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Les taxis communaux ou woro woro à Abidjan-Cocody :

caractéristiques, organisation et fonctionnement


AKA Kouadio Akou
Chercheur au CRAU - Université de Cocody
27 BP 337 Abidjan 27
Tél. 07 59 72 63
Email : akakouadioci@yahoo.fr

RESUME ABSTRACT

Abidjan, à l’instar de beaucoup de villes-capitales des Abidjan, as many city-capitals of the developing countries,
pays en développement, a connu une extension significative, knew a significant extension, passing 3500 ha in 1965 to
passant de 3500 ha en 1965 à 60000 ha en 2005. L’espace 60000 ha in 2005. Urban space of the city, difficult to square,
urbain abidjanais, difficile à quadriller, a vu également sa also saw its population growing in an exponential way.
population croître de façon exponentielle. De 340 000 habitants From 340 000 inhabitants in 1965, the population passed
en 1965, la population est passée à 3,5 millions âmes en 2005. to 3,5 hearts million in 2005. With regard to displacements
En ce qui concerne les déplacements au sein de la ville, les within the city, the transport conditions in the bus worsened
conditions de transport en autobus se sont détériorées du because of the economic crisis. The communal taxis or woro
fait de la crise économique. Les taxis communaux ou woro woro, confined at the beginning in the periphery of Abidjan,
woro, confinés au départ dans les quartiers périphériques became extensive with the passing of years. They “were
d’Abidjan, ont pris de l’ampleur au fil des ans. Ils se sont essential” in other municipalities of which Cocody, in the
«imposés» dans d’autres communes centrales dont Cocody, years 1990. In addition to the presentation of the context
dans les années 1990. Outre la présentation du contexte dans in which reappeared the communal taxis, the study tackles
lequel sont réapparus les taxis communaux, l’étude aborde the questions relating to the organization and the operation
les questions relatives à l’organisation et au fonctionnement of these means of transport.
de ces moyens de transport.
Key words : CÔTE D ’ IVOIRE , ABIDJAN , COMMUNAL TAXIS ,
Mots-clés : CÔTE D ’ IVOIRE , ABIDJAN , TAXIS COMMUNAUX , ORGANIZATION, OPERATION.
ORGANISATION, FONCTIONNEMENT.

INTRODUCTION les annés 1970 et qui s’est accentuée au fil des


ans ainsi que la guerre qui a débuté en 2002 ont
Comme beaucoup de villes-capitales des pays en eu pour corollaire la perte ou l’érosion du pouvoir
voie de développement, Abidjan est confrontée à un d’achat des populations : compressions, chômage
difficile problème de transports urbains. L’offre des technique, faillite de petites et moyennes entreprises
services de transport, malgré sa variété, n’arrive pas, (PME), réduction de salaire ou d’avantages sociaux.
à l’heure de pointe, à satisfaire une demande forte et C’est dans ce contexte que les taxis communaux ou
souvent exigeante. Teurnier (1994) reconnaît qu’offrir un woro woro, transport en commun de type informel
égal accès aux services de transport pendant les heures «d’Abidjan des années 1950» sont réapparus en
de pointe implique des coûts élevés pour la collectivité. force à Cocody (cf. fig.1) en transitant, longtemps,
Cette situation a favorisé la résurgence de moyens de par les quartiers périphériques et les vieux noyaux
transport que l’on croyait d’une autre époque : les gbaka de la ville .
et les taxis communaux ou woro woro.
La présente étude expose le contexte actuel de
Cocody, à l’instar des autres communes d’Abidjan, la remise au goût du jour des taxis communaux. Elle
a subi les effets pervers de la crise économique. En s’intéresse également à l’acquisition, à l’organisation
effet, la crise économique qui a commencé dans et au mode de fonctionnement de ces moyens de

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transport. Elle a été réalisée à la suite d’investiga- de questionnaires individuels et des discussions à
tions documentaires, d’enquêtes de terrain à base bâtons rompus.

Figure 1 : Localisation de la commune de Cocody dans la ville d’Abidjan

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
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1- LE CONTEXTE SPATIO-ECONOMIQUE 1-1- LES LIMITES OBJECTIVES DU SYSTÈME
DE L’AVENEMENT DES TAXIS DE TRANSPORT CONVENTIONNEL
COMMUNAUX A ABIDJAN-COCODY Dès l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance,
De 3000.véhicules en 1995, les taxis communaux les autorités ont estimé que pour une ville de l’ambition
sont estimés à 13000 en 2005, soit une multiplication d’Abidjan, les transports informels de faible débit (four-
par 4,3 en 10 ans. Les principales raisons de gonnettes du genre «1000 kg», taxis-collectifs de 4 à
l’avènement et de l’ampleur des taxis communaux 8 places assises…) ne devraient plus être de mise. Le
sont les suivantes: l’incapacité de la Société des 18 Août 1960, un protocole d’accord était signé avec
Transports Abidjanais (SOTRA) à satisfaire les le groupe français Renault-Saviem suivi de la création,
besoins de mobilité des Abidjanais, l’étalement et la le 16 décembre 1960, de la SOTRA et de la signature,
croissance démographique de la ville d’Abidjan et la en 1964, d’une convention de concession de service
crise économique. public. Celle-ci assurait à la SOTRA le monopole du
service public de transport à Abidjan et prévoyait la sup-
pression de tous les modes de transport informel. Seuls
subsistaient les taxis-compteurs (Ministère du Transport,
1980). Pour remplir efficacement sa mission, la SOTRA
s’est progressivement dotée d’un parc d’autobus dont
l’évolution est indiquée dans le tableau I.
Tableau I : Indicateurs d’évolution de la SOTRA

Indicateurs de Années
transport 1965 1970 1975 1980 1990 2004
Population (x 1000) 340 550 951 1450 2200 3000
Nombre d’autobus
112 200 418 1202 1198 528
(SOTRA)
Nombre de places
11,2 20 41,8 120,2 119,8 52,8
assises ( x 1000)
Nombre de
passagers 39163 81508 125284 242000 358563 379688
transportés (x 1000)
Ratio Population/
3036 2750 2275 1206 1836 5681
bus
Ratio Population
30 28 23 12 18 57
/place assise
Ratio passagers/
3497 4075 2997 2013 2993 7191
place assise
Usage du réseau 116 148 132 168 166 126

Sources : Nos enquêtes

Le tableau 1 indique qu’entre 1965 et 1980, le il n’y avait que 528 autobus, soit une baisse de 56%
parc d’autobus de la SOTRA a connu une évolution par rapport à 1990.
continue. De 112 autobus en 1965, il a atteint Comme le parc d’autobus de la SOTRA, la popula-
1202 unités en 1980. Entre 1980 et 1990, le parc a tion d’Abidjan a évolué. En 1965, Abidjan ne comptait
baissé, 1198 unités en 1990. La chute du nombre que 340000 habitants. En 1990, elle enregistrait une
d’autobus a été très forte après 1990 du fait de la population de 2,2 millions habitants. En 2004, cette
crise économique et des troubles socio-politiques où population est estimée à 3 millions d’âmes. En 2005,
de nombreux véhicules ont été saccagés. En 2004, selon l’Institut National de la Statistique (INS), elle

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est de l’ordre de 3,5 millions habitants du fait de la d’usage (voyageurs/population totale) croit à peu
guerre qui a accentué l’exode des personnes vivant près régulièrement, exceptée l’année 1975 marquée
dans les zones assiégées vers Abidjan. par un faible recours aux autobus de la SOTRA suite
au développement du transport d’entreprise et du
L’évolution du nombre de places assises offertes
transport individuel. En 1990, on observe une relative
suit à peu près la même courbe, multiplication par
baisse du taux d’usage du réseau de la SOTRA. Elle
10,6 entre 1965 et 1990. Après 1990, la chute a été
continue en 2004.
très prononcée, passant de 119800 places assises
en 1990 à 52800 places assises en 2004, En effet, le développement des woro woro et
gbaka n’est pas étranger à ce phénomène auquel
Malgré la baisse du nombre d’autobus et de il convient d’ajouter les défaillances de la SOTRA
places assises, on note une évolution remarquable (réduction drastique du parc d’autobus du fait de
du nombre de passagers de 1965 à 2004, soit l’amortissement ou des avaries : casses, vandalisme,
une multiplication par 10 en 39 ans. En effet, non incendie…). Au total, on peut constater :
seulement la SOTRA a le monopole du service public - un effort significatif de la SOTRA pour faire face
de transport à Abidjan mais elle pratique également à ses obligations de service public de transport dans
des tarifs sociaux. le cadre du régime de monopole exclusif ;
L’analyse des ratios laisse apparaître quelques - cette mission est à peu près correctement
points d’ombre et des faiblesses. Le ratio population/ exécutée. On le voit à la façon dont la SOTRA étend
bus connaît une évolution positive entre 1970 et 1975. son parc d’autobus et incidemment son réseau de
L’année 1980 marque le point d’arrêt de cette évolution, desserte : entre 1970 et 1980, la population d’Abidjan
1206 habitants/bus. La situation se détériore significa- est multipliée par 2,6 et le nombre d’autobus est
tivement à partir de 1990 où l’on a 1836 habitants/bus. multiplié par 6 ;
En 2004, le ratio est de 5681 habitants/bus. - 1980 marque de façon générale, le coup d’arrêt
à cet effort de coller à l’évolution de la population
Les mêmes tendances sont observées au niveau et d’offrir un plus grand nombre de places/km par
du ratio population/place assise : entre 1965 et 1990, rapport au trafic, indice traduisant de meilleures
les ratios évoluent de 30 à 18 habitants/place assise. conditions du transport public ;
Le meilleur score est enregistré en 1980 avec 12 - à partir de 1980 donc, on observe une nette
habitants/place assise. En 2004, le ratio est de 57 détérioration des conditions de transport des usa-
habitants/place assise. gers d’autobus. Tous les ratios grimpent de façon
L’évolution des ratios passagers/place assise est significative et pourtant le nombre de passagers ne
moins régulière. En 1965, la situation était meilleure fléchit pas, à cause d’une forte clientèle captive en
qu’en 1975 et 1980 avec respectivement 2997 et évolution constante, bénéficiant de tarifs spéciaux ou
2013 passagers/place assise. En 1990, les perfor- de la gratuité (fonctionnaires, personnels des corps
mances réalisées sont à peine meilleures que celles habillés, élèves…) ;
de 1965 (2993 en 1990 contre 3497 passagers/place - il reste que cette dégradation du confort de voyage
assise en 1965). En 2004, la situation s’est fortement est susceptible de détourner une partie de la clientèle
dégradée avec 7191 passagers/place assise. du transport public conventionnel vers des modes de
transport de type informel : les taxis communaux ou
La baisse de l’usage du réseau de la SOTRA est woro woro trouvent dans ce contexte un des facteurs
significative. En effet, entre 1965 et 1980, le taux de leur présence sur le terrain (cf. Photo 1).

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tels que Yopougon et Abobo voient leur population
augmenter. Comme le soulignent Antoine Ph, et al.
(1987), Yopougon, localisé sur le Plateau du Banco,
connaît une urbanisation de masse, comprenant des
lotissements évolutifs et de nombreux programmes de
logements économiques. En effet, ce qui est à noter
désormais, c’est l’évolution de la superficie urbanisée
qui a pour corollaire l’allongement des distances.
On sait que les modes de transport de forte
capacité de charge sont particulièrement adaptés aux
espaces densifiés. A l’inverse, les zones ayant des
taux d’occupation lâches favorisent naturellement le
développement des modes de transport individuel
ou collectif de faible capacité de charge (engins à 2
roues, voitures particulières, taxis-compteurs et taxis-
collectifs…). Or précisément, Cocody est devenue
la principale zone d’extension de la ville d’Abidjan. Il
Photographie 1 : Les taxis communaux à la gare s’y développe principalement l’habitat de type «villa
routière de Cocody Saint Jean, cliché isolée » de moyen et de haut standing caractérisé par
AKA K., 2006 sa faible densité, 20 hab./ha en moyenne. Aussi, la
SOTRA y fait-elle face à une série de contraintes :
1-2- UN ESPACE DE DESSERTE DE PLUS - c’est un service public destiné à assurer des
EN PLUS DIFFICILE À QUADRILLER transports de masse (autocars de 100 places). Ces
caractéristiques la rendent particulièrement apte
Depuis 1965, la population d’Abidjan croit sans dans les zones de forte concentration de la demande
cesse. Conséquemment, l’assiette spatiale de la plutôt que dans les espaces desserrés, favorables
ville a enregistré une extension significative. La aux dessertes de porte-à-porte ;
croissance spatiale de la ville d’Abidjan s’est opérée - malgré l’obligation d’assurer un service public
selon une évolution radio-concentrique. dans l’ensemble de la ville d’Abidjan, liée en partie à
son régime de «monopole», la SOTRA ne demeure
En 1963, le rayon maximum du périmètre urbain
pas moins une entreprise soucieuse de son équi-
abidjanais était de 3 km ; celui-ci passe à 5 km en
libre financier. Ce souci implique une organisation
1975 pour atteindre 7,5 km en 1988. En 1996, il est
qui tienne compte du nécessaire ajustement de la
au-delà des 10 km. En 2005, il est estimé à 15 km
demande aux caractéristiques réelles de l’offre de
selon le CCT/BNETD1. Tout ceci est le résultat d’une
transport urbain.
extension significative de l’espace urbain abidjanais
qui passe de 3500 ha en 1965 à 16000 ha en 1990 Cette attitude conduit la SOTRA à concentrer son offre
et 60000 ha (dont 45000 ha de superficie urbanisée) sur la partie de son réseau localisée dans les noyaux
en 2005. Il se trouve que cette extension de la ville urbains densifiés et à assurer une présence minimum là
s’accompagne d’une inégale densité d’occupation où ses avantages comparatifs en terme d’aptitude ou de
de l’espace. Au départ, les densités d’occupation de coûts sont défavorables à son exploitation (Bonoumin,
l’espace respectaient le schéma d’organisation radio- Riviera 3, Riviera 4, Attoban, Akouédo…)
concentrique et calquaient les différentes périodes En revanche les caractéristiques des transports
d’extension de la ville. Au fur et à mesure que l’on privés informels, entre autres, la faible capacité et la
s’éloigne du noyau urbain central, les densités spontanéité de l’offre, s’adaptent bien aux configurations
d’occupation décroissent. Aujourd’hui, ce schéma a urbaines desserrées décrites précédemment.
quelque peu changé car les quartiers périphériques

1- Centre de Cartographie et de Télédétection du Bureau National


d’Etudes Techniques et de Développement.

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1-3- LA CRISE ÉCONOMIQUE ET LA MONTÉE personnes (DCGTx, 1989) soit un revenu per capita
DE LA PAUVRETÉ ET DE L’EXCLUSION de 11395,3 FCFA. Or, ce type d’habitat a connu une
extension spatiale importante durant les années de
La crise économique a introduit, dans les années crise, particulièrement de 1980 à 1995. Il représentait en
1980, des changements notables dans les catégories moyenne 16 % de l’habitat à Abidjan avec des situations
socio-démographiques et socioprofessionnelles à diverses selon les communes : 62 % à Port-Bouet, 23
Abidjan. % à Attécoubé, 16 % à Koumassi, 17 % à Abobo, 0
Les taxes d’exportation de café et de cacao % au Plateau, le quartier des affaires. En revanche à
constituent avec les recettes fiscales les principales Cocody, quartier résidentiel de haut standing, il a atteint
sources d’approvisionnement du budget de l’Etat un sommet insoupçonné de 33% (DCGTx, 1990). Il
(Seck A, 1993). Ce sont les véritables baromètres accueillait surtout des personnels domestiques mal ré-
du niveau de fonctionnement et de bonne santé de munérés qui trouvaient refuge dans les trous du marché
l’économie ivoirienne. Il se trouve que les prix de ces foncier. Ceux-ci échappaient ainsi aux mouvements
produits sont fixés selon le principe de l’offre et de la pendulaires coûteux, entre les quartiers périphériques
demande (Bourse de Londres et de New York), sur et le centre-ville.
un marché très spéculatif. En effet, avec la crise économique, la Côte d’Ivoire
Les années 1980 ont ainsi enregistré de fortes s’engage dans des programmes d’ajustement struc-
chutes des cours des matières premières Tous les turels initiés par la Banque Mondiale et le Fonds Mo-
secteurs de l’économie et de la société ivoirienne en nétaire International, pour dit-on, rétablir les équilibres
ont souffert. Ceci s’est traduit d’abord par une grave macro-économiques : vérité des prix et privatisation
crise de liquidité de l’Etat avec comme corollaires la en sont les maîtres-mots (Aloko et Aka, 1996).
baisse des recettes fiscales, l’asphyxie des petites Dans le domaine des transports urbains con-
et moyennes entreprises (PME) par l’Etat débiteur, ventionnels assurés par la SOTRA, les mesures de
le ralentissement des activités économiques redressement et de gestion économique partent d’un
du pays, la réduction des salaires et avantages constat : les niveaux des déficits de la SOTRA sont
sociaux, la faiblesse généralisée du pouvoir importants et menacent, pour ainsi dire, la survie de
d’achat des ménages, la montée du chômage, les ce service public de transport. Les déficits atteignent
compressions, la précarité et l’exclusion, de même des niveaux critiques dès le début des années 1980
que le développement de la violence et la montée (7,527 milliards FCFA) et sont régulièrement crois-
de la délinquance (Aloko et Aka, 1996) sants, 12,647 milliards FCFA en 1982. En 1984, il
Les secteurs de l’habitat et du transport traduisent y a une légère décélération (7,300 milliards FCFA).
cette crise économique dans sa dimension spatiale. Devant cette dérive économique, les pouvoirs publics
L’habitat est, en effet, dans sa typologie un indicateur décident, entre autres, la réduction de la subvention de
de la distribution et du niveau des revenus (DCGTx, l’Etat à la SOTRA et la suppression de la gratuité des
1989). transports accordée aux élèves et aux étudiants (3000
FCFA désormais). Ce contexte nouveau détourne une
L’habitat spontané fut initié avant 1980.Yopougon partie de la clientèle de la SOTRA vers d’autres modes
par exemple fut soumis à une urbanisation spontanée de transports. Les taxis communaux ou woro-woro
dès 1964-65 (Diahou Y.A., 1981). L’habitat spontané, sont ainsi à Cocody une réponse à cette situation.
constructions précaires, implantées de façon irrégu-
lière sur des terrains non viabilisés, des pentes, des 2- LES TAXIS COMMUNAUX : AQUISITION,
couloirs de lignes électriques haute tension ou des
CARACTERISTIQUES ET ORGANISATION
bas-fonds, s’est accru au fil des ans en raison de la
forte demande de logement. L’importance de l’habitat De nombreux acteurs interviennent dans l’organisation
spontané témoigne de la précarité économique. des taxis communaux : l’Etat, les transporteurs, les
Ainsi, 77,3 % des ménages vivant dans l’habitat compagnies d’assurance etc. Avant d’analyser les
spontané à Abidjan ont un revenu mensuel moyen forces et les faiblesses de cette organisation, il convient
de 49000 FCFA2; la taille des ménages y est de 4,3 d’aborder les questions relatives à l’acquisition et aux
caractéristiques des véhicules.
2- Les valeurs en francs sont exprimées en CFA.
US $ 1 =500 FCFA £ 1 = 1000 FCFA

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
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2-1- L’ACQUISITION DE L’OUTIL DE TRAVAIL Il existe également des cas rares où le véhicule
est acheté à crédit. Seulement 2 personnes, soit
L’origine de l’outil de travail varie d’un transpor- 3% des enquêtés sont concernés. L’acquéreur du
teur à un autre. Les woro woro sont généralement véhicule effectue le service de transport pour honorer
importés d’Europe. Ils s’achètent à 3 millions FCFA ses engagements. Ce dernier cas est basé sur la
au maximum. D’ailleurs, les acquéreurs marchandent confiance. Mais au fil des années, on en voit de moins
beaucoup, ce qui réduit de façon substantielle le prix en moins, fait-on remarquer. D’après les transporteurs,
d’achat. Le service de transport effectué avec des la plupart de ceux qui ont tenté cette expérience ont
woro woro est un service informel. D’après les trans- échoué. D’ailleurs, on entend souvent dire que les
porteurs, cette activité rapporte peu, c’est pourquoi véhicules d’occasion s’achètent toujours cash.
ceux qui utilisent des véhicules neufs, achetés avec
le concours des bailleurs de fonds, n’arrivent pas Les personnes interrogées acquièrent leurs
toujours à rembourser leur crédit. Notons que le prix véhicules sans prêt bancaire. D’aucuns, en l’occurrence
des véhicules neufs est prohibitif. Actuellement, le les analphabètes, trouvent que les conditions d’octroi
prix minimum d’une voiture neuve pouvant servir de des emprunts sont telles qu’ils ne peuvent pas
woro woro est de 13 millions FCFA soit 4,3 fois plus satisfaire. D’autres par contre estiment que l’activité
cher que les véhicules usagés, importés d’Europe. n’est pas très rentable, ce qui constitue une entrave
pour le remboursement de la somme due.
Une enquête menée en 2006 auprès de 74
propriétaires de taxis communaux a permis d’élucider 2-2 LES CARACTÉRISTIQUES DES
l’origine de l’outil de travail. VÉHICULES
L’épargne : 43 propriétaires de woro woro soit Les taxis communaux sont des véhicules
58% des personnes interrogées sont des salariés particuliers de 4 places assisses, achetés d’occasion
des secteurs public et privé et/ou des commerçants. et reconvertis en service privé de transport public
Ils utilisent leur épargne pour acheter un ou plusieurs de voyageurs. Une enquête relative à la répartition
véhicules de seconde main, puis s’attachent les des taxis communaux à Cocody réalisée par Djatti
services d’un chauffeur. A. (1995) a révélé que sur 120 véhicules, les
La voiture personnelle : 17 propriétaires soit marques les plus représentées sont les japonaises
23% des personnes interrogées ont transformé leur (50%) suivies des françaises (24 %) ensuite des
voiture particulière en woro woro après avoir perdu italiennes, des anglaises, des coréennes et des
leur emploi. Elles la conduisent elles-mêmes et se américaines (26 %). Le choix des transporteurs pour
font relayer de temps en temps par un chauffeur en les véhicules japonais s’explique principalement
second. par la disponibilité des pièces de rechange, la
consommation raisonnable d’énergie et la facilité
Le don des parents : 8 personnes soit 11% des d’importation des véhicules.
enquêtés ont bénéficié de don de leurs parents.
En effet, certains parents octroient un véhicule à Les investigations menées auprès de l’Agence
un membre de leur famille (fils, neveu, cousin, des Transports Urbains (AGETU) ont confirmé la
etc.) pour lui permettre d’entreprendre le métier place de choix qu’occupent les véhicules japonais,
de transporteur. 91% par rapport à l’ensemble des woro woro de
Cocody (cf. figure 2). Ils se répartissent comme suit :
L’association d’au moins 2 individus : 4 personnes, Toyota (72%), Nissan (14%), Mazda et Mitsubishi
soit 5% des enquêtés se sont mis ensemble pour (5%). Peugeot, la marque française, ne représente
acheter un véhicule dont ils partagent la recette. que 7%. La répartition est faite sur la base de 942
Il s’agit souvent de jeunes chauffeurs n’ayant pas véhicules. Elle tire sa source du registre de délivrance
suffisamment de moyens financiers. de billets de mise en ligne des organisations syndi-
cales de la Commune de Cocody.

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2-3 LE NIVEAU «D’ORGANISATION» DU
Peugeot Mazda SYSTÈME DES TAXIS COMMUNAUX
Autres 7%
3% Par niveau «d’organisation», il faut entendre la
2%
Nissan procédure à suivre pour pouvoir exercer le métier de
14% transporteur. Auparavant, les règles régissant l’activité
des transporteurs étaient établies par les collectivités.
Aujourd’hui, elles sont élaborées par l’AGETU. Quant
Mitsubishi
2%
aux conditions d’exploitation des lignes, elles relèvent
des syndicats de transporteurs.
Toyota
72% 2-3-1 Les aspects réglementaires et la
confusion des rôles des principaux acteurs
Figure 2 : Répartition des taxis communaux Jusqu’à l’avènement de l’Agence des Transports
en 2005 Urbains, tout propriétaire de taxi communal devant
Source : Organisation syndicale de Cocody, 2005 effectuer le transport public de voyageurs à Cocody
était tenu de fournir à la Mairie de cette commune
S’agissant du parc des taxis communaux, il est un dossier comprenant une demande de carte de
difficile d’avoir des chiffres fiables car de nombreux transport, un extrait de casier judiciaire, un extrait
véhicules transportent des usagers sans aucune de registre de commerce, une photocopie de la carte
autorisation. Par ailleurs, la plupart des véhicules qui grise du véhicule devant servir de taxi communal, un
ne servent plus de woro woro ne sont pas signalés. certificat de résidence et la photocopie du certificat
Selon l’AGETU, le nombre de woro woro à Abidjan de visite technique.
en 2005 est estimé à 13000 véhicules alors qu’en
1995, il n’était que 3000 (Djatti, 1995), Sur les 13000 Ce dossier était adressé au responsable de la
woro woro, 2300 soit 18% de l’ensemble assurent la cellule de transport de la Mairie de Cocody pour
desserte intra-communale de Cocody. En 1995, il n’y examen. Ce dernier s’assurait que le véhicule a un
avait que 310 woro woro qui exploitaient les lignes âge maximum de 10 ans. Le chef mécanicien de la
intra-communales de Cocody. Alors que le nombre Mairie effectuait ensuite la visite technique. Si le vé-
total de woro woro à Abidjan a été multiplié par 4,3 de hicule était en bon état, il délivrait une fiche technique
1995 à 2005, celui de Cocody a été multiplié par 7,4 de contrôle qu’il faisait contresigner par le Directeur
dans la même période, ce qui confirme l’engouement Technique. Au terme de tout le processus, le docu-
dans ce secteur d’activité. ment était entériné par le Maire pour la délivrance
de la carte de transport. Il était exigé au demandeur
Pour ce qui est de l’âge moyen du parc des taxis de la carte de transport la somme de 37000 FCFA.
communaux, il est évalué à plus de10 ans. Selon La Mairie déterminait les quotas de véhicules sur
Djatti A (1998), en se referant aux rapports d’activités les lignes autorisées afin de rentabiliser le service
de la SICTA3 en février 1998, on note une augmen- de transport et réduire, par la même occasion, les
tation de l’âge des véhicules importés qui est passé risques d’embouteillages.
de 10,5 à 12 ans pour les véhicules de tourisme et
de 12,3 à 13 ans pour les véhicules utilitaires. Bien Comme le stipule le journal officiel de Côte
que les pièces détachées existent, certains trans- d’Ivoire (2000), l’AGETU est une structure d’Etat qui
porteurs accordent peu d’importance à l’entretien a pour missions d’organiser, de coordonner et de
de leurs véhicules. Dans l’ensemble, les véhicules contrôler les services de transports publics urbains
sont vieillissants. de personnes. Elle exerce ses compétences sur
le territoire de la ville d’Abidjan et des communes
environnantes d’Anyama, de Bingerville, Grand-
Bassam, Dabou, Songon et Jacqueville. Elle a été
créée par décret n° 2000-99 du 23 février 2000.
3- SICTA : Société Ivoirienne de Contrôle Technique Automobile Toutefois, elle a véritablement démarré ses activités

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
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opérationnelles d’inscription au registre des transports sent au fur et à mesure. S’ils s’aperçoivent que le
urbains de personnes et de délivrance d’autorisation trafic est important, ils créent la gare de même que
de transport en novembre 2004, suite à la loi n° 2004- la ligne. Les gares et les lignes sont provisoires et
271 du 15 avril 2004 portant loi de finances de l’année leur nombre varie sans cesse. La gare peut se situer
2004. En principe, depuis 2004, les collectivités ne sur un terrain privé ou public non mis en valeur. Ce
s’occupent que de l’aménagement de leur territoire, terrain peut être également un parking. Dans ce cas,
en l’occurrence la création, la gestion et l’entretien les transporteurs l’occupent seulement la journée
des voies de communications et des réseaux divers pour permettre aux résidents de stationner leurs
d’intérêt communal ; la dénomination des rues, des véhicules le soir, après le travail. Généralement, les
places et des édifices publics etc. transporteurs négocient avec les propriétaires de
terrain lorsqu’ils créent une gare. S’ils ne trouvent
L’AGETU détermine désormais les critères d’ac-
pas de consensus, ils choisissent un autre espace.
cès à la profession de transporteurs publics urbains
Notons cependant que les têtes de pont des lignes
de personnes. Elle délivre aux propriétaires de woro
des taxis communaux observent une proximité
woro un certificat d’inscription contre le paiement
géographique avec les centres commerciaux et les
d’une taxe de 50000 FCFA et ensuite une autorisation
pôles d’activités commerciales comme le dit à juste
de transport contre le paiement d’une redevance de
titre Aloko-N’guessan J, (2001).
80000 FCFA, ce qui équivaut à 130000 FCFA au
total. Bien que mandatée par l’Etat, il se pose parfois En 1996, on dénombrait officiellement 8 lignes.
un problème de compétence entre l’AGETU et la Aujourd’hui, il y en a 16 comme l’indique le tableau 2.
Mairie de Cocody. En effet, la Mairie entretient les Cependant au terme de nos investigations en 2006,
gares routières. Pour ce faire, elle réclame le droit nous avons recensé 37 lignes au total, autorisées et
de stationnement. Le conflit de compétence est une non autorisées confondues.
des causes de l’échec des politiques de transport.
Pour ce qui est du tarif, il était de 100 FCFA sur la
D’après Abeto (2005), les causes de l’échec des
plupart des lignes en 1996. Mais à la suite de l’aug-
politiques de transports urbains en Afrique subsa-
mentation successive du prix du carburant, le tarif
harienne sont multiples. Elles constituent des freins,
oscille à ce jour entre 100 et 350 FCFA. En raison de
voire des obstacles à la mise en place d’une orga-
la distance relativement longue, le tarif est plus élevé
nisation rationnelle.
sur les lignes inter-communales. Cocody-Yopougon
En plus des frais relatifs au certificat d’inscription par exemple coûte 600 FCFA.
et à l’autorisation de transport, les chefs de gare exi-
A l’intérieur de Cocody, il existe des lignes
gent le payement des droits d’exploitation des lignes
pour lesquelles les transporteurs ne disposent
qui sont passés de 17000 FCFA dans les années
pas d’autorisation. Le principal objectif de ces
1990 à 57000 FCFA en 2006, soit une multiplication
transporteurs est d’avoir un gain. Pour ce faire, ils
par 3,4 en 16 ans. Ces droits s’appliquent aux lignes
quadrillent la commune en fonction des mouvements
qui sont déjà fonctionnelles. Sur les lignes nouvelle-
de la population (cf. figure 3). Grâce à l’intensité de
ment créées, ils sont moins élevés.
leurs réseaux de lignes et de nœuds articulés sur
La création des gares routières et des lignes les indications des pôles d’attraction des flux bien
relèvent des transporteurs. Ils choisissent les lieux desservis par des voies de desserte hiérarchisées,
où les mouvements de personnes sont intenses. Ils les taxis communaux apparaissent comme des
effectuent d’abord un premier voyage et s’organi- partenaires précieux (Aloko-N’Guessan J., 2001).

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 7 - 2006


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© EDUCI 2006
Tableau II : Les tarifs sur les lignes intra-communales officiellement reconnues
1996 2006
N° Lignes Tarifs en FCFA Lignes Tarifs en FCFA
1 Cocody-Angré 150 Cocody-Angré 250
2 Cocody-Riviera 2 100 Cocody-Riviera 2 250
3 Cocody-Gobelet 100 Cocody-Gobelet 200
4 Agban-Vallon 100 Agban-Vallon 200
5 Zoo-Vallon 100 Zoo-Vallon 200
6 Riviera 2-Attoban 100 Riviera 2-Angré par Attoban 300
7 Riviera 2-Riviera 3 100 Riviera 2-Riviera 3 200
8 Riviera 2-M’Pouto 100 Cocody-Riviera 3 300
9 Cocody-Ciad Promo 250
10 Cocody-Blockauss 100
11 Cocody-Palmeraie 350
12 Palmeraie-Rosiers 200
13 Palmeraie-Angré 300
14 Carrefour 9km-M’Badon 175
15 Bonoumin-Laurrier 200
16 Akouédo-Riviera 2 200

Source : AGETU et nos enquêtes en 1996 et 2006


Figure 3 : Principales gares routères et lignes intra-communales de Cocody

Source : Nos enquêtes, 2006

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
54
En plus des lignes intra-communales, il existe Cocody-Marcory (cf. figure 4). Du fait de la conduite
des lignes inter-communales qui relient Cocody anarchique, le Maire du Plateau refuse le service
aux autres communes. Ce sont Cocody-Adjamé, des woro woro dans sa commune, Seuls les taxis
Cocody-Williamsville, Cocody-Plateau, Cocody- compteurs y sont autorisés. Ils jouent, pour ainsi dire,
Yopougon, Cocody-Abobo, Cocody-Treichville et le rôle de woro woro.

Figure 4 : Lignes inter-communales

Source : Nos enquêtes, 2005

2-3-2 Pour une meilleure organisation du les véhicules de 4 à 5 chevaux ayant 10 ans d’âge
système d’assurance, de visite technique bénéficiaient d’une assurance promenade et affaires
et de sécurité de 10120 FCFA/mois. Ceux de 7 à 9 chevaux
payaient 10760 FCFA/mois. Mais dans le souci de
L’assurance : à cause de leur statut mal défini, les mieux organiser les transports dans la commune
compagnies refusaient, dans les années 1990/93, de Cocody, la Mairie a négocié, au fil des ans, avec
d’accorder aux taxis communaux l’assurance de les compagnies pour la délivrance d’une assurance
transport public de voyageurs. Ces taxis n’avaient appropriée. Ci-après quelques compagnies qui
droit qu’à l’assurance promenade et affaires. Ainsi, assurent les taxis communaux de Cocody : SAFA,

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 7 - 2006


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© EDUCI 2006
Alliance Africaine, Abidjanaise d’Assurance, AFRAM, les taxis communaux à passer la visite technique,
3A, Collina et AGCI. Pour assurer leurs véhicules, à l’instar des autres véhicules de transport public
les transporteurs constituent une flotte, ce qui de voyageurs. Des démarches ont été également
leur permet de bénéficier de tarif préférentiel. Au menées auprès de la Ville d’Abidjan pour trouver
moment des enquêtes en février 2006, l’assurance un consensus. Désormais, les taxis communaux
mensuelle coûtait 18000 FCFA. Les véhicules sont passent la visite technique mais leur état défectueux
généralement assurés pour un mois pour différentes suscite beaucoup d’interrogations.
raisons. En effet, les transporteurs reconnaissent que
La sécurité : Faute d’un nombre suffisant de
les taxis communaux sont usagés et qu’ils risquent
moyens de transport public, les usagers empruntent
d’être immobilisés en cas de panne, ce qui ne permet
les véhicules sans trop se soucier de la sécurité.
pas de bénéficier intégralement de la validité de
A l’état de vétusté très avancé de certains taxis
l’assurance. Les mêmes transporteurs trouvent que
communaux, s’ajoutent, entre autres, la conduite
leur activité rapporte peu. Pour ce faire, ils évitent de
anarchique et l’utilisation de gaz butane. Les
trop investir dans l’assurance considérée comme un
accidents auxquels l’on assiste parfois témoignent
investissement à fonds perdu.
du manque d’expérience de certains chauffeurs. En
La police d’assurance est un sujet très sensible effet, le recrutement des conducteurs n’est précédé
dans le milieu professionnel des woro woro en d’aucun test. Par ailleurs, les chauffeurs en second
raison d’une suspicion sur son effectivité. Nous sont cooptés par les chauffeurs titulaires qui sont
avons cherché à savoir un peu plus sur la question, leur parent ou leur ami. On trouve souvent de jeunes
malheureusement, l’agent de courtage que nous conducteurs qui sont étudiants ou au chômage et
avons rencontré a opposé une fin de non recevoir qui arrondissent leur fin de mois en s’adonnant à
lorsqu’il s’est agi d’expliquer le contrat qui lie les la conduite de woro woro. Avant de recruter les
propriétaires de woro woro à sa compagnie et les chauffeurs, il serait intéressant d’effectuer une
problèmes posés çà et là par les usagers. sélection, sur la base d’un test de conduite par
exemple. Cette sélection pourrait contribuer sans
La visite technique : A l’origine, les propriétaires de
nulle doute à la réduction des accidents.
woro woro éprouvaient beaucoup de difficultés pour
passer la visite technique. En 1996, le responsable Certains transporteurs utilisent du gaz butane
de la cellule de transport de la Mairie de Cocody parce qu’il est plus économique que les autres
faisait savoir que les difficultés dont il est question se sources d’énergie. En février 2006, le litre de gasoil se
posent en terme d’interprétation des textes. La Ville vendait à 550 FCFA, l’essence à 615 FCFA et le gaz
d’Abidjan, devenue District d’Abidjan aujourd’hui, se butane à 250 FCFA. Le gasoil et l’essence coûtent 2
reconnaissait la compétence exclusive en matière fois plus chers que le gaz butane. Le gaz butane est
d’organisation des transports urbains à Abidjan. certes économique, mais son installation est parfois
Or, la Mairie de Cocody n’adhérait pas à cette idée hors norme. Les spécialistes agréés installent le gaz
puisqu’elle organisait elle-même les transports à butane dans les véhicules à 700000 FCFA. Ils le font
l’intérieur de sa commune. A cause du conflit de avec du matériel neuf et approprié. Mais, dans les
compétence entre la Ville d’Abidjan et la Mairie de entreprises «de quartier» où le personnel est souvent
Cocody, les propriétaires de woro woro ne pouvaient peu outillé, l’installation se fait à 250000 FCFA, parfois
pas bénéficier d’une visite technique en bonne et moins. Par ailleurs, le travail se fait souvent avec du
due forme. La SICTA apposait le cachet « interdit en matériel usagé.
taxi » sur le document technique des woro woro, ce
L’Etat ivoirien n’autorise pas l’utilisation de gaz
qui voudrait dire que les woro woro n’avaient pas le
butane dans les véhicules. Mais il ne l’interdit pas
droit d’effectuer le transport public de voyageurs au
non plus puisque de nombreuses stations de vente
sein d’Abidjan.
de gaz butane où s’alimentent les automobilistes
Consciente du rôle important que jouent les existent bel et bien à Abidjan. Comme la convention
woro woro, la Mairie de Cocody a adressé une de concession qui assure à la SOTRA le monopole du
correspondance à la SICTA lui demandant d’autoriser service public de transport à Abidjan, l’Etat constate
le non respect mais laisse faire.

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
56
Le système d’assurance, de visite technique Les propriétaires ayant plusieurs véhicules
et de sécurité des taxis communaux mérite d’être existent bel et bien mais ils ne veulent pas se faire
mieux organisé. Des contrôles sporadiques sont connaître de peur d’être pénalisés. A la différence
effectués aussi bien par la Mairie de Cocody que des sociétés de taxis compteurs où l’on trouve
par l’AGETU. Malheureusement, les woro woro qui parfois un parc de 246 véhicules comme c’est le
ne sont pas en règle arrêtent de circuler dès que cas de la société ATT (AKA K.A, 1988), la majorité
le contrôle a lieu. des propriétaires de woro woro ont un seul véhicule.
En fait, les propriétaires sont tenus, selon une
3- LE MODE DE FONCTIONNEMENT DES réglementation non écrite, de ne posséder qu’un seul
TAXIS COMMUNAUX véhicule. Mais avec le système des prête-noms et des
interventions à caractère politique, ces dispositions
3-1- LA NATURE DE LA PROPRIÉTÉ sont parfois controversées. Djatti A (1995) corrobore
nos observations et précise que sur 120 autorisations
Il aurait été intéressant de préciser le pour- délivrées, seulement 16 propriétaires soit 13% de
centage de propriétaires ayant plus d’un véhicule. l’ensemble ont plus de deux véhicules, les autres
Malheureusement les intervenants ont opposé (87%), en ont un seul.
une fin de non recevoir lorsque nous cherchions
à approfondire nos investigations sur la nature 3-2 LES HORAIRES DE TRAVAIL ET LES
de la propriété. Certaines informations que nous HEURES DE POINTE
avions tenté d’exploiter étaient contradictoires et
ne pouvaient pas nous permettre d’aboutir à des Les informations consignées dans le tableau 3
résultats fiables. ont été collectées auprès d’un échantillon de 110
chauffeurs.

Tableau III : Les horaires de travail et les heures de pointe

Début du service Fin de service


Horaires Nombre de % Horaires Nombre de %
chauffeurs chauffeurs
6h-7h 88 80 19h-20h 7 6
7h-8h 10 9 20h-21h 47 43
Au délà de 8h 8 7 21h-22h 35 32
Pas d’heure fixe 4 4 22h-23h 18 16
Au délà de 23h 3 3
Total 110 100 Total 110 100

Source : Nos enquêtes, février 2006

Les heures de début du service de transport des la tranche horaire 6h-8h qui correspond aux heures
taxis communaux sont très concentrées. 80% des de pointe de la matinée. Au-delà de 8h, à peine 7%
chauffeurs enquêtés commencent leur journée de des chauffeurs sont concernés. 4% des chauffeurs
travail dans la seule tranche horaire 6h – 7h parce n’ont pas d’heure fixe.
que c’est le moment où la majorité des élèves et des
Dans les années 1990/1996, les heures de fin
travailleurs qui vont en dehors de Cocody quittent
de service étaient plus éclatées dans le temps et
leur domicile. Seulement 9% déclarent le début de
reflétaient mieux les longues heures de pointe du
leur service entre 7h et 8h. Au total, 89 % des chauf-
soir comme le souligne Djatti A. (1995). A l’origine,
feurs interrogés commencent leur service pendant

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 7 - 2006


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© EDUCI 2006
beaucoup d’usagers prolongeaient leur journée leur domicile le soir, après le travail. S’agissant des
le soir par des courses, des achats, des visites et chauffeurs, de 19h à 20h, 6% rentrent chez eux. De
des activités de loisirs puisque les transports en 20h à 21h, ce sont 43% qui sont concernés. De 21h
commun, en particulier les taxis communaux, étaient à 22h, on a 32% et 16% de 22h à 23h. Seulement
disponibles à tout moment. Teurnier (1994) a écrit à 3% des chauffeurs continuent leur service au delà
juste titre que la flexibilité de ce mode de transport et de 23h. Dans l’ensemble, l’on note que la grande
la continuité de son service, sa capacité à se porter majorité des chauffeurs, soit 75%, achèvent leur
là où la demande existe, la création de nouveaux travail entre 20h et 22h.
services dès qu’une demande s’exprime, permet
à cette forme de transport de coller étroitement 3-3- LA RECETTE QUOTIDIENNE ET LA
à l’évolution des besoins de déplacements de la RENTABILITÉ DES «ENTREPRISES» DE
population. Cependant, depuis septembre 2002, TRANSPORT
période où la guerre a commencé en Côte d’Ivoire, les Le propriétaire de woro woro qui s’attache les
Ivoiriens ont quelque peu changé de comportement. services d’un chauffeur exige une recette quotidienne
Les enquêtes menées en 2006 ont montré qu’en dont le montant varie selon la ligne et la source
raison de l’insécurité grandissante et du racket d’énergie utilisée. En 1996 et 2006, les enquêtes ont
des forces de l’ordre, les chauffeurs de woro woro été menées sur les lignes Angré-Cocody et Angré-
arrêtent plus tôt leur service. Il en est de même pour Abobo comme l’indique le tableau 4.
bon nombre d’usagers qui s’empressent de rejoindre

Tableau IV : Recette quotidienne en FCFA sur les lignes Angré-Cocody et Angré-Abobo

Source d’energie utilisée Ligne Angré-Cocody Ligne Angré-Abobo


par les véhicules
1996 2006 1996 2006
Véhicule à essence 8 000 - 6 000 8 000
Véhicule à gasoil 12 000 13 000 10 000 12 000

Sources : Nos enquêtes, 1996 et 2006

En 1996, il y avait quelques véhicules qui utilisaient Certains propriétaires exigent 15000 FCFA. Mais
de l’essence. Aux chauffeurs de ces véhicules, une ils finissent par s’aligner sur les autres parce que les
recette quotidienne de 8000 FCFA sur la ligne Angré- chauffeurs n’arrivent pas toujours à les satisfaire.
Cocody et 6000 FCFA sur la ligne Angré-Abobo leur était En général, la recette quotidienne varie de 10000 à
demandée. A cette époque, le litre d’essence se vendait 13500 FCFA. Si le conducteur n’obtient pas la recette
à 375 FCFA. La recette quotidienne pour les véhicules exigée, il trouve toujours des arguments pour se jus-
à gasoil était de 12000 FCFA sur la ligne Angré-Cocody, tifier (panne, attaque des bandits, immobilisation du
et 10000 FCFA sur la ligne Angré-Abobo. véhicule par les forces de l’ordre, etc..). En principe,
ceux qui s’en sortent le mieux sont les chauffeurs
En 2006, avec l’augmentation du prix de l’essence,
propriétaires. Ils se présentent eux-mêmes chez le
615 FCFA au lieu de 375 FCFA, les transporteurs qui
mécanicien en cas de défaillance technique, achètent
exploitent la ligne Angré-Cocody ont abandonné les
eux-mêmes les pièces de rechange, arrêtent le travail
véhicules à essence. Seul un petit nombre continue
à des heures bien précises, etc.
d’utiliser les véhicules à essence sur la ligne Angré-
Abobo. La recette quotidienne exigée est de 8000 Pour avoir une idée de la rentabilité des «entre-
FCFA. Les véhicules à gasoil sont plus nombreux. prises» de transport, prenons le cas d’un véhicule à
Quant aux recettes quotidiennes, elles se présentent gasoil dont le propriétaire exige 13000 FCFA par jour.
comme suit : 13000 FCFA pour la ligne Angré-Cocody Ce véhicule roule en moyenne 26 jours dans le mois.
et 12000 FCFA pour la ligne Angré-Abobo Les recettes mensuelles et annuelles sont de :

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
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Recette mensuelle : 13000 X 26 = 338000 FCFA. panne engendrant à leur tour l’immobilisation
Recette annuelle : 338000 X 12 = 4056000 FCFA. du véhicule et des frais de réparation parfois
élevés. De nombreuses autres dépenses sont
Il s’agit d’un résultat brut. En effet, les woro-
effectuées. Dans le tableau 5 figurent les
woro sont usagés ce qui accroît les risques de
principales dépenses.

Tableau V : Estimation des principales dépenses

Journalier Mensuel Annuel


Carburant (gasoil) 8 000 208 000 2496000
Vdange et accessoires * - 8 500 102 000
Pneumatiques * - - 100 000
Entretiens et réparations * 53 333 640 000
Amortissements 1 568 40 768 489 216
Rémunération du Chauffeur 2 000 52 000 624 000
Assurance * - 18 000 216 000
Visite technique * - - 23 600
Impôts et taxes * 3 700 96 200 1154 400
Total - - 5845216
Dépenses réellement effectuées 2038 000

Sources : Nos enquêtes et AGETU, 2006

(∗) Dépenses réellement effectuées par les Amortissements : les transporteurs dont la
transporteurs plupart sont analphabètes ne prennent pas en
Nous ferons le commentaire du tableau 5 en nous compte l’amortissement du matériel, ce qui rend
appuyant sur les dépenses annuelles car certaines difficile le renouvellement de l’outil de travail. On
charges ne sont ni quotidiennes ni mensuelles (Pneu- estime l’amortissement à 489216 FCFA par an ;
matiques, visite technique etc.). Pour ce faire, l’on Rémunération du chauffeur : ce poste de
retiendra ce qui suit : dépense s’adresse aux propriétaires de véhicules
Carburant : les recettes quotidiennes indiquées qui embauchent des chauffeurs. Il y a des chauffeurs
précédemment sont celles exigées après l’achat de qui exigent un salaire de 60000 FCFA/mois.
carburant. Les conducteurs estiment à 8000 FCFA Mais en raison des difficultés financières, les
par jour le prix moyen de carburant. Ce prix est estimé propriétaires n’arrivent pas toujours à payer ce
à 2496000 FCFA par an. montant. Généralement, ils proposent aux chauffeurs
Vidange et accessoires : le coût est calculé en d’empocher la recette d’un jour sur sept, soit 13000
fonction du nombre de vidanges et de graissages FCFA par semaine multiplié par 4, ce qui revient à
ainsi que l’achat d’accessoires (filtre à huile, filtre 52000 FCFA par mois et à 624000 FCFA par an.
à gasoil etc.). Ce poste de dépense est de l’ordre S’agissant du chauffeur en second, aucun taux n’est
de 8500 FCFA par mois, ce qui est égal à 102000 déterminé à l’avance. Il est payé par le chauffeur
FCFA par an ; principal en fonction de la recette qu’il obtient ;
Pneumatiques : ils sont estimés à 100000 FCFA Assurance : une moyenne de 18000 FCFA par
par an. Les transporteurs achètent surtout des pneus mois et de 216000 FCFA par an ;
rechapés dont le prix varie de 8000 à 9000 FCFA ; Visite technique : les véhicules qui effectuent
Entretiens et réparations : ils dépendent de le transport en commun sont soumis à une visite
l’état du véhicule. Ils sont estimés à 640000 FCFA technique tous les 6 mois, soit 2 fois par an. L’on
par an ; estime ce poste de dépense à 23600 FCFA par an

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 7 - 2006


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© EDUCI 2006
puisque le coût de la visite technique est de 11800 horaires est plus élevé et permet d’assurer une
FCFA. En principe, le transporteur paie plus lorsqu’il rentabilité plus importante.
prépare la visite technique. Néanmoins, le surcoût
peut être considéré comme des frais d’entretien et CONCLUSION
de réparation ;
Impôts et taxes : ce poste de dépense est de L’avènement et l’ampleur des woro woro sont
1154400 FCFA par an. Il englobe dus, d’une part, à la croissance spatiale et démo-
- la vignette (25000 à 49000 FCFA/an selon l’âge graphique fulgurante de la ville d’Abidjan et d’autre
et la puissance de la voiture), part, aux défaillances de la SOTRA en raison de la
- le papier timbré (5000 FCFA/an), crise économique. Cette crise a eu pour corollaire
- l’autorisation de transport (80000 FCFA/an), la baisse du pouvoir d’achat de la population ainsi
- la patente et les impôts forfaitaires (135480 que la réduction du parc de véhicules de la SOTRA.
FCFA/an), Désormais, une bonne partie des usagers de trans-
- la taxe communale (3000 FCFA/mois soit 36000 port en commun est captée par les woro woro qui
FCFA/an), constituent une solution à la fois opportune pour
- la taxe syndicale : des droits sont perçus par le les voyageurs et peu coûteuse pour l’Etat. En effet,
Syndicat des Transporteurs et les rabatteurs chargés contrairement à la SOTRA, l’Etat ne subventionne
de faire monter les voyageurs dans les véhicules pas les taxis communaux.
Depuis les années 2000, il est créé un ticket appelé Outre le contexte spatio-économique des taxis
«ticket du syndicat». Ce ticket coûte 700 FCFA par communaux, la présente étude a permis d’analyser le
jour soit 18200 FCFA par mois et 218400 FCFA/an mode d’acquisition et les caractéristiques des véhicules.
- les «cadeaux obligés» donnés aux forces de En ce qui concerne le niveau «d’organisation», un
l’ordre : en moyenne 2000 FCFA par jour, soit 52000 accent particulier a été mis sur la réglementation
FCFA par mois et 624000 FCFA par an. A chaque en vigueur avec la question de compétence dans
contrôle, le chauffeur paie au moins 500 FCFA. Mais l’organisation des transports urbains à Abidjan. Les
s’il est vigilent, il change de trajet quand il est informé conditions d’exploitation des lignes ont été également
de la présence des forces de l’ordre sur sa ligne. examinées. Il existe cependant des points d’ombre.
L’ensemble des dépenses est de 5845216 En effet, le mauvais fonctionnement du système
FCFA mais certaines ne sont pas effectuées par les d’assurance, de la visite technique ainsi que l’utilisation
transporteurs. Celles qu’ils exécutent réellement de gaz butane par certains véhicules constituent des
s’élèvent à 2038000 FCFA. Si l’on déduit ces lacunes à corriger.
dépenses de la recette (4056000 FCFA), on a une
L’analyse du mode de fonctionnement des woro
marge bénéficiaire de 2018000 FCFA par an.
woro a révélé que la majorité des acteurs ne disposent
Pour ce qui est de la rentabilité des woro woro, que d’un seul véhicule. La structure de la propriété est
il est important de préciser que chaque propriétaire pour ainsi dire très éclatée. S’agissant des heures de
gère son véhicule selon son gré. Par ailleurs, travail, elles sont très élastiques, 6h - 23h. La rentabilité
les charges susmentionnées sont plus ou moins «des entreprises» de transport est diversement
exécutées. De nombreux transporteurs se dérobent interprétée par les acteurs malgré l’engouement que
et ne paient la totalité des charges que lorsqu’ils sont connaît le secteur des woro woro.
contraints. Au regard de la marge bénéficiaire et du
Etant donné que les taxis communaux jouent un
nombre sans cesse croissant de taxis communaux,
rôle important dans le déplacement des Abidjanais,
l’on peut dire qu’il s’agit d’une activité rentable.
que doit-on faire pour pouvoir mieux les organiser ?
Une étude similaire sur les coûts d’exploitation des
véhicules a été effectuée par le MCU/BCET4 (1983). Le Gouvernement ivoirien doit sensibiliser les
Il ressort de cette étude que les petits véhicules étant responsables communaux sur la mission de l’AGETU
plus rapidement remplis, leur nombre de rotations afin que cessent les conflits de compétence qui
entravent la bonne organisation du secteur des
4- Ministère de la Construction et de l’Urbanisme / Bureau Central
woro woro. Quant à l’AGETU, elle doit procéder à
d’Etudes Techniques. un recensement rigoureux des woro woro afin de

AKA Kouadio A. : Taxis communaux ou woro woro à Abidjan-cocody : caractéristique, organisation ...
60
disposer de chiffres fiables dans le cadre des études - ANTOINE Ph., DUBRESSON A., NANOU-SAVINA A. (1987) :
portant sur ce secteur d’activité. Enfin, dans le but Abidjan «Côté Cours» Pour comprendre la question de l’habitat,
Editions Karthala, Paris, 274 p.
de renforcer la sécurité dans le secteur des woro - DCGTx – AUA (1990) : Abidjan Information, n° 10, 36 p.
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Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 7 - 2006


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