La guérison suite à la blessure consécutive à l’implantation du biomatériau peut se décomposer en quatre phases:
1) L’hémostase: les plaquettes contrôlent le saignement par la coagulation. L’adhésion se fait sur les protéines
en surface du biomatériau. Le caillot formé joue le rôle de matrice provisoire pour la régénération du tissu
en bouchant les interstices autour du biomatériau implanté.
3) La prolifération de cellules (multiplication rapide et en abondance) est due aux facteurs de croissance et a
pour conséquence l’encapsulation du biomatériau dans du tissu fibreux.
4) La remise en forme vient enfin et produit du tissu fonctionnel à partir du nouveau tissu (en général une
cicatrice persiste toutefois).
Un implant peut être à l'origine de nombreuses irritations (inflammations, allergies) ou alors avoir un effet
stimulant pour la régénération des tissus environnants. Afin de classifier les comportements à l'interface, il est utile
de connaître le déroulement de la régénération normale des tissus suite à une lésion.
Une interface entre le solide et le sang se forme après l'opération. La surface de l’implant est déjà revêtue de
protéines après quelques secondes.
L'adsorption des protéines dépend des propriétés de surface (hydrophobe, hydrophile). Des analyses in vitro ont
révélé une adhérence plus forte sur des surfaces hydrophobes. (L'hydrophobie caractérise les surfaces qui
repoussent l'eau par contre un composé hydrophile est un composé ayant une affinité pour l'eau).
En présence d'un implant monolithique et non toxique, la régénération des tissus et les défenses immunitaires
peuvent se dérouler normalement (fig. 7.2). Les mécanismes se déroulant dans les tissus correspondent au
processus naturels de la guérison d'une plaie :
Le biomatériau «idéal» stimule le moins possible la formation cellulaire. D'un autre côté, la minimisation de la
capsule de fibrine signifie que le tissu ignore l'implant. Idéalement il devrait y avoir une interaction entre les
cellules et le matériau de manière à stimuler l'incarnation active de l'implant. Cette interaction idéale peut être
modifiée par:
Les grandeurs caractéristiques des interactions entre les surfaces de solides et les cellules sont :
➢ L’énergie de surface,
➢ Les propriétés électriques
➢ Le comportement en solution des ions de surface.
Les deux premières influencent particulièrement l'adsorption des protéines sur la surface d'un implant.
La topographie de surface est un facteur important influençant la bioadhésion et le processus de régénération des
tissus. Ainsi, dans des tissus tendres, il se forme autour des implants «lisses», comme du silicone, une capsule de
fibrine. Il n'y a cependant pas d'adhérence avec les tissus sains.
Certaines structures de surface permettent d'influencer l'activité des cellules environnantes. Ainsi, il est possible de
conférer une structure précise à des polymères synthétiques (PTFE) à l'aide d'un rayonnement ionique. L'adhésion
cellulaire et l'activité enzymatique se trouvent alors stimulées. La structure des surfaces influence également
l'adsorption des protéines.
Les pores et leur répartition influencent l'adhérence de composantes du sang. Des études sur un copolymère de
PVC/PAN ont mis en évidence une relation nette entre l'adhérence et le diamètre des pores.
1) Pour la fixation d'os entre eux (clous, vis, plaques) lors de fractures. Dans ce cas. l'implant doit être
proche de l'os et la régénération des tissus doit pouvoir se faire rapidement. Les matériaux n'ont pas
d'influence particulière sur l'os.
2) Pour combler des défauts de taille importants de l'os (influence bactérienne, tumeur, vieillissement).
Dans ce cas, le comportement du matériau dans le système biologique est bien plus important que dans
la situation précédente.
3) Pour remplacer des parties osseuses non fonctionnelles (prothèses, remplacement d'os et de dents). Les
tissus osseux nouvellement formés doivent être en mesure de traverser l'implant, ce qui présuppose un
comportement adéquat du matériau utilisé.
L'adhérence de protéines et la formation d'agrégats (coagulation) joue un rôle capital dans le contact entre le sang et
les solides. Ces processus sont comparables au développement de biofilms dans des solutions aqueuses (chap. 5.1).
La vitesse du flux sanguin est donc une grandeur non négligeable. La structure et la topographie de surface des
matériaux sont influencées par les caractéristiques rhéologiques du sang qui peuvent occasionner des contraintes de
cisaillement entraînant la destruction de particules de sang.
Lors d'une implantation, on détruit un grand nombre de capillaires, ce qui entraîne la stagnation du sang dans
certaines zones. Comme la viscosité du sang est supérieure à celle de l'eau, il a tendance à «inonder» les tissus
voisins. Certains composants provoquent une coagulation rapide, permettant aux leucocytes et autres protéines du
plasma de diffuser vers les cellules proches. Ces modifications du transport cellulaire sont à l'origine de la sécrétion
d'histamine, une substance conduisant rapidement à des dommages cellulaires. Simultanément, elle a une action de
catalyse pour la diffusion transmembranaire, ce qui contribue à renforcer son effet avec le temps. Ces indicateurs
chimiques, qui comprennent également des enzymes, peuvent contribuer à accélérer le développement d'infections.
L’adhérence des plaquettes sur des solides n’est jusqu'à présent, pas bien comprise. Ainsi, le taux d'adhérence peut
augmenter ou diminuer avec l'accroissement de l'énergie de surface. On suppose que l'adsorption des protéines est
déterminante pour ceci. Sur les parois des vaisseaux sur lesquels les plaquettes n'adhèrent pas, on trouve des
substances repoussant les protéines (prostacycline) [7.22]. La fabrication de matériaux avec des propriétés
hémocompatibles ne sera possible que lorsqu'on réussira à développer des surfaces possédant les mêmes
caractéristiques répulsives.