
Et pas seulement en France. La
reprise économique a perdu de son
élan dans la zone euro cet été.
L’indice PMI de l’activité dans
l’Hexagone s’est replié à 51,7 points
en août contre 57,3 points le mois
précédent. Pour Eliot Kerr, écono-
miste à IHS Markit, ces chiffres
« soulignent la fragilité de la
demande sur les marchés et font pla-
ner le doute sur la consolidation
d’une reprise en V de l’économie fran-
çaise ». Le coup de frein est visible
dans les services mais aussi dans
l’industrie. François Cabau, écono-
miste chez Barclays, juge que le che-
min est maintenant « périlleux,
étant donné la hausse du nombre
de cas de Covid-19 depuis le début
du mois ».
La Banque de France
s’attend ainsi à ce
que le PIB retrouve
son niveau de fin 2019
à la mi-2022.
Dans le même temps, la dégrada-
tion du marché du travail est encore
à venir. Depuis mars, 49.000 ruptu-
res de contrat de travail ont été envi-
sagées dans le cadre d’un plan de
sauvegarde, selon la Dares, le ser-
vice statistique du ministère du Tra-
vail. C’est presque trois fois plus que
l’an dernier sur la même période.
Depuis le confinement, les entre-
prises sont protégées car leur situa-
tion financière est considérée être
celle en vigueur à la date du 12 mars
2020, ce qui a permis d’empêcher
l’explosion des faillites. Mais cette
disposition du droit des entreprises
en difficulté s’arrête le 24 août. Il y a
donc fort à parier que les défaillan-
ces d’entreprises vont s’envoler
dans les prochaines semaines. n
grande instabilité. Le gouvernement
annonce aujourd’hui de nouveaux
dispositifs plus contraignants, pour
les chaudières au fioul notamment.
Il s’agira de voir comment cela se tra-
duira en investissements effectifs,
mais aussi de s’assurer de la qualité
de ces investissements. Le tissu fran-
çais des artisans doit acquérir une
expertise thermique fine.
On voit des mesures pérennes
aux conséquences budgétaires
lourdes dans le plan
de relance. Est-ce inquiétant ?
Aujourd’hui le risque d’affaissement
de l’économie française est plus
important – et très substantiel
compte tenu des problèmes que
nous avons évoqués sur l’appareil
productif – que le risque sur l’endette-
ment du pays. Il n’empêche que le
problème structurel des finances
publiques se posera en sortie de
relance. Ce n’est d’ailleurs pas tant
notre déficit ou endettement actuels
qui m’inquiètent que notre incapa-
cité chronique à combler l’écart entre
le niveau des prélèvements et celui
des dépenses primaires. Cette ques-
tion sera le sujet du prochain quin-
quennat. D’ici là, nous pouvons déjà
allonger la maturité de notre dette
pour nous donner des marges de
manœuvre financière. Notre gestion
est trop conservatrice en la matière.
Les plus aisés doivent-ils
contribuer au financement
du plan de relance ?
La question est prématurée. Notre
préoccupation centrale doit être le
redémarrage de l’économie. Atten-
dons déjà de savoir combien tout
cela va nous coûter avant de parler
financement. Ce débat, nous
l’aurons nécessairement d’ici à
deux ans et dans toutes ses dimen-
sions, y compris celle d’une contri-
bution sur la richesse. n

MONDE
Avec la convention républicaine,
Trump abat ses dernières cartes
l Après l’investiture de Joe Biden, c’est Donald Trump qui doit être choisi cette semaine par le Parti républicain.
l La convention se déroulera en partie en public, en partie sur Internet. L’occasion pour le président américain
de revenir aux fondamentaux en remettant au centre du débat le thème de l’immigration.
ÉTATS-UNIS
Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York
Après Joe Biden jeudi soir, c’est cette
semaine au tour de Donald Trump
d’être officiellement investi par son
parti pour l’élection présidentielle du
3 novembre. Ce lundi débute la con-
vention républicaine – un peu à
Charlotte, en Caroline du Nord, mais
essentiellement sur Internet,
Covid-19 oblige. Après bien des péri-
péties, qui ont poussé Donald Trump
à envisager la Floride comme lieu
d’accueil de cette grand’fête, puis à
reculer face à l’explosion des conta-
minations, le président américain
devrait finalement s’exprimer jeudi
depuis… la Maison-Blanche. Un
mélange des genres et une utilisation
des ressources fédérales dans une
campagne qui ont fait bondir ses
adversaires.
Rudy Giuliani interviendra
à Charlotte
Donald Trump n’en a cure et conti-
nue de bousculer les habitudes. Le
programme de cette convention
2020 le met largement en avant et il
devrait intervenir quotidiennement,
à 22 heures locales… Une manière de
répondre aux critiques de ses adver-
saires sur le danger qu’il représente
pour la démocratie. Charlotte devrait,
pour sa part, accueillir quelques ate-
liers, réunissant un peu plus de
300 délégués, que Donald Trump
devrait venir saluer ce lundi. Le
conseiller économique de la Maison-
Blanche, Larry Kudlow, fait partie des
intervenants, tout comme l’ex-am-
bassadrice américaine aux Nations
unies, Nikki Haley, ou encore l’avocat
de Donald Trump, Rudy Giuliani.
En attendant le show, orchestré
par deux producteurs de son émis-
sion de téléréalité « The Appren-
tice », Donald Trump a encore un
peu plus musclé sa campagne ces
dernières heures. Il tente d’occuper
le terrain, en multipliant les dépla-
cements dans des Etats clés, délais-
sant souvent les règles de distancia-
tion physique. Mais la stratégie
pourrait être payante, les démocra-
Le parti démocrate a réussi à montrer un visage uni et combatif
De la nomination
de Kamala Harris comme
colistière au discours
d’investiture de Joe Biden,
le parti démocrate a mené
habilement une séquence
importante de la campagne.
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Envoyée spéciale à Wilmington
(Delaware)
Une séquence bien gérée. Le feu
d’artifice tiré jeudi soir à l’issue de la
convention pour célébrer l’investi-
ture de Joe Biden et de sa colistière,
Kamala Harris, a clôturé une phase
cruciale de la campagne pour les
démocrates : se montrer uni et com-
batif face à un Donald Trump tou-
jours prêt à en découdre d’ici au
3 novembre.
Le format de la convention, inté-
gralement en ligne pour cause de
coronavirus, était risqué. Mais il a
paradoxalement souligné la gravité
de la double crise, sanitaire et écono-
mique, et donné de la solennité face à
un Donald Trump toujours dans
UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
Donald Trump dans le New Jersey, le 14 août dernier. Le président américain tente d’occuper
le terrain, en multipliant les déplacements dans des Etats clés. Photo Jim Watson/AFP
tes se montrant plus réticents à faire
campagne. D’autant qu’il fait appel
à quelques fondamentaux pour
mobiliser sa base.
Il y a quelques jours, en déplace-
ment en Arizona, un Etat qu’il
l’attaque. Certains auront probable-
ment trouvé les quatre soirées télévi-
sées répétitives, mais elles ont aussi
imposé l’idée de ce que pourrait être
une présidence Biden : courtoise et
empathique. Et collective.
Sanders a joué le jeu
Afficher un front uni autour de Joe
Biden était une gageure après des
primaires clivées entre le courant
centriste, incarné par l’ancien vice-
président de Barack Obama, et celui
plus réformiste de Bernie Sanders.
Le sénateur du Vermont a joué le jeu
tout au long de la convention, espé-
rant peser plus tard. Joe Biden l’a
d’ailleurs déjà habilement associé à
ses travaux, conviant ses partisans à
des groupes de travail et modulant
certains points de son programme.
L’annonce maîtrisée de la nomi-
nation de Kamala Harris, d’origine
indienne et jamaïcaine, qui serait
donc la première femme « de cou-
leur » vice-présidente en cas de vic-
toire, a aussi été bien accueillie. Elle
offre un message en phase avec la
société – un impératif pour un candi-
dat blanc ayant cinquante ans de vie
pourrait perdre au profit des
démocrates, le président a ainsi
remis au centre du débat l’un de
ses thèmes favoris : l’immigration.
Il a accusé son adversaire Joe
Biden d’être « la marionnette de
politique à Washington derrière lui.
Les démocrates, qui ont envoyé
des appels du pied aux républicains
modérés pendant la convention, ont
aussi profité des erreurs de Donald
Trump. En critiquant le vote par cor-
respondance, qui rassure beaucoup
d’Américains en pleine pandémie, le
président a offert à ses opposants un
thème mobilisateur et fédérateur : la
défense de la démocratie, notam-
ment incarnée par un discours de
Barack Obama.
La convention
a imposé l’idée
de ce que pourrait
être une présidence
Biden : courtoise
et empathique.
Et collective.
Toute la semaine, les démocrates
ont appelé les Américains à exercer
leur citoyenneté et fait corps autour
de leur service public postal pour
doper la participation. Sept mois
l’extrême gauche, qui cherche à éli-
miner les frontières et les repères de
l’Amérique ». Il s’est aussi félicité
d’avoir mis fin au « tourisme des
naissances », accusant des
migrants d’avoir profité du sys-
après le fiasco électoral de la pre-
mière primaire, dans l’Iowa, la répu-
tation du Parti démocrate a retrouvé
des couleurs.
Les chausse-trappes ne manque-
ront pas pour autant ces deux pro-
chains mois. Les démocrates ont tiré
parti des carences de Donald Trump
dans la gestion de la crise, mais le
président vantera son bilan écono-
mique et pourrait profiter d’un
reflux de l’épidémie ces prochaines
s e m a i n e s . Jo e B i d e n n’a f a i t
qu’esquisser son programme, et les
trois duels prévus entre les deux can-
didats entre la fin septembre et la fin
octobre restent des épreuves à ris-
que pour le démocrate.
Certains s’inquiètent aussi de
l’absence du « ticket » démocrate sur
le terrain dans les Etats qui pour-
raient faire basculer l’élection. Plutôt
que Milwaukee (Wisconsin), qui
devait accueillir la convention dans
un Etat crucial pour l’emporter en
novembre, Joe Biden a préféré accep-
ter la nomination de son parti depuis
sa ville de Wilmington (Delaware).
« Vous verrez Joe Biden et Kamala
Harris sur le terrain si la science dit
Lundi 24 août 2020 Les Echos
tème pour mettre au monde leurs Ils ont dit
enfants aux Etats-Unis et y rester.
Donald Trump tente aussi de
Kevin Lamarque/Reuters
réhabiliter son bilan, en particulier
sur le plan économique. Pour lui, la
crise liée au Covid-19 n’est qu’une
parenthèse dans la « phase de crois-
sance la plus longue jamais enregistrée
aux Etats-Unis ». Une manière aussi
de faire oublier sa gestion de la crise
sanitaire, jugée négative par une
large majorité d’Américains. Selon
« Le président
les responsables républicains, la con- actuel a plongé
vention de cette semaine portera un l’Amérique
message d’espoir et d’optimisme, qui
doit trancher avec la solennité des
dans les ténèbres
débats chez les démocrates. depuis trop
lontemps.
Attaques personnelles Trop de colère.
« La grande différence que vous ver-
rez avec la convention funeste des
Trop de peur.
démocrates, obsédée par Donald Trop de division. »
Trump, c’est que notre convention JOE BIDEN
sera centrée sur les vraies personnes, Candidat démocrate à
leur histoire, la façon dont les mesu- la présidence des Etats-Unis
res de l’administration Trump ont
Alyssa Pointer/Pool via Reuters
changé leur vie, et sur une vision pour
les quatre prochaines années », a
ainsi déclaré la présidente du
Comité national républicain,
Ronna McDaniel. La forme doit
accompagner le fond : certains évé-
nements étant ouverts au public, il
s’agit de montrer, selon McDaniel,
que l’on « peut combattre la pandé-
mie et revenir à nos vies normales ».
Enfin et surtout, le président sor-
« Il n’a montré
tant réutilise ce qui avait parfaite- aucun intérêt pour
ment fonctionné en 2016 : les atta- sa charge, aucun
ques personnelles. Comme pour intérêt pour traiter
faire monter la température avant la
convention, son équipe de campa-
la présidence
gne a multiplié les spots télévisés ces autrement que
derniers jours, mettant en cause les comme une émis-
facultés intellectuelles de Joe Biden.
Donald Trump ne s’en cache même
sion de télé-réalité
pas. Dans une interview à Fox News, qu’il peut utiliser
cette semaine, il a affirmé que de pour obtenir
nouvelles affaires pourraient appa-
raître, sans en dire davantage. « Il se
l’attention
passe quelque chose. Et je suppose que dont il a besoin. »
nous pourrons le découvrir plutôt tôt BARACK OBAMA
que tard, j’espère. En tout cas, il se Ancien président
passe quelque chose et c’est étrange. »
Dans la dernière ligne droite, tous
Tom Brenner/Reuters
les coups seront permis.
( Lire l’éditorial
de Lucie Robequain
Page 10
« Si vous voulez
vous représenter
la vie sous une
que c’est faisable, a expliqué la présidence Biden,
conseillère Symone Sanders. Mais imaginez les
cela ne veut pas dire qu’ils n’atteignent
pas les gens pour autant. »
ruines fumantes
Jeudi, dans le ciel de Wilmington, de Minneapolis,
c’était un avion aux couleurs républi- l’anarchie violente
caines qui sillonnait le ciel, en tirant
derrière lui une bannière : « Joe
de Portland et les
Biden perd la tête. Votez Trump trottoirs tachés de
2020 ». Quelques dizaines de sup- sang de Chicago
porters avaient fait le déplacement dans toutes les
du sud de l’Etat, plus conservateur, et
une dizaine de camions publicitaires
villes d’Amérique. »
passaient en boucle des messages DONALD TRUMP
Président des Etats-Unis
contre le candidat démocrate. n
Retrouvez Nicolas Barré
à 7h15 pour « L’édito éco »
dans le 7h-9h de Matthieu Belliard

Les Echos Lundi 24 août 2020
Brexit : Barnier « déçu et préoccupé »
par la faible avancée des négociations
EUROPE
Un nouveau cycle
de tractations vient de
se dérouler à Bruxelles.
Il laisse les Européens
sur leur faim, devant le
peu de progrès réalisés.
Gabriel Grésillon
@GGresillon
— Bureau de Bruxelles
« Déçu, préoccupé et un peu surpris. »
Une fois de plus, pour sa conférence
de presse servant à clore un cycle de
négociations, Michel Barnier n’a pas
caché sa perplexité et son agace-
ment devant l’absence de progrès
dans les discussions avec Londres,
alors même que Boris Johnson avait
promis de les accélérer.
Après avoir prévenu qu’il ne res-
tait plus que deux mois pour bou-
cler un accord juridique complet, le
négociateur en chef des Européens
pour le Brexit s’est fait pédagogue,
multipliant les exemples pour justi-
fier la frustration des Européens.
En s’attardant sur quelques exem-
ples concrets, comme le cas du
cabotage des camions, il a cherché à
faire passer un message clair : tant
que Londres ne s’engage pas à faire
un effort pour rester proche des
règles européennes, impossible de
lui garantir un accès privilégié au
marché de l’Union européenne.
C’est même une « précondition non
négociable », a-t-il martelé.
Le Liban, premier pays
à se reconfiner totalement
PROCHE-ORIENT
Le pays du Cèdre
est le premier
au monde à revenir
au strict confinement
en raison d’une
flambée de cas
de Covid-19, même
si le nombre de décès
demeure modeste.
Une épreuve
de plus pour
un pays confronté
à un désastre
économique
et politique.
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
Le Liban a été, vendredi, le pre-
mier pays au monde à se reconfi-
ner totalement face au Covid-19,
pour deux semaines. Hormis
dans les quartiers de Beyrouth
dévastés par l’explosion du 4 août,
un couvre-feu est instauré de 18
heures à 6 heures et les Libanais
sont invités à ne sortir de chez eux
que pour se ravitailler ou tra-
vailler. Les réunions de tout type
sont interdites. Les centres com-
merciaux, gymnases, écoles,
bars sont fermés et les plages pro-
hibées. Les épiceries sont ouver-
tes uniquement de 6 heures à
17 heures ; les restaurants peu-
vent fournir des plats à emporter
dans ce même créneau.
Les hôpitaux débordés
L’aéroport international conti-
nuera toutefois de fonctionner.
Pendant cette période, les ministè-
res et les institutions publiques
resteront ouverts, avec seulement
50 % des fonctionnaires. Les tra-
vaux de déblayage, de reconstruc-
Pour Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne, il est impossible de garantir
au Royaume-Uni un accès privilégié au marché européen en l’état actuel des discussions.
Or, c’est précisément la stratégie
des Britanniques : mener des con-
versations sectorielles, en tentant
de sécuriser, activité par activité,
leur débouché européen. Les dis-
cussions de la semaine se sont
déroulées de cette manière, mais
tion et l’aide à la population pour-
ront se p oursuivre dans les
secteurs dévastés.
Le ministre de la Santé, Hamad
Hassan, a averti que les hôpitaux
de Beyrouth, dont la moitié est
hors service à la suite de l’explo-
sion, étaient désormais débordés
par le nombre de patients atteints
de Covid-19 et de blessés lors de
l’explosion au port. Le pays est « au
bord du gouffre », a-t-il dit.
D’autres « lock down » ont été
rétablis à travers le monde ces
dernières semaines, notamment
à Melbourne, en Australie, ou
dans le tiers des Philippines
(allégé mercredi en raison des
conséquences socio-économi-
ques dramatiques), mais le Liban
est le premier à se reconfiner
totalement, en raison de la flam-
bée des cas.
Un couvre-feu
est instauré
de 18 h à 6 h
et les Libanais sont
invités à ne sortir
de chez eux que
pour se ravitailler
ou travailler.
Six cents contaminations ont
été enregistrés jeudi, trois fois
plus que le rythme quotidien
enregistré fin juillet, pour porter
le total à 10.500 dans ce pays de
7 millions d’habitants. La morta-
lité due au Covid-19 demeure
pourtant modeste, avec 107 décès
depuis le début de la pandémie,
dont quatre jeudi.
Fin juillet, les autorités libanai-
ses avaient annoncé un reconfi-
nement temporaire en deux
temps, mais la deuxième phase
avait été annulée en raison de la
gigantesque explosion, qui a tué
UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
MONDE // 05
Une fois de plus, c’est donc la
bataille du « level playing field » qui « On sent que
est au cœur du bras de fer. Ce terme les Britanniques
anglais sert à désigner l’ensemble
des règles que devrait suivre Lon-
jouent la montre. »
dres, à l’avenir, pour continuer à MICHEL BARNIER
traiter d’égal à égal avec l’Union Négociateur en chef européen
sur le Brexit
européenne en matière commer-
ciale. Aux plans sanitaire, environ-
nemental ou social, mais aussi et
surtout en matière d’aides d’Etat,
l’Union européenne veut des garan-
ties : le risque est trop grand de voir
Londres s’engager dans une course accords qui lient l’UE à la Suisse. Si
au moins-disant et bénéficier, ainsi, des ouvertures s’étaient produites
d’un avantage concurrentiel indu. sur ce sujet en juillet, la question
continue de faire débat.
Positions maximalistes Enfin, la pêche divise toujours
Mais la négociation sur ce sujet fait autant. « Les deux parties restent sur
du sur-place, Londres exigeant de des positions maximalistes »,
recouvrer sa pleine souveraineté. regrette une source européenne.
Pour la même source, « on sent que Londres veut pouvoir renégocier,
les Britanniques jouent la montre et chaque année, les quotas de pois-
ne veulent abattre leurs cartes sur ce sons que les navires européens
point que dans la dernière ligne pourront pêcher dans ses eaux.
droite, au risque de faire échouer la Inacceptable pour Bruxelles, qui y
négociation ». « Je ne comprends voit un motif d’instabilité pour
Yves Heman/Reuters
tout simplement pas pourquoi nous toute la filière.
gâchons un temps précieux », a lâché Londres entend également gar-
Michel Barnier. der la haute main sur l’accès à ses
De la même manière, l’équipe de eaux, faisant planer la menace per-
Michel Barnier souhaiterait don- manente d’une exclusion de cel-
ner un cadre de gouvernance à la les-ci. Il faut « une perspective de
relation future. Le but serait de dis- long terme pour les pêcheurs euro-
poser de mécanismes de recours péens », a répété Michel Barnier. Les
ont généré à Bruxelles la même diale, mais on perçoit clairement partagés en cas de manquement à Européens, qui affichent leur
frustration. Londres a eu beau met- qu’à ce stade nos interlocuteurs ne ses obligations par l’une des deux volonté de maintenir le statu quo
tre sur la table un document censé veulent pas faire le moindre geste parties. Londres, qui veut à tout prix pour tout le secteur, savent toute-
graver dans le marbre les points de concernant la façon dont ils suivront s’éloigner des juridictions euro- fois qu’ils vont devoir lâcher du lest
compromis entre les deux camps, ou non les standards européens à péennes, préférerait prévoir, pour et probablement trouver un com-
l’initiative laisse les Européens l’avenir », avoue un acteur conti- chaque secteur, des mécanismes ad promis sous la forme de quotas
sceptiques. « L’ambiance est cor- nental des tractations. hoc, à l’image des nombreux négociés pour plusieurs années. n
medici.tv,
le Netflix de la
177 personnes et blessé plus de
musique classique
6.500 autres. Le premier confine-
ment du Liban, un des plus stricts
du monde, avait été instauré du
18 mars au 21 juin.
Le classique
Appauvrissement
généralisé
Ces mesures sont d’autant plus
dramatiques que le pays est
s’invite
frappé par une crise politique,
économique et sociale d’enver-
gure. Plus de la moitié de la popu-
lation se trouve depuis des mois
« prise au piège de la pauvreté »,
chez vous
selon un rapport de l’ONU publié
mercredi, contre un quart l’an
dernier. Les Libanais souffrent en
effet de la vertigineuse déprécia-
tion de la livre libanaise, de
l’inflation galopante, des restric-
tions draconiennes sur les
retraits en dollars et de la dégra-
dation des services publics.
Le pays s’est en outre déclaré,
pour la première fois de son his-
toire, en défaut de paiement ce
printemps et n’a plus – une nou-
velle fois – de gouvernement. Le
Premier ministre a démissionné à
la suite des protestations de Liba-
nais contre des dirigeants accusés
d’être responsables, en raison de
leur corruption et incompétence,
de l’explosion du 4 août.
Les manifestations ont été
1€
rudement réprimées, des forces Plus de 2 600
de sécurité et des individus en vidéos à la demande, Votre
civil tirant balles en caoutchouc premier
concerts, opéras,
ou en grenaille de plomb sur des mois à
manifestants en colère, selon des
ballets, documentaires,
ONG et des manifestants. La master classes.
semaine dernière, un groupe de
avec le code
médecins appelé « les chemises
blanches » a confirmé, lors d’une
MEDICITVCHEZVOUS
conférence de presse, qu’au
moins 60 personnes avaient été
grièvement blessées durant les
manifestations par des tirs visant
les yeux, la poitrine ou le visage.
Des manifestations désormais
impossibles en raison du reconfi-
nement. n
 UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws

06 // Lundi 24 août 2020 Les Echos

idées&débats

Sur la Grand-Place de Bruxelles. Photo Yves Herman/Reuters

Europe : leçons de crise

L a crise du coronavirus, on le
sait, est loin d’être terminée.
Mais nous avons le devoir
– et la responsabilité – d’en tirer les
premiers enseignements. De com-
prendre ce qui a fonctionné et d’éva-
luer ce qu’il convient de corriger de
notre approche, nos structures, nos
modes de décision et donc notre
gestion des crises. Il est d’autant
plus nécessaire de le faire que, des
subprimes au Brexit en passant par
les crises des dettes souveraines ou
le risque terroriste, l’Europe subit
des chocs brutaux auxquels,
comme d’autres, elle n’était pas ou
mal préparée.
« Les hommes n’acceptent le
changement que dans la nécessité et
ils ne voient la nécessité que dans la
crise. » En écho à Jean Monnet,
l’Europe fait aujourd’hui la démons-
tration de sa réactivité, de son esprit
d’initiative et de sa capacité d’adap-
tation face aux circonstances inédi-
tes du coronavirus.
Il est d’autant plus urgent de
poursuivre sur cette voie que les
vents contraires qui balayent la pla-
nète sont porteurs de risques mul-
tiples et systémiques. D’autres cri-
ses surviendront, nous le savons.
Sanitaire, financière, sociale, cyber,
géopolitique, climatique, migra-
toire ou démographique : qu’elles
soient séquentielles ou parallèles,
toutes sont consubstantielles d’un
monde qui a tourné le dos à l’ordre
d’après-guerre.
Qu’avons-nous d’ores et déjà
appris de la crise du Covid ? En pre-
mier lieu, qu’il n’y a pas de solution
nationale à une secousse d’une telle
ampleur mais que la réponse
appropriée se situe à l’échelle du
continent. Puis, que l’Europe est
d’autant plus forte qu’elle affiche
l’expression d’une franche et totale
solidarité. La solidarité est, avec la
réactivité, un des acquis majeur de
la crise du virus. Elle doit faire
maintenant partie de l’ADN euro-
péen. Savoir réagir, réagir vite et
solidairement dans un contexte
anxiogène et périlleux, c’est un
autre enseignement de la crise.
L’Europe en a du reste fait la
démonstration en suspendant, en
quelques jours, les critères de
Maastricht. Les Vingt-Sept aussi,
en s’accordant en quelques semai-
nes sur un puissant plan de relance
à 750 milliards d’euros proposé par
la Commission Von der Leyen.
L’Europe qui s’endette pour la pre-
mière fois pour l’Europe ou qui
suspend ses règles de gouvernance
financière. Qui l’eût dit ? Ces actes,
ces faits, sont la preuve de ce que
l’Europe sait trouver la volonté et
les ressorts pour surmonter des
circonstances exceptionnelles.
Ce qui a été mis en œuvre pour
protéger nos concitoyens, préser-
ver notre marché intérieur et relan-
cer l’économie, l’a été dans le strict
respect de nos valeurs européen-
nes. L’Europe aura géré la crise en
s’appuyant sur ses principes démo-
LE POINT cratiques, en faisant barrage aux
DE VUE tentations autoritaires. Quand il
s’est agi de tracer la propagation du
Covid-19, une ligne rouge a instan-
de Thierry
tanément été établie : oui à l’appro-
Breton
che sanitaire, non à la surveillance
et au contrôle des personnes.
Chaque lundi, pendant quatre Cet exemple parmi d’autres
semaines, Thierry Breton témoigne d’une détermination
revient sur les 100 jours qui ont
changé l’Europe.
commune, en temps de crise et
dans la préparation du futur de
l’Europe, à ne pas transiger sur les
bases de nos valeurs démocrati-
ques et de l’état de droit. Nous ne
céderons pas non plus sur les règles
de fonctionnement et de réciprocité
en matière d’échanges, d’investisse-
ments, d’aides extérieures dont
bénéficient parfois les entreprises
non européennes à la conquête de
notre marché intérieur.
C’est la fin d’une certaine naïveté.
C’est la prise de conscience de la
protection de nos intérêts stratégi-
ques. La crise nous rappelle, si
besoin était, combien cruciales sont
les notions d’autonomie, d’indé-
pendance ou de souveraineté dans
le monde qui se dessine. La leçon de
la diplomatie des masques fera
date. De même, les pressions et
chantages inhérents à la guerre
commerciale. Notre continent
n’entend pas devenir l’enjeu des
grands affrontements géopoliti-
ques, géo-économiques et techno-
logiques entre grands blocs. Et cer-
tainement pas de s’exposer à un
risque d’affaiblissement, voire de
déclassement.
Les atermoiements
au début de la crise
du coronavirus
ont mis en évidence
le besoin d’adapter
les mécanismes
de coopération et
de décision européens
aux temps de crise.
Les atermoiements au début de la
crise du coronavirus ont d’une cer-
taine façon mis en évidence le besoin
d’adapter les mécanismes de coopé-
ration et de décision européens aux
temps de crise. Il est naturellement
impossible d’anticiper tous les
chocs. Mais nous avons le devoir de
nous préparer à une décennie à tout
le moins mouvementée.
Dans cette perspective, j’ai la
conviction que l’Europe gagnerait
par exemple à se doter d’une capa-
cité d’analyse, de coordination et de
décision rapide. L’idée d’un méca-
nisme de cette nature constituerait
un socle opérationnel de ce qu’on
pourrait appeler un « état d’urgence
européen ». Décrété à la faveur
d’une crise recensée, son activation
engendrerait des processus de coo-
pération obligés. Gérés en commun,
ces mécanismes éviteraient les pri-
ses de décisions isolées allant à
l’encontre de l’intérêt général. L’état
d’urgence, pourquoi pas, pourrait
autoriser, de manière temporaire, à
prendre à la majorité qualifiée des
décisions qui s’imposent, dans le
respect des traités. Le Parlement
européen devrait bien évidemment
être pleinement associé au recours
et à l’usage du mécanisme d’« état
d’urgence européen ».
Une chose est sûre, les cent jours
qui ont changé l’Europe nous ensei-
gnent que le statu quo n’est plus une
option.
Thierry Breton est commissaire
européen au Marché intérieur.

DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE

L’effet Covid au travail : flambée des réunions virtuelles et des e-mails

•vail.L’effet Covid-19 se fait ressentir sur le monde du tra-

Selon une étude publiée par la Harvard Business
School, repérée par « The Economist », le confinement
a eu des effets significatifs sur nos vies professionnel-
les. Rien de surprenant, certes, mais les chiffres nous
permettent de mettre en perspective ce changement
de méthode de travail abrupt, et potentiellement de
remettre en question certaines pratiques pour mieux
vivre le travail à distance.
« Les experts annoncent déjà la mort du bureau, une
nouvelle ère d’horaires flexibles et d’exodes massifs des vil-
les. Reste à savoir si ces prévisions générales se réalise-
ront », tempère l’hebdomadaire britannique. En effet,
l’étude américaine a observé une hausse du nombre de
réunions (+ 12,9 %) et d’e-mails échangés – en très
grande majorité en interne –, qui s’expliquent peut-être
par l’absence de petites discussions spontanées entre
collègues. Le nombre moyen de participants aux réu-
nions de travail a également augmenté (+ 13,5 %), sans
doute parce que, contrairement aux réunions de
bureau, les réunions virtuelles ne connaissent pas de
contraintes d’espace. L’un dans l’autre, les employés
passent moins de temps en réunion au total par jour (–
11,5 %), conclut l’étude, notamment parce qu’elles ont
été écourtées de 20,1 % en moyenne, soit 12 minutes.
Alors que « The Economist » espérait que les
employés disposent de plus de temps libre grâce à des
temps de transport réduits à néant, le temps de travail
s’est aussi accru, de 48 minutes et demie par jour en
moyenne, soit + 8,5 %. La proportion d’e-mails envoyés
en dehors des heures de bureau a également aug-
menté. L’étude a été menée dans 16 métropoles améri-
caines et européennes, parmi lesquelles Paris, Oslo et
New York City, sur plus de 3 millions d’utilisateurs de
personnes.
— T. W.

Les Echos Lundi 24 août 2020
LE POINT
DE VUE
de Olivier Derrien
L
’accord européen conclu le
21 juillet est un succès dont on
peut se féliciter. Le temps est au
politique, pour trouver une issue par le
haut à une crise qui pourrait terrasser
une PME sur trois en France. Cette pos-
sible hécatombe n’est pas une surprise,
les Nations unies évoquant un coût pour
l’économie mondiale de plus de
8.000 milliards de dollars sur deux ans.
On peut toutefois s’étonner que, ayant
pourtant subi ce choc massif, les entre-
prises aient semblé totalement absentes
du débat. Alors que les plans de relance
sont censés leur bénéficier, elles parais-
sent dépossédées de leur propre destin,
incapables d’impacter le débat public.
Malgré les plans de relance natio-
naux mis en œuvre dans l’urgence, les
entreprises ne sont pas tirées d’affaire.
On peut légitimement craindre que leur
seule réponse à la crise se limite à
encaisser l’argent imprimé par les ban-
ques centrales et espérer reprendre les
affaires « comme avant ». Ce serait bien
sûr illusoire. En effet, même si l’Etat et
l’Europe sont dans leur rôle, on ne peut
considérer ces centaines de milliards
comme un dû. Et d’autre part, on cons-
tate que, malgré les efforts consentis,
nos économies se révèlent complète-
ment inadaptées à l’accélération de cri-
ses multiples, exacerbées par le risque
sanitaire, et doivent se transformer.
Comment retrouver une place cen-
trale dans le débat ? D’abord, en répon-
dant à l’enjeu sanitaire qui demeure et
LE POINT
DE VUE
de Michel Rollier
L a crise que vient de vivre la
France a mis de manière crue en
lumière la dramatique désindus-
trialisation de nos régions et a souligné
la fragilité d’un grand nombre d’entre-
prises, qui ont dû se financer par endet-
tement faute de pouvoir renforcer leurs
fonds propres. Alors que le président de
la République a fort heureusement
écarté l’idée simpliste mais mortifère
d’un alourdissement de la taxation du
capital productif et de ses revenus, il est
plus que jamais indispensable de rap-
peler qu’il n’y aura pas de relance dura-
ble de notre économie sans investisse-
ment. L’urgence aujourd’hui est de
poursuivre le mouvement d’allégement
engagé en 2018.
Mise en œuvre sans modération
depuis 1981, la taxation excessive du
capital a largement fait la preuve de ses
effets toxiques pour notre économie.
La rémunération de l’actionnaire
subissait ainsi successivement une
taxation sur les bénéfices de l’entre-
prise, déjà réduits par des impôts de
production hors norme en Europe, via
l’impôt sur les sociétés, puis un prélève-
ment dans le cadre de l’impôt sur le
revenu, avec de surcroît l’assujettisse-
ment à l’impôt sur la fortune à raison de
la détention de ce capital productif. Un
empilage devenu confiscatoire pour
l’actionnaire qui a limité l’investisse-
ment en actions dans nos entreprises.
Aboutissant à des taux d’imposition
très largement supérieurs à ceux en
vigueur chez nos principaux voisins, il a
découragé la création et le développe-
ment des entreprises sur notre terri-
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Entreprises : l’impossible
retour à la normale
qui est la clé pour restaurer la confiance.
Pour cela, de plus en plus de solutions
technologiques et logistiques existent.
Mais cela ne suffira pas. Il faut désor-
mais repenser sa stratégie, son modèle
de ventes, sa manière de produire et
même de concevoir la croissance et le
rôle de l’entreprise. Reprendre ses
vieilles habitudes serait au contraire
une fuite en avant destructrice.
Notre vision
de la croissance doit être
plus respectueuse
de l’environnement, plus
inclusive des minorités,
plus résistante aux crises.
Si les élites politiques cherchent un
« nouveau chemin » pour restaurer la
confiance, clé de voûte de l’économie, les
entreprises doivent prendre leur part de
responsabilité. On savait déjà que les
consommateurs préfèrent les entrepri-
ses qui partagent leurs valeurs. On cons-
tate désormais qu’ils sont prêts à récom-
penser les entreprises qui se sont
engagées pendant la crise – et punir cel-
les qui les ont déçus. Selon YouGov, un
tiers des Français compte boycotter les
marques qui n’ont pas été à la hauteur,
tandis que la moitié envisage de favoriser
celles qui se sont engagées. Quelle entre-
prise serait assez aveugle pour ne pas
Pas de plan de relance
efficace sans réduction
des impôts de production
toire et engendré un exil fiscal tant des
fortunes que des créateurs d’entreprise
et hauts potentiels de notre pays.
Les réformes fiscales de 2018, dont la
« flat tax », la suppression de l’ISF sur
les valeurs mobilières et l’amorçage
d’une baisse de l’impôt sur les bénéfices
des sociétés, ont permis de nous rap-
procher de nos concurrents mais pas de
les rattraper. Elles ont néanmoins suffi
à provoquer un début de reprise de
l’investissement et permis de renforcer
la compétitivité des entreprises et de la
destination France.
L’urgence aujourd’hui
est de poursuivre
le mouvement
d’allégement engagé
en 2018.
Aujourd’hui, la France doit choisir
les moyens d’un redressement rapide
après cette crise sanitaire et économi-
que sans précédent. Elle ne le fera que
par l’investissement et l’esprit entrepre-
neurial. Pas par de nouvelles taxes.
La priorité absolue est bien évidem-
ment de ne pas revenir sur les réformes
de 2018 en faisant peser sur les ménages
et les entreprises une taxation alourdie.
Rappelons que le poids dans notre PIB
des impositions sur le capital reste sen-
siblement supérieur à la moyenne des
pays de la zone euro, et quatre fois plus
important que celui de l’Allemagne.
Il faut donc aller plus loin pour main-
tenir les centres de décision en France.
tirer les enseignements qui s’imposent ?
Le message est clair : l’Etat a fait sa part,
mais on ne peut exiger de lui qu’il ait seul
la charge d’inventer l’avenir. Bons disci-
ples de Saint-Simon, les citoyens sont
prêts à accepter que les entreprises pren-
nent une place centrale dans la Cité, à la
condition qu’elles s’engagent davantage
auprès de l’Etat et de la société civile pour
répondre aux préoccupations sociales.
Pour reprendre leur destin en main,
les entreprises doivent se responsabili-
ser et travailler avec toutes les parties
prenantes de la société : gouverne-
ments, monde associatif, monde éduca-
tif… Elles sont connectées à un écosys-
tème complexe dont elles doivent
soutenir la prospérité. Ne pas s’en sou-
cier, c’est garantir des troubles sociaux
plus importants encore. Les enjeux de
la pandémie paraîtront légers face à
l’explosion des inégalités sociales ou
aux ravages du changement climati-
que. Que ferons-nous alors ?
Le succès de quelques-uns ne peut
plus se faire au détriment de tous. Notre
vision de la croissance doit être plus res-
pectueuse de l’environnement, plus
inclusive des minorités, plus résistante
aux crises et mieux partagée entre tou-
tes les parties prenantes de la société.
C’est la seule garantie pour que le « nou-
veau monde » que beaucoup appellent
de leurs vœux soit meilleur que l’ancien.
Olivier Derrien est directeur général
de Salesforce France.
Pour l’Ansa, deux séries de mesures
sont indispensables.
A très court terme, nous proposons
des mesures pour associer tous les
épargnants à la relance de l’économie,
avec des dispositifs fortement incitatifs
(crédit d’impôt ou exonération de droits
de mutation) encourageant la souscrip-
tion d’actions d’entreprises cotées ou
non cotées, directement ou à travers des
fonds dédiés. Ces solutions simples et à
portée immédiate permettraient de
faire participer de nombreux action-
naires au renforcement des fonds pro-
pres des entreprises.
A moyen terme, il faudra aller au-
delà. Selon l’OCDE, la France caracole à
la première place, toutes zones écono-
miques confondues, sur la fiscalité du
patrimoine (pourcentage recettes fisca-
les/PIB). Repenser l’imposition de la
transmission du capital peut donner
une fantastique opportunité à notre
pays en permettant d’assurer la relève
par les plus jeunes générations, qui
pourront créer plus vite de la valeur et
promouvoir l’innovation sur notre ter-
ritoire.
Ne répétons pas les erreurs du passé,
elles ont fait la preuve de leur nocivité.
Alors que nous devons impérativement
relancer notre économie, n’ayons pas
peur d’engager des réformes favorables
à la ré-industrialisation du pays par une
nouvelle réduction de la fiscalité pesant
sur le capital productif.
Michel Rollier est président de l’Ansa
(Association nationale des sociétés
par actions).
art&culture
RENTRÉE
Barbare Academy
Philippe Chevilley ROMAN AMÉRICAIN
@pchevilley Nickel Boys
De Colson Whitehead,
Le nouveau roman de Col- traduit par Charles
son Whitehead est un dia- Recoursé, Albin Michel,
mant : dur et tranchant sur 259 pages, 19,90 euros.
le fond, brillant dans sa
forme. Pas étonnant que « Nickel Boys » ait
été élu meilleur livre de l’année par la presse
américaine et surtout qu’il ait remporté le
prestigieux prix Pulitzer. L’auteur afro-amé-
ricain entre ainsi dans le cercle très étroit
des grands écrivains l’ayant décroché deux
fois (Booth Tarkington, William Faulkner et
John Updike).
Après avoir démonté la machine infer-
nale de l’esclavage dans « Underground
Railroad » (son premier Pulitzer en 2017), il
s’attaque à la ségrégation raciale qui ravage
le Sud des Etats-Unis dans les années 1960.
« Nickel Boys » décrit le sort funeste de jeu-
nes délinquants internés dans une maison
de redressement de Floride aux mœurs bar-
bares, la Nickel Academy. Cette institution,
réputée « progressiste » à tort, accueille
autant de jeunes Noirs que de jeunes Blancs,
mais les premiers ont droit à un traitement
particulier, qui les ramène au rang de bêtes
de somme.
Le héros du livre, Elwood, a été interné, à
la suite d’une erreur judiciaire. Idéaliste, il
veut croire que les préceptes pacifistes de
Martin Luther King vont changer la donne,
permettre aux Noirs l’amour… Son ami
d’infortune Turner, lui, est davantage cyni-
Lola Lafon et les stigmates
du passé
Adrien Gombeaud ROMAN FRANÇAIS
@AdrienGombeaud Chavirer
de Lola Lafon.
Auteure de six romans, Actes Sud, 345 pages,
Lola Lafon est également 20,50 euros
femme de spectacle, chan-
teuse, musicienne. En cela, « Chavirer »
représente un accomplissement, une
chorégraphie de mémoire et de mots.
Cléo a treize ans en 1984. Ado de banlieue
parisienne, elle mène une vie sans reliefs
entre les amis et l’ennui du lycée. Seul le
cours de danse perce ce quotidien de rêves
de lendemains exaltants. Un jour, une
femme jaillit dans sa vie, comme une main
tendue de nulle part. Cathy représente la
fondation Galatée qui aide les jeunes filles
comme elle à réaliser leurs rêves. Cléo est
repérée. Sous son nom de nymphe, Galatée
est un piège. Cathy va jeter Cléo en pâture à
un cercle d’ogres. Puis, la proie se fait préda-
trice et, à son tour, Cléo repère ses camara-
des. Au siècle suivant, l’affaire ressurgit et la ce que l’on a brisé ne peut se réparer, à quoi
police lance un appel à témoins. Entre-
temps, Cléo a vécu une vie de danseuse à
l’ombre des émissions de variété des
années 1990.
« Chavirer » brasse quatre décennies
françaises : Drucker et Daho, Mylène Far-
mer et les nuits du Folies Pigalle… jusqu’à
nos années #MeToo. De la matière d’une
fresque, Lola Lafon tire un récit intime,
comme murmuré par une voix fatiguée. Sa
phrase a la beauté cristalline des souvenirs
de fêtes foraines, des lumières floues, des
saveurs évaporées de pommes d’amour. Il y
IDEES & DEBATS // 07
LITTÉRAIRE
que et désabusé : Nickel n’est
selon lui qu’un concentré de
l’enfer qui règne au dehors.
Corruption et sévices
Ecrit dans une veine hyper-
réaliste, le roman, inspiré de
faits réels, évoque sans détour la corruption,
le sadisme des personnels du centre et les
sévices subits par les ados : les viols, la « Mai-
son-Blanche » où ils sont torturés, l’arbre où
les plus fortes têtes sont attachées et lyn-
chées à mort… C’est d’ailleurs en découvrant
un cimetière clandestin sur le site de l’école
abandonnée, cinquante ans plus tard, que le
scandale éclate et que les Nickel Boys resca-
pés finissent par être entendus. Au gré de
subtils va-et-vient dans le temps, le lecteur
suppute qu’Elwood est parvenu à (re)faire sa
vie à New York et qu’il va retourner sur les
lieux de son martyr pour solder ses comp-
tes… mais quid de Turner ?
Le propos lucide et humaniste de Colson
Whitehead – sur la nécessité d’une lutte sans
relâche contre le racisme, sur les limites de la
résilience, mais aussi sur les effets imprévus
de la solidarité et de l’amour prônés par le
Dr King – prend évidemment un relief saisis-
sant, après l’assassinat de George Floyd en
mai dernier. « Nickel Boys » est une formida-
ble fiction, magistralement construite, avec
son style percutant et son coup de théâtre
final. Le roman de combat de Colson White-
head en dit plus long sur le martyr des Noirs
d’Amérique que tous les essais militants. n
Colson Whitehead a
décroché son second prix
Pulitzer avec ce roman
cinglant qui évoque les
ravages provoqués par la
ségrégation raciale dans les
années 1960 aux Etats Unis.
Un choix de société
inégalitaire et barbare dont
l’épicentre est une maison
de redressement qui
pratique l’humiliation et la
torture. Comment revient-
on de l’enfer quand on est
un jeune Noir nié dans
sa dignité ? Photo DR
a de jolies formules dans
« Chavirer » : des « rires de
bulles de soda », des visages
comme des paysages
d’automne : « les larmes sur
les joues de Cléo ont la
pâleur d’une averse ». Cette saudade pari-
sienne découle surtout d’une architecture
éclatée qui multiplie les points de vue.
Ainsi, passent les pages, comme les cou-
leurs d’un kaléidoscope, avec la fluidité du
sable sur le verre.
A quoi bon le pardon
Plus que la solitude des silhouettes de la
société du spectacle, c’est là la grande affaire
de « Chavirer » : le temps. Le temps qui
ronge le corps de la danseuse. Le temps qui,
contrairement aux clichés, ne cicatrise pas
les brûlures du présent. « Le passé est irré-
versible », écrit Lola Lafon. « Aucun pardon
ne pourrait défaire ce qui avait été. » Si rien de
bon le pardon ? La réponse tient dans la
première page où, en exergue, Lola Lafon
orchestre la collision de trois citations.
L’une est d’Alfred de Musset, une autre de
Jean-Jacques Goldman, la première est de
Jacques Derrida : « Le pardon, s’il y en a, ne
peut pardonner que l’impardonnable, l’inex-
piable – et donc faire l’impossible. » Dans le
tunnel de notre début de millénaire, la pos-
sibilité du pardon serait, avec la littérature,
la danse ou la musique, une forme ultime
d’optimisme. Une raison de croire encore
en l’impossible. n

08 // SÉRIE D’ÉTÉ
Donald, fils de Trump
D
« Très tôt, j’ai fait connaître mes opinions par la force », affirme Donald Trump. Photo Facebook Donald Trump
onald a treize ans et il est mis
dehors. Assez de ses provoca-
tions, de ses petites rébellions
adolescentes, l’école a fait com-
prendre à son père, qui siège au
conseil d’administration, qu’un peu plus de dis-
cipline et surtout d’éloignement ferait du bien à
tout le monde. A 100 kilomètres au nord de New
York, quelques kilomètres après la prestigieuse
école militaire West Point, s’en cache une autre,
le long de l’Hudson River : la New York Military
Academy (Nyma).V
A l’école privée du Queens, il fallait déjà met-
tre une cravate et une veste de costume. Désor-
mais, il faudra apprendre à faire son lit, dire
« oui, chef », et ne pas tester trop loin les limi-
tes de l’autorité. « Personne n’envoie ses fils à
Nyma pour une meilleure éducation, et Donald a
bien compris que c’était une punition », écrit
Mary Trump, la nièce du président, dans « Too
Much and Never Enough » (ed. Simon &
Schuster), le livre événement paru cet été sur
son oncle et au sous-titre vengeur : « Comment
ma famille a créé l’homme le plus dangereux
au monde ».
« Mon père m’a envoyé dans une école mili-
taire, jugeant qu’un peu d’entraînement militaire
me ferait du bien. Je n’étais pas ravi, mais, au
final, il avait raison », assure rétrospectivement
Donald Trump dans « The Art of the Deal », son
autobiographie en forme de manuel du parfait
entrepreneur américain, publiée à la fin des
années 1980. « J’ai appris à canaliser mon agres-
sivité et à la transformer en réussite. »
A l’école primaire, il avait déjà mis un œil au
beurre noir au professeur de musique, qu’il
jugeait incompétent – en tout cas, il s’en vante :
« Très tôt, j’ai fait connaître mes opinions par la
force. » Un passé de « bad boy » ne nuit pas aux
portraits, pour qui met de la valeur dans le pou-
voir et la domination. Dans son voisinage
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SÉRIE D’ÉTÉ
QU’ÉTAIT TRUMP, AVANT D’ÊTRE TRUMP ?
d’alors, « les gens m’aimaient beaucoup ou pas
du tout ». « Comme aujourd’hui », dit-il déjà.
Les pourfendeurs de Donald Trump imagi-
nent volontiers un enfant boudeur et coléri-
que, trop gâté et encensé. Aussi critique qu’il
l’est, le livre de Mary Trump donne pourtant
d’autres clés sur son oncle Donald – et en creux
sur son propre père, Freddy, mort prématuré-
ment à quarante-deux ans : celui d’un enfant
largement privé d’amour parental. Neuf mois
après la naissance du petit dernier, Robert,
quand Donald n’a encore que deux ans et demi,
sa mère frôle la mort après une hémorragie. Sa
vie est sauve, mais son squelette est fragilisé
par de l’ostéoporose et sa santé pour long-
temps altérée.
« Ses besoins n’étaient pas satisfaits »
« Sans prévenir, ses besoins n’étaient pas satisfaits,
ses craintes et ses désirs n’étaient pas assouvis. […]
Le fait que son père n’ait pas su non seulement
répondre à ses besoins, mais aussi le faire se sentir
en sécurité ou aimé, valorisé, Donald a souffert de
privations qui allaient le marquer à vie », écrit
Mary Trump, qui possède aussi un doctorat de
psychologie de l’institut d’études psychologi-
ques avancées Derner. Se développe chez
Donald Trump, selon elle, des traits de person-
nalité comme le narcissisme ou le goût pour
l’intimidation, qui seront d’autant plus ancrés
dans sa personnalité qu’ils seront, au fil du
temps, valorisés et encouragés par son père… Du
« trop » et du « pas assez ».
Pour comprendre Donald, il faut en effet
connaître Fred. Ce Trump-là, né en 1905, est le
premier de sa lignée à être né aux Etats-Unis : il
est le fils de Friedrich, arrivé d’Allemagne à la
conquête de l’Ouest et devenu, très jeune,
l’homme de la maison, quand son père meurt
de la grippe espagnole en 1918. Pour gagner un
peu d’argent, Fred, appuyé par sa mère, cons-
par Véronique Le Billon, Nicolas Rauline, Pierre Demoux
truit un garage pour un voisin, avant de bâtir sa
première maison dans le Queens – vendue
7.500 dollars, avec un tiers de profit. Le créneau
est trouvé : il construira des grands ensembles
de logements, si possible financés par le sec-
teur public – la Federal Housing Administra-
tion. Fred Trump épouse Mary en 1936, arrivée
d’Ecosse quelques années plus tôt pour trouver
un mari. Elle lui donnera cinq enfants en douze
ans : Maryanne, Freddy, Elizabeth, Donald – né
en 1946 – et enfin Robert.
Mieux vaut mentir
Davantage que les voyages ou les sorties, dont le
couple Trump ne raffole pas, ce sont les mai-
sons qui affichent la réussite sociale, et toujours
dans le Queens. En 1950, la maison construite
dans le quartier résidentiel de Jamaica Estates
témoigne du chemin parcouru : près de
400 mètres carrés et plus de vingt pièces der-
rière une façade de brique rouge et de jolies
colonnades blanches.
Donald vient parfois sur les chantiers de
construction de son père ramasser les bou-
teilles, qu’il revend à la consigne avec son jeune
frère, Robert, qui vient de mourir à New York à
l’âge de soixante et onze ans (son « meilleur
ami », selon le président américain). Mais les
deux derniers de la fratrie n’ont pas le prénom
qu’il faut pour espérer reprendre l’entreprise
familiale : c’est Freddy, le fils aîné, qui doit pour-
suivre l’œuvre paternelle.
Sauf que Freddy ne sera jamais vraiment
intéressé par la construction immobilière et n’a
pas le goût des affaires. Mais quand l’aîné navi-
gue entre évitement et soumission pour obéir à
son père, le cadet trouve une autre voie. Sept
ans plus jeune, Donald voit Freddy se faire régu-
lièrement humilier par son père et en déduit
que la gentillesse est une faiblesse. Mieux vaut
mentir que de déranger ou fâcher papa.
Lundi 24 août 2020 Les Echos
1/5
Sur les bords de l’Hudson River, l’école mili-
taire (qui a fini par être vendue aux enchères en
2015 à un milliardaire chinois) n’est finalement
pas si terrible, et Donald a réussi à se frayer un
chemin parmi les contraintes. Il a laissé pousser
ses cheveux jusqu’à la limite autorisée, se pro-
mène le dimanche avec de jeunes New-Yorkai-
ses – il sera crédité du titre de « ladies’man » dans
l’un des albums de fin d’année. Il est grand,
blond, athlétique et sûr de lui, la moue
empreinte d’un sentiment de supériorité.
Le week-end, son père lui rend visite, tissant
un lien qu’il sent plus prometteur qu’avec son
aîné, Freddy. Il lui apprend comment socialiser
avec les gens qui comptent, négocier, manier
l’hyperbole – « magnifique », « parfait ». Fred
Trump est un admirateur du pasteur Norman
Vincent Peale, un adepte de la méthode Coué et
de la réussite entrepreneuriale, auteur de « La
Puissance de la pensée positive ». Avoir con-
fiance en soi, mépriser tout complexe d’infério-
rité, voilà des leçons vite apprises.
L’entrée à Wharton
Au sortir du lycée, Donald caresse un temps
l’idée de faire une école de cinéma en Californie,
mais il se rabat sur Fordham, une université de
Jésuites située dans le Bronx, au nord de Man-
hattan, « pour être près de la maison ». Il faut tou-
tefois un diplôme prestigieux et les vrais entre-
preneurs, a-t-il remarqué, sortent souvent de
Wharton, l’école de commerce de l’université de
Pennsylvanie – Harvard produit surtout des
PDG d’entreprises cotées, observe-t-il.
A la New York Military
Academy il sera crédité du
titre de « ladies’man » dans
l’un des albums de fin d’année.
Il est grand, blond, athlétique
et sûr de lui, la moue
empreinte d’un sentiment
de supériorité.
Selon Mary Trump, son oncle aurait en réalité
fraudé pour y entrer, en mandatant un ami pour
passer l’examen à sa place. « J’ai postulé à l’école
de finance de Wharton et j’y suis entré », résume
Donald Trump d’une phrase pudique dans « The
Art of the Deal », lui qui disait quelques pages
plus tôt ne guère aimer le travail scolaire.
D’ailleurs, ce qu’il apprend de Wharton, c’est de
ne pas trop s’arrêter aux diplômes, raconte-t-il.
De toute façon, il connaît déjà son premier
employeur : Trump Management.
« Plus glamour, plus excitant »
Dans les guerres de succession qui secouent par-
fois les familles, Donald a eu finalement la voie
libre, et il n’a pas voulu faire d’OPA sur l’entre-
prise paternelle. Pour se former, il fait la tournée
des résidents pour collecter les loyers, apprend
qu’il est plus prudent de se placer sur le côté pour
éviter un tir de revolver. Mais rapidement, édu-
quer les locataires récalcitrants à ne pas jeter
leurs poubelles par la fenêtre n’enthousiasme
pas le jeune Trump, « et les marges étaient si bas-
ses », constate-t-il avec dépit.
Construire des immeubles et gérer les loyers,
c’est déjà une belle réussite dans l’Amérique de
l’après-guerre. Mais le Graal de Donald, c’est de
passer l’East River et de faire quelque chose de
« plus grand, plus glamour, plus excitant » à Man-
hattan. Son objectif : la Cinquième Avenue et les
clients italiens « avec une belle femme et une Fer-
rari rouge ». A la réflexion, le « showmanship »,
ce goût pour la mise en scène et le spectacle, lui
est venu de sa mère, qui suit à la télévision
l’actualité des têtes couronnées des Cours euro-
péennes. « Ma mère aime la splendeur et la
magnificence, quand mon père, qui a vraiment les
pieds sur terre, n’est excité que par la compétence
et l’efficacité. »
A sa sortie de Wharton en 1968, les prix sont
trop élevés à Manhattan pour se lancer dans le
business, mais il en arpente les rues pour repérer
les meilleures adresses. A vingt-cinq ans, il prend
un petit appartement au coin de la Troisième Ave-
nue et de la 75e rue, dans l’Upper East bourgeois.
« Arriver dans cet appartement a probablement été
pour moi plus excitant que de déménager, quinze
ans plus tard, dans les trois étages de la Trump
Tower, au coin de la Cinquième Avenue et de la 57e
avec vue plongeante sur Central Park », écrit-il dans
« The Art of the Deal ». Il est dans la place..
— V. L. B.
6
Et demain Trump et l’immobilier,
un empire de façade(s)
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Les Echos Lundi 24 août 2020 SÉRIE D’ÉTÉ // 09

Elisabeth II, une reine dans son siècle

SÉRIE D’ÉTÉ 16/20

1986, « Maggie », l’autre reine

En 1979, Margaret Thatcher devient Première ministre du Royaume-Uni.
Avec la reine Elisabeth II, les relations prennent d’emblée un tour compliqué…

C e ne sont que quelques lignes, mais

elles font l’effet d’une bombe. Le
dimanche 20 juillet 1986, dans la tor-
peur de l’été, le « Sunday Times » – un titre
du groupe Murdoch – publie un article sur
les relations entre Elisabeth II et Margaret
Thatcher, sa Première ministre depuis 1979.
Se référant à des sources sûres, l’hebdoma-
daire prétend que la reine n’apprécie guère
la politique économique et sociale de la
cheffe du gouvernement, qualifiée d’« insen-
sible, provocatrice et créatrice d’inégalités », ni
même d’ailleurs son comportement, jugé
« désinvolte et agressif ».
Tout y passe ou presque : les relations de
Margaret Thatcher avec le Commonwealth,
son programme de privatisations, particu-
lièrement cruel pour les salariés modestes
et les ouvriers, sa gestion inflexible de la
grève des mineurs de 1984-1985, dont Elisa-
beth II redoute les conséquences, ou bien
encore l’autorisation donnée aux Etats-Unis
de se ravitailler en carburant sur les bases
aériennes britanniques, afin de pouvoir
bombarder la Libye, une décision que
désapprouve la souveraine. Plus qu’une sim-
ple critique, c’est en réalité à une attaque en
règle que se livre Elisabeth II au dire du
« Sunday Times ».
Averti la veille au soir de la parution de
l’article, Buckingham Palace fait tout pour
récupérer les exemplaires de l’hebdoma-
daire avant sa sortie en kiosque. C’est que
l’affaire est sérieuse : le Palais ne peut en
aucun cas laisser accréditer l’idée que la
reine s’oppose à sa cheffe de gouvernement.

De sérieuses complications constitutionnel-
les pourraient en résulter…
Une règle d’airain
Depuis son accession au trône, en 1952, Eli-
sabeth II s’est toujours efforcée de ne pas
commenter la vie politique du Royaume-
Uni. Une règle d’airain que le « Sunday
Times » risque de faire voler en éclats…
L’entourage de la souveraine ne peut cepen-
dant empêcher la parution de l’article. Le
dimanche matin, depuis son château de
Windsor, où elle passe le week-end, la reine
n’a dès lors d’autre choix que de téléphoner à
la Première ministre pour l’assurer que les
révélations du « Sunday Times » sont faus-
ses. Officiellement, les deux femmes font
assaut d’amabilités et se répandent en consi-
dérations consensuelles sur les excès d’une
certaine presse. Un démenti officiel souli-
gnant les excellentes relations entre les
« deux têtes de l’exécutif » suit bientôt.
En apparence, l’incident est clos. Mais
dans les hautes sphères londoniennes, per-
sonne ne l’ignore : Margaret Thatcher a été
profondément meurtrie par le contenu de
l’article. Sa colère sera décuplée lorsqu’elle
apprendra, peu après, que c’est le propre
attaché de presse d’Elisabeth II, Michael
Shea, qui est à l’origine des fuites. Il quittera
le Palais en 1987…
Entre Elisabeth II et sa Première ministre,
les relations, en réalité, n’ont jamais été très
bonnes. Pour la reine, qui a toujours entre-
tenu de bons rapports avec ses chefs de gou-
vernement, c’est une première. Lorsque
Margaret Thatcher accède au 10 Downing
Street, à l’issue des élections législatives de
mars 1979, elle a pourtant beaucoup
d’atouts pour elle. C’est une femme, la pre-
mière à diriger un gouvernement au Royau-
me-Uni ; comme la reine, qui n’a que six
mois d’écart, elle voue à son père une vérita-
ble vénération ; comme elle également, c’est
une travailleuse acharnée, qui étudie à fond
les dossiers ; enfin, et ce n’est pas négligea-
ble, elle affiche un programme ambitieux –
privatisations, réduction drastique des
dépenses publiques, baisse des impôts,
diminution du rôle des syndicats… – destiné
à sortir le Royaume-Uni de la quasi-faillite,
ce qui n’est pas pour déplaire à la reine et à
son entourage.
Les deux femmes ont certes des différen-
ces : leurs tempéraments sont très dissem-
blables, tout comme leurs origines : femme
par Tristan Gaston-Breton
Elizabeth II avec le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl, à gauche, le président des Etats-Unis, Ronald Reagan et la Première ministre britannique
Margaret Thatcher, à droite, au palais de Buckingham à Londres, le 10 juin 1984.
de caractère et de conviction, souvent auto-
ritaire – ce qui lui vaut son surnom de
« Dame de fer » – Margaret Thatcher est la
fille d’un épicier prospère de Grantham,
dans le Lincolnshire. Elle a obtenu une
bourse pour passer son diplôme universi-
taire de chimie, et a travaillé comme avocate
avant de se faire élire au Parlement en 1959.
Mais ces différences ne gênent en rien la
reine, habituée à travailler avec des Pre-
miers ministres issus de milieux situés aux
antipodes du sien…
Tailleur strict et sac à main
Bien plus que le parcours ou les origines de
Margaret Thatcher, c’est en fait son style et
sa façon de se comporter qui agacent Elisa-
beth II. Dès leur première audience, en
mars 1979, elle est surprise – et un brin irri-
tée – par la déférence excessive que lui
témoigne la cheffe du gouvernement. Issue
de la classe moyenne anglaise – traditionnel-
lement très patriotique –, celle-ci voue un
immense respect à la famille royale.
Mais lors de leur premier tête-à-tête, elle
en fait trop : elle se montre excessivement
respectueuse et se croit obligée de faire une
interminable révérence. « Sa révérence des-
cend jusqu’en Australie », aurait même
déclaré la reine… Pour ne rien arranger, elle
lui ressemble étrangement : même tailleur
strict, même brushing gonflant, même
appétence pour les sacs à main…
Durant les onze années qu’elle passera au
pouvoir, la Première ministre ne se dépar-
tira jamais de ses manières empesées et
pompeuses. Son rendez-vous hebdoma-
daire avec la reine est très formel : pas de
propos amicaux ou de confidences intimes
comme Elisabeth II pouvait en avoir jadis
avec ses premiers ministres. Les réunions
sont placées sous le signe de l’utilité : Marga-
ret Thatcher arrive avec un programme en
forme d’actions qu’elle déroule méthodique-
ment devant la souveraine. Celle-ci se désole
du manque d’humour de son interlocutrice,
qui n’a pas de temps à perdre en futilités.
Avec le temps, cependant, Margaret That-
cher prend quelques libertés, qui, là encore,
agacent la reine. Lors de leurs audiences,
elle a tendance à faire la conversation toute
seule, négligeant la souveraine, dont l’expé-
rience et les connaissances pourraient
pourtant lui être très précieuses. Pour tout
dire, la cheffe du gouvernement n’écoute pas
un mot de ce que l’autre lui dit. La réunion
terminée, elle aime en revanche prendre un
whisky et s’attarder avec les secrétaires par-
ticuliers de la reine. Elle s’y montre curieuse-
ment plus détendue et moins formelle.
Dès le début des années
1980, c’est de notoriété
publique : la reine ne
cautionne pas le
programme de réformes
à marche forcée entrepris
par le gouvernement.
Les séjours à Balmoral, en Ecosse, où
Margaret Thatcher, comme tous ses prédé-
cesseurs, se rend au moins une fois par an,
ne contribuent pas vraiment à rapprocher
les deux femmes. La cheffe du gouverne-
ment y arrive invariablement en tailleur de
tweed et en talons, une tenue pas vraiment
adaptée à la vie campagnarde, et qui tranche
singulièrement avec celle, plus décontrac-
tée, d’Elisabeth II. Elle s’agite sans cesse et ne
tient pas en place. « Est-ce que quelqu’un va
dire à cette femme de s’asseoir ! » lancera
même un jour la reine, énervée de voir la
Première ministre s’évertuer à prendre en
main l’organisation du repas.
Un cadeau célèbre
Quant aux longues marches dans la campa-
gne, inutile de lui proposer ! Faute de mieux,
Elisabeth II l’invite à partager un thé, tandis
qu’un écuyer accompagne son époux, Denis
Thatcher, pour une partie de golf. Margaret
Thatcher, de toute façon, n’apprécie guère
ces séjours obligés en Ecosse, dont elle ne
comprend pas très bien l’utilité ni l’intérêt.
Etonnée de voir cette dernière laver la vais-
selle à mains nues à l’issue d’un pique-nique,
elle lui offrira même une paire de gants en
caoutchouc. Un cadeau resté célèbre et qui
en dit long sur l’état d’esprit de la Première
ministre : pragmatique à l’excès, elle ne
comprend pas que le séjour à Balmoral, avec
ses barbecues et ses pique-niques, répond
depuis toujours à un objectif précis : créer
des liens personnels entre la reine et son Pre-
mier ministre.
D’une manière générale, Margaret That-
cher juge « empesées » certaines traditions
de la cour. Sans doute ne va-t-elle pas aussi
loin que certains de ses conseillers – et quel-
ques jeunes députés du Parti conservateur –
qui jugent la monarchie totalement archaï-
que et qui ne sont pas loin de penser que
Margaret Thatcher est la véritable reine du
Royaume-Uni. Mais elle n’a clairement
aucun goût pour le cérémonial de la cour…
La reine le sait, et s’en agace parfois, tout en
s’efforçant de prendre les choses avec
humour.
Et puis, bien sûr, il y a les choix politiques
eux-mêmes, qu’Elisabeth II ne commente
jamais, mais sur lesquels elle a un avis. Dès le
début des années 1980, c’est de notoriété
publique : elle ne cautionne pas le pro-
gramme de réformes à marche forcée entre-
pris par le gouvernement. Des rumeurs de
tensions, voire de divergences profondes
entre les deux femmes circulent dans les sal-
les de rédaction.
De fait, les premières réformes – en parti-
culier la baisse drastique du nombre de
fonctionnaires, les coupes dans les presta-
tions sociales et la privatisation des entrepri-
ses publiques – ont entraîné une impres-
sionnante casse sociale. En 1982, le
Royaume-Uni compte ainsi 3,2 millions de
chômeurs, soit un 1 million de plus qu’en
France.
Efficacité économique
vs consensus national
Le pays a beau montrer des signes incontes-
tables de reprise – la croissance est de retour
et l’inflation baisse fortement –, Elisabeth II
s’inquiète des risques de déchirement que
révèle la grève des mineurs de 1984-1985.
Elle qui a hérité de la monarchie victorienne
une méfiance instinctive pour le capitalisme
spéculatif désapprouve aussi la libéralisa-
tion des marchés financiers. Ce que repro-
che la reine à sa Première ministre, c’est une
AP/Sipa
certaine brutalité, un parti pris en faveur des
classes dirigeantes et un manque de com-
passion pour les plus modestes… Elle ne se
prive d’ailleurs pas de le dire lors de leurs
audiences hebdomadaires.
Deux logiques se font face : celle de la Pre-
mière ministre, qui donne la priorité à l’effi-
cacité économique, et celle, plus symboli-
que, de la reine, qui entend préserver l’unité
et le consensus national. Habituée, depuis
son accession au trône, à un certain déclin
du Royaume-Uni – économique et diploma-
tique – et ayant connu bien des crises depuis
1952, elle peine à comprendre la volonté
acharnée de sa Première ministre de redon-
ner tout son lustre au pays et une place de
choix dans le concert international.
La gestion de son cher Commonwealth
n’arrange évidemment pas les choses. Dès
l’été 1979, Elisabeth II a dû batailler ferme
pour se rendre à Lusaka, en Zambie, à l’occa-
sion de la Ve Conférence des chefs d’Etat du
Commonwealth. Margaret Thatcher aurait
préféré qu’elle reste à Londres. Mais la reine
a eu le dernier mot.
Elle a pu constater, à cette occasion, com-
bien les prises de position ambiguës de sa
cheffe de gouvernement concernant l’Afri-
que du Sud et l’apartheid affectaient son cré-
dit et, au-delà, celui du Royaume-Uni. La
question de l’apartheid va d’ailleurs demeu-
rer une véritable pomme de discorde entre
les deux femmes. En 1985, la reine juge ainsi
sévèrement Margaret Thatcher, qui
s’oppose aux sanctions économiques contre
l’Afrique du Sud, au motif qu’elles aggrave-
raient la situation des Noirs.
La « bombe » que représente l’article du
« Sunday Times » en juillet 1986 n’éclate
donc pas dans un ciel serein. Elle vient cou-
ronner des années de tensions et de désac-
cords que les deux femmes avaient toujours
pris soin de tenir secrets. La leçon sera rete-
nue : jusqu’à la démission de Margaret That-
cher, en 1990, elles prendront garde à ce
qu’aucune révélation susceptible d’entraî-
ner des complications constitutionnelles ne
soit rendue publique… n
6
Et demain « L’année horrible ».
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« Marée noire dans la mangrove » par Gonoh pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Mélenchon dévoilera Menacé de mort, Côte d’Ivoire : Alexeï Navalny a

en octobre ses le maire de Givors Ouattara investi pour quitté la Russie et est
L’ÉDITORIAL intentions pour 2022 porte plainte la présidentielle hospitalisé à Berlin
DES « ÉCHOS »
' ' ' '
PRÉSIDENTIELLE – Le lea- JUSTICE – Après avoir reçu AFRIQUE – Le président EUROPE – Le principal
der de La France insoumise un courrier qu’il résume en ivoirien, Alassane Ouattara, opposant russe Alexeï
Etats-Unis : une élection (LFI) a annoncé dimanche,
au terme d’un discours fleuve
« quatre pages de calomnie,
de haine raciale et de menaces »,
a été officiellement investi,
samedi à Abidjan, candidat de son
Navalny, dans le coma après
ce que ses proches assurent être
à trois inconnues clôturant les universités d’été
de son parti, qu’il dévoilera en
Mohamed Boudjellaba, le nouveau
maire de Givors (DVG-EELV),
parti à la présidentielle d’octobre,
où il briguera un troisième man-
un « empoisonnement », a été
hospitalisé samedi à Berlin dans
octobre ses intentions quant à la a porté plainte et reçu le soutien dat jugé inconstitutionnel par ses un état « stable » après un trans-
Quand un candidat à l’Elysée affiche 10 points d’avance présidentielle de 2022. Mais le du gouvernement dimanche. opposants. Elu en 2010 puis réélu fert par avion depuis la ville sibé-
sur ses adversaires, il sillonne le pays avec la confiance suspense ne laisse guère de doute « 4 pages de répugnances non en 2015, le chef de l’Etat, 78 ans, rienne d’Omsk à l’issue de longues
du futur vainqueur. Rien de tel chez un Américain. tant Jean-Luc Mélenchon est le signées. Une enquête est ouverte avait initialement annoncé en tractations. La porte-parole
Ses chances de victoire y sont autrement plus aléatoires seul à pouvoir incarner son mou- pour retrouver cet “anonyme” et mars son intention de ne pas se d’Alexeï Navalny a attribué le refus
– la meilleure preuve étant qu’il peut perdre l’élection vement politique de façon incon- le présenter à la Justice », a tweeté représenter et de passer le relais à initial des médecins russes de
en remportant la majorité des suffrages. Le démocrate testable. Il n’a d’ailleurs pas man- le garde des Sceaux, Eric Dupond- son Premier ministre, Amadou le laisser partir à une intention
Joe Biden a beau présenter une confortable avance qué de rappeler sa légitimité après Moretti. Le ministre de l’Intérieur, Gon Coulibaly. Mais celui-ci est de « gagner du temps et attendre
sur Donald Trump, de 4 à 10 points selon les sondages, ses deux candidatures de 2012 Gérald Darmanin, se dit « écœuré » décédé brutalement que le poison ne puisse plus être
l’incertitude reste totale quant à sa capacité à ravir (11,1 % des voix) et de 2017 (19,6 %). par des propos « insupportables ». le 8 juillet d’un infarctus. détecté dans son organisme ».
les « swing states » début novembre – ces fameux Etats
qui oscillent entre gauche et droite au gré des élections
et décident du scrutin in fine. A ce stade, les sondeurs LA PHOTO DU JOUR
n’ont donné qu’une photographie globale du pays. Les
rares sondages régionaux disponibles sont trop serrés
pour en tirer quelque leçon. Dans un Etat aussi crucial
que le Wisconsin, par exemple, Joe Biden n’affiche
que 4 points d’avance sur son adversaire, selon CNBC.
Un avantage qui peut basculer à tout moment. Que la
convention démocrate qui vient
d’y avoir lieu ait été accessible
sur Internet uniquement ajoute
à l’incertitude. Comment prendre
le pouls du pays, comment
mesurer la ferveur d’un peuple
quand chacun reste confiné
chez soi ? A cette incapacité
Par Lucie à saisir les réalités du terrain
Robequain s’ajoute une autre inconnue,
rendant le scrutin 2020 encore
Malgré plus aléatoire que le précédent :
nul ne sait comment les électeurs
son retard iront voter, ni même comment
dans les sera organisé le scrutin dans le
sondages, contexte exceptionnel de la crise
Donald sanitaire. Un recours massif
au vote par correspondance
Trump n’a pourrait favoriser le camp
pas dit son démocrate, les minorités y ayant
dernier mot. plus souvent recours. Nul ne sait,
en revanche, qui profiterait d’une
La crise abstention massive dans le cas
sanitaire où les Américains renonceraient
rend à se déplacer par peur du virus.
La troisième inconnue tient à Joe
l’élection Biden lui-même – le prétendant
encore plus le plus âgé que la Maison-Blanche
incertaine. ait jamais connu. Sous couvert
de protéger sa santé et celle des
électeurs, il mène campagne avec
un effacement déconcertant. Incapable de provoquer
l’enthousiasme d’un Barack Obama, il capitalise sur
le rejet de Donald Trump pour rallier les votants.
Cette campagne en creux est risquée, face à un adversaire
qui compte parmi ses rares succès celui d’avoir réhabilité
la puissance du pouvoir exécutif – de manière souvent
vaine et brouillonne, mais toujours forte, que ce soit face MANIFESTATION MONSTRE À MINSK Alors que l’Union européenne disait ne pas vouloir convertir la Biélorussie en « seconde Ukraine » et que Moscou estimait,
à la Chine ou, plus largement, aux méfaits de son côté, qu’une réforme constitutionnelle serait une solution durable à la crise politique du pays, des dizaines de milliers de Biélorusses ont manifesté dimanche
de la mondialisation. A Washington comme ailleurs, à Minsk. Ils maintiennent la pression contre le président Alexandre Loukachenko après deux semaines d’un mouvement de protestation historique pour dénoncer
le « président normal » que souhaite incarner Joe Biden une présidentielle contestée. PhotoSergei Gapon/AFP
ne constitue pas forcément la formule gagnante.

( Lire nos informations

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n J J n n
CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Lundi 24 août 2020
4.896,33 points 27.794,35 points 1,1775 $ 1.924,35 $ 43,73 $ www.lesechos.fr
-0,3036 % 0,1969 % 4,3143 % -0,1453 % -2,4972 %

DEVISES EUR/GBP 0,899 EUR/JPY 124,67 EUR/CHF 1,0751 GBP/USD 1,31 USD/JPY 105,875 USD/CHF 0,9131 TAUX EONIA -0,468 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,491 OAT 10 ANS -0,2291 T-BONDS 10 ANS 0,588

Donald Trump donne un coup Turquie :

d’importantes
de pouce au homard américain réserves de gaz
découvertes
en mer Noire
COMMERCE
ÉNERGIE
Véronique Le Billon
@VLeBillon Vincent Collen
— Bureau de New York @VincentCollen

Le homard américain pourrait regagner du La Turquie va-t-elle bientôt devenir un

terrain sur les étals européens. Vendredi, le pays gazier ? C’est ce qu’a affirmé Recep
représentant américain au Commerce, Tayyip Erdogan vendredi. Le président
Robert Lighthizer, a annoncé un accord truc a annoncé la découverte de
surprise avec le commissaire européen au 320 millions de mètres cubes de gaz, la
Commerce, Phil Hogan, pour supprimer les plus importante jamais réalisée au fond
droits de douane européens sur le homard de la mer Noire. Il a tenu à dévoiler
américain, frais et congelé. l’information lui-même, au cours d’une
En échange, les droits de douane améri- conférence de presse, après plusieurs
cains seront réduits de 50 % sur une liste jours de « teasing » promettant de « bon-
hétéroclite de produits européens, notam- nes nouvelles » pour le pays dans le sec-
ment des plats préparés, de la verrerie et des teur de l’énergie. Des promesses qui ont
briquets, à hauteur de 160 millions de dol- fait grimper la livre turque sur le mar-
lars. « Ces réductions tarifaires sont les pre- ché des devises cette semaine.
mières réductions de droits négociées entre les A ce stade, l’annonce reste avant tout
Etats-Unis et l’UE depuis plus de deux décen- politique, dans le contexte de tensions
nies », a salué l’administration américaine. croissantes avec Chypre sur l’explora-
tion gazière dans l’autre mer qui borde
Concurrence du Canada la Turquie, la Méditerranée. La décou-
En 2017, l’Union européenne a importé verte en mer Noire turque a été faite
pour 111 millions de dollars de homard amé- « uniquement avec des moyens natio-
ricain, mais il souffre de la concurrence de naux, a insisté Erdogan. Nous n’avons
son voisin canadien, qui peut exporter son pas eu besoin du tout d’intervenants
homard vers l’Europe sans droits de étrangers pour les opérations de forage. »
douane, en vertu d’un accord entre les deux Le président prévoit une mise en exploi-
zones commerciales. Surtout, les ventes de tation à partir de 2023.
homard américain en Chine ont dévissé : en
représailles à Washington, Pékin a appliqué La mesure va bénéficier en priorité aux pêcheurs du Maine, un petit Etat frontalier du Canada. Photo Véronique Le Billon Combler le déficit public
des droits de douane de 35 %. Au-delà des déclarations nationalistes
La mesure va bénéficier en priorité aux dernier, de lui acheter plus de homards. tre délégués lors de la présidentielle (il en En annonçant leur accord vendredi, du leader turc, la découverte est un évé-
pêcheurs du Maine. En juin, le président L’administration américaine, enfin, serait faut 270 pour être élu), grâce aux électeurs Robert Lighthizer et Phil Hogan ont dit sou- nement. Il s’agit de la plus importante
américain s’était déjà rendu dans ce petit sur le point de donner davantage de temps de la côte. Mais le Maine reste l’Etat le plus haiter qu’il marque « le début d’un processus jamais faite dans le pays, et l’une des
Etat frontalier du Canada pour annoncer aux pêcheurs pour équiper leurs bateaux de républicain de la Nouvelle-Angleterre, et qui conduira à des accords supplémentaires plus grosses de l’année dans le monde.
l’ouverture d’une nouvelle zone de pêche, moteurs moins polluants, selon l’agence Donald Trump aimerait faire mieux cette créant un commerce transatlantique plus Elle est susceptible de changer la donne
protégée il y a quatre ans par Barack Obama. Bloomberg. fois, même si les sondages l’y donnent per- libre, plus équitable et plus réciproque ». Un énergétique pour la Turquie qui,
Une compensation financière pour les dant. Surtout, le mandat de la sénatrice changement de ton à confirmer, alors que aujourd’hui, importe la quasi-totalité
pêcheurs a aussi été mise à l’étude pour com- Election sensible au Sénat républicaine Susan Collins sera remis en Washington a maintenu mi-août ses sanc- du gaz qu’elle consomme, de Russie,
penser le manque à gagner en Chine. Et Les efforts de Washington ne sont pas sans jeu en novembre, et un échec fragiliserait tions à hauteur de 7,5 milliards de dollars d’Iran et d’Azerbaïdjan. Des importa-
Washington a demandé à Pékin, dans le arrière-pensées politiques. En 2016, la courte majorité républicaine à la Cham- dans le cadre du conflit avec Airbus à
cadre de son accord commercial en janvier Hillary Clinton avait obtenu trois des qua- bre haute. l’OMC. n
La mise en exploitation
nécessitera « des
milliards de dollars »
= LES ENTREPRISES CITÉES
l’essentiel Menacé d’interdiction d’investissements.
Accor 24
Airbus 12
Dataiku 17
Deutsche Post
Lagardère 17
LinkedIn 16
Contraception : Bayer met
aux Etats-Unis, TikTok tions de plus en plus importantes pour
alimenter une vigoureuse croissance
va riposter juridiquement
Apple 16 DHL 14 Lyft 13
Atos 24 Embraer 12 Nutrien 20 1,6 milliard de dollars sur la table économique : 45 milliards de mètres
B2Gold 20 Emirates 12 Océanis 15 aux Etats-Unis cubes l’an dernier. Le ministre des
Bayer 14 Facebook 16 PartnerRe 21 Le géant allemand va verser 1,6 milliard Finances claironne déjà que le champ
Belaruskali 20 FedEx 14 Quarters 15
de dollars pour clore « 90 % des près mis à l’AFP. ByteDance, le groupe auquel gazier permettra à la Turquie de « com-
Bio c’ Bon 14 Geis 14 Resolute Mining
de 39.000 plaintes » déposées contre son RÉSEAUX SOCIAUX appartient l’application particulièrement bler le déficit de [ses] comptes publics ».
Boeing 12 GeoPost 14 20
Bouygues Immo- GMF 21 Sharies 15 dispositif de contraception Essure.// P. 14 prisée des adolescents, a ensuite précisé
bilier 15 Grand M Group 15 SNCF 13 Déborah Loye dans un communiqué que le recours Aucune expérience
British Airways 12 Hangzhou Jin- The Babel La presse américaine conteste @Loydeborah serait posé dès lundi. Mais rien n’est encore concrétisé.
BRT 14
Capgemini 24
jiang 18
Hermes 14
Community 15
Twitter 16
à son tour les conditions « Récolter les bénéfices de cette ressource
Chronopost 14 Hummingbird Uber 13
de l’Apple Store La présence du réseau social chinois Tik- Aucune attention aux faits sera compliqué et la date de 2023 pour la
Colonies 15 Resources 20 UPS 14 Les éditeurs de presse comme le « New Tok est menacée aux Etats-Unis depuis le Sur fond de regain des tensions commer- mise en production paraît ambitieuse »,
Comac 12 ICL 20 Urban Campus 15 York Times » ou le « Wall Street Journal » début du mois. En campagne pour sa réé- ciales entre les Etats-Unis et la Chine, Tik- commente Thomas Purdie, analyste
Corsair 12 Irkut 12 Vinci Immobilier demandent à renégocier la commission de lection, Donald Trump a signé deux Tok reproche à l’administration améri- chez Wood Mackenzie. Il faudra
Covéa 21 K+S 20 15 30 % prélevée par la marque.// P. 16 décrets organisant son bannissement caine de ne pas détenir de preuves d’abord faire des forages complémen-
Dassault Koliving 15 Vivendi 17
ainsi que celui de WeChat. Pour justifier tangibles des accusations lancées à son taires pour mieux comprendre la géo-
Systèmes 24 La Française 15 VMH Energies 18
Brittany Ferries va désarmer cette décision, le président affirme que ces égard. Cette procédure juridique inter- logie du champ gazier et confirmer
la moitié de sa flotte applications chinoises aspirent les don- viendra après une tentative de concilia- l’estimation des réserves exploitables.
La compagnie estime que la pandémie et nées personnelles de ses concitoyens et les tion. « Bien que nous ne soyons pas du tout Ensuite, la mise en exploitation

A LA UNE DE L’ECO
les mesures prises par les autorités bri-
tanniques obligeant les voyageurs venus
de France à une quatorzaine lui feront
DU LUNDI AU VENDREDI perdre 250 millions d’euros de
6H50 recettes cette année.// P. 18
Retrouvez le fait économique du jour La contestation biélorusse
en partenariat avec trouble le marché de la
potasse
Le pays est le deuxième expor-
Britanny Ferries
utilise à des fins d’espionnage industriel.
Ce samedi 22 août 2020, TikTok a
annoncé sa riposte, indiquant qu’il est sur
le point de lancer une procé-
dure juridique. « Pour
garantir que le droit est res-
pecté et que notre entreprise
et nos utilisateurs sont traités
équitablement, nous n’avons
pas d’autre choix que de con-
d’accord avec les accusations de l’adminis-
tration américaine, nous cherchons depuis
près d’un an à engager des discussions de
bonne foi pour trouver une solution, expli-
que TikTok. Mais nous nous sommes
heurtés à la place à un manque de respect
des procédures légales, dans la mesure où
l’administration ne prête aucune attention
aux faits et tente de s’immiscer dans des
négociations entre entreprises privées. »
nécessitera « des milliards de dollars »
d’investissements. « Les projets en eaux
profondes sont complexes quel que soit
l’environnement, et la mer Noire pose
des problèmes logistiques additionnels
qui devront être résolus », poursuit le
même expert. La Roumanie connaît
des difficultés sur un champ situé à
seulement 100 km de la découverte tur-
que. La compagnie pétrolière turque

tateur mondial de potasse. En tester le décret (signé par M. L’application n’a pour le moment pas indi- TPAO n’a aucune expérience dans ce
À réécouter également sur Bourse, les titres des concur- Trump) par le biais du sys- qué auprès de quelle juridiction elle pré- domaine et aurait intérêt à s’allier à un
RTL.fr rents de Belaruskali bondis- tème judiciaire », écrit Tik- voit d’engager ses poursuites, ni sur quels partenaire étranger, explique encore
sent. // P. 20 Tok dans un message trans- motifs exacts. n Thomas Purdie. n

ENTREPRISES
Airbus et Boeing, un duopole
à l’épreuve de la crise sanitaire
l En mettant un
coup d’arrêt brutal
à la croissance du
transport aérien,
la pandémie a
changé la donne.
l La crise
pourrait remettre
en cause le tradi-
tionnel équilibre
à 50-50 entre
Airbus et Boeing.
AÉRIEN
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
Qui d’Airbus ou de Boeing sortira
le premier de la crise ? Pour l’heure,
son impact est à peu près sembla-
ble chez l’européen comme chez
l’américain. Les deux avionneurs
ont vu leur chiffre d’affaires dans
l’aviation commerciale fondre de
moitié, avec des clients aux abon-
nés absents, des avions qui s’accu-
mulent dans les hangars, des usines
qui tournent au ralenti… Tous deux
ont l’intention de réduire leurs
effectifs d’environ 10 % d’ici à la fin
de l’année. Et l’un comme l’autre
jugent nécessaire de réduire les
cadences de production de 40 % à
50 %, afin de s’adapter à une baisse
durable de la demande d’avions
neufs, jusqu’en 2023 ou 2024.
Pourtant, si un loto sportif des
experts de l’aéronautique civile
existait, Airbus serait sans doute
donné grand favori. « Airbus a un
double avantage dans cette crise,
estime Marwan Lahoud, président
du directoire du fonds d’investisse-
ment ACE Management et ancien
directeur de la stratégie du groupe
Airbus. En recréant des frontières, la
crise sanitaire pénalise davantage
le trafic international que le trafic
domestique, ce qui favorise le marché
des moyen-courriers. Or Boeing n’a
toujours pas réglé le problème du
737 MAX. Ils ont fait une erreur en
voulant le relancer vite et mal. Résul-
tat, ils ne sont toujours pas sortis de
cette crise et ils vont rester derrière
Airbus pendant deux ou trois ans. »
« Boeing est très soutenu par les
commandes militaires et n’a donc
pas à craindre pour sa survie, souli-
gne de son côté Marc Durance,
associé chez Archery Consulting.
Mais ils sont nettement désavantagés
par rapport à Airbus sur le marché
des moyen-courriers. C’était déjà
le cas avant le Covid-19. Le déséqui-
libre entre le 737 et l’A320 n’a fait
que s’accentuer depuis, avec de nom-
breuses annulations chez Boeing
L’aéronautique chinoise en embuscade
Les difficultés de Boeing et
d’Airbus pourraient
profiter à l’industrie
aéronautique chinoise.
Mais à condition qu’elle
parvienne à surmonter ses
propres difficultés, ce qui
n’est pas gagné.
En chinois, le mot « crise » est com-
posé de deux caractères accolés, l’un
signifiant « danger » et l’autre
« opportunité ». Le tout définit assez
bien la crise actuelle du point de vue
de l’industrie aéronautique chi-
noise, qui présente à la fois un risque
pour l’avenir de ses programmes
civils et une occasion de réduire
l’écart avec Boeing et Airbus.
UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
et très peu chez Airbus. » Effective-
ment, à fin juillet, Boeing totalisait
689 annulations de commande,
contre 67 p our Airbus, dont
635 annulations de MAX. « Le
737 MAX est mort, affirme un bon
connaisseur des Boeing. Les passa-
gers n’en veulent pas et il y a désor-
mais assez de 737-800 classiques
d’occasion sur le marché pour satis-
faire la demande. Boeing va néan-
moins continuer à vendre des MAX,
mais à des prix bien inférieurs à ceux
d’Airbus. » Pour cet expert, l’écart
de valeur va se creuser. « La seule
bonne solution pour Boeing serait
d’accélérer le remplacement du 737.
Mais il n’a plus les moyens de lancer
un nouveau programme à 15 mil-
liards de dollars et les technologies
permettant d’offrir un gain de con-
sommation suffisant pour justifier la
commande de nouveaux avions ne
sont pas encore prêtes », estime-t-il.
Les fondamentaux
du secteur demeurent
Le patron d’Airbus, Guillaume
Faury, affiche, lui, sa sérénité.
« Nous avons les bons produits pour
une sortie de crise, avec l’A321, l’A220
et l’A350, qui offrent des réductions
de coûts et d’émissions de CO2 impor-
tantes », estime-t-il. Et de constater
que « ces avions sont d’ailleurs ceux
qui continuent à voler le plus en ce
moment. Nous avons donc les
moyens de sortir de cette crise plus
vite que les autres, mais à condition
de faire les efforts nécessaires. » Du
Pour l’heure, les réalisations chi-
noises dans l’aviation commerciale
se limitent à un jet régional, l’ARJ21
de Comac, qui vole sur quelques
lignes intérieures depuis 2016, ainsi
qu’un équivalent de l’Airbus A320, le
C919 de Comac, qui en est encore
aux vols d’essai. Un projet de gros-
porteur long-courrier, le CR929, est
également en phase de développe-
ment, en partenariat avec les Rus-
ses. Mais avant la crise aucun de ses
programmes n’était perçu comme
une menace réelle pour les avion-
neurs occidentaux.
Des ambitions limitées
« La crise n’a pas changé grand-chose
pour Comac, estime Marc Durance,
côté de Boeing, on a toutefois une
autre lecture de la situation.
Si le MAX a enregistré beaucoup
d’annulations, plus de 300 sont à
l’initiative de l’avionneur, afin
d’assainir un carnet de commandes
qui compte encore pas moins de
3.543 MAX à fin juillet. Et si le
patron du groupe, David Calhoun,
reconnaît que les moyen-courriers
« ouvriront la voie à une reprise », il
se dit persuadé que « les principes
fondamentaux, qui ont soutenu
le transport aérien durant les
cinq dernières décennies et ont
permis le doublement du trafic
aérien au cours des deux dernières
décennies, restent intacts ».
Le premier de ces fondamentaux
est le développement de la classe
« Nous avons les
moyens de sortir
de cette crise plus
vite que les autres,
mais à condition
de faire les efforts
nécessaires. »
GUILLAUME FAURY
PDG d’Airbus
spécialiste de l’aéronautique chez
Archery Consulting. Les industriels
peuvent s’appuyer sur leur marché
national pour développer leurs com-
pétences, mais ils ne sont pas en capa-
cité d’aller concurrencer Airbus et
Boeing à l’international. »
Un autre bon connaisseur du
secteur considère, lui, que « l’une
des conséquences de la crise sani-
taire est que les Chinois ont renoncé
à leurs ambitions dans l’aéronauti-
que civile. Ils préfèrent mettre le
paquet sur le militaire ».
De fait, les avions chinois sont
loin du but. Douze ans après son
premier vol, l’ARJ21 n’est toujours
pas autorisé à voler ailleurs qu’en
Chine. Quant au C919, trois ans
moyenne en Asie, qui tire la crois-
sance du trafic aérien depuis des
années. L’autre donnée, plus
récente, est la préoccupation envi-
ronnementale et la nécessité de rem-
placer, à brève échéance, quelque
2.500 avions de plus de vingt ans,
dont une majorité de Boeing, par
des appareils moins gourmands
en carburant et moins polluants.
Effet de rattrapage
Même si la crise retarde leur rempla-
cement, les compagnies auront inté-
rêt à investir dans des avions de nou-
velle génération, dont la consom-
mation de carburant est « inférieure
de 25 % à 40 % », souligne-t-on chez
Boeing. Or le gain est potentielle-
ment plus important pour les long-
courriers que les moyen-courriers. Il
pourrait donc y avoir un effet de rat-
trapage qui favoriserait l’avionneur
américain, qui a le plus d’avions en
service et l’offre la plus large.
Par ailleurs, si la crise du 737 MAX
avait permis à Airbus de porter
à 80 % sa part de marché sur les
monocouloirs en 2019, la crise sani-
taire l’empêche de pousser son
avantage. L’avionneur européen, qui
visait 63 A320 par mois en 2021 et
jusqu’à 67 en 2023, prévoit de rester
à 40 par mois jusqu’en 2022 au
moins. De son côté, Boeing vise une
production de 31 MAX par mois,
début 2022. Il a déjà 450 MAX qui
n’attendent plus que la levée de
l’interdiction de voler pour être
livrés. Un feu vert qui pourrait inter-
après son premier vol d’essai, il n’est
pas censé entrer en service avant fin
2021-début 2022, au mieux. Lors des
vols d’essai, les ingénieurs ont mis
au jour d’importants défauts de con-
ception. Et pour ne rien arranger,
Washington menace de priver le
C919 de ses moteurs LEAP, fabri-
qués conjointement par Safran et
GE, sous prétexte d’éviter un trans-
fert de technologie sensible.
Le CR929 n’est encore qu’un
avion de papier, dont l’entrée en
service, initialement prévue pour
2020-2021, a été repoussée à… 2028-
2029. Selon les médias russes, ce
programme, très politique, souffri-
rait de « divergences de vues » entre
les partenaires russe et chinois,
Lundi 24 août 2020 Les Echos
venir dès le mois prochain, même
si leur retour en service prenait pro-
bablement plus de temps.
Une fois l’interdiction de vol
levée, les clients du 737 MAX
n’auront pas d’autre choix que de
prendre livraison des avions com-
mandés. Surtout si la reprise est au
rendez-vous. Non seulement Air-
bus ne pourra pas leur offrir une
alternative dans un délai raisonna-
ble, mais passer d’une flotte de
Boeing à une flotte d’Airbus aurait
un coût trop élevé, en termes de for-
mation des équipages et des méca-
niciens. « Les compagnies mono-
types comme Ryanair sont des clients
captifs », estime Marc Durance.
Si bien qu’au final, l’écart de
livraisons entre Airbus et Boeing
devrait se resserrer, pour revenir
vers le 50-50 habituel. Sur la base
des baisses de cadence annoncées,
Airbus et Boeing devraient ainsi
livrer un peu plus de 500 chacun à
l’horizon 2022. Ce qui correspon-
drait au niveau de 2011. Et si Airbus
continuera de proposer plus de
monocouloirs, Boeing restera en
tête pour les livraisons de gros-por-
teurs long-courriers, grâce à une
gamme plus large (777, 787 et 767 vs
A350 et A330) et à son quasi-mono-
pole sur les avions-cargos. La crise
n’aura alors été qu’une parenthèse
dans un duopole durablement ins-
tallé.
( Lire « Crible »
Page 24
Irkut et Comac. Et l’appareil, qui pré-
tend concurrencer l’A350, n’a pas
non plus de moteurs à ce stade.
La seule opportunité offerte par
la crise serait la possibilité pour des
industriels chinois de remplacer
Boeing aux côtés du brésilien
Embraer. Une telle alliance permet-
trait à Comac de bénéficier du
savoir-faire et du réseau commer-
cial mondial d’Embraer. Toutefois,
Embraer avait déjà créé une coen-
treprise en Chine, il y a dix ans, pour
y produire des avions régionaux et
des jets d’affaires. Le brésilien avait
dû abandonner par manque de
clients, tandis que Comac avait tran-
quillement développé un modèle
concurrent. — B. T.
Les flottes
d’avions ne
seront plus
les mêmes
De nombreux appareils
retirés du service
au début de la crise
ne reverront jamais
un aéroport. La pandé-
mie a accéléré la fin
des quadriréacteurs dans
l’aviation commerciale
et le passage de témoin
aux biréacteurs.
La crise du coronavirus ne bou-
leversera peut-être pas la hié-
rarchie mondiale des avion-
neurs, mais elle aura fortement
contribué à modifier la
composition des flottes des
compagnies aériennes. Avec
deux principales victimes à son
tableau de chasse : l’Airbus
A380 et le Boeing 747. Cloués au
sol dans les premières semaines
de la crise sanitaire, la plupart
ne reverront pas les aéroports, à
l’instar des A380 d’Air France
ou des Boeing 747 de British
Airways. Pour l’heure, la seule
compagnie à encore offrir des
vols en A380 au départ de Paris
est Emirates. Quant au 747, il
n’en reste plus aucun en service
en France depuis le départ du
dernier de Corsair.
Les biréacteurs
avaient déjà
largement pris
le dessus avant
la pandémie.
En ajoutant à la liste des dis-
parus l’Airbus A340, la crise a
accéléré la fin des quadriréac-
teurs dans l’aviation commer-
ciale et le passage de témoin aux
biréacteurs – 787, 777, A330 et
A350 –, qui avaient déjà large-
ment pris le dessus avant la pan-
démie. La crise pourrait aussi
accélérer d’autres tendances,
telles que la montée en puis-
sance des appareils de taille
i n t e r m é di a i r e , a u to u r d e
300 sièges (Boeing 787, Airbus
A350-900), au détriment des
très gros porteurs de plus de
400 sièges comme les B777 et
l’A350-1000. Ou encore l’arrivée
des monocouloirs à long rayon
d’action, comme l’A321 XLR et le
B737-10, sur les lignes intercon-
tinentales, au détriment des
bicouloirs long-courriers.
Malgré la crise, la low cost
européenne Wizz Air s’apprête
ainsi à lancer, cet automne, des
vols en A321 au départ d’Abu
Dhabi vers cinq métropoles
d’Europe centrale. Derrière
cette évolution, c’est la prédomi-
nance des grandes plateformes
de correspondance européen-
nes comme Roissy-CDG qui
pourrait être progressivement
érodée, au profit des liaisons
sans escale entre aéroports
secondaires.
Mais aussi, par conséquent,
la puissance des grandes com-
pagnies de hub, qui ont déjà
bien du mal à maintenir leurs
lignes régionales face à la pres-
sion des low cost. Là encore, la
crise a également donné un
grand coup de faux en accélé-
rant la sortie de nombreux
appareils régionaux et l’arrivée
d’avions de nouvelle généra-
tion comme les A220 chez
Air France. — B. T.

Les Echos Lundi 24 août 2020
Plan de relance : la difficile équation
du ferroviaire
FERROVIAIRE
Pour le transport
ferroviaire, le plan
de relance présenté
la semaine prochaine
aura plutôt des airs
d’énième plan
de sauvetage.
Plusieurs sujets
concrets sont sur la
table, mais il n’est pas
sûr qu’ils répondent
vraiment à l’urgence
financière telle qu’elle
est ressentie dans
l’entreprise publique.
Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr
C’était il y a un an seulement : le nom
d’un certain Jean Castex circulait
pour la succession de Guillaume
Pepy à la SNCF, dans le cadre d’un
« ticket » avec Rachel Picard, l’ex-pa-
tronne des TGV, face à deux autres
candidats du sérail, dont Jean-
Pierre Farandou, alors patron de
Keolis, la filiale de transports
urbains de la SNCF.
La semaine prochaine, le pre-
mier, finalement installé à Mati-
gnon en juillet, devra expliquer au
second, désormais à la tête de l’opé-
rateur ferroviaire national, com-
bien de milliards il peut mobiliser
rapidement pour la relance du fer-
roviaire en général, et celle de la
En juin, l’association
4F, regroupant tous
les acteurs du fret
ferroviaire,
a rédigé un cahier
de doléances
d’un montant de
14 milliards d’euros.
SNCF en particulier. Sachant que
l’Etat, donc le contribuable, vient
déjà d’éponger en début d’année
25 milliards de dettes de l’entreprise,
pour la replacer sur des bases finan-
cières saines.
La crise sanitaire, qui a fait per-
dre à son entreprise 2,8 milliards
d’euros de résultat opérationnel, a
regonflé mécaniquement sa dette
et l’a conduite à réduire fortement
Uber et Lyft obtiennent un répit en Californie
TRANSPORT
La justice
californienne a
accordé un délai
aux numéros un
et deux des VTC pour
continuer leur activité.
Ce, en attendant que
leur appel contre une
décision les obligeant
à reclassifier leurs
travailleurs en salariés
soit examiné.
Anaïs Moutot
@AnaisMoutot
— Correspondante à San Francisco
Les Californiens continueront à
commander des Uber et Lyft pen-
dant encore quelque temps. Lors
d’une journée à rebondissements,
jeudi dernier, un tribunal a finale-
ment accordé un délai aux numé-
ros un et deux des véhicules de
transport avec chauffeurs (VTC). Ils
pourront poursuivre leurs opéra-
UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
La crise sanitaire a déjà fait perdre à la SNCF 2,8 milliards d’euros de résultat opérationnel. Photo Patrick Lévêque/Sipa
ses investissements dans la moder-
nisation du réseau, Jean-Pierre
Farandou a su se montrer patient.
Pendant que l’Etat pompier s’occu-
pait en urgence du sort de Renault
ou d’Air France avec des prêts sous
conditions, le successeur de
Guillaume Pepy a fait le tour de sa
tutelle (Bercy, Transports, Mati-
gnon), sur le thème « dites-moi ce
que vous pourrez me donner et, en
fonction de ça, ma stratégie sera
plus ou moins ambitieuse ». En
clair, l’actionnaire unique en aura
pour son argent en matière de
développement du ferroviaire, une
carte non négligeable dans la stra-
tégie de « Green Deal » poussée par
Bruxelles.
La part du rail français
Après l’automobile et l’aérien, est-ce
enfin le tour du rail français ? Même
si des signaux positifs sont attendus,
peu de choses filtrent sur les arbitra-
ges financiers. Pour rassurer le
monde cheminot et relancer le tra-
fic face à l’automobile, il faudra plus
que des mesurettes déjà promises,
dont certaines consternent jusqu’à
tions dans l’Etat le plus peuplé des
Etats-Unis, sans reclassifier leurs
chauffeurs en salariés, jusqu’à ce
que leur appel contre une décision
d’un juge les y obligeant la semaine
dernière soit examiné en octobre.
Les deux sociétés nées à San
Francisco doivent cependant pré-
parer un plan d’attaque pour trans-
former leurs « gig workers » en
salariés d’ici au 4 septembre.
Plus tôt dans la matinée, Lyft
avait annoncé l’arrêt de son activité
dès minuit dans l’Etat et Uber
menaçait de faire de même. Depuis
huit mois, les deux leaders des VTC
refusent d’appliquer la loi AB5. Ce
texte, adopté par le Parlement cali-
fornien et entré en vigueur en jan-
vier, transforme les travailleurs
indépendants en salariés si la
société exerce un contrôle sur eux
et qu’ils participent à l’activité prin-
cipale de l’entreprise.
L’Etat de Californie a poursuivi
les deux sociétés en justice en mai
pour non-application de la loi. La
semaine dernière, un juge avait
rejeté l’argumentaire d’Uber et de
Lyft selon lequel les chauffeurs ne
sont pas au cœur de leur activité car
l’état-major de la SNCF. Relancer
quelques lignes de trains de nuit,
comme le ministre des Transports,
Jean-Baptiste Djebbari, l’a promis ?
« Cela suppose le rachat de matériel
roulant, et ce n’est pas sûr que le
Capex soit ainsi utilisé au mieux »,
observe un dirigeant.
Promettre en 2020-2021 des allé-
gements de redevances sur les péa-
ges (sillons horaires) à tous les opé-
rateurs de fret, la SNCF comme ses
concurrents privés, qui détiennent
la moitié du marché français ? Une
ristourne chiffrée à 126 millions sur
deux ans… mais autant d’argent en
moins dans les caisses de SNCF
Réseau, qui en a grandement besoin
afin de moderniser ses installations.
En juin, l’association 4F, regrou-
pant tous les acteurs du fret ferro-
viaire, a rédigé un cahier de doléan-
ces, d’un montant de 14 milliards
d’euros, pour soutenir la filière et
remonter sa part de marché face
aux camions. Dont 11 milliards uni-
quement pour la modernisation du
réseau, très ancien à beaucoup
d’endroits. Alors que la dernière
ligne nouvelle de TGV, Tours-Bor-
elles ne sont pas des sociétés de
transport mais de simples platefor-
mes technologiques connectant
chauffeurs et passagers. Il avait
donné raison à l’Etat de Californie et
demandé aux sociétés de reclassi-
fier leurs chauffeurs avant ven-
dredi.
Le bras de fer atteint de nouveaux
sommets avec la récession écono-
mique engendrée par le Covid-19.
D’un côté, la pandémie a souligné la
précarité des chauffeurs, qui n’ont
pas droit aux mêmes protections
sociales que les salariés, notam-
ment aux assurances chômage et
maladie. Les contribuables califor-
niens ont financé le chômage d’une
partie des chauffeurs des VTC, Uber
– 67 %
LE RECUL
du chiffre d’affaires d’Uber issu
du transport de passagers au
deuxième trimestre par rapport
à la même période en 2019.
deaux, avait été confiée, pour la pre-
mière fois en 2010, à un concession-
n a i r e p r i vé , Vi n c i , d ’a u c u n s
s’étonnent au siège de la SNCF des
rumeurs sur la relance d’autres
lignes rapides nouvelles, comme le
TGV Paca Marseille-Nice ou la ligne
Montpellier-Perpignan, ensablée
sur le littoral languedocien depuis
des lustres. De tels projets à long
terme, dont le financement reste
encore à définir, n’auront pas
d’impact immédiat sur les comptes
de l’entreprise ferroviaire. Or, à tous
les étages, celle-ci est en mal de
financement immédiat : le fret, le
réseau, les TER et même les TGV,
d’ordinaire très rentables, qui n’ont
pas fait le plein cet été, au sortir du
confinement.
Délicat équilibre financier
Quand bien même l’Etat avance-
rait 5 milliards d’euros en faveur du
ferroviaire (montant avancé ven-
dredi par « L’Usine nouvelle »),
cela représenterait toujours moins
que les sommes mobilisées en
2019, dernier exercice d’avant-Co-
vid, uniquement pour la moderni-
et Lyft n’ayant pas cotisé pour eux.
De l’autre, une suspension des opé-
rations en Californie priverait
d’activité des centaines de milliers
de chauffeurs, alors que la crise éco-
nomique fait rage. Elle complique-
rait également les déplacements de
millions d’habitants, alors que les
transports publics sont réduits à la
portion congrue et de nombreuses
lignes menacées de disparition.
Coûts supplémentaires
Uber et Lyft craignent les coûts sup-
plémentaires associés au salariat,
alors que leur activité a déjà forte-
ment reculé avec le confinement et
le travail à domicile et qu’elles pei-
nent à devenir rentables. Le chiffre
d’affaires d’Uber issu du transport de
passagers a reculé de 67 % au
deuxième trimestre par rapport à la
même période en 2019.
L’entreprise estime qu’elle ne
pourra embaucher qu’un quart de
ses plus de 200.000 chauffeurs cali-
forniens et devra augmenter ses
prix. La Californie représentait 9 %
des trajets d’Uber avant la pandémie
et 20 % de ceux de Lyft. « Ce change-
ment nécessiterait une refonte totale
ENTREPRISES // 13
sation du réseau national, soit
5,7 milliards.
L’apparition de la pandémie a mis
à mal le délicat équilibre financier
du système ferroviaire français.
L’Afitf, l’établissement public
chargé du financement des infras-
tructures de transport, a vu ses res-
sources amputées d’au moins
400 millions d’euros depuis le début
de la crise sanitaire, avec une chute
simultanée des amendes routières
(radars), des taxes sur les ventes de
carburants (TICPE) et l’annulation
d’une taxe sur les billets d’avion.
A contrario, les effets dévasta-
teurs de la pandémie pourraient
conduire Bruxelles à assouplir son
approche sur les aides d’Etat. Le
7 août dernier, la Commission euro-
péenne a approuvé sans réserve
une aide de 6 milliards d’euros de
l’Allemagne en faveur de ses
réseaux de transports publics
régionaux et locaux, pour indemni-
ser les entreprises des pertes de
recettes du 1er mars au 31 août, soit
bien après le confinement. Un
signal encourageant pour le côté
français, selon un député LREM. n
de notre modèle d’entreprise, ce qui ne
peut pas se faire du jour au lende-
main », a déclaré Lyft dans un com-
muniqué. Le rival d’Uber estime que
cette réforme conduirait 80 % des
chauffeurs à perdre leur travail et
que « les autres auraient des horaires
de travail fixes et un salaire horaire
plafonné ».
Pour le conseiller municipal de
San Francisco Matt Haney, la
menace de suspension de leurs opé-
rations est un « stratagème cynique »
des deux groupes visant à « forcer »
les habitants de Californie à voter
pour leur proposition de référen-
dum en novembre. Celle-ci amélio-
rerait les protections offertes aux
chauffeurs (120 % du salaire mini-
mum garanti, aide pour acheter une
assurance-maladie dans certains
cas…), sans toutefois leur donner le
statut de salarié. Plusieurs entrepri-
ses de la « gig economy », dont Uber,
Lyft et Instacart, ont créé un fonds
de plus de 100 millions de dollars
pour financer cette campagne et
recueillir le nombre de signatures et
de votes suffisants. Un vote en leur
faveur l’emporterait sur le texte voté
par les députés. n
à suivre
Casino vend 5 %
de sa foncière
Mercialys
DISTRIBUTION Le groupe
Casino a annoncé avoir cédé
5 % de la foncière Mercialys,
spécialisée dans les centres
commerciaux. L’opération,
qui lui permettra d’encaisser
26 millions d’euros de pro-
duits de cession, fera tomber
sa participation à 20,3 % des
droits de vote. Le distributeur
est engagé dans un vaste plan
de cessions de 4,5 milliards
d’euros d’ici à 2021, destiné
à réduire son endettement.
Il a notamment cédé trois
entrepôts et 567 enseignes de
sa marque discount Leader
Price en mars, ainsi que le
distributeur réunionnais
Vindémia en juin, portant
le total des cessions au pre-
mier semestre à 2,8 milliards
d’euros.
Soupçon de fraude
aux cigarettes
mentholées
TABAC British American
Tobacco accuse ses concur-
rents de vendre des cigaret-
tes « contenant du men-
thol », en opposition avec la
législation de l’Union Euro-
péenne. D’après « Le Pari-
sien », certains fabricants
utiliseraient un vide juridi-
que. La loi interdit en effet les
cigarettes contenant un
« arôme caractérisant »,
mais pas « chimiquement la
présence de menthol ». Le
géant britannique accuse
notamment Japan Tobacco
International, qui se défend
de toute illégalité. En France,
plusieurs cigarettiers ont
alerté le ministère de la
Santé, qui a lancé une
enquête.
Airbnb
sous pression à
l’approche de son
entrée en Bourse
HÔTELLERIE Airbnb a inter-
dit les fêtes et les événements
dans les biens qu’elle réperto-
rie sur son site, afin de lutter
contre la pandémie de coro-
navirus. La nouvelle régle-
mentation limite le nombre
d’occupants à 16, exposant les
hôtes ou invités qui tentent de
contourner les règles à une
exclusion de la communauté
d’Airbnb, voire à des poursui-
tes judiciaires. Ces mesures
interviennent alors qu’Air-
bnb a déposé une demande
d’introduction en B ourse
auprès des régulateurs amé-
ricains, ouvrant la voie à l’une
des plus importantes intro-
ductions de 2020.
Etats-Unis : la
Chambre vote un
plan pour la poste
SERVICE La Chambre des
représentants américaine a
voté samedi un texte pré-
voyant une aide de 25 mil-
liards de dollars à la poste
américaine (USPS). Donald
Trump dénonce depuis des
semaines un vaste recours au
vote par correspondance,
criant au risque de fraude lors
du scrutin du 3 novembre.
Mais ses opposants l’accusent
de vouloir en réalité empê-
cher un mode de vote qui
pourrait être favorable à son
adversaire démocrate, Joe
Biden. La poste américaine
est lourdement déficitaire. Ce
qui a pour conséquence de
ralentir la distribution du
courrier. La Maison-Blanche
va mettre son veto à ce texte,
que le Sénat devrait rejeter.

14 // ENTREPRISES
Distribution de
colis : La Poste vise
le marché allemand
SERVICES
A travers sa filiale
GeoPost, le groupe
de Philippe Wahl
a fait une offre
pour reprendre la
majorité des parts
de son concurrent
allemand Hermes.
Mais les activités
britanniques
du même messager
sont parties
chez un fonds
d’investissement.
Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr
Au moment où le marché euro-
péen de la distribution de colis
explose avec l’essor du com-
merce en ligne depuis le début
de la crise sanitaire, La Poste
cherche à s’offrir l’un de ses
principaux concurrents sur le
très stratégique marché alle-
mand. A travers sa filiale spécia-
lisée GeoPost, le groupe public
français a récemment fait une
offre pour prendre le contrôle
d’Hermes en Allemagne, selon
une information du « Monde »
qui n’a pas été démentie, ven-
dredi, au siège de l’entreprise.
Hermes Allemagne, le
numéro deux du secteur dans
son pays avec 20 % des parts
domestiques derrière l’incon-
tournable Deutsche Post DHL,
est contrôlé par Otto Group,
l’ex-numéro un mondial de la
vente par correspondance. Her-
mes est également présent dans
d’autres pays dont la France, la
Russie, le Royaume-Uni ou
l’Autriche, mais cette offre sem-
ble centrée uniquement sur les
opérations allemandes.
Peser face aux géants
de la messagerie
La Poste proposerait à Otto de
créer une coentreprise, qui
serait contrôlée par GeoPost et
qui coifferait les activités res-
pectives de DPD et Hermes
outre-Rhin. Ce qui permettrait
de peser beaucoup plus lourd
sur le premier marché euro-
péen, face aux géants de la mes-
sagerie internationale, comme
FedEx, UPS ou DHL.
L’affaire, qui n’est pas encore
conclue, remonte plusieurs
mois en arrière. En mai dernier,
Otto Group annonçait en même
temps que ses résultats annuels
Christophe FANICHeT
PDG de SNCF Voyageurs
et DGa Numérique
DU GROUPe SNCF
JULIeN NICOLAS
DG de e.VoyageurS SNCF
Mardi 22 septembre 2020 à 18h00
SNCF : Enjeux et perspectives de la rentrée ?
Informations et inscriptions :
www.lesechos-digital.fr
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un accord en vue de céder au
fonds d’investissement Advent
International 75 % des parts
d’Hermes en Grande-Bretagne
(Hermes UK) et 25 % d’Hermes
Deutschland.
Il semble d’ailleurs que la
Poste française avait déjà candi-
daté outre-Manche à l’époque.
Mais ce double accord, ratifié
définitivement début août,
laisse toujours la porte ouverte
en Allemagne au groupe de Phi-
lippe Wahl, si Otto est toujours
enclin à céder le contrôle de ses
activités.
Pour La Poste, il s’agirait his-
toriquement du deuxième gros
coup outre-Rhin, après l’acqui-
sition… d’un certain DPD, en
2 0 0 1 . C e d e r n i e r, q u i e s t
aujourd’hui une marque
ombrelle et un des piliers de
GeoPost, un groupe de messa-
gerie présent dans 47 pays, était
à l’origine germanique, son logo
signifiant au départ Deutsche
Paketdienst (service allemand
de colis).
Récemment déjà,
GeoPost a procédé
à plusieurs rachats
qui ont gonflé
son activité
en Italie (BRT)
et en ex-
Tchécoslovaquie
(groupe Geis).
Récemment déjà, GeoPost a
procédé à plusieurs rachats qui
ont gonflé son activité en Italie
(BRT) et en ex-Tchécoslovaquie
(groupe Geis). Tandis que l’irré-
médiable déclin du courrier
tend à s’accélérer depuis la crise
sanitaire – notamment avec le
confinement –, les colis se por-
tent beaucoup mieux, particu-
lièrement sur le segment des
livraisons aux particuliers
(B to C), qui a pris le dessus sur
les échanges d’entreprise à
entreprise (B to B).
Avec la crise sanitaire, cette
activité a bondi de 45 % à 60 %
de l’activité totale de GeoPost,
qui coiffe non seulement DPD
mais ausi Chronopost. Elle
devrait à l’avenir rester majori-
taire. GeoPost a livré 1,3 milliard
de colis l’an dernier et réalisé
7,8 milliards d’euros de chiffres
d’affaires, soit 30 % de celui de
La Poste, mais sa part relative
dans l’activité courrier-colis
devrait grossir encore très lar-
gement cette année. n
Evénement co-organisé avec :
Contraception : Bayer met 1,6 milliard
de dollars sur la table aux Etats-Unis
SANTÉ
Le géant allemand a
annoncé jeudi soir qu’il
allait verser 1,6 mil-
liard de dollars pour
clore « 90 % des près
de 39.000 plaintes »
déposées contre son
dispositif de contra-
ception définitive
Essure aux Etats-Unis.
Une fois de plus Bayer passe à la
caisse outre-Atlantique. Après avoir
conclu un accord de 10,9 milliards
de dollars en juin dernier pour met-
tre un terme aux procédures améri-
caines concernant le Roundup, le
géant pharmaceutique allemand a
annoncé jeudi qu’il allait débourser
1,6 milliard de dollars (1,35 milliard
d’euros), pour clore « 90 % des près
de 39.000 plaintes » déposées
contre son dispositif de contracep-
tion définitive Essure.
Conscient des risques d’image
qu’entraînent ces litiges, après trois
procès perdus pour le Roundup,
Bayer préfère sortir son carnet de
chèques plutôt que de risquer
d’avoir à reconnaître sa culpabilité.
Le groupe avait à cet effet provi-
sionné au deuxième trimestre
14,7 milliards de dollars (12,5 mil-
liards d’euros) dans ses comptes.
L’ensemble des litiges sur ses diffé-
rents produits (400 millions de plus
pour le pesticide Dicamba et
820 millions pour la pollution au
polychlorobiphényle dans l’eau) lui
ont ces derniers mois coûté près de
13,6 milliards de dollars.
L’accord sur Essure, qui dépasse
le montant déboursé en 2013 pour
acquérir le fabricant de ce contra-
ceptif féminin (1,1 milliard de dol-
lars), n’a cependant pas d’effet sur
les plaintes déposées dans les
autres pays, précise le groupe dans
un communiqué. Bayer assure être
en discussion avec les plaignantes
La cession de Bio c’ Bon
ouverte à plusieurs repreneurs
DISTRIBUTION
Les propriétaires ont
opté pour une procé-
dure de cession accélé-
rée ; cinq candidats
sont sur les rangs.
Dans ses comptes du deuxième trimestre, le géant pharmaceutique avait provisionné 1,25 milliard
d’euros (1,48 milliard de dollars) pour anticiper le risque de plaintes relatives à Essure.
n’ayant pas accepté l’accord. Dans
ses comptes du deuxième trimes-
tre, le géant pharmaceutique avait
provisionné 1,25 milliard d’euros
(1,48 milliard de dollars) pour anti-
ciper le risque de plaintes relatives à
Essure.
Commercialisation stoppée
La commercialisation d’Essure,
implant de contraception définitif
présenté comme une alternative à la
ligature des trompes, avait été arrê-
tée en septembre 2017 partout sauf
aux Etats-Unis, où elle n’a cessé qu’en
2018. Le groupe avait alors expliqué
que l’arrêt de la commercialisation
était dû au « déclin des ventes ».
Des utilisatrices, notamment en
France et aux Etats-Unis, se plai-
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
Bio c’ Bon ne tombera pas forcément
dans l’escarcelle de la famille Zouari,
le propriétaire de Picard. La négocia-
tion exclusive annoncée le 25 juin a
été frappée de caducité par le choix
des propriétaires de la chaîne de
magasins bio de procéder à une ces-
sion accélérée sous l’égide du tribu-
nal de commerce. Selon nos infor-
mations, les membres du comité
social et économique de l’entreprise
en ont été officiellement informés
vendredi. C’est le magazine « LSA »
qui a révélé ce rebondissement jeudi,
confirmé samedi par le groupe.
Carrefour bien intéressé
La donne change pour les 158 points
de vente. « De nombreuses marques
d’intérêt ont été reçues – cinq à ce jour
– laissant augurer d’une issue positive
qui pourrait intervenir dans le cadre
d’une cession accélérée », a indiqué
Thierry Chouraqui, le président de
Bio c’ Bon. La famille Zouari reste sur
les rangs. Elle « a remis une offre » et,
par celle-ci, elle « propose de mettre
en œuvre un projet industriel et écono-
mique visant à préserver l’intégrité de
Bio c’ Bon et ses emplois, et à impulser
une nouvelle dynamique de dévelop-
pement », indique un communiqué
de la structure familiale de Moez
Zouari en date du 21 août.
Carrefour, Casino, La Vie Claire
et Biocoop seraient intéressés, dit
« LSA ». Selon nos informations, ce
serait bien le cas de Carrefour. Les
quatre groupes sont des acteurs
majeurs du marché français du bio.
Lundi 24 août 2020 Les Echos
gnent d’effets indésirables parfois
graves survenus après leur implan-
tation (saignements, douleurs,
forte fatigue, réaction allergique,
dépression…) et persistants, y com-
pris après le retrait de l’implant.
L’agence américaine du médica-
ment (FDA) avait demandé en
avril 2018 à Bayer de limiter la vente
de ce dispositif aux seuls praticiens
s’engageant à mettre en garde leurs
patients sur le risque élevé d’effets
secondaires. Elle avait mentionné
26.773 « rejets et problèmes » liés à
Essure rapportés entre novem-
bre 2002 et janvier 2018.
En France, l’Agence nationale de
sécurité du médicament (ANSM)
avait préconisé en 2017 « par
mesure de précaution de ne plus
Biocoop domine les spécialistes. La
Vie Claire est une enseigne histori-
que. Carrefour développe Carrefour
Bio et a racheté So Bio. Casino pos-
sède Naturalia, l’autre grand spécia-
liste, via Monoprix. La famille
Zouari est proche de Casino puis-
qu’elle est encore présente dans
300 points de vente franchisés du
groupe, dont de nombreux
Franprix. L’accélération du projet de
cession serait motivée par la situa-
tion économique de Bio c’ Bon. En
mars dernier, « LSA » faisait état de
difficultés financières incluant des
retards de paiement des fournis-
seurs et évoquait une vente, voire un
dépôt de bilan. Des difficultés ampli-
fiées par la pandémie « qui a eu pour
effet le départ massif de la clientèle
citadine des centres-villes depuis la fin
du printemps, en particulier à Paris »,
indique l’entreprise. Ce qui l’a
conduite a chercher un « adossement
à un groupe de premier ordre ».
Les possibles repreneurs devront
toutefois se frayer un chemin dans
« [La pandémie]
a eu pour effet
le départ massif
de la clientèle
citadine des
centres-villes
depuis la fin du
printemps, en
particulier à Paris ».
BIO C’ BON
Hannelore Foerster/Bloomberg
implanter » Essure, et demandé aux
laboratoires de « procéder au rappel
des produits en stock ». Commercia-
lisé en 2002, le dispositif avait été
placé sous surveillance renforcée
en 2015 par l’ANSM.
Plusieurs actions sont en cours
dans l’Hexagone. Une plainte au
pénal a été déposée, et une action de
groupe au civil regroupe plusieurs
centaines de patientes. Par ailleurs,
quatre anciennes porteuses
d’Essure ont annoncé en février
vouloir « agir contre l’Etat », récla-
mant notamment une étude indé-
pendante et des indemnisations.
S elon leur avocat, environ
200.000 femmes en France ont été
implantées.
— T. C. et N. R.
les méandres des structures qui
détiennent Bio c’ Bon. L’enseigne,
qui générait en 2018 150 millions de
chiffre d’affaires, a été fondée en
2008 par Thierry Brissaud. Son
capital est détenu par le fondateur et
la société d’investissement Marne &
Finance de Thierry Chouraqui. Cel-
le-là a proposé à des particuliers
d’investir directement dans Bio c’
Bon. Ils détiennent 25 % du capital.
Echeveau
L’AMF a alerté le 27 juillet 2018 les
associations de conseillers en inves-
tissements financiers sur le disposi-
tif de Marne & Finance. Les particu-
liers se voient proposer des parts
dans les sociétés d’exploitation des
magasins ainsi que dans les locaux
de ces magasins avec une garantie
de rachat en cas de problème. Le
courrier de l’AMF évoque « un enga-
gement de rachat [des] parts sociales
ou actions par Marne & Finance […] à
l’issue d’une période de blocage pré-
définie, à hauteur du capital investi
majoré d’un rendement annuel de
6 % ». Dans une deuxième lettre du
20 décembre 2018, le président de
l’AMF, Robert Ophèle, tout en indi-
quant « qu’il n’y avait pas lieu à la
notification de griefs », écrivait que
des « lacunes » avaient été signalées
à Marne & Finance. Premier risque
évoqué : que le promettant n’ait pas
les moyens de racheter les parts.
Interrogée par « Les Echos »,
Marne & Finance affirme bien
informer ses clients de tous les ris-
ques encourus. Les repreneurs de
Bio c’ Bon devront toutefois démê-
ler cet écheveau. n

Les Echos Lundi 24 août 2020
Le confinement a conforté la demande
de logements en « coliving »
l Flexible et riche en services,
cette formule de colocation
améliorée, prisée des jeunes actifs,
apporte aussi de la convivialité.
l Elle est également adaptée
à des parcours professionnels
plus chahutés qu’auparavant.
IMMOBILIER
Elsa Dicharry
@dicharry_e
« Marre d’habiter seul un studio de
9 mètres carrés ! Pour le même prix,
je préfère profiter d’un logement plus
grand, quitte à partager une partie
de l’espace. » Ce constat, Magalie
Safar, présidente et cofondatrice de
la start-up Koliving, née en 2018 et
aujourd’hui présente dans 22 villes,
dit l’avoir entendu de nombreuses
fois ces derniers mois. « Au bout de
trois semaines de confinement, nous
enregistrions déjà 30 % de demandes
supplémentaires de la part de locatai-
res. Depuis, cette tendance se main-
tient », explique-t-elle, soulignant
même que toutes les sollicitations
ne peuvent être satisfaites.
Pratique, le « coliving », formule
de colocation améliorée particuliè-
rement prisée des jeunes actifs et des
étudiants, permet aussi de rompre
avec la solitude. Elle correspond
bien aux attentes des nouvelles
générations qui privilégient la flexi-
bilité et l’accès aux services, et res-
tent locataires plus longtemps que
leurs aînés. Elle consiste à louer une
chambre meublée et éventuelle-
ment une salle de bains, voire une
kitchenette, et à partager des pièces
à vivre. Soit dans un grand apparte-
ment ou une maison subdivisés et
spécialement aménagés, soit dans
une résidence spécifique.
Formule « tout inclus »
La formule est « tout inclus », avec
accès à Internet haut débit, électri-
cité… Elle permet de bénéficier d’un
certain nombre de ser vices –
ménage, entretien du linge, livrai-
son des courses, dépannage en
plomberie ou en électricité, etc.
« Nous externalisons le conflit ! »
résume Magalie Safar, alors qu’en
colocation le partage des tâches
peut rapidement virer au crêpage de
Les poids lourds du secteur s’intéressent au concept
Bouygues, Vinci ou Altarea
ont lancé des projets
de résidences en coliving
pour répondre aux attentes
spécifiques des jeunes actifs.
Tous croient au développe-
ment de ce marché encore
naissant de la colocation
de nouvelle génération.
De plus en plus d’acteurs s’intéres-
sent au coliving. Après les pionniers
Colonies, Sharies ou The Babel Com-
munity, filiale du groupe immobilier
Axis, après les spécialistes de la rési-
dence étudiante, comme Kley ou
HPC, c’est au tour d’acteurs de
l’immobilier résidentiel d’entrer sur
ce marché encore embryonnaire
mais en plein développement.
« On voit de plus en plus de projets,
dont certains de taille significative,
lancés par des promoteurs », résume
le directeur de l’immobilier résiden-
tiel chez CBRE, Mathieu Guillebault.
Il évoque la livraison en 2019 du
campus Ecla à Massy-Palaiseau,
porté par Océanis. Ou le projet de
résidence de Paris-Saclay de Dema-
thieu Bard Immobilier, dont la
livraison est prévue en 2022.
Les poids lourds de la promotion
immobilière se laissent aussi appâ-
ter par le coliving, une formule de
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chignon. Certains spécialistes du
coliving vont même plus loin en pro-
posant l’accès à une salle de sport, à
un bar communautaire, à une salle
de cinéma, à une bibliothèque ou
même à des bureaux partagés.
Pas d’engagement
de long terme
C’est le cas de The Babel Commu-
nity, implanté dans le sud de la
France, qui a ouvert en 2017 sa pre-
mière résidence à Marseille. « Nos
clients recherchent de la convivialité
et une solution ultraflexible, sans
s’engager sur le long terme », résume
son cofondateur, Benoît Jobert. Si
lui n’a pas constaté de hausse de la
demande après le confinement, il
estime que l’attente initiale est
encore plus forte après la crise sani-
taire. Idem pour Colonies, l’un des
pionniers sur ce secteur en France,
pour l’heure uniquement présent à
Paris, mais en passe de s’installer à
Lille, Marseille, Bordeaux et Mont-
pellier. L’expérience du confine-
ment a « accéléré l’éducation du mar-
ché », estime son cofondateur,
Alexandre Martin.
Il souligne aussi à quel point la
formule est adaptée aux contraintes
professionnelles du moment. « On
est plus souvent en période d’essai, en
contrat court, plus souvent en transi-
tion… » souligne-t-il. Or le marché
traditionnel de la location ne tient
absolument pas compte de ces évo-
lutions et impose de présenter une
multitude de fiches de paie ou
feuilles d’imposition pour espérer
décrocher un logement. « Nous,
nous avons ouvert le spectre », pour-
suit-il, en laissant leur chance à
d’autres candidats. Autre atout à
l’heure où le travail à distance se
développe, les logements en coliving
sont en général « adaptés au télétra-
vail, avec une connexion Internet qui
tient la route, de l’espace, et même la
possibilité de créer un coin bureau »,
note encore Vincent Desruelles,
directeur d’études chez Xerfi.
colocation « tout inclus » et enrichie
de services qui séduit les jeunes
générations. Et répond à « un vrai
problème dans le parcours résiden-
tiel, entre la fin des études et la stabili-
sation dans la vie professionnelle et
personnelle », où l’accès au marché
de la location traditionnelle s’avère
complexe, note Augustin Rousseau,
directeur de l’offre coliving de Bou-
ygues Immobilier.
Le promoteur travaille depuis
deux ans à lancer des résidences de
ce type. Il a créé une marque – Kou-
mkwat –, mais prévoit de créer une
filiale spécialisée dans les six mois.
« Nous avons validé notre concept,
sécurisé un premier site à Nice et une
dizaine d’autres sont à l’étude »,
poursuit-il. Une première ouverture
est programmée en 2022.
Diversifier son portefeuille
Chez Bouygues Immobilier, on
considère qu’il s’agit d’une diversifi-
cation naturelle pour les promo-
teurs, lesquels ne se contentent plus
d’être des constructeurs. « Nous
investissons toute la chaîne de valeur
immobilière et nous nous position-
nons en aval, sur la gestion des espaces
une fois que nous les avons construits.
Le coliving s’inscrit dans cette straté-
gie », explique Augustin Rousseau.
Le coliving correspond bien aux attentes des nouvelles générations qui privilégient la flexibilité et l’accès aux services.
Côté prix, la formule est plutôt
attractive, même si la proposition de
services fait parfois monter la fac-
ture. Dans une étude publiée en
2019, CBRE estimait à 850 euros par
mois le coût moyen d’un logement
en coliving. Soit l’équivalent du tarif
en résidence étudiante, contre
1.005 euros pour un résidentiel meu-
blé classique et 2.400 euros par mois
pour un Appart’hôtel. C’est d’ailleurs
ce qui explique que certaines entre-
prises, qui se tournaient jusqu’à pré-
sent vers des Appart’hôtel pour
loger des salariés en mission pour
quelques mois dans une ville, optent
plutôt désormais pour du coliving.
D’autres publics choisissent aussi
ces colocations nouvelle version,
comme les personnes en rupture
amoureuse. De quoi attirer de nou-
veaux acteurs et investisseurs sur ce
marché encore jeune. n
Son concurrent Vinci Immobilier
a aussi créé en 2019 sa marque de
coliving, baptisée « Bikube ». « Nous
avions déjà des résidences seniors ou
étudiantes, avec des espaces partagés
et des services, sortes de laboratoires
de coliving », note la directrice du
projet, Emilie Schlageter. Trois pre-
mières résidences devraient être
livrées entre 2023 et 2024 à Montpel-
lier, Lyon et dans une commune des
Hauts-de-Seine. « Il s’agit d’accom-
pagner le développement des villes de
demain en diversifiant l’offre résiden-
tielle pour répondre aux demandes de
chacun. Nous sommes vraiment per-
suadés que le coliving va se démocrati-
ser », assure-t-elle. Même conviction
chez Altarea, qui a déposé fin 2019
son premier permis de construire
pour un projet à Montreuil (Seine-
Saint-Denis) et espère l’obtenir à la
r e n t r é e . « N o u s t ra v a i l l o n s
aujourd’hui avec nos développeurs –
ceux qui recherchent du foncier,
NDLR – afin qu’ils puissent intégrer
du coliving dans leur programma-
tion », explique le directeur de
l’innovation du promoteur, Maxime
Lanquetuit. Il estime que cette for-
mule permet de répondre aux atten-
tes d’une nouvelle clientèle.
Parmi les nouveaux entrants, on
trouve également des investisseurs.
« Au bout
de trois semaines
de confinement,
nous enregistrions
déjà 30 %
de demandes
supplémentaires
de la part
de locataires.
Depuis,
cette tendance
se maintient. »
MAGALIE SAFAR
Présidente et cofondatrice
de la start-up Koliving
La société de gestion immobilière
La Française a investi fin 2019 dans
un immeuble géré à Marseille par
The Babel Community. Les institu-
tionnels Ivanhoé Cambridge et
Bouwinvest se sont associés à
Greystar, en juin dernier, afin de
financer l’acquisition et le dévelop-
pement d’actifs destinés aux jeunes
– incluant du coliving. Ces investis-
seurs « cherchent à diversifier leur
portefeuille d’activités, ils prennent
pied sur un nouveau produit », note
Vincent Desruelles, directeur
d’études chez Xerfi.
« Des fonds dédiés au coliving sont
en cours de montage et devraient voir
le jour entre septembre et fin 2020 »,
souligne de son côté Mathieu Guille-
bault. A la tête du fonds d’investisse-
ment Idinvest Partners, Robin Riva-
ton dit croire très fort dans cette
formule. « Le ressort du coliving, c’est
que de plus en plus d’habitants des
grandes villes vivent seuls », note ce
dernier. « Ce qui m’intéresse, pour-
suit-il, ce sont les opérateurs qui sont
capables d’adapter les lieux existants
à la vraie demande du public. » Enfin,
des acteurs internationaux comme
Urban Campus ou Quarters s’inté-
ressent aussi à ce marché en France.
De quoi assurer une certaine anima-
tion dans les mois à venir. — E. Di.
ENTREPRISES // 15
A Palaiseau, le campus
Ecla dépoussière
le logement étudiant
Situé à 10 minutes
de la gare de Massy-
Palaiseau, Ecla propose
une offre de coliving
au sein d’un campus
de 40.000 mètres carrés.
Léa Sirot
@LeaSirot
C’est une résidence étudiante pas
comme les autres. Après trois ans
de travaux et une première
ouverture en septembre 2018,
Ecla propose, depuis la rentrée
2019, 961 logements avec services
dans sa résidence de Massy-Palai-
seau, en plein hub universitaire,
réunissant grandes écoles (ENS,
Polytechnique, etc.) et instituts de
recherche (CNRS, Inra). Plus de
1.000 habitants ont pu tester cette
année son offre de coliving, qui va
d’une place en dortoir au T5, en
passant par le studio.
Tout résident a une carte qui lui
sert de clé pour ouvrir son appar-
tement et accéder aux services.
Chaque chambre, du studio au T5,
comprend une salle de bains et
des toilettes privatifs, les grands
appartements ont une pièce à
vivre et une cuisine communes.
Le prix d’entrée est de 350 euros
pour le lit en dortoir et peut grim-
per à 1.100 euros, selon les dimen-
sions et le type de logement. Tou-
tes les chambres sont meublées, il
ne reste plus qu’à poser ses valises.
Point de rencontre
Dans cet ensemble de 40.000
mètres carrés, 3.200 mètres car-
rés sont consacrés aux parties
communes. Une fois franchie la
porte d’entrée, le rez-de-chaussée
s’ouvre sur un espace « food and
lounge » avec un bar, un coin
street-food, des grandes tables
pour se restaurer ou travailler et
un espace détente. Les résidents
disposent aussi d’une salle de
sport, ouverte de 5 heures à 2 heu-
res du matin et équipée d’appa-
The Babel Community
reils dernier cri, d’un studio de
musique, d’une salle d’e-sport
pour les fans de jeux vidéo ou
d’une mini salle de cinéma privée.
Les locataires peuvent aussi béné-
ficier de services à la carte (presta-
tion de ménage...), à réserver à par-
tir d’un smartphone.
En novembre, la résidence était
occupée par 1.200 personnes
(35 % de Français, 65 % d’étran-
gers) pour une capacité d’accueil
totale de 1.300 lits, et remplie à
90 % d’étudiants. Mais Ecla ne
leur est pas réservé, les actifs peu-
vent aussi y vivre ou se servir des
espaces communs. Il est possible
de louer un logement, pour un
minimum de quatre nuits ou pour
plusieurs mois.
En novembre,
la résidence
était occupée
par 1.200 personnes
pour une capacité
d’accueil de 1.300 lits.
Sur ce projet, le promoteur,
Grand M Group (ex-HPC), a aussi
pensé à diversifier son modèle
économique au-delà de l’hôtelle-
rie ou de la résidence universi-
taire. Certains espaces peuvent
être réservés par des entreprises,
pour des apéritifs, des soirées afte-
rwork, des séminaires, des réu-
nions. A l’image de l’agora, grande
salle encadrée de baies vitrées, où
flotte un air de Silicon Valley. C’est
un lieu connecté, avec des espaces
de détente, un immense écran
pour les soirées films ou les événe-
ments sportifs, une table de ping-
pong, un billard, un baby-foot.
« Cet espace est ouvert tous les jours
et 24 heures sur 24 », explique le
directeur. Deux campus du même
type devraient bientôt sortir de
terre en Ile-de-France à Villejuif et
à Noisy-le-Grand. n

HIGH-TECH&MEDIAS
La presse américaine conteste à son
tour les conditions de l’Apple Store
l Les éditeurs de presse comme
le « New York Times » ou le « Wall
Street Journal » demandent
à renégocier la commission de 30 %
prélevée par la marque à la pomme.
l La France est également concernée.
PRESSE
Nicolas Madelaine (avec AFP)
@NLMadelaine
Epic Games, l’éditeur du jeu Fort-
nite, lui a intenté un procès, Face-
book l’a attaqué dans un communi-
qué, et maintenant la presse
américaine lui fait part de ses
doléances : Apple fait face à une
pression croissante de la part des
entreprises présentes sur l’App
Store, passage obligé pour accéder
aux consommateurs sur les smart-
phones et tablettes de la marque.
Digital Content Next (DCN), une
organisation professionnelle repré-
sentant de nombreux médias amé-
ricains, dont le « New York Times »,
le « Washington Post », le « Wall
Street Journal », des télévisions et
des radios, a adressé un courrier
jeudi à Tim Cook, le patron du
groupe californien, pour lui deman-
der comment ses membres pour-
raient obtenir de meilleures condi-
tions. « Les termes de la place de
marché unique d’Apple impactent
fortement la capacité de [nos] mem-
bres à investir dans de l’information
fiable et dans du divertissement de
qualité, surtout face à des concurrents
plus puissants », argumentent-ils.
Des exceptions
Contractuellement, les déve-
loppeurs paient aux plateformes
de téléchargement des applis
– l’App Store et le Google Play Store,
principalement – une commission
de 30 % sur les transactions des uti-
lisateurs. Mais il existe des excep-
tions, et le pourcentage baisse à 15 %
la deuxième année pour certains
abonnements. Apple estime que
ces commissions sont la juste
rémunération de sa puissance de
distribution.
La même question se pose pour
les éditeurs de presse français.
Apple y pratique la même politique
de commission que dans le reste du
monde. « Certains jours, les recrute-
ments d’abonnés via le store d’Apple
ou celui de Google représentent 40 %
à 50 % du total, explique Marc
Feuillée, directeur général du
“Figaro”. Nos revenus sont donc
RGPD : la sanction contre Twitter retardée par les désaccords
entre CNIL européennes
DONNÉES
La CNIL irlandaise
devait infliger une
amende à Twitter,
sa première sanction
d’un géant de la tech
au titre du RGPD.
Mais les autres CNIL du
bloc n’ont pas validé sa
décision préliminaire.
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
C’est sans doute l’amende la plus
attendue dans le monde de la tech.
Depuis des mois, la CNIL (Commis-
UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
ponctionnés comme ceux des édi-
teurs américains et il n’est pas facile
d’encourager les gens à s’abonner via
nos sites, car ils ont leurs coordon-
nées bancaires déjà inscrites dans ces
stores. » Le stock des abonnés pas-
sés via les stores est inférieur à 40 %,
mais c’est une partie notable du por-
tefeuille. « Cette commission impor-
tante est un des sujets à traiter avec
les Gafa, aux côtés par exemple du
droit voisin », précise Marc Feuillée.
Les organes de presse américains se
comparent à Amazon Prime Video,
le service de streaming du géant du
commerce en ligne, qui ne verse
que 15 % de commission par abon-
nement à Apple.
Apple fait face à une
pression croissante
de la part des
entreprises présentes
sur l’App Store.
Epic Games a tenté la semaine
dernière d’installer un système de
paiement alternatif dans son appli-
cation, pour contourner ceux instal-
lés par défaut. Apple et Google ont
immédiatement retiré Fortnite de
leurs stores… Epic Games les pour-
suit en justice, les accusant de prati-
ques anticoncurrentielles. Apple
menacerait aussi de rendre incom-
patibles ce jeu vidéo à succès et le
moteur graphique 3D Unreal
Engine d’Epic avec les prochaines
mises à jour de l’iPhone. Facebook,
de son côté, a tenté de négocier avec
Apple pour un nouvel outil d’organi-
sation d’événements en ligne
payants, censés bénéficier aux PME
en difficulté. En vain.
Le courrier de la DCN fait réfé-
rence à des propos de Tim Cook lors
d’une audition des patrons des
géants de la tech par une commis-
sion de la Chambre des représen-
tants à la fin juillet. Le dirigeant avait
alors admis que l’arrangement
passé avec Amazon (dont le fonda-
teur est propriétaire du « Washing-
ton Post ») était possible avec
d’autres sociétés « qui rempliraient
les conditions ». Les médias améri-
cains aimeraient désormais connaî-
tre la nature de ces conditions. n
sion nationale de l’informatique et
des libertés) irlandaise a prévu de
sanctionner Twitter pour infrac-
tion au RGPD. En novembre 2019,
Helen Dixon, la patronne de la CNIL
irlandaise, l’assurait déjà aux
« Echos » : l’enquête devait aboutir
« dans quelques mois ». Mais il va
falloir encore attendre.
Jeudi, le gendarme irlandais a
reconnu buter sur un obstacle. Il
n’arrive pas à convaincre ses pairs
– les autres CNIL européennes
intéressées – de la pertinence de
ses conclusions préliminaires,
rendues en mai dernier. Or leur feu
vert est indispensable. Le RGPD a
en effet institué un régime de « gui-
chet unique ». Les infractions sont
constatées par une autorité « cheffe
de file », qui est généralement la
Digital Content, une organisation professionnelle représentant de nombreux médias américains, dont le « New York Times »
a adressé un courrier jeudi à Tim Cook, le patron du groupe californien, pour lui demander comment ses membres pourraient
obtenir de meilleures conditions.Photo Shannon Stapleton/Reuters
Mark Thompson fait le bilan de ses huit années
à la tête du « New York Times »
Le PDG du quotidien
américain s’est penché
avec le consultant McKin-
sey sur la stratégie de son
groupe pour multiplier les
abonnements numériques.
L’heure du bilan. Mark Thomson,
à la tête de l’entreprise « New York
Times » depuis 2012, passera la
main, le 8 septembre à celle qui
est son bras droit aujourd’hui,
Meredith Kopit Levien. A l’appro-
che de cette échéance, il s’est pen-
ché sur ses huit années à la tête du
premier quotidien américain,
dans un entretien avec le cabinet
de conseil McKinsey.
Si l’ancien directeur de la
BBC se prête à l’exercice, c’est cer-
tes qu’il a réussi sa mission. Alors
que son objectif était d’atteindre
les 10 millions d’abonnés en 2025,
la « Gray Lady » est en bonne voie,
p u i s q u’e l l e e n c o m p t e d é j à
6,5 millions, dont 5,7 millions sur
le numérique.
CNIL du pays où la société incrimi-
née a son siège européen (pour les
géants de la tech américaine, il
s’agit le plus souvent de l’Irlande).
Elle doit ensuite consulter ses
homologues pour valider ses con-
clusions, par souci d’harmonisa-
tion. Mais, dans le cas de Twitter, les
désaccords entre les CNIL n’ont pas
pu être aplanis.
Sur le papier, il s’agissait pourtant
d’un dossier modeste – et aucune-
69
MILLIONS DE DOLLARS
Le plafond de l’amende
pour Twitter, si l’on se réfère
à ses revenus de 2019.
Avec son « œil extérieur », Mark
Thompson s’est tout de suite
demandé « à quoi ressembleraient
10 millions d’abonnés, et pourquoi
pas aspirer à davantage : 20, 30 mil-
lions ». En 2012, le « New York
Times » avait un demi-million
d’abonnés, et le rythme de recrute-
ment ralentissait. « Beaucoup ont
rigolé, certains m’ont pris à part et
m’ont dit “même à la grande époque,
on n’a jamais fait ça” », poursuit-il.
« C’est un visionnaire. Dans la
presse française, les “barrières psy-
chologiques” sont au moins aussi
importantes que les barrières finan-
cières, avance Jean-Clément
Texier, spécialiste des médias. Ici,
nous avons longtemps eu peur que
les revenus du Web cannibalisent
ceux du “print”. » Au second semes-
tre 2020, le revenu numérique du
quotidien américain a pour la pre-
mière fois dépassé le chiffre d’affai-
res « papier ». Très vite, pour Mark
Thompson, qui met le cap sur les
abonnements plutôt que sur la
ment d’une enquête difficile sur
l’exploitation mercantile des don-
nées personnelles par les Gafa.
La CNIL irlandaise devait uni-
quement dire si Twitter avait res-
pecté ses obligations lorsqu’en 2019
le service de microblogging avait
révélé qu’une faille de son appli
Android avait laissé publics pen-
dant près de quatre ans certains
tweets censés être privés.
Ce type de fuite de données doit
être notifié dans les 72 heures à la
CNIL référente, faute de quoi – en
vertu du RGPD – une amende de 2 %
du chiffre d’affaires mondial de la
société peut être prononcée. Pour
Twitter, cela met le plafond à 69 mil-
lions de dollars si l’on se réfère aux
revenus de 2019. Malgré la simpli-
cité apparente de ce dossier, les con-
Lundi 24 août 2020 Les Echos
publicité numérique, « la question
fondamentale est la propension [des
lecteurs] à payer et le pari a été que
l’info est comme le divertissement,
ce n’est pas une chose unique ». Le
« NYT » avait déjà une offre de
mots croisés. Il se diversifie avec
une plateforme dédiée aux recettes
de cuisine (« NYT Cooking ») ou
encore « Wirecutter », un site
d’évaluation de produits (en juillet,
le quotidien s’est renforcé dans le
podcast, en achetant le studio
Serial Productions).
Plus large
que l’Upper West Side
Mais surtout, en changeant le
management et en remettant sans
cesse l’ouvrage sur le métier (il
estime que la stratégie numérique
est correcte seulement depuis 2018
après 3 essais), le titre a diversifié
son audience. « Nous touchions un
millennial sur 5, nous en touchons
un sur deux par mois aux Etats-
Unis », dit-il. Le lectorat est désor-
clusions de l’autorité irlandaise se
sont heurtées au refus de ses homo-
logues – sans que l’on sache si c’est
l’analyse sur le fond ou le montant
de l’amende qui est contesté.
Vingt enquêtes,
zéro amende
Pour la première fois, un méca-
nisme de règlement des différends
prévu par l’article 65 du RGPD a
donc été enclenché. C’est le CEPD
(Comité européen de protection des
données), l’organe qui chapeaute les
CNIL, qui est désormais saisi de
l’affaire. Il a un mois pour aboutir à
une décision qui soit votée à la majo-
rité des deux tiers. Si cela ne suffisait
pas, un mois supplémentaire doit
permettre de trouver une majorité
simple. Et sans accord à cette
mais majoritairement féminin.
« Nous adorons les hommes blancs
de plus de 50 ans passés par l’univer-
sité et qui ont grandi avec le “Times”
dans l’Upper West Side de Manhat-
tan, c’est là que j’habite [...], dit
il. Mais nous sommes plus large que
ça. » La prochaine étape est de fidé-
liser les lecteurs au-delà des frontiè-
res américaines non pas pour tout
couvrir, mais pour faire du « New
York Times » une référence du
regard occidental sur le monde.
Il faut dire que le quotidien de
Times Square fait partie d’une
espèce rare. « La concurrence nous
apparaît bizarrement maigre, dit
Mark Thompson. Nous avons
1.750 journalistes qui mettent tout
leur cœur à produire le meilleur
journalisme et honnêtement, dans
dix ans, il y aura peut-être encore
moins de concurrents. » « Il faut bien
voir que derrière le “New York
Times”, c’est l’hécatombe dans la
presse américaine », approuve un
patron de presse français. — C. B.
échéance, ce serait à la présidente
du CEPD (un poste tournant, actuel-
lement occupé par Andrea Jelinek,
la directrice de la CNIL autri-
chienne) de trancher.
Au plus tard, Twitter sera donc
fixé sur son sort dans deux mois.
Mais la bisbille jette une lumière
crue sur la difficile application du
RGPD, plus de deux ans après
son entrée en vigueur, particulière-
ment en ce qui concerne les Gafa. La
CNIL irlandaise a lancé plus de
vingt enquêtes sur les pratiques en
matière de données personnelles
des géants de la tech : Apple, Linked-
In, Facebook… Elle n’en a bouclé
aucune. Seul Google s’est vu impo-
ser en janvier une amende de
50 millions d’euros au titre du
RGPD… par la CNIL française. n
 UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws

Les Echos Lundi 24 août 2020 HIGH-TECH & MEDIAS // 17

La start-up d’origine française Dataiku

lève 100 millions de dollars
DONNÉES
La jeune pousse surfe
sur le besoin des
entreprises de mieux
comprendre et utiliser
les données.
Née en France mais
désormais américaine,
elle démocratise l’intel-
ligence artificielle
via des outils accessi-
bles à tous les métiers.
Guillaume Bregeras
@gbregeras
La crise du Covid-19 n’a pas inversé la
tendance, Dataiku compte toujours
parmi les start-up qui attirent le plus
les investisseurs. La jeune pousse
vient de réussir à lever 100 millions
de dollars seulement huit mois
après que le fonds de Google (Capi-
talG) a racheté des parts aux investis-
seurs historiques. Ce nouveau finan-
cement confirmerait la valorisation
qui a servi de base à cette précédente
opération, à savoir 1,4 milliard de
dollars. Le tour de table est cette fois
emmené par les deux fonds améri-
cains Stripes et Tiger Global Mana-
gement, renforçant l’ancrage de
cette start-up née à Paris, mais
désormais sous pavillon états-
unien, même si son plus gros bureau
reste dans la capitale française.
Cette société évolue à contre-cou-
rant du marché mondial du logiciel.
Plutôt que de se focaliser sur un
département spécifique de l’entre-
prise, elle prône l’analyse des don-
nées via l’intelligence artificielle par
les non-spécialistes et sur tous les
sujets. Que ce soit pour l’équipe
marketing ou logistique, son outil
vise à être pris en main par des novi-
ces de l’intelligence artificielle (IA),
se focalisant davantage sur le résul-
tat de l’analyse des données plutôt
que sur la technologie sous-jacente.
La jeune pousse Dataiku compte parmi celles qui attirent
le plus les investisseurs. Photo DR
« Cette levée de fonds doit nous per-
mettre de défendre cette vision que
c’est aux entreprises de prendre la
main sur leurs données, explique
Romain Fouache, directeur des
revenus et des opérations de
Dataiku. Elle nous garantit aussi
une forme d’indépendance. »
Préserver son indépendance
La folle trajectoire de cette société
sortie de terre il y a sept ans à peine
affole les géants du logiciel en
entreprise. Mais son cofondateur et
CEO, Florian Douetteau, n’a jamais
caché son ambition de préserver
l’autonomie le plus longtemps pos-
sible et d’envisager une introduction
en Bourse qui se rapproche encore
un peu plus. Avant d’y parvenir, la
jeune pousse doit étendre le nombre
de ses clients (300 entreprises
aujourd’hui) et surtout le nombre
d’utilisateurs au sein de ces grands
comptes. « Nous ne cherchons pas à
comprendre toutes les spécificités des
métiers, mais plutôt à donner la capa-
cité à chacun d’entre eux d’y injecter
leur propre connaissance, explique
Romain Fouache. L’objectif est
d’abaisser la barrière à l’entrée de l’IA
et d’augmenter les compétences de
ceux qui utilisent nos outils. »
Parmi eux, de nombreux clients
ont été touchés de plein fouet lors du
confinement, notamment dans
l’énergie et l’aéronautique. Mais
plutôt que de faire marche arrière,
ils ont davantage eu tendance à accé-
lérer le déploiement de ces outils
d’amélioration de la performance,
explique celui qui pilote les revenus
de la jeune pousse. « La période
a été très intéressante car nous avons
pu étendre notre empreinte au
sein d’entreprises évoluant sur des
secteurs parfois sinistrés par la situa-
tion, poursuit Romain Fouache. Et
celles qui avaient su intégrer l’utilisa-
tion des données en amont ont aussi
été celles qui en sont le mieux sorties. »
Un épisode qui aura certaine-
ment confirmé l’intérêt des
investisseurs… n

Lagardère : Vivendi
demande à son tour
une assemblée générale
MÉDIAS
Tandis que son allié
Amber demande le
remplacement de
Guillaume Pepy,
Yves Guillemot et de
Patrick Valroff,
Vivendi souhaite
celui de Gilles Petit.
Nicolas Madelaine
@NLMadelaine
Alliés depuis cet été pour chan-
ger la gouvernance du groupe
Lagardère, Vivendi et le fonds
Amber ont envoyé leurs deman-
des de convocation d’une assem-
blée générale (AG) afin de modi-
fier le conseil de surveillance du
propriétaire d’Hachette, d’une
activité de « travel retail »,
d’Europe 1, du « JDD » et de
« Paris Match ». Le groupe de
Vincent Bolloré a tiré le premier
vendredi matin. Il demande le
remplacement de Gilles Petit,
PDG de Maisons du Monde,
ancien de Carrefour et président
évaluer son bilan, il a trahi la
confiance des actionnaires. »
L’ex-patron de la SNCF aurait
répondu par e-mail qu’il n’avait
pas la possibilité de prendre de
tels engagements en tant que
membre indépendant du con-
seil de surveillance et que le
comité stratégique du groupe
de quatre personnes a voté à
l’unanimité le renouvellement
d’Arnaud Lagardère.
Ni le groupe Lagardère ni
Vivendi n’ont souhaité com-
menter ces informations. Il est
peu probable que Lagardère
accède aux demandes de
Vivendi et d’Amber de convo-
quer une AG avant l’heure.
L’affaire devrait être tranchée
par la justice.
La justice risque
Photos @Yann Audic @Abacapress
de trancher si une
assemblée générale
doit avoir lieu.
Amber prend les devants : il
demande « la publication d’un
avis de réunion correspondant
APOLLINE DE MALHERBE
DeBonneville-Orlandini

du comité des nominations et dans les quinze jours ouvrés sui-

6H/ 8H30-APOLLINE MATIN

des rémunérations de Lagar- vant la réception [de sa lettre] en
dère, par une femme. La veille, vue d’une assemblée devant

Amber avait demandé la révo-
cation de Patrick Valroff, le pré-
sident de cette assemblée et pro-
che du Crédit Agricole, d’Yves
Guillemot, le fondateur d’Ubi-
soft, mais surtout de Guillaume
Pepy, l’ex-patron de la SNCF,
LE GRAND
intervenir dans les cin-
quante jours calendaires à comp-
ter de la publication de cet avis ».
Faute de quoi, le fonds se
réserve la possibilité de « sollici-
ter en justice la désignation d’un
mandataire aux fins de procéder

coopté au printemps en même
temps que Nicolas Sarkozy, l’ex-
président de la République, lors-
qu’Arnaud Lagardère commen-
çait à muscler ses défenses
contre Amber.
Amber propose à la place
Joseph Oughourlian, son fonda-
teur, Olivier Fortesa, managing
partner chez Amber, ainsi que
Valérie Ohannessian, qui a fait
sa carrière dans l’assurance et le
monde bancaire.
Confiance « trahie »
Olivier Fortesa a expliqué ainsi
dans « Le Figaro » la décision de
demander la révocation de
Guillaume Pepy : « Le 5 mai,
Amber avait voté en faveur de la
nomination de Guillaume Pepy
car il s’était engagé auprès des
actionnaires à apporter une nou-
velle gouvernance au groupe
Lagardère. Mais en votant le
renouvellement du mandat
d’Arnaud Lagardère sans même
SHOW DE L’INFO
à ces formalités ». C’est le tribu-
nal de commerce qui pourrait
trancher. Vivendi et Amber
espèrent que, compte tenu de
leur poids au capital (23,5 % et
20 % respectivement), le juge-
ment sera en leur faveur.
Le renouvellement du man-
dat d’Arnaud Lagardère en tant
que gérant de la commandite à LA MATINALE RADIO/TV/DIGITALE
la tête de son groupe est inter-
venu juste après le pacte de
Vivendi et d’Amber annoncé le
11 août. Et depuis lors, Bernard
Arnault et Arnaud Lagardère
ont également scellé leur
alliance. Bernard Arnault est
entré dans une version redi-
mensionnée de Lagardère Capi-
tal & Management (LC&M), le
holding personnel de l’héritier
de Jean-Luc Lagardère. LC&M
jouit d’un fort pouvoir au sein du
groupe Lagardère puisqu’il ÉCOUTEZ RMC PARTOUT TOUT LE TEMPS
porte une position de gérant de
la commandite à la tête du
groupe. n

18 // PME & REGIONS
Le rêve chinois s’est envolé pour SAM Technologies
La reprise des fonderies de pièces
automobiles du groupe Arche par
le producteur chinois d’aluminium,
Hangzhou Jinjiang, n’a duré que deux
ans. Avec la chute des ventes de diesel,
les investissements promis n’ont pas
été réalisés. L’Aveyronnais cherche
un nouveau repreneur.
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
L
’histoire avait com-
mencé comme un conte
de Noël dans le bassin
industriel en déclin de
Decazeville (Aveyron).
« C’est une reprise inespérée au vu des
offres des dix-neuf derniers mois ! »
se félicitait, le 22 décembre 2017,
Sébastien Lallier, délégué syndical
CGT de la fonderie de pièces auto-
mobiles SAM Technologies. Cette
grande usine, installée à Viviez, et
les autres unités du groupe Arche
en redressement, FVM en Meurthe-
et-Moselle et Alfisa en Espagne,
étaient reprises par le
groupe chinois Hang-
zhou Jinjiang à la
barre du tribunal de
commerce de Paris.
C ’é t a i t l e s e u l
repreneur depuis le
retrait du canadien
Linamar. Troisième
producteur chinois
d’aluminium, ce groupe
de 20.000 salariés s’était
engagé à investir 42,5 millions
d’euros pour moderniser les usines
vieillissantes et à ne supprimer que
20 des 432 emplois de Jinjiang SAM
– son nouveau nom – et 30 des
195 emplois de FVM. Hangzhou Jin-
jiang n’était pas inconnu en Occita-
Sorégies se lance
dans le « flotovoltaïque »
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
L’énergéticien poitevin
se dote d’une centrale
solaire flottant
sur un plan d’eau
et poursuit ses acqui-
sitions de barrages.
Les énergies vertes
représentent 43 % de
son mix énergétique.
Stéphane Frachet
@FrachetStephane
— Correspondant à Tours
Sorégies, l’entreprise d’énergie
des collectivités locales de la
Vienne, achève l’installation d’une
centrale solaire flottante à Saint-
Maurice-la-Clouère, sur une
ancienne carrière de graviers
remise en eau. C’est la seconde de
ce type en France après celle de
Piolenc (Vaucluse).
« Le foncier disponible étant
limité, nous privilégions ce type de
solution qui ne consomme pas de
surface agricole », résume Frédéric
Bouvier, nouveau directeur géné-
ral de cette société d’économie
mixte de 488 salariés et 531 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires,
qui investit là 3,3 millions d’euros.
Une collecte de 150.000 euros est
en cours sur le site de financement
participatif Lumo. Etalés sur
6 hectares, les panneaux solaires
sont fournis par un industriel
local, VMH Energies, à Châtelle-
rault. Ils produiront 3,3 GWh
par an, soit l’équivalent de la
consommation de 700 foyers.
UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
nie : il avait repris en juillet 2017
Sabart Aero Tech (32 salariés) en
Ariège, une ancienne usine Pechi-
ney qui fabrique des billettes
d’alliage d’aluminium. « Notre stra-
tégie est de réaliser une intégration
verticale en faisant l’extraction, la
production d’aluminium pur,
l’alliage à Sabart, le forgeage et le
matriçage », expliquait alors Yun
Xu, président de Jinjiang Industries
Europe (JIE), filiale du groupe.
A 90 % pour Renault
Mais à Viviez, le soulagement de la
reprise a vite laissé place à l’inquié-
tude. « Le repreneur s’était fait fort
d’agrandir le bâtiment et d’acheter
des machines, mais les inves-
tissements promis ne
sont jamais arrivés,
déplore Sébastien
Lallier. Ils ont acheté
des machines aux
enchères d’une fon-
derie aux Pays-Bas,
dont un four de
fusion. Mais l’adapter
à nos besoins aurait coûté
plus cher qu’un four neuf !
On attendait que les appareils tom-
bent en panne pour les réparer. »
Pourtant, il y a urgence. L’usine
aveyronnaise, qui fabrique des car-
ters d’embrayage, des supports de
moteur et des actionneurs d’essuie-
glace, travaille à 90 % pour Renault.
Par ailleurs, Sorégies accélère
dans l’hydroélectricité. Via
Hydrocop, dont il est le principal
actionnaire aux côtés de Sicap
(Loiret), Gaz de Barr et Caléo
(Alsace), Ene’O (Tarn), Séolis
(Deux-Sèvres), Terralis (Aisne),
Sorégies a acquis cet été deux bar-
rages près de Lourdes (Hautes-Py-
rénées) pour 6 millions. Pour cette
opération, il s’est associé à Sud-
hydro à travers une société com-
mune, Aqua 65, afin d’emporter
la mise face à huit concurrents.
« Nous allons doubler la capacité de
ces barrages », indique Frédéric
Bouvier, qui programme un
investissement de 6 millions pour
muscler les turbines à partir de
2021. Elles fourniront alors 8 GWh
d’électricité par an.
Doubler la part
de l’hydroélectricité
Grâce à 80 MW installés dans
29 centrales, Hydrocop est le
quatrième exploitant de barrages
en France et le premier indépen-
dant derrière les groupes Com-
pagnie nationale du Rhône,
EDF (Shema) et Engie. L’énergéti-
cien entend doubler sa production
d’énergie hydroélectrique d’ici
à 2035 à travers des acquisitions et
des constructions neuves. Plu-
sieurs projets sont en cours dans
les Alpes. Grâce à ses projets solai-
res et dans l’eau, Sorégies dispose
d’un mix énergétique provenant à
43 % des énergies renouvelables.
La régie de la Vienne vend de l’élec-
tricité à 150.000 clients poitevins
en direct, mais aussi en B to B à tra-
vers sa marque Alterna à des
clients comme Saint-Gobain, Essi-
lor, les réseaux Decathlon et
Picard ou les cliniques Elsan. n
SÉRIE D’ÉTÉ
DES REPRISES À SURPRISES
« On se retrouve dans la situation où tout le monde ne croit plus trop à un repreneur.
C’est dramatique car c’est la plus grosse usine de ce bassin sinistré », s’inquiète Jean-Louis Denoit,
le maire (PS) de Viviez (Aveyron). Photo DR
Lors de la reprise, le constructeur
s’est engagé à lui acheter pour
85 millions d’euros de pièces par an
jusqu’en 2025. Il lui a commandé
des nouveaux carters pour les voitu-
res hybrides et électriques, et l’entre-
prise doit acheter des machines
pour les produire.
Mais son chiffre d’affaires
(50 millions d’euros sur les huit pre-
miers mois de 2018) diminue avec la
chute des ventes de voitures diesel
après le « dieselgate ». En juin 2019,
JIE annonce la suppression de
120 emplois chez FVM. La situation
se tend aussi à Jinjiang SAM.
Thierry Cavinato, le bras droit de
Yun Xu, organise un référendum
sur le passage à 4 équipes en tra-
vaillant le week-end et la délocalisa-
tion de l’usinage chez Bosch à
Brittany Ferries va désarmer
la moitié de sa flotte
MARITIME
La compagnie estime
que la pandémie et les
nouvelles mesures
prises par les autorités
britanniques obligeant
les voyageurs venus
de France à une
quatorzaine lui feront
perdre 250 millions
d’euros de recettes
cette année.
Stanislas du Guerny
Correspondant à Rennes
La compagnie maritime Brittany
Ferries est de nouveau dans la tem-
pête. « Depuis la décision, prise la
semaine dernière par les autorités
britanniques, qui oblige les person-
nes venant de France à une quator-
zaine, nous estimons que notre sai-
son estivale est fichue. Nous avons les
genoux à terre », se désole Jean-
Marc Roué, le président du conseil
de surveillance de l’armement
breton.
En quelques jours, il a déjà dû
f a i r e f a c e à l ’a n n u l a t i o n d e
35.000 réser vations sur les
160.000 prévues en septembre et
octobre. Les demandes de report et
de remboursement continuent
d’affluer. « C’est désormais certain,
nous perdrons cette année 250 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires »,
poursuit Jean-Marc Roué. L’an der-
nier, Brittany Ferries avait dégagé
une recette consolidée de 467 mil-
lions d’euros pour un bénéfice net
de 5 millions d’euros.
Rodez… 80 % des salariés refusent.
« Furieux, M. Cavinato organise une
assemblée générale en juillet, alors
qu’il fait 45 °C dans les ateliers, pour
nous dire que nous n’avions rien com-
pris », raconte Ghislaine Gistau, de
la CGT. Pendant l’AG, les délégués
reçoivent une convocation à un
comité social et économique (CSE)
extraordinaire sur l’instauration du
chômage partiel. « Imaginez notre
incompréhension : il faut travailler
plus et faire du chômage partiel ! »
ajoute la syndicaliste.
Blocage du site
Le 20 septembre, l’annonce d’un
CSE sur la suppression de
250 emplois entraîne le blocage de
l’usine. C’est la consternation dans
l’Aveyron car l’usine Bosch, l’autre
En quelques jours, la compagnie a déjà dû faire face à l’annulation de 35.000 réservations
sur les 160.000 prévues en septembre et octobre.
Face à la crise sanitaire, alors que
l’entreprise s’attend à une seconde
vague de difficultés à partir du
1er janvier prochain si aucun accord
n’est trouvé dans le cadre du Brexit,
une série de mesures d’économies
sont mises en œuvre pour réduire
les coûts d’exploitation.
Première décision, la direction
de l’armement, situé à Roscoff
(Finistère), va stopper dans les pro-
chains jours les activités de plu-
sieurs de ses ferries, dont celles du
« Bretagne » qui assure la ligne
quotidienne entre Saint-Malo et
Portsmouth. Il sera désarmé le
7 septembre.
Globalement, seulement six de
ses 12 bateaux continueront de navi-
guer, notamment ceux qui effec-
tuent les traversées au départ de la
Normandie (Caen-Ouistreham,
Le Havre et Cherbourg). « Ils trans-
portent plus de fret qu’en Bretagne »,
Lundi 24 août 2020 Les Echos
6/10
Dates clés
22 décembre 2017
Reprise de SAM
technologie par le groupe
chinois Hangzhou Jinjiang.
2018
Diminution du chiffre d’affaires
dû à la chute des ventes
de voitures diesel.
Septembre 2019
L’annonce de la suppression
de 250 emplois entraîne
le blocage de l’usine.
10 décembre
Jinjiang SAM est placé
en redressement judiciaire.
7 janvier 2020
Les pouvoirs publics nomme
un manager de transition
en plus des deux adminis-
trateurs judiciaires.
après une médiation, des ouvriers
enlèvent le drapeau chinois du site
et le jettent sur la voiture de Yun
grande unité industrielle du dépar- Xu… A la demande du personnel et
tement, a déjà réduit son activité des pouvoirs publics, le tribunal de
avec la chute du diesel. Le 26 sep- commerce dessaisit le groupe de la
tembre, le ministre de l’Economie, gestion le 7 janvier et nomme un
Bruno Le Maire, venu à Rodez discu- manager de transition en plus des
ter de la diversification de « la deux administrateurs judiciaires.
Bosch », organise une réunion avec Après cet échec, le maire de
les dirigeants de Jinjiang SAM et des Viviez, Jean-Louis Denoit (PS), est
représentants de Renault. Yun Xu se inquiet. « On se retrouve dans la
plaint d’une baisse de 30 % des com- situation où tout le monde ne croit
mandes et le constructeur reproche plus trop à un repreneur, dit-il. C’est
les retards de fabrication… A la sor- dramatique car c’est la plus grosse
tie, JIE s’engage à investir et Renault usine de ce bassin sinistré et les
envoie des techniciens pour super- 385 salariés maintiennent l’hôpital,
viser la production. les écoles et les commerces. »
Mais le répit est de courte durée.
Jinjiang SAM est placé en redresse-
ment judiciaire le 10 décembre. Le
6
lendemain, les salariés empêchent Et demain Scop-Ti : quand
les dirigeants de quitter l’usine. des fans du Che ont arraché
Quand ceux-ci parviennent à partir leur usine à Unilever
Brittany Ferries
justifie Jean-Marc Roué. Chaque par l’Etat – PGE – de 117 millions
année, Brittany Ferries accueille à d’euros. »
son bord 200.000 camions de mar- Il s’agit pour Brittany Ferries
chandises, dont 5.000 à Roscoff et d’obtenir de l’Etat des baisses de
15.000 à Saint-Malo, mais 140.000 charges salariales. « Dans le
répartis entre les trois ports nor- domaine maritime c’est une décision
mands. eurocompatible si elle est mise en
place de façon temporaire », affirme
Obtenir des baisses le dirigeant.
de charges Il souhaite aussi qu’Atout France,
La compagnie a droit au plan gou- l’agence de développement touristi-
vernemental de soutien au secteur que de la France, accentue ses
du tourisme. Il passe par un prolon- moyens de communication auprès
gement du chômage partiel, elle va du grand public britannique.
de nouveau y faire appel pour 40 % « Sinon, précise-t-il, on souffrira l’an
de son effectif composé de prochain d’une nouvelle érosion de la
2.300 collaborateurs. clientèle d’outre-Manche. »
Le dirigeant réclame d’autres Brittany Ferries table sur un sou-
accompagnements publics. « Nous tien des conseils régionaux. Une
devons, insiste-t-il, démontrer à nos partie de sa flotte est financée par
partenaires financiers que notre ceux de Bretagne et de Normandie
compte de résultat pourra être rapi- « qui jouent le jeu en nous accordant
dement positif. A partir de 2021, nous des reports de versements mais pas
devrons rembourser le prêt garanti d’abandons de loyers ». n
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FINANCE&MARCHES
Les Echos Lundi 24 août 2020

Livret A : l’année 2020 s’annonce record

l Malgré une baisse sensible depuis le déconfinement, la collecte de Livret A est de 1,8 milliard d’euros en juillet,
son troisième plus haut niveau jamais atteint sur ce mois.
l Avec une collecte cumulée de 22,25 milliards d’euros depuis le mois de janvier, cette année pourrait bien
battre le record établi en 2012.

ÉPARGNE

Le Livret A continue sa marche for-

cée vers une collecte annuelle histo-
rique. La Caisse des Dépôts a publié
vendredi les chiffres de la collecte
du produit d’épargne réglementé
pour le mois de juillet. Quelque
1,8 milliard d’euros ont ainsi été col-
lectés lors du troisième mois de
juillet le plus prolifique de l’histoire
du Livret A, derrière les 2,1 milliards
d’euros des années 2011 et 2012.
Ce chiffre, bien supérieur à la
n or m a le e n p é r i o d e estivale
(1,4 milliard d’euros collectés en
juillet 2019), permet au Livret A de
s’approcher un peu plus de son
record annuel. En 2012, le produit
d’épargne avait collecté 28,16 mil-
liards d’euros. Pour l’année 2020, la
collecte cumulée entre janvier et
juillet s’élève déjà à 22,25 milliards,
portée par d’exceptionnels mois
d’avril (7,39 milliards d’euros) et
mai (5,14 milliards d’euros).
Si l’on inclut le livret de dévelop-
pement durable et solidaire
(LDDS), la collecte mensuelle
s’élève à 2,49 milliards d’euros, ce
qui en fait le deuxième meilleur
mois de juillet depuis 2012.

D’après les chiffres

de la Banque
de France,
les ménages français
auraient déjà placé
près de 100 milliards
d’euros sur
des dépôts rien
qu’au cours des deux
premiers trimestres.
D’après les chiffres de la Banque
de France, les ménages français
auraient déjà placé près de 100 mil-
liards d’euros sur des dépôts rien
qu’au cours des deux premiers tri-
mestres. Sur les six premiers mois
de l’année, les seuls dépôts à vue ont
été gonflés de près de 60 milliards
d’euros tandis que les dépôts ban-
caires rémunérés (réglementés et
autres) ont récolté près de 35 mil-
liards d’euros.
A noter que, si ces deux types de
dépôts ont connu une forte hausse
entre les premier et deuxième tri-
mestres, l’augmentation la plus
spectaculaire concerne les comptes
à terme et livrets ordinaires. Ali-
mentés à hauteur de 1,2 milliard
d’euros au premier trimestre, ils ont
attiré environ 7 milliards d’euros au
trimestre suivant.
« Recherche de la sécurité »
« C’est la recherche de la sécurité et de
la liquidité dans un contexte où les
ménages ne pouvaient pas beaucoup
consommer, analyse Philippe Cre-
vel, directeur du Cercle de l’Epar-
gne. Il s’agit d’un geste de précaution
qui consiste à mettre de l’argent de
côté pour faire face à un imprévu.
C’est notamment dû aux personnes
qui, ayant saturé leur Livret A ou leur
LDDS, ont dû se tourner vers
d’autres livrets bancaires. » Les
dépôts sont plafonnés à
22.950 euros pour les Livrets A et
12.000 euros pour les LDDS.
Le confinement a induit une
importante chute de la consomma-
tion, de l’ordre de 30 %, mais le large
recours au chômage partiel a per-
mis un relatif maintien du revenu
des ménages. Ces deux phénomè-
nes ont mathématiquement abouti
à une hausse importante de l’épar-
gne, alors qualifiée de « forcée »,
avec un taux de 40 % sur le seul
mois d’avril, selon l’Insee.
Une épargne de précaution
durable
Le déconfinement a légèrement
rééquilibré ces évolutions avec une
reprise de la consommation en juin
(+2,3 % sur le mois). Reste à savoir si
cet effet de rattrapage sera tempo-
raire ou durable. Et pour cause, la
conjoncture économique incer-
taine pèse sur les perspectives des
ménages français et, donc, sur leur
comportement. « Les ménages
étaient contraints de mettre de
l’argent de côté entre mars et mai,
rappelle Philippe Crevel. Désor-
mais, ils maintiennent cet effort
Cet afflux d’épargne d’épargne mais plus par peur
ne profite pas à tous et anxiété vis-à-vis des semaines
à venir. »
les supports. Cet afflux d’épargne ne profite pas
à tous les supports. Les fonds en
Les fonds en euros euros de l’assurance-vie ont ainsi
de l’assurance-vie ont subi une décollecte nette de près de
5 milliards d’euros au premier
ainsi subi une semestre. Pour Philippe Crevel, un
décollecte nette rebond exceptionnel n’est pas à pré-
de près de 5 milliards voir dans l’immédiat : « La décollecte
a été beaucoup plus faible au mois de
d’euros au premier juin, mais je ne pense pas qu’il y aura
semestre. des résultats exceptionnels. On sera
autour de zéro car on reste dans un
contexte où les ménages ne s’engagent
pas sur le long terme. » — T. T.

« On assiste à la transformation d’une épargne forcée

en une épargne de précaution »
Thibaut Madelin
@ThibautMadelin
et T. T.
Les Français ont continué
en juillet à placer plus d’argent
sur leur Livret A que les autres
années. Ils restent prudents ?
On assiste à la transformation d’une
épargne forcée en une épargne de
précaution. Pendant le confine-
ment, on a observé une épargne qui
n’en était pas une en réalité : elle
était contrainte par l’impossibilité
de consommer. Celle qu’on observe
aujourd’hui reflète avant tout des
inquiétudes face à l’évolution atten-
due du marché de l’emploi, et en
particulier de la part de ceux qui ont
un emploi mais redoutent que leur
situation personnelle ou celle de
leurs enfants ou de leurs proches ne
se trouvent dégradées. Cette inquié-
tude est très forte.
Donc, il n’y a pas
de transfert de l’épargne
DENIS FERRAND
Directeur général
de Rexecode
vers la consommation ?
Il y a en effet un peu de transfert. La
consommation des ménages en
biens durables était supérieure en
juin à ce qu’elle était en janvier, en
particulier. Il y a eu un peu de déblo-
cage de cette épargne accumulée
pour pouvoir faire des achats qui
avaient été reportés pendant le
confinement. Maintenant, une fois
cet effet de récupération dissipé, on
peut se retrouver durablement avec
un niveau de consommation plus
faible que ce qu’il n’était avant le
confinement.
Cette prudence se retrouve
aussi sur les dépôts à vue
des ménages...
Tout à fait. Et ce comportement de
recherche de liquidités n’est pas
propre aux ménages. Les entrepri-
ses ont aussi des dépôts très garnis.
Il y a eu des situations où des entre-
prises levaient un prêt garanti par
l’Etat (PGE) sans en avoir un usage
immédiat. Les ménages comme les
entreprises se constituent chacun
ceinture et bretelles.
C’est un sujet récurrent mais
qui devient plus urgent avec la
crise : comment orienter cette
épargne vers les entreprises ?
C’est en effet un peu un serpent de
mer. Combien de dispositifs ont été
inventés pour essayer de réorienter
l’épargne vers le financement de
l’entreprise ? Mais l’Etat est un peu
schizophrène, car l’orientation de
l’épargne vers les fonds en euros
d’assurance-vie est aussi un excel-
lent moyen pour lui assurer des
conditions de financement les plus
faibles possible. Bien entendu,
désormais, la Banque centrale
européenne a un rôle très impor-
tant pour tirer les taux à la baisse,
mais ceux qui sont les principaux
« Pendant financeurs de l’Etat restent les épar-
le confinement, gnants, parce que cette épargne est
fléchée à destination de titres
on a observé publics.
une épargne qui
n’en était pas L’Etat réfléchit à des
instruments de quasi fonds
une en réalité : propres pour aider les PME.
elle était Pourquoi ne pas utiliser
contrainte par cet afflux d’épargne ?
l’impossibilité Peut-être qu’on peut d’abord penser
à ce qui s’est passé pendant le confi-
de consommer. » nement et au changement de struc-
ture de bilan des entreprises. Beau-
coup d’entre elles ont recouru à des
PGE, mais aussi à des facilités de
trésorerie comme les délais de coti-
sations sociales ou de versements
d’impôts. De ce fait, elles se sont
fabriqué une dette vis-à-vis de l’Etat.
Le taux de non-recouvrement
des cotisations sociales atteint 35 %,
ce qui est tout à fait exceptionnel.
En 2008 et 2009, ce taux était monté
au maximum à 1,8 %. Est-ce qu’on
ne pourrait pas imaginer la trans-
formation de cette créance
de l’Etat...
...en quasi fonds propres ?
Oui. Pour le secteur du tourisme, on
a dit que cette dette était tellement
repoussée qu’on l’annulerait. Mais
pour les autres, on pourrait la trans-
former en quasi fonds propres sous
forme de prêts participatifs qui ont
la vertu de n’être remboursés qu’à
partir du moment où il y a un retour
à bonne fortune de l’entreprise. Ce
serait peut-être plus rapide que
d’inventer un nouveau dispositif.
On aurait un Etat actionnaire
de milliers de sociétés ?
Justement, les chefs d’entreprise ne
sont pas prêts à ouvrir leur capital.
Là justement, ce n’est pas le cas, car
c’est un quasi fonds propre dans le
sens où il n’y a pas de droit de pro-
priété sur l’entreprise. On est bien
sur un droit à percevoir des fonds
à partir du moment où il y a du
résultat. n
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20 // FINANCE & MARCHES Lundi 24 août 2020 Les Echos

Quand les analystes

financiers font
l’objet de tentatives
d’intimidation
ANALYSE
FINANCIÈRE
L’analyste de Kepler
Cheuvreux chargé
du suivi du com-
merce de détail
alimentaire a subi
des « tentatives
d’intimidation
anonymes », liées
à certaines de
ses notes d’analyse.
Sophie Rolland
@Sorolland
et Isabelle Couet
@icouet
La dérive est suffisamment
grave pour être dénoncée. L’ana-
lyste de Kepler Cheuvreux
chargé du suivi du commerce de
détail alimentaire a subi des
« tentatives d’intimidation ano-
nymes » liées à certaines de ses
notes d’analyse, a expliqué la
société de courtage. A la suite de
ces menaces, Kepler a décidé de
« modifier [son] périmètre ». Elle
ne suivra plus Casino ni Metro.
C’est le responsable de la recher-
che-action France qui assurera
désormais directement le suivi
de ces deux sociétés. L’analyste
continue en revanche à suivre
les autres entreprises du secteur.
La société de courtage a
envoyé cette note très inhabi-
tuelle à ses clients, jeudi. Ni
Kepler Cheuvreux ni l’analyste
concernée ne souhaitent faire
de commentaire. Mais le
message est clair. Le courtier
protège ses troupes et n’a pas
l’intention de céder. « Kepler
Cheuvreux a la réputation de
soutenir ses analystes », souffle
un professionnel qui connaît
bien la maison.
Les relations entre Casino et
les professionnels de l’analyse
financière ne sont pas simples, et
ce depuis plusieurs années. En
2018, des analystes avaient brisé
l’habituelle loi du silence pour
s’indigner des méthodes du PDG
de Casino. Dans une interview
au « Financial Times », ce der-
nier avait laissé entendre qu’il
existait une collusion entre les
analystes et les « hedge funds »
La contestation biélorusse
trouble le marché de la potasse
l Le pays est le deuxième exportateur mondial de potasse, un ingrédient
utilisé dans la fabrication d’engrais.
grité de ces professionnels. « Si
vous enquêtez sur ou critiquez l En Bourse, les titres des concurrents de Belaruskali bondissent.
l’un des plus importants groupes
de commerce alimentaire de
France, vous pouvez vous atten- cule tout le secteur de la potasse, Une telle baisse de la production ne la production américaine est trans-
dre à être confronté à de l’intimi- MATIÈRES dominé par quelques acteurs, sera peut-être pas suffisante pour formé en éthanol – et de l’huile de
dation ou de la surveillance », PREMIÈRES notamment par le Canada, la Biélo- « tendre le marché de manière signifi- palme, pour le biodiesel, ce qui pèse
écrit également le journaliste du russie, la Russie, l’Allemagne et cative », nuance-t-il, mais poussera sur les perspectives des acheteurs
« Financial Times » Robert Etienne Goetz Israël. Les sociétés concurrentes les cours à la hausse, surtout si des traditionnels.
Smith sur Twitter. « Je ne dis pas @etiennegoetz pourraient en effet profiter de la clients peinent à s’approvisionner.
que c’est orchestré par Casino. grève chez Belaruskali pour gagner Chez BMO, Joel Jackson pense Stabilisation
Mais cela arrive. L’exemple le plus La mobilisation politique contre des parts de marché. Depuis que le que les titres des sociétés de potasse Chuck Magro, directeur général du
célèbre est celui du vendeur à Alexandre Loukachenko, en Biélo- soulèvement a commencé après les seront soutenus à court terme, mais canadien Nutrien se montre toute-
découvert Carson Block. » russie, a des conséquences insoup- élections, le cours du canadien une résolution rapide du con- fois plus optimiste pour le semestre
Le patron de Muddy Waters çonnées sur les marchés de matiè- Nutrien a pris 7 % en Bourse et celui flit entraînerait un effet nul sur les prochain. « Les fondamentaux du
avait porté plainte contre X fin res premières et l’agriculture de l’israélien ICL a gagné 6 %. Quant prix. Cela est d’autant plus probable marché sont meilleurs que prévu »,
2017, affirmant que quelqu’un mondiale. Les salariés de la société à l’allemand K+S, il a récemment que les achats de potasse se font sur a-t-il déclaré début août. Il craignait
avait tenté d’obtenir des infor- d’Etat Belaruskali, deuxième enregistré l’une de ses plus fortes la base de contrats de long terme et que le maïs passe sous les 3 dollars
mations concernant sa straté- exportateur de potasse au monde, hausses en séance. que le minerai n’est pas échangé sur le boisseau et que la production
gie d’investissement sur Casino, ont décidé de rejoindre le mouve- des marchés financiers comme d’éthanol ne reprenne pas, mais ses
en se faisant passer pour un ment de contestation en se mettant Marché de long terme d’autres matières premières. craintes se révèlent infondées. Nous
journaliste du « Wall Street en grève, ont rapporté plusieurs Le secteur bénéficie également de En outre, d’après l’agence russe nous attendons à « un marché sta-
Journal », un représentant de médias locaux. la perspective de prix plus hauts. TASS, la mobilisation sociale chez ble, et non en difficulté ».
l’AMF, le gendarme boursier Les grévistes demandent au gou- « La demande est assez élevée en ce Belaruskali montre des signes Dans les années 2000, le prix de
français, ou pour l’assistant du vernement de déclarer invalides les moment, en pleine saison des semis d’essoufflement. Certains salariés la potasse s’est envolé, pour attein-
banquier Philippe Oddo… élections du 9 août. Belaruskali dans l’hémisphère Nord et à un sont mis sous pression ou intimidés dre 860 dollars la tonne en 2009,
représente 20 % de l’offre mondiale moment où la Chine commence à en par la direction, raconte le président avant de retomber. Le marché anti-
de ce minerai essentiel à la fabrica- acheter », explique à Bloomberg du comité de grève. « Le nombre de cipait une hausse de la demande en
Les relations tion d’engrais. La société étatique Elena Sakhnova, analyste chez VTB grévistes diminue », reconnaît-il, engrais pour satisfaire les besoins
entre Casino est un pilier de l’économie biélo- Capital. « Même sur une semaine ou avec le risque de perdre le quorum agricoles liés à la croissance démo-
et les analystes russe et une source importante de deux, cela aura un impact sur le mar- et donc de sortir du cadre légal. graphique en Chine et en Inde. La
devises étrangères, faisant du mou- ché », poursuit l’experte. Du côté de la demande en consommation de potasse n’a tou-
financiers ne sont vement social un réel danger pour L’analyste de Scotiabank Ben p otasse, le marché continue tefois pas augmenté aussi fort que
pas simples Loukachenko. Les exportations de Isaacson souligne dans une note d’encaisser le choc du Covid-19. prévu, tandis que les capacités
plusieurs années. potasse rapportent environ 3 mil- qu’une grève de deux semaines chez L’effondrement de la consomma- d’extractions, elles, ont nettement
liards de dollars par an. Au-delà de Belaruskali pourrait amputer la tion de carburant a entraîné une progressé. Aujourd’hui, la tonne
la Biélorussie, le mouvement bous- production trimestrielle de 3,5 %. chute des prix du maïs – un tiers de s’échange entre 220 et 275 dollars. n
Metro et Casino ont un
investisseur commun, le milliar-
daire tchèque Daniel Křetínský.
Déjà actionnaire à 30 % de
Metro, il est entré au tour de table
de Casino en septembre 2019, à
hauteur d’environ 5 %. Casino et
Metro, comme Daniel Křetínský,
ont condamné ce type de tenta-
tive d’intimidation. « Nous
n’avons rien à voir avec les agisse-
ments dont il est fait mention dans
la note et nous condamnons avec
la plus grande fermeté ce type
d’actes », indique un porte-parole
de Casino. Dans ses dernières
notes, l’analyste conseillait aux
investisseurs clients de Kepler
Cheuvreux de « conserver »
(sous-entendu, en portefeuille) le
titre Metro et de « réduire » (la
pondération dans le portefeuille
d’investissement) de Casino.
Le cours de l’action Casino
s’est effondré le mois dernier
après la publication de résultats
semestriels décevants. Il est en Viktor Drachev/AFP

pariant sur la baisse du titre. Une baisse de 44 % depuis le début

accusation grave contre l’inté- de l’année. n

Des mines de potasse à Salihorsk, au sud de Minsk. La société d’Etat Belaruskali représente 20 % de l’offre mondiale de ce minerai.

en bref Les valeurs aurifères sous pression après le coup

Avant son introduction, Palantir annonce
une perte de 165 millions de dollars
d’Etat au Mali
TECHNOLOGIE Très attendue, la mise en Bourse de Palantir Les groupes miniers
devrait bien avoir lieu le mois prochain. L’éditeur de logiciels, exposés au Mali ont plongé
connu pour avoir travaillé à la traque de Ben Laden avec l’armée en Bourse après le renver-
américaine et, plus récemment, sur le Covid, était valorisé 20 mil- sement d’Ibrahim Boubacar
liards de dollars lors de sa levée de fonds de 2015. Il a, selon le « Wall Keïta par une junte
Street Journal », annoncé à ses investisseurs avoir brûlé 165 mil- militaire.
lions de dollars l’an dernier, portant ses pertes à 742 millions après
seize ans d’activité. Palantir s’est cependant voulu rassurant, indi- Nickel en Indonésie et en Nouvelle-
quant qu’il dispose de 1,5 milliard de dollars de trésorerie, ce qui lui Calédonie, cacao en Côte d’Ivoire et
donne plusieurs années avant d’atteindre la rentabilité. au Ghana, cuivre au Chili… Les pro-
ducteurs de matières premières
sont toujours extrêmement sensi-
bles au contexte politique. Le Mali,
troisième producteur d’or en Afri-
que subsaharienne, en est un par-
fait exemple. Quand le dirigeant du
Mali a été renversé par une junte
militaire le 18 août, l’onde de choc a
été immédiate pour les groupes
Diffusez vos enquêtes publiques
exploitant des sites au Mali, comme
le canadien Barrick Gold ou le sud-
africain AngloGold Ashanti, ont
mieux encaissé la déflagration, avec
des reculs respectifs limités à 3,53 %
et à 4,02 %.
Poursuite de l’activité
Resolute Mining a toutefois précisé
que les extractions de la mine de
Syama dans le sud du Mali se pour-
suivaient normalement. Hum-
mingbird assure que l’agitation
politique n’a pas d’effet sur la pro-
duction dans la mine de Yanfolia.
Même chose pour le complexe
minier de Loulo-Gounkoto exploité
par Barrick Gold.
« Un pays où il y a eu deux coups
d’Etat en une décennie n’est pas de
nature à rassurer les investisseurs
dans le secteur minier », explique à
Bloomberg Lori-Anne Theroux-
Bénoni, une analyste basée à Dakar
pour l’Institute for Security Studies.
« Je serais un peu préoccupée par le
niveau de risque et particulièrement
par le changement rapide d’interlo-
cuteurs au ministère des Mines. »
Les investisseurs voient égale-
ment d’un mauvais œil l’isolement
du pays provoqué par le coup d’Etat.
Les militaires qui ont renversé Ibra-
him Boubacar Keïta ont certes
ordonné la réouverture des frontiè-
res.
Mais l’Ecowas (Economic Com-
meture du pays devrait durer
« quelques jours ou semaines, mais
pas des mois », a-t-il déclaré à Reu-
ters. Le site de Fekola, la mine phare
de B2Gold, a produit 147.424 onces
lors du deuxième trimestre, et la
société assure avoir suffisamment
de stocks pour assurer ses livrai-
sons au moins jusqu’à la fin du tri-
mestre.
Des stocks abondants
« En raison du Covid, nous avons des
réserves plus importantes que
d’habitude », a expliqué le directeur
général. Les mesures de confine-
ment et l’arrêt du transport aérien
avaient perturbé le transport du
métal précieux et entraîné l’accu-

miniers.
dans Les Echos Dans le sillage de l’annonce du
coup d’Etat, Resolute Mining, coté à
Londres, a perdu 17,47 % sur la
seule séance de mercredi. B2Gold a,
annonces.lesechosleparisien.fr de son côté, flanché de 7,47 % et
01 87 39 70 08 Hummingbird Resources a lâché
10,14 %. Les acteurs plus importants
2.060
DOLLARS ET 60 CENTS
Le nouveau record historique
atteint par l’once d’or.
munity of West African States) a
demandé à ses membres de les
maintenir fermées. Une telle déci-
sion empêche les groupes miniers
d’exporter leur or en vue de son raf-
finage.
Clive Johnson, le patron de
B2Gold se montre confiant. La fer-
mulation d’or.
Sous l’effet des taux réels négatifs
aux Etats-Unis, les cours de l’or ont
flambé vers de nouveaux sommets
à plus de 2.000 dollars l’once pour
établir un nouveau record histori-
que à 2.060,60 dollars.
— E. Go.
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Les Echos Lundi 24 août 2020 FINANCE & MARCHES // 21

Le groupe Covéa va remodeler

sa gouvernance
ASSURANCE
L’assureur mutualiste
présidé par Thierry
Derez annoncera
début septembre
plusieurs décisions
sur sa gouvernance.
Eric Benhamou
@eric_benhamou
Le groupe Covéa souhaite tirer les
leçons d’une période mouvemen-
t é e . L’a s s u r e u r m u t u a l i s t e a
renoncé, en pleine crise du
Covid-19, à son projet de rachat du
réassureur PartnerRe, pourtant
présenté en mars comme stratégi-
que. Il reste toutefois dans le colli-
mateur du régulateur, qui a mis en
question sa gouvernance, notam-
ment la concentration jugée
« excessive » des pouvoirs entre les
mains du PDG, Thierry Derez.
L’assureur mutualiste devrait
annoncer à la rentrée, selon nos
informations, plusieurs initiatives
visant à remodeler sa direction géné-
paru de l’organigramme depuis le
départ à la retraite en 2017 de Chris-
tian Baudon, alors directeur général
des assurances. Ses fonctions
avaient été alors diluées lors de la
réorganisation du comité exécutif
qui avait suivi, avec la création de
deux nouvelles directions généra-
les, l’une dédiée à la relation client,
confiée à Joaquim Pinheiro, et
l’autre à Paul Esmein. Deux autres
directeurs généraux avaient été
nommés, avec une responsabilité
de « dirigeant effectif » au sens de la
réglementation prudentielle :
Maud Petit (finances) et l’ancien
policier de choc, Amaury de Hau-
teclocque (relations humaines).
Mais tous deux assurent avant tout
des fonctions support et non opéra-
tionnelles, ni stratégiques. Cette
réorganisation avait été perçue à
l’époque comme un renforcement
du pouvoir de Thierry Derez au sein
du groupe.
Montée en puissance
de Paul Esmein
La nomination de Paul Esmein,
né en 1981, n’est pas une surprise.
Depuis son arrivée dans le groupe
prudentiel et de résolution
(ACPR), qui n’a jamais caché son
inquiétude face à l’absence d’un
numéro deux, afin notamment
d’assurer une continuité de direc-
tion en cas « d’indisponibilité » du
PDG de soixante-trois ans.
Renforcement des comités
C’est également un moyen de
gagner du temps face aux deman-
des pressantes du régulateur visant
à dissocier les fonctions de prési-
dent et de directeur général. Une
injonction à laquelle Thierry Derez
ne semble pas prêt à se soumettre
au nom de la « cohésion du
groupe ». De fait, la dissociation des
fonctions est recommandée par les
régulateurs, mais elle n’est pas obli-
gatoire, contrairement au secteur
bancaire.
D’autres initiatives sont cepen-
dant attendues pour répondre en
partie aux « déficiences » de la gou-
vernance pointées par le régulateur
dans son rapport de septembre 2019,
La dissociation
des fonctions est
recommandée
par les régulateurs,
mais elle n’est pas
obligatoire.
en particulier l’opacité du processus
de prises de décision stratégiques.
Pour y remédier, le groupe entend
ainsi renforcer le rôle des comités
auprès du conseil d’administration
de SGAM Covéa, la structure politi-
que du groupe. Ainsi, un comité
stratégique devrait être créé. Les
rôles des autres comités seront pré-
cisés et renforcés. Le comité d’audit
et des risques sera ainsi scindé en
deux et le comité des rémunérations
musclé avec une compétence sur les
nominations. Les conseils de SGAM
et Covéa Coopérations, la structure
financière, auront également des Le régulateur conteste la concentration des pouvoirs entre
ordres du jour distincts. n les mains de Thierry Derez, PDG de Covéa. Photo Bruno Arbesu/RÉA

rale, renforcer le rôle des comités
auprès du conseil d’administration,
simplifier les structures et redonner
plus de place aux différentes mar-
SÉRIE D’ÉTÉ
en 2014, comme directeur de cabi-
net de Thierry Derez, ce jeune
diplômé des Mines et de l’Ensae,
ancien du Trésor, n’a cessé depuis

ques mutualistes du groupe (MMA,
MAAF et GMF), en première ligne
lors de la gestion de la crise.
Dans ce cadre, le groupe va se
QU’ÉTAITTRUMP
de monter en puissance au sein
du groupe. La démission surprise,
e n m a i d e r n i e r, d e Jo a q u i m
Pinheiro du comité exécutif a,

doter d’un numéro deux et nommer
à ce poste Paul Esmein, actuel direc-
teur général de l’offre et du service
client. Cette fonction avait de fait dis-
AVANTD’ÊTRE
sans doute, facilité sa promotion.
Cette décision peut aussi être
interprétée comme un signe
adressé à l’Autorité de contrôle

Le « loup de Wall TRUMP?

Street » se lance dans
le coaching de traders
BOURSE
Jordan Belfort, qui
a inspiré « Le Loup de
Wall Street », s’associe
à la plateforme de
formation et coaching
de traders RagingBull.
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
Le « loup de Wall Street » est de
retour à Wall Street au moment
où les actions américaines enre-
gistrent de nouveaux records. Il a
compris qu’il y avait un business
très lucratif avec les millions de
particuliers qui se sont lancés dans
le trading cette année.
Jordan Belfort, qui a inspiré
le film « Le Loup de Wall Street »
de Martin Scorsese, s’associe à la
société de formation de traders
RagingBull. Celui qui a purgé vingt-
deux mois de prison pour fraude
boursière va livrer les clés du succès
pour devenir un « bon » trader dans
ses « Wolf Mentality Lessons »
(Leçons pour devenir un loup).
N’ayant pas de licence de conseiller
financier ou de courtier, il ne pourra
pas donner de conseils précis sur
les actions à acheter ou à vendre.
Il évoquera tout au plus ses secteurs
favoris et « comment apprendre de
ses erreurs » dans le trading.
Formations onéreuses
La formation de trader, activité non
régulée, est florissante du fait de
l’envolée du nombre de particuliers
qui spéculent à Wall Street depuis
la crise du coronavirus et dans
l’espoir d’y faire fortune. « Le mar-
ché a connu un afflux de nouveaux
traders et beaucoup d’entre eux n’y
connaissent rien », constate Jordan
Trump père,Trump fils • La Trump Tower
ou le flair d’un milliardaire • Atlantic City
et les relations troubles avec la mafia •
The Apprentice, ou la construction de la
marque Trump • L’incroyable campagne
de 2016
Belfort, qui estime que RagingBull
est la « seule société qui enseigne le
trading comme on le fait sur le par-
quet de la Bourse de New York ».
1 épisode par jour
Fondée en 2011, la société Raging-
Bull Trading propose des forma-
à LIRE CETTE SEMAINE DANS LES ECHOS
tions de trading pour un abonne-
ment annuel pouvant monter
jusqu’à 2.000 dollars. Certains
séminaires coûtent même
14.000 dollars.
Elle n’est pas supervisée par le
régulateur des marchés boursiers
américain, la S ecurities and
Exchange Commission, qui avait
contribué à l’arrestation de Jordan
Belfort, en 1999, en pleine bulle
Internet.
200 millions de dollars
de pertes
RagingBull ne délivre aucune
recommandation sur les valeurs.
Il propose des méthodes (analyse
technique…), enseignées par son
« groupe d’experts », pour gagner
de l’argent sur différents produits
financiers (actions, options). Tous
les enseignants, des traders auto-
didactes, déclarent avoir fait
fortune (plusieurs millions de
dollars). La société met une pres-
sion constante sur ses clients pour
les orienter vers ses services les plus
onéreux.
Depuis sa sortie de prison, à
laquelle il fut condamné pour des
fraudes ayant causé des pertes de
200 millions de dollars à des inves-
tisseurs particuliers, Jordan Belfort
s’est lancé dans de nombreuses
activités : conférences « L’art de la
vente », lancement d’une marque
de vodka et, maintenant, la forma-
tion de traders.
La justice américaine a cepen-
dant rappelé au « loup de Wall
Street » qu’il devait mettre plus
d’empressement à indemniser
ses nombreuses victimes. n
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22 // FINANCE & MARCHES Lundi 24 août 2020 Les Echos

euronext
SÉANCE DU 21 - 08 - 2020 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 4896,33 (-0,30 %) NEXT 20 : 10506,52 (0,24 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 5419,14 (-0,26 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 3801,55 (-0,23 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 26 AOÛT CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
ACCOR (AC) R A 24,1 24,67 + 4,18 - 40,91 MICHELIN (ML) R A 94,48 93,36 - 0,68 - 14,43 GENSIGHT (SIGHT) g C 2,94 2,93 - 0,68
+ 17,91 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 22,1 22,3 - 12,89
1472985 24,68 + 1,11 42,24 361644 94,78 - 3,59 112,8 199977 2,985 - 5,48 4,88 5221 22,45 + 2,29 26
FR0000120404 10/05/19 1,05 261.355.688 23,83 - 36,82 20,15 FR0000121261 01/07/20 2 178.641.341 92,46 + 0,54 68 2,14 FR0013183985 32.827.362 2,895 +108,99 1,36 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 22,1 - 14,07 14,62
AIR LIQUIDE (AI) R A 139,15 138,15 - 0,58 + 9,47 ORANGE (ORA) R A 9,866 9,83 - 0,37 - 25,08 GETLINK (GET) LR A 13,02 13,02 + 0,23 - 16,05
884166 139,65 - 1,29 143,7 6424268 9,95 -10,11 13,545 RUBIS (RUI) G A 39,66 39,52 + 0,25 - 27,82
521349 13,12 - 4,26 17,04 DIV 2 28/07/17 148992 40,1 - 3,28 57,45
FR0000120073 11/05/20 2,7 473.452.688 136,7 + 21,62 94,86 1,95 FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 9,766 - 27,32 8,84 2,04 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 12,83 + 3,25 8,615
AIRBUS GROUP (AIR) R A 70 69,08 - 0,13 - 47,06 3,4 PERNOD-RICARD (RI) R A 145,3 143,55 - 1,2 - 9,94 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.554.889 39,42 - 24,58 31,6 4,43
GL EVENTS (GLO) g B 10,12 10,4 + 2,97- 56,76
1911917 70,58 + 1,51 139,4 20,35 354558 145,3 + 0,38 171,1 12472 10,4 -11,86 24,45 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 300 296,6 - 0,94 +100,81
NL0000235190 15/04/19 1,4 784.064.748 66,97 - 46,03 48,12 2,39 FR0000120693 08/07/20 1,18 261.876.560 142,5 - 13,5 112,25 0,82 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,12 - 58,06 10 DIV 6 10/05/16 40006 301,2 +14,69 301,2
ARCELORMITTAL (MT) R A 9,821 9,707 - 0,32 - 37,94 PEUGEOT (UG) R A 14,805 14,355 - 2,05 - 32,61 GROUPE CRIT (CEN) g B 49,9 49,1 - 1,6
- 33,29 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 293,8 +108,73 133,9 0,12
5180545 9,904 - 3,85 16,85 2310798 14,865 - 3,24 22,01
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 9,627 - 20,04 5,98 FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 14,155 - 25,14 8,878 260 49,9 - 0,41 74,4 SAVENCIA (BH) B 54 54 + 0,75 - 12,05
FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 48,9 - 23,52 36,15 2,04 533 54,2 + 5,88 64,8
ATOS SE (ATO) R A 70,48 70,4 + 0,46 - 5,27 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 28,94 28,81 - 28,62
416892 71,5 - 8,05 82,46 660639 29,07 + 5,92 43,7 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 12,32 12,22 + 0,16- 28,29 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 53,6 - 17,18 45,1
FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 69,92 + 1,29 43,26 FR0000130577 25/06/19 2,12 240.712.988 28,33 - 32,78 20,94 7,36 2637 12,42 - 7,8419 SCOR (SCR) LR A 22,06 21,76 - 1,18 - 41,85
FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 12,22 - 7,14 8,59 2,62
AXA (CS) R A 17,498 17,206 - 1,22 - 31,48 RENAULT (RNO) R A 23,38 23,035 - 0,69 - 45,39 264815 22,2 -14,67 39,12
7266494 17,55 - 6,99 25,615 1625055 23,485 - 5,92 43,365 GTT (GTT) G A 79,5 79,25 - 0,94 - 7,2 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.674.276 21,58 - 41,4 15,88
FR0000120628 07/07/20 0,73 2.417.706.674 17,02 - 20,27 11,844 4,24 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 22,57 - 54,45 12,77 24457 80,3 + 1,28
102,7
FR0011726835 08/06/20 1,75 37.078.357 79,15 - 7,09 48,76 2,21 SEB (SK) G A 147,7 146,1 - 0,88 + 10,35
BNP PARIBAS (BNP) R A 36,235 35,36 - 1,66 - 33,07 SAFRAN (SAF) R A 98 97,24 - 0,41 - 29,36
3872526 36,25 - 8,25 54,22 898533 99,44 + 3,91 152,3 GUERBET (GBT) g B 30 29,5 + 3,15- 28,57 47857 148,6 + 1,11 150,6
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 34,92 - 12,92 24,505 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 94,42 - 25,26 51,1 10057 30 -13,4944,1 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 144,5 + 1,04 86,35 0,98
BOUYGUES (EN) R A 32,5 32,44 + 0,37 - 14,36 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 33,85 33,36 - 1,24 - 8,6 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.599.674 28,65 - 42,94 26 2,37 SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 25,4 25,4 + 0,59 - 19,87
632203 32,7 + 1,38 41,32 1192110 34,05 - 1,3 37,255 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,665 4,61 - 1,92
- 13,02 1276 25,45 + 9,01 37,5
FR0000120503 30/04/19 1,7 380.062.741 31,97 - 1,7 22,27 FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.713 33,06 + 3,83 16,408 3067 4,73 - 6,87 5,78 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 25,2 - 16,86 19,5
CAP-GEMINI (CAP) R A 112,75 114 + 1,51 + 4,68 SANOFI (SAN) R A 86,79 86,34 - 0,72 - 3,66 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 4,61 - 29,73 3,27 4,77
268818 114 + 5,36 120,9 1632287 87,33 - 6,88 95,82 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 0,754 0,77 + 2,67 + 16,47
HEXAOM (HEXA) g B 31,3 31,3 - 14,95 369778 0,801 + 5,77 0,87
FR0000125338 03/06/20 1,35 169.449.699 111,7 + 4,2 51,78 1,18 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.936.943 85,71 + 10,79 67,65 3,65 73 31,4 - 1,57 39,8
CARREFOUR (CA) R A 13,21 13,225 + 0,49 - 11,54 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 103,45 103,45 + 0,39 + 13,06 FR0013006558 51.201.284 0,754 + 31,46 0,243
FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 31,3 - 5,86 21,7
1698303 13,33 - 4,03 16,915 1032566 104,3 + 2,73 105,55 HIGH CO (HCO) g C 4,64 4,59 - 24,51 SOITEC (SOI) G A 108,1 107,1 - 0,56 + 14,3
FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,145 - 15,33 12,095 1,74 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 101,9 + 39,12 61,72 2,47 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 45383 108,9 + 1,04 111,5
5694 4,64 + 9,29 6,32
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 8,52 8,332 - 1,54 - 35,54 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 13,628 13,282 - 1,98 - 57,18 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,48 - 14,04 2,95 FR0013227113 33.180.921 107,1 + 17,24 48,86
4662175 8,56 - 9,55 13,8 5601847 13,694 -15,23 32,23
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 8,26 - 18,07 5,7 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 13,076 - 39,95 11,346 ICADE (ICAD) G A 55,75 55,75 - 0,18 - 42,56 SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,083 0,083 - 0,95 - 84,89
44956 56,35 - 5,27 106 REGR. 3015375 0,085 -26,71 0,583
DANONE (BN) R A 56,12 55,94 - 0,18 - 24,3 STMICROELETRONICS (STM) R A 24,47 24,32 + 0,12 + 1,46 0,23 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 55,15 - 30,01 53,5
1155782 56,44 - 8,05 75,16 2079550 24,69 - 8,12 29,44 107,02 FR0012938884 627.041.466 0,082 - 88,65 0,082
FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 55,32 - 30,6 50,26 3,75 NL0000226223 22/06/20 0,04 911.204.420 24,07 + 47,66 13,73 0,17 ID LOGISTIC (IDL) g A 192 191,8 - 0,1 + 6,32 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 14 14,1 + 1,73 + 41,57
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 151,3 152,4 + 1,13 + 3,99 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 256 252 - 1,49 + 15,92 666 194 + 5,5 196,6 163967 14,24 + 4,83 15,16
235373 153,9 - 6,16 164,15 161581 256,8 + 5,44 266,6 FR0010929125 5.649.427 191 + 12,82 115
FR0013379484 107.127.984 13,8 + 66,18 5,3
FR0000130650 28/05/20 0,7 264.749.037 150,2 + 15,15 105 0,46 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 251,8 + 28,31 150,3 0,95 IMERYS (NK) G A 33 33,32 + 0,54 - 11,57
46221 33,66 + 2,78 43,54 SOMFY (SO) A 107 106 - 1,3 + 21,14
ENGIE (ENGI) R A 11,245 11,185 - 0,45 - 22,33 1,21 THALES (HO) R A 68,42 67,62 - 0,56 - 26,91 4484 107,4 +21,84 107,8
4578002 11,385 - 1,11 16,795 9,28 320155 68,82 - 6,5 99,96 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 33 - 9,06 20,68 5,16
FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 11,08 - 17,45 8,626 FR0000121329 03/12/19 0,6 213.340.377 66,76 - 36,09 52,5 INGENICO GROUP (ING) LR A 135,95 136,85 + 0,29 + 41,37 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 104,6 + 39,29 63,6 1,18
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 109,45 109 - 0,05 - 19,73 TOTAL (FP) R A 32,72 32,36 - 0,49 - 34,23 103100 137,3 - 1,55 147,9 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 134 133,7 + 0,23 - 6,83
557407 110,6 - 7,55 145 4771676 32,81 - 4,13 50,93 FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 134,15 + 51,22 64,46 16744 134,8 +12,45 162
FR0000121667 21/05/19 2,04 437.564.431 107,7 - 16,95 86,76 FR0000120271 29/06/20 0,68 2.653.124.025 32,07 - 27,09 21,12 2,1 INNATE PHARMA (IPH) g B 5,33 5,235 - 1,87 - 12,16 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 132,6 + 12,64 78,15
HERMES INTL (RMS) R A 694,2 699 + 1,28 + 4,92 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 39,95 40,51 + 2,32 - 71,2 110998 5,365 - 6,18 7,48 SMCP (SMCP) g B 3,904 3,906 - 58,67
57354 699,6 - 7,83 788,2 1311467 41,11 -19,72 142,05 FR0010331421 78.980.640 5,235 - 10,44 2,9
FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 690,8 + 11,23 516 0,44 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 39,71 - 67,16 35,92 54602 3,962 + 8,26 10,08
INTERPARFUMS (ITP) g A 40,95 41,2 - 0,36 + 11,35 FR0013214145 74.117.760 3,846 - 70,23 2,945
KERING (KER) R A 495,6 495,5 + 0,27 - 15,33 VEOLIA ENV. (VIE) R A 18,705 18,825 + 1,05 - 20,6 13690 41,3 + 1,6 42,85
135508 497,8 - 4,99 614,9 1604589 19,05 - 4,51 29,09 FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 40,8 + 2,49 26,05 SPIE (SPIE) G A 13,65 13,3 - 0,97 - 26,76
FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 487,9 + 12,86 348,55 0,91 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 18,65 - 13,77 16,015 2,66 160024 13,71 - 4,25 19,58
IPSEN (IPN) G A 87,9 86,05 - 0,75 + 8,92
L.V.M.H. (MC) R A 385 385,45 + 0,55 - 6,94 VINCI (DG) R A 80,78 80,38 - 18,81 77342 87,9 +10,32 89,5 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 13,29 - 19,25 7,805
482939 386,65 - 5,98 439,05 926369 81,24 - 2,4 107,35 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 85,65 - 9,09 34,2 1,16 SQLI (SQI) g C 23,3 23 - 6,12
FR0000121014 07/07/20 2,6 504.757.339 380,1 + 4,43 278,7 0,68 FR0000125486 23/06/20 1,25 612.405.455 78,76 - 18,41 54,76 1,56
IPSOS (IPS) G A 21,85 22,05 + 1,85 - 23,83 2077 23,3 +16,46 24,5
LEGRAND (LR) R A 69,74 69,88 + 0,63 - 3,8 VIVENDI (VIV) R A 23,9 23,93 + 0,29 - 7,32 70706 22,2 - 7,16 32,1 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 22,5 + 17,35 13,42
307103 70,24 - 0,85 77,94 2819025 24,11 - 0,79 26,42 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 21,7 - 8,13 15,82 2,04
FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 68,9 + 11,24 45,91 1,92 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.525.292 23,59 - 7,1 16,6 2,51 STEF (STF) g B 66,3 66,6 + 0,45 - 17,16
L'ORÉAL (OR) R A 279,1 273,9 - 1,83 + 3,75 WORLDLINE (WLN) G A 73,06 73,08 + 0,3 + 15,72 JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 10,5 10,42 + 0,39 - 32,43 3417 66,8 - 3,9 85,1
571880 279,5 - 5,42 297,2 449744 73,46 - 2,46 80,48 1016 10,5 - 7,79 15,86 FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 66,3 - 16,02 57,2
FR0000120321 03/07/20 3,85 559.298.180 272,3 + 13,6 196 1,41 FR0011981968 183.390.254 71,46 + 13,3 36,36 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 10,42 - 35,36 7,6 1,92
JCDECAUX (DEC) G A 15,69 15,64 + 0,39 - 43,09 SUEZ (SEV) LR A 11,39 11,805 + 4,06 - 12,46
142065 15,76 + 3,71 27,74 7073462 12,275 +12,54 16,035
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 15,49 - 38,81 13,58 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.580 11,34 - 13,52 8,046 3,81
KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 34,55 34,65 - 6,35 SWORD GROUP (SWP) g B 34,05 34,5 + 1,32 + 1,17
26982 34,7 - 8,7 41,86 2853 34,5 +19,38 37,15
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0004007813
KLEPIERRE (LI) LR
08/06/20 1,75 22.088.023
A 13,86
33,65
13,98
- 0,89 19,4
+ 1,53 - 58,7
5,05 FR0004180578
SYNERGIE (SDG) g
07/05/19 1,02 9.544.965
B 20,8
34
20,8
+ 10,93 20,45
- 28,77
3,48

1172796 14,315 -16,76 34,66 116 20,9 - 0,48 31,4

FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 13,845 - 49,11 12,625 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 20,8 - 29,49 13
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA KORIAN (KORI) G A 32,38 31,78 - 1,37 - 24,19
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 79477 32,38 - 2,22 45,66 TARKETT (TKTT) G B 10,89 10,77 - 1,1 - 25,21
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 49067 10,99 + 3,66 16,56
FR0010386334 11/06/19 0,6 82.920.740 31,72 - 14,48 25,16
A.S.T. GROUPE (ASP) g C 2,88 2,88 + 0,35 - 19,78 CATANA GROUP (CATG) g C 2,23 2,2 - 1,79 - 49,19 LAGARDÈRE (MMB) G A 15,05 14,92 - 0,07 - 23,21 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 10,54 - 19,63 7,53
5672 2,88 + 6,67 4,05 46714 2,235 - 0,9 4,49 180596 15,08 + 5,82 19,76 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 256 252 - 1,49 + 15,92
FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 2,82 - 25,87 1,82 FR0010193052 30.514.178 2,175 - 16,19 1,7 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 14,87 - 23,72 8,14 161581 256,8 + 5,44 266,6
AB SCIENCE (AB) g B 9,11 9,5 + 4,4 + 76,58 CGG (CGG) G A 0,785 0,772 - 1,18 - 73,33 LDC (LOUP) A 103 104 + 1,96 - 0,48 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 251,8 + 28,31 150,3 0,95
169306 9,56 + 5,32 11 4279445 0,796 -21,26 3,121 4521 104,5 + 1,96 110,5
FR0010557264 41.597.243 9,09 +122,48 4,81 FR0013181864 711.323.839 0,764 - 55,72 0,704 TF1 (TFI) G A 5,27 5,27 + 1,15 - 28,78
FR0013204336 27/08/19 1,6 17.134.471 103 - 3,7 74,2 1,54 192632 5,32 + 9,25 7,805
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,96 6,91 - 0,72 + 3,13 CHARGEURS (CRI) g C 14,44 14,06 - 2,09 - 18,63 LE BÉLIER (BELI) g C 37,8 37,8 + 3,85
17407 6,97 - 4,29 7,27 65427 14,44 - 2,63 24,1 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.397.574 5,22 - 40,89 4,062 7,59
198 37,8 + 2,44 38
FR0004040608 07/07/20 0,03 58.512.053 6,91 + 8,99 5,05 0,43 FR0000130692 04/05/20 0,2 24.003.377 13,98 - 14,16 7,9 1,42 FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 37,8 + 50 26,15 TFF GROUP (TFF) B 28,9 28,3 - 2,08 - 22,89
ABIVAX (ABVX) g B 19,68 19,28 - 14,5 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 346,2 348 + 0,4 - 23,82 1413 28,9 - 4,39 38,2
LNA SANTÉ (LNA) g B 48,4 48,7 + 1,25 - 1,72
6225 19,68 -16,72 25 EX D OP 08/06/17 4583 350 -10,86 479,8 2555 48,8 - 0,81 53 FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 28,3 - 21,39 22 1,24
FR0012333284 12.228.269 19,12 +128,71 10,4 FR0000130403 07/07/20 2,6 180.507.516 345,2 - 23,98 252,4 0,75 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 48,4 - 0,92 31,75 0,92 THERMADOR GROUPE (THEP) B 55,8 56,2 + 2,56 + 6,04
ACTIA GROUP (ATI) g C 2,3 2,29 - 0,44 - 46,87 CNP ASSURANCES (CNP) G A 11,3 11,13 - 1,24 - 37,23 LECTRA (LSS) g B 19 19,4 + 2,11 - 13,2 767 56,2 - 3,44 58,8
2686 2,305 + 3,62 4,625 348711 11,4 + 0,82 18,17 11108 19,46 +10,86 24,85 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 55,2 - 2,43 35,7 3,2
FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 2,275 - 45,67 1,8 4,37 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 10,98 - 33,99 5,3 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.251.200 18,96 + 6,36 12,2 2,06 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 22,8 22,8 + 3,64
ADOCIA (ADOC) g B 8,27 8,4 + 0,48 - 15,15 COFACE (COFA) G A 6,64 6,53 - 1,36 - 40,47 LINEDATA SVICES (LIN) g B 24,4 24,5 + 0,41 - 8,24 EX D S 03/07/17 2446 22,9 26,4
1018 8,4 + 3,58 16,18 162516 6,67 - 2,1 12,51 1734 24,6 + 6,52 30,9
FR0011184241 6.976.454 8,27 - 58,72 5,6 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 6,4 - 38,1 4,448 FR0013230612 22/05/20 0,5 136.802.970 22,7 + 27,37 15,45 2,19
FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 24,4 - 15,81 18 3,88
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 85,9 86,35 + 1,53 - 50,97 COLAS (RE) A 117,5 118 + 0,43 - 16,19 TRANSGÈNE (TNG) g B 1,448 1,482 + 2,35 - 4,39
LISI (FII) g A 19,44 19,28 - 0,1 - 35,84
71739 86,6 - 7,65 179,2 240 118 + 3,96 143 12016 19,44 + 8,93 32,7 31124 1,482 + 1,37 2,08
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 84,45 - 44,33 70,7 FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 116 - 15,11 90 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 18,8 - 24,54 12,5 FR0005175080 83.841.334 1,448 - 11,36 0,81
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 3,695 3,725 + 1,78 - 62,46 COVIVIO (COV) G A 63,85 63,35 - 0,78 - 37,4 LUMIBIRD (LBIRD) g C 11,78 11,92 + 0,85 - 21,07 TRIGANO (TRI) G A 105,5 104 - 1,42 + 10,52
3141365 3,753 - 8,52 10,27 85994 64,2 - 2,09 112,2 4039 11,92 - 0,67 15,499 17289 106,6 + 6,12 108,8
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 3,62 - 64,3 3,26 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 62,45 - 32,96 38,84 FR0000038242 22.466.882 11,68 - 27,02 5,365 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 102,6 + 18,72 41,76 1,92
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 15,96 15,76 - 0,25 - 73,53 COVIVIO HOTELS (COVH) A 14,55 14,5 - 0,34 - 49,12 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 10,76 10,6 - 0,94 - 36,83 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 69,18 69,94 + 1,51 + 13,58
49735 16,2 -38,56 62,273 1510 14,7 -12,12 30 63231 10,8 + 6,85 17,07
FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 15,68 - 71,2 15,68 4,44 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 14,4 - 44,02 14,4 283252 69,98 - 0,48 80,8
FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 10,58 - 35,25 8,55 FR0000054470 122.239.704 68,72 - 5,33 51,16
AKWEL (AKW) g B 13,86 14,1 + 1,59 - 30,2 DASSAULT AV. (AM) G A 769,5 766,5 + 1,06 - 34,49 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 14,12 14,14 + 1 + 9,02
687 14,14 + 5,38 20,8 4162 769,5 - 9,88 1192 47153 14,16 +22,21 14,3 VALEO (FR) LR A 25,04 24,55 - 1,25 - 21,84
FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 13,72 - 15,37 8,8 1,38 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 750,5 - 39,65 624 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 13,89 - 15,23 5,35 686008 25,19 + 1,32 33
ALBIOMA (ABIO) Gg B 40,7 41 + 1,74 + 57,69 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 3,874 3,732 - 3,07 - 80,99 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.036.743 24,12 + 0,41 10,51 0,82
MANITOU (MTU) g B 15,74 16 + 2,3 - 25,41
41293 41,3 + 3,67 41,35 608617 3,888 -51,97 25,44 10860 16,04 - 5,66 22,3 VALLOUREC REG (VK) G A 28,025 27,465 - 2 - 75,58
FR0000060402 11/06/20 0,35 31.601.983 40,35 + 69,42 22,85 0,85 FR0010417345 54.927.187 3,73 - 78,42 3,5 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 15,54 - 13,33 11,36 34791 28,025 -17,81 114,68
ALD (ALD) G A 8,71 8,71 - 37,07 DERICHEBOURG (DBG) g B 2,4 2,35 - 1,51 - 35,62 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,182 1,166 - 1,35 - 27,22 FR0013506730 11.449.694 27,38 - 72,81 25,35
55771 8,73 - 1,47 14,2 150647 2,4 - 7,19 3,784 4450 1,182 - 7,17 1,7 VALNEVA (VLA) g B 5,61 5,58 - 1,06 +117,12
FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 8,59 - 34,61 6,29 7,23 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 2,35 - 26,97 2,07 4,68 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.754 1,164- 48,75 0,651 218673 5,71 + 5,68 5,99
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 15,16 15,18 + 0,26 - 49,15 DEVOTEAM (DVT) g C 97,2 97,5 + 0,31 + 3,17 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,212 1,19 - 1,65 - 12,88 FR0004056851 90.951.812 5,46 + 82,35 1,784
2467 15,36 -10,71 30,95 3304 97,5 - 0,1 99,1 39565 1,212 - 2,46 2
FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 15,16 - 38,29 13,2 4,61 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,2 - 4,97 47,25 FR0010609263 30.558.480 1,19 - 21,4 0,566 VERALLIA (VRLA) g A 26,3 26,25 - 0,19 - 13,25
ALSTOM (ALO) LR A 47,53 47,85 + 0,72 + 13,31 EDENRED (EDEN) LR A 41,79 41,75 + 0,19 - 9,44 23322 26,5 - 0,57 36,01
MEDIAWAN (MDW) g B 11,94 11,98 + 0,17 + 14,75
338924 48,36 - 3,8 50,64 524052 42,01 - 4,18 51,56 607 11,98 + 0,34 12 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 26,05 - 2,78 19,26 3,24
FR0010220475 15/07/19 5,5 226.867.161 47,46 + 21,17 29,73 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 41,14 - 8,44 29,74 1,68 FR0013247137 32.147.961 11,94 + 17,22 5,02 VERIMATRIX (VMX) g B 2,625 2,645 + 1,73 + 33,59
ALTAREA (ALTA) A 124 125,6 + 0,8 - 37,98 EDF (EDF) LR A 8,65 8,536 - 0,42 - 14,02 MERCIALYS (MERY) G A 5,66 5,65 + 0,36 - 54,18 49079 2,645 +14,01 2,7
1437 127,6 + 3,46 210 EX-DS 7/03/17 1420641 8,668 -11,12 13,61 471240 5,77 -18,35 12,64 FR0010291245 84.927.567 2,6 + 41,14 1,138
FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 124 - 32,47 103,2 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.103.621.086 8,49 - 19,09 5,978 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 5,575- 45,88 5,3 VICAT (VCT) g A 30,1 29,75 - 1 - 26,27
ALTEN (ATE) G A 68,15 67,55 - 0,15 - 39,96 EIFFAGE (FGR) LR A 78 78,04 + 0,57 - 23,49 MERSEN (MRN) g B 23,25 22,55 - 2,17 - 33,97 24804 30,4 + 6,25 41,65
38514 68,2 - 1,31 119 136295 78,76 - 2,45 111,75 26381 23,35 + 3,44 35,3 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 29,5 - 25,25 22,5 5,04
FR0000071946 20/06/19 1 34.196.917 66,65 - 39,14 54,5 FR0000130452 21/05/19 2,4 99.601.884 76,86 - 16,09 44,65 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.856.460 22,15 - 25,45 12,38
AMUNDI (AMUN) G A 64,4 63,8 - 0,24 - 8,73 EKINOPS (EKI) g C 5,67 5,68 + 0,35 - 14,07 VILMORIN & CIE (RIN) g A 49,75 48,85 - 1,81 + 1,24
METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,8 1,8 + 0,28 + 16,88 1933 49,75 + 1,03 52,4
EX-DS 15/03/17 81035 64,5 -11,39 78,55 24069 5,68 - 3,07 6,8 24406 1,825 + 1,41 2,04
FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 63,35 + 11,73 43,82 FR0011466069 24.628.580 5,6 + 81,47 3,67 FR0004177046 27.813.800 1,775+ 25,87 0,921 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 48,35 - 0,31 34,25 2,76
ARCHOS (JXR) g C 0,042 0,044 + 7,32 - 58,88 ELIOR (ELIOR) G A 4,94 5,065 + 3,24 - 61,34 NANOBIOTIX (NANO) g B 6,98 6,84 - 1,3 - 17,39 VIRBAC (VIRP) G A 193 191,4 - 0,62 - 19,07
6423490 0,048 +10,55 0,115 332243 5,08 - 3,15 13,83 45765 6,98 -12,2 9,56 2387 193,2 - 2,15 244,5
FR0000182479 145.183.473 0,041 - 72,01 0,031 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.125.268 4,906 - 55,49 4,072 5,73 FR0011341205 13/05/19 26.031.122 6,8 - 21,47 3,54 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 189,8 + 10 132,2
ARGAN (ARG) A 85,2 84,8 - 0,47 + 9,28 ELIS (ELIS) G A 10,61 10,6 + 0,57 - 42,7 NATIXIS (KN) G A 2,395 2,362 - 0,96 - 40,32 WAVESTONE (WAVE) g B 20 20 - 23,08
5301 86 + 3,41 93 304747 10,77 + 1,15 19 7095864 2,395 + 1,03 4,411 1265 20,1 29
FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 84,4 + 32,92 54 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.793.981 10,42 - 33,96 5,375 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,336 - 33,3 1,471 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 19,98 - 23,37 15,5
ARKEMA (AKE) LR A 92,5 92,78 + 0,74 - 2,03 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,402 1,42 + 1,28 - 35,89 NEOEN (NEOEN) G A 43 42,55 - 0,7 + 37,7
127194 93,02 + 2,52 95,66 60778 1,42 + 7,58 2,9 WENDEL (MF) G A 86 85,85 + 0,53 - 27,55
39102 43 + 5,98 43,2
FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 91,74 + 17,71 42,5 2,37 FR0011191766 26.569.946 1,398 + 51,39 1,18 FR0011675362 85.242.638 41,75 + 85 25,3 38139 86,65 + 2,51 127,5
ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,78 8,14 + 4,36 - 14,41 ERAMET (ERA) G A 26,55 26,76 + 1,21 - 41,62 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.682.308 85,25 - 31,59 54,8 3,26
NEXANS (NEX) G A 46,22 46,58 + 1 + 7,11
25658 8,14 - 1,21 10,1 29480 26,79 -10,8 47,18 52964 46,72 + 3,47 50,8 WORLDLINE (WLN) G A 73,06 73,08 + 0,3 + 15,72
FR0000074783 6.651.515 7,78 - 18,11 5,01 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 26,33 - 35 18,665 FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 45,72 + 62,41 21,55 449744 73,46 - 2,46 80,48
ASSYSTEM (ASY) B 22,15 22,35 + 0,68 - 30,8 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 6,14 6,06 - 1,3 - 9,55 NEXITY (NXI) G A 28,4 28,36 - 0,35 - 36,67 FR0011981968 183.390.254 71,46 + 13,3 36,36
OPA 24/11/17 732 22,35 - 1,54 34,65 22294 6,26 -14,65 11,46 75303 28,74 + 0,28 46,2 XPO LOGISTICS (XPO) A - 10
FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 21,95 - 42,1 16,58 4,47 FR0011471135 18.081.843 6,06 + 13,27 2,8 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 27,96 - 34,2 23,3 7,05 + 1,74 280
ATARI (ATA) g C 0,319 0,303 - 3,96 - 8,07 ESI GROUP (ESI) g C 38 38,7 + 1,84 + 19,08 NICOX (COX) g B 4,02 4,02 + 0,5 - 7,69 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 - 21,48 214
2989876 0,327 +12,85 0,36 3664 38,7 + 2,38 41 14997 4,03 - 3,13 5,23
FR0010478248 267.782.050 0,288 - 14,31 0,17 FR0004110310 6.023.892 38 + 29 24,6 FR0013018124 33.491.370 3,985 - 10,17 2,53
AUBAY (AUB) g C 32,6
4623
32,1
32,6
- 1,23 - 4,04
+ 5,25 34,75
EURAZEO (RF) G A 43,5
114200
43,56
43,74
+ 0,69
- 7,95
- 28,59
67,05
NRJ GROUP (NRG) B 5,98
611
5,98
5,98
- 0,33 - 10,75
+ 3,46 6,88
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
FR0000063737 15/05/20 0,27 13.208.296 32 - 1,38 15,32 0,84 FR0000121121 08/05/19 1,25 78.645.486 42,84 - 27,52 35,6 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,94 - 9,39 4,5 EURONEXT (ENX) G A 100,7 101,3 + 0,8 + 39,44
AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,012 0,012 - 4,07 - 3,28 EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) LR A 695,4 699,4 + 0,58 + 41,52 ONXEO (ONXEO) g B 0,674 0,676 + 21,8 68766 102 + 6,74 102,3
12545331 0,012 - 1,67 0,029 38558 702,6 +23,48 702,6 14598 0,684 - 5,85 0,979
FR0000066052 21/10/11 0,05 848.797.338 0,012 - 57,4 0,005 FR0000038259 03/07/19 2,45 18.941.892 692,4 + 78,51 393 0,41 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 99,9 + 43,69 52,9 1,57
FR0010095596 78.317.810 0,671 - 1,46 0,3
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 19,85 19,7 - 0,76 + 58,87 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 1,328 1,338 + 1,36 - 69,13 ORPÉA (ORP) LR A 104,6 102,95 - 1,58 - 9,93 NOKIA (NOKIA) R A 4,236 4,208 - 0,38 + 27,25 0,3
157 19,85 + 1,29 21,2 652152 1,347 -40,53 4,688 98081 104,85 + 1,83 129 329277 4,239 + 8,36 4,352 14,21
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.308.766 19,65 + 75,89 10,55 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,315 - 76,19 1,22 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 102,15 - 9,22 69,1 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 4,158 - 9,62 2,083 1,19
BAINS MER MONACO (BAIN) B 57 57,2 + 1,06 - 0,35 EUTELSAT COM. (ETL) G A 8,57 8,534 - 0,33 - 41,1 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 83 82,6 - 0,24 + 36,3 SES (SESG) LR 6,088 6,052 + 0,37 - 51,58
870 57,2 + 2,51 67,6 646435 8,666 + 1,14 14,825 1772 83 + 2,99 85 705464 6,09 - 5,44 14,165
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 57 + 0,35 44 FR0010221234 21/11/19 1,27 230.544.995 8,522 - 45,64 7,984 14,88 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 81,6 + 51,56 41,25 1,09 LU0088087324 21/04/20 0,34 370.693.490 5,956 - 57,46 4,87 6,61
BÉNÉTEAU (BEN) g B 6,55 6,615 + 0,99 - 38,92 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 35,7 36 + 0,84 - 22,75 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 14,05 14,1 + 2,17 - 30,2 X-FAB SILICON (XFAB) g A 3,285 3,165 - 1,09 - 24,1
40450 6,645 +10,34 10,9 44 36 - 4,51 47,8 4294 14,4 -10,76 33,9 67303 3,285 + 1,77 6,08
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 6,5 - 23,66 4,9 3,48 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 35,7 - 18,55 31 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.891.447 13,8 - 12,2 9,9 BE0974310428 130.781.669 3,125 - 10,09 1,868
BIC (BB) G A 49 49,04 + 0,29 - 20,9 FAURECIA (EO) LR A 34,94 34,01 - 2,02 - 29,19 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 18,22 18,34 + 0,77 - 26,35
37920 49,52 - 1,05 66,05 243180 35,12 - 2,83 49,49 104546 18,42 - 4,68 26,41
FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 48,9 - 15,52 41,86 5 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 33,89 - 9,86 20,58
BIGBEN INT. (BIG) g C 13,26 13,4 + 0,75 - 16,46 FDJ (FDJ) G A 30,76 31,29 + 2,29 + 31,33
FR0000124570
PLASTIVALOIRE (PVL) g
29/04/20 0,49 148.566.107
B 3,84
17,98
3,9
- 12,29 12,01
+ 1,56 - 43,64
2,67
VALEURS ZONE INTERNATIONALE
10695 13,48 +10,2 17,1 103224 31,33 +14,7 32,18 DIV 8 02/05/17 5073 3,925 + 6,85 7,48
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 13,26 + 14,14 8,1 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 30,7 + 60,46 18,3 1,44 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 3,84 - 32,87 2,79 GENERAL ELECTRIC (GNE) 5,3 5,307 + 1,05 - 46,11 1,29
8911 5,4 -14,2 12,1
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 139,1 138 - 0,79 + 73,91 FFP (FFP) g A 68 67,6 + 0,15 - 35 PROLOGUE (PROL) g C 0,24 0,237 - 30,7
95840 139,4 + 2,6 143,2 3275 68,5 - 1,17 105,6 US3696041033 USD 26/06/20 0,01 8.753.289.000 5,26 - 29 5,052
7882 0,24 - 0,84 0,387
FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 135,4 + 80,63 75 0,14 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 66,6 - 21,94 42,15 3,18 FR0010380626 46.585.630 0,233 - 51,63 0,15 HSBC (HSB) 3,75 3,708 - 0,09 - 47,14 52,19
BOIRON (BOI) g A 33,4 33,9 + 1,5 - 6,87 FIGEAC AERO (FGA) g B 3,385 3,315 - 2,5 - 64,35 QUADIENT (QDT) g B 11,65 11,8 + 1,55 - 45,32 16697 3,75 -12,63 7,121
1731 33,9 + 1,8 41,65 17359 3,41 -13,11 9,69 46112 11,8 - 8,53 24,3 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.366.093.154 3,631 - 44,19 3,575
FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 33,4 - 10,32 26,75 3,1 FR0011665280 31.839.473 3,3 - 71,42 2,48 FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 11,47 - 35,27 10,67 4,49 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 40,14 40,18 + 0,08 - 17,92 4
BOLLORÉ (BOL) G A 3,148 3,138 + 1,1 - 19,33 FIN. ODET (ODET) A 686 684 - 0,87 - 12,53 RALLYE (RAL) A 5,88 5,72 - 1,72 - 43,48 19721 40,48 - 2,52 49,79
812623 3,15 + 4,95 3,996 292 690 + 3,64 810 46459 5,88 -14,63 10,3 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 39,99 - 5,97 26,89
FR0000039299 04/06/20 0,04 2.946.208.874 3,094 - 19,12 2,01 1,28 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 678 - 10,7 497 0,15 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 5,68 + 17,21 3,87
SCHLUMBERGER (SLB) A 16,05 15,6 - 2,5 - 56,55 3,45
BONDUELLE (BON) g B 19,88 19,9 + 0,1 - 14,59 FNAC DARTY (FNAC) G A 35 35,28 + 0,63 - 33,18 RAMSAY GDS (GDS) A 17,05 16,85 - 4,26 + 0,3 35664 16,15 - 9,04 36,9
2619 19,9 - 4,56 23,9 28766 35,52 - 3,13 53,85 2142 17,1 - 6,65 21,8
FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 19,66 - 14,41 16,58 2,51 FR0011476928 26.608.571 34,88 - 39,85 16,29 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 16,6 - 5,34 15,2 AN8068571086 USD 02/06/20 0,13 1.385.122.304 15,6 - 49,84 11,05
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 19,075 18,95 - 0,08 - 18,53 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 66,8 66,4 - 0,3 - 10,03 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57
321089 19,155 - 8,72 26,01 400 67,4 - 4,87 83,4 3,66
FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 18,78 - 11,86 15,165 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 65,8 58 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 54,26 1,3
BURELLE SA (BUR) A 502 502 - 38,63 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,028 0,03 + 8,7 - 8,54 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 138 138,2 + 0,51 + 26,21
35 502 - 7,38 842 6658227 0,032 -10,18 0,07 56043 138,4 + 0,73 141,3
FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 498 - 36,93 407 2,99 FR0000079634 01/10/01 0,1 226.082.724 0,027 - 57,75 0,018 FR0000130395 28/07/20 1 50.149.787 136,3 + 2,9 79,2 0,72
CARMILA (CARM) g C 8,73 8,59 - 0,69 - 57,05 GECINA (GFC) LR A 113 113,1 - 29,14 REXEL (RXL) G A 11,2 11,165 - 0,05 - 5,74
84129 8,95 -19,27 20 95520 114 + 6,9 183,6 725079 11,42 + 1,96 13,415
FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 8,47 - 43,93 8,47 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.411.605 111,3 - 20,01 88,5 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 10,955 + 25,08 4,921
CASINO (CO) G A 23,14 23,19 - 0,26 - 44,39 GENFIT (GNFT) G B 4,41 4,446 + 1,05 - 74,81 ROBERTET (RBT) G B 899 893 - 0,34 - 3,25
309078 23,46 -16,79 42,85 327352 4,596 - 9,45 20,96 81 902 - 4,49 1068
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 23 - 40,77 21,58 6,73 FR0004163111 38.858.617 4,4 - 71,52 3,854 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 893 + 32,49 662 0,56
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Les Echos Lundi 24 août 2020 FINANCE & MARCHES // 23

euronext//taux&changes
ACTIONS ACTIONS ACTIONS
EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
21-08-2020 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %
FR0013341781 2CRSI g C 3,3 3,3 3 3,17 - 4,52 64746 FR0000120669 ESSO g B 13,4 13,5 13,35 13,45 + 0,75 2612 FR0000077570 MICROPOLE g C 1,195 1,215 1,175 1,175 - 1,26 142339 DOLLAR US 1,1775 -0,74 4,94
FR0013185857 ABEO g C 7,06 7,08 6,74 6,76 - 4,25 2793 FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,6 3,6 3,45 3,51 + 0,29 5682 FR0013482791 NACON SAS B 6,04 6,08 5,9 5,92 - 1,99 17929 LIVRE STERLING 0,899 0,16 6,19
FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 0,919 0,928 0,908 0,909 - 0,76 78035 FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 9,45 9,65 9,3 9,45 6172 FR0013018041 NAVYA g B 2,05 2,14 2,05 2,075 + 1,22 127601 FRANC SUISSE 1,0751 -0,19 -0,96
COURONNE DANOISE 7,4459 0,01 -0,36
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,425 0,439 0,422 0,422 2915 FR0010490920 EUROPACORP g C 0,761 0,769 0,749 0,75 - 1,83 48916 FR0004154060 NETGEM g C 1,1 1,1 1,09 1,1 3558
COURONNE NORV. 10,6531 0,68 7,85
FR0000076861 ACTEOS g C 1,845 1,845 1,77 1,77 4980 FR0000038184 F.I.P.P. C 0,222 0,244 0,222 0,244+ 0,83 41984 FR0004050250 NEURONES B 25,2 25,4 24,4 24,8 10451 KUNA CROATE 7,5247 -0,07 1,07
FR0013296746 ADVICENNE g C 7,38 7,52 7,06 7,14 - 3,25 3192 FR0011271600 FERMENTALG g C 1,658 1,658 1,566 1,612 - 2,66 70966 FR0000052680 OENEO g B 11,4 11,48 11,4 11,4 + 0,53 1269 COURONNE SUEDOISE 10,3606 0,20 -1,29
FR0000053837 ALTAMIR B 15,698 15,806 15,66 15,66 - 0,26 818 FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,151 0,151 0,151 0,151 + 0,33 449 FR0010428771 OL GROUPE g C 2,31 2,31 2,24 2,27 + 0,44 19396 DOLLAR CANADIEN 1,5544 -0,59 6,68
YEN JAPONAIS 124,67 -0,66 2,22
FR0011051598 AMOEBA g C 2,7 2,745 2,675 2,7 82802 FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,029 0,029 0,029 0,029 7623 FR0000075392 ORAPI g C 5,16 5,2 5,14 5,2 + 0,78 6188
DOLLAR AUSTRALIEN 1,6457 -0,22 2,90
FR0012789667 AMPLITUDE g C 2,12 2,14 2,12 2,14 + 0,47 8125 FR0010341032 FONCIERE INEA B 38 38 37,8 37,8 - 0,53 577 FR0010609206 OREGE C 1,02 1,02 1,01 1,01 - 0,98 5721 ROUBLE RUSSE 87,974 0,39 26,65
FR0013258589 ANTALIS INTL g B 0,732 0,732 0,732 0,732 800 FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 15,7 15,8 15,6 15,7 1109 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 7,2 7,3 7 7,16 + 0,28 45104 ROUPIE INDIENNE 88,2553 -0,82 10,31
FR0011992700 ATEME g C 16,02 16,3 15,7 16,3 + 0,49 16020 FR0010501692 GENERIX g C 7,2 7,2 7,1 7,1 1093 FR0004038263 PARROT B 3,55 3,55 3,38 3,45 - 1,99 4085 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,8025 -0,71 8,03
COURONNE TCHEQUE 26,085 0,15 2,66
FR0000061780 AUGROS CP. C 4,7 4,7 4,7 4,7 - 2,08 414 FR0013399474 GENKYOTEX g C 2,91 2,94 2,9 2,94 + 1,38 9167 FR0000038465 PASSAT g C 4,84 4,84 4,76 4,82 - 0,41 5007
FORINT HONGROIS 350,755 0,59 5,93
FR0013183589 AURES TECHNO g C 13,75 13,8 13,7 13,7 - 0,73 900 FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,408 0,416 0,393 0,393 - 3,68 395698 FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,35 14,35 14,2 14,2 - 0,7 601 ZLOTY POLONAIS 4,4098 0,57 3,32
FR0011800218 AWOX g C 0,886 0,892 0,868 0,87 - 1,81 4838 FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 65,5 66 65,5 66 + 0,76 320 FR0012432516 POXEL g C 6,79 6,84 6,66 6,77 - 0,3 94187 LEV BULGARE 1,9559 -0,03 -0,02
FR0013258399 BALYO g C 1,23 1,23 1,184 1,226 - 0,33 119636 FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,74 14,8 14,74 14,8 635 FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 1,7 1,745 1,7 1,7 12516 DOLLAR HONG-KONG 9,1253 -0,74 4,45
FR0004023208 BASSAC B 47,7 48,4 47,4 48,4 + 2,11 386 FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 20 20,7 20 20,7 + 2,99 393 FR0000075954 RIBER g C 1,595 1,595 1,545 1,56 - 2,19 5904 WON SUD COREEN 1403,249 -0,20 8,30
PESO MEXICAIN 25,9564 -0,90 22,19
FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 40,7 40,7 40,5 40,5 - 0,49 1953 FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,275 1,28 1,235 1,255 - 1,18 47619 FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA B 15,65 15,9 15,65 15,9 + 2,58 849
REAL 6,5923 0,01 46,26
FR0011814938 BOOSTHEAT C 4,6 4,67 4,6 4,61 + 0,22 1447 FR0000066722 GUILLEMOT g C 5,98 6,04 5,4 5,8 - 2,36 138995 FR0000060121 SABETON C 23,4 23,4 23,4 23,4 + 2,63 439 DOLLAR SINGAPOUR 1,616 -0,37 7,06
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,69 1,69 1,64 1,69 13052 FR0000038531 HF COMPANY C 3,78 3,82 3,78 3,82 + 1,33 251 FR0006239109 SCBSM g C 6,8 6,9 6,8 6,9 + 1,47 372 RAND SUD-AFRICAIN 20,1725 -1,53 28,40
FR0000045544 CA TOULOUSE 31 CCI C 98,99 98,99 97 98 -1 270 FR0012821916 HIPAY GROUP g C 3,39 3,39 3,2 3,21 - 3,89 5753 FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 33,25 33,25 32,35 32,95 + 1,54 2605 LIVRE TURQUE 8,615 -0,53 29,06
RENMIBI YUAN 8,1471 -0,69 4,34
FR0000064446 CATERING INTL SCESg B 10,5 10,5 10,45 10,5 + 0,48 1476 FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 4,78 4,78 4,78 4,78 250 FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 5,44 5,46 5,38 5,44 + 0,37 1763
RUPIAH 17393,5921 -0,73 11,66
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,25 3,27 3,23 3,26 + 0,62 16210 FR0004165801 HOTELS DE PARIS C 2,8 2,8 2,8 2,8 + 3,7 500 FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 10,45 10,5 10,1 10,35 - 0,96 774 PESO PHILIPPIN 57,3123 -0,61 0,89
FR0000053506 CEGEDIM B 27,6 28 27,1 27,6 + 1,1 14555 FR0000051393 IDI B 41,4 41,4 40 40,9 - 1,45 220 FR0000074122 SII g C 20,5 20,5 20,1 20,1 - 0,99 1127 RINGGIT MALAIS 4,9196 -0,61 7,12
FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,173 0,18 0,173 0,18 + 4,05 49973 FR0000033243 IMMO. DASSAULT B 63,8 64 63 63 - 1,56 301 FR0004016699 SMTPC g B 17,55 17,6 17,55 17,6 + 0,29 521 BATH THALANDAIS 37,173 -0,21 11,53
FR0013426004 CLARANOVA g B 6,45 6,525 6,255 6,365 - 0,86 146772 FR0000071797 INFOTEL g C 36 36,6 35,9 36,6 + 1,95 700 FR0000078321 SODITECH C 0,59 0,59 0,54 0,54 - 3,57 3413
FR0000053399 CNIM GROUP C 13,45 13,55 12,9 13,2 + 0,76 874 FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 5,28 5,28 5,18 5,18 - 1,89 1862 FR0000065864 SOGECLAIR g C 13,45 13,5 13,2 13,3 - 1,12 395 TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
FR0013335742 COGELEC g C 6,12 6,12 6,06 6,06 - 1,3 251 FR0013233012 INVENTIVA g B 10 10,26 9,91 10,04 + 1,41 58171 FR0010526814 SUPERSONICS g C 1,34 1,38 1,34 1,38 + 3,76 672 MARCHÉS MONÉTAIRES
21-08-2020 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN
FR0000185506 CRCAM ATL. VENDEE C 112,98 112,98 110 111 - 0,89 219 FR0000072597 IT LINK g C 12,75 12,9 12,7 12,7 - 0,39 675 FR0010918292 TECHNICOLOR g B 2,586 2,611 2,551 2,608+ 0,64 46244 ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,37/-0,67 -0,31/-0,61 -0,33/-0,63 -0,29/-0,59
FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 21 21,04 19,95 20,4 - 2,86 13740 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 8,42 8,54 8,16 8,54 + 1,43 1854 FR0004529147 TESSI B 91,4 96 91,2 94 + 2,85 252
ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
FR0000045239 CRCAM LOIRE HAUTE C 66,99 66,99 63,5 63,52 - 5,19 484 FR0004029411 KEYRUS g C 2,19 2,21 2,15 2,15 - 1,83 3033 FR0000033003 TOUAX g C 6,8 6,98 6,4 6,66 - 1,77 17308 21-08-2020 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0000045551 CRCAM MORBIHAN B 70,01 70,74 70 70,74 + 1,06 475 FR0000032278 LATECOERE g C 1,83 1,83 1,81 1,826+ 0,55 26076 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 29 29,1 28,6 29 943 ALLEMAGNE 100,26 -0,65 -0,72 -0,63 -0,48
FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 19,342 19,5 19,012 19,5 + 2,26 703 FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 71,6 71,6 71,2 71,2 - 1,11 238 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 17,15 17,15 16,85 16,9 - 1,17 1898 PORTUGAL 0 5,52 0,42 0,46 0,61
FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 70,86 71,79 70,11 71,79 + 1,33 542 FR0013233475 LYSOGENE g C 2,5 2,53 2,45 2,47 - 0,4 21352 FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,58 0,76 0,55 0,66 + 12,82 636050 FRANCE -0,02 0,04 0,15 0,11 0,25
ESPAGNE -0,04 0,20 0,41 0,50 0,65
FR0007317813 CS GROUP g C 3,54 3,54 3,44 3,5 - 1,13 1591 FR0000060196 M.R.M. C 0,955 0,99 0,955 0,99 + 4,76 2006 FR0000062465 VERNEUIL FIN. C 0,84 0,84 0,84 0,84 - 47,17 300
ITALIE -0,10 0,40 0,24 1,17 1,37
FR0011026749 DALET g C 10,1 10,1 9,5 9,8 -2 1129 FR0000032302 MANUTAN INTER. B 54,2 55,4 54,2 55 + 1,1 210 FR0004186856 VETOQUINOL B 73,2 73,6 72,6 73 - 0,55 410
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,58 1,58 1,56 1,57 6723 FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 1,756 1,756 1,644 1,698 - 2,08 148794 FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,08 5,08 5,02 5,04 - 1,18 1413
FR0010099515 ECA g B 22,2 22,3 22,2 22,3 + 0,45 1089 FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 21,45 22,3 21,2 22,25 + 5,7 239845 FR0004183960 VOLUNTIS g C 1,64 1,64 1,424 1,536 58203 CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
FR0000072373 EGIDE g C 0,76 0,76 0,75 0,75 - 1,32 2010 FR0004065605 MEDINCELL C 7,32 7,48 7,32 7,36 - 1,34 2162 FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 13,25 13,55 13,25 13,45 + 2,28 1754 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 115,7 -0,36
FR0012650166 ENGIE EPS g C 11,2 11,2 10,8 11,2 + 0,45 7521 FR0010298620 MEMSCAP g C 0,904 0,928 0,904 0,928+ 2,43 2556 FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 45,15 45,35 44,55 45,05 + 1,24 2364 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 98,42 0,18

SICAV/FCP
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION
DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Banque Cantonale
de Genève (France) SA
Mirabaud Asset Management Tél. 04 72 07 31 50
Tél. +41 058 200 60 01
www.mirabaud.com bcgef.fr/fonds
marketing@mirabaud-am.com
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LU0851564038 BALANCED (EUR) 125,2 20/08
Tous les details de nos LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 118,12 20/08 LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 154,73 20/08
LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 143,83 20/08
solutions d’investissement LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 104,69 20/08 LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 154,49 20/08 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 87,19 20/08
à disposition ici : www.mirabaud-am.com LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 164,24 20/08

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

carnet
fr

ENTREPRISES
mondiale transports. Il devint
directeur monde de la practice
En 2015, il est entré chez Darty en
tant que directeur des services à
ainsi qu’à la vice -présidence
de MACSF SGAM.
nue secrétaire générale du minis-
tère de la Culture. +
OLIVER WYMAN
transports terrestres en 2007 et
partner et responsable de la géo-
marque Darty en charge notam-
ment des assurances et exten-
Ils sont nés
Gilles Roucolle graphie canadienne. A partir de sions de garantie. A la suite de PUBLIC FÉDÉRATION
un 24 août
est nommé responsable 2014, il a occupé le poste de direc- fusion de l’enseigne avec FNAC, il PROFESSIONNELLE
Europe de la division consumer,
industrials & services.
teur monde du centre de compé-
tences opérations.
est devenu directeur des assuran-
ces et extensions de garantie pour
VILLE DE PARIS
Marie Villette CARTON ONDULE DE FRANCE
•73Paulo
ans.
Coelho, écrivain,

Il s’agit d’une création

de poste. SPB
le groupe Fnac Darty. deviendra secrétaire générale
à compter du 1er septembre.
Philippe Durand
est élu à la présidence.
•et Michel Crépu, journaliste
écrivain, 66 ans.

Gilles Roucolle, 54 ans, ancien

Laurent Sabatier
assure la direction du pôle
MACSF
Catherine Vinikoff Marie Villette, 39 ans, ancienne Philippe Durand, 64 ans, ingé-
•ce,Ava DuVernay, réalisatri-
48 ans.
élève de Centrale Paris, où il fut
diplômé, est titulaire d’un MBA
télécom-distribution. est désormais présidente
de MACSF SGAM
élève de l’Ecole polytechnique,
est ingénieure en chef des ponts,
nieur Ecam (Ecole catholique des
arts et métiers à Lyon), a d’abord
•32Rupert
ans.
Grint, acteur,

de l’Institut européen d’adminis-

tration des affaires (Insead) et
Laurent Sabatier, 45 ans, est titu-
laire d’une maîtrise en droit des
et de MACSF Assurances. des eaux et des forêts. Elle devint
conseillère du maire de Paris Ber-
travaillé en verreri e p our le
groupe BSN. Il bénéficie de tren-
•compositeur
Jean-Michel Jarre,
de musique,
d’un diplôme de sciences écono- affaires de l’université de Paris-II Catherine Vinikoff, 59 ans, titu- trand Delanoë en matière de pro- te-deux ans d’expérience dans le 72 ans.
miques obtenu à l’université
Paris-Sorbonne. Il est également
et d’un DESS en droit des assuran-
ces de l’université du Mans. Il dis-
laire d’un doctorat en médecine
et d’un doctorat en sciences de la
jets d’aménagement et de trans-
ports en 2008, avant de diriger, de
carton ondulé pour le groupe
Seyfert (devenu le groupe Palm
•physicien,
Jean-Claude Lehmann,
ancien président
membre du Conseil consultatif pose de vingt ans d’expérience vie et de la santé, est médecin 2012 à 2014, le cabinet de Martine en 2014). Il a ainsi occupé des pos- de l’Académie des technolo-
du Transportation Center de dans le secteur de la bancassu- radiologue. Administratrice du Aubry, alors présidente de Lille tes de direction de production, de gies, 81 ans.
l’université Northwestern à Chi-
cago. Il continuera d’exercer ses
rance. Débutant comme juriste
chez Allianz en 2000, il a intégré,
Sou Médical et de MACSF pré-
voyance à partir de 2010, elle est
Métropole, puis les programmes
en charge de la modernisation du
direction commerciale et de
direction générale de sites. Il a
• Alex Lutz, comédien,
42 ans.
fonctions de responsable Emea
de la practice transports et servi-
l’année suivante, Gras Savoye
dont il fut le responsable juridi-
devenue, quatre ans plus tard,
membre du conseil médical de la
RER C au sein de SNCF Réseau
entre 2015 et 2016. Elle a ensuite
également assuré la direction
générale de Seyfert Provence.
• Pierre Mazeaud, ancien
président du Conseil
ces qu’il assume depuis 2017. C’est que. En 2007, il a rejoint Phone MACSF et expert près la Cour assuré la direction générale de constitutionnel, 91 ans.
en 1996 qu’il est entré chez Oliver H o u s e Fr a n c e c o m m e c o m - d’appel d’Orléans. L’année der- l’Etablissement public du parc et • Stéphane Richard, PDG
Wyman, à Paris, au p oste de
manager au sein de la practice
p l i a n c e o f f i c e r, ava n t d ’ê t r e
promu directeur des assurances.
nière, elle a accédé à la prési-
dence de MACSF assurances
de la grande Halle de La Villette.
En octobre dernier, elle est deve- , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr •
d’Orange, 59 ans.
Alan Walker, DJ, 23 ans.

Les Echos est une publication du ÉDITRICE Marie Van de Voorde-Leclerq Elsa Conesa (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE LES ECHOS WEEK-END DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTS
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SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 21 AOÛT 2020 : 75.900 exemplaires. Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.
Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
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24 // Lundi 24 août 2020 Les Echos

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire :10,15 euros à partir du 01-01-2020
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

crible

EN VUE
L’assiette américaine
Nikki Haley Boeing conserve un atout face à Airbus : l’insubmersibilité boursière.

Devinette aéronautique : qui est le premier avionneur américain ?

Evidemment pas Boeing, qui, à la litanie d’humiliations des incessants
reports du retour en vol du 737 MAX, désormais espéré pour la fin
de l’année, et de l’échec de sa capsule spatiale coiffée au poteau par
SpaceX, en a ajouté une ultime : d’avril à juin, le fabricant des jets
d’affaires Gulfstream a livré plus de carlingues que lui ! Après General
Electric, cette autre icône industrielle d’« America Inc. » est tombée
brutalement de son piédestal. Mais si les revers du MAX ont terni pour
longtemps ses lauriers d’excellence en matière d’ingénierie et si la
crise sanitaire, en assombrissant l’horizon des gros-porteurs, a coupé
ce qui lui restait d’ailes en la dirigeant vers la pire perte nette annuelle
de son histoire (actuellement estimée à 4,3 milliards de dollars par les
analystes), la firme de Chicago, vingt-deuxième valeur du Dow Jones,
demeure trop assimilée à la puissance de l’Oncle Sam pour que Wall
Street lui retire toute son aura. Depuis son pic de mars 2019, avant les
accidents du MAX, sa valeur d’entreprise, incluant sa dette, a certes été
divisée par deux. Mais celle d’Airbus, depuis son sommet de janvier
dernier, a subi le même sort, alors que, hors charges de restructura-
tion exceptionnelles l’avionneur européen devrait demeurer rentable
cette année. La décote historique de valorisation rapportée à ses
bénéfices, dont souffrait le fabricant de l’A320 en raison de marges
moins confortables, garde une assiette étrangement stable (entre 40 %

I
et 50 %). L’insubmersibilité aérienne, brevetée par Boeing…
l y a quatre ans, quand le candidat Trump multipliait
les sorties racistes sur les immigrés, cette fille de
parents sikhs venus du Pendjab l’accusait d’être
« irresponsable » et voulait le chasser du Parti républi-
cain. « Elle est faible », avait répondu le milliardaire avant
d’en faire son ambassadrice à l’ONU quelques mois plus
Chroniques martiennes
tard. Repérée par Sarah Palin et devenue l’une de ses
« Mama Grizzlies », cette quadragénaire très photogéni- La course folle de l’action Tesla, au-dessus
que n’a pas toujours misé sur le bon cheval. Elle a soutenu des 2.000 dollars, défie la gravité.
successivement deux rivaux de Trump avant, pragmati-
que, de devenir sa plus fidèle supporter. Opposée au Plus de 2.000 dollars, et ensuite ? La question semble pouvoir
mariage gay, aux programmes sociaux et à l’avortement, indéfiniment se poser à l’action Tesla qui file à la vitesse des fusées
l’autre égérie du Tea Party s’était illustrée en déclarant la de SpaceX, l’une des autres créatures de son fondateur Elon Musk.
guerre aux syndicats, les jugeant « ni nécessaires, ni sou- C’était déjà le cas après la barre des 500 dollars pièce, passée au bout
haités, ni bienvenus » en Caroline du Nord, dont elle était d’une décennie de cotation, puis des 1.000 dollars, avalée en cinq mois
gouverneure. « Nikki », qui veut dire « la petite » en pend- et demi, suivie des 1.500 dollars huit séances plus tard, et enfin des
jabi mais sonne ces jours-ci plutôt comme « vice-prési- 2.000 dollars, franchie jeudi dernier, en un mois. Quo non ascendet ?
dente », veut incarner le visage moderne et séduisant du « L’entrepreneur du siècle », comme titrent « Les Echos », s’il mérite
conservatisme, avec ce qu’elle appelle « les manières des la devise de Fouquet, partage avec le surintendant de Louis XIV
femmes du Sud ». Celles-ci ne l’ont pas empêchée de quit- un nombre incommensurable d’ennemis. L’ascension récente du titre
ter ostensiblement une réunion du Conseil de sécurité de a renforcé les 25,4 milliards de dollars de moins-values potentielles
l’ONU en 2018, au moment où le représentant palestinien des vendeurs à découvert qui attendent patiemment que la raison
s’apprêtait à évoquer les violences à Gaza. De son propre reprenne le dessus. Son accès à des fonds propres quasi gratuits ne
aveu, elle ne savait même pas à quoi servait l’organisation peut être non plus ignoré par le reste d’une industrie automobile
avant d’y siéger. Peu importe. A son arrivée, elle s’est pré- assoiffée de capitaux pour se convertir à l’électrique. A 382 milliards
sentée à ses homologues comme « le nouveau shérif en de dollars de capitalisation, le fabricant de la Model 3, la première
ville », avec des idées très claires sur sa mission : « Nous voiture électrique de masse, vaut désormais plus que l’ensemble
noterons les noms de ceux qui ne nous soutiennent pas. » du secteur européen coté. Avant l’annonce de la division par cinq
du titre mi-août, les investisseurs intégraient, selon UBS, la vente

( Lire nos informations

Page 4
de 2 millions de véhicules en 2025 (soit 4 fois l’objectif de cette année),
avec une marge opérationnelle de 13 %, un scénario jugé « très
ambitieux ». Or, le titre a bondi de 50 % depuis. Musk rêve de mourir
sur Mars, les actionnaires de Tesla y campent déjà.

Repli de 0,3 % de la Bourse de Paris

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NO UV

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à partir de

•repli
La Bourse de Paris a clôturé en
de 0,30 % après des statistiques
qui montrent un essoufflement de
l’activité en France et dans la zone
euro. Les marchés attendent la pré-
sentation du plan de relance de
l’économie française cette semaine.
L’indice CAC 40 a perdu 14,91 points,
9 €90/mois
course aux records. Profitant de
la hausse du titre Apple (+ 5,15 %),
le Nasdaq a gagné 0,42 %, à
11.311,80 points, et le S&P 500 a pro-
gressé de 0,35 %, à 3.397,23 points. sans engagement
Du côté des actions françaises, les
valeurs technologiques ont profité
du nouveau record du Nasdaq. Das-

à 4.896,33 points. Il cède 1,34 % sur
la semaine et 18,10 % depuis le début
de l’année. Le volume d’échanges
était encore modéré à 2,6 milliards
d’euros. La Bourse de Francfort a
terminé en repli de 0,51 %. La place
de Londres a clôturé en recul de
0,19 %. Wall Street a poursuivi sa
abonnement.investir.fr
sault Systèmes a gagné 1,13 %, à
152,40 euros. Capgemini s’est adjugé
un gain de 1,51 %, à 114 euros, et Atos
a pris 0,46 %, à 70,40 euros. Les
rumeurs autour d’un rapproche-
ment entre Accor et le britannique
Intercontinental ont fait progresser
son cours de 4,18 %, à 24,67 euros.