Vous êtes sur la page 1sur 21

Antennes et Lignes de transmissions

Sommaire du chapitre I:
Notions fondamentales d'électromagnétisme pour l'étude de l'antenne

I-1- Introduction
I-2- Rappels théoriques en électromagnétisme
I- 2- 1- Champs électriques et magnétiques
I- 2- 2- Formulation des lois de Maxwell et équations d'onde
I- 2- 3- Introduction aux potentiel vecteur et potentiel scalaire
a) Condition de jauge de Lorentz
b) Equations du potentiel vecteur et potentiel scalaire
I-3- Propagation de l'onde électromagnétique dans l'espace libre
I- 3- 1- Propriétés des ondes planes
I- 3- 2- Type de polarisation
a) Polarisation rectiligne
b) Polarisation circulaire
c) Polarisation elliptique
d) Polarisation de quelques antennes
I- 3- 3- Les différentes zones de rayonnement de l'antenne
a) Zone de champ proche
b) Zone de champ intermédiaire
c) Zone de champ lointain
I- 4- Opérateurs différentiels en coordonnées curvilignes
I- 4- 1- Système de coordonnées cartésiennes
I- 4- 2- Système de coordonnées cylindriques
I- 4- 3- Système de coordonnées sphériques
I- 4- 4- Différents paramètres utilisés dans les trois types de coordonnées
Dr. A. Khodja

Antennes et Lignes de transmissions


Chapitre I: Notions fondamentales d'électromagnétisme
pour l'étude de l'antenne

I-1- Introduction
L'antenne représente un élément essentiel dans les systèmes de communication pour des
applications radiofréquences (RF) et micro-ondes impliquant une large gamme de fréquences (ou de
longueurs d'onde) comme le montre la fig. I-1.
Les ondes RF occupent la région incluant des fréquences les plus basses du spectre électroma-
gnétique (EM) où les longueurs d'onde dépassent 1m. Cette région contient les ondes métriques,
décamétriques, hectométriques et kilométriques appelées également ondes longues. En montant en
fréquence, on trouve les ondes courtes, puis un peu plus haut les micro-ondes (ou hyperfréquences).
Les micro-ondes se situent entre les ondes radio et l'infrarouge couvrant trois bandes à savoir les
UHF, SHF et EHF, appelées respectivement ondes décimétriques, centimétriques et millimétriques.

RF Micro-ondes Infrarouge
λ 100km 10km 1km 100m 10m 1m 0.1m 1cm 1mm

VLF LF MF HF VHF UHF SHF EHF

3KHz 30KHz 300KHz 3MHz 30MHz 300MHz 3GHz 30GHz 300GHz F

Fig. I-1: Spectre des ondes électromagnétiques

Les ondes RF sont généralement utilisées dans le secteur de la radiodiffusion pour transporter
des informations en mode AM et FM ainsi que dans la radionavigation, tandis que les micro-ondes
sont utilisées dans les télécommunications (téléphones sans fil, Internet, satellite), la télédétection
(tous les types de radars, GPS, cartographie par satellite, control routier), le grand public (télévision,
four micro-ondes) ainsi que dans le domaine informatique grâce à la montée de la fréquence
d'horloge. Au delà de la gamme des micro-ondes, on rencontre les ondes à infrarouge qui sont
exploitées pour les liaisons par fibres optiques.
De part sa géométrie, l'antenne est considérée, vis-à-vis de l'onde EM, comme étant un moyen de
transition entre l'espace libre et les structures de transmission telles que les guides d'onde et les
câbles coaxiaux. En effet, selon le rôle de l'antenne (émettrice ou réceptrice), cette dernière est
utilisée pour transmettre (ou rayonner) de la puissance EM ou bien pour la capter (voir fig. I-2).
D'une autre façon, l'antenne émettrice permet de transformer la puissance électrique issue d'un
générateur en une puissance EM, tandis que l'antenne réceptrice assure la fonction inverse afin de
véhiculer cette puissance EM vers les circuits. Dans la plupart des cas, l'antenne maintient les
mêmes caractéristiques de rayonnement en émission ou en réception; ce qui signifie que l'antenne
est une structure réciproque. De plus, elle présente d'autres caractéristiques liées à son modèle
électrique telles que l'impédance d'entrée, la fréquence de résonance, le facteur de qualité, etc…

-1-
Dr. A. Khodja

Fig. I-2: Schéma synoptique du circuit électrique d'émission et de réception

Cependant, les techniques de conception et de réalisation de l'antenne sont devenues possibles


grâce aux développements théoriques en électromagnétisme qui sont régis par les équations de
Maxwell. En effet, ces dernières permettent de décrire toutes les informations concernant les
caractéristiques du champ EM.

I-2- Rappels théoriques en électromagnétisme


Nous citons dans cette partie certaines notions les plus pratiques introduites en électro-
magnétisme et qui interviennent dans l'étude de l'antenne. Pour ce faire, nous considérons les
champs statiques dans le vide.

I- 2- 1- Champs électriques et magnétiques

Le champ électrique est déterminé à partir de deux lois fondamentales bien établies à savoir la loi
de Coulomb et le théorème de Gauss. En effet, en statique, toute charge électrique ponctuelle Q
r
immobile crée à une distance "r" un champ électrique E tel que:

Q
(Charge Q>0) E (r ) = (I-1)
4πε 0 r 2

Fig. I-3: Champ électrique produit par une charge ponctuelle

Dans le cas d'une charge globale contenue à l'intérieure d'une surface fermée, le champ électrique
est déterminé à partir du théorème de Gauss qui relie le flux du champ électrique à la charge totale
contenue à l'intérieure de cette surface, d'où:
r
S dS
r r Q
QT ∫∫ E.dS = T
ε0
(I-2)

Fig. I-4: Surface fermée contenant une charge totale

D'après la loi de Biot et Savart, un conducteur élémentaire de longueur "dl" appartenant à un


circuit électrique "C" quelconque produit à une distance "r" de ce circuit au point M(x,y,z),
r
représenté dans la figure suivante, un champ à induction magnétique dB , tel que:
-2-
Dr. A. Khodja
r r
r
r v µ I dl ∧ ur
∫ ∫
dB M
r
B(r ) = dB = 0 r
ur où ur =1 (I-3)
0 4π r2
C

Fig. I-5: Champ magnétique produit par un circuit "C" parcouru par un courant

Cependant, la loi d'Ampère stipule que toute circulation de courant dû au mouvement des
charges à travers un support conducteur de longueur "l", produit à proximité un champ à induction
r
magnétique B tournant autour de ce support de sorte que:

v r
R
I

2 πR
B.d l = µ 0 I (I-4)

r
dl
Fig. I-6: Circulation du champ magnétique autour d'un support parcouru par un courant

I- 2- 2- Formulation des lois de Maxwell et équations d'onde

Le comportement des champs EMs dans le domaine spatial et temporel est régi à partir des
quatre lois de Maxwell qui font intervenir les densités de charge et de courant, dont l'effet est de
r r
produire respectivement le champ électrique E [V/m] et le champ magnétique H [A/m], auxquels
r
sont associés le champ de déplacement électriques D [Cb/m2] et le champ à induction magnétique
r r r r r
B [T], avec D =ε E et B =µ H . En outre, ces lois, permettant de décrire la propagation de ces
champs dans un milieu quelconque, sont représentées par les quatre équations suivantes:
r
div D = ρ (Equation de Maxwell-Gauss) (I-5)
r
div B = 0 (Equation de Maxwell-flux magnétique) (I-6)
r
r r ∂B
rot E = − (Equation de Maxwell-Faraday) (I-7)
∂t r
r r r ∂D
rot H = J + (Equation de Maxwell-Ampère) (I-8)
∂t
L'équation (I-5) permet de décrire la relation entre la densité de charge volumique et le champ
électrique. Cette équation est déduite du théorème de Gauss qui révèle qu'une surface quelconque
fermée dans l'espace contenant des charges reparties en volume, conduit à l'existence d'un champ
électrique dont le flux est proportionnel à la somme de toutes ces charges.
Par contre, d'après l'équation (I-6), et par analogie au champ électrique, le flux du champ
magnétique à travers une surface fermée est nul à cause de l'absence des charges magnétiques.
L'équation (I-7) issue le la loi de Faraday décrit l'existence d'une f.e.m induite obtenue à partir de
la variation du flux du champ magnétique à travers une surface ouverte délimitée par un contour
fermé du milieu contenant le circuit induit.
L'équation (I-8) utilisant la loi d'Ampère, permet de relier la circulation du champ magnétique au
courant total (de conduction et de déplacement) traversant le circuit.
En fait, les deux équations (I-7) et (I-8) permettent de déduire qu'un champ électrique variable
donne naissance à un champ magnétique variable et vice-versa.

-3-
Dr. A. Khodja
En appliquant la divergence à l'équation (I-8), on obtient donc la condition de la conservation de
la charge qui relie la densité de courant à la densité de charge telle que:
r ∂ρ
div J = − (I-9)
∂t
r
ρ[Cb/m3] et J [A/m2] représentent respectivement la densité volumique de charge électrique et
r r
de courant de conduction, sachant que J = σE .
Dans le cas où le milieu est le vide qui est supposé homogène, linéaire, isotrope et dépourvu de
r r
charge libre et de courant (ρ=0, J = 0 , ε = ε0 = (1/36π)10-9 F/m et µ = µ0 = 4π10-7 H/m), ces lois
deviennent:
r
div E = 0 (I-10)
r
divH = 0 (I-11)
r
r r ∂H
rot E = −µ 0 (I-12)
r∂t
r r ∂E
rot H = ε 0 (I-13)
∂t
Remarque: Etant donné que les charges occupent naturellement un certain volume (entouré par une
surface S d'épaisseur ∆l comme l'indique la fig. I-7) d'un milieu dans lequel circule le courant, ce
serait donc illogique de trouver des courants repartis uniquement en surface,d'où on parle de densité
r
volumique de courant comme c'est le cas des charges volumiques"ρ" bien que J soit exprimée en
A/m2. Par contre à l'échelle macroscopique, où l'on suppose que l'épaisseur ∆l est négligeable
r
devant l'étendu de cette surface, J est alors définie comme étant la densité surfacique de courant.
∆l

Fig. I-7: Volume délimité par une surface S d'épaisseur ∆l

En appliquant l'opérateur rationnel de part et d'autre de l'égalité mentionnée dans les deux
équations (I-7) et (I-8) et après plusieurs manipulations mathématiques, on obtient l'équation d'onde
relative respectivement au champ électrique et magnétique telle que:
r r
r ∂2E ∂E r ρ
∆E − µε 2 − µσ = grad( ) (I-14)
∂t ∂t ε
r r
r ∂2H ∂H r
∆H − µε 2 − µσ =0 (I-15)
∂t ∂t
La solution des ces équations nous permet de prouver l'existence des ondes EMs qui se
propagent à la vitesse v = 1 µε . Dans le vide, ces deux équations deviennent:
r
r ∂ 2E v
∆E − µ 0 ε 0 2 = 0 (I-16)
∂t
r
r ∂ 2H r
∆H − µ 0 ε 0 2 = 0 (I_17)
∂t
Ces champs se déplacent donc à la vitesse de la lumière où c = 1 µ 0 ε 0 = 3.108m/s et µ0ε0 = 1 c2 .

-4-
Dr. A. Khodja
I- 2- 3- Introduction aux potentiel vecteur et potentiel scalaire

Le fondement de la théorie des champs EMs, vérifiant les équations de Maxwell évoquées
précédemment, est établi en associant à ceux-ci d'autres grandeurs scalaires et vectorielles
r
constituées de potentiel scalaire "Φ" et du potentiel vecteur " A ".
r
En effet, en exploitant " divB = 0 " décrite par la relation (I-6), et vu que la divergence du
rotatiennel d'un vecteur est toujours nulle, on déduit que:
r r r
B = rot A (I-18)
r
Où A représente le potentiel vecteur. r
v r r r r dB
En outre, en remplaçant B par rot (A) dans la relation (I-7) qui vérifie rot E = − , on peut écrire
dt
( )
r r r r
r r ∂ rot ( A ) r  ∂A  r ∂A
rot E = − = ro t  −  . Dans ce cas, E peut être déduit à partir de " −
 " à gradient
∂t  ∂ t  ∂t
près car le rotationnel d'un gradient d'un scalaire est toujours nul. De plus, en statique, le champ
r r
électrique dérive du potentiel scalaire ( E = −grad Φ ) où Φ désigne le potentiel scalaire, d'où:
r
r r ∂A
E = −grad Φ − (I-19)
∂t
r
Sachant que Φ s'exprime en [V] tandis que A en [Vs/m].

a) Condition de jauge de Lorentz

La condition dite jauge de Lorentz est une théorie supplémentaire utilisée en électromagnétisme
afin de formuler de façon plus simple les équations d'onde ainsi que leurs solutions. En effet, cette
condition permet de relier le potentiel vecteur au potentiel scalaire. Pour ce faire, nous choisissons
r r r r r
le vide comme milieu (ρ=0 et J = 0 ). En partant de B = rot (A ) où l'on ajoute le rotationnel de part
r r r r r
et d'autre de l'égalité, on peut écrire: rot B = rot (rot A ) .
r r r
r r r r ∂E ∂ r ∂A r ∂Φ ∂ 2A
D'une part, rot B = µ 0 rot H = µ 0 ε 0 = µ 0 ε 0 (−grad Φ − ) = − grad(µ 0 ε 0 ) − µ0ε0 2 ) .
∂t ∂t ∂t ∂t ∂t
r r r r r r
D'autre part, rot (rot A ) = grad (div A) − ∆ A . En égalisant ces deux expressions, on obtient:
r r
r ∂Φ ∂ 2A r 1 ∂Φ 1 ∂2A r r r
− grad(µ 0 ε 0 ) − µ 0 ε 0 2 ) = − grad( 2 ) − 2 2 ) = grad (divA) − ∆ A , d'où:
∂t ∂t c ∂t c ∂t
r
r 1 ∂ 2A r r r 1 ∂Φ r r 1 ∂Φ
∆ A − 2 2 = grad (divA) + grad ( 2 ) = grad(divA + 2 ).
c ∂t c ∂t c ∂t
r
r r 1 ∂ 2A r
Pour que A vérifie l'équation d'onde dans le vide à savoir ∆ A − 2 2 = 0 , il suffit de poser:
c ∂t
r 1 ∂Φ
divA + 2 = 0 (qui est la relation ou jauge de Lorentz) (I-20)
c ∂t
1 ∂ 2Φ
Naturellement, le potentiel Φ vérifie également l'équation d'onde: ∆ Φ − = 0.
c 2 ∂t 2
r
On déduit que A et Φ se propagent à la vitesse de la lumière comme une onde EM.
-5-
Dr. A. Khodja
r
∂Φ ∂A r r r
Dans le cas statique ( = 0 et = 0 ), l'expression (I-19) se réduit à E = −grad Φ .
∂t ∂t
En considérant cette fois-ci le vide dans lequel les distributions de charge et de courant ne sont
r r
pas nécessairement nulles (ρ≠0 et J ≠ 0 ), compte tenu de l'expression (I-5) de Maxwell-Gauss qui
r ρ r r r ρ
stipule que div E = et en remplaçant E par " − grad Φ ", on obtient div(grad Φ) = − .
ε0 ε0
r
Or div(grad Φ ) =∆Φ, d'où:
ρ
∆Φ = − (appelée l'équation de Poisson du potentiel scalaire) (I-21)
ε0
r
Tandis que la relation (I-20) de Lorentz se réduit à div A = 0 (qui est la jauge de Coulomb).
r
r r r ∂E r r r r
L'équation (I-8) de Maxwell-Ampère devient rot H = J , car en statique = 0 , d'où rot B = µ0 J .
∂t
r r r r r r r r r r r r
Or B = rot A , dans ce cas on peut écrire rot B = rot (rot A) = grad (divA) − ∆A = µ 0 J . En tenant
r
compte de la condition divA = 0 , on abouti à:
r r
∆A = −µ 0 J (appelée l'équation de Poisson du potentiel vecteur) (I-22)

Evidemment, les expressions (I-21) et (I-22) ne sont valables que pour des champs statiques.
Cependant, il existe une analogie entre ces deux équations où l'on peut passer de (I-21) à (I-22)
r r
en remplaçant simplement Φ par A , ρ par J et ε0 par 1/µ0.

b) Equations du potentiel vecteur et potentiel scalaire pour le cas statique

L'expression du potentiel vecteur fait intervenir la loi de Biot et Savart qui consiste à déterminer
r
en un point M quelconque de l'espace l'induction magnétique élémentaire dB produite par un
tronçon d'un conducteur de longueur dl traversé par un courant. Cette loi est décrite par l'équation
r r r
r µ 0 I d l ∧ ur r r µ0I r r r r
(I-3) suivante dB = , que l'on peut écrire dB = d l ∧ 3 avec u r = .
4π r 2
4π r r
Où "r" désigne la distance qui sépare la source "0" du point d'observation M comme l'indique la
r r
fig. I-5, sachant que r = OM est un vecteur de coordonnées cartésiennes (x,y,z) avec
r r 1
r
r = x + y + z . Dans ce cas, on peut écrire: 3 = − ∇ ( ) .
2 2 2
r r
 ∂ 1   x 
− ( )  
 ∂x x 2 + y 2 + z 2   ( x 2 + y 2 + z 2 ) 3 
    r
r 1  ∂ 1   y = r
En effet : − ∇ ( r ) =  − ∂y ( ) =
  2 3 
x 2
+ y 2
+ z 2
( x 2
+ y 2
+ z )  r3
  
− ∂ ( 1
) 
z 
 ∂z 2   2 3 
 x +y +z  ( x +y +z ) 
2 2 2 2

r r
r µ0I r r µ I r r 1 µ I r 1 r r µ 0I d l
D'où: d B = d l ∧ 3 = − 0 d l ∧ ∇( ) = 0 ∇( ) ∧ d l = ∇ ∧ ( ) , que l'on
4π r 4π r 4π r 4π r

-6-
Dr. A. Khodja
r
r r r r r r µ I dl
peut mettre sous la forme dB = ∇ ∧ dA = rot(dA) . Par identification on a: dA = 0 ( ) , d'où:
4π r
r
r µ I dl
A= 0
4π ∫C
r
(I-23)

Considérons un conducteur de longueur élémentaire dl du circuit décrit dans la figure ci-dessous,


r
de section non négligeable représentée par le vecteur dS et parcouru par un courant I qui est relié à
r r
r µ0 r r d l µ0 J r r
∫∫ ∫ ∫∫∫
r r r
la densité de courant J tel que I =
∫∫
S
J. dS . Dans ce cas: A =

S
J. dS
C
=
r 4π
V
r
dS. d l .

r r r r
Puisque dS // d l , donc dS.d l = dS dl = dv qui est le volume contenu dans ce tronçon conducteur.
r
Ainsi on obtient l'expression du potentiel vecteur faisant intervenir la densité de courant J telle que
r
r µ J
A= 0
4π ∫∫∫
V
r
dv (I-24)

r
J
r
dS

r
dl r
0

Fig. I-8: Champ vectoriel élémentaire créé par un tronçon métallique de section dS contenant
r
une distribution de courant par unité de surface J

Cette expression est la solution de l'équation de Poisson en magnétostatique décrite par (I-22).
La similitude qui existe entre les deux équations de Poisson (I-21) et (I-22) nous permet de
déduire directement l'expression du potentiel scalaire Φ en remplaçant simplement dans l'équation
r r
(I-24) A par Φ, J par ρ et µ0 par 1/ε0, donc:
1 ρ
Φ=
4πε 0 ∫∫∫ V
r
dv (I-25)

Evidemment, (I-25) vérifie la solution de l'équation de Poisson en électrostatique (I-21).

Remarque: Les potentiels n'ont pas de signification physique mais ils représentent un moyen de
calcul des champs EMs.Toutefois, la relation de Lorentz est très importante pour le calcul du champ
r r
rayonné par une antenne. En effet, la détermination des champs E et B nécessite la connaissance
r r
des six composantes (trois composantes pour E et trois composantes pour B ). Or, d'après (I-18) et
r r
(I-19), le calcul des champs E et B fait intervenir les trois composantes du potentiel vecteur et de
l'unique composante du potentiel scalaire. La condition de Lorentz permet donc d'apporter une
simplification supplémentaire puisque le potentiel scalaire peut être déterminé à partir du potentiel
vecteur. Ainsi pour une distribution quelconque de charge et de courant, et grâce à cette condition,
r r r
les champs E et B peuvent être calculés à partir seulement des trois composantes de A .
-7-
Dr. A. Khodja
I-3- Propagation de l'onde électromagnétique dans l'espace libre
On suppose que la propagation des ondes EMs s'effectue dans l'espace libre (ou le vide) qui est
supposé homogène, isotrope, linéaire, sans pertes et dépourvu de sources électriques.
Cependant, la résolution des équations d'onde (voir le dernier paragraphe de I-2-2) permet de
déterminer, en tout point M de l'espace, les expressions analytiques des champs EMs lors de leur
rayonnement. En fait, ces champs, émanant des ondes planes, correspondent aux ondes incidente et
rr rr
réfléchie s'exprimant respectivement en fonction de f (ωt − k.r ) et f (ωt + k.r ) .
r r
Ces ondes obéissent à une variation sinusoïdale, sachant que OM = r et k=ω/c=2π/λ, où ω et λ
désignent respectivement la pulsation et la longueur d'onde.
Comme le milieu est supposé infini, on considère par la suite uniquement l'onde incidente qui se
r r
propage selon la direction et le sens du vecteur d'onde k , c-à-d selon les variables croissants de r .

I- 3- 1- Propriétés des ondes planes

Les champs étant suffisamment loin de la source, se propagent en ondes planes qui vérifient
certains critères fondamentaux utilisés en électromagnétisme. Notons que d'après la fig. I-9:
y

Plan H λ)
Longueur d'onde (λ
Plan d'onde

Plan E

∧H
E∧
Direction de
propagation
z

Fig. I-9: Propagation de l'onde électromagnétique plane dans l'espace libre


r r
− Le champ électrique est perpendiculaire au champ magnétique ( E ⊥ H ).
1−
− Les champs électrique et magnétique sont perpendiculaires à la direction de propagation
2−
puisque leurs composantes sont parallèles au plan (ou front) d'onde. Autrement dit, les vibrations de
r r
E et H s'effectuent dans un plan qui est perpendiculaire à la direction de propagation. On dit que
l'onde se propage en mode transverse électromagnétique (TEM).
r r r
− La densité de puissance EM est donnée par le module du vecteur de Poynting P = E ∧ H
3−
r
2
[W/m ] pour le cas de variation sinusoïdale, sachant que P indique le sens et la direction de
r
propagation de la puissance active de l'onde, puisque pour une onde TEM, P est toujours réel.
Notons que la moyenne temporelle du vecteur de Poynting est définie de deux manières:
r T r
• Pmoy = T1 ∫ P dt dans le cas où les champs s'écrivent en fonction de cos(ωt) ou sin(ωt).
r 1 r0 r
• Pmoy= 2 (E ∧ H*) dans le cas où les champs s'expriment en fonction de e jωt où "*" désigne le
conjugué.
Ces 2 définitions nous permettent d'obtenir la puissance active moyenne car le résultat est réel.

-8-
Dr. A. Khodja
4− Le champ électrique, le champ magnétique et le vecteur d'onde forment un trièdre direct, avec
.4
r
r 1 k r
H= ( ∧ E) .
µ0 ω
5− Le rapport des modules du champ électrique et du champ magnétique est égal à l'impédance
r r
d'onde du vide ( E H = η0 =µ0c=1/(µ0c)= µ 0 ε 0 = 120πΩ).

Remarque: Le plan E (ou le plan H) est celui qui contient le champ électrique (ou le champ
magnétique) et la direction de propagation.

I- 3- 2- Type de polarisation

La polarisation d'une onde EM est donnée par la direction (ou l'orientation) du champ électrique
pris comme référence (eu égard au champ magnétique) au cours du temps. D'une autre manière, la
polarisation est le type de trajectoire que décrit l'extrémité du vecteur champ électrique en fonction
du temps dans le plan d'onde. A noter que le plan de polarisation est défini selon l'orientation du
champ électrique et la direction de propagation. Cependant, il existe trois types de polarisations:

a) Polarisation rectiligne (ou linéaire)

On dit que l'onde est à polarisation rectiligne (ou linéaire), comme l'illustre la figure ci-dessous,
lorsque le champ électrique vibre tout en gardant une direction fixe. Pour cela, le champ électrique
possède seulement une seule composante ou bien deux composantes en phase ou en opposition de
phase (c-à-d déphasée de ±180°). y
x

z
Direction de propagation

Fig. I-10: Propagation de l'onde à polarisation rectiligne

En effet, lorsque le champ électrique (ayant une seule composante) est parallèle à la surface de la
terre, la polarisation est dite rectiligne horizontale (voir fig.1-11-a). Toutefois, si celui-ci est
transverse à la surface de la terre, la polarisation est dite rectiligne verticale (voir fig.1-11-b).
Dans le cas général où les deux composantes du champ électrique ne sont pas nulles, la
polarisation est dite rectiligne oblique avec un angle d'inclinaison (θ) qui dépend des amplitudes des
deux composantes (voir fig.1-11-c).

(a) Polarisation horizontale (b) Polarisation verticale (c) Polarisation oblique


Fig. I-11: Trajectoire rectiligne du champ électrique dans le plan d'onde

-9-
Dr. A. Khodja
b) Polarisation circulaire

On dit que l'onde est à polarisation circulaire, si les deux composantes du champ électrique ont la
même amplitude et sont en quadrature de phase (déphasée de ±90°). Autrement dit, l'extrémité du
r
vecteur E décrit dans le domaine temporel une trajectoire qui correspond à un cercle (voir fig. I-12).
x

z
Direction de propagation

Fig. I-12: Propagation de l'onde à polarisation circulaire

c) Polarisation elliptique

Il s'agit du cas général pour lequel les deux composantes du champ électrique possèdent des
amplitudes et des phases différentes (à l'exception du cas où le déphasage est de 180°).

Direction de propagation
z

Fig. I-13: Propagation de l'onde à polarisation elliptique

Ces trois types de polarisations se distinguent analytiquement à partir d'une équation générale
faisant intervenir les composantes transverses ainsi que leurs amplitudes de l'onde électrique qui est
supposée plane, progressive et harmonique, de pulsation ω se propageant dans le vide selon l'axe
0z>0. Par conséquent, les composantes du champ électrique en notation réelle s'écrivent:

E x = E 0x cos(ωt − kz + Φ x )
 (I-26)
E y = E 0y cos(ωt − kz + Φ y )
Sachant que k représente le nombre d'onde, tandis que Φx et Φy désignent respectivement la
phase de Ex et de Ey, avec E0x>0, E0y>0 et E0x ≠ E0y. Toutefois, pour des raisons de commodité,
nous prenons le plan d'onde à z=0. Dans ce cas les composantes deviennent:

E x = E 0x cos(ωt + Φ x )
 (I-27)
E y = E 0y cos(ωt + Φ y )
Que l'on peut écrire:
 Ex
 E = cos(ωt ) cos(Φ x ) − sin(ωt ) sin(Φ x )
 0x
E (I-28)
 y = cos(ωt ) cos(Φ y ) − sin(ωt ) sin(Φ y )
 E 0 y

-10-
Dr. A. Khodja
La résolution de ce système d'équations pour déterminer cos(ωt) et sin(ωt) en termes de Ex et Ey,
nous permet d'obtenir:
 Ey E
 sin(ωt ) sin(∆Φ ) = cos(Φ x ) − x cos(Φ y )
 E 0y E 0x
 Ey
(I-29)
 cos(ωt ) sin( ∆Φ) = E
sin(Φ x ) − x
sin(Φ y )
 E 0y E 0x
Où ∆Φ = Φx − Φy représente le déphasage entre les deux composantes du champ électrique.
En faisant la somme du carré de chaque équation du système (I-29), et en utilisant l'identité
trigonométrique sin2(ωt) + cos2(ωt) = 1, on aboutit à l'expression générale reliant Ex à Ey telle que:
2 2
 Ey E   Ey E 
sin (∆Φ ) = 
2
cos(Φ x ) − x cos(Φ y )  +  sin(Φ x ) − x sin(Φ y ) 
 E 0y E 0x   E 0y E 0x 
   
Apres simplification, on obtient l'équation suivante qui décrit une polarisation elliptique:

Ex 2 Ey 2 ExEy
( ) +( ) − 2 cos(∆Φ) = sin 2 (∆Φ ) (I-30)
E 0x E 0y E 0x E 0y

De là, on peut déduire que:


● Si les deux composantes sont en phase (∆Φ=0) ou en opposition de phase (∆Φ=180°),
2
E Ey 2 ExEy E Ey 
l'équation (I-30) se réduit à: ( x ) 2 + ( ) m2 =0 ⇒  x m  = 0 , d'où:
E 0x E 0y E 0x E 0y  E 0x E 0y 
 

Ey E 0y
=± (I-31)
Ex E 0x

Il s'agit de l'équation d'une droite qui décrit une polarisation linéaire oblique (voir fig. I-14) avec
une pente positive pour Φ=0 ou négative pour Φ=180°.

E0y

E0x E0x

−E0y

(a) ∆Φ = 0°, (b) ∆Φ = 180°


Fig. I-14: Polarisation oblique
● Si cette fois-ci les deux composantes ont la même amplitude (E0x = E0y = E0) et sont en
quadrature de phase (∆Φ = ±90°), l'expression (I-30) devient:
E Ey
( x )2 + ( )2 = 1 (I-32)
E0 E0

On voit bien que l'expression (I-32) représente l'équation d'un cercle de rayon E0.
Néanmoins, comme l'illustre la figure ci-dessous, lorsque la composante Ex est en avance de
phase de 90° par rapport à celle de Ey (∆Φ=90°), la polarisation est dite circulaire gauche (PCG) et
l'extrémité du vecteur champ électrique tourne dans le sens trigonométrique en fonction du temps.

-11-
Dr. A. Khodja
Par contre, lorsque la composante Ex est en retard de phase de 90° par rapport à celle de Ey
(∆Φ=−90°), la polarisation est dite circulaire droite (PCD) et l'extrémité du vecteur champ
électrique tourne dans le sens des aiguilles d'une montre en fonction du temps.

(a) ∆Φ = 90° (b) ∆Φ = −90°


Fig. I-15: Polarisation circulaire

● Dans le cas général où les deux composantes n'ont pas la même amplitude (E0x ≠ E0y) et sont
déphasées de ∆Φ, on distingue deux cas de polarisation elliptique décrite par l'expression (I-30).
La polarisation dite elliptique gauche (PEG) si Ex est en avance de phase par rapport à Ey (∆Φ>0)
et elliptique droite (PED) si Ex est en retard de phase par rapport à Ey (∆Φ<0) comme le montre la
figure suivante:
E0y E0y E0y

−E0x E0x −E0x E0x −E0x E0x

−E0y −E0y −E0y

90° < ∆Φ < 180° ∆Φ = 90° 0 < ∆Φ < 90°


∆Φ > 0)
(a): Polarisation elliptique gauche (∆

E0y E0y E0y

E0x −E0x E0x E0x


−E0x −E0x

−E0y −E0y −E0y

−180° < ∆Φ < −90° ∆Φ = −90° −90 < ∆Φ < 0°


∆Φ < 0)
(b): Polarisation elliptique droite (∆
Fig. I-16: Différentes configurations de polarisation circulaire

D'après les valeurs de ∆Φ et pour chaque sens de rotation, trois formes de trajectoires elliptiques
pourraient être établies lors du rayonnement de l'onde EM au cours du temps.

d) Polarisation de quelques antennes

Quelques exemples d'antennes à polarisation horizontale, verticale, elliptique et circulaire sont


représentés ci-dessous:

-12-
Dr. A. Khodja
● Polarisation horizontale

(a) - Antenne en boucle carrée (quad) horizontale


(b) - Antenne dipôle (ou doublet) horizontal
(c) - Antenne "Lazy-H"
(d) - Antenne en boucle en delta (delta-loop) horizontale
(e) - Antenne "Yagi" horizontale

● Polarisation verticale

(f) - Antenne en boucle en delta (delta-loop) verticale


(g) - Antenne "Yagi" verticale
(h) - Antenne en boucle carrée (quad) verticale Fig. I-17: Exemples d'antennes
(i) - Antenne verticale à plan de masse (ground-plane) à polarisations bien définies
(j) - Antenne "bobtail curtain"

● Polarisation elliptique et circulaire

(k) – L'antenne tourniquet (turnstile) composée de deux dipôles croisés et alimentés par une ligne
générant un déphasage quelconque (ou de 90°) produit une polarisation elliptique (ou circulaire).
(l) – L'antenne à hélice est bien connue pour sa polarisation circulaire.

Remarque: La polarisation de l'onde EM représente un facteur important lors de l'établissement du


bilan de liaison de la puissance EM rayonnée entre l'antenne d'émission et celle de réception. En
effet, pour améliorer le rendement de la liaison hertzienne, il est préférable que ces deux antennes
possèdent une polarisation identique. Par exemple, pour les communications terrestres, fixes ou
mobiles, une polarisation linéaire verticale ou horizontale suffit. Par contre, pour des
communications utilisant des appareils spatiaux en rotation sur eux mêmes, une polarisation
circulaire est nécessaire afin que l'antenne d'émission puisse recevoir un signal EM et ce, quelle que
soit la position angulaire de l'antenne d'émission.

I- 3- 3- Les différentes zones de rayonnement de l'antenne

L'espace entourant une antenne est généralement divisé en trois zones distinctes qui peuvent être
désignées selon les caractéristiques de l'onde EM rayonnée par la source. Cependant, en s'éloignant
de l'antenne émettrice, l'onde ne conserve pas les mêmes propriétés de rayonnement dans le milieu
global de propagation, d'où la nécessité de découper cet espace environnant en différentes zones
comme le montre la fig. I-18.

Zone de champ lointain


(Zone de Fraunhofer)
R2
Zone de champ intermédiaire
D ∼
(Zone de Fresnel)
R1
Zone de champ proche
(Zone de Rayleigh)

Fig. I-18: Limites des zones de rayonnement autour d'une antenne d'émission
-13-
Dr. A. Khodja
On distingue la zone proche qui se trouve à proximité de l'antenne, la zone lointaine qui s'étend
vers l'infini et la zone intermédiaire qui se situe entre ces deux zones.
D'après la fig. I-18, ces trois régions sont représentées par des sphères concentriques de rayon R1
et R2 entourant l'antenne d'émission. En fait, ces deux rayons représentent les limites spatiales entre
deux zones consécutives, sachant que ces limites, bien qu'imprécises, dépendent de la plus grande
dimension de l'antenne (D) et de la longueur d'onde (λ) où R 1 = D 2 2λ et R 2 = 2 D 2 λ .
Néanmoins, selon le type et la taille vis-à-vis de la longueur d'onde de la source rayonnante, ces
limites ne sont pas uniques, certains ouvrages préconisent R1 = 0.62 D3 λ et d'autres R1 = λ 2π, vu
qu'il est plus délicat de trouver avec précision la limite de la région proche de la source rayonnante
due à la complication des équations des champs mis en jeu dans cette région.
Toutefois, les expressions des ondes EMs deviennent moins complexes lorsqu'on est loin de la
source, de sorte qu'à la limite séparant deux régions, on ne distingue pas ce changement brusque des
valeurs des champs bien que les équations différent d'une région à l'autre.
La figure suivante décrit l'allure de la densité de puissance EM et du diagramme de rayonnement
en fonction de la distance par rapport à l'antenne d'émission dans les trois zones de rayonnement.

(a) Allure de la densité de puissance

(b) Allure du diagramme de rayonnement


Fig. I-19: Evolution de la densité de puissance et du diagramme de rayonnement
électromagnétique dans les trois zones de rayonnement

a) Zone de champ proche

C'est la région la plus proche de l'antenne appelée également zone de Rayleigh. Cette dernière est
limitée par la distance R1 (c.à.d r < R1 ) et renferme des champs EMs incluant des composantes
transversales et longitudinales aux équations plus complexes qui dépendent de 1/r, de 1/r2 et de 1/r3,
ce qui rend plus difficile l'étude de la puissance EM émise par la source, d'autant plus que les
champs électrique et magnétique ne sont pas orthogonaux et leur rapport en module aboutit à une
impédance d'onde complexe.

-14-
Dr. A. Khodja
Afin d'alléger les expressions des champs, on suppose qu'en étant très prés de l'antenne, les
termes en 1/r et 1/r2 sont négligeables devant ceux en 1/r3. Par conséquent, cette région est désignée
comme étant une zone à champ proche réactif non radiatif, caractérisée par une puissance réactive
prépondérante et quasi-constante qui varie peu en fonction de la distance (voir fig. I-19-a).
En effet, le terme "non radiatif" provient du fait qu'en supposant que la distance limite de cette
zone est très petite devant λ/2π ( r << λ / 2π ), on déduit donc que kr << 1 où k=2π/λ, ce qui rend ainsi
la phase de l'onde nulle, étant donné qu'en régime harmonique, exp(jωt−jkr) tend vers exp(jωt). Par
conséquent, le phénomène de propagation devient négligeable. On dit alors qu'il y a accumulation
d'énergie EM autour de l'antenne.
Cependant, d'après la fig. I-19-b, le diagramme de rayonnement du champ électrique est plus
étalé et presque uniforme dans cette région, avec de légères variations. D'ailleurs, cette zone n'est
pas recommandée quant à l'utilisation des outils de simulation tenant compte de la propagation des
ondes EMs issues des champs lointains, sous peine d'altérer leur fiabilité.

b) Zone de champ intermédiaire

Appelée également zone de Fresnel ou zone de champ proche radiatif, celle-ci se situe juste au
delà de la zone de champ proche réactif et s'étend jusqu'à la zone de champ lointain. Les limites de
cette zone sont données par R1 et R2 telles que R1 < r < R2 . En fait, cette région représente la zone de
transition entre le champ proche et le champ lointain où la distance r et la longueur d'onde sont de
même ordre de grandeur ( r ≈ λ ). Dans ce cas, le terme "kr" qui apparaît dans la phase des champs
mis en jeu dans cette région ne peut être omis. Ce qui met en évidence le phénomène de propagation
des ondes EMs dans cette zone où la densité de puissance varie avec des fluctuations importantes
comme le montre la fig. I-19-a. On est donc en présence du champ proche rayonné (ou radiatif) dont
les termes en 1/r, 1/r2 et 1/r3 sont conservés. De plus, les vecteurs de champ électrique et
magnétique ne sont pas orthogonaux.
Avec de telles variations du champ EM, la distribution du champ angulaire dépend de la distance
par rapport à l'antenne où l'on aperçoit, d'après la fig. I-19-b, l'apparition de lobes. On dit que le
diagramme de rayonnement du champ électrique commence à prendre forme mais n'est pas
complètement formé. Par conséquent, dans cette région, on ne peut mesurer convenablement le gain
de l'antenne qui dépend toujours de la distance même à angle fixe.
Dans le cas de faible dimension de l'antenne par rapport à la longueur d'onde, la zone
intermédiaire a tendance à disparaître (R1≈ R2), d'où l'existence d'une seule limite séparant la zone
proche de la zone lointaine.

c) Zone de champ lointain


Connue également sous le nom de zone de Fraunhofer, celle-ci apparaît lorsqu'on se trouve à une
distance supérieure à 2D2/λ de la source d'émission. Autrement dit, cette région commence au delà
de la zone intermédiaire et s'étend jusqu'à l'infini où l'on suppose que r >>λ. Dans cette région, les
termes en 1/r2 et 1/r3 des champs EMs peuvent être négligés devant ceux en 1/r, ainsi les expressions
des champs deviennent plus simples. Par conséquent, la densité de puissance varie en 1/r2 (voir fig.
I-19-a). Le diagramme de rayonnement du champ EM ne dépend plus de la distance par rapport à
l'antenne. De plus, à partir de la fig. I-19-b, ce diagramme est complètement établi (ou formé). Il est
généralement composé d'un ou plusieurs lobes principaux et de quelques lobes secondaires.
-15-
Dr. A. Khodja
Toutefois, les limites de ces trois régions de rayonnement ont été également obtenues sur la base
de la différence de parcours "∆r" pour une antenne de dimension maximale "D" rayonnant au point
d'observation qui se trouve à une distance "r" par rapport à celle-ci comme le montre la fig.I-20.
La différence de parcours est donnée par ∆r = r'- r, où ∆r ≥ λ/4 dans la zone de Rayleigh et
∆r ≤ λ/16 dans la zone de Fraunhofer. La zone de Fresnel se situe entre ces deux zones.

∆r
r'=r+∆

Point D ∼
D ∼ d'observation
r
r

Surface d'onde Surface d'onde Surface d'onde


sphérique quasi-plane plane

Fig. I-20: Différence de parcours au point Fig. I-21: Formation des surfaces d'onde
d'observation

Supposons que le milieu de propagation est linéaire, isotrope et homogène (exemple le vide),
l'onde EM créée à partir de l'antenne d'émission se propage avec la même vitesse dans toutes les
directions de l'espace, il en résulte que les surfaces d'onde sont des sphères centrées sur la source
rayonnante, on parle donc d'onde sphérique comme l'illustre la fig. I-21.
Néanmoins, le rayon de courbure de l'onde sphérique rayonnée à partir de l'antenne devient de
plus en plus grand lorsqu'on s'éloigne de l'antenne jusqu'à ce que l'onde devienne quasiment plane.
Le champ EM a pratiquement la même valeur en tout point de la surface d'onde. Ce phénomène
permet de conférer à ce type d'onde des propriétés issues d'une onde plane à savoir:
− Les champs électrique et magnétique sont orthogonaux entre eux.
− Le rapport de leurs amplitudes est égal à l'impédance d'onde du vide.
− Les champs électrique et magnétique sont perpendiculaires à la direction de propagation.
− Le champ électrique, le champ magnétique et le vecteur d'onde forment un trièdre direct.
− La densité de puissance est purement réelle et orientée selon la direction de propagation.
Pour ce qui suit, on considère seulement la zone lointaine qui servira de milieu de propagation
dans lequel s'effectue l'étude de la distribution du champ EM rayonné ainsi que l'étude de l'antenne.
En effet, il convient de souligner que c'est dans cette région que le diagramme de rayonnement
de l'onde est valable. En outre, il est plus facile de mesurer le gain de l'antenne car il dépend
uniquement de la position angulaire.
La formulation générale de l'onde sphérique se propageant selon les r croissants s'exprime en
régime harmonique comme suit:
r
r r S 0 j( ω t − kr )
E ( ou H ) = e (I-33)
r
r
S r r
Où 0 = E0 (ou H0 ) est un vecteur contenant les amplitudes du champ électrique (ou magnétique).
r
Remarque: Lorsqu'on se trouve très loin de l'émetteur (r→∞), la distance radiale (r) de l'équation
r
(I-33) l'emporte sur S0 . Par conséquent, les amplitudes de l'onde électrique (ou magnétique) tendent
à se stabiliser, d'où l'onde devient plane.
-16-
Dr. A. Khodja
I- 4- Opérateurs différentiels en coordonnées curvilignes
Les phénomènes de propagation des ondes EMs produites à partir d'une source rayonnante sont
régis par des lois physiques faisant intervenir des opérateurs différentiels appelés également
opérateurs de dérivation tels que le gradient, le rotationnel, la divergence et le laplacien qui sont
établis dans un système de coordonnées curvilignes orthogonales. Les expressions de ces opérateurs
sont par la suite exprimées dans différents systèmes de coordonnées (cartésiennes, cylindriques ou
sphériques).
Dans le cas général, on considère un système de coordonnées curvilignes représenté au point M
par un repère mobile (ou global) muni d'une base orthonormée contenant des vecteurs unitaires
r r r
( e1 , e 2 , e 3 ) et vérifiant un trièdre direct orienté selon les trois axes comme le montre la fig. I-22.
Ce point M est localisé dans l'espace par ses coordonnées (ou abscisses) curvilignes (q1, q2 et
q3), appelés également les paramètres de repérage par rapport à l'origine O, de sorte que le champ
r r r r r
vectoriel A au point M s'exprime dans la base ( e1 , e 2 , e 3 ) par A(M) = A 1 er1 + A 2 er 2 + A 3 er 3
r
sachant que A1, A2 et A3 sont les composantes de A en coordonnées curvilignes.
r
e2 M'
M
r r dl
e3 e1

Fig. I-22: Repérage d'un point ainsi que de son déplacement en coordonnées curvilignes
r r r r r
On suppose que ce vecteur A subit un déplacement d l = dl 1 e1 + dl 2 e 2 + dl 3 e 3 selon les trois
axes, décrit par les distances dl1, dl2 et dl3 se mettant sous la forme générale dli = hi dqi où i=1, 2, 3,
sachant que le coefficient hi qui pondère la variable élémentaire dqi est appelé paramètre directeur.
r r
En fait, ce déplacement permet de translater le vecteur A(M) vers A(M' ) (voir fig. I-22).

Le volume infinitésimal "dV" délimité par ces déplacements élémentaires s'exprime en


coordonnées curvilignes par dV = dl1 dl2 dl3 = h1 h2 h3 dq1 dq2 dq3, d'où V =
∫∫∫ h h h dq dq dq .
V
1 2 3 1 2 3

I- 4- 1- Système de coordonnées cartésiennes

Le système en coordonnées cartésiennes fait intervenir les variables x, y et z portées par les trois
axes perpendiculaires entre eux et vérifiant un trièdre direct. On considère un point M repéré par ses
r r r r
coordonnées cartésiennes x, y et z de sorte que M = x e x + y e y + z e z .
r r r r
Le déplacement du point M vers M' est représenté par d l = dl x e x + dl y e y + dl z e z en coordonnées
r r r r
cartésiennes respectant le cas général d l = h1dq 1 e1 + h 2 dq 2 e 2 + h 3 dq 3 e3 . D'après la fig. I-23, on a:
r r
 dl x = dx  h 1 dq 1 h 1 = 1 q1 =x  e1 = e x
    r r
dl y = dy de la forme h 2 dq 2 avec h 2 = 1 , q 2 =y et e 2 = e y
 dl = dz h dq h = 1 q =z  er = er
 z  3 3  3  3  3 z

-17-
Dr. A. Khodja

r
ez
M
r r Lz
ex ey

Lx
Ly
Fig. I-23: Repérage d'un point ainsi que de son déplacement en coordonnées cartésiennes

Lx Ly Lz

D'où dV = dlx dly dlz = dxdydz, dans ce cas V =


∫∫∫ dV = ∫ dx ∫ dy ∫ dz = Lx Ly Lz.
V 0 0 0

Où V représente le volume d'un parallélépipède limité par ses trois dimensions Lx, Ly et Lz.

I- 4- 2- Système de coordonnées cylindriques

Comme l'indique la fig. I-24, r', φ et z sont les variables qui permettent de repérer le point M en
r
coordonnées cylindriques. Le déplacement du point M vers M' est donné par d l =
r r r r r r r
dl r' e r' + dl φ e φ + dl z e z . D'après le cas général où d l = h 1dq 1 e1 + h 2 dq 2 e 2 + h 3 dq 3 e 3 , on a:
r r
 dl r ' = dr'  h 1 dq 1  h1 = 1 q 1 = r'  e1 = e r '
    r r
dl φ = r' dφ de la forme h 2 dq 2 avec h 2 = r' , q 2 = φ et  e2 = eφ
 dl = dz h dq h = 1 q = z  er = er
 z  3 3  3  3  3 z

dr'
M'
r ds dz

r
er ' M φ
r'dφ

φ φ

r'
φ

Fig. I-24: Repérage d'un point ainsi que de son déplacement en coordonnées cylindriques
R 2π H

∫∫∫ dV = ∫ dr ' ∫ rd φ ∫ dz = πR H.
2
D'où dV = dlr' dlφ dlz = (dr')(r'dφ)(dz), dans ce cas V =
V 0 0 0

Où V indique le volume d'un cylindre de rayon "R" et de hauteur "H", avec 0 ≤ φ ≤ 2π


2π H
Tandis que la surface de ce cylindre est donnée par: S =
∫∫ dS = ∫∫ Rd φ dz = R ∫ dφ ∫ dz =2ππRH.
S S 0 0

-18-
Dr. A. Khodja
I- 4- 3- Système de coordonnées sphériques

D'après la fig. I-25, r, θ et φ sont, cette fois-ci, les variables qui permettent de localiser le point
r
M en coordonnées sphériques. Le déplacement du point M vers M' est donné par d l =
r r r r r r r
dl r e r + dl θ e θ + dl φ e z . D'après le cas général où d l = h 1dq 1 e1 + h 2 dq 2 e 2 + h 3 dq 3 e 3 , on a:
r r
dl r = dr  h 1 dq 1 h 1 = 1 q1 = r  e1 = e r
    r r
dl θ = rd θ de la forme h 2 dq 2 avec h 2 = r , q 2 = θ et e 2 = e θ
dl = r sin θ d φ h dq h = r sin θ q = φ er = er
 φ  3 3  3  3  3 φ

z
M′′
dr rdθ
ds
φ
rsinθ dφ
M

y
y O

φ
rsinθ dφ
x
x

Fig. I-25: Repérage d'un point ainsi que de son déplacement en coordonnées sphériques

D'où dV = dlr dlθ dlz = (dr)(rdθ)(rsinθdφ) = (r2dr)(sinθdθ)(dφ).


R π 2π

∫∫∫ dV = ∫ r dr ∫ sin θ dθ ∫ dφ = 3 π R
2 4 3
Donc V = , décrivant le volume d'une sphère de rayon
V 0 0 0

"R", avec 0 ≤ θ ≤ π et 0 ≤ φ ≤ 2π.



π 2π

∫∫ dS = ∫∫ Rdθ Rsinθ dφ = R ∫ sin θ dθ ∫ dφ = 4ππR .


2
La surface de cette sphère est donnée par: S = 2

S S 0 0

I- 4- 4- Différents paramètres utilisés dans les trois types de coordonnées

Nous résumons dans le tableau suivant les différents paramètres intervenant dans les
coordonnées curvilignes permettant les passages entre les trois types de coordonnées (cartésiennes,
cylindriques et sphériques). Par la suite, nous représentons les expressions des différents opérateurs
différentiels exprimés en coordonnées curvilignes.

-19-
Dr. A. Khodja
Tab. I-1: Paramètres en coordonnées curvilignes

Coordonnées Curvilignes Cartésiennes Cylindriques Sphériques

q1 x r' r

Variables q2 y φ θ
q3 z z φ
h1 1 1 1
Paramètres
h2 1 r' r
directeurs
h3 1 1 r sinθ
r r r r
e1 ex er' er
Vecteurs r r r r
e2 ey eφ eθ
orthonormés
r r r r
e3 ez ez eφ

r
On considère un scalaire f et un vecteur A quelconques exprimés en coordonnées curvilignes tels
que:

r ∂f r ∂f r ∂f r 1 ∂f r 1 ∂f r 1 ∂f r
gr a d ( f ) = e1 + e2 + e3 = e1 + e2 + e3
∂l 1 ∂l 2 ∂l 3 h 1 ∂q 1 h 2 ∂q 2 h 3 ∂q 3

r 1  ∂ ∂ ∂ 
div ( A ) =  ( A 1h 2h 3 ) + ( A 2 h 1h 3 ) + ( A 3 h 1 h 2 ) 
h 1h 2 h 3  ∂q 1 ∂q 2 ∂q 3 

r r r
h 1 e1 h 2e2 h 3e3

r r 1 ∂ ∂ ∂
rot ( A ) =
h 1h 2 h 3 ∂q 1 ∂q 2 ∂q 3

h1A 1 h2A 2 h3A3


r r 1  ∂ ∂ r ∂ ∂ r ∂ ∂ r 
rot( A ) =  ( h3A3 − h 2 A 2 )h 1 e1 + ( h1 A1 − h 3 A 3 )h 2 e 2 + ( h2A2 − h 1 A 1 )h 3 e 3 
h 1h 2 h 3  ∂q 2 ∂q 3 ∂q 3 ∂q 1 ∂q 1 ∂q 2 

1  ∂ h 2 h 3 ∂f ∂ h 1h 3 ∂f ∂ h 1h 2 ∂f 
∆f =  ( )+ ( )+ ( )
h 1h 2 h 3  ∂q 1 h 1 ∂q 1 ∂q 2 h 2 ∂q 2 ∂ q 3 h 3 ∂ q 3 

r r
( r
)
r r r
(
∆A = grad div( A ) − rot rot( A ) )
-20-

Vous aimerez peut-être aussi