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Société de linguistique de Paris. Bulletin de la société de linguistique de Paris. 1931.

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BULLETIN
DE LA

SOCIÉTÉDE LINGUISTIQUE
DEPARIS
BULLETIN
DELA

SOCIETEDE LINGUISTIQUE
DE PARIS

TOME TRENTE-DEUXIEME

PARIS (6°)
LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION, EDITEUR
EDOUARD CHAMPION

5, QUAt MALAQL'AtS

)93!
ESSAI DE CHRONOLOGIE
DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES

LA THÉORIE DU FÉMININ.

Le procédé par lequel on fait la grammaire comparée


aboutit naturellement à présenter le point de départ des
langues hors de la perspective historique l'indo-européen
commun est une sorte d'abstraction qui est un produit de
la comparaison.
L'examen des données a cependant conduit à poser, à
travers l'indo-européen commun, des limites de faits dialec-
taux. Abstraction faite de toute théorie les expressions
Imagées telles que théorie des ondes ou centres d'irradiation
qu'on emploie souvent ont l'inconvénient d'impliquer des
théories qui ne reposent sur aucune réalité positive on
y a gagné de situer, au moins schématiquement, les faits
indo-européens dans l' espace.Il y a encore de ce côté beau-
coup à faire un fait linguistique n'a son sens que si l'aire
géographique en est délimitée. Mais le problème est bien
posé.
Il reste à les situer d'une manière également schéma-
tique dans le temps.
On ne dispose d'aucune donnée positive sur l'époque
indo-européenne commune, il n'y a pas de témoignages
historiques. La découverte du hittite a reculé d'un millier
d'années la documentation la plus ancienne sur une langue
indo-européenne. L'époque indo-européenne n'en est pas
moins hors des prises de l'historien le « hittite » est déjà
une langue fortement évoluée par rapport à la langue
commune initiale.
Mais il y a lieu de se demander si l'on ne pourrait pas
a
2 A. MRtLLET

poser une chronologie relative. La façon dont les langues


indo-européennes se sont' étendues pendant l'époque histo-
rique est sans doute celle dont elles se sont répandues durant'
les époques précédentes. La colonisation grecque, les expé-
ditions des Germains et des Slaves donnent l'idée de ce qui
s'est passé des groupes non satisfaits des ressources que
leur fournissait leur pays ont dû partir successivement pour
occuper des territoires nouveaux. Il y a eu des vagues suc-
cessives d'envahisseurs qui allaient de l'avant au fur et à'
mesure que les expéditions réussissaient, et qui se poussaient
les unes les autres.
Dès lors il se pose une question si, entre le moment où
les premières expéditions se sont séparées du gros de la
nation et celui où il n'y a plus eu que des groupes diffé-
renciés, il s'est écoulé un temps notable, la langue a dû
continuer d'évoluer depuis le départ des premiers colons
jusqu'à l'époque où a eu lieu la dernière dislocation.
Sur le domaine roman, les parlers orientaux, représentés
surtout par le roumain, se sont isolés relativement .tôt
de la Romania occidentale, et il est résulté de là que, pour
la formation du futur, pour la disposition de l'article, par
exemple, le roumain est aberrant. En Grèce, les parlers
achéens, qui appartenaient au premier groupe d'envahisseurs
helléniques historiquement connus, offrent des archaïsmes
qui ne se retrouvent pas dans les parlers de la vague d'in-
vasion la moins ancienne en revanche, bien qu'appartenant
à des hommes demeurés longtemps à un stade de civilisation
relativement primitif, les .parlers doriens sont, au point de
vue linguistique, d'un type peu archaïque.
Les conditions où se présentent les données rendent ma-
laisé de déterminer quelles sont, parmi les langues indo-
européennes conservées on sait qu'il en a dû disparaître
beaucoup et qu'il y en a plusieurs qu'on entrevoit à peine
phrygien, thrace, vénète, messapien, etc. celles qui
continuent un type relativement archaïque et celles qui
continuent un type relativement, évolué. En effetles diverses
langues sont attestées à des dates éloignées les unes des
autres, et celles pour lesquelles on possède les témoignages
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-ECROPËENNES 3

les plus anciens ne sont pas nécessairement celles qui conti-


nuent le type indo-européen le plus archaïque. Du reste,
le degré d'altération d'une langue ne dépend pas seulement
du temps qui s'est écoulé entre la période de communauté
et le moment où les données dont on dispose permettent de
l'envisager pour des raisons variées, la rapidité de l'évo-
lution diffère d'un cas à l'autre. Il peut donc arriver qu'une
langue continuant le type le plus archaïque soit attestée à
une date relativement récente et sous une forme déjà très
évoluée. De là résulte qu'il faut distinguer entre l'archaïsme
de la forme initiale et le degré de conservation des formes
attestées. Mais il va de soi que le départ est difficile.
Il convient cependant d'essayer, sinon de résoudre le
problème de l'archaïsme relatif des points de départ, du
moins de le formuler. On ne peut d'ailleurs s'y refuser car
les faits nouvellement découverts le posent d'une manière
telle qu'on ne peut l'écarter. Les principaux faits de la mor-
phologie du hittite concordent avec des faits indo-européens
connus à un point tel que les coïncidences ne peuvent être
tenues pour fortuites. Mais il y a aussi des différences
très importantes. Et ces différences ont conduit un linguiste
comme M. E.-H. Sturtevant, qui s'est en ces derniers
temps consacré à la linguistique hittite, à supposer que le
hittite représenterait un type apparenté à l'indo-européen,
mais antérieur à l'indo-européen commun. Le problème est
donc posé par des faits positifs. Si, au contraire de l'opinion
de M. Sturtevant, le hittite est une langue indo-européenne
archaïque, il faut envisager la possibilité que les langues
sur lesquelles a été faite la théorie de l'indo-européen repré-
senteraient des types initiaux inégalement archaïques.
Or, l'un des traits de la morphologie indo-européenne
sur lesquels la découverte du tokharien et du hittite a jeté
une lumière nouvelle est la caractéristique -?' de certaines
formes ayant une valeur médio-passive. Avant cette décou-
verte, la caractéristique -r faisait l'effet d'une particularité
de l'italo-celtique. Particularité singulière à la vérité
l'hypothèse qu'avait lancée M. H. Pedersen, d'une forme
du réfléchi ayant subi le rhotacisme se heurtait à trop de
4 A.MEILLET
difficultés pour avoir emporté la conviction.. Les formes
en -r ne se présentent pas comme des innovations elles
font plutôt l'effet d'un archaïsme conservé en commun
par le celtique et l'italique. Mais, faute de retrouver
ailleurs des formes pareilles, on n'était pas autorisé à y
voir quelque chose d'ancien. Or, maintenant, on sait que
les désinences médio-passives en -r ont joué en tokharien
et en hittite un rôle considérable. D'autre part, la position
géographique du tokharien et du hittite rend peu probable
la communauté d'ordre dialectâl qu'a envisagée M. Pedersen
(dans son mémoire, Le groupement des dialectes indo-
européens). L'hypothèse la plus plausible est donc que ces
formes en -r seraient des archaïsmes conservés seulement
dans quelques langues Indo-européennes.. Du reste, des
formes pareilles se retrouvent en arménien, ainsi dans le
typé ~e~Hcy « il était porté )). de *~Acy~--+- voyelle.
Toutefois l'argument tiré de la situation respective des
langues et de l'éloignement entre le tokharien et le hittite,
(Tune part, l'italique et le celtique, de l'autre, pourrait ne
pas sembler décisif. Mais il y a une autre forme ou le tokha-
rien et le hittite ne sont pas les seules langues orientales
qui marchent ensemble la désinence de 3" personne du
pluriel du type lat. dixère, Zsyëye, etc. a trouvé des cor-
respondants en tokharien, où l'on a A -~rMM,B -<xre,et en
hittite, où l'on a -ir, -er, au prétérit. Or, ici, l'indo-iranien
vient se joindre à la même personne du pluriel, dans le
même emploi on y trouve, au parfait et à l'optatif, des
désinences en r plus ou moins adaptées à l'ensemble du
système en védique, à l'actif, véd. -MA,-Mr, au moyen,
véd. -re, -ra, -~c?~ etc.. et, dans l'Avesta, -ara, -aras,
etc. Donc il y a eu, notamment au parfait, un type en -r de
3" personne du pluriel, qui n'est conservé ni en grec, ni en
slave, ni en baltique, ni en germanique, mais qui s'est
maintenu au moins dans les formes anciennes du latin, du
tokharien, du hittite et de l'indo-iranien. Si l'arménien n'en
a pas.trace, c'est qu'il n'y reste rien de l'ancien parfait. Il
n'est plus question ici d'une parenté spéciale de l'italique et
du celtique avec le tokharien et le hittite.
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES t~DO-EUROPÉENNES S

Si l'on essaie de mettre sous une formule générale les


deux points, sûrs l'un et l'autre, relatifs aux formes médio-
passives en -r et aux désinences de 3' personne du pluriel
à caractéristique r, on arrive au résultat suivant: dans la
langue indo-européenne le plus anciennement attestée,
figurent des formes qui se retrouvent dans les langues mar-
ginales suivant l'excellente expression de M. Bartoli
et qui ne se retrouvent pas dans les langues centrales.
Énoncée en termes historiques, cette hypothèse se traduit
ainsi les langues marginales se seraient détacliées du gros
de la nation indo-européenne en des temps ou l'indo-euro-
péen commun possédait certaines formes qui auraient dis-
paru par la suite et que, en conséquence, les groupes
détachés postérieurement n'auraient pas emportées avec
eux.
En effet, lés deux groupes de formes considérés ont,
dans le système général des désinences Indo-européennes,
un caractère aberrant. Dans les deux groupes qui ont sur-
vécu, le latin et l'indo-iranien, ils ont tendu à s'éliminer.
En latin, notamment, les faits sont clairs si la désinence
-g~e existe encore à l'époque historique, elle est en concur-
rence avec une autre forme où sont en évidence les dési-
nences ordinaires de 3° personne du pluriel -nt, et, à côté
de e~;rë~e, on a ~.rë~M~, qui seul a survécu dans les
langues romanes. Les langues romanes n'ont pas davantage
conservé le type médio-passif en Il n'y a donc rien que de
naturel à ce que ces types aberrants se soient résorbés dès
l'indo-européen commun, mais après le départ des colonies
représentées par les langues marginales.
Tout se passerait donc comme si les groupes qui sont
aux extrémités du domaine indo-européen étaient partis le
plus tôt, et il n'y a dès lors rien que de naturel à ce qu'ils
conservent des archaïsmes disparus ailleurs.
II faut chercher si d'autres faits confirment cette hypo-
thèse, qui est plausible en elle-même.
Le cas du féminin serait éclairé en tout cas par cette
hypothèse qui est propre à expliquer un grand nombre de
taits.
6 A.ME!LLET
L'examen des anciennes langues sur lesquelles est fondée
la grammaire comparée de l'indo-européen a permis de
poser les principes suivants qui ont été démontrés dans des
notes ou articles divers et qui, du reste, sont évidents dès
que l'on fixe son attention sur les faits.
A. Tous les types de thèmes indo-européens de substantifs
admettent d'être employés au masculin et au féminin. En
raison de l'opposition qui est de règle dans les adjectifs du
type skr. ~auc~, M<iu~ gr. ~scç, ~<x,lat. MOMM~ noua, v.
sI. MOUM, nova, on est, au premier abord, tenté d'admettre
que les thèmes en -o- seraient propres au masculin (et au
neutre) et les thèmes en -s- au féminin. Mais la comparaison
de gr. ~s:, ~u:u« bru » avec arm. nu, nuoy (même sens) et
l'étude des noms d'arbres ont établi que l'indo-européen a
connu des substantifs féminins thèmes en -o-. Quant aux
thèmes en -a-, la comparaison du latin, du grec, du bal-
tique, du slave et de l'arménien a montré que des noms
d'agent désignant des hommes appartiennent normalement
à ce type d'autre part, il y a, de ces thèmes, une forme de
nominatif-accusatif neutre, à valeur collective, qui tient la
place du pluriel en facedes singuliers de substantifs employés
au neutre le type en -5- n'est donc pas propre au féminin.
Quant aux autres types, il n'y a jamais eu de doute il
est communément admis que l'on trouve et des masculins
et des féminins parmi les thèmes terminés par occlusive,
par sonante (notamment par -i-, -M-~-r-, -M-)ou par
B. Les mêmes substantifs sont susceptibles d'être sentis
comme masculins ou comme féminins suivant que l'on
pense à un être mâle ou à un être femelle slu*.gazih, gr.
j~cu:;lat. 6<Msont considérés comme masculins ou comme
féminins suivant que ces mots désignent un « bovin H mâle
ou un « bovin » femelle. Ce n'est qu'en vertu d'une répar-
tition secondaire, et relativement peu ancienne, que fr.
<~M/' est constamment masculin, et ail. ~;MÂconstamment
féminin. On ne saurait donc dire proprement que le nom
i.-e. *û~/eM-du« ciel » soit masculin, et le nom I.-c. "y'Ae~
de la « terre » soit féminin ce qui est vrai, c'est que, le
ciel étant conçu comme mâle et la terre comme femelle,
ESSAI DE CHROKOLOGtE DES LANGUES iXDO-EUROPËEXXES 7

les noms correspondants sont sentis respectivement comme


masculin et comme féminin. En latin, ce n'est pas seulement
humus qui est féminin, mais aussi les autres noms de la
« terre )), terra et ~zM; en grec, le nom du dieu qui est
l'ancienne personnification du ciel, Z:u:, A' est masculin,
mais aussi le substantif qui désigne ordinairement le « ciel »,
à savoir =~px~=:.Le « pied », gr. ~:u:, qui se pose sur le
« chemin », 63: s~pct~s:,etc., est conçu comme mâle, et le
chemin comme femelle quand il s'agit de formations plus
ou moins secondaires et ce fait est d'autant.plus digne
d'attention que le nom propre indo-européen du « chemin »,
attesté par skr. ~cn&~A et v. s). ~op~ est masculin en
sanskrit et en slave-; au contraire, la « main », qui reçoit,
est conçue comme femelle gr. ~p, ~x~K~. Il va de soi que,
dès qu'il ne s'agit plus d'êtres mâles ou femelles, le genre ne
peut être prévu parce que les conceptions de cette sorte sont
arbitraires c'est si vrai que, dans l'Avesta, le correspondant.
pantd du véd. ~M~~M/!est ordinairement féminin, et que
l'unique exemple du mot en vieux perse, l'accusatif paeim
est féminin, tandis que les représentants de i.-e. *p/M-
« passage » sont du genre masculin, de av. p~M- à lat.
~o?~!M,il est digne d'attention que le mot soit féminin dans
l'expression religieuse de l'Avesta c~ua/'p~r~ ??M~o-
Sa&zm« le pont éinvat créé par ~/c'~c~ ». Le nom de la
« paume » dela main, féminin en grec, en latin, en celtique,
en germanique, et aussi en slave et en baltique, est masculin
dans skr. pa~A. Un animal peut être conçu comme femelle
en signe de mépris le nom générique du « loup », gr.
XÙY.ce,lat. /MpM~, est conçu comme mâle mais le « renard ))
est conçu comme femelle gr. x~M~, lat. MM~oe$(v. ~M/
Soc. ling., Comptes reM~M, t. XXVIII [1927], fasc. 2,
p. 43). Ainsi, d'une manière générale, le genre masculin ou
fémininétait affaire de conception, non affaire de grammaire.
C. Certains démonstratifs, indéfinis, relatifs, ou, plus
généralement, certains adjectifs qui se rapportent à des
notions conçues comme mâles ou femelles ont deux formes
suivant que l'on pense à une notion mâle ou femelle. Ainsi
le démonstratif skr. M. gr. got. sa, tokh. A sâm désigne
8 A. MEILLET

un homme, et skr. dor. '& (ion.-att. -~),got. so, tokh. A


~2Mune femme; les formes d'adjectif lat. nouus ou noua
sont employées suivant que la notion à laquelle on attribue
la qualité Indiquée par l'adjectif est conçue comme mâle ou
femelle. Donc, dans la mesure où l'opposition du masculin
et du féminin est exprimée par des formes grammaticales,
les caractéristiques se trouvent seulement dans des démons-
tratifs et des adjectifs. Elles relèvent non de la flexion, mais
de la formation dés thèmes gr. yex se fléchit comme
'Mc, lat. KOMacomme ~<x, skr. Haua comme ~s.
D. Dans la très petite mesure où le plus ancien indo-.
européen marquait la distinction du màle et de la femelle,
c'était par des mots diSérents. Le plus bel exemple est fourni
par les noms de nombre. Deux langues, l'une et l'autre de
la périphérie du domaine indo-européen, l'indo-iranien,
d'une part, le celtique, de l'autre, ont des formes spéciales
pour « trois » et « quatre » quand il s'agit de femelles ou
d'êtres conçus comme tels en regard des masculins skr.
!&*Œy<2~, c<x~Mr<2~, av. 8ray5, csS~Syo, irl. <r:, cethir, v.
gall. tri petguar, le féminin est skr. ~M~a~ca~M?~, av.
~M~o,c<~Œ/M"o, v. irl. teoir, cetheoir, gall. ~!y, jM<~°:'r.
Depuis longtemps, on a reconnu dans ces '« féminins » des
composés dont le second terme *sor-, *sr- est identique au
second terme du mot qui désigne la personne femelle appar-
tenant au groupe, à savoir *SM?e-~o?'$M?e-(skr. ~u~o:
lat. soror), mot évidemment fait d'une autre manière que
ceux qui désignaient le « père s, « la mère)), et le f<frère w.
Un maître aussi prudent que M. Wackernagel estime cette
hypothèse digne d'attention (WackernageI-Debrunner, Ai.
Gramm. 777, p. 349 § i 79 a). Une autre langue de la
périphérie mdo-européenne, le latin, est seul à .conserver
un curieux composé de cette sorte, le nom de I' « épouse s,
lat. uxor l'arménien a un composé différent, c~-M~
pour désigner à la fois 1' « époux Net l' « épouse)) le
génitif am-usnoy, attesté une fois dans un texte biblique
indique un suffixe *o- mais il y a peu de témoignages
sur la flexion du mot, et ces témoignages ne concordent pas
entre eux. Quoi qu'il en soit, la parenté manifeste de lat.
ESSAI DE CHROKOLOGtE DES LA~GCES I~DO-EL'ROPBEKNES 9

uxor et de arm. am-usin oblige à couper *M/t'or-.


L'analyse des anciens féminins de « trois » et « quatre »
semble assurée par là. Le procédé a disparu de tout l'indo-
européen central. et *$?~-e~o?'- « sœur » a cessé d'être ana-
lysable.
E. De cette situation il résulte que la distinction du fémi-
nin et du masculin n est pas homogène avec celle du
masculin-féminin, d'une part, du neutre, de l'autre. La
formule traditionnelle suivant laquelle l'indo-européen
comportait trois genres ne répond pas à la réalité. En effet,
au point de vue de la forme, l'opposition du neutre et du
masculin-féminin est marquée par une différence de flexion
au singulier et au pluriel, le nominatif et l'accusatif ont
des formes distinctes au masculin-féminin; tandis que ces
deux cas n'ont qu'une même forme au neutre. Aux autres
cas. il n'y a, entre le masculin-féminin et le neutre aucune
distinction exprimée. Si l'on se place au point de vue du
sens, c'est dire que les substantifs masculins-féminins qui
désignent des êtres vivants ou conçus comme tels dis-
tinguent l'agent, Indiqué par le nominatif, du patient,
indiqué par l'accusatif une phrase telle que ~/<xrc:MCaium
caedit montre l'utilité de cette disLinction dans une langue
ayant la structure d'une ancienne langue Indo-européenne,
puisqu'il suffit de changer les formes et de dire illarcum
Caius caedit pour renverser le sens. Dans certains pronoms
personnels et certains démonstratifs, l'opposition est même
marquée par une différence de racine skr. <a/M!?M et ?KM~
ucya?Met <M?MBM ou nah, M et &z??ï, etc. Or, ce sont juste-
ment les mots où il est le plus utile de marquer la distinc-
tion de l'agent et du patient. Pour les substantifs neutres
qui désignent des choses ou des êtres conçus comme tels,
pareille distinction n'a pas la même utilité.
Le P. Royen a récemment consacré à la question du
genre un ouvrage considérable Die ~a~ea~'OM~y~~eme
in den Sprachen der Erde, AM~orMcA-~r~MpAe ~Me~'e,
mit besonderer ~erMc/C~< des 7/~oyeyw!C!~MC~e?ï.
On y trouvera un historique détaillé des discussions qui
dispense de donner à ce sujet aucune indication. Le
10 A. MEILLET
P. Royen énonce, sur nombre de points, des doutes et des
critiques. Aucune de ces remarques n'entame les principes
qui viennent d'être énoncés. Il suffit de renvoyer à l'ou-
vrage du P. Royen.
En somme, la distinction du masculin et du féminin
n'est en indo-européen qu'un accessoire. Elle ne se mani-
feste ni dans le verbe, ni dans le pronom personnel, ni dans
le substantif, ni même dans tous les adjectifs. Plusieurs
langues l'ont d'ailleurs éliminée au cours de l'époque histo-
rique tel est le cas pour une grande partie des parlers
iraniens, notamment pour le persan, dès avant la période
moyenne, et pour la plus grande partie des parlers germa-
niques. Les langues qui l'ont conservée, les langues ro-
manes par exemple, se sont trouvées par là dans la néces-
sité de répartir tous les substantifs entre deux classes qui,
dans la majorité des cas, sont dénuées de sens à l'époque
actuelle et depuis un grand nombre de siècles. Par là même,
l'opposition du masculin-féminin a été vidée de la plus
grande partie de son sens; ce n'est que par tradition que
la plupart des substantifs sont ou masculins ou féminins
au point de vue actuel, la répartition est arbitraire.
Dans une forme qui ainsi n'est pas essentielle au plan de
la langue, qui même n'y joue qu'un rôle épisodique, on
pourrait être tenté de. voir une survivance. Mais le déve-
loppement des langues indo-européennes donne une impres-
sion contraire. Des groupes où, comme en germanique et
en indo-iranien, la distinction du masculin et du féminin
devait être un jour éliminée dans une notable partie des
parlers, ont commencé par la rendre plus stricte dans leur
période ancienne en ne laissant subsister au masculin que
des thèmes en -o- et au féminin que des thèmes en -a-. Le
slave a fait de la distinction du masculin, du féminin et du
neutre mis sur un même plan l'un des traits dominants
de sa déclinaison. Les langues romanes, où la distinction
du masculin et du féminin n'a un sens appréciable que dans
une minorité de cas presque négligeable, la maintiennent
fermement et, quoiqu'il n'y ait, en l'état actuel des
conceptions, aucune raison pour que honneur soit masculin
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES H

et horreur féminin, rien ne paraît à un Français plus ridi-


cule que de dire une Ao~MCMr ou un horreur. Bien qu'on
tende dès lors à oublier la valeur que la catégorie du fémi-
nin a dû avoir au début car si une catégorie peut durer
longtemps sans avoir un sens, elle ne se crée pas sans que
ce soit pour exprimer un sens défini la distinction du
masculin et du féminin n'est pas en régression, mais en
croissance, lors de la période qui précède la période histo-
rique de la plupart des langues indo-européennes.
Faute de pouvoir comparer systématiquement l'indo-euro-
'péen à d'autres groupes, on ne saurait déterminer en fait
comment le féminin s'est constitué. Mais des indices
donnent déjà lieu de croire que l'indo-européen est appa-
renté aux autres langues des peuples de « race blanche »,
d'abord les langues asianiques dont tant de traits ressemblent
à des faits indo-européens, les langues caucasiques, les
langues chamito-sémitiques, les langues ouraliennes avec le
turc et le mongol. Or, dans la plupart de ces langues, ou
bien la distinction du masculin et du féminin n'est pas
exprimée par la langue c'est le cas de la plupart ou,
là où elle l'est, comme en chamito-sémitique, c'est dans des
conditions qui diffèrent du tout au tout d'avec les conditions
indo-européennes. Il y a donc lieu de supposer que l'indo-
européen ne doit pas cette distinction à la langue plus
ancienne qu'il continue.
Dès lors, les faits qu'on observe dans quelques-uns des
groupes indo-européens qui proviennent de- colonisations
anciennes sont significatifs.
En hittite, où l'opposition de l'animé et du neutre (ina-
nimé) est nettement marquée, par les moyens qu'emploie
l'indo-européen commun, on n'a pas, jusqu'ici, trouvé trace
d'une caractéristique du féminin. Étant donné la conser-
vation générale des anciennes formes nominales, il est diffi-
cile de croire que le hittite représente ici un état de langue
où les caractéristiques du féminin auraient été déjà pleine-
ment développées.
Cette conclusion est confirmée en quelque mesure par
l'arménien. Sans doute, à la date où est attesté l'arménien
12 A. MEILLET

et dans le milieu linguistique où il figure, entouré de


langues où il ne semble pas que des distinctions de genre
aient existé, on s'explique que le féminin, même aussi plei-
nement exprimé qu'il l'est en ancien iranien, ait pu perdre
toutes ses caractéristiques. Cependant, il est frappant que
le nom arm. nu de la « bru » soit resté thème en -o-, indi-
quant ainsi que l'arménien a conservé des thèmes en -o-
désignant des êtres de sexe féminin. Le nom c<x/'de
I' « arbre » est aussi thème.. en -o- quoique les noms
d'arbres soient normalement féminins en indo-européen. Ce
n'est qu'au nominatif-accusatif que les thèmes en -o- et en
-n- se sont confondus en arménien aux autres cas, les
deux flexions sont entièrement distinctes. Dèslors, ce n'est
pas un fait dépourvu de signiu cation que les adjectifs
thèmes en -o- n'aient que le type en -o-: nor (noroy) « nou-
veau », ~!M(hnoy) « ancien a, ardar (ardaroy) « juste »,
sireal (sireloy) « aimé », li (lioy) « _plem » (de *p~o~),
~e?~K (nerk'noy) « intérieur », ~-e/'M?~(~e/'Hoy) ? « ser-
pent ') (litt. K rampant ))), etc., sans trace de -o-. On ne
doit pas objecter le cas de yli « enceinte, pleine »; où il y
a le suffixe arm. -i- de -M~s-,cas à part. Fait plus signi-
ficatif encore, les démonstratifs ne connaissent que le type
en -o- gén. nora, dat. aynum, etc. Il est remarquable
que le nom de nombre « un » ait purement une flexion en
-o- gén. mioy, dat.-loc. mium,instr. miov, gen.-loc.MMO/.
La forme n'est, bien entendu, pas celle dû gr. ?.!x qui est
spéciale au grec; c'est un dérivé de *~eM-, de la forme
*y:'o-. Le tokharien a de même, pour « un », un dérivé
de *sem- un, dont le détail n'est pas immédiatement clair.
Tel mot qui se présente ailleurs avec des formations
féminines toutes secondaires, bien entendu, et diffé-
rentes d'une langue à l'autre a en arménien une forme
en -o- mun « mouche (gén. MHoy),en face de lat. musea,
lit. mM~, v. si. M!M.rc:
gr. p.u!<x; etMM.yï'cc. Inversement,
le type en -cf-a servi largement pour désigner des personnes
de sexe masculin, soit avec su&xe, dans le type en -f- de
noms d'agents (ancien *y<x- sans doute), soit au second
terme de composés, dans des cas tels que anker « compa-
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES t.AKGL'ES t~'DO-EL'ROPËE~ES i3

gnon », où le second terme est *g/*a cf. le typelat. incola.


Le suffixe -<:<-n'y a donc eu, de bonne heure, aucune
valeur féminine.
L'arménien parait ainsi représenter un ancien original
où la distinction du féminin n'était pas encore bien dévelop-
pée. L'article -s, -d, -n, qui représente d'anciennes parti-
cules postposées, n'était d'ancien secours pour développer
ou pour maintenir une distinction de féminin et de masculin.
En latin, on observe beaucoup d'adjectifs où la distinction
du masculin et du féminin n'est pas marquée. C'est ce qui
arrive dans le type en -i- qui est très répandu: fortis, û~V~
~M~MM, et toute la formation en -6:7M.C'est ce qui arrive
aussi dans le type en -c~ <ZMe~;x, etc. C'est enfin ce qui
arrive dans les participes présents comme ferens, en face
de formes qui. de l'Indo-Iranien au germanique et au grec,
opposent nettement les deux genres. Comme, en latin, le
féminin est en voie de croissance à l'époque historique,
comme on y voit agna remplacer c~M~ /e~c, suivant la
juste remarque de M. Ernout comme dea v a été fait sur
la forme ofeM~issue d'une série d'altérations phonétiques de
l'ancien. *deiwos, tous ces adjectifs masculins-féminins
doivent passer pour représenter un état de choses ancien
dans la langue. Le nom indo-européen de la « terre )',
féminin en indo-iranien (skr. /;sMA,etc.) et en grec (~QMv),
et qui a reçu un suffixe de dérivation marquant le féminin
est représenté en latin par
dans lit. ~~y' et v. si..s'e?7ï{/<2;,
un dérivé en -e/o- de genre féminin, humus. Ce n'est que
le type d'adjectif nouus, noua qui présente des caractéris-
tiques nettes. Même yMM a été anciennement masculin-
féminin. D'autre part, le type en -a- est largement
attesté dans des masculins comme ~cr~c et agricola, et
des mots ainsi formés, beaucoup sont « populaires », ainsi
scMy~a (v. Vendryes, M. S. L. XXIII, p. 97 et suiv.). Le
type en -o- comprend encore nombre de féminins, notam-
ment les noms d'arbres, tels que /a~M~. Le latin conserve
ainsi beaucoup de traces d'une ancienne indistinction du
masculin et du féminin. Chose digne d'attention les formes
du génitif et du datif des démonstratifs et Interrogatifs-
A. MEILLET

indéfinis spéciales au latin sont communes au masculin et


`
au féminin illius, illl, etc.
La situation a dû être, en celtique, assez semblable à celle
qu'on observe en latin. Les thèmes en -i-, sans distinction
du masculin et du féminin, du type irl. maith, y sont fré-
quents. Dans les thèmes en -u-, on n'observe pas non plus
de distinction du masculin et du féminin dans sa Vergl.
Gramm. d. AeZi!.<5~ II, p. 116 et suiv., M. Pedersen
marque nettement que les types de féminisation de ces
adjectifs qu'on trouve ailleurs n'existent pas en celtique, et,
tout en envisageant de préférence l'hypothèse que le fémi-
nin aurait été caractérisé par une forme en -a-, ne peut
apporter à l'appui de cette supposition un fait décisif.
Comme en latin, la distinction du masculin et du féminin
n'est nette que dans le type en -o-a- m. gall. ~'tuy?m
gwenn. Si, en celtique, l'opposition du masculin et du
féminin a pris une grande importance, c'est surtout à
l'article que cet accroissement de rôle est dû, et aux alter-
nances de !'initiale qui ont été conditionnées par la présence
de l'article.
Le grec pose des questions embarrassantes. D'une part,
il n'est pas archaïque comme l'arménien ou le latin de
l'autre, il est situé, au point de vue dialectal, entre l'armé-
nien et l'italo-celtique. On peut se demander s'il y a lieu
d'envisager ici plutôt la date de séparation ou plutôt la
situation dialectale. Les faits Indiquent qu'il faut tenir
compte des deux ordres déconsidérations. Le grec part
d'une forme plus évoluée que le latin les participes y ont
dès le début des féminins att. oepoucrx, hom. (f)i5u?x, etc.
Le démonstratif y a des formes de féminins bien caracté-
risées gr. sg. ïS.; (ion.-att. T~;), etc. Il y a quelques
adjectifs en -t-, comme Tpsct. I§p< et même 6-u: a gardé,
par exception, la valeur féminine tandis que, en général, le
type t;3u; recevait une caractéristique de féminin. Mais on
voit, d'autre part; qu'il y a beaucoup de restes d'un état où
le féminin n'était souvent pas caractérisé. Les comparatifs
anciens tels que p.e~M~, ~Bu~sont demeurés à la fois mascu-
lins et féminins. Il y a de nombreux substantifs thèmes en
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES 13

qui sont masculins, ainsi le type ion.-att. 7::A~ et


beaucoup de substantifs thèmes en qui sont féminins.
Par suite, les composés du type ==Mcxx-:uAo.: servent pour le
féminin comme pour le masculin et même; outre les
composés, beaucoup d'adjectifs en servent pour les deux
genres. On peut penser que, si l'article n'avait pris, après
l'époque de fixation de la langue homérique, une grande
importance dans la langue, la distinction du masculin et du
féminin aurait pu être menacée de disparaître en grec. Mais,
par suite du développement de l'article qui est intervenu
après la fixation de la langue épique, l'opposition du mas-
culin et du féminin est devenue nette, si bien qu'elle s'est
développée, et que, jusqu'à présent, elle s'est maintenue.
On observe ici le rôle de.l'article dans la fixation des
genres masculin et féminin. Là où il existe deux formes
d'articles suivant les genres, l'opposition est fixée d'une
manière ferme, et elle dure, même si elle était vacillante au
début c'est le cas du grec elle se maintient, même si elle
n'a le plus souvent pas de sens c'est le cas du français.
Là où il n'y a pas d'article différenciant les genres, la
distinction, si nette qu'elle ait été au début, a des chances
de s'éliminer, ce qui est arrivé dans une partie de l'iranien.
Le groupe de dialectes qui a. dès la période ancienne de
chaque langue poussé le plus loin la distinction du mas-
culin et du féminin est celui qui va de l'indo-iranien au
germanique. La distinction n'y est pas caractérisée seule-
ment dans le participe elle s'étend à l'ancien comparatif.
Et aucun thème en -o- n'y est plus féminin. L'indo-iranien
et le germanique n'ont plus de thèmes en -a- masculins, en
vertu d'innovations sans doute médiocrement anciennes,
puisque le slave et le baltique ont conservé le type en -a-
pour le masculin.
De ces faits résultent les conclusions suivantes
1° La comparaison des langues remontant à un type
archaïque fait apparaître que le développement de la dis-
tinction du masculin et du féminin était moins avancé à
date ancienne qu'à l'époque où se sont détachés les derniers
groupes indo-européens et que la distinction a pros'ressé
i6 A. MEILLET

en indo-européen, entre une période archaïque représentée


par les langues « marginales » et une période plus récente
représentée par les langues centrales.
2° La progression a été moins forte dans un groupe dia-
lectal qui va de l'arménien à l'italique et au celtique que
dans un autre groupe qui va de l'indo-iranien au germa-
nique.
Cette répartition'dialectale concorde avec celle qu'on
observe pour les désinences en -y*à valeur médio-passive.
Ces désinences se trouvent, en même temps qu'en hittite
et en tokharien, dans trois langues celtique, italique et
arménien elles manquent de l'indo-iranien au germanique.
Le grec, qui représente un type avancé du développement,
n'en a rien gardé, de même qu'il offre, pour le féminin,
un état déjà développé malgré sa situation parmi les dia-
lectes indo-européens où la distinction du masculin et du
féminin est le moindre.
Ceci posé, il reste à examiner le détail des principaux
faits.
Le féminin grec 8~Xu~« femelle est évidemment une
survivance; l'emploi est celui d'un adjectif: horn. O~X-j;
Mp~ s ~.67 e-~Xu;au~, 122 e~u: Mu~ T 97 et T* 409
de même e-~Au~K216et y. §27=r 572 et ceci a entraîné
la création de la forme féminine ô- ainsi O~AEt'e 65:
b) 7. Au pluriel, OT; 6~ dominent, sauf l'accusatif
pluriel 6~AM;,E 269. Mais il résulte de là que, comme on
l'entrevolt par le celtique, le type en -u- servait originai-
rement pour les deux genres.
Même si l'on n'avait pas cette survivance isolée, on aurait
dû arriver à la même conclusion en comparantles formes
du féminin des adjectifs en -M- elles diffèrent d'une langue
à l'autre. Le type skr. sMe~, qui est celui de l'indo-iranien,
et le type gr. ~S~x n'ont de commun que la caractéristique
*-yo- du féminin. La diû'érence du vocalisme présufExal
montre que l'indo-iranien et le grec ont constitué indépen-
damment l'un de l'autre cette formation de féminin.
Et, en effet, le germanique et le baltique usent d'un pro-
cédé différent. Un exemple gotique le seul malheureuse
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES 17l

ment que fournisse le texte pour le nominatif féminin


offre la survivance inattendue de la forme en -M- L. VI, 6
Ac/MN M6'0~t/MtfO was /~My~!M« xx'lx ~s x'j'3 S!x
:-<;pxH. Les autres cas sont du type en -~o- ace. sg. got.
/<Mre(;'a,etc. l'u du masculin-neutre n'y figure pas. on le
sait. En lituanien, le type en -~2-, sans -M-,est généralisé:
6'<2/ féminin de ~a/~M. Ainsi l'élément de formation
*-e?< qui n'a pas de sens propre; qui est un simple élargis-
sement, n'a pas été maintenu au féminin dans le type de
formation que représentent le germanique et le baltique.
Ce type est ancien car, au moins dans un mot très
employé, qui a chance d'avoir conservé un archaïsme, le
grec le présente: au masculin au neutre ~:Xus'oppose
un féminin T:oA/ Par un cas tel que celui-ci, on voit que
la formation en *-ya- du féminin est indépendante du thème
servant au masculin et au neutre, fait qu'illustrent nombre
d'autres mots et qui est à retenir pour la théorie générale
du féminin en indo-européen.
Du reste, pour ne rien dire de faits propres à une seule
langue, comme skr. joa~'MA ~a~?n. il résulte d'un cas
sûrement Indo-européen, comme celui de skr. ~ua, gr.
~M'~ skr. ~uc~, gr. ~s'.sx, que ie féminin ne s'exprime
pas nécessairement par un dérivé de la forme générale qui
indique en particulier le masculin, mais qu'il peut être une
formation indépendante, un mot distinct.

A en juger par l'accusatif singulier skr. &!M!,gr. -:x~(ion.-


att. -~), v. si. got. ~o, en regard du masculin skr.
~d/M,gr. T: v. si. ~M, got. ~<XM-c,on croirait que le
démonstratif avait, dès l'indo-européen commun, a un thème
*?-, en face de *to- masculin et neutre. Et telle a pu être
en effet la situation en ce qui concerne l'accusatif. Mais
les formes du génitif et du datif féminins que révèle la
comparaison de skr. ~Mya/~ <a~/c: v. pruss. stessias, stes-
siei,-got. ~~o~, ~M présentent le même thème en -e- que
les formes servant au masculin et au neutre skr. &M/<x,
~M?M<2: v. pruss. stesmu (datif), got. ~M, /'a??:7/za,ombr.
esmei « iiuic ?. De là ressort que la flexion des démons-
b
18 Â.MEILLEt
tratifs thèmes en -e/o- était fondée sur le même thème
pour le féminin que pour le masculin et le neutre.
Le démonstratif qui est représenté en sanskrit par cy-a~z,
:y-<i7K,M~iMet en latin par is, ea, id montre combien est
secondaire la distinction du masculin et du féminin. L'oppo-
sition du masculin cy-cTMet du féminin !y-s7Ma un corres-
pondant dans l'Avesta: cpm (masc.): im (fém.); mais en
vieux pers&iyam est. à la fois masculin et féminin (on verra
les faits dans la 2~édition de ma Grammaire du vieux perse,
refaite par M. Benvéniste, § 326). Or, il n'y a pas apparence'
que le vieux perse, où la distinction du masculin et du
féminin est intacte pour le reste, ait innové sur ce point.
D'ailleurs, entre ay(-am) et xy-(<zMz), il n'y a qu'une diËé-
rence de degré vocalique, et rien n'y répond aux signes
ordinaires de distinction entre le masculin et le féminin.
En revanche on conçoit qu'une forme *i, qui ressemblait
aux nominatifs féminins en -t aitétéaSectée secondairement
au féminin. En italique, le féminin est obtenu par un autre
procédé: lat. ea en face de is, osq. M~ ioc en face de ~xc.
L'indifférence de i- au genre est du reste établie par l'accu-
satif véd. !m-a?K.avec un féminin MK-a?M ou -am résulte
d'une innovation (v. Wackernagel-Debrunner, Ai. C~cmm.
111, p. 5i4, § 248 c y); gr- est glosé/par Ku- :x-j"<;v.
L'ancien accusatif *im de l'indo-iranien était donc masculin-
féminin. Le gotique, très instructif, opposeau masc. sg. nom.
M, ace. in-a, nom.-aec. n. sg. it-a, au féminin nom. si
(v. h. a. ~l, si), ace. ija; or, ce nominatif got. si est ancien
il a dans irl. si un correspondant exact (v. H. Pedersen, Y.
Gr. d. ~&. Spr., II, p. t70, § 502) tandis que l'accusatif
ï/c rappelle de près lat. eam qui a servi de point de départ à
l'accusatif masculin eum; le vieux latin avait encore e~ !'??!
(v. Ernout, ~/o~Ao/o~e, p. 14<, § 124). L'accusatif v. h. a.
sija a cté fait sur le nominatif, comme les formes celtiques
correspondantes. Le caractère des formes montre assez que,
dans le groupe de *ei-, il n'y avait pas de distinction de
masculin et de féminin en indo-européen.
Dès lors, on doit se demander comment la langue a été
amenée à caractériser le féminin. Faute de données posi-
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES IKDO-EUROPËENXES 19

tives, on ne peut envisager que quelques possibilités. et l'on


n'essaiera pas ici de tracer même l'esquisse d'une véritable
histoire du développement du féminin.
Toute hypothèse qui suppose que la caractéristique
essentielle du féminin serait le type en -a- est à écarter. En
effet, il est acquis que l'indo-européen a possédé des
thèmes en -e/o- pour nommer des êtres conçus comme
féminins et des thèmes en -a- pour nommer des êtres
conçus comme masculins. On ne saurait donc partir de
l'opposition qu'on observe dans le type des adjectifs tels
que gr. ~s: vsx. Dureste, le type en -a- a aussi comporté
des nominatifs-accusatifs singuliers qui, employés avec
valeur collective, servent de substituts à l'expression du
nominatif-accusatif pluriel neutre.
L'observation relative aux formes féminines de démons-
tratifs telles que skr., ~M~ë/~ ~H/fX: montre que l'on n'a
pas le droit d'opérer avec un thème *~<x-du féminin pour
la période de l'indo-européen la plus ancienne qu'on puisse
atteindre. En revanche, il n'y a pas de raison de douter
que l'opposition du nominatif masculin, skr. sa, gr. got.
sa, et du nominatif féminin, skr. gr. *hx (ion.-att. -~),
got. so, soit ancienne au nominatif singulier; d'après la
ZocAa~MC/te C/'a~/MŒ~deSchuIze-Sieg-SieglIng; le tokha-
rien A oppose le masculin M?Kau féminin .m?Ket au neutre
Fam (nom.-ace.) de *Mt(tém.) on rapprochera le féminin
isolé v. irl. M,got. ~'(v. ci-dessus, p. 18). Comme la caracté-
ristique essentielle du genre n animé » (masculin-féminin)
en regard du neutre est l'opposition d'un nominatif et
d'un accusatif et que l'accusatif était de la forme représentée
par skr. tàm, gr. got. /)<x~-G,on conçoit qu'il ait été
constitué de bonne heure en face du nominatif*~ supposé
ancien, un accusatif en -a- que représentent skr. /aNZ,gr.
-y< (ion.-att. -c-~), got. ~o, ainsi que tokh. A <5~ v. si.
tQ,lit. lat. M-<c?7!.Ce type en *?-, qui se trouvait être
commode pour opposer les femelles aux mâles, a pu s'éten-
dre. Et même, dans plusieurs langues, il a remplacé *sa
au nominatif lat. ista, lit. tà, v. si. ta.
Établie au nominatif et à l'accusatif des principaux
20 A.MEILLEt

démonstratifs, dont la flexion se retrouve, on le sait, dans


des adjectifs usuels de valeur abstraite, comme ceux signi-
fiant « un », « entier », « même », cette opposition de*x-
à *-e/o-pour caractériserles notions conçues comme femelles
a pu s'étendre aux adjectifs thèmes en *-e/o-. L'action
analogique ne pouvait atteindre que plus difficilement les
substantifs et, dans une grande partie du domaine indo-
européen, elle ne s'y est étendue qu'incomplètement, et
seulement au cours de l'époque historique.
Le nom solennel signifiant « femme )) n'est pas un
ancien thème en -a- il a des formes anomales, et la
comparaison de gr. yu~, yu~x~s:,yuvcKM.: avec arm. ~!M,
gén. sg. knoj, nom. plur. A<ZKc. ace. pl. kanays suffit à
montrer qu'on n'est pas ici en face d'un ancien thème en
*-a-. Du reste l'alternance qui est conservée dans irl. ben
(== arm. /M'~ v. pruss. ~ewM [voc.], v. si..à°MŒ,tokh. A
~'NM:);gén. ?MMa(le vocalisme est celui de véd. ~a, gén.
gnâh, dans yM<M-~M~et, sous une forme différente, celui
de ion.-att. yu~, béot. j3x~x,arm. Ae'M-dans nom. plur.
AoMcy~')et dont on retrouve trace dans le contraste entre
v. II. a. yMe/met v. isl. ~'o/nx,confirme que l'on est ici hors
de la flexion des thèmes en -a-. Mais la chose qui importe
est le nominatif ancien qui était en -a-, à en juger par
l'accord de langues qui divergent par ailleurs. Le nom de
la « femme » soutenait donc dans une certaine mesure
l'action de *m.
Mais ce sont les noms d'agent qui paraissent avoir eu le
rôle décisif.
Dans une société où la principale richesse consistait en
bétail et où les hommes passaient une partie de leur vie en
expéditions, où sans doute ils chassaient, le rôle des
femmes différait essentiellement de celui des hommes. On
était par là conduit à différencier le nom des agents mâles
de celui des agents femelles. L'un et l'autre avaient dans la
société un rôle, mais c'étaient des rôles différents le chef
et sa compagne, Ic~A et la ~sM, prennent l'un et l'autre
part au sacrifice védique, mais chacun à sa place et d'une
manière distincte. Et, en effet, le seul groupe de substantifs
ESSAI DE CHROXOLOG!E DES LAX&UES IXDO-EUROPÉE~ES 2~

ou l'opposition d'une forme Féminineà une forme masculine


soit visiblement, ancienne est, celui des noms désignant: des
« agents )).
Au type indo-iranien en en face du masculin -tar-
répond le type lat. -r en face de skr. janita ~im'
le latin a ~e~or yey!e~'t.T.En latin comme en sanskrit,
le typc'est productif. L'accord de l'indo-iranien et du latin,
aux deux extrémités du domaine indo-européen, est d'autant
plus significatif que le latin n'a guère développé la forma-
tion du féminin et que l'élargissement de -f- par le suffixe
qui est préhistorique; établit l'antiquité de -M-. Si le
celtique n'a rien de correspondant, c'est qu'il n'a pas gardé
le type des noms d'agent en *-ter-, qui a, du reste, tendu
à disparaître dans nombre de langues le germanique, le
baltique. rarménienrignorentplusou moins complètement;
en grec, l'ionien-attique n'en a presque rien gardé, et l'on
peut se demander si les débris qui en subsistent n'y sont
pas des archaïsmes conservés dans des vocabulaires spé-
ciaux ou des emprunts à d'autres dialectes. La concordance
de skr. et de lat. -x a donc une grande valeur pro-
bante. Le grec a des restes de cette formation du féminin
dans le type -;r.~T~.a:x en face de v~~M: 5:M;x en face de
3:p (on remarque la différence avec $MTM=).
L'élément figure d'une manière qui semble caracté-
ristique dans les substantifs qui désignent des personnes.
On le trouve notamment dans les principaux termes indi-
quant la parenté gr. ~s, S~p, etc. Ce n'est sans doute
pas un hasard qu'il fournisse le nominatif-accusatif de
thèmes dont les cas servant uniquement de compléments
sont de thèmes en -n-, type skr. Ka%~ M~A~aA.On
s'explique ainsi que en face des noms en -M-, les dérivés
soient tirés de thèmes en -r-: en face de gr. u'~M:,'xr:
on ne trouve que u3p: ~3px, ~p! .x'jSp: etc. Et c'est
pour cela que, en face de ~M' qui est accompagné d'un
nominatif-accusatif neutre ~c, le féminin ~p.x continue
un type indo-européen.
Certains thèmes en -n- sont aussi propres à désigner des
agents. L'agent de sexe féminin est alors désigné par un
22 A~MEIHET

suffixe formé au moyen du même suffixe i.-e. *-ye-, avec


forme à degré zéro ou *-ya en face de skr. tâksâ, gr.
TExïMv, skr. &7M, gr. TsxTx~cc. En face de l'élargissement
~'a~- de r~ le sanskrit a le nom ra/?M de la « reine »,
dont l'irlandais oifre le correspondant rigain mais le
latin a simplement le dérivé de, *?'ey-, élargi par un
suffixe secondaire ~ey-KC ce type est comparable à celui
qu'a le slave dans *u~es (r. voléica) en face de skr.
urAt~.v. isl. ylgr, cf. lit. vilké. Comme, en général, *-eM-
n'est qu'un élargissement, sans valeur sémantique propre,
la formation en *yë- a pu s'employer là même où n'est
attesté aucun thème en -n- et c'est ainsi que le thème
*pot- « maître », qui, à l'état isolé, est élargi par *-ei-, d'où
le type skr. ~M<A, gr. ~oon, lat. potis, a, pour désigner
la « maîtresse » une formation en -*M-ya-: skr. ~a<?z!,gr.
~:T~L<x v. lit. -pai&M Par suite du fait que,
(et §s!7-T:a~ct),
en grec, le type en -o:Ma: se trouve séparé des masculins en
-v- par l'aspect phonique, il a subsisté et s'est même étendu.
Alors que le nom du serviteur mâle, Ospx~M-~ recevait un
élargissement -T-, ace. sg. esp~o~o:, le féminin gardait la
forme ancienne esp~xMx. Grâce à quelques cas de ce genre,
le grec a obtenu dans -c:MKune caractéristique d'êtres
femelles qui a servi quelquefois ainsi, en face de AE~~ec,a
été fait /jx~o:, et, pour un animal nommé sous forme
féminine par mépris; a été formé uct~fx.Le grec a ainsi
recommencé, pour son compte, le' procès 'qui, dès l'Indo-
européen, avait abouti au mof représenté par skr. ~c~K, gr.
T:Lx, etc.
Le type lituanien en -~e- attesté par des exemples tels
que ut/M-pest propre aux substantifs il ne figure pas dans
les adjectifs. Dans les substantifs, il joue un rôle qui corres-
pond à celui du type skr. -t, -~c-, ou même -<-constant. On
se borne ici à constater le fait, sans discuter les explications
qui ont été proposées. On retiendra seulement que le type
latin en -M rend certaine l'existence indo-européenne d'un
type de substantifs en *-ye- à côté de *-y5-.
On sait que les substantifs « féminins », c'est-à-dire expri-
mant une notion considérée comme femelle, comprennent,
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES 23

en indo-européen, outre les noms d'êtres du sexe féminin,


toutes les notions auxquelles est attribué le caractère
féminin.
Or. derrière toute activité, derrière toute qualité, il semble
qu'il ait été imaginé une puissance femelle, une de ces
« mères » qui sont si connues dans le monde celtique et
dont la tradition est encore présente dans les CAc~~OM~
nzythologiques lettonnes que vient de traduire M. Jonval.
C'est pour cela que les noms d'action et les noms de qualité
sont de « genre féminin ». La us~; védique, qui est une
puissance religieuse, est conçue comme femelle et lat. M'3.E
a aussi le genre féminin il n'y a du reste là rien d'absolu
av. u&r.s est presque toujours traité comme masculin. Ce
genre féminin est marqué en grec par le suffixe caracté-
ristique, et, en face des formes de cas obliques o~se, c~[,
et aussi de l'accusatif ~x, on y trouve le nominatif So-s-o:,
avec un accusatif :TM: le caractère divin en est marqué
chez Homère
1393 Ss TO'.CT.~
jJ.e':X Ss'n'JC
ËM'~St,
C':pU'UJ'H~fXL,At. (Xy'j'SA::
et 282 '~(-~)'~s's'~a:x:u:Y;c
~yAt.
La ~a/M~latine, qui exprime la qualité de ~s/MM.<?, est un être
divin conçu comme femelle la formation du mot, unique
et inexplicable en latin, en garantit l'ancienneté; la for-
mation du mot indo-iranien, skr. ~a~~aS~, av. AaMrua&M,
est moins archaïque sans doute par suite de réfection
secondaire mais AaM~uo:~ a gardé dans l'Avesta le carac-
tère d'un personnage divin de sexe féminin.
L'addition de caractéristiques féminines à des substantifs
qui désignent des notions conçues comme féminines est
chose fréquente. On a déjà noté ci-dessus, p. 13, les cas
de lit. ~e/Ke, v. si. ~cw(/'<z.En grec, le cas de o'j~s, en face
du thème ou~- conservé dans c~x-S:, est remarquable; la
ou~ctest une force
I, 1 Œ'JTXp
A~!XtOU<;
6EC'r:~(H7) ~e cu~a, e:u xpui~Toç ~T<x~.
2~ A. MEILLET

Ainsi s'expliquent les formes telles que lat. ~ec:M ou


e~M, comme lit. uc{/eet v. si. vol/a, comme v. sI.
/M~Πet v. h. a. ~M~t,et v. si. ~Mcaen face de lat. ~M~ etc.
Par suite la caractéristique des féminins est propre à
fournir des noms de qualité en face de ù" le grec a
uy~Kx.En latin, le suffixe qui, ailleurs, caractérise la forme
féminine du participe, s'est prêté à caractériser le nom
de qualité dérivé du participe puisque celui-ci ne distinguait
pas les genres prae-séns étant masculin et féminin à la
fois, praesentia signifie la « qualité d'être jo~ae~M ». En
grec, en indo-iranien, en slave, en baltique, en germa-
nique, où le suffixe caractérise le féminin du participe, un
emploi pareil à l'emploi latin ne pourrait se concevoir, et,
en effet, ne se trouve à peu près pas~ Toutefois,-spM~ ne
comportant pas de forme féminine, le dérivé-~po'j~tx s'est
trouvé propre à désigner l'ensemble des vieillards, IcM~a~M~,
comme sp~p~ désigne l'ensemble des cpah~p.
Les noms d'astres sont instructifs. Les astres peuvent
être envisagés comme des choses, et alors la forme des
noms qui les désignent est au nominatif-accusatif celle du
neutre tel est le cas de gr. o~p:~ si on envisage l'étoile
comme un être actif, la forme est celle du masculin gr.
<x~p. Quand, dans A 62, Hector, se montrant sur divers
points du champ de bataille, est comparé à un astre qui
paraît et disparaît, c'est Kr~p qui est employé
?'
sis: S' EX~MSM~ KVKTMVeiC:).
C~ N:S"p
'5'
':OTS
T;3:~SiX~(~, 0 aB~ ECU ~ES&X MH.M'~K.

Mais, quand il est question de l'ensemble des astres, c'est


a~px qu'on rencontre. On peut, d'autre part, envisager la
force interne qui anime les astres, et alors le féminin est
justifié le gotique a le féminin ~<z~Ho.en face du mas-
culin v. h. a. stern. Le latin a~i{e//c(de*~ë/?M) en face de
arm. astl, dont le genre originel n'est pas déterminable.
Comme, en raison de ses perpétuelles variations, la lune
est un astre essentiellement vivant, son nom n'a pas de
forme neutre. Le nom propre de l'astre, qui sert aussi à
désigner les « mois » et qui, dans nombre de langues, n'a
ESSAI DE CHROXOLOGtE DES LANGUES !NnO-EUROPÉE~ES 25

gardé que ce sens. est masculin skr. wa/ av. ~<a', v. si.
~:e~ct, lit. M~M, got. mena et /Mp~o~.s', irl. M; lat. ~c/MM,
gr. Mais, sans doute en vertu d'interdictions de voca-
hulaire qu'expliquent les influences attribuées à la lune,
l'astre est souvent désigne par des épithètes tirées de son
éclat gr. KA-~T,(de s~x.:), et lat. ~c (prén. /<Mnc),
v. sl. luna, de*~OM~KA « brillante », cf. av. ~o.ryMS- « bril-
lant » et le nom vieux prussien lauxnos des Kastres » or,
ces épithëtes, qui expriment une puissance de la lune, sont
de forme féminine; elles n'évoquent donc pas le nom de
l'astre, mais la force femelle qui lui fournit son éclat. Cette
opposition est saisissante. Le nom du « soleil » a la
forme neutre quand il désigne simplement l'astre véd.
s(M)~~ gàth. h(u)vara il a la forme d'un dérivé masculin
quand il désigne le soleil en tant qu'être divin NMyy<x/~ cf.
gr. *A(x7'sXm (~Ats:). D'autre part. on peut penser à la puis-
sance féminine qui se manifeste dans l'astre, et ainsi
s'explique la formation féminine de lit. MMZ" le védique a
aussi une ~M~a. Le gotique a à la fois le neutre sauil et le
féminin ~n~~o v. isl. ~d~est féminin. En slave, .ï/«?nce est
neutre en latin sol est masculin. Fait significatif: le nom
du soleil, dont l'une des fonctions est de tout voir (noter
l'épithète gr. ~), a servi à nommer l' « œil N en
irlandais il s'agit donc d'une puissance du soleil irl. ~!7
est féminin.

Les sumxes de dérivation indo-européens n'étaient que


des signes ils n'avaient par eux-mêmes aucune signification
propre. Le -a- qui vient d'être examiné n'avait sans doute
en lui-mème rien qui exprimait spécialement le féminin
il s'est trouvé, dès une période ancienne de l'indo euro-
péen, afïécté à caractériser les agents de sexe féminin. Mais
d'autres suffixes ont pu servir au même usage.
Le grec a utilisé pour cela l'élargissement -i-, élargi lui-
même par -B-, d'où le type en -S- qui tient une grande
place. A côté du thème 6~:x~- désignant le serviteur, nom.
QE?o: on a ainsi un nom féminin de la personne qui sert
Qspx~, -!c=: et de e~px~M';(-rK;), on a fait de même
26 A. MEILLET

6s=nn:T~, -Los:,qui atteste la vitalité de ce type en grec. Pour


désigner une personne qui moud ce qui est une fonction
remplie uniquement par des femmes le grec a ~ÀETp~,
-j dès l'époque homérique et ce mot, qui est sûrement
ancien, montre que cette formation a été héritée, d'une
période préhistorique de la langue. Au contraire Ax~TptK a
chance d'être une formation d'époque hellénique. Ce type en
-).S-est le principal pour opposer une personne féminine à un
mate T:sA~?;: et ~X~t. o~xst-<et s~xsrt:, etc.
Quant au type en *-5- qui, dès l'indo-européen commun,
paraît avoir caractérisé les adjectifs se rapportant à des
notions conçues comme féminines, il a été long à se
répandre dans les substantifs. Le procédé est devenu
courant presque partout mais les faits montrent que
l'extension a eu lieu surtout aux environs de l'époque his-
torique. Par exemple, le grec a fait 6~ qui se trouve déjà
chez Homère mais l'attique a encore Qss:au féminin, et de
même, à ce qu'il semble, le laconien. Le latin a dea; mais
la forme est faite sur deus qui résulte de deux altérations
successives de *deiwôs amuissement de w devant -us, et
amuissement consécutif de (devenu intervocalique, alors
que le latin avait éliminé le y dans ces conditions. Même
dans une langue comme le slave où la distinction du fémi-
nin a pris de plus en plus d'importance, les cas tels que
s2séda en face de sosèdic« voisin sont exceptionnels.
La question de savoir si l'extension de l'usage de *-a-
aux substantifs pour y marquer la valeur féminine date de
l'Indo-européen ne comporte pas de solution certaine. Sans
doute en face de skr. apusA, lat. e~MM~,on trouve les
formes skr. apu~, lit. <xyua,lat. equa dans trois groupes.
Mais une concordance ne prouve un original commun que
si les formes concordantes ne sont pas susceptibles d'avoir
été développées séparément dans chacune des langues où
on la rencontre. Or, le type en -a- s'étend dans les substantifs
des trois groupes considérés la concordance n'a donc pas
de valeur probante. Et M. Wackernagel a fait remarquer
depuis longtemps que l'emploi de gr. pour le mâle et la
femelle devait dater de l'indo-européen. Il est possible que,
ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES I~DO-EL'ROPËE~'ES 27

dans les deux groupes appartenant à la région dialectale ou


les marques du féminin se sont étendues de bonne heure,
l'indo-iranien et le baltique. le développement de skr. ciçva
et lit. asvà soit ancien. Mais, en latin, où le type en -o- a
continué jusqu'à l'époque historique d'être employé au fémi-
nin, il y a lieu de supposer que e~M~résulte d'un dévelop-
pement séparé. Si le latin a equa, c'est que, pour les noms
d'êtres animés, il a de bonne heure tendu à ne plus employer
le type en -o-. Par exemple, le nom *snuso- de la « bru »
n y subsiste pas à l'époque historique il a été remplacé par
le type en -u- nurus (gén. 7tM?*M~) d'après ~ocyTMou par le
type en -a-, nora, qui a existé dans la langue populaire.
Il est vrai qu'on signale a~ïM fèmina en latin archaïque
mais ici l'indication du sexe est sans importance dans la
plupart des cas, comme on le voit par le fait que les jeunes
animaux sont désignés soit par un masculin (à valeur géné-
rique) soit par un neutre ainsi le slave présente à la fois
le masculin ay?MCtet le neutre agne, entre autres cas de ce
genre ce n est que lorsqu'on avait besoin de spéciuer
surtout pour garder la jeune femelle et pour sacrifier le jeune
mâle qu'on indiquait par la forme le sexe féminin. Le
latin devait donc nécessairement faire equa, aussi bien que
l'indo-iranien et le baltique ont fait les formes correspondan-
tes, mais sans doute plus tard et indépendamment. Et même
pour l'indo-iranien et le slave, dans la région dialectale où les
caractéristiques du féminin se sont étendues relativement tôt,
le fait que la féminisation du nom du « loup )) skr. f/'A<z~
v. si. u/~M. lit. t~M, v. isl. M~/?',au moyen de skr. u/ si.
viléi-ca, lit. M/A' v. isl. ylgr est obtenue par un autre pro-
cédé donne a supposer que la formation de skr. <icï;aet lit.
asvà ne serait pas ancienne. Lat. /Mpc doit être une forma-
tion indépendante le grec n'a rien de pareil, et Xuy.x~ay est
évidemment récent.

Tout incomplètes qu'elles soient, les données dont on


dispose permettent donc de reconnattre que le développe-
ment des caractéristiques du féminin dans les adjectifs
autres que les thèmes en -o-a- et dans les substantifs
28 A. MEtLLET

autres que ceux qui désignent des agents aurait eu lieu


après la séparation des dialectes indo-européens. Le fait que
de grandes catégories, capitalesdans la langue, comme celles
de lat. pater et ?K~er, &<M et ouis, etc., n'expriment par
la formation aucune dISërenceentre les sexes a une grande
signification. Le développement a été plus précoce dans les
dialectes qui vont de Findo-iranlen et du tokharien au ger-
manique, plus lent dans ceux qui vont de l'arménien à l'ita-
lique et au celtique. Il a été arrêté entièrement en hittite.
CONTRIBUTION A LA PHONETIQUE COMPAREE
DE L'INDO-EUROPEEN ET DU CHAMITO-SËMITIQUË

1. CHAXGE3IEXTS PHONÉTIQUES SPONTAKÉS.

La théorie de l'évolution des divers phonèmes occlusifs


et spirants (emphatiques ou non) de l'ancêtre commun du
chamito-sémitique et de l'indo-européen, celle surtout des
phonèmes labiaux, est encore hésitante, tant à cause de la
grande complexité de l'état originel
occlusives 6'; 1
spirantes $
qu'en raison du petit nombre des correspondances certaines
entre le vieil-égyptien, le berbère, le sémitique et l'indo-
européen.
Les principales correspondances théoriques entre les deux
groupes avaient été. indiquées par H. Moller dès i9il, au
début de son Vergleichendes indogermanisch-semitisches
Wo~ey~MeA.Deux points cependant y restaient, l'un faussé,
l'autre indéterminé. On les signalera par des astérisques
postposés.

OCCLUSIVES.

Forte simple v. égypt.~) sémit. indo-europ. M?


(sauf à l'initiale °).
'L Les majusculesdésignent,les « emphatiques». Ona cru pouvoir
se dispenserdu pointsouscritdésignantl' « emphase». En revanche
on a notéle souffledes occlusives,fort ou doux v. plus bas.
a. Legermanique,le celtiqueet l'arménienoffranticiun traitement
spécial,v. p). bas.
30 i.CUNY

Forte emphatique *P' v. égypt. f*; sémit. indo-


europ. ~A.
Douce simple v. égypt. sémit. indo-europ. jo
(qui est sans doute ici aussi ph).
Douce emphatique v. égypt. b sémit. indo-
europ. b.

~e?KŒ~Me
Les fortes, quelles fussent emphatiques ou non, étaient
à l'origine des « souSIées )), adspiratae, c.-à-d. quelles
étaient suivies d'un souffle, soit, dans l'ordre des labiales,
*ph(en vieil égyptien p était peut-être encore jo'' comme
en sémitique, v. H. Moller, ZDMG., LXX, 19i6,p. 161)
et*jP'. Il en était sans doute de même des douces,.empha-
tiques ou non, mais chez elles le souffle était doux, ce
qu'on a noté par et~. A cette époque reculée, ni les fortes
ni les douces n'étaient encore franchement ou sourdes ou
sonores (toutefois, en indo-européen, ce sont toujours des
emphatiques qui ont abouti aux sonores et des non-empha-
tiques, aux sourdes, ce qui est une indication ~). Il va de soi
que, dans les emphatiques, le souffle présentait le même
caractère d'emphase que la consonne elle-même. Pour les
fortes emphatiques on a noté ce souffle par par pour
les douces emphatiques. Pour qui reconnaît cet état de
choses, il devient intelligible que *p''(plus faible par nature
qu'un p [Meillet]), ait passé à en Indo-européen (sauf à
l'initiale où il est et abstraction faite du celtique, du
germanique et de l'arménien où il est, respectivement,
zéro [celtique],f [germanique] et Aou~<°?'o[arménien], les
trois traitements postulant un stade ancien V< cf. la
répétition (dans les conditions données) du m&mephéno-
mène pour les p'' provenant de b' originaire, d'ou sém. 6,
etc. ~e/~?p'~>arm. e:~if~ etc. On voit également pourquoi
*P'~ (indo-europ. également noté b' par les indoger-
1. Qu'auparavantdéjà les doucestendaient à la sourdité, les
emphatiquesà la sonorité.
2. Dans l'opinionactuellede M. Sturtevant,J. A. 0. S., tome L,
*P'(indo-europ.6/tou &')aboutiraitenhittiteà p, tandis
pp. 't55-l*!8,
COXTRt)!t'T!0~ A LA PHONK't'tQUn COMPARËn 37

etc. « 4 M, à rendre compte de leur /'(cf. sémitique dans


le notti de nombre « } ») en posant P' (et non ë) à l'origine.
tl existe au reste. d'autres exemples de f vieil égyptien
répondant directement à un bh indo-européen ou ù un b

sémitique. Il v a. en vieil égyptien une racine hilitère 5


<t porter ». Or il est assez fréquent que soit l'affaiblissement
d'un ancien Il est probable en conséquence qu ici la
forme ancienne était *f-r qui se superpose exactement à la
racine indo-européenne *<er- (v. si. ~p~, gr.'o: skr.
~~<2~ etc.), la forme antérieure commune étant, dans cet.te
hypothèse :<2/*<x'. De même. p. 429 des ~Mûf~e~a~/M.,
on avait déjà rapproché le v. égypt. « nez souffler,
respirer H de l'aram. bibl. ~o~ « iratus est », littéralement
« il souffla H ou « il eut une bouffée de colère )' les deux
mots reposent sur le bilitère *.f'<2MŒ « spirare », l'élargis-
sement n'étant pas le même en vieil égyptien (~) et en
sémitique (s' ou s).

A'o~e additionnelle concernant les dentales.

On remarquera que- dans la série dentale, le point cri-

tique noté par un astérisque, est pour le vieil égyptien

't. Comme M. Sturtevant a renoncé, actuellement, à la théorie


d'après laquelle hittite correspondrait a bh indo-européen (soit *P'
originaire >&sémitique), on ne peut plus expliquer, comme étant
(pour la-partie radicale) le correspondant exact de indo-eur. *bher-
« porter, mettre au monde le hittite Aamaus « birth-chair » c.-à-d.
« sella parturientium ». ce qui allait si bien pour le sens. M. Sturte-
vant rapproche maintenant ce mot de hitt. arK~M: « (lie, it) brings »,
v. JAOS, t. L, p. t28. Le sens de l'aperception première est alors bien
vague à côté de celui qui résultait de ia comparaison avec l'indo-europ.
*6Aer- (got. g'a6aMr~ ait. mod. ~e&Krett, etc., lat. fer-tilis, gr. (-fr,)
0006; (xis~Mv), Hippocr. ou S'jva~s'. aopo; s!~Kt 7) MS' syousK(en parlant
d'une femme), etc. On pourrait toutefois maintenir cet excellent
rapprochement par la simple supposition d'une alternance entre occlu-
sive (?') et spirante (F), toutes deux « emphatiques ». Il est à noter
en effet que l'indo-europ. "Mer- s'explique tout aussi bien par un
*Fara que par un *P'ara originaire. *Fara serait sans doute A-~ en
vieil égyptien. Le mot existe, mais avec un tout autre sens (« peser,
mesurer »).
2. Dans la série palatale c'est le sémitique lui-même qui révèle ce
point critique il a ta où la série dentale a t, où la série vélaire a q.
A plus forte raison le vieit-ëg~'ptien doit-il avoir s.
38 A..CUNT
exactement au même endroit que dans la série labiale. On
avait en effet

OCCLUSIVES.
Forte simple *t; v. égypt. t sémit. t' indo-europ. d
(sauf à l'initiale où l'on a t).
Forte emphatique: *y; v. égypt. sémit. t indo-
europ. dh.
Douce simple *< v. e~pt. d sémit. d indo-europ. <.
Douée emphatique *D~ y. égypt.? sémit. (? in'do-
europ. d.
Car le rapport entre *T' et s est tout à fait le même que
le rapport entre *P' et/*(du moins très peu s'en faut). Il en
est de même du rapport qui existe entre v. égypt. f et
indo-europ. bh d'une part et v. égypt. s et indo-europ. dh
de l'autre. Seul le sémitique (qui a b; mais t) détruit un
peu le parallélisme. On a donc eu raison (Ét. prégr.,
p. 109) de supposer que, pour la consonne initiale du nom
du « loup )). le v. égyptien (~) s'accordait parfaitement
avec l'indo-européen *e~o-, degré zéro *c~x- (gr. 9M-
phryg. Ex::) tandis que le sémit. comm. *<5M atteste une
alternance de *davec le *T' que postule l'indo-européen et
le chamitique ancien. Ici la phonétique berbère, ce qui est
naturel, est un peu plus près de celle du vieil-égyptien que
de celle du sémitique (v. p, 109, n. 4) la base des
mots berbères qui désignent une cucurbitacée est k-s-y,
base que l'on ne peut évidemment pas séparer de la « ra-
cine sémitique y- qui offre le même sens, cf. p. ex.
(~a-)y/'o-(c~") « champs de concombres », y~c'M"
concombres », etc. Outre ~'e~'y, on aurait ici une vieille
alternance attestée par berb. N~ sémit.

2. CHANGEMENTS
COMBIKA.TOfRES
(« EMPHASE », ALTERNANCES
DE LA <t LOIDE BARTHO-
COMPLÉMENTS
COKSOKAKTtQUES,
LOMAE
!)).
M. J. Kurylowicz (v. les comptes rendus du premier
congrès des linguistes à La Haye, avril 1928) a fort bril-
A [.A PHOKÉTtQL'R
~O~TR!)!t;TfON C.OMPARKE 39
tammcnt expliqué la labiale sonore intérieure du thème de
présent *e,o- (skr./?~<2~, celt. comm. *~e~ cf. breton
(infinitif) eue, lat. bibere <( *p~c/'e, fal. p~/b < */o/-
~b, soit donc un ital. comm. *p!) en rappelant, sans
plus, (jue la forme de la racine, au degré e/o. étant ici *pô,
e.-à-d. régulièrf'meut un ancien *pe/o~- (cf. gr. 7:&j.x,
v. lat. ~oc/&m~> lat. ci. /?ôeM/~?M, skr. p5~'Œ?M,etc.), un
présent, bâti sur le même modèle que. p. ex., le skr.
tisthati, lat.istit. (de *e-), soit donc un présent
*pi-pa3-e-ti, doit, normalement. aboutir à ~'< "p~e~'
par sonorisation du p intérieur au contact de 9,, phonème
essentiellement sonore, mais qui ne fait pas partie du groupe
des « sonantes » y, w, r, l, m, n, n'étant qu'une des
trois quasi-sonantes a, (palatale et sourde), (vélaire et
sourde), 9g (arriere-vélaire et sonore)' ces derniers pho-
nèmes, larvngàux tous trois, sont plus proches il en
est de même de la « sistante » s des occlusives que les
« sonantes » proprement dites.
Mais, dans le tome IV (1928) du ~oc~ Orjenta-
/M~/cmy, p. 2d8, le même savant polonais a cru pouvoir
rendre compte du prototype indo-européen du gr. :=[f]::
en posant à l'origine *oyiC~M~<M, alors qu'il faut, semble-
t-il, expliquer :=: d'une façon toute différente, v. La
ca/(~W!'e du duel dans les langues indo-européennes et
c~<z/M!<o-~c7K~yMM, p. 30, explication résumée ci-dessous,
pp. 42-43.
Phonétiquement parlant, il n'est pas impossible que
M. Jerzy Kurylowicz ait raison de penser qu'un 9~ (essen-
tiellement sonore, on l'a rappelé) pouvait, même après
avoir pris la fonction vocalique: a~, sonoriser en ~</ un
groupe k,t (sans doute par un intermédiaire k,d, étant

't. Le phénomènede sonorisationdû à Ngprouvebien, et définiti-


vement,que le phonème est identiqueau ('ain) du chamito-sémi-
tique ainsi que t'admettaitH. MôUer dès 1879.
2. P. ex. s est presqueaussi prèsde l'occlusivet que la spirante
9gpresqueaussi près de l'occlusivega(g sanskrit==y lat. g) que la
spirante~, etc., etc.
3. Comme y, w, r, l, m, n fonctionnantcommevoyelles,ce qu'on
note par t, u, r, t, ;7:,p.
40 A. CUNY
sourd, d sonore. En effet on pourrait citer, pour le prouver,
un exemple possible de sonorisation dans un tel cas, v.
ci-dessous. Mais, puisque de toute évidence on ne
peut pas donner de SyS: une explication qui ne convienne
pas en même temps à ?g5: (*~<~omo~),héracl. ~SS~
~j: v. sI. sedmû (*sebdmos), et puisque, la
(*~?<5</e?M-),
chose est sûre, ni « la voyelle )) (e/o), ni la sonante (M, pas
plus du reste que la sonante M?)n'avait les moyens de sono-
riser (bd) le groupe pt que présente le nom de nombre
cardinal *scp~' (lat. septem, gr. H:x, arm. e:u~ skr.
~a/)~c, etc.), il faut, nécessairement, trouver autre chose.
Voici pourtant le fait qui pourrait autoriser à croire
que, même vocalisé, c.-à-d. transformé en voyelle, 9, indo-
européen restait capable de sonoriser une occlusive immé-
diatement précédente. C'est encore le grec qui le fournit.
Karl Brugmann, dès la première édition de son <T?'M7ï<M
en avait eu l'intuition car il enseignait que, sûrement, il
existe un lien étymologique étroit entre pisxM « je fais
paître, je nourris » et le gr. ~M-u,skr. ~'2~/M-~etc. Cf.
mais de plus loin, gr. T:u. lituan. pëmMO.
Outre la racine *pc- « boire », le sanskrit (d'autres
langues aussi) présente au moins une seconde racine *p5-
(également issue de ~oo-), celle de ~)c-~M- cf. gr. T:M-u
(elle a la forme *p5y- dans T7=~ etc.). Comme la précé-
dente cette racine *pô- était l'aboutissement de *pa/09; (au-
degrés e et o). Quoi qu'en dise M. Sturtevant (.LaKyMa~
Vtl, p. i52), d'après M. Kupylowlcz (Symbola. jRo~M~a-
c~oM' i, p. 102), cette racine n'est pas la même que celle
du lat. ~5- dansjna~co, ~'oM:,pastunz, cf. pâstor et, sans
j élargissement mais avec un élargissement (7:x':M~.x'.)
got. etc. /c'<c?! « nourrir », au contraire avec s commeen
latin, hittite jocÂs-, r. dial., (~<z)p<xs-a~t prouidëre », lat.
~o~M. irl. ain-, messap. ~x'/o. etc. contre Walde~ s. u.
specio. 11y avait donc deux racines voisines de sens et de
forme *pô- et *p~-(rappelons encore que depuis longtemps
M. ~leiliet n'admet plus l'apophonie a o oM'~ peut
s'expliquer par *ox- cf. ~S-s~' de *'fKM-<K). Nousiaisse-
1. LehittitepoM-.lat. ps-s- n'adoncrien à faireavecla racine*pô-
COKTRtCUTtOX A LA PHONÉTIQUE COMPARKE 4t

rons *~M-de côté pour ne nous occuper que de /?*J-.


Or il est bien connu qu'il y a, en grec comme (;n indo-
iranien. un type de présent ibrmé directement sur la racinr
(au degré séro) au moyen du suffixe -.s'/i'e/o- ainsi skr.
~cc~a?7H de rac. ya~- (soit indo europ. *yw-A'6' de rac.
ypM! /M aboutissant en règle à skr. a), skr. y~ec~M~,
gT. ~xTY.f.~('M/M de rac. *~c??! ci'. dans sl~r.
~'H~<;7',gr. ~]6x-), autre présent grec ,3x~Mde *~y~yo ou
*o, cf. lat. MCM;,osque KLM-BENED (le latin !<p?!z'on'est
pas très régulier: on attendrait *MM!'o.cf. ~e~??:.
etc.), skr. ~c~~M! cf. v. h. all. e~coK « demander ».
racine *(c)M-, degré ~p/'o *is-, soit un présent *<o, etc.
Dans une formation de ce type, la racine de ~&j, etc.
soit *~o- <~ ~De/oSs-doit se présenter au degré zéro on
attend donc *pa~o au sing. t" ind. prés. (avec 93vocalisé
comme le m de '*g'em etc., cf. p. ex. le a: de S: (pre-
mier :), celui de ~-M~ ovs-~6: (I': intérieur), etc.
Mais, comme *p!~)a;j0 ~> ~o~agO, *pibô avec 93 consonne,
cette forme est peut-être devenue *o dès l'indo-euro-
péen
Si l'on admettait la suggestion, évidente semble-t-il, de
Karl Brugmann et la conclusion qui en ressort (a moins
d'influence analogique toujours possible), on aurait enfin
tranché la question de savoir comment il faut en réalité se
figurer la prononciation des sonantes-voyelles J, nz, y,
w voyelles, soit i, u. Pour 1 existence même de y
en en'et, elle ne saurait plus être mise en doute, v. J. Man-
sion, Acad. Royale de Belgique, Extrait des Bulletins de la
Classe des Lettres, S' série, XIV (i928), pp. 10-i2
H. Pedersen, Litteris, Y (1928). p. 156; et, pour les longues

de ~(B-'j.
pnyMA, etc.Il faudraitremonterjusqu'aumonosyllabeabsolu
*pe/o-pour ramener à l'unité les racines "pe/o?,-> *po-et *pe'os~-
> *pn-dontles sens sont, en effet,assezvoisins.
1. Le y de skr. p<!yMA et celuide *po</u(si l'on expliqueainsi le gr.
n'appartientpas à la racine. Dans xo'u.v au contrairey est un
7:M'j)
élargissement 'poy-men-~*pO!-mM (loi d'Osthoff).
2. Gr.~dcTXM, etc.Lesformesen -SoTTJ?
-SoTd;o'j/.oM';5!px, paraissent
plusanciennes et plus régulièresque cellesen -MM- qui sont ana)o-
giques.Unattendraitp. ex. *su-~tu~!);.au lieudu suoMTr,; attesté.
42 A.CUKY

correspondantes, Revue de p~on., t. Il (1912), p. 125.


Si en effet 33, même quand il était voyelle, sonorisait
une occlusive qui le précédait immédiatement, c'est que
l'attaque dés quasi-sonantes (en fonction, soit de voyelle,
soit de consonne) était consonantique. On est tenté d'en
conclure que y, y:, n débutaient en consonnes et finissaient
en voyelles, soit "M, et de même "'M.On sait
au reste, par le slave, que i en effet était plutôt ri et u,
plutôt "M,cf. par ex. les préverbes (Y)~- et (u)K~ Mais il
pouvait y avoir sur ce point des différences dialectales. Le
germanique, avec ses ur, u/, um, un, et l'italique, avec ses
or, ol, em, en font plutôt supposer l'inverse r~, ~?M,
Quant au grec, il présente pour les deux traitements
il a rr, Il (xp, <xX)à l'initiale et à la finale des mots (x:x-
~xp), mais (~:pxx: Mp<x6: etc.) à l'intérieur il
connait en outre quelques Incohérences, cf. p. ex. nn à
l'initiale (~Mwp. etc.) mais n dans -~MS:etc.) enun le N
de p:M.Met autres formes à initiale sonore pourrait être
analogique des cas où a~ était resté consonne
Si donc on s'en tenait à un point de vue strictement
phonétique et si on négligeait les possibilités d'analogie, on
pourrait admettre qu'un préindo-européen "'oAf~zco~ est
devenu "'oy;e~;jM?<M. Mais ce n'est pas seulement aux exi-
gences de la phonétique qu'il faut satisfaire il y a celles
de la morphologie et l'on a déjà dit que celle-ci réclame
une seu!e et même explication pour :Y5:=ç et ~S:
~ecf/KM.
Le prototype de c-)-S:s=,soit "oy~o~o~ est fait sur
*o~;(/o-M.doublet morphologique de *o~tC~lequel devait
exister parallèlement à*o~,<o,*o~o, *o~M? (skr. <M~c?<,
got. a/z<<2M à côté de gr. :xT:M, lat. oc<o, lituan, cs~Md-
lat. oc~!M<M<( *o~t<oto-o~pour le -w- v. maintenant H. Pe-
dersen, Litteris, I, lS2i, p. i4. C'est donc en dehors de

t On ne peut en effetse dissimulerque ce qui était *pot:(c.-à-d.


'pe~t:')à la 3esg.. devenait'p~-e/o~tt,c.-à-d.*63s-e/on.M
à la 3~plur.,
avec a~consonne.Le sanskritayant étendupa- à toutesles formes
(p6[):(:).un ne peut savoir s'il faut p. ex. restituer *p9j-mc(s)ou
*h-<c(s)à la 1"'pers.plur. Cf.pourtant-M-:d;.
(;nxTR)))UT)0~i,A r'nn~);T[nt'r; COMPARÉE ~3

toute influence de 3.,soit consonne, soit même voyelle qu'on


a '*o~,</o:fo~.
Mais ceci ne résout pas la question phonétique.
Le problème est net on a y, au lieu de -k,t- et, de
mcrne. -~< au lieu de (dans ;:c:'j. etc.). Études
prégrammaticales, pp. 5-6, on avait admis une alternance
< intéressant la consonne qui, dans les noms de
nombre 7 et 8 s'ajoute, sans intermédiaire, à la partie pro-
prement « radicale )' de ces mots (*M~- et *ok,-), cf. une
alternance analogue dans yM<xc~ $'M<X6~Mp~, ~Ma-
Q~ïM~, etc., à côté de quattuor, ~Mc~y, etc., zd. ccO~Ms
« 4 fois H, mais il existe une meilleure explication.
Car, si l'hypothèse de M. Kurylowicz répugne à la mor-
phologie, la nôtre était imparfaite en ce sens que l'alter-
nancc admise n'était pas fondée en raison, ce qu'elle est
aujourd'hui si l'on veut bien reconnaître ici une application
nouvelle de la « loi de Bartholomae ». Cette loi régit
l'indo-iranien, mais vu son étrangeté même, elle ne peut
être qu'un héritage de la plus haute antiquité indo-euro-
péenne*. Elle peut, on le sait: se formuler comme suit:
chaque fois que des circonstances morphologiques amènent
la rencontre immédiate d'une occlusive sonore aspirée
(M. dh, g,h, .) et d'une occlusive sourde, celle-ci étant
la seconde pratiquement il ne s'agit que de t (ou de s)
parce que presque tous les morphèmes suffixes commencent
par t (ou par s), l'occlusive sourde passe à la sonore aspirée
correspondante, tandis que la première sonore aspirée perd
son aspiration en vertu de la loi de Grassmann, loi
commune au sanskrit et au grec de deux aspirées qui se
suivent, immédiatement ou non, la première perd son aspi-
ration. De la sorte ~A t, dh + t, -)- -)- t sont
en indo-iranien *bhdh, *dltdh, *=~A, *ghdh, c'est-à-dire,
dans l'Inde ddh, clh ~>~A, gdh, exemples ~<zcfe%a-
« lié » (*M/!<~ -(- to-), racine *bhendh-, Ma'e~/Aa« noué »,
racine sanskrite Ka/<Mec~ « léché )) (*/M~a-),

t. ContreH. Hirt.Id.(/.Gr.. p. 307(ouvrageparu en 1927).L'auteur


appelleprogressifce que nous dirionsrégressif.
44 A.CUKy

<!e racine sanskrits reA-, r! (*Z?~ *Iig,h-) ~d~M?M


« tenir » de racine ~<x~-(*~e~ gr. ~M, etc.), forme inter-
médiaire *K!c~MMt),~M~cf~a- « attaché à » de racine
sanskrite ~e~ ~M! En réalité dans les groupes
M-+- ~-t-i', ~-+-<, ce dont il s'agit, c'est de ~j-
T' + A*"+ c'est-à-dire du concours d'anciennes fortes
emphatiques et non-emphatiques (qui suivent les premières
sans intermédiaire). L' « emphase», la sonorité et le souSIe
iaryngal se sont propagés dans le sens progressif, d'où
j~'r, r'r, A'r', *dlzdll, enfin 6~, ddh
et y~A (avec variété palatale *=~, d'où véd. ~). Ceci
avait déjà été noté Revuede phonétique, II, p. ~26.
Mais. ce qu'on aurait pu faire remarquer dès lors et ce
dont on s'est avisé depuis, c'est que, de même, les occlu-
sives sonores non <M/weM de l'indo-européen étant d'an-
ciennes emphatiques B', D', G' (avec des variétés dans la
gutturale), les groupes morphologiques qui seraient-S'-j-~
Z)'-)-<, 6"-)- t étaient devenus d'abord par progression de
F a emphaseBet de la sonorité, mais sans souffle fort, B'D',
Z~'D', G'D' d'où indo-europ. bd, dd, ~c~(et variété
d'où skr. ~), non pas A'~ (et variété ~) comme dans
la phonétique plus récente du grec, du latin, du sanskrit,
etc. De même aussi, puisque î~, A, P, spirantes sonores
emphatiques, aboutissent à indo-europ. b, d, g, dans le cas
de groupes r-)-~ -0–~ C- on devait avoir successi-
ment 1'D, A23, I'D, et enfin bd, dd, ~<~ (commeprécé-
demment). Si l'on admet' ce corollaire de la « loi de
Bartholomae », la dentale sonore intérieure, non seulement
d< mais de ~S:=p.s;,etc., se trouvera enfin et très
simplement expliquée, tandis qu'il était impossible d'ad-
mettre que *~e~~KON provint de ~ep~:o~ et *o~<M~ de
*o/t~o~ (cette forme à voyelle zéro entre t et w n'est du
reste attestée nulle part), met te n'étant que des sonantes.
Pour rendre compte, phonétiquement, de *o~t~o~-o~ on
partira donc de *oG*Dotp-<M, issu lui-même de *oG'ifOM!<M
(avec *oG'-ou *or-: opposer à *o/r-,dans :x-M,etc., et même
dans skr. ~p~ « 80 » pour lequel il faut sans doute supposer
*o/ puisque, peut-être, *o~t~~ eut abouti à *o~~3~
CO~'TKtnUTfOX A LA PHO\ÉTtn[;E COMP.\nÉE i.5

skr. *<z/7'). Et de même on verra dans


*.9eM(c/o)M!<M,
plutôt qu'un ancien *.y6'Z~'Z?'(i?.~)M!0~. un ancien *~FD(e,'o)-
mos, régulièrement assimile de *.yeï~-)-<'(c/o)?7!o~ et compor-
tant le même -~e/o)~ que le n. de n. cardinal *(skr.
~a/?~, gr. s~-x, iat. ~<?/J'/e?M,etc., abstrait après coup de
l'ordinal *sep(t)emos' compris comme étant *e~)(~)~-o~ ce

qu'est en réalité *o~;cfoM:<M fait sur *oy,</6't6- Quant à la


raison de l'alternance première G, V, elle échappe natu-
rellement à nos investigations.
Si le 6 de *9e<~(P/o)~!<M est un ancien mieux un
ancien V, le p de "~o~ (prégerman. *~pp~')~ ne peut
avoir comme origine ni ni *P'qui se seraient assimilé la
dentale suivante (on aurait alors *~<~y! et prégerm.

*7!) ni *P' qui aurait exercé la même action (on aurait


alors *~A<~y: p. ex. indo-iran. *~<2~~a il remonte néces-
sairement à la douce simple *b de l'indo-sémitique. En der-
nière analyse *y~o -t-(~ équivaut à *K!~c-(-(<~<x)-/Ka, cf.
le sémit. *saba-(') dont le b pourrait lui aussi être issu de
*b, mais qui, à cause du chamitique ancien l'est

1. -<e/omo-. -tmo- est le morphème du « supertatif)) intimus, ulti-


mus, etc.. skr. AstamdA.
2. Il est difficile de retrouver la valeur sémantique de -<o (devenu
ou non -e!o). En tout cas ici le -t- ne doit pas être le même que celui
de *sep(<)m', v. la note précédente.
3. Le germanique a sans doute d'abord dit *sep~ds « 7me '», cf.
stfmnius, etc. (à côté de intimus, etc.), d'où. chez lui, *MjO)7:(-abstrait
de 'Mpmos mal coupé, entendu comme étant "Mpm-os, cf. "Mp~os
entendu comme étant "sepfM-os alors qu'il est en réalité *sep-tmos, v.
ci-dessus.
4. En ce qui concerne le final, c'était, comme te du sémit.
*sa&s-['-] un aspect de la consonne alternant avec le d < tel qu'on
l'avait dans le nom de numéro « 4 (v. ëgypt. f-d < *d~), savoir la
spirante sourde *x' aiternant aussi avec la spirante emphatique
sonore *r; et avec l'occlusive douce g; (v. ëgypt. d serait k, en indo-
européen). Dans les Etudes prégr. chap. H, on a conjecturé que le f
du v. ëgypt. s' et aussi du v. ëgypt. f était un ancien *F* ceci à
cause de *'<!f&n'- <:4 en sémitique et cette correction à la phonétique
de H. Môi)cr apparait de plus en plus nécessaire. Mais la conception
morphologique de ces mots resterait la même si l'on posait *P', *f
et *Saboutissant à v. ëgypt. y, car f et S (et aussi F et V) alternaient
les uns avec les autres à l'origine toutefois l'hypothèse serait haute-
ment improbable à côté de "P' > f.
46 A.CUKT
plutôt de *P' originaire. En résumé, en ce qui concerne le
nom de nombre « 7 »
1. l'hypothèse *saba est sûre pour l'indo-européen,
possible mais improbable pour le sémitique
2. l'hypothèse *~cFû:– est possible pour l'indo-euro-
péenne (réelle ailleurs ') impossible pour le sémitique
[3. l'hypothèse *saB'a n'est qu'une possibilité sans
réalité sur aucun des deux domaines]
4. l'hypothèse *~P'a– est sûre pour le vieil égyptien
et doit être adoptée pour le sémitique mais, en revanche,
elle est sans réalité en indo-européen, car got. (germani-
que) sibun s'explique sûrement par un ancien *;Mpy/
(non *Ne~7/-<-).
Il convient de tirer des considérations qui précèdent une
conclusion particulière pour le chamito-sémitique. Etant
donné que, pour la spirante sonore emphatique, soit *V
originaire, l'aboutissant phonétique était en sémitique et
qu'on doit également regarder ce traitement comme berbère
et vieil égyptien, il devient inutile pour le berbère zénaga
Msa, chilhe sa « 7 », mzabit saa, i'ém. saat, soit donc
berb. comm. *~<?'(c),fém.*~<x'(c)<,de recourir à cause
du manque apparent de l'élément labial de sém.
*yG~a' à un phénomène d'ordre psychologique (Ignorie-
rung). En effet, l'élément labial est bien représenté dans le
mot ~o'(c) qui peut, et doit, être expliqué par une forme
préchamitlque*~s~e-['-],
ci. le présémitique *G-['-] et aussi, p. ex. *oA<z~- dont
le A aboutit à dans berb. (Bougie) a-ka'b Krenard », v.
Études ~rc~ p H7\ Que l'on parte d'un type *~c~c-)"c
ou d'un type *~aFc-'o: (cf. le sémitique), l'évolution nor-
male amenait ici, indistinctement dans les deux cas,
` devaient nécessairement se
*.Mo-'(c:), et les deux
confondre.
Pour la même raison phonétique on reconnaîtra aujour-
d'hui que l'amharique arat '<4 » (contre tigrina 'Œ~a'i'-g

1. Voirci-dessous.
2. Aplus [brteraison un I' originaireaboutiru.H-U
ù
COXTRtnUTfOK A LA PHOKËT'Qt'K COMPARÉ): 1-7

et mehri /a<<r<5~doit sans aucun doute s'expliquer


comme étant issu d'un chamito-semitique *'arFcz'<
cf. chamito-sémitique *'a/'P'a'
soit donc alternance de deux emphatiques dans le mot,
1 une spirante douce, l'autre occlusive forte. Dans le premier
t\'pe, V, aboutissant à en sémitique comme en berbère,
n'était qu'un autre aspect de la labiale de a~a' soit, en
sémitique dialectal, *'ar'a' Dansccs conditions, le premier
devait disparaître dissimilé par le second et le second, se
fondre dans l'a long comme cela s'est produit dans le
mehri ~a~. Soit donc ici une double correction aux Études
~eyraM~c~cc/M, dont acte.
Par une avantageuse compensation, cette façon nouvelle
de concevoir le passé du berb. *sa'- « 7 » et de l'amharique
c~ « 4 » vient à l'appui de lâ théorie qui, dans la seconde
partie de *fa~M'a-, *{- 7? )) » reconnaîtle *c~ qui
signifiait « "à l'origine, *~<z-étant, v. Ét. prégr.,
pp. 469-472, une notation de « 3 ». En effet on a dans « 7 »,
en berbère, et dans « 4 », en amharique, le même V(au
lieu de *P') originaire.
C'est parce que le de ces deux mots atteste un ancien
V pour le chamito-sémitique (et la chose est sûre) qu'il
faut voir, dans le de l'indo-europ. *M~</(e/o)m<M, non pas
un "~?\ mais un *)~ originaire. De la sorte, le nombre des
alternances se trouve réduit au strict minimum, savoir
trois aspects seulement pour les noms de nombre « 4 » et
« )), ce qui est peu pour un domaine aussi vaste que le
chamito-sémitique doublé de l'indo-européen *.P'c~=~
Aussi, malgré les protestations de M. H. Pedersen, Lit-
~M, I, 1924, p 11, n. 1, n'a-t-on pas hésité à maintenir la
théorie des alternances telle (ou à peu près) que l'enseignait
H. Môlier.

Revenons à l'indo-européen c'est non seulement


*oy,</OM;<M
(<( *o<?<OM?o~)
et *~</(e/o)??M~(<~*~eF~[e/o]?7!o~)

4. D'oùsémit.*'<!r6a't(tigrina 'ar6g'(-ë,cf.mehri 7'6<:t,


etc.); cf.
Ét. prégr., pp.8R-8S.
48 A.CUKY

qui s'expliquent comme, par exemple, M~c~a- « tissé Mde


*M~A-)- to- c.-à-d. *M/ -+-to-, par propagation progressive
de l' « emphase » et de la sonorité propres aux anciennes
emphatiques, spirantes ou non F, A, r, B', D', G' F,
A'; 7' Z", ~La chose est vraie aussi d'une quantité
d'autres mots comportant des sonantes intérieures, lesquelles
étant toujours sonores, doivent, en conséquence, être issues
d'anciennes emphatiques ~f, N, ~Ï, L, Y, [à côté des-
quelles il y avait sans doute des m, n, r, y, w non
emphatiques, comme dans les parlers arabes actuels, v.
Ét. ~e~'ŒM!??! p. i58 et n. 2]. Cette induction nous a été
suggérée par l'étymologie suivante dont l'évidence s'impose.
Outre les deux exemples connus et sûrs de la correspon-
dance sémit. comm. ~=v. égypt. savoir h-m-n-w « 8 »,
ar. class. ~c'~SM! hébr. s~07ïg(~), etc. et ~-?K-r
« enfermer )). hébr. s5?H< « il garda », s'~KK~o~« pau-
pières », syr. <smr-Œ« paupière », ar. class. ~<x?M<27~M"
« prépuce )) il en existe un troisième, également certain.
C'est le v. égypt. « ouvrir ».
Ce mot serait, sous forme de sémit. comm., *~c/):"<~cf.,
avec /<au lieu de en troisième radicale ar. class. /Œ7:c:
(ce qui atteste; indirectement au moins, */e!<'<~ vu les
possibilités d'alternance). La « base )) bilitère de cette
a racine » est non seulement chamito-sémitique, mais indo-
européenne. H y a sans doute alternance ou '!=~ dans
la consonne de l'élargissement, mais il parait, actuellement,
inutile d'en postuler également une (i'=-) dans la « base »
bilitère pour rendre compte du d que présente l'indo-euro-
péen occidental (germanique et italique) dans *<?/o- (à
la fois nominal et verbal): lat. p<x?~<5,supin ~a~M~ qui
sert de causatif àjw~eo', lat.~c/M~ « recourbé B Ov.,

Onremarqueraque,commele thème ~<'pf-<*(fc'ppa!o- cf.ar.


f
'inss. «Q/nnu chaud x Et. pM<~)'p. 314, n. d, le themppate-
pourraitcontinuerun indo-europ.*p°~-qui répondraitdirectement
d'un « Utemp et d'une « racine», cecisui-
:m Y.ecypt..<'ëqtUY<t)encp
vantic?hms-ues). S:tns douteon attendr.tit*p- mais cf.ar. ctnss.
semble postuler ptutô)que Tandisque
;'nn/'odont )(-Yucatisme
/cn(-continue'ieppc~ pn~-est issu de *p" oric' *~<!ppa!*pa~<?:
Cc'eimontre).' tonneqatlala attestéeen Indo-européen.
COXTH)[iL'T)OK A LA PHO~'ETtQL'H COMPARÉE ~9
« déjeté a Vitr../'6~«Kf/M.s' épanoui » (d'un lis. S' Jérôme),
germ. comm. thème v.norr. /f/ Car, de menu'
que dans le cas de cf. encore « obscu-
rité », serbo-croate (v. rag. ~!0~ « dénis-rare » à côté de
'< (rac. G,-nebh- et nebh-), !p!-Y2:'jT:: avec *G- à côté de
x~u~3:, avec A- préfixe', la dentale sonore de *ïf/e/o- est
sans doute le résultat d'une assimilation progressive
thème orig. *~<x-/V-/«2- (avec infixation nasale au degré -re?'o
et N emphatique), d'où, par propagation (progressive) de
l' « emphase » et de la sonorité *psA'a- qui, régulière-
ment, devait aboutir
à indo-europ. *f/e/o-. car on a vu,
Z~r~ p. 102. que *A originaire est normalement d en
indo-européen. Comme la sonore de~y~o, celle dcp~?!
opp. ~a.r, ~acM, etc.), celle de p:'?!~ (opposer skr.
~!p<ii'~ etc.), celle de (i7!p.6s' (opposer v. si. s~?K/)a~'°),
celle de g-/?!MK~, e-?MMM.r!, etc. (opposer M~CM~), celle de
~cM~(~c: ?/ etc. seraient analogiques, T/xX~r,
scindula Vitr. étant réguliers, opposer vha. sceidan, de

germ. comm. ~/t'~a~(a/!), thème W)'C!<), la seconde


dentale sonore de *~e/ (gr. S~xx. SE'x~) assimilé de
*f/eA',J/ (opposer skr. a~a~ refait à date récente),
seraient expliqués du coup. Zimmer avait bien vu, dit
M. Hirt. que la nasale est pour quelque chose dans le phé-
nomène, mais son explication, ajoute-t-il, était « insuffi-
sante ». C'est qu'en effet il s'agit ici, non seulement deJ/,
.V, mais aussi de R, L et même de Y, C'est en suppo-
sant Y que par ex. on expliquerait <r:e::e' (comme fy~cs~
't. Le gr. Tur:M, T'Jjj-~Mov.etc. gara.ni.it qu'il s'agit bien dans ces
mots d'une racine *<e/o:<p-,*tt;p-. 'G-tOKpos devait rëeuHerement abou-
tir a -Yoo'j~o;et *<t<po.s à x-:u~o; ëga]ement bien atteste. AoB~o;est une
forme analogique d'apt'èsie-Yoouno; du composé. On attendrait *ToS~o;.
2. s<pmp<:<:est pour 'stpm&at! comme skr. pipate à côté de l'ancien
pibati. Ce sont des formes analogiques comme lat. rMntpe?'6au lieu de
*rtfn!6crc (parfait rBp~ sup. ruptum dans tous les cas) le got. raifp-
jan, russe )'MÙ:<'« hacken » sont analogiques en sens inverse. De
même on a skr. chinddmi au lieu de 'c/tMMtm: tandis que chindcinti
(et le présent lat. se~o en entier) est régulier, *s/H'.Y<-e/o~!aboutis-
sant régulièrement à *sA't'A'/)e/o~<: (cf. tat. sc~nf/Mn!),
3. Pour cf. déjà DonMm Ka;~ah'c:'M?nScA!Ke)~ 1929. p. 3').
Xous préférons actuellement cette explication à celle donnée Revue de
phonétique (~'12), t. It, p. -130.
d
50 A. CUKY

ci-dessus, soit *~eJ~?- assimilé de *e-Fp-), et, qu'on ren-


drait compte de got. tailms c.-àd. "e~o~-HM,cf. lat. dig-
itus, prodigium; cette forme serait issue de *jOoF<?t-A~-
ordonné d'un bout à l'autre suivant l' « emphase » (opposer
5s:x~u~ ~t<"ere,vlia. -.s~GM,etc.), de même, au degré zéro,
dig-de *j07C= D F6'- Plus sûrement, encore on reconna!-
tra le même fait dans le v. si. ~"Mc~M« dur K en face de
lituan. ~~<as (même sens) et v sI. ~yc~M « bélier », r.
~dror « sanglier, taureau », opposer lituan. jD<z~-s<M, lat.
porcus, irl. orc, vlia. /c;~a~ (mais aussi v. sl. ~orcsg).Car
<u/*M</M continuerait un ancien *~M?.~Z)o- assimilé de *~J~d-
(d'ou indo-europ. *<~d-), tandis que ~<c~ représenterait
un ancien *<tc/-<ds (avec y non emphatique) resté tel quel.
et de même pour d'autres racines terminées par des
sonantes (~, m, y, M?),d'où l'éclosion du doublet morpho-
logique to-: -do- utilisé en italique, p. ex. pour distin-
guer les participes passés passifs des adjectifs. Semblable-
ment encore, le v. si. ~ys~M(si. comm. *~or.~M)serait issu
d'un indo-europ. *~o~]0-, exactement *poRG,o-, lui-même
assimilé de *~o~M;tO-,tandis que *po~o-, avec non
emphatique, aurait survécu dans la plupart des langues
(lituan. ~c7-s<M,lat. porcus, etc. et même v. sI. ~<M-e
au sens de « pourceau »).
[Cf. encore v. sI. pc~ « faire attention » qui ne contre-
dit pas à la règle. En effet, la racine *~e~- (skr. ~ap-yc~
cf. lat. ~pec-:û, etc.) était devenue, par infixation de 9~
emphatique et sonore (pour ce genre d'infixation, v..E~MC~
prégr., pp. 329-330) *pe-a;j- d'ou, par propagation méca-
nique de l'emphase et de la sonorité, *~09; puis ~Do~i~
v. sl./xzr-].
C'est ainsi qu'une légère nuance de prononciation dans la
sonante (« emphase Mou « non emphase ») aurait eu les
conséquences que l'on sait et expliquerait toutes les alter-
nances de sourde à sonore que l'on relève à la {in des
racines indo-européennes qui comportent une sonante.
Mais l'analogie a le plus souvent fait disparaître les anoma-

4. Cf.pourd'autresexemplesHirl,J~. Gr.I. p. 2')8.


COXTRtnUTtOX A LA PHONÉTIQUE COMPAREE: ~1
lies réalisées de la sorte. C'est ainsi
qu'elle semble avoir
effacé, en sanskrit, les effets de la loi qui, suivant Bartho-
lomae. régissait aussi le cas dcM-r-y~-t-.y, etc. abou-
tissant à etc. (ajoutons <r- ~-f- etc.
aboutissant à <5~ etc. car, par exemple, de la racine
*<5:rAe- (qui vaut sûrement *e-) le sanskrit n'a que ~a-
(3" sing. etc. '). Il est pourtant vrai de dire que
lui aussi aboutit à ks en sanskrit proprement dit, v. Revue
de ~/to~ t. IV, 1917; p. 119. Pour~A?~>/M. le processus
pourrait donc aussi être phonétique, et non analogique.
Quoi qu'il en soit, s revient, aussitôt qu'il le peut, à son
caractère primitivement sourd en indo-européen, sauf quand
il est tenu en laisse par une « occlusive » qui le suit immé-
diatement, ainsi ~e~< «~c~e », issu d'un ~o/~a~Z)- origi-
naire. c'est-à-dire, au degré ~e~o *~ZZ)- soit indo-europ.
*~< dans v. si. ~f~-e~ gr. ~5-s~, ~-sXu=: pS-EA~s~,
etc. grec commun (thème) *~os(y)s/o-, opposer *perd-
de ~o/~aZcDa (autre graphie de ~as<2</<x ou *6c~<z~a, v. la
note ci-dessous), *p/ au degré zéro (avec R voyelle
emphatique, tandis que, p. ex. dans *~e/*<- « couper »,
3 sg. pr. act. ind. skr. /i'na~'(*e-(-~), 3 pl. même

-t. Comme le gr. ~T;, etc. vaut en réalité pŒ~<csr,[, etc. on


voit que l'ancienne emphatique *P' devenue *6A, puis o en grec (ph)
subsistait en une certaine mesure et que a avait sans doute ici une
valeur particulière (encore emphatique?), cf. la valeur particulière
(sourdes douces) de ?. y dans les groupes a6, ~9 (d'après une observa-
tion faite par M. A. Meiliet, La Parole, -t901, n" 8).
'2. Le indo-européen étant ici un ancien *Z, emphatique et sonore,
(soit J), on voit que ce phonème fréquent en sémitique commun (cf.,
p. ex., ar. class. Mrra « il prit un éclat de pierre pour en faire un
couteau », etc.) existait également en préindo-européen. Toutefois, le
*Z originaire était d à l'initiale indo-européenne (gr. Sej:-<u,got. tair-
an, etc.) et r à l'intérieur des mots. Quand donc M. Hirt, Jd~. Gr., 1,
p. 158, en note, rapproche, à la suite de M. H. Pedersen, les deux
« bases x *pe?'ed- et *pesed-, sans conviction du reste, il a plus raison
qu'il ne le croit. Pour les ramener à l'unité, il suffit en effet de partir
de *bazaD(a) (ou *pazaD[a]) d'une part ceci aboutit régulièrement a
indo-europ. *pMed' d'où *pMd->*pMQ'-(avec chute du second e), et
*6x6f-(avec chute des deux e) et de *6<t:sD<!(*pŒaDa) d'autre part,
d'où 'pere~ avec chute du second e, *perd-, et avec chute des deux
e, *prd- (ici naturellement R et R étaient emphatiques). La légère
nuance de prononciation qui existait entre et a donc amené la
création du doublet 'pesd-, "percf-.
821-) A.CUK~'

temps "T~e/oy~t, skr. /cm~K~' « ils coupent », verbal


A' skr. (indo-europ. *<d-), le r (comme le de
*er< c'est le -t final de la racine qui l'indique) n'était pas
emphatique.
Tout ceci montre que les phénomènes appelés <: emphase»
« non emphase )) avaient anciennement en indo-européen
une très grande importance.

CONCLUSION.

On ne saurait, si l'on veut être juste, clore ces quelques


remarques de phonétique historique sans exprimer le senti-
ment d'admiration qu'on éprouve à l'étude du système pho-
nétique reconstitué par Hermann Mûller pour l'idiome
antérieur à l'Indo-européen (au hittite) et au chamito-
sémitique. On a déjà dit, Z~MC~jor~*CMMyïe;~cc! p. xv,
que c'est uniquement sur un ou deux points que ce sys-
tème appelle une correction. Si donc, v. Litteris, 1 (1924),
p. 11, n. 1, M. Holger Pedersen peut écrire: « Il ne me
paraît pas que la phonétique comparative des deux familles
ait fait beaucoup de progrès depuis le premier livre de
H. Môlier (6'7.. 1906), c'est que l'auteur était, presque c[
du premier coup, arrivé à la perfection. Et cependant,
l'exposé qu'il en a donné en 1911 (Fer~7. H') était infi-
niment plus clair et mieux ordonné que ceux de 1906 et de
1909 (Glossarium). De même que Sophus Bugge dans
d'autres questions, mais avec plus de sûreté dans le coup
d'oeil, il faut bien dire que H. Mulier avait, en linguis-
tique, un don merveilleux de divination. » Quant à M. H.
Pedersen, bien qu'il ait été toujours partisan de la théorie
qui apparente les langues indo-européennes et les langues
chamito-sémitiques. il ne croyait pas tout d'abord que, pour
des périodes aussi reculées que celle où nous transporte la
comparaison des deux groupes cités, il fût possible de
reconstituer une phonétique régulière et, sans doute, il en
faisait volontiers son deuil, de même qu'il ne tenait pas
essentiellement (v. L~e/'M, 1: p. 11) à ce qu'on retrouvât
entre les deux familles de langues, ne fut-ce que les débris
CO~TRtBL'DOX A LA PHOXËTfnL'E COMPARÉE 53

d'une morphologie commune. La situation, fort heureuse-


ment, s'est révélée, à l'un et il l'autre point de vue', meil-
ieure qu'il ne le pensait on a même pu aller au delà dp la
morphologie rudimentaire qui ressort de l'analyse des
thèmes Met des « racines )), v. La C'o/'z'e du <<e/
1930. Dans ces conditions M. II. Pedersen se montrera
peut être plus indulgent qu'il ne l'a fait, pour la théorie des
« alternances consonantiques ». Cette théorie en effet sauve
le principe de la constance des lois phonétiques tout en y
introduisant un peu de jeu. La question n'est pas du reste
de savoir si nous pourrons un jour ou l'autre retrouver
toutes les règles qui présidaient à ces alternances. Que la
langue, à un certain moment (il ne s'agit ici que de phoné-
tique) ait été ou non comme.le supposent les p/*<~y.,
p. i03 (n. à la p. 102), dans un état « chaotique », plus
tard en tout cas, mais avant l'individualisation du chamito-
sémitique et de l'indo-européen (ou de l'indo-hittite si l'on
admet les vues de M. Sturtevant), si elle n'était pas encore
arrivée à se donner partout des phonèmes arrêtés et nets
comme p. ex. ceux du sémitique, etc. ceux surtout de
l'indo-européen, du moins, à la suite de la fixation des
« archiphonèmes » résultant dès lors du groupement:
autour d'un point d'articulation, des différents 7~0~ pos-
sibles de cette articulation, elle avait étabi! chez elle un
minimum d'ordre. Le point d'articulation étant ferme, le
mode seul. encore flottant, elle disposait, par ex., autour du
point d'articulation labial, de la série ~)'=P'=- ~:y
-F–-r~J7(:7<). phénomène complexe réeUement
observé par M. Sievers, pour l'articulation gutturale, dans
la langue d'un Papou'.
A.Cu~Y.

't. Et c'était nécessaire,cf. les principesposéspar M. A. Meillet


dans sonarticlede Scientia.vol.XV(t9'i4),Leproblèmedela parenté
des langues,article reproduitdans t'ouvrace Linguistiquehistorique
générale,v. en particulierles pp. 90-9'i.
et ~)t<j'!<ts<:<j'
'ï. Termeproposédans le premier cahierdes EtMdas du Cerclede
Prague.
3. G<ind:!<6'c* (t893).p. 2~9. Le sujet employait,indifféremment,
ies 5 Modesd'articulationsuivants J;,g, Y, A.E.
LA RACINE AIS EN ITALIE

ESSAIDEGÉOGRAPHIE
LINGUISTIQUE
ITALIQUE
LEXICOLOGIQUE

Il y a quelques années, dans une étude que j'ai publiée


dans le A~o/)~o/o~M~ YIH, p. 223, etc., j'ai tracé quelques
isoglosses sur le sol de l'Italie antique, pour pouvoir mieux
déterminer quelle était originairement la frontière du terrain
occupé par les Latins, et il est clair qu'à cet effet, la ligne
~)/yM(pM/yMM) qui trace les limites de la représentation de
l'explosive labiovélaire indo-européenne m'a rendu les plus
grands services. La carte démontre clairement le fait dont
parle M. Meillet dans son Esquisse d'une AM~we de la
langue ~c~'Me queles domaines où se parlait le latin
seraient les restes d'une ancienne invasion de sujets de
langue « italique s réduits à peu de chose par une large
vague osco-ombrienne(p. 74). En effet, dans une. période
préhistorique, la culture latine a été refoulée par la culture
osque, qui non seulement s'est emparée du pays des Sahins,
mais qui, au témoignage de la ligne -(~M/ro/rM~o) a
pénétré dans le Latium même et ne s'est arrêtée qu'à une
distance d'environ 20 kilomètres de la mer. D'autre part,
l'isoglosse /7~(/6'6o/~<~c) prouve à l'évidence l'influence
phonétique de l'Etrurie sur les dialectes voisins comme cela
a été tout récemment relevé par M. Terracini dans son
étude <S*M
Su. alcune
a/CM?M fra etrzcsco
conyruenre /b?:e~c~e/?'c
co~~Me~rc fo~zetic7ze e~M~co e !x~co,
italico,
~M~M~cA~III; p. 216. Dans ce procès les Falisques
ont été les intermédiaires. Comme un des résultats les -plus
précieux de cette étude, je considère le fait acquis que le
sabin et d'autres dialectes du groupe sabellique faisaient
originairement partie du groupe latin, et qu'il n'y a pas de
raison pour considérer le falisque comme plus proche parent
du latin que d'autres dialectes.
LA RACINE AIS EX ITALIE 55

Par cette étude je crois aussi avoir démontre que la


géographie linguistique n'est pas impraticable même quand il
s'agit de l'examen approfondi des dialectes italiques où tant
de ressources nous manquent, que met à notre disposition la
dialectologie grecque, sans même vouloir parler des ques-
tionnaires commodes qui nous renseignent sur les dialectes
modernes. Toutes ces dimcultés. je les ai largement discutées
dans l'article susdit, p. 22~ et je crois que M. Debrunner
parait les avoir légèrement exagérées (I. F., XLVIL p. 87).
Tout récemment. M" Erica Kretschmer a rappelé l'attention
sur ces faits, par sa belle étude .Ce~e .'M?' H o~~co-
yr~c~M der altgriechischen Dialekte, dans la Glotta,
XVm, p. 67, etc.
Je présente ici un essai de géographie linguistique lexico-
logique d'un des peuples classiques dans le sens le plus strict
du mot. Je tacherai donc de signaler et de noter graphique-
ment les différentes formes locales servant à exprimer une
même signification dans les dialectes italiques, de façon
qu'elles présentent un tout, tant local que temporel. Et l'on
verra clairement les différentes aires géographiques occupées
par de certaines formes.
Mais voici que des restrictions s'imposent, impérieuse-
ment, de par la nature de la matière traitée. Les belles
cartes des atlas linguistiques de Gilliéron ou de Jud et
Jaberg, avec leurs émergences et résidus de formations
anciennes, leurs fovers et leurs centres d'expansion, leurs
manifestations de luttes, de reculs et de voyages de mots,
ces cartes, dis-je, sont pour le linguiste classique, irréali-
sables. On le sait il ne s'agit pas seulement de formes
dialectales différentes souvent les aires linguistiques lexi-
cologiques supposent une différenciation culturelle qui
plonge ses racines dans l'antithèse entre langue de civilisa-
tion et langue populaire, entre langue commune et langues
spéciales, et ainsi de suite. Il est dommage surtout que les
auteurs anciens ne nous aient pas conservé plus d'expres-
sions populaires. Peut-on s'imaginer que les peuples itali-
ques n'avaient pour dénommer le papillon que le mot ~M~
lio Pour la seule province du Limbourg hollandais, je n'ai
56 JOS. SCHRIJNEN

pas trouvé moins de 13 noms populaires qui se croisent,


s'enchevêtrent, mais aussi s'éclairent réciproquement voir
De Beiaard, 1917,1, p. 26 (avec une carte coloriée).
Ce qui nous manque surtout, c'est une continuité d'aire
géographique tant soit peu considérable. Le loup s'appelait
/M~OM~ chez les Romains et les Sabins (voir mon article Silva
lupus m Sabina, Streitberg-Festgabe, p. 338) et A:~pM~
chez les Sabins: c'est-à-dire l'animal rude, hérissé; mais
c'est là que s'arrête notre savoir. Correspondant au lat.
pecMM:'cnous trouvons en osque la forme eituam, de même
que chez les Marrucins, et en face du latin res l'osque connaît
la forme ey~o, cf. gr. ~p~x, probablement un emprunt de
signification, comme cela a été suggéré par M. Kretschmer,
Glotta, X, p. 157. C'est peu de chose. Dans le Latium
même, il doit y avoir eu pas mal d'isoglosses. Ainsi les
Prénestins appelaient nefrones ce que les Romains appe-
laient <e~'eM~'et les habitants de Lanuvium Mp~'M~fA'MM.
En vue d'un essai de linguistique géographique lexicogra-
phique, de pareilles données sont bien trop fragmentaires.
Le thème aiso- me paraît donner de meilleures chances.
La racine ais signifiait « dieu, chose sacrée, sacrifice », etc.
elle se trouve dans une partie notable de l'Italie. Posons la
question nettement: l'idée de « divin » est exprimée dans une
partie considérable de l'Italie par les thèmes CM'o-,~c:
A'fM/M~o-, e~< etc. dans d'autres, le thème aiso-
manque. II manque dans les sources littéraires et épigra-
phiques que nous avons à notre disposition, tantôt abon-
dantes tantôt rares, mais cependant suffisantes. Ce manque
me paraît éloquent et je crois que l'inventaire linguistique
rédigé cartographiquement pourra nous conduire à des
conclusions importantes. Pour l'usage de la carte je fais
remarquer que pour faciliter la comparaison des territoires
j'ai ajouté la ligne ~?<, et que je me suis servi des abré-
viations suivantes
L Z.o'<M?!' F Falisci S Sabinz –Yt FM~
M /Vo~;<C!/M P Paeligni M Marsi H .Se?'/M'C~
Aq: A~M! V: rb&C/– A: ~.M?'M/!C!.
La racine ais ne se rencontre pas dans le Latium. Le lat.
LA RAO~E AIS E~ ITAIJE STI

cc.y/) ne la contient ~uère, car il se compose du substantif


aes « airain plus /c???-'3(de Saussure, .Vc/r<~yM Ilavet,
p. K)8) ou quelque autre élément: c'est un dénominatif qui
date de l'époque où la propriété en bétail était évaluée en
espèces sonnan tes, aes /'M</ed'abord, ac~up (as /<7/M)
ensuite. Le rapprochement avec g'r. x~t. « *2'!B-t),
« avoir (le la pudeur, de la honte, vénérer », et x~ht.:
« honte skr. ~c (<(*/rf/c) « je vénère », got. ŒM~M
« vénérer », vha. éra « honneur », etc., n'est plus en faveur
d'ailleurs on ne voit pas clairement si et comment ces formes
elles-mêmes sont apparentées entre elles. Ainsi par exemple
M. Feist, Et. PFJ~<?~. der got. Sprache, p. dS, en retranche
xlcsp.xt.et x'~M.: voir aussi l'article très prudent sur la forme
néerl. ec?' dans Franck-van Wijk. Par contre il est bien sùr
qu'à la racine ais appartient le gr. ~=: < *xs:: < ~xs:
voyez surtout l'article de M. Kretschmer, Glotta, XI,
p. 280. qui croit que cette forme dérive de <XM<~<M, eiseros
comme formation proportionnelle à raison de eiseros Ma-
ros « robuste », cfr. Schrijnen, De Z<x/(/?Mc~e ~eM~e/m<y.
van de o-stammen, dans les ~ec~e~ee/. der /i'o?M?!/)' Aka-
demie u. ~'e<e7?~cA., Dl. 67 (1929), p. 103, ainsi que la
forme italique dialectale !?!M6?*c « messalia[I. e. mensalia]
au~uria N P. F., 378, Th. P. Est-ce un composé? demande
M. Ernout..E7p~. Dial., p. 92. Je crois que oui. Il faut
couper u<?~?ï-Me?'c,c'est-à-dire ver-n « mensualis » avec le
suffixe voir Herbig, ~ez/ïaMa~p~!MA'. A'a~eM~/eMA.,
p. 31 Trombetti, 6'<x~o di antica onomastica ~e~o-
nea, dans l'u .rc G~aKG~M starinu, III, p. 88. 89, cfr.
le préhell. CMW dans x~sL?-~ « .26xtp: y.K~~L=t.
Ku~pt. » Hesych. Le second élément repose, ainsi que le
gr. *'tTn: sur le thème iser, élargissement avec le suffixe
alarodien bien connu -r- (voir Trombetti, A, p. 82
et la littérature y indiquée) de la racine M, qui n'est pas sans
rapport avec notre racine ais.
Les faits latins du Latium sont clairs et ne présentent
aucune dimculté. Il n'en est pas tout à fait de même pour
les Falisques. Comme je l'ai dit dans mon étude /i's/Mc~e
Dialektgeographie, dans le A'ec~~Vo/o~M~ 1. 1., le falisque
38 JOS. SCHR<JKE?;

était un dialecte latin autonome, tout aussi bien que le sabin,


le marse, le pélignien, etc. et il n'y a aucune raison pour le
considérer comme étant plus étroitement lié avec le latin
proprement dit on devrait donc s'abstenir de parler d'un
groupe « latin-falisque », péché que j'ai commis moi-même
dans la première édition de mon manuel. Les Falisques
étaient même plus spécialement apparentés aux Sabins,
comme cela résulte notamment de leur culte commun de la
Juno Quiritis et de ~e?'OKK!,et du Dis ~S'o/'c~M~. Les Falis-
ques se trouvaient, surtout depuis leur soumission en 241,
en contact immédiat avec la culture romaine et ils étaient
séparés de la culture plutôt préhistorique osque par le
Tibre.
Cependant cette onde culturelle de l'osque, pour gagner
les bords du Tibre, devait passer par le pays des Sabins, et
elle n'a pas manqué de l'inonder si pleinement que la plu-
part des linguistes ne reconnaissent plus le fait que le sabin
était originairement et foncièrement un dialecte latin. C'est
ce que prouvent e. a. les formes Cures, curis, Sancus,
~c<z, fircus indices irréfutables qu'originairement le sabin,
tout aussi bien que le falisque, se trouvait à l'intérieur de
l'isogiosse /?/yM,comme on le voit sur la carte ci-jointe.
Mais il est clair aussi que pour cette raison le vocabulaire
sabin et falisque n'a nullement besoin de se recouvrir avec
le vocabulaire romain ou du Latium proprement dit.
Si malgré cette évidence je crois pouvoir soutenir
que la racine ais n'était représentée ni sur le territoire
falisque, ni sur le territoire sabin, c'est en me fondant
sur le témoignage négatif des inscriptions, des glo~ses
et de la nomenclature falisque, et des glo~ses et de la
nomenclature des Sabins. Le cas du sabin pour lequel les
glo~ses abondent, n'est pas moins sur que celui du falisque,
car je crois que dans la question qui nous occupe, le témoi-
gnage négatif des gioéses prévaut sur celui des inscriptions.
En effet, il se peut que le mot en question n'ait pas chance
de se montrer, même dans un nombre assez considérable
d'inscriptions mais il n'en est pas ainsi pour les glo~ses,
indiquées dans l'Intérêt de la pureté de la langue ou de
LA R.\C!XEAIS EN ITALIE 59

l'intérêt étymologique purement spéculatif. Ici je n'ai qu'à


t'envoyer aux observations judicieuses qu faites M. Ernout
sur l'exactitude scrupuleuse avec laquelle les grammairiens
et les lexicographes ont observe et noté les mots qu'ils ran-
geaient sous l'insolentia per~MG. Et je ne vois pas bien
pourquoi les grammairiens qui nous ont légué des formes
sabines comme ,S'<mc!M,.S'a~yMa/M~o~o, jS'<7MyKa/M avis,
etc., auraient omis de signaler des formes qui sur le domaine
religieux devaient leur paraître tout aussi étranges et intéres-
santes. Je sais que cet argument n'est pas péremptoirc;
mais comme il s'agit ici notamment d'un peuple voisin dont
les Romains ont aussi fidèlement observé et consigné le par-
ler qu'ils l'ont fait pour les Sabins et d'un mot culturel de si
haute importance, j'ose dire,qu'ici la présomption approche
de la certitude. La même observation vaut pour ce qui
concerne les Certes il faut tenir compte de
glo~ses falisques.
ce qui a été perdu ou n'a pas pénétré dans les abrégés.
Voir Ernout, Eléments Dialectaux, p. 30 etsuiv. Conway,
/~c Dialects, I, p. 351, 370, F. Muller, De Veterum
!'M!yMM~!oM!c~o~M7M studiis c~Mo~o~'cM,p. 188et passim.
Pour ce qui regarde les Aeques et les Berniques, personne,
je pense, ne me contestera le droit de les ranger du côté des
Latins. Falisques et Sabins. H n'en est pas de même des
habitants et des parlers du Picenum. A une couche d'habi-
tants primitifs adonnés à une culture paléo-, néo- et ~~oli-
thique, habitués à ensevelir leurs morts dans leurs cabanes à
forme ronde dans une position d'accroupis, s'en est superpo-
sée une autre d'une tribu très belliqueuse, difficile à déter-
miner exactement et provenant d'outre-mer. Dans le mode
d'ensevelissement il n'y eut rien de changé, peut-être l'a-t-on
emprunté aux devanciers voir Ebert's Reallexikon, s. v°
« Picenum» F. von Duhn, Italische (?y<f'UMC~°(HeideI-
berg 1924), p. 32 et suiv. Enfin, vinrent les Indo-Européens
qui très probablement au commencement tournèrent ce peu-
ple, en se dirigeant vers le Sud le long de l'Adriatique. Mais
il est bien certain qu'à la longue il n'a pu résister à la cul-
ture et la langue osque. Dans le ni"siècle av. J.-C. le Pice-
num futromanisé. Les inscriptions trouvées dans les environs
60 JOS. SCHRtJTŒK

d'Asculum, au Nord et au Sud de Truentus, ainsi qu'une


inscription du V!°siècle trouvée à Belmonte (A~o~.d. j5*c.,
1903,~1 et suiv.; Jacobsolin, Altital. T~MC~r.,li2) ont
été dernièrement examinées par M. A. v. Blumenthal dans
les I. F.. XLVII, 1: p. 48 et suiv. Sa conclusion est que le
dialecte appartient au groupe osco-ombrien, mais que plu-
sieurs traits le rapprochent plus de l'osque que de -l'om-
brien.
Au Picenum la racine ais ne se trouve pas, cfr. Conway,
Italic Dialects, I, p. 4i9. Mais comme il est situé entre
l'ombrien et l'osque et que les dialectes immédiatement voi-
sins, non-latins, des Marrucins et des Paeligniens démontrent
cette forme dans leur vocabulaire, nous croyons devoir
ranger le picénien du côté de ces derniers dialectes. En effet,
le bronze de Rapino donne aisos pacris, ce qu'on traduit
par dii propitii (sint), ou deos propitios (oramus), ou
diis propitiis et sur une inscription de Sulmo on lit aisis.
Suivent les Marsi avec la forme daMeuse (e)sos dans une
inscription de Marruvium (C. L L., IX, 3i9) si l'interpré-
tation de la forme est exacte, ce serait le seul dialecte latin
où la racine aisos serait représentée (voir la carte). Il est
vrai que la forme reste douteuse, mais l'onde culturelle de
l'osque s'est répandue bien au delà de sa frontière primitive,
nous l'avons dit plus haut.
Le cas est différent pour les Volsques. Ils parlaient un
dialecte non-latin. Bien que la cité de Vetlitrae fût devenue
une civitas sine M~o en 338, on y écrivait encore vers
300 sepis <x~:M/)M Me/e~'OM!/c MC~Mif/'07K,ce qui est
traduit par si quis attigeril quisquis Veliternorum faciat
rem divinam. Il est bien connu que le volsque se rapproche
étroitement de l'ombrien soit qu'on doive considérer les
Yolsques comme un avant-poste des Ombriens, soit que
l'unité ombrienne ait été disloquée par les Latins faisant
irruption du cûté du Nord-Est. Remarquons cependant que
les Yolsques ne possédaient pas le thème aiso- dans la signi-
fication de « dieu» les premiers mots de la tabula Yeli-
terna <~e?/e</ec/M~c~<<OM?sont de nature à nous en
convaincre. C'est d'ailleurs le même état de choses qu'en
LA RACINE AIS EN ITAUE 61

ombrien mais dans les deux dialectes sur la racine <?M


repose une forme qui signifie « sacriiice M volsque esaris-
/o??!, Ottibricn esono, tandis que e/'tM signifie « mas'men-
tum ». Remarquons l'absence du rhotacisme dans le voisque
&M/'M/o/ et l'ombrien ~o/;o, voirConway, rer~e/<Z<z:<
Italy, p. 23. L'osque donne aisusis, « sacriuciis » dans
la malédiction de Vibia. voir Conwav, 7i!<7~'Z)<ec~. I,
p. 126. Les formes ~4.Me?'7M'y?!; ~eM/*M:c, sont trop incer-
taines, cfr. F. Muller, ~jf/tpmo~y~e,XLVI, p. 131.
Déjà Scinveizer, K. Z. VII, p. 448 et suiv., avait reconnu
que les formes italiques discutées sont inséparables de
formes étrusques comme <ZMp?',CM~es. eiseras, aisuna,
CMM<2. ais, qui se trouvent dans les inscriptions, ainsi que
de la forme aesar linsrua etrusca deus (Suet. Au~. 97),
cfr. Hesych. x't 6: 'j~= Tupp-~M' Sur le nom de la divi-
nité Aisera voir Ribezzo, Il volto ~6//a ~/?K~c ~'M~ca,
R. I. G. I., XIH, p. 24. Comment expliquer ce rapport?
Skutsch, dans la R. E. de Pauly-Wissowa s. v° « Etrusker »,
p. 776, a émis l'hypothèse, que les formes italiques seraient
empruntées à l'étrusque « Vermutlich von den Italikern aus
dem Etruskischen entlehnt, da ais- kein indogermanischer
Stamm zu sein scheint, ar-, er- ein cilarakteristisches etrus-
kisches Suffix ist und umbrisch esuno- die epichorische Rho-
tazisierung vermissen lasst ». Cependant, dans la Glotta,
111.p. 9S, il éprouve quelques scrupules pour ce qui concerne
les rapports du volsque ~a/'M~o~ avec le soi-disant pluriel
étrusque aisar, scrupules qui furent dissipés par M. Rosen-
berg dans la Glotta, IV, p. S4. De plus, il se demande si la
terminaison -o~? n'a pas la même signification que -strom
dansue~~o??ïKVeIiternorum)). Mais Trombetti, ~.r~'r,
111,p. 103etHerbig I. F., XXXVII, p. 165, ont démontré
que nous avons à faire au suffixe alarodien indubitable
-st(r)-, et M. Ostir rappelle le préhellcn. paXau~L:vet le
prélat. oleastrum, dans l'~LrAxu,IV, p. 3.
Les formes italiques qui reposent sur la racine ais ont-
elles été vraiment empruntées à l'étrusque ? Ou les Étrus-
ques les ont-ils empruntées aux Ombriens ? Si un emprunt a
eu lieu, la probabilité est pour la première hypothèse, voyez
62 JOS. scamjKEN

aussi Kretschmer, <y~b~c,XI, p. 280 et Thurneysen, ib.,


p. 218 et suiv. Mais en regardant attentivement la carte, la
chose me paraît très invraisemblable. L'emprunt aurait-il
été fait par les Ombriens, peuple bien plus passif qu'actif
dans,l'histoire politique et culturelle de l'Italie, et par eux
la racine ais aurait-elle fait fortune et se serait-elle propagée
chez les Marrucins, Paeligniens, Marses, Voisques et dans
le domaine des Osques? On m'objectera qu'il n'est nullement
nécessaire d'admettre que précisément les Ombriens aient
été les intermédiaires, comme c'est un fait historique
notoire que les Étrusques ont exercé au cours du vu' et du
v° siècle une influence considérable sur une grande partie
de l'Italie. Mais alors, pourquoi ne trouvons-nous pas des
formes correspondantes chez les Latins, dont le matériel
lexical nous est cependant suffisamment connu il ne
s'agit pas d'un mot vulgaire et qui ont subi des em-
preintes si profondes de la culture étrusque ?
Je crois qu'il faudra résoudre le problème d'une autre
manière. La racine ais appartient au vocabulaire alarodien
et nous ne la retrouvons pas seulement en étrusque, mais
aussi dans d'autres langues paléo-européennes. Ainsi nous
avons le préhellén. a::TxpM~'s'=: npav. Hésych., et
avec la correspondance (cfr. 5-p~Oo: c~ ?~6::)
x~AMv « émerillon ». Aussi M. Kehring a-t-il rapproché de
bon droit, Glotta, XIV, p. !83, la forme s~y. que 1'
~.o/o~co~ ~o~/ZM~Kdonne comme synonyme de epMxxs~
« rouge-gorge M,et qu'Hésychius connaît comme nom de
plante o:~=:y. = M~-y;;y:Aa5: ov ~xp5~s~s.:S~su\' ':ou;
0::ut la coïncidence de ces deux significations n'est pas rare
dans ce genre de mots, cfr. J. Huber, De ~ï~MC ŒM~yMM'
M??:orMM G'~<rcM?mco~MM!,p. 11 14, 2i. Comme noms
propres nous avons AiMy~: ~==, A'~xpeç, A'~px, fille de
Pythagoras, et enfin A~M~ Pour gr. ~ps; « saint)): je
renvoie à la page 57, de même que pour la forme italique
dialectale uc/M'e/'c. Mais que dire du vénète c'j'~M ?
M. Ostir..4~-A~. II, p. 274, donne comme reconstruction
possible (/MM,efr. Ribezzo, R. I. G. I., YHI, fasc. 111-IV,
p. 92: mais M. Sommer, dans les I. F. XLII, p. 116, dit
LARACtXEA)SEN[TAUE 63

catégoriquement que la leçon c/MM [<~ *c~M <~ *a/~M] n'est


sujette à aucun-doute. C'était aussi l'opinion de M. Pauli et
je crois qu'il faut s'y rallier absolument. Enfin il faut
signaler arm. ays « esprit, démon », par exemple dans ays
/?~p « ~s~:j.x a'a~K?- ?, Mt. X, 1, dont I's anciennement
intervocaliquu ne peut reposer sur de l'indo-européen et
qui doit être un emprunt. Je renonce pour le moment aux
rapprochements avec d'autres formes de caractère paléo-
européen pur ou mixte.
Je crois d'ailleurs qu'il n'en faut pas plus pour démontrer
que la racine ais est un élément paléo-européen largement
répandu, et spécialement représenté sur le sol italique. Les
peuples osco-ombriens, en pénétrant dans l'Italie, ont trouvé
la péninsule recouverte d'une population alarodienne, et
c'est à cette population qu'ils auront emprunté les mots
reposant sur la racine que nous étudions. Cela revient à dire
que l'emprunt n'a pas eu lieu aux Étrusques historiques,
qui vers le vm" siècle ont pénétré dans l'Italie, mais à des
peuples étruscoïdes qui habitaient. les bords de l'Adriatique,
le Samnium, la Campanie, etc., bien avant l'arrivée de
leurs parents passablement éloignés. Les représentants
étrusques de la racine ais doivent donc être expliqués par
cette parenté-là, ou bien reposent sur un emprunt aux peu-
plades paléo-européennes qu'ils rencontrèrent sur le sol
italique.
Cependant cette dernière hypothèse me parait très peu
probable AI. Duhn, dans sa //c/~c~e Cr~crA'M~a~, 1 (Hei-
delberg 1924), a fourni la preuve rigoureuse, qu'il faut
admettre deux ondes de conquérants italiques successives
celle des « verbrennenden Italiker » d'abord, correspondant
aux Latins, et celle des « bestattenden Italiker » ensuite,
correspondant aux Osco-Ombriens. Or je crois que ces deux
groupes d'envahisseurs différents, et de mœurs et langue
déjà différentes, rencontrèrent aussi un double substrat,
que je voudrais appeler le substrat (dans la Ligurie,
l'Étrurie et le Latium) et le substrat jS (sur les bords de
l'Adriatique et dans les autres contrées indiquées plus haut).
Je crois donc qu'il faut accentuer davantage la possibilité
64 JOS. SCHRIJNEN

entrevue par M. Terracini, quand il écrit dans son article


cité plus haut « Quanto airosco-umbro non è oggi asso-
lumcnte possibile dire se abbia trovato un sostralo diverso
da quello del latino » (p. 247). Le substrat A n'avait pas le
thème aiso- dans son vocabulaire, le substrat 2? le connais-
sait sous plusieurs formes. Dans cette hypothèse il faut que
les Étrusques historiques aient apporté des formes comme
aisar de leur patrie d'outre-mer, et que le substrat B ait
présenté un caractère plus étruscoïde que le substrat A.
Pour ce qui concerne la question de l'autochtonie des
Etrusques en Italie, il me semble que M. Kretschmer a donné
la solution définitive dans le~Va~cz'MM!<S'cA/'<MCM, p. 285
« Im Ûbrigen wird. die ganze Streitfrage ob die Etrusker
in Italien autochthon oder aus dem Bereich des Aigaischen
Meeres eingewandert sind, wahrscheinlich: wie ich schon
in Gercke-Nordens Einleitung P 109 andeutete, durch das
Kompromiss gelost werden, dass die aus dem Osten
kommenden Etrusker in Italien schon eine :tlte)'eBevùlke-
rungsschicht antrafen, die mit ihnen wie uberhaupt der
sudeuropâisch kleinasiatischen Urj~evôlkerung vcr'wandt
war ». Je voudrais seulement ajouter que d'après mon
hypothèse les Étrusques du vm' (selon d'autres du x" et du
vni°) siècle, ne joignirent précisément pas le substrat avec
lequel ils étalent le plus apparentés.
Enfin j'aime à relever la ténacité avec laquelle le terri-
toire latin primitif a tenu bon contre l'invasion de mots
même culturellementaussi importants que ceux que je viens
d'examiner, tandis qu'il a fléchi sur tant d'autres points.
En tout cas l'infiltration osque a été peu durable et le latin
a bientôt pris son essor pour prendre définitivement sa
revanche.
Ximegu.e.
Jos. ScHRIJKEX.
SLAVE st- PROVENANT DT-E. *pt-.

En slave commun, le groupe d'occlusives *-pt-, obtenu


par la rencontre d'une labiale et de -t- initial d'un élément
désinentiel ou suffixal, se réduit à Les exemples sont
du type v. si. infinitif <e~ en face de tepq « je frappea bg.
<a~o « ciseau en face de c~/M~o« je creuse ». Tous sont
dans des mots qui, en slave, se laisseront analyser le
groupe -pt-, simplifié en -t-, résulte de la rencontre de la
fin d'une racine et du commencement d'un suffixe.
Quel que soit le processus de simplification d'un tel
groupe, aucun exemple ne permet d'affirmer a priori qu'il
s'applique au cas où -t- n'appartient pas à un élément dési-
nentiel ou suffixal. Malheureusement, il existe en indo-
européen bien peu de racines à vocalisme alternant du
type On n'est même pas assuré de rencontrer
en slave avec vocalisme zéro celles qui existent, et on
s'attend plutôt à ce qu'elles s'y présentent avec un voca-
lisme plein analogique, ou à ce qu'elles soient évitées.
Mais le groupe *pt- apparaissait dans un mot très impor-
tant, le nom du « père », qui se présentait habituellement
sous la forme *pater-, et aussi, peut-être, dès l'époque
indo-européenne, sans *a, sous la forme *pter-, dans un
groupe dialectal. Celle-ci est attestée par l'avestique ~a,
tâ, et probablement aussi par le lituanien ~uo~ (A. Meillet,
MSL, XX, 6 « -4 propos du mot avestique ~a ))).
Or, *pter- fournit en slave au moins un dérivé et un
composé clairs, où à i.e. *pt- correspond si. Nous
allons les examiner
1. sI. comm. ~'M/~ « oncle, frère du père », skr.
pitrvya-, av. <M:'rys-, lat. patruus, etc. rapprochement
à tous points de vue correct'. Le groupe initial provient
ici de l'amuissement du a de i.-e. *patrzvyos.
t. M. Mikkoia,IF. XXIII,134,a déjàproposéce rapprochement.
e
66 M.VEr

2. En face de /)a-.M'MoA <(bcau-ills s et de j'M-Me~c<2,


~a-~e~z'co,pa-er/M « belle-fille», bulg. ~a-o~o~, pa-o~
<(beau-père » ne peut s'expliquer que comme un composé.
de la racine i.-e. désignant le « père ». C'est donc un dérivé
de *pô-p(a)tor-(avecle v ocalisme-o-attendu au second terme
des composés, par opposition à -e-du mot isolé, v. A. Meillet,
Introduction, 2~9). Cette formation est, presque dans le
détail, de même type que lat. vitricus « beau-père » qui repré-
senteraiL selon Ebel, KZ. V, 238, et d'autres, *u:(c)~'cMS.
~<M~oroZr, pastrok « beau-përe » n'est pas attesté ailleurs
que dans une partie du domaine .bulgare il paraissait
isolé, *~a~r- « père » n'ayant pas en slave de correspon-
dant. Il a été presque partout remplacé par des mots de
formation récente.
Maissi pd~o~o~, ~~M~o~-avec son sens normal de « beau-
père » n'a laissé que des traces, c'est bien probablement le
même mot qui, sur un domaine assez étendu, où il a reçu
un dérivé féminin, subsiste avec un sens possessif: « celui,
celle qui a un beau-père, beau-fils, belle-fille ».
Il est évidemment exceptionnel en slave qu'un composé
se présente avec à la fois un sens normal et un sens posses-
sif. Mais on peut en citer au moins un autre exemple
(quoique aucune étymologie n'en ait encore été proposée)
r. jor~cMr « bisaïeul du bisaïeul », et v. sl. ~'c~M~, pol.
~nM.TcrMr.p. r. prdKM~« fils du petit-fils ». En dehors du
slave, on comparera skr. u:MM~Œy-« belle-mère » à skr.
efuc:Mta<<zrŒ- « beau-fils )' ou« belle-fille », etc.
Le traitement, que ces deux correspondances supposent,
explique bien pourquoi *pater- est disparu en slave comme
mot simple. Il aurait donné *sti, gén. "~e/'e (cf. mati,
~~e~e), ou quelque chose d'analogue; c'est-à-dire un mot
très court'. Le slave a. il est vrai, la faculté de donner du
1. M.A. MeHIet.MSL,XX, 6 « proposdu motavestiquep<s »,
constatantque i.-e.a de*p9ter-s'estamui dansplusieursformesira-
niennes,et probablementaussidans « lit. Muas« père», qui a tout
)'aird'un (Harsissementde *teissude *p!C», écrit « cecisuggère
t'idceque)apeneralisationde la forme'pter-apu êtrei'unedcscondi-
tionsqui ontdéterminél'éliminationde i.-e.*p.)tefenslaveet l'emploi
usueide la formeenfantinequi s'estfixéedansle dérivév.sl. o~:c:.»
SLAVE SI- PROVEXAXT D'I-E. 67
*/?/

corps aux mots courts par le procédé de la suffixation.


Mais un dérivé du tvpe *6'<'e~c!présentait l'inconvénient
d'offrir une fâcheuse similitude avec ceux de la racine qui
signifie « stérile sterica, etc. (et de celle dont le sens est
« étendre ))). Un hypocoristique expressif existait. Il était
plus commode de se servir de son dérivé oticï pour dési-
gner le père.

Des deux cas étudiés ici, le deuxième est celui d'un paral-
lélisme qu'on ne peut pas facilement résoudre autrement
que nous ne l'avons fait. Dans le premier, il s'agit d'un
mot à sens très précis, dont les réflexes dans différentes
langues indo-européennes coïncident et pour le sens et pour
le détail de la forme. On peut donc considérer cette corres-
pondance comme certaine.
Notons de plus qu'aucun exemple présentant, dans les
mêmes conditions, un traitement dijBférentn'est attesté.
Pour, de là, conclure à l'existence d'un traitement i.-e.
(radical) ~> si. st-, s opposant au traitement *-p-(à t
sunixal) > si. -t-, il faudrait encore l'expliquer et démon-
trer qu'il résulte de la structure du slave. Nous l'avons vai-
nement tenté.
M. Grammont a bien voulu, dans une lettre personnelle,
proposer l'explication suivante, qui résout le problème pho-
nétique « Le v. si. n'ayant pas de groupes d'occlusives ne
pouvait pas prononcer pt comme on le fait normalement,
c'est-à-dire avec l'occlusion du t forméeavant l'explosion du
mais il avait le sentiment qu'il y avait un p -et un t
parce qu'il y avait eu un élément vocalique entre les deux,
celui de patruus et de pitrvyah. Il a donc fait effort pour
prononcer le p devant le t, ce qui a forcément pour effet de
faire exploser le p avant l'occlusion du t. L'explosion du p
ainsi isolé, c'est un embryon d'y. Une fois ce ainsi produit
le p s'assimile à cet naissant, d'où ftavec f bilabial; mais
fi n'est pas viable en slave I' s'assimile au t commepoint
d'articulation, d'où st, qui est un groupe favori en slave)).
M. VET.
TROIS ËTYMOLOGIES LATINES

aprllis

D'après l'ingénieuse étymologie de M. Cuny (~ S. L.


XIV, p. 286), le mois d'aprilis tirerait son appellation de
la seconde place qu'il occupait, après Martius, dans l'ancien
calendrier romain. En renversant la succession des dix
noms de mois, M. Cuny a observé qu'ils fournissaient une
série numérale assez complète puisque, après December,
TVoMe~er, Oc~5<5e/September, nous possédons les formes
anciennes Sextilis et (~MM~/Mpour Augustus et ~M~'M~.
Deux termes plus loin, voici Œp~/M,qui signiSerait donc
« le second )) et contiendrait le thème *aporo- connu par
skr. cpsrc~ etc. La simplicité apparente de cette combi-
naison qui a trouvé une adhésion générale n'en dissimule
pas la fragilité.
Que cet *aporo- n'ait pas laissé d'autre trace en latin ni
en italique, cela crée déjà une présomption défavorable
mais qu'il ait rempli en latin la fonction d'ordinal, c'est ce
que condamne formellement le sens de *aporo- qui n'est
jamais un ordinal. Il est exclu que, pour désigner le
deuxième d'une série de dix, on ait jamaisusé en indo-euro-
péen d'une formation en *-ro-, affectée uniquement à oppo-
ser « l'autre » à « l'un )) ouau « premier », selon l'emploi
constant de skr. <7~)<zra/),
av. c~xxro le got. aftuma, qui a
assumé le rôle de l'ancien comparatif devenu adverbe afar,
ne qualifieégalement que le deuxième d'un groupe de deux.
Le comparatif *a~o?'o-,là où l'emploi en est établi, équi-
vaut, non à ~ecM?!<~M~, mais à alter or, skr. ~c~cA,
comme lat. a/~er, ne sert pas à compter. Si donc le latin
avait connu *aporo-, il n'aurait pu en faire un ordinal.
TROIS ÉTY~IOLOGtES LATINES 69

Mais il ne peut même pas l'avoir connu, car les langues


n'emploient,jamais à la fois deux formations pronominales
de comparatif pour « le second (de deux) » ou c'est un
adjectif numéral et un pronom (skr. fA.i'~c' ~ara~; av.
a~"<6, aparô) ou c'est un pronom seul (got. <xK/~r:ags.
<p/'<er lit. a~~a~ v. si. UM~oy~).En indo-iranien, ou
apara- est usité, rien qui réponde à lat. aller ou à got.
<7~a?'~ en baltique ou en slave, à côté de aietras ou Ut~orM,
rien qui réponde à o/xr~a-. On comprend à présent pour-
quoi le gotique dit aftuma au superlatif c'est qu'il avait
déjà un comparatif pronominal dans c/?/'< Or, le latin pos-
sédait alter il ne pouvait admettre *o~wo-.
Envisageons maintenant aprilis dans le calendrier
romain. Entre api-ilis et yM!7!M(==<M/N), il manquerait
deux ordinaux. M. Cuny a restitué hypothétiquement
*~M<xr~/M à la place de !M/MS il faudrait aussi donner à
7Mai!'M~un ancêtre fictif *~?"M. Mais on peut tenir pour
assuré que ni *~?~/M ni *yu<zr~~ n'ont existé; ils res-
teraient hors d'un système dont les linéaments se dessi-
nent encore. Perpétuant l'opposition des quatre premiers
noms de nombre fléchis aux suivants inva-
riables les dérivés numéraux latins ou ne s'em-
ploient en certains cas qu'au delà de cinq, ou comportent
à'partir de cinq une formation distincte. Entre quatre et
cinq passe une frontière que jalonnent plusieurs faits
adverbialement. on compte bis, ter, quater, mais quinquiès,
sp;E:M on apprécie l'âge des animaux au nombre des
hivers qu'ils ont franchi de un à quatre ans bïmus, trimus,
yMOf/~?7!M~, mais, au delà, au nombre des années quin-
~MCM~M, ~e-xe~MM les ordinaux ne servent de prénoms
qu'à partir du cinquième OMM<!M, .Sex~M, Septimus, etc.
Tertius et (~M~M sont pratiquement inconnus de la
tradition ancienne (Schulze, Zur Gesch. lat. Eigennam.,
p. 50). Il n'est donc pas accidentel que, yM:K~Met sexti-
lis étant documentés, *M et *yM<2~/Mne le soient
pas. On ne comptait qu'à partir du cinquième mois (quinti-
/~), comme à partir de la cinquième année d'âge (quinquen-
M:s)ou à partir du cmquième enfant ((~M~M~).Et ~r~,
70 E. BENVENISTE

exclu ainsi de la série numérale, n'a pu signifier « second ».


De quelque côté qu'on l'envisage, le problème impose la
même constatation. Les deux mois, MïSz'uset :WM'MN, par
dessus lesquels il faudrait'sauter pour joindre Œprz/Mà
yMm~&, sont précisément ceux qui constituent avec mar-
tius et cp~~M ce groupe organique de quatre unités qui
seul justifie, selon la règle précédente, la création d'une
série nouvelle par quintilis. Observés sans idée préconçue,
les noms de mois se partagent en effet en deux ensembles
indépendants martius, aprilis, nzâius, z'H/zMM, Il yM:7:M,
~e<EjS/M, september, etc. Quatre noms rituels, d'une part
de l'autre, des ordinaux.
Les trois noms qui encadrent <xp~& sont placés sous
l'égide de vieilles divinités. Ils prolongent dans la vie quoti-
dienne l'évocation d'un passé très reculé, de croyances
communes aux peuples italiques. Ils rappellent ~/a~,
anciennement ~~MO~ (dat. J~M~e à Tusculum), osque
J~smey~ l'antique ~& fille de Faunus et mère de Vul-
cain (Macrobe, I, i2), plus tard assimilée à la mère
d'Hermès (C. G. L. V, 82, 83) et qui a donné aussi aux
Osques le nom de mois Mais; la déesse t/M?zo, protectrice
des femmes, dont Tertullien dit (ad nat., 11, 12) « Varro
antiquissimos deos louem, lunonem et Mineruam
refert ». A priori c'est d'une conception analogue que doit
procéder aprilis.
On n'a même pas la peine de la chercher elle s'exprime
tout au long de la littérature latine en une attestation
continue dont on a fait trop bon marché Varron L L.
VI, 33 apnlis mensis dictus secundus, ut Fuluius scribit et
Junius, aYenere, quod ea sit 'AopoSt');. Horace, Carm.
IY. 11, 13 mensem 'Veneris marinae apreilem.
Ovide, Fast. IV, 89 apruem quem Venus iniecta uin-
dicat alma manu (Cf. Anthol. lat., H7, 7; 394, 4; 395,
!3, Ausone, 639, 4). La fête des FeMe~5/!<z se célébrait le
i" avril. Parce que les Romains ont joué sur c/j~/M et <xpp-
?wc, on s'est cru autorisé à rejeter du même coup l'indica-
tion essentielle que le mois d'a/?~M était voué à Aphrodite.
Stowasser (H'~e~ Stud., XXXI, 1910, p. 146) a bien
TROIS ËTYMOLOGŒS LAT!~RS 711

tenté J'v retrouver l'origine du nom. mais sa suggestion


rapide ne tient pas lieu d'une démonstration.
L'antiquité du groupe martius MM/:M!M/MS ne prend
sa pleine signification qu'a la lumière des témoignages
étrusques, car c'est d'un milieu étrusque qu'est issu le pre-
mier calendrier romain (ci. déjà 0. Mûllcr, ~r~A'er, H,
p. 322 et suiv.). De fait, deux au moins de ces noms divins
ont leurs parallèles dans le panthéon étrusque ~ar~
répond à 7Mar:yet M?!oà uni. Bien mieux, le groupe de
!Kp~py, !<~o, minerua qui, selon Varron, constituait
l'ensemble divin le plus ancien à Rome, a son pendant
exact dans la mythologie étrusque, d'après Servius
(in Aen., I, 422) « prudentes Etruscae disciplinae aiunt
apud conditores Etruscarum urbium non putatas iustas
urbes, in quibus non tres portae essent dedicatae et tot
uiae et tot templa louis, Iunonis, Mineruae. » Sous l'adap-
tation latine, on reconnaît la. triade étrusque tinia, uni,
menrva.
Or, les Latins avaient eux-mêmes observé que le nom
de Vénus manquait dans l'ancien calendrier des fêtes
(Macrobe, 12, 12; Varron, L. L., VI, 33). Son person-
nage demeurait une forme sans vie jusqu'à ce qu'elle se fût
assimilé le charme et le prestige de l'Aphrodite hellénique
(cf. Wissowa, ~c/zy. M/ïe~A'M~.e~'7~?7ï., p. 234). Alors,
sous le nom de Vénus, c'est Aphrodite que les Latins ont
révérée. Mais, à en juger par la transcription archaïque
aprodita, l'étrusque a encore servi d'intermédiaire. C'est
là qu'il faut chercher la justification de cette parenté entre
aprilis et 'Aop:StTT; qu'affirment les anciens.
'A<p:S~ appartient sûrement au fonds préhellénique du
panthéon grec. Inexplicable par l'Indo-européen (le rappro-
chement avec eos: est une fantaisie grecque), il n'a même
pas de forme constante 'Ao:pSt-.xen Crète, 'Aoapschx à
Cypre. On s'accorde à chercher son origine en Thessalie.
A côté du.nom rituel, les Grecs connaissaient un hypoco-
ristique 'A~pM(comme A7]Mde AY;<,p) qui était passé en
appellation courante, et un doublet 'Aspsm en Chersonèse.
Or, dans le calendrier archaïque d'Oloossone et de Larissa,
72 E. BENVENISTE

le mois consacré à la déesse est designé par "Aopts;, parallè-


lement au mois d'Arès, 'Ap~sç. Comme la transcription
latine Aprodita. suppose un intermédiaire étrusque (cf.
nspMso~, étr. ~ey~ïpKa:,prcn./?ro~~DKS!lat. /7ro~e7'p!'Ma
et Devoto, Stud. Etr., II, p. 3iS), on est en droi; de suppo-
ser que les Etrusques ont aussi emprunté à là Grèce cen-
trale et introduit en Italie le doublet 'AspMdont ils devaient
faire approximativement *apru(n), comme letun de A-~M.
En outre, si les Romains avaient reçu de la tradition
étrusque le nom seul, on concevrait malaisément qu'ils
n'en eussent pas fait *aprius d'après martius, ~M~, M~m~.
Ils ont dû trouver un dérivé déjà formé, et justement à
l'aide de ce sumxe en -A qui est si largement représenté
en étrusque, ce qui facilitait l'assimilation de aprilis aux
mots latins en -lis, cee~~M,erilis etc.
L'état lacunaire et incertain de notre documentation
étrusque décourage l'espoir d'y trouver une preuve directe.
d'autant que, dans la mythologie étrusque même, turan
ne pouvait laisser aucune place à Aphrodite. Mais l'ono-
mastique étrusco-Iatine y supplée en partie, car aprilis
s'apparente manifestement à des noms propres tels que
JLp~'ïM, Aprinus, Aprônius que M. Schulze a réunis et
signalés (Zur G'McA.lat. Eigennam., p. i 10)sans se pro-
noncer sur leur origine. Le Thesaurus (s. v. Aper) signale
justement que ~rôK!'M~ est un prénom plébéien « peut-être
d'origine étrusque x et rappelle le génitif étrusque c~M??-
tial'. On sait depuis les recherches de M. Schuize que *-ô?!-
est un des suffixes qui dénoncent le plus sûrement, comme
une provenance étrusque; il atteste une finale étr. -u(n)-.

D'après ~fc~oM:'M~ MarM


~a(~)s5K!'M~ masu
C'Q~onKM eNprM
tS'a(~)~M'M&salu
il est aisé de ramener JL~M'o?MM~ à *oprM auquel 'A:M
devait aboutir en étrusque. Dès lors, une famille entière

4. CIE.383~(Perusia) f:?')t0
acsi.caprMK<ML
TROIS ÉTY~fOLOGÏES LATtXES 73

h organise s''Ion la dérivation usuelle dans l'onomastique


tarxu
Tarquius Tarquinius 7'arCO/M 7~<ZyC!<MN Tarquilius
CM~<-
C't<<MM CM~H:M~ Codonius » C~~Vz'M~
*G/??'M
~l~)r!M~ Aprinz'a A~'OTMM.yapruntial Aprilis
C'est donc à *apru que se réduisent, non seulement aprilis,
mais plusieurs des noms qu'on tire abusivement de
aper.
De par l'origine que lui attribuent les Latins comme par
sa formation, aprilis nous oriente vers la Grèce par l'Etru-
rie et confirme les influences qui ont produit le calen-
drier romain. Il faut nécessairement en tenir compte
pour expliquer ~M:M~/M,~ea~I/M dont la singularité ne
paraît frapper personne. Si quintilis et sexti-lis étaient de
formation purement latine, ils signifieraient non pas « cin-
quième, sixième », mais « qui se rapporte au cinquième,
au sixième )), ce qui n'oSre aucun sens*. Comme pour
aprilis, il s'agit sans doute d'adaptations latines de
noms étrusques, peut-être numéraux aussi, en tout cas
dérivés en Ce qui semble favoriser cette supposition,
c'est la formation différente et encore énigmatique de
september, oc~cr, nouember, december la combinaison
de M. Thurneysen (~. Z., XXX, p. 490), december <
*(Kalendae) </pee7M<?-?Me?K~r~ (avec *e/MrM de mënsis)
supporte difficilement l'examen et n'est d'ailleurs citée
qu'avec réserve par Walde. Mais la finale -ber ne peut
manquer de rappeler celle du nom étrusque d'Octobre, qui
était d'après les glossateurs, .co~/c?'. La tradition des noms
du calendrier étrusque ne peut être utilisée qu'avec pru-
dence. Mais, compte tenu des altérations possibles, la coïn-

1. Je ne comprendspas l'explicationde M.Hh't <cMit einemf-


Determinativ ohneBedeutunssver:inderung sinddieFem.derOrdinalia
gebildet.Es heisst ai. pattcam:,sast/u aber 1. g:<!n<Ks,sea:M-~s.
Nebenai. apari steht 1. apri-lis. eigentiich« der zweite». (M~.
Gramm.,111,p. 439).()!7tt:M'<t-et apri- seraientdoncdesféminins
en latin?
74 E. BENVENISTE

cidence s'accorde assez bien avec les remarques précédentes


pour être prise en considération.

dens.

La forme latine, qui ne soulève aucun problème particu-


lier, ne fournira ici que l'occasion d'examiner le radical
indo-européen *<M~ *< et son origine. Il est passé
en axiome que le nom de la « dent », *~7~- représente
le participe présent de *ec~-« manger », comme *~e~- est
celui de *es- « être ». On trouverait entre gr. oSf~et ?5(t),
la même alternance qui oppose arm. utem (<o<) à
lat. ccfo.
Contre les étymologies laborieuses, la critique trouve des
armes, mais bien moins contre celles que protège leur facilité.
Justement parce que cette dérivation semble évidente, il ne
faut pas craindre de lui opposer des évidences la dent ne
« mange pas, c'est l'homme qui mange, et même édenté.
Nulle part on ne rapporte aux dents la manducation. L'action
spécifique de « manger » comporte toujours et partout une
expression distincte de celles de « mordre, déchirer, broyer »
etc., qu'accomplissent les dents c'est un acte global dont
s'acquitte l'être entier et où les dents n'interviennent que
pour une opération particulière. La « dent ne peut être
désignée par « la mangeuse ».
D'autre part, il est inexact de fonder sur l'analogie de
*<M-*sent- le rapport présumé de *e< *dent-. Car *eef-ne
comporte jamais le vocalisme zéro la dernière forme
connue, hitt. ce?-,ed- « manger », <x. « manger abon-
damment, festoyer » ("'e~), montre la même constance
du radical que dans les autres langues. Le jeu régulier et
original de *es- et *s-, *ei- et *i- n'a aucun parallèle dans
les formes de *e< non plus que dans celles de *<~)-.A tra-
vers la flexion comme dans les dérivés sûrs, *e~ '"5c/-sub-
sistent. C'est seulement par des analyses aussi artificielles
que a:p~s-~<( *c~i!o- ou ~n?!<M~ <; *f:tyn-[e]f/o-
qu'on rejoindrait cet illusoire degré *d-. A supposer même
qu'il v fût assuré, on n'en pourrait rien conclure pour la
TROIS ËTY~OLOnŒS LATrXES 73

flexion du verbe, car le *< de nidus n'empêche pas le


participe ~&M!M. Au contraire. le nom de la « dent » a
constamment *d- initial, sauf en grec et en arménien. De
la rencontre de ces deux langues, les seules qui offrent la
prothèse, il faut conclure à un =-(s-) prothétique dans gr.
éoi. sEo'~s:, arm. ~a~M. Mais ceci demande une jus-
tification détaillée.
On ne reconnait pas d'ordinaire la prothèse devant occlu-
sive en grec. Dans l'article où il a étudié la prothèse
grecque et arménienne (B. S. L. XXVII, p. 129), M.Meil-
let ne la signale que devant sonante ou groupe consonan-
tique. Cependant on l'observe aussi sporadiquement, avec
ses trois timbres e-, c-, s-, à l'initiale de mots à occlusive
ancienne
1. ~stpM: i.- ir. gar- skr.~ayc~cr~ av. ;a-
L'idée malheureuse d'une dissimilation de ~(Brug-
mann, Grdr., I, 8S5) ne tient pas devant les formes à redou-
blement, Y~ojjLX!-tY~M~.M,etc. La racine est bien *ger-,

2. e6sAM QsXM.A rapprocher probablement de v. si.


.=e~' « regretter, déplorer s, dénominatif de -re/yc« 8p'?;vc:
Chercher ici le préverbe Indo-européen *e/o, skr. a, comme
l'a fait Brugmann (Album Kern, p. 29 et suiv.) en compa-
rant les formes qui justement ont une prothèse (s~pu~M,
~ps~x), c'est fuir l'évidence.
3. o'E~AM:-EXAM « je fais aborder, j'aborde ». II serait
arbitraire d'interpréter le s- comme « sociatif » en présence
d'emplois exactement identiques 546 v~ (~ sxsX?~ et
Hérod. VIII, 86 MMXX~ Tx; Soph. Tr. 80f. ~=:
p.6X' et Eurip. 7~ T., 1380 My.AEvx3v~sb:
rr)'/5'ex.sX?x~.2'/
'r~.
4.oosXXM « j'accrois » skr. phalati « il enfle (pour por-
ter fruit) ». Même remarque sur
5. a:Yxus;,o:YStup=: 'j'otups;« fier ». Cf. hom. Yx(~)tM.
6. x~o'~« poire » lat. pirus. Le fait qu'il s'agit proba-
blement d'un emprunt de part et d'autre ne change rien à
la question.
7. coù'/T;acc. plur. éol. M~<x:« douleur» 5~ « détresse').
76 E. BEKVEKtSTE

L'alternance est exactement comparable à oSMvéol. &B:s;


*c~
8. o5ups~.xtje me lamente » Sups~a::« id. ».
9. a:YE!pM« j'assemble)' -yEp-j'spx' ~°~K Hes., 'exY~p-~xpx
« foule grouillante », lat. grex, etc. M. Meillet attire
mon attention sur cet exemple qui n'admet pas un K-
copulatif.
10. Kx.ouM « j'entends » got. AcM~/û~« id. ». Cette éty-
mologie, amrmée depuis longtemps, est bien préférable à
l'interprétation de o:xsuMpar un dénominatif de "M's'jc-
« pointant l'oreille ». Dès lors que s-xs'jM,got. AcM~m
reposent sur *kou-s, il devient manifeste que c'est la forme
désidérative de *~OM-dans x=(f)EM« je remarque », lat.
ecMpô,etc., comme le suggère d'ailleurs la glose dorienne
d'Hé~ychius sxo5p.5~'~y.ouTx:jLe'sT~63p.56x. La parenté de
*kou- avec *skou- (gr. 6j:-Txs:~) est probable mais cette
dernière racine s'est Gxée au sens d' « observer, contem-
pler » v. h. a. MOMM~oM « contempler », scôni, got. ~i'CMTM
<.remarquable, beau », et avec *e-, arm. cMe<2Me?7: ff je
montre ? (cf. Boisacq, p. 480).
De plus, ~.sM.M, ont notoirement, surtout
S~x;j.xt,~=u?.o[jLx'.
en attique, des imparfaits à augment long ~u.sXXM, ?;5'j~a-
T;6au/)~f;~à côté de ~.sXXo~, s6:uAsp. D'âpres
s5u'/K[j.Y;
G. Mever (cf. Brugmann-Thumb, C/ec~. C~Mm., p. 310),
il y aurait influence du couple ~6:Xs~(e6~M) ~6~c~ (65)~).
Tous ces verbes indiquant une volonté, une capacité, une
propension peuvent sans doute agir les uns sur les autres.
Mais le rôle attribué au seul &6sXM ne se concilie pasavec l'an-
cienneté de ~.EAXsau moins qui figure déjà chez Hésiode
77~. 478
CT: Kp'C~X=7~S~ T:X[SMV ':5XM6xt.
~~5.A?.E
?\ous ferions donc de ~AAs~, f;§u-xp. ~6=~ des forma-
tions parallèles à -~sAs~et supposant *s-$:u/p.xt.,*s-p.s?.AN,
"i-Sjvx~r.avec la prothèse de i-6:M.
Le nom divin 'A~M~, 'A~:?.AM~,dont Wilamowitz a
umrmé depuis longtemps l'origine asianique, a retrouvé son
prototype dans lyd. -P/.e~?M(associé à j'i~??!Ms =="Ap-:sp.).
TROIS ETY'MOLOGŒS LATt~ES 77

Le passas'; de *II~)'/ à 'A-:s/AM</ relè\ e dela mente cause.


Après ces dix exemples, la prothèse de éol. ~c:
cesse de paraitre exceptionnelle. La théorie de la prothèse
y gagne non seulement une base plus large, mais une
confirmation de principe dans la plupart des exemples
cités, c'est la présence d'une liquide dans le radical qui a
déterminé la voyelle prothétique. Celle-ci est d'autant moins
contestable ici qu'il faut également l'admettre pour arm.
atamn dont l'a- initial remonte à un ancien *a- et ne
comporte aucune autre interprétation. Une fois de plus se
vériue un accord du grec et de l'arménien.
Ces mêmes formes arménienne et grecque, qui nous
délivrent de *ed-, ouvrent une voie nouvelle à l'étymologie
de *dent-. Arm. a-tamn porte le même suffixe -mn que
kotmn « côté » à côté de kol «'id. » ou ~p~ï~ « toison x,
cf. lat. uellus. Il sort, non de "'a~~T! phonétiquement
impossible, mais de *?M~, ce qui autorise à analyser
*< *c~- en *<K- *ûf/< avec un -<- suffixal.
Dès lors, un rapprochement s'oiire avec la racine *denk,
*i; « mordre, déchirer » si l'on pose *<~K-avec élargis-
sement en gutturale skr. c~p<2<!« il mord », gr. 5.xy.~M,
aor. o/x~ « décilirer », fut. S- avec alternance quan-
titative secondaire, cf. ion. Sx:s-:r. chez Hippocrate ("I{I.
38, 8), ~y.M, Sx=M(Etym. Gud. 201, 33), cx-~s, Sxy.
5xy.2T: comme ion. Xx' Xx::p.s:t.,X~:L:, etc. (CI.
Hoffmann, <?y/ee/ -D/ΠIII, p. 240-242 et Magnien,
Formes du fut gr., p. 4). Comme pour nous convaincre
du lien qui unissait MM-~ à cxxvM,le grec oCtre l'adverbe
c=x: avec les dents, en mordant (lat. mordicus), à
côté de Sx; SI, selon l'opinion générale, cSec;doit son
à c'est la preuve que le sentiment d'une parenté
subsistait si plus vraisemblablement cet c- est
d'origine indépendante, c'est un nouvel exemple de pro-
thèse devant e- il est particulièrement instructif de ren-
contrer chez Hésychius :=x; -E: cosu?:Sx~ei, mais aussi
x~-j' xvt;6~.s:« morsure, démangeaison », a:2<x~T~'xv~cxt.
avec le flottement caractéristique a- c- des voyelles pro-
thétiques. Par la même association d'idées, le sanskrit
78 E. CENYEKtSTE

classique emploie usuellement, comme nom de la dent,


daçana- dérivé de daç- « mordre)).
Déterminé ainsi comme nom radical à -t- suffixal, ce
thème doit comporter normalement le vocalisme zéro.
L'avestique, plus conservateur que le sanskrit, ajustement,
à côté de dantan- secondaire sur quoi reposent les formes
ultérieures, le féminin~datà' dans V. xv, 4 ~e~a aëte
asti ~c&zAuG cr5M<e~c~Nto~c ~f:5/ï<c !<si les os. (qu'on
donne au chien) restent entre ses dents ou s'arrêtent dans
sa gorge ». De*< sort également av. </G!~M-« fauve »
(cf. gr. oKx=;,SMUTo'~ « fauve »). Même vocalisme dans arm.
a<û'~M,dans got. <M~!M,ags. ~c « *<MM~Â'-),dans les
formes celtiques,v. irl. dit, gall. dant, et très probablement
aussi dans lat. déns. Ailleurs se sont opérées en sens
divers des réfections le lituanien a bâti un nom. sg.
dantis sur l'acc. danti en généralisant le degré o comme
v. h. a. ~CMcf le grec et le sanskrit ont ramené indé-
pendamment le radical à la flexion des participes présents
coM- M:v-:o~d'une part, et de l'autre û~t, ace. <~M<c?K,
mais gén. <~s~, secondairement <~an~.
S'il était besoin d'une preuve que le nom de la dent doit
se rattacher à « mordre, déchirer ? plutôt qu'à « manger »
on la trouverait dans d'autres groupes de langues. En sémi-
tique, accad. sMMM, hébr. sen. ar. sinn dérivent d'une racine
snn « aiguiser, percer s. En géorgien, suivant une commu-
nication de M.H. Yogt, kb-ili « dent » s'apparente à kb-ena
« mordre ». En turc, me dit M. J. Deny, ~M« dent » qui
fournit le verbe i'ts-~a-maA« mordre »., est sans étymologie
claire, mais n'a en tout cas aucun rapport avec « manger ».
i. La lectured3M adoptéepar Bartholomae(col.728)sans raison
apparenteet dontie a Bartholomae le notelui-même est surpre-
nant, doitremonterà une graphied't avecmaterlectionisreproduite
probablementdansBd. XIV,34. La leçoncorrectedaM est cellede
Ki, L,.
3. J'observeaprès coup que Bartholomaea déjà soutenu contre
J. Schmidtl'indépendance de dentet de *ed-,mais pour desraisons
de sensseulement:« Isst » derZahn? DieZiihnekaucn,beissenund
nagen,aber essen? Nein,das tun sie nicht u (B. B., XVII,p. 98).
Bartholomaesignaleaussi,ce qui m'avaitéchappé,que Bôthlingket
Roth,s. v. dant, ont déjàproposéun rapprochementavecda"
TROIS ÉTY~OLOG!ES LATtKES 79

MPMU.

Depuis Joh.msson (7. F., II. p. 34 et suiv.). les diction-


naires étymologiques font entrer nemus dans une vaste
l'amille de dérivés d'une racine */<e~- « courber, plier a,
qui comprendrait entre autres gaul. « lieu sacré a;
/M~o « ualle x, v. irl. nem « ciel », skr. naTKcA« hom-
mage », gr. « pacage » les sens de « valtée », de
« ciel » etd' « ttommage se rejoindraientdans une commune
acception d' « inclinaison; courbure ». Sous prétexte de
simplifier, Johansson a institué une large confusion qui
brouille les rapports et les différences les plus manifestes.
I! n'y a pas dans nemus trace du sens de « vallée » que
supposerait l'idée de « courbure ». C'est uniquement avec
la valeur de « bois (sacré) » (celui d'Aricie en particulier)
que la poésie l'emploie. « Ae~ï~M~! saltus » -dit Vir-
gile, « les clairières des bois » (Ecl. VI 56). Dans son
pocme LXI!I sur Attis, Catulle désigne par nemora la forêt
consacrée sur les hauteurs a la Déesse phrygienne:
23 .PA/M~: nemus.
opaca,siluis redimita loca deae.
12 ay:7e ite ad alta, Gallae, Cybeles nemora simul.
Au vers 72 du même poème

ego M~CMa~a?~ sub altis Phrygiae columnibus


ubi cerua M7M!CM~M;, ubi aper Ke?MO/MC~MS9?
les épithètes indiquent bien l'équivalence de M7M<2 et de
nemus, que souligne aussi la désignation par MMnemori-
eM/i'r!Edu « sanglier » chez Phèdre II. 4. D'ailleurs quand
Virgile (Aen., IH, 270) dit: nemorosa Zacynthus, il tra-
duit hom. uA~ETtT~ Z<xxu'/8sç(I, 24). Le sentiment de cette
valeur a persisté à travers la latinité cf. Pline epist., VIII,
8 collis aH<i'yM<2 cupressu opacus, nemorosus, et explique
que, chez Sénèque le Tragique (//erc. Fur., 1216) ou chez
Lucain (Bell. C!M., 1 306), nemus soit devenu, comme
silua, un doublet poétique de lignum. C'est à cet emploi
80 E. BENVENISTE

constant que répond exactement la définition de Festus


(p. 159, 2): « nemora significant siluas amoenas»; et
Isidore, orig., XVII, 6, 6, malgré un rapprochement fantai-
siste de 7ïCM:M~ et de HMMeM,a raison de dire: « sunt
nemora arbores maiores, umbrosae frondibus ». Varron
est ainsi fondé à comparer nemora et gr. vs~ (Z. L.,
V, 36) c'est ce qui ressort de l'examen de ~o<
Comme la traduction de '9= (thème en -es-) par n prai-
rie, pacage x se rencontre souvent, il n'est pas superflu de
montrer que le sens de « bois est le seul possible. Chez
Homère A 480, il s'agit d'un cerf que des chacals pour-
suivent dans les montagnes et déchirent sv 'sï cxtsp~
« dans un bois ombreux » 1. L'interprétation de ~p. par
-s: Mc~ ~o:M; e! ~{M~chez Eustaihe ad ~oc. repose
sur une notion juste (Tc~c:cxj~e), mais altérée par la conso-
nance de L'usage littéraire seul doit faire autorité.
I~ous sommes encore,mieux renseignés par un passage de
Sophocle 423
'I[0 'KOpM
C!)~pps6c:
~KpXAa: T O~pXXKt'~SpLO~ 6XXXTMV
« 0 routes bruissantes des vagues, grottes marines, forêt
du rivage » Le scoliaste explique en effet ~s[; par ofÀ?:
« bois sacré ».
Il faut l'entendre de la même manière dans un passage
de la convention d'arbitrage des Étoliens.entre Mélitée et
Péréa (m'' siècle av. J.-C-): .MM ':&u'EXt~s:; MTb ~e~
-:o x-< -:M 'Ap.T:~c'< (Michel, ~ecMe~ c~MMcr.~r.,
n'' 22, p. 27).
!i est vrai qu'on se croit autorisé à rendre '=: par
« pacage » sur la foi d'une glose d'Hesychius qu'on se
transmet sans examen 's:' cu~SsvSpc~ Tc~ y.a!:~s~ ~M'/
X~ ':Oyu'/XtXS~ XX:'~X~ XMTOTSS:c8.tAjA:!i
0::Sd!o'/ XOLAC~. La
multiplicité des acceptions rend suspecte cette notice, dont
la première partie (Tu'~ops; -T::=) est seule exacte; le reste

homériquedansF~n~o!. Pal., YII, SS,d


<. Hëminiscenee
èvVEU.6T
Aoxp:8o; ?x:Ep<;i.
TROIS ÉTYMOLOntES LATIXES i~

vient d'une confusion entrainée à la fois par la ressem-


blance de v: avec '<~j.(.), etc., et par le rapproche-
ment de -/x~ C'est la place de 's~.=, dans le lexique entre
'<~j. -x~ et '/s;j.M' ~:T/.Mqui a introduit
le 'j.-r, !):(j~. D'autre part. une fois associé à le mot
-=.: a reçu les sens qui sont précisément ceux de -<x~
dans une série de gloses
'/XT2L' S~ :Xpa:Y~'<)$! T:~S:, E'/ '?: :pS<H ~M'~ X~TSM'~ 'A:~

'/X~ S-U~OUT:: T:T:


YjX:AT;'3:'LS?:
'/X~' 'JAT;
'<X~=:' '("J'/j: X!

On discerne manifestement, dans ce groupe, les sens de


« hauteur boisée, forêt à pic )) qui ont favorisé la conjonc-
tion de ~c: et de -/x~=:.En somme, Tu-Ss:; T:T:=.:a bien
des chances de constituer seul la glose primitive et s'ajuste
exactement à l'emploi de 'p.s: chez Homère et Sophocle.
Si nemus et 'yi'j. se répondent ainsi pour la forme et le
sens, la nuance religieuse unit étroitement MpMïM~ à un
groupe celtique gaulois -Y;< « lieu sacré a, cp'-)-
(Strab.), -e~.s-=-/et (N~)p.=-.xy.(Ptol.); A'eyKp~~ou A~c-
~e, nom de tribu les déesses-mères ~/<2~M ~Vf~e~'c~
A'e~e~oceaMa, ~Ve??:e~acM/?!, /Ve~e~o</M/*M???,~e~o~e?M6-
tum, y~a~Mg~:p/o?!,noms de lieux cf. v. irl. ~e?MCû~
« sanctuaire a, tous mots qui se réfèrent à la célébration
de cultes dans les forêts (Holder, ~L/~e~. ~y~cA~c~ II,
col. 708 et suiv.).
Ce *Me~!e<o- ne trouve de correspondants que dans v. fran-
cique ?ïM?M'</rendu par « Weide » et dans avest. ?MMï~<x-
(Vidëvdàt,) dont Bartholomae traduit tous les exemples par
« Reisig a. Un examen plus attentif révèle, en germanique
comme en iranien, une interprétation erronée.
A":y?M</
francique ou v. saxon n'apparaM qu'une fois, au
milieu du vin" siècle, dans l'/M<CM/:M~Mpers~'<oy?MM! qui
parle « de sacris siluarum quae ?M~Ka~z.y uocant N*.
-t. Cf.E. H. Meyer,Gcrm..Uv~ p. 48. Sur le cultedes bois chez
les Germains,v. Hoops, Re<!He.K.~
11, p. 48-t, Schi'fnler-Nehrine.
82 E. BENVENISTE

On ne peut souhaiter attestation plus nette pour « forêt »


ni meilleur appui au rapprochement de nemeto-, nemus et
-/s~.=;.A supposer même qu'il ne vienne pas du celtique,
/H'7K!</estclairement associé, comme gaul. nemeto-, au culte
des bois. « Lucos ac nemora consecrant dit Tacite des
Germains (Germ., 9). Ni le sens de « Weide » ni le rappro-
chement avec gr. ne se justifient, non plus que l'inter-
prétation de Meringer (I. XVIII, p. 238) par « das
Zugeteilte ».
L'av. K~MS~ dont les formes flottent entre nam- et
nim-, n'admet nulle part le sens de branchages ».
Commençons par le passage le moins certain. Yd. III, 3S
« (Celui qui ne rétribue pas l'homme pieux selon son
mérite) avi tam ~pa~M ~9~&:yc <x?*M<z<6:~ ~?HOdéa !?aejo
aca ae~f~~ aca <z~H?H5 vispaia avi tiYra ~sma~a
« qu'on le rejette de la sainte terre aux ténèbres, à la
décomposition, à la pire existence, rien que sur des poin-
tus N. Le terme « broussailles, branchages » surprendrait
ici on ne peut considérer ni ~'yrc- « pointu » comme une
épithète naturelle en ce cas, ni l'abandon sur des bran-
chages comme un châtiment supérieur à ceux qui pré-
cèdent. La traduction pehievie a un mot inconnu (ap dn
n at dt). Mieux vaut ne rien conclure de ces obscurités
Pour les autres exemples, l'iranien moyen et moderne
nous guide phi. litt. namat désigne un tissu grossier de
laine ou de feutre, tapis ou tenture.-Cf. ~<M/c~ne sàyast,
II, 101 (ed. Tavadia, p. 65): Ira apar bôp ~e MZM'e~
/<-G~Jp apar namat <a~<xA kart M~, namat u ~Op
/<c?*2 rèman; u ka ~/M~M~ namat ~a~ « quand quel-
qu'un meurt sur un matelas, si le matelas et le tapis ne
font qu'une pièce, le tapis et le matelas sont souillés s'ils
sont séparés, le tapis est pur ». Pers. ?M?/Mûf« feutre »
(" lana coacta, pannus coactilis » Vullers) garde ce sens,
qui est confirmé par deux emprunts indépendants skr.
/!077M~o- « tissu ou manteau de laine épaisse »
(et ~ŒUC!<c'-)
licallex.,II, p. 517.Lemotfiguredans Graff,.AM/toeM. Sprac&sc/M~
t. II. p. ~OKO et 0. Schade,~Me~c/t. TT6.,I, p. 681.
t. V. Darmesteter,Z. A., t. II. p. 45 n.
TROIS ËTY~OI.Or.!F:S t.AT~RS s~ Il

(lex.) et 'oss. M!MM~, ?!/?M(~« pelisse » (MilIcr-Frcunan,


~M. W~ Il, p. 884), passé à son tour en caucasiquc du
sud: thus MC~c~ georg. nabadi (Miller. ~?/ der 0~
p. 9). On comparera sogd. nmt *namat « pelisse (Rcicticit,
~o. ~~c~ I, p. 62, 1. t9; II, p. 8. t. 10), gil.
/?a7K~ef,tanz. yaran. nat. ~au~y « tapis de feuLn; » (Chris-
tensen, Contrib. à la dialectol. z'a~ p. 290), kubu!t
Ma~~</« id. » (Bogdanow, Journ. o f the Asiat. Soc.
Bengal, XXVI, 1930, p. 96). Ces mots soient, en rualitt;
de deux radicaux svnonvmes *?ïa~!<'i!<a- et *navata-, conser-
vés fidèlement dans la lexicographie indienne. Je n'en
discerne pas l'origine. Peut-être l'iranien les doit-il à
quelque source étrangère.
Or c'est phi. namat qui rend av. namata- dans les textes
suivants
Vd. V, 38 Ma~~K c~uc/M~ï ~csA!~ ;r°or~0<2~cc
ucs~'c'Aecc <ao~c ''Tï~MC/~Aecac~aa~cca ap<2'~<7ra!~
« (l'impie) enlève à l'homme pieux la jouissance de la
nourriture, du vêtement, du bois, de et (des ustensiles)
de métal ». D'après la suite des termes qui ont trait à la
vie domestique, ?M/?M~cs'applique à une carpette ou à une
couverture servant au couchage.
Vd. IX, 46 yïcsM~~G6a:~ ya0a' MïMx'*a0c;r~ ya6c! và
namatû tarô yàra yaHa và ra6wya varana « la \T:.asu
s'enfuit comme une {lèchebien
flèche bien lancée, comme le au delà
d'une année, ou comme la toison à point nommé ».
Limage même des choses qui volent, le voisinage de
varana- et le parallélisme des locutions ~n3 yar~ et ~a8M~o
confèrent une .vraisemblance bien plus haute au sens de
« flocon de laine )' qu'à celui de « branchages ».
En composition Vd. VIII, 1 y<z<c~MrM.M/xz.e~roMe
ua *?ï9?MCi'd.<2!M?!-uaysHe ua spà ua Ma va :r!8y~ « si
dans une maison de bois ou dans un abri de un chien
ou un homme meurt ». La traduction phi. porte namat
apar nihumbilr, probablement une sorte de hutte recou-
verte d'étoHès épaisses, analogue aux tentes de feutre d'Asie
Centrale (yM/~).
Partout où av. namata- se laisse interpréter, le sens en
E. BENVENISTE

est inconciliable avec celui de gaul. ~e~e~o-. L'erreur de


Bartholomae et de ses devanciers provient en réalité d'un
rapprochement injustifié entre namata- et un mot diEfércnt
~M/McS/cc dont le sens nous est heureusement indiqué par
le contexte
Yt XIV, 55 avi 5~WK S~û' nc~cya M~crcy~ y5
MfZOCC Marne Cgi'97Kaèsmam yo UCOCC
/!û;~)9~'a~t K9MïGS~C'
~Ma « (les démons Vyambura, les sectateurs des démons)
apportent au feu l'arbre qu'on appelle haprsi, le bois à
brûler qu'on appelle Mamc!A-c». Les variantes K~~aSAc
(Geidncr), M9Mîc5c~a,TM'ma~a, m'MïaBa&a:, avec le groupe
-=/)'-indiquent une notation tardive qui doit se ramener à
/ïaM!<z~AoTandis que haprsi est continué par pers. burs,
bal. M~MrN « genévrier »', on ne sait de namatlca que l'in-
terdit qui apparemment en frappait l'usage. Dans ce nom
incertain et particulier d'un arbre inconnu, il serait témé-
raire de chercher un correspondant de nemus.
En somme le sens de «( forêt » ne peut être constaté
dans aucun des mots iraniens qu'on allègue. Aussi la
parenté de lat. ~e~MSse limite-t-elle à deux radicaux paral-
K'ies "~e~e~- lat. nemus, gr. *Me?Me~o-gaul.
~;e?Ke~-(v. irl. ?:en:p6~),v. franc. 7<!M!c/ Groupe restreint,
faiblement représenté en grec et en germanique, mais
vivacp en italique et en celtique où il s'était chargé d'une
profonde valeur religieuse groupe unitaire dont les termes
gantent même formation 'et sens intact. La formation cel-
tique en -*ei!o-,celle qui sert aux ordinaux de cinq à dix,
n'est même pas très caractéristique elle supplée simple-
ment ici à l'amuissement phonétique de -s- suffixal par un
de ces éléments en voyelle -j- t- généralisés en celtique.
Toutes les autres correspondances tombent pour des
raisons diverses
Y. irl. KeM« ciel » (gall. MC/')s'apparente, par -rn <(
il skr. /~Af</i, gr. '/M=;, etc., comme l'ont établi Duvau
(Rev. ecA., t. XXII,p. 82) et lI. Pedersen (Fe~ Cra~
1. p. 255). Pour le sens, cf. v. si. ~c~o et hitt. Me~~K ciel )).
1. S~r un rapprochementpossibleavecsu-~n./tam6<MC « juniper »,
cf. Mot'eensUct'nc.
A'o)'s7;
TMss&r. 1,p. 46.
/b!'Spt'og'uM-,
TROIS ÉTYMOLOGtES LADRES 85

Gaul. /~c?~o « ualle ')..Vcy:~«z~e~, gall. Ka/?~ « vallée »,


etc., supposent *7zw-~<- et rejoignent une 'racine tout
autre *7K- « donner ou recevoir en partage », qui a
fourni, entre autres, des mots nombreux désignant le
« domaine », puis le « pâturage » gr. ~s' partager;
faire paitre », « partage; pacage ». « province;
pacage », etc. Peut-être latin numerus en fait-il partie, avec
un sens initial de « portion, catégorie, quantité », niais
aussi une formation insolite (*/ïOMM'o-?).
Egalement indépendant est un troisième *e?K- « ployer,
incliner B attesté seulement en indo-iranien par skr. M0~<
av. nam- « fuir » (cf. skr. 6AM/<x~« il ploie )) et gr. ssj-)
dont le dérivé nominal 'skr. M?Ma~, av. ?!?/MOindique la
révérence religieuse, l'hommage cf. skr. K<2M!~a-, av.
namra- « respectueux, tendre ».
Il importe donc de bien distinguer: 1° *c7?:e~ *nemeto-
« bois » 2° *eM- « répartir )) 3° *nem- « ployer », si
l'on veut donner pour tâche à l'étymologie non la réduction
de mots hétéroclites à des racines au sens fuyant, mais la
restitution de termes précis. La connaissance du vocabu-
laire indo-européen est à ce prix.
E. BE~VE~'tSTE.

f.
DEUX NOTES IRANIENNES

I. AïESTiQUE*M'M<Gy-.

-Le Yast V, consacré à Ardvï, relate aux §§ 61-66


l'étrange aventure du navigateur Parva, que Qraitauna a
changé en vautour et condamné à voler vers sa maison
sans pouvoir s'y poser Ao cua~c u<zrG:<<2 6r!'<2ya?'
'<z:Mc MM!<ïM~M:
(~'r;r.fG~)o?~?K ~K 'N/?<7ï9~?KMô?~aora
cuo~M~/o~.Ce qui est à lire en octosyllabes
Zt&cuŒ8ccucTc~
6~o~c:r<xM!6/'r ~o~c'rcM!
~a~ ?!MMM<i'M!y~M:.r"M~G(jya?K
?KX!7
avara ~uau~My~

« Il vola ainsi pendant trois jours, trois nuits, vers sa mai-


son, mais ne put y descendre » (Cf. B. S. L., XXX, p. 72).
Pour rompre ce sort, il implore le secours d'Ardvï à
l'aube du quatrième jour (frac~a .r~c/KOO~cya /yaYM~c<
M.~M/~w~rc~a ~vivitim, 'c'est-à-dire, selon l'interpré-
tation courante « à la fin de la troisième nuit, il arriva à
l'aurore, à l'illumination de la puissante (aurore) »'. Un

'[. Et-CL'tanste zur MorgenrOte,zumAufleuchten der gewahignn»


('liai'ttiotomac,~'6. Cet. 't4S3).« He came to the dttwn. to <he
liMhtine up ofthp mighty(dawn)H(Rcicheit,~t'ests Reader,p. iOS).
c Ër cctangte zur umhei'strahisnden,heMenhaftenMorgenrôte»
(Lommel.DieTf~'s ~esAtUMff:. p. 37).Latraductionde M. Lommel
eiisse d.iiHeurssur la diSIcuXe.Cellede Darmesteterest encore
moinsfidetc « A la finde la troisièmenuit. à ]'arrivéede la puis-
santeaurore,au premiersouf!)cde t'aurorc. ». Maisellesignaleau
ntoins quf /r~yM<!f ~M?'s~formeun « texte barbareou corrompu»
CZent/4't.csfa. Il, p~~82,n. 7S).
DEUX XOTES tRAXtEX~ES 87

tour aussi malaisé etiincohérence de la métrique signalent


un problème qui touche a la fois l'interprétation fie ~f:~M:
(~) et la construction de .~?r<?~
Bartholomae (col. 1453) tient u~~y- pour un abstrait
dérivé de ~a- « briller » (skr. <5~y-) et suppose une
influence des thèmes en -~(y) sur av. vit- (= u.) en face
de skr. -Ma~ Justification médiocre d'une leçon sans
valeur: F,, Ptt, E, donnent bien u!'u: mais u~M~M de
Pg, K, Jj., adopté par Geidner, est évidemment préférable
et nous achemine à la solution. Le texte initial portait
M~/w <?!, à lire vivatim. devenu par épen thèse :fyM'y~
(=vivaitim) d'où la fausse transcription f~ Et u!'u<7-
<<?7!représente, après la spirantisation normale des occlu-
sives, vibatim, ace. du part. prés. féminin de u!6f7-
« briller )) cf. uy-a-uc~~ « lumineux », fém. uy-a-u<7/z
(écrit -M<x:). Ce n'est donc plus de /a- que dépend
vivatim, mais de M~CTM, à quoi il suHit de l'unir pour
MM~M vivatim « il atteignit
obtenir l'octosyllabe: /?'a-;?7!<2<
l'aurore rayonnante
Entre les deux accusatifs s'est glissé ~ray<:7, glose ins-
tructive. Dans la langue théologique, usah ~M?'adésignait
le dernier tiers de la nuit le coq chante M~xxMM~/<<?~! ~f~!
~M~m (Vd. XVIII. 15), c'est-à-dire à la première aube.
Ce 6'K/~a-ne doit pas être joint à wra « fort », avec lequel
Bartholomae l'identifie sans raison il s'apparente à si-tram
adv. « tôt (Bartholomae, col. 1631), sy/rya- « repas du
matin (phi. ~Kr « id. »), c~Mrzloc. « au crépuscule mati-
nal ». Un copiste indifférent à la grammaire, lisant
M.M~a?M !uci~. aura ajouté en marge ~M~oy<!(d'après
6rityayâ), précision temporelle qui a pénétré ensuite dans le
morceau, au grand dommage de la syntaxe et de la métrique.
Dans le vers suivant, upa M~??~?7ïM~<z~~<2y<x<, la répé-
tition du préverbe a faussé l'octosyllabe il faut rétablir
upa M~a/MM! C~0y<
Cette observation supprime du dictionnaire le prétendu
*u!t~cy- qui doit rejoindre l'article ~a- sous les composés,
et dégage, pour faire suite à celle de la p. 86, une strophe
impeccable
88 E. DEKYEKtSTE

OraM~c ~cjo/KO er:ya:y5Â


/?Ma< M~S~CM U!UG<:HÏ

upa Mjc~aM c'a~


crefu!Hï ~H/'57?ï a~a~~5?K
« A la fin de la troisième nuit,
II atteignit l'aurore rayonnante
et vers l'aurore il implora
Ardvl Sùrâ Anâhita. »

II. Ux KOM DE CEXTA)KE EK MOYEK-PERSE

F. W. E. Muller a transcrit et traduit chez A. von Le Coq,


Die ~m~M'c~aMc~~z .MŒ<Mre7ï,1922,.p. 40, un fragment
manichéen sassanide dont voici les quatre premières
lignes:
t~ dônan M/xx~sya/ï und dicZwei, die Diakonen,
tirëst M3sast die dreissig und die sechzig
mSTMa~-araM u~5K Hausvorstande, alle die
u~~oyaTï pa~'a/t u yo~cA- Auserwuhiten, die lauteren
?'c/z und reinen.

Mu!!ern'a appuyé d'aucun argument sa traduction indé-


fendable en fait de tyrys.t (seul exemple connu) par
« trente » tirést ne se ramène à aucune des autres formes
de « trente » av. Orisatam, pers. sih, etc.
D'ailleurs toute combinaison linguistique est condamnée
qui méconnaît le véritable sens de cette énumération de
titres c'est une allusion à la hiérarchie de l'Eglise mani-
chéenne et au nombre consacré de ses dignitaires. II suffira
pour le présent débat de rappeler à ce sujet deux témoignages
explicites et qui se corroborent 1° Augustin, De ~ae/'M.,
eh. 46 ex Electis suis habent [Manichaei] duodecim quos
appellant magistros episcopos autem septuaginta
duo et presbyteros. 2° le fragment chinois Stein

-t. La vocalisationt:Bst est de moi. Mùliera simplementtranslit-


téré ~r;st.
DEUX ~'OTES [RA~tE~~ES 89

(début (lu Traité deTucn-Huang. adapté du pehievi en 73t),


(lui donne pour If's trois premiers degrés de la hiérarchie
t2 ?MO;a (=:mugistri); 72 M~<7& (==episcopi); 360
M<r/M~-(= prusbyteri)(PeIliot, r'o~My-~ao, 1929, p.249).
Df ces rapprochements sort l'interprétation évidente de
notre passage qui reproduit le même enseignement que le
texte chinois. Mdoit être complété en [</MM.?(f/)a/i~a7M~-
~<7/< /c] M~</0/MMM~a-Tï /;re~~Mes<M~/a?!~<2-
r~~y! « [les i2 ~c~j~-5" les 7]2 Mp~y; les 360 ~a~~a-
y'a/' (= ~<?~Mi'o-) » L'expression M~sast vaut donc
« trois cents soixante » d'où il résulte que tirést signifie
non « trente », mais « trois cents)).
A vrai dire, pour ne pas s'ètre rencontrée jusqu'ici en
pehlevi, la forme <M*~ ne peut passer pour inédite. Elle
s'est conservée, avec d'autres survivances, dans la langue
archaïsante de Firdousi. Le glossaire turc d'Abdul Qàdir de
Bagdad (Lexicon .S7M~M<x:'KMMMMï. ed. Salemann, p. 54)
affirme que ~r~< veut dire « trois cents )) et cite à l'appui
deux vers de Firdousi'
~'r-auMr<7~y~i'sar sângi ~~CM?/!
af:M ua jD~Ay:a~ ~~Mf ~nM!
« H éleva une tête (?) en marbre, dont la longueur et la lar-
geur ét.aient de trois cents pas. » Le dictionnaire de Vullers
donne aussi </y~. tirist avecle même sens, d'après d'anciens
glossaires persans qui qualifient la forme de~M/7uL Autant
de faits qui accusent le caractère récent des deux premiers
termes de la série persane des centaines du ~ef, si ~<~
ont remplacé e~Mue~(phi. et Fird. cf. av. dvaë-éa saite) et
~y'&
On tient donc dans phi. sass. le correspondant
numérique de phi. ars. ~fM~. Mais que tir- n'ait rien de
t. Cesdeuxversn'ont pas été retrouvésdans le SilhXâma.comme
me le confirmeM.Minorsky,qui a eu l'obligeancede vérifierpour
moile texted'AbdulQadh'.Le yM&ster du premiervers, écrit en un
mot. pourrait signifier(cd'un coup )), mais il n'y aurait plus de
complément.Au secondvers, une syllabeparait manquer. Horn
(Supers. Schriftspr.,p. it5) signale d'un mot « tiyrist. uNktare
Pahtavirorm».
90 E. HEKYEKtSTE

commun étymologiquement avec 6ray-, c'est ce qu'on peut


se dispenser de démontrer. Il faut partir de l'ancienne forme
féminine tisr-, d'accord avec 'un emploi qui a pris pied
dans l'Avesta récent. A trois reprises, le Vidëvdât affecte
tikrô sata à un masculin ou à un neutre pour dénombrer
des hommes (II, 30) ou des coups (Mpc~a~a-, n., IV, H,
11). Les anciens moyens d'expression s'affaiblissant pro-
gressivement, *Q7*~ M~ « trois cents », qui risquait
d'entrer en concurrence avec Orisatam « trente », a été
supplanté par/M~ô~c. C'est bien un fait de langue authen-
tique que le pehlevi sassanide éclaire ici indirectement.
Mets ~M?*o satai ne donne pas phonétiquement la finale
-5~ par laquelle nous vocalisons -y s t. On doit admettre
ou que -~< provient directement de </M~5s<,ou que
plus anciennement le duel dvai satai (écrit duye saite,
efuce-cc saite) a entraîné analogiquement *~y<2!satai. En
tout cas, l'étroite union de c~Muc~et de ~e~ est mani-
feste. Plus tard, devenue un simple archaïsme littéraire, la
forme a en persan une finale pleine ist ou déGciente-M~.
Pour~r- ~> tir-, on comparera peut-être av. tistrya ~> phi.
tir. Bien que phi. ?/* continue également un ancien nom
divin *~rc établi par av. ~o-Mc~'<26:oa,gr. Ttp'T: arm.
y/ indo-scytfie TEIPO, etc., il est certain que la tradi-
dition de phi. est savante et que si tir répond à *~<x
et à tistrya, c'est que l'élimination de -f/ devant rappro-
chait les deux noms.
Le féminin tisr- a donc gardé sa place dans la numération
Iranienne, et pas seulement en pehlevi. Nous avons déjà
suggéré, pour l'explication de l'ordinal sogdlcn
'cs~A' « troisième », une contamination de 0?~-et de /M~
(C~cT/z~. ~oy~ 11, p. 141). Or le pasto dit ~M« trois
cents », ou tèr est indépendant de o~'e « trois H<; Orayo
et de </</<7r/a:~ « treize N<~*a~cy~ <~ercyt3</<x~G. Plutôt
que d'admettre un emprunt indien avec M. Morgenstierne
(~yM!. roc<x~ p. 2i), nous tirerons tèr de <Mr-: le main-
tien de pst. t- prouve que la dentale initiale ancienne
n'était pas en contact avec et le traitement de la voyelle
intérieure concorde avec celui de ccr<~c:&r<x-et ~5~
DEUX XOTES !RA\)r:XNES 91

<o:'era- Ainsi la coïncidence de l'avestique et du


pehlevi sassanide ne constitue pas une isog'iottc, et rien
ne prouve que le pehlevi arsacide n'ait pas hérité de la
même forme, puis refait Arg.M<~sur hrè; l'élimination de
~y- ne s'est pas opérée partout à la même date. D'ailleurs
il n'en reste rien aujourd'hui en iranien occidental l'in-
fluence du persan et la normalisation du système numéral
ont ag'i concurremment. Des parlers comme le samnâm ou
le nayini usent encore de o~Mu~, divis « deux cents mais
ne connaissent plus que « trois cents ».
Les cardinaux féminins n ont subsisté, on le notera, que
dans les centaines ceci donne une vraisemblance nou-
velle, malgré l'obscurité du détail, à l'opinion de M. Mor-
genstiernc (/Vo/)' TYe~.M. for ~S/3ro~u:f/ IV, ~930,
p. 164) qui tire wanetsi CM~~K'K quatre cents » (en face de
ca/o~« quatre )))de *ea~o sata, cf. av. cŒo fém., skr.
cc/a~'a/j. De là \van. ~)M/t~M « cinq cents analogique. Ce
vestique marquerait l'avancée extrême du féminin dans le
compte iranien des centaines.
E. BEKVEMSTE.

1. M. Mor~cnstierne suppose aujourd'hui avec grande réserve


(;Yot's/:'Ms'r. foi, Spt'oyu~ IV, 1930, p. ~63) un *~6ra- pour past.
<ër: mais la seule forme attendue en iranien ancien est.av. <srs-.
SUR GREC~op.M

Les conditions qui déterminent la répartition des formes


du type *c~eM-, avec sonante consonne, ainsi dans véd.
cf:/C!t~.gr. Z~u:, et du type "~ïyeM-,avec sonante voyelle,
ainsi dans véd. 6~(:)y<2M~, sont diverses, et il serait sans
doute vain de chercher à les préciser dans chaque cas par-
ticulier. Il est intéressant de relever un cas où la condition
décisive semble pouvoir être déterminée.
En face de ion.-att. yu~,-j-u~Ey. et de béot. px~x,j~xy~y.x:,
le grec ne connaît d'autre dérivé verbal que p~x~xi (de
*~x:x'.). On connaît la répugnance du grec pour les succes-
sions de trois brèves; or, un dérivé *Y'jvx:p.xL ou *xt
aurait présenté cette succession.
D'autre part, on sait que, toutes choses égales d'ailleurs,
les éléments d'un mot long sont prononcés plus brefs que
ceux d'un mot court. Or, tandis que le védique a à la fois
a'ya??:=hom. Z~ et of(ï)ycMz==lat.diem, il n'a que 6~/<xu!,
comme le latin n'a que loue.
A. MEILLET.
BULLETIN
DELA

SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE
?96

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

DU 15 NOVEMBRE 1930 AU 20 JUIN 1931.

SÉANCE DU ~5 NOVEMBRE 1930.

Présidencede M.H. MAsPÉRo,


président.

Membres présents. M" Homburger, Livchitz, Nitti,


Sjoestedt, de Saint-Genès; MM. Barbelenet, Benveniste,
Bernard, J. Bloch, Cart, M. Cohen, Collart, Dauzat. Deny,
Destaing, Ernout, Gougenheim, Guillaume, Humbert, Jon-
val, Lamouche, Larrasquet, Lejeune, Marouzeau, Mazon,
Meiltet, Mertz, Mirambet, Renou, Roques, Saroïhandy,
Vaillant, Yogt,, Yvon.
Excusé M. 0. Bloch.
Assistants: MM. Brunovsky, Lyonnet, Maehie, Maries,
Mécerian.
Décès. L'administrateur annonce la mort de notre
confrère Mayer Lambert. Le secrétaire expose quelle a été
'.] PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

la grande place deM. Lambert dans notre Société et exprime


les regrets qu'elle ressent de cette perte.
Présentations. Sont. présentés pour être membres de la
Société
MM.
Jens HoLT,de Copenhague, actuellement: Hôtel Brisson,
37, quai des Grands-Augustins, Paris, VI' (MM. Meillet et
H. Pedersen).
Charles VIROLLEAUD, secrétaire de l'Institut des Études
sémitiques, iS, rueVauquelin, Paris, V" (MM. Meillet et
M. Cohen).
Pavelo BRUNOVSEY, attaché à la Légation de Lettonie, 8,
rue de Prony, Paris, XVII* (MM. Jonval et Bernard).
Le Romanisches Seminar der Universitat, Koln (Alle-
magne) (AIM. Cohen et Melllet).
Informations. L'administrateur mentionne les invita-
tions reçues pour les Congrès de 1931 l'une pour le 18"
Congrès des Orientalistes à Leyde, du 7 au 12 septembre
l'autre pour le 2e Congrès international des Linguistes à
Genève du 23 au 29 août il donne lecture du programme
de ce dernier.
Il annonce en outre la création _récente d'un Institut des
Etudes sémitiques à l'Université de Paris.
Prix Bibesco. M. Mario Roques expose les titres des
deux candidats, MM.A. Graur et J. Boutière. Conformé-
ment à ses conclusions, et après quelques mots du secré-
taire, le prix Bibesco est attribué pour 1930 à notre
confrère A. Graur.
Exposé et discussion. M. A. MEiLLET cherche à mon-
trer que le développement du genre féminin est, en indo-
européen, un trait relativement récent et secondaire. La
distinction a disparu de plusieurs langues indo-européennes
sans que la structure de ces langues en ait été altérée, et,
dans les autres langues de peuples de race blanche, ou
bien elle n'existe pas, ce qui est le cas ordinaire, ou bien
elle a un autre caractère et d'autres caractéristiques, comme
en ehamito-sémitique. Il rappelle qu'aucun thème nomi-
nal n'est propre au féminin, et que c'est seulement dans
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE ~930
iij

l'adjectif qu'il y a des oppositions nettes du masculin et du


féminin. Même dans le démonstratif, des formes telles que
le génitif skr. ~i~/a~, v. pruss. siessias, got. /~<M, n'ap-
partiennent pas aux thèmes en -a-. Dès lors, on s'explique
l'absence de caractéristiques du féminin dans les langues
issues de colonisations anciennes. Le hittite ignore la dis-
tinction du masculin et du féminin. En arménien, la dis-
tinction a été éliminée. En latin, beaucoup d'adjectifs ne la
présentent pas (notamment le participe présent) et ce doit
être un fait de forme archaïque. Incidemment M. Meillet,
rappelant l'observation de M. Vendryes sur le caractère
« populaire » des masculins en -a- en latin, se demande si
l'emploi de -a- pour caractériser le féminin n'a pas une valeur
un peu dépréciative.
A la discussion qui suit prennent part, avec M. Meillet,
MM. Vendryes, Benveniste et Ernout.
M. Vendryes fait remarquer combien les nouvelles
théories de M. A. Meillet, en éclairant les faits, les mon-
trent plus complexes qu'on ne s'était plu à le croire. Il se
demande si on ne doit pas expliquer, par l'absence an-
cienne de distinction du féminin dans le nom, les influences
de la déclinaison pronominale sur la déclinaison nominale.
M. Benveniste. en mentionnant l'absence de marque du
féminin nominal en hittite, remarque que certains'animaux
sont traités comme féminins.
M. Meillet ajoute que l'apparition du féminin a été un
fait de vocabulaire, avant de devenir un fait grammatical
dans le système du nom indo-européen.

SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE!930.

Présidencede M. H. MAspÉRO.
président.
Membres présents. M" Homburger MM. Barbelenet,
Benveniste. J. Bloch, Cart, M. Cohen. Destaing, Ernout,
Fughali; Gougenheim, Humbert, Jonval, Lamouciie,
PBOCÊS-VEKBAUX HES SÉANCES

Marouzeau, Maspéro, Mazon, Meillet, Mirambel, Renou,


Ruffel, Saroïhandy, Tonnelat, Unbegaun, Vaillant, Ven-
dryes, Vogt, Yvon.
Assistant M. Telegdi.
Elections. Sont élus membres de la Société MM. Holt~
Brunovsky. Virolleaud le séminaire roman de l'Université
de Cologne.
Présentation. Est présenté pour être membre de la
Société
M. A. P AGLIARO, professeur à l'Université de Rome,
Via s. s. Quattro, 64., Rome (Italie) (MM. Meillet et Yen-
dryes).
Election de la Commission des finances. Sont élus
membres de la Commission des finances
MM. Benveniste, Cart et Mirambel.
Communications. M"°L. HOMBURGER, après avoir signalé
que trois cinquièmes du vocabulaire nubien, non d'origine
arabe, ont déjà pu être identifiés par elle comme représentant
des éléments égyptiens, montre que l'on retrouve égale-
ment des éléments morphologiques elle cite comme
exemple nubien -ni, sumxe de relatif, et égyptien -M/,
nubien tam et MïM,suffixe du négatif, et égypt. &K, H!~
elle rappelle qu'en nubien comme en égyptien une propo-
sition entière peut être employée comme un substantif et
prendre le suffixedu pluriel. Enfin M""Somburger mon-
tre que le vocalisme et la finale des substantifs nubiens
permettent de reconnaître le genre du substantif égyptien
représenté.
Un échange de vues prolongé suit cette communication
V prennent part, avec M"~ Homburger, MM. M. Cohen,
J. Bloch, Saroïhandy, Meillet, Y.endryes, Maspéro.
M. Marcel Cohen marque la difEcuIté, pour ceux qui
n'ont pas eux-mêmes la pratique des langues négro-afri-
caines, de discuter les rapprochements frappants exposés par
M"' Homburger. Il mentionne la publication de deux ou-
vrages récents où, à propos de l'histoire des Juifs, les
auteurs ont groupé les faits qui indiquent des migrations
blanches dans l'Afrique noire, faits qui sont de nature à
SÉANCE DL' 20 DÉCEMKRF 1930 v
fortifier l'idée d'un rapport historique entre- des tangues cha-
mito-semitiques et des langues négro-africaines.
Enfin il indique que des membres (le phrases relatifs ser-
vant à qualifier un nom sont traités en entier comme un
nom en amharique de même qu'en égyptien et en nubien
(mais avec un autre clément relatif): M. Saro't'handv men-
tionne que le même fait s'observe en basque.
M. A. MEtLLET rappelle que l'irlandais n'a pas, a la 2"
personne du pluriel, de désinence propre au déponent et
que le latin recourt, pour le déponent et le passif, à une
ancienne forme d'infinitif ~ey~yM! Ceci l'amène à se
demander si les ressemblances entre skr. -c~uc~! (-<u<:<)
''t -c//<y<2! entre gr. -jO: et -j~. sont fortuites. D'autre part,
le hittite s'accorde avec le latin et l'irlandais à n'avoir
pas la caractéristique -r- aux 2" personnes moyennes du
singulier comme du pluriel.
A la suite de cette communication des observations sont
faites par MM. Vendryes. Harbelenet, Ernout, Benveniste
et Vaillant.
M. Barbelenet mentionne que les formes latines en -M<
sont peu employées dans les textes.
M. Ernout demande si la forme de 2' personne du sin-
s-ulier en -ere n'est pas à mettre en rapport avec la forme
homonyme d'infinitif.

SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 930.

Présidence de M. Th. CART.ancien président.

Membres présents. M" de Saint-Gencs, Sjocstedt;


MM. Barbelenet. Benveniste, J. Blocii, Brunovskv. Chan-
truine, M. Cohen. Destaing. Ernout. Gougenheim, Guil-
iaume, Humbert. Ivkovic. Jonval. Marouzeau. A. Mazon,
Meiiiet. Millet. Mirambet, Ruif!'e!. Sauvaceot. Unbegaun.
VaiMant, Vendryes.
Excusé M. Tonnelat.
Assistant M. Lyonnet.
~.) PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Election. Est élu membre'de la Société


M. A. Pagliaro.
Présentations. Sont présentés pour être membres de
la .Société
MM.
André PRÉVÔT, professeur au Lycée Montaigne, S bis, rue
Joseph-Bara, Paris, VIe(MM. Chantraine et Meillet).
Ephraïm Cposs, 1847, University Avenue, Bronx, New-
York (U. S. A.) (MM. Marouzeau et Meillet).
L'abbé S. LVONNET, 12, rue Franklin, Paris, XVÏ"
(MM. Meillet etVendryes).
Jacques DAMOURETTE, 1, rue de Richebourg, Sarcelles
(S.-et-O.) (MM. Meillet et Yvon).
Dr Edouard PicHON,23, rue du Rocher, Paris, VHP
(MM. Meillet et Yvon).
Kaare MAEaLE,20, rue des Écoles, Paris, Ve (MM. Meil-
let et Marstrander).
Rapport de la Commission des finances pour l'exer-
cice 1930.

IJestdonnélecturedu rapportdela Commission


desfinancespour
1930
Aprèsavoir pris connaissancedescomptesdu trésorier,laCommis-
sion desFinancesa arrêtéle bilansuivantau 't0décembre1930

de l'exercice~93~.
Comptes
RECETTES

Iteport d'exercice. S9337fr.36


Cotisations annuelles 34)38 36
Ventede.UenMu'esetBMHettKS. 4778 »
Ventes d'ouvrages. 113S6 »
Subvention du Ministère de l'Instruction publique.. 1375 »
Un quart, subvention de la Fédération des Sociétés
scientifiques. 4 S00 »
Fondsspëcia)i930-1931. 1000 »
Interëtrentesetdëpôts. 2648 23
Subvention reçue pour le livre de M. Sandfeld. 13000 »
Solde du compte Durand 1939. 477 50
TOTAL. lMS07fr.4S
SÉAKCE DU 20 DÉCEMBRE 1930 ~i

DÉPENSES

Impression et expédition du livre de M. Sandfc)d.. KJ897 30


Provision à M. Durand pour impressions en cours.. 30000 »
PrixBihesco. · 4 005 »
Facture Imprimerie Nationale, Mémoires, XXHI,5. 4353 tO
tirages à part. 105 90
Factures relieur et brocheur. 1589 10
Expédition Bulletin, ~emo:'r~s, etc. 3 463 73
Cotisation Bureau international de Genève. 105 H
Convocations, frais de séances. 730 »
Administration, trésorerie. 1500 »
Correspondance. 500 »
Papeterie, ëtrenncs,fraisdivers. 842 »
TOTAL. 6) H3 fr'"t55

Différence entre recettes et dépenses


~507 fr. 48 61 ~t3 fr. 15 = Ct 494 fr. 30,
représentés par
Compteenbanque. 27472~.60 0
Compte chèques postaux. 't8209 25
Compte Champion. 13532 45
En caisse du trésorier. 580 »
TOTAL. 61494 frT~O

Toutefois, il faut défalquer du compte recettes de vente d'ouvrages,


le produit de Ja vente d'un certain nombre de volumes qui ont été
imprimés aux frais des auteurs, et dont ie produit doit naturellement
revenir aux auteurs eux-mêmes. Il doit revenir ainsi a M. CuENDET
une somme de 1 07') fr. 65 pour l'année 1939 et de 1 590 francs pour
l'année i930, soit 366t fr. ë5 a M"~ HoMBUMERune somme de
t 418 fr. 5S à M. GUILLAUME,une somme de 1 441 fr. 75 à M. SAL:-
VAGEOT, une somme de 1 173 fr. -i5,soit au total 6695 fr. 10.
Ne figure pas non plus dans le compte « dépenses l'impression du
livre de MM. Maurice C~HEx, et M. OLSEX,dont la facture n'a pas
encore été fournie par l'Imprimerie Nationale.
Par contre, notre compte « recettes » doit s'enrichir bientôt du res-
tant de la subvention de la Confédération des Sociétés scientifiques
dont un quart seulement afférent au premier trimestre en raison du
changement de date de l'année budgétaire a été versé à la Société.
La provision versée chez l'imprimeur Durand a permis de payer les
bulletins 89, 90, 91, la liste des membres et l'Index, soit29S33 fr. 50,
en laissant un boni de 477 fr. 50. L'impression du fascicule biblio-
graphique numéro 9i est revenue à 12876 fr. 15, somme à laquelle il
faut ajouter les frais de rédaction et d'envoi, ce qui équivaut à peu de
chose près à la subvention versée par la Fédération des Sociétés scien-
tifiques pour t929, rien n'étant réservé pour les frais généraux de la
Société.
Nous avons, grâce à une importante subvention danoise, dont nous
Vtij PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

devons remercier chaleureusement les donateurs, édité l'important


volume de M. Sandfeld; il a paru malheureusement trop tard dans
l'année pour qu'il ait pu être mis en vente avant l'établissement de
nos comptes. Il en est de même pour le livre de MM. M. Cahen et
Maenus 0)sen qui n'est pas encore en vente. Mais, comme on le voit,
notre collection s'accroit régulièrement et il y a tout lieu d'être satis-
fait de la vente qui augmente de façon notable nos revenus, en même
temps qu'elle agrandit notre action.
La situation de la trésorerie est bonne. Le chiffre des cotisations
est légèrement supérieur à celui de l'an dernier comme le laissait pré-
voir l'augmentation du nombre des membres de la Société. Le tréso-
rier insiste de nouveau, et de la façon la plus pressante, auprès de ses
confrères, pour qu'ils veuillent bien lui régier leur cotisation, sans
attendre d'y être invités, dans les deux premiers mois de l'année. Il
les prie de se libérer par chèque bancaire, ou par chèque postal, plu-
tôt que par mandat-poste.
La Commission des finances est assurée d'être l'interprète de la
Société en adressant ses remerciements aM. Alfred Ernout, trésorier,
pour le dévouement avec lequel H a continué à gérer nos finances.
Le tO décembre 1930.
E. BEXVEXISTE.
Th. CART,A. MtRAMBEL.

Ce rapport est adopté.


Administration de la Société. Le secrétaire exprime
les remerciements de la Société à M. Marcel Cohen qui
quitte le poste d'administrateur après presque douze ans
d'administration dévouée. Le président et l'assemblée
s'associent à ces remerciements. Puis le secrétaire expose
des propositions faites par M. Marcel Cohen et les soumet
au vote de la Société.
Il est ainsi après observations
décidé, de MM. Meillet,
M. Cohen, Ernout, Vendryes, J. Bloch
1. Qu'il sera joint aux circulaires envoyées par la Société
des /eMx7~ <M/b?'?Ma~'OMS destinées à mettre au courant
les membres non résidents à Paris de l'activité de la So-
ciété en cours d'année, et à établir un échange de rensei-
gnements sur l'activité scientifique et les projets des mem-
bres.
2. Qu'il sera rétabli au budget de la Société une somme

pour les frais d'administration.


3. Que le prix des publications sera porté uniformément
à 30 francs (s'ajoutant à la cotisation de 20 francs). Il sera
demandé en outre des frais de port (8 francs) aux membres
SÉAXCE DL' 20 DÉCEMBUE 1930 ix

qui résident dans des pays n'ayant pas accepté le tarif réduit
pour les envois d'imprimés.
Election du Bureau pour Ï931. Sont élus:
T~M~/e~ M. E. TOKXELAT.
t7cc-~P6'~e/ MM. G. LACOMBE et E. BOURGUET.
~'ec~G~e.- M. A. MEfLLET.
Secrétaire adjoint M. J. BLOCH.
Trésorier: M. A. ERNOL'T.
~l<~M!M~a~Mr.' M. A. M)RAMBEL.
Membres du comité de publication MM. Boyer, Ernout,
Marçais, Thomas, Vendryes.
Notule. M. A. DuRAFFOL'R

L'emploi de l'adverbe « y » en remplacement du pro-


nom régime direct « le. la. les a signalé dans B. S. L.. 30.
p. Y. a un parallèle curieux au sud de la région (très
vaste: tout le Lyonnais au moins) où il s'observe: dans le
Dauphiné dit franco-provençal et provençal. Dans cette der-
nière région, en effet. on a relevé une forme singulière de
pronom neutre sujet la, dont Chabaneau seul a tenté une
explication, peu vraisemblable (cf. A. Devaux. ~M! sur
/<7 /~M~MCUM~/C!e du Dauphiné 6'e~~M~i!OMf7/, 1892. p.
213). II faut sans doute voir dans ce la un emploi prono-
minal de l'adverbe « là )). Dans les cantons de la Mure.
Buurs d'Oisans. Valbonnais (Isère), dans le Briançonnais
et t'Embrunais on observe des formes patoises qui corres-
pondraient à « là pleut ». là faut ». pour « il pleut ». « il
faut ». formes qui ne comportaient pas, à l'origine. l'ex-
pression du pronom sujet °. Dans deux endroits de l'Isère
(Pré)enfrev et le Monestier de Clermont) contigus a cette
région. l'emploi de là en ce cas ne s'est pas développé on
ne ie rencontre que dans la formule interrogative qui cor-
respond au français « est-ce que ».
Communication. M. A. VAILLANTattribue, a la suite de
M. Meillet, une valeur phonétique à la distinction des deux

1. Cp. en italien. esp., port.. le développement de ibi en fonction


pronom[na)e(Meyer-Lùbke. R. E. R' 4'25'2).
2. Comme jeteur ai dit "(= je le leur ai dit) devenu « je leur y ai
dit ».
X PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

i dans l'alphabet slave primitif. L'un des deux i notele i or-


dinaire. issu de longue ou de diphtongue, l'autre le i « ré-
duit », développe de <au contact d'un j. C'est ce que prou-
vent les abécédaires anciens, qui donnent à ces deux i les
noms de (>e!) et de ize (Y~e). En reconnaissant l'exis-
tence d'un i « réduit », probablement d'un i bref, au début
de l'époque vieux-slave, on explique aisément certaines
particularités du vieux slave par exemple la 2e personne
du singulier thématique en -si, et, par voie de conséquence,
la 1'° personne du singulier en~.
A l'échange de vues qui suit cette communication pren-
nent part, avec M. Vaillant, MM. Meillet, Vendryes et
Mazon.
M. MeiMetse félicite du progrès que l'étude de M. Vail-
lant fait faire à la connaissance du vieux slave au moment
de la première notation. Cet état est très mal connu à
cause des remaniements successifs dont les manuscrits pos-
térieurs (xe siècle) portent l'empreinte. Ces manuscrits ré-~
vèlent assez bien l'état de choses qui leur était contempo-
rain. M.Mazon confirme cette manière de voir, en indiquant
que le x" siècle a été une période critique dans l'évolution
du vieux slave.

SÉANCE DU 17 JANVIER 1931.

Présidencede M. G. LAMMBE,
vice-président.
Membres présents. M" Homburger, de Saint-Genès,
Sjoestedt MM. Barbelenet, Benveniste, J. B!oclt,0. Bloch,
Brôndal, Brune!, Cart, Chantrainc, G. Cohen, M. Cohen,
Colin, Dauzat, Deny, Ernout, FéghaU; Février, Froman,
Gougenheim, Holt., Humbert, Jeanroy, Jonval, Lamouche,
Lejeune.Maehie, Marçais, Mazon, Mertz, Mirambel,Mossé,
Renou, Rivet, Roques, RuS'el,Saroïhandy, Sauvageot, Tho-
mas, Unbegaun, Vaillant, Yendryes, Virolleaud, Vogt,
von Wartburg, Yvon.
Excusés MM.A. Meilletet E. Tonnelat.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1931 X.)

Assistants: M"" Brôndal M. Couret.


Décès. M. Marcel Cohen fait part à la Société du décès
de M.Nddeke; il insiste sur l'importance de l'oeuvre de ce
savant et exprime les regrets que la Société ressent de cette
perte.
Présentation. Est présenté pour être membre de la So-
ciété
M. Pierre RAGOT,étudiant à la Faculté des Lettres, 23,
rue Montera, Paris, XJP (MM. Vendryes et Collart).
Elections. Sont élus membres de la Société:
MM. Cross, Damourette, l'abbé Lyonnet, Maehie, le
Dr Pichon, Prévôt.
Informations. M.Marcel Cohen présente à la Société un
ouvrage de l'un de ses membres, M. Cantineau, sur le Na-
batéen il en fait ressortir l'importance et loue le mérite de
l'auteur.
L'administrateur annonce que M. Jean Humbert, mem-
bre de la Société. et nommé récemment Maître de Confé-
rences à la Faculté des Lettres de Lyon, a soutenu le 10
janvier ses thèses devant la Faculté des Lettres de Paris
la thèse principale était consacrée à la Disparition du dati f
eMgrec du 7" au Xe siècle.
Communications. M. von WARTBURG, après avoir mar-
qué l'importance et l'originalité des théories de F. de Saus-
sure. au point de vue de la distinction de linguistique dia-
chronique et de linguistique synchronique, déclare qu'il ne
peut admettre la séparation absolue de ces deux aspects. A
l'appui de sa thèse, il présente deux exemples le premier
est le cas du subjonctif imparfait, du subjonctif prétérit et
du futur latin à basse époque, qui tous les trois ont abouti
;') une forme identique (fait de synchronie) une différen-
ciation s'est ensuite produite par d'autres procédés (fait de
diachronie) de là est résulté un nouvel étatd'équilibre(syn-
ehronie) le deuxième exemple est celui du jeu des démons-
tratifs latins le latin avait un système de démonstratifs
bien équilibré: par suite de l'affaiblissement sémantique et
phonétique du pronom M. le pronom hic a été amené à le
remplacer. et par suite a perdu sa valeur dès lors, /MC,
xij PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

dévalorisé, a été peu à peu remplacé par iste, qui lui-même


a été remplacé par ipse, jusqu'au moment où un nouvel
état d'équilibre s'est créé. M. von Wartburg montre dans
ces faits une des causes des altérations d'une langue les
insuffisances d'un système. Du jour où elles sont senties
plus fortement qu'auparavant et ou l'on cherche ày remédier,
l'état synchronique cesse pour faire place à l'état diachroni-
que. d'où naitra un nouvel état synchronique. Les deux
faits, synchronie et diachronie, se pénètrent. C'est ce rap-
port qu'a mis nettement en valeur Gilliéron ceci ne veut
pas dire qu'il soit absolument impossible de travailler seu-
lement dans un sens ou dans l'autre, mais qu'il faut, en ce
cas, se souvenir qu'on n'a devant soi qu'un aspect de la réa-
lité. L'étude d'une langue dans son ensemble ne peut se
faire complètement que si l'on envisage les deux aspects à
la fois.
Une discussion animée suit cet exposé, à laquelle pren-
nent partout surtout MM. Vendryes et Roques. M. Ven-
dryes fait remarquer que l'opposition entre synchronie et
diachronie dans la pensée de Saussure est plus profonde que
M. von Wartburg ne semble l'avoir vu; la diachronie est
la considération des faits historiques, la synchronie l'ensem-
ble des notions qui existent dans l'esprit du sujet parlant à
tel moment donné. M. Mario Roques, d'accord avec M. von
Wartburg, loue Gilliéron d'avoir montré qu'un système lin-
guistique est toujours instable il y a dans la synchronie
des éléments qui sont, sinon de diaehronie, du moins sujets
à de grandes modifications sans cesse les faits se croisent,
d'où la difficulté de fixer un état linguistique.
Observations de MM.J. Bloch, M. Cohen, Sauvageot et
Vaillant.
M. Ch. VmoLLEAUD fait une communication sur la lan-
gue des tablettes provenant de Ras-Shamra en Haute Syrie.
Ces documents, qui datent des derniers siècles du 11°millé-
naire av. J.-C., sont écrits au moyen d'un alphabet de 28
lettres dont les éléments ont été empruntés au syllabaire
assyro-babylonien.
Le déchiffrement de la nouvelle écriture a révélé que la
SÉAKCE DU 7 FÉVRIER 1931
xiij

langue de Ras-Shamra était le phénicien, c'est-à-dire un


idiome sémitique présentant avec l'hébreu les rapports les
plus étroits. Grâce à ces tablettes, la comparaison entre les
deux langues pourra être poussée beaucoup plus loin qu'il
n'était permis de le faire encore. Il appara!t d'ailleurs que le
phénicien s'écarte de l'hébreu sur plusieurs points impor-
tants, pour se rapprocher d'autres langues sémitiques, no-
tamment de l'arabe et de l'assyrien.
C'est ainsi que l'optatif s'exprime, comme en assyrien et
en sud arabique, par l'imparfait précédé de la particule
et que, pour le factitif, il y a, à côté du hiphil, un saphel,
correspondant au shaphel de l'assyrien. En outre, !e thème
réfléchi (hitpael en hébreu) se présente sous la forme hit-
pael, comme en assyrien encore et comme aussi dans le dia-
lecte moabite de la Stëie de Mésa.
Au sujet du nom, il convient de noter surtout quel'arti-
cle, qui est toujours beaucoup plus rare en phénicien qu'en
hébreu, ne se rencontre pas une seule fois dans les 1300
lignes qu'ont fournies jusqu'à ce jour les archives de Ras-
Shamra.
En raison de l'heure tardive, la séance est levée sans
qu aucune discussion ne suive cette communication.

SÉAKCE DU 7 FÉVRIER i93't.

Présidence de M. G. LACOMBE,
vice-président.

Membres présents. M"' Sjoestedt MM. Benveniste,


J. Bloch, Cart. M. Cohen. Damouret-te, Dauzat; Ernout,
Guillaume, Holt, de KoIo\'rât,Lamouche,Lyonnet,MaehIe,
Marouzeau, MeiUet. Mertz, Mirambel, Piclion, RuffeJ, Sa-
rf)ï))andy, Sauva~eot, Thomas, Unbegaun, Vaillant, Ven-
dryes, YeY, YogL Yvon.
Excusf M. E. Tonnelat,
Assistant M. Rasot.
Election. Est t'-iu membre dp la Societc
M. Ras;ot.
XtV PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Présentations. Sont présentés pour être membres de la


Société
La Bibliothèque de Minsk, Sovetskaja. 94, Minsk
(U. R. S. S.) (MM. Ernout etMirambel).
M. Georges FmEDMANK, ancien élève de l'Ecole Normale
Supérieure, agrégé de Philosophie, 16, ru" d'Armaillé,
Paris, XVII'' (MM. Vendryes et Mirambel).
M. Octave MERUER,agrégé de l'Université. Professeur à
l'Institut Supérieur d'Etudes Françaises annexé à l'Ecole
française Archéologique, 6, rue Didot, Athènes (Grèce)
(MM. Vendryes et Mirambel).
Annonces. Le secrétaire annonce que M. Yendryes vient
d'être élu Membre de l'Institut et le félicite &u.nom de la
Société.
I! rappelle que du 7 au 12 septembre se tiendra à Leyde
le 18~Congrès International des Orientalistes, et déclare
que la Société de Linguistique pourrait être représentée à
ce congrès par quelques-uns de ses membres.
Le président annonce, d'une part, la nomination de no-
tre confrère M. Przyluski au Collège de Fr&nce, d'autre
part. la création à la Sorbonne d'une chaire magistrale de
grec moderne, dont notre confrère M. Perno: a été nommé
titulaire.
Notule. M. J. BLOCH lit une notule de M. A. Graur sur
quelques expressions françaises nées à l'étranger il s'agit
de mots français, prononcés à la française, et nés en Rou-
manie sous l'influence de la civilisation française ces mots
sont jobin, en gros, en détail, c~MM (et f/e~, sous
l'innuence du suffixe -euse que le roumain a emprunté sous
la forme -e~o), ?Ma?M'eA&?<K (refait au lieu df manucure),
tour et y'c~oMy.M. Graur explique brièvement ~origine et le
développement de ces expressions.
Communications. M. A. DAuzAT fait une communication
sur la vélarisation de intervocalique dans le MassifCentral
d'après une enquête personnelle, travail qui paraîtra dans
la Revue des Langues Romanes. I! montre sur une carte la
répartition et il explique la genèse des sous-produits, très
variés, dont la scission parait relativement récente, bien
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1931 XV

que le point de départ de l'évolution soit fort ancien. Rap-


prochant ce phénomène de faits analogues en Galice et en
bas-Vaiais, il le rattache à une tendance vélarisante qui s'est
manifestée dans toute l'Espagne, la Gaule (sauf le S.-E.) et
la Rhétie par la vocalisation de devant consonne. M pré-
sume qu'il peut s'agir d'un substrat, peut-être celtique, en
contraste avec la tendance italo-roumaine ~> r.
A la suite de cette communication, M. Meillet déclare
qu'il voit dans l' vélaire, qu'a localisée M. Dauzat. la sur-
vivance de p!M</MM du latin pinguis a survécu devant
consonne dans la péninsule hispanique et en Gaule, et a pu
survivre dans les trois domaines: Galice, Massif Central et
Valais, qui font l'effet de survivances d'une ancienne aire
continue. Etant donné que i se confondait avec é fermé, tou-
tes les vélaires, dont on a les représentants dans les cas
envisagés par M. Dauzat, se trouvent là où le latin avait
/~nyMM. Dès lors vélaire dans la région italienne est une
survivance et ne s'est altérée sans doute qu'à une époque
moderne.
Observations de MM. Vendryes et de Kolovrat.
M. M. VEYétudie le traitement du groupe en slave.
Au traitement connu du groupe i. e. *)-(ou -t- appartient
<'t un élément morphologique) ~> sI. parait s'opposer un
traitement i. e. *?~- (les deux occlusives appartenant à
l'élément radical) > si. st-. Il paraît établi par trois exem-
ples f~Y/t « frère du père », sl<r. j~uya~, etc., 2°
nestera « nièce cf. i. ir. naptar-, élargissement analogi-
que de Mc/M~ 3"bg.~a~o/'oA « beau-père », en face de
/M~!Mo~« beau-HIs)),yO<M~e<2 « belle-fille ». Le vocalisme
de ce composé, qui est un dérivé de *~o-~oy-, est celui
qu'on attend. L'explication de ce traitement parait difUcile.
M. Grammont, consulté par lettre, pense que le slave avait
le sentiment qu'il y avait un p et un t, parce qu'il y avait eu
un élément vocalique entre les deux. Il a essayé de pronon-
cer le p devant ce qui a eu pour effet de faire exploder le p
avant l'occlusion du t. De là un embryon d'f: qui, par
assimilation, devient /*<avec f bilabial. groupe non viable en
slave. L'y s'assimile au t comme point d'articulation, d'où ~if.
xvj PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

M. Meillet ajoute que les étymologies de sl. ~ï et pas-


<oro/fque propose M. Vey sont évidentes et que la phoné-
tique peut les justifier. Le cas de nestera est autre; ce doit
être un ancien */M~-&?ra.où -tt a donné normalement -.9~
Observations de MM. Vendryes et Vaillant.

SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1931.

Présidencede M.E. ToNXELAT,


président.
Membres présents. MM"" Homburger, Sjoestedt,
Stchoupak MM.Barbelenet, Benveniste, Cart, Chantraine,
M. Cohen. Destaing, Ernout, Féghali, Guillaume, Holt,
Humbert, Jonval; Lejeune, Lyonnet, Maehie, Maspéro,
Marçais, Marouzeau, A. Mazon,Meiitet,Mirambel, F. Mosse,
Pichon, Prévôt, Ragot, Renou, RuS'el, Saroïhandy, Unbe-
gaun, Vaillant, Vey, Vogt, Yvon.
Invité M. Dray.
Elections. Sont élus membres de la Société
MM. Friedmann, Merlier la bibliotèque de Minsk.
Présentations. Sont présentés pour être membres de la
Société
L'Ecole des Etudes Orientales de Londres (School of
Oriental Studios), Finsbury Circus, E. C. 2, Londres (Angle-
terre) (MM.Tonnelat et Miramitel).
M. LABAT, Pensionnaire de la Fondation Thiers, Agrégé
de l'Université, S, Rond-Point Bugeaud, Paris, XVI"
(MM. Benveniste etMeillet).
M. G. MARCY, Chargé de cours à l'Institut des Hautes
Etudes Marocaines, Rabat (Maroc) (MM. Colin et Des-
taing).
Annonces. Le secrétaire rappelle que le 2e Congrès In-
ternational de Linguistique doit se tenir à Genève, l'été
prochain, au mois d'août, du 28 au 29 il fait passer aux
membres présents la notice que les organisateurs du
Congrès ont rédigée au sujet des conditions d'admission à
ce Congrès.
SÉANCE DU 7 MARS 1931 xvij

Le secrétaire annonce la prochaine publication d'un re-


cueil offert à notre confrère M. Przyluski, à l'occasion de sa
23'' année d'enseignement.
Exposé et discussion. M. J. VEKDRYESanalyse les idées
de synchronie et de diachronie en linguistique. Ces deux
notions. loin de se pénétrer, s'opposent, ainsi que l'avait
affirmé F. de Saussure. La diachronie est une reconstitu-
tion de 1 évolution de ia langue, faite par l'historien qui suit
le développement ou les transformations des formes. Mais,
pour le sujet parlant, il ne saurait être question de dia-
chronie les ressources qu'il utilise sont, quelle qu'en soit
l'origine ou la date, toutes dans un même plan, également
présentes à son esprit faire de la synchronie consistera à
étudier les valeurs des formes et des mots, non dans l'his-
toire de la langue, mais dans la pensée du sujet. Si la dia-
chronie est historique, la synchronie est psychologique.
Cet exposé est suivi d'une discussion à laquelle prennent
part surtout MM.Meillet et Pichon. M. Meillet, d'accord sur
le fond avec M. Vendryes. fait remarquer qu'en matière
de diachronie. on né saisit que des étapes successives, mais
jamais le changement lui-même. En matière de synchro-
nie, il convient de considérer que la langue est un système
synthétique, où domine l'élément intellectuel, mais dans
lequel le sujet parlant n'a pas conscience d'éléments compo-
sants. analysables. M. Fiction conclut à la nécessité pourle
linguiste d'étudier son propre parler, mais il fait ressortirle
rôle de l'élément affectif dans le langage, rôle moins se-
condaire que M. Meiilet ne paraît le penser.
Observations de MM. Barbelenet, Marçais, Marouzeau.

SÉANCE DU 7 MARS I93J.

Présidence de M. E. TONNELAT,
président.
Membres présents. MM" Homburger, de Saint-Gènes,
Stctioupak MM. Barbelenet, Beaulieux, Benveniste,
J. BIocti. Cilantraine, M. Gohen, Deny, Ernout, Février,
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
XV)ij

Gougenhcim, Holt, Humbert, Jonval, Kart, de Kolovrat,


Lacomhc, Lejeune, Lyonnct, Maehie, Marias. Marouzeau,
Maspéro, Maxon, Mcillet, Messarian, Mirambet, Pichun,
Prévôt, Ragot, Renou, Ruilci, Skok, Unbegaun, Vaillant,,
Yogt, Y von.
Elections. Sont élus membres de la Société
L'Ecole des Etudes Orientales de Londres MM. Labat
et Marcy.
Présentations. Sont présentes pour être membres de la
Société
La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg,
6, place de la République, Strasbourg (Bas-Rhin) (MM. Er-
nout et MirambeF).
M. Henri MuLLER,Chef du département français à Co-
lunibia University, New-York (U. S. A.) (MM. Meillet et
Thomas).
Décès. L'administrateur fait part à la Société du décès
de l'un de ses membres, M. Coubronne, membre de la So-
ciété depuis 1879.
Annonces. L'administrateur annonce que, le samedi Hi.
mars, M. Hrozn~'fera à la Sorbonne une conférence sur
l'histoire et le progrès du déchiS'rerucntdu hittite.
!) annonce également la publication d'un volume de notre
confrère M. E. Lévi-Provcnçal (Inscriptions arabes d'Espa-
gne).
Commnmca.tioHS. 1" M. E. BExvENfSTE, étudiant les infi-
nitifs indo-européens à suffixe -n-, montre, à l'aide des abs-
traits hittites, qu'ils reposent sur la forme fléchie de noms
d'action en -r/M- Par là doit s'expliquer aussi le suiExo
du participe présent qui comporte *-n-+-et celui du'gé-
rondif latin en *-n -}- do-.
2" M. A. MEiLLET montre que le locatif, contrairement
à ce qu'on a cru, ne joue aucun rôle dans la formation de
l'infinitif indo-européen.
La désinence -i, qui a été prise pour une terminaison de
locatif, doit s'expliquer commeune désinence de datif; c'est
en effet le datif, qui, avec l'accusatif, a joué un rôle domi-
nant dans la formation de l'infinitif en indo-européen.
SÉANCE
DU 21 MARS1931 XtX

H a pu se produire des élargissements, qui ont masqué


la formation primitive, mais il faut les interpréter comme
tels. et non comme des formes particulières de flexions.
Observations de MM. Barbetenet, Chantraine, Ernout,
de Kolovrat, Hcnuu et Vail!ant.

SEANCE DU 2) MARS )93i.

Présidence de M. E. ToxxEUT, président.

Membres présents. M" Homburger, Nitti, Sjoestedt,


Stelioupak,. Streictier MM. Barbelcnet, Benveniste,
J. Bioch;0. Bioch,Ct~antraine,M. Cohen, Couret, Damou-
rette. Dauzat, Deny, Dcstaing, Ernout, Gougenheim, Guil-
iautne. Humbert, Kart, Labat, Lacombe, Lyonnc~ Maehte,
Marouxeau, Maspcro, Mazon, Meillet, Mirambel, Mossé,
Pic))on. Prevut, Ragot,, Roques, RufM, Saroïhandy; Skok,
Thomas, Unbegaun, Vaillant, Vendryes, Vogt.
Invités MM. B!cdv, Diedricbson, Dray, Pippidi.
Elections. Sont élus membres de la Société
M. H. Mulier~ la Bibliothèque nationale et universitaire
de Strasboure.
Présentations. Sont présentés pour être membres de la
Société
Le P. CYKiLLEDE RuYCK.prieuré des Bénédictins, Arnay-
sur-Meuse (Belgique) (MM. MeIHet et Mazon).
M. LnERMET,professeur au lycée, chargé de conférences à
la Faculté des Lettres, 54. rue Batlainvillicrs, Clermont-
Ferrand (Puy-de-Dôme) (MM. 0. Bloch et Gougenheim).
Soutenance de thèse. M. J. Vendryes annonce que, le
7 mars. M. P. Leroux. chargé de cours à l'université de
Rennes, a soutenu à la Sorbonne ses thèses de doctorat sur
les sujets suivants 1" thèse complémentaire 1" fascicule
de son Atlas <?'yu<.s~yMe f/e la ~a~e-~e<6!~Me: 2° thèse
principale ~M~e f/M Fe~e ~H. M insiste sur la qualité
de ces travaux.
Exposé. M. A. MeiLLET. à propos de bilinguisme; rap-
XX PMCÈS-VERCÂUX DES SÉANCES

pelle le cas étudié par M. &cerba les sujets parlant sorabe


ont, en même temps que le sorabe, l'allemand présent à
l'esprit. Il suppose qu'en France, du V au x' siècle, il y a
eu de mème beaucoup de sujets partant à la fois roman et
germanique. Des faits tels que la prononciation de haut,
l'usage des mots OMet ?'eM, le suffixe -ier (de noms de
métier) la postposition du sujet en certains cas sont les
manifestations de ce bilinguisme.
Observations de MM. 0. Bloch, Maspero, Marouzeau,
Mario Roques, Tonnelat, Vendyres. M. Vendryes cite à
l'appui l'exemple du gallois et de l'anglais; par contre,
M. Maspero, par l'exempte du parler de la population taï,
possédant à la fois l'annamite et le chinois, montre que le
bilinguisme peut parfois préserver deux langues de toute
inOuence de l'une sur l'autre. M. Roques enfinfait quelques
réserves à l'exposé de M. MeiMet, en citant certains faits
roumains comparables à certains faits français ou M.Meillet
voit une action germanique, mais qui sont exempts de toute
influence extérieure et ne s'expliquent que par le latin.

SÉANCE DU 18 AVRIL 1931.


Présidencede M.ToxKELAT,
président.
Membres présents. M"" Homburger, Sjoestedt;
MM. Benveniste, J. Bloch, Chantraine, M. Cohen, Damou-
rRtte, Deny, Ernout, Esnault, Gougenheim, Humbert,
Lamouche, Lyonnet, Maehle,Marouzeau, Mirambel, Ragot,
Renou, Ruffel, Tonnelat, Vendryes, Yogt, Yvon.
Excusé M. Meillet.
tnvit.6 M. Ny!d.
Décès. L'administrateur annonce à la Société le décès
d'un de ses membres, M. Nyrop, professeur à l'université
de Copenhague, le romaniste bien connu, et il exprime les
regrets que ce deuil a causés dans le monde de la linguis-
tique.
Elections. Sont élus membres de la Société
SÉANCEr-L- i6 MA[ t93) xxj
MM.Lhermet et de Ruyck.
Communications. M. E. BExvENtSTEétudie les formes
indo-européennes du noru de la « dent » et montre qu'il
faut supposer partout uneu-utiale consonantique; les deux
seules exceptions (le grec < l'arménien) s'expliquent par
une prothèse vocalique. Il répare le radical du nom de la
« dent )) de la racine qui signifie « manger », et propose
de le rattacher à la racine du verbe signifiant « mbrdre ».
Observations de MM. J. Bloch, Chantraine. M. Cohen,
Deny, Ernout, M"' Hombur~-er, MM. Maehie. Vendryes.
RI. A. MtRAMBEL expo-e qu'à Naxos le comparatif est
exprime uniquement parune préposition suivie d'un complé-
ment à J'accusatif, employée après l'adjectif au positif. It
insiste sur le fait que la comparaison n'est nullement mar-
quée par la forme de l'adjectif qui ne connaît pas de
« degrés ». II rapproche le fait d'autres faits analogues du
grec postclassique l'expression morphologique du compa-
ratif ayant été assez vite sentie comme insuffisante a subi
un renouvellement, qui a porté sur deux points d'abord
sur la conjonction qui introduisait la comparaison (c'est
ainsi qu'à 7; se sont substitués ~x?x, puis ù~p, puis <xT::),
ensuite sur l'adjectif lui-moue au lieu du suffixe ancien
la langue a utilisé, devant l'adjectif, un adverbe ~=~ ou.
T/.K-;(aujourd'hui T:), ou une conjonction xy.&x(cf. parlers
du Nord). Les parlers de ~axos doivent être, à ce point de
vue, considérés comme en retard sur l'évolution de la lan-
gue commune, puisqu'ils no recourent qu'à la préposition
=[T:cpour exprimer la comparaison.
Observations de MM.J. Utoch, M. Cohen; Damourette,
Deny, Ernout, Gougenheun. Humbert.Nvkl. Yendryes.

SÉANCE DC i6 MAI t93t.

Présidencede M. E- Tox~ELAT,
président.
Membres présents. M" Homburger, Sjoestedt, Strei
cher; MM. Barbelene), Hcrtaux, J. BIoch, M. Cohen,
xxij PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Damourotte, Deny, Destaing, Ernout, Féghali, Février,


Gous'cnhdm. Guillaume, Humbert, Labat, Lacombe,
Lamouche. Lacune, LévI-Provcncal, Lyonnet, MIrambei,
Prévost, Yendryes, Yvon.
Excusé M. A. Meillet.
Invités MM.Durr.Blédy.
Présentation. Est présenté pour être membre de la
Société
M. Guiseppe PICCOLI, professeur à la Faculté des Lettres
de Turin, 23. via S. Francesa da Paola, Turin (III) (Italie)
(MM.TonnelatetMirambel).
Annonces. M. Yendryes donne à la Sociétédes nouvelles
du secrétaire. M. Meillet, qui vient de faire plusieurs confé-
rences à Athènes; à Constantinople et en Yougoslavie. Lui-
même revient de Tchécoslovaquie, où il a constaté le grand
développement pris en ce pays par la linguistique, et en
particulier l'influence des méthodes linguistiques françaises.
M. Deny insiste sur l'intérêt de la conférence que M. MeII-
let a faite à Constantinople.
M. M. Cohen présente à la Société le 1" fascicule de la
Grammaire Hébraïque de notre confrère défunt, Mayer
Lambert. Il insiste sur la qualité de ce travail et sur les ser-
vices qu'il rendra aux études sémitiques. Puis, il demande
au président F autorisation de transformer la notule qu'il
devait lire de la part de M. Cantineau en une communication,
vu l'importance du sujet.
Communications. A propos de l'écriture de Ras Shamra,
M.J. CAKTtNEAu se demande si cette écriture n'est pas née
d'un calque cunéiforme des signes mêmes du phénicien
archaïque (ressemblances frappantes dans le tracé de '<M,
.y..li, .!). D'autre part,le déchiS'remeni fait parle P. Dhorme
et M. Bauer présente un tableau phonétique étonnant sur
divers points (phonèmes en trop et en moins par rapport aux
états connus du cananéen); il y aura sans doute lieu à révi-
sion en tenant compte des vraisemblances de l'état linguis-
tique.
M. Février se demande si les textes sont du sémitique. II
conh'st~ certaines correspondances. Il se demande pourquoi
SËAKCEDL' 30 MA! 1931 XX'U
1 1 11 1
quatre signes seulement dans cet alphabet auraient une
valeur alphabétique. Il rappelle que trois hypothèses ont été
proposées pour l'interprétation des textes ou c'est du sémi-
tique qu'on ne comprend pas, ou c'est de l'emprunt au sémi-
tique par une langue inconnue, ou c'est une langue non
sémitique qui aurait incorporé des mots sémitiques comme
idéogrammes.
M"' L. HoMBURGERmontre qu<- les éléments morpholo-
giques du méroïtique, signalés par M. Zyhlarz dans un
mémoire paru dans ~4?ï~/<~o/?o.s',t. XXV, pp. 409 et sq..
1930, ainsi que les vocables dont le sens est connu, corres-
pondent à des morphèmes et à des mots égyptiens de la
période démotique. Elle pense qu'en s'appuyant sur les
correspondances déjà établies (mér. ~> ég. mer. ~> ég.
et mer. r (a) ~> ég. mér. A' ~> ég. ~<M<2~-t- /<2~M-
~a/c) un égyptologue habitué aux formules religieuses pour-
rait expliquer les inscriptions si le bedja moderne est
apparenté, comme le dit M. Zyhiarz, c'est donc que cette
langue aussi a été fortement imprégnée d'égyptien.
M. Marcel Cohen fait observer que, parmi les caractéris-
tiques morphologiques citées par M"' Homburger, rien n'est
typiquement et seulement égyptien d'autre part, des don-
nées de Zvlharz, omises par elle, sont non-égyptiennes il
y a donc lieu de considérer le méroïtique, tel qu'il transpa-
rait dans le travail de Zvlharz, comme une langue chamito-
sémitique. sans doute plus précisément couchitique. mais
non comme un aspect de l'égyptien.

SËAKCEDUSUMA) 1931.

Présidence de M. E. ToxxELAT.président.

Membres présents. M" Homburger. Sjoestedt;


MM. Barbc]enet. Benveniste, J. BIoeh.Chantraine.M. Cohen.
Damourette, Ernout, Gousenheim~ Jonval. MciHet, Mertz.
Mirambel, J\yberg, Pichon. Prévost, Rasot,RL'nou, RufM,
Saroïhandy, Sauvageot, Sramfk. Yendrvcs. Yvon.
xxiv PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Invités MM. Svan Audolf, Blédy.


Décès. L'administrateur annonce à la Société le décès de
notre confrère, M. Th. Cart, qui fut bibliothécaire, tréso-
rier et président de notre Société; le secrétaire fait l'éloge
de notre confrère disparu, et rappelle son dévouement à la
Société.
Le secrétaire annonce également le décès de M. Zubaty,
qui fut ami de la Société, sans en être_membre, et qui s'in-
téressait à nos travaux.
Election. Est élu membre de la Société M. Piccoli.
Présentations. Sont présentés pour être élus membres
de la Société
MM. BERTOxi, professeur à l'Université de Rome (Italie)
(MAL Meillet et Thomas).
PAURA (Anthony), avocat, 402, 7Sth street, Brooklyn,
New-York (U. S. A.) (MM. J. Bloch et Louis Gray).
Yoshio TAKANATsu,agrégé de l'Université de Tokio
(MM. Sylvain Lévi et Duraffour).
Le Romanisches Seminar der Universitât Leipzig, Univer-
sitatsstrasse, iS (III), Leipzig (Allemagne) (MM. Meillet et
von Wartburg).
Le Seminar filr Vergleichende Sprachwissenschaft an
der Universitât, Guttingen (Allemagne) (MM. Tonnelat et
Mirambe!),
Annonces. M. M. Cohen présente la publication des
Mélanges de l'Institut Français de Damas par les soins du
Ministère des Affaires Etrangères, ainsi que la publication
des Comptes-Rendus de l'Université de Leningrad, qui sont
consacrés à des questions de linguistique asiatique et
chamito-sémitique.
Notule. M. H. YvoK a relevé le mot.~e~?KC:Me/~ee sur
une enseigne de coiffeur; ce mot ne dérive pas de l'adjectif
mais du nom permanente désignant une (o~e~M-
joe?'/MC!Me?!<,
lation) permanente. La forme ne suppose pas l'existence
d'un verbe joe~?KŒMe7!~e~, mais semble amenée par l'in-
fluence de coiffée et o?!~M/ee.Si l'emploi s'en répand, peut-
être en sortira-t-il un verbe dans des expressions telles que
« chez qui vous faites-vous joe~Ma~e?~e/'?».
SËANCF DU 20 JUIN 1931 XXY

Communications. M. P. CHANTR&~Eétudie le groupe


des mots grecs constitué par ia série y.u:, y.=p~6=. xopu~-
~;u. x:p'j;j.6: x:=u2: x:j'/Yj, y.sp' etc. Tous ces mots,
dont l'initiale est identique, sont an'cctés de finales de
type préhellénique. D'autre part, ils se rattachent tous pour
le sens à la notion de « sommet ». Mais ces termes appar-
tiennent à des vocabulaires spéciaux, techniques ou reli-
gieux (y.:pm « casque », y.9pu-/6=;épithète d'Apollon, etc.).
On peut donc se demander si tous ces noms de type parti-
culier n'ont pas été empruntés indépendamment par le grec
à des parlers préhelléniques.
II reste, d'autre part, que la série x6pu;, xopuo~, etc. peut
dimcilement se disjoindre de l'indo-européen -x=x « tête )),
xspx~ « corne ». Mais il s'agit sans doute d'un rapport loin-
tain qui concernerait les langues préhelléniques auxquelles
les mots ont été empruntés. On aurait ainsi une confirmation
de la doctrine exposée par M. Kretschmer dans son article
sur la /?ro~)M</o/fvw!a?!Me~e iS'c~eA~.
Observations de MM. Cohen. Ernout et Meillet.
M. M&rcel CoaEK fait une brève communication à propos
de deux mots amhariques.
a) y?!oy'~Y/y<7 « bénir. féliciter, inaugurer » est un déno-
rninatif de M?9~y « salive » la projection de salive est un
mode de bénédiction.
6) </M~M~désigne les « manifestations verbales », d'in-
troduction récente dans les cérémonies; c'est un emprunt
au français, alors que celui-ci tend à employer dans ce
cas des termes comme « allocution », « déclaration a,
speech ?. etc.

SÉANCE DU 20JUIN i93i.

Présidence de M. G. LACOMUE. l.
vice-président.
Membres présents. -M" Homburcf:'r. (fe Saint-Genès
MM. Barbelenet. Basset, ëenvcniste, J. BIocfi. 0. Bloch,
Cantineau, Chantraine. M. Cohen. Courct. Damourettc.
XXV) PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Dauzat, Deny, Destaing, Ernout, Féghali, Gougenheim,


Guillaume, Humbert, Jonval, Lamouchc,Lyonnct,Marou-
zeau, MeiMet, Mertz, Mirambel, Mossé, Piccoli, Pichon,
Renou, Rivet, Ruffel, de Ruyck, Saroïhandy, Sauvageot,
Vaillant.
Invitas M"" Chaufour, Tachauer MM. Audolf Svan,
Blédy, Diedrichson, Maron.
Excusé M. E. Tonnelat.
Présentatîous. Sont présentés pour être élus membres
de la Société
M""Jeanne CHAUFOUR, élève à l'Ecole pratique des Hautes
Etudes, 69, Boulevard Saint-Michel, Paris (V') (MM.Marcel
Cohen et Cantineau).
M"'Adèle TACHAUER, élève à l'Ecole pratique des Hautes
Etudes, 69, avenue Ledru-Rollin, Paris (XIIe) (MlleLivchiLz
et M. Marcel Cohen).
M. Maurice DRAY,interprète civil, direction des Affaires
ChériGennes; Rabat (Maroc) (MM. Marcel Cohen et Des-
taing).
M. Pierre Kikauka, maître de conférences à l'Université,
Riga (Lettonie) (MM.BourguetetLévy-Bruhl).
M. Pierre SouLExs,interprète civil, El Guerrah, départe-
ment de Constantme (Algérie) (MM.Marcel Cohen et Des-
taing).
L'Institut Français de Damas (Syrie) (MM. Cantineau et
M. Cohen).
L'University College de Swansea (Angleterre) (MM.La-
combe et Mirambel).
Elections. Sont élus membres de la Société
M"" Chauffour, Tachauer; MM. Bertoni, Dray, Fsikauka,
Paura. Soulens, Takamatsu; l'Institut Français de Damas,
le Romanisches Seminar de l'Université de Leipzig, le
Seminar fur Vergleichende Sprachwissenschaft de l'Uni-
versité de Gottingen, l'University Collège de Swansea.
Notule. M. J. SARoïHANDY consacre une notule au basque
~Me~a (la lèpre). Ce mot s'emploie également pour dési-
gner d'autres affections cutanées, les dartres du visage, par
exemple. Dans ce sens, leguenac est remplacé par p~Mac
SÉANCE DL' 20 JUtX t93t
XXVIJ

(les crapauds) sur le versant méridional du massif monta-


S-neux. s'étendant à l'Ouest du Col de Velate. Le nom donné
aux dartres est étrange, mais on retrouve ailleurs quelque
chose de semblable. En effet, sur le versant méridional du
même massif dans la vallée de la Bidassoa et sur le versant
français des Pyrénées, elles sont connues sous le nom de
MC~Me/ac.Or neguela est aussi le nom de la grenouille, non
pas en France, mais dans toutes les contrées de la Navarre
espagnole qui viennent d'être mentionnées.
Vraisemblablement neguela a d'abord été le seul mot
usité dans le pays basque pour désigner à la fois la gre-
nouille et la lèpre. Mais, plus tard. cette homonymie aura
paru intolérable et la langue s'est visiblement eubrcée de
s'en débarrasser. Avant recours à la métathese des conson-
nes. dont elle fait si largement usage (comparez /<2~<z~a'et
~a~a/<7 correspondant à l'esp. navaja, ou encore belena et
~e/?c/a remontant au franc. uc~e~?). de ~eyMc/c elle a tiré
/e'yMp/MZqu'elle a réservé à la lèpre et à ses variétés. De
plus, rapprochant neguela de ~Me~~ (nager), elle a créé un
mot nouveau, !<yMC/a:qui est usité dans tous les dialectes
b.tsques de France et qui s'étend aussi très loin en Guipuxcoa
(comp. G. Bithr. /)~?/~ 1928, 5). Ce mot finira sans doute
par être l'unique appellation de la grenouille dans la langue
commune qui est actuellement en voie d'élaboration.
ConmmnicatioHS. M. A. MstLLET examine les noms du
« pont » dans les langues indo-européennes. Le nom grec
est ancien, à en juger par la régularité des correspondances
telles que crét. ~s'jpx et béot. ~su' Dans un vocabulaire
qui a beaucoup de traits communs avec le grec, l'arménien,
on trouve /M~!M/ qui, sauf la consonne médiane, recouvre
le mot grec. Le nom gaulois ~'ua et le nom germanique
seraient en quelque mesure à rapprocher, si l'on cou-
pait les mots grec et arménien en deux éléments. D'ailleurs,
les noms du K pont dînèrent d'une langue indo-européenne
a 1 autre.
Observations de MM. J. Bloch, M. Cohen, Deny, La-
L'ombe. Sauva~eot et Vaillant.
M. P. R)VET fait remarquer que les langues américaines
XXVHJ PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

présentent, d'une part, une stabilité telle que l'évolution


interne de chaque langue est quasi nulle, d'autre part, des
différences très profondes d'une langue à l'autre.
I] explique cet état linguistique d'abord par le fait que
l'évoiution des langues varie selon l'état de la civilisation,
puis par l'influence du milieu plus le milieu est uniforme,
moins la langue évolue(cf. le sémitique,les languesnègres),
enfin par le fait que les populations américaines sont venues
à date relativement tardive de régions diverses, insulaires,
dans une contrée où les conditions de vie étaient complète-
ment différentes; comme elles sont arrivées successivement,
elles ont subi le choc d'un milieu nouveau, c'est peut-être
à cela que tient la diversité de leurs langues.
M. A. Meillet insiste sur l'Intérêt du problème soulevé
par M. Rivet. Aux langues américaines à évolution lente,
il oppose les langues indo-européennes, où l'évolution a été
rapide. Encore convient-il de remarquer que cette évolution
n'a pas été uniforme dans le domaine de l'indo-européen.
pense que les conditions de civilisation ne suffisent pas
à expliquer les différences dans le rythme de l'évolution
linguistique; il faut tenir compte encore des ~OMue~Me??~
de population; l'évolution d'une langue est moins rapide
là ou les parlers ne sont pas isolés, et ou les sujets pariants
groupés en ensembles étendus réagissent mieux contre les
innovations.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT

ESSAf DE METHODOLOGIE DANS LE DOMAINE


PHEH)STOR!QCE DE LA TOPONYMIE
ET DU VOCABULAIRE

C'est surtout un problème de méthode que je me suis


propose dans cette recherche sur l'origine et l'appartenance
linguistique d'un mot « alpin Ht.et que f/<7/!f/<7.c'est-à-dire
d'un mot ayant survécu dans une partie du domaine des
Aipes et qui est dépourvu jusqu'ici d'une étvmolos~ie indo-
européenne plausible.
Or, une recherche qui vise à déterrer et a isoler un type
du substrat pré-indo-européen en partant de formes affleurant
a !a surface actuelle, ne peut garder une certaine solidité
que dans la mesure où les témoignages historiques l'ac-
rompagnen! et Fappuyent car tout ce qui touche à la pré-
histoire est forcément hypothétique. C'est ]a ce qui justifie
dans ce genre d'études la nécessité de coordonner avec
prudence tous les moyens de renseignement, d'intensifier,
mais en même temps de discipliner rigoureusement les
eflorts.
Ceci posé, le problème de méthode consiste en générât
à savoir sous quelles conditions la comparaison des éléments
de vocabulaire prend la valeur d'un indice prouvant l'hypo-
thèse d'une communauté d'origine. Dans Je cas particulier
de ganda « gravier )', mot qui déjà dans le cadre des idio-
mes alpins se révéfe comme une formation iinguistiquement.
isoiée, les questions qui se présentent à l'esprit ahn d'abou-
tir a une classification d'ordre plus vaste sont tes suivantes:
E-ce que )e domaine du type "GA~DA,dont !es survivances
dans te vocabulaire et dans la toponymie paraissent at.tein-
</
9. V. BERTOLDI

dre un maximum de densité autour du massif de la Bernina,


s étend à d'autres zones aussi hors de la région alpine?
Peut-on proposer à la discussion des mots anciennement
attestés servant de points d'appui à la chronologie du type?Q
De quels moyens dispose la méthode comparative moderne
pour interpréter tous ces mots, témoignages anciens et sur-
vivances, afin de réduire au minimum la possibilité d'homo-
nymies fortuites, facteur toujours troublant dans ce genre
d'études? Ensuite, si l'analyse des sons et des formes nous
confirme dans la conviction, acquise d'après l'examen des
sources et des aires, qu'il s'agit d'un élément inconnu au
système des différentes langues indo-européennes, à quelle
unité linguistique du substrat pré-indoeuropéen de la
Méditerranée est-il permis de rattacher le type?
Yoilu un ensemble de questions paléontologiques sur les-
quelles je voudrais ouvrir la discussion dans les pages sui-
vantes questions concernant en général les deux aspects
de la vie du langage, au cours du temps et à travers l'espace,
aspects intimement liés aux questions concernant plus parti-
culièrement les éléments constitutifs du mot les idées, les
sons et les formes.

I. LES IDÉES.

Les études comparatives des dernières années sur les


vestiges des substrats linguistiques nous ont démontré
non seulement que ce sont partout les mêmes conditions
physiques, démographiques et sociales qui favorisent la
survivance fragmentaire de substrats, mais aussi que ce
sont toujours les mêmes catégories sémantiques (mots
relatifs à des particularités du terrain, noms de plantes et
d'animaux sauvages, etc.) qui sont les plus profondément
enracinées dans le vocabulaire et qui opposent aux inno-
vations la résistance la plus tenace'.

4 Meillet, par exemple,a supposé« que le grecet le latin ont


indépendamment emprunté d'une manièredirecteou indirecte
à unetroisièmelangueinconnue))notammentdesnomsde meteM.et
deplanteset en générâtbeaucoupdetermespropresaux civilisations
PROBLEMES DE SUBSTRAT 9S

Cette constatation peut être étendue naturellement aussi


au domaine de la toponymie: ici, tout comme dans le
domaine du lexique, la possibilité d'une même sélection
des catégories sémantiques restées au cours des âges les plus
particulièrement isolées à 1 usage des ruraux. Car la topo-
nvmie est. tout d'abord, une convention cntrelesindi~ènes.
En face des envahisseurs- les indigènes gardent une certaine
supériorité dans la connaissance des lieux et dans l'art de
maitriser et d utiliser les forces naturelles du pays. Il en
résulte que les noms de cours d'eaux, les toponymes relatifs
au relief; les noms des localités. en ce qui concerne la faune
et la flore, restées il l'état presque sauvage et. enfin, les
noms des habitations humaines les plus isolées peuvent bien
être considérés comme les Ktémoins du substrat" les moins
fautifs.

1. Le type 'GAXDA(Alpes) « terrain rocailleux à la suite d'un


éboulement de la montagne et GAKDADtA (Pyrénées) attesté
par Pline avec un sens analogue.

A une de ces catégories de caractère éminemment conser-


vateur appartient aussi le type *GAXDAsignifiant « terrain
rocailleux à la suite d'un éboulernent de la montagne ». Le
type a attiré depuis longtemps l'attention des linguistes qui
l'ont classé dans le groupe assez nombreux de mots préla-
tins des Alpes; et cela surtout à cause de l'isolement des sur-
vivances et sur la foi de fossiles dans les zones germanisées.
En effet, l'aire de ce type comprend la région des Alpes

eseennes « dont le centre le plus briitaiU était en Crète '). -U~MOt're.s


Soc. ling. Paris. XV, p. ')H[ et. aussi A. Cunv. Les mots f/c /<M~s
préhellénique en <ec, en latin et en sémitique oM<deM<a/ (Heuxe </es
étudesanc!ent:es.XII. p. t5-!).
-t. Cbr. SchneDer. Die roman. V(~smM(/3G;SaIvioni.oM.s<or.
Su: étal.. XXI. 89. ?. n. i: ~e<t(/. f.s<.Z.om6., XXXiX.Ctj;
P. E. Guarnerio, ~c<it/.Js~.Lo/;t~ XLL ~H6;.). Ju'.i. f//tz/. t'o~/t.,
Ht. 9 (avec une riche bibtiogr.tphie): A. l'rati.t)'eA. {//o~. /fs~
XVIII. ~~O: C. Battisti. S~«~ «' sto;'M;/ut~tt's~. e /<s.o't. 'e)!tt'KO,
p. 38: P. Scheuermeier. ~tn:f j3e~c;e/t;t./;<r <~n Be~ < R~7t~ )'
(Rt; X~P/t/< (Jfj. H~.
<)6 V. BERTOLDI

Rbetiques et Lépontiques, en s'étendant aussi aux vallées


allemandes du Tyrol et de la Suisse, où *GA~DAjouit d'une
grande vitalité non seulement dans la toponymie, mais
aussi dans le vocabulaire.
La valeur sémantique du type là où il existe encore dans
la tradition orale comme
appellatif, est presque partout la
même avec peu de variantes Valtellina ~c~r/a « massi
staccati da roccia » (Monii), Val Bregaglia ganda « china
sassosa a (Guarnerio), Canton Ticino gana « rovinio di

pietre sfasciatc », Val Mesolcina ~c~a « morena », Val


Canobbina ya~a « scoscendimento di terra. o sassi a (Sal-
vioni). Val di Non ~M « superfice sassosa » (Battisti),
Engadine gianda, ~OM<~G « mit Gerulle uberscbuttete
Gegend, Masse von Felstrummern an Bergabhangen und
in Thainachen » (Pallioppi), Suisse allem. ~CM~ etc. « Fel-
scnsdtutt.Gerollhalde; dem Steinschlag, Bergsturzenaus-
gesetzte, von Steinen oder Felstrummern bedeckte Gegend;
Grien oder Geschiebe eines Flusses, Kiesgrund, Kies. »

(Scli\veiz. Idiot. !I, 336), Valle dell' Isarco gand, ~a~


« Abhans mit Steingerolle; Haufen abgerollter Steine »

(Tirol. tdiot.. 176), etc.


D'autre part, les conditions du terrain des lieux nommés
'7<M~ confirment les données sémantiques du vocabulaire

t. P. Monti, Vocab. dM!.c:'tM e diocesi di Conto~p. 92: « terreno sas-


soso. sparso di rottami di roccie )), Bellinzona « ammasso, rovinio fH
pieh'c sfasciateo rotoiatedal monte)), ~ppe?t<p. 43; VaiteHinagan~: i
massi di roccia sfasciata )) Bormio ~s~<inds « scoscendimenti sas-
sosi deUe montagne o, unags):~ de krap « un'erta di sassi )', Longa,
.S~<dtromanzt, IX, 78 P. E. Guarnerio, Appunti lessicali 6t'e~a<;hot(t
('K<-t! Jst. Lomb., XLI, 396); Salvioni, Il dialetto di Poschiavo, 6:3
tioHctt..s<0! St't'ss. ital., XXI, 92,.n. 1 XXIV, 63 XIX, 1S6; SttMH
/t<o/or/Mt'OHi..VIII, 9; C. Battisti, Die JVoKs6c)'s'6r~Mndst't (Sttx6.
.l/;a~. Wi6' 160), p. 21, '?6 n.; B. Carigiet, Ractorom. (surselvisch)
~)'fer& t30 la g'oK~tt« der Felsenschatt » (cf. aussi Pult, Le parler
de Sent, i897. p. 128).
Dérives Val Maggia., gctnits « pieno di gane » (Arc/t. <j'toM., IX,
2[8~. Engadine s':andtM « voll Gerûlie oder Feisenschutt » (Pallioppi);
Brissaso (Varese) ~SHC~ K ammasso di pietre formatosi in seguitoa a
scoscendimenio della montagna» (Salvioni, BoM. st. SMz:. !taL, XIX,
)5ti): mi)an.Brianza~<:)tfMft « sasso, ciottolo » (Banfi); tirol. gàn-
f~«:/t. eoHect.. « Masse ùbereina.ndergestiirzter Steine », gandig « stei-
ni: rauh ). (Schopf, Tirol. Idiot.. 176).
PROBLÈME? HH-LUiS'nn'r 07
de tcUc sorte que toponvrnes et appellatifs s'éclairent les
uns les autres. On a, en effet, presque toujours constaté,
dans les diH'érentes localités ainsi nommées, des ébouie-
mcntsde la montagne qui ont donné naissance à des éten-
dues de graviers plus ou moins vastes CM~a~~c « sul
versante itatiano de) valico Spluga carattcrizzato dallo
sgretotamcnLo ciciopico della montagna » (Bertare)Ii),YaI
6'M (Varcsc) « dove una forte ~a~a è ancora visibite ».
~'<7/<?K7/<e (Val Bavona) « il posto di una frafia di data
antichissima M, <?oyMû/a(.Mesocco) « cosi citiamata dauna
vicina ~c~HC o morena )) (Salvioni); G'<2M</a,a. i41t,
6'a/< las ~oMofo'.y, las Ca~e~, Z.af~f?~' f/e//a Gonda,
etc. (Grisons') « mit Gerôll oderFeIstrummern uberschuttetc
Ccgend » (Kùbicr). 7/oA-CaM/ « Bcrg an der Grenze von
Emmental und Entlibuch, seiner zerbrôckeltcn Gestalt
\\egen so gcnannt N. Gandria (Lugano) « pittorescamente
atnmassata su un pendio sassoso », ~7cM(~<oe/t' (Glarus)
« in grosse Feisenblocke zerfallend, welcbe ausgedehnte
6'(/e/~ Schuttfelder, an mehreren Seiten des Gebirgsstockes
])itden M(Sc)t\veiz. Idiot., 11,337; Geogr. Lex. Sch\vciz,
JH. s. v. I~gli, A'OM.~e& 3H); in G'a/Me~ (Stelvio)
« do\'e convergono due grandi frane che poi si incanalano
in un unico letto » (Battisti), etc'.
Ces exemples ont été choisis parmi les plus instructifs il
serait aisé d'en allonger la liste. Même sans l'appui des
appeUatifs, cette permanence sémantique dans les toponymes
ici énumérés suffirait à elle seule à justifier l'hypothèse que

4. L. V. Berta[-e)ii,P/e~o~e. Lombardia, Canton Ticino, II(tH23).


p. fSo; C. Salvioni. Boll. st. Srizz. ital.. XXI, 9'i XXII. 92 XX[V,
(! .t!n'<'ard. BsM; de toponymie,p. 't93; A. Kfihter, Die roman.t<.
~CM/sc/tc~ Ofrf~'c/tA'e/ts~amen
des Es~o~s &rau6Mt!d< t93C, p. 1SO-
m C. Battisti. I no<Ktlocali del CoMM~e di Stelvio, '[930, p. 39 (et à
)t) page 63 Gandaccen « anfiteatro morenico »).
Cf. aussi C. Battisti, ZO~VF.,I, 228; Arch. Alto Adige, XXII, p. 2')
et 39 Sillage Ascoli, p. 430 E. De Toni, Repertorio sf~o~ra/icodel-
l'Alto Ad~e, t920, p. 74 A. Prati, Ricerche topon. trentina (Arch.
f;~o«. ital., XVI!I, p. 220); E. Gamnischcg, Die roman. Or<s~f!!K.
(les LfKterfi~se/tgwts('< FM<sc~r:t ~9. jVe;tp~o/. Ber/n », t92{,
p. 23); D. Oivieri, 7'opo;t.veneta, p. 266; M. Gnatzata, D; alcuni
Mmi locali del Bellinz.c Locarn. (Bt6<.Arch. Rom. VtU/2), p. 53.
HS Y. K!:RTOLD)
sous les différentes formes G'c~c. Cc?; Gana, Gagna,
6'c. Gonda, Gant, etc., soit cachée une base commune.
Maisle malheur est que tous ces fossiles du langage, appar-
tenant soit au vocabulaire soit à la toponymie, sont les
moins attestés dans les sources anciennes.
Cependant, 1 ensemblede significations dont chacune sen-
cadre autour du même noyau sémantique (« gravier à la
suite d'un éboulement de la montagne ))), suggère l'idée
qu'il y aurait un rapport entre le type *GA~DA des Alpes et
un mot attesté par Pline comme étant en usage dans les
montagnes de l'Ibérie avec un sens analogue. Dans la
description des mines ibériques et des éboulements néccs-
sinrcs a la découverte de l'or, Pline nous parle, en effet,
d'une sorte de terre très dure, mêlée d'argile, nommée par-
ies indigènes GAKDAD[A (cAKGADtA). Voici le texte qui nous
intéresse: « Tertia ratio opera vicerit Giganturn. cuniculis
~n aurifodinis Hispaniae] per magna spatia actis cavantur
montes lurernarum ad lumina. in silice facilior existimatur
opera. est namque terra ex quodam argillae genere glarea
mixta GANGADtAJM (GAKDADIAM Cod.Par., GAXDEDtAM cod. Flor.,
c.~DiDAM cod. Par-, 6801) vocant, prope inexpugnabilis.
.'uncts eumferrcis adgrediuntur et isdem malleis nibllque
(iurius putant, nisi quod inter omnia auri famés durissima
est. peracto opere cervices fornicum ab ultime caedunt.
~at .si~rnumruina, camque solus intellegit in cacumine eius
montis vigil. mousfractus cadit ah sese longo fragore. spec-
tun! \ctores ruinam naturae » (Hist. nat., XXXIII, 70-7~).
?\ous sommes donc ici dans l'ordre d'idées de la famille
df ~GA~DAsurtout l'allusion à la « ruina montis » rappelle
in signification prédominante de ganda « rovinio di pietre
prodotto da scoscendimento della montagna » (Salvioni)
.'('cijustifie l'hypothèse ici avancée que le groupe des appcl-
httiis alpins ne serait pas séparable du mot attesté par Pline.
U'' plus, la comparaison avec *GAKDA nous permet de choi-
sir comme point de départ parmi les variantes de Pline la
i~rme GAKDADiA du Codex .Par~MK~ appuyée aussi par
'.A~UEDtA du Ct/</e.T/Ï!'CCQ'/Y/M:MtM.
G<'est pas le seul mot exotique qui a dû frapper le flair
PROBLÈMES DE SUUSTRAT 99

linguistique de Pline. A côté de GANDADtA Pline mentionne


une douzaine de mots se rapportant tous à ]a termino-
logie technique des mines: AGOGAE, AprrASCus,ARRL'GtA,
)tALL'CA, BALUX.CORRUGUS, CUXtCULUS, PALAGA, PALACUR~'A,
SEGUT!LUM, STRIGILES, TALUTtUM TASCONtUM, CRtL'M,mots
qui. en même temps que les récits des auteurs grecs et latins,
témoignent de l'intense activité minière de l'Ibërie. Or, s'il
Y a un trait commun à tous ces termes, de caractère néga-
tif. il est vrai, c'est qu'ils sont tous d'origine obscure. Rien
de surprenant à cela car les auteurs anciens attestent una-
nimement que les gisements aurifères de l'Ibërie avaient été
en grande partie exploités par les Indigènes dès avant la
conquête romaine. César décrit, par exemple, les « Aquiiani
longe peritissimi » dans l'art de pratiquer les galeries des
mines (CUNICULI), « propterea quod multis locis apud eos
aerariac secturaeque sunt » (Z)e6. G., III, 21). C'était un
trait que les Aquitains avaient surtout en commun avec les
Cantabres (Pline, XXXtV, 1S8, 164). Cette supériorité
technique des peuplades cantabro-pyrénéennes à l'égard des
Romains justifie les richesses d'une terminologie minière
indigène, dont Pline nous a transmis les curieux échantil-
lons mentionnés plus haut.
Mais lorsqu'il s'agit de démontrer à l'aide d arguments
purement linguistiques l'appartenance de tous ces mots au
vocabulaire indigène, en essayant de les rattacher à l'une
(tes couches préhistoriques delà péninsule, on ne peut s'em-
pêcher de reconnaitre le caractère incertain et probléma-
tique (le tout rapprochement. C'est donc en tenant compte
de ces réserves que l'on voudra bien accueillir la tentative
de découvrir dans le vocabulaire basque en tant que le
moderne euskara peut être considéré comme le dépositaire
de la tradition linguistique indigène des montagnards pyré-
néens des points d'appui pour l'une ou l'autre des for-
1. A proposde TAUjTtCM et du groupetoponymiquede TALA- (par
ex.. dansTALA-BRiCA, IV.
Pline, 'H3. TALABARA CIL., II. 433.T<x/.K;-nvT)
à
Plo! II, 6, 27) l'intérieurde la péninsuleibériqueet, en gênerai.
dansle domainede la Méditerranée «
je renvoieà monarticle jL):<<eA!
floni ne~a
/Mo!tt nella (opoKomc!s<<f'Œ
toponomastica mediterranca nella Sa)'e!<a
Me~a
incrociantisi
medi'ten'anea
mc~ocMKtts: Sardegna»
(Heut<c d6 /tn~MM<!<~<6t'onM)!6,
IV,3M-330). Cf. aussi pa~.~30e~suiv.
~n Y. HHKTOLDt

mutions signalées expressément comme « hispaniques » par


Pline. Au risque de m'egarer, je voudrais, par exemple.
comparer le mot umuM (Pline, XXXHt, 75 « si fluens
amnis lutum inportct, id genus terrae umuM vocant », ()ue
Waldc nous donne comme un ibërismc probable du vocal~u-
]aire latin) d'un côte, avec UtuuM ilumen Baetic. (Pline, HL
7) et UnA. j. Mataviejas, l'afuuent de l'Arlanza qui coule
près de Santo-Doming'o de Silos (Burgos): et de l'autre côté
avec ~AaKC~M.~/o, 6~y?!S, noms de plusieurs ruis-
seaux dans les Basscs-Pyrënëes, et, enfin, aussi avec UnA
îons(C!L., XM, 3076) dans le Gard'. A toutes ces forma-
tions ic basque pourrait fournir un précieux appui avec sa
nombreuse famille de types se rattachant à M?' « eau », soit
en appeliatifs (M~Mf~: « rivière )), M?'a~r « fleuve », M~
« inondation ». My~ey! « source », M~yo/ « eau minérale »,
etc., Axkuc, IL 36i.-366) soit en bydronymes (~7/'o/<
~~yo~~ei'a. ~'yc&ca. ~7/*yMe~a,ruisseaux ;Lucitaire, 182).
Un autre appellatif dans le vocabulaire basque trouve
peut-être aussi un appui TASCO.\n'M; attesté par Pline
comm:' appartenant à la même terminologie technique des
« metaHarii » de l'Espagne. Le mot désignai! une sorte de
terre avec laquelle on fabriquait des creusets pour la cupel-
iation de l'or. D'autre part, dans la « Yita Sancti Theo-
dardi est mentionne le nom. de fleuve TASCOXEM, j. 7~co/!
(et y<?co~:<?/. un des afMuents) entre Montauban et Tou-
fouse. Yoici le texte 2 « [Mons~ Aureolus, ad cuius montis
radiées uuvius quidam decurrit, quem indigcnac rcgionis
ipsius TAScoKEMvocant: hic sue' decursu confinia Tolosani
naturcensisque ruris, liquide dirimit patenter inHuxu; qui
praedicto monte recedens. post modicum terrac spatium
i. A. \V:d'te.7~M)t. f~MO~. ~'<)'<c)-&p. 8(i0; E. Hnbnor..)7o)!
?~ienta~)«/t'n'c~&6!Me,Pt'o/C!yom.
;)«'n(<! I>iolcgom.LXX
li)igie(iclbei-icac, XIII etet p. Mt
LXXX.HI -2~21!io]der, .U<M~.
Bolùer, ~lIlecli.
.Spr.. Ht. 3!. -M; Bourcicz, Bt<Me<~AMp<t)):'$Me, III, 1S9; P. Uay-
oinud. Die~'onn.topogr. BsssNs-Pyt'enM!18't H. Muver, jBt'n/ der
rOtcAr'sf;.JwtMcTopon.F/'aK/T'MC~M (St~&. ~a; W!'cK,t75).p. tS.
Cf. aussi fJ)'K)~j.r<)nipIon:t. L'n«.i(7(\'atinf)o!id).U)'Ke~<M(Sea'OYiH),
t'nl/il/alfl(!'o!¡l"oîio),:lleyer-LÜt5l:e,llom..llctzénrtc~l'irlal, 1, îf~ t"ll
et fidrivM. cf'.
f.'<'M~!<e~ Ift'M. (~.
(Lo~rono). cf:<f:L,t')'2~.
Mcyer-Lubke. Hom.p. 7; Uwf (S"
~Uet:e;)f~ t, 7<! de
Antotin
J':(/a~ r)'
th).js).Cf. aussi SelmtLen,A'<t?H<t;tfM. t, 7n.
5..t' Saxchirtf)?!Maii.I. p.)~i.
PnOHI.ËMLS DE SUBSTRAT t~t

Tarnoimmergiturt]uminiM.Ëncequiconcerne.Ias)ruc-
turc. le tvpe TAseoxEM (TASCOKiuM) est comparable à des for-
mations telles (;ue VASCoxcs « gens 1-lispaniac Tarraconen-
sis ))(PJine.tH, 22). nom de peupic qui sur\'ecu, on lésait,
dans le C'76'c~ d'aujourd'ftui En ce (lui concerne, par
contre. ) i()ee, la concordance entre TASco~uM « terra aH)a
similis arn-iHae, ex qua catini uunt (/ Ko~ XXXHï,
69) et le basque /<yc'? « argile blanche qui entre dans la
fabrication de ia porcelaine )) (Axkuc.It, 285), « terre
I))a!~be » (Duvoisin) est bien frappante. Mais <[ue) est ic
rapport entre les deux types ? A l'appui de ia forme basque;
sans invoquer des douhlets typiquement basques tels que
/7.')7<'o-OA7< « gravier M (Axkue, 1, 502)'. sunit-il de pen-
ser a t'influence analogique de ~"o.s7f'c(Azkue. it. 29~!). mot
qui a il peu près la même signification que /û~'<7? En tout
état de cause, la comparaison avec TASC-j-o~L'M]est d'autant
ptus justineequelc vocabulaire espagnol ne semble posséder
rien de semblable. Par contre, le dialecte de la Montana
(Santander) a conserve le mot ~<x~ed/?« la tticrba recocida ))
(Garcia-Lomas) qui du point de vue sémantique correspond
parfaitement au basque ~o~<x terre gazonnée Mde Tardets
en Soute. De ptus. le même type, mais sous la forme /06'/t'o
c motte de terre couverte d herbe N, est répandu dans les
montagnes du Béarn sur une zone qui va du Pic d Anie
jusqu'au Cirque de Gavarnie et s'étend aussi aux valiees

1. 0~=.<.)~; (Straho, III 135, t6t), O~sxo~; (Pto! Il, 6. tO, 67),
cf. E. HuhMr.O):c)!<<! ~nfy.jf6er.,pag. 2.t3; H. Sehochardt. ~&sr.
f)t; (St<z6.~af/. ~'fK. !~7), pas:. H cf. aussi HAf.snoxfs(HAL-
'-<;f)TAHms~. TALScox~.noms de pci's. de ]'Aq)iit:tine(p. f'S) et Tapojj/.M'y
(Ptol., If, 10. ~).
''Ptot., S), j.j. Ta,a.~co~~ TABUSCO.ÇIE-Xc;Es
rf!ra!Cfi (Douehes'du-Rhone),TARUScoxtEXSES
t'Ptine. ft[. ~f), T'~r<:sco)! (Arièec) Tarascon (Ga)iec. Orense). cf.
it'Arhois de .)u!)ainvi))e.LMp;'cm!'er.<! /<a&:<If.t0~ H. Grohier. !76fr
!_t'r. ?<.Bed. /nf! Or~sM..p.3~; P. Aebischer, Études de fopon?/-
~i.eM~~n'iM8.p. I6~ [?6]. TAScoouxiNarb. (P)in.,Ift.37)
= TAscox;? Hilbner. 2~6.
H. S~'huchardt. Bas~se/< x. ~omM<sc/t(~<:</f.Xe!/sc/<r.<o;<
/t' )90G).p. ti C. C. rhienbcck. B<<t7<ye CN«')'po'
/.otft/t'/trr</r'rbasl.. dialecte, p. tt t!. Gave).E/cmt'n<sde p/t0)tef'tjf'
/c'()!fEt!.X[).t'~)),p.~O.Cf.aussi~)'r/-A'<ar,arr/-Ao~or
s-t'~vipr.pw-rrHines<.f~Azkue.I. 7~).
102 Y. BEUTOLDt

supérieures du versant espagnol (<a~c à Ans6 et àBielsa)'.


Au groupe du Béarn se rattachera, enfin, à travers l'hydro-
nyn)e TAScoxEMde la Gascogne toulousaine signalé plus
haut. l'ancien provençal tasca, tasque « tranche de terre
gaxonnée » (a Erdidumpen ))?Levy-Appel, VIII, 71).
Si l'on veut, maintenant, réunir tous ces débris isolés, la
vague allusion de Pline à l'Espagne va prendre une valeur
géographique plus précise, le domaine de TASC-[-ON)UM] sc
trouvant ainsi étendu à une unité physique qui a pourpoints
extrèmes Santander et Toulouse et pour centre le système
orographique des Pyrénées. C'est dans le cadre de cette
unité que l'on a essayé, et parfois non sans succès, de
jalonner un substrat linguistique dont le basque dans son
extension actuelle représente un ilôt.

2. Le type <yaM</arû:,
etc. gravier, terre inculte o (chaîne
pyrénéo-cantabrique) et les données de la géologie.

Ces deux exemples avaient surtout pour but de montrer


que les céments de vocabulaire qui entourent GAKDAOA
(GA~GADtA)dans la source de Pline peuvent nous fournir des
indices précieux sur l'appartenance du type non seulement
un milieu social déterminé (les mineurs), mais aussi à
une ancienne unité linguistique signalée par toute une série
d'isog!osses. Plus qu'ailleurs c'est donc à l'intérieur de cette
unité que t'en est en droit d'attendre des survivances frag-
utt'ntaires du type; et en effet, dans le pays basque un type
toponymique se rattachant à une base *GANDA est bien repré-

't. Cf. aussi G. Rohifs,BasMscAe ReMh~)'~?-,ZRPA~.X.LVH,


p. -K)Ril faut pourtantremarquerquela famillesémantiquedeTASK-
battre». etc.. étudiéepar M.Jud, RomaMKt,
XLIX, p. 4)1 (TASCO-
onuG))ne doit pasêtreconfondueavecle groupeibériquequi a une
touteautre signification.
Hubner,.UL.f,Proleg.LXXXIII,comparele type TASMNJUM avec
-TASCus contenudans le composéAPiTAScns(Pline, XXXHI,69), en
rappelantle nom ibériquede pers. TASCASECERMiS CIL.H, 206'?.Si
l'ontient compte,enfin,des variantes a pila scudem,sp!t<MCMNem,
ac pilis etf~tK{.ap~s.scxdemdes.manuscritsde Pline, Fappui de
At'tTASCL'~ ~ppara!tbien faible.
PROBLEMES DE SUBSTRAT 103

sente. Dans ie riche recueil de Luis de Eleizalde sont énu-


mérés les toponymes suivants biscaycn G'c?ï</z'cattesté dès
le xvf'' siècle, 6'<x~c~<cy: mentionné dans un acte du
xv;)'' siècle (Arch. parr. Santiago, Bilbao), Gandias, Gan-
~c~a, 6'<7~<c'~a~, ~'<2~cfa/~<7~ei! <?<M</o,6'o'<7o~e/a<
guipuzcoan <7f<y'o~a labourdin Ganda, G'a?«~M,
C~cra~. etc. De plus. au delà du domaine basque on
retrouve des traces de types analogues dans la toponymie
des régions romanes situées sur les deux versants des
Pyrénées.
C'est ic cas notamment pour le type catalan Gandarias
(Barcetona) dont l'identité complète avec le biscayen 6''<M-
e~MM (et C'aM</a~'M~C!~) vaut d'être soulignée. C'est le
cas encore pour les types Gandaille, sous-afnuent de la
Garonne (Lot-et-Garonne), Gandoulis (Tarn-et-Garonne),
Ganac torrent (Ariege) et Gandey (Gironde) de l'hydrony-
mie ou de la toponymie cispyrénéennes.
Mais ce qui surtout mérite de retenir l'attention, c'est la
présence dans le vocabulaire de la Galice d'un appeIIatif~M-
~yc! signifiant « ticrra baja inculta, v Dena de maleza )',
appellatif attesté dans ia région par toute une série de
localités homonymes. M. PbiHpon dit expressément, peut-
être avec quelque exagération, que « ~<M~<7 « terre
inculte » désisne une soixantaine de localités de Galice
a côté de <?<77!<~<2rc.on rencontre la forme syncopée Gan-
dru, ainsi que la forme <?<x/!f/aM Le lien entre le groupee
pyrénéen et le groupe cantabrique est, enfin, constitué par
La 6'aM</H~aet La Ca~a~~Y/G;, deux toponymes de San-
tander. de sorte que. ici encore, on entrevoit cette unité
signalée plus haut, à l'égard de umuM et de TASCONiuM,

L. (le Eieizaide. L<s('7sf!c!6et;Ms de uoecs<opoHOMfM~'CHs


oesca~
dans la RIEB, XIX (i9M). p. Mt.
E. Phiiipon. /ioMMttM,XLVni (19M), p. 7 M.Piel de i'Univer-
sité de Coimbra a eu la complaisance de mesignalerles types suivants:
CMTt~r~Ponte de Lima (Viana de Castelo),Ga~~p'aExposende(Porto),
Gofi~ra Paredes (Porto). Gandro Yalença (Viana de Castelo), G~ndt'a
de Cambra (Aveiro), Gandarela Guimarâes (Braga).
Cf. aussi A. A. Cortesào, Onomas<tcomcdtf'fc~por(!<M, Lisboa
H_)')2:Ga;<da~ft, Gn~ereda 't258, Gattdere; m0.
UM Y. Min'OLDt

''tubrassant le domaine des Pyrénées avec l'ancienne Asturia


et la Cantabria, d'un côte, et avec l'ancienne Aquitania, de
l'autre.
Mais, la Galicie exceptée, partout ailleurs dans la pénin-
sule ibérique, le soutien du lexique et, par conséquent,
lu transparence sémantique fait défaut aux toponymes
ici mentionnes. Dans ces conditions, c'est àla géologie sans
doute qu'il faut avoir recours~; c'est à la géologie surtout
qu'ii appartient de jeter de la lumière sur l'origine de cha-
que toponymc et de nous renseigner sur la possibilité de
partir d'une réalité physique commune. Le malheur est que
'-e contrôle n'est pas toujours facile à obtenir. Car, s'il est
vrai que pour la région ici étudiée nous avons la chance
de posséder les travaux amples et précis des géologues
MAI. Harrois, Mcngaud et Schcu il n'est pas moins
vrai que même la description la plus détaillée ne tient
compte que des traits géologiques qui caractérisent une zone
déterminée sans aucun rapport avec la toponymie.
Dans le cas particulier, la question qui se pose est, tout
dabord, la suivante: est-il possible du point de vue géolo-
gique d'identitier et de délimlter_Ia zone montagneuse de
]'ihé)'ic laquelle fait allusion Pline à propos de GAKBADiA
(nA~GAD)A)? Il s'agissait; on se le rappelle, d'un terme en
usag'' chez les mineurs pour désigner un conglomérat d'ar-
gi)e mêlée de gravier extraordinairement tenace (« prope
inexpusnabilis ))). Or, M. Scheu dans sa monographie a
signalé une formation typique analogue localisée en Gui-
puscoa dont est constitué, par exemple, le mont Adarra près
de San Sébastian. Pour plus de précision, voici le texte
'< Die pandielen Hôhcnzuge im Osten von Guipuzcoa.
sind mcrk\vurdig schrofi ansteigende Schichtkamme, die
dann gc~vùlmlich aus Konglomeraten bcstehen, deren ein-
xctne Gerullc so fest mitZement verkittet sind, dass sie zu

L (~ ]!arrois.R<'c/«')'c/tM .<tH'tes {e)')Y<Ms_a)ictsn.s


desA.!<t<)'M et <<c
~/<cf. LiHt. 1883 h. Men~.tud,Kec/tcrc/tM ~eo~ogrtfjrMM~)'s la
rt')! ca!tf'f~rt~«(:
(Thèses/<:CMMe sciencest<n<u. J'a)'s) i!)2f) Prof.
)r K. Sfhpu.D~.sK<;n~<t/)r!'sc/f<'Ge6t)'~<; tf)tddie no)'f~/)ft)n'ie/<c
R.M'tCM
dcr Gcsell.fy.. ~rdl;mtclc
<.Ut<;<df'TGcseM.
a.ilittcil. E)~Hf~ zuSKLc-tp. LIIj, 4J30,p.
Lcip:.ig,\XLtXj,~30, p. aO-'iM.
°30-186.
PDOttLÈ~ESnn SDtSTRAI tOS

den widerstandsfahigsten Gesteinen des ganxen Gebietes


xahlen. Aus soichen Kongiomeraten, di<' gcmeinsam mit
Sandsteinen auftreten, besteht der 837 m. hobeMont Adarra
im Sudosten von San Sébastian a (pag. 20). Encore qu'il
importe d'éviter toute interprétation trop rigide et trop
exclusive, il semble bien ressortir de cette recherche que sur
toute i'etendue de la zone explorée par M. Scheu il n'y a
rien qui soit de nature à rappeler plus typiquement les don-
nées du texte de .Pline. Ccst là donc une possibilité d iden-
tifier une des formations du sol correspondantes à GAXDADiA
identification d'autant plus plausible qu'elle trouve un appui
dans la présence en Guipuzcoa et en Biscaye de toponymes
dérives de ~o/a. Si par la suite elle se confirme, le dou-
blet GAXDADtA-GANGADtA tout autant que les autres mots men-
tionnes dans la mono description des mines ibériques se
révélerait comme un témois'na~e précieux d'une langue
parlée à l'époque de Pline dans la mème zone pyrénéenne
ou se parle aujourd'hui euskara. A l'égard (le L'iuu~! « eau
bourbeuse d'un torrent » (Pline) et du basque M?"« eau »
on peut même entrevoir un rapport génétique entre les deux
états de ianguc. tout en restant dans le domaine du voca-
bulaire.
D'autre part. ne perdant pas de vue la signification pré-
dominante de~a?!~ dans les Alpes, à savoir « gravier a )a suite
d'un éboutement de la montagne )'. la ~éotogie nous ren-
seigne sur ie point auquei les conditions physiques des ioca-
htés nommées 6'a/M/a etc. dans les montagnes de la pénin-
sule ibérique peuvent justiner une interprétation sémantique
analogue a celle donnée aux localités homonymes des Aipes.
En eiTet, à propos des toponymes La ~M~c et Z~/ ~/<x?ï-
darilla, provenant tous les deux de la région de Santander,
il semble bien que cette interprétation soit possible, et même
probable. Car, à La 6'o~<c/a, localité située dans les
environs de San Vicentc de ia Barquera, JI. Scheu a
constaté des conditions du terrain typiquement rocailieux
comparables à celles des plusieurs &<7Mf/f/des Alpes. « Zwi-
schen diesem San Vicente de taBarqucra und dem Ostende
des ()uarxitzuges M. écrit-it. « liegen auf diesem Piateau
106 Y. BERTOLDI

ganz unabhângig von den Talsystemcn Grerollejedcr Grosse


mit sandigem Lehm a (p. 84). Et, de toute évidence, ce ne
sera pas l'effet du hasard si aux mêmes conditions du sol
correspondent deux autres localités La GsKe~C! et La
.4M</ara l'une située dans la chaîne de montagnes qui
sépare la vallée de Mena (Bilbao) de la vallée de l'Asôn
(Santander), l'autre, avec « Las Minas de ~.K</a?'6[» sur la
ponte rocailleuse du mont Contés, faisant partie du système
orographique des Picos de Europa'. M. Stickel, professeur
de géographie physique à l'Université de Bonn, qui tout
récemment a exploré cette zone dans les détails, a relevé
l'aspect éminemment âpre et rocailleux de la localité nommée
La 6'<Mte~<2,dans une gorge de haute montagne où s'amas-
sent des détritus de roches à la suite de fréquents éboulements
et où convergent les eaux qui donnent naissance au Rio de la
6'~Mc~ara Faut-il souligner ici la parfaite coïncidence
avec la situation géo-morphologique des divers 6'<2?«~a
des Alpes? Il suffit de signaler la remarquable correspon-
dance des toponymes Lavin de la 6'NMafcya(Santander) et
LauMpr de la 6'oKc~zprès de Z~u:'H(Grisons)' pour être
fixé. une fois de plus, sur la plausibilité du parallélisme ici
institué. C'est là ce qui nous rend moins hésitant à réunir
sous le même point de vue, malgré l'alternance de la sourde
et de la sonore initiales, les types dans les deux domaines
passés à désigner des pas de montagne Pa~o < Ca~cfa~o
). Tousces toponymesse trouventenregistressur la « J~apamili-
tfrritinerariode jEsjMoa » (tUa..M.~que j'ai pu consultergrâce à
l'amabilitéde M.Stickelde l'Institutde géographiede l'Universitéde
Bonn La <ra~df!t'!Ma près de la sourcedu RioEntrambos(Ma.
Hoja 4); La Candara près de la source du Rio de la Cam~o'a,
l'affluentde t'Asônqui baignele petitvillagede Lavin(Afa.Jf<.Hoja,
tS) AndaraavecLasAftHas de ~mdaraet à peudedistanceLasJft~as
de Ve~ss(~s. Mi.Hoja14).
2. M.Stickela eula complaisance de merésumerdans les termes
suivantslestraits géologiquesqui caractérisentla Ca~dara « Der
Katkgebirgsstock, den der Itio de la Ga)!dsrakurz vor seiner Ein-
mundungindenRioAsôndurchbricht,zeigtausserordentlich schroffe,
fcisigeAbhange,unterhalbvondcnensich ausgedehnteSchutthalden
ausbreiten».
3. A. K.ubter.Dieroman,u. deutsch.Oo'tKcAA'. Grau6MHdeK, 1937,
p. ~t.
PROBLEMES DE SUBSTRAT )07

Orobie), jPc~o de la 6'~KC /Ve~<~ (Alpi Lepontine),


(Alpi
C~ la Gonda (Somvix, Grisons) dans le domaine alpin
et /~Mey~o de Candandiu (Paso de Aspe, Pyrénées), .Po~7/c
de la 6'ŒMf/a (Sanabria, Sierra Segundera)', ~Me~o Canda-
?<e</o sur le Monte C'CM</a~!0 (Grado, Asturies) de i'orony-
mie ibérique. Les deux derniers types, Ca/M~~o et Can-
danedo, sont d'autant plus significatifs qu'ils trouvent, dune

part, un appui dans les deux ëpithètes topiques de Toux


CAXDAMto et 7oM CAKDiEDONi (dat. C/Z., I1, 2695 2599)'
attestées par deux inscriptions découvertes près de Grado en
Asturie. et que, d'autre part, la géoiogie, constatant au Nord
et au Sud de Grado dans toute la zone du mont Candamo
la présence de vastes graviers confirme une fois encore

l'interprétation ici proposée dans le cadre sémantique de


~c/c « gravier », etc. des Alpes.

3. Le type GANDA~> GAK(x)A « terre inculte H du Midi de la


France et la glose d'Hesychius /?::

Les Pyrénées et les Monts Cantabriques semblent donc


1. F. Krua-er. Die Gcf~ns<aK(/.9/<~Mr SaM&M.< Mn(/seiner A'r;c/;6ar-
gebicte, Ein Be!'fra'/ zi<r .s;MK«cAcM Kt:(/ pot'<My!M!'seAe~ ~'o/s/f«t)~6,
't923. p. 6 et d02 (Canda, Ca'<f/< Candaido, Candalicga, Ca'McicMa,
Candalos. Candan, Condanal. Ca~~a'!te<~o,Candano. etc.), auxquels on
pourra ajouter La C~tdann dans la vallée du Curueno (Lëon,.Ua. ~t.
HoJ!) 't~ jLa.<Candas près de la source du Rio Lima (;fa..tft. Hoja
22). C<!t)daMo(OYiedo,jUa..M;. Hoja 3), CsM~Mï'~o tout près de Sel de
la Carrera. Candolias sur le Rio Pas (JVa..Ut. Hoja to) S. Bento do
Cando (Revista Lusilana, XtX. 203).
2. E. Hûbner, AfonMt. ~0- 228; Ihm..PWRE HI, 4460. ~74;
Hoscher, Lc.f. j/</io/. 850 H. MaYer, Et?!t<ss der !'o/-c/u'M~icAe)f
RM<tcauf die Toponomastik Fr~n~'ctc/ts dans « S;<~&.Akad. H~ten M,
t7n/2, p. 24.
H. « Die beiden unteren Terrassen sind im Sùden von Grado in
SciiOttern ausgetuldet. die aber offenbar noeh hoher )unaufziet)en. Ob
es sich jodoch um dilnviale Schotter oder um umgeiaserte Sedimente
handett, ist nicht eanz k)ar man vergieiche die merkwurdigen Vor-
konimnissp hei Saiinas(nord!ieit von Grado) in derXahe von Avi)ës)).
« Ein roter fehmig-tonigpr Gehangeschutt isl hier (Oviedo) in sehr
grosse;' ~faclitigkeit vorhanden. Auch andere Stellen machen durch
Scimttkegel und Schutthaidcn der Seitentaier dcn Eindruck. dass der
Yerwifterungsschutt nicht wpgeeseIiaS't werden konnte ». E. Scheu,
Z)c;sB~c/;e~ !'u?: Grado » (~/fffi7. ~f." G<'s< /Br~M~e .< Leipzig,
XfJX). 1930. p. t29 et HT.
)()8 V. BERTO~Dt

partager le germe sémantique de GANDA (= c&KDA) avec les


Alpes. D'ailleurs, au domaine alpin est commune aussi la
phase sémantique représentée par ~Mû~a « terra arenosa
c infructifera que apenas du tojaes »' (Yieira). Il suffit de
songer à ~a~ g). « glabretum, calvitium agri ))(i662),à~6'
dere « stciniges Grundstuck » de la Suisse allem. (Schweix.
Idiot.. M. 337) et à la gana « piano solcato » des iiau-
teurs près de Terlago (Trentino). Mais il y a de plus. La
voie qui dans le Midi de la France établit la communica-
tion entre les Pyrénées et les Alpes semble être jalonnée
par un type toponymique La Gane (La Ganne) commun
dans !e Limousin la Marche et l'Auvergne, mais particu-
lièrement répandu dans le pays hérissé de montagnes du
Ganta!, pour désigner des torrents, des hameaux abandon-
nés, des domaines ruinés, des terres incultes. Dans le L~'c-
<M/;M. ~opo~ŒM'yMedu Cantal, par exemple, sont signalées
une quarantaine de localités appelées La C<mc.La 6'~wc.
La <raM!'c! (1348) et précisément dans cette forme toujours
accompagnée de l'article (par exemple « apud crucem de
<f<76'<2Ma)), 1S22 « La 6'a de la Broa », H64 La 6'<M?-
nette « terre inculte ») qui laisse entrevoir ranciennc fonc-
tion d'appellatif. Evidemment, nous sommes ici en présence
de formations appartenant,, pour ainsi dire, à une zone neu-
tre cnLrcle domaine de la toponymie et celui du vocabulaire.
En tant que ce type La 6'c(~)~e « terre inculte » ne
semble être séparable ni de ~y~e~'C! « ticrraincuha Mde
't. Cf.<o/c!«mattade tojos (= « arbustoque é todoespinhososem
fothas servede accendalhas para o fogo») Vieira, TAcsout'o,
s. v. I)
s'agit d'une variétéde Me.ceuropaeusL. (nomméeaussi ~ë<)'yu.
Manche« parcequ'ilpétilleen brûlant plusieurs des nomsdonnés
ci-dessusindiquentquece boisbru!eavecune surprenantefacilite»,
cf. Hottand,Mof'cpopML, IV,86) c'estainsi quel'appellatif~ht~a)Y<
est passea désignerla planteciie-m&meyaneh'n« pedaçode tojos
secos», ~Mtdat'a« pedaçode estevasëca que o gadô vaitombnndo
petomonteou queficouemas boiças,depoisde ardero mato )),ea)!-
dos,ca~daros,g~H~m'os « pedaçode urzessecasx, csndt'os« ramos
ou pernadassecasde quaiquerarvore etc. (cf. ReftstsLustttf?: 1,
~06 iX, 300 XIX, 203, 276 F. Krùger, Die Gegenst.RaKnt)rta.<
~ae/:6s~e6.,1928,p. 101).
2. Cf. G.-MichelCoissac,AfonL~motts~19t3, p. 9 (La GM(.aiH.
de la Diège).
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 109

la péninsule ibérique, d'un côté, ni de la ya~ la yŒ~Œ


« terra sassosa » des Alpes, ù l'intérieur du domaine
pvrénéo-alpin de *GANDA il en résulte sporadiquement une
forme "GAXXA ;>*GAXA commune à la Gaule méridionale et
a )a Lombardie alpine, forme qui gràce à cette distribution
géographique même pourrait être attribuée au substrat
gaulois. Or, si l'on prend comme point de départ cette forme
*GAKA « terre inculte )). on ne peut s'empêcher de rappeler
ici la glose d'Hesychius y~x' ~p?:; y' en tenant compte de
l'équation /=- -?; gl. « inculta terra » dans Steph. Byz.
Avec toutes les réserves que comporte la nature de ce
témoignage, je voudrais pourtant signaler la possibilité que
cette identité frappante de sons et de sens ne soit pas for-
tuile. Mais quelle serait la source du mot d'Hesychius ?
S'agit-it d'une survivance dans le celtique des Balkans
identique à la forme gauloise? ou bien s'agit-il d'un type
de substrat assimilé au gaulois et au grec massaliote? En
tout état de cause, à l'appui de ce rapprochement y~x
IIesychius provenç. ya~a (même sens), il ne sera pas inu-
tile de rappeler ici le mot xy.xj- érable » aussi attesté seu-
lement par une glose d'Hesychius et dont les survivances jus-
qu'Ici constatées sont typiquement isolées dans la Gaule du
Midi(provenç. agast, ay<M«érabIe))).Quelle que soit doncla
source LL'Hesychiuset quelle que soit l'appartenance linguis-
tique de 'x, l'exemple assez instructif de ~'y.xj- provenç.
agast ne permet pas d'écarter à priori la possibilité d'un rap-
prochement analogue pour un mot tel que /~?~
qui à l'intérieur du vocabulaire grec reste un type isolé et
obscur. En ce cas la glose d'Hesychius porterait un ancien
témoignage de la phase sémantique « terre inculte ».
Enfin, à l'idée de « gravier » et de « terre inculte »
s'associe aisément l'idée de « lit de torrent plein de cail-
loux ». « torrent périodiquement desséché)), « amas d'eau
sur un terrain spongieux d'où s'écoule un petit ruisseau »
(Jeanne, Ht, 1602, s. Ganne, Gane), « sentier fangeux » et
« fossé H en général. En réalité, on peut reconnaître des
traces disséminées de ces phases sémantiques sur toute
l'étendue du domaine de "GAXDA de la Galice à l'Engadine.
h
no Y. BERTOLD!

4. La phase sémantique GAXDA > GAKAn lit de torrent


plein de cailloux H.

La plupart des cours d'eau des Alpes nommés <7a?!ofc.


~'o??a. <?GM</M~o, affluent du Pô, 6'a~cfe~ Ca~due~a:,
etc. (cf. Monti, Foea~. Co~M, s. ~a??~c) ont le caractère
commun de rivières torrentielles: ils grossissent subitement
au printemps à la fonte des neiges et en général après un
orage. tandis que pendant le reste de l'année ils présentent
un lit dépourvu d'eau et plein de cailloux. C'est à cette
catégorie hydronymique qu'il faut attribuer le 6'CMe~'OH,
torrent dont « les crues contribuent pour leur part aux
effroyables ravages del'Ardèche )) (Jeanne, III, 1600).
D'autre part, le type hydronymique 6'c~ne de la France
du Midi désignant un « amas d'eau sur un terrain spon-
gieux d ou s'écoule un petit ruisseau x (Jeanne, III, 1602)
trouve son parallèle alpin dans le Lago di Cc/MM?« piccolo
laghetto in terreni un po' torbosi (Bertarelli, II, 278)' dans
la rc~M??~ (Yarese-Lugano). Le vocabulaire y concourt
avec le tvpe provençal ya~o f. « mare, sentier fangeux,
fossé » (Mistral)~qui est évId~mme_nt_Lnséparable de l'appel-
lahf ya~</o/a f. « fossé d'une route » recueilli par
M. E'Hnont à Ille-sur-Têt dans les Pyrénées-Orientales
(GiiHéron. 6'K/?~ p. 86). De plus, le « Thcsouro da lingua
portugucza )) de F. D. Yiolra nous donne pour <y<M</c!a,
~a7:f/rola signification secondaire « diz-se tamben, quando
o rio .Mondep'ovaimuitosecco, a praia que fica descoberta »
~!t[. 829)\La Suisse allemande (Bern, Zurich) avec l'appel-
Jatif~a~~ désignante« Grien oder Gescitiodc eines Flusses,
Kiesgrund, Flussbett » (Sch-~vciz.Idiot., H, 336) semble
partager avec le Portugal la même phase sémantique. On
1. Cf. L. Y. Berta.reili,P!'eMo;!te, CantonTicino,11
Lom&st'dt'a,
(tt'23).p. 378.
2. Cf.aussiA. Thomas,Romania,XXXVI,~7 J. Jud, Bull.dial.
:-om..tH.'i0.n. 1.
Lemol portugaisg~(H<7e)'a est mentionnepar un documentdes
Po<'(~Mon. Hist.,Dipl.,p. 4i. a. 957 « Torna a parte aquilo-
nis directumper ittam~a)t~)'amusquein rivuloaqualada».
PROBLÈMES DE SL'HSTRAT m

peut encore ajouter à notre famille les deux hydronvmes


(?a/~e/ afiluent de la Moselle, documente sous la forme
G.~DRA de l'année 768 et A'a/ï</c~, le cours d'eau qui coule
présdeLurrac)t(Badcn). dont une forme ancienne est CAX-
DARAde l'année 790 Ce dernier hydronvmc semble à son
tour inséparable de son homonyme A<x/!û~' (Berner-Ober-
land). le torrent caractérisé par les vastes graviers de
son lit die A'ane~ liat aus ihrem Geschiebe, ~MM, ein
weites Schuttland, den A'c'~c~/y~e~, angelegt » (Egli,

/Vo/m'~a~< p, ~71)\ C'est bien là une caractéristique


dans le cadre sémantique non seulement de l'appellatif
ya/!</<2 des Alpes, mais aussi du Rio de la C<7/?o~y'a, ainsi
nommé d'après les graviers de La CaMe~a~a, dans les Mon-

tagnes Cantabriques.
Le domaine des toponymes est donc plus vaste que l'aire
d. E. Fôrstemann (édit. H. Jellinghaus), ~MeMtscAM A'ox~M&uc~
d9t6, p. 998.
2. 0. Heitig. Die Or~sttame)! dM Gross/te~o~tMms Ba~en, -t906, p. 6;
ci. aussi Holder, AS., I. 745. 753. qui voit dans CAXDARA (CAXTARA)
un dérive en -ARAd'un adjectif gaulois *CAXTOS<' « splendens x. D'après
Hofder. cf. F. Cramer, R/tet~c/te Or<s):<tMen,p. 74; J. Hubschmied,
Festschrift Bae/tMaKn. p. 17~. n. n et p. 188, n. 4 A, Dauzat, Les
fo/<s de ~c: 't926, p. 'i97 et d98 0. Springer. Die F/MM~ame?:~h'<-
<e<H6e?'(/su. B~dens, 'i930, p. 38.
AJuisa part le fait que l'alternance -Kf- >n~- en gaulois, supposée
par .\t. Hubschmied. reste toujours très hypothétique et à part le fait
tj~e le gaiï.. hrot. ca~K « blanc dont on a invoqué l'appui, est consi-
dère unanimement par tes cettistes comme un emprunt au latin (cf.
H.Pedcrsen.Ae~. Cfa/KM., I. 199,'Me: lai. spLEXDiDus>*spLEXDUs
>bret. splann « clair )) et lat. CAND!Dns;>*CAX))L's;>bret. AaKn
blanc »), en ce qui concerne tout particulièrement le nom de torrent
Mander de la Suisse allemande, interprété comme te « cours d'eau
typiquement blanc )), cette hypothèse semble être insoutenable aussi
du point (te vue sémantique. Il suffit de rappeler à ce propos l'allusion
<!la couleur de J'eau contenue dans le Geograph. Lexikon d. Schweiz,
H. 72;' K Die lia.rader ist einer der bemerkenswertestcn Wildstrôme
dur Alpen, dessen ~Vasserfarbe jcden Ausenittict~ wechsein kann M.
H. Cf. aussi Geogr. JL~.c~oti. d. Schweiz, II, 731-725 <t Dadie zum
<tehie! der Ka~d~r getiorenden Bergmassen. besonders die Rette des
.\iesen. z. T. aus teicitt verwitterbarem Fiysch t~esteltcn, fùht't der
Fluss eine grosse Menge von Geschieben » (p. 73't) « zu beiden Seiten
von .KftMder~e~ (im Ilintergrund des ~a~do'tAa/e.s, von der Kan~ef
durcttflossen) kommcn aus der) Katkec und terliaren Sandsteinen des
Fisistocks und Lotmer machUs'e Quellen zu Tage. indem sie die allu-
viaie Srhuttdt~'ke von unten nach oben durehbrechen » (p. 72H).
H2 V. BERTOLDI

des appellatifs au delà de laquelle s'impose à la méthode la


nécessite d'un contrôle plus rigoureux de la conformation
du sol relative aux toponymesafin de compenser le manque
de l'appui sémantique apporté ailleurs par les appcllatifs.
Ce contrôle est, par exemple, possible à l'égard du topo-
nyme GA~DA (<x" siècle) en Flandre, richement documenté
par les sources du moyen âge. Car, d'après les écrits des

hagiographes G~KDA désignait à l'origine le « gravier


inculte » situé au -confluent de l'Escaut et de la Lys où
vers l'année 631 Saint Amand fonda un monastère du
même nom dans l'enceinte d'un antique château appelé
« co~?/n? GA\DAVUM H, l'ancien berceau de la ville capi-
tale des Flandres Cc~<y. Mais une parfaite correspondance
sémantique entre le vocabulaire avec GANDA « lit de tor-
rent » (Suisse allem. ya~af « Flussbett », ~S'e~M'e~ /e~'o~
Il. 336) semble nous être témoignée par le passage très
significatif de la « F~a Sancti G'o<~e~a~)MCo~)) (~/OMM-
menla 6'6'?'M!C/Mae,tS'c~p<o?*< XI, 180)~: « locus qui ab

L Cf. liotder..AS., I, p. 1981: « in loco, qui dieitur GANDAvuM


CASTML'M, cuius nunc cocnobium aperte vocatur GAXDA;). Cf. aussi
CA\t)A oppidum vastatum est a Normanm~M (a. 850, .UG. SS. XII,
p. ~m) in GAXUA (tx* siècle, Acta. SS. Belgii, 11, p. 43'?) K monaste-
i'ium iuxta nueuta Skatdi :)! cast)'o GAKDAYO » (Van Lokeren, Ca)'<t(-
fa;re de f'a6&o!/c de Saw~-PteiTe, I, M); a. S19 « Abba ex monaste-
rio quod dieitur GAXDA,qund est situm in pago Uraebantinense » Ser-
t'ut'H. Car~c/an'e deSs:'K<-BaMn~ p. 3 « Hector monastcrii S. Pett'i
';< S. Bfivonis quod vocatur GANTHsuper uuvium Scattli siti », a.
S<~4;« monasterium. situm super fluvium Scaldum quod antiquitus
\()catu)n est GAXDA» a. 967 « in loco nuncupato GA~DA» a. 9'<6,ibid.,
p. 6. 8. 10 cf. aussi Fûrstemnnn, ~f/cM~o/tes iVamcK6:<c/t(ëdit.
H..)e))inshaus). 1916, p. 998.
'2. Cf. Srhayes. La Belgique et les .<K/s-BeM ctt'a?!< et pendant la
'.<u«t<fM<tO)t ro))M:Mej1. p. 319; 11, p. 161; A. deYIaminek, Les o't-
;;<K?scle la ville de Gand, dans les Afemotres couronnés par l'Acad. de
Brtt.M~'fs. XLY. t-127. Cf. aussi Mansion Ouo-GeM~sc/MNaamkunde,
1HM. 120~31 et J. Vendryes, Revue ceM~MS.XHI (192S), p. 449.
Cf., par contre. Tourneur, Histoire et étymologie du nom de Ga)i0'
dans FtK/e)'. archéol. et histor. de Be~t~MC, Annales XX° eong., II,
p. 199. ~H) et A. Carnoy, Origine des noms de MeMa'des eMUM'o~sde
Z!)'M.rc~e.'<.p. 26. surtout n. 2.
3. Cf. aussi lu VttaBerHtMMKEjM'se. » (Jfo~Mtn. Germ., Scrtpto'es,
)V. 763~ « anno singutaris nativ. Chr. 8S6 auspicatus est ipse quen-
dam )u<;urnsuper ftuvium GANDAE,quem a fluvio GaKdenesAetBt(corr.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 113

alluente quodam alveo, G~'DA nomine, Ganderslteim nomi-


natur ».
De même, le second élément -heide du composé Gander-
/</e. nom de lieu de la Rtténanie(Gei!cnkirchen)', concourt
dans une certaine mesure à nous renseigner sur les condi-
tions géo-physiques de la localité ainsi désignée et par cela
même à mettre en lumière aussi le premier élément

y<7M</e/ la préexistence de *GANDAen Rhénanie étant témoi-


gnée par une « curia in GAXDAxc )) mentionnée vers l'année
I220". Si 6'a:Mf/e?'<~e représente, comme on est porté
à croire, une composition hybride de valeur tautologique
sur le modèle bien connu de Thundorf, Riupach, etc., le
mot ~o/~e/~cp/'e désignant l'airelle Vaccinium myrtillus
L. )), en Souabe~ se révélerait, du point de vue de l'idée

inspiratrice, comme un synonyme très intéressant de heidel-


beere « airelle H. c'est-à-dire la « baie dune
typique
GAKDA== « Heide ».

5. Les traces de *CA~DA-*GA~DAa gravier inculte x (CANDAV)A


des Balkans) dans les zones orientales.

D'autrepart. au type GA\DAVus dérivé de GA'<DA« gravier


inculte M est comparable le toponyme CA~DAVtA des Bal-
kans* avec la sourde initiale. Les indices de la topographie

Gandersheim) nominavit » ~ro~suit/tCf~ Car?):t~a pr:'nt0t'd. coen. Gan-


~rsA (Monum. Get'M,. Sct'tptot'cs, IV. 308) « Quis fuit ecclesiae pos-
sessio denique parvae. Tran' ripas GANDAEsupra montanaiocatae,
unde locum celebrem voeitabant Ga)tf/es/te??tenseM». Cf. E. Fôrs~e-
mann (édit. H. JeUinehaus). AMeu<sc/tM A'aMe?:6Mc/t,~d(), p. 997-
998.
1. F. Cramer, Rheinische Ortsnamen aus ~o;v6mMcAerMKe!)'ô'MtseA<')'
ZMt,490t. p. 66.
2. J. Gotzen, Die Orts~amen des 7ù'eMcs Ge:trc/teK !M ZKsam-
Mc~at!g mit der S<et~uKg'sg'esc/t!eAfe,t926, p. 90.
3. Cf. Fischer, ScAM)<t6:'se/;M Tt'o?'!ct'6. III. 40.
4. H. Krahe, A'ac/t/cse :M den Ba~s)t:~?/r. ~M<j'r. A'aMen. '[9~9.
p. 't3~: N. Jo):I,rter(Ebcrt. RLV.). Vt,~ p..H cf. aussi DtAXA
AucusTA CAKDAV[Exs;s. C. Praschniker-Schober. Sc/t!t6)i ~'t' Ba~-ao-
/[omf)ttss!0;t R'<e)ter-AA'a6;. ~nf: ~~< Ytff/3. p. 2. C. Patsch.
W:6Her Studien, XLVJI, t9~9, p. ~02.
H4 Y. BERTOLDI
ne parlent, en tout cas, contre un tel rapprochement. Car,
on n'ignore pas que le toponyme C.ANDA.vtA (Pline, 111,145
« CA\DAYtAn MONTES ») d'après les témoignages des auteurs
crées et latins se rapportait à cette région déserte de mon-
tagne qui à cause de son caractère éminemment âpre et
rocailleux a opposé un si grand obstacle à l'expédition du
roi Genthius. D'après Seneca (B/M. XXXI, 9 « .PEU
DESERTA CA~D&YiAE "), par exemple, l'âpreté de ses che-
mins dp montagne était devenue proverbiale chez les
Romains.
Mais là ou nous nous trouvons en présence d'une ruine
de la nature du type des plusieurs Ganda des Alpes ou de
La (?<i??c~odes Monts Cantabriques, mais plus imposante
encore. c'est dans la haute vallée du Sillaro (Appennino
tosco-emiliano) qui porte le nom de C<x?M~comme la mon-
tagne elle-même. Il s'agit, d'une gorge où s'amassent de
formidables blocs de rocher, décrite par les géographes
comme « l'esempio forse più terribile di vasti irrimediabili
calanchi che si seguono ininterrotti »'.
C''s derniers exemples de CAXDA-GANDA, en dehors de
l'aire pyrénéo-alpine ici particulièrement étudiée, nous per-
mettent d'envisager le problème dans toute son ampleur.
Tout d'abord faut-il comprendre dans le domaine de
*GA\DA aussi les systèmes orographiques des Apennins et
des Balkans ? Ensuite est-il, en général, possible d'étendre
encore les recherches vers les autres zones orientales
typiquement conservatrices du domaine égéen? En parti-
culier. des toponymes tels que CAXDAUCAE du Noricum
t !tm. Ant.. 276. 6 CIL., III, 618), Kx-x et K~ de la
Thrace (Procop., D<?aeo~ IV, -i.)sont-ils séparables; en
r-e qui concerne la racine CAXD-,de CAXDAViA de l'Illyrie~?
Faut-il ajouter encore à ce groupe les types Kc~BpLx
1. L. Y. Bertarelli. Lu~m'a, Toscanas<cK<t'M)ta!e, .E))t:'K<II,
t'H6. p. ~'6.
)hn).7' RE.111.1.460:H. Ki-ahc.~M:/fo~s~tH</)'.P<')-so?t<
)!'7Wf?t.
t92H.p. 31 (CAsxAuo)~ Tomaschek.D«' a~en Mrate)*,11,
'<4. Ftuss.~'R'.RE. X. l!(il: Hproposde l'identificationCANDA-
t.!LAE==Huttcnherc[?).cf.D~A.Jaksch.CMc/cc/ttc M)'Mten.! bis~M.?,
~!)~S). ?.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT T H5

(Phry~'ie), Kx'/Bxpx' II.x~AxY:~[K;, Ket~cscjx' op:'jpt:-<


Kx::tx:. K~S'jBx' T: A'jy.~x: déjà signales par A. Fick' pour
le domaine prehe!lenique'?Est-i! permis, enGn.de detac))er
avec Al. Kretschmer~ un e)ement KA~DA dans le composé
'Ap-jy.r/~ (Steph. Byz.), ville de la Lycie baignée par le
Hcuve .t~M~o.9 (Pline, V, 100)?
La réponse à chacune de ces questions exigerait des
recherches particulières dans les différentes régions des

Apennins, des Balkans et de l'Asie-Mineure. De même, une


recherche détaillée sur le domaine caucasique, faite par les

linguistes compétents, pourra seule nous dire jusqu'à quel


point les appeUatifs gando (Karata) et 'yua~c~ (Dido). syno-
nymes t'~ /r</aM (Xinnalug) et de /)'<y~MïM peuvent être
rapproches dans leur signification de « creusement du ter-
rain » au type ganda des Alpes, synonyme de calanca
« ëboutement du terrain

1. A.Fict;, Vor~ee/tMc/te Ory.na/xcH~~OMe~c/'ur~isVor~e~cAM/t~


Gr:ec/tc~~Hf<s, p. 't8 et 54: Ruse, PW. RE., X/2, ~86~ H propos de
Kxvo'~x. cf. Kx~SjSi(t)v-:MB~u.Mdes inscriptions (près de Gendowa).
2. P. Kretschmer, Eot~ttMr!') in die Geschichte der f/t'tec/tise/ten
Sprache, p. 307 cf. aussi Hirschfeld, P~. RE., 11, t ~7 \V. Schuitze.
K~~ns/e~ I. -i9'26, p. ~97. Cf. par contre, A. Scbuitcn, K/<o, XXIM.
1930, p. 378, n. 't. A l'appui de l'interprétation de M. Kretschme)' on
pourrait peut-être rappeler le toponyme KAXDABORA (SundwaH, s. v.),
en tenant compte en ce qui concerne -BORAdes types tels que J~'K?!f<-
6o)'a, etc. mentionnés par A. Schutten. Kh'o, XXMI ('t920), p. 406.
3. Ce qu'il y a de plus dëiieat dans ce genre d'études et ce qui prête
le plus au doute, c'est, je le répète, la fixation des rapports lingui-
stiques grande distance en vue d'une vaste unité primordiaie qui se
perd dans la nuit des temps.
Sans doute, certains mots, isolés dans les zones les plus conserva-
trices et dépourvus d'une étymoiogie plausible en indo-européen.
peuvent être interprétés comme « des résidus de langues non indo-
européennes du bassin de la .Méditerranée » (A. Meiliet, Bulletin,
XXX, M) sans doute, la reconstruction d'une ancienne unité lingui-
stique méditerranéenne (en rapport avec les données et les résultats
des autres disciplines cf., par exempte, tout récemment, P. Bosch
Gimpera. Le re/a~tOt! mM~'tgt'rotM postmicenee e~ il problema et)':<sM
dans « Studi Etruschi ». III, 9–~ .f t'<)por<! /6[ le ctu~<a med!te?'ra-
nee etc.. dans « ~«< Cott'. Arc/tgo~. s<!)'~o». Uo-t'H cf. bib!iogr. chez
Tagiiavini ZRP/t: XLV1, p. 39. note -t) pourrait projeter quelque
lumière sur un certain nombre de probièmes obscurs. Cf., à ce propos,
aussi R. Fohalle, ~e<an<jresVendryes. p. d76. Mais pour l'instant on
ne peut pas se soustraire à l'impression que les rapprochements
H6 6 Y. BERTOLDI

Il serait aisé d'allonger la série des questions à poser.

Cependant, de simples rapprochements par à-peu près ne


sont d'aucune utilité pour le problème de méthode ici par-
ticutierement envisagé. Car, en général sur ce terrain
d'étude, il faut bien l'avouer, ce qu'on gagne en extension.
on )e perd en profondeur et en solidité.
Les exemples ici examinés nous ont donc indiqué la vita-
lité sur un vaste domaine d'un élément GANDA.signifiant,
i° « amas de pierres à la suite d'un éboulement de la mon-

tagne ». 2° « terre rocailleuse et inculte », 3° « lit de tor-


rent. plein de cailloux )) et nous laissent entrevoir la possi-
bilité, indépendamment de toute considération d'ordre

gardent encore un caractère problématique et qu'il faudra du temps


avant que certaines perspectives se précisent.
Këanmoins, les études de Schuehardt, Tromhctti etUhienbeck parti-
culièrement sur la parenté du basque avec les idiomes du Caucase
peuvent servir utilement de base à d'autres recherches. Cf. H. Schu-
ehardt. S~6. Akad. ~<?n 133, 1896 Litbl. <~rm. t'om. Philol., XIH,
.!26 R~jEB.,XIH, 1922. p. 78 Dos Bas/~cytCtMM:e Sprac/MCMSMsc/M/ï
dans Sitzb. Jt&ad. ~MK, 302/4, 1923. A. Trombetti, Delle ~axt'on:
f<<e <nx/!<ecaucasiche con le hK0t<eca!K!to-~c!?:t'<!cAeecona~)')'!<pp;
linguistici dans « G!0!'M~Soc.~s.7taMaKa )', XV (-1902); XVI (1903)
Le origini della K)!g!ta basca dans Afemo?'!? R. ~.ecad. Ist. Bologna,
YtU-fX(1936). surtout p. 2-3. C. C. Uhienbect;. Oucr een mo;ye<c
ce)'Ma;!<!c/)ap van Ieet Baskisch met de Pc!~eo-JÏ<:MA'as;se/~ta~ dans
« .Me(/ectM<. k. Akad. v. WcfenscA. ~msterdaM x, LV/3, p. t03 et suiv.
Mais )c malheùr est que surtout en ce qui concerne le vocabuiairc des
langues du Caucase tout reste à faire. L'œuvrc très méritoirede R. Yon
Erckert. Die Sprac/ten des /aM~<:s~c/<eHS<a!!fmes, I. 1893 (d'oû pro-
viennent aussi tous les exemples ici cités) ne peut suffire que dans une
mesure très limitée aux besoins des études comparatives d'aujourd'hui.
Cette réserve faite, je voudrais signaler ici l'accord parfait du sens.
des sons et des formes entre les appeUatifs caucasiques /;a~ « ravin ;)
f<t ensc Sehtucht, elift ))) /t:a~a)t):t<,kalava « grosse Vertiefuns der
Erde )' (Erekert, pp. 133, 97) et le type cala « ravin » des Alpes
(Hrpnno. etc.) qui dans les formes ea~aM. calnnca « ravin )) («Schiu~ht.
Riss im Erdreich », REW~, 148n a) est très répandu dans le vocahu-
laire et dans la toponymie des Alpes. Cf. Jud, BMH. cHa!. rom., III,
)0: C. Salvioni, Rend. fs<. Lomb., XLIX. p. 740: Muret, Romo))!'o.
XXXV!t. 346. 333, 338 P. Aebischer, Études toponom. t'aMd~/ttM,
« .-hf(/Ms!aP)-ae~o)'t<:», 19M, pp. 1-7 A. Dauzat, ZOA'F. 11. lrp. ~tt:-
23) V. Bertoldi, Revue de HK~MM~.rom., IY. p. 340; C. Battisti, S/«~'
E~M.-fc/t!,11. pp. 662 et 676; ~t-c/<. Alto ~'f/f, XXH, p. 38 Jabcrc-
Jud, AIS, J!I. 428: kalanka, /;a<anr/one « Schtucht », « hurrone ».
Cf. calanca « dirupo N de la Sardaigne (Spano) et aussi Ca~t'ot'Ko des
Apennins?
PROBLÈMES DE St'BSTRAT 117

d'établir les équations suivantes: 1° GANDADiA


phonétique,
= GA:\&AD!A,~Mc~crc = <7M<~orGlimitées aux zones basco-

pvrénéennes, 2" *GAKDA= *CAKDAcommune aux domaines

pyrénéen et alpin, 3° *GAXDA = par des


*GAXA représentée
exemples sporadiques sur une zone qui va de la Gascogne a
travers la Provence jusqu'à la Lombardie.
Il reste, maintenant, à aborder la question de savoir si
et jusqu'à quel point l'hypothèse d'un rapport chronolo-

gique entre GAXGACtA= GAXDAD~Ade l'époque de Pline et


~<x??o~ (~aM~a~o) d'aujourd'hui tout autant que d'un rap-
port géographique entre le groupe alpin de </a/?</c et Je
groupe ibérique de ~a~o/'a. hypothèse avancée d'après les
indices fournis par le sens, est soutenable aussi du point de
vue des sons et des formes.

II. LES SONS.

Dégagée de toutes les considérations par lesquelles on a


souvent présenté les faits sous un aspect trop simpliste, la
théorie de 1 influence des substrats a ouvert sans doute des
voies nouvelles à l'investigation linguistique'. Car, s'il est

1. Si l'on veut ici citer des noms, on court le danger de dresser des
listes presque toujours inexactes, d'établir des catégories et de créer
ainsi un antagonisme inexistant entre les esprits. Car, encore que
l'antithèse soit la forme instinctive denosjugements. i) serait absurde
n l'heure qu'il est de vouloir distinguer nettement deux groupes de
linguistes les partisans à tout prix de la théorie des substrats et les
adversaires plus ou moins sceptiques. Heureusement les mentalités
sont plus complexes et, en tous cas, plus souples. Que les linguistes
les plus éminenls se tiennent eu droit de désavouer les conclusions
par trop hâtives de ceux qui d'un sain principe de recherche ont fait
une clef pour ouvrir toutes les portes, qu'ils réclament de plus eu
plus la rigueur de la méthode, une discussion raisonnée des degrés
du possible ou du vraisemblable à l'égard de chaque problème de
détait, qu'ils soient unanimes, par exemple, à affirmer l'impossibilité
de bâtir des édifices « alarodiens » en amassant pèle-mêle des pierres,
tout cela est compréhensible, c'est surtout salutaire pour le prestige
d'' notre discipline. Mais il s'agit toujours de réserves relatives à la
méthode de nature à ne préjuger guère l'attitude à l'égard de la
théorie. En générai, on ne saurait trop insister sur ia nécessité que
d:ms ce genre de recherches, où forcément une si large place est
réservée à t'hypothèse, la clarté de la forme soit en raison directe de
1obscurité de la matière.
1)8 V. BERTOLDI
vrai que la théorie des « sostrati etnici », telle quelle a été
formutéo par Ascoli, s'est révélée a un examen plus minu-
tieux et plus approfondi des faits comme susceptible de revi-
sion, s'il taut en convenir que l'action de tendances arti-
culatoires semble se manifester d'une manière moins immé-
diate et moins simple de ce que l'on a supposé de premier
abord, s'il faut surtout insister sur la nécessité de passer
au crible tous les indices, de peser le pour et le contre à
i'égard de chaque problème particulier, il n'en reste pas
moins que ce principe de recherche, appliqué avec sobriété
et circonspection, peut rendre compte de la coïncidence et
de la persistance de certains faits obscurs à l'intérieur d'une
ancienne aire déterminée. En tout cas, il ne s'agit pas
d'adapter les faits à la théorie, mais d'examiner les aspects
toujours flottants et incohérents d'un principe d'investiga-
tion (lui a un incontestable fondement de vérité.
Que la langue latine victorieuse ait eil'acé, par exemple,
partout sur le domaine où elle s'est superposée, toutes les
habitudes articulatoires des Indigènes qui étaient le résultat
d'une hérédité séculaire, nul ne saurait l'aOlrmer'. Au
contraire, tout tend à faire supposer que certaines particula-
rités héréditaires, tendances ou même insuffisances, aient
continué de se manifester sous la forme d'innovations, c'est-
<)-dirc de principes actifs au sein des variétés régionales du
latin jusqu'aux patois romans d'aujourd'hui~. En tant qu'il
s agit donc d'une continuité au cours des générations de
sujets parlants limitée au domainedialectal et ne comportant
presque jamais une normalisation de la langue commune
ou de la tansue écrite, les témoignages des sources ne peu-
vent donner naturellement dans chaque cas particulier
qu'une idée imprécise de la chronologie des phénomènes
t. Cf.A.MeiUet.Esquissed'uneA~<o:M de la langue latine,1938,
p. 332et suiv.
2. Voir,par exemple,tout récemmentl'articlede C. Merlo(Vt'cen~/e
sfo'ie/tcdella<M.9MORomadansItalia dial., V,'1929,pp.'i72suiv.)
dë~c a A..Meiitet. Pourlesfaitstoscans,cf. A.Meillet,Lesdialectes
ntf/o-europeens. p. 94 et suiv. C. Merto,Studi etruschi11,pp. 303-
:!tt: Italia dial., III, pp. f~-O!: C. Battisti, Studi ct/'usc/M'IV,
pp.
~5! A. Meiitet,BM~ XXYln,pp. M6.20';et XXX!,p. ~i7.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 119

attribués a l'influence du substrat. C'est là un fait dont on


est obligé (le tenir compte dans ce domaine car ce scepti-
cisme à 1 égard des témoignages des sources, encore qu il
représente toujours pour investigation un facteur d'ordre
négatif, est propre pourtant à justifier les tentatives faites
pour reconnaitre dans la tradition orale les vestiges les
moins altérés d'états de langue disparus.
En ce qui concerne la zone de l'Ibérie d'où nous provient le
mot GAKGADtA (GAKDADfA) d'après le témoignage de Pline,
Achille Luchaire a remarqué justement que les traces des phé-
nomènes phonétiques qu'on peut attribuer à l'innuence du
substrat, sont particulièrement manifestes et cohérentes dans
les catégories sémantiques du vocabulaire restées au cours
des âges les plus profondément ancrées à ['usage des ruraux.
« La variation de f en h » nous dit-il, par exemple
« atteint la presque totalité des mots d'origine vraiment
indigène )' et il ajoute que dans les formes documentées de
la Gascogne l'incohérence de notation « s'explique par l'In-
fluence du latin et de la langue littéraire provençale sur lei
manière d'écrire des notaires et des scribes, laquelle ne
représente pas toujours évidemment la prononciation réelle
et populaire, c'est-à-dire primitive' ».
Cependant, malgré le faible appui des sources et malgré
les lacunes dans la connaissance des catégories du vocabu-
laire restées à l'abri de toute influence érudite, l'Interpré-
tation donnée au phonème « guasco-ispano » y-~> déjà
par Ascoli~ semble résister à la critique moderne. Après
avoir soumis tout récemment les faits à un examen ri-
goureux des sources, M. Menéndez Pidal n'hésite pas à
déclarer « el cambio de /*en primitive y constitucional del
idioma3 ». C'est qu'il reconnait en faveur de sa thèse

't. A. Luchaire, Idiomespyrénéens, p. 205 et 308: cf. aussi A. Tho-


mas..V~M~M d'e<m. yraKc.,p. 79.
G. I. Ascoli, Lettere glottol. (Arch. glott. tta;. X), p. 38 et suiv.
« riesce nitidamente autouoniea questa metatia~e cuaseo-
ispana /->A-; e non isbagHerà ohi la l'eputi sià ben f'onsuma<a
quando ancora ~t! so'ihi iatinpssianti stcntavano a sancu'h) ne))e
carte loro )'.
3. li. MenëndezPidal, O~s'Mes del ~pa«o~ 1 (t939). p. Mi et 580
i20 Y.BERTOt.DI
toute la force de l'argument d'ordre géographique. En
réalité. l'attestation tardive et la notation flottante de
~> ne sont guère propres à infirmer la valeur des
indices que l'on peut inférer de la « localizaciôn càntabro-
vasca )) du phénomène, l'aire primitive de ~>À- s'éten-
dant aux régions romanes sur les deux versants des Pyré-
nées en parfaite concordance avec une caractéristique ana-
logue de la langue basque'.
S'il y a donc quelque chance de réussir à serrer de plus
près les autres problèmes ibériques sur les phénomènes de
substrat, c'est surtout dans le cadre de cette aire primitive
et à l'aide de ces mêmes principes.
A l'influence du substrat on a pu attribuer, par exemple,
la répugnance pour initiale qui caractérise le gascon en
la comparant avec unetendance analogue du basque'. Car,
s'il serait inexact de parler d'une parfaite coïncidence de
résultats, s'il faut tenir compte du fait que le basque révèle
à l'égard du gascon une certaine indépendance dans le choix
de la voyelle initiale épenthétique, il n'en reste pas moins
acquis que les deux aires constituent une unité caractéri-
stique, dont la coïncidence avec l'aire primitive de ~>A-ne
peut guère être considérée comme_simplementfortuite. Tan-
dis que la prédominance de la voyelle a caractérise l'épen-
these en gascon et en béarnais, le choix de la voyelle est
déterminé en basque par la qualité de la voyelle qui suit l'r
avec une préférence, pourtant, pour la voyelle e. C'est donc
cf.aussiJ. H. English, TheA~efKaMor: of « F and « H » M Old
Sp~MsA, 1920;W. v. Wartburg, ZRPM., XLH (19M,)p. 374 et
XLYUJ(1928).p. 489 A. MeiMet,Bt< XXVHI(i928),p. 470 et
XXXIXfl929), p. 183 J. Brùch, Zeitschr./'rMM.Sp)-.M.Liter.,
L!V(1930),p. 370.
1. C.C. Uhien.bGck,Be:'Mg~~:<_e_H!6r vergleichenden ~aM~eAre der
<MsA'sc/tcn dialecte(VerA~nde~. EonMAL .A/M~. H'a~nscA.te Amster-
datK,Y/l). 1903.p. 69 Gavel,Élémentsde phonétiquebasque,1920,
pp. 303-305.
'2. Cette répulsion,suivantA. Luchaire,Les idiomespyrénéens,
p. 20'<.est plusviveet plus cohérentedans les patoisrustiquesde la
montagneque dans la plaine et dans les pays riverainsde la Ga-
ronne.
3. C.C. UMenbeck, Bettrasre,p. 38; Gavel,BMmentspAo~. basque,
A.
pp.189-193; Thomas, E ssaisdephilol./'y<tMf.,p. 121.
PnOtiLÉMES DR SUBSTRAT i2)

dansles moyens de réagir contre la même insuffisance arti-


cutatoirc que se manifeste la divergence entre le hastjuc et
le gascon. D'ailleurs des exemples tels que ARRECA.toponyme
biscayen attesté dans un document du xiv' siècle (Ëieizatde).
en face de l'appellatif d'aujourd'hui ey'~p/M, ravin x (Azkue
f, 26S) sont propres à atténuer même cette divergence de

(cf. ar~ec « ravin H en


procèdes entre basque et gascon
Héarn, mais en Provence ~ec; Thomas). Peut-on atierplus
loin encore et admettre que les faits gascons bien attestés

par les anciens textes (cf.ar/~c «riche '). c/M~« rue".


a~rc~oM « raison a. Luchaire. 209) reflètent à l'égard des
faits basques une phase plus reculée du même phéuoutene?
Et est-il en général permis du trouver ici une nouvelle
confirmation de L'idée exprimée à plusieurs reprises par
Achille Luchaire et Hu~oSchuchardt'que les traces des
anciens états d'évoiution du basque sont à chercher surtout
en Gascogne?
Pour la chronotogie de cette épenthésede a un exemple
très instructif, à mon avis. est fourni par ]e gascon û'~vo?/!7,
<x~oM?o « rigole, ruisseau )). Inséparable, d un cuté. du

basque a~*o:7 « rigole, fosse, cavité, creux » (Duvoisin.

-1. K ]) est donc légitime et scientifique 'ic supposer ~ue le gascon.


diaiffte roman qui a remplace, et dans les mêmes limites, jft'esrjue
exactement, i'nncien aquitain, duit u ce même idiome, non seulement
la ;)t!)pa<'t des caractères pi]oni')ues oricinaux qu'i) possède en
commun avec J'euskara. et qui iui donnenl une pi.~c? tout à fait spé-
ei;t)e dans le domaine provenrat. mais peut-cU'e même un certain
nombre de mots à physionomie évidemment euskarienne N. A. Lu-
ehaire. Les idiomes ;)!/re<:M~s. 't879. p. 4'L « Icl atauhe niciit zu
vie! zuwagen.wenn ich das Aquitanische a]s das AHt~skischc an-
sprcctK' und a!ictt ort!iche Kontinuitat z\vischen iimi und dem i~euti-
cen Baskiscii anneitme » H. Scimcitardt. 7/<c<'tf!c/;fDfA'M~o; 1907.
p. H cf. aussi ZRP/t:< XXXM. ~tt'OS. p. :~t « Festen Boden
gew.du't uns nur die Gegenwart vom Bastd'-cifen nihrt uns einr
sichereBrucke zum Aithaskischen. derSprachc derAquitaner und
Hergeten. rteren Reste nns in insciiriftiichen Eisennnmen ertfaiten
sind H. Schuchardt, Iberische Bpi(/?-tt/; (h~EB, XIV). )92o.
pp. SJO-5H ~7t. sn~u'op. Ges. XXXXV. p. tOP.
Cf. aussi A. Thomas, .EM~t!"de philologie y~'o~'sc. 't-i'i Saro)-
hondy. VM<M de phonétiquc :'6<;?'tenK<' en ~T;7<)!)f ;'ow?)t ('~{~B.
VII.'47n-497); H. Schuehardt. RJJEB.YIH.7: R.Menend~-Pida).
Revisla /</o<.Mpa)7., V, 223.
122 Y. BERTOLDI

Azkue 79) et, de l'autre, de l'espagnol arroyo et du por-


tugais arroio (même sens). Mais ce groupe de mots ne
semble pas, au premier abord, appartenir à la catégorie des
types avec une r initiale et avec une voyelle épenthétique,
étant donné que le point de départ est ARRUGIA, mot attesté
par Pline dans la description déjà citée (~M~. K~ XXXHi,
70) des mines de l'Ibérie a cuniculis per magna spatia
actis cavantur montes [in aurifodinis Hispaniae]. ARRu-
GtASid genus vocant' ». Si l'on étend pourtant la recherche
à tous les pays romans, on retrouve partout des types ana-
logues avec la même signification, mais se conciliant seule-
ment avec une base *RuciA, de sorte que l'aire ibérique de
<i'o! etc., se révèle comme un îlot
de représentants de
ARRUGIAdans le vaste domame des représentants de *RUG[A~.
Mais quel sera le rapport entre les deux types? M. Battisti 3
a proposé de voir dans AR de ARRUGiAla préposition gauloise
ARE en comparant ce composé avec ATTEGIAde *ARE-TEGIAS.
Si ingénieuse que cette explication puisse paraître, elle ne
rend pas comptede l'isolement des survivances limitées aux
zones sur les deux versants des Pyrénées en parfait accord
avec la localisation du mot d'après le témoignage de Pline.

'). E.Hubner,mj,.P!'o~ LXXXI; cf. Thes. ling. ~t.,11. 655:


« AHRUGiA e. RUGAfortasse » Thurneysen.
2. A complément de la bibliographie citée par J. Jud, Bull. dial.
;'oMi., Ht. 9. on peut maintenant ajouter: D. Olivieri, Sa~s'to topoxom.
pt-ncfa, ~9~3, p. 389; C. BaUisti, Studi ff<'storia &<sf. e Mazto;t.
TrfottMO, 1922, p. 58, n. 3; Gualzata, A'OMtlocali BeH:)t:onM< 1924,
p. 49 Wartbui-g, FE~ I, -!48.
En ce qui concerne l'albanais p-rua, pero: « ruisseau, torrent B
(Mever, Alban. Tfo)'<6)'6., p. 338) cf. les justes observations de
M. Puseariu, ZRP/t:Bet/ XXVI, p. 59; X. Jokt, Jo~. Fo~c/t..
XXXVtI. p. 91, LtK(y:<stMcA-A':</tM)'/[:s<o)'.CHtersuc/t. aus dcm BereM~t'
des A/6a)t., '1933, p. 333 et Yasmer, StufKstt :M)' a<6<:KM<sc/te)t :M)'t-
/b)'se/tMn~(Acta et Comment, Univers. Do'pctt. B. H:<)7M?t.,I, 50), qui
sont unanimes à écarter l'hypothèse d'un rapport avec ARMjmA.
M. Terracini, Osservaz. topon. sarda, '19M, p. 18, n. 89, s'accorde
enfin avec M. Wagner à considérer le campid. arroia K ruisseau w
comme un type emprunté a l'espagnol, en soulignant. l'opposition des
toponymes RoM, Roia de Tt'o~os, Roiedda, etc.
3. C. Battisti, Studi di storia Knsr:Sf. KaztOK. Tren~t'iio~ p. 88.
n. 3; dans son récent ouvrage sur les Popoli e Mn~MSnell' ~Mo -4(~'ye~
Studi sulla <<:ttK!<da<hM<M!'M,'1931, p. 24 il semble admettre même
l'appartenance du type à la langue gauloise.
PRORLÈMES DF SUBSTRAT ~23

De ces conditions particulières des sources et des aires est-Il


permis de déduire que dans AnnuGiAse cacherait la forme
pyrénéenne de la hase *RUGiA,quelle que puisse être l'appar-
tenance ling'uistifjue de cette dernière En d'autres termes,
est-on en droit de croire que le mot technique *nuGiA se
rapportant à la terminologie minière n'ait pu participer à la
vie des langages parlés par les mineurs pyrénéens qu'à la
condition d'être assimile à la prononciation indigène qui
déjà à époque de Pline répugnait à commencer un mot par
r? S'il y a lieu de répondre à ces questions par l'affirmative,
la forme hispanique ARRL-GfA. en tant qu'elle représente un
ancien témoignage d une tendance phonétique encore vitale
en basque. vient d'apporter une nouvelle confirmation a
1 hypothèse, exprimée déjà a 1 égard de umum et de TASco-
-~L~, que le groupe de mots exotiques attestés par Pline
connue relatifs aux mines de l'ancienne Espagne, apparte-
nait à une langue liée au moderne euskara par des rapports
génétiques semblables a ceux admis par Schuchardt pour
la langue des inscriptions aquitaines.
Dans le cadre du même système phonétique on peul donc
tenter une expHcation plausible aussi pour le mot GAKGADtA
provenant de la même source de Pline et interprétable
t'omme une forme secondaire dérivée (le GA~DADiA.

1. Le passage -XD- > -xc (GAXDAbiA~> GAXGADiA)et les


doublets analogues typiques du basque.

M. hienbecl~a attiré 1 attention des linguistes sur la fré-


i. t~crappt'ortn'ment aver '"s'n se item'tc. cumine on t'a ))ien noté,
à !n dif!if!tUefh' ta quanti))')-)'' ~tans r~a 0 tomh. t-tiM cf. TEf.fA
> <CM).t~etype <tj[tHL').).(H'sf m/ XXXUt. 74) peut ctre consi-
(ifrc contmc une formation secondaire n~c en tatin d'âpres AXHL'-
~~A(et. co~trut).~vocanL a f'om'ivationc credo HPtinc) ft restée.
d .littpurs. presque infécond' Cf. ~Vafdf-PukornY.II. 353 \Vai<Jc-
Hofmann. LE~ -it)3().p. ('~ la t)i))tio?r<)phicici citée. A propos de
cunnucrs. cf. V. ('arcia de ])ic-'o.Con<t'~f<c!'o~ f!<eetO/M)'!o /ti.p<!t:!<'o
L'<!Mo/o(7/co,Madrid. t9~3. p. S4 su r !'originede.\TTE~ cf.Schucttardt.
//e!)?t!sc/'es /<'c«f~esS/ac~t/< (~~E/i XMI). p. 78.
2. ~.C.Uhtcn~eck.Hr/fr/t;etrtfr ~!tf/e/t!'e f/er
u<'rf//e/c/<c)t~t'n
~f!s/:<sc/<cndf<ï~e<c(Vfr/tfïMf/ A(.;t/t; ~i/f/. r. ~'<<t-<ts' ~t~stcr-
(/ant, V~). tM: p. ~0.
)24 V. BERTOLDI

quence en basque de doublets avec -ND-et -KG- du type


:n</a/m~~y « force Met a ouvert ainsi la discussion sur le
rapport chronologique d'une forme à l'autre. Mais c'est à
Hugo Schuchardt.' que revient le mérite d'avoir relevé la
priorité des formes avec-nd- à l'égard de celles avec-ng-.
Dans le cas particulier de !K~m~ay « force » Schu-
chardt invoque à l'appui de la forme MM/a~,considérée
comme primitive, les types IKDERCA, INDEHCILLUS, noms de
personne attestés par les inscriptions de l'Aquitaine (CIL, H,
257, 259). Mais abstraction faite de ces témoignages des
sources, à l'intérieur même du vocabulaire basque, à l'isole-
ment de la forme ingar « force )) duNavarrais (Uhlenbeck,
~e~'S~e~ 80) s'oppose d'une façon évidente la vitalité de la
forme indar commune à toute la langue (Azkue, I, 412) et
productive de nombreux dérivés: indardun « fort )),M6~ya'
« privé de forces)), ~c~Z'a « par force)), indarlei « épreuve
de forces ». indartsu « fort, robuste » etc. (Azkue). C'est là
encore un moyen de se renseigner sur l'âge de la forme
:M</ay« force dont la priorité à l'égard de ingar est
confirmée, au surplus, par le toponyme basque TM~~M
dans le Labourd (Sara)~.
A ce sujet je voudrais signaler ici la frappante homopho-
nie entre le basque MM~' « force (et T~c~~M, nom de lieu
du Labourdin) et "Loxpx'3Ly.y/M-/ roXt.:(Théopomp. apud
Steph. B\'z.). Encore une fois, la similitude de l'appellatif
actuel au toponyme ancien peut n'être qu'apparente. L'idée
d'un rapprochement ne serait pourtant pas destituée de tout
fondement. On sait, par exemple, que l'appartenance des
Sikanes :') ta race ibérique est attestée par Thucydide (VI,
2. 2) et par Pliiliste de Syracuse (7~'<~M. 3 apud Diod. Y,
6. i). Or. même si l'on bésite à tirer parti de récits des
écrivains de l'antiquité par trop contradictoires, si l'on ne
veut pas accueillir sans réserves les interprétations de Hum-

t. H. Sehuehiirdt.
~MseMm, XXX,at3 BaskischM.
X. 398 ZRPAM.,
~mantsc/t(Be:/t.ZRPhil.,Vi),p. 'i7. Cf.aussiH. Gavel,JB~mc;
basque(RIEB,XII),p. 4'[3-3.
;)/<on6<.
2. Cf. L. de Eleizalde,TopOKom~s<tca
t'asM (RIEB,XXI),1930,
p t89.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT t25

boldt et de Schulten, s'ilfaut en générât convenir que de


simples coïncidences toponyrniques sont loin de nous auto-
riser à tirer des conclusions sur une
parenté de langue et
moins encore de race, il n'en reste pas moins que, d une part,
les récits des anciens sont unanimes à séparer les Sikanes
des Sikèles et à témoigner la précédence en Sicile des pre-

miers(fberes immigrés pour Thucydide, Philiste et Ephore

ap. Strabo VI, 270; Ibères autochtones pour Timaios ap.


Diod. Y, 6) et que les recherches modernes, d'autre part,
ne sont guère unanimes à écarter toute possibilité de
lien entre les Sikanes et les peuplades primitives de la
péninsule ibérique'. En tout état de cause, c'est surtout à
l'archéologie et à l'ethnographie préhistoriques la tâche de

juger de quel poids les équations jusqu'ici établies~: Ety.


"16~ St.x.xv: ~X)J. E~jt;- SfCANUS, /7MU:M~ Iberiae,
Avien. v. 469; Ytxx\ ~:At; 'Ig~p~c, Hécatée, T~ray~. la,
unies, maintenant, à la comparaison basque indar « force)) »
(/?!</a;~M, nom de lieu) '~I-ct?x' ~sX~ Sty.o:5~, doivent

1. A. Schulten, Sikaner (Pn'AE., H, 11/3, 1923), p. 24S9; Ziegier,


E:xs/ (PWAB., 11. il/2), p. 2482; Reche, Sikaner (Ebert, RLV, XII,
1928), p. 123, F. Ribezzo, Roma delle origini, etc. (Rivista indo-greco-
ital., XIV, ~930, p. 6t), avec une riche bibliographie. Cf. aussi E. Pais,
Storia dell'Italia antica, I('î925), p. 93; L. Pareti, Le origini e<r:<se/te,
1926. p. 79.
2. KE~KN'/O! OE(JLST*
<XUTOU; ~OMTO:Oeti'/OVTet! M; ~V aUT<M
EVOtX'.OK~VO!,
CXC:,XCEt ~0075~0:,0[KTO0:U':0~6ovE~cîvo: 0)~ ë~ ~] ŒA7]6E:tX
EUptCXSTOU,~16cpc;
6'~Te~ X CHX7:6~0~ E'.XX\'0~
~O~KtJLOt~
TO~ SV U~O
'Ië'/]?~Ct A'YUO)V fXV!MT<XV:E;»
cf. D'Arbois de JubainviUe, Les premiers /K:6:'<.Europe, I, 26 A. Schul-
ten, AMMa~tia, I, 56. 'H~sp~/tmo; 'AxT~YKVT:'vMv. Ka!no':cm6;ELxavd;,
o); oï)c"< 'A~o/.AdoM?o; (Steph. Byz. s. v. E;xxv'a) pour StesnMs /!uu:Ms
cf. Avienus, Ora maritirna, édit. Schulten, i922, p. 109; SiCAKAcivi-
tas, Avien. v. 479 E. Hubner..Vo~Km l. J6er., 240.
3. En ce qui concerne l'idée, le toponyme "Iv3x=Ken rapport avec un
appeMatif désignant « force » pourrait s'accorder avec le passage sur
les Sikanes de Timaios (Diodor., V, G.2) « o! B*&J'/E~xx~o!To nx/.Œ!ov
X!tjU.7j86voJXO- ~T[S'~ O'/UO~TK~fUVAOD~TK; ~OÀ~XKTC~XEU~OVT~ 8:0:TO'J;
A!]T:m;x. Faut-il donc reconnaitre dans "IvBa?s « force, forteresse )'
une de ces « collines fortifiées x (:=o/upd; Adao;) typiques des Sikanes?
Il s'agirait, dans ce cas, d'un synonyme des types bien connus tels
que \'ALEXT[A(Pline, 111, 36) dans le pays des SEGO-vELLAcx!(cf.
Keunc. P~'RE., II, I!/2, 1921. p. 1048), POTEXTIAde la Liguria, du
Picenum et delà Lucania et surtout des toponymesSEGOVtA Arevacor.,
SEGfSAMA VaccaM)' SEGOBKfGA Cs~6., SEGODUNUM RutgKOr. ~ÇM:'f., etc.
(cf. Hftbner, Proleg., XCVHf), en tant qu'ils soient tous interprétables
126 V. BERTOLDI

peser dans la discussion non seulement du problème parti-


culier de origine des Sikanes, mais en général du problème
basco-ibérique. Car, si cette dernière comparaison se
confirme, du point de vue purement linguistique, a ta suite
d'autres recherches,il en résulterait que le vocabulaire des
Sikanes contenait des éléments communs aux anciens idio-
mes qui constituaient le substrat des dialectes euskariens
d'aujourd'hui.
En suivant les mêmes critères, Schuchardt a donné une
interprétation analogue aux autres doublets basques aussi
dans i''s cas où l'appui des sources n'est pas facile à trou-
ver. C'est ainsi que la forme basque ~c « fruit du Pru-
nus avium, var. » (« cerise aigre » Azkue, I, 347) a été
considérée par Schuchardt comme primaire à l'égard de
~Mya et les indices semblent, en effet, confirmer cette
interprétation. Tout d'abord, la racine G)ND-(KiND-)en
basque n'est pas isolée. Il suffit de songer aux dérivés gin-
e~<7/a~« cerise sauvage », y~efoxT,~Mc~Vj~e « arbol que
produce cM:'He~ a et notamment à un autre nom de plante
sauvage ~M~c~a « bruyère » (Azkue, I, 3~7) De plus
la toponymie basque connaît le type bien remarquable Gin-
dapea (V~ XX, 31) de Alaba qui rentre dans la série
de dérivés en -e(c) tels que jS~&~e (XIY, 136), ./?o~
pea (X!V. 4.i.9)en rapport avec ~c&'c;« puits, piscine »,
~o~u rocher))(Azkue, I, 129, ISO) et surtout, en tant
qu'i] s'agit de noms d'arbre, AmspE, doc. xn° siècle, « sous
les chênes )). ~eG « sous le figuier )) Enfin, l'aire de

commedesdérivesou des composésceltibériquesd'unebase celtique


SEGO- '<t'or~ (Dottin, La languegauloise,p. 28S GrôMer,U~ef
U<'sy)'ii.
t<.~de! dei, fraiiz.Orisita)îieit,
det'rnt~. 0)'~Mamo;t,p.'tOO; Sebueliardt;JIbei,ische
p. -100;Scbuehardt; 6e)'MeAe
Dg/u!f:t<o)i.p. Seet .U~'Me~.aH~Arop. GcseH.Tt'tCK,
XXXXY,p. 'il5,
n.t .M'pyer-Lûbke, Hom.Afe~.Pzdet~I, ~0).
t. I)faut. pourtant,tenir comptedes formesparallèlespH'isrraet
t'Mn'o« bruyùreet.,par exiension,toutesortede balais» (Azkue,I,
346et '4[Ij cf.aussia)!<:)'a,
Haute-Kavarre(Azkue,I, 4t), ~f:r/at:<t,
zna~or;(Azkue,I, 346et de Aranzadi,RIEB.,XX,376).
3. Ainsi les toponymesAspe (==as-pe),~endiô~ Jlendipe son
interprëtabies« sousle rocher», « sousla montagne», etc.Cf.encore
jB:Mtt);o6M RjfEB..XfV, 451),Elorrbe« easertode Ibarra )' (Gip.),
p. 57U.en rdpportavecelor,e~or)':« épine)) (Azkue, I, 33S) B!'A:<-pe&
PROBLÈ31ES DE SUBSTRAT T 427

GfNDA (( cerise aigre B ambrasse une grande partie du


domaine hispano-gascon. Les deux formes ~me~a et~~c
coexistent, il est vrai, en Gascogne, mais la première est,
d'après les sources, la plus ancienne et la plus répandue
Et pour dissiper tes doutes sur le rapport chronologique entre
les deux formes, on peut recourir surtout au sarde ~Mz</a:
du Nuoro c cerise sauvage » (fruit du Prunus avium, var.,
cf. Penzig, t, 383), mot qui est en parfaite concordance de
sens avec le basque y!'?ï</a « cerise aigre ».
Ces fragments isolés de G)NDA nous permettent, d'une

part, de reconstituer une aire ibéro-aquitano-sarde° et,


d'autre part, de revendiquer pour la phonétique basque la
tendance -KD- ~> -xG- qui a conditionné la forme secondaire

ginga à côte de ~</a de la zone basco-gasconne.


Or, l'alternance GA,\D.-IDIA > GANGADIA, attestée par
Pline, est-elle interprétable à la lumière de ces doublets
Ma~c~ ~Mc~c, ~GMc~-yŒHyor, etc., typiques
du basque ? Est-il permis de reconnaître dans GAKGADiAen
face de GAKDADiA(et de GANDAdes Alpes) une forme qui dès

l'époque de Pline avait


plié aux exigences phonétiques des
mêmes idiomes qui constituent le substrat linguistique du
moderne euskara et d'où nous provient la forme ARRUGtAen
face de *RUGtA? Etant donné que GANGADiAest un terme
appartenant au même langage des mineurs pyrénéens d'où

(RIEB., XIV, 4M) de 6:~ « figuier (Azkue, I, 465) ARISPEest cité


par A. Luchaire, Les idiomes p~t'Mëe~, pp. 439. 't77, et surtout '183.
4. Cf..R<'f:<e~. <a)~M6s rom., 1899, p. 223 et Roland, F~repopM~.
France, Y. p. 348 (ghiniè, g/i!.9~e, Tarn-et-Gar., Tarn, etc. ~AiMefoM-
~e, Béarn. Toulouse, Haute-Gar.. Landes ~/ttKdoM~, Gers), p. 350
(f//uKa Rrive, (//t:MOTarn gru!«e ~/t!o Dordogne, etc.), p. 354, 356,
;ti0 (s'tf!'7!do/tt/<idocum. de -t430 « arbre », ghina docum. de d39't, ie
fruit ))). Cf. aussi cast. f/MM~a.~Mt~f~ (/«!K~a~, g'a)ic. ~M!n~et'ra,
cata). ~!<:nde; guindola Conca de Tremp, Coimeiro. jEf:«)ter. de las
u/a~fax peHt'Ks. A~ŒKo-/tM/t., 11. p. 298, 299, 30'i et 362
Diccion. ~t(y:;i7~,p. 902 toponymie pyrénéenne ~uut~a~o, docum.
Quindalos t484. Raymond. Dichon/t. <opo</< dëp. Bf:SM-Pt/ëMMs,
p. 74.
2 Ces conditions particulières des sons (-nd-: -6'-) et des aires
( unité ibero-aqnitano-sarde) nous autorisent à séparer nettement le
doublet ~t«~< ginga du groupe d'appcitatifs qui peuvent éventuelle-
ment s~ rattacher a une base grecque ~uTo~o; « l'ait de fin M(AE'H'
1433).
!2S V. BËRTOLbf

provient, d'après la même source de Pline, le mot ARRUGtA,


il en résulte la possibilité d'interpréter les deux mots dans
le cadre du même système phonétique. C'est une possibilité,
je ie répète. Car, s'il est vrai que GANGADiA à côté de GANDA-
DiAest explicable à l'aide de phénomènes d'assimilation ou
de dissimilation, il n'est pas moins vrai que la remarquable
fréquence en basque de doublets -XD- -KG-ne permet pas
de se décider sans plus pour l'une des possibilités sanssigna-
ler du moins l'autre aussi. En faveur de la première semble
même plaider la coexistence de AXDXRA à côté de GANDARA
explicable au sein du basque sur le modèle de doublets
analogues.

2. L'alternance ~mc~ra-a~c~a et un trait caractéristique


du basque.

Un des traits les plus singuliers de l'euskara moderne est


sans doute la grande instabilité, la caducité même, des
consonnes initiales. C'est ici particulièrement le casde la ten-
dance à la chute de G-(s-) dont les divers dialectes euskariens
conservent un certain nombre d'ex emples ~mo~ra-a~Mrc
hiëble )). goroldio-oroldio « mousse », ya~~r-as~~
< érable H, ya~ « airelle », ~MC~vi'c~'C! « bruyère »
(Azkue, s. v.), etc. Mais, faute de moyens d'investigation,
le rapport d'une forme à l'autre n'est pas aussi clair qu'il
peut le paraître au premier abord. Surtout lorsqu'il s'agit
de mots jugés de pure souche basque d'après les indices,
ia reconstruction d'un prototype a presque toujours un
caractère aléatoire. C'est que pour l'euskara moderne le
témoignage d'un ancien état de langue correspondant au
latin. à l'égard des langues romanes, nous manque à tout
jamais. Un est ainsi réduit à des méthodes qui font une
large place à l'hypothèse. A propos des doublets gandura-
a/<c~'<x,</<<2-<2/vc', gabi-abi, tous les trois noms de
plantes sauvages, faut-11, par exemple, supposer chute ou
~penthesc de _< ? En faveur de l'une ou de l'autre possibilité
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 129

est-il permis d'invoquer éventuellement l'appui des formes


qui ont survécu dans le vocabulaire des patois romans
parlés sur les deux versants
pyrénéens? Cependant, ce

moyen de contrôle perd sa valeur dans les cas où les types


romans semblent refléter chacune des deux formes basques.
Tel est le cas du doublet basque gabi-abi « airelle, myr-
tille M.Vacciniummyrti!lusL.(Azkue, 1,7 et 312) auquel se
rattachent probablement, de l'un versant des Pyrénées, les
types~a~M~a de Biscaye. <~u//a de La Bureba et yayM~c~a
de Alcarria (= « myrtille d'ours », vaccinia M~x) et, de
l'autre ayoM des Hautes-Pyrénées,
versant, ~<5<7yoM du
Béarn, aoMcy'OMe~a de la Haute-Garonne (== « myrtille »)'.
Par contre, dans les mots basques d'emprunt, l'existence
d'une forme primitive comportant une gutturale peut résul-
ter incontestablement de la comparaison avec la base équi-
valente de la langue de provenance. Sans doute, le est,.
par exemple~ disparu dans ?<~e/ « tonneau )) du biscayen à
côté de ~Mpc/ du labourdin, le point de départ des deux
formes étant le latin cuppA Mais il n'est pas aussi cer-
tain que d'autres mots rentrent aussi, comme on l'a supposé,
dans la catégorie des'emprunts. A plusieurs reprises, on a

rangé ici, par ex., le nom de 1 érable (== « Acer campestris


L. <.)que le vocabulaire basque nous a conservé sous les deux
formes gastigar et astigar. Le type a été expliqué par Schu-

t. Schuchardt. Baskisch u. Romanisch dans Beih. ZHPM., VI,


p. '24, se demande si le mot latin Avu (HABiA). attesté par Columelle
(VI, t4. 3: VI, t4. 6), se rapporte peut-être à l'airelle. Les indices de
la botanique, il faut bien l'avouer, parlent contre cette hypothèse.
Cf. RE\V. 834. Cf. TAes. ~f.. II. 1420; surtout J. B. Hofmann
dans \Va)de. LE~ p. 83. Les types ici cités sont réunis dans Col-
mciro. Enxni. </c las plantas de la peKt~s. /tt'spa?t.us!'t., 111, S3S
Ro)tand. F<o)'cpop., VIL p. '234-236.
On ne peut s'empêcher de sou)icner ici encore la frappante simili-
tude signalée déjà par Schuchardt (ZRP/tt~. Beih., VI. p. 24, n. -t), ne
f~tt-cUe que fortuite, entre le mot basque ga!/M&a K myrtille d'ours x
et le )ypf alpin ga'/tfd~ (VatteHina), etc., désignant la même plante.
L'inûnenne de GALLUs(REn' 3664) n'est, en tout cas, que secondaire.
Ct'.Monti. VoM&. Como.p. 90: P. E. Guarnerio, ~pp:o!t! lessicali
/)r~a~L (Rc~. Istit. I,om& XLL I90.S. p. 209); Jaberc-Jud, AIS,
!)I. 614.
2. )I. Scbuchardt. B~t.ZRP/~V.. Vt. p. 3t Gayet, E/eMn<s, p. 389.
130 Y. DERTOLD!

chardt' comme un composé hybride de e~cTc: <c érable »


d'une glose d'Hesychius et de l'adjectif basque igar « sec ))
c'est ainsi que le mot basque a trouvé une place dans les dic-
tionnaires de von Wartbur~ et de Meycr-Lubke à côté des
vestiges romans de AKASTOS'Oprovcnc. agast, <x~Œ~)\
Cependant,. l'explication se heurte à toute une série de diiH-
cultés. D'abord, elle impliquela chute de la voyelleinitiale A-
attestée par tous les reflets, sans exception, non seulement
dans le vocabulaire, mais aussi dans la toponymie (Gasti-
ya~o, ~~ar~a) Aucune trace, par contre, d'une forme
'"a~M< ni en appellatif ni en toponyme. En second
lieu, du point de vue sémantique il n'est pas besoin d'insi-
ster sur ce que cette dénomination « érable sec (~M~a~')
aurait de singulier. A ce sujet il n'est pas permis de tirer
grand profit de la comparaison établie par Schuchardt' avec
le provençal a~ee~M~ (Hérault). Car, le mot provençal inter-
prété par « érable dur » (et non, en tout cas, « érable
sec )))est une formation isolée dans l'aire de ACERABULUS, due
peut-être (comme l'a supposé M. von Wartburg, /~H"
I, t9) à i'étymologie populaire, tandis que le type (g)asti-
<r est le nom désignant l' « érable » commun à toutes les
variétés dialectales du basque. Ce sont là des faits qui justi-

t. Schuchardt,ZRPM., XXXH(1908).p. 38t. n. et3S9, note;


L:fera<.y. germait.roman. P/t!M.. XXXIX. (1918).p. 43 cf. aussi
3/!<s<)K.X.40i (où le doublet basque s'a.!<~at':astigar est, par
contre,comparéà l'espagno)çMe/~o),tandisq~e M.Gavel,.!Mem~.s,
p. 3H't.a avancei'hypothèse très peu vraisemUabte.d'ailleurs
Kun -g- initial épenthétique(dans la forme ~as<:sf(tt').
causé par
une analogiepurementformelleavecle verbe(/<f:~<t<M « châtier» et
peut-ctreaussiavecradjeei.ifg'a. «jeune ».
Cf.von~'artburg.FB~ I, 11eH9, n..{ Meyer-Lùbke, RETr.
nr. o~W vielleichtbask. gast- igar « rundMatteriger», eigentlic))
Kdm're!'Aborn»).
A proposde la glose d'Hesyehiusxx~TTor cf. M. Kie-
y,c:?!~oKu.~o;,
dermMnn,Z:n-~te:'tt.M.griech. ~'or~MC/:tc~<f (« Glotta », XIX).
t930.p. ) et V. Eertoidi.Reutfcceltiqztc.
XLYII(1930).p. i92.
A. Luebairc.Les Mt'ontes ~)'eKcens.p. )S3; H. Schuchardt.
~C!'m!sc/tc.<
t<./'rcmdesSprac/ft (R~EB.,XIII), 'i933.p. 7. L. de
Eiciza)dc.L/stas 6[~;&.de i-ocestopon. t-cn!; ('JffBB..XX. 'i929.
p. M Xtll.t')22, p. M3).
4. Schuchardt,ZR7'/u7..XXXH.35i. n.; A. Tiiomas.Rom<!)!
XL. 105 cf. Ro)i;tn(J,P/o)'ep~!t~ Hi.,:4S.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT t3i4
fient la tentative de donner au mot basque une autre inter-
prétation.
Le vocabulaire sarde possède le mot, non signalé jus-
qu'ici, co-s'~y~e « érable )) du Nuoro et du Logudoro'. C'est
en tenant compte de ce tvpe que toute la nomenclature
ibéro-sarde de l'érable nous apparaît sous une nouvelle
lumière. Car, si l'idée de Schuchardt d'un rapprochement
possible entre le basque gastigar « érable )) et l'espagnol
yMe/!yo « une sorte de chêne », mérite malgré la diver-
gence de sens d'être prise en considération, elle trouverait
maintenant un appui dans le mot sarde costighe « érable »
qui correspond parfaitement, du point de vue des sons, des
formes et du sens, au mot basque gastigar « érable ». De
plus, cette unité des trois groupes est confirmée par le fait
que </Mp/~o avait aussi dans l'ancienne langue la significa-
tion de « érable )) ("KAcer campestris L. », cf. Nemnich,
~*o~ Lex. A'a/M~e~c~ lïf, 1621 et cf. le dérivé collec-
tif quejigar « trait de bois planté de Acer campestris L.
mêlé à « (~M~rcM~~M~&yee/M»)2. Et la comparaison avec le
mot basque est d'autant plus justifiée que le domaine Ibé-
rique de yMp/~o, cajigo, etc. semble à peu près coïncider
avec l'aire cantabro-basque signalée plus haut et considérée
comme l'aire primitive des phonèmes tels que /> /<
etc. attribués à l'influence du substrat. En réalité, le domaine
du type embrasse une zone qui va de la Galice (caxigo) à

1. Il s'agit de l'Acer monspMS!<fa)tMm L.= sard. côs~'c~e. cost:te,


suivant 0. Penzig (F<ora popo/. ital.. I. 3). de t'Acer campestre L.
suivant Cara, Vocab. botanico sardo-ital., s. v. (cf. aussi Rolland,
Flore pop. France, III. p. H8).
2. L'érable, K.4eercampestris L. » se trouveici. en effet, presquetou-
jours associé aux différentes variétés de QM~'ct~(MM:K/!ot'a,pedtfn-
c«/ota, To:M Bosc., lusitaniea Lam.~ete.). (le sorte à constituerle type
de végétation mixte bien connu dans tous les bois d'Europe. A ce
sujet cf.. par ex., Hesi, JM~s~ Flora .Ui'tfe~urop<M. lit. 'HO « Ge-
senwartig bildet die Stiel-Eiche in Europa nur setten reine Bestànde.
sondern sic tritt meist nur vereinzelt in Mischwatdern(besonders mit
der Bûche. Corp<nMs.~Lcet'campestrz's eemisch))auf' Y, 38T « Die
Art Acer eo?Kpes<)'!s gedeiht vorzustich an trockcnen SudhangeB mit
OMercttspu6cseeHs.erreicht die uppigstc Entfcdtuns und grussteHôhe
in den massigfeuchten Laubmischwaidern aus Eichcn. Lindpn. ~Mf
platanoides ».
132 Y. BERTOLDI

travers le territoire de Santander (cajiga) et de Burgos (yMC-


jiga) jusqu'à la rég'ion de Barbastro (Huesca caxigo) et
à Bielsa (eaM?:co), Plan et Benasque (caixigo) dans le
cœur des Pyrénées'.1.
Or, l'invraisemblance générale de l'hypothèse d'un
emprunt pour des noms d'arbres sauvages tels que l'érable,
la localisation cantabro-basque du type ibérique yMe/(yo~
cajigo en face de <x/'ce,c~'e, acere, du reste de la pénin-
sule, l'isolement du type cos~~e dans les zones les plus
conservatrices de la Sardaigne (Logudoro, Nuoro) en face
de aee/'K, <ze~odu reste de l'île, la présence dans les deux
aires de toponymes tels que Cajigar près de Co~a~M~'o
sur le Monte de Castigaleu (/Vapa MMV. ~~?c~Œ, Hoja 28)
et Co~~e~M, CtM~K près de Macomer (Sardaigne),
tout cela contribue à indiquer l'appartenance des deux
groupes au substrat Ibéro-sarde Avec cette situation lin-
guistique est évidemment inconciliable l'hypothèse d'un
composé hybride gréco-basque *AKASTO-[GAR > .qastigar,
même si elle était acceptable du point de vue morpholo-
gique et sémantique. Ainsi, le mot sarde, en tant qu'il
apporte un précieux soutien seulement à la forme basque
~<M~a/ témoigne indirectement de la nature secondaire
de a~ya/ forme due à la chute de la gutturale initiale qui
caractérise le basque.
Ces considérations peuvent naturellement être étendues
aussi au doublet toponymique Ga~c'c ~>Andara, dont les
deux formes se rapportent à la même réalité géo-morpholo-
gique et dont la première seulement trouve l'appui du type
synonymique Ganda des Alpes. De plus. à 1 intérieur de
i'aire cantabrique de ~a~arc-aMcf~'c ont été découvertes
les deux inscriptions votives déjà citées (Iovi) C&KDAi[)0 et
(7oM) CAXDtEDOxi (C7L., II, 269S 2599), types qui se rat-
-t. Cf. Colmeiro,Enum.p~M<<Kpent)M. hisp.-lusit.,IV, 67t-673:
Rolland,Florepop.France,111,Î48; Sarothandy,RIEB.,Vn, 491.n. I.
2. Cf.Philipp,Sar~KM(P~~jE.. II, 1/2.1930).3484-~86 B. Tcr-
racini.~sseft'as.strati p:'t<antichi topon.sarda (.4~! Conv.Archeol.
sardo).1927;MaxLeop.'Wagner,La s<)'f!<?cs~M):e f~/ lessicoMt'~o
(Revuelinguist.)'om.,IX,1928),l-6t; G. Herbig, Sarden, Ebert.
Mf.. XI, 1927,p. 208.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT ~33

tachent évidemment à une racine KAND- comparable à celle


de *GAND-ÂRA comportant la sonore initiale. Ce qui doit rete-
nir surtout l'attention, c'est le fait que la montagne où les
Astures Transmontani rendaient un culte à Jupiter CANDA-
;Mfusporte aujourd'hui encore le nom de Candamo (« in
valle de Candamo prope Pravia et Grade oppida ad oram
Asturiae maritimam », cf. CIL., II, 2695) et que l'ex-voto à
Jupiter CANDŒDO était dédie par un fidèle nommé T. Cae-
sius Rufus .S*ap/(pMMA',c'est-à-dire des I~M'~ ~y~ (PtoL,
If. 6, 33) « ad Legionem V!I pertinentes )) (Léon).Or, de la
même région est originaire une troisième inscription (CIL.,
II- 2598) à une divinité topique: à Iovi O~MMOAf<M?~o
A~'DEROK(t), surnom que les historiens sont enclins à com-
parer. et même à identifier, avec (/ou! Optinzo ~Tca'~o)
CAKDiEDOXt, sans se prononcer naturellement sur la possi-
bilité de concilier les deux types du point de vue purement
linguistique. Cependant, même si l'on tient compte de la
possibilité d'une chute de la consonne initiale, il reste tou-
jours à expliquer le rapport -d- -?'-et e ie. Faut-il à l'ap-
pui invoquer des doublets basques tels que M~uo~wc,
!<~M~Â'Mr~ « soleil )). enada-enara « hirondelle; marti-
net ). (Azkue, 1,413; 393, 432; 239), etc.' et, en ce qui
concerne les voyelles (e ie), le type attesté PENTOviECt
Asturiae (en face de -ECt)~?S'il est permis de répondre par
l'affirmative, le rapport entre CANDiEDO~t et AKDERO~(i) des
sourees épigraphiques serait comparable à celui qui passe
non seulement entre ~aHa~'<x et àizdara, mais aussi entre
le mot GAXDADiA « terra ex quodam argillae génère glarea
mixta M(Pline. XXXMt, 70) et le tvpe andyelo s. f. « terre
argileuse )) isolé à Gerde dans les Hautes-Pyrénées Dans

t. Yan Eys, Essai de </ra;Mma!<'e com~. clial. ëasçues', p. 8


C. C. L'hicnheck.Be;<?'a's'ecct' ~Mt/e~re&cs/f.dialecte, p. 89
H. Gavpt..Ë~me~sde p/to~ef.basque(MBB.. Xri).p. 232.
'2. Cf.H. Schuchardt,Diet~'o'tsc/teDe/:<<;M<<on,
p. 50(PEXTOY)ECL's-
i'E\T~i\')L's.
CIL.II. 63~8k p. 5i AccrEiccà f'ut.cde AucEtL's).
H.Cf./tLF.. 'iHOB. AHGiLE )'.P. 696 l'issue-</e~o r
s'expliquep:u'
l'influenceclearyèlo,PP. 698. 69i et 689. En ce qui concernela
conservationde -y:f/ cf.ma~orox « pommede terre '). PP. 696,689.
687.etc. (.-tLf.,t057.) Ro))and.Florepopul. France,VIM,p. 'i07:
134 V. BERTOLDI
ce cas, les types ANDERON(t) des Astures, Anaara de San-
tander et cM<e~o des Hautes-Pyrénées indiquent les zones
de limite sur les deux versants pyrénéens de l'aire primi-
tive d'un phonème dont la vitalité persiste encore dans les
dialectes du système basque.

3. L'alternance des sourdes et des sonores (k-: g- et-nt-: -nd-).

L'alternance des sourdes et des sonores initiales a été


considérée à bien des reprises comme un des traits les plus
caractéristiques des zones méditerranéennes qui ont subi
probablement avec la plus grande intensité l'influence d'un
substrat pré-indo-européen.
Pour ce qui regarde le domaine ibérique cette tendance
phonétique est attestée par les auteurs et les inscriptions dans
les exemples très signincatifs déjà signalés par E. Hubner
et H. Schuchardt' PAESURt=BAESURI, PELEKDOKES Z5e~M:e
= BELE.NDI Aquit., PLPLIS= BILBILIS,TL'RIUM fl.==DuR!US
f1.; TuR[ASO=DURIASU, etc. Mais le doublet PALUCA-BALUCA
(PALux-BALux) « pépite d'or est particulièrement instruc-
tif pour notre cas, en tant qu'il est attesté par la même
source de Pline (XXXIII, 77) d'où nous provient GANDADiA.
On est donc autorisé à partir de l'alternance entre sourdes
et sonores à l'égard des résidus de la langue parlée par les
mineurs pyrénéens. Il en résulte à côté de GAKDADiA une
forme parallèle comportant à l'Initiale la sourde B.AND-et
cela d'autant plus qu'elle nous est signalée par les indices
d'ordre sémantique, l'équation KAKDA==GAKDA ayant pour

m<Mefor)'o,f. H.-Pyr.,H.-Gar.,L.-et-G.(en face de mannoref. des


Landes), type inséparable des mois basques (lab.) mandaburu
« variétéde pomme HMKdaAa « variétéde pommetrès amëre x
(Azkue).identiqueà son tour à l'appellatifbasquemandako« mule-
ton.petit mutet» (basquema'n~o« muletx). Cf.Urtel,Zttntj!6e)'McAc?!
in Si'f~a~r. (S:'<6.pt'eMs.A~a. XXXIIJ,p. 54i).
t. H. Schuchardt,IbcrischeDeklin.,p. 9'! Af/«e:Lanthrop.Gesell.
H'!M.XXXXV, p. H2, n. 1; E. Hubner, ~roHMm. Pro~ LXXI,
XLY.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT I3S

base la parfaite identité des conditions géo-physiques des


lieux ainsi désignés
Or, une tendance analogue à la sonorisation des explo-
sives sourdes initiales est commune aussi à la langue basque.
En conséquence « aucun mot basque primitif)) remarque
M. GaveP « de même mot très
qu'aucun d'emprunt
ancien, ne doit présenter à l'initiale la sourde k celle-ci
s'est changée, à un certain moment, en la sonore correspon-
dante y ». Mais cette « loi phonétique )), une fois encore,
admet tant d'exceptions qu'on a presque toujours des dou-
blets révélant comme l'ont remarqué Schuchardt et
Uhlenheck une sorte d' « incertitude et d'instabilité »

t. Les deux formes coexistent parfois dans les sources pour le


même toponyme: CAKDA« oppidum vastatum est a Normannis » de
l'année 850 et « monasterium quod antiquitus vocatum est GAXDA»
de l'année 967. Il ne sera pas inutile de rappeier ici la frappante
concordance sémantique entre Canda (Appennino tosco-emiliano)
« gorge où s'amassent de formidables blocs de rocher et (jranda
(Alpi comasche) « ammasso, rovinio di roccia sfasciata e rotolata dal
monte ». A la Portilla de la Canda dans le domaine ibérique corre-
spond le Passe de la Ganna (-nd- > -nn-) dans le domaine des Alpes.
Les indices de la réalité gëo-physique semblent bien révéler le topo-
nyme CAXCtDAE dans un document de l'année tl88 (cf. F. PeDegrini.
~'om! ~oe. di città e terre &eM. dans .U~sceH.Dep. Ve~ -t895, p. 29)
j. Candide, village du Comeiico sup., comme un type appartenant à
notre famille. En effet, Candide est situé à peu de distance d'un
gravier en pente qui a donné le nom à Ceva (GLAREA« gravier »):
la même idée donc sous deux formes linguistiques différentes. A
ce propos M. Tag)iavini, Il dM~e~o del ComeMco (Arch. Roman., X,
p. dO) nous dit expressément KDa Gera una ripida scorciatoia porta
in pochi minuti a Candide che si stende a mezza costa, duecento
metri più in alto x.
Cf. aussi CAXDtDE(Bibliot. Soc. storica sM~f!~).. LXXIX, ~69),
topon. mentionné par G. D. Serra, Per la ~0)'<ad~c<~Komf :<a~II.
p. 6~6 (i-t4).
2. H. Gavel, Éléments de p/tone~çue basque, 19~0. RJEB., XIL
p. 36S.
3. C. Uhjenheck. Be~fM~e .< eMer Mr~~tc/t. LaM~e/tre der ba-
sliischen P<a<eA'<f(VM/tsnd~.A. ~A'a~. t;. WetcKsc/i. te Amsterdam, ~yd.
Le~er/f, V, d903); Schuchardt..UttseM~, X, t!-t2, p. 39S, et BosMscyt
MndRoMSXtsc/t, Z/}f/t:'<. Be</< VI. p. 19 « '\Venn wir die mundart-
lichen Lautentsprechungen (les Baskisf-hen gegen die andrer Sprachen
halten, so wird uns keine Erscheinung in huherem Grade aunaHen
a)s die Unbestandigkeit der aniautenden Konsonanten, sei es dass sie
miteinander vertauscht werden, sei es dass sie schwinden oder hinzu-
136 V. BERTOLDt

dans l'ensemble de la langue. Dans chaque cas particulier il


convient donc d'examiner si la priorité appartient à la
sourde ou à la sonore. Un fait doit surtout retenir l'atten-
tion c'est qu'un certain nombre d'exceptions, où la tendance
à la sonorisation des sourdes semble affaiblie ou tout à fait
inactive, est constitué par des appellatifs appartenant aux
catégories sémantiques typiquement archaïques et non limi-
tés à l'unité linguistique basque.
Parmi les « anomalies )),M. Gavel discute, par exemple.
à la page 376 le nom basque de plante sauvage /oro.
« houx a en bas-navarrais et en roncalais auquel cor-
respond Mo~<M<M en souletin et ~w<Mi!!dans le reste du
domaine basque. Or, la Sardaigne connaît le même type avec
la même signification « houx » (« Ilex aquifolium L. ») et
avec la même alternance entre la sourde et la sonore
co/(M~yo/o~ Mais la priorité de la première forme est
ici mise hors de doute par la présence dans la toponymie
sarde de Co/o~~a! avec un élément dérivatif -ai révélant
l'appartenance du type à l'ancien substrat de l'île. De même,
à l'intérieur du basque rappellatif A'oro~-yo~o~: (en face
de l'espagnol acebo) trouve l'appui d'un bon nombre de
toponymes ~oro~ Gorostegi, Gorostiaga, Gorostidi,
Gorostadui, Co~o~c~M, etc. formés à l'aide de suffixes
treten». Cf.aussiH.Gavel,RIEB.,XII, p. 313 A.Trombetti,Le ori-
t~Mt!dellalinguabasca(Memon'e Accad.Bologna,VIH-IX,1936),p. 32.
i. V. Bertoldi,Antichi /ont nella toponomasticamediterranea
incrociantisinellaSardegna(Reuue~'n~mst.rom.,IV.p. H) et ReuMC
ee~<?Me, XLVII,1930,p. 189.
Pourles formesbasquescf. Azkue,I, 369et SOOColmeiro,Enum.
de las p~ntas de la penins.hispano-lusit., 11,S Gavel,EMMe~sde
basque,p. 376 Sehuchai'dt,~Hssum,X, p. 401.
p/!0))e<.
Lestypesde la Sardaignese trouventenregistresdansPenzig,Flora
popo~.ital., I, p. 243. MaxL. Wagner,La stratificazione dellessico
so'do (ReuMe ~'M~utst.rom.,IV, p. ~4)relèYelefaittrès significatif
que
les h'pesappartiennentaux zonesles plus archaïquesde t'iie (Barba-
sia et Nuoro).A propos du toponymeColostrais,cf. B. Tcrracini,
Ossgrt'a:.suglistrati p:u antichidellatoponom.sarda (Atti Convegno
.4fc/<co<.
Mf~o,1927),p. 7.
3. Cf.T. de Aranzadi,RfBB.,VU,p. 169 L. de Eleizalde,Topo;).
vasca(RIEB.,XX),1919,p. 320.A ajouter Gorostardi(Irun), Goro-
stM apeHidobizkainodelsigio XVII M(.Arc/t.par)'. Santiago,Bil-
bao),GorostiaMea et Gorostissa
(Sara).
PROBLÈMES DE SUBSTRAT ~37

euskariens. Les sens, les sons, les formes, tout


typiquement
porte donc à croire à une origine commune dans le cadre
du substrat ibéro-sarde*.
Mais ce sont plus précisément les dialectes de la Soule, du
Roncalais et de la Basse-Navarre avec Ao~'<M< (/oro.9~M) 2

qui concordent avec le sarde dans le traitement de l'occiu-


sive initiale. Sous cet aspect une zone dialectale basque
semble donc garder un état de langue plus archaïque à

l'égard de l'ensemble des dialectes euskariens, peut-être


dans un rapport analogue à celui qui passe entre l'aquitain
des inscriptions et l'ancienne unité
linguistique cantabro-

pyrénéenne conservée dans le basque. En tout état de


cause. les inscriptions de l'Aquitaine, les archaïsmes de la
Soule et les épaves du substrat de la Gascogne nous per-
mettent de déceler parfois ce que le basque nous cache: les

phases d'une évolution, dont le moderne euskara présente


le dernier résultat. C'est bien surtout le basque, cet îlot

linguistique menacé sur toutes les frontières et gardant,


néanmoins, sa physionomie propre, qui donne ici aux
recherches dans le cadre préhistorique un certain avantage

t. En ce qui concerne la permutation de r et de 1 (~o~osti'-s'orosh'),


on n'ignore pas que « l'r douce intervocalique provient souvent en
basque d'une l primitive N(GaveI,jÉ~?ne/t<s de pAonet. basque, p. 2't0);
cf. aussi'Schuchardt, Iberische Dg~!M<tOK. p. S et ZRP/~7., XXXII,
p. 357, à propos de Iliberri-Iriberri, et de oreitz. or~t.:>*coLES-
T(R)uM(ast. culiestru), *coLAST(M)nM (espagn. M~<M<?-o), coLosTRUMdans
les mots d'emprunt. Instructif, à cet égard, est aussi l'exemple de
CLUXtAC6«:&er!<:e~K:s (Pline, III,27)>Cun;NiA (CIL.. Il, 8238)
> j. CorMtis, comportant une évolution basque KL- > KUL- et
-i.- > -<
D'ailleurs, la forme A'o~ost/'t (goloqtri) nous est attestée par les
toponymcs basques Kolostrin « término de Ardanaz et Golostrandi
« monte de Letona (Zigoitia. Alaba))), cf. de Eleizalde, Topon. vasca
RfEB,, XXI, p. 542 et XX. p. 35), l'un toponyme formé probable-
ment à t'aide de -n locatif (cf. Luchaire, p. ~50). l'autre comparable à
.4r<'c/<-<:?:c!;
en Biscaye, etc., Luchaire, p. i77.
Cependant les traces de cette forme /;oros<< dans la toponymie
euskarienne sont plus vastes Xofostacfo! « monte de Manaria »
( Bizk.). cf. Am~-h): (-doi) « lieu planté de chênes tauzins », Luchaire.
p. t63; Korostegi « caserio de Basalgo (Gip.) o, cf. 0~< « lieu cou-
vert d'ajoncs )', Luchaire, p. -t78; Eoro.sta~! « caserio de Bergara
(Gip.) ». cf. L<.<sc[r-d!« fresnaie », Luchaire, p. 163. Cf. Eleizalde,
yopot). vasca, RIEB., XXI (i93t), p. 843-543.
138 Y. BERTOLDI

sur les autres. En effet, si dans le domaine des Alpes et des


Apennins. les survivances présumées du substrat trouvaient
l'appui d'un îlot ligure ou étrusque comparable à l'ilot bas-
que. il n'y a aucun doute que les comparaisons auraient,
ici encore, un caractère moins fragile. C'est là un fait qui
justifie la tentative faite pour tirer profit dans la mesure du
possible des faits ibériques pour l'examen de faits analogues
dans les autres zones médIterranéennËS.
Or, si l'on prend comme point de départ l'hypothèse que
le type des occlusives des langues parlées dans le bassin de
la Méditerranée avant l'arrivée des Indo-européens ait dif-
féré de celui des occlusives indo-européennes, rien de sur-
prenant à retrouver dans les zones typiquement archaïques
des traces de cette divergence, soit sous la forme d'une
incertitude de transcription dans les témoignages anciens
soit sous la forme d'une assimilation orale imparfaite et
incohérente dans les survivances régionales.
En enet, en ce qui concerne, par exemple, l'ancienne
Ligurie, une source précieuse telle que la « Tabula alimen-
~a/c )) deFe/eM:(CIL., XI, 1146) nous a conservé le dou-
blet CuMALUA-&UHALLAN(us), dont la forme comportant la
sourde initiale est coniirmée par les noms de personne
CuMEuus~C7~n,2639;2377)etCuMoxtus(C/L.,n,ST21)
des inscriptions ibériques'. Ainsi Schuchardt a ajouté les
types TuRiuM(TuMA) et Dupius (DupiA) aux comparaisons
ibéro-ligures instituées par A. Schulten. De même, pour
donner encore un exemple, dans l'ordre des labiales aux

1. A uneracinecnM-serattacheaussi le mot obscurcuMERA, terme


du rituel dans lequelM. Ernout sur la foi des étrusqueseMmerc.
cumcrusa,cMmerMHM'a est enclin à voir un emprunt à l'étrusque.Si
tentantque soit le rapprochementarec les formationsibéro-ligures.
sans unexamencomparatifplusapprofondiil n'est paspermisdefaire
étatde cetteidentitéde la racine(A. Ernout, Les élémentse<ftM<j~fes
d!<t)oc<!6M~H'elatin, « Bull.S. HMgr..Pa)'s
», XXX.'1930,p. 120).
a. H. Schuchardt~:{~. M~)'op. Ges.~'<M,XXXXV,p. 'li2 à
proposde t'ouvragede A.Schuiten,NMmnnha, p. C3 cf.aussiHolder,
.4S..'t3'!8 E. Hübner,~OKMM. 16., p. MO-2~.
3.C'estl'alternancedessourdesetdessonoresreprésentéeparh'sdou-
blets pcn.fGAS-BULLUGAS (V:'<a;Cohtm6an<).'
~M/MO~a Grisons~=&t~og'a
Alpesdela Lombardie,pa~o/'t'etMo/et,6~o/'aSavoie,peloce=~beloce
DE SUBSTRAT
PROBLÈMES 139
« d'or » (Pline. XXXtU, 77) de
tvpcs PALUCA-BALUCA pépite
!'H)érie on peut rapprocher le doublet alpin pala rocher

escarpé, pic de montagne ». etc. ~a/M « bloc de rocher H

comportant le même flottement des occlusives initiales


confirmé ici parles deux séries toponvmiqucs Pal « sommet
des Alpes Maritimes », Pala « pic des Grisons et (les Dolo-

etc. « fruit du pruneHier'). P;'K~t;s sp~io.fa (cf. Rolland, F/ore pop.,


V, 398), qui porte un précieux indice contre l'hypothèse d'une origine
gauloise. [Cf. Holder, AS., I. 631 Meyer-Liibke. Bc<o)!MK{/:«t Gal-
Ksc/te~, p. 3, note; RE~ 1390: J. Hubschmied, Dre: Or<?t<!mcH
(/aM:sc/teH Ursprungs, Fcs<scAr:< Bf;c/<tH<!nK., p. 171, note 2 et v. ~'art-
hure. fE~V., I, 694. qui pourtant a signalé certaines difficultés d'or-
dre phonétique « vielleicht handelt es sich hier um einen schon ga)-
lischen lautwandel 6->p-; doch ist diese frage nocii nicht spruch-
)'cif )']. A la thèse de M. Hubschmied(c Lcnitionsentgteisung )' d'après
H. Pedersen, Ëe~t. Gr., I, 434-6) M. Kteinhans a tout récemment opposé
les suivantes observations l'idea délia s~atiieità di BULLL'CA è da
scartarsi per il solo fatto che l'oscillare caratteristico tra i riflessi fran-
cesi con p- e con b- si puô, è vero, osservare anche alirove sul suolo
gatlico, mai perô in parole d'origine indiscutihilmente celtica. Contro
l' ipotesi poi d' uno « shaglio di lenizione » (Le?t:<!07:e?:iSt<K<jf) e
lecito soprattutto obiettare che ta! fcnomeno puô avvenire solamente
là dove due snoni o nessi iniziali dopo la lenizione coincidono nel loro
ulteriore sviluppo. Per di più non sappiamo ancora se abbia avuto
iuogo e in quale misura la lenizione sintattica siH ne) gallico
;')!7/o</e~:n(yM:s<co dedic. xie;);. G. J. Ascoli. 1929. p. 509. Il faut tenir
compte, enfin, du fait que la base BULLUCA. d'après la « T'/ta Co/«nt6. »,
ou 'BEt.LUCA(rf. BELUCUM des gloses), d'après les survivances, n'a pas
de correspondance dans le celtique insulaire où, par contre, s'oppose
le groupe unitaire de l'irl. nn'M. etc. auquel sembieni se rattacher
le provençal o<y)'o, <<'tM et le lombard <jfr<(j'n<[p()?t~Mg~'t'n~a
«'AGHixfo-, cf. Pedersen, Re~. Gr.. I. 103 et 143 Litteris, II, p. 86).
M. Hubschmied a invoqué l'appui de la famille de BERR-.BARR- PERR-,
PARH-« mouton ». qui par le fait même de cette oscillation des occlu-
sives initiales a toutes chances d'être d'origine prëgauioise et prëiatine,
comme l'ont bien suppose MM.Schuchardt..tud. Wartburg etc. (cf.
<(
Schufhardt. ZRPhil. XXXVI. p. 36: JedenfaDs handett es'sich hier
unt ein vorrumisches '\Vort und das criaubt uns ins \eite zu schwei-
fen », cf. aussi <c~a.sA'zsc/t-/tat;<sc/te 'n'ortu<'f(~. » RIEB. Vit. p. 27
Jud, B; cM. roxt.. III, p. 13. note 5: v. Wartburg. FEn' I. 335;
cf.. par contre, Meyer-Lùbke. Rm' 1049).
1. Cf. Jaberg-Ju'd..4IS. Ht. 423, 423a. surtout 42S: C. Battisti.
Studi di storM /tnf/:<<<. c na~/on. Tr<'?!t)'no.p. 39 Ret'Mf /t!f')st. )'o;))..
I. p. 426: Popoli e ~m~uc ne~' Alto Ar/e, i93t, p. 116: Gartner.
Lnet:'n<sc/te ~'orfcr <:t<.<! dcit Do~owttcnfa/ft'H (Bft/t. ZRI'hil.. LXXHt.
p. 67); C. TagHavini. Il dialetto dei Com~hco (~l;'c/t. J!oMat)/ci<m, X.
p. 150). B. A. Terracini, Sp~o~ftirc ~'p;n'< (.4rc/t. glott. ital., XX.
p. 8-10).
140 V. BERTOLDI

mites de Fassa )), Palosso ccmontagne de la Val Trompia a,


Palanca « sommet de la Val Sesia », Palastre « montagne
dans les Hautes-Alpes )) (DT.) avec la sourde et BALISTA
« mons Liguriae » (Livius, XXXIX, 2, 7 XLI, 18, 1),
Balasco « località di montagna x du Tcssin (Gualzata),
Balisio « colline de la Valsassina », Bal « sommet des
Alpes du Garda )), Balur « montagne des Alpes Maritimes »,
etc., avec la sonore. Ces types, formés à l'aide de suffixes
tels que -ANEA, -ASE-, -AST(n)- caractéristiques du ligure, sont
d'autant plus significatifs qu'ils rentrent très bien dans le
cadre sémantique des appeUatifs homophones. Car, il serait
aisé d'allonger la série de doublets: Palasco (Corse) et
BALAsco, j..Sc/~MyMe (Basses-Pyrénées)'; ~a/MC<ï (Sar-
daigne) et jBa/M~a (Pays Basque) Palano (montagne du
Lazio) et Balagna (Corse) etc. provenant des différentes
zones du bassin de la Méditerranée et liés par l'identité des
morphèmes; mais pour que les exemples gardent une cer-
taine valeur probante, il faut mettre d'abord hors de cause
les toponymes qui manquent tout à fait de transparence
sémantique*. A cet égard, la synonymie de Pales de Burat

1. H. D'Arbois de Jubainville, Les premiers /M&. de l'Europe, 11,


pp. 92 et 183 G. Bottiglioni, E~m. prelat. topon. corsa, 1929, pp. 70-
73 P. Raymond, D:'ct!OM. topogr. du dép. Basses-PyreMMS, p. 20 (cf.
ici le topon. Paloque mentionné en 1385).
2. B. A. Terracini. Osse)'r. s<)'et:'pt'u antichi topon. sarda, p. 12;
L. de Eleizalde, Toponomastica vasca (RIEB, XIV, p. 136).
3. Cf. Amati, Dizion. corograf. d'Italia, s. v. cf. aussi S. Pieri,
Topon. t'aHt Serchio e Lima (Arch. glott. tfaL, Suppl. V), pp. 97, 18S
et 212; D. Olivieri, Saggio Topon. Tmefa, p. 280; Marinelli, Guida
de~ Canal del Ferro, pp. 8, 214, 276 G. Calligaro, Topon. Comune di
BMta: L. Caporiacco, T'opot. ComM!!ed!'0!!<!ro(Rt<xs~Me./(~i.y'
VI. p. 58 VII, p. 90); E. De Toni, Rep. topogr. ~HoA~~(.eA. Alto
Adtne, XV, p. 131); cf. Hülsen. P~RE, II, p. 2814; P~acHmo~t de
la Sardaigne nctAXa,not/.K(~d).) de la Corse (Ptol.) « il luogo in cui
sorge Bonitacio, ail' estremità dell' isola in un' alta rupe a picco sul
mare » (Bottiglioni, 1. c., p. 71).
Pour la comparaison de la famille de *PALA(*BALA) avec « FA1.AEdic-
t<!fab a/tttMf/t'Kea FALAOO, quod <!pn~B<MMOsst'~fit~Mt cashtm », etc.
voir A. Kehring. Le.Et/fa~scAcBMt'cAMn~eKxMMcAc~f~emE<rusA'!sc/t<')!
t<~ Grt'ec/ttscAeK(Atti del pt'i'mo Congresso In~o'n. B!ru.!co, Firenze,
1929, pp. 222-223) B. A. Terracini, Su a/cMne co?:~r:<ertsefoneliche
/)'n e~tsco e italico (Studi EfruscAi. III, p. 231).
4. D'autre part, la communauté d'origine est dénoncée par la conti-
PUOBLÊMES DE SUBSTRAT iH

ct/<'6~.Z?M~~« picsdesPyrénées)) (Mistral)vautbien d'être

sou)ignée,en tant qu'elle peut servir à combler ici une lacune


du \'ocabutaire et à attester pour le domaine pyrénéen le sens
de « pic de montagne » en accord parfait avec le domaine
des Atpes (cf..P~ de las ~a/a.? des Grisons) et de la S.u'-
daig'ne (cf. ~*M??~a jPa/az « pic de montagne de 1200 m ").
Audoubiet*pALA–*BALA « pic de montagne » dans 1 ordre
des labiales on pourrait, enfin, rapprocher le doublet *KABA
*GABA« torrent de montagne » dans l'ordre des gutturah's.
Dans une récente étude j'ai essayé, en effet, d'identifier
un terme préhistorique qui a survécu sous les formes ~a~
ycu<?,y<xo « ruisseau » (Pyrénées); ~co, ~c/, ~o a torrent
de montagne » (Alpes) <ycu!MO, cavino « ruisseau M (Apen-
nins) et confirmé parl'hydronymie, ancienne et actuelle. de
ces trois régions montagneuses GABARUS,j. Gave de T~GM,
Gavarro, Gavarresa, 6'cuc de G'aufxy'Mz'o, etc. GARELLus
Pline, afll. du Pô, <zyMMf/eGAViASCHO, GAVtABumn~A.etc.
6'a~a (-0), Gavorrano'. etc. Dans cette famille, le flot-

[Htitë géographique dans une série ioponvmiquc telle que Col de la


Pale K à la frontière du dép. des Pyrénëes-Orientates et de la Cata-
togne » (Joanne, s. v.), Pal « sommets de montagne des dép. Avcy-
ron. Haute-Loire, Ardèche, Aipes-Maritimes, Col << Palct <' sommet
de la Tarentaise t'. Savoie, Bal « colline des Alpes du Garde etc.
<'
Cf. aussi les types suivants Palu et B<~«' sommets desAipes-Mari-
times = Pas de Ba~o!n' « mont. < de Laruns. doc. a. mo. B~LORx
dans iesBasses-Pyrënées(cf. D/c<. fopo~r.. p. 20) Pn/anf/M « chaîne
de hauts plateaux du dëp. de l'Aveyron x~Joanne, 3t47); Palueta
« montagne de la Vaididentt'o )) (Longa, Studi roma; IX. p. 3i3);
Pa/a/tMefa « montagne de 1631 m. de la Caiabria Pa~/x? « mon-
tagne de l'Apennin », proY. Abruzzo, (Amati, Y, 835) P«/ap<;<'<o
« montagne de la Basilicata (Amati, V,p.843) comparable peut-être
«
à :n BALABO »
?)M)t~ (Ta6. Peut.).
1. V. Bertoldi, GAVA e derivati nell' idronimia tirrena (Studi
Etruschi, III, pp. 293-320); Re~u<' de /!K~. rom., IV, pp. 223-230 Re-
p:<eM~fe, XLVII, p. 185 note. Cf. A. Ernout, R<'t'!«' de philolo-
~i'e, 4930, p. -t34 A. Cuny, Revue des études attCMKnM,XXXII, ~930,
p. 78; P. Aebischer, Buttteti de dialect. catal., XVII. p. 72 C. Bat-
tisti, Italia dialettale, IV, p. 284 A. Meitiet, Bulletin Soc. ~i<y. Pn/'M,
XXXI, p. 2)6 0. Densusianu, Grat s! sM/:c<,V (d93t), p. 203.
2. M. Pieri a eu la complaisance de me signatcrpour le domaine de
l'Apennin ce type Gat'ot'rano « della maremma (oscana cf., pour-
tant, quelques réserves sur des questions de détail exprimées dans
]'.f<a~ dialettale, VI, pp. 197-201.
142 V. BERTOI.D!
tement des occlusives
initiales est représenté par les dou-
blets: « ruscello » de l'Apennin, C'cMr-
cavino-gavino
y/MHf, Caua~/i'a~co–Ccua~ <7û'uû;~M!,K« torrents », Ca-
~<2~c Gavarnie des Alpes. L'insuffisance du latin CAvus
est ici indiquée incontestablement par l'indice des mor-

phèmes (-ASK-. -7! -AL-). En ce qui concerne le domaine


'tes Pyrénées, sans entrer dans le détail du problème, il

y a lieu d'attirer l'attention sur deux faits d'importance


essentielle qui m'avaient pourtant échappé jusqu'ici.
D'abord, le Pays Basque, à côté~de la série toponymique
6'«~'r/ (puente cf. GAXDiA xvi" s. et Ms~DtA; mont.), ~'<:<-
~<??'û, 6'am (cf. le sufT. dans Iturrain), Gabiria (cf.
<<<Mf/~M'), Gabirostegi, G'<ï~c, Cc~OMM, etc,, connait
aussi le nom de ruisseau G'c~Ma « arroyo de Sandamendi
(Bixk.) » qui grâce à l'évidente concordance sémantique
apporte au groupe pyrénéen un appui très précieux tout
autant qu'un complément'.
Ensuite, sur le sol de l'Ibérie le vrai frère sémantique de

~M des Alpes Ladines au sens si typique de « torrentello


affluente di piccoli rivi », f< sentiero moltoripido d'altamon-
tagna lungo il corso di un torrente (Marinelli) est repré-
sente par A'~o/t'o, ~~Me?'/fo, /c~C!s< « afluente de los
pequenos rios )), « el camino por donde baja el agua del

t. Les types ici mentionnés proviennent du riche recueil de topo-


nymcs basques pubiié dans la 7fJ'.EB, XIX, p. 6t7, dernier cadeau de
1.. <)oEleizalde A la terre natale et à la science. M. Saro!handy, Vesti-
pes rle p/t0t!e<. !<)e)'.en ter)'. )'oHM)t(RIEB, VU, p. 477, note) a signa)È
la fréquence surtout du type GcMs dans les Pyrénées de même T. de
Aranzadi. Ape~Mos actuales Ot Sa)) Sebastian (MEB, Vil, p. 167) a
relevé Gabi dans Gabilondo, Ga6t)'ondo. Gca'M dans le « puebio navarro.
Oc/i(!-<;<!ptn »; en ce qui concerne -otido dans Ga&OK~ocf. J)'<-o)tdo,
.Sft'/at'r-onf/o « pommier », iUtM-o~oa (m:;no « colline »). Ainsi Gabica
('Hiscave) est peut-être comparable pour le sufHxe à AfM~'caen rapport
avec n<tf~a « t~orne », tout comme Ga6s)'<Mn(RIEB, VII, p. t69) à côté
de Gabaro est comparable à j)f:<?M'-aut« lieu sur la hauteur ou près de
!a hauteur » CLuchairc, p. 450). La Jfapa mtK<a}' :<MterafM de
Espaça relève encore les types suivants Gabes dans la haute vallée
d'Ussau. Gat!)! « ruisseau » aul. du Guttego (Hoja 17); GaMs dans la
v.ittee de ta Kosuera Pallaresa (Hoja 48), G~ar~eHa (SM)'s de la),
GaM.<!près de Benasque (Hoja 27) Ga6an.:î<e~o« arroyo », aiu. du rio.
Udra(Ho.ia95).
PROBLÈMES DE SUBSTRAT i4S
monte » à Calabor et à Rionor en Sanabria 1.
(Kruger)'.
Cette concordance est d'autant
plus significative que les
deux phases sémantiques sont communes aussi au domaine
(te l'Apennin: yc~M,e<7:-M<9 « piccoli amuenti dei corsi

d'acqua maggiori » et « vie o sentieri lungo questi rivi »


(Pieri). Et, en étendant les recherches à l'Italie méridio-
nale et insulaire, si le type cavino de la Toscana rappelle
cauM/ie « torrent de montagne » de la Calabria, les appella-
tifs caborco, cabuerco (-a), signifiant aussi « barranco »,
de la Sanal)ria, surtout en ce qui concerne les formes, sem-
blent inséparables, d'une part, de ca~o~'ca (Val Maggia),
f'-suMe~Y/a (Engadine), 6'<7~ A"<x/Me~ (Stelvio), etc.
burrone. sentiero di montagna » et, de l'autre, de ea/'MO?'-
c/~o du territoire de Xaples; cavorchiu « tana. nascondi-

glio » de la Sicile~. Faute de mieux, on a soupçonné dans


ces types des descendants de CAVL's\ Mais si l'influence
secondaire de CAVUS est admissible, et même, au point de
vue du sens, probable, il est hors de doute que l'adjectif
latin ne suffit ni à rendre compte du fractionnement du

tvpc ni à expliquer la nature des éléments de dérivation.


En les déclarant « problématiques )'. Ascoli* avait prononcé
en même temps le dernier mot sur tout le problème. Car les
tentatives ultérieures de concilier cette famille d'appellatifs
avec CAVUSse sont toujours heurtées aux mêmes difficultés.

'i. Fr. Krùcer. D/c Geg~)).<a)!(Mt<«Mr Sanabrias und seiner A'oc/t-


6ar</c6tf<< d925. p. 29: « Sh'eckenwcise sind so)che ~ege nur mit
Suumtieren zu passieren (dans la Sierra de la Culebra) fallen sie doch
teilweise mit den cnscn Sch)ueh)en der Gpbirgsbache zusammen.
So erktart es sich. dass in Catahor A<!&o)-A'o geradezu mit « sendero,
Pfad » steichsesetzt wird » (note Cf. le toponyme Gamefc « sen-
tiero », a. 1544 Ka/Merf) dans la région du Steh-io (cf. C. Battisti, 1
non:: locali dei comune di Stsh'i'o, t9~0, pp. m, 34).
2. A l'appui de ma thèse M. Ribezzo (MGr Ital., X!V. 1930, p. 107)
a sisnalë les deux noms de cours d'eau GaM~, Gnu~~e~o, émissaires
du Laao Fusaro.
3. S. Pieri, Topon. Serchio (.4)'cA. glott. ital., Suppl. V. pp. M et
t2--) et Italia ~a~ftf: VI. p. )98: Roh!fs, ~t;'c/t. ~iomotucMt~
Vfj. p. !H~ Garcia de Dieao, Cruces de s!ndM:H)<M (Heu:sto /?/o~.s~a~
[X. p. H5). Fr. Krùger, Gfgexst. Sa))a6r:'as, p. 29, note 1.
4. Ascoli, ~n?!o<a.0/ sopr<7s~L'a)te(At'cA. glott. ital., VII, p. 319);
le nom de Pieri dans RE~' 179C/2 est corriger.
!4Jt. Y. BERTOLDI

Salvioni n'a pas manque, par exemple, de relever l'alter-


nance de -RK- -RG-qui rappelle des doublets tels que *BARKA
BARGA. etc. De plus, sur le sol ibérique à côté de caborro,
cabuerco coexiste, à Lubian, le type cc~~Mco(Kruger) qui
d'après le morphème-ANCO se dénonce romme une formation
comparable à BARRANCA, CALANCA, PALAKCA, etc., les appellatifs
bien connus relatifs aussi au relief. Mais là où le rapport des
consonnes initiales sur le modèle de Cavargna = Gavarnie
(Alpes), Cavino = Gavino (Apennins) apparait assez
clairement, c'est dans le cas de cc~asdK « pequeno rio Mde
la Sanabria rapproché au nom de ruisseau <?<~a~(avec l'af-
fluent GABASTON a. 1429) le type prédominant dans
les zones pyrénéennes. N'est-on pas ainsi en droit de
reconstituer une aire continue de *EABA(*GABA)« ruis-
seau a s'étendant de ~c:<5c's<~ï de la Sierra de la Culebra à
travers les Gaves, 6'a~<Mdes Pyrénées, 6'a~MC: « ruis-
seau ') du Pays Basque, Cabirou « ruisseau » sur le versant
français (Basses-Pyrénées) jusqu'à gabi « ruisseau a de la
Gascogne?
Dès lors, s'il est en général malaisé, en l'état actuel de
nos connaissances, de retracer l'histoire compliquée de ces
mots. s'il serait en particulier imprudent d'écarter la possi-
bilité d'une intervention troublante de CAVus,il est tentant
de réunir tous ces débris sous une base préhistorique
commune "KABA (*GABA)et d'interpréter l'alternance des
sourdes et des sonores (E- G- et -RE- -RG-)comme un fait
de substrat.
En tout état de cause, le même fait-de substrat peut justi-
fier aussi les variantes CANDA-GANDA des documents tout
autant que la coexistence des deux formes non seulement
sur le sol ibérique, mais aussi dans les domaines des Alpes,
de l'Apennin et des Balkans. Un exemple caractéristique

1. C. Salvioni, Romania, XXXIX, p. M3.


2. Cf. Raymond. Di'ctto/tK. topo</)'.f/ep. Basscs-.f~reneef!, pp. 6S. 66
Gabaston, ruiss. qui se jette à Ger dans )c Gâtas GABASTOx, 1096
Go6as, riv. qui se forme par la réunion des ruisseaux Gabaston et de
la Honrède, F/Mt'MMGAVASE~sisvers 982. Barranco Gabcis (cf.
.jonnnc. s. v.).
PROBLÈMES DE SUBSTRAT ii5'

dans les Alpes est représenté par C<ZK</r!a:, la « pente


rocailleuse » du Monte Bondone près de Trento, en face de
Gandria le pittoresque village du Tessin amassé sur une

</a/M~ très escarpée'. Ainsi, l'alternance des occlusives,


notée à plusieurs reprises comme un trait commun aux
zones montagneuses de la Méditerranée
les plus exposées
à l'action du substrat, nous permet d'établir les équations
suivantes dans un vaste cadre de la péninsule de l'Ibérie

jusqu'à la péninsule de l'Asie Mineure GANDA (Alpes)


CANDA(Apennins) GANDAvus (Gaule) CAXDAViA(Illyrie)
GAXDADtA(Pyrénées) CAKDiDAE (Alpes) Kx'~Sx (Bal-
kans): GAXDARA (Ibérie~ GAXDARA, CANDARA (Gaule)
Kx-~x::x (Asie Mineure) GA~DRA (Mont. Cantabriques)
GA~DRox (Cévennes) <7c:?!c~'<a. C'<xyï<fh (Alpes)
Kxv:?'.x (Pbrygie). Les indices de la réalité géo-morpholo-

giques des lieux ainsi désignés peuvent, comme nous l'avons


déjà remarqué, confirmer jusqu'à un certain point ces rap-

prochements à cet égard l'appartenance à notre famille


tout particulièrement des toponymes de l'Asie Mineure
reste toujours problématique et, en tout cas, susceptible de
''ontrôle.
D'autre part. sur toute l'étendue de ce domaine méditer-
ranéen, de Ftbérie à 1 Asie Mineure, les occlusives présen-
tent aussi à l'intérieur du mot le même flottement après
une liquide ou une nasale En ce qui concerne particuliè-

1. Cf. CAXDAt.Locarno, Holder, AS. A'acA~ -t07t D. Olivieri,


S'~f~o topMOM. veneta, p. 'HS LA CAXDAde Fannpc 15M Val
C.UA. Mace; Ston'f! territ. T!C6))(.. XIII, 20t CAXOOLA a. i3i4, GAX-
r~nLAa. 'H96. j. Ca)'o'o~f; Salvioni, Boll. st. S'~< ital.. XXHI, 4;
P. Scheuermcier, ZAPA!7. Beih.. LXIX. p. di9. A propos de Gandria
)Hftescription dans le Geogr. jLe.r~o~ Schweiz, V. H. 338 t<Der Hang
ist so steil, dass man scherzhaf't von den Bewoi)nern von Gandria sast,.
sic' kamcn erst im Grabe d:)zu. sich einmal wagt'echt ausstrecken zu
tionncn H. A peu de distance de Gandria est :situé le lieu nommé
G'f;;tdo<<7(Vat Menaggio), dans lequel Saivioni, Italia dialettale, V,
')939. p. 243 reconnaissa!) ingénieusement une forme *G<Mch'o&
Cf. Ascoli. ~c/t. f/~o~<f<ï/ VIII. d't4 R. von Planta, G-nfnm.
~)- os/ttw~r. Dt~~A'<c.I. pp. 5a2-5S4 Meyer-Lubke. Rom. G)'omM.,
1. ::64H: E!))/'i;/(;-tn~. p. 3i' G. Bertoni, Italia dialettale, p. 144;
\V. v. Warthuri;. Z~P/t< XLVIU. p. 460.
P. Kretschmer. Einleit. Gc<c/t. ;yrtce/ Sprache, pp. 293, 3K). 402;.
)46 Y. BERTOLDI

rement l'alternance -?~- -K< les sources ibériques nous


ont conservé des doublets tels que AxTELus(C/Z., H, 2387)
*A'~<:A::(Ptol.. IL 6, 66)' comparables non seulement
aux alternances témoignées pour l'Espagne ADQUAXTAS-
u.)QUANDAs (Gloses Emil.), AutNAKDB de l'année 1163, j.
.luMM~e citées par M. Menéndez PIdal mais aussi aux
types basques iRUKTm~>Irundils, EENTU ~> A'eMQ~M, voLux-
TATE> ~o~'o~~o~, etc. L'ilot euskarien, ici encore, peut
donc servir de précieux point d'appui. En effet, on n'ignore
pas que dans le système basque (le soutctin excepté), les
sourdes A',~o.t dans les mêmes conditions, c'est-à-dire lors-
qu'elles étaient précédées d'une nasale ou de l, ont subi jus-
qu'à une certaine époque (xvi° siècle) le même changement
tendance qui semble avoir survécu quelque temps à la mort
de la sonorisation des sourdes initiales. Même dans les
régions du Béarn fait remarquer M. Gavel' « où la
sourde est actuellement seule_existante, on trouve souvent
la sonore conservée dans les noms propres, par exemple
Ca~f/aK pour Cantau. D'autre part, on constate encore
dans certains villages la coexistence de formes d'un type
plus ancien avec sonore et d'un type plus moderne avec
sourde par exemple, dans la région de ~To~y on tourne
en ridicule la prononciation des Béarnais de ce village en
disant ~7oy:~o~pour ~/OM/o?'~». C'est ainsi que M. Saroï-
liandv dans un article très utile a essayé de jalonner
l'ancien substrat du phonème sur la foi des « vestiges en
territoire romain » des deux versants pyrénéens.
Bt'ugmann-Thumb, Cn'ec&.Gt'MHK.p. 240 A. Debi'unner.G~'f-
chendansEbert. Mr.. IV/2,~92G,p. 530. P, Kretschmer,Glotta,
X:n (1923),p. 'H4 XV(192S).pp. 87et suiv. AsM~0', 1 (19~),
p.t03; Liter. Ze~M~atf, 1925.p. 33; H.Krahe, ZOXF.,TIL'l,
(19~), p. 23.
1. Cf.aussi les doubletsERCAVtCA-EMAVMA, O~px:-UnGtBaetic.
(E. Hûbner,J.fLf.,P)'o~s' CVI,§ 38),auxquelsje voudraisajouter
AMtOBBiCA ARTABROnu~[ (Mela,III, 13)avec-rcl-:-rf-.
2. R. Menéndez Pidal,Of~cnesdelespn~o~. Esta~o-HK~Mts~codela
pMtMsu~: ibéricahastael st~~oJ~f,I, '1929.p. 307.
3. H. Gavel,jÉ/emsHts.p/tOHet.ëss~Mc,p. 2S5; C. C. Uh)enbeck,
Bettm~e,p. 74.
4. J. Saj'ohandy. Vestes de phonétique:&e)'<')!)t~ e;t ~)'~oh'e
)'omam (~JBB.,YII),p. 475-497.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT i47

D'ailleurs, Schuchardt (/6pr. De/i'?., p. 65) avait, déjà


indiqué la voie; lorsqu'il comparait lappellatif basque M!p~<
« montagne )) d'un coté; à l'équivalent latin ~o~'TE et de
l'autre, au type toponymique attesté par les sources ibé-
riques i\h-)/.ï~x (Ptot., !L S. 6; .MEKDtCULEtA T/C/yC~
cf. Hubner, p. 236), qu'il jugeait inséparable de M~
~-p~. (Ptol., !i, 6, 58 ME-s-TESA Pline, Hi, 9) des anciens
auteurs et des inscriptions. Car ce dernier rapproche-
ment présuppose la possibilité de découvrir dans les don-
nées épisraphiques de l'tbérie des tendances phonétiques
telles que -nt-: -/ïf/ dont le système basque semble être
le dernier dépositaire. Or, si l'on tient compte de la
série d'oronvmes basques .'MpM</<yM/'e/J/p/coa, ~e7ï<
yo?v!'a, ~/eyï</ccM<e, J7cM<~a-'c (Luchaire, p. iSO), MEK-
DAOssEa. 1286, MENDto~DO,X! sièele (Basses-Pyrénées,
.07".), etc., on se trouve ici en présence de trois ordres de
faits qui. combinés, peuvent contribuer à déblayer le ter-
rain à 1 étude de problèmes analogues transcription flot-
tante des sources, formes basques qui s'encadrent encore
dans tout un système phonétique et formes depuis long-
temps détachées de ce système qui se présentent aujour-
d'hui comme des épaves aflleurant a la surface romane.
En suivant ces critères, on est porté à comparer, sur le
modèle de ME~TESA-ME~D)CL'LE)A, les deux tvpes attestés par
les sources cantabriques CA\TABRtAdea et CA~DA~nus./Mjoz'-
/(cf. Cantal et C'<Mcfc/dans la toponymie d'aujourd'hui) 1,
en postulant à côté de GA~D-(la phase parallèle aMEXD-, cf.
mendi et GA~DADiA),une phase KA~T-, qui correspondrait
au thème MEXT-dans ME.\r-ESA. Cela revient, en dernière
analyse, à attribuer au domaine de l'fbérie la possibilité
d'équations analogues à celles établies par M. Kretschmer~

1. Hittjner, ;ULf.. p. 2~8: C~xTAURi,Kct'/Tx~o' KoL~x~~iK. I\M-:x-


cc'xo;, etc. CAXTtGi B<K/f<c.CAXTL~xoHr </f))s.(CIL.. tf, ~0~ add. et
574~). Dans la toponymie d'aujourd'hui tes types: Sierra de Caof~6)')u
(Atava). C<<Mrrt (Lërida). Cnt!tn~ (Aimerin). Cantales ~!u)aga).
F«e~f-dg-Cfm(os(Bndajoz).La C(7)!~ft!~)!~(Pyrëoëes-Ot')ent.). –CA~-
TABf;< apcttido))ixt~ainodel sisto XVI cf. Eteixatde. 7o~o)!. ua.sc'f
(R7jEB.,XXI, ~9;}t. p. 536).
2. P. Kretschmer..Et~e/f. in ~if GMc/tt'e/tfe~ft g'<c/t. SprncAt;.
~8 Y. DERTOLDt
a propos, par exemple, de Mj<v-:x/ Mx'/ExA:;pour le
domaine préhellénique.
Mais. sans aller si loin, est-il permis d'établir a cet égard,
tout d'abord, des correspondances ibéro-aIpines?En d'autres
termes, est-il permis de supposer la même alternance des
sourdes et des sonores après une nasale ou une liquide aussi
pour les langages préceltiques et prélatins des Alpes? Le
nom classique des Alpes lui-même, Ar.pES,"A/~s~, nous
fournit peut-être un exemple instructif d'une telle alternance
dans l'ordre des labiales ALBH-,ALP-.Car, s'il est vrai que
j'origine du mot demeure obscure, même après les tentatives
d'interprétation anciennes (~ a c<M</o?'e ?KU!'MM » Paul.
Fest. 4 « <z/ montes»s Serv. Aen. i, -H2) et modernes',
il n'en reste pas moins que, d'une part, l'équivalence des
deux éléments radicaux ALp-==ALBn-aété reconnue unani-
mement et que, d'autre part, elle serait inexplicabledu point
de vue de la phonétique gauloise ou latine. C'est là un
fait qui justifie l'hypothèse d'une langue intermédiaire qui
substituait des sourdes aux sonores correspondantes
l'étrusque pour les uns, le ligure pour les autres. La sonore
dans la série toponymique ÂLBA,AuiARNA, ALBENXO, ÂLBE-
~ATE,ALBUMINTEMEUUM (j. Ventimiglia), ALBUM IxGAL'-
~L'.M(j. ~e7!~a), etc. formations à tous égards sans
doute plus typiquement ligures que ALPES,est un indice en
faveur de la première alternative et cela d'autant plus que
la sourde du sabin ALPUM, en face du latin ALBUM, et de

p. 293-306 « Das-nt- Stt~t.r», Glutta,XIV,19aK,p. 103 A. Fiel:.


Ortstmme)!
Vo)'0)';ec/t<se/tf a!! Quelle/'Mrdie To)'~<'se/C/t<e
ût't'ec/ten-
/a!M/s Kofv-:ft'~o;, à côtede KxvSxpat,
KftVTcc/tK, KK'/B<xcr&
et Ko(v6mctov,
~18 et â4
p. 't8et S4 Iiav:âvcos,
Kc:v:awo;,cf. Collüz-Holimann,
CoIIitz-HoiTmann, Griecle.
Grt'ec/t.Dialektiuschri
M~eA{:')!sc~'i'
f
n r.
te<t, SiS4 Brugmann-Thumb, Gr:'cc/t.G)'am)K. 1913,p. 240
A. Debrunner,GnecActt(Ebert, RLV.,IY/2,1926,p.S20);cf. pour
MAXTALOS (Phrygie),Ruge,P~RE. XIV,1,1928,p. 12S3.
1. PartschAlpes,P~'RE., I, p. 1899; Brùeh, EZ, XLVI, p. 363;
Pokorny,Zeitschr.celt.P/tM.,XV, p. 197 Walde-P.Verg~,~te)'6.
;)teio'y.Sp)' I, p. 93; E. Boisacq,Dict.e<s/m. L grecque,p. 388, s. v.
Afiso;;Hofmanndans Walde,Ljb'n' p. 32.
2. D'Arboisde Jubainville,Les pt'ennst'shabit. BMf.,H, p. 313:
Kretschmer,KZ., XXXVHI,p. 117; J. B. Hofmanndans Walde
~.r~ p. 27.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT T 149

l'osque ALpu's, en face de l'osque ÂLAFATERKUM « ~t.?'-


~o~M/?; H. est explicable comme résultant d'une innovation
étrusque'.
Mais plus claire encore, grâce ù la parfaite concordance
sémantique, apjtarait l'opposition des sourdes et des sonores.
soit à 1 initiale soit à l'intérieur après une liquide, dans le
doublet TALPONE-*DARBO~'E « taupe )) et « taupe-grillon ».
Jusqu'ici on a séparé, comme on le sait, les deux types; en
considérant TAL?o.\Ecomme un mot latin dérivé de TALPA
(cf. TALPOXAu~M. Pline, XîV, 36) et en attribuant à un
idiome prélatin *DAtmo\E attesté sous la forme DARpcs
dans le Z.a'~e~cM/Mô' de Polemius Silvius (t, S43; 11), sur la
foi de la distribution géographique des survivances. Et en
effet l'indice des aires ne semble pas, cette fois; de naturc
a nous tromper. « Qu'il v ait eu contamination dans lelan-
gage parlé entre TALPAet *DARBL's disait Antoine Tho-
mas en conclusion de son important article sur DARPusde
Pô!. SIIv.~ « cela est très vraisemblable; nous atten-
dons de nouvelles informations pour l'affirmer; en souhai-
tant que les auteurs de 1 ~4~/a.s/MM~Me publient bientôt
une carte consacrée au mot taupe ». Or, à l'heure actuelle
nous avons la chance de posséder non seulement 1 atlas de
ia France (AZT~), mais celui aussi de l'Italie et (le la Suisse
~4AS') et nous sommes ainsi dans la possibilité de complé-
ter les données des vocabulaires qui étaient à la base des
recherches de A. Thomas. M en résulte un domaine assez
vaste de "DApnoxE embrassant les hautes vallées du Pié-
mont et de la Ligurie. une grande partie de la Suisse
romande et le Sud-Est de la France (où l'appellatif est
confirmé par les toponvmes du type Darbon de la Haute-

1. Cf. R. von Pfnntu. Gt'~)M))i.o!e/t-t<M&r. DM~e. I. 464:


Sehufze.L'7~!)!. Et<y<'ntt..;). 'H9: Hofmann dans 'a!de. LE~ s.
'2ti B. A. Ten-acini. S~f/! t*ft';<sc~t.
III, p. 237.
i!. A.Din'mestptpr..fit't'Mcritique. tS77. p. H7 À. Thomas, Roma-
~o. XXXV.p. iT~ Varthure. FE~ I! t3; Fr. Sehùrr. ZRM!7.
XLVtf(t927). pp. 492 suiv.~C. Mor)o.J<<a dial. IV (i928), pp.
:HOsui\
3. A. Thomas. Ro)M/!<n.XXXV.p. t'73: cf. 'T/tM<!M/'u.< /a< V.
39 Kette:4~{. 7'!<;t'tt.'e/I. 20:
00 V. BERTOLDl

Savoie, jOa~oH~cy du Jura, La /)o;c'/M~e de F Ainet


de l'Isère, La Darboussèdes du Yar). Ainsi que l'a déjà
noté M. Thomas, la signification du mot n'est pas partout
la même:ûfa/o/? désigne non seulement la « ttupe H et
des animaux voisins tels que le taupe-grillon (~7/o~~c'),
le mutot, la musaraigne, etc., mais aussi une « vache noire
comme la taupe n (Vionnaz, Gilliéron, p. 145), « petite
râpe en bois à curer la pioche ou le soc de la charrue ?»
(Yar), « charrue a (Haute-Savoie), etc. Surtout singulier
est à cet égard le sens du darbon à Maçon « talus de terre
qu'on élevé entre deux rangées de ceps lorsqu'on donne la
première façon à la vigne )). Cela évoque à l'esprit presque
nécessairemment le mot TALPOKA, une variété de vigne
mentionnée par Pline (XIV, 36), mot comparé par Schulze 1
aux noms de personne TALptUS (Fabretti, 2588) et TALPO-
~us (CIL, V, 2512, 2701) tout comme l'autre nom d'une
variété de vigne sopixAFlorentiae rappelle aussi a d'une
façon frappante le type étrusque supxt (C7~ 52, p. 604).
En tout état de cause, on ne saurait pas affirmer que le mot
TAL?o.\Aporte un cachet plus marqué de la provenance
latine que le type *DARBO~E. En écartant le latin, tout ce que
l'on peut dire de ~DARBONE, c'est que l'isolement des survi-
vances ne semble pas coïncider avec l'aire de la plupart des
mots de probable origine gauloise, de sorte qu'il nous est
permis de croire d'avoir ici jalonné d'une façon vraisem-
blable une zone fragmentaire du substrat ligure.
D'autre part, le mot TALPA lui-même est dépourvu d'une
étymologie latine plausible~. De TALUTtL'M « awoM ~e~M n,
mot mentionné par Pline dans la description des mines de
l'Ibérie (XXXIII, 67), on pourrait extraire un élément
"TALA « terre » et cela d'autant_plus que l'appellatif est ici
confirmé par toute une série de types attestés par les sour-
ces ibériques: TALORI,TALAMINA, TALABARA (noms de lieu)
et TALo'nus,TALAVus, TALADtus(nomsde personne), compa-
). Schulze.Lntet)!.E:'<y<'M.,p. 83 cf. lestoponymesTfopogxaet
TAHMXtA (CH. XI. 1147 « sc/~MSpraedMgM "), G.Serra,
TAttBoxtAE
Co~tntf!'ta(lellecom[;)tiM
rut'aK,'t93'i,p. 86.
2. Cf.\Vai<]e. LE~ p. 761 Steier,P~RB,, XIY/2,1930,p. 2339.
PROBLÈMES DE SUUSTRAT i5t

râbles, à leur tour, avec Taloro, affluent du Tirso, Talava.


Talana, Talasai. noms de lieu de la Sardaigne et avec
Tala, Talasani, de la Corser De plus. Herbig a relevé le
doublet TALAStus-Ax/.x?' (noms de personne) parmi les
concordances étrusco-cgéennes' de telle sorte que la vita-
lité de l'élément *TALAest établie une ligne serrée d'iso-
par
glossesqui de Tx/x, TALARE~sEs(Step)i. Byz., Pline. III, 8,
1I.) de la Sicile à travers TALARUS, montagne de l'Epirc
(Pline, IV. 2) s'étend jusqu'à l'Asie Mineure avec Talar et
TADcrs, notns de rivières. Des appellatifs tels que les géor-
giens /a/c.c ([ngilo!) et ~/a/i' « terre grasse »
(Gruzia)
affleurant à la surface dans les zones du Caucase semblent
apporter, enfin, un précieux appur.
Tout cela donne évidemment à réfléchir sur
la question
posée à propos de TELLUS par Àifred Ernout qui, sur la foi
du nom de divinité masculine TELLu~ô, serait enclin à voir
dans TELLL's un mot latin emprunté à !'ét.rusque~. S'il en
est ainsi, le rapport entre l'ëtrusco-égéen *TALA « terre a et
te latin TELLUS est comparable à celui qui passe entre le pré-
indoeuropéen *MALA « montagne )) (/MC! « rocher » des
Pyrénées et M~ « montagne » des Balkans) et le gaulois
MELLO- « colline »

1. Cf. V. Berioldi, ~M<cA: ~~ont topon. me~'fet')'. t~croe. Sardegna


(~ef!<e <u)f/!<!st.rom.. IV, p. 334-280).
3. G. Bottiglioni, Elementi prelatini nella <opo~0f«as<:ca f0).«:
(Suppl, 1/i, Ital. dial., -i929). p. 38 cf. TAUXAXO,a. 977, j. Talaixà
(Cataiocne). P. Aebisctter. Études de topor;m:'c eft~ne (J~M. Inst.
tfMtudt.! catc/~M, !/3, -1928), p. 434.
3. G. Herbis, .K~e!Ma.sM<tM~-e<r«s/scAe A'ameH~~ic/tin~cn (S:
6a~ft'. ~a<<. d. Wtsscnsc/t., t9H, p. 9); J. Sundwall. Die g<)!Ae;n<.
A'a));e~!der Lyhier nebst einem t'er.:e/c/tn. A~!nas:at..YaM!f'ns~<Hf??!<;
~(/!o, IX. Beih., ~9[3. p. 66) H. Krahe, Die a;;eK Balkanillyr.
~-ap/t. A'aMcn, 192S, p. 58 TA!.S)(CIL., HI, 301t). T.\LOxiL-s,Jokl,
Illyrier, Ehert, MV, VI, p. 47.
4. Cf. v. Erekert. Die Sp)'ac/<e)) des A'aMA'aszsc/te~
S~a~mes, p. 95
voir aussi A. Trombetti, ~n!0)-:e ~ecad. Bologna, )9t8. p. 20.
o. A. Ernout., Les e~emcM~ e<rMS~:fesdu t'oc<!6M~au'elatin (Bi<
XXX. )930,p. 110, note).
6. A propos de malh K rocher" » des Pyrénées (sur le versant esp:
sno) San Bste~a~! de~ .~a~, près de Roda et les ~aM(M de Riglos de la
v,t))ëe du Gâllego) cf. Saroïttandy, RIEB., VII, t9't3, p. 477. note
G. Mcyer. E~m. Wor~. alban. Spr., p. 2S6 N. Jok), ~~ane)- (Ebert,
152 V. BERTOLD:
Or, rien de plus plausible quant au sens qu'un dérivé de
*TALA« terre )) (~>TAL-PA) pour désigner la taupe, l' « ani-
mal de la terre par excellence » (<?M'?M<x/ Â'M~e~G'MPM~
Pline, IX, 17, 8); il suffit de penser, par exemple, au type
germanique MM~uM~ « Erdwerfer », en tenant compte de
la glose: « ~fM~ ?HM/!qui ~<7M p~bc~'M~ » (~C~.
G'). Dès lors, il est tentant d'identifier deux appellatifs
synonymes; *TALPONE et *DARBOKE, formés à l'aide du même
élément de dérivation, lorsque la seule divergence des
consonnes peut trouver elle-même une explication dans le
cadre du système phonétique ici signalé, en combinant les
faits de sonorisation à l'initiale et à l'intérieur du mot.
Ces exemples nous permettent donc de partir de la possi-
bilité d'une coexistence de *KANTA à côté de GANDA non seu-
lement pour le domaine des Pyrénées, mais aussi pour celui
des Alpes. Et en effet, le vocabulaire roman de la pénin-
sule ibérique, d'une part, connaît des types se rattachant :)
une racine KANT- et, du point de vue du sens, ne s'éloignant
guère de la famille sémantique de KANDA-GANDA « pente
rocailleuse, amas de pierres M espagnol, portugais ca~~
« pierre (c<M~'c', -eira « carrière ») et catalan CG!M~
« grosse pierre qui s'accorde parfaitement avec le basque
A'cM~/(RoncaI.; Soule), candal (Fanlo et Sercué) « roca.
una gran piedra » (Azkue, I, 466). Mais le type cantal était
autrefois répandu probablement au delà aussi de la Catu-
logne, s'il est permis d'identifierle même appellatif dans le
premier élément du toponyme CaK~~ee~'a' (Salamanca)
« luego situado en la cuspide de una eminencia »', interpré-

RLV,I, 87: XIII,989) nMMM MALUStKus(*MALustUM), Steinhauser.


S;t:t. ~'<'ensrAAad,,206 (1930),p. 1S7 Kt-ctschmer,Glotta,XIV,
88: XV,')94 BSite,M~~(P~RE.. XIV,i928,p. 860);V.Bertotdi,
S:h~ Asco/ p. 5,13et surtout539.PourMELLO- cf. Dottin,La langue
g'</o:'se,p. 37'2 MELNXA podium et casteUum» (Molder,H, 835)
B. A. Terracini,ArcA.glott. ital., sez. Goid.,XX, p. 11 et note 39
(RocMM~MK = RoccMme~one) S. Pieri, Topon.At'no~p. 384(Poggi-
m?~).
1. P. Skok,Bet/t.ZRPhil.,XXVII,p. n; ZRP& XXXII,p. 563;
Beszard,Étudessur l'originedes nomsde Keu.T'Aa&ttM du .Maute,
p. 28Sà proposd'uneformationanalogueC/t<.M<epM')'e (Mayenne)qui
auraitdeschancesde reproduire*CANTA-t-pETRA, si étrange que
PROBLÈMES DE SUHSTRAT )53
table d'âpres cela comme un
composé tautologique forme
sur le modèle bien connu de C/ia~?<2M</MM,77~M~</o/ Z!
~M<7y/o~a, J/OMy~e//o, etc.
D'autre part, Carlo Salvioni' a relevé, dans le domaine
des dialectes italiens, un groupe d'appellatifs analogues
canto « brique » des Marches, ccM/M~ eaM</M~!c et cc/~c-
/~<Me « grosse pierre, bloc de pierre M des zones méridio-
nales et insuIaires(Abruzzes: Calabre,
Sicile, Sardaigne). De

plus, des fragments isolés permettent de reconstituer la


continuité d'une vaste aire ibéro-aquitano-alpinc. Car, à
l'appellatif ibérique </<7/«~<x terre rocailleuse », appuyé
ici par les toponymes La ~'f/~ù~roetjLa 6r<Mf~Wa(Braga);
correspond, par exemple, parfaitement le provençal cc~c-
~'& f< petit tas de pierres empilées dans un champ » (Mi-
stral), appellatif confirme à son tour par les types topony-
)mquesCAKTARELLUN,CA~TARELLOS(HoIderin. 1077). 6'<XM-
~OM/; près de Nice; Ca/~a/'e?ïc° torrent près de Voltri,
Cantarema près de Sestri Ponente le long de la cote ligure
(cf. l'élément -EMA dans CAEpTŒ.MA, BEmGŒ.MA, nom ligure

paraisse cette formation A. Longnon, Les noms de lieux de


France, 1920-i 9 29. p. 537-8 H.
A propos de Ca~a~apt'dm faut-it tenir compte aussi du toponyme
basque Ka;!c!f!ra<f: « )ermino de Tafatta (Nab.) x. de Eleizalde.
Topon. vasca (/f/EB., XXI, p. 336) en rapport avec le nav. ait:.
rocher x ? Cf. encore le toponyme C/tante-roc (Haute-Loire).
En ce qui concerne les formations tautologiques dans la toponymie
cf. Meyer-Lubkc, Einf., p. 247 B. A. Terracini, Ossen'. strati /opon.
xar~f!, p. 8 et ~tre/t. glott. sez. Goidanich, XX. p. 33 (à propos
de ~oe<Mu~ot) RoccM-mc/onp en rapport avec *MELo« montagne, col-
line )', cf. MELEXA« podMtmM). A ces formations je voudrais ajouter:
Rio Rin~inM, affluent du Piave (rin <fruisseau "-(-~Mif « idem ») et
GMu;'t<! Riupach et Rio Patocco (allem. -bach et siave -po~oA''c ruis-
seau -)-Rfvus) aux frontières linguistiques itaL-aUemande et ital.-
siave.
2. C. Salvioni, Postille italiane e /t:d:)M al !;oe<!6o<aWoe<MO/o~Ko
t'oma~t~odans la Revue de dialectologie romaMe, V, p. 233.
4. Cf. aussi la forme parallèle Cantarenna prov. d'Atessandria
CAXTARA (Hotder, IM. t077). L'interprétation donnée au type CANTA-
HELA,j. La C<tnta)'e<< montagne près de Verona, par A. Prati.
Escurs. topon. ~etteto, II. p. ~52 et acceptée par D. Oiivieri, Saggio
topon. Ve;:eta, p. 1.~6, est, du point de vue de la botanique, inadcnis-
sible. Cf. aussi Cantalena « casale situato sopra un'eminenza »
(Apennins de la Toscana Amati) et JJno~' C<ni<<!<(Lazio).
)54 Y. IIERTOLDI

d'une montagne d'après la Sent. A~?MC.)' et CANTARELA,


nom de montagne des Alpes du Garda attesté dans un
document du xnr' siècle. Par contre, le sens particulier de
brl([up M dans le type canto des Apennins des Marches
rappelle celui de chantille s. f. « pierre taillée en forme de
brique, pour monter des cloisons, des murs de refend; dans
Roquefort c'est le mur lui-même » (Jaubert, p. i43)du Centre
de la France, dont Fidentité de forme avec le toponyme
CAXTtuA, Cleantelle (Allier) témoigne par la Tabula 7?eM~.
est bien remarquable. Ainsi sous le doublet CAKTENA-CAKDENA
on pourrait réunir: candena des Asturies (dans C~'M~~p Can-
<pMa), cc~~Ma « angle d'un mur )) de la Savoie et cantena
« amas de pierres, pierrailles de la vallée de Rendena au
cœur des Alpes".
On sait que Salvioni a rangé les types italiens sous la base
CA~'THus « cercle de fer entourant une roue, jante » mais
a part les dimcultes évidentes d'ordre sémantique, CAKTHUs
)))ot africain ou espagnol selon Quintilien, Inst. or., I, 5,
7-8. en tout cas ni latin ni grec est lui même un type
t. A propos de BEmniEMAil faut tenir compte des justes observa-
tions de M. Xiedermann, Essais d'etymo~te et de cr!'t!g!<~ t;e;'&a~
latines. p. 34. n. -1, à l'interprétation proposée par M. Kretschmer,
A'Z.. XXXVIU. p. '118, n. 2; cf. aussi Yetter, Ligures (P~VKE., Xm,
~93()), p. 5-!7 avec les réserves de la p. SM; B. Terracini, ~t)'c/t.
;«. t/< (sez. Goid.). XX, p. l't, surtout p. 33, note 40.
Lpite de Vasconcellos, E~:idosi-!c philologia mt't'aH~esft,H, p. 17.
Kruger. Die G<'<ifeKstan~~tfMM!'Sa?ta6)'i'a~ p. -02, surtout n. 3 Meyer-
Lùhke. RE~ -1579a (les suffixes -al, -eso, -edo dansCa:K~e)M~, CM-
f~osa et C<t;tdeK~o,Cao~cnedo ne dénoncent pas « K~CMsaH'emcHt B un
nom de plante; cf. Losedo, Loujedo Oviedo, Kt'i')ger, p. 66, note 4
7'Cf/rosa, etc.). Constantin et Dés., Dict. savoyard, s. v.; le mot
M«<ena a été recueilli par moi-même dans la vallée de Rendena.
3. Salvioni, RM'uf dialect. !'om., IV, p. 235 cf. RE~ i616. En
ce qui concerne le problème de CAXTUS (xxvM;). il faudra consulter:
R. Thurneysen dans Thesaurus l. ~a< 111, 28'2 K vox peregrina esse
videtur ab Hispanis aut Afris tracia ') c'est l'origine du mot selon le
temoignace de Quintilian. De même AValde, LjE*n\, p. i23.
Cf.. pourtant, Hofmann (dans Walde.LE~ p. 1S3) qui semble
eneim a accepter l'hypothèse d'origine gauloise, en s'appuyant sur
xx'i'x des inscriptions; J. Loth, Les mo~s <<:t:s dans les ~aK~MM
brittoniques. p. 144 F. SchuU, Zur ~atcot. Yi'o;'</0)'M/t.(Jndogf. Fot'sc/t.,
XXXI. p. 317); J. Yendryes, ReNMe celt., XLV, p. 331; Walde-
Pokorny. ~'urt. :')tdo~. Spr., I, p. 3Si Boisacq, D:'et. ëtt/m. <anËru<?
~'cc~c, p. 406, note 2.
PROBLEMES DE SL'BSTRAT !55 ~3

obscur dont l'histoire est peut-être surbordonnée a la solu-


tion de notre problème. IJ faudra donc chercher ailleurs des
points d'appui. Or, les incriptions de la Rhénanie nous ont
conserve ie moténigmatique (o;</)cAXTUxAS.GAXTr-xAs(C'/jL.,
XtH. ]00]5, 99 et US) « in nomine loci saepius in signis
fic)ili))us Coionia Agrippinensi oriundis » (2" fiï. 291)
et plus précisément en rapport avec deux localités où était
située la fabrique de terres cuites des citoyens romains Vin-
dex et Lucius'. La concordance avec le type dialectal ita-
lien canto, ca/~M?: « brique, grosse pierre est-elle tout a
fait fortuite? ou bien est-il admissible qu'un moi du fonds
prélatin au sens primitif de « pierre M.passé a désigner par-
ticulièrement « pierre de construction », ait trouvé dans le
latin des colonisateurs une nouvelle possibilité d'expansion ?
En tout état de cause, les autres types, surtout cantena et
<-M<'o<'quitrouvent tous les deux des correspondances dans
la toponymie: CA:\TF;~Aet CAXTAL(Holder, I. 7~.6 et Ill.
1077) de la France (lu Midi\ semblent répéter un état de
tangue reculé: de sorte qu'il faudra essayer de fonder ces
rapprochements sur une base moins incertaine et moins
étroite. Quil me soit donc permis de signaler a ce propos
la parfaite concordance entre les deux appellatifs <"<7~/eMC et
c<7/ï/< et les deux mots K~'T~A et CAXTALOx qui figurent
plusieurs fois sur les inscriptions votives du Midi de la
France. Les deux types semblent servir de complément a

,1.J. Klein. R/te:')t.Ja/u'&


f. J. Ktein. hitei?t..Tahrb.,LXX1X. p.'[78 L"hnct'. ~o~ncr Ja/tr6.,
CX. p. t88; Ihm, P~E.. IM. p. ~99; Hotdcr..4S., I. 755 et !U,
~M.
2. CAKTAL a. d4R5.montacne. commune de Saint-jM.trtin-Co~a/M;
CAXTAL. j. Le Plomb du Cat!/a/ « le sommet ie plus élevédu massif du
Cantal » mentionné dans le poème provençai composé au xm" sièc)e
par Gui))em Anelier sur ta euerre de Xavarre de t276-H77 « En
riha rie Canthon marcitantdescavaicat'. E pont de C~)fta/maim orne
desraubar o et dans une charte latine de l'année 'f26H « usque ad
pom de Cantal et ad Teron de Roca))a », voir i.dessus A. Thomas.
Essais de philologie/'raMe<!ise. p. 'tOS-IJ2.
Les Roches du Cantal, montacne vaf)<erie. commune de Saint-
Pauf-dc-Saters; CAXTALAS de t'annëe d3~, contrée demontacne: Le
Puv de Cantalou « montagne a vacherie ». E. Ame. D/ct. !opopr.f/ep.
Cantal, p. 90.9t.-H6. C/'<zn<a<~o)!« montaene de la Côte-d'Ot'))
»
(DT).
!56 Y. BERTOLDI

~MrM« fecit » ou à dede et désigner, par conséquent, l'objet


de la dédicace. Or, toutes les inscriptions ou figurent les
mots CAXTALOX et y.x-~E'~(x)
étant gravées sur des blocs de
pierre', on est porté à attribuer aux deux types le sens de
« pierre votive », en tenant compte des dérives de K~T-
signifiant « pierre dans les dialectes d'aujourd'hui. Cette
interprétation nous permet de répondre parl'alurmative à
la question posée par J. Vendryes* si le mot EAKTA de l'in-
scription de Briona près de Novare KAKTA sAStoLOEAN (Hol-
der 1, 745) qui semble servir d'épitbète à LOKAK « tombe »
serait à joindre à E.AXTEKA et CA~TALOx.
En effet, on se trouve ici, à ce qu'il semble, en présence
d'appciïatifsqui, dansle cadre des inscriptions gauloises, ont
l'air de remplir une fonction analogue à celle de PALAdans
le cadre des inscriptions lépontiques~. Et le rapprochement,
clans ce cas, pourrait être étendu aussi à l'évolution séman-
tique telle qu'elle résulte des survivances. Car, si au type
épigraphique PALA« pierre sépulcrale )) se rattache aujour-
d'hui, ainsi que l'on a supposé à maintes reprises, l'appella-
tif~a~a au sens de « amas de pierres » (Giudicarie), « pente
de montagne » (Cadore et Sardaigne), etc., dans cette échelle
sémantique on pourrait bien reconnaître les étapes travers
lesquelles est parvenu jusqu'à nous le type EAXT-A (-ALOX,
). inscriptiond'Auxey(Côte-d'Or)« gravée soi' une pierre mé-
plate» CAXTALOx (Dottin, La languegaul.,p. 163); inscriptionde
Kimes« gravéesur un blocde pierredure» xxvTEvet (Dot)in,p. ~SS);
inscription de la FontainedeKimes Kgravée une pierre)) cv:Ev:
sur
(xK~Tsv) Dottin, p. 1K8 inscriptionde Notre-Damc-de-LavaI (Gard)
Hin'aveesur une pierre oMongue )) inscription Xotre-
x<xvT:v; de
Dump-du-Grose] prèsMataucène (Vaucluse)« gravéesur un cippe »
xxvTE~K (Dottin,189et 147) inscriptiond'Orgon(Bouches-du-Rhône)
eravëesur un petitcippede pierremollasse» xot~s'j. CIL.,
(xxvTsvK).
Xi!. 820.
Cf. Lejay,Inscriptionsantiquesde la Cu<e-0; p. 64 Rhys, The
Celtic!)tscr!p~'OMsof Franceand jf<<t~,p. H Holder,AS. I, p. T44
G. Uottin,La langue~aM~ofse~ p. 16â.
J. Yendryes,Revuecc/<igM< XLY.p. 331 cf. Pauli, Altital.
fo~sc/f..I. 91.
3. Pauli, Altital. Fot-M/t..I. 71 Kretschmer,RZ., XXXVIII,
p. tOO:Lattes, Rend.Istit. bm& XL\'l, j). 418; XLVII,p. 931;
H.Pedersen.P/<t~ca, 1,40 Terracini,~rc/t. glott.ital., sez.Goid.,
XX, p. 8-10.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 137

-E~A) « pierre sépulcrale ou votive des inscriptions c<M/o


(-al) « pierre, pierre cantena K amas de pierres »
grosse
en rapport avecyc~</<7 « pierre, pierraille, pente pierreuse »,
etc.. etc.
Ce parallélisme entre PALA et KA~TA nous permet donc de
conclure qu'il s'agit ici probablement de deux éléments de
l'ancien substrat pyrénéo-alpin (ibéro-ligure) conservés
d'abord avec la fonction particulière de formules d'épita-
phe (lépont. et gaul.) et assimilés en partie au gaulois peut-
être par intermédiaire du celto-ligure.
C:)r. c'est au celto-ligurequ'il faudra, par exempte,attri-
buer avec une certaine vraisemblancele nom de cours d'eau
*GAXDOBERA.j. CaM~oupyc interprétable comme le ruisseau
« traineur de pierres ou de cailloux » sur le modèle
du composé Popco-BERA.j. ~'o/ceupyo; ruisseau mentionné
dans la Sent. ~M~c. (CIL.. V. 7749); contenant l'appellatif
PORCO- « saumon H comme premier élément'. Dans la
conservation de -XD-, *GA~'DO-BERA concorde. au surplus.
avec ViKDu-pALE (?'M,'o)de la même Sent. ~MM' en face
de ALKO-v~os [==ALCO-v<xDOs, avec -ND-~>-N(K)-] des

't. Faut-ii ajouter le type alpin A'an<< « suzon dans les rochers N
(AIS.. 425 a., pp. 3~. ot. 32) qui représenterait la phase sémantique
p<n'aUete à p~~a. palcir « pré ou paturaee escarpé (~4/S., 425,
307. 3t8. M7, 325. 333. 3tS. 305psrc!, 320, 200. )).
Uc même. a )a phase ps/a « pic de montagne dans le domaine des
Alpes on pourrait peut-être comparer le basque gaindor « pico de mon-
t:)has (Azkue, I. 3H) dans le domaine des Pyrénées. Ce dernier type
:<été interprété par Schuchardt « b. e. f/andM~ g. ~sK~r(?pa:M~or
'< Beraspitze wurdeden Einuuss von atig. f/a:n « Spitze )', K Obères M
u. s. w. erfahren haben). B<ts~Mc/<-Romn)! p. 19. Cf., pourtant, gan-
;/t<c~ « cima de) monte », .9an;/a)! « el punto mas alto de la cumbre »
et ;/c:ng':t;'eK~<cumbre » (Azkue. I. 325), identique, ce dernier, à Ga;i-
;/uren « monte <)e Bizkaya. el mas alto de la cordiHera Banderas-
Artxanda-Snnto Domingo, que termina en Erietxp'), Eleizalde. Topon.
Msca(RjrB., XfX). p. 62t.
Cf., enfin. Trombetti, Le origini c/eHc lingua basca (~eM. Accad.
Bo~o'/Ha. t925). p. 12t. s. v. GAXDOK K cima
2. M. Otsen, KZ.. XXXIX (t906): cf. aussi Yorst T~sAt- f. S~t'o~-
u/de~sA'ctp. IV. p. 'i77. \Vatde-P.. ~gr<<. 'R'~e)'&. t)!~o~. Sp)' 11,
p. 44 MuHer fzn. ~<a~. U'urfe~ s. v. POHKOS » Waide. LETt\.
s. v. ;< puMCL's Hois.q. Dict. étym. ~)'ec~«e. s. v. r:spx~d; H. Pe-
(iersen, P/t:/o~og!e< I. p. 46.
A-
t38 V. BERTOLDI

inscriptions lépontiques La phase du ligure ou, plus exac-


tement peut-être, du celto-ligure représentée
par la Senten-
/c.'t/c:'o~K7?! semble donc opposer-ND- à -K(K)-du

lépontin et d'une partie du gaulois. Il s agit, en effet, d'un


irait dialectal que quelques zones gauloises semblent avoir
en commun avec le celtique insulaire~ et qui, dans le cas

particulier de RAKDA, constitue une ligne d'isoglosscs: de

~c'??o (à côté de~M</<x)de la'Lombardie alpine jusqu'à


//<M(K)<2 du Midi de la France.
D'ailleurs. des consonances gauloisesassez claires (MnDtO-,
-DUKUM, -JALUM) présentent aussi les toponymes ancienne-
ment attestés MED)o-CA?;Tus, CANTA-DUKCS, CANTOGfLUM,CAK-
TAP)A contenant CAXTOdans l'un des_~eux termes de compo-
sition~. Tout particulièrement MEDio-CAXTcs, comparable

t. Cf. aussi ESAXEKOTt (Briona)==ExAKCECOTTt? Kretschmer,AZ.,


XXXYHL p. 438: cf. H. Pedersen, P/t:7o~tc~ I, p. 43.
2. Cf. Pedersen. ReM. Gramm., I, p. 414. D'ailleurs, faite abstrac-
tion de t'exempte de AREpExxis (Pedersen, Lttfer:s, II, p. 88) ne
comportant pas un passage gaulois-KD->-xx-, déjà R. Tliurneyson,
K6/<oro)MK., p. 33. avait bien attribué ce phénomène au gaulois. Cf.
.mssi F. Lot. /'ffM~ des études sKe~'en~M~XXVI, p. '133 et ~oma;H'a,
XLY. p. 493 J. Yendryes, JRet-.Me celtique, XHI, p. a')9.
Mais quelques points d'appui ne manquent guère dans les sources
et)u)oisM. Je voudrais signaler à ce sujet les suivants doublets: Btu-
ctxnoxt (CIL., XHI. 3638) inscr. d'Auxcy (Côte-d'Or) et BRtGiKN(oxt)
<CIL.. Xit, 33M) inscr. de Kimes (Gard). Cf. Germer-Durand, Dtct.
fopo{/)'ep. C'7)'p. 3G; à côté du nom de personne Yrxmus.tres
répandu, une inscript. de Xarbonnc nous a conservé la forme Yixms
''CfL.. XH. 338t); cf. aussi VLXtLLA (CIL., XUI, 343)) à cote de Vtx-
utLLA(Hoider, 111, 340); VixxoxiA (ML., XII!, 7072), Yixox!cs (Ho)-
-)cr. Ht. 34')) à côté de YrxDoxn, -lus VtXDfUM-'Vixxn'M,nom de
tnontnsnp (Ho)der. III, 342) YixxAcus de *VixDACcs,j. VuM!/ (Iscre)
Hnider. I!t.3S3: YtxDASCAdutv~ siècle, j. V<'K<!s<j'M<'(VaueIuse) cf.
Lcns'non. Les ;!onMde KetM' de <nFraHe~, I, 16.
3. LuCMmqui d:c;H'MEn[o-CAXTBS (Greg. Tur., r~<a? pa<t'MKm,
&. 2). cf. Hokter, II, 497; CAXTA-Duxus,a. ~084-d09'l, j. Chantaix,
Correze (Hoider. III. tOTT); CAXTOGtLUM (Holder, I, 7S3); CAXTAPtA a.
99'; (Mayenne). CAXTAPiAa. '1023 (Eure-et-Loir) CAXTApiA a. liTTî
(Calvados), cf. L. Beszard, BtMdM SMr ~'o't~tne des )!oms de ~eit.c
/!t:6ttes (tt<.Uame, p. 284 P. Skok, Z/iP/t~ XXXII, p. SCO.
De pins. on rencontre CAXi'o-comme terme de composition dans
les tuponyrnes suivants attestés pour l'ancienne Gaule Av:-CAX'n's
(CfL..Xtt. 3077). CATt-CAXT(:s,j.Cac/taH, Lnu-CAXTCS,j. LarcAa?tf, à
propos desquels voir C. Juitian, .Reuue des études n):c:e):Kes, XXIV,
PROBLÈMES DE SUBSTRAT io9

pour l'ensemble de la structure à MEDto-LAxuM, MEDfo-KEME-


'ro~. etc., .semble bien cacher dans le second terme un appei-
Icttif topique, ie premier ayant sans doute fonction d'adjectif.
De même le type C.A\T-Ap;A, témoigne à plusieurs reprises
surie sol de l'ancienne Gaule, pourrait trouver,
d'unepart,
une formation gauloise parailèie dansVER~-AptA, le syno-
nyme de VER~o-DL'BRUM eau des aunes H. et, d'autre part.
dans le type ~cz/~oc~. très répandu dans la toponymie
allemande, un appui du point (le vue sémantique
Mais surtout significatif, en ce qui concerne l'alternance
des sourdes et des sonores, est le doublet CAXTApiA (cf.
Cc7~ac/<p, rivière de la Mayenne, ou AptL'M~>ce/~e, nom

p. -tG~ et 3ti0 et R. Musset, :'&em, XXV, p. 379 J. Yendryes, Revue


celtique, XL. p. 478.
Camit)e.Iu)inn voit dans )'étëment -CAXTL'sunnom de fontaine ou
de source, en signatant a l'appui le fait que ces toponymes désignent
des tocatités où la tradition populaire carde te souvenir de sources qui
jadis étaient objet de culte. Toutefois, étant donné que les fouilles
archéutosiques dans les lieux où il y a des sources d'une certaine
renommée ont p)us de chance qu'aitieurs, il faut procéder avec la
lrlus grande prudence danstoute déduction d'ordre sémantique d'après
un type attesté seulement par ta toponymie. D'autre part. le nom (le
lieu La ~oc/tf au D~Me, donné aujourd'hui a ta tocalité autrefois
appelée L)Kt-<:AXTL's. laisse ouverte la possibilité d'interpréter -CAXTL's
comme un ancien synonyme de roet~e )' dans le cadre sémantique
des autres appettatiisici examinés. Et a propos du toponyme La Roclte
a" D~~6J& voudrais rappeler ici le fait. sans lui attribuer, pour-
tant. qu'une valeur relative «
que beaucoup de rochers, de pierres
brutes, (le mégalithes sont mis en rapport (dans la (~au)e romaine)
avec le diable. et il y a tieu de croire que Satan succède aux divinités
païennes x. J. Toutain, Les Culte.s de Gai~c ro~ame (Bt~. Ecole /t.
<-f., XXXI, p. 3S9).
C est. en tout cas, a juste titre que C. Juttian s'oppose contre les
interprétations par trop simptistes données à AvfCAXTCs,LnucAXTt's
et CATff'.AXTCS par chant dct'oisc.m. du loir, du chat ».
1. Curieux, à ce propos, S<M<&ac/t,composé hybride comparable a
Tff/tfj.sser « rivo fte) tovo x de lu même région. Stetvio cf. C. Battisti.
J )!0tf<t <ocah</e/ CoM!(nc f/t ~t:;o. secox~o co)i(t'<!o n~' ~~<7<tfc
~/MM)?M;!t. i'etio.tt., t930, p. ~5. Cf. aussi Joh). J/~t'ter E))crt RU',
VI. p..M AsAM''M='Asxj.o:. fleuve (scrb. Ko/teot'co. attem. Ste~-
Aac/t).
Quant au type VE~x-APiA. cf. J. Vcndryes. ~f'fe et//f<<'c. XLIl).
p. ~59 (cf. aussi SAL.\p[. Krahe. ZO.YF. IH. p. H)); p( ur YEKXO-))L-
nHUM(Hotder. AS, 111. 33~. cf. H. Pedersen. Vc); GMM' /.t. Spr.,
I. 35. 'i~6.
t60 Y. DERTOLDI

de plante)' et GAx(K)Ap:A, j. G~MC~, prov. Limburg


CForstemann), la formation gauloise équivalente, de sorte

que à l'intérieur même du gaulois on entrevolt la coexi-


stence de KAXTAa côté de GANDAcomme deux possibilités dif-
férentes de survivance d'un élément prcgaulois. D'autrp-
part, aux deux sourdes de CAX-ro- dans CAKTAPiA, CAKTADL'-
xf;s, MEDtocANTus, etc., le celtoligure avec *GAKDO-BERA

oppose une forme GANDO- comportant les deux sonores et


cela en harmonie avec*DARBONE. le type attribué au ligure;
en face de TALPOKAde Pline. Dès lors, ce ne sera peut-être

plus l'enet du hasard, si à côté de *BAL& « montagne »


BAHSTA « mons Liguriae » (lig. d'après la source de Live);
ALCA (ALBARNA, ÂLBEXATE, etc. lig. d'après les suffixes),
"DARBO(ligure d'après la distribution géographique des survi-

t. Ailleurs la forme actuelle est CAa~pte, forme qui présuppose


t'iutermëdiaire du type "CAXTA-piCA n'étant pas atteste et résultant de
l'inlerprélation de CAXTA par « chante Est-il permis d'exprimer des
doutes analogues aussi !')J'égard des autres composés avec un élément
CAXTA-(CA<!):te-)qui sont bien nombreux dans la toponymie française
et en gênerai oni été interprètes en rapport avec l'idée de « chanter ?'?
Mais quelle signification peut-on attribuer aux toponymes du type-
C/iM<e-pier)'<'(très répandu). Chante-roc, CAaHte/'aye, CAcK~emaKC/te,
C/)'7Mff~<?))). Cantamuda, C<:)!f(!M!M.~S,
C<!Ht<')'U~MC, CMh:h;eK!, Cantal-
/j[«o, etc.. etc.? On a essaye de reconnaître là dedans les pointes de
l'ironie popu)aire(M. Roques. RoMa)M'a,XXXViII,p.6i6; A. Dauzat,
Les ))om. t<elieux. p. 98). par contre, A. Schu)ten(A'um<tta, t34) est
piu'ùt porte voir dans CAXTA-de CAXTAH-ctA (= LuTtA), attesté pour
«
)'nn t302. ein uuf keltischem Gebiet verbreitetes und huuug spa-
nischcnUrtsnamen vorgesetztesAppeDativum ». Cf. pourtant P. Skok,
ZRPh. BctA.. XXTn. -tS; Meyer-Lùbke.Hom.J~):. Pidal, I. 78, note.
En tout état de cause, on a de la peine se soustraire A l'impression
qoc )c )ansage se trouve ici lié, du moins _cn partie, a une matière
tin~uistiqu" donnée. J'ai dit. en partie. Car, entre la possibilité de voir
d<)ns tous ces types des formations spontanées et récentes et la possi-
bilité de les regarder, tous, comme des adaptations secondaires d'un
bernent archaïque déchu, il y a place pour une hypothèse moins caté-
gorique et propre concilier l'une et l'autre, c'est-à-dire que des for-
mations avec un élément préhistorique CAXTA « pierre aient provo-
que ou favorise, pari'intermëdiairedes composés du type CA~TA-pETHA.
C.\xTA-nocA, CAXTA-LAUSA, CAXTA-DcxcM,etc.. la naissance de créa-
ions nouvelles. Hrcf. !'<travers ces composés pris dans leur ensemble
on entrevoit l'effort du langage, parfois aux prises avec la logique, de
surajouter à un élément constant c.AXTA-un second terme justifiant.
~'n quelque sorte, l'idée de K chanter )) attribuée au premier, devenu
;uusi la dupe de ses parasites.
PRO!!LÈMES DE SUBSTRAT 16t

vances) et GAKDA(dans *GA~'DO-Bp:RA. ligure ou coftoligure


d'après le modèle de composition PoRCO-BERA. J/MMC.)
coexistent les formes comportant les sourdes PALA,ALp~s,
TALPAet CAx'iA, formes plus ou moins normalisées dans le
système des langues historiques. Cette opposition des occlu-
sives porte à réfléchir sur la possibilité d'un rapprochement
avec les faits analogues signalés sur le sol de la péninsule
ibérique non seulement dans le basque mendi s'opposant
à M);x'rESAdes inscriptions ibériques, mais aussi dans les
types GAKDADtA (des mineurs pyrénéens), ~7~û~"û des As-
turies, Cayï< et CcM~'c~o' de la toponymie euskarienne,
tvpes dans le cadre du substrat basco-pyrénéen. en face de
CA~TtGt, CAKTÂRA,CAKTA!!R;A attestés par les sources et de
canto, cc'?~c', can~ etc., les types normalisés dans les
lane'ues romanes de la péninsule.
En ce qui concerne les voyelles, enfin, je voudrais signa-
ler le fait très remarquable que la fréquence de a se répé-
tant dans chacune des deux syllabes' représentée par
KAXTA-GAKDA semble être un trait qui caractérise surtout les
mots préceltiques et prélatins relatifs au relief, c'est-à-dire
appartenant à la même catégorie sémantique. Il suffit de
rappeler ici les types: *pALA« sommet de montagne »,
*KALA(-A~CA)« flanc raviné d'une montagne ));"TALA« terre
grasse )) [?], *SALA « terrain marécageux », *MA(R)RA
« ravin )). *BA(R)RA (-ANCA)« précipice )), *KA(R)RA« pierre
-x:x « rocher », *KARA« plateau serré entre des mon-
tagnes », *EABA(*GAUA)« torrent de montagne » (cf. aussi le
basque basa « bourbe, fange, lieu désert )), basa « préci-
pice », l'Ibérique balsa « marais », l'ibéro-sarde matta
buisson », les mots alpins ~a~ya:, ~c~MG, /o'?!ca', etc.). On
ne peut pas déclarer donc le hasard arbitre unique du genre
dans les survivances de ces mots archaïques relatifs aux
particularités du sol, assimilés dans chaque domaine lin-
guistique à la catégorie des féminins.

1. Cf..). Kurytowicz. Af~a~es linguist. o~°.à .U.J. Ve))t~M,-t9:


p. 207 B. A. Terracini, .4rc/t. !7~o<t.
ital. (sez. Goid.). XX, p. 23.
)62 Y. BERTOLDI

1I1. LES FORMES.

C'est surtout grâce à l'étude comparative des morpitemes


que la méthode d'investigation dans un domaine qui restera
toujours obscur et plein d'embûches, tend à franchir l'étape
des premiers tâtonnements.
En Général, on peut affirmer que les dérives de KAX'i'A o
(KA\DA,GA~DA) présentent des éléments de dérivation qui
sont productifs en union avec des racines qui n'ont pas
d'appuis à l'intérieur de l'indo-européen. Voilà quelques
exemples choisis parmi les plus significatifs.

1. Le suffixe -ADiA.
dans GAKD-ADiA de Pline.
(GAXG-ADiA)

Le morphèmede GAND-ADiA.. l'appellatif témoigné par Pline


ne manque pas d'appuis dans la toponymie et dans le voca-
bulaire (h' l'Ibérie. Les ~/07?M?Me7?~a de E. Hubner contien-
nent un certain nombre de types en CsLADUs/?:<u~
(Me)a. Ht. 10), HELEDus/?M~:M~ (Avieni), CoxoEDiu~~MM
i31artial. 1, 49, 9), MALODESM!o?M (Avieni), B~(PtoL,
IL 6. 67). Es- (PtoL, H, 6, 60), 'IS:u~~ :=:; (Strabo. 111.
4. ~) Ptol..tl, 6, 20), CAKDtEDO ~~i!(C/Z,)I,2599),
etc. Et en rapport avec ~/<?!'de l'inscription (l'A)coy, Hugo
S'hucbardt a rappeié le nom de peuplade Ibérique ARROx-
-tDA-ECt« .ye/M~l~M~'ca » (CIL., Iï. 2697) à côté de ARpo~t
~f.s' (Pline. tY, IH), en roicvant ici encore la vitalité
du morphème -tDA-
1. H. Scbuchnnt)., IberischeJEpt;/<'ap/<t/;(H~B, XIV.tM;i).p. ?09
~o'. De/<t)t..p. Si.
'2. Auxformationsibct'iqtiesHELE))rs. M.~LODES,CEL.ujL's son<f'om-
parables.(l'une
I)aral)les.
d unepart,
I)al-t.,
le tvl)es~ti-deTii)i(ides
typesardeT'tmndes et, clel'~tuti-e.
(Spano)et, de l'autre.lcs
les
types tis-urcsTcLEoc,Sent.Jtfoi.(a côtede Tut.-ELASCA. So!<Uu:.),
ÂML'txs. 'n6. V< CtpontetSAs.u)K (H. A. Tcrracini.~ L)'cA.
r/~M.!'<<v/
XX.p. 32. note36et Osso'faz.strati antichifopo; sarda, p. 6). De
même.dansledomaineprëheUëniqup aux formatiom-A&'jSxoxCAojBfx)
Ptx'y~i' 'O'j~v~œ(Homona)PLsjdip."A'jSK ("A~TK) Lydie.O~Mï;;
etc., Carie,
fO~x) onpeut
etc., on rapprocheriles
pentrapprocher ps typesMucx~'j.x?x~o;.
IJfWS)hc:i;;w;,'1:J.:J.:i~i30;.
S\VAD[os (SAYOs) de la Tht'aee.Cf.aussita ~rtosed'Hpsychu'sAs'jxox:'
w~x'.o'.u. I/j?'~)~; i!iyr.ScALAOM, St'EtuutL'M.nomsde lien. PREt;-
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 163

Mais le fait qui, à mon avis, est surtout propre à jeter de


la lumière sur in formation pyrénéenne GA~DADiA de Pline,
ces) la productivité dans !a langue basque d un élément
-ni(A) qui « implique particulièrement l'idée d'abondance,
joint d'ordinaire aux noms d'arbres H A. Luchaire donne
des exemptes tels que <xr~</<<7 « ia chênaie )). e/roM?*-<
la noycraie '). ~oro.?~-<a « la houssaye H, xrax-~a « la
sapinière a. Tous ces types ont des représentants dans la
toponymie euskarienne Gorostidi, 6*o/'o~a « La Hous-
saie » (= sarde Co/o~~<zz, en tant que -ai est ici un sufHxe
de valeur collectif), Lissar-di « Fresnaie B, Illur-di « mon-
tagne pleine de neige ». etc.
Or. rien de plus plausible que la valeur collective pour
GAXD-ADtA (GA?<G-AD)A) qui aurait donc signiHé « amas de
pierres à la suite d'un éboulement de la montagne » dans
les mines de l'fbérie cé qui revient à confirmer et à éclair-
cir le rapport de sens avec le type alpin GA~DA« ammasso
di pietre in seguito a scoscendimento della montagna »
(Satvioni).
Le doublet "GA~DA« ~/ay~aM GAXDADtA « ~/o/'p~MM!
)), en
ce qui concerne )e morphème (-Di), tout autant que le dou-
blet GA~DADtA-GA~GADtA. en ce (lui concerne le phonème
(-~D- -KG-), s'encadrent donc dans le même système lin-
guistique une langue parlée a l'époque de Pline par les
mineurs pyrénéens à laquelle n'étaient pas inconnus des
traits phonétiques et morphologiques qui caractérisent
aujourd'hui les dialectes basques. Faut-il y voir un indice
de plus en faveur de l'hypothèse déjà avancée d'après les
suns que le mot GA:\DAD[A (GA~GADtA) de Pline appartenait à
l'ancien fonds linguistique des Pyrénées sur lequel repose
i euskara modernt'? '?

n.)us. Zn!!Ai). HH!xm). VEStDtA. etc.. noms de personne. Cf. Kretsch-


ri)tleit.
m~r. E~~eif. G<"if/t.
Ge.rit. ;lt-icch.
ec/t. S;OK/;e.
p. p. 306: Jokl. T/<~«/6)'
306 Jokl, Tbt>(tl;ei,
(Ebert.
IiLI'. \Illj t~.?~i; H. hrolre. Dic>!rlten liallcanillyr.lianicn, p. 35. 66;
tr.33.66;
Le.7-fo). ~~i/r. ~nPcts.
A'H'.XII!,)).. p. Us
H. K.r.)))e. D«'(.t
f~ ZO~F., ~mf/16~.
Y/3, p. US,
B<f~an;~r.
t. A. Luchnit'c..Et'/f/c. st« /?<:'f~o))<M pt/reoeens dela re~t'o/t/'t'a;!f..
)L))! C. C. L'ttfenhcrk.f)e ;;c'o''f~<'Me)tr/eS!t/ytt'M!.Yf)< Aef6a.)'t'scA.
~f~f /?'a~f ~f f~' ~e/t.< f~'t' /Jf!.s'A-t.<c/tt' !t'<M)'(/o<'m/~~'<'r/t<!)t~g/.
K~4/ff</e)t;'f.4/<f'')~f«. VI:!). p. [H.
161. V. BERTOLDI

2. Le suffixe locatif -MO dans C'a?!</cmc', nom de montagne


(CAKDAMtus, CIL., 11, 2695).

La région montagneuse des Asturies nous a conservé


trois inscriptions votives
à Jupiter lov) CAKDAMtO, lovi
Op'DMO MAXtMO CAXDIEDONt, IOV[ OPTtMO MAXtMO ANDE-
Rox()) (CIL., H, 2693, 2599, 2S98). On a essayé de déter-
miner plus précisement la zone à laquelle appartient le
premier de ces documents épigraphiques dans la vallée de
C.~DAMO prope Pravia et Grade oppida ad oram Asturiae
maritimam. n (cf. C7~ If, 2695). tl s'agit d'un culte
strictement local lié à la montagne qui porte encore le nom
de Monte Candanzo et au « puerto que agora Ilaman de
Ca'M</c'y!p</oH'. Le caractère même de ces cultes indigènes
impose presque la nécessité de coordonner les recherches
par groupes aussi à l'égard des surnoms topiques. Sans
doute, CA~'DAMiL'set CAKDtEDO sont inséparables. L'inter-
prétation de l'un doit se rapporter, quant à la racine CAKD-.
aussi à autre.
Or, Hugo Schuchardt a proposé de reconnaître dans
*CA.\DA~cs (~> -AMtcs), nom de montagne, un frère séman-

t. Cf. la citation (fans CIL, II, 2693; Maver, Sif:6. ~A-a(f. Tt'tf~ 17o,
p. 24: E. Hùbnet', .UonMmeKta,Proleg., CtX.
H. Schuchardt, Iberische De&Mn.,p. 16. Sur le sol de la pénin-
sule ibërique CAXDAMius(*CAXDAMns) n'est guère une formation isolée,
ni a )'esard des témoignages des sources (UxAMA,CAXAMA, CARTUtA,
C.ABT.4~)A « in paeninsulae partihus ad septentriones et orientern spec-
tnntibus atque pi'o\'ineiaeeite)'ioris, quae proprie Ibericas dicimus
Hùbner..VLI. P)'o~e< CI) ni a l'égard des survivances dans la topo-
nymie actuelle (U/zamn Kayarra, ramant Zamora, JLoMzanMLa
Coruna. Bet/<TM<ï,BeMam~ Bedama, .E~Mif~ ~t'a/fama., Zegama,
~trama, etc.). Une sélection préliminaire a été proposée par H. Schu-
ehardt, 16o'. De/ p. 16, d'après la quantité de cf dans UxAMA. etc.
en face de a dans *CAXDAMUS, etc. Suivant ces critères, M. Mcyer-Lûbke,
Zt<t'Rf'?:<:<)!<9
der ron'omMcAcHof<s?)an:e)tder t&o'MC/tCH /ta~Mse~(J:fom.
.~ot. Pidal, 1), p. 69, a sépare les deux groupes et démontre que
~interprétation donnée par Schulten (A'Mmantta, p. -t39) à UxAMA
comme un type celtique appartenant à la nombreuse famille de UxEL-
mh (Ussef). DxELLOucxuM,etc., se heurte il de sérieuses diEHcuttës
d'ordre phonétique (S en face de il du coït. Ux~LLOs,j. Uss~Q cf.
t'cdersen, lielt. G?'<t)MM., I, 73.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 165

tique de VtXDfL's, le « Mont Blanc )', ou de EDL'ucs, le


« Xe\oso » (les Pyrénées. En ce qui concerne la structure,
*CA~DAMrssemble de premier abord, en effet, comparable à
UxAMA(Pline, HI, 27). Mais d'après la forme actuelle Cc/
<<~M~,en face de Osma (UxAMA)~il faut bien postuler une
base CA~'DAMUS. ((ans les conditions d'accent s'accordant.plu-
tôt avec les prototypes de /?o, montagne, Z.e~<7??!0(Gui-
puzkoa) et 67r«?M'x (Navarre). Et ensuite est-il possible
d étendre l'interprétation de (/oux') CAKDA~noaussi à (7of:)
CAKDtEDONiet éventuellement aussi à (/0!;<) *CA~'DERON)
les deux autres surnoms topiques appartenant au même
croupe épigraphique? De plus, on pourrait poser la même
question a l'égard de la longue série (le dérivés de "'CAXDA
dissémines sur toute l'étendue du système cantabro-pyrénéen
pour désigner des montagnes ou plus précisément des
<. ports de montagne: Monte Candamo, Monte Candiano
(Santander), Puerto Candenedo, Puerto C'CM</ŒM!7/o (dans
la va]!ée du R. Pedraja et de la Carrera. J/c. ~5), Pefia
C'OM~7(San Vicente de la Barquera). Puerto de la Canda,
Puerto de la (7<~M~'a, Puerto Ca~<~Œ~<M (= Paso de
Aspe), etc. Enfin, il est nécessaire d'insister ici sur l'impor-
tance du fait que dans ce pays de mines renommées depuis
I'antiquité(« aurum. plurimumAsturiagignat nequein
alia terrarum parte tot saeculis persévérât baec fertilitas »,
Pline, XXXHL 78), la géologie a relevé, surtout dans la
zone du Monte C'a/!û~M!0, des graviers imposants, de sorte
que les conditions typiques du terrain confirment ici la
.signiiication de « gravier, terrain dépourvu de végétation,
terrain rocailleux M attribuée à *CAXDAd après ~Kc~ra
« maleza, monte bajo, inculte y llano » et GA~DAD!A, 1 ap-
pellatif topique témoigné par Pline comme étant en usage
chez les mineurs d'or de l'Ibérie. C'est à juste titre que

t. « J~p~it?)'CAXDfEU~X) f7 /OCO/br<<:SS<'<CtU.< AXDE-


C0<)0<ta<i<Ctf)7<
)to\j)). et. CIL.I!. 2S98et '23UH Toutain. Les cultes !'6et'<es, p. m
< ii n'est p~s invt'iuscmbjuhic.~up.h;p/fgr 0/)<t)i!« -Ua.r<M!fs A~'nEMOet
Jxyxf~ ~/)<wt<f< .)ff7.?;u)!ff<
CAXDtEho. invoqufs tous dotx en G~Huecie,
;m'nt ek' t)es flivinitës d~ mont.'tgncs Pour )'ëqu:ttion CAXDiEnox)
1= "CA~UEHOXt 0 AxhEttOXt) cf. p. t;i.
i66 V. MRTOLDf
M. Leite de VasconceIIos', à propos de la dédicace 7ou:
CANDAMtO, a signale le curieux passage de Justin se rap-
portant à des superstitions des indigènes relatives àl'exploi-
tation des mines d'or: « In hujus gentis finibus [sur le
territoire des Gallaecil sacer mons est quem fcrro violare
nefas habetur sed, si quando fulgure terra proscissa est,
quae in tus locis adsidua res est, detectum aurum, velut
Dei munus, colligcre permittitur )) (j~M~o~XLIV, 3, S). Il
s'agit donc vraisemblablement d'un culte à des divinités de
montagnes répandu surtout parmi la classe des mineurs et
c'était, en effet, un affranchi Impérial chargé de l'exploita-
tion d'une mine, Ulpius ÂM~. jLxZ. ~M<ye~ P~o-
c(My*c<o~) yHe<a~') Alboc(ensis), le fidèle qui dédiait l'ex-
VOtOaussi /OU!Opi!!M:0~/<X~M!OANDERON(l)~.
Dès lors, il est tentant de rattacher les trois surnoms
CANDAMtCS, CAKDIEDONr ~/MCNde ~iM</a~<X
et*CA.KDERQs(l)(cf.
et ~M<M</e CcTï~c'rû')à la même racine CA~D-et de voir
dans le nom de montagne Co'?t<~CM!0 un dérivé en -MOd'un
appellatif de valeur topique *CA.KDA « gravier », parallèle a
*GAXDA (~>GANDADiA, ayM~'a). Il en résulte ainsi
~'s?!<~3/'C!,
la possibilité d'éclaircir le doublet C<6~HO-CAKDAMH;s à
la lumière de toute une série (le formations basques ana-
logues. Les toponymes basques /r:Mïo montagne (Guipuz-
koa), Z.er~-?Ma(Biscaye et Alaba), 6~Ma (Labourd),
/<M~a-?/!a et 7~Mr~Me (Navarre)', comparés avec 6'c~
~mo, sont, en eflet, très instructifs non seulement en géné-
ral du point de vue morphologique, mais aussi particuliè-
rement en tant qu'ils contiennenJ.JLleiir base des appellatifs
de valeur topique: iri « ville )), ~a « gouffre, abîme )). My
« eau ». !7M?v~ « source ') (Âzkue).L'élément dérivatif -o
(-Ma, -Me) semble avoir ici fonction de locatif: /o
« localité près de la ville », Lesa-ma (r endroit près de

't. Cf.Lcitcde Vaseoncenos,Religioesda f.Ms:'tn)i!a,II, p. -104et


suiv.
'2. Cf.J. Toutain,Lescultesibériques(Bt6~.ÉcoleHautesÉt., XXXI),
p. ~} et suiv.
3. A. Luchnire,jrd<o)Hes~rcnde;!s,p. '!o9;jf~in'iamcf.~tMmmesont
dans le recueilde Eleizalde,RIEB,XXI.p. ?3 cf. aussi Gai'nte,
H.fEB,XXLp. 4.~3« SM~os~oc<:t<Ms ».
rRO):LÈ)tES DE SUBSTRAT 167

1 abime N. /M<e « tof'alité de la source » d'après ces


exemples 6~<7a-M~o serait la « montagne du gravier ».
Dans le domaine alpin de l'ancienne Ligurie, les types
CAEPTŒMA (COHUS//M-) et Bt;R)GtEMA (?MO?!.S'). Sent. ~/M!KC.
(C'~L.. Y, 7749) témoignent de la même faculté formative
pour le ligure. Est-il permis de reconnaître (les traces de ce
morphème (-MA) de valeur topique dans le type *i!AL~A en
tant que la signification des survivances (~a/yy:a, ~<2?~!C.
~a/o, baume, etc.) « grotte formée par une saillie de
rocher, abri formé par un rocher en encorbellement, rocher
surplombant ». etc.. pourrait justifier l'hypothèse d'un rap-
port ctvec le ligure (~> gaulois) *BALA « rocher)) (cf. BADSTA
« mons Liguriae » d'après Livc) ? Ici encore, il s'agit donc
de formations de valeur topique. Le fait vaut d'être soutigné
aiin de rendre plausible l'idée d'un rapprochement de topo-
nvmes tels que Balma « endroit près du rocher » des Alpes
aux types Z~e~a~a, Cn~r/o~o « endroit près de l'atome,

montagne du gravier )) de la toponymie pvrènëo-eantabriquc.

3. Le suffixe locatif -<ssA (-ESA) dans CAXTissA (CcM~Ma).

Le toponyme basque /~M/e « localitéprès de la source


rappelle le type anciennement atteste iTumssA 1T<Mc<M!.

i. Cf. P. Schc~crmpier, « ~«7t~ » CZRPA<Beih.69. surtout p.'tt~


el suiv.) v. \V:tbur~. FE~ I. :'23 (t-ichp ))ih]incrnpLip) ajou-
ter P. StMk. ~oma)!t< L. p. i99 et B. A. Terracini, ~rc/f. glott. ital..
XX. p. 38-29. Jahera-Jnd. ~t.fS, IH. 4M a « riparo sotto una roecia
sporgente IM. ~~4 « cavcrna M(&a~);a. ~<!r~fa).
S'il est ainsi, on pourrait pcut-utre supposer )a même appartcnanf'e
!incuisti(;ue et postuler le mcmp rapport entre *CALA(c~<~)!e~. *CALAVA.
et' .) <' ahimc. souftre, ravin, ppntc psMt'pt'e » et *CAL-)iA (*CAL-M;s)
u hant pfatea!! ftenudr '). tupon. Cu~);. L~e<t/))~ Ln C/ta!~w< etc..
noms de plateaux escarpes )'. A. Thomas. Ess<m p/t: ~)'<!t!c,.p. ~i,
note: L. Ganchat. 7<MM.<r/o.ss. IV. li. 3-'t3: Jaccnrd, jE.s.sn! de topo
nt/«"e. p. 67: C. Sah-ioni. Bt; stor. S! tfa~ XX. p. 89: .Yofe 6f<
<~<o/. Mrsa (H~fy. 7s<. /o<< XLtX. p. 740. 4S):J. Jur). BifM.
d;< )-<);«..IH. p.'t0: E.~fm-et. ~fo))?'7~!<XXXVII.p.o4(),P.Aehischer.
E<ff/c< topon. un~/<~o/nf'.< (n -4M'/«s~) Pt'a<'fo;'<~ », -tU~t). p. -t-7
A. t'anzat. « Ca/n dM. <o/-)OM.(j'aM~.et e.~)a;/)!. (ZOA'F~ 11,
p. ~~i): S. Pieri. T't/mM. t'a~f ~4)';io. p. ?: *CA).A. cf. C. Hattisti.
St'< cfr;t.<c/t;. It. p. 66' et ~76: .4rc/t. Alto ~d!e, XXII, p. 2~:
~o/«7/; f /o)'(eA~o ~iff/c. id3). p. 72.
)68 V. UERTOLDÏ

(Pto! !t. 6, 66), interprétable aussi comme un dérivé loca-


tif de !<Mrr< « sburce »'. C'est là un des exemples les plus
Instructifs qui nous laissent entrevoir assez clairement le
lien entre les témoignages des auteurs anciens à l'égard de
l'Ibérie et quelques éléments du vocabulaire basque. De
môme, Schuchardt était enclin à identifier
l'appellatif
basque ~e~ « montagne )) à la base du toponyme MEN-
TESA (Pline, IM, 9, 19, 25)– MEXTtssA (Live.XXVI, 17, 4).
Ainsi, le toponyme ~VoM~a (~'alencia), si le rapport avec
/OM~ n'est
pas illusoire, résulterait comparable, quant à
l'idée, à la série de types euskariens J/e~o~'O! (montagne de
Guipuxkoa), ~feKe~o~a, AfeK~cuz'a, etc., et plus particuliè-
rement, quant au morphème -esa, à MENTESA des sources
ibériques. En tout cas, nous avons dans les deux types
anciens IruRtssA et MEKTfssA~ des témoignages de-issA (-ESA)
en union probablement avec un appellatif topique (iturri,
?!&/<<) qui peuvent servir d'appui à l'Interprétation de cas
analogues.
En eu'et, le morphème -issA (-ESA) dans la famille de
t. H. Scbuchardt, f6er. DeA'KK.,p. 36 et (à propos de l'observation
de Sehutten. tVMma)t<M, ~5) KB<!s/t{!c/t==~o'~cAode)' -= Lt~M)';scA ? »,
.Uttte~. at~Arop. (?M. ~cn. XXXXV. p. t30. Quant au rapport -)'r-:
dans <(!«)' en face de 2<it)'Msa Ccf. aussi .f<:f)'cH,Luchaire, Idiomes
pt/f., p. -tM) voir les exemples réunis par H. Gavel. Éléments p/tonë<.
basque, p. 'i!t. de « pernmiations entre r douce intervocalique et r
forte intervuealique » cf. C. C. Uhicnbeek, Bett)'~ lautl. B<?s/
)~.36 H. Urtet, Sitzb. prcMss..AM. ~ssenseA., d9t7,XXXIM. p. 834.
3. H. Schuchardt. Iber. DeAMn.,p. 68. Sur l'origine du mot euska-
rien tMCHd!« montagne », cf. H. Gavel, jÉ~mot~, p. 257 et Meyer-
Lnhke. RÎEB. XIV, p. Mo. en tenant compte aussi de types topon.
tels que MExonnL, .Vend/f~; MEXDiozA..UendoM, doeum. pour le
SK'e)e: cf. Luchaire, idiomes p!/r., p. m et -i46.
H. E. Hftbner, .~LJ. 7')'u~f/ CIII. a réuni les types suivants
K.R!.ssA, KEMAXTumssA,CARisA cf. Mcyer-Lithke, ~om. J/eH. Pt~f;
l, p. 7~. A l'appui de KAXRMSA (NNEotTs~,Straho, III, 1, 9; 3, S Ptot.,
H. i. tO) on pourrait pcut-utrc invoquer l'appellatif topique Ka~tt)'
lieu pierreux )) (Azkue.11. 69) à condition, pourtant, qu'il soit per-
mis de partir d'une forme *NAUAmssA.En ce qui concerne ia suppres-
sinn (le ia voyet)e a ici supposée voir A. Lut'haire. p. 144, en tenant
compte surtout des douitiets i):)sques tels que 6<')'cs/;o-6rM/a rayon
de miel )) (Azkuc I. p. 18't). Cf. aussi. !i propusde </)' f/nt'r-, H. Schu-
ctun'dt. Liter. '/c?'m.M.romaK. P/t~o~ XXXtX. p. 197. î.
Je voudrais. euNn. signaler ]n concordance de KEMAXTL'K-~SA avec
~):MATUi!)« rentes idpinae Liguriae » (CIL.. V. 78t7. H).
PROULÈMES DE SUBSTRAT 16~

CA~TA GA~DAest représenté, d'une part, par ~'a??<~e~<7(Tar-


ragona), formation jumelie de J/o??~&'c' (Valencia), de ht
toponymie actuelle et, d'autre part, par le doublet ancien-
nement attesté CA\T!SSA-CAXTESSA formant le paraHèle au
doublet Mnx'nssA-MEM'ESA. Or. sur la foi de ITURISSA
« endroit près de la source )' et. de MEK'rnsA « lieu habité

près de la montagne », on peut proposer une exphcation


pareille pour CAKTtsSA et C<7~<y~ « lieux habités près d'une
carrière, d'une sravit're )).
On n'ignore pas, en outre, que dans cet élément -IS(S)A
on a reconnu à plusieurs reprises une des plus remarquables
concordances morphologiques étrusco-égéennes (SAR)SA-
SARtSSA, MANTtSA-MAXTtSSA,FAL'tSA-FAUtSSA, etc., d'une part.
et AM~Œx='r7:x. T:A~.t.Tj:lA' etc., de l'autre)~. Tout
récemment Alfred Ernout a classé, par exemple, parmi
les emprunts latins probables au vocabulaire étrusque le mot.
populaire cAR;(s)sA attesté par les glossateurs (« CARtssAM
C!~M</ Lucilium Ko/MM! ~M~cc~ », P. Festus. 38, 18),
dont on ne peut ici négliger de signaler la parfaite identité
non seulement avec CARissA de l'Asie Mineure (CARISSAI
d'une inscription votive de MytUene), mais surtout avec
CAR;(s)sA de ribérie (cARiSA-CARfssA des inscriptions sur les
monnaies)'. D'autre part, M. Terracini" a rapproché les

1. Pour CAXTtssA,j. CAaxtMse (ism'e). cf. Mpvet-Lubkc. Hont..tfcK.


Pidal, I. p. '73 CAXTESSA. j. C~<!<!<cMe (Urùme~, cf. D/ct/oM. <opo;/r.
dép. ~rdmc, s. v.
P. Krctscttmet'. B:«/c!'<. GMC/)-tee/t. S~r.. p. 3't-1-322 A. Fick,
Vo)'(yhecA.Or/sttnmcK, p. 6t, 77, 83. t27; E. Fiesel, A'ame!<des grie-
c/tMcAf~ ~t/;<M tw E<rt~Mc/tCK. -t928. p. 53 r~'RE. X/2. p. tHSO.
3. A.Ernout. Les éléments ë~<s</«c.<!rht !;oca6M~t!'e ~<!H (B!~<e<:)!.
XXX, 1930, p. t0d-t03); cf. Hofmann, dans 'a)')e, LE~ p. ~H;
cf. aussi A. Tt'ombetU. La ~n~t«i' etr~sen. 't928. p. 58. qui a )'appe)ëte
type georg-ien A/t!'<M« tapideus ».
4. E. Huhner, .UL7.nr. '158; CARtSA~tM)'e~ Baetic. (Pline, IH. iS)-
K~oja (Ptol., {J, 4.d0); cf. aussi P~RE. !II, d392: « CAm.sA,j.
Cnr~a (Bornos) ».
H. B. Terracini, Osscrt'~t0):t.!t«/s<)'~<! pti< antichi Jc~a topono-
Mastica sarda (taas les « Atti del Convegno ~t'c/tM~. sardo », 1927,
p. 11 (à ajouter, peut-ctre /<!n«m CARts;, CAHESu,CAHE.su's.CIL., X,
78HO cf. Hutscn. Pn'RE, II!. p. t5H2 et 1589). Ln Corse y concourt
avec Bf:sa, Palesa, Bilesi, etc. (cf. surtout à propos, de Fa/csa, G. Bot-
tit;t!oni. Elem. prelat. topon. corsa, p. 93).
i70 V. DERTOLDI

toponymes Sotenissa, Galbissa et jSa~e.s'.M de la Sardaigne


aux types J/c.MMM.M, .e?/ye~a:, etc. de l'Afrique, de
sorte <)up la ligne d'isomorpbèmes -issA, -ESSA semble enca-
drer un vaste substrat embrassant tout le bassin de la
Méditerranée.
Par contre, on n'a pas encore relevé jusqu'ici la présence
sur le sol des Alpes d'une formation typique en -issA Pu-
STRISSAa. 993-1003, UOO-iO, 1110-12, H13-23 Bus'rEMSSA
a. 1084, 1091 toponyme d'autant plus remarquablequ'il se
rapporte à toute une région et par cela me me explicable d'une
manière plausible comme un dérivé d'un appellatif topique
sur le modèle des formations ibériques. Mais le malheur est
que le vocabulaire des Alpes relatif au relief ne fournit rien
qui puisse se concilier avec une base *pusTA ou *pusTXR.
C'est là un fait qui me fait hésiter à postuler pour le terri-
toire des Alpes un appellatif comparable à <~tM/M:« sitio de

pasto para ganado » des Asturies qui, pourtant, pourrait


s'adapter à la réalité topique de cette ample vallée de pâtu-

rage. Au surplus, l'hypothèse d'un rapprochement, si ten-


tante qu'elle soit, implique le problème du mot obscur bu-
.i~M « lieu de pâturage » des Asturies problème qui
trouvera peut-être, lui-même, une solution dans le cadre
du substrat cantabro-pyrénéo-alpin 3.

). C. Battisti. Sif) p!u <!K~tc/t:strati toponomastici f!cM' Alto ~L~t~e


(St!;dt e()!<e/t/. II, p. 63~), c'est surtout l'indice du suffixe -tssA qui
~)d inacceptable l'hypothèse d'une origine slave, pusT « désert »,
!iv!)ncee par M. Mik)osich et M. Stur, /)!'e s/<:M.sc/t~n Sp)'acAe~me)!<c
f/c« Orts)Mmen der~ei~sc/t-oster)'. ~)e)~a))d<:)'(Sit:&. ~i/fad. ~'t'~K,
t':(~. p. 65.
F. Krueet'. D/<Ce;/g):s(aK~s/t!~i;t Saoa&t'Ms !<nf~cM:<;)'.YacA6a)'-
<tftt'Œ<). Lit!K~6/t(M.'G<!6tct.4tM/an~s/ XX, B, )9~).p.i8,
note )'? et 't8.
3. t~p trr!'ito<rede Alava connait, il est vrai, un toponyme BtMh'a;
(Eteii~)'.te. KJEB. XIV, p. 481) identique a I'appe!!atirastunen ÛMS~'a,
mais il n'en est pas moins certain que le type basque appartient à )a.
nombreuse famille de busti « humide, humidité busta, 6)Mttro. bu-
<!<<<<? r:t'Mc-t~;t:~a~ (Souie), &u.t):, 6tf.z<:M « arsiie B.&uzfMtsM« argi-
leux ». <{' )!u) « tci't'c argileuse », 6!<stre « crotte, taches de boue»,
(Axku~. t. p. 'i9t-H.'3). ayant des iarges l'cspondances aussi dans
la toponytnie Btish': montagne de Xa\'at're(cf. ~~o?' « lieu de ht neige
.'u ph'm fit' neise M.Lucimire, p. -t66), Bitstiza Xav. (cf. S«~-za « lieu
au pon~ ). Luchairc. p. 't66), Btfst!')ta~a Guip., Aiaba, BMst:naMc!t
PROBLEMES DE SUBSTRAT 17~1

En tout état
de cause, nous avons dans le type PusTR-
-!SSA, BfSTER- !SSA des Alpes un témoignage précieux d'un
morphème IocatifattestedanslTt.;R-)SSA Fc.s-eoM. (Ptol., H. 6,
C6) pour le substrat des Pvrénées (basque <~<r~ c source "),
rnorpiteme survécu dans le toponyme </o/-o~a du
Lahourd (/ XX, 220) avec la probable fonction de
collectif (basque ~oro~'p houx »).
~fais c'est surtout au suffixe basque-AGA' qu'il faut attri-
buer la videur de collectif en union avec des noms d'arbre
<'t en parfaite concordance avec le suffixe latin -ETL'-M. Les
tvpes basques ~.sa/vv~/a, 6'<7y'K~<2~c!, 6'o~o~~a'/a, ~i~ar-

7'c~c;. peuvent, par exemple, être considérés comme les


équivalents des types latins FnAX)\ETL'M, SAUCETUM, AcRrFO-
LETUM. AcERETUM. D'ailleurs, le nom de lieu 6'c~e~yc près

Ataha. B!(st:n<.f:<rt « termine arcilloso de Iruna )). Bus~fxf, etc.


(H~EB, XIV. p. 45't). BM.stt'nee(BMz<t;: a. 13't3 cf. D!Ct. <opo.<y)-. ~e~.
Bn.<<!e.P!/)'p. ~7). La vovene-de !'appe)!atif6Ms<t (cf. mc))f/t, !<<«')'
~!t6t,ar)'<er)' elorri, )dat' a:f/:n't, .)!!<?' =M))f/t, '/o<'o.;<t.6tfr;/t
etc. noms de plantes. cf. n'6)'fe)';<. Sachert, XI. p. i60). ta grande vita-
lité dans le yncabutaire tout autant que dans III )o)~onYmie, tout porte
;t écarter t'hypothèse d'emprunt.
A propos du catalan (Pyr.-Uricnt.) ~if.stt~Mna « nrei)e M.ALF, 't4Kt.
P. 795. voir H. Urtet.Zifm J6e' ~c/ffo ;)' St<t'a<tA'r~tcA (Sitzb. pMtfs.
.4~'ad. 'n'<.<!se)!c/t..XXXI! p. o4't) H. Schuciiardt (L~er. ;/e)M~)!.
)wy~f;t:~t~&< XXXIX. p. 4~) avait propose, par contre, comme
point df départ de la famille euskarienne le latin *)u'sT!t)L's cf. pour-
tant. Lt<o' XXXIX. p. d9H. note.
Au toponyme BMsftncx de ~'av:u're (/!7EjB, XIV. p. 4u!) « localité a
terrain urs'iteux » corres))ond. sur Ic territoire d'Urcett. MEULES,.j.
.War/M, intreprctë par~ieyer-Luhke (B«~M. ')'7/<;e<. c~ 19~3. p. (!)
comme un dérive du has~ue <e/<! (<; {rau!. XARCtn « marne »).
P'aut-it tenir compte aussi du type B«.!<a?t!(.'ocle ta Corse, sur un petit
an!, du Tavienano? '?
t. Lucuaire. M<OMe< ~rë)t.. p, US C. C. 1 hteubect~. /)<' ?t.'<M?'d~
S«/ B«s/< p. 4; Gavet. ~/6f;<fn<.</</to«. 6as(/e, p. ;t(i~: T. de Aran-
zadi. H~EB, VII. p. 167 et A. Tromhetti. Le o' ~~a /u!«n
basca, 1935. p. t55. a siifna)ë t.) concordance avec tes types toponymi-
<jues fréquents en Cappadocie Co;t!;«oya. Sa~<!</<C~rs~o. Sa<f;ya. etc.
Schuchardt(.~t«f: (!~(/<ro/<.~cse/~c/t. ~'<e«, XLV. p. t30) a. com-
paré 'A=T:(Straho. 111, 2: Ptot.. II. 4, tf)) au type basque (!
<' ainetum )) (Azkue, I. 119) à propos de AnTx.i(l')ine. II). 10) et
LASTH.!(Pline. HI, t~. -H). cf. 7~e; Dc~/t)! p. t.s: .<<e'tm, X.p.):;
et ZMP/ft/ XXXI!. p. m. Cf. encore CA~TH.t.<h.T~.[. S.\LTi(.i~<).
Huhner..tfL7, 22S. 337. 3;!9~ de ce croupe s'est occupe, tout récem-
ment. ,\)eyer-Lubke, .H«f«..Uf~. /'tf/<t/. I. ~C.
t72 V. DERTOLDt

de Rigoitia (Biscaye cf. TÏ/Z~, XiX, p. G21), interprété


comme « GLARETUM », peut être rangé plus précisément à
côté des collectifs tels que j~~M~a « endroit pierreux »,
Z.~w/a' et jStMif~a~a en rapport avec /eyo/' « terre
sèche a et ~Mr~ « argile o.
On pourrait, multiplier les exemples la plupart des autres
éléments de dérivation -ABRI,-iL()A), -XRA,-EL-, -EN(K)A,
-o~n: -UBA,-uR(a)-, etc., comportent des considérations
analogues. Mais ce qui surtout mérite d'être relevé à l'égard
du problème ici envisagé, c'est que l'identité du morphème
dans les doublets CAKT-ARA. <?~Me~-<K'G CAXT-tUA (Tab.
Peut.) CaKe~07!e (Monferrato) *CANT-AUA (Chant-
az7/oM,montagne de la Côte-d'Or) Ca?M~-<a, montagne
des Alpes CAKT-EN(x)A C'<X/!<e~aCAKT-ELLA Gand-ela,
etc., intervient en faveur de l'équation des racines, CAXT-
==CA~D-(GAKD-), établie d'après les indices dusens et des sons.
De toute manière, il ne fait pas le moindre doute
qu'essayer de rapprocher des types préhistoriques d'après
une condition qui n'a pour elle ni la continuité géographique,
ni la perspicuité sémantique, ni la concordance morpholo-
gique, c'est tâtonner dans le vide en quête de chiffons de
langues inutiles.

J'ai essayé ainsi de répondre, dans la mesure du possible,


aux thèses sur l'âge, le domaine et l'appartenance lingui-
stique de *GANDA « gravier », etc., dont j'ai proposé la
discussion dans ces pages. Tout particulièrement la compa-
raison avec GANGADtA-G4KDAD!A, type donné expressément
comme « hispanique par Pline, était propre à jeter quel-
ques lumières sur tout le problème, en déplaçant ainsi les
recherches vers la péninsule ibérique, c'est-à-dire sur un
terrain plus propice à l'étude des faits de substrat grâce à
la survivance de l'îlot euskarien. En en*et,si la catégorie
sémantique (ARRUG!A, BALUCA,PALACURNA, TASCONtUM, URtL'M,
etc.) au sein de laquelle nous est transmis l'appellatif GAK-
DADtA par la source de Pline contribue, d'une part, à nous
fixer sur l'appartenance du mot non seulement à une région
PROBLÈMES DE SUBSTRAT 173

déterminée de montagnes (une zone pyrénéenne ou, mieux


encore, la chaîne aurifère des Asturies), mais aussi à un
milieu social déterminé (les mineurs), certains traits carac-
téristiques de la phonétique (-XD- -KG- chute du G- dans
~aM</anx a~</<M*o) et de la morphologie basques (suS'.
-Di[A]) dénoncent, d'autre part, l'appartenance du mot à un
substrat linguistique déterminé. Sans vouloir faire dire aux
faits de vocabulaire et de toponymie plus qu'ils ne peuvent,
sans vouloir tout simplement confondre les données et les
résultats de la linguistique avec ceux des autres disciplines
qui s'occupent de problèmes préhistoriques, je voudrais
pourtant relever que le substrat ici jalonné semble cor-
respondre à peu près à cette unité cantabro-pyrénéenne indivi-
dualisée par les archéologues et par eux considérée comme
le berceau de la race Indigène En tout cas, à travers un

4. "La cultura Ilamada <cneo)itico de las cavernas », en Africa


como en Espana. parece representar un estrato étnico indigeno deri-
vado de los pueblos del paleolitico superior de tales territorios, y que
no son otros que los que desarrollaron ]a cultura Ilamada capsiense,
los cuales, junto con los pueblos de la zona cântabro-pirenaiea empa-
rentados con los del Oeste y Sur de Francia, que persisten en los pire-
naicos del eneolitico, yienen a constituir los dos elementos étnicos /MK-
dantentales de la Peninsula. » P. Bosch Gimpera, Los a~i'oMOs iberos
y su origen, 1938, p. T. « De los trabajos que se han hecho en los
ùttimos anos acerca de la arqueotogia y de la historia antigua de la
peninsula por una parte y por otra de las conclusiones a que ha lIe-
vado el estudio de los restes antropoiôgieos de los sepulcros mégaliti-
cos vascos en comparaciôn con )a raza de los vascos modernos, surgen
serias dificultades para ]a identiCcaciôn de lo vascos con los iberos y
a! mismo tiempo se plantea el prob]ema de los posibles elementos ibé-
ricos del vasco de manera distinta que hasta ahora ». P. Bosch Gim-
pera, El pro6!emc e~oM~tco!;a.coy ylaarqueologia (RIEB, XIV, 1923),
p. 590. « Los pueblos indigènes de ia peninsula vienen a parar a
dos elementos fundamentales irreducibles et pueblo indfgeno del
Norte de la peninsula del que salen ]os pirenéicos y por otra parte el
pueblo del eneolitico y andando el tiempo ]os vascos historiées, y por
otra parte el pueblo de ia cultura capsiense de] paleolitico ». P. Bosch
Gimpera, Ensayo de MM reconstruccMn de la ehio~og'ta preMsto'rtca
de la Pent~st~a ibérica (Boletin de la Bt6~. MeKe~de.: Pe/syo, Santan-
der, 1923). Sur les mêmes problèmes, cf. « Die Vorg'<'se/c~e der Ibe-
rer (~~(tg~. anthropol. Gesellsch. Wten, LV (192S). p. 69-i't5; « Die
baskische Ef/tKO/o~ieim Lichte dcr H~MMfeK arcytao<o<sc/:e?t Forschung »
(Zeitschr, f. Ethnologie, 1923. p. 87); « La ct'utKsatM~ mégalithique
~rf<!ee))?t<' dans le Sud-Est de la France )) (Ret':M anthropologique,
XXXVII. 1927. p. 6).
l
~74 V. BERTOLD!

certain nombre de faits linguistiques on entrevoit la possibi-


lité d'isoler cette ancienne unité cantabro-pyrénéenne,
qu'on pourrait peut-être nommer paléo-vasconne, de la
couche appartenant plus précisément au système de l'Ebre
(iBERus),le foyer originaire de la culture :cr!'$'Me. C'est dans
le cadre de ce substrat cantabro-pyrénéen que l'alternance
des sourdes et des sonores, soit à l'initiale (pALrcA-BALucA,
etc.) soit à l'intérieur après une nasale (MEKTESA-M!),
peut justifier la coexistence de *KANTA à côté de *GAKDA sur
le sol de la péninsule ibérique comme deux dIS'érentes pos-
sibilités de survivance d'une même base.
Or, un flottement identique des occlusives (type: *EABA-
"GABA, TALPONE == *DARBOxE) nous laisse entrevoir dans le
domaine des Alpes et de l'Apennin une situation de substrat
analogue à celledes Pyrénées, de sorte que, dans le cas particu-
lier. le doublet *KAKTA==*GANDA tel qu'il résulte dessurvivances
est interprétable à l'aide des mêmes faits de sonorisation.
De plus, la comparaison des morphèmes, faite dans les
dérivés des Alpes et des Pyrénées et étendue aussi aux
zones les plus typiquement conservatrices du bassin de la
Méditerranée, vient d'apporter un indice de plus en faveur
d'une communauté d'origine des bases, admise d'après les
indices des sens et des sons.
Si d'âpres tous ces indices le type GAKDADtA se révèle donc
comme un élément d'une langue parlée à l'époque de Pline
par les mineurs pyrénéens génétiquement apparentée avec
l'euskara d'aujourd'hui, du parallélisme pyrënéo-alpm ici
institué il semble ressortir que cette langue paléo-vasconne
devait avoir avec les idiomes des Alpes d'où nous provient
le type *GAXDA une communauté de substrat.
C'est là. du moins, un essai fait pour expliquer des types
attestés par les auteurs de l'antiquité et par les inscriptions
pour l'ancienne Ibérie à l'aide de caractéristiques du
basque, considéré comme le langage qui a conservé la tra-
dition linguistique la plus reculée de toute la péninsule, et
d'appliquer dans la mesure du possible un procédé d'Inve-
stigation analogue aux types anciennement attestés pour le
domaine des Alpes.
PROBLÈMES DE SUBSTRAT ~75

Sans doute, la mosaïque des langues vivantes dans le


bassin de la Méditerranée nous cache d'autres types qui ne
s'encadrent guère dans le système des différents groupes.
Reunir toutes ces épaves de substrat en les isolant de l'indo-
européen il l'aide de toutes les données dont dispose la
méthode comparative actuelle, c'est déjà un pas vers leur
classification. Est-ce que la route pour avancer encore est
irréductiblement barrée? C'est ce doute même qui nous
incite à essayer.
Je ne me dissimule point les difEcuItés d'une telle entre-
prise. Au contraire; j'insiste, une fois encore, sur le carac-
tère forcément problématique de toute recherche de ce
genre. Ne pouvant presque jamais atteindre une certitude
absolue. la nécessité à plus forte raison s'impose de ne
jamais perdre de vue du moins les limites du possible
car on ne peut les dépasser, sans compromettre chaque fois
l'équilibre de tout l'édiuce. Combien de fois au cours de la
discussion ai-je moi-même dépassé ces limites? Quoi qu'il
en soit, cet essai n'aura pas manqué son but, si une critique
rigoureuse oppose aux hypothèses plus hardies des avertis-
sements utiles pour ceux qui voudront et sauront procéder
plus prudemment que moi sur le terrain marécageux de la
préhistoire. Car, si dans les conditions actuelles, à cause
des obstacles et des difficultés, on ne réussit qu'à serrer de
plus près un certain nombre de problèmes de détail, en bor-
nant les recherches pour le moment aux domaines les
moins éloignés l'un de l'autre et surtout en perfectionnant
la méthode. c'est un bénéfice acquis en vue des efforts de
demain.
INDEX

abayou « myrtille », Béarn, 129. ~.)!c!sra, Picos de Europa, 406,


a6t«mYrti]ie)),basquG,128. 166.
-ABRI,172. "AvB~O! (Ptol.), 146.
acebo « houx », espagnol, 136. AxDERON(:)(CIL 11, 3398), 133,
ACERABULus « érable », 130. 166.
aceru « érable », Sardaigne, 132. andura «hièble », basque, 128.
-a6!a, en basque, t6M64. andyelo « terre argileuse Hau-
-aga, en basque, 171. tes-Pyr., 133-134.
agast « érable », Provence, 109, angrinela cc gratte-cu », Alpes,
130-132. 139, n.
AGOGAE (Pline), 99. ANTELUS (CIL II, 2387), 146.
AGniFOLETUM.l'H. aouajouera « myrtine )), Hauie-
aori'na « prunelle », Provence, Gar., 129.
"t39n. APITASCUS (Pline), 99, 102, n.
*AGRtx)0 « prunellier », celtique, « AQUIFOUUM », 136-138.
i3Hn. -ARA,172.
fMfMe « prunellier », irland., Arakama, Pays Basque, 164, n.2.
'13Un. Arama, Pays Basque, 164, n. 2.
Otf: « rocher », basque, '1S3 n. arce « érable », espagnol, 132.
xxxTTo; « érable » (Hcsvchius), ARDOBBtCAARTABRORUM (Mela),
109, 130-132. 146, n. 1.
ALAt-ATERNUM. OSquC,148. Arechandi, Biscaye, 137, n. 1.
AutA.)igure.l48. AREPEXxrs,gaulois, 138, n. 2.
ALBARXA. tieure. 148,160. ARISPE(xn~ s.) « sous les chênes »,
ALBUMtx'.AUXUM. j. Albenga, Pays Basque », 127.
148. aritztidia « la chênaie », basque,
ALBUM [XTEMEHUN,j. Ventimi- 163.
~a.H8. arrec « ravin », Béarn », 121.
-Au.i~. AnRECA (xtY~ s.), Pays Basque,
AUQUAXDAS, espagn. (GIos.), 146. 121.
ALKOvfxos,inscript. lépont.. 157. AMONiDAEC!(CIL Il, 2697), 162.
ALPES,')48. arrouil « rigole », gascon, 121.
ALptus. osque, 148. ARHucîA(Pline), 99.
ALPUM,sabin. 148. ARTABRI, 146, n. 1.
.-iMMto:. Pays Basque, 137, n. 2. ARTtGt(Pline), 171, n. 1.
AMUDis(Ta&. re~.), 162, n. 2. 'Ao'jxetvBs,Lycie, 113.
a~nra K bruyère », basque, t26. AsAMUM,liiyr., 139, n. 1.
INDEX 177

Aspe « sous le rocher », Pays bereska <'rayon de miel », basque,


Basque, 126, n. 2. 168,n. 3.
astigar « érable », basque, 128- BspytBo~(Ptol.), 162.
i32. BERIGIEMA (Sent. AJtKMC.),153.
"AtlTt-j'te(Strabo), 471, n. 1. BERR-K mouton », i39, n.
"ATïouSx, Lydie, 162, n. a. bih-u « figuier », basque, 13' n.
AUCIEICU,133, n. 2. Bt/fMpea « sous )e figuier », Pays
AVfA(Co)umeHe), 129. n. 1. Basque, 126.
AvicANTus (CIL Xtl, 3077), 158, BILBILIS,Ibérie, 134.
n.3. Bilesi, Corse, 169, n. 5.
AvixANDE,a. 1)63, Espagne, 146. blofa « prunelle », Savoie, 138,
azef<Mr« érable », provenç., 130. n. 3.
~zA'at'ra~a « Agrifoletum », bas- botxi « rocher », basque, 126.
que, 171. breska « rayon de miel », basque,
az~fjrt « alnetum », basque, 171, 168, n. 3.
n. 1. BRiGtNDOx;(CIL XIU, 2638), 1S8,
n. 2.
BAESURt,134. « bruyère )), 126.
Ba<, Alpes du Garda, 140. BULLUGA(Vita Columbani), 138,
*BALA « rocher », 138-141, 167. n. 3.
BALABomo?t<e(Ta6.PgMt.),141, n. puo~~o; « fait de lin », 127, n. 2.
Balagita, Corse, 140. Bustanico, Corse, 171.
Balasco, Tessin; Basses-Pyr.,140. BUSTERISSA, Alpes, 170.
Balisio, Vatsassina, 140. bustia « pâturage ». Asturies,
BAHSTA« mons Liguriae » (Live), 170.
140,160,167. busti « humidité », basque. 170,
balma « rocher surplombant », n. 3.
A)pes,161,167. BMs<:t)a6ea, Pays Basque, 126,
baloga « Rubus saxatilis », Yai n. 2.
Cavallina, 138, n. 3. 6Mz<!M « argile K, basque, 170,
balsa « puits, piscine », basque, n. 3.
126,161.
Balsape, Pays Basque, 126. cabanco « barranco », Sanabria,
&a<M« bloc de rocher », Alpes, 139. 144.
BALUCA (Pline), 99, 134. caborco « barranco ». Sanabria,
Ba~Mgra,Pays Basque, 140. 144.
Ba<Mr, Alpes-Maritimes, 140. CAEpTtEMA(Sent. Mnttc.). 153,
Baressa, Sardaigne, 170. 167.
BAMA-BAHKA. Alpes, 'i44, 161. emt.<yo « chêne », Pyrénées, 132.
BARR-« mouton », 139, n. cala « ravin », Alpes, 116. n.,
6a~a, -anca « précipice », 144, 161,167, n.
161. · calanca « ravin », Atpes Sar-
basa « bourbe », basque, 161. daigne, 1)6, n., 144, 167, n.
-be, basque,126. calava « ravin », Alpes, 116, n.,
Becfama, Pays Basque, 164, n.3. 167, n.
Be::an:a, Pays Basque, 16 {-167. Ca~K'o)')).o~Apennins. Lucca,116,
BELEXDi,Aquit., 134. n.
'BELLDCA « prunelle », 139, n. 'CALMAK haut plateau dénudé »,
belofa « prunelle », Savoie, 138, 167, n.
n. 3. CAKDA,a.850, Flandres, 112, n. t.
178 INDEX

Canda, Apennins; Sanabria,107, caréna « pierraities Rendena,


112, n. 1,166. 1S4.
CAxnAt. Loearno, 143, n. cantera « carrière », espagnol,
Candal. Sanabria, 107, n., 163. 1S2.
CAXRAUCAE Mh'tt. ~LMt.), Noi'i- Cf!~tc')'ann< Pyrénées Orient.,
cum. 114. 147, n.l.
CAXDAMm ~OM(CILII, 3695), 107, CAXTHcs «jante o (Quintitien), 154.
132. 147, 1C4-1GT. CAXTiGt.Bs~e.,L47,n.l.
CaKctttmo, Asturies, 107. CANTfUA(Tab. Peut.), Chantelle.
C<:)M!<t):H.Pyrénées, 107, 165. Allier, ~S~.
Ca?t<<(!)~6!o.Sanabria, 107, n. 1, CANTissA,j. CAaKteMc,Isère. 1C9.
164. canto « pierre espagnol, i82.
CANDARA,cours d'eau (a. 790), c<j'o<'brique)',Marches,lS3.
111. Ha. CAXTOGiLnM, Gaule, -188.
CAXDAVfA (Pline), Balkans, 113- *CAXTOS« splendens », gaulois,
m. us. '111- n. 2.
Candena, Asturies, 1S4. CAKTCXAS(CIL XIII), Rhénanie,
CAxotDA(var. Pline), 98. iSo.
CAND[DUS > *CANDUS, 111. CanfM)'r!Lëi'ida, 147, n. 1.
CAXDtEDOXt JOM (CIL II, 3899), CARisA-CARtssA, Ibérie, 168-169. °
107.132-133, 162, 164-167. C(!)')'<:s~Mero, Espagne, 133.
C<!Ke!o~Ka, Alpes, 143. CARTHIA(-AMA),Ibël' 164, n. '2.
CANDOLA. a. 1314, 14S, n. Cas~'ya~M, Espagne, 132.
Ca;MM<h',Alpes. 145. CATicAXTtjs,j. Cachan, -138, n. 3.
cann « blanc », gatl.,bret., 111, n. 3. C<:M~)to., Alpes, 142-)44.
CAKTAmCxv~ s.). Pars Basque, cavino « ruisseau », Apennins.
147, n. 1. 141-144.
CAKTABm,Ibérie, 147, n. 1. CAVCS,143-144.
Cantachc, .Mayenne. 139. CELADus/!MMMs(Meta). 163.
CAXTADL'xcs. Gaule, 138. C/Mnf<ï:~o)i. mont. Côte-d'Or,
Ca;;t<<dëp. France; Almeria,147. 135. n. 2.
cantal « s'rosse pierre M, catalan, C/ta!K<ejE!<')'e, Mayenne. 153,n.l.
13~. 160.
C<!K<<pedt'a. SaJamanca. 133. C/tat~eroe, Haute-Loire, 183, l(i0.
CANTALOX, inscript. gaul.,133-137. c/<aK<!Hs« brique », Centre, 154.
CAXTALUCIA, 160, n. C/«!fMHdM)t.l33.
ca)t<am!t))<'« grosse pierre », ca- C<n!a~aKt!a, Sptugu. 97.
labr., 123. Cu*OM.Ligurie. 162. n. 2.
CAKTAptA,Gaule, 138. CLL-xiACeltib. CPline). 137.
*CAXTA-ptCA.j.C/MMtepie, 160. n. C~ostra<, Saj'daigne, 136,163.
CAXTARA,111,n. 2,14S. colostri « houx. », Sardaigae.i36.
cantarel « tas de pi&rres », pro- COLOSTRL'M. t37, n. 1.
venç., 153. Com)?ia~a, Cappadocie, 17i, n.
CAXTARELA (X[[I~S.). Alpes du CoxGEDina~MiM(Martiat), 162:
Ga~'da, 134. coKRcm's (Pline), 99, 123, n. 1.
Ca)t~)'en!a, Sestri Poncnte, 133. Co)'sa~(!.Cappadoeie,171,n.
C<!)t<f!)'fna,Voltri, 133. Co)'M«a,Gaiice. 137.
C<M<a7'OM,~iee. 133. costighe « érable », Sardaigne,
c<:):teHa « angle d'un mur », 131-132.
Savoie. 134. Costighcdu, Sardaigne, 132.
i~DEX 179

Crc~ Go?:da, Grisons, 107. GALLus.l29,n.t.


CuLUMA(CIL II, S238), 137. "ŒK-~s'oTo; Y~j(Hcsichius), 107-
CUMALUA rT<!&.Ve~.), '138. i09.
CuMELius(CIL II, 2639), 138. r/ana Ticino; Trentino, 96, 108.
CL'MEME, étrusque,d38,n. Ganac, torrent, Ariece,i03.
cuxtcun's (P)inp). 99. Gand, Flandres, 112."
CCPPA,-H9. GAXDA (tx* s.), Flandres, tt2.
~aMda«ébou!ement du terrain »,
*nAt!BOXE«taupe)),H9. Alpes, 93-98, 102-d 05,'t08-tt3.
Darboussèdes, Var, -t50. Gancla, Alpes et Puvs Basque,
[)A)<pL's(PoIemiusSiIvius),149. t03.
Aoj6xoK,Phrygie,'I26,n.'2. f:AXDADL\ (Pline), 98, 98, t23-~8,
Dt;)t[L's/!ti!M~-t34,138. Gandaillc, fleuve, Lot-et-Garonne,
103.
-EL-, 473. GAXDAXC Ça.1220), Rhénanie, H3.
jE~ma, Pays Basque, 464, n. 2. ~Mttf~ra « terre inculte », Galice,
Elorrbe, Pays Basque, 126, n. 'i02-i07.
elorri «épine », basque, '136, n.'2. G~K~ara~ Santander, t06.
c~aur-dt'acla noyel'aie'), bas- Gsndaran, Pays Basque, 103.
que, ~63. Gandasso, Aipi Orobie, t06.
-EMA, 153. GANDAvuM cas<t'M)K,Ftandres, 112,
e~ct~-e~ara « hirondeDe )'. bas- '146.
que, 433. gandel-bcere « airelle », Souabe,
-EN(x)A, '172. 113.
.<ërahie)),H9-'t32. Gander, affl. de ia Moselle, 'H'I.
erreka « ravin », basque, 't24. GAXDE~A(a. 9S7), portua., 'tt0,
-ESA.i67-t7d. n.3.
ESAXEKOTf. inscript. Briona, 'iS8. Gatto'er/te!~ Rhénanie, tt3.
n.f. f/a)!c!o « creusement du terrain»,
Erisa, Corse, 169, n. 5. Caucase, 'i-i5.
Gando, Pays Basque, 103.
FALAE,étrusque, 40, n. 3. ~a;)6!o<<!« fossé d'une route »,
Falesa. Corse, 169, n. 5. Pyrénées-Orient., HO.
FAOSA-FAUtsSA, étrusque, 169. t/a!:do)' « crête », basque, 't2T.
GaodofeM, torrent, Como, HO,
Gc6<SK~~o « arroyo », Pyrénées. t37.
142, n. GAXDRA(a.768),Heuve.'m.
GAHARus.Pyrénées, 141-144. GaHdrta, Lugano, 97, ')4S, n.
Gf:6f!s. Pyrénées, 142. n. Ga)td)'on, torrent, afn.del'Ar-
CABELLL-s (Pline), Alpes, 141-144. dèche,HO,i45.
gabi « ruisseau », Pyrénées, 141- gandura « hieblG basque, -128.
144. GAXGADtA (Pline), 98. -t23-'t28.
;)«&<<'ait'eHe", basque, 138. ~tna « terre inculte », France
G<:6:)fa « arroyo », Pays Basque, du Midi, 107-109.
14- Ganna ~Verc,Alpi Lepontine.'i07.
:/f7/'Ktorrent », A)pes, 141-144. GAx(x)ApiA,j. Got~ep, Limburg,
Gagnola, Mesocco, 97. t60.
~a:):dor « pic de montagne". Ga?:)!arM)!fe, Val Bavona, 97.
basque, lo7,n.l. ~aMf«gtabretum », Suisse allem.,
Galbissa, Sardaigne, 170. '96,-t08.
180 INDEX

GANTUKAs (CIL, XIII), Rhénanie, HALSCOX[S,J.gK~101.


1S8. Harriaga « sax.etum », Pays Bas-
Va! Maggia, 96, n. que, 172.
gao « ruisseau )), Pyrénées, 141- HELEpus/!M!Ms (Avieni), 163.
144. «hieMcB, 128-132.
GsscoKs. nom de peuple, 101. « houx », 136-138.
~astf<7N!)'« érable », basque, 128-
f32. -IDA, 162.
~cMMa « myrtille d'ours », La 'IBou6Eo<x opo; (Strabo), 162.
Bureba, 129. MMzM-M'MzAt« soleil », basque,
Ga!s)'Kte, Alpes, 142-144. 133.
GaM de PaM, Pyrënees, l.H-144. !j)w « sec », basque, 130.
GA\A BuRMtXA,Alpes, Bormio, -iGi, 171, n. 1.
141-144. iLEx, 136-138.
GAviAscHO.Alpes, 141-144. Iliberri « ville neuve », basque,
~afMM « ruisseau », Apennins, 137.
14~144. "IX[M;, 169.
Sraro « ruisseau B, Pyrénées, 141- Illurdi « montagne pleine de
144. neige », Pays Basque, 163.
G<tuo)')'a;:o,Apennins, 141-144. 'I~p.KpaSo{,Thrace, 16~, n. 2.
~at/Mda « myrtille d'ours B, Val- MMrra « bruyère », basque, 126,
tellina, 129. 128.
Gennep, Limburg, 160. indar force'), basque, 124.
ghinda « cerise sauvage B, Nuoro, "IvSctpK'N!XCtVM'/ Kd).[;,124.
Sard., i26-12T. indarka « par force », basque, 124.
ghinié, Tarn-et-Gar., 127, n. IKDERCA. Aquit. (CIL n, 257), 124.
~tnarra « bruTère », basque, 126, ingar « force », basque, 124.
n. 1,128. ttt~M~a-tK~Mra, basque, 133.
ginda « cerise aigre », basque, iri « ville », basque, 166.
t26. Irimo n localité de mont. près de
Gindapea, Pays Basque, 126. )a ville », Pays Basque, 166.
~!)K&:n'a « bruyère basque, lRDNTiK-It'u~t&, espagnol, 146.
126. trusM « soleil », basque, 133.
<j;Mt~<! « cerise aigre », basque, -issA, 167-171.
126. iTURtssAVascon. (Ptol.), 167.
« glaretum », 163. t~rr: « source », basque, 166.
f~o~osh't« houx », Sardaigne, 136- Iturrime « localité de la source »,
)38. Pays Basque », 166.
~o~da, yMMffa,Engadine, 96. HMK<:a« )a sapinière'),basque, 163.
Gorostegi, Pays Basque, 136.
~ot'ost: « houx M,basque, 136-138. *KABA« torrent de montagne »,
Gorostidi, Pays Basque, 136, 163. 141,161..
Gorostissa, Labourd, 171. kabasdn « pequeno rio », Ibérie,
GrfM~a, Menaggio, 14o, n. -J42-144.
~)')t6:pf)?: « framboise », Lom- As&orAo« afiuente de los pequenos
bardie,139. rios », Ibérie, 142-144.
GUtXDOLUM (a. 1430), 127, n. Kafuerg, Alpes, 143, n.
GcMALLAx(u)s(Tab. re~.), 138. *KALA« flanc ravine d'une mon-
j?Mpe/« tonneau », basque, 129. tagne)),161.
HABtA(Columelle), 129, n. 1. /M~snA<!« ravin x, 116, n.
INDEX 181

kalannu « creusement du ter- Louzame, La Coruna, 164, n. 3.


rain », Caucase, ~5,'H6,n. -MA,'t64-t67.
kalava « creusement du terrain », mal « montagne ». Ba]kans, 46t.
Caucase,')d3.~t6,n. *MALA« montagne N, 151.
KfivoctpK,Asie Mineure, H4, US. ma~ « rocher n, Pyrénées, 151.
A'a/tdarai~. Pays Basque, 153, n. AfaHos de Riglos, Pvrénëes, 151,
Kct~scŒ, Carie, d)5. n. 6.
Kancler, cours d'eau, Baden, 'Hi, MALODES mons (Avieni), 163.
RaMdet'~rMK, Berner-OberIand, MALustxus mots~ 152. n.
Hi. mandaburu « variété de pomme)),
KKv5:Sx,Thrace, -114. basque, 134, n.
Kx'<oc:<x,Phrygie, -t'i4, ')4S. mandaka « variété de pomme »,
Kx\)uSŒ'Kd/Aux'a:ttS. basque,134,n.
KAXTA,inscript. Kovare, 4S6. )KandaAo « muleton », basque,
kantal « grosse pierre )), basque, 134, n.
'152. Ma~do « mulet », basque, 134, n.
xs[-Evm, inscript. Gaule,'io4-t57. mandoros « pomme de terre »,
KAXTHUS (xot'/6o;)« jante B (Quinti- H.-Pyrën., 133, n. 3.
Iien),154.n.3. MotV':otAO;-MxvSa).o;. 148.
Ast~dM «gazon dans les rochers », MANTfSA-MAXTISSA, étrusque, 169.
Atpes,d5T.n.l. MARGiLAK marne )), gau! 171.
*KAR(R)A « pierre », -t6i. *MAR(R)A « t'avin », 161.
kasko « gravier », basque, 401. MASsixissA,Afrique, 170.
<to?'os(~ « houx ». souletin. 136. MEDiocAXTus,Gaule, 188.
K[DE[,inscript.AtcoY.'i6' MELEXApodttftK, 153, n., 153, n.
Kolostrin, Pays Basque, '137, a. 3. MELLO-« colline », gaulois, 151.
Korostsdo! Pays Basque. i37.n. 3. MEMBRESSA, Afrique, 170.
korosti « houx ». basque, 136-138. mendi « montagne basque,
kvisa « lapideus ». géorgien, 169, 147,168.
n.H. AfeMdta, mont. Pays Basque, 143,
147,168.
La Ga~n)f, Limousin, Auver- ;UeKdi'6e « sous la montagne »,
gne,-108. Pays Basque, 136.
~Mea Klitd'untorren) M,Atpes~6't. MEXDiccLEjA.ne)'g' 147.
.\tm3a-Aa?!Œ'j<x,'t69. MEXDtOKDO (xm~ s.), PaysBasque,
LASTfGt(P)ine).Ibër.?'t,n.'i. 147.168.
Lavin de la Gan~ara. Santander. MEXTESA (Pline), Ibér., 147, 168.
106. Mer~Kmarne)). basque, 171, n.
I.<!U;«er de la Gonda, Grisons. 97. MERLES,j. ~:r~ UrgeH, 171, n.
106. ~ong't6eMo, 1S3.
legor terre sèctte)!. basque. i72. .Uo~~sa, Yaleneia, 168.
Le:aw<:t<endroit prcsdei'abime ~OMtO)'UoKf/Of! 146.
Pays Basque. 166. mM~<:« borne », basque, 143. n.
L~orra~ct, Pays Basque, i7i!. .~it~tca.. Pays Basque, 143, n.
L.mtCAKTus,j.Larc/tft)t<t38.n3. ~Ktfdo~oft, Pays Basque, 143, n.
Ltss<!t'di "iresnaieB, Pavs Bas- MKxo « colline basque, 142, n.
que, 437, n. 2.-t63. MuTMto:. Thrace, 162. n. 3.
Lt.:6!rra<y<!« iraxinetum », P:)vs
Basque, f7i. *xAMA« plateau serré entre des
i-OKAX«tombe)', 156. montagnes ». 161.
t82 INDEX
))s6f:r)':«« lieu pierreux », basque, peloce « fruit du prunellier »,
168,n. 3. anc. franç., 138, n. 3.
~ABRissA,Ibérie, 168, n. 3. PExrovfus (CIL, II, 6338A-), 133,
KEMAXTURtSSA, 168, n. 3. n.2.
PsEMATun;« gens Liguriae » (CIL, ~spxvo;« saumon », lof, n. 2.
V, 7817), 168, n. 3. PERR-« mouton », 139, n.
Pic de Bttt'at « pics des Pyré-
OcAayauM, Navarre, 143, u. nées 141.
og'r:Ho « prunellier », provenç., pierre », 1SS.
139,n. Piz de las Palas, Grisons, 141.
ÛLOXTM!.Iber., 171, n.l. P<om6 du Cantal, 15S, n. 2.
-ondo, 143, n. PLPLIS,Ibér., 134.
-OKm,17' Poggimele, Val d'Arno, 1S2, n.
oroldio « mousse ». basque, 138, PORCOBERA (Sent..MtHKC.).,j. Pol-
137.n. cepera, 187.
Othegi « lieu couvert d'ajoncs », POMKOS « saumon », 187.
Pays Basque, 137, n. 2. Po'ttHa de la Ca~tda, Sanâbria,
107.
PALA « pierre sépulcrale », in- PoTEXTiA,Liguria, Picenum, Lu-
script. lépont., 186. cania, etc., 128, n. 3.
pa~a « pic de montagne », Alpes, potol; « ruisseau », slave, 1S3.
139-)41,186,161. PRECRABOS,163,n. 2.
Pala, mont. Grisons et Dolomites « prunellier », 138-139.
deFassa, 139-141. « Pt'uxtM spinosa L. », 139, n.
~)aheM)'na « pépite d'or (Pline), Puerto de CandaK~tu, Pyrénées,
99. 107.
Paladimoiiti-. Sardaigne ,140, n.3. PULLUGAS (Vita Columbani), 138,
pALAGA« pépite d'or )' (Pline), 99. n.3).
Pa!nxM, mont. Val Sesia, 140, Punta P<t/<ït,Sardaigne, 141.
144. p)fs{ « désert », slave, 170.
Pa~stM, mont. Lazio, 140. 'PUSTA (-ARA) K pâturage ? (?),
Palanuda, Calabria, 141. n. 170.
Palaperto, mont. Basilicata, 141, n. pMstKMMa« argile », Pyr.-Orient.,
Palasco, Corse, 140. 171, n.
Paj'ss<rc. mont. Hautes-Aipes. PcsTRissA,j. Pt;s{eri'< Alpes, 170.
140.
Palena, Apennins, 141, n. ~Mc/yo « une sorte de chêne »,
Pales de BMt'at « pies des Pyré- espagnol, 130-13'3.
nées'), 140-141. "QCERCUSN,131.
nc(/(Ptot.),Corsp,140,n.3.
palofra « fruit du prunellier », ?'ec « ravin », provenc., Hl.
Savoie, 138, n. 3. rin « ruisseau », Alpes, 183. n.
t'ALucA « pépite d'or (Pline), Rio de la G&?tda)'s, Santander,
99,134. lOC.
Paluca, Sardaisne, 140. Rio Patoceo, Fclla, 153, n.
;M/!fO{/a,«prunelle Grisons, 138. Rio Rt'K9'M«, Piave, 183, n.
n. 3. RtMpacA,Fyroi. 113, 183, n.
PARR-« mouton », 139. n. ~oc/te au Diable, 159, n.
-pc. basque,126. jRoeMKttMK (Aocctsmf'/oo<'),183. n.
PELEXDOXES Iberiac, 134. Roia, Sardaigne, 122, n. 2.
)KDE.\ 183

~o.:<7"cann!cd'acqua)). )omb., ÏALAMtXAJ&O'MC,150.


123,n.l. Talana, Sardaigne. St.
*f(L-GtA.122-133. T~t/ar, Asie Mineure, 151.
TALARExsES(PHne), [5t.
.Sa6a~a,Cappudocie, 17), n. I. TG(~M:'c( (Steph. !!vx.), -[5t.
Sadaga, Cappadocie, 171, n. 't. TALARL-s(P)ine). 151.
S~s'arfono'o « pommier ,), Pays r«~a.sa!,Sardaigne, 151.
Basque. 142, n. Talasani, Corse, 151.
'SALA«terrain marécageux B,t6t. TALAStL'S-Ax).ac' lot.
SALARIA.')S9,n.-t. Talava, Sardaigne, 15t.
TALAvus Iberiae, t50.
SALT[cfI6e!'Me.7't,n.t.
San Estéban del .Ue:<. Pyrénées, <a<a.cterre grasse géorgien.
i5't,n.6. t5t.
Saraha~ra « saticetum », Pays TALAXAxo
(a. 977). Cataiognp,
Basque, i'?l. 15t.
SAïusA-SARtSSA. étrusque, '169. t51, n. 3.
ÏALOKIUS,
SASADisLt(y!<t'Me,'t62,n.2. TALORtIberiae, 130.
Sa~s6acA,Ste)vio,'I39,n.'t. TALpA« taupe », 149-i5'2.
SAVADios,Thrace, 162. n. 2. TALptus (Fabretti), 150.
ScALAD~s,H)vr.. 162, n. 2. TAU'oxAt'<s (Pline), 149-152.
l:Sx (PtoL), -162. TALPONE-*DARBOXE « taupe 449.
SEGisAMATaceaM~ 125, n. 3. TALpoxtus (CIL, V, 2512), 150.
SEGOBMFGA Celtib., 125, n. 3. TALSCOXIS ~ÇM!'< lOt, n.
SEfioucxuM ~~tenor..4gM:< 125. TALsi(CJL, 111, 3U<1). 151, n. 3.
n. 3. TALunuM(Pline), 99. 150.
SEGOVELLACXI.125, n. 3. Tamame, Pays Basque, 164, n. 2.
SEf.oviA Arevac., 125. n. 3. Tarascon, 101, n.
SEGL-TiLL-M (Pline), 99. TARuscoxtEXSES(Pline), 101, n.
StCAXus/!u!'itM26~t':se,125. TARBoxfA(CIL, XI, 1147). 150.
~tXX'/Y,'T:0/ 'jcT]p!a;, 125. fosca; « terre gazonnëe », ane.
S'<xvo:(SlCAXf).125. provenç., 102.
SiKÈLES. 125. TASCASECERRtS(CIL, II, 2067),
SOPtXAf/0)'g)'<Mf.lSO. 102. n.
Sotenissa, Sardaisne. 170. TAscuDuxt A'a?'6. (Pline), 101. n.
SpEuiDfc'.Ml«t/r.,162,n.2. TASCOXEM /!«f<:t?K (.4e<o Sa~ct.),
spJ'Œ)Ut~cIair:).b)'et..lll,n.2. )00.
*SPLEXDCS(sPLEXO[Drs). 111. n. 2. TAScoxiuM(Pline), 79, 100-102.
S<<)i6<!e/t, 159. tasko « terre gazonnée », Béarn,
STH!GfLES(Ptin(-),9U. 101.
S;'6!K]ieudnpontN, Pays « taupe 149-152.
Basque. n9.n. 3. TELLUS,151.
SL't'xi, étrusque, 150. TeAU-t~OO;. 159.
7'MCOH.fl., Toulouse, 100.
Txox K rocher '), 161. y/'M~dot-y. 113, 153.
*TALA« terre ». 150. 161. 'r:Min~M, Sardaigne, 162.
T(:<<t,Corse.i51. tosca K argile blanche », basque,
TALABAt!A76<'r~e.l5(). 10t.
TALADtL's16et'iae. 150. 'T)'a/)o~)M;.150.
~a~aA'tK terre crusse x.Caucase. <r(MA(!.basque, 101.
151. T'tt/'tMsser, 150, n. 1.
184 INDEX

TULEBOXEM accus. (S<*K<.MtHMC.)., -uR(tt)A, 172.


162, n. [7)'M<:tM,Valladolid, 100.
TULELASCA (Sent. MMMc.), 162, n. UxAMAIberiae, 164,.n. 2..
TuMUMN., 134,138. UxELLODUNUM, Gaule, 164, n. 2.

-UBA,172. VAScoxES(Pline), 101.


Ulzama, Navai'ra, 164, n. 2. VERNAPtA « eau des aunes »,
upel « tonneau », basque, 129. Gaule, 189.
ur « eau », basque, 100, 19S. VERNODUBRUM « eau des aunes »,
URA yons (CIL, XII, 3076), 100. Gaule, 1S9.
urandi « rivière N, basque, 100. YtKDAscA(iv~ s.), j. Venasque,
urbegi « source )), basque, 100. 158, n. 2.
URGiBaetic. OXpx:,146, n. 1. VixDins, 1S8, n. 9.
urgorri « eau minérale », bas- VINDUPALErtfO (S6Ht. ;)fMMC.),
que, 100. 187.
U~orrteta;, ruiss., Pays Basque, VINILLA(CIL, XtH, S431), 188,
100. n.2.
Uf!. ruiss., Basses-Pyrënëes, 100. Yixius (CIL, XII, 3381), 1S8,
nmuM (Pline), 76, 108. n.9.
UtilUM Baettc. (Pline), 100. ViNNOxiA(CIL, XIII, T079), 158,
Urlo, ruiss., Basses-Pyrénées, 100. n.2.
UfMa, ruiss., Basses-Pyrënêes,
100,166. Zegama, Pays Basque, 164, n. 2.

VittoriO BERTOLDI.
SUR DEUX QUESTIONS DE PRINCIPE

Dans un compte-rendu des publications de M""Homburger


qu'a publié M.Klingenheben. Zeitschrift für Eingeborenen-
.s~'cc~ï, XX, 4 (juillet 1930), on lit les affirmations
suivantes
i. P. 313 et suiv. « \Ver glaubt dass wirkiiche, leben-
dige Sprachen einem Urzustand entstammen in dem sich
ihre Elemente kristallisieren um Einzellaute, Yokale und
Konsonanten, mit mystischer, ungreifbarer, abstrakter
Bedeutung, der mag auch Fraülein Dr. Homburger wenig-
stens prinzipiell zustimmen. Mir ist dieser Glaube nicht
geschenkt. »
2. Les langues africaines offrent des degrés de dévelop-
pement diiTérents. Si certaines ont derrière elles un dévelop-
pement plus ou moins long, d'autres offrent un type pri-
mitif (« ein Teil steht zweifellos noch in einer recht
jugendiichen, verhiutnissmassig ursprunglichen Phase der
EnhvickJung »). Ceci rend inadmissible qu'elles soient
issues d'une vieille langue de civilisation telle que l'égyptien.
Abstraction faite du cas particulier qu'elles visent on
ne se propose pas de l'examiner ici ces deux affirma-
tions sont instructives parce qu'elles expriment des doc-
trines qui ne sont pas particulières à l'auteur.

La première, dont la rédaction plus tranchante que nette


s'éclaire par l'objet auquel elle est appliquée, tend à exclure
le procédé qui consiste à établir les parentés de langues
par le rapprochement de caractéristiques linguistiques telles
que des affixes ou des mots.
M. Klingenheben s'est fait une idée singulière de la
grammaire comparée les éléments que rapprochent les
comparatistes n'ont rien ni de mystique, ni d'abstrait ils
i86 A. MEILLET

sont aisés à saisir. Ce sont ceux que manie, pour quelque


langue que ce soit, tout grammairien quand il décrit une
tangue. L'indo-européen qu'envisage le comparatiste est
une langue qui a ses singularités, mais comme toute autre
langue. Quelque langue qu'on étudie, du présent ou du
passé, attestée ou supposée, il faut en déterminer la struc-
ture et en formuler les règles. On a souvent reproché aux
comparatistes leur « positivisme a.
C'est par la comparaison de pareils éléments qu'ont été
établies toutes les parentés de langues qui sont démon-
trées, notamment en Afrique la parenté des parlers ban-
tous entre eux, et il ne semble pas qu'on puisse trouver
aucun autre système ayant une rigueur.
Il va de soi que le procédé comparatif ne comporte pas
examen du génie de chaque langue et qu'il consiste unique-
ment à déterminer si des concordances données dans l'em-
ploi de certains éléments linguistiques sont fortuites ou
non, quelles que soient Ies_différences de structure qui,
avec le temps et suivant les circonstances, se sont pro-
duites dans les langues considérées, et si profondes que
soient ces différences.
La méthode est délicate à manier, et d'autant plus déli-
cate que les langues étudiées usent de moyens plus simples
et comportent moins d'anomalies; c'est affaire de tact, comme
toujours en matière d'histoire. Mais là où elle est impossible
à employer; il faut renoncer à faire l'histoire de la langue.
Bien entendu, deux langues qui continuent une même
langue antérieure on emploie ici le mot langue au sens
exact qu'a défini F. de Saussure peuvent avoir pris au
cours du temps des types distincts l'arménien, par exemple,
est une langue d'un type autre que le grec ancien ou le
sanskrit. Cela n'empêche pas l'arménien'd'être une langue
indo-européenne, c'est-à-dire de se relier à l'indo-européen
par une tradition continue le mot parenté n'a pas d'autre
sens: il comporte d'ordinaire une plus ou moins grande
communauté de types mais il n'en implique nécessaire-
ment aucune.
Plus cette définition est deven ue précise, plus l'établisse-
SUR DEUX QCESTIOXS DE PRTXCIPE )87

ment des parentés a répugne à certains linguistes. Il serait


intéressant de voir ce que l'on veut mettre à la place.
Le scepticisme est du reste devenu fréquent, surtout chez
des linguistes allemands, à l'endroit de la méthode compa-
rative. Ce scepticisme est naturellement discret chez le
linguiste qui s'occupe de langues indo-européennes la
méthode comparative y a donné de tels résultats que des
doutes sérieux ne peuvent s'élever. Mais là où le linguiste,
se trouvant en présence de langues à morphologies régulières,
ne dispose pas des anomalies dont le rapprochement rend
évidente la parenté des langues indo-européennes entre elles,
et où, par suite, la méthode comparative est malaisée à
employer et aboutit a des résultats moins immédiatement
frappants, on conçoit que des hommes pas encore habitués
à une méthode comparative de précision, se laissent aller
a des doutes. C'est dire qu'ils renoncent implicitement à
faire l'histoire des langues qu'ils étudient.

Quant à la seconde affirmation, elle comporte l'idée que


certaines langues actuellement employées en Afrique
ou ailleurs seraient d'un type '<primitif ». On aimerait
savoir à quoi se reconnait un type « primitif)). Tant que
des précisions n'auront pas été fournies à ce sujet, on ne
pourra voir dans le départ indiqué qu'une chimère qui
échappe à la discussion. Il faudra dire ce que signifie l'amr-
mation que certaines langues seraient à un stade de déve-
loppement diu'érent de celui de certaines autres abstrac-
tion faite du vocabulaire et des complications de syntaxe
résultant du niveau de civilisation.

Ma paru bon de mettre en évidence les idées critiquées


ici. Car il n'est pas douteux que nombre de linguistes les
professent plus ou moins consciemment. En les formulant
tant bien que mal. M. Klingenheben a rendu service. t)
faudra prendre position; alors on verra si la linguistique
historique gardera sa rigueur ou si elle se perdra dans les
nuages, et s'il y faut renoncer.
A. MEILLET.
LES CAS EMPLOYÉS A L'INFINITIF
EN INDO-EUROPEEN

On s'accorde à donner au locatif une large place dans les


origines de l'infmitif des langues indo-européennes, et en
particulier de l'infinitif latin et de l'infinitif grec. Comme les
théoriciens de l'indo-européen ont coutume de s'attacher
plus aux formes qu'à leur sens et à leur emploi, on ne s'est
pas arrêté à cette difficulté que le locatif se prête mal à
expliquer les usages qui sont faits de l'infinitif. Pourtant, il
suffisait de parcourir la Vedische Syntax de Delbruck pour
voir que, dans la seule langue où l'on observe clairement
d'anciens emplois de l'infinitif, le locatif ne figure pas; si
l'on attribue au locatif les quelques formes védiques en-sani,
ce n'est que parce que i est en sanskrit la caractéristique
du locatif singulier dans aucun des passages, malgré
l'apparence de la forme, une valeur de locatif n'est sensible.
Quant aux exemples tels que véd. usdso ~M<a%! RV, I,
i3'7.2, on n'y saurait, à proprement parler, voir des infini-
tifs il s'agit de simples noms d'action.
Assurément, il est naturel de rapprocher véd. ~t~e de
lat. MtMe~e. Car il ne s'agit pas d'une ressemblance fortuite
l'infinitif indo-iranien du type de véd. ~'tu~e et l'infinitif
latin en -ere se comportent d'une même manière.
Il y a deux procédés différents certains types d'Infinitifs
védiques se rattachent à la racine, ainsi ceux en -tum, -~o/z,
-&e et ceux en -~M/e d'autres admettent d'être rattachés à
des thèmes verbaux, surtout à des thèmes de présents, ainsi
ceux en -<Me(-ase) et en -dhyai. Cette distinction est de date
indo-européenne; non seulement elle est nette en indo-ira-
nien, mais elle se retrouve plus nette encore en latin les
infinitifs en -se sont formés sur des thèmes verbaux scindere,
LES CAS EMPLOYÉS A L <NFtN[T[F EX iKDO-EUROPËEX i89

.?<c!c~.MC, tandis que les infinitifs en -tum et -<Mt(-~M), qu'on


connaît sous le nom de supins, sont bâtis sur des racines
.~CM~M~.scissui (.ycM~T). Or, chose remarquable, les inEni-
tifs qui reposent sur des racines comportent une flexion du
type en le védique a plusieurs cas: ace. -~m, gén. abl.
/o~. dat. -~aue: ~aM~o~ et~a~~<xue,ar/MM:et~?~G'ue, etc.
Au contraire, les infinitifs atltématiques qui admettent d'être
formés sur un thème verbal n'ont en général qu'une forme,
celle du datif. Du type en -<M-, on n'a ainsi que le datif
en védique: jUM~/a~e d'un type comparable à celui de lat.
6'c~o:o, ca~oc~c et /a'6'c d un type comparable à lat. ~c!'?!</o,
.c~t/c~e; les gath~sde l'Avesta ont de même, d'un présent
a suHixe nasal, uo~MM/M, cf. le type latin /y!e/*e; d'un cau-
satif..9r<!UC'yeM. cf. le type lat. monère; d'un aoriste à
redoublement, L'oocaM/M,cf. le type lat sistere. Un infinitif
iat.H~'e est bàti sur le thème de ~~M, et il ne comporte
qu'une forme un infinitif (dit supin) ~e~MM! est bâti sur
la racine, et comporte une flexion ~M'<M< (~eK~M). Le
contraste entre un infinitif d'M/~c~MM (le cas de l'infinitif
de ~oe/ec~M! actif est sans doute secondaire) et un infini-
tif radical, dit supin, est donc net.
Or, ce n'est pas un hasard que l'infinit.if lat. /!°/~e (de
*/er.s-c) appartient au présent de la racine d'aspect « indé-
terminé », de /e/'o. qui n!- fournit qu'un présent tandis que
/<7~7K appartient a la racine d'aspect « déterminé )', de
~M/ qui a fourni un aoriste et un parfait. Cette dis-
tinction, sur laquelle on n'a guère insisté, a une portée
pour la théorie de l'infinitif.
Incidemment, on notera que l'infinitif médio-passif du
t\'pe lat. agi repose sur une forme de datif, comparable à
véd. c~'p~, type qui comporte en védique toute une flexion,
ainsi véd. ~(7~-«r/~o/?< (ace.) et Muo-pf«/<7~ (gén. abl.).
tandis que les infinitifs des verbes dérivés latins sont en
"9e! ai~icipi,
e'~7?" Mon~'?,
monèi,i, /«/ etc. Ces formes
loi-itic,; ont pu contri-
contr»
buer a faire s'énéraliser au médio-passif le type en-e~'(lat.
class. -').
Sans doute les'intinitiis du type thématique, qui tous
appartiennent a des thèmes de présent, ont une flexion
190 A. MEtLLET

régulière. C'est ce qui se produit dans les gérondifs latins:


c<2/x'e?M~M?M, capiendi, capiendô, à côté de la forme parti-
cipiale capiendus, dans les infinitifs arméniens complète-
ment fléchis tels que berel « porter », (acc.-loc.), bereloy
(gén.-dat.-abl.), berelov (instr.) à côté du participe bereal
(gén.-dat.-abl. ~ere/oy), et dans l'infinitif germanique où
le germanique occidental a conservé les traces d'une décli-
naison. Mais les formes thématiques de ce genre sont d'un
type tout autre que celui de lat. uiuere, et il n'y a pas lieu
d'en faire état dans la présente discussion.
Ces considérations amènent à chercher dans le type
latin M~Mc?'e, non un locatif, qui serait sans analogue, mais
un datif.
En effet la doctrine d'après laquelle la désinence indo-
européenne du datif singulier serait en *-ai ne repose sur
aucun fait positif. Le type grec -p.~Mest un doublet de -~v,
et rien n'oblige à y reconnaître un ancien datif gr. ~x~
n'a pas le sens du datif; du reste on peut rattacher la forme à
un thème /:xp.x-.Là où l'on a en grec un datif à diphtongue,
il est en on connaît Atfe~Aoc qui est attesté à Cypre.
En italique, la forme"ancienne du datif était -pï: osq.
Diuve), v. lat. regei (v. Solmsen, ~tZ, xuv, ~61 et suiv.).
L'existence d'un datif en -ei est confirmée par la forme où
le vieux prussien a conservé des correspondants de lat. -tUi,
-? et véd. -lave, à savoir les infinitifs en -twei (sur la ques-
tion d'une désinence *-c< de datif, v. Stolz-M. Leumann,
Lat. G~'6!M!nz.°, p. 271, où l'on trouvera la bibliographie).
M. Benveniste me signale que la désinence du datif singulier
hittite est -i, sans trace d'une diphtongue.
De même que. en face des deux désinences *&?; *-<M, du
génitif-ablatif; on a on doit, en face de la désinence du
datif *-e! trouver *-i. Et, en effet, on ne saurait expliquer
sans cette hypothèse ni l'emploi de -i pour l'instrumental
et le datif dans des formes telles que gr. 7:x-:pt,ni les formes
germaniques correspondantes, telles que got. attin. Si ~x-pt
était un ancien locatif, on ne voit pas comment il aurait pris
la valeur de datif ces deux cas n'ont à peu près rien de
commun. Enseignée dans mon Introduction depuis la 2° édi-
LES CAS EMPLOYÉS A L')NF:MT[F EX IKDO-EUROPËEK 191

tion (1908), cette doctrine est fondée sur des faits cer-
tains. Seul, le conservatisme tenace de Brugmann, qui a
maintenu dans la dernière édition du Grundriss la doctrine
de la désinence *-ai au datif, a sans doute empêché certains
comparatistes de se rendre à l'évidence des données.
L'infinitif baltique fournit du reste des témoignages déci-
sifs comme on le voit dans l'exposé de M. Endzelin,
/.e~Mc~e Grammatik, p. 708 et suiv., le letto-lituanien a
connu deux formes de la caractéristique de l'infinitif: *-tie
(intoné rude), d'où- avec-final stable, et *(avec ancien
i bref final donc sujet à s'amuir), toutes deux devant appar-
tenir à un thème cn*et représentant dès lors l'une *-?: et
l'autre *-ti. Le -ti del'infinitif slave, intoné rude, reposerait
sur *-& H y aurait donc eu, au datif, une forme en *de
la désinence. D'autre part. M. Endzelin, loc. cit., p. 710,
rappelle avec raison les datifs lituaniens du xvi" siècle, tels
quepiemeni, t/M/f~r! avec ancien bref.
Dès lors, entre l'infinitif véd. y:u~~e et l'infinitif lat.
?/:t<ere,il n'y a qu'une différence de degré vocalique de la
désinence: *-ei (ou *-oi, dont on n'a pas de témoignage sûr,
mais qui n'est pas exclu) dans véd. ~UM~c.et *-i dans lat.
uiuere. La forme qui répondrai) au *e du lat MtMc~cserait
en védique *M.
Peut-être y a-t-il, en védique, trace de cette forme. Car le
RgVeda comprend une série de formes en -si, à valeur
d'impératifs, qui, au point de vue indien sont senties
comme des formes personnelles puisqu'elles sont toniques
ou atones suivant les règles habituelles, mais qui sont indé-
pendantes de tout thème verbal et qui s'expliqueraient
bien comme d'anciens infinitifs en -si, ainsi, RY m, 13,3.
ua~o nési ca ~a~! ca.

Même abstraction faite de cette possibilité on indique


une hypothèse, on n'affirme pas–, il y a, dans le RgYeda,
des infinitifs où la désinence de datif -i à vocalisme zéro
subsiste; c'est le type en -sani. Comme les infinitifs en -.M:M2
dont on a huit exemples n'ont pas une désinence de datif
perceptible en sanskrit, la valeur de datif y est peu sensible
t92 A. MËtLLET

mais c'est le datif qui rend le mieux compte de l'emploi,


ainsi RV, iv, 37,7:
vi ??ou~ /M~aMaA
jo~ac citana ya~aue
sa~ixya~ifM~
<xs??:<x~~yc'?K
UtpU~~p~ ~~CMÏ.
Il faut remarquer dans cette strophe le parallélisme de
~a.f~aueet de ~~HM. Si le datif en -i a survécu ici, c'est
que, le type en -san- n'ayant pas survécu par ailleurs, ces
formes étaient isolées.
Comme l'indique l'accusatif, les infinitifs en -~M-étaient
de genre animé skr. -<MM!, lit. -tum-, lat. -i!MMreposent
sur des accusatifs de type « animé )) (masculin-féminin).
La même observation s'applique à la plupart des infinitifs en
-.s'- sans doute on n'en a pas l'accusatif puisqu'ils font par-
tie des infinitifs qui peuvent se rattacher à des thèmes ver-
baux et que ces infinitifs n'ont d'autre cas que le datif;
mais, la place du ton dans véd. paçyase, /<iM, etc. est,
comme dans ~u~e, celle du type véd. M~N-, cf. att. eM~
(de *aM~). Ce fait est à retenir pour le caractère des
infinitifs en indo-européen.: ce ne sont pas toujours des
abstraits, mais, au moins en partie et sans doute souvent,
des noms d'action à valeur active, comme le type latin en
-O.S-de lepor, qui est masculin, et le type grec en -os de
xtCM:,qui est féminin. Les infinitifs hittites en -M'ar(-M!C!~),
gén. -M?e's(-mas) sont, au contraire, de genre neutre.
H resterait à chercher ce que peut être le -x'.des formes
grecques en -~KL,-s~on.. On n'en a de correspondants sûrs
nulle part. L'examen direct des faits grecs donnelieu à deux
remarques. D'une part, -svaH. et -~ett se comportent comme
et -jj.svet ne s'en distinguent ni par le sens ni par l'emploi;
en particulier, -!j.s~ est l'équivalent exact de -~sy il est
donc arbitraire d'y chercher deux cas distincts. En second
lieu, -x'. n'a jamais le ton, là même où le participe cor-
respondant le porte: AsXeMO~ se comporte autrement que
/E').E' on a '~vxt.en face de [M~.De ces faits il semble
résulter que -j! serait un élément accessoire, ajouté à la
LKS CAS EMPLOYÉS A L'IXF)~)TtF E~ I~DO-EL'ROPÉEX 193

forme, mais non essentiel. Or, en ce qui concerne le


védique; on ne saurait écarter l'idée que les formes telles
que ~a?!~ua!, qui ont deux tons chose exclue de l'indo-
européen comprennent un ancien infinitif plus une par-
ticule qu'on pourrait rapprocher de gr. il n'y aurait
pas deux tons s'il n'y avait pas deux mots. Atone en grec,
la particule aurait été tonique en védique. Quoi qu'il en
soit de cette hypothèse, il est gratuit de voir dans gr. -xt de
l'infinitif une ancienne désinence de datif.
A. MEILLET.
CARACTÈRE SECONDAIRE
DU TYPE THÉMATIQUE INDO-EUROPEEN

Les comparatistes mettent sur un même plan le typee


athématique et le type thématique de l'indo-européen. Ils y
ont été conduits notamment par l'examen de l'ancien indo-
iranien qui a dominé la constitution de la grammaire
comparée, et, d'une manière générale, par la considération
de la structure normale des langues indo-européennes à
l'époque historique.
C'était oublier que la grammaire comparée doit se faire
en utilisant les anomalies c'est-à-dire les survivances
bien plus que les formes régulières. Les formes qui, à date
historique, sont normales sont celles qui ont subi le plus
de réfections. Au contraire, les formes fortes et, plus encore,
les formesanomales portent témoignage d'états de langue plus
lointains donc plus une forme est anomale, plus il y a chance
qu'elle soit une survivance de l'époque de communauté
compte tenu des adaptations aux états de langue successifs
que subissent même les formes les plus anomales et, bien
entendu, en éliminant les singularités qui sont dues à des
altérations phonétiques. Les traités de grammaire comparée
ont souffert de ce que, pour la restitution de l'état initial,
l'importance attribuée aux formes normales des états de
langue historiques est trop grande.
En réalité la situation respective des deux types; athéma-
tique et thématique, diffère du tout au tout suivant la date
des états de langue considérés. M. Renou a été amené à dire
incidemment, dans <S'~Me~mcfo-~n~'ec G'e~c/ p. 161
le sanskrit a thématisé tous ses suffixes quelque peu
productifs ».
Pour les formes radicales du verbe, le type thématique
TYPE THÉMADQUE tKDO-EUKOPÉEK 195

est des deux le seul qui soit productif à date historique en


indo-iranien. Au germanique, ce type a fourni presque tous
les présents radicaux. Mais entre l'Indo-européen commun
et les premiers monuments de chacune des langues autres
que le hittite, le type athématique n'a cessé de se réduire et
le type thématique de se développer, et ceci dans les noms
comme dans les verbes.
Au premier abord, le nombre et l'exactitude des cor-
respondances donnent l'impression que des présents comme
skr.jMCGTM:v. si. ~'e~ lat. co~Mo,comme skr. !~7?Va~:?,
got. M~a, lat Mer~o,comme skr. ca~a~ hom. ~Ao~
(dor. ïEAo~t), lat. co/o, continuent des formes indo-euro-
péennes bien établies. Mais en face de skr. ~aco~?', etc.,
c'est le dérivé ~T?Mqu'a le grec, et en face de skr. M~S~
le dérivé ~e/'c/M qu'a le lituanien, et, en face de Tre~c-
[j.xt,la langue homérique a -TEX:ït. Tandis que le présent
à vocalisme plein est normal en indo-iranien, c'est le présent
à vocalisme zéro qui, au moins en certaines conditions, est
normal en slave en face de ~M~o~e« il meurt », le vieux
slave a ~Mro. La masse des formes thématiques radicales
provient de développements parallèles, non de conserva-
tion de formes indo-européennes communes.
A voir les choses de près, une large part des correspon-
dances que donne Brugmann, ~T'M/ 11~, 3, p. 116 et
suiv., pour le tvpe skr. ~)/~<x<e, etc. se dénoncent comme
résultant de développementsparallèles et indépendants. II n'y
a qu'à observer la coexistence de deux vocalismes dans
got. yz/MCM et v. isl. koma pour comprendre que ces formes
sont, l'une et l'autre, des adaptations d'un ancien type
athématique, attesté par véd. a</a?!,arm. eA'K« il est venu))
et en effet, le grec et le latin n'ont que px: MCM:5la
concordance de got. qima et de lit. ~e~!M(spécialisé au sens
de « je nais ») ne résulte pas de la continuation d'un
*p?/!0. On ne peut faire état de skr. /;6!MaM~(quin'est pas
proprement védique), de v. si. sp~p et de lit. ~e~M pour
ne rien dire de sr. M~ qui est un aoriste et poser sur ce
fondement un ancien présent athématique *y"eKe- il n y
a qu'à observer véd. /M/ï~, 3e plur. ~M?! av. jainti pour
<96 A.MEILLET
se rendre compte que tel est le présent indo-européen le
présent hittite ~Me~M,~'Me7! ~Mnc~: en a confirmé
l'antiquité mais cette confirmation était superflue pour
quiconque avait comparé gr. Os~Met lat. -/e/ï</o et constaté
que l'irlandais avait seulement l'ancien l'itératif ~o/K'7M.
Débarrassée des exemples qui ne prouvent pas, la liste de
Brugmann se réduit presque à rien.
Au contraire, chacun des présents athématiqucs de l'indo-
iranien est ancien. On ne reprendra pas ici la démon-
stration qu'il est en général facile de fournir. On rappellera
seulement que, en même temps qu'il confirmait l'antiquité
de skr. <MMM' ou ae~M, le hittite a fourni des formes nou-
velles, notamment e~M « je prends », que lat. a~M, c/?M-
cor faisait prévoir sans en fournir exactement la trace. Le
« il détruit )), 3" plur. ~MM'/H'M~~ï.a
type hittite /!a?*M!'A~:«
apporté à l'antiquité du type véd. c~MG~z, c~M</a/
jusqu'ici particulier à l'indo-iranien, la confirmation qu'on
attendait et qui d'ailleurs résultait de l'interprétation par-
faite de Saussure du type skr. ~~<î?M.
En ce qui concerne les noms, on peut faire' la même
observation. Le type de lat. <r, Mo.r,nix, etc. est ancien,
et l'on aperçoit que l'extension en a été grande; v.: à ce
sujet, A. Meillet, Études ~M/- p~MO~M du vieux slave,
p. 203 et suiv.
Dans les formes radicales anciennes et sûrement dans
beaucoup d'autres le type athématique et le type théma-
tique ne sont pas de même date. Le type thématique résulte
d'une création postérieure au type athématique qui serait
l'unique procédé de la période la plus ancienne de l'indo-
européen.
Des langues indo-européennes périphériques ou
subsistent, on l'a déjànoté, dansce~M//e<M môme.XXXIÏ,
p. 1 et suiv., des formes relativement archaïques pré-
sentent encore des formes où transparait ce caractère
secondaire du type thématique. En effet, le génitif du type
thématique en latin, en irlandais et en gaulois n'a pas trace
de la voyelle -e/o- qui caractérise les noms thématiques
lat. M!<, v. irl. fir, gaul. ~c~oMM/ v. irl. ogamique
TYPE THËMAT!QUE tKDO-EUROPÉEX 197

maqi figurent dans la flexion tliématique sans en avoir la


voyelle caractéristique. Si, comme l'a enseigné M. \Vacker-
nagel dans les ~e/c~M F. de Saussure, p. 125 et suiv., le
type skr. /i'c/- en face de ~VH~f-est à rapprocher du type
lat. M! il y aurait, à l'extrémité orientale du domaine
indo-européen, trace de formes en -z- à côté de formes thé-
matiques.
D'autre part, les présents dérivés de noms du type théma-
tique peuvent n'avoir pas la voyelle thématique ainsi
s'expliquent, en sanskrit, des formes telles que c<~<x~
de co~?/M/<, en grec, /x/~T:M de yx/~T: et xy~~
K~Y~Ac- vieux slave ~repcs~ de ~'epei'K,etc. v. Brugmann,
Grundr., ir, 3, p. 218 et suiv. H faut ajouter maintenant
le type hittite irmaliya- « être malade a de irmala-
« malade )) v.Gotze, ~<z~M!M~s, p. 97.
De ces deux faits, nets l'un et l'autre, il résulte que la
voyelle thématique n'est pas essentielle aux mots radicaux
où elle figure.

Depuis qu'il a été montré que les langues périphériques


du domaine indo-européen ont conservé des archaïsmes dis-
parus dans les langues centrales (v. Conaptes-rendus de
l'Académie desinscriptions, 1930, p. t49etsuiv.),une flexion
comme celle de lat. /~o, ferimus en face de /e~, fert,
/e/VMet edo, edimus en face de M, c~, éstis se dénonce
comme une survivance d'un ancien état de choses indo-
européen c'est une de ces anomalies singulières ou persis-
tent des restes d'états anciens et avec lesquelles, par suite,
peut se faire la grammaire comparée de l'indo-européen
car on est sur de se tromper si l'on restitue l'indo-euro-
péen d'après les formes normales de l'époque historique.
Et. en effet, le Rgveda conserve deux exemples de ~~M/en
face de lat. /<?r~,et la langue homérique, dans une formule
religieuse, I, 171, qui ne peut être qu'une survivance
isolée a
=~ 0~~epT'~'JSMp *6/Tf):.
:J=Y;:J.'?;T~
Le grec a. du reste, d'autres formes caractéristiques de
ce genre a :j:;j.x' )at tique oppose ~7-x' et la langue
198 A.MEtLLET
homérique largement ec-coct. Ce &rMtétait isolé; la décou-
verte de l'inscription de Cyrène qui a fourni -cs~Mrepré-
sentant *TeXï9:L, en face de crét. Ts~c~xt« je serai », a
montré que le cas de MTKtn'était pas isolé. Les expli-
cations qui ont été proposées de Scro~.x' ne satisfaisaient
?cTxt.
pas v. Solmsen, K. Z., XXXII, p. Si-8. La découverte de
eyr. Te' les exclut. L'existence de l'athématique *i~ATM
fait comprendre pourquoi la langue homérique a -TeXXo~t,
c'est-à-dire le type en *-ye- qui, pour une large part.
remplace d'anciennes formes athématiques. Dès lors la
3° pers. sg. eye' qui est largement attestée (v. Bechtel,
Gr. Z)M; I, p. 90), est ancienne en face de e-j'e~ojr~.
Le type véd.
~~éd.M~ra~M, Glaci.rti,lat.
blc~ir~rmi,~/M~ lat. /e~o, fert, hom. ~pM,
ferô, /<??' d€pc~,
<pspTe a donc eu en indo-européen une importance qu'il
n'est pas possible, avec les débris subsistants, d'apprécier
d'une manière exacte, mais qui a dû être grande. Ceci
revient à dire qu'il a existé, durant un temps, un type où
les formes à timbre o avaient le type dit thématique, mais
où les formes qui, dans le type thématique ordinaire, sont
de timbre e. étaient athématiques.
Et, en effet, le suffixe qui, en grec et en indo-iranien, est
ordinairement de la forme *-ye/o-, entièrement thématique,
esten latin mi-thématique, mi-athématique, soit capiô, mais
ea/)M. capit, capitis, et de même M~<~ mais M~M, M~7,
M~M la 1 personne du pluriel, co~?MM.$, M~M/ïM~, est
athématique. Mais le gotique enseigne que ce traitement
de la 1" personne du pluriel doit être secondaire Ac/<xyK,
en face de Aa/G, ~o~'c, 2e sg. Aa/M, sokeis, 3°
.s'o/)~'c?M.
sg. ~M'/y~,'sokei/), etc. (v. A. Meillet, Dialectes indo-euro-
péens, p. 109 et suiv.). Le sanskrit même a trace de ce type
dans svapiti « il dort e ~u<xp:/M,en face de formes athéma-
tiques ~a/~M et partie. s:'<~o~; la racine est sûrement mono-
syllabique dans toutes les langues où elle figure avec une
autre quantité de I' v. si. ~K~K présente la même forme,
que celle du type de sée~fK,~~K, etc. Dans le type en-yo,
la répartition des formes de caractères thématique et
athématique est la même que dans les présents latins
/e/'o et ef/ë.
TYPE THÉMAT)QUE I\DO-EUROPÉEK 199

M. Wackernagel, Fey~. Beitr., p. 49, a attiré l'atten-


tion sur des optatifs védiques tels que o(/'peya~, ya/Mc/, en
regard d'indicatifs athématiques. Ason tour, dans les ~/e/.
Vendryes, p. 309 et suiv., M. Renou a tiré parti de ces
formes et de toute une série d'autres, semblables, qui ont le
caractère de subjonctifs. Du mémoire de M. Renou il
ressort que le type de présents thématiques à vocalisme
radical zéro; tels que skr. <Mû~ est secondaire.
A vrai dire, le type des optatifs thématiques tels que skr.
May~, gr. o;p: est surprenant. Or, étant donné que, dans
le type thématique, on tenait la voyelle thématique e/o
pour constante, on était amené à couper *~Ae~o- le thème
de l'optatif thématique. Mais dès que véd. e(/'pe-== gr. Spa:-
x:t- est à couper *<A'-o: comme l'indiquent les faits védi-
ques, l'analyse en *Mcyo- apparait douteuse. En réalité
l'optatif *<5Ae~-oz- est, avec les formes à vocalisme de tim-
bre 'o- de l'indicatif et avec le participe, l'une des formes
qui ont déterminé le passage du thème *<5~er-à un type
complètement « thématique )) commeskr. Ma/v~ au lieu
de 6/ en face de Mo~
La coupe *<e~-0! et non *bhero-i-, qui apparait ainsi,
révèle l'unité de formation de l'optatif indo-européen qu'on
ne pouvait s'empêcher de sentir, mais qui n'a pas été jus-
qu'ici exactement démontrée la caractéristique était dis-
syllabique et comportait deux formes l'une, *-yc- (*</ë-)
alternait avec "-y?- (-)- est conservée dans les formes
dites athématiques l'autre, -(/x'-(-0~-); est conservée dans
les formes dites thématiques. L'alternance est normale,
et conforme à ce que l'on observe dans une série telle que
*ye-, *y"7-en face de *~o~- « vivre ». On sait que, après
i (y), le a n'est pas conservé. L'intonation douce du « per-
missif » lit. te Me&ë,ne prouve pas contre cette hypothèse
car F. de Saussure a reconnu que, après une syllabe à voca-
lisme o, le a indo-européen s'amuissait au moins dans
certaines langues.

On s'est habitué a voir dans le type de lat. ay?M,a~a~. de


rot. salbo, 6'a/~o.~de arm. yusam « j'espère », yM~a.s',etc.
200 A.MEtLLET

des formes contractées. Il n'est, en elfet, pas douteux que


des formes telles que v. sl.~o/aya/ç,~o/cyc/ps:'ou comme
gr. -c~xM,t~st; T~x~ ont -~y' Maisles formes slaves
ne concordent pas avec les formes baltiques la 1" personne
en -CMdu lituanien diffère du type en -o/c du slave, et
même le M/Som du vieux haut allemand ne concorde pas
avec le salbo du gotique. 1/x bref de gr. T~s;Mne répond
pas à t'a long que supposent les autres langues.
Du reste, le type T~.xM,o~etu, S-M n'est pas panhel-
lénique le lesbien a a;<fu~ET7j!j!.t,ïpfip. MX' cuv.x'~K~,
p.K'csMa[(fém. plur.), Ts~o~MM,opp-~p.e~ etc. (v., en dernier
lieu, Beehtei, Gr. Dial., I, p. 83). La forme ~=9~ de Sappho
est mal attestée, et ocS~e:qu'on lit d'ordinaire dans Sappho
1, 20, B et D, n'est qu'une restitution dans les manuscrits,
on a trouvé ~FxxMMx-< ~.x~ ou Mx-<;=une correction est
nécessaire; le vocatif T<x~e'' s'impose quant à la fin de
vers, qu'on remplit par a:S:y.T~rien n'empêche de la
remplir par la forme ~Sh~ que fait attendre l'ensemble du
paradigme lesbien de ces verbes, cf. la 3eplur. ~ppo~Set.~
on ne voit pas d'ou viendrait
si l'original avait eu o:SLx-<:et,
la faute, tandis qu'il est facile de comprendre comment a
été altérée la forme dialectale ofS~~ supposée; qui était
insolite pour les copistes le Stx~: d'un des manuscrits a
du reste trace du c, ce qui lève tout doute.
S'il n'est pas facile de décider quelle a pu être la forme
originelle du type amas ou MM~es, il n'est pas douteux
qu'il n'y a pas trace de voyelle « thématique » dans amant
ou M!ûfeM<.
C'est donc sans surprise qu'on a lu le paradigme hittite
-<??!< -aM~-as! -a!'S~ -5M.'eK:,-a:MP?!6'~e?!~ -a~!
v. Gutze, ~MM?cMû!s. p. 89. Le tokharien A a, de même,
?<!?! « je vois », ~M~, ~M.s, etc. (Schulze-Sieg-Siegling,
roÂ-/<.CrcMMK.,p. 355).
Cette observation fait apparaître comment la désinence
-mi a pu s'étendre dans un si grand nombre de langues
lesb.a:T'j~s'~p.L,v. 11.a. salbôm, arm. y:MC~ ont chance
d'être des formes anciennes; comme hitt. et ont pu
servir de modèles pour d'autres présents.
TYPE THÉMATtQL'E IKDO-EUROPÉEN 201

Des que l'on coupe *<?r-o?!~ et non *Me~-K~, la 3'


personne du pluriel du type dor. Mpc' et de même *Me~-
f/OM~ et non *cye/o-?t-, les participes présents du type gr.
<BEp6~lat. ferent-, on voit par quelles amorces le type dit thé-
matique a pu se substituer à un ancien type athématique.

De ce qu'un type tel que l'opposition gr. de Xe~M,~A~


~su6:o: e7:u6:)jj. T-euyM, souyc~ Sepxsp.fxt, sSp~xy.n'est
plus productif à date historique, il résulte qu'il est antérieur
aux plus anciens textes ce qui n'est pas beaucoup dire
mais non qu'il soit de date indo-européenne. En fait, Mpx:-
)j.xtest une innovation du grec, et n'a pas de correspondant
et ce qui, en védique, répond àsopfxx~, c'est un aoriste athé-
matique. Si le grec a ici un type thématique, c'est qu'il ne
conserve, en principe, aucun thème verbal athematique de
racine à occlusive finale véd. ~</<x~p~oet ~c(/'pMM,
a</a~pM/i,<7<p~aM l'optatif o(/'pe~<x??ï ne prouve pas une
ancienne forme thématique. En face de ~ueBjj. les formes
védiques caractéristiques <~o< abudhran, sont athéma-
tiques les formes ~M</Aa/ et ~M<e???cn'enseignent rien.
L'aoriste s/s répond à arm. e/~M « il a laissé M mais
le présent correspondant n'est pas du type de Xs~M c'est
arm. ~'G'/ïe/K « je laisse s en sanskrit, on ne signale
a~cc< qu'à l'époque classique. Si l'opposition de Ae~fo
:A~ était de date indo-européenne, on en devrait avoir
des restes notables ailleurs qu'en grec, ce qui n'est pas. Pour
se méfier de la date indo-européenne du gr. cs6'M, il sufïit
de songer à lat. /M~o dont la forme est de celles qui
s'expliquent par un ancien type athematique le cas est
pareil à celui du gr. T:e?ju),en face du lat. eo~o. Le grec
n'a, du reste aucune valeur probante ici car il a donné
à la catégorie de l'aoriste une extension et une valeur
sémantique rigoureuse dont les autres langues n'ont pas
l'équivalent il a ainsi été amené à développer le type
~X' en même temps que le type sigmatique dont le carac-
tère récent est, dans la majorité des cas, évident.
Dans une racine terminée par sonante, comme celle de
~M, il subsiste des formes athëmatiques, comme l'impératif
~02 A. ME!LLET

et l'ancien subjonctif servant de futur ~M. Ici, le


Tt!Gt..
grec même montre que la flexion ~M (1" pers. sg.), ~me;
résulte d'un arrangement secondaire. Des formes comme le
participe ~M- la 3e personne du pluriel l'optatif ~st:
sont ambiguës.
Le vocalisme radical de ~'e'< est anomal en grec. Au
contraire une forme athématique comme ys'/Tc, qui a été
signalée ci-dessus, n'a rien de surprenant.

Par le fait que le type gr. A~M, As~st:, Ae~s: n'est pas
du plus vieux fonds indo-européen et s'est réalisé en vertu
de développements en grande partie dialectaux, l'incohé-
rence des formes cesse de surprendre. On sait que le type
gr. As~t;, ).6~6tne concorde pas avec celui de skr. Ma~<M!,
~a~o~'ou de got. ~c~'M, ~c/y' ou de lat. coquis, coquit,
etc., et rappelle seulement la 2epers. sg. lit. /cAt.Il est pos-
sible que ces formes aient été faites d'après le type en -5-,
-c! où le hittite a -aissi (-as:), -a~x. Sans doute n'est-il
pas fortuit que I': lituanienrepose sur un -ë intoné rude et que
l'accentuation de gr. Ast~st:,As~etsuppose une ancienne diph-
tongue d'intonation oxvtonée, c'est-à-dire ancien *-SM,
"-c~).
Si le type ancien est celui du lat. /er5, fers, et non celui
de coyMo,co~MM,et si les seules formes anciennes sont
celles à vocalisme -o-, il reste à chercher d'où procèdent les
formes à timbre -e-, telles que lat. coyMMou grec eosssç,
mps. On peut envisager ici deux origines. D'une part, il a
pu v avoir des formes à suffixe présentant un *-e/o- final
les suffixes *e-, *-Me-, *e-, *-de-, etc. semblent
anciens et le jeu de -o, *-M(~),*-e~(!*),etc. y est peut être
ancien. De même dans le type à redoublement de gr. Ms~s'<,
véd.y~M-, etc. D'autre part, le subjonctif du type véd.
a. lat. erit (devenu futur) est ancien, et la carac-
M.s'<2<,
téristique -ejo- y est nécessairement constante, puisque sans
cela le subjonctif n'aurait pas d'expression. Il ne manque
donc pas de points de départ à l'action analogique par
laquelle s est étendu le timbre -e- dans le type lat. coquis,
Ct~M~,co~M!/M.impér. coque, coquite.
TYPE THÉMATIQUE tXDO-EUROPÉE~ 203

Le caractère d'instrument de dérivation, qui est en évi-


dence dans les subjonctifs tels que véd. <7.M~ <M<x~se
retrouve dans des formes nominales ainsi l'ordinal lat. deci-
mus, qui est une forme indo-européenne de type archaïque en
regard du type central, relativement récent, du gr. SsxxT:
se distingue du cardinal ~?/~e?/!par l'addition de la voyelle
thématique e/o. Des adjectifs ù vocalisme radical e comme
gr. -(f): AEux:; ou l'on remarquera la différence entre
les places du ton sont dérivés, l'un d'un adverbe comme
*neu, cf. gr. ~j, w~ l'autre d'un nom d'action, conservé
notamment dans lat. /M.r. Il en est de même d'un nom neu-
tre à vocalisme radical e, du type ancien gr. skr.
~o~/?M (hitt. ~e~M « place ») avec des places du ton non
concordantes c'est un dérivé de l'athématique ~oec~
Et si l'on a got. waurk en face de v. h. a. M?~<'et de gr.
(f):a" c'est sans doute qu'il faut, ici encore, partir
d'un a'thématique "~pr/t- *M'A' Un terme religieux
comme gr. A;A: doit être ancien, et le vocalisme radical
c y est à rapprocher de celui du type (f);pY: Le type gr.
qui n'a de correspondant couramment employé que
dans une partie du domaine indo-européen, doit avoir aussi
un -c/o- qui est un instrument de dérivation. Il en est
sûrement ainsi dans Y: dont la racine est dissyllabique.
On s'explique de cette manière le jeu de la place du ton dans
le type gr. -j.B; d'une racine également dissylla-
bique, et le suffixe *-e/o- n'est pas moins secondaire dans le
type du gr. ex-y: ix:~t-'r:s/ que le sumxc *-a- dans le
type lat. !~c~/e?!a, M co~7.
H y a en hittite peu de noms de type thématique claire-
ment rt'connus jusqu'ici. Dans la mesure où il y en a, ce
sont des formes dérivées, comme ~ma/a- « malade »,
dannatta- « vide », ou /aA/;G- « campagne militaire »,
y~K/Ma~c- « hiver », etc.
La question du type thématique, nominal et verba), est
donc u reprendre entièrement.
A. MEÏLI.ET.
TABLE DES ARTICLES

Pages.
E. BExvENiSTE.Trois étymologies latines. 68
Deuxnotesiraniennes. 86
Y. ~KRTOLni.Problèmes de substrat. 93
Index. 176
A. CuNY.Contribution à la phonétique comparée de l'indo-euro-
pëenetduchamito-sémitique. M
A. MEtLLET.Essai de chronologie des tangues indo-européennes. 1
Surgrecu.v&op.ot: 93
Sur deux questions de principe. 185
Les cas employés à l'infinitif en indo-européen. 188
Caractère secondaire du type thématique indo-
européen. 194
Jos. ScHRUXEX. La racine ais en Italie. S4
M. YEY.–Slave st- provenant d'i.-e. *pt- 65

CHARTRES. UtPRHJEME DURAND, RUE FULBERT (19-493'i).


COMPTES RENDUS'

LINGUISTIQUE GÉNÉRALE

H. DELACROx. Le /a/<xye et la pensée. Deuxième édi-


tion revue et complétée. Paris (Alcan), 1930, in-8, x;u-
624 p.

Le livre de M. Delacroix est bien fait pour donner aux


psychologues une idée juste et claire des résultats les inté-
ressant qui ont été acquis par le travail des linguistes et aux
linguistes, de ce qui leur est utile dans les résultats du tra-
vail des psychologues. Il n'est pas surprenant que, assez vite,
une seconde édition soit devenue nécessaire. L'auteur v a
tenu compte des travaux parus depuis la première et la
enrichie des réflexions qu'il a faites lui-même.
On se dispensera de quereller ici M. Delacroix sur tel ou
tel détail, par exemple sur l'abus fait du mot « loi )), p. 175.
AI. Grammont a constaté. avec raison, que telle dissimila-
tion. attendue au point de vue de la phonétique; semble
n'avoir pas eu lieu, ou que l'ordre en a été renversé, pour
maintenir la transparence d'une forme grammaticale ou d'un
procédé de formation des mots c'est un fait, ce n'est pas
une loi car pareille déviation n'a pas lieu dans tous les
cas. P. 45), le rôle des éléments affectifs et celui que
joue la recherche du rythme ou de l'harmonie ne sont pas
nettement distingués. Mieux vaut attirer 1 attention sur
un chapitre tel que le troisième les conditions psycholo-
giques du langage. Le rùle de l'intelligence y est analysé

i. Les comptes rendus signes A. M. sont de M. A. Meiliet. Atteint


d'une graveaffectionde la vue. il s'excusedes fautes qui ont pu subsister
en dépit des concourf-dévoues qui lui ont été apportés. I[ n'a pu lire lui-
même aucune épreuve.
-1-
COMPTES REKDUS

d'une manière éminemmentproprcà instruire leslingulstes.-


P. 188 et suiv., M. Delacroix discute avec une connais-
sance exacte des idées émises et d'une manière judicieuse,
les idées qui ont été émises sur les conditions, encore mal
éclaircics; du changement phonétique. Il ne croit pas pou-
voir attribuer une importance décisive à la discontinuité
de la tradition et au fait que l'enfant doit se créer son
système linguistique en partant de ce qu'il a observé chez
les autres; et ce que les biologistes enseignent en général sur
l'hérédité le rend sceptique en ce qui concerne l'action de ce
facteur. Mais, d'autre part, il semble acquis que. en géné-
ral, les adultes ne modifient guère leur articulation. Le
problème est d'une extrême complexité, et l'on ne peut le
discuter incidemment dans un simple compte rendu. Il
semble que l'on ne puisse refuser une importance au fait que
chaque enfant doit tout reprendre à nouveau ceci facilite sin-
gulièrement l'élimination de certains détails et favorise des
combinaisons neuves. D'autre part, les conditions de l'héré-
dité ne sont pas nécessairement les mêmes en matière ana-
tomique, ou même physiologique, et en matière d'habitudes.
Le fait que certaines tendances jouent dans une même popu-
lation à ce qu'il semble hors de l'action d'une tradition
paraît établi par le retour de certaines innovations à des
moments divers, ainsi des mutations consonantiques suc-
cessives chez les Germains et chez les Arméniens. Mais il
s'agit là d'une grande question qu'on ne peut qu'indiquer.
Le P. van Ginneken, qui l'étudie personnellement, revien-
dra sans doute sur ces faits.
Un trait à noter dans le livre de M. Delacroix est le peu
qui y reste du long ouvrage de Wundt sur la langue.
L'action de Wundt sur ce domaine n'a jamais été profonde;
maintenant elle se réduit à bien-peu de chose.
A. M.

0
GL'~THER IPSEX

Gunthcr IpsEX. ~ac~/)~:7o~o/?~e der Gegenwart.


Berlin (Junkerand Dunnhaupt), 1930, in-8, 32 p. (Phi-
losophische Forsci)un~sberichte, 6).

C'est surtout aux théoriciens allemands que pense


M. Ipsen ni M. Bergson ni M. Lévy-BruhI ne sont cités,
et M. Delacroix ne l'est que pour mémoire. L'importance
de F. de Saussure est reconnue. avec de fortes réserves du
reste: mais un trait essentiel de la théorie, celui sur lequel
est fondée la réalité de la langue, à savoir le caractère social,
n'est pas mentionné, et ceci fausse l'exposé. C'est F. de
Saussure qui a mis en évidence le principe que le signe
linguistique marque des différences et non des choses mais
cette idée sortait du travail antérieur. Elle était le fond de
la pensée de Gauthiot quand il a marqué la valeur du degré
zéro dans la langue, des 1901. Chose singulière, M. Ipsen
ne signale pas un trait fondamental de la théorie du signe:
le signe linguistique n'a pas de sens par lui-même il est
arbitraire, et sa valeur ne résulte que d'une tradition. En
revanche, si la phonologie du groupe de Prague, et en par-
ticulier du prince Troubetskoy. sort de la théorie de F. de
Saussure, on ne voit pas pourquoi la ~c/Ha~c de
M. Sievers est rappefée à ce propos le caractère concret de
la Schallanalyse est justement le contraire d'une analyse,
d'un système d'oppositions déunies par des caractères nets
la tS'c/<a//a/?a~e opère avec des expressions d'ensemble, si
bien qu'elle ne se laisse pas proprement enseigner, et à
peine transmettre, par apprentissage plutôt que par exposé
raisonné. En somme. ouvrage trouble, et où ce qu'il y
a de vraiment utile, d'excellent dans le travail allemand,
les théories de M. Cassirer. est traité avec peu de sympa-
thie, mais ouvrage instructif pour qui veut se rendre
compte des idées qui fermentent chez certains théoriciens
allemands qui ont peine à arriver à voir clair dans leur
pensée.
A. M.

3
COMPTES RENDUS

E. CASSfRER. Philosophie </e7'~?K~O/MC~?ÏFormen.


Dritter Teil. 7-a/:o??:eno/o~'<cder jË'~eMK~M. Berlin
(Cassirer), 1929, in-8, xn-359 p.

On a déjà dit ici combien le premier volume de ce grand


ouvrage était propre à intéresser le linguiste. Ce troisième
volume qui apporte les conclusions d'ensemble du philo-
sophe de Hambourg les intéressera davantage encore.
L'objet du linguiste est d'étudier le principal des systèmes
')e signes qui sont la condition des sociétés humaines et de
leur civilisation, à savoir le langage. H doit donc être au
clair sur le caractère et la valeur de ces signes nulle part
il ne trouvera pour cela un secours meilleur que chez
M. Cassirer.
Personne n'a résumé plus heureusement les conséquences
à tirer des progrès qui ont été faits dans l'étude de l'aphasie.
P. 237-323, l'aphasie est située d'une manière exacte dans
l'ensemble des impotences du système nerveux central dont
elle n'est qu'une manifestation particulière. Par là, on aper-
çoit ]c trouble général de l'intelligence qui conditionne
t aphasie,et l'on se rend compte du caractère essentiellementt
intellectuel du langage.
Le langage n'est pas seulement l'instrument de la pensée
discursive. H joue un rôle jusque dans la perception. P. 138,
M. E. Cassirer montre que la force de la forme linguistique
pénètre jusqu'à la conception intuitive, jusqu'à l'organisa-
tion de la perception. On s'est trop représenté, d'une part,
le signe linguistique, de l'autre, la « pensée a. Langage et
« pensée » (en employant le mot « pensée dans le sens le
plus large) sont étroitement liés l'un est la condition de
l'autre.
Si un malade perd les mots pour « droit » et « gauche »
c est que la notion générale de « droit )) et « gauche »
n'existe plus pour lui. A voir ses actes, on pourrait croire
qu it a encoreces notions car il emploie en général d'une
manière correcte sa droite et sa gauche. Mais si l'on fait des
expériences précises- on s'aperçoit qu'il n'y a plus là que
4.
IJ. \V!STEH

dos observances particulières, et non plus une notion ~éné-


raie. Les faits indiqués p. 300 sont significatifs. On revient
toujours à ce qui caractérise la mentalité supérieure de
l'homme comme l'outil, le langage permet d'opérer non
plus avec ce qui est immédiat, direct, mais d'une manière
médiate, indirecte, ainsi qu'il ressort des conclusions énon-
cées p. 322 et suiv.
Ce n'est pas le mot qui crée la conception, mais il n'en est
pas non plus un simple appendice. I! est un des principaux
moyens qui servent à la faire passer à l'acte, à la détacher
de la simple perception (p. 384).
AL Cassirer n'utiiise guère ici de faits de langue particu-
liers. P. 392, il est dit à tort que les mots de la langue
qui se rapportent à l'espace, tes démonstratifs, l'article,
laissent partout reconnaître l'unité initiale du langage et du
geste. Pour le démonstratif, il faudrait examiner les faits
particuliers, et distinguer. Quant à l'article, il est, là où il
existe, le résultat d'un développement secondaire et, en
général, récent. En revanche, la vue juste qu'il a sur le lan-
gage permet à M. Cassirer de faire, p. 388 et suiv., une
critique fondée des théories de AI. Vossier loin de marquer
comme M. Vossier, une différence essentielle entre la langue
de la science et la langue courante, il insiste avec raison sur
la continuité entre la langue courante et la langue correcte,
et c'est là ce qui caractérise en effet la ligne principale du
développement linguistique.
A. M.

E. f'STER. 7/~e~KQ~OMC/e <S~ac/~o~< M f/e/'


7"6'cA~~ besonders in ~6'A'<o<pcA/~A' (Die ?~~o~o~
~)/*ac/M!O~M?M/ yï~c/<~r<? reya~ey~eM?e?'M~). Berlin
(YD[ Veriag). 193t, in-8, xv-43i p.

Si quelqu'un doit sentir le contraste entre l'unité de ht


civilisation moderne et la diversité des multiples langues
qui lui servent d'organes, ce sont les techniciens exerces
5
COMPTES
RENDUS
à fonder sur les mêmes données scientifiques des activités
pareilles, ils éprouvent comme une gène absurde le
fait que des gens qui pratiquent une technique commune se
servent de langues différentes et de terminologies distinctes.
La peine que prend le lettré pour apprendre une langue
étrangère lui vaut des joies qu'il n'aurait pas sans cet
apprentissage la peine que prend pour le même objet le
technicien est du travail inutile qu'il lui semble désirable de
s'épargner. Faute de savoir y remédier, on se résigne en
général. M. E. Wilster a étudié la question à fond, en
s'informant aux meilleurs sources, et il cite, toujours à
propos, les linguistes les plus autorisés, comme chacun
d'eux peut s'en rendre compte en regardant l'index.
La critique que fait M. Wilster des langues telles qu'elles
sont, p. H-120. est d'autant plus instructive qu'elle vient
non d'un linguiste, mais d'un « usager de la langue ». Par
exemple, ce qui est dit p. 95 de la différence de valeur de
/p?'M-dans les deux composés allemands /e~M~?'ecAer« télé-
phone a et /er~'6~o~ïe~ « conversation à longue distance D
illustre l'inconvénient des mots qui prétendent être intel-
ligibles par eux-mêmes. Les gens qui veulent des déSnI-
tions précises pour les mots de la langue courante feront bien
de lire l'alinéa de la p. 109 où il est démontré comment les
spécialistes ont dû renoncer à opposer l'acier au fer, faute
d'en pouvoir trouver une déBnition exempte d'arbitraire.
Ce grand chapitre est propre à faire comprendre ce qu'est
la langue courante, et comment elle se distingue des pro-
cédés d'exposition auxquels recourent les savants, surtout
les savants qui opèrent avec des notions comportant des
mesures exactes. Faute de trouver dans les langues cou-
rantes l'Instrument qu'il lui faut, et l'instrument commun
à tous qu'il lui faut, M. Wilster aboutit à recommander
l'usage de l'espéranto.
Mais les savants qui s'intéressent aux langues artificielles
ont critiqué l'espéranto, et l'espéranto beaucoup trop
inHuencé par le slave et l'allemand pour satisfaire des gens
de langue anglaise et romane ne gagne plus de terrain
depuis déjà bien des années. La société américaine IALA a
6
[!. 0. JAKO)!SO~

entrepris un examen approfondi de la question des savants


éminents y travaillent. Le livre de M. Wuster sera pour
el)e un encouragement à agir et à agir le plus prompte-
mont possible c'est un témoignage et un acte. En ce sens,
c'est l'un des ouvrages les plus significatifs qui aient paru
dans les derniers temps sur te probième pratique de la
ian~ue.
A. M.

R. 0. JAKOBSON. K a;a?*a/t'~ey'M~Peu~'C~A'0:?0 ~y-


/)'ofo~o/M~c.Izdanije Evrazijcev (sans lieu de publication;
en vente chez Povolockij, Paris VI). 1931, in-8, S9 p.

Conformément aux tendances du groupe de Prague,


M. R. Jakobson s'attache à représenter les faits dans la
« synchronie ». On sait que, souvent, on observe des pho-
nétisrnes semblables dans des langues géographiqucmcnt
voisines, mais de familles distinctes. M. R. Jakobson
étend cette constatation et croit qu'elle est de grande portée.
A côté des lignes d'isoglosses, il faut, d'après lui, trouver
des lignes d' « isophones », et en tirer des conséquences.
Entre l'Extrême-Orient et l'Europe occidentale, il observe
de pareilles lignes des langues sans intonation et qui
opposent des consonnes de type mou à des consonnes de
type dur, ce qui est le cas du slave commun, et, actuelle-
ment du russe. Comme, hors de la linguistique; on a relevé
dans la région ainsi délimitée, plusieurs concordances, ce
type phonologique ne serait pas dénué de signification.
M. Jakobson signale lui-même que les deux traits linguis-
tiques « eurasiens » se retrouvent en irlandais. Sans ruiner
1 observation, ce fait en diminue la portée. Mais le type de
faits que décrit M. Jakobson mérite d'être examiné de prés.
11 sera intéressant notamment de voir en quelles mesures
des concordances d'ordre morphologique confirmeraient la
théorie M. Jakobson rappelle avec raison, à ce sujet,
1 observation du prince Troubetskoy sur les concordances
7
COMPTES
RENDUS
de structure entre le russe et le turc. Les faits d' « isopho-
nie )) sontde ceux où l'histoire de la langue cherche l'in-
fluence de substrats.
Le mémoire de Jakobson a été résumé en français par
l'auteur dans la revue le ~/OM</e~K?ede mars 1931.
A. M.

Travaux du Ce~'c/e/MM/yMe de .P~/Me. 4. Réunion


phonologiqueinternationale à Prague (18-21 décembre
1930). Prague (Jednota c. M:a~M!c~/fM),1931, in-8,
326 p.

Le groupe de linguistes qui a son centre à Prague a


commencé de se constituer au congrès de La Haye en
1928 et s'est nxé au congrès des slavistes de Prague en 1929.
H a déjà publié trois volumes qui ont été annoncés ici et
dont on connaît la portée pour le développement de la lin-
guistique générale.
Ce n'est pas par hasard que le groupe se réunit à Prague.
Prague est la ville où le sentiment du slavisme est le plus
vif. Or. ce groupe de linguistes comprend surtout des savants
qui ont pour langue maternelle des langues slaves. Le lin-
guiste qui lui donne le plus sa marque propre est le prince
Troubetskoy, Russe émigré qui enseigne à Vienne. A côté
de lui se trouvent, au premier plan, M. Karcevskij; qui
enseigne à Genève, et M. R. Jakobson, qui réside à Prague,
M. Polivanov, qui est demeure en Russie. Des linguistes
tchèques comme M. Matbesius, M. Havranek, M. \Vem-
gart(qul n'a n'a pas participé à ce recueil) tiennent une large
place dans le groupe. A part quelques pages de M. D. Joncs
en anglais, tout le recueil est écrit en allemand eten français,
et le procès-verbal de la réunion en français. Mais dans sa
rédaction, partout on note une pensée slave, et même une
forme slave. En mêmetemps que de l'enseignement généra!
de F. de Saussure à Genève, le groupe se réclame de Bau-
douin de Courtenay.
8
TRAVAUX DU CERCLE L~'GUISTfQUE DE PRAGUE

La réunion de Prague en décembre 1930 avait été pré-


parée avec soin. Elle avait un objet précis. Sur les ques-
tions à examiner, des mémoires approfondis avaient été
préparés par des savants qualifiés. Un projet de termino-
logie avait été soumis aux participants et à des linguistes
qui s'intéressent au groupe. Aussi la discussion a-t-elle été
fructueuse.
Slaves pour la plupart M. Belle' était venu de Belgrade,
MM. Doroszewski, Nitscb, Szober, Ulazsyn: de Pologne
les membres de la réunion y disposaient de données qui
ne sont pas familières à tous les linguistes. Les faits slaves de
tous domaines ont été particulièrement considérés. De plus
le prince Troubctskoy apportait sa connaissance précise et
rénéchie des langues du Caucase, et M. Polivanov des infor-
mations étendues sur les langues asiatiques, de l'uzbek au
japonais. Du côté européen, M. A. W. de Groot opérait
sur le néerlandais, et M. Sommerfeit sur les parlers scan-
dinaves et celtiques. Ainsi la réunion s'entretenait à la fois
d'idées neuves bien élaborées et de faits ayant une frai-
cheur. Le recueil est rendu par là savoureux, et jamais
l'épithète de « suggestif n'aura été plus justifiée.
La discussion a porté sur la « phonologie ». Comme on
)e sait. le groupe distingue la phonétique qui traite des sons
appliqués dans le langage en eux-mêmes, c'cst-a-dire de la
production de ces sons et de leur caractère acoustique, et la
phonologie, qui traite de ces sonsen tant qu'ils sont employés
dans les langues et qu'ils y ont une fonction. La phonétique
relève de la physiologie, de la physique, et même de la psy-
chologie, dans la mesure ou la psychologie étudie la percep-
tion des sons. La phonologie est propre au linguiste.
Sur la terminologie, la réunion a abouti à des conclusions
qui figurent aux pages 309-323. Ces conclusions, qui
en somme résument la discussion, devront être examinées
par tous les linguistes et, comme elles répondent à des
idées nettes constituant un système complet et articulé,
tout le monde en devra faire son profit. Elle comprend
des distinctions utiles et des précisions qu'il sera bon de
m.Hnh'nir. Elle aurait eu plus de chanc'' d'exercer toute
9
COMPTES l!t;KDUS

l'action qui convient si les auteurs ne l'avaient encombrée


de ces termes lourds et pédants pour lesquels les Slaves ont
une si fâcheuseaffection.Par exemple, pour distinguerl'étudo
du son de celle de la production du son, il est à souhaiter
qu'on ne parle pas trop de phonétique phénoménologique
et de phonétique organogénétique. De pareils termes ren-
dent inutilement rébarbative la lecture de certains ouvrages
scientifiques M. Brun, qui n'assistait pas a la réunion,
mais qui a envoyé des notes, a protesté avec raison. Pour
s'imaginer qu'il est utile que les mots expriment par eux-
mêmes les notions auxquelles ils servent de signes, il faut
que les linguistes oublient les enseignements les plus clairs
de leur proprescience. Depar la transparence des formafions
de leurs langues les savants de langue slave et, dans une
mesure heureusement moindre. les savants de langue alle-
mande inclinent à former et à employer de pareils termes
qui doivent se comprendre par eux-mêmes l'anglais et
surtout le français y répugnent. Si les linguistes français
tombaient dans ce travers, ils ne seraient ni lus ni écoutés
de leurs concitoyens, et ce serait justice.
Les termes de phonème et morphème, dus à Baudouin de
Courtenay. ont eu un grand succès parce qu'ils sont à la
fois simples et nécessaires. C'est une idée fâcheuse qu'a eue
M. L'taszyn de dire en allemand p/M~eMM:,avec un pluriel
y/MK<?M!<2/c Par bonheur il n'a pas été suivi.
M. W. DoroszewskI a rendu service en rappelant que
Baudouin de Courtenay a introduit ce mot, et en indiquant
comment s'en est développé l'emploi. La définition de la
phonologie a permis de donner comme conséquence une
définition du phomène « unité phonologique non suscep-
tible d'être dissociée en unités phonologiques plus petites a
cette définition est celle qu'ont expliquée ~a fin du volume,
les auteurs du recueil il faut donc la retenir. La note
ajoutée précise la valeur du mot il y a phonème là ou,
en remplaçant un phonème par un autre, on change le sens.
Le phonème peut comporter en certains cas un jeu phoné-
tique étendu: si ce jeu ne va pas jusqu'à permettre une
confusion avec un phonème voisin. Ce qui intéresse le lin-
1U
TRAVAUX DU CERCLE LINGUISTIQUE DE PRAGUE

gu)stc. c'est ce par quoi les phonèmes s'opposent les uns aux
autres à ['intérieur d'un système linguistique. En délimitant
avec risueur la notion de phonème, la réunion de Prague a
donné à ses discussions une hase solide et a rendu à toute
la linguistique un important service. En effet cette notion
est fondamentale.
Le phonème est examiné à tous les points de vue, depuis
les plus généraux Phonologie und Psychologie, par
D. Cyxevskvj et Plaonetik und Phonologie par K. Buhler,
ou Mo/!p??M par D. Jones, jusqu'à une application
de grande importance théorique La phonologie et la
~'of~Mp, par J. Mukarovskv.
L'art!c!e de M. Polivanov, Z.,ajoe~ce/)~'oy:des sons e~'M?!e
/OM~?/p ~~CK~e~c, est d'un vif intérêt. On y voit, dans des
exemples nets et bien analysés, comment sont entendus
les phonèmes d'une langue étrangère il en résulte, pour
qui sait interpréter les faits, une sorte d'analyse des pho-
nèmes des deux langues considérées en ce qu'ils ont de carac-
téristique. D'autre part, ces faits sont instructifs pour la
théorie des emprunts.
Non moins instructif, à d'autres égards, est l'article de
M. Havr.mek, ZMr~i~a~/o~'o?: (/p~/9/MMO/oyMe~CH~y~<f?Ke
<A'~Schri ftsprachen. La façon dont est anatysée la for-
mation des langues écrites slaves est curieuse on y voit
comment ceux qui ont Hxé ces langues ont mis en évidence
autant qu'ilsl'ont pu, et d'une manière extrême, le système
phonique propre à chacune et ainsi les ont diiférenciécs le
plus qu ils ont pu. Il v a là des faits remarquables dont
M. Huvranek donne un aperçu lumineux.
M. A. Belic! étudie, à l'aide de bons exemples serbo-
croates, L'accent de la phrase et /'<7fCt~6fMmot.
Les mémoires où est exposée la doctrine fondamentale du
recueil sont surtout ceux de MM. Troubetskoy et Jakobson.
Les trois mémoires du prince Troubetskov sont brefs,
mais substantiels, et il conviendra de les lire attentivement.
Ce sont 1° Die phonotogischen .S'y~c~e, p. 96-H3. L'auteur
v pose des principes. Le second de ces principes, suivant
lequel les deux membres d'une opposition phonique sont de
it t
COMPTES UEKDUS

valeur inégale, l'un possédant une certaine caractéristique,


l'autre ne la possédant pas, prête a discussion. Il faudrait en
('net examiner si toutes les combinaisons articulatoires sont
également normales, également équilibrées en elles-mêmes.
Tel n'est pas le cas il y a des phonèmes naturels, qui se
trouvent dans presque toutes les langues, et il y en a d'autres
qui résultent de particularités, souvent singulières, d'un sys-
tème phonique singulier. Par exemple, les nasales n et m
sont des phonèmes quasi universels; au contraire n guttural
n'existe à l'état autonome que dans peu de langues, et
(lc~??) franç-aisest aussi un phonème peu courant. D'autre
part. un phonème donné est un ensemble où tel caractère en
domine d'autres les occlusivessonores ne se distinguent pas
(les sourdes non aspirées par la seule résonance glottale; elles
sont en outre plus faiblement articulées. Un d n'est pas t
-)- résonance glottalc c'est autre chose dans l'ensemble.
L'exemple cité, des consonnes dures et des consonnes
molles du russe, ne prouve pas, parce que l'on a le senti-
ment que, dans les consonnes molles, il y a la consonne
type -)- une sorte de yod.
Le second mémoire, p. 160-163, porte sur la « morpho-
notogie ». On peut ne pas aimer ce terme qu'a proposé
M. Utaszyn et que le prince Troubetskoya accepté. Mais la
chose que Baudouin deCourtenayamise en évidence, sur le
nom, bien satisfaisante, dea~KaMce (en allemand alterna-
tion). est de première importance.
Le troisième mémoire, p. 228-2~3, est intitulé Phono-
logie M~</tS~)~<!e~eo~?'<e. Les auteurs s'occupant de
géographie linguistique n'accepteront pas l'Idée ou le
reproche? qu'ils ont jusqu'ici toujours opéré avec des
idées « diachroniques ». Ils observent les faits et s'efforcent
d'abord de donner une image exacte de la réalité présente,
quitte a en tirer des conclusions sur l'histoire. A ceci près,
les remarques de l'auteur devront être pesées et méditées.
Les trois mémoires de M. R. Jakobson sont rédigés
d'une manière moins aisée. Le plus important des trois,
p. 64-182, est /~<p~e~MK/ !Mf/z7~cRolle in der Wb~-
M~f/~y/f/~o/oy!'p, où le rôle varié de l'accent et
!2..)
ALFRED SC.HMfTT

de ses diverses formes est bien analyse. Le second, p. 23 i-


239. a un titre un peu énigmatique: ~7e~<?r<c~~MO/o<
~6'c/! ~u~<xcA~M/?< les idées Indiquées dans ce mémoire
n y sontque résumées; on les examine ici, p. 7. à part. Le
troisième, p. 247-2C7, /~M.M der ~M/o/c~e~ /~o~o-
/o~!e. est trop embarrassé de termes techniques encombrants:
M/7!o~o/oyM:c?'M~y, etc. Mais il présente nombre de
considérations qui forcent l'attention.
M. S. Karcevskij n'a donné qu'un mémoire, p. 188-227
~M/' la ~o/!o/o<c de la phrase. Il y décrit avec finesse les
cû</eMC~ et les ~ca~??cp.< (le terme est heureux), les
intonations ~e/!<~MM et les intonations relâchées, etc. dans
la phrase. M. Karcevskij distingue de la phrase la propo-
sition. qui est une notion grammaticale.
On ne saurait entrer ici dans les détails du recueil qui,
d'un bout à l'autre, devra être lu, lu avec attention; et
médité.
A la fin, on trouve le procës-verba! des séances tenues à
Prague, qui est instructif et, commeil a été indiqué ci-dessus,
une série de définitions.
A. M.

Alfred ScHMiTT. ~L~rcM/ und D~o/M~. Heidel-


berg (Winter), )93t, in-8, vn-)37 p.).

Ce petit ouvrage comprend deux partit-s, l'une sur


l'accent indo-européen en générai. 1 autre sur la diphton-
gaison des voyelles simples. telle qu'on l'observe souvent
dans des langues romanes et des langues germaniques.
Dans une précédente étude. M. A. Schmitt avait bien vu
qu'il faut distinguer entre un accent propre à servir de
centre rythmique à la phrase et au mot et un pur accent
de hauteur. Il n'a pas su tenir cette position, et il cherche
maintenant toutes sortes de raisons pour s'autoriser à
l'abandonner. Ces raisons ne résistent pas à une critique
sévère, et M. Schmitt se garde de les critiquer de près.
13
COMPTES
REKDUS

Quant aux faits indo-européens, l'absence de toute action du


ton sur les voyelles durant la période ancienne de toutes
les langues indo-européennes, le fait que dans les vers
anciens le ton n'Intervient à aucun degré, les témoignages
positifs d'où il résulte que le ton est toujours défini en termes
de hauteur seulement et le rythme en termes de durée seule-
ment. enfin le rôle morphologique du ton, procédé servant
seulement à la sémantique, il ne s'y arrête pas son
instinct d'homme employant une langue germanique occi-
dentale moderne parle trop haut. Il est inutile d'insister.
Quant à la diphtongaison, les conclusions de M. A. Schmitt
sont intéressantes. En effet,il est vrai que, dans les anciennes
langues indo-européennes où le « ton )) nesert pas à rythmer
la phrase, on n'observe pas de diphtongaisons des voyelles.
Les voyelles sont sujettes à des changements de timbre;
elles ne se segmentent pas. Au contraire, dans les langues
où existe un accent plus ou moins fort qui sert de base au
rythme, notamment dans lesjangues romanes, germaniques
(surtout germaniques occidentales), et danscertaines langues
slaves, les voyelles sont sujettes à se segmenter de manière
qu'une voyelle simple devienne diphtongue. Le fait est
à retenir. Mais il conviendra_de chercher dans d'autres
langues des confirmations et des compléments.

Léo SP)TZER ~0??!<XHMcA<? Stil- und L~e~M~~M~MM.


I. Marburg a. Lahn(Elewert)J931, in-8, 301 p. (Kulner
Romanistische Arbeiten, 1).

Voici le premier volumed'un ouvrage qui en comprendra


deux, et par lequel M. Léo Spitzer inaugure, à Cologne,
une nouvelle série de publications.
En examinant le style et le caractère propres d'ouvrages
de littératures romanes, M. Léo Spitzer a vraiment trouvé sa
voie.Sonsens aigu de ce qu'il y a d'original dans chaque œuvre
et l'intérêt qu'il porte aux valeurs esthétiques et affectives
14
L)';0 SPtTZRR

dans ie langage lui permettent de pénétrer avant dans les


œuvres littéraires auxquelles il s'attache et de s'y montrer
singutiérement pcrsonnci aussi bien a l'égard de la littéra-
ture qu à ceiui du développement de la langue.
A vrai dire, les études que comprend ce premier volume
sont plus littéraires que linguistiques. Si c'était ici le lieu. on
en critiquerait certaines parties: M. Léo Spitzerdiminue trop,
par exemple, la valeur actuelle de Rabelais en France, pour
grossir trop celle de Montaigne; les lettrés goûtent les deux
écrivains, et ils sont seuls à les pouvoir goûter. Rabelais
est, du reste, plus difficile à lire que Montaigne, en partie
parce qu'il est plus dialectal Montaigne était assez loin
du domaine français pour n'être pas dialectal. Le mémoire
qui touche le plus près à la langue est la belle étude sur
Racine (font on a déjà indiqué ici la force et originalité,
car, en généra!, les chapitres du livre ont déjà paru dans
divers périodiques.
Mais. en étudiant des faits littéraires, M. Léo Spitzer se
propose d'éclairer le développement des langues. Ce n'est
que dans la parole que l'on peut étudier la langue, et
l'observation attentive et nuancée des faits concrets, dont
la linguistique ne peut jamais se passer, est particulièrement t
nécessaire aux débuts d'une discipline qui se développe. Dans
le chapitre initial sur l'interprétation linguistique des œuvres
littéraires, l'auteur formule le principe que le spirituel (das
seelische) est affermi, fixé par l'expression linguistique
tout comme, d'autre part, l'expression linguistique reçoit
un élargissement spirituel et gagne ainsi en transcendance.
Des changements infinitésimaux à peine saisissables comme
ceux qui concernent l'accentuation et la prononciation,
jusqu'aux formations nouvelles, jusqu'aux néologismes,
il y a toute une gamme de changements linguistiques
conditionnés par des faits spirituels.
Pareille affirmation étonnera certains linguistes. Mais
sans négliger les éléments positifs, quasi matériels, de la
langue qui demeurent essentiels, il ne faut pas oublier que
la langue est chose complexe et que le linguiste a à tenir
compte de tous les facteurs qui interviennent dans le déve-
)5
COMPTES RENDUS

loppcment. On saura donc gré à M. Léo Spitzer de mettre


en évidence ce que d'autres négligent.
Quant au choix des exemples, il importe d'avertir les
savants étrangers qu'ils devraient examiner avec soin les
origines des écrivains auxquels ils prennent des exemples.
H y a une grande différenco entre un écrivain de lignée
proprement française du Nord, comme A. de Musset, chez
qui je sens du français pur, et un écrivain dont l'ascendance
et l'éducation ont comporté des influences étrangères au
français normal, comme Victor Hugo dont la puissance
verbale est. extraordinaire, mais qui n'a souvent pas une
sonorité française et qui a parfois admis des procédés non
français.
On ne discute ici qu'un détail sur une question de langue.
P. 40. M. L. Spitzcr met sur un même plan des termes
tels que /'c;H'~ Z)/~y/:M, le style LoMM~YF, et une
.A~M'eena~.L'emploi de substantifs avec valeur
H/M'<7.<?e
quasi-adjectivalerépond à une tendance du français moderne
qui se laisse comprendre. Mais le tour /'a~o!'re /3/M~
n'y entre pas il s'agit de la langue juridique où. d'après
un usage hérité du moyen âge, le nom de l'intéressé figure
régulièrement après le nom indiquant de quelle affaire il
s'agit. Si j'ai un procès, on dira: /'a~'C!y'e~xV/e~; c'est un
archaïsme propre à une langue technique. On sait que la
langue juridique a eu sur le français commun une forte
influence. Il y a ici l'un de ces cas où c'est au matériel de
la langue qu'il faut penser.
L'histoire du mot avant-guerre que M. L. Spitzer donne
en exemple est d'un vif intérêt. Le mot a été créé, dès
avant 1914, par un puissant polémiste, M. Léon Daudet,
qui est un grand créateur de mots expressifs. M. L. Spitzer
ne s'attache guère à la façon dont le mot a été formé,
sur le type de après-midi il aurait été curieux de
noter que la formation a été facilitée par l'existence de
termes à valeur toute autre comme avant-goût,
auM/K-co/yM.. aMM~a~efe, etc., et que, par le fait même
qu'il a une structure commune, mais une valeur propre,
surprenante, le mot était doué de force expressive c'est ici
)6
JOHKtUES

qu'apparait le rôle de l'écrivain. Quoi qu'il en soit, le fait


dominant est que. entre dans l'usage courant seulement
après la guerre, le mot a reçu alors un sens autre que
celui que lui avait donné l'auteur; l'innovation vient du
fait que aua~-f/Mc~ve a été alors opposé à <x~e6'p?'e.
M. Léo Spitzer insiste avec raison sur la valeur affective du
mot c'est en effet cette valeur qui en a déterminé le suc-
cès. On aperçoit ainsi, dans l'histoire d'un mot qui peut
être suivi depuis sa naissance, la part de la création indi-
viduelle, la part de la langue, la part de l'aHectivité, la
part de la réaction du public. Dans la théorie du vocabu-
laire. on rencontre peu d'histoires aussi exactement connues,
aussi instructives par suite.
A. M.

John R)ES. ~*<MM'~ein ~*<x~? Prag (Taussig und Taus-


sig), 1921, in-8, vni-236 p. (~e~~ye ~M~C/'MMo~/e~M~
der ~M/a'.r, III).

Les définitions qui ont été données de la phrase sont


énumérées. par ordre alphabétique des auteurs, p. 208-
224 du livre. Il v en a plus de cent cinquante. Mais elles
ne sont pas aussi diverses qu'elles semblent au premier
abord. Si. comme le fait remarquer l'auteur avec raison,
on se place. pour définir cette notion essentielle de la lin-
guistique, au point de vue du linguiste, on laisse tomber
toutes les définitions dont le caractère est logique la
phrase est autre chose que la proposition ou psycholo-
gique la phrase n est pas une pensée mais un moyen
d'expression on revient nécessairement n deux traits
essentiels que résume M. Ries dans sa propre définition.
II ne faut d'ailleurs pas se faire illusion on ne peut déunir
-tvec rigueur que ce qui s'exprime par des quantités. Or,
les faits linguistiques sont qualitatifs: ils sont, par nature,
trop complexes pour se laisser embrasser dans des formules.
si multiples qu'en soient les termes. Qu'on pense à 1 incapa-
cité ou l'on se trouve de formuier des oppositions aussi évi-
17
j)
COMPTES RENDUS

dentés que celles du présent et de l'aoriste en grec, de


l'imperfectif et du perfectif en slave. Qui définira le sub-
jonctif ou le conditionnel français?`.~
Cette réserve fondamentale une fois faite, les deux traits
qui caractérisent la phrase sont:
)° L'unité. M. Ries parle de /t~~A'~ Tïeûfeet'M/M:~ comme
Brugmann parlait de « ein in sich zusammenhangendes
und abgeschlossenes ganzes ». H me reproche d'avoir fait
intervenir, dans ma définition, l'idée que la phrase se
suffit à elle-même. Mais c'est spécifier, plus nettement que
par A'/c~M<e ~e~ceï'/t~e~, le fait que l'ensemble de la phrase
est complet et ne laisse attendre aucun élément qui n'y
figure. Si j'ai employé le mot « articulation », et non le
mot « discours », c'est que l'articulation, réelle dans le lan-
gage parlé, imaginée dans le langage intérieur, est la
seule réalité positive avec laquelle opère le linguiste. Le
terme de « discours » dit au fond la même chose, mais de
manière moins précise, moins concrète. L'observation de
M. Ries. p. 11, que le sujet de la phrase se suffit à lui-
même. ne vaut pas tout sujet fait attendre un prédicat
il ne se sufSt donc pas.
2° Le fait que la phrase énonce quelque chose. M. Ries
a eu raison d'insister sur ce,trait. Mais. en le faisant inter-
venir dans sa définition. il y introduit un élément qui n'a
rien de linguistique: le « Yerhaltnis zur WirkIIchkeit M.
Par là même, sa définition ne satisfait pas. Ce qui est
essentiel, c'est que, à la différence du « mot)), qui est sim-
plement associé à une notion, la phrase a pour objet de
communiquer quelque chose. Il résulte de là et c'est
l'essentiel que la phrase n'est pas un élément constitutif
de la « langue » elle n'est jamais qu'un phénomène transi-
toire elle n'existe que dans la « parole », pour employer la
terminologie de F. de Saussure.
M. Ries a regardé sous toutes ses faces la question de la
phrase, et son livre fera beaucoup pour l'éclaircissementt
des idées à ce sujet. Mais il ne me détermine pas à changer
la déunition que j'ai proposée, et j'ai d'autant moins de
scrupule à le dire que, dans un compte-rendu très étudié du
<8
JOH.~R~ES

livre de M. Ries, Z.~Ma~p, VII, p. 202-209, M. Leonard


lUoomfieid aboutit à cette conclusion.
H est trop dominé par la forme des langues occidentales
de civilisation, et il sous-estime la phrase nominale, p. 16J
et suiv. A qui le type russe de dom nov « la maison est
neuve B, ou de on r</p~ « il est ici )) est familier, la phrase
nominaie n'apparaftpas comme un type de valeur inférieure,
mais comme normale et comme servant, dans le domaine
qui lui est propre, à des usages aussi essentiels que ceux
auxquels sert la phrase verbale. Des langues de civili-
sation aussi élevées que le grec, le sanskrit, l'arabe usent
de la forme verbale normalement; et sur le même pied
qu'elles usent de la phrase verbale. Et c'est la phrase
verbale qui, dans les langues d'Extrême-Orient, n'a guère
de caractéristique nette. Pour donner de la linguistique
générale une idée pleinement juste, il faut se garder de
prendre pour type normal les langues de civilisation de
l'Europe occidentale qui se ressemblent beaucoup entre
elles et qui sont d'un type assez particulier. En ce qui
concerne spécialement l'indo-européen, la comparaison
enseigne que la phrase nominale sans copule a été chose
normale a l'époque de communauté. Hors de l'indo-euro-
péen, la ou il y a un petit mot marquant le rapport du
prédicat nominal avec le sujet, ce petit mot peut être
notamment un démonstratif, Il ne faut pas s'exagérer le
rôle du verbe dans la phrase pour important que soit
souvent ce rôle.
P. 44 et suiv., M. Ries écarte avec raison la considération
de l'audition dans la théorie de la phrase. Sans doute, la
phrase perçue et comprise, par l'auditeur n'est pas identique
à la phrase exprimée et conçue par le sujet parlant. Mais
chacune de ces deux réalités est à envisager séparément,
et la théorie (le la phrase n'est pas intéressée aux diné-
rences qu on peut observer entre les deux.
En revanche, il importe pour la théorie de la phrase de
tenir compte de l'action qu'exercent l'un sur l'autre le
« parleur et « 1 auditeur )). L'auteur, a qui a peu près
rien n'échappe de ce qui concerne son sujet: traite bien
19
COMPTES RENDUS

des « bejahungen » et des « verneinungen ». Mais, au


fond, le « oui s et le « non. )) ne sont que des cas limites
des phrases qui sont partagées entre deux interlocuteurs:
S'il u:e/ ye le ~e~uo~; est-il blanc ou no:? noir;
'*tc. Au lieu de reprendre le mot sur lequel porte l'interro-
gation l'interlocuteur peut répondre par un « oui )) ou par
un « non )) qui en réalité se rapportent à l'interrogation
est-il blanc ? oui (ou MO/). Beaucoup de phrases in-
complètes dont on fait état sont ainsi des phrases réparties
entre deux interlocuteurs.
Quoi qu'on puisse penser de tel ou tel détail de l'exposé;
on ne pourra désormais traiter de la phrase sans se reporter
à l'utile mise au point de M. John Ries.
A. M.

W. HAVERS. ~<7K~Me/; der e~pM~e~: Syntax, Ein


t'crsMcA~M~Erforschung der jSec~Mï~MMyeM M?ï~y~xe~-
/~a~p in 5*~K~.Kund ~!7M~'A. Heidelber~ (Winter),
i93t, in-8, xvm-292 p. (Indogermanische Bibliothek, I,
1,30).

M. \Y. Havers a beaucoup lu, avec une vive intelligence,


et beaucoup noté, en sachant choisir. Les épigraphes qui
ouvrent chacune des divisions de son ouvrage en font foi.
Chacune donne à penser et contribue à préparer, puis à
fixer dans la mémoire, la conclusion à laquelle M. Havers
veut conduire son lecteur. Plein de faits positifs, plein de
renvois aux travaux antérieurs, le livre est bien fait pour
promouvoir les études de syntaxe auxquelles s'est toujours
attaché l'auteur; il résume en eSet beaucoup de recherches
et beaucoup de réflexions.
Sans doute par modestie, M. Havers n'a pas marqué des
l'abord la difficulté de son entreprise. Ce n'est pas par
hasard que, dans la grammaire comparée, lu syntaxe est
venue tard et n'est pas parvenue à des résultats aussi nets
et aussi communément acceptés que la phonétique et la
morphologie. L'obstacle initial provient de ce que les mots
20
\V. HAVERS

et les formes grammaticales dont se sert le comparatiste


sont des données constantes qui se laissent fixer et qu'on
peut rapprocher d'une langue à l'autre au contraire, le
syntaxiste opère avec des phrases qui n'existent que dans
la parole et qui, par nature. sont singulières à proprement
parler, on ne prononce pas deux fois la même phrase.
Dautrc part, le svntaxiste opère avec des oppositions
sémantiques or, dans beaucoup de cas, ces oppositions,
si claires qu'elles soient pour les sujets parlants, ne se
laissent pas formuler d'une manière précise un Français
sait quand il doit se servir de l'indicatif ou du subjonctif
mais il ne faut pas lui demander ce que signifie le subjonc-
tif )c Slave le plus illettré emploie avec sûreté le perfectif
et l'imperfcctif mais le plus pénétrant des slavistes est hors
d'état de donner une formule qui permette d'employer avec
sûreté l'un ou l'autre des deux aspects. Ceci posé., on ne
sait comment formuler des théories. Ces deux inconvé-
nients semblent inhérents à la matière et ne peuvent être
supprimés.
Aussi M. Havers ne s'est-il pas placé au point de vue des
faits de langue. L'ohjet de son livre, c'est ce qui condi-
tionne le changement linguistique. ïl examine d'abord les
conditions des faits, puis les tendances (T~c~~a~e) qui
poussent à des innovations, et enfin. brièvement, la combi-
naison des conditions et des tendances causes efficientes
et causes finales. Pour chacune des cent quatre-vingt-cinq
subdivisions de son livre, il fournit, en appendice, p. 209-
270. une bibliographie choisie d une manière personnelle et
qui, par elle-même, est déjà instructive. En somme, on n'a
pas ici une théorie de la syntaxe, mais une théorie des
changements qui interviennent dans les moyens d'expres-
sion. C'est une revue des éléments auxquels sont dues les
innovations. L'auteur a visé à fournir une information
large et critique plutôt qu'à présenter un système original
et lié. Son ouvrage devra être beaucoup consulté; il sera
souvent utilisé, et l'on en doit attendre de grands services.
Quelque chapitre qu'on en lise, on sort de cette lecture
mieux instruit et disposé à poursuivre les recherches dont
21
COMPTES
RENDUS
M. H:)\ers (tonne les amorces; haut étogc et que mérUent
pou de livres.
Il est malaisé de discuter un ouvrage qui touche rapide-
ment à tant de sujets. II faudrait examiner tous les types
d explication, et le caractère fragmentaire de l'ouvrage
entraînerait une critique dontie détail serait infini. Quelques
exemptes suffiront pour montrer qu'on se trouvera bien de
pratiquer ce livre.
Les traits qui dominent tout ne sont pas assez mis en
valeur. Soit, p. 32 eu suiv., la subdivision intitulée Volks-
/~<7)', 38-39. L'enseignement y est juste. Mais il ne va
pas assez au fond des choses. Le mieux est d'éviter le mot
logique, autour duquel il y a une- « mystique )) et, plus
encore, le mot peuple, autour duquel il y en a une autre,
pire. Le mot logique n'a un sens précis que là ou il s'ap-
plique à des procédés techniques de raisonnement propres
à conduire à des conclusions rigoureuses les savants ou les
philosophes. Quand on parle ou qu'on pense d'une manière
courante et naturelle, sans' technique, on est hors de cette
logique a. Alors, tout le monde est peuple, sauf les
pédants qui ont toujours mentalement un tableau noir à
côté d'eux. L'Allemand qui dit ~~M<e~ der Bank M?~
~M?MC~!dem Ofen et le Français qui dit {?OM~ autres visent
seulement à s'exprimer d'une manière nette. En répétant
~cMcAc?!devant chacun des termes considérés, on marque
avec clarté que l'idée de « entre » s'applique aux deux en
mettant autres après vous, on marque avec clarté qu'il ne
s'agit pas de celui qui parle c'est le sens propre de « v.ous))
il n'v a là aucun péché contre aucune « logique » on dit
deux fois la même chose afin d'être sûrement compris. Tout
professeur sait que enseigner, c'est répéter. Et l'on sait que,
en général, on n'est pas écouté de son interlocuteur.
Chacun des interlocuteurs dit ce qu'il a dans l'esprit; mais
celui qui entend suit sa propre pensée dont il est malaisé
de le distraire et l'expérience a montré qu'il vaut mieux
dire les choses deux fois qu'une. Si le linguiste habitué à
opérer avec des textes s'étonne de ces manières de
s'exprimer, c'est qu'il ne pense pas assez aux conditions
22
\V. XAVERS

ordinaires du discours orai. Chez un poète qui compose


pour être entendu, non pour être lu, comme Homère,
l'expression M-u;spM-:a: xX/.M-~ que cite M. Havers est natu-
relle. Sans cesse Homère dit deux fois la même chose
y.x'i y.~oxcsos'jjxt, e'/ Ou[~M~.e~.XMi: 6s6o!o~t (~)!.SM~.
L'impression de lenteur que donnent les oeuvres littéraires
anciennes provient de ce qu'elles étaient faites pour une
lecture orale. Aujourd'hui ou le lecteur peut toujours revenir
sur ce qu'il n'a pas bien compris, on n'écrirait pas une
phrase comme celle-ci du C~a~e 383 h :'jy.s~ -x~
2/.AS' KvQpMTT:~ ~X~, ::K:p XX/.OU~.E-y 2~:p.XSXSCS" TOU "6
ex~sTMX-~p.x. On ne se répète pas ainsi. Le contraste
entre les traités de Cicéron faits pour être lus devant un
auditoire et une lettre à Atticus faite pour être lue par le
destinataire est frappant. II ne s agit pas ici de logique, mais
de conditions de l'entretien entre hommes différents. Le
langage est chose intellectuelle mais il ne se compose pas
de termes ayant chacun juste la valeur de leur définition.
Les phrases s'échangent entre hommes qui se communiquent
des valeurs vagues et qui, du reste, ont chacun leur menta-
lité propre. Il serait intéressant de voir quel est le « jeu »
entre ce qui est dit et ce qui est compris dans chaque cas.
Soucieux du général, M. Havers n'a sans doute pas tou-
jours pensé à l'originalité de chaque langue. Ainsi, quand il
vient à parler des groupes de mots, il pense aux langues
modernes de l'Europe occidentale, où ces groupes sont les
éléments essentiels de la phrase, plutôt qu'aux anciennes
langues indo-européennes où les mots étaient autonomes.
Par exemple, la doctrine exposée p. 13, que. en règle géné-
rale. la phrase ne se compose pas de mots: mais de groupes
de mots, est juste pour les langues romanes et les langues
germaniques modernes. Mais elle ne 1 est pas des anciennes
langues indo-européennes elle ne l'est ni de l'ancien indo-
iranien, ni de la langue homérique, ni du latin classique.
L'indo--euroleen opérait avec des mots fléchis, tous auto-
nomes et dont chacun portait en lui-même sa valeur
pleine et l'indication de son rôle dans la phrase. P. 8 est
i!lustré par de bons exemples un tour indo-européen
23
C<M!I"r;:S RHKDUS

remarquable. celui dont véd. ~c~'a~ aM~'e~yow! a/M<yc


~M?~o~Mest un bon exempte on y voit justement à quel
point est indépendant chaque mot d'une phrase indo-euro-
péenne.
Les tendances sis'nalées rencontrenl des tendances anta-
gonistes. et, dès qu'elles aboutissent à un résulta), l'effet
en est anéanti par le succès même qu'elles ont eu. Le lan-
gage est chose intellectuelle, donc abstraite, et par suite
inexpressive. Par réaction, les sujets parlants cherchent
souvent à s'exprimer en termes concrets au lieu de dire
M~~ .9<7~,un Allemand dira volontiers <e Z<e?~e.9<7~
Mais il suffira que le procédé se généralise pour qu'on ne
pense plus aux « g'ens » et pour que la valeur concrète
disparaisse. Le procédé n'est pas assez mis dans l'ensemble
où le linguiste doit le situer pour le voir dans sa réalité.
Le chapitre de M. Havers ne perd pour cela rien de son
intérêt.
A. M.

Al. Pnocopov;c!. ~c tractat de ~'K~MM~ca~:e~<?~.


Cernâuti (Editure revistei Slologice), 1930, in-8.
xv-175 p.

Petit ouvrage sans prétention, destiné aux étudiants


roumains. L'auteur est bien informé, mais il ne signale pas
les ouvrages en anglais M. Jespersen n'est représenté que
par une traduction allemande, et M. Sapir est omis dans la
bibliographie.
H aurait mieux valu ne pas mettre en tête du livre la
distinction en langues isolantes, agglutinantes et flexion-
nelles. Et surtout il aurait fallu n'y pas attribuer une signi-
fication chronologique qui n'a pas de réalité. Les formules
simples et commodes ont la vie dure.
P. 67, in distinction qui est faite entre phonétique et.
phonologie n'est pas celle qu'enseignent les créateurs de la
phonologie, tels queleprinceTroubetskoy,M.R. Jakobson,
etc.. etc.
24
kAHL\'OSSL):R

Dans l'ensemble, les étudiants roumains trouveront dans


ce petit ]i\reune information 'tendue et précise.
M. A.

Kar! VossLER. ~/c~o~/o~/c /<7oA!y!'e<2. Co~ rp/e~eMc~.ya


los !<~o?~asmodernos, c.~eeM~ï~M~e al a~MMM.Madrid
(Saez Iiermanos). ')930, in-8, 104 p.

M. Kart Vossier a fait à Madrid une série de conférences.


Dans les leçons de cette sorte faites devant un public
étrans'er. un savant est naturellement amené à présenter ses
idées de la manière la plus nette, la plus dépouillée dans
ce petit livre ou sont reproduites des conférences faites en
espagnol, on a chance de trouver l'exposé le plus sobre, le
plus eflicace des vues qu'aime à présenter le maitre original
de Munich.
Ce n'est pas a la structure de la langue que s'intéresse
M. Vossier: un état de langue est chose fixée. Ce qui pour
lui mérite d'être étudié, c'est. comme il est bien dit p. 33
« la région original, creadora e inventiva de nuestro pensa-
miento a. Le comparatiste étudie « des objets achevés, finis
ou considérés comme tels )). non « les forces qui créent,
engendrent, croissent ». JI. Yossier oppose « aux usages,
aux noms, aux lois » qui sont objets de comparaison « l'ori-
ginalité, la spontanéité créatrice )).
S'il est possible d'observer la création linguistique, on
n'hésitera pas à lui donner raison. En s attachant aux faits
de langues fixées, les linguistes sont allés au plus facile il
a été fait de ce côté beaucoup de travail, et il en reste à faire
beaucoup plus qu'il n'a été fait. Mais on aimerait savoir
comment se sont créés ces faits qu'on voit tout réahsés.
L'effort des « idéalistes » appelle la sympathie.
Il reste à savoir quels résultats on en peut attendre. H v a
dans 1 exposé plus de critiques que de données positives.
M. Vossier, qui n'aime guère la géographie linguistique.
croit apercevoir une réaction contre les atlas lins'uistique-
2n
coMp'rns REXDUS
Cette réaction existe. il est vrai, dans son groupe, etcDe y
résulte de la doctrine commune de ses membres. Mais il ne
signale pas l'œuvre monumentale de MM. Jaberg, Jud et
de leurs coDahorateurs.qui est si suggestive, ni le fait que.
malgré )'t'xistence de ce bel atlas. Dtalie en prépare, sous
la direction de M. Bartoli, un autre, qui (toit être plus
monumental encore.
En revanche, on ne sera pas surpris qu'il attende pour le
iinguiste quelque profit des doctrines de Freud. Qu'il y ait,
dans les innovations linguistiques, une part à faire aux
régions troubles de l'esprit, on l'accordera volontiers. Mais
parmi les exemples fournis, il y en a qui semblent ne rien
prouver. Par exemple, p. 40, là où il cherche des traces d<;
mysticisme dans la langue, il cite le mot ail. ezK/?M~.y (esp.
<M/?MC/!c<o, fr. !'??./?KCMee).
Il aurait convenu de se reporter
aux premiers usages de ce mot et de chercher chez quels
hommes il a été créé. d'ou il est parti. Tout le monde sait
que les astrologues, qui ont été des gens considérés, s'en
sont servis or, l'astrologie a été une discipline précise, et
il n'y a pas à chercher ici une manifestation de mysticisme
dans la langue; on est en présence d'un terme technique.
En tout cas, on ne peut tirer parti de ail. /e:<cA~ ihm ein
sans se demander s'il n'y a pas ici une traduction du
groupe de lat. e?/M~/M,euidentia. Derrière toute création
linguistique, il y a de l'histoire, et c'est l'une des choses
qui rendent malaisé d'observer une vraie création. On
observe plus d'adaptations que de créations.
M. Yossier affirme souvent là où une démonstration
serait bienvenue. P. 33, il enseigne que la substitution de
entendre à ouïr en français est un effort de l'intellectua-
lisme français au xvt!" siècle. Peut-être ne faut-il pas négli-
ger cette considération. Mais surtout, il ne faut pas oublier
qu une innovation linguistique ne résulte le plus souvent
pas d'une condition unique il y a convergence de condi-
tions multiples qui n'ont rien de commun entre elles que de
venir se rencontrer sur un même élément. Il faudrait avant
tout chercher ou a eu lieu l'emploi de entendre d'ou est
parti le changement et en quelle mesure les parlers ruraux
26
):('(.HKLERCH
devraientce terme au français commun: iln'est pas légitime
d'attribuer à des paysans du xvn' siècle t'inteHectuaiisme de
leurs contemporains cultives. Et il ne faut pas sous-estimer
les tares de ~r son manque de corps. f'anomatie de ses
formes. Les mots qui expriment la notion de « entendre H
sont sujets à beaucoup de changements: sans a!ier plus
loin, il suffit de rappeier que, en latin, audire ne continue
pas !e verbe indo-européen signifiant « entendre » et que.
déjà en latin ancien. c~M<?,C/KP&était en voie de disparition.
Ce fait latin n'est pas isolé parmi les langues indo-euro-
péennes. Il n'est donc pas aisé de déterminer quel a été
dans l'extension de <?7ïi~MO~"e le facteur dominant. En tout
cas. on ne peut le préjuger sans un examen critique des
données.
On tirera profit des discussions de M. VossIer.La façon dontt
il critique, p. 32 et suiv., la vie que donnent certains lin-
guistes aux mots, aux amxes, aux formes grammaticales est
juste et jolie. Mais la faute qui est ainsi reievëe, avec autant
de talent que de sens, se trouve seulement chez quelques
linguistes doués d'imagination. Dans l'ouvrage d'A. Darmes-
teter sur la vie des ~o/.s'. eUe est dans ]e titre plus que dans
te fond. Et la plupart des comparatistes qui s'occupent de
langues indo-européennes anciennes en sont exempts.
On n surtout insisté ici sur la critique, parce que M. Voss-
lei- a l'esprit combatif. Mais le dernier mot de cette notice
doit être pour engager à lire te livre et à réSéchir sur les
dernières pages ou l'on trouvera fort à penser.
A. M.

Eug'en LERCH. ~~M~)/'o~/6'Mïe<a//ro~Mc/<e7/ tS/)ro'c/!e.


Z~o??</crM. Braunschwpis-Beriin-Hambours (\ester-
mann). t931.in-8.Hi8p.

Pour t'entre mieux snisissabtes les iftccsqu'ita exprimées


dans un p!cudent ouvrag'f, imnonc~ ici l'an demifr.
~1. L<'rch entre maintenant dans )<' datait. Lf français lui
COMPTES RENDUS

fournit ses exemples mais ce sont les idées générales qu'il


importe de marquer ici.
Le chapitre où on le verra le mieux est celui qui porte le
titre 0~e?'~cA:'eA~ MK</C/KYe~'c/MC/~ M?der 6'~cc~e (~ï7
~p.yo?!</e~pr ~e?*(e/c/<~M/ f~c?'j~OM~ye~e~/y'~c).Là où
elle sert à une population complexe et ou les gens sont à
des niveaux sociaux distincts, la langue est l'un des élé-
ments par où se manifestent les dIBérencesde niveau social,
et, naturellement, ce n'est pas sans conséquence pour son
développement. Au début, une distinction aurait été utile
niveau social en général ou niveau de culture intellectuelle?
M. Lerch pense surtout au niveau de culture en France,
pays sur lequel portent les observationsjle l'auteur, le niveau
social devrait sans doute être mis~aupremierplan le français
est la langue d'une classe sociale, et si l'usage de la langue
(lel'élite s'étend, c'est que le pays s'embourgeoise. Mais c'est
surtout sur les différences de culture intellectuelle qu'insiste
M. Lerch, et l'objet de son chapitre est de réagir contre la
vieille idée, suivant laquelle tout progrès dans le langage
proviendrait du « peuple », de la ~3/e~ et non du ~OjOM/M~.
~ulle part cette idée n'a prévalu plus qu'en Allemagne, et
M. Lerch fait œuvre utile en montranLcombien on a exagéré
de ce côté.
En même temps, et par là même, il insiste sur le rôle des
innovations « conscientes a. U y aurait là matière à beau-
coup de discussions, et il y a des nuances à considérer. Par
exempte, p. 308, M. Lerch note avec raison que lat. Meca~c
et n~art' devaient aboutir à une même forme française or,
il y a une différenciation, et le français distingue ~o~e?' de
M~- il affirme que cette distinction a été intentionnelle
c'est préjuger ce qu'il s'agit de prouver. Partout où elle
risque d'entraîner une confusion~génante, l'homonymie
tend à disparaître c est ce fait qu'a vu Gilliéron, et dont on
observe souvent des exemptes mais, de là, il ne résulte
pas que l'élimination de l'homonymie ait toujours lieu par
une action consciente et voulue. I[ ne faut pas opposer d'une
manière absolue le conscient à l'inconscient en pareille
matière. le conscient a ses degrés, comme l'a vu M. Bréal
28
P;L'GE\ LERCH

dès longtemps. La gène qui résulte de l'homonymie peut


n'être perçue que d'une manière obscure et, de même que
l'on se débarrasse d'un objet menant par des mouvements
dont on ne se rend guère compte, on tend à supprimer une
gène linguistique par un choix qui n'a rien de clair. Ou ne
s'est pas nécessairement dit il n'est pas normal d'expri-
mer par un même mot l'idée de « dire non )) et celle de
<t tuer par Immersion M entre deux groupes complexes
coexistant à côté l'un de l'autre, on a été amené à faire une
différenciation, sans doute parce que l'un se prête mieux
que l'autre à rendre l'une des idées. Il n'est pas vrai que
le choix aurait pu être inverse TMeyapparait comme natu-
rellement lié :) ne et MX,tandis que ?!0~' est indiffèrent
aux deux sens. Le choix était donc dirigé par le sens, et
non arbitraire.
P. 236 et suiv.. M. Lerch se sert du fait que ic passage
de intervocalique à r dans le parler parisien a laissé peu
de traces le principal est c/<GMeen face de c/«wp. Les gens
instruits auraient imposé leur prononciation, qui était la
prononciation ancienne et qui répondait; du reste, aux formes
latines. Mais les faits sont peut-être plus compliqués qu'il ne
le croit. Le centre d ou a rayonné l'usase du français
commun est le centre de l'ile-de-France. Paris. Mais ce
n est pas à dire que: de tous points, Paris ait dû faire préva-
loir son usage particulier. L'action de Paris a eu, suivant les
siècles, des forces inégales. Grande aux époques d'ordre,
aux xn" et xm" siècles, puis a partir du xvu', elle a été
moindre durant les périodes troublées, et notamment du
xiv~ siècle à ia fiu du xv['. 11 faut se représenter en quelle
mesure l'usage parisien a prévalu en français commun au
cours de l'histoire l'historien du langage doit d'abord être
historien, et l'auteur n'y contredit sûrement pas.
Le chapitre de M. Lerch est plein d'observations justes.
H n'v ya pas de moment du développement » du français
(pour moi développement )' indique simplement le passage
d'un état de langue il un autre, sans aucune nuance acces-
soire d'amélioration ou de détérioration de la langue") ou ne
soit intervenue ) action d<' la laniruf écrite, d'abord le intin
2H
COMPTES RENDUS

seul. puis à la fois le latin et le français. Mais, sauf restau-


ration ou même introduction arbitraire de certains pho-
nèmes ainsi ley de/e~Mdans la prononciation pédante–,
ceci n pas empêche la prononciation du français de subir
des changements radicaux où l'écriture n'est pour rien et
auxquels les plus savants se sont soumis sans seulement y
penser mouillé devient yod, ?' a change de caractère, F: en
hiatus est devenuy partout, si bien que, avec la prononcia-
tion actuelle, tous les vers classiques ou figurent des mots
tels que A'on.~'e liais, etc., sont devenus faux.
Dans le développement de la langue, il ne faut diminuer
la part ni des changements involontaires dont on ne s'aper-
çoit pas. ni des influences savantes. Il y a là deux domaines
que Ihistorien doit observer avec une même soumission à
1 enseignement des faits, avec une même absence de parti
pris. Personne ne doute que le mot diable soit dû tout
entier à l'influence de l'Eglise, et parfois M. Lerch affirme
avec trop d'insistance des choses qui ne sont pas contestées.
Le livre fait réfléchir. M. Lerch a le mérite de mettre en
évidence le rôle de l'esprit dans le développement des
taneues. On l'en remerciera.
A. M.

E. SApm. To~c~y. Baltimore (Wawerly Press), 1930,


in-8. 28 p. (jLo~MC~reM!OHO~o/.)/~de la LM~MM<c
tS'~c/e<o f America, Vï).

L'y/e/ïa~'o/!6t~M~!7/a?'yZ<a?!~M<2~e~LMocz'ai!/OM(IALA),
qui a ~!e instit.uucaux Éiats-Unisa su trouver des linguistes
de premier ordre pour les travaux qu'elle organise. Elle ne
se proposepas d'aboutir Immédiatement,à réaliser une langue
artiticieHe procédant, avec la méthode qui convient, elle
fait les études préparatoires.
La monographie annoncée ici.est la première d'une série
qui sera ''untinuéc 0) vertu d'JLm_accord entre IÂLA et la
Société américaine de linguistique.
30
E.SAPiR

Elle est consacrée il la notion de « totalité '). I\l. E. Sapir


analyse cette notion et en distingue toutes les faces. Il part
de la notion, et, pour illustrer les nuances qu'il distingue, il
se sert d'exemples anglais. Les vues énoncées sont correctes,
et 1 analyse est faite avec finesse.
Au lieu de procéder ainsi à priori; il aurait mieux valu
partir de faits linguistiques concrets. Si l'on part des notions
on risque de diviser à l'infini et d'aboutir à une complica-
tion où n'est tombée aucune des langues existantes. Au lieu
d'aboutir à une langue artificielle utilisable, on risque de
montrer aux partisans des langues artificielles existantes
qu'une étude méthodique conduit à un projet qui demeu-
rera un idéal. De même que le vocabulaire des langues arti-
ficielles ne peut être constitué utilement qu'en tirant des
langues existantes les éléments communs, on ne posera pra-
tiquement des nuances de sens qu'en examinant les nuances
exprimées par les langues existantes, en les rapprochant,
en les comparant. C'est de la réalité qu'il faut partir. En
même temps qu'on ferait ainsi œuvre pratique, on apporterait
à la science linguistique des données précieuses.
Il serait à la fois onéreux et vain de poursuivre l'en-
quête chez un grand nombre de non civilisés quelques
exemples caractéristiques suffiraient à cet égard. Mais il fau-
drait voir comment se comportent les grandes langues de
civilisation, et ici on ne devrait pas négliger l'arabe et le
chinois. Tl importerait, dans une langue artificielle, de
marquerl'opposition essentielle, entre la totalitéd'un nombre
d'objets discontinus, et un ensemble où ne manque aucune
partie. Il est remarquable que, en français, tout soit ambigu.
Et il serait intéressant d'examiner comment l'expression de la
totalité d'un nombre d'objets discontinus a été souvent tirée
~lemots qui expriment l'intégrité d'un objet, tout comme on a
souvent tiré des mots signifiant « seul » l'expression de ~unM.
A. M.

3) 1
COMPTES RENDUS

Il. PtËnox. L'année psychologique, XXX (1929). Paris


(Alcan), 1930, in-8, xvm-936 p.

Lu bibliographie annuelle pour laquelle M. 11. Piéron a


su réunir un groupe remarquable de collaborateurs est
devenue si ample qu'il a fallu brocher l'ouvrage en deux
tomes.
A l'occasion du trentième anniversaire du recueil, M. Pic-
ron indique ses vues sur la bibliographie. Il insiste avec rai-
son sur l'utilité qu'il y a à ce que les analyses soient faites
par des savants capables de faire comprendre la méthode
employée par les auteurs des travaux analysés et d'en faire
sentir la portée, de la critiquer au besoin. En matière de
science, un travail mécanique fait par des mécaniciens n'a
guère d'utilité.
Comme les années précédentes, la part faite à la linguis-
tique proprement dite est petite, et le choix des mémoires
signalés est arbitraire. Deux mémoires importants sont
signalés, l'un de M. Sapir, sur le symbolisme phonétique,
l'autre de M. A. H. Monroe, relatif aux effets de l'action
motrice (des gestes) sur l'intensité de la voix. Entre
autres mémoires de caractère général signalés, on notera
celui de M. PIaget sur « les rapports de la pensée ration-
nelle et de l'intelligence motrice N, et surtout celui de
M. E. Cassirer, sur « la pathologie de la conscience sym-
bolique ».
A. M.

H. PEDERSE~. Z~?//MM/i'C NCMKCP in M~eifePT!~C'eM-


/<y. /)!/e~o~a?M~'MM~. Translation byJ. W. SpARGO.
CamLrifiG''('Harvard UnivcrsiLypress) (et Londres, Mil-
iot'd. Oxford Univcrsity prcss), 1931; in-8, x-~60 p.

M. Spargo a fait.œuvre utile en rendant accessible à tout


!<'puhtic. parc~tk' traduction, i'ouvrage danois de M. H.
32
jr;A~ GAL'DEFROY-DEMOMBYf-ES

Pedersen. L'exposa de M. Pedersen est le seul où l'on puisse


prendre complètement, une idée de l'intérêt actuel des études
de linguistique historique. On y trouvera même des aperçus
sur les problèmes que devrait résoudre un prochain avenir.
Par rapport à l'édition danoise de- i924, la traduction ne
renferme que peu de compléments. La formule d'après la-
quelle le hittite appartiendrait très probablement à la famille
indo-européenne, en dépit de son apparance insolite ne
répond plus à l'état actuel des connaissances la morpho-
logie du hittite est purement indo-européenne, et les élé-
ments essentiels du vocabulaire sont aussi indo-européens
en maintenant une attitude de demi-scepticisme, M. Peder-
sen ne donne pas la nuance juste. Le hittite est de l'indo-
européen d'un type archaïque.
ii importe d'autant plus d'attirer sur ce livre l'attention
du public français que M. Pedersen est, à beaucoup d'égards,
plus loin de nous. Par exemple, il omet et chez un
savant tel que lui, ceci a une signification au point de vue
théorique de citer mon Introduction.
A. M.

Jean GAUCEFROY-DEMOMBY~ES.Z/<X'M~e /MM'~Me de


//M~~o/ Paris (Maison neuve frères), [sans date],
in-i6. il6p.

Peu d'itommes ont apporté à la linguistique une pensée


neuve et forte, tl vaut la peine d'examiner les idées de ceux
qui. comme Humboldt ont exercé une action directrice
suries linguistes de leur temps. M. Jean Gaudefroy-Demom-
bynes doit être loué de son projet. Mais l'exécution laisse à
désirer. Les idées de Humboldt sur la linguistique ne sont
pas situées dans l'ensemble de la pensée du philosophe. Et
ie jeune auteur se met trop en avant, mêlant sans cesse aux
idées de Humboldt des points de vues modernesetses critiques
personnelles, Ce petit ouvrage n'est pas assez objectif.
A. M.

33
3
COAU'TES RENDUS

Klara H. CoLU'rx. )'cr~' of ?/<o~o/<in ~p~' ~o/Tï~M~c


</<tw~c~c< Phlladelp!)ie (Linguiste Society of Ame-
t'ica). 1931,In-8, tt2 p. (Languagc monographs, Vtïf).

Il valait la peine d'indiquer en combien Jedirt'ctions s'est


ctcndu i emploi des vérités Indiquant un mouvement le
sujet est bien choisi, et l'on sera heureux d'avoir sous la
main tant d'exemples mis en ordre et prêts à être retrouvés
grâce à l'index. SeulementII ne sufMtpas de juxtaposer des
faits bruts un dévelopement sémantique n'est utilisable
que si l'on en a fait l'histoire, non pas à priori, mais d'après
des données positives. C'est ce que l'auteur ne fait jamais.
En particulier, quand on opère avec des faits qui se sont
passes dans des langues voisines les unes des autres et sou-
mises aux mêmes influences de civilisation, il faut toujours
se demander en quelle mesure un développement de sens a
été calqué sur un autre. Ainsi ce n'est évidemment pas par
hasard que ai), ~e~'p~?~ a pris le sens de co??!~)~'e~cf~e, ou
que ail. ue/ye~eM, angl. forgive équivalent à ~c'~OH~e/
A. M.

Marcel CûHEx. ()Me&'i!M/M6~e/~MM~Me A et B


(Comité international permanent des linguistes).

Le 6'oMM'~edont M. J. Schrijnen est l'actif secrétaire a


jugé bon de rcpublier, avec les corrections suggérées à
M. Marcel Cohen et avec celles dont il s'est avisé lui-même,
te questionnaire qu'avait publié en 1928 l'7/M'~M~e~'e~KO-
logie de l'Université de Paris. On sait quel instrument
admirable sont ces questionnaires grâce auxquels des
enquêteurs même peu formés, s'ils savent obtenir des
réponses, peuvent fournir aux linguistes des données utiles
f't qui sont propres à guider ceux qui voudront entre-
prendre des enquêtes d'ensemble. Il n'y a pas besoin de
l'appeler que nul besoin n'esta pour le linguiste, plus pres-
sant uue celui de cette enquête.
A. M.

34
K. A. GAXCHtNA MÉLANGES OFFERTS A JOS. CHLUMSKY

Oiaf BROCHog Ernst SELLER. //Œ?M~o~ z' e/e~!PM/Gp/'


/b/:p~'A'A'.Annen gjennemsetteutgave. Oslo (Asc)iehoug),
i93û, in-8,v-132p.

Ce petit manue! de phonétique es! aussi sobre qu'il


est précis et nourri. Par le fait qu'il est écrit par des
savants norvégiens et destiné à des étudiants Scandinaves,
les principaux exemples sont pris aux langues Scandinaves
et propres à les éclairer. Ceci en indique l'intérêt particulier
pour l'ensemble de la phonétique. Par exempte, dans la
question de l'accent qui est traitée largement, la phonétique
de la phrase des langues Scandinaves est décrite avec soin,
et le stod danois est examiné en détail.
A. M.

K. A. GAXCH)i\A J/e/~f/~C yO/OC~UŒ/T/O M!??<M~'<2KM!r


~ry~ 4 fascicules. Moscou, 1930-3), in-8, 61, 64, 84,
t-i7p.

En principe on n examine pas ici les ouvrages relatifs à


L'enseignement des langues. On fera cependant une excep-
tion pour cet exposé ample et systématique, qui paru en
Russie risque d'échapper à nombre de nos confrères et où
les problèmes sont signalés en détail.
A. M.

RECUEILS

J/c~a~y&s' a~OMp~Mp. de /M~M~yMe littérature


o~!?/ à ./<M. C'<M~ Prague, 1931, in-8, 176 p. et
J portrait (publication deA'/M ~o</e/?c/! /?/o/o~M, Caso-
/~M/~o M!0</e/'M</?/o/c'y:7.XVH, 1-2).

A l'occasion de son soixantième aniversaire, M. Jos.


Cbiumskv a reçu de ses amis un recueil de mélanges où la
phonétique et la linguistique tiennent la plus grande place
p. 11-155. en tout 22 articles.
35
COMPTES hEKDUS

Paris ou M. Chiumskv a si longtemps travaillé. ou il a


tant d'amis qui ne l'oublient pas, s'associe a cet hommage
AI. Mazon, l'abbé Millet, M. Vendryes et moi-même, avons
été heureux de collaborer au recueil.
Suivant l'usage, une notice indique ce que iit M.Chium-
akv. et une notice bibliographique signale ses publications.
Une notable partie des articles touche à des questions
de phonétique, et surtout de phonétique expérimentale. On
remarquera l'artirle ou M. Miictic' de Belgrade, qui a étudié
près de M. Chiumskv, étudie les intonations du serbe et. du
tchèque d'une manière approfondie, et en signale les
variétés.
On notera aussi l'article instructif de M. Hula sur ce qu'en-
seigne la cinématographie de l'articulation des lèvres. Ce
procédé d'observation rapporte certaines données précises,
qu'on n'aurait pas facilement d'une autre manif're.
M. Mathesius compare la structure rythmique de la phrase
anglaise à celle de la phrase tchèque. La phrase anglaise
commence volontiers par des éléments inaccentués, tandis
que la phrase tchèque commence normalement par des élé-
ments accentués. Mais ne pouvait-on le prévoir? Le tchèque
n'opère pas comme l'anglais, avec des articles devant tes
noms. et des pronoms devant les verbes, une préposition
devant l'infinitif.
On signale ici deux articles qui posent des questions
importantes.
Sous le titre de hantise /?/M/te~'yMc, M. Bruneau~décrit un
''as de bilinguisme des Canadiens français, dans un
milieu de langue anglaise, acquicrent une .prononciation
.ma'iaisc de leur français. Le cas est décrit d'une manière
expressive et vivante.
M. Vendryes considère comme résultant d'allongements
expressifs certains et tf indo-européens, qui ne s'expli-
quent pas par d'anciens *9,
A. M.

-36-
ARCmV ORtEKTALN)'

ZM/<x/<'c ce~A'o~7<?.u~/?~A'</e/;
~~ae< /MM~'c~eA « /<
/<c~'?/c/' ~-a rok ~92~. Cart 1. Z,<M~t'a o~ec~<2,
a ce.?~a. Prague (~4.A'.u~/ a
!/«/ocu~o~A'M, .'?/oi,'a/MAY<
/WM/Ï/). 1930. in-8. 63 p.

L'Académie d~ Cracovie a renoncé à publier sa biblio-


graphie de la linguistique slave, et le premier congrès de
sfavistes, tenu à Prague en 1928, a décidé que chacun des
pays de langue slave fournirait la bibliographie des travaux
parus dans ce pays.
Solution peu satisfaisante. H aurait été bon de demander
à chacun des pays de fournir les éléments de cette biblio-
graphie à un bureau central qui en aurait fait une publica-
tion d'ensemble, comparable l'ancien ~oeM:7fde Cracovie.
Mais il sera incommode d'avoir cinq bibliographies distinc-
tes. qui paraitront a des dates différentes. Et l'on peut se
demander si la Russie fournira la sienne. Le prochain
congres de slavistes fera bien de reprendre cette question.
En attendant, t/Mr/oyey/~û/ïMc~p~ ./<7A~MC/! fournit, par
bonheur, l'essentiel.
Comme on pouvait le prévoir, ce recueil dû aux savants
tchequesetdontM. 0. Hujerasignéia préface.est excellent.
Il fournit des résumés précis et donne une idée nette du
travail linguistique fait en Tchécoslovaquie. On souhaite
que chacun des pays participants fasse aussi bien, et sans oser
l'espérer, qu'il n'y ait ailh'urs ni manque à la promesse ni
retard.
A. M.

~b'c/~i' o~'<e?t~7~<. ~ow/i'<7/ o f ~e C~ec/MM/oua/t' o~:eM~a/


~~7M~<7. /a~e; editfd by B. HnozNY. vol. 111, n° ') et
n" 2. Prasu<- (0/?~ f.r). 1931. in-S, 430 p.

Cf beau !'<'cueil tic mémoires d'orientalisme apporte la


suite de deux publications. l'une de M. KraetAtz-Greifen-
~7
COMPTES
REKDCS
horst. p. 1-20. sur la phonétique du tatar de Kazan, l'au-
tre, de M. Pavet-Poucha.p. 163-188, intitule roc~c<7.
M. Poucha étudie, de manière approfondie, la formation
des noms dans les deux dialectes tokhariens. De plus,
M. Skahcka y rend compte de M. Mikhallov, ~/<7~'MKa'.y!<~
a~yo/ et les /ocM~o/?~populaires ~Mrc-o//<?7~~M.y, parus a.
Leipzig, en 1930.
Le second fascicule se compose d'articles destinés à des
lecteurs non spécialistes. Le linguiste y lira. p. 272-295. un
bel expose de la question hittite, sous la forme d'une confé-
rence qui a été faite à Paris et en Angleterre.
M. Hroznv y expose comment il a reconnu et démontré le
caractère indo-européen du hittite écrit en cunéiforme,
aperçu par Knudtzon que personne n avait voulu croire et
qui est mort sans avoir vu confirmer, par la pénétration et
la méthode rigoureuse deM.Rrozny, son idée fondée sur de
bonnes raisons. M. Hroznt a bien voulu faire état d'une in-
dication que je lui ai fournie sur le caractère de la langue:
pour qui admet qu'une langue Indo-européenne est une lan-
gue dont la morphologie s'explique par la morphologie
indo-européenne commune, le hittite est. purement et sim-
plement, indo-européen. Peu importe que le vocabulaire
offre ptus ou moins d'emprunts Du reste, le fonds essen-
tiel du vocabulaire hittite est évidemment indo-européen.
La grammaire comparée des langues Indo-européennes doit
donc désormais tenir compte du hittite comme du tokharien.
H n'en doit résulter le renversement d'aucune théorie fon-
damentale mais, à utiliser ces données neuves et inatten-
dues. on gagnera beaucoup de compléments importants et
de vues nouvelles.
Dans cette conférence, on trouvera les vues de M.Hrozn~'
sur les principales langues dont les trouvailles de Boghaz-
koi ont permis de déterminer l'existence et le caractère. Ce
qui est dit du &M~emontre que le hittite est l'un des dia-
lectes d'un ensemble Indo-européen.
Les vues de M. Hroznvsont toujours judicieuses. On fera
cependant une réserve sur une hypothèse qui est présentée
p. 285 les éléments morphologiques d'aspect indo-européen
~8
CAUCAStCA

qui scmhient se trouver dans (tes langues asinniques non


indo-européennes proviendraient du hit.Uic et du louife. Ce
n <'st ~ucrp vraisemblable'. Autant les mots s'empruntent.
autant il ''si exceptionnel que s'empruntent des éléments
morphologiques particuliers. Les concordances qu on croit
apercevoir entre l'indo-européen et des langues asianiques
doivent provenird'une communauté d'origine; elles figurent.
des maintenant, parmi les données qui permettent d'entre-
voir, pour expliquer i'indo-européen, le caucasique, le
t'hamito-sémitique, l'ouralien, ieturc, etc..une grammaire
comparée nouvelle.
A. M.

Caucasica herausgegeLen von A. DIRR. Fase. VL 1 Teil.


1930, 78 p. Herausgegeben von G. DEETERS,fasc. Vf,
2Tei[, 1930,77 p. Herausgegeben von G. DEETERs,
fur derarmcnisctien Teiiverantwortiich. K. RoTH, Fasc.
Vn, !93), 167 p. Leipzig (Asia Major), in-S.

Les variations de Litres (te ce périodique en résument


t'histoire durant les deux dernières années.
Après une carrière qui n pas toujours étéfacHe et où il
a rendu des services importants pour le défrichement des
langues caucasiques et pour la connaissance de ces langues
en Occident, A. ))irr est mort le 9 avrii 1930. On trouvera
une notice sur lui et la bibliographie de ses ouvrages au fas-
dcuie VI, 2. En linguistique, il était toujours resté un peu
autodidacte et amateur. Un linguiste systématiquement
formé, d'esprit critique, et qui a fait ses preuves, on le sait,
M. G. Deeters. a pris après lui la direction de Cc'~<'c'.M'c<7.
Entre ses mains, le périodique deviendra ] Instrument prin-
cipal pour l'étude des langues caucasiques en Occident. On
sait que mute étude n'est plus importante et pour la lin-
guistique généra)ea laqueiie tes languesdu Caucase appor-
lent des données d'une singu!ière originalité, et pour la
linguistique historique car on a ia l'un des rares exemptes
de survivance de pariers qui ont (tu avoir autrefois une
:19
COMPTES RENDUS

grande extension. Il faut souhaiter que M. Deeters reçoive


les ressources suffisantes pour continuer et pour développer
ce recueil. C'est d'autant plus important qu'une partie des
travaux faits en Russie est maintenant gâtée par l'influence
de M. Marr.
Pour le fascicule VI, 1, le regretté DIrr avait traduit une
étude de M. Jakoviev qui décrit, de manière pénétrante.
à son ordinaire, certains traits du tcherkesse. Dans ce
même fascicule, l'article P~oAe/a'MM~ der /Vc~p ~'aM~'c-
sus? offre l'éblouissante érudition du regretté J. Markwart.
Le fascicule VII débute par un article précis et solide de
AI.Deeters sur les noms de la semaine en caucasique du
Sud. qui donne une heureuse idée de l'orientation du pério-
dique sous la nouvelle direction.
Excellent érudit, Markwart n'était pas linguiste. Son
mémoire posthume sur la chronologie des changements vo-
caliques en arménien ne fait pas faire de progrès à la ques-
tion. L'idée de trouver dans le nom propre Tx: chez
Xénophon une trace du -/f' de nominatif pluriel arménien
est malheureuse.
M. H. Jensen étudie avec sDinla conjonction arménienne
e/'c, ~'e. Travail utile et précis.
La note où M. Martirossian veut expliquer par l'armé-
nien une désinence hittit~Lest~meerreur dont la nouvelle
direction a pris soin de se dégager, en indiquant que ce
n'est pas elle qui avait reçu l'article.
M. Joh. Friedrich, que ses remarquables travaux sur le
hittite ont armé pour les tâches difficiles et qui sait voir où
sont les recherches les plus utiles à entreprendre, étudie.
hardiment, mais avec rigueur, la grammaire du khalde. C'est
seulement par des travaux précis de ce genre que peut
progresser l'étude des langues de cette région dont on peut
tout attendre.
Il faut enfin signaler la Beitrâge .fw <S~'ac~- !<?t</ÏW~-
kunde c~M~eoT~Mc~py! <S'/a?MMM'des Guriee, de R. Bleichs-
teiner. avec beaucoup de textes.
A. M.

-40-
REVL'E HITTITE ET AStAXfjL'E tUVtSTA t.\DO-(.RECO-!TA!JC.\

/~Me hittite et a~Mï'yMC. ï, 1 à Paris (26, rue Saint-Guil-


Iaumc,V!I" arrond'), 1930, in-8, H p.

Sur l'initiative de MM. Cavaignac, Delaporte ctJuret, il


a été fondé en France une Société des études /<7~ et
asianiques dont le nouveau périodique doit être l'organe. Au
point de vue hittite, la revue souffrira de ce qu'il n'v a pas
en France de textes hittites à éditer. Mais, le domaine étu-
dié est d'un grand intérêt, et l'on doit souhaiter bonne
chance à l'entreprise qui est hardie.
Au point de vue linguistique, on notera l'examen, par
M. Gôtze, d'un texte de la mission Chantre, et une étude de
M. Cuny sur hitt. ?7M/< (ace. sg.), mahli (dat. sg.)
« pommier » on y retrouve évidemment dor. :j.x/<. Mais
s'ensuit-il que le mot soit indo-européen? Le hittite et le
grec ont pu prendre ce mot dans la région méditerranéenne.
Il y a des préfixes dans le vocabulaire indo-européen popu-
laire mais l'analyse de AI. Cuny reste aventurée.
A, M.

T~M~a indo-greco-italica, periodico diretto da Fr. RtBEzzo


XtV(1930). Naples (via Scarlatti, 8). 1930-1931. in-8,
fasc. 1-11,i36p. et IM-IV, ii4 p.

Dans ce nouveau volume de la revue vaillamment


conduite par M. Ribezzo, le mémoire le plus important est
celui où M. Ribezzo iui-meme étudie les origines complexes
de Rome ~oy~a delle or~/MM.Sabini e Sabelli (~(?e dia-
~~a~ Mcr~'om, M'o~/o~<'),fas. Ml; p. S9-99. Cet article
où, comme toujours, M. Ribezzo part de faits positifs exa-
minés avec soin, est important pour qui veut; avec
M. Schrijnen, tracer la carte linguistique de l'ancien domaine
de langue latine et discerner les éléments divers du latin
de Rome.
A. M.

4)
COMPTES
RENDES

T~WMcr/MyM <?/' /~A:7o&y<r~/<S'Of"<e/<}923-30. Lon-


dres (David Nut)), t93), in-8", 3H-vm p.

Ce volume est,le dernier dont le secrétaire de la société.


M. L. C. Wharton, ai-t réuni les principaux éléments il
vient, âpres quinze ans de secrétariat, de donner sa démis-
sion pour la publication, c'est notre confrère, M. Braun-
hottz, qui le remplace.
On y voit, dès l'abord, un des traits du travail anglais
relativement peu curieux de linguistique théorique et
comparative, les Anglais sont d'admirables lexicographes,
et <-en'est pas un hasard que le président de la société soit
h- dernier éditeur du grand dictionnaire d'Oxford, M. C. T.
Onions. Les premières pages du volume renseignent sur les
nouveaux projets de dictionnaire, auxquels les États-Unis
s'intéressent particulièrement un projet de dictionnaire du
moyen anglais, de l'ancien écossais, et d'anglo-américain
moderne, sans parler de dictionnaires partiels. En face de
ce qui existe et de ce qui est projeté. il ne faut pas cesser
de répéter que la situation de la lexicographie française est
humiliante et indigne de ce que la France doit à la linguis-
tique.
Les p. 78-199 sont occupées par un grand article de
k'xx'ographie A ~OM~Œ~c~ and <M?o notes on a Me:~en-
'M~ <c~'oH<x~y,par George G. Loane, série de témoigna-
nes recueilHs de première main.
Les p. 200-2S9 sont occupées par une étude, poussée
avant, de la phonétique syntactique dans le texte moyen
anglais du CM~or./t/M?~' par Zygfryd Marjan Arend. Cette
étude aboutit à des résultats précis résumés p. 2S8-259.
Suivent deux articles sur des noms de lieu, dont f un est
MM/M/P~.
M. L. C. Wharton discute la proposition de la réunion
de Copenhague sur la transcription et la translittération.
Enfin M. Dawkins étudie, p. 300-330, le vocabulaire de
ta chronique chypriote de Leontius Makhairas.
A. M.

42
)!)'[.Lf;Tt\ )\TEnXAT)0'<At.nr: t.'ACADÉMtE
YOt'r.~SLAVH

/~?<C~ !'H/<?/C/<07ï<7~f/C /lc~ ~0/r;??a/ /V/!7o/


/e, /<M~O!'rep~ /j//i'7o~<p. ;)vr[[-juin ~930. Cracovie,
i930. i ct 2.in-8. 1:7 p.

D.ms ce f.tscicuic ')u ~?/f~ï ou l'Académk' poionaise


résume t'n l'une d''s Jan~ues occidentales les rnentoires
tju'c!)o pu))iie. io linguiste notera l'étude de M. Szyjkowski
sur les inHuences polonaisc-s qu'a subies le grand lexico-
graphe tchèque Jungmann. (chapitre intéressant de la for-
mation du tchèque littéraire moderne.
Dans le fascicute de juiHet-décembre t929, on notera
une note précise sur l'histoire des voyetles nasales polo-
naises de M. Kuraszkiewicz.
A. M.

Bulletin ~<?/M~O/M~ de /4cG!6~W<i'Cyougoslave </e.S'


~C!'<<6'M et des ~e<x«~a/ C7<M.ye~d'histoire et de
/3~!7o/o~!e de ~7o.~o/.)/ et de droit des ~e<7M.r-
arts et belles-lettres. Livre deuxiemf. Zagreb. 1931.
in-8- 2S5 p.

L'Académie yougoslave de Zagreb continue son cxce)-


lente entreprise de résumer en des langues occidentales
en fait toujours en allemand–les mémoires publiés dans
)e 7?'7</etde donner des indications sur les autres publica-
tions de l'Académie. H y a là de nombreux travaux de
valeur qui. étant écrits en serbo-croate, échappent à la plu-
part des savants intéressés. Les travaux résumés dans ce
volume sont ceux qui ont paru de 19i8 à 1924.
On remarquera notamment trois mémoires de M. Music'.
Ao/~arc~oTï ?~!</.Y~<x~o/ Slovenisches (t~)o'5ef/e/ M!o~/
?//?</MïOi~<~c~M ~ou<'M~c~~?~/3/'<xc/~M, qui. tous les trois.
ont une portée générale, et qui sont résumés sous une
forme assez ample. Le mémoire de M. N. Mejneric'. Der
C~'r/MC~ f/e?' 7~cyM/)o?'~ und jVof/! in den ~o~ïc~p/ï
4~
COMPTES RENDUS

~7~'c~&MeK.En revanche, M. Skok n'a donné qu'un bref


résumé de ses mémoires sur les mots serbo-croates. Il y a
aussi des observations intéressantes à un point de vue gê-
néral. notamment pour la théorie de l'impératif, dans Ska-
ric'. Die 6~Mc~?~ .Pa~~e~ rz und si M?den ~/C!~MC~<?//
.S'~ac/!e?!.
A. M.

/~</ ~M~'o~/aueyM/t'c <<~e~M:/e ~Ka~o~ i M~'e~/ïo~


korj. 2i.0. R. hist.-nl., 106. Zagreb, 1931, in-8, 256 p.

Ce fascicule comprend uu seul article de linguistique.


P. 204-219, M. Baric' discute de près le traitement de i.-e.
c en arménien. Il écarte avec raison une formule que j'ai
proposée autrefois. Mais j'ai eu l'occasion de le dire depuis.>.
il n'y a en arménien qu'un traitemeut de i.-e. o, à savoir
o. cet o passant à u devant une nasale terminant la syllabe.
Tous les cas où l'on a cherché un traitement a de i.-e. *o
sont dénués de valeur probante.
A. M.

Serta Leodensia. Liège (Yaillant-Carmann) et Paris


(Champion), 1930, in-8, 327 p. (Bibliothèque de la Fa-
culté de philosophie et lettres de l'Université de Liège,
XLIV).

Ce recueil publié par les philologues de Liège, pour célé-


brer le centième annlversaire_ de l'indépendance de la Bel-
gique, renferme plusieurs mémoires propres à intéresser les
linguistes.
L'article de M. Delatte, sur les croyances attachées à la
R've, prète à réflexion sur la variété de noms de cette
plante qui est cultivée depuis longtemps et dont un nom,
celui qui est représenté par lat. faba, appartient à l'ancien
vocabulaire de civilisation du Nord-Ouest.
44
7.AP!SK) KO).Lr:Gt) VOSTOKOVEDOY

Le même philologue pubHc un lexique de hotanique


incorporé, dans le /a/'M<t!M y/'accMA' 2H9 (xv~ siècle), a
des extraits de l'MtO/oy~c~~? ~a~K~ Ce lexique est
curieux à bien des égards, et pas seulement pour les hcllé-
nistes car les équivalents indiques pour les mots grecs sont
souvent turcs (arabes et persans).
La note de M. Ant. Grégoire, ~o~.s' sur la place e'cpM/)ep
par les particules C/ <77!.yla versi fication /'0~!(°/*i;yMe,
pose un curieux problème ne figure a un temps fort
que de manière exceptionnelle 39 cas contre 6~7 au temps
faible, tandis que est relativement norma) est au
temps fort dans 705 cas des 3128 passages. En indiquant la
difficulté. M. Grégoire a fait œuvre utile. On n'a pas l'im-
pression qu'i! l'ait entièrement résolue. Les deux particules
considérées sont de typesdifférents et n'ont en commun que
d'avoir la même valeur prosodique. Des l'abord, ~L Gré-
goire tombe dans l'erreur commune qui consiste à identi-
fier atonie et enclise il n'y a pas enclise sans atonie; mais
il n'y a pas enclise partout oil il y a atonie. D'autre part, il
cherche dans la valeur sémantique des particules la rai-
son de la différence mais le sens n'intervient pas dans le
rythme du vers grec ancien, et, d'ailleurs, si et diffé-
rent profondément a tous égards, les deux particules sont de
force sensiblement comparable.
M. Mansion serre de prés le sens. assez mal déterminé.
de:x?j:;j.x'
On remarquera aussi d'intéressantes observations sur
l'écriture et sur certains mots dans l'article de M. Scveryns
~Mac/~OMMMM /!0?y!yMe~.
A. M.

Z~/JM/t!A'0//P<Ï fO~t'O~P</ÛL'~?'< ~r/C~O~ Jt/Mr~ a/t'O-


r/ 6'. ~S-. 7~.iV. i93f), in-8. !v-298 p. et Y.
i930,in-8,v-836 p.

Ces deux volumes, de dimensions ine~uies, sont les der-


niers d'une collection qui a rendu de grands services a
4u
COMPTES RENDUS

l'orientalisme et dont les savants qui s'intéressent n


l'Orient regretteront vivement la disparition.
Une note sèche du nouveau secrétaire de l'Académie.
M. Voisin, déclare que le recueil n'a ni plan ni unité, et
que la publication de l'Académie soviétique sur l'Orient
aurait, à partir de 1931. un caractère différent, et repose-
rait sur une doctrine.
Ces deux volumes sont en efibLd'une belle variété.
Le linguiste trouvera dans le vol. Y un article Sur le
Ac'y'~cr/Kp~M la /a??y!<e~~ay'c. de M. Dimitrijev et une
/~OM(~'yMede la Za??~?<e ~a~me~M, du même auteur.
Le vofumeV, dédié à l'arabisant Krackovskij, est parti-
culièrement varié parce qu'il comprend tous les manuscrits
prépares pour le recueil et liquidés en une fois avant la
nouvelle organisation. Il comprend beaucoup de notes de
caractère linguistique. Il y en a de caractère phonétique
sur les iaryngales arabes de Vilencik, une description
d'un parler arabe, etc. M. Zarubin y a donné un article sur
la langue et le folklore baloutchis. M. Freiman une note sur
les noms de la Mer ivoire dans la Perse préhistorique.
M. Rosenbergune note sur un graSIto pehlvi. A titre de
curiosité, on signalera l'article de M. N. Marr sur les noms
de nombre arabes (I'auteur ne dit pas sémitiques).
A. M.

i 6~/J.M'~a.~o~<M<M~w.
6p/'a/~?K<eyMÂ'<x/.<cA'a~?A'<7~e~
Ja~. ~26'-Dec. 1930. Upsal (Lundeguist), In-8, 1S6 p.
(f/p/M'a/a:C/ue/s'!ife~~L~A'A~y~i930~.

Ce fasciculede la société de_ linguistiqued'UpsaI comprend


deux mémoires.
Le premier, de M. Ekblom, p. i-13, est consacré à
discuter la fameuse signature d~Ia reine Anne sur une
charte de 1063 ana ?'<M'?!a en caractères cyrilliques. Pour
tirer partie de cette signature, il faudrait savoir si la reine
Anne a voulu écrire du français ou du latin la question a
46
M)~ESSKR!FT

été fort débattue; M. A. Thomas tient pour)''français:


A!. Ekbiom rend probable quiisagit du latin. Peut-être.
d'aitieurs. ne faut-il pas exagérer l'opposition. Sans doute
la situation n'était plus en 1067 ce qu'elle était uo siècle et
demi plus tôt quand on ne distinguait pas encore bien entre
la /7~MC row<7MCcorrecte et )a /M<x ?'o/~a/;c du peuple.
Mais il v a lieu de croire que. maigre Je départ qui
commençait de se faire entre latin et. français, on continuait
à prononcer les mots latins d'après les mots correspondants
de la langue vulgaire, dans un nom comme celui du
siècle, on gardait -c/ mais donnait à l'pouvert la pronon-
ciation :p: les gens qui ont dit A'c/e prononçaient en latin
sieclum. Une prononciation ~y~o' était sans doute celle de
lat. ~KG dans l'Me-de-France au x)' siècle, et c'est juste-
ment ce qu'a écrit la reine Anne. Il est impossible de
déterminer le sens que pouvait attribuer au jer un Russe
ce n'est pas à la prononciation bulgare qu il faut penser
mais il est évident que. en pareille position, c'était autre
chose que e et que a, donc comme l'e « muet )) français une
voyelle du type médian.
Le second mémoire, plus étendu, p. 17-1 i6 est df
M. A. \Yolf: Z'M~c/VM<7?!MC/(p6'?ebii. ~<CjE'/?~6'c/!«/y
-'M /M<M<7. Ainsi que l'indique le titre, M. \Volt rend compte
des sens du groupe de ail. par des notions de demi-
civilisés. Mais on s étonne qu'il pense si peu à 1 action qu a
évidemment exercée le groupe délai,, imago est-ce que au.
p~ï<~7</pHserait autre chose qu'un calque du verbe latin
!a<y~0~. !y/:û'M<7~ .`'
A. M.

.t/!M/<CM/)7' utsivcn av P'iioio~isf~a Safniundct i (''ùteL'e:


(Wett~rgœn ~t.K<'rber). 193"i. in-8. x-88p.

Ce petit recufiia t'-tëpubiit'' pcH'J~'s nnotrcbdcI'Lni-


'ers)té de Gutchor~ pour i~teri'' trentième anni\'<suii't' df
sa fondation. Les articles qu-il comprend sont f'n nntahic

17
-d
COMPTES RENDUS

partie de caractère linguistique. En eflet y ont collaboré


MM.Abrahamson, Celander, Friok. Lidén, Liljeholm,
Lindroth, Lundahl, Morgenstierne, Sundén. Wadstein.
A. M.

-4/'c~UM?MKpo/?~!7o/oy.eMm. I, 1 (1910). Cracovie (Ge-


bethner), 1930, in-8, 192p. et 3 planches.

L'Académie de Cracovie ajoute un nouveau périodique a


sa publication. Comme l'indique le titre, ce périodique est
consacré à la philologie moderne. II faut entendre « mo-
derne » au sens large car le moyen âge y est inclus. L'un
des principaux mémoires du recueil est l'édition, soigneu-
sement commentée, par M. Kleczko\vski d'un fragment de
Williram qui a été trouvé dans deux feuilles de parchemin
d'une reliure. D'autre part M. Kubira étudie l'allemand du
.P.M/M?K /?Oy':CKe?Me.
M. Jarecki résume la discussion qui s'est élevée sur
l'origine du nom de <c/VM/~e. Molière, qui connaissait bien
la comédie italienne, l'a évidemment pris dans une comédie
italienne publiée en 1606. Mais on ne voit pas pourquoi il
critique l'orthographe ~y~M/'adoptée par La Fontaine pour
les besoins d'un vers ou l'orthographe /6MVM/Cde l'Académie.
Ce ne peut être que par inadvertance que l'Académie a une
fois enregistré ~x~M/~ qui est une formation occasionnelle
dans une phrase de Dorine ce verbe n'était pas créé pour
réussir ce n'est qu'une plaisanterie.
A. M.

E. S&NCDACH. Die MK~bye/M<MMcAeyï ,s~peM:7<~eK


~<?ce~en Z~eH Mn~ ~c.? <Mc/<e (7~M:sc~e) T~e-
r</MM!.Hcide!berg(\Vinter), 1930, in-8, xn-95 p. (Indo-
uerntanische Bibliothek, HL 1!).

L'auteur de ce petit ouvrage a reçu de M. Hirt ses idées


et sa méthode de travail. Voulant expliquer te prétéritt
48
!\DOGERMAN!SCHES JAHRBUCH

lituanien, il applique sans la critiquer l'hypothèse suivant


laquelle les thèmes caractérises par -a- et devraient ces
caractéristiques à une extension analogique des seconds
éléments -<f- et -a- de racines dissyllabiques. Quant aux
faits, il les puise dans des dictionnaires qui sont aux mains
de tout le monde, celui de M. Trautmann, celui de
M. Berneker, les ouvrages de \Vaide. etc. Procédant ainsi,
il ne peut rien apprendre d<-neuf. C'est le type de la publi-
cation inutile.
A. M.

7M(/o'yp~!<2MMe/~ Jahrbuch, herausgeg'eben von A. DE-


BRUNKERund W. PoRztG. XV Band. Jahrgang 1931.
Bibliographie des Jahres 1929. Berlin-Leipzig (~. de
Gruyter), 1931, in-8, ()n)-381 p.

MM. Debrunner et Porzig, assistés des collaborateurs


qu'ils ont su rassembler, ont de nouveau rendu le service
d'apporter sans délai l'excellente bibliographie de l'Indo-
~e~/Ma~Mc/<e <?e.yc//ycAc'/<. On leur saura de cet effort la
reconnaissance qu'il mérite la meilleure manière de la
leur témoigner est de leur faciliter la tâche par tous les
moyens.
Grâce à MM.Deeters. Meriggi, Porxig; Frei, Weisgerber
et Ipsen. la linguistique générale dont, depuis la retraite
si regrettable du P. van Ginneken, on déplorait l'absence a
repris sa place en tête du volume, et les années 19~8 et
1929 sont traitées à la fois. On doit saluer avec joie cette
restauration qui était nécessaire.
Pour des raisons d'économie qui ont aussi entrainé la
suppression du mémoire initial qu'on ne regrette guère et
la remise, quelque peu regrettable, de l'index au volume
de l'an prochain (il ne s agit pas d'une suppression)
les résumés qui donnent tant de prix à la bibliographie du
t/c/<c/< ont été réduits. Comme la plupart des lecteurs
n'ont pas sous la main beaucoup des ouvrages et mémoires
49
RENDUS
COMPTES

indiqués, et, même s'ils les ont, n'ont le loisir d'en lire que
quelques-uns, ces résumes sont précieux. A défaut d'appré-
ciation que les auteurs de chaque morceau, malgré leur
compétence, ne peuvent guère donner et qui souvent, par
leur brièveté, manqueraient des nuances nécessaires, un
bref résumé suffit à montrer au lecteur compétent s'il est
utile ou non de lire le travail indiqué. Dans une science
comme la linguistique, une simple liste de titres n'offre
qu'une utilité médiocre. II importe beaucoup que les résumés
subsistent et même soient accrus.
On pourrait réaliser certaines économies nécessaires au
moyen de quelques suppressions. Ainsi: pour l'arménien,
seules les p. 158-160 relèvent du ./oA~MC~.Sauf la mention
du mémoire de M. Adjarian sur les écritures arméniennes,
les p. 161-172 n'ont rien à faire dans une bibliographie de
la linguistique.
D'autre part, si certains doubles emplois sont Inévi-
tables. il y aurait lieu d'en évijLerbeaucoup. Ainsi, dans la
notice de M. Jokl sur l'albanais notice originale, pré-
cieuse. et qui est l'un des joyaux du recueil reviennent
tous les travaux où figurent quelques indications sur
l'albanais. A ce compte, tous les mémoires de grammaire
comparée devraient revenir dans chacune des sections.
L'albanais, qui occupe les p. 173-207 peut ainsi être réduit
sans aucun inconvénient pour l'albanais. Ainsi le n° 1, sur
les progrès de l'Albanie depuis 1912, n'a rien à faire dans
un 7~/o~e~MKXMMc/t&? Jc'McA.
La discrétion jointe à lu fermeté avec laquelle le grec et
le latin ont été traités par M. ChantraineetM.J. B. Hofmann
peut être donnée en exemple. On appréciera également le
hittite de M. Friedrich.
L'absence d'autres bibliographies oblige naturellement
MM.Printz, pour 1 aryen, Hujer, pour le slave, Fraenkel,
pour le baltique, à s'étendre un peu plus. Maiseux non plus
n'abusent pas. Toutefois, il y aurait, ici encore, bien
des doubles emplois à éviter ainsi dans la 7?c'~M'c/< MH</
iy/auMcA,de M. Fraenkel. p. 385-289. il y aurait à sup-
primer au moins les numéros 5, 6, 9, H: 12, Ji; 1G. 17.
o0
CL'RME VOLUME 0F U~GUtSTIC STUDtES

19, 21, 22. 27. 28 et 30, c'est-à-dire environ la moitié.


On a plaisir H voir que M. Cbantrainc, p. 225. qualifie
de « douteux M ce que. p. 361, M. Friedrich qualifie de
« bedenkiicb N. Mais l'allait-il, pour une explication dénuée
de vraisemblance, deux mentions détaillées et deux résumés?
L'article en question avait déjà été mentionné l'an
dernier.
P. 103, M. S!otty signale cinq notes de M. MeiUet, qui,
en effet, concernent !'indo-curopéen: mais qui se rapportent
essentiellement à des mots grecs ou latins. C'est inutile
le lecteur qui ne sait pas qu'une note de grammaire
comparée à propos une langue donnée intéresse tout l'indo-
européen est négligeable.
En supprimant des lignes inutiles, on gagnerait la place
nécessaire à des résumés.
!] va de soi que ces observations ne visent qu'à rendre
plus précieux encore un recueil qui l'est déjà d'une manière
singulière et que c'est le devoir et l'intérêt de tous les lin-
guistes de soutenir énergiquement. On ne peut Imaginer
qu'il Hvienneà disparaitre, ni même à se restreindre.
Mais il est mélancolique de parcourir ainsi une bibliogra-
phie on a trop souvent l'impression de circuler dans un
cimetière d'entants morts-nés.
A. M.

Curme UO/MW<? of /myMM~C ~M(//M. n* i, In language


/MO??oy?Y</)/Mpublishcd by thé Z.M!yM~~e Society o/
~4?Mc~xcc.Baltimore, t930, in-8, 178 p. et 1 portrait.

Outre un aperçu de la carrière scientifique du germaniste


distingue auquel il est dédié, ce recueil comprend seize
mémoires, en général peu étendus.
Sauf le mémoire ou M. Sturtevant. constatant le rôle de
relatif joué par /«<& en hittite: attribue a 1 indo-européen
le plus ancien cette valeur de relatif; la plupart de; articles
touchent de près ou de loin au germanique.
ot
COMPTES REKDUS

Le vétéran de la grammaire comparée. M. H. Collitz, y


étudie avec pénétration deux mots gotiques, tandis que
M. Kurseit examine la prononciation de l'anglais dans
i'Ohio.
Je constate avec plaisir que M. Ziegeischmid confirme
l'idée que la ruine des formes simples du prétérit serait
due à certaines tendances générales.
A. M.

A. WALDE. Fe/y/P!C/!e~</<M H*or<<MC~6~*M!f/0~e7*??!a-


MM-c/~y? <S~?'ae~c?!herausgegeben und bearbcitet von
J. PonoRKY;111. Band, Register, 1 Lieferung, Berlin-
Leipzig (W. de Gruyter), 1931, in-8, 192 p.

I! faut remercier M. Pokornvdela diligence avec laquelle


il donne l'index sans lequel le livre de M. Walde .n'était
que difficilement utilisable. L'index des mots, qui est fait
sur 3 longues colonnes dans chaque page, n'est pas encore
achevé avec ce fascicule. Il y manque encore une part du
battiquc et tout le slave. On voit combien le dictionnaire
renferme de mots.
A. M.

George Sherman LAXE. IPw~ clothing M ~<?~


cipal M</o-eM?'o/)e<x?z/er~Ma~M. Baltimore (\Yaverly
Press), 1931, in-8, 4~ p. (Lo~Ma~Z~s'.s'e/'i~'o~de la
jLï/M~c Society o/4wf/co~ IX).

C'est une bonne idée d'étudier les mots qui, dans les
langues indo-européennes, se rapportent à un même groupe
'le notions. Il peut sortir de là des enseignements utiles. Mais
il conviendrait choisir entre deux types de recherches, ou
se borner aux mots que la comparaison autorise à tenir pour
indo-européens communs _et__chere,hfr quel en a été le sort
dans chacun des groupes de la famille; alors il faudrait pour
52
E. GOTTLJED ST. DJOL'DJEFF

cela un comparatiste plus exercé que n'est en général un


débutant le travail annoicé' ici est une petite dissertation
pour le grade de docteur. Ou i)v aurait a envisager jusqu'à
une date donnée l'ensemble des langues indo-européennes,
en marquant l extension des mots suivant les aires de civi-
lisation et ce ne serait pas moins difficile. Les listes données
par M. Lane sont trop sommaires, et les éléments en sont
trop arbitrairement choisis pour qu'on en puisse tirer grand
profit. On entrevoit des problèmes curieux, mais qui ne
sont même pas posés par l'auteur. La principale utilité de
pareilles listes serait de suggérer des travaux de détail qui
vaudront d'être entrepris.
A. M.

E. Go'["rur:it. ~L /<?~M/<7~~of ~f/o-eM/'e~ec'M


M'<< ~C."«7/~C/C?Y~'Cto /P~f<y~O/0~
<2yï!'M?a/M<2/MC~,
and ~?yMa.~b/~?/(PbHadeipme, IH3). in-S, t8 p.) (Lan-
~MM</e</MN~<~o/?. de la L<M~(' 6'6'6'y ~j4??:e~c<:<.
VfH).

énurnération de noms d anitnaux avec des éty-


Simple
molo~'ies en partie arbitraires et imprécises. Rien de per-
sonnel. Bibliographie banate. En somme, une de ces publi-
cations inutiles qu'il faut oser décourager.
A. M.

St. DjOL'DJEFF. /<f e/ /~MM/'C</<7/~la ??!M.yMP/JM-


/<e 6M/</c/ Paris (Champion), 193), in-8, n-366 p.

Le livre de M. Djoudjcii n'a pt't'squc )')cn de linguistique.


Mais, en étudiant le rythme de la musique populaire bul-
gare avec une information pcrsonneHe autant qu'étendue,
M. Djoudjefl' fournit aux linguistes des données d'une
importance capitale.
Tout d'abord, on sait que ie bulgare a un accent d'inten-
53
COMPTES RENDUS

sité appréciable. Or, le rythme des danses bulgares n'est


pas lié à cet accent. Ceci doit tenir en partie à la tradition
l'ancien accent slave était un accent de hauteur, mais aussi
en partie à ce que cet accent n'a qu'une intensité médiocre.
Quand on parle d'accent d'Intensité, on pense trop à la
force de l'accent anglais, allemand ou russe. L'accent est
souvent peu intense; tel est le cas en français, et, semble-
t-il, en bulgare.
Ce qui est remarquable dans les rythmes musicaux
qu'analyse M. Djoudjen*.c'est leur souplesse et leur variété.
A cet exposé d'un homme qui a pris avec les rythmes d'une
musique populaire le contact le plus intime, on renverra
le rythmicien qui croit ne pouvoir opérer qu'avec des
mesures isochrones. En admettant une liberté de rythme
dans les vers indo-européens, en constatant que ces vers ne
comportaient pas un espacement isochrone des temps forts,
je n'attendais pas une vérification aussi étendue je
n'aurais pas osé supposer la liberté que M. DjoudjeS*a
observée dans une musique populaire d'aujourd'hui.
A. M.

V. PisAKt. jL'ceee~o e~~a~o~M ~c~MT'o~eo.Rome,


1930. In-8. Extrait de -~eM~eo~ de l'Accadenzia dei
Lincei, ser. vi, fasc. 6, p. 147-170.

M. V. Pisani écarte avec raison l'idée que le traitement


particulier de l'initiale en italique proviendrait d'une in-
fluence étrusque. Mais il a tort d'attribuer à l'accent initial
du germanique et de l'italique un caractère indo-européen:
le brittonique y contredit. On ne voit pas comment l'inten-
sité expliquerait la différencede quantité entre av. ~<28KW<?
et caO~c/'c~cû: il y a là simplement un effet de la diffé-
rence d'étendue de deux mots phonétiques. En somme,
l'auteur tient à tout prix à retrouver en indo-européen un
accent d'intensité dont il n'y a pas trace.
A. M.

54.
K.OST)R

K. Osïin. Z)/'e!'fO/auMe/t-M.y/Mc/<e ï~e/M<7M!en. (as-


/i"<: :t?x- /M/?/'x: vel, /)'c?ï/c: eo/~). Ljubljana,
t930. in-8, li2 p. (/~o~rcue r~a/c~e~a of~M~c v
.M~c~8. ~o/o~/t'o-uM~~?ï<o<ye~ 1).

Le cas de M. Ostir est embarrassant pour un critique.


Qu'il doit subsister dans les langues indo-européennes des
noms d'animaux, de plantes; d'objets employés dans les
langues qu'a remplacées l'indo-européen, ce n'est pas dou-
teux toutes les analogies le montrent. M. Ostir s'est
donné pour tacite de reconnaitre ces mots. Mais il se heurte
a uoe difficulté de principe. Il n'est déjà pas aisé d'établir
avec certitude une étymolos~ie indo-européenne alors qu'on
dispose d'un grand groupe de langues bien connues et
qu'on opère sur les faits les moins éloignés de l'époque his-
torique. Qu'attendre lorsqu'on opérera sur des langues dont
on ne sait presque rien de sûr comme l'étrusque ou qui,
comme le basque, ne sont attestées qu'à 1 époque moderne,
et qu'il s'agira de la période qui précède l'extension de
l'indo européen ?
Dans toute la mesure ou les noms indo-européens ne
remontent pas certainement à une origine commune, les
possibilités qu'envisage M. Ostir ne sauraient être écartées
à priori on ne saurait affirmer que si. <M-e~M soit un mot
indo-européen, non plus que lat. accipiter; sans être déci-
sives, les critiques de M. Ostir ont une force. Mais, dans ses
propres rapprochements, M. Ostir opère avec des variations
si étendues que toute démonstration devient impossible.
Tout le monde accorde que lit.<<M, v. pr. ~Œ<5~H,
v. si. ~e~û (sur quel fondement l'auteur écrit-il NM~c-
~o ~), ail. N:7~c/' sont apparentés entre eux mais si l'on
tire de là le droit de faire alterner i avec M parce que le
lituanien a aussi ~K<<7~ et si l'on en conclut à la faculté
d'opérer avec cette alternance, et si, au lieu de voir dans
les alternances d, r des accidents dus à des circonstances
particulières, on y voit une possibilité générale, tous les
freins qui rendent les étymologies démontrables sont sup-
–03–
COMPTES RENDUS

primés. M. Ostir n'opère pas avec des règles, mais avec des
possibilités. Dès lors il ne peut jamais rien prouver; et, si
même il a raison, c'est sans conséquence parce que la
science vit.de preuves et non de vérité.
A. M.

LANGUESINDOEUROPÉENNES

HITTITE

Gesclaichte der MC~O~e~MNKMC/~M <S'/3~~C~CK&C~a/


Zweiter Teil. Fünfter Band, LIeferung 1. Joh. FmE-
DRtCH.jSe~McA und « M°!K<MM~MC~e Sprachen ».
Berlin-Leipzig (W. de Gruyter), 1931, in-8, 78 p.

Dû à l'un des savants qui ont le plus fait pour l'étude du


hittite et des langues <fasianiques », et, parmi eux, à l'un
de ceux qui sont le plus linguistes, le petit livre de
M. Friedrich vient à point pour satisfaire à un besoin. Le
jeune auteur, de grand talent, qui a eu le courage de
l'écrire rend un grand service.
Dès la publication des lettres de El-Amarna, le Norvé-
gien Knudtzon avait vu que le.hittite était une langue indo-
européenne. et ses raisons étaient bonnes. La découverte
des archives de Boghaz-kôi, en mettant à la disposition des
chercheurs un matériel beaucoup plus considérable, a rendu
possible l'interprétation des textes par M. Hroznv, qui a
démontré le caractère indo-européen de la langue. Avec une
méthode stricte, d'où l'étymologie a été exclue avec
pleine raison un groupe de savants allemands a examiné
de près les faits, expliqué beaucoup de textes, et a confirmé
ainsi la justesse de vues de M. Hrozny, que dès l'abord
M. Marstrander avait mises à profit. L'exposé de M. Frie-
drich, clair et nourri, est hautement instructif. On y re-
marque notamment des aperçus curieux sur la structure de
la phrase hittite.
Sur la situation du hittite par rapport à l'indo-européen,
56
GESCHICHTE DER t~DOGERMAKtSCHEX SPRACH\SSEXSCHAFT

M. Friedrich ne se prononce qu'avec quelque réserve. Il


reproduit, sans prendre parti, que le hittite serait une
branche d'une langue ancienne dont ] indo-européen serait
une autre branche. Sans doute, le hittite oifre, à beaucoup
d égards, un aspect archaïque, et il n'a pas certains traits
qu'on observe d'ordinaire dans les langues indo-européennes.
Mais toutes les langues indo-européennes périphériques ont
offert des traits archaïques, et, parmi les langues indo-
européennes proprement dites, on discerne des degrés bien
différents d'archaïsme initial, abstraction faite des altéra-
tions subies après la séparation d'avec le gros du « peuple
indo-européen » et des degrés du développement où les
données permettent de les observer. Quant au terme de
langue mixte (Mischsprache) qui est employé p. 39, il est de
ceux qu'il faut éviter si l'on veut n'opérer qu'avec des idées
nettes. Une langue indo européenne est une langue dont la
morphologie s'explique par l'indo-européen or, toute la
morphologie du hittite est de caractère purement indo-
européen, comme celle de 1 albanais qu'évoque M. Friedrich.
Si, entré dans une aire de civilisation nouveUe, le peuple
hittite a emprunté plus de mots que telle autre languede la
famille, cela ne change rien au caractère indo-européen de
la ian~ue: il n'aurait conservé aucun mot indo-européen que
cela n y chanserait encore rien. Du reste, en fait, les termes
fondamentaux du hittite sont indo-européens, et quand on
voit des vérités comme c.s-'? « il est » ('c.M~ « ils sont ')),
c/ « il prend H, esc « il est assis ». Cf/~M~ « ils
mangent ». des substantifs comme M/ « sang )), ~a~Mr
(gén. /)~/</<MeK<'i'.s) « feu ). M'M/~7'(gén. ~e/p/M~) K eau )),
des adjectifs comme <~a/a6'6' « long )), r/c'/M~/a& lon-
gueur H; /)a~A'MA'« haut ous~i'<7???!y(7 « septième )), ou
/M « que! )); on se demande ce qu'il faut trouver dans
une langue pour la considérer comme Indo-européenne
étant bien entendu que les emprunts ne prouvent rien.
En réalité urace pour une part à -M. Friedrich lui-
même le hittite doit désormais prendre piace parmi les
langues indo-européf'nue." dont ic linguiste a à faire état, et
les enseignements qu'il apporte sont de première importance.
57
COMPTES
REKDUS
Par exemple, M. Friedrich rappelle la concordance du
hitL ye/.Y~« terre » avec tokh. ~4 ~a?K. On savait déjà~
par le rapprochement des faits grecs et irlandais, qu'il y a
eu, dans ce nom, une dentale qui ne se retrouve pas
ailleurs. Des faits indo-européens connus prennent ainsi un
aspect nouveau.
M. Friedrich a laissé de côté le phrygien dont on a peu
de chose, mais dont le peu que l'on connaît est si intéressant.
Sur chacune des diverses langues asianiques. il est bref
et conclut, après un exposé de l'état des connaissances,
ou plutôt des ignorances, pour chacune, par un « non
liquet ». Sans doute, les données sont rares et médiocres.
Mais l'on compare tout ce qu'enseignent les textes phry-
giens qui ne sont ni plus longs, ni meilleurs, et le bel état
d'avancement du travail sur le hittite, on voit combien,
même sans se servir de l'étymologie, on est plus à l'aise
vis-à-vis des langues indo-européennes que vis-à-vis des
langues d'un autre type; et encore a-t-on lieu de soupçon-
ner que les langues asianiques sont de loin apparentées à
l'indo-européen.
Le livre de M. FriedricljL est précieux non seulement
par ce qu'i! enseigne, mais aussi par ce qu'il laisse entre-
voir ou espérer.
A. M.

E. H. STURTEVAXT. ~e Glossary. Baltimore (~'a-


verly press), 1931, in-8, 82 p. (Lang'uage monographs,
pubtisiied by the Z~m~MM~'c tS'o~'c/yo/Ke/'M'a, IX).

Ai.E. H. Sturtevant suit de près le travail qui se faitsur


le hittite, et, à l'aide des textes et articles publiés, il s'est
constitua un fichier des mots déjà interprétés. Il faut le
remercier de fournir ainsi à ses collègues un instrument de
tmva!) (lui sera certainement beaucoup utilisé.
On remarquera qu'il a simplifié l'impression en notant
et en remplaçant &'par il n'en peut résulter aucune
58
TOCUA!SCHE GttAMMATÏK

ambiguïté. Mais ce ne doit pas être sans de bonnes raisons


que le hittite a recouru à.s'et non ù du cunéiforme; il y
a la-dessuus quelque détail de prononciation a retenir.
A. M.

TOKHARIEX

7~c/<07'Mc/<p 6~'aM??MC~7..im Auf'trage der Preussischen


Akademie der \Visse)isc)taften. bearbeitetin Gemein-
scbaf't tnitWiHtclm ScHL'i.zE von EmiISiEG und \Yiliielm
S)EGL!c. G~ttin~cn (Vandeni)oeck u. Rupreciit), 193d,
in-8. vf-518 p.

Depuis que MM.Sieget Siegiingontlancé le bref mémoire


qui a donné aux linsuistes les premières indications sur une
nouvelle lans'ue indo-européenne nommée par eux tokharien,
!<'s textes en tokbarien A ont été publiés par eux. sans tra-
duction. mais aucun travail <! ensemble n'est venu des
brillants déchiiireors de Berlin. Ailleurs, on a pu étudier en
une certaine mesure le dialecte qu'ils désignaient par B et
ou M. SyI\'ainL<i a reconnu le koutciléen; mais. comme
il n'est ~uere connu de textes dans le dialecte A qu'à Berlin,
les linguistes n'n ont suére pu tirer parti.
C est dire avec quelle joie et quelle reconnaissance on
accueillera la Grammaire ou, aux noms des deux déchif-
frem's. s est ajouté' le nom réputé de l'illustre comparatiste
de Berlin, M. W. Scbuixe. Qu'on ne s'attende pas pour cela
a voir la comparaison tenir une place notable dans l'ouvras'e.
Lesauteursne se sont pa~-proposé dedonncrplus qu'une des-
cription. et les indications de grammaire comparée, si elles
sont suggestives, sont rares et non systématiques. Ils ont
souvent rapproché le dialecte B(koutchéen), mais sans
attacher a prouver toutes les ressemblances et toutes les
dinérences, ni surtout f'n tirer des conséquences histo-
rique. La phonétique es' laissé'de côté: même sans compa-
raison, les auteurs attrai~nt pu. crace aux mots sanskrits
empruntés, décrire, au m~ins en ses grandes lignes, le sys-
COMPTES RENDUS

terne phonétique de la langue ils n'ont pas crudevoir le faire.


Ils se sont bornés à exposer des formes grammaticales, en
citant un grand nombre d'exemples, et en traduisant nombre
de passages où ces formes sont employées. Il n'y a pas de
chapitres spéciaux sur l'emploi des formes, ni sur la struc-
ture de la phrase. Ils ont donc décrit un seul élément de la
langue, mais à fond.
Grâce à la richesse de cette description des formes, le livre
donne plus qu'il ne promet. Un grand nombre de mots y
sont cités, qu'il est facile de trouver dans l'index des p.
48S-N18.L'étymologiste peut donc désormais tirer parti du
vocabulaire du tokharien A, dont les formes de B sont lar-
gement rapprochées. C'est dire que, pour qui saura en tirer
parti. 1 étymologieindo-européenne dispose de ressources
nouvelles. Les rapprochements avec les autres langues indo-
européennes ne sont presque jamais indiqués mais la plu-
part sont évidents. Mais à un comparatiste qui ne pense-
rait pas a v. irl. ben, arm. lein, v. sI. zena en voyant
tokh. A p~K (çna-si) « femme, épouse N,§ 44 etc., vaut-Il
la peine de donner l'indication ?
En revanche, quelques indications sur la phonétique
comparative des deux dialectes dont les auteurs ont certai-
nement par devers eux les éléments_auraipnt évité aux lec-
teurs des recherches inutiles et des hésitations, et il aurait
été utile de poser les bases de la comparaison. Les auteurs
eux-mêmes y auraient gagné de voir un peu plus clair dans
certains problèmes. Par exemple, p. 419, la différenceentre
la racine en~- « prendre )) et le synonyme eM./i'<?/<e- de B
est donnée pour obscure; mais, sans s'expliquer entière-
ment. elle s'éclaire si l'on constate que ?- du tokharien
repose souvent sur une ancienne gutturale palatalisée, ainsi
dans A tsar, B -yar« main Mqu'il est difficile de séparer de
gr. ysp-. arm. ~/e~-et dans ~ar~o « joie )) de A et B qui
rappelle manifestement gr. ~xtpM.
Un peu d'étymologie n'aurait-11 pas éclairé le supplétisme
de /u/7t-- indiqué p. 463? Il semble évident qu'H y a ici
un préverbe. Même préverbe que celui qu'on observe à
l'impératif (v.§43i).
60
STUDIA tXDO-IRAKICA

P. 408, les auteurs se bornent à indiquer d'un mot la


comparaison entre le -M- des causatifs de A et le
des causatifs de B. N'est-ce pas cette comparaison qui
explique le type, assez singulier, de A? Ici B a une forme
qui est évidemment plus ancienne que celle de A.
SU est permis de regretter que les auteurs n'aient pas
ouvert plus largement leur trésor, il faut surtout les remer-
cier d'avoir donné un exposé simple, bien ordonné, critique
sur lequel il sera aisé de bâtir. Les fondements de la gram-
maire du tokbarien sont désormais posés d'une manière
définitive.
A. M.

IKDO-IRANIEN

~M~'a M~o-a~ca. ~yeM~a~e für Ï'V. Ce(<~ rM~ T'o/-


des 7o. Z.e~pM~'6'A/
/ey!QfM?!,</ ~56-22. Juli. ~93~.
Leipzig (Harrassowitz), 1H31, in-8; xn-327p.

M. \V. Geiser est de ces savants dont t'œuvre est utile et


qui, par if'nrs travaux, obligent leurs confrères. Le beau
recueil dont M. W. \Yust a dirigé la publication et qui a été
offert au rnaitre pour ses soixante-quinze ans témoigne à la
fois de la haute estime en laquelle le tiennent ses confrères
et de l'universel respect qui l'entoure. J'ai été heureux de
pouvoir, en m'y associant, marquer la reconnaissance pour
le mailre qui. par ses monographies amples et solides et par
ce qu'il a fait dans le C~MHc~ der iranischen /<!Vo/o~!e,
a fourni à tous ceux qui s'occupent des langues indo-ira-
niennes en général, et spécialement des parlers iraniens. des
données aussi abondantes et aussi bien critiquées et mises
au point. Ma collaboration au recueil ma permis de mani-
fester un peu combien m'a été utile l'œuvre de M. Geiger,
ainsi qu'a tous les iranistes.
Si presque tous les mémoires que comprend le volume
concernent la philologie indo-iranienne; ce n'est qu'une
minorité qui sont de caractère linguistique.
61
COMPTES BEKDCS

Dans une partie du recueil qui ne se rapporte pas à des


faits de langue, figure de M. Jutes Bloch une note péné-
trante- commetout ce qu'il public sur un substantif fémi-
nin, prâkr. u<x~a« chemin ». P. 19,~M.J. Bloch signale le
genre féminin de quelques correspondants de véd. /?aM~<xA
dans les parlers modernes de l'Indoukouch. H est tenté de
considérer ce genre féminin comme une innovation. Mais,
étant donné que, dans la mesure où ils ne sont pas neutres,
les noms désignant des chemins étalent le plus souvent
féminins, ainsi tokh. A y~ en face du neutre lat. iter
et que, en iranien, le genre féminin est attesté à la fois en
vieux perse et dans l'Avesta, le plus probable est que le genre
féminin des noms relevés dans l'Indoukouch est ancien.
(M. Jules Bloch me prie de signaler que l'avant-dernière
ligne de la p. 18 est un lapsus évident, dû à un instant
d'oubli, comme chacun de nous est exposé à en avoir.)
P. 139-266, sont groupés des articles de linguistique
indienne et iranienne
Betty Heimann Zur :'M</Mc~e/t A'ame~Z'M/t~e.Etude ins-
tructive et suggestive sur le sens qu'on mettait dans les
noms propres. Ici l'Inde a sûrement gardé un état de choses
ancien dont ailleurs il reste peu de traces.
Frankiin Edgerton .S'a~A~ /OMO??!?ïc~Stems in -ûf.
Discussion de la dentale finale des premiers termes de
composés sanskrits tels que ??ïa~ tat-.
L. Renou <S'M~ yMe~M~pa'CM/a/ du ~M~cc en -A-
en sanskrit. Article plein d'observations curieuses sur des
formations compliquées et dimcile~ On y voit quel riche
sujet d études est la formation des noms en sanskrit.
Max Walleser Der <x:'ae~0<~M,MK~~!<MC.neutr. La
forme en -<:H/aqui est étudiée est discutée, et l'auteur
montre que les solutions proposées ne satisfont guère. Mais
la solution de l'auteur est étrange.
Harit Krishna Dcb ï'e~e /M<<x<XK~J~'??o<M lllen.
WaltherWust Ein u~z<f<?~e/' ~~no-sAy~Mc/Mr.E'~eMMc-
men im ~ue~a. Sous ce titre choisi parce qu'il annonce
l'une des idées les plus curieuses du mémoire, mais qui est
beaucoup trop étroit, M. Wûst qui est, on le notera en
62
STUD!A IKDO-!hAKICA

passant. l'organisateur du recueil et qui. à ce titre, a droit


aux remerciements de ses collaborateurs étudie, d'une
manière approfondie, et en apportant beaucoup de vues per-
sonnelles véd. a/aA'o~ et les mots qui l'entourent dans
le passage védique ou il figure. Ce n'est qu'après cet exa-
men que M. \Vust arrive à proposer son hypothèse que le
nom propre véd..4/o/i-a- serait le nom scythe connu. Il faut
lire ce mémoire original et neuf.
H. S. N\'berg: ~m~e Z?ej'A'My?~e/! ~M/' !<x/s'c/!p?!
Lautlehre. Des deux notes qui figurent sous ce titre, l'une
est relative au traitement de en vieux perse. De ce que
devant M-et devant 7Kie vieux perse n'a pas le même traite-
ment que devant voyelle, l'auteur tire des conclusions qui
semblent excessives: les conditions ne sont pas les mêmes
devant consonne et devant voyelle, et il n'y a pas de raison
d'attendre dans v. p. M~CM- un traitement 6. L'autre
note est relative au traitement arm. hr- de initial dans
les emprunts à l'iranien M. Nyberg montre que le traite-
ment /< existe dans les parlers iraniens du Nord-Ouest et
que l'arménien a pu recevoir ~y- tel quel. Toutefois il aurait
convenu de rappeler que, à l'intérieur du mot, dans
CM~?';?~?!« je bénis il y a trace de l'élément labial de
Iran.
E. Benveniste ~e c~c/'CMCM~'OM vocabulaire dans
l'Avesta. Il s'agit de différences entre le vocabulaire noble
et ie vocabulaire populaire, telles qu'on n'en avait pas
signalé jusqu'ici dans 1 Avesta.A ce propos, M. Benveniste
rappelle certaines différences entre le vocabulaire des dieux
et celui des hommes chez Homère chose curieuse; les
termes donnés pour divins sont proprement grecs; et ceux
donnés pour humains manifestement empruntés à des
langues étrangères. On voit la portée de cette note.
J. Wackerna~el ZMrM!~e~<MC/<c/! !&?'M/;</e. Observa-
tions importantes à propos de av. ~ae~ayana-.
A. Meillet Av. <AY<gyo- (reconnu pour un mot du parler
populaire).
A. M.

63
COMPTES RENDUS

L. REKOu. .S~M~ra~A:e védique. Paris (Adrien Mai-


sonncuvc), 1931, in-8, v-339 p.

On a peine à se représenter ce que serait la grammaire


comparée de l'indo-européen sans le sanskrit, et l'étude
historique du sanskrit sans les Védas. Ces textes énigma-
tiques sont et resteront les principaux de tous ceux qu'uti-
lise le comparatiste. M. Renou, avec l'ampleur de connais-
sances, la domination du sujet qu'on lui connaît, donne
une bibliographie raisonnée de tout le travail fait sur un
document capital. L'énumération méthodique des travaux
publiés sur la langue védique emplit les p. 171-194 de
cette bibliographie de grand format, en texte serré. Une
fois de plus on remerciera M~ Renou, l'un des maîtres qui
donnent à leurs confrères du travail solide et toujours
utile.
A. M.

M. BLooMFtELD and Frankiin EDGERTOx. Feo~'cFa:y*MM~,


I. Philadelphie (Linguistic Society of America), i930,
in-8, 340 p.

Dans le texte traditionnel du Rgveda, comme dans celui


de la Bible, il n'y a pas de variantes. Mais il y a des vers
qui reviennent à plusieurs reprises, et d'un passage à
l'autre. il y a souvent des différences. Les mêmes vers
reviennent dans les autres textes védiques, de même que.
d'un texte védique à l'autre, il y a des différences. La
concordance védique publiée par le regretté Bloomfield
permet de retrouver ces variantes qui portent sur environ
10000 de sa trentaine de mille vers cités dans la concor-
dance mais il restait à les classer c'est l'objet de l'ouvrage
que Bloomfield a laissé Inachevé à sa mort et que M. Fr.
Edgerton a entrepris de publier. Ce premier volume
rangera, classées, les variantes concernant les verbes. On
n'a pas besoin de dire quelle en sera l'utilité.
64
J.JMA~StO~

En gênera!, ces variantes instruiront mieux ]e compa-


ratiste que l'histoire de l'indo-aryen. L'archaïsme de la
langue du Rgveda est unique, et, là où il y a déviation
dans les autres textes, il s'agit ordinairement d'une inno-
vation il est clair que t/M~M/p est plus ancien que
c~f/M/t~e. pour ne prendre qu'un exemple.
La façon dont sont présentes, p. ~6 et suiv.; les faits rela-
tifs au présent de la racine A'c~- est à noter. On sait que la
forme du Rgveda est ~< tandis que le sanskrit classique
a /)'c/'o~ Les auteurs signalent le fait que, malgré son
caractère populaire, l'Atharvaveda a presque constamment
A'd~ et ~c~o~'une seule fois. Mais l'opposition n'est sans
doute pas ici entre « hiératique ? et « populaire ». C'est
sans doute affaire de dialecte. La langue du Rgveda repose
sur des parlers du Nord-Ouest de l'Inde voisins du domaine
iranien, ou le présent attesté est du type *GM-Â'MMG'M-.
Le type /<'M/'M- doit provenir d'un parler plus oriental. Quant
à /i'c~o~ le vocalisme montre que c'est une forme secondaire,
mais qui n rien de « populaire M.
Même pour l'état ancien de la langue, les flottements
entre les désinences verbales -ta <-t-~c. -~?/< et -< sont
instructifs car il n'est pas évident que l'opposition de t
et telle qu'elle est attestée dans le Rgveda. représente
un tvpe ancien fixé depuis longtemps.
On voit combien de questions et combien intéressantes
pose ce livre.
A. M.

J. MANStOX. ~y?<M$e <M?~ AM~O!e de /<7 /<MC


.sa//A-c~ Paris (Geutimer). i93i. in-8. )\-)89p.

Ce petit livre sera commc'dt' aux lina'uistt's. pour les


orient.er sur les événements qui ont détermine l'histoire de
i'indo-aryen et aux indianistes, pour leur donner un :)per<;u
des acquisitions de la linguistique. ![ ne prétend pas a une
~riulde origin:)]ite et il évite ]es opinions qui hu paraissent
G5
COMPTES RENDUS

entachées d'excessive originalité; mais il est convenabic-


ment informé, et, comme l'indique dans sa préface M. de
La Vallée-Poussin, il y a peu de gens qui n'aient quelque
chose a y apprendre.
On regrettera sans doute que M. Mansion ait trop ten-
dance à considérer les langues écrites de l'Inde comme
répondant à des usages courants. La façon dont est discutée,
p. 131, la question des prâkritismes du Rgveda est étrange.
Quand on dit que tel fait, et notamment le jy- de.yo~M- est
du type prakritique, on indique par là que ce fait n'est pas
conforme à l'ensembte des traitements védiques si l'on
trouve -A'c~a-en face d'un traitement-<c' de même. Et,.
comme le type < et le type A, représentent sûrement
['état de choses ancien, il est évident qu'on observe dans le
Rgveda deux types de faits, l'un ancien, qui est normal
dans )e texte, et l'autre moins ancien, qui est sporadique.
Comme, enfin, on sait qu'un texte religieux est d'ordinaire
archaïsant. la conclusion est que, à la date où le texte du
Rgveda a été arrêté, le parler courant était à un stade de
développement plus avancé que celui qui est représenté par
le fond du texte. Par exemple, le fond du texte appartient
à un type où bavait entièrement passé à r mais le texte a
été fixéà un moment où il a déjà été tenu compte de parlers
comportant conservation de l'opposition entre r et l, où des
éléments de ces parlers ont été introduits dans certains
hymnes. M. Mansion veut que le sanskrit ait été une
langue parlée; sans doute, à peu près toute comparaison
historique boite, et beaucoup comme le latin classique
n'a jamais cessé d'être, tant bien que mal, parlé par les
clercs; les langues romanes n'en suivaient pas moins leurs
cours. Il est exceptionnel que la langue qui s'écrit réponde
à 1 usageparlé. Mais M. Jules Bloch a touché le point essen-
tiel en montrant que; dans l'Inde, le décalage est plus grand
que dans la plupart des autres domaines connus. Cette idée
ne facilite évidemment pas l'étude des développements lin-
guistiques de l'Inde. Mais jamais une attitude critique vis-
à-vis des témoignages n'a facilité le travail de l'historien.
Les données dont on dispose sont si médiocres que
60
J.UA~StO~

l'auteur d'un ouvrage de vulgarisation comme celui de


M. Mansion rencontre sans cesse des faits dont l'interpré-
tation prète au doute, et qu'à vouloir suivre de trop près
on risque de forcer.
P. 9, il est fait état de l'appel à ~ï~c, Fc~M~o. /M</rc et
aux .V~s~/c dans un traité entre un roi hittite et un roi de
Mitant, au xtv" siècle av. J.-C. Qu'il en résulte que des
.'ly~/a se trouvaient alors pas très loin de la Cappadoce, cela
ne semble pas douteux. Mais le fait que le parler de ces
Arya ne présentait pas les particularités iraniennes comporte
plusieurs explications, et il est arbitraire d'en conclure qu'il
s agit d'Arya du groupe connu par les textes de l'Inde. II
s'agit de dieux indo-iraniens ~<?rM~c est le seul qui ne se
retrouve pas en iranien et le fait que des noms de la
religion indo-iranienne étaient uxés au xn'" siècle n'a rien
d'imprévu.
P. 33. Depuis la découverte du tokharien et du hittite, il
n'est plus vrai que la ligne d'isog'Iosses du traitement des
gutturales « coupe en deux moitiés, orientale et occiden-
tale, le monde indo-européen M. Le tokharien et le hittite,
tous deux orientaux, ont un traitement des gutturales du
type « occidental ». En réalité, les langues du ivpe av.
satam présentent: pour les deux types de gutturales, un
état altéré. Les langues occidentales, d'une part, le hittite et
(avec une altération à la suite de l'appendice labial des
labio-vélaires) le tokharien ont conservé l'état de choses
indo-européen commun. Donc le groupe ~a~?M offre une
double innovation commune, et c'est un fait capital.
d'autant plus que ce groupe est aussi celui ou .y tend à
devenir chuintante dans certains cas. la tendance étant le
plus forte en indo-iranien. et le moins en arménien et en
baltique.
P. -H, il ne faut pas dire qu'à chaque série d'occlusives
correspond une nasale ~ï. /?, M. Ce n est le cas ni pour
le sanskrit, ni sans doute pour l'indo-européen. Il faut tou-
jours distinguer entre les phonèmes qui. existant par eux-
mêmes, sont des éléments significatifs, et les simples acci-
dents de prononciation, dénués de valeur propre. I) n'y a
67
COMPTES RE~DCS

que deux nasales autonomes ?; et M. Quant à et ce ne


sont que les résultats mécaniques de l'action des phonèmes
voisins. C'est une erreur théorique grave de mettre les deux
cas sur un même plan. M. Mansion n'est pas seul a la
commettre mais il importera que l'on évite d'y tomber à
l'avenir.
P. 'i.2 et suiv. On retrouve ici, à chaque ligne, la
répulsion de M. Mansion pour les formules tranchées. Il est
dit que devient devant certaines consonnes sonores en
realité; devant toutes les occlusives, et seulement devant
les occlusives. La formule que « la place de l'accent dans
les mots indo-européens n'était déterminée par aucune règle
générale » n'est pas juste on entrevoit des règles générales,
mais elles sont d'ordre morphologique ce qui n'existe
pas. c'est une limitation d'ordre phonétique, comme celles
qu'on observe en grec et en latin. Quand M. Mansion parle
de « savants qui attribuent à la langue mère une accentua-
tion surtout musicale », il ne reproduit pas la pensée de ces
savants: il ne s'agit pas de « surtout », mais de « pure-
ment )) il ne s'agit pas de degré, mais de la nature du
ton indo-européen.
P. 68, M. Mansion a raison de dire que, en sanskrit.
l'emploi du duel est rigoureux. Mais pourquoi gâter cette
idée juste par un développement sur les objets pairs? Le
duel sanskrit est la forme pour désigner tout ce qui est au
nombre de deux, par accident aussi bien que par nature.
Dès lors, en parlant d'objets pairs, on dissimule la réalité,
en flattant une idée fausse, qui est courante, sur l'affectation
du duel aux objets pairs.
P. 96, il est dit que « les inscriptions d'Acoka sont
rédigées dans une langue officielle, sans doute celle de la
chancellerie impériale, mais avec des variantes dialectales
suivant les réglons a. Mais on ignore si Acoka avait des
bureaux s'il en avait, rien ne prouve que c'était d'un
prakrit qu'on s'y servait. On jte sait qu'une chose: voulant
adresser à son peuple des instructions édifiantes, Açoka a
fait rédiger des textes qui ont été adoptés aux dialectes des
diverses parties de son empire. Pourquoi ne pas se borner
68
VtTTOREPtSA~'t– \YOLCMEOF)KD!A~STL'OtES

a cnreg'istrer ce fait précis? On sait, d'autre part, que des


textes antérieurs à Açoka offrent, à l'état de traces, des
faits attestant un degré plus avancé de l'évolution de la
langue que celui qu'oflrent les inscriptions d'Açoka, mais
répondant à ce qui est l'état universel sur lequel reposent les
tangues modernes de l'Inde. Dire que c'est chez Açoka
qu'apparaissent pour la première fois dans des textes écrits
des traits du moyen indien, c'est risquer de donner une
idée fausse au lecteur si Açoka a adressé des homélies à
son peuple, c'est qu'il y avait déjà une littérature boud-
dhique, et cette littérature était en moyen indien.
A. M.

Yittorc PisAXf. Grammatica dell'antico indiano. Fasc. 1


et 2. Rome, 1930. In-4, 21 p.

M. V. Pisan! a entrepris d'exposer, pour ses compa-


triotes, la grammaire du « vieil indien H il ne dit pas
sanskrit, à dessein, parce que son exposé est historique
plutôt que descriptif. C'est dommage, parce que le sanskrit
est une remarquable construction qu'il importe d'examiner
d abord en elle-même. Et le point de vue historique risque
de fausser la perspective il ne faudrait pas faire croire au
lecteur: ainsi p. 99, que ~?- est une véritable racine, et
moins encore que ua~ f~c~ que l'auteur accentue
ainsi sont des formes usuelles. L'un des progrès décisifs
de la grammaire comparée a consisté à n'utiliser qu'un
sanskrit réel. et ou il y a des perspectives historiques.
A.M

A volume oi /K<~OA< Studies, ~~e~~Gf to Pro f. E.


~7~/MOM. Londres, d93t. in-8, p. 279-55~ et vi p. de
dédicace et table (Z~M o f the ~'c/<oo/ o f Oriental
.S'<u~ VI, 2).

Le ~M//e~H de l'École anglaise d'études orientales a


M
KEXDUS
COMPTES

consacré un gros fascicule à honorer l'indianiste anglais


E. J. Rapson, à l'occasion de son 70'' anniversaire. Au
fascicule ont collaboré des indianistes de plusieurs nations;
la dédicace est signée de MM. Jules BIoch, R. L. Turner
et J. Charpentier, marquant ainsi le caractère international
de cet hommage.
Des 32 articles du recueil, un bon nombre intéressent
directement la linguistique indienne.
L'article de M. Jutes Bloch, sur Asoka et la ~fa~a6~<
est important. D'une part, M. Jules Bloch montre le carac-
tère de -e final représentant *-c~ dans les inscriptions
d'Asoka. de l'autre, il caractérise avec finesse le ~Mt~e~
du drame.
Sur l'origine des chiffres « arabes a, M. Cœdès apporte
des faits nouveaux tirés de l'épigraphie indochinoise et
indonésienne des documents sûrement datés présentent,
dès 683 ap. J.-C., les chiffres avec valeur de position et le
zéro. ceci pour noter l'ère çaka, qui est indienne.
Le vétéran des études sur les parlers modernes de l'Inde,
Sir George Grierson, décrit le traitement des groupes de
consonnes dans les parlers dardes et en montre l'origi-
nalité.
M. Bruno Liebich montre, par des exemples nets,
comment des termes militaires grecs ont pénétré dans l'Inde
aux environs du début de l'ère chrétienne.
Étude d'A. Meillet sur le génitif MMMM.
M. G. Morgenstierne étudie le mot ~<K/'a?? et quelques
autres noms de lieu de l'Hindu-kus.
M. M. Sieg et Siegling éditent et interprètent des
fragments de textes koutchéens. On notera, p. 497, leur
exposé de la flexion, curieuse, d' « être » en koutchéen qui
concorde avec celle du tokharien A(v. Tocharische C~c'M!-
77:e!A, p..H4).
M. R. L. Turner décrit le développement du futur en
-.s'a- et -Myc- dans l'Inde.
A. M.

-70-
H. COL'RH~' SADDAMT)

H. CoURBtX. CraMi~C~'P~/P~eM~M'e du sanskrit clas-


sique. 1 ~<x?KyMC!re,II Exercices. Paris, Ad. Maison-
neuve. 1931. in-8, H9-127 p.

Ce livre publié sous les auspices de notre Institut de


civilisation indienne, répond à un besoin déjà ancien celui
d'une grammaire en français, simple et claire, accompagnée
d'exercices en petit nombre une trentaine de pages de
texte, six pages à peine dépassées de thèmes c'est tout ce
qu'il faut à l'apprenti.
La linguistique est sous-jacente dans la mesure indis-
pensable. Le linguiste averti critiquera cependant les défi-
nitions des aspirées (les occlusives « suivies au moins en
~'?'Mc~oed'une légère aspiration a « rangé parmi )) les
sonores h, produit par « l'arrêt brusque du soufne dans
l'émission de la voyelle ')) et la page 33 où. pour avoir pris
~M/ comme modèle, la formation du type M~a-, etc. est
obscurcie.
P. 111 lire 6~'M/fM~MM/~a:.
Jules BLOCH.

.S~f/</<M: La yrs~?/!0!re ~c~'e e~4~<xu<2H?~Q:. Texte


établi par H. S~rra. III ~M~Œ/Mc~Lund (Gleerup), 1930,
in-8,324 p.

On admire une fois de plus l'acribie et la vaste science


de M. Smith. Mais maintenant que par le ,S'Mi'/c,la gram-
maire proprement dite. se termine la publication de ce vaste
« cours complet )) médiévalde pali, on attend de l'éditeur,
d'abord les index indispensables à l'utilisation des trois
parties. à leur comparaison avec les autres grammaires, à la
confrontation des citations avec les textes canoniques cités;
et ensuite' on est tenté de dire surtout les éclaircisse-
ments d'ensemble permettant d'apprécier la valeur de la tra-
dition grammaticale. Si vraiment la norme du pali au xii'
7t
COMPTES RENDUS

siècle est l'échelon nécessaire pour l'interprétation linguis-


tique des textes anciens, il importe que le non-spécialiste,
et même le spécialiste, aient d'autres moyens d'exploration
de la grammaire palie et du pali que les notes minutieuses,
précieuses, mais parfois mystérieuses, de cette magistrale
édition et nul ne les leur donnera aussi aisément et aussi
sûrement que l'éditeur lui-même.
Jules BLOCH.

R.-L. TcRXER. A comparative and etymological dictio-


M<y o f ~e ~Vep<7/:language. Londres (H.egan Paul.
Trencii, Trubner), i93i,in-i, xxn--93S p.

La guerre est à l'origine de ce dictionnaire car M. Tur-


ner. qui n'est pas allé au Népal, a pu quatre ans enquêter
parmi les fantassins Gourkhas, qu'il conduisait au combat; il
n'a eu ensuite qu'à approfondiret compléter. Voilà comment
cette langue, d'importance secondaire, possède un répertoire
qui prend rang parmi les plus riches et les plus sûrs de
Hnde.
Mais la description n'est qu'une partie de l'oeuvre elle
devient d'importance capitale par la partie comparative.
Jusqu'ici il n'existait guère de vocabulaire étymologique un
peu développé de l'indo-aryen que l'index de la Langue
~/c/'a~c. dont je ne veux pas médire, mais enfin qui occupe
moins de 150 pages in-S, et auquel manquent quantité de
mots du groupe hindi, auquel le népali se rattache M. Tur-
ner a été amené, en le complétant, à le rectifier sur pas
mal de points. Inversement l'absence de mots non repré-
sentés en uépali empêche le livre de M. Turner d'être un
dictionnaire complet de l'indo-aryen inconvénient auquel
il est dans une large mesure remédié par le fait que M. Tur-
ner aime à grouper les mots par familles, et qu'il en a cité
beaucoup qui ne s'apparentent aux mots népidis que de
manière indirecte.
Ch) les retrouvera tous aisément dans un index qui n'oc-
!Dit~'m

cupe pas moins de 276 pages a trois colonnes, ou ils sont


rangés tangue par langue. Si bien qu'en somme au diction-
naire népali s'ajoutent des dictionnaires étymologiques
partiels de toutes les langues indo-aryennes, des plus cou-
rantes jusqu'aux pluscxcentriqueset lesmoinsbien connues.
D'autre part les index du sanskrit et des diverses formes
du moyen-indien permettent de se rendre compte de ce qui
a été la part vivante du vocabulaire dans les tangues cias-
siqucs.
Aux mots cl!ectivement attestés. M. Turner a ajouté la
liste des t\'pes étymologiques qu'il a été amené a reconstruire
ou plutôt deux listes celle des « reconstructions indo-
européennes )' et celle des «reconstructions indo-aryennes »,
'est à-dire sans parenté indo-européenne visible. On peut
prévoir que cette seconde liste attirera l'attention il faut
signaler qu'elle ne comprend pas les mots identiques à tra-
vers plusieurs langues et pour lesquels il n'était pas besoin
de rien reconstruire elle donne donc une idée incomplète
du vocabulaire proprement indien.
Ces listes ont été données en tète de l'index il était
légitime en enet de les séparer des listes de mots réels.
L'inconvénient est que les reconstructions indo-aryennes
sont éloignées (les listes (le mots appartenant à des langues
indiennes non aryennes. Or théoriquement on s'attend à des
glissements entre ces deux tableaux et en fait, par exemple
*/M~MMr/ « twist » a toute une série de correspondants
dravidiens de même ~o~a « masse globulaire » cf.
canara ~MrMo « montagne H; cana. telougou ~M~K
boule », tel. <r/~M « ceuf kurukh yo/<7 « balle », gol
<'semence brahui .<yo~'« bille o, rie quoi il convient de
rapprocher la série de *~p?!(/« « balle o, avec une alternance
oc que fournissent également les correspondants dravi-
diens de *~)e~o « ventre )' brahui gond pir, mais tel.
~o~c. tan. /)0~(°; kur. ~o~7, malto ~Mr(76 alternance
qu'on retrouve dans des mots anormaux du sanskrit comme
/~M- et ~.<~c- (celui-ci cité sous nép. /o~ « cadavre )').
La liste de reconstructions indo-européennes est assez
t'ourte. On remarquera l'explication de skr. <<7~o'<7//
T3
COMPTAS
RENDUS
« menacer » par *<o?~o-, latin /o~'M<M, et celle <]e nép.
M:7t'a/-« faire sortir » par *e/- le rappelle celui de skr.
<Mt~wa si ingénieusement expliqué par M. Wackernagel.
Le rapprochement de skr. ~M~; « poussière ? et de v. s!.
<fM~</?<' pluie a, en supposant un ancien *eMtMz,est satis-
faisant. De même lc*M/9-~a- (ou plutôt *o-) allégué
pour expliquer nép. ~M~o « brun B va bien c'était le
moment de rapprocher skr. ~Ac/~M-,nep. ~~a~ « ours M.
Par contre l'analogie de I'allemand_s&)~/e?!suffit-elle à légi-
timer le rattachement de nép. tun- « repriser » à *~Mc~-
(renvoi sous *steu- « battre )) accompagnéde ses élargis-
sements) et celui de tous les mots groupés sous copnu
« hatonner, plonger comme dérivant de~eM?- « battre ))“
on n'oserai) l'afnrmer. D'autre part on ne trouvera pas parmi
les mots indo-européens *sôlo- pour expliquer nép. ~a~o
« dur. beaucoup o et du moins ses homonymes d'autres
langues signifiant « entier, tout H M. Turner repousse de
même *M-e- pour ch- « exister ».
On serait étonné qu'il ne reste pas de points litigieux il
y en a dans des langues dontl'histoire est incomparablement
mieux connue. Mais M. Turner a donné des dossiers aussi
complets que possible, et poussé l'explication aussi loin que
possible il nous met même souvent dans la confidence
d'hypothèses qu'il reconnaît peu sûres cela même est une
aide et les doutes de l'auteur d'une _ceuvreaussi importante
sont utiles à connaître.
P. 6t3. sous SM~?/et à l'index p. T3-i,lire tsigane syrien
A'Mf~/rp. 534 sous /aMM«prendre », hindi /5?:5n'a été cité
que par inadvertance car ce mot, qui veut dire « apporter »,
est contracté de le ;î?M « ayant pris, venir a.
JuIf'S BLOCH.

M. QADRt. Hindustani phonetics. VilIeneuve-Saint-


Georges (lieu d'impression il n'y a pas d'éditeur). t930.
in-t6. H p.

Avant M. Qadri, seul M. Sramek avait publié le résultat


74
(:.J. )'f))'t'SHm!fHA\r– Il. H'TTt.L

de recherches expérimentales sur une langue de i'tndc.


ChexM. Sramek (et dans le petit travail encore inédit de notre
confrère M. Shahidullah) il s'agit de bengali. M.Qadria il
commencé de cnmbJer l'immense lacune en décrivant sa
propre langue, qui est l'hindoustani du Dcccan. Travai)
encore maigre; ou la tangue écrite tient encore trop de
piace, et l'instrumentation pas asscx on regrette notam-
ment 1 absence de courbes de nasalité. Mais enfin c'est un
premier résultat. et on doit l'espérer. l'annonce de travaux
plus développes.
Jules BLOCH.

C..ï. Popp SERBO~KL'. Les 7"M~ne.s'. Paris. Payot,


)930.in-8,397p.

Un très bon connaisseur saura sans doute trouver quel-


que faits neufs ici mais il est facile de voir qu'ils ne sont
pas la majorité, et que ce qui est pris, explicitement ou
non, aux autres n'a pas été critiqué. La partie proprement
grammaticale est comme le reste trop longue et confuse
le système de transcription est maicornmode. Livre peut-
être utilisable, certainement pas recommandable.
Ju)es BLOCH.

E. H. TUTTLE. Dravidian </eue/o/~e~ib. Linguistic So-


ciety of America. Language monographs. n" Y. sept.
1930, in-8", 40 p.

M. Tuttle reprend ici quelques articles déjà publiés dans


divers périodiques. II faut avouer qu'à être rassemblés ils ne
gagnent guère en valeur probante. On est eu effet frappé
du nombre d'hypothèses étymologiques arbitraires. qui se
soutiennent rarement 1 une l'autre. C est dommage, car
M. Tuttle a le mérite de tenir compte des langues dravi-
diennes du Nord et même de certains dialectes méridio-
7'.
COMPTES
UEKDU8
naux mal connus ainsi il a dépouiHé un Evangile en ha-
daga il rendrait sans doute service aux travailleurs en
fournissant une monographie de ce parler dont il a tire ici
assez peu de chose.
)!aa aussi le mérite de songer plus qu'on ne fait d'ordi-
naire aux emprunts faits par le dravidien à d'autres langues,
en particulier à l'aryen. Ainsi la tentative pour ramener
tamoul uc/'M~M « tigre? » àskr. uya~ra est intéressante tirer
sond Muuor, tamoul Mua' « sel a de skr. (Ç. Br.) KA'ar~-?
qui esl lui-même un dérive de T. S. M.s'a-est déjà moins
facile le rapprochement de tamoul a~'et skr.ya- paraît
d'abord séduisant aussi, mais 'ttr signifie, non« lumière so-
laire », mais « halo solaire ou lunaire ». Surtout on admet-
tra dimciicment que la finale de hrahui pin « nom )). en
regard de tamoul ~cy~y, telougou ~M etc., soit due à
~a?M<M-, ou que badaga Mïff~'Knls » soit une contamination
de a~o/c avec gond ?~c~'?':(auquel il faudrait ajouter
canara M?cr/; Ioda pi. ~~f~/A', kui m~ brahui ?MC/').
On aimerait à voir mieux soutenu le rapprochement de
tamoul !</M!~M(et telougou :MMMM qui aurait dû être cite)
« fer M avec le turc timür ce qui rend l'hypothèse
séduisante et ce que M. Tuttle ne dit pas c'est qu'on
trouve en hurusaski et en darde des formes voisines, du type
.~M;M/\Si ce rapprochement était établi. il serait de grande
portée.
[) arrive à M. Tuttle de me contredire, expressément ou
non. !1 nx' semble que je pourrais me défendre; je préfère
revendiquer les droits d'un chercheur Indou. dont M. Tuttle
ne cite qu'un travail, mais qui a écrit dans diverses revues
indiennes, environ 25 articles, où il se rencontre souvent sur
le même terrain que M. Tuttle, parfois même discute expres-
sément ses idées. La dispersion de ces articles est sans
doute cause qu'ils ont échappé à l'attention de M. Tuttle;
c'est dommage, et je saisis l'occasion de les signaler. I]
arrive à M. Ramaswami Aiyar de s'y laisser entraîner au-
detà des faits et des conclusions positives qu'ils comportent,
mais ils traitent de points précis, et il y a beaucoup à y
prendre on peut espérer qu'un jour assez proche M. Rama-
7(.i
)'. 0. BODDI\r. J. HOFFMA~

s\vami Aiyar en tirera un travaii d ensefnbie et fera taire on


pas à nouveau à la ~Tammaire ''emparée du dravidien. peu
renouvelée depuis Cafdwdi.
-tûtes H LOCH.

P. 0. HODD)NG. 6'M/~«/ <C/0/!M/'y i,, -1 /M.


Oslo. 1929-1930, H.O p. in-8".
.f. t'JOFFNAXK. /W?C~<6/'ae(/M MM~</<<f'C. I. -4 )!.
))).C;[Y, Z).Patna. t930. 1271 p. in-8".

On saitlinté'rét que suscitent depuis quelques années les


iatigues )\o] ou munda; <{ueparlent trois a quatre millions
de semi-civitises dans les montagnes qui séparent le Deccan
de I'!nde gangetique. La structure de ces langues a été
rapprochée de celles de langues lointaines à 1 Est leur vo-
cabuiaire a été compare à celui de langues egafonent loin-
taines. non seulement à ] Est. mais à l'Ouest, et on en cher-
che légitimement les traces en sanskrit et dans l'indo-aryen
en général. Le malheur est que ce vocabulaire est mal
connu, ou plutôt mal délimité car jusqu'à présent on n a
guère eu à utiliser qu'un seul recueil, le dictionnaire Santat
de CampbeU. Or il est pt'~in de mots qui se reconnaissent
au premier coup d'œit comme empruntés à t'indo-aryen
et en ce qui concerne les autres, comment s'assurer qu'ils
sont spécifiquement )\oL puisqu'il n a a pas de lexique'
développé des autres diaiectes?
C est encore du santat. et dunthalecte tout \oisi!~qui
parait avoir beaucoup emprunté au santal. lemundari. que
traitent MM. Boddinget Hon'mann danses srands diction-
naires qui viennent de paraitre. Mais il n'y.t pas lieu de ]e
regretter: car ces Hvres apportent un enrichissement et un
approfondissement considérables a nos connaissances.
Celui de M. Bodding est un dictionnaire comme celui de
CampbeII et il faut ]e dir'' a i honneur de ce dernier, son
vocabulaire, considéré numériquement, n'est pas enrichi
d'une !acon très considér;)de: mais ]esse!~s~ntpr<cis<s.
7
COMPTES
RENDUS
<') il y a des exemples; tous traduits, et nombreux en ou
tre la transcription phonétique est incomparablement plus
sure. On pourrait même se demander s'il n'y a pas excès
ici, au moins pour l'usage du non spécialiste; ainsi a est
sépare de « résultante Mde la présence de i ou u dans le
mot d'ou suit que le fascicule consacré à A est coupé en
deux parties et que dans le second il faudra chercher les
ba- après tous les ~a- ainsi ~gc/~ « veau, garçon » est
sépare de ~e/ c génisse a et de même les ~c- viennent
après tous les be-, les ~o- après tous les~o-.
L'ouvrage de M. Hoffmann (aidé de la collaboration d'au-
tres PP. Jésuites) est à la fois dictionnaire et encyclopédie
on imagine l'importance que peuvent avoir, même pour la
linguistique, de longs articles, qui seront soutenus d'illus-
trations (à paraître à part), lorsqu'il s'agit d'une civilisation
si particulière du reste toute pénétrée, comme le vocabu-
laire le fait voir, d'influences hindoues.
Les deux auteurs ont fait à la comparaison une place
susceptible de satisfaire, partiellement du moins, notre curio-
sité. Mais leur attention ne s'est pas portée également du
même côté. Naturellement l'un et l'autre marquent(pas tou-
jours assez) les emprunts aryens pour le reste. M. Hou-
mann se préoccupe surtout du dravidien, entendant par là
or-jonqui est trop proche pour être démonstratif, le tamoul
qui est lointain et pas très bien utilisé, et le singhalais qui
es) <'nfait une langue aryenne il lui arrive d'Invoquer bi-
zarrement l'anglais elle hollandais. M.Boddingau contraire,
et ceci est plus utile, signale des concordances avec d'au-
tres parlers kol et avec le groupe môn-khmer on voit même
de temps en temps apparaître du tibétain; du japonais et
jusqu'à du magyar. En ce qui concerne le kol, on peut re-
gretter. sans avoir le droit de le reprocher à M. Bodding,
l'absence des dialectes n'appartenant pas au groupe khervari,
dont h' santal et le mundari sont les principaux représen-
tants. P. ex. sous ~?f « montagne » on aurait aimé trou-
vt'rsavara ~<7/'MM, kurku~<7/ plutôt que. ou du moins, avant
sakai y<o. etc. de même le kurku possède, et donc au-
thentifie ~M/M« cuisse M,~M/MH « seL» (mais le savara ~<7-
78
l'. 0. nODDtPi<. J. HOFFMA.~

6'ce~etle gadaba ~a~'eA' posent un problème intéressant; si


or) rapproche h' nom du sel dans le dravidien du Xord.
kurukh <~cA',brahui ~°). Même a 1 intérieur du khervari.
la comparaison n'a pas été faite systématiquement grâce
a M. Hoffmann il est permis de voir que le mundari a bien
des mots non signalés citons seulement GM~' « enlève-
ment, adultère )) (article intéressant cliez Hoffmann). apir
« vol incliné » (oit M. Hoffmann à son tour aurait mieux
fait de citer le mot santal que l'hindi par « aile H: qui est
pris au persan), ~<'<~« forer du bois avec un fer rouge') (le
mot est savara aussi), ~oA'o cadet M(existe ailleurs encore.
voir le .Z~'M~MM'~c 6'M~ucy); ban « charme magique )) (égale-
ment oraon) à côté duquel le mundari a aussi ~a/ï « feu d'ar-
tifice )' à à verserau dossier du nom sanskrit de la « flè-
che » apporté ici même (XXV. 68) par M. Przyluski.
La comparaison pourrait donc être poussée davantage
dès à présent: mais le principal est qu'on ait des faits. Et
on souhaiterait des vocabulaires d'une richesse égale pour
les groupes divergents de la même famille. En ce moment
même s'imprime un manuel savara. dû à M. G. V. Rama-
murti et M. Ramamurti songe à étendre son enquête sur
desparlers que Ie/.z/rMM~c ~'M~t~ ignore. C'est là la be-
sogne la plus urgente: si cette famille de langues a l'impor-
tance qu on lui attribue, il est grand lemps d'en pousser
J'exploration avant sa disparition totale.
Mais il faut que les enquêteurs soient aidés sinon dans
lu collecte, au moins dans la publication. Grâces soient ren-
dues à l'Académie d'Oslo qui s'est chargée du dictionnaire
de M. Bodding. et au gouvernement de Bihar-Orissa qui en
publiant )'ouvrage de AI. HoU'mann réalise un projet vieux
de vinst-cinq ans
-tules BLOCH

t. An tnotm'n) dr t.! rot'r~'Huu dcsëp~'u~t't nu' p.'n'vn.'nt Je .U<;)'-


~t' M. Uh. iih.'tduri. publie j'u' if.'s soins <)''
(/C!)/-Ai~~s/;<~<c.'f0<t')/
rUuiversitc df Cidcutt~(in-)' xv-t-H pp.). YoL'.ibut.un'd'objet ?!<-
Utjue. pt'cp. pf)r un horum" d'' loi t'csid~nt d.ms lil f'e-'ion de Ran-
chi il il sur t'.Knc!/<o/MC(~ct'nt~ d'être compipt.

ï~l-
COMPTES REKDUS

.lûtes BLOCH. ~OMC/~0~/eKMO/]~0-/i~/C'M /V~7o/0~y.


7~oy' lectures for 1929. Londres, in-8 (Extrait du
~/e~ oy~e ~c/<oo/o/'0/f! V, IV, 1930,
p. '7)9-756).

Les conférences que M. Jules Bloch a faites à Londres


ne comptent pas beaucoup de mots; mais ce ne sont que
des mots qui portent.
Dans la première; il considère les langues iittéraires de
l'Inde. de l'époque védique jusqu'à l'époque présente. Sur
chacune, il n'y a que peu d'indications, et juste assez de
faits tous saisissants pour donner aux formules une
réalité. Ces formules éclairent l'histoire des langues litté-
raires de l'Inde. Le védique et le sanskrit classique font
t'eifet d'être deux formes d'une même langue; au fond,
entre les deux, il y a un abîme l'aspect des mots n'a pres-
que pas change, il est vrai, mais l'esprit est autre, et, en
réalité, il y aussi loin du védique au sanskrit classique que
du védique au pâli. M. Jules Bloch retient l'idée de M. S.
Lévi que; langue des brahmanes, le sanskrit a été d'abord
affecté à des usages profanes par des conquérants étrangers.
Ii poursuit ainsi jusqu'aux langues littéraires d'aujourd'hui,
en marquant à chaque fois l'essentiel et en signalant les pro-
blèmes.
La seconde conférence 7/«/o-?'</a?: e' Z~'f~M~M; est
surtout critique: l'exposé y a la même clarté mais les
conclusions restent en suspens plus que dans la première,
ou pourtant les doutes ne manquent pas. Deux ordres de
problèmes v sont posés, l'un concernant la structure de la
ianguc. l'autre !<'vocabulaire.
Le premier est celui du substrat la structure phonique
et morphologique de l'indo-arycn suppose-t-elle l'action
d un substrat dravidien? A la suite de M. Deeters, M. Jules
BIoch admet que la structure de l'arménien suppose l'action
d'un substrat caucasique, tout en limitant étroitement cette
action. U reconnaît donc qu'un substrat pou),agir. Mais il
n'stc a montrer que cette action a eu Heu. Une chose est
80
JL'LES BLOCH

sûre ii ne s'agit pas d'une action immédiate, comme celles


qu'on observe dans le midi de la France où le français du
Nord est parlé parles gens du peuple avec les ressources
phoniques des parlers méridionaux et où le prétérit simple,
actuellement sorti d'usage dans toutes les provinces qui
sont sous l'influence complète de Paris, subsiste parce que
l'équivalent a existe dans les parlers locaux du Midi. Les
faits indo-aryens ne sont pas de cette espèce, non plus d'ail-
leurs que tes faits arméniens. Le plus net est l'introduction
des « cérébrales » dans le système consonantique. Les céré-
brales ne se sont pas substituées en bloc aux dentales elles
s'y sont juxtaposées dans des cas particuliers où certains
phonèmes voisins en ont déterminé l'emploi, de sorte que
l'on peut concevoir que les cérébrales se seraient développées
même s'il n'y avait eu action d'aucun substrat. L'action
qu'il faut admettre ici, c'est celle d'une tendance héréditaire
propre à une certaine population le cas est comparable à
celui du français dont la phonétique s'est développée en un
sens qui concorde à plusieurs égards avec les changements
observés dans les langues celtiques. Ces phénomènes sont
délicats. En ce qui concerne la morphologie, il va de soi
que, pas plus que l'arménien n'a admis des morphèmes cau-
casiques, l'indo-arven n'a admis de morphèmes dravidiens.
Les concordances probables portent surtout sur la structure
générale. M. Jules Bloch est un peu plus sceptique sur
de pareilles actions que je ne suis tenté de l'être. Mais on ne
saurait s'étonner de son scepticisme. Et il finit par signaler,
p. 733 et suiv., entre des tours de l'indo-aryen et des tours
dravidiens des concordances dignes de remarque.
Dans les questions de substrat, le vocabulaire n'enseigne
rien. H y a des exemples sûrs d'emprunts de mots dravi-
diens par le sanskrit il y a des cas discutables. La critique
pénétrante de M. Jules Bloch fait sa part à chaque type de
faits.
Ces deux conférences montrent combien M. Jules Bloch
serait propre à esquisser une histoire de l'indo-arven et
pourquoi il hésite à le faire. La troisième a un objet prati-
que celui de montrer les travaux qu'il faudrait entreprendre
8t
6
COMPTES REKDUS

pour que l'on puisse faire une histoire complète de l'indo-


aryen dépouillement (le textes, relevés de parlers locaux.
Les savants de l'Inde ont une tache_ immense a accomplir
ot souhaitons qu'ils entendent M. Jules Bloch.
A. M.

H. H. SCHAEDER. 7/*<MM~c~ j~e~r~e, t. Halle (Niemeycr),


1930, in-8 (Schriften der Kônigsberger gclehrtcn Gesell-
schaft, VI, 3 p. i-ix et 199-296).

Un sémitisant qui sait son métier et qui, comme


M. Schaeder, a des vues larges, est mieux placé qu'un ira-
niste, à beaucoup d'égards, pour juger des faits de langue
de moyen-iranien.
Le sujet qui est au fond de toute cette belle série de
mémoires de M. Schaeder est la langue écrite ararnéenne
dont s'est servi le personnel administratif de l'empire aché-
ménide. Aujourd'hui la situation d'un empire qui recourt à
un personnel employant pour ses écritures une langue étran-
gère sans prestige particulier, sans littérature notable, semble
paradoxale. Mais, au moment ou s est constitué l'empire
achéménide, il aurait été malaisé de trouver ailleurs des
secrétaires nombreux employant une écriture facileà manier;
!e personnel babylonien ne suHIsait pas, et l'alphabet qu'il
employait était Incommode on était en train de l'abandon-
ner. Durant lapériode aehéménide, il ne semble pas que le
perse ait été écrit autrement que pour des monuments; et,
comme suivant toute apparence, les chefs ne lisaient ni
n'écrivaient, cela n'avait pas d'inconvénient. Le soin de
faire les écritures incombait à des sortes d'ouvriers spécia-
lisés.
Quand et comment cette écriture araméenne a été
pliée à l'usage de l'iranien, il est impossible de le dire
on ne voit que le résultat notation mal appropriée
et incommode du parler iranien au moyen de l'al-
phabet araméen et, chose étrange, substitution aux mots
iraniens les plus usuels de leurs équivalents araméens, plus
82
H. S. KYBERG

familiers au milieu et dont la lecture iranienne ne faisait pas


difficulté, puisque, justement, H s'agissait des termes les
plus courants. En véritable historien, M. Schaeder sait
rendre clairs les traits les plus surprenants de la graphie du
moyen iranien.
La série des mémoires vaut par ses idées générales.
Mais ces idées apparaissent propos de faits particuliers qu'il
étudie dans le détail et qu'il éclaire. La façon dont il fait
l'histoire des mots tels que M~uar~K et ~a/ï~~ est rernar-
quante. Souvent i! critique avec clairvoyance les vues aventu-
rées du regretté Andreas.
Les iranistes doivent remercier M. Schaeder de tout ce
qu il leur enseigne.
A. M.

H. S. ~-YBERG. –~y~Mc~o~eu!. II. C/oMa; Upsal.


(Lindquist, et à Leipzig, chez Harrassowitz), 1931, In-8,
xxt-302p.

Les circonstances font que le nombre de phitologucs qui


s'intéressent aux études iraniennes est petit. Mais il y faut
des hommes doués d'esprit critique et bons linguistes, et
parmi tant de savants, il s'en est toujours trouve qui appli-
quaient en maîtres les méthodes les plus délicates de la phi-
lologie M. Nybcrg est de ces hommes. Son manuel de
pehie\ est un modèle, et le glossaire qu'il vient d'v adjoin-
dre, non seulement permettra de l'utiliser et en fait un ins-
trument de travail excellent, mais servira de hase à la lexi-
cographie du pehievi, pour laquelle presque tout reste à faire.
M..Xyberg n'est pas de ces hommes qui répètent des
choses connues. Dès qu'il le peut, il se borne à un renvoi.
Les etymoiogies des mois étudies sont Indiquées, mais
seulement par les repères strictement nécessaires. On ne
saurait trouver ouvrage plus sobre ni plus dense. et néan-
moins clair pour un lecteur attentif.
Il y a inconséquence à écrire /yG!~c~p. 70 et p. 81.
83
COMPTES
RENDUS
P. ~2~. M. Nyberg vocalise /)'a?'~ if correspondant de au.
Ce n'est pas d'accord avec la vocalisation de /tM~~
p. 107. Hubschmann a; prudemment, vocalise /(c)~: il y
était invite par l'emprunt arménien A'c~p.
Sous /H.f<o/ l'étymologie donnée de arm.0~eM ne
saurait être juste. Un ancien *My(~o~r)-aurait garde son u
initial, et n'aurait pas~; du reste, le sens n'est pas favo-
rable à cette explication.
P. 96, sous Aa?MO~, l'explication donnéedearm.A~M~A'?
je réunis )), est fausse car, en partant de */M;M!G-MA'c-,
on ne s'expliquerait ni l'absence du -MM-ni le~ En revan-
che. on retiendra, avec intérêt, l'explication donnée de
arm. uc.ccaM« fin » etc. quoique tout n'y soit pas clair.
A. M.

H. REtCHELT. Die so~/tc~'e~e~ //c/«~c/[?'e?~c&'<e des


Z~McAe/MMMMM, in 6~MC~MM</?M! Me/'M~MM~.
n Teil. Die MX'cA~M~/AM~McAe?! y~ife. mit 9 Tafein,
~y:</AacA<~<y~M f/CM~u~<~Mi'M~e/!
7'ca; Hcidclherg
(Winter), 19~1, in-8, vm-80 p.

Avec une diligence qu'il faut admirer, Reichelt donne


la fin de sa publication des manuscrits sogdiens du British
Muséum qu'a rapportés Sir A. Stein.
Le principal de la publication consiste dans les fameuses
lettres trouvées près de la grande muraille de Chine, lettres
en partie mutilées, et dont la lecture e.t surtout l'interpréta-
tion présentent des difficultés extrèmes. On ne pouvait s'y
attaquer qu'après lecture des autres textes sogdiens qu'on
possède. M.Reichelt s'est tiré àson honneur d'une des taches
les plus délicates de la philologie iranienne. Au texte et
a la traduction il a joint un index des mots de sorte que
tous les iranistes pourront désormais, à sa suite, étudier de
près des textes uniques en leur genre, et, par la même,
instructifs.
La publication apporte une autre heureuse surprise la
.84
E. BEKVEKÏSTE

traduction des textes bouddhiques donnée à la suite des


lettres l'un renferme un colophon, où est indiquée la date,
728, à laquelle le texte a été traduit. Il est superflu de mar-
quer l'intérêt de cette trouvaille.
A. M.

E. BEKVENtSTE. Deuxième édition entièrement corrigée,


augmentée et mise à jour de A. MEtLLET,Grammaire du
M'eM-Type~e. Paris (Champion), 1931, in-8, xxrv-266 p.
(Collection linguistique, XXXIV).

Ma grammaire du vieux perse est épuisée depuis long-


temps, et, pour diverses raisons, je n'avais pu la mettre à
jour. M. Benveniste a bien voulu se charger de ce travail,
étant entendu qu'il ajouterait, corrigerait, supprimerait et
changerait à son gré, le livre devenant sien. Voici le résul-
tat de cette entente. Comme je l'ai dit dans le nouvel avant-
propos, on v verra ce qu'un livre peut gagner à changer
ainsi de mains. Un auteur nouveau est plus à l'aise pour
transformer que l'auteur initial qui n'est jamais libre vis-à-
vis de sa première rédaction. Sans que les lignes générales
aient changé, le livre est, d'un bout à l'autre, devenu"
autre, et meilleur.
Sur un point, la graphie a été changée. Pour transcrire
ce qui en vieux perse répond à 8?*, j'avais recouru à p
M. Benveniste se sert de .y. Par M, il indique qu'il s'agis-
sait d un groupe de consonnes, et par que le signe tran-
scrit est un. Mais. étant donné que le signe cunéiforme est
un. et que dans la suite de l'histoire des parlers du Sud-Ouest
il est représenté par une consonne unique, il y a un incon-
vénient à noter par un caractère complexe un phonème qui
n'est indiqué ni parla graphie ni par l'histoire. Et ce signe
complexe a. de plus. le défaut grave qu'il sera difïlcile de le
reproduire: combien d'Imprimeries disposerontdece groupe
sins'utier .M. Eu somme. n'est bon ni au point de vue
théorique ni au point de vue pratique. Sans défendre le c,
85
COMPTES
RENDUS

qui n'a été pour moi qu'un pis-aller, je le regrette, et il me


semble que ss est le contraire d'un progrès.
D'autre part, M. Benveniste a souffert, au début de
ce livre, de l'attention qu'il porte aux nouveautés.
M. Herzfetd a publié une inscription qui se donne pour être
d'Ariyaramna. De cette inscription, M. Benveniste a
l'esprit trop critique pour avoir été dupe p. 2, il fait les
réserves nécessaires. Mais le fait qu'il la cite dès l'abord et
qu'il en tire des conséquences donne, sinon une idée
fausse, du moins une impression inexacte. M. Schaeder, en
montrant qu'il s'agit d'un faux (d'époque acbéménide), a
vu juste. Ce qui est enseigné p. 3 sur la dynastie achérné-
nide est bien vrai. Mais il n'en résulte pas que l'invention
de l'écriture perse soit antérieure au grand Cyrus.
Si je signalecesdeux diSerences avec le rénovateurde mon
livre, c'est pour marquer son indépendance tout ce qu'il y
a de bien dans la nouvelle édition c'est beaucoup, on le
verra est de lui. Je le remercie cordialement d'avoir
rendu la vie à mon livre, par sa science et son érudition,
par son sens critique, par ses dons de linguiste original.
A. M.

Roland G. KENT. 77<erecently ~M~/M~ee~&/f/ ~e~~?!


inscriptions. Extrait du .7~M/o/<?A?Ke~'c~M Orien-
Society, LI, 3, p. 189-240 avec publication spéciale
par la Linguistic Society o/LM!c~'e<7.

Réédition des inscriptions nouvelles trouvées à Suse et


publiées par le P. Scheil, avec traduction, notes et, ce qui
importe le plus aux linguistes, un index complet des mots.
Les inscriptions trouvées et publiées par M. Herzteld n'y
figurent pas.
En ce qui concerne la forme du duel secondaire de
3epersonne du pluriel ajivatam, apportée par la trouvaille
du P. Scheil, il convient de rappeler que cette désinence
86
H.F.J.Jt'KKER

-tam répond a un usage grec et que, au moins dans une


partie de ['indo-européen. *(/ï) est une désinence de
2*'personne, comme l'indiquent le lituanien et le slave.
A. M.

H. F. J. JL'KER. .4rM'C/!e~O~C/tM~ST!,3'<2~MO~M-
<Ae/i. L Die ~ar/eoyr<2~~Mc~p C~ee~er! des
)'cy/~<o6-~t/M. Leipzig (Hinze!), ~930, in-8, 131 p.
(~M. ~r~7.<M/. Ki. d .Mc~ d. tV~ XLI. 2).

Ce grand mémoire nous touche de près. I! est dédié à la


mémoire de R. Gauthiot. Et en eSet, M. H. Junker, aujour-
d'hui successeur de Brugmann ;'il'Université de Leipzig, a
été le compagnon de R. Gauthiot lors de son voyage au
Yaghnob. Par malheur. les notes de R. Gauthiot sur ce
vovage se sonttrouvées perdues, en des conditions inconnues,
lors de sa mort. en même temps que beaucoup de docu-
ments importants et. outre ses notes personnelles, M. Jun-
kcr n'a disposé que d'une faible part de ce qu'avait noté
Gauthiot.
Cette perte se fera surtout sentir pour la seconde partie de
l'étude. Dans cette première partie. M. Junker décrit la
situation du dialecte. qui est remarquable l'accès de la vallée
de Yaghnob est difficile, et ce n'est pas un accident qu'il y
ait subsisté un dialecte singulier. Du reste, M. Junker indi-
que l'état linguistique de la région, p. H7.
Toutefois, dès maintenant. M. Junker fournit des textes
avec traduction, et il marque d'une manière précise les dif-
férences que les deux explorateurs ont observées entre les
parlersde la vaUée. Une carte. p. 127. fait apercevoir la
répartition des parlera.
Le mémoire se termine par de judicieuses remarques sur
les conditions qui ont déterminé cette répartition.
A. M.

-87-
COMPTES
RhXDUS

/~??!NÂ'<x/a p/f~e~e~'a ~9.3~ </ 7~'M</</e~<?<~c!


vypusk VI. Z.MM~'A' Leningrad (Â.kad. n. SSSR):
1930, in-8, vm-108 p.

Le fascicule ne porte pas de nom d'auteur; mais le nom


du rédacteur, M. I. I. Zarubin, est indiqué au début de
l'avertissement, et suivi du titre particulier: 0~<MO~/f(/6
<c~ i slovar'.
Le parler pamirien étudié était jusqu'Ici à peu près in-
connu.
Les textes, avec leur traduction russe, occupent 21 pages.
Suit un vocabulaire des mots de ce parler traduit en russe,
p. 23-72, et des mots russes du parler, p. 73-96, et enfin,
p. 97-108, quelques indications sur la structure du parler,
qui est rapproché du sM~M!voisin géographiquement.
A. M.

A. CnmsTENSEK. Contributions à la dialectologie !rc-


nzenne. Z)!'a~ec<<'
~M:7~7~du Recht, dialectes de .Fa'y'
~aM~, de Yaran et de A'~ifa~ avec un ~M~p~~eM~
contenant quelques textes dans le pe~a?? fM~a:'?'e de
y~e~ Copenhague, 1930, m-8, 300 p. (Danske
UM~ï~'<~e~ne~e&Aa~ ~M~?/. ~?~e/e&e~, XYII, 2).

L'éminent iraniste de Copenhague a fait un voyage


d'études en Perse. Ce livre en apporte les résultats, qui
seront très utiles pour la comparaison des parlers iraniens
modernes, bien que les observations dont disposait
M. Chrislensen ne permettent, pour aucun des parlers exa-
minés, une description complète et détaillée.
La grande difficulté de la dialectologie iranienne
consiste en ce que; sauf pour quelques régions reculées et
peu accessibles, le persan a exercé partout une action pro-
fonde, tandis que lui-même a subi anciennement l'action
des parlers septentrionaux. La difficulté qu'éprouve souvent
-88
L. MAR!ÈS

le linguiste à apercevoir des parlers locaux offrant quelque


parenté n'est nulle part plus grande que dans !e domaine
iranien.
Le fait constaté en France par M. Terracber que. dans
les parlers, la morphologie est plus conservatrice que le
vocabulaire, se retrouve pleinement dans la région ira-
niennne centrale sur laquelle ont porté les observations de
M. Christensen. Tandis que la morphologie de tous les
sujets observes par l'auteur offre partout des particularités
caractéristiques et demeure bien locale, la comparaison des
vocabulaires faite p. 28~ et suiv. présente un vocabulaire
presque tout persan avec une prononciation provinciale
dans le parler urbain de Recht en face de vocabulaires
anciens assez locaux dans les parlers de caractère relative-
ment rural. Le contraste est saisissant, ainsi dar « porte » à
Recht en face de bar des autres parlers. Avec les données
fournies par M. Christcnscn, on peut; en une certaine me-
sure. fixer une phonétique historique des parlers de Fu-
rizand. de Varan et de i\atanz on ne le pourrait pas dans
le parler de Recht.
L'étude de M. Christensen est donc intéressante de bien
des manières.
A. M.

ARMÉNIEN

L. MARtÈS. ~M/' /</ /0/?C~:0~ de l'aoriste et des ~M<OM<


~y p?? -r- p~ <y/'M!c??/p~.Paris, 1930 [paru en 1931],
in-8. t6 p. (/~euM~ des <~M<~6'~o/eyï!eMMe~ [librairie
Geuthner], X. 2, p. i67-t82).

Ce bref mémoire est plein de substance. On savait que


ie -r- des aoristes repose sur i.-e. et il est évident que
de la flexion moyenne des aoristes arméniens est a
rapprocher du typf'Iat. ou lit. ~M;'û. Mais qu'est-ce que
) élément noté -e- dans le type arm. yo/'cecr '< il a a~i
.M. L. Mariés a reconnu que cet ([ui repose sur un ancien
8H
COMPTES RENDUS

i s'explique par un rapprochement, avec le -M-du type lat.


~'y-M- te -M- de nombreux aoristes indo-iraniens. Du coup,
il note combien d'éléments de formation se sont accumulés
pour fournir une forme arménienne une. De môme,
dans l'i des subjonctifs tels queyo~eM'eM,il retrouve, avec
un élargissement, l'ancien optatif. Deux des formes les
plus importantes de l'arménien sont désormais expliquées.
Tout au plus sera-t-on tenté de regretter que, dans ce
mémoire décisif, l'auteur ait risqué à la fin l'hypothèse
que certaines formes grammaticales de l'arménien moderne
seraient empruntées. Les emprunts de cette sorte sont
difficiles, et il convient de ne les envisager que si des cir-
constances spéciales les rendent plausibles.
A. M.

H. ADJARE&.X. ~mM&~M~ Marayas! ~c~a~ Erivan


(chez l'auteur), '1926 [1930], autographié, 451 p. plus la
table.

Personne, à beaucoup près, n'a fait pour la dialectologie


arménienne un travail qui approche de celui de M. Adja-
t'ean. Et rares sont ceux qui ont fait autant pour une dia-
lectologie quelconque.
Quant aux dinicultés que rencontre l'auteur, elles
dépassent ce que l'on peut imaginer. Le travail a été écrit
à Tauris en 1920, l'autographie en a commencé en 1926,
f't n pu être achevée qu'en 1930.
On y trouvera une description d'un parler non décrit
jusqu'ici, faite avec la précision et la minutie qui caracté-
risent l'auteur.
A. M.

90
J. MAROUXEAU

LANGUES
CLASSIQUES

J. MAROUZEAL'.L'année philologique. ~My/'C/3/~e<'r<-


~<yMeet analytique ~? /'a'M~yM~ey~'eeo-?:e. Tome IV,
~929. Paris (Belles-Lettres), t930, In-8, xtx-331 p.

En donnant chaque année la bibliographie de l'année


précédente, M. Marouzeau renouvelle d'année en année un
étonnant tour de force, et il augmente par là les services
que rend un aussi excellent instrument de travail. I! ne
cesse du reste d améliorer l'ouvrage. Ce qui a été omis
dans les volumes précédents est ajouté au fur et à mesure,
de sorte que les lacunes médiocres que la rapidité de
la parution laisse subsister, sont peu à peu comblées. Pro-
cédé qu'on doit approuver.
Le linguiste ne devra pas se borner à regarder les pages
instructives consacrées à la langue. Ainsi, sous le titre
d'histoire sociale, on trouvera des études sur l'histoire des
mots. par exemple sur l'origine grecque de ~M?'o??:7Me; p.
264, ou sur le nom a:?- p. 269, ou sur les noms de parenté
en lycien et en hittite, p. 268. Dans des notices sur l'his-
toire. p. 297; est signalée une note sur l'étymologie de
/a<M?7:. Les quatre lignes de résumé d'un article de
M. Hendrickson, p. 255, indiquent clairement un fait
essentiel: les anciens lisaient à haute voix, et, par suite, le
rôle de l'écrit était chez eux tout autre que citez nous.
Si curieux que 1 on soit on ne saurait lire tout ce qui
serait utile. Une bibliographie comme celle-ci ne peut être
négligée par aucun linguiste. Et l'on rappelle qu'il importe
de la soutenir et d en faciliter l'exécution de toutes les ma-
nières.
A. M.

-9)
COMPTES RENDUS

..S'Me~ e?'Me au Bulletin de /i.Moc<a'oM 6'M<7-


~M~e ~M~e. Revue des joM~ca~'o/M e~'aMyc~e~~c~-
/~e.s' ~a ~~xVo/o~eclassique. Tome II (1930). Paris
(Belles-Lettres), 1930, in-8, 190.

Sans être encore aussi complet qu'il le sera quand les


auteurs et les éditeurs se seront aperçus de la qualité des
comptes rendus qu'on y lit, ce ~f/e/Ke~ est déjà très
instructif, et le linguiste aura grand intérêt à le consulter,
d'autant plus qu'il y trouvera résumés des ouvrages qu'il
n'a pas le loisir d'étudier lui-même, ainsi Mucke, Die
~~euu//ferM/ 6~'McAe?:M<s qui, à en juger par le ré-
sumé, est fantaisiste et aventuré.
Les articles sur des ouvrages linguistiques, sur l'e~~
de M. Hirt par exemple, sont judicieux, et l'on ne pourrait
leur reprocher qu'un excès de bienveillance. Mais la critique
qui met en évidence le parti à tirer des ouvrages est, on le
sait. plus utile que celle qui insiste surtout sur les erreurs
et les faiblesses.
On aura profit et agrément à lire ce recueil original.
A. M.

GREC

LIDDELL and SCOTT. A ~ee/f-eM~/M~ /ea?:'coM.A new


édition revised and augmented throughout by Henrv
Stuart JoKEs vdth the assistance of Roderick MeKENZŒ
and \vith the co-operation of many scholars. Part 1-Y
(x-y.M~).Oxford (Clarendon press), 1923-1930, in-L
xuv-1020 p.

La réfection de l'ancien yApsaMrM~ grec par Hase et les


frères Dindorf est maintenant vieillie. Les Académies ont.
âpres examen, trouvé impraticable de faire un nouveau
Thesaurus; la nouvelle édition, par Cronert. du diction-
92
Ut)DF:H. A~D SCOTT

nuire dp Passo\v n'a pas dépassé le mot x'/Y, ut. depuis la


guerre; on n'en entend plus parler. Les linguistes ne dispo-
saient donc d'aucun dictionnaire du g-rec ancien où il soit
tenu compte des textes nouvellement puhHés et du travait
critique fait dans les cinquante dernières années.
Grâce à une collaboration discrète des meilleurs hellé-
nistes anglais, les éditions successives du dictionnaire de
Liddell et Scott s'étaient améliorées sans cesse. Mais. pour
en faire un instrument de travail moderne il fallait le re-
fondre entièrement. C'est ce qu'a entrepris AL H. St. Jones
avec la collahoration de M. Hod. Me Kenzie. et avec l'aide
d'un grand nombre de philologues qui sont indiqués dans
la préface.
Grâce à une impression où la densité ne nuit pas a la
clarté, les reviseurs ont réussi à donner un dictionnaire du
grec ancien où l'on trouvera une grande richesse de don-
nées et qui est un admirable instrument de travail pour le
linguiste comme pour Je phiiotog'ue. Sous une forme élé-
gante et discrète; les articles apportent une véritable his-
toire des mots en moins de trois lignes on aperçoit
comment x/ a fourni en grec moderne le nom du « che-
val x à 1 aide de quelques renvois, tous les faits essentiels
y sont. Deux lignes de l'article ~t):: font comprendre que
la forme à prothèse est <' populaire )), et donnent ainsi a
penser sur le développement de la prothèse en grec.
Dans un dictionnaire tel que celui-ci, l'étymolog'ie n'est
qu'accessoire. Elle ne tient guère de place ici elle n'est
pas assez détachée, et on ne la découvre pas du premier
coup mais elle est sure ou demeure toujours plausible.
Et les mots qui n'ont pas d'étymoiogie valable restent
heureusement sans étymotog'ie. M. Me Kenzie a présidé à
cette partie de l'ouvrage.
A. M.

-93-
COMPTES RENDUS

Milman P~RM. Studies in the e/iï'c technique of oral


ue/M!< I. ~omc~ and AoMe~Mstyle (extrait de
Harvard ~M~'M in c~M'cc'Yo/oyy, XLI [!930]. p.
73-147).

Dans un grand mémoire, M. M. Parry précise, complète


et généralise les vues que, dans ses travaux connus sur
l'M~c homérique, il a exposées déjà, à propos d'un cas
particulier, sur le caractère oral et formulaire du style
d'Homère. Etant donnée l'importance qu'il y a, pour le lin-
guiste, à se pénétrer du caractère formulaire des poèmes
homériques, on devra lire de près le mémoire de M. M.
Parry, et retenir son excellente déGnition de la formule
homérique a groupe o/'Mwe~ which is regularly employed
under ~e same metrical conditions to express a given
essential idea.
A. M.

S. E)TREMand Leiv AMUNDSEx. Fasc. II.


–7~a~y/'<'0.s7o<?/M'es.
Oslo (Dybwad), ~931, in-8, xt-182 p. (publication de
l'Académie d'Oslo).

Le second fascicule de la publication des papyrus d'Oslo


qui sont variés et Intéressants est dû à M. Eitrem,
avec la collaboration de M. L. Amundsen. On y trouve
notamment un curieux fragment de grammaire. Entre
autre curiosités linguistiques, on notera, dans une liste
d'objets faisant partie sans doute de la dot d'une jeune
fille; :="jT: pour s~~p~, où l'on voit combien les mots
grecs pouvaient être maltraités en Egypte par des gens peu
lettrés on connaissait déjà un :T:ps~.
A. M.

-:M.-
J. PStCHAR! COLLOMP

PstCHAtu. ~<xM~' de /~MM~'y«e, </e~/<


''3:<e/yMC6-
/o/oy:'e et f/c /e/Y/~M/'6' Ap/y?<f, 1884-1928. Tome ).
Paris (Belles-Lettres~. IU30, in-8, vm-t337 p.

Au moment ou il est mort, après plusieurs années de


maladie ou la lutte contre un mai cruel n'avait interrompu
que par intervalles un travail acharné, noire confrère Jean
Psichari préparait un recueil des mémoires qu'il avait dis-
persés dans des périodiques et des recueils de métanges, et
)a préface, datée de février (928, est encore de lui. Le
voiume renferme tous les mémoires publiés, par ordre
chronologique; il ne manque que les appendices et les
index qui formeront un tome séparé.
Chacun sait combien les mémoires semés de tous côtés
sont souvent perdus de vue par les confrères, et combien
la personnalité de l'auteur s'efface par là-même. Il n'est pas
donné à tous les savants de réunir ainsi toute leur produc-
tion. et il en est plus d'un qui ne gagnerait pas à cette
concentration. Mais J. Psichari était une personnalité ori-
ginale le portrait qui figure en tête du recueil l'évoque
avec justesse pour ceux qui l'ont connu et l'on sera
heureux de trouver rassemblés des mémoires qui donnent
des doctrines arrêtées et qui sont suggestifs. On sera choqué
de la façon dont s'étalent certains défauts de l'homme, du
pédantisme des bibliographies et des déclarations répétées
sur les principes. Mais il n'y a dans tout cela que le débor-
dement d'une forte personnalité, et, quand on éprouvera de
l'agacement, on pourra se demander de combien de savants
la production résisterait, comme celle-ci, à la reproduction
d articles vieux en partie de quarante ans. A. M.

P. CûLLOMp. Z~M c~yMC des textes. Paris (beMes-


LeLtres), 1931, in-8; m-128 p. (Publications delà
Faculté des Lettres de Strasbourg; collection /M!<~b~-
J/c~/<o</e, tasc. 6).

Ce petit volume, ou II n'y a pas de linguistique, intéresse


us
COMPTES RENDUS

le linguiste de deux manières. D'abord il y verra quels


problèmes, souvent Insolubles, soulevé l'édition des anciens
textes qu'il est obligé d'utiliser. Puis il y trouvera posées
des questions de méthode voisines de celles qui se posent
pour lui.
M. Collomp avait entrepris son ouvrage avec l'espoir de
donner à la critique des textes une base objective. Il a
exposé. d'une manière claire, avec une information exacte,
les théories qui ont été proposées; il en a su montrer le
fort et le faible, et son petit livre est aussi facile à lire qu'il
est instructif. Mais savant d'une pleine bonne foi, il a été
obligé, après un examen attentif, de conclure que la critique
des textes est chose subjective.
Ce résultat se laissait prévoir à priori la transmission
des textes est chose complexe, qui ne se laisse pas ramener
a des règles: la faiblesse et la volonté des hommes y inter-
viennent à tout instant. Le linguiste qui compare des langues
et le philologue qui compare des manuscrits sont dans deux
situations différentes le linguiste opère avec des faits
sociaux, qui échappent aux accidents individuels l'éditeur
de textes avec des faits individuels; où la volonté consciente
et la négligence sont des éléments dominants.
En réalité, il ne se pose pas une question de la critique
des textes. Il y a autant de questions que de textes. Pour
Platon, dont les œuvres ont été conservées fidèlement par
une école et dont, à quelques altérations accidentelles près.
le texte original semble conservé, le texte des manuscrits
est, sauf de menus détails, correct et bien fixé. La situation
es! tout autre pour Xénophon dont le texte est flottant,
plein de fautes et d'inexactitudes, et'personne ne saurait
dire ce qui remonte vraiment à une édition originale. Le
linsuiste doit faire son profit de ces faits là où il a le
choix. il doit s'adresser aux textes qui sont authentiques,
comme celui de Platon il doit éviter ceux qui sont troubles
et empruntés, comme celui de Xénopbon. En tout cas, on
ne peut attribuer même valeur aux deux témoignages. D'une
manière générale, le linguiste ne peut utiliser un texte que
s'i) en sait apprécier la valeur.
90
P. COLLOMP

Si l'éditeur de textes classiques est mieux placé que la


plupart des autres, cela tient à deux circonstances. La pre-
mière, vraiment favorable, consiste en ce que les textes
des grands écrivains grecs et tatins ont été considérés comme
définitifs et qu'on a toujours cherché à les reproduire sans
les modifier; sans les adapter. La seconde, fâcheuse pour une
critique approfondie, mais qui apporte une simpliGcation
décisive, est que presque toujours les différent.s manuscrits
conservés dérivent d'un archétype unique. Ainsi, pour Pla-
ton, dont on a des manuscrits des environs du x" siècle, il
est facile de voir que tous ces manuscrits, excellents en
général, et concordants en général, ont en certains points
des fautes communes, ainsi l'absence de ::j-cx C/'a~y~e
399 h, ou de ::j.: du C/ 405 d (::j.: defB la lacune
a été comblée, fautivement, par dans T et W). il est donc
sur que les manuscrits du C/'a~/f remontent, en dernier
lieu, à un texte unique ou il y avait certaines erreurs, (le
caractère accidentel. La tache de l'éditeur d'un texte clas-
sique comporte d'abord la restitution de cet archétype qu'il
ne peut dépasser que rarement, par des conjectures simples
et évidentes, celles qui ne sont pas évidentes n'avant d'autre
intérêt que de laisser entrevoir la place d'un fait ancien.
D''s que ces conditions sont altérées par l'habitude d'adapter
les textes aux besoins de lecteurs successifs et par la mul-
tiplicité des traditions, il devient impossible de faire une
édition unique, et l'on ne peut qu'éditer l'un des manuscrits
en signalant les divergences des autres.
Là ou les manuscrits d'un même texte sont nombreux.
on ne peut les utiliser qu'en les classant en groupes remon-
tant chacun à un original commun. Alais, si les manuscrits
d un groupe ont été corrigés d'après un des autres, s'il
a eu « contamination )) et c'est le cas le plus fré-
quent le classement en familles n'est pas réalisable.
C est dire qu alors toute édition critique est impossible, et
qu on est rédui) à choisir, sans règle absolue, le texte le
plus satisfaisant. Pour un texte comme celui de l'Évangile
grec dont on à des centaines de manuscrits contaminés
entre eux pour la plupart, le projet de faire une édition cri-

97
COMPTES
RENDUS

tique comparable à celle d'un texte dp Platon est chimé-


rique. Blass l'avait bien vu, qui a bâti sa grammaire du
Nouveau Testament sur une édition revue sur les plus
anciens manuscrits. En pareil cas, le linguiste doit critiquer
séparément chacune des formes dont il se sert.
En faisant ressortir la variété des cas et la complexité
des données, M. Collomp a obligé les linguistes qui devront
tenir grand compte de ses indications. Il y a là matière a
beaucoup de réflexions critiques.
11conviendra de réfléchir aussi sur les idées exprimées
par M. J. Bédier dans son étude La tradition ?KOMM-
.s'cy'!7ec/MLai de l'ombre. Réflexions .9M?'l'art d'éditer les
anciens textes. Paris, 1929. M. J. Bédicr ne se place pas au
point de vue du linguiste, et c'est l'art d'éditer qu'il a en
vue. Mais le linguiste doit faire son profit des observations
qu'il présente.
A. M.

J. HuMBERT. La <~MjOŒoMdu datif en ~'ec (du t" au


x' siècle). Paris (Champion), 1930. In-8 xn-204 p.

Le comparatiste opère en généra) avec des états de


tangues séparés par de longs intcrvaUes de temps. Son
observation est, par nature, discontinue, et il ne forme, sur
les périodes comprises entre ces intervalles, que des hypo-
thèses. Pour juger de la valeur de ces hypothèses, il est
précieux de voir ce qui se passe sur les domaines ou, par
chance, on dispose d'une suite de textes. Sans doute ces
textes ne donnent jamais une idée complète de ce qui s'es!
passé les hommes n'écrivent guère comme ils parlent cou-
ramment mais, pour le grec, on dispose de textes variés, et
qui permettent d'entrevoir des moments du développement
de la y. M. Humbert en a profué pour suivre, dans la
mesure du possible, l'un des traits les plus curieux du dé-
veloppement du grec, qui a eu lieu entre le t" et te x' siecif, :)
savoir l'élimination du datif.
98
J. 1fL'dBER'('

M. Humbert a usé avec critique des données toutes par-


tielles et généralement défectueuses qu'il rencontrait, et il
a réussi ainsi à suivre, au moyen de faits positifs, les progrès
de la ruine du datif. Ce qui donne aux recherches de ce
genre un vif intérêt, ces) qu'ainsi on voit combien sont
complexes les faits dont. en envisageant les états (le
langue successifs, on aperçoit seulement les résultats. Par
là. on se rend compte de ceci que la simplicité des résul-
tats n implique pas la simplicité des procès par lesquels la
langue y est parvenue. Comme il est dit avec raison; p. 48.
« en matière de langue, on voit souvent trop simple
Un résultat linguistique résulte de la convergence des
conditions qui n'ont le plus souvent rien de commun les
unes avec les autres. En même temps, M. Humbert a été
amené à tenir compte du style de chacun des textes qu'il
utilise, et ceci donne à son ouvrage un intérêt au point de
vue littéraire.
Le travail fait grand honneur au jeune auteur, ainsi
qu'au maitre qui l'a dirigé et à qui il est dédié, M. Yendryes.
Peut-être M. Humbert lui-même a-t-il parfois vu encore
trop simple: il n'est pas prudent de tirer, p. 178; une
conclusion d'une formule comme celle-ci « Les diilérencia-
hons dialectales modernes ne se sont pas fait jour sans doute
avant le x' siècle environ Le « sans doute » et l' « envi-
ron » qui enveloppent d'un nuage la formule montrent
assez que. sur ce point, il ne peut rien afurmer. De ce
qu un procès n'aboutit pas un résultat visible, il ne faut pas
conclure que le point de départ n'est pas antérieur, peut-
');-(' de beaucoup au moment ou il a abouti à un résultat
appréciable.
Les conditions les plus importantes sont souvent les plus
générâtes, parce que les sujets parlants en subissent l'in-
nuence sans s'en douter. A partir de l'époque impériale; les
opposilions quantitatives tendent à s'effacer, et, si l'on en
juge par la prononciation moderne, il a pu v avoir ten-
dance à prononcer les svliabt's finales plus brèves que les
autres. Dès iors toutes les caractéristiques qui ne compor-
taient pas une consonne finale nette devaient perdre de leur
m'
COMPTES RENDUS

valeur ceci atteignait particulièrement les unales -(''(t.),


-~(ô. -T;(t)du datif singulier, pour ne rien dire de l'-Lde la
3' déclinaison qui a fini par se confondre avec le -~('.) de la
t" déclinaison. Ce fait peut s'ajouter aux homonymies de
-:(-<)et ':&('.),de -~(v) et ~Q dont M. Humbcrt fait juste-
ment état.
A. M.

E. DpERup. Die tye~M/a:M~?*ae~edes 6'pcAMc~ey! uo~:


der ~e?!G:M~ancebis fM~ G'e'e~Q' z'/K~o/MC/: einer
(!<~e/e:'Mp??Geschichte des y~ec7:M'c~p~6~~e~~r:A~.
Erster Teil uo/H~f bis ~M?M Ende des A' Ja~rAM~-
f/c?' Paderborn (Sch(iningh), 1930, in-8: YtM-488p.

Dans cet exposé, aussi clair que nourri. M. E. Drcrup ne


donne pas seulement un aperçu de la grande querelle entre
la prononciation érasmienne du grec et la prononciation des
hellénistes fidèles à l'usage grec moderne. Par un biais, il
donne un aperçu du développement des études grecques en
Europe occidentale.
L'exposé fait ressortir un fait naturel: la prononciation
du type grec moderne s'est maintenue surtout là ou persis-
tait l'influence des Grecs, notamment en Italie la pronon-
ciation réformée a fini par prévaloir chez les hellénistes qui
échappaient à cette influence. Comme, sur le domaine grec,
il n'y a jamais eu rupture entre le grec ancien et le grec
moderne et qu'il ne s'est produit rien de pareil à la notation
du français, du provençal, de l'italien, de l'espagnol, les lec-
teurs d'anciens textes ont toujours prononcé le grec classique
suivant leur usage courant sans penser même qu'il pouvait
n'v avoir pas concordance entre 1 usage antique et l'usage
actuel. Ce qui avait lieu jusque vers le xr' siècle au moins
dans les pays romans, à savoir l'usage de prononcer le latin
comme on prononçait le parler vulgaire, par exemple de
dire c~c/'x~ au lieu de c<2~<<M quand la prononciation de
cc/'K.~était vulgairement cher(u)s n'a jamais cessé en Grèce.
iUO
A. bE):tU.?ŒR

L'ne réforme de l'usage a été d'abord soutenue surtout par


des hommes qui. comme les calvinistes, faisaient profession
de remonter aux sources. Par réaction. les luthériens ont
tendu d'abord à ne pas l'admettre. En France, ou le souci de
l'antiquité a été vif auxvn' siècle. les écoles des jésuites et
des jansénistes l'ont adoptée, et cette décision a été pour
beaucoup dans le triomphe de la prononciation érasmienne
chez les hellénistes occidentaux. Histoire vraiment instruc-
tive.
A. M.

Friedrich Ulass' Grammatik des !)eutestament!ichen Grie-


cbisch, bearbeitet von A. DMRL'x~ER. Secitste, durch-
geseliene und vermehrte Aullagc. Gottingen, Vanden-
hoeck und Ruprecht, t93i,xx-368 p.

(lui a écrit des livres sait combien, au moment de la


publication, un auteur est mécontent de ce qu'il a fait. Un
livre qui, comme ceiui-ci. a eu six éditions; et qui. a partir
de la j~ édition, a été repris entièrement par un auteur nou-
veau a chance d'avoir été si amélioré que les regrets éprou-
ves par l'auteur initia! lors de la publication aient perdu
beaucoup de leur raison d'être. Tel est le cas pour cette
crammaire du Nouveau Testament.
La première édition avait le grand mérite de montrer la
langue du Nouveau Testament vue par un excellent philo-
logue classique, qui avait une idée de la linguistique, et qui
a dédie son livre a Fick. La quatrième a été 1 œuvre d'un
comparatiste largement informé qui est en même temps un
bon philologue et qui a dédié sa revision au grand compa-
ratiste Wackernagel, l'homme qui réunit de la manière la
plus complète la science de philologue à celle de linguiste.
Par deux fois. M.Debrunner a revu l'ouvrage et l'a tenu au
courant. Or. personne n'est ni plus consciencieux, ni plus
exact, ni plus au courant de tout ce qui se fait que
M. Debrunner. Consulter cette grammaire, c'est se donner
)0t
COMPTES
R!:KDUS
la meilleure chance d'être précisément renseigné sur tous
les faits, sur toutes les idées.
Cette sixième édition n'est. il est vrai, qu'une reproduc-
tion mécanique de la cinquième le prix de fabrication des
livres a tellement grandi et en Allemagne plus encore
qu'en France qu'on est souvent amené à procéder ainsi
pour maintenir des prix de vente tolérables. Mais M. Debrun-
ner a paré au mal en multipliant les additions et corrections.
Ces additions, rédigées sous la forme la plus succincte, rem-
plissent les pages 291-322. La bibliographie des dernières
années, qui a été abondante, y est amplement signalée et en
partie utilisée. Les renvois de M. Debrunner ne sont pas de
ceux que fait aisément le premier venu ils témoignent
d'une lecture personnelle variée, attentive, et sont étonnam-
ment exempts de banalité la saveur en est singulière.
Ces pages se vendent à part, et les personnes qui possèdent
la 5~édition n'auront qu'à se les procurer pour mettre à jour
leur exemplaire. Les additions faites dans le cours du livre
n'ont pu être que minimes.
Les remarques suggestives abondent dans ces additions,
et elles donnent souvent à penser.
A propos du § 111, Rem. 3, M. Debrunner renvoie à une
une observation de M Niedermann qui, entre et M-~u
L. XXH, 30 aperçoit une différence d'ordre affectif. Sans la
contester, il faut noter aussi que J)~ est une forme ano-
male. et que la substitution de M-yt:~ à :B:, MT&: dans le par-
ler courant a dû être, au moins en partie, conditionnée par
là. Ce n'est pas un hasard que le texte qui a le nom.-ace.
:3.: ait le génitif M-j.
A propos du § 12-i.. la graphie x~t.xT, d'un papyrus et
d'un manuscrit, est cdnnrmée par le témoignage d'une ins-
cription. Les graphies de ce genre expriment la tendance de
la langue populaire à mettre en évidence les éléments
constitutifs de certains mots. Mais la prononciation ne
répond pas nécessairement à la graphie. Le mot a:p~x-:pc~
a eu un grand succès emporté en Occident, il a fourni, on
le sait. le nom de « médecin » au basque et à l'allemand.
Le 197, en marquant l'élimination de l'accusatif de rap-
102
KtK.U'KA A

port au profit du datif, signale un fait dont la portée au point


de vue de l'histoire de la langue dépasse de beaucoup la
valeur propre. La note qui souligne ce fait et en fournit
de nouveaux exemples, en même temps qu'elle signale des
parallèles, est la bienvenue.
A. M.

KtKAUEA. y~~e~ de la joop.Meyrpc~Me monodique. Riga


(Valters et Rapa), 1931. in-8, 192 p. (Latvijas MM!'ue~z'-
tales raksti, ~7o~(/'c~ un //7o.o/CM /a:/ft<~a~~ ~er~/a.
Il, 1).

M. Kikauka a déjà exposé ses idées en grec. Il leur


donne en français (avec bref résumé en lette) leur forme
définitive, qui est nette et qui fera beaucoup pour amener les
doctrines à une pleine clarté. L'essentiel est qu'il repousse
toutes les théories récentes qui opèrent avec des rythmes
souples ne comportant pas retour de temps forts à inter-
valles égaux. 11demeure sur les positions de Westphal qui.
en cas de difficulté, rétablissent l'isochronisme par divers
artifices, notamment par le prolongement de certaines
longues. Il est donc en opposition complète avec l'exposé
récent où M. Otto Schroeder a résumé brièvementses idées
(<?rMM< der ~ce/:Me/;p?! Fe~~ye-yc/M'cA~, Heidelberg,
1930) et tout en indiquant l'idée et en citant mon livre,
il n'admet au fond rien de la doctrine enseignée comme cer-
taine dans mes 0~Me~x/!</o-<?M~o~eenn~<~e~??:p~p.7'cc~.
Comme tous les auteurs qui ont fortement présente à
1 esprit la prononciation grecque moderne. M. Kikauka
est très gêné par la conception purement quantitative des
mètres grecs. il n'en conteste pas la possibilité, et il n'ose-
rait pas s'inscrire en faux contre la doctrine fermement
enseignée par M. 0. Schroeder. loc. cit.. p. 13. Seulement
il en est incommodé, parce qu'un moderne a peine à réaliser
une pareille métrique, et que son souci constant est, non
pas seulement de concevoir, mais de réaliser par la voix et
10:~
COMPTES
RENDUS

pour l'oreille les rythmes qu'il décrit, ce qui, pour les gens
pariant des langues modernes de l'Europe, est chose à peu
près irréalisabte. S'il était.linguiste. il en prendrait son parti
l'historien des langues est forcé d'opérer avec des langues
qu'il n'a pas le moyen de réaliser et dont, dans les meilleurs
cas, il n'utilise que des schémas généraux, connus avec plus
ou moins de précision.
Quant à l'affirmation de l'isochronisme qui fait le fond de
l'exposé, c'est pour M. Kikauka, un postulat qui lui semble
nécessaire. Mais ce n'est pas d'affirmations qu'on a besoin,
c'est de démonstrations, et le livre n'en apporte aucune.
L'auteur n'accepte ni la liberté rythmique du chant grégo-
rien, qui est admise par les maîtres actuels de cette étude,
ni l'importance de la liberté du rythme chez les musiciens
modernes qui se sont évadés de la prison des rythmes sim-
ples de la musique classique. Pour lui, l'isochronisme des
mesures fait partie des « lois immuables du rythme (p. 20).
Or. c'est justement ce qui est en discussion. L'auteur est si
fort dominé par son idée préconçue qu'il la met dans des
textes ou elle n'est pas. Citant le texte où Aristote oppose
les métrés fixes de la poésie aux rythmes libres de la prose,
ii y voit l'affirmation de l'isochronisme là où il y a simple-
ment affirmation du fait évident que, en poésie, les inter-
valles entre les temps forts sont exactement définis. Quand
Aristoxcne enseigne que tous les vers se laissent découper
en pieds, i) ne dit pas que ces pieds ont des durées égales.
Si les vers grecs se laissent ainsi découper en pieds qui
peuvent être inégaux il n'en va pas de même des vers
védiques, dont la ressemblance avec certains vers grecs est
frappante. Ainsi reste vraie la formule que « le vers est
antérieur au pied ».
A. M.

G. RoHLps. ~ymo&~Mc~M ~~r~Mc~ der MM~e~!<a-


~ey!MeAe?:G?'a~a7. Halle (Niemeyer), 1930, in-8",
xL\'u-393p. et écarte.
HI.Rohifs étudie depuis longtemps les parlers de l'Italie
!04
G. ROHLFS

méridionale: il a enquêté la région pourl'aitasJabers-Jud. it


la cognait à fond. Entre autres choses, il a étudie les parlers
srecs de la Calahre, et il est arrivé à la conclusion que, au
lieu d'être comme on l'admettait d'ordinaire, des parlers
d'immigrés ayant apporté de Grèce à époque moderne des
parters néo-grecs, ce seraient des débris de parlers grecs
anciens qui auraient naturellement subi l'influence de la
y.<'r, et dont le développement aurait été parallèle a celui des
parlers grecs modernes, mais ou se reconnaitraient des traces
(te l'état antique. Cette manière de voir a rencontré en Italie
de grandes résistances (sans parler des vives polémiques diri-
gées notamment par M. Battisti, qu'on voie les observations
de M. Ribezzo, 7~'r. m~XYI [1930]. p. !03 et
l'article de M. G. de Gregoris, .Ze~e/ ro/M. /7., L.
p. 696 et suiv.). Mais comment expliquer autrement que
par!a survivance d'éléments non ioniens-attiques des formes
telles que Ax-<s:,s: -S.: sx'ssc'j, '/27E. etc. Il y aura lieu
de déterminer quelle est, dans les parlers grecs de Calabre,
ia part de colonisation venue de Grèce du v; au xn'' siècle.
Mais un mot local comme A'<7MM!< a Bava, et tous les
mots des parlers italiens venus de ]à, sont visiblement un
ancien terme local qui a survécu. En étudiant, sous le nom
grec ancien, tous ces mots des pariers grecs et les mots ita-
liens dialectaux qui procèdent du grec, M. Rohifs a donc
rendu un grand service. La masse de renseignements que
fournit ce livre sera largement utilisée, et M. Rohifs même
si on le discute souvent, gardera l'honneur d'avoir amassé
un ensemble de données qui servira de base aux recherches
futures. Les hommes à qui l'on doit ainsi un ensemble de
faits sur lesquels on peut travailler sont de ceux qui font le
plus pour la science.
Avec raison, l'auteur a fait fieurer dans son dictionnaire
les éléments suffixaux tout ce qui sert à la formation des
noms fait de droit partie de l'étymologie. C'est une initia-
tive à retenir.
Des mots qu'il étudie. il a fait deux parts les mots
grecs qui sont son principal objet, et les mots non grecs qui
figurent dans les parlers néo-srecs de la région étudiée. [I
i05
COMPTES
RENDUS
les a traités séparément, et il a classé par matière ces mots
étrangers. Autre initiative intéressanie.
L'heUénisie trouvera beaucoup à prendre dans ce livre..
Par exemple, l':A~x c pays pierreux x qu'il fournit pourrait
rappeller /& qu'évoque M. Rohlfs, et l'on peut penser qu'il
y avait ici une ancienne prothèse la prothèse est chose cou-
rante devant X.
A. M.

LATINET LANGUES
ROMANES

J. B. HopMAXx. Z<a~??Mc~~ e~~o~McAe~ WM~er-


~Mc/tvon Aloïs ~'ALDE.2 et 3 Lief. Heidelberg (Winter),
i930-!93L in-8", p. 81-240.

Ces deux livraisons nouvelles vont de au~c à coccolo-


bis. La publication marche lentement à ce compte, il fau-
dra bien des années pour t'achever on n'en saurait faire
reproche à l'auteur qui supporte la lourde charge du 7~-
saurus mais qui aussi en apporte le profit au dictionnaire
étymologique et qui remanie le travail de Walde au point
d'en faire un ouvrage nouveau, excellent. Le livre n'a pas
été seulement remanié, il a été augmenté la p. 2~0 de la
2" édition conduisait jusqu'à dominus l'édition de M Hof-
mann n'amené que jusqu'àeoeco~M. Et le texte est d'une
extraordinaire densité. On peut avoir patience avec M. Hof-
mann ce qu'il donne récompense de l'attente.
Pendant l'impression de ce compte rendu a paru le
4" fascicule qui va de la p. 241 à la p. 320. Le dernier mot
est cycnus.
A. M.

-t<)6-
A. ERNOI'T ET A. MRtLLET

A. ËH~OL'Tet A. MEILLET. D~MMM~eC~TKO/O~'yMC de


/</Me latine. ~9~~p des ~ïo~ Paris (Klincksieck),
i9~2,'in-8", xtx-~108 p.

Ce dictionnaire étymoiogique ne prétend pas faire concur-


rence à ceux qui existent, en particulier à celui de M. Walde
dont M. J. B. Hofrnann donne maintenant une excellente
troisième édition. Et même, dans la bibliographie, le lecteur
est simplement renvoyé à 1 ouvrage de Walde.
Un latiniste et un comparatiste se sont associés pour
l'écrire.
Le latiniste a cherché a rendre compte des mots latins.
dans toute la mesure où il l'a pu, par des faits latins, à l'in-
térieur du latin même et de montrer les rapports que sou-
tiennent entre eux les mots latins. L'influence des langues
de civilisation qui ont agi sur le latin, l'étrusque à date an-
cienne. puis le grec. durant toute la période historique, a
été signalée autant qu'il a été possible.
Le comparatiste s'est surtout souciéde critique. Convaincu
qu'une étvmotogie qui n'est pas évidente ou au moins très
probable est inutile, il a laissé sans explication tous les
mots dont l'origine n'était pas bien visible c'est-à-dire
qu'une large part des termes populaires et techniques est
donnée comme étant d'origine inconnue. Quant aux mots
dont le caractère indo-européen est certain ou très probable,
on s'est eubrcé de serrer de près la forme et le sens des ori-
ginaux indo-européens, de réaliser ces oris'inaux.
L'objet commun des deux auteurs a été de tracer. avec
toute la précision que permettent des données malheureuse-
ment incomplètes et imparfaites, l'histoire des mots latins
de l'indo-européen commun jusqu'à la fin de la période
historique du latin ancien.
La pensée commune des deux auteurs est que donner
l'étymologie d'un mot. c'est en tracer l'histoire. Le livre
qu ils publient s'eliorce d'être un livre d'histoire.
t'n livre comme celui-ci vieillit vite il est dommage
qu'on n'ait pu v utiliser les belles notes de -M. Bcnveniste
f07–
COMPTES RENDUS

sur f?/M (ou l'étymologie donnée dans le D~c~wï?!c:'r<?


est réfutée), sur f/c?Met sur ?:e?MM~dans B. S. L., XXXH.
p. 68 et suiv. On n'a pu le signaler qu'à l'~y~.
A. M.

AtAROUZEAU. La prononciation du latin (Histoire,


/~eoy'/e, /)~a~Me). Paris (Belles-Lettres), 1931, in-8,
25p.

Gf petit volume inaugure une Série jocf~~oy~Me de la


Société d'études latines. M. Marouxeau, qui a le sens de
('actualité et qui sait intéresser les membres de sa société,
y expose, avec sa netteté ordinaire, une question discutée
en France et où il est bon de mettre de la clarté. H y a chez
le Français trois manières de prononcer le latin une
manière traditionnelle, une manière linguistique qui vise à
se rapprocher de la prononciation antique, et, enfin, chez
nombre de prêtres catholiques, une manière italianisante.
Si l'on néglige cette troisième manière, qui est une des
marque de l'ultramontanisme dans l'Eglise, et qui, en elle-
mt'me n'est pas défendable, il reste à choisir entre de
vieilles habitudes et un effort pour retrouver la tradition
du latin antique, M. Marouzeau n'a pas de peine à mon-
trer que la prononciation traditionnelle s'écarte beau-
coup de L'antique sur ce point, pas de discussion. Mais,
pour des Français, elle a l'avantage de faire sentir combien
)e vocabulaire français qui est en si grande partie pris
au latin écrit est proche du vocabulaire latin. Il va de
soi que. en tout cas. dans un cours de linguistique, on ne
peut suivre cet usage. Dans l'enseignement secondaire, la
prononciation traditionnelle a sans doute plus d'avantages
que d inconvénients.
La façon dont est présenté l'état du problème pour le haut
moven âge n'en donne pas la nuance juste. Jusqu'à Charle-
magne, on n'a pas distingué la langue parlée du latin: et il
n'y a qu'à regarder les textes écrits à cette date, comme ]'a
-108-
H. K)h:CKEKS

fait M. F. Mulier, pour voir que le latin était prononcé


suivant l'usage de la langue vulgaire. A l'époque de Char-
femagne, on a pu tenter de restituer des consonnes qui
n'existaient plus dans la prononciation, mais on s'est servi
de phnnétismes dont on disposait le sort de A'aecM~w!
donnant t'r. siècle illustre ce compromis de l'époque caro-
lingienne. En matière de prononciation, il n'y a jamais de
tradition continue d'un état ancien, mais, d'une part. évo-
lution dans le parier courant, de l'autre, restauration dis-
continue dans la langue savante.
D aucune manière, un Français ne peut, sans un dressage
qui serait long etdimciie, prononcer vraiment le latin a l'an-
tique réussir a opposer les voyelles longues et les voyelles
brèves, à ne pas rythmer les moi.s en insistant sur la finale.
a élever la voix sur les syllabes toniques est un tour de
force dont peu de gens sont capables. M. Marouzeau a trop
le sens de la réalité pour ne pas le dire franchement. Des
lors le latin est défiguré quand il est lu par un Français
daujourd hui. Et il serait fâcheux de faire marquer un
accent d'intensité à la place du ton latin car on fausserait
tous les vers.
A. M.

E. KtECKERS. /y~o/'M'c/!e /a~MMe~e C/'s~/M~ rr


Teil. ~o/e~ Munich (M. Hueber). t931. in-8.
x-33~p.

Cf qui caractérise cette grammaire, c'est que l'aboutisse-


tnent romat) des faits iatin.s y est considéré autant que 1 ori-
~i)~' indo-européenne. 1) en faut louer l'auteur: on ne peut
envisas'er un moment (! une langue qu'en la situant dans
t ensemble du développement.
AL Kieckers connait bien la question, il se tient près des
t'.n~s positifs et son jugement est correct et pondéré. Si l'on
a un reproche a faire à sou exposé, .est d'être un peu trop
morcelé, de ne pas fair'' apparaitre assez les tie-nes s'énérates
du déve!oppement.

i09–
COMPTES RENDUS

Le livre est au courant. Mais on regrettera que M. Kiec-


ko's soit souvent trop réservé. Par exemple, il indique bien
que le -e/'e de formes telles que lat. o.za'e a ses corres-
pondants en iranien et en tokharien il faudrait maintenant
ajouter le hittite. Il signale le rapprochement du type la).
//j;/<. nouït, en face de ~o~, et, avec skr. ya/aM en le
notant, il renvoie à mon article mais l'auteur du rappro-
chement est M. Burger à qui en revient l'honneur et
M. Kieckcrs n'est pas convaincu le gaulois MM~M et l'arm.
c~<?i<« il est né )), montrent que les faits latins et védiques
ne sont pas isolés: la grammaire tokharienne de MM.Schuize,
Siée et Siegling, que M. Kieckers ne connaissait pas quand
il a écrit, complète la preuve. Le problème est désormais
résolu. L'explication de Iat._<~apar une combinaison de
et du da- de eM??:M~ etc., p. 312, est peu vraisemblable.
Le vrai n'est-il pas, simplement, qu'un monosyllabe da
s'allonge phonétiquement en latin ? Y a-t-il un exemple
contraire?.?
A. M.

M. XtEDEMIANK. T~O~g~MP historique du latin. Kou-


velle édition. Paris (Klineksieck), 1931; In-16, xvi-279 p.

Ce petit ouvrage a été traduit en allemand. en anglais, en


hollandais, en espagnol, et en russe, partout avec le même
succès, que j'avais prévu en préfaçant la première édition
française; et qu'il était aisé de prévoir. Il a dû ce succès à
la sûreté de la science de M. Niedermann, à la précision de
1 exposé, à l'heureux équilibre qu'on y trouve entre une
doctrine linguistique correcte, bien au courant, et à une
information philologique tout aussi correcte, tout aussi
impeccable. Il l'a dû aussi un peu à une illusion de l'auteur.
En s'abstenant de rapprocher d'autres langues indo-euro-
péennes, en s'enfermant dans le latin, et en s'exprimant tou-
jours avec clarté, en employant un minimum de termes
techniques, tous expliqués dans l'ouvrage m&me,M. Nie-
110
M.~ŒDERMAK~

dermann avait voulu s'adresser aux élèves de l'enseigne-


ment moyen. C'est, chez les étudiants de Facultés et parmi
h's professeurs qu'il a trouvé presque tous ses lecteurs
quand un savant écrit un livre, il est rare qu'il ne dépasse
pas la capacité d'attention et d'enbrt de ceux à qui il le
destine; ayant voulu tirer bas, M. Niedcrmann a touché
juste pour les besoins d'un public de niveau plus élevé. Le
fait est instructif.
Par là M. Nierdf'rmann a été conduit pour la deuxième
édition à élever le niveau de son livre, tout en lui conservant
son caractère de simplicité et en ne sortant pas du latin.
L'ouvrage n pas été seulement revu de près; il a été
augmenté il renferme plus de matières; quelques sujets y
sont traités qui avaient été omis dans la première édition.
Ainsi sont satisfaits mieux encore les besoins des étudiants
sans qu'ils rencontrent de difficultés sensiblement plus
grandes. Le succès d'un livre qui dès l'abord était si
heureusement conçu ne peut que grandir.
Peut-ètre aurait-il été bon de toucher à quelques questions
de plus qui sont essentielles pour l'intelligence du déve-
loppement du latin et l'on ne peut se refuser le plaisir de
discuter un peu avec un savant aussi perspicace et aussi
informé que M. Niedermann.
Sans doute on ne peut marquer le passage de -y- à -iy-
après consonne sans faire appel à skr. TK~c~yc/gr. p.M~
en face de lat. M!<M.y, et c'est ce que M. Xiedermann
exclut en principe. Mais il aurait été intéressant de noter
que l'i consonne, fréquent au début des mots, ne se trouve
a i intérieur que dans c est à-dire dans le cas de
/~<'<M~. 6'OM<< etc. Intéressant aussi de noter que ce
groupe n'a pas survécu en roman; où medius, .yo/K~'M~
sont représentés en italien par ~cr~o, sogno, en français
par~Mt, .~o/~yc. Au fond. ce fait est de même ordre que le
passage de -c/MTKà-CM/t</??suivi de la réduction « vulgaire »
de -CM~<?/?à -r-?M qu'il aurait été aussi intéressant de
signaler. Car il y a là un des événements les plus signifi-
catifs de l'histoire du latin. M. Kiedermann ne mentionne
le cas dc~M~'M/a. aM~'c/o qu'incidemment, p. 34. Le jeu
–iH
COMPTES RENDUS

de saeculumlsaeclum devait être signalé parce que le philo-


logue le connaît et cherchera dans le livre un éclaircisse-
ment qu'il ne trouvera pas. P. lil à propos de la dissimi-
lation, M. Kiedermann s'est trouvé forcé de parler d'un
suffixe -c/oM?devenu par la suite -CM/M~K; le lecteur atten-
tif sentira qu'ici quelque chose lui échappe. Lors d'une
prochaine édition, tout cet ensemble de faits devrait être
signalé il n'est pas au-dessus de l'habileté de M. Nieder-
man d'en trouver le moyen.
Du reste n'y a-t-il pas un peu de parti pris à ne pas vouloir
signaler all. ~a& a côté de lat. co/7MMï? Et quand, p. 200. il
est indiqué que ~or/~o repose sur "~o~co, le latin même
fournissait trace de d~s tostus expliqué p. 226.
11aurait été bonde mettre en évidence certains principes.
P. 2iS: le passage de c~-à6- est signalé avec détail. Mais
il apparaît comme isolé. Le lecteur se demandera ce qu'il en
est de *-<~r à l'intérieur du mot; peut-être aurait-il été bon
de citer ~M~MM au face de sMaefeo. Ce ne peut être un
accident que </M'-passe à < M. Niedermann n'avait pas à
dire. mais on peut indiquer ici, que l'autre langue où dw- à
passé à ~-est une langue où, comme en latin, les groupes
du type consonne plus sonante tendent à s'éliminer,
l'iranien. Si, après le passage de dw- à le mota~e~/M~,
pris à des textes écrits, a été prononcé en trois syllabes.
comme le note M. Kiedermann. c'est que, d'une manière
générate, le groupe de occlusive plus n'avait pas sur-
vécu en latin après .v, il en est de même swâd- a passé
régulièrement à ~M<x< .~Mac~eô, ~MCMM. Il y a là un en-
semble de faits sans lequel le passage de c~< à~- apparaît
comme un épisode sans importance. En réalité, c'est l'une
des parties d'un développement d'ensemble.
La façon dont est présentée, p. 23, l'histoire de /o/M.y.
M!M/e?'fM!, etc., est trop compliquée. Il n'y a eu à aucun
moment diphtongue, de quelque nature que ce soit, dans les
cas de ce genre. En latin ancien, il y avait ici -iyo-, -c-
en deux syllabes. Au cours de l'époque impériale. i en
hiatus, qui devait être ultra-bref, s'est fondu dans le
suivant, et l'on a eu -yo-, -ye- avec un y consonne, du type
H2
\V..l.tFYER-H'BKE

de ce que l'on entend dans fr. ~e.aM.r. w'°~'c~. Si, comme


dans y//p<M.< i'z' (''tait atone. i! n en est rien résulte pour le
ton. Si. comme dans /<M.?. 7?;M//cr<??K,~c~C~K, etc., 1
était tonique, le ton, ne pouvant demeurer sur une voyeUe
amuie, est passe sur la voyefie suivante qui. sousi'inuuence
de y, s est fermée, soit /'<Myy! ~>fr. /?//eM~. ~'<C7M
~>i'r.~)6' etc. Quand un auteur de basse époque, qui ne
sentait plus les anciennes différences de quantité, traite
comme longue l'e du ~M/?*p7M ainsi obtenu. c'est parce
qu'il avait le sentiment qu'un p fermé de sa prononciation
répondait à un ancien c.
P. 221, M. Niedermann attire finement ] attention sur la
parité de p de p;re~A< qui est classique, et de p de
.yo??!/MM.y.~?~/ïM/K, etc., qui sont des formes vulgaires. Il
aurait été intéressant d'en tirer des conclusions sur la fa<;on
dont se prononçaient des croupes tels que -~?7-. -mn-. Pour
que on ait entendu une explosion sourde, notée de la
nasale M!, il faut que la prononciation ait détaché nettement
la première syHabe de la seconde, assez pour que les vibra-
tions glottales aient cessé un instant entre 1 explosion de
/?? et l'implosion de n ou la langue ne prenait la position
dentale requise pour Mou /qu après l'explosion. Cette pro-
nonciation es! remarquable, et bien instructive pour le
caractère de la prononciation lutine.
Qu on se sarde de voir dans les remarques précédentes
des reproches. La ciarié de M. Niedermann pourrait faire
croire à un non initié que la phonétique latine est
claire d'un bout à i autre. Un a voulu rappeler ici qu'il n'en
est pas de plus difficile. Et il faut féliciter les étudiants dv
avoir pour guide M. Xiederrnann.
A. M.

\V. MEYER-LiCKE. ~07~f7//M<?/!Mf/y//?0/0/yM<<M tf'O~


/<?/<<. Lie!, i-6 (Bo~en i-24). Ht'ifi(.'îberc (Winter),
i9~!)-'i93t. in-S. 320 p. (Sammhmt: rotnanischt' E)e-
mentar- und HuttJbucin' ~).

Quand un savant conmh' ~i. \V. Me\cr-Lubk(.' rend u ses


ti3
8
COMPTES
REKDCs

collègues le service inappréciable de mettre son fichier


à leur disposition, il doit s'attendre à être apremcnt cri-
tique. Quand un linguiste publie un livre où il traite de
dizaines de milliers de mots appartenant à une centaine de
parlers, tout le monde sait qu'il n'a pas vérifié une à une
chacune des formes qu'il cite il est évident que le temps
d'aucun homme n'y sumrait. Quand un linguiste parcourt
tout le domaine de l'étymologie romane, il n'a pu envi-
sager l'histoire de chaque mot à tous les points de vue pos-
sibles. Tous les spécialistes d'une langue, tous les savants
(jui se placent à des points de vue particuliers trouvent à
contester, à l'infini. Mais le service rendu se mesure au
nombre des personnes qui utilisent l'ouvrage voici que le
dictionnaire de M. W. Meyer-Lubke a une troisième édition
que le maître, parvenu au terme de sa carrière, a revue et
ou il complète son œuvre et la met à jour. Même les lin-
euistes qui ne pensent pas comme lui devront lui savoir
gré de la peine qu'il a prise et du service qu'il rend à tous.
Cet hommage est dû à l'un des maîtres dont le travail a été
le plus grand et le plus fécond. La façon dont M. W. Meyer-
Lübke domine le domaine roman est admirable.
H serait sans portée de critiquer tel ou tel détail dans
un livre de ce genre il est évident que, si l'on veut utiliser
les faits cités pour une démonstration, il en faut faire
l'examen. Mais il est intéressant de discuter-quelques-uns
des procédés employés.
Les articles sont bâtis en partant des originaux latins
dont l'auteur signale ensuite les représentants romans. Mais
il arrive souvent que les formes fournies par le latin écrit
ne soient pas à la base des formes romanes. Au point de
vue roman, un original ~~eM?M n'a pas de sens. Toutes
les formes reposent sur *M(m) [étant entendu, une fois
pour toutes, que le roman ne connaît pas -eum et a trans-
formé en commun tous les e en hiatus], et le slave qui a
emprunté le mot ne connaît que ~CM/a. Quitte à indiquer
que la seule forme de latin écrit est 6a/MeM?K, c'est "°6a:MeM7H
qui devrait figurer à la suite de l'article. Le procédé qui
consiste à écrire auica, auca pour annoncer des mots qui
–!)4–
W.MEYER-LrBKE

tous reposent sur 'auca ne saurait satisfaire un linguiste.


Du reste, si <7~e<?n'est guère atteste, il semble que CM~ec
ne le soit pas 'lu tout.. En somme, il aurait fallu mettre en
évidence un point de départ NMcc « oie H dont le rapport
avec CMM « oiseau » et avec le diminutif raucellus qui
fournit les noms romans de 1' « oiseau Men gênerai reste à
expliquer. Tout comparatiste qu est, M. \V. Meyer-Lubke
ne s'est pas encore assez dégagé de l'emprise des textes
latins.
Pour des mots propres au domaine gallo-roman, le pro-
totype indiqué est souvent accompagné de 1 indication
(gail.). à moins que. comme pour Ac/MM. il n'y ait (ligur.
oder ke!t.) ou que, comme pour *balayum, aucune indica-
lion d'origine ne soit donnée. Mais, dans la plupart des cas,
ce que l'on sait des langues celtiques ne donne pas le droit
d'attribuer aux mots en question le caractère celtique, et
on ne les qualifie de c gaulois » que parce qu'ils se ren-
contrent en Gaule. En réalite, il s'agit de termes locaux
qui existaient en Gaule. mais dont l'origine n'est pas déter-
minable. Il serait bon de ne donner pour gaulois que les
mots qui se retrouvent dans les langues celtiques, ou, au
moins, dont l'extension romane correspond à l'aire du
gaulois; tel est le cas pour l'article *~e/H?o.s. Pour y~e/)/?-,
M. Meyer-Lubke se borne sagement à un !co~er? C'est
évidemment l'un de ces mois des anciennes langues locales
qui affluent en si grand nombre dans le Nord de l'Italie et
dont les traces abondent dans l'Atlas de Jaberg-Jud.
H est commode de trouver ces mots dans le dictionnaire
de M. Mcvcr-Lubke comme d'y trouver les mots d'origine
germanique propres à une partie seulement du domaine
roman. Mais, au fond. un dictionnaire étymologique du
« roman N ne devrait comprendre que des mots avant existé
en latin et qui ont subsisté ou pu subsister dans l'ensemble
des langues romanes. Insérer à côté de ~6'c un ail. uhr
parce que le mot allemand moderne a été emprunté dans
i'Engadine, c'est mettre sur un même plan des choses de
natures diii'érentcs, de dates diliérentes. Les autres mots,
qui ont pénétré dans certaines langues après la dislocation
Ho
COMPTES
REKDUS

du domaine linguistique roman, ne devraient, tout au plus,


trouver place que dans des appendices. Le caractère hété-
rogène des articles montre qu'on est en présence du fichier
d'un romaniste très érudit plutôt que d'un ouvrage systé-
matique.
La quantité n'est marquée que pour les voyelles accen-
tuées. Ce n'est pas suffisant. C'est z'Mra~qui explique le
fr. ~/M/'p, et dans :M?'c?'e qui choque les linguistes
il manqueune donnée nécessaire au romaniste.
Est-ce que !'<{Më/!Mexplique it. yMMMe, esp. ~'oueM?
~e faut-il pas restituer un lat. *OKeKMqui s'explique
aisément.
A. M.

.~ABEHG):nd JcD. tS'/)7'~C/<!<~f/jS'6!C/<Q:i'/<7~


7~M und der
6/<7«~'e' Band lit. Zofingen (Schweiz Verlag
Rin~ier), in-f", cartes 4l3-6{~2.

Le troisième volume est arrivé ponctuellement, comme


le préo'dent. Il est consacre aux animaux sauvages et aux
plantes non cultivées. Pour les mots relatifs à ces notions,
les auteurs ont rencontré des difScultés que signale avec
soin une préface; ces difficultés ne sont pas propres au
domaine enquêté à des degrés divers, elles se retrouveront
partout cette préface a une portée générale, et tous les
enquêteurs, tous les lexicographes auront à en faire leur
profit.
Ces difficultés ont amené à donner, sur beaucoup de
caries, des explications de détail qui sont instructives et
prêtent a beaucoup de réflexions.
La carte 462, sur le nom du « frelon a donne lieu à des
observations de ce genre. La façon dont sont réparties les
formes donne lieu de croire que la forme ca/a~OMe de l'ita-
lien aurait subi une influence osco-ombrienne; car, sur le
domaine de l'ancien ombrien apparaissent les formes à f,
ainsi ~<7/o~ etc., et l'on retrouve s/cra'/ë~ près de
116
PEDROTTI Y. BERTOLD!

Naples. La singulière contamination avec le .~corc~~M.y ne


peuts'expliquer que dans une région ou l'on avaifeû/'a~
et en enet la forme italienne ~c<x/'<x/û provient, d'anciens
parlers osco-ombriens, ainsi que le montre un coup d oeil
sur la carte ~'o~ay/j'o de l'Atlas. Les formes à 6, comme
/fa~ro?!e qui est toscan, reposent sur une contamination
des formes osco-ombriennes avec la forme latine c~M~o.
Si cette hypothèse, à laquelle il est difficile d'échapper, est
exacte; on aurait ici un bon exemple du passage dc~'à/r;
qui est bien établi pour le latin, mais dont on n'avait jusqu'à
présent aucun témoignage valable pourl'osco-ombrien.On
voit quels services peut rendre l'atlas même à l'étude des
anciens parlers italiques.
A. M.

PEDnom-V. HnRTOLDi. .Yoy?!< <a~«/2 oW/e ~/M~e


Mc~/cMe f/ y/'cM~ e </c//e ~M<a Do/o~ca, ~rM!
in c.?<7~?erial /)u/o di UM/a della botanica. della lin-
</M<ca e del folclore. Trente (Monacini). [1930], in-8.
xti-~88 p.

Pour élever un pareil monument, il a fallu la collabora-


tion d'un botaniste et d'un linguiste. Des qu il s'agit de
termes techniques, on ne peut en eu'et aboutir que grâce à
l'étude simultanée des choses et des noms, et cette étude
ne peut guère être poursuivie utilement que par une colla-
boration telle que celle dont Pedrotti et M. V. Bertoldi
viennent de donner l'exemple. Et il ne suffit pas d'exa-
miner les mots il faut aussi indiquer comment ils sont
conçus par les sujets observés. Il y a dans ce livre un
ensemble de données qui est extraordinairement instructif.
On sait combien M. Bertoldi a l'esprit constructif et avec
quelle méthode sûre il construit. On aperçoit ici son talent
sons un autre aspect celui d'un grand ramasscur de faits.
Ces faits ont été réunis par un maitre qui en voit la portée
et la fait sentir.
117
COMPTES RENDUS

Entre autres traits, on remarquera la grande part que


joue l'étymologie populaire dans les mots observés. Un
nom de plante est toujours plus ou moins un terme tech-
nique et, quand un mot de ce genre, qui est rarement
fixé dans la mémoire des sujets parlants, est accepté par la
langue, une réaction naturelle le fait adopter de manière à
ce qu'il en fasse vraiment partie. Les mots sont inégalement
sujets à de pareilles adaptations.
A. M.

E. G. R. \ATERS. ~4.Hold italian version o f </t<?


Navi-
~a~'o Sancti .Z~e?ïofa?M.Londres (Oxford University
press), 1931. in-8, (vii-)86 p. et une planche.

Ce texte préparé par le regrette Waters apporte à l'étude


de l'ancien italien des données utiles. Les faits caractéris-
tiques au point de vue de la langue sont signalés dans
l'introduction. On remarquera l'influence du vocabulaire
français sur le vocabulaire italien au xnr' siècle.
A. M.

C. BATTISTI. ~*0~0/ e /~MP ~e/ alto .Ac~S. tS*~M<


~M//a /o~ï~c e'~o~/p~ïa. Florence (Bemporad), 1931,
in-8, xi-401 p. et 3 cartes.

Le report jusqu'aux montagnes dominant le pays de la


frontière entre l'Italie et l'Autriche a posé des problèmes
nouveaux. La haute vallée de l'Adige a été latinisée autre-
fois mais l'avance germanique a refoulé au Sud de la ligne
de faite les limites entre parlers allemands et parlers
romans enfin les conditions politiques nouvellement créées
ont pour conséquence une offensive de l'italien. Intéres-
sante pour le linguiste en générai, la question des parlers
romans dans les hautes vallées de l'Adige a maintenant,
pour les Italiens, un Intérêt d'actualité.
H8
E. F.TtSCOUKIA

M. C. Battisti a employé à eclaircir cette question difficile


toute son érudition, qui est vaste, et le talent de linguiste
qu'on lui connait. II l'a examinée sous toutes ses formes,
en commentant par la préhistoire: en finissant par les
situations d'aujourd'hui. On ne peut, ici, que signaler cet
ouvrage considérable. Pour le discuter de près, il faudrait
la compétence d'un connaisseur des parlers romans de la
région alpestre orientale.
A. M.

Amado ÂLoxso. /r«6~a~ de dialectologia /û!?!0-


americana. Buenos-Aires, 1930, in-8, 175 p. et une
carte (Instituto de filologia de l'Université de Buenos-
Aires).
Estudios sobre el p~a~«/ de A'Meuo -V~o, por Aurelio
M. EspiNOSA. 7~6f</MCC!'dn y ree/n&o~cr!'uM co~ notas por
Amado ALoxso y Angel RosEXBLAT,I, con nueve estudios
conipternentarios de Amado ALOKSo.Buenos-Aires, 1930,
in-8, 472 p. et 1 carte (Biblioteca de dialectologia hispano-
americana, !).
E. F. TiscoRKiA. La /eH~Ma de « ~/c~< ~'eryo )).
Buenos-Aires, 1930, in-8, 317 p. et une carte (Bibhoteca
de dialectoiogia hispanoamericana, IM).

Les pays neufs ne s'intéressent en généra] guère à la


philologie le fait que la République Argentine possède
maintenant un institut de philologie actif est l'un des faits
qui montre que le pays a déjà des traditions et que l'intérêt
pour les recherches désintéressées v est vif. M. Amado
Alonso a pris la direction de cet Institut, et il y a apporté
les traditions et méthodes du brillant Centro de Madrid.
Voici trois ouvrages qui attestent l'activité déployée par lui.
Ils montrent ce que l'on en peut attendre pour la linguis-
tique.
Les volumes d'études originales de M. A. Alonso inté-
119
COMPTES RENDUS

ressent au point,de vue général comme au point de vue de


l'espagnol On y voit de bons exemples de la réaction de la
langue correcte et cultivée contre des tendances populaires.
Le chapitre sur Consouantes ~Ya~'eas est à noter en parti-
culier.
La traduction des travaux de M. Espinosa n'a pas seule-
ment l'utilité de les rendre aisément accessibles aux hispa-
sants. Ces travaux y sont rafraîchis et renouvelés.
Le troisième des ouvrages annoncés offre une étude
systématique et complète.
A. M.

Hans I\LAU!. Die jSe~e~cA~M~e?:/w K Ae~eZ MM


G~o~oM<?/ZMcAeH.
Aarau (Sauerlander): 1930, in-8,
109 p.

Les expressions pour la notion de « brouillard diffèrent


beaucoup suivant les parlers dans le domaine gallo-roman,
et elles proviennent d'origines diverses. M.Klaui les étudie
en se servant notamment de l'Atlas GiUiéron-Edmont. Le
travail est exécuté avec soin et avec la compétence qu'on
peut attendre d'un élève de M. Gaucbat. Les procédés qu'il
signale doivent avoir eu, en partie, des aires plus étendues
que celles qui ont été fournies à l'auteur par les sources
qu'il a utilisées. Par exemple fumée se trouve, je crois, en
Berrv.
A. M.

Alf LoMUAnD. Les COM~C~O/M~0~<ï/('.? <<77~le


/aMfCM MÏOf/cy/M.Êtude .X'MC et .~y/M~/C.
Upsal (Almqvist), 1930/vm-298 p.
La tendance qu'étudie M. Lombard est réelle: elle mérite
l'ample étude qui en est faite avec un soin attentif, avec une
précision qui va jusqu'au détail, et aussi avec un luxe
extrême de divisions et de subdivisions. Mais il ne faut pas
ALF LOMBARD

être dupe du mot /~a~~M moderne la langue écrite n'est


pas le tout ni même, pour le linguiste; le principal de la
langue or. tous les faits cités sont pris non pas seulement
a la langue écrite, mais au style « artiste B.Et le style de
Goncourt est, dans la littérature, ce qu'il y a eu de plus
artiste, de moins nature. Les écrivains chez qui s'est mani-
festée le plus fortement la tendance observée ne repré-
sentent pas des tendances propres du français. Le procédé
qu'examine Lombard et qui est familier à ces écrivains
ne parait pas naturel à qui a le sens du français il sent
l'art et l'artince.
Pour illustrer la tendance; M. Lombard reproduit
d'abord un exemple qu'il emprunte à un auteur antérieur.
Au lieu de ils cc</c?~/?/parce qu'on /PM/'promit qu'ils ne
.ycraM'<M~M/M.s', le tour élégant, « français )) serait ils
cédèrent à une promesse <?/)MM~e. L'exemple n'est pas
bon car les deux phrases n'ont pas même valeur céder
à une promesse n'est pas la même chose que céder parce
yM'OM a pronzis dans le premier cas, il y a entre céder et
promesse un lien étroit de dépendance, tandis que. dans le
second, ce</e/ étant pris absolument, le lien avec la notion
de promesse est lâche. Ce qui serait comparable, ce serait
x'&ont cec/e à la ~yo/Hp.M6qu'ils Me~?'<7~ pas ~M/?.M ou
de n'ë/ye pas ~M?!M or. ces phrases ne sont pas plus
lourdes que la première, et elles sont plus françaises
car le mot savant, //?!~M~ y est évité. D'autre part, elles
sont plus réelles car ce qui y est énoncé, c'est un acte,
non une abstraction. Mais le professeur à qui M. Lombard a
emprunté son exemple suivait une mode qui a été répandue:
comme il est malaisé d'écrire des phrases subordonnées.
beaucoup de maitres ont conseillé à leurs élevés d'éviter les
que. De plus, il v a dans !/K/)M~e une nuance que n'ont
pas les formes verbales l'impunité d'une faute est chose
qui choque; une personne qui sait écrire n'emploie pas ~/)M-
M<~comme équiva)ent à 7!'c~e/</ï! qui énonce simple-
ment un fait à mettre ~/)M/?~ sans y être invité par cette
nuance, il y a ]a vulgarité qui consiste à mettre du senti-
ment dans le langage hors de propos. D'autre part, une
t2{f
COMPTES RENDUS

Httératurc qui se souciait plus de décrire que d'exposer des


idées ordonnées trouvait dans les formesnominales l'instru-
ment qu'il lui fallait. L'usage que décrit M. Lombard répond
à une mode, et cette mode était faite pour plaire à des lec-
teurs paresseux, peu habitués à raisonner et à combiner,
qui demandaient à leurs lectures des sensations plutôt que
des raisons. Les journalistes tenus d'écrire vite pour un
public qui veut lire vite ont trouvé commode le style
nominal. Les formes verbales sont difficilesà manier, parce
que la conjugaison française est compliquée. 11faut ajouter
que beaucoup de formes verbales prescrites par la gram-
maire, prétérits du subjonctif, prétérit simple de l'indicatif,
sont sorties de l'usage parlé et tendent aux écrivains des
pièges dont ils ne sortent pas toujours à leur honneur; le
subjonctif présent est de moins en moins usuel. Beaucoup
de verbes anomaux sont défectifs. Le style nominal permet
d'échapper à des difScultés infinies, en même temps qu'il
suppose une pensée moins nette que le style verbal. Dans
tout cela. il y a mode pour une part, faiblesse pour une
autre il y faut ajouter l'influence des langues littéraires
étrangères, où la dérivation nominale a une vie qu'elle n'a
pas en français et qui s'est exercée par de nombreuses tra-
ductions, peu idiomatiques. On ne saurait parler d'une
tendance du français. Ce n'est qu'une tendance de certains
écrivains vers le laisser aller. Et peut-être cette mode est-
elle, chez les hommes qui savent vraiment écrire, plutôt
sur le déclin.
Ce n'est pas à dire que je r~oo~e~'à votre appel ou je
r/c.c<?~~ f~uo~M/'eCM~'oc/~c' crre~ n'appartiennent pas
a la tradition du français. Et même c/!M/cen Me~ de
/'<7MOM qui est du style de fait divers et la /<M!Q~!j'o?!de
~o/Me par T~OMM&M en 753, qui est du style du manuel
d'histoire, n'ont rien que de normal. Mais <x/~o?' dans
leur existence /'zM/euM <~M</M/oyu<? (fM/!e opérette folle
n'est pas du « français moderne », c'est de la littérature
démodée.
Sous le bénéfice de cette réserve, le livre de M. Lom-
bard, nourri de faits, d'analyses poussées, est intéressant,
t32
CHARLES BA1LLY

souvent sans doute plus pour l'histoire de la littérature que


pour qui fait profession d'observer la langue. Mais, même
au point de vue linguistique, il, importede voir comment
on peut énoncer la même chose sous forme nominale et sous
forme verbale un trait ressort de l'exposé de M. Lombard,
c'est la valeur affective du type nominal, en regard du
caractère plus purement intellectuel du type verbal, et,
par suite, la vulgarité du type nominal. On s'explique
ainsi que les langues de caractère aristocratique; comme
l'indo-européen, soient dominées par le type verbal.
A. M.

Charles B.4.ILLY. La Crise du jFr~MpaM..Yo/c /'<7/ï~ue


maternelle à l'école. Neuchatel et Paris (Delachaux et
Niest)é)[1930J, in-8, 153 p.

Le linguiste original qu'est M. BaiIIy ne dédaigne pas


d'appliquer lui-même ses idées à la pédagogie. Ce n'est pas
ici le lieu de discuter des applications pratiques à l'ensei-
gnement scolaire. Les vues de M. BaiIIy prêteraient sans
doute à une discussion approfondie. Essayer de partir des
faits pour en dégager des doctrines a toujours tenté certains
pédagogues. Hest douteux que ce soit possibled'une manière
générale et que ce soit le meilleur moyen de former l'esprit
à une discipline stricte. On exprimera plus de doutes encore
sur la tentative qui consiste à partir de l'usage courant.
Le français normal est une langue fixée et en général
l'usage des enfants ou au moins de la plupart d'entre eux
est trop incorrect pour servir de point de départ à l'ensei-
gnement. A procéder comme suggère de le faire M. BaiMy
on aboutirait vite à abandonner le français normal. C'est
alors que la crise du français deviendrait grave car la mesure
avec laquelle opère un rnaitre comme M. Bailly ne durerait
pas longtemps.
A. M.
-~i.

-123-
COMPTES RENDUS

J. Ï)AMOURETTE et E. PtCHOK. Essai de ~nM~!f:e de


Ay /o/7!<e/y~p6!Me, 19H-I930. Tome second, illustré
de 3HOOexemptes. ~.<(/ee~HOMH' Adverbe.
//?/p/oMC~'OK. Phrase MO?M!'na/e. Paris (d'Artrey),
[i931], In-8, 539p.

Par le premier volume, on connaît les caractères de


l'ouvrage une observation toujours personnelle, correcte,
extraordinairement riche -un vocabulaire gâte par le souci
de la nouveauté et par l'idée fausse que les mots sont faits
pour décrire les phénomènes qu'ils désignent. Si l'on veut
tirer parti de la substance du livre, qui est précieuse, on
devra ne pas se laisser décourager par des désignations
comme <TM.XM'K<x/W~M!e ccce~o~e, c'M~EM'~a~'AcMte/b~c'-
/Me/?~ Il v faut du courage.
Débarrassé de la gangue où il est comme perdu, l'exposé
est intéressant car il va au fond des choses. Soit, par
exempte, la délicate question de la place de l'adjectif avant
ou après le nom dont il estJ'épithète, p. 38 et suiv. Les
auteurs ont vu exactement le fait essentiel s'il précède le
substantif, l'adjectif est un élément constitutif du groupe
nominal et a un minimum d'autonomie s'il suit le
substantif, l'adjectif est relativement autonome. et. par
suite, il indique une notion considérée à, part. Cette diffé-
rence résulte de la structure intime du français où la phrase
comporte des groupes nominaux dont les éléments sont liés
au point de former des unités ce qui plus ou moins s'isole
du groupe indique une idée qui est mise en évidence par
e)k'-m<me qu'on compare /?c/' !'M!<')pc<7c et MHc<?rûc~'e
/7' M~ //OH!M!P /?~ U??Pchaude û'~ee~'OMet M/!verbe
c~aM~ Tous les cas entrent dans cette opposition, comme
le montre l'exposé détaillé des auteurs qui, ici comme
aiHcurs. ont réuni une ample collection d'exemples caracté-
ristiques.
Mais il faut tenir compte de tous les détails. Il n'est pas
juste de dire (p. 47) que chétif soit en usage « dans à peu
près toute la France rurale ». C/n'est plus qu'un mot
Î24–
W. VOX \ARDiUKG

littéraire. Le mo) usuc! c!iez beaucoup de paysans est c~e~


sans consonne finale, si bien que le féminin est e/!e~e.
L'adjectif cheti(t) n'admet pas d'être placé après le sub-
stanhf.
A. M.

W. VOn \VARTDL'RG. jF'a?:~d~Me/«?NC~MO/~CMC/tP~


n'or/p/Mc~. Liefcr. i9-20. HeIdelberg(WIn!pr).p.299-
426.

La publication du dictionnaire de M. von \Vartburg se


poursuit lentement. Ces deux livraisons du volume III
apportent la fin de e et le début de f. Mais on sait que le
volume II n'a pas encore paru.
On déplorera naturellement cette extrême lenteur. Par
malheur, l'auteur ne se heurte pas seulement à la difficulté
de rédiger des articles aussi nourris de faits, aussi appro-
fondis. et qui apportent tant d'enseignements. Il n'est jamais
assuré que la publication ne cesse pas faute d'argent. A
partir de la feuille 26 de ce volume, la 7Vb/~pM:cz/Me/<û!
cesse sa subvention. L'Académie saxonne en a pris la
place, mais ne peut s'engager au delà du fascicule 22 on
voit combien précaire est la situation, et combien il importe
que souscrivent tous ceux qui s'intéressent à l'ouvrage ce
serait un malheur si une publication, déjà si lente par
nature, devait être suspendue.
L'ouvrage garde sa richesse caractéristique pour le voca-
bulaire des parlers locaux mais une part a été faite plus
grande aux termes littéraires pris notamment au latin écrit.
Pour ce vocabulaire savant, M. von Wartburg se sert
beaucoup du dictionnaire Larousse, en général, avec raison.
Chacun des articles importants est un mémoire original
dont la lecture est pleine de saveur.
La remarque sur ptry??OMgre, à propos d'c?KO!o~. ne
donne sans doute pas la nuance juste. Si it. 6'n/&uc/'e et
v. fr. M/~ouo~ représentent e.r-~M)M<~e. et non ia forme
classique émouére, c'est que, d'une manière générale. les
125
COMPTES RENDUS

langues romanes, et, en particulier, le gallo-roman ont


largement ramené au type étymologique les verbes latins
munis de préverbes. Est-ce que v. fr. espaindre ne repré-
senterait pas *e.E-pG:H~creplutôt que c~~c/'c, qui a
donné it. ~o:'M~pre ?
A propos des représentants gallo-romans de /a:~r et de
/a~'ca, il aurait été intéressant de renvoyer au nom
propre. En principe, le dictionnaire ne le mentionne pas,
avec raison c'est un sujet à part. Mais ici, un simple renvoi
a Longnon sous /a~er ne suffit pas pour indiquer tout ce
qu'enseignent les formes du mot dans tant de localités et
de lieux-dits.
Sous faire, le composé forfaire est donné comme fait
sur /b~M-/cee~. Mais le sens de forfaire s'explique mal
par là. On ne peut s'empêcher de penser qu'il y a une
influence du type germanique représenté par got. fra-
M~M~A;/c7!. Il y aurait ici contamination du latin et du
germanique.
Sous */a/ca?*e ~>/aMcAcr,on regrettera que le sens ne
soit pas plus exactement précisé. Sans doute fr. /CMe~"
s'applique en général à tout travail exécuté avec la faux
mais, d ordinaire, faucher ne fait penser qu'au foin une
faucheuse n'est pas une machine à faucher, suivant le sens
trop vague rapporté p. 378 c'est une machine à couper le
foin. La machine analogue, en général plus compliquée,
à l'aide de laquelle on récolte les céréales est une mois-
.MMMpM~6, parce que l'acte de récolter les céréales s'appelle
en français moissonner. Et, comme les céréales ne se
récoltent plus guère qu'avec des machines qui ne ressemblent
pas à des faux, on pense de moins en moins à la faux à
propos de céréales. Comme il est dit avec raison, p. 3h79,et
comme l'avait bien montré Gilliéron dans son mémoire sur
scier. il faut, pour suivre l'histoire de pareils mots, penser
à l'histoire des techniques. A aucun moment, on n'a pu
« faucher )) commeon « moissonnait » parce que le foin
coupé reste tel quel sur la prairie tandis que les céréales
sont réunies en javelles et liées, double opération dont
s'acquitte la moissonneuse actuelle.
126
E. HUGUET

Les deux articles */<</ ~> fr. /a~?c et /bM:??p sont


curieux. M. von ~Vartburg explique les formes i f. Mdu
groupe de faine par l'action du représentant fou de /M~M~.
La forme de /oM~<e' et les formes pareilles l'embarrassent;
)e lat. /b~~e, dont il parle, n'explique rien. Le plus simple
serait de penser que, un Hotk'ment ayant iieu entre a et M
dansie groupe de /a: on l'a reproduit dans le groupe de
/OMMC, puis qu'il v aura eu répartition. Type de faits
romptique, mais intéressant à observer. Pour confirmer
cette hvpotbese. il faudrait examiner la répartition des
formes suivant les pariers.
L'article /c/M/)/M montre comment certains mots de
caractère populaire sont instables. On y est sur un sol
mouvant, et on ne peut s empêcher de penser que l'auteur
Y a mis beaucoup de mots dont il ne sait que faire. Plus les
mots sont instables, moins l'étymologiste a les moyens de
rien démontrer. En somme. le linguiste n'est pas armé pour
suivre l'histoire de mots comme /7o~< Les faits énu-
rnérës. avec leur obscurité, leur caractère fuyant, sont
néanmoins d'un vif intérêt, précisément parce qu'ils posent
un srand problème.
A. M.

E. HuGUET. Dictiunnaire de la /c~yMe /a?~caMe </M


A'r/" siècle. To:ne deuxième. Fascicules 13-16. Paris
(Champion), t930-i93L in-S, p. 16i-8<).

Le dictionnaire de M. Ilu~uet est le seul erand ouvrage


qui ait été fait, depuis longtemps, sur la lexico~rapilie his-
torique du irançais. On est d'autant plus impatient d'en
profiter. et l'on regrette d'autant plus que la publication
en soit si lente. Au train dont cela va, Fauteur risque d'être
centenaire avant qu'on n'en ait la fin. Le mot clou est le
dernier traite.
Sans doute le dictionnaire de M. Hus'uet (.'si-il trop un
simple recueil de faits, et l'on aimerait, par exemple devant
c/~MC/~cr. apprendre que ie mot est usuel dans une partie
t27
COMPTES RENDUS

au moins de la région du centre_dc_la France, de même


que i'adjecLif ro?MC/?~
au sens de « consentant ». Le sens,
peu exact, donne à c/M~' aurait pu être précise en évo-
quant le sens du mot dans les parlers du centre de la
France. La façon dont se sont embrouillés co~~croM* et
coM:e/' aurait pu être notée, et ce qui est dit de eo~a~M
sous cu??!~ayoM~edispensait du second alinéa de com~a-
ra<r 1. Mais ces menus regrets n'enlèvent rien à la re-
connaissance que l'on doit à M. Huguet pour la masse de
faits qu'il apporte.
A. M.

J. H&LST. Z~/e~'OH~a~eliégeois. 7'' et 8' fascicules.


Liège (Vaillant-Cormanne), 1931, in-8, p. 385-5~2.

Le dictionnaire wallon de M. Haust forme, sur un plan


moins vaste, le digne pendant du C/o~oz/'c du ~a~OM</ela
6'?<e ~o~6'M</e.Avec ses illustrations dues à MM. Re-
monchamps et Salme, il forme comme un recueil de
choses de la vie populaire. L'impression en est assez
avancée, puisque le Se fascicule va jusqu'à ~M?~M.
L'activité de M. Jean Haust est grande. Il vient encore
de publier le fascicule Y de la commission de toponymie
et dialectologie la philologie M?c//oyMeen 1930 et il
collabore aux ~!yM~/M du M:M~ede la vie wallonne dont
les n'" 21 à 24 du bulletin viennent de paraître.
A. M.

L. GAUCHAT, J. JEAKJAQUET, E. TAppOLET, avec la collabo-


ration de E. MuRET. Glossaire o~ p<?<OM /a 6'M:e
~'OMMMQfe.Fascicules 1-VII. Keuchatelet Paris (Âttinger),
192i-i930,in-i, p. 1-448.

Ces sept fascicules représentent le début d'une œuvre


dont aucun de ceux qui l'ont entreprise n'espère voir la
128
K.MtETHUCH

fin ils ne conduisent qu'au mot GM~OM~ On aura quelque


soupçon du travail accompli si l'on sait que, en 1930, a
paru le trente-deuxième des rapports de la commission de
rédaction du glossaire. Les maitres qui ont eu le courage
de préparer un tel monument auront du moins la satisfac-
tion d'en avoir réuni tous les matériaux il serait trop
tard pour les rassembler maintenant, car l'état du voca-
bulaire qui est décrit est déjà en grande partie disparu, ou
achevé de disparaître dans la plupart des localités en
question au fur et à mesure que s'éteignent les vieillards
qui le connaissent ou qui, du moins, en conservent le sou-
venir. Les articles, signés par chacun des auteurs, seront,
pour leurs successeurs, des modèles difficiles à imiter, mais
qui les guideront.
Bien entendu, les articles de ce glossaire qui sont des
monographies détaillées n'intéressent pas seulement les
romanistes. De pareilles études font sentir à tout linguiste
la misère des données que l'on possède d'ordinaire sur les
mots. Sans avoir l'illusion qu'on puisse obtenir ailleurs
pareil ensemble de faits, c'est déjà chose importante que
de voir nettement combien 1 un est loin de disposer des
données souhaitables pour l'histoire du vocabulaire. Rien
de plus instructif ni de plus propre à rendre modeste et
critique le linguiste, à montrer les dangers et les difH-
cultés de l'histoire des mots. c'est-à-dire de l'étvmologie.
On ne peut ici que recommander cette publication à
l'admiration des linguistes.
A. M.

li. MtETuucH. –~re:c/u/?~eKfOM6'e~e~-M/


/«7M/ey? im 6'<7//o/'07KO?;?'~c/!<<.Aarau (Sauer!ar!d<r),
1930, in-8. 128 p.

Cette thèse de Zurich fait honneur à renseisrncment d'une


université où Je romanisme est si brillamment représenié.
Les faits ont été en notable partie recueillis sur place, par
12 J
!:)
COMPTES RENDUS

M. Mietillicb lui-même. au cours de randonnées en moto-


cyclette à travers la France. L'auteur dispose ainsi d'un
matériel considérable, plein de saveur. Il le rend présent
au lecteur par de bonnes figures. Il a été formé par des
maîtres qui savent ce que vaut un exposé précis de la valeur
et de l'emploi de chaque mot, accompagné d'une localisation
géographique exacte il y a vingt cartes. L'auteur a disposé
par ordre alphabétique les mots qu'il a rencontrés et a
donné pour chacun une étude plus ou moins poussée. Peu
de ces termes ont eu accès à la langue littéraire. Pour le
principal, qui est le fr. ~<?M~,M. Micthlich ne se satisfait
d'aucune des étymoiogies proposées, et il aboutit à l'idée
qu'il représenterait. un ancien terme employé en Gaule,
conclusion intéressante car ces vieux mots apparaissent de
plus en plus nombreux. Le vocabulaire de la langue géné-
rale. qui est presque tout latin, dissimule les survivances
des anciennes langues du pays.
A. M.

M. A. ROBERT-JURET.Le6'~<~OM~ la région de ~M~-


nus. Les travaux de la campagne. Tournus (Société des
amis des arts), 1931, in-8, 136 p. et 1 carte.

La belle-fille de notre ëmtnent_confrère, M. Juret. vient


do publier un ouvrage qui est d'un type excellent, et dont
on doit souhaiter qu'il en suscite nombre de semblables.
Le livre comprend trois parties.
D'abord une description des travaux de la campagne avec
indication, à chaque fois, des noms locaux qui s'y rap-
portent et avec des dessins dont quelques-uns représentant
k travail même sont pittoresques et instructifs à la fois, et
quelques textes (p. 1-88).
Suit, p. 89-118, un examen des traitements phonétiques,
d'ou ressort que, dans la région de Tournus, les parlers sontt
très diii'érents les uns des autres~ Comme d'habitude, les
lignes Jisoglosses ne concordent pas entre elles. Le sujet
)30
VOCABL'LAtRE JL'tUD)QUE

est traité avec une grande fermeté et une grande clarté. Les
conclusions sont instructives.
P. 1 J6-<56, glossaire explicatif. Pour les noms de plantes
l'auteur ;t recouru à deux habitants du pays ayant une
compétence. En générât, les paysans ne connaissent pas ces
noms; ce qui mérite d'être noté.
A. M.

~co~M~H'<<<yMP; redise- par des professeurs de droit,


des magistrats et des jurisconsultes, sous la direction de
H. CAf'fTA:sT.Paris (Presses universitaires), 1930, in-8.

Pour 1 étude du vocabulaire; des lexiques de langues


techniques sont indispensables. Pour le français où la
langue du droit est si largement intervenue, cette utilité est
particulièrement grande. Ce n'est donc pas seulement aux
juristes que servira le lexique annoncé ici auquel collabore
l'élite des juristes français. .\otrc confrère, AL Oscar BIoch,
v donné l'étymologie de chaque mot l'étymologie est du
reste évidente le plus souvent toutefois un mot comme
aval (donné à un effet de commerce) est d'origine obscure
mais c'est qu'il vient du vocabulaire du commerce.
C'est l'état actuel du vocabulaire du droit qui seul est
considéré. L'ouvrage n'est pas historique. Ce n'est pas sans
inconvénients et il en est résulté que des éléments acces-
soires sont parfois mis au premier plan dans la définition.
Ce qui est essentiel à l'a~o~. ce n'est pas d'ètre licencié
en droit ou d'avoir prêté serment, c'est de « faire profes-
sion de défendre devant les tribunaux les intérêts de ceux
qui lui confient leur cause u posséder le diplôme de licencié
et avoir prèté serment ne sont que des conditions spéciales
imposées par l'organisation de l'ordre des avocats en
France.
A. M.

-i31-
COMPTES
HEKDUS

F. BotLLO-r. jLc/~<a!y~y<oM/f/6' ~'?'a/?.6'o/e


(Doubs). Paris (Presses Universitaires). [1929,date de la
signature de l'imprimeur), in-8, x-351 p.

Yoici un livre tel qu'il en faudrait beaucoup. Encore


n'cst-i! pas l'œuvre d'un linguiste de profession, et l'on en
doit savoir à l'auteur un gré d'autant plus grand. Tout le
monde sait que le français parlé par la plupart des gens
ditferc sensiblement de la norme omcielle, plus ou moins
suivant le niveau social et le degré de culture et que,
d'une province, à l'autre, il y a des divergences. Mais, ces
faits qui ont une importance capitale pour le développement
ultérieur du français et dont l'observation est instructive
pour la théorie du développement des langues en général,
sont peu étudiés, peu décrits, et les linguistes de l'avenir
risquent d'être mal renseignés sur un état de langue qui est
propre au plus haut point à intéresser les romanistes.
Le livre commence par de judicieuses observations géné-
rales qui devront être retenues pour les études (le ce genre
si, comme il faut l'espérer, M. F. Boillot a des Imitateurs.
Les A'o<Msur la ~'ŒMMo~e, p. 37-76, se rapportent
spécialement à la Grand'Combe. Mais beaucoup de faits qui
y sont signalés sont (lu français parle qu'on observe ailleurs,
et même fréquemment. Par exemple, Les <&"AeM/'Mest
une manière de s'exprimer bien connue. L'expression 6!M
vêpres m'est familière dans le centre de la France et de
même à revoir, la seule différence avec ce qu'a observé
M. Boillot portant sur la prononciation wè à la Grand'-
Combe, we dans le centre de la France, plus parisianisé.
De même. j'ai souvent entendu en Berry c?:/7pour « enflé ?.>.
~o~/?pour « gonflé s. En l'absence d'études sur l'ensemble
du pays, on ne peut faire grief à l'auteur d'avoir mis
ensemble des faits généraux et des faits locaux plus ~'e
n'a rien de caractéristique.
Les indications sur le folk-lore sont savoureuses.
Un bon nombre de ternies du vocabulaire sont accompa-
gnés de dessins au trait. Quelquefois une brève indication
132
ALFRED DF. CELLES FH.S MAKIUS VALKHOFF

~i<' plus aurai) ctt'' utite. Ainsi, sur ~re~~ « mauvaise


mont,n' ne fallait-il pas citpr « battre la breloque M?
\.M1I,

Alfred de CELLES fils. /Vo/e beau parler de France.


Ottawa, 1929, in-8, 104 p.

En luttant contre les anglicismes qui se répandent au


Canada. M. Alfred de Celles instruit les linguistes de l'in-
fluence de l'anglais sur le franco-canadien. Son petit livre
a pour le linguiste l'utilité qu'ont tous les manuels de
purisme, et l'on sait quel parti en tire la linguistique.
A. M.

Marius VALKHOFF. ~M6~M~M/'les mots /6!/?pCM <0y'


~M~ ~M~ Amersfbort (ValkhofY), 1931. !n-8.
330p.

Cette thèse se rattache à l'enseignement de M.SaJverda de


Grave. Elle est donc méthodique et vraiment utile. L'auteur
voit juste autant qu'il est bien informé.
La dernière phrase de son Errata est excellente « Cette
étymologie, qui convient aussi bien au point de vue séman-
tique qu'à celui de la phonétique, est beaucoup plus évi-
dente qu'une origine onomatopéique, cette panacée des
etymoiogistes ». Dans le langage normal, le rôle de l'ono-
matopée est si petit que. en fait, l'etymologiste n'a pas à en
tenir compte.
Le français renferme beaucoup de mots empruntés au
germanique, et M. ValkhofU'appeHe avec raison que le tri
entre les langues d'où viennent ces mots est malaisé à
faire: les mots qui s'empruntent sont souvent les mêmes.
les tangues germaniques sont restées proches les unes des
–):
COMPTES
RENDUS
autres et se sont emprunté des mots les unes aux autres. et
un même mot germanique a pu être emprunté à plusieurs
reprises, à plusieurs langues diïférentes. Quand les mots ont
été empruntés à des dates éloignées, dans des conditions
différentes, il ne se pose pas de question, ainsi pourhamena
et home. Mais souvent on ne peut décider. La première qua-
lité de l'étymologiste est la critique, qui conduit àun certain
scepticisme.
Si le français a fourni au néerlandais beaucoup de son
vocabulaire de civilisation générale, ce sont uniquement
des termes techniques que les parlers français doivent au
néerlandais. Un trait frappe dès l'abord dans l'excellente
étude de M. Valkhoff presque aucun des mots examinés
n'est entré dans la langue générale, ou, si l'un des mots
est parvenu à la langue générale, c'est que cette langue l'a
emprunté, en français même, à un parler technique. Le cas
le plus frappant est celui de boulevard les formes du
xv* siècle. ~o~M~?' ~o/ue?'cy, ~o/M.'c~ye/~ etc.. sui-
vant la date, sont des termes de fortification et ne sont
entrés dans la langue commune que le jour où d'anciennes
fortifications ont été remplacées par des voles publiques.
Ainsi le mot courant boulevard n'est pas proprement un
emprunt au néerlandais c'est un emprunt à un vocabu-
laire technique qui le devait au néerlandais. Distinction
essentielle; et de grande portée pour toute théorie d'em-
prunt.
Comme tout autre fait de langue, un emprunt doit être
vu dans son ensemble, et, autant que possible, dans son
ensemble de faits historiques. Soit le mot~c//<M~.L'emprunt
du xvn" siècle, au sens de « lest embarqué dans des
compartiments spéciaux M, peut avoir été fait à l'anglais
aussi bien qu'au néerlandais. Mais ce terme est propre à la
navigation et n'est pas entré en français. Dans la langue
ordinaire. on ne connaît ballast qu'au sens de « matériaux
avec lesquels on consolide les traverses d'une voie ferrée M
et. dans ce sens, le mot est d'origine anglaise, comme
l'ensemble de la terminologie des voies ferrées.
L'ouvrage de M. ValkhoF n'est pas seulement Instructif.
<34
M.L.SJOESDEDT

!i prête a beaucoup de réflexions et l'on en doit remercier


fauteur.
A. M.

LANGUESCELTIQUES

M. L. SJOESTEDT. ~OMC~Me d'un parler il'landais de


A'e~i/. Paris (Leroux), 193t. x)-190 p. (Collection des
documents linguistiques. IV).

Si l'on avait annoncé, il v a une quarantaine d'années,


qu'on pourrait composer un livre de deux cents pages, dense.
nourri, suggestif, simplement pour décrire, sans faire
aucune histoire, la prononciation du parler gaélique d'une
seule paroisse, on aurait bien étonné. Aujourd'hui, pareil
ouvrage semble non seulement naturel, mais nécessaire, et
particulièrement propre à intéresser les linguistes.
Pour décrire ainsi le phonétisme d'un dialecte. il ne faut
pas seulement l'avoir minutieusement observé M"" M. L.
Sjoestedt a fait. dans la localité observée, plusieurs séjours
prolongés, en se mèlant à la vie des habitants. Il faut en
avoir saisi le plan d'ensemble, et c'est ce plan, compliqué,
mais solidement agencé ou tout s'explique par des opposi-
tions régulières, qu'expose l'auteur. Pareille description
l'ait comprendre la structure du phonétisme considéré et
il n'y a pas besoin d'histoire pour faire apparaitre comment
se comportent les pièces du système. Du reste, quiconque
est familier avec l'histoire de l'irlandais aperçoit aisé-
ment cette histoire sous les faits décrits, et il v aurait eu
presque de la puérilité a énoncer bien des remarques qui
sautent aux yeux du lecteur compétent. Rien de plus utile,
actuellement, que de pareilles descriptions, à condition
que, comme celle-ci, elles soient faites par des linguistes
qui se gardent de donner chaque phonème pour un accident
singulier, et qui les présentent comme des conséquences
d un système cohérent.
1 ")"i
COMPTES RENDUS

Ce qui fait le prix d'une description aussi sobre, et qui,


d'une façon volontaire, se borne aux faits, c'est que, à
chaque page, elle est suggestive. Qu'on lise par exemple la
p. 128, et l'on comprendra mieux comment le latin a joué
avec .~opc/MM et saeculum.
M"' M. L. Sjoestedt avait déjà donné des travaux de
haute valeur. Le livre qu'elle vient de publier la montre
en possession d'une manière personnelle, grâce à laquelle
elle est appelée à faire œuvre singulièrement utile.
A. M.

Fr. VALLÉE. Grand <e~'o?!?M~'e/~<7Mpa'M-<?/o/?, avec


le concours de E. EpKAULT
et R. LE Roux. Fasc. 1-i.
Rennes (Imprimerie commerciale), i93i, in-16. xnv-
84p.

Ce dictionnaire n'est pas proprement destiné aux lin-


guistes, mais, en première ligne, aux personnes qui veulent
tirer parti des ressources du breton. Néanmoins le nom des
auteurs qui est celui de savants qui connaissent le mieux
le breton suffit à garantir que les linguistes trouveront
ici des matériaux excellents.
Les 84 pages parues du dictionnaire vont jusqu'au mot
fr. <~M~.
A. M.

LANGUES
GERMANIQUES

T. E. KARSTEN. Les anciens Germains. Introduction à


l'étude des /aM~Me~et des civilisations germaniques.
Traduction de F. MossÉ. Paris (Payot), Paris, 193~
in-8". 282 p.

Dès le jour où a paru, en suédois, le livre deM. Karsten,


j'ai eu l'impression qu'il serait bon de l'adapter pour le
public français. On a déjà annoncé ici qu'une adaptation
136
)'t!. K.\L'DS[;X On .\LF SOMMEUFF: H. H))!T

allemande avait paru. Ceci ne rend pas inutile ['édition


française que M. F. Mossé a préparée avec soin. de manière
à la rendre propre à satisfaire les besoins particuliers du
public français et que d'aiiteurs M. Karsten a revue lui-
même et mise à jour. On ne saurait trouver, sur la pré-
histoire des Germains et de leur langue, exposé aussi
judicieux.
A. M.

Tr. K.\UDSEX Og AifSOMMERFELT.7\0~ ~??!<X&-0~~0~


Hefte III, Gsto(Ascbehoug), 1930-i93t,in-8". p. 2S4-571.

La 3'' livraison que des circonstances extérieures ont


retardée, est tout entière l'oeuvre de M. Sommerfelt. Elle
conduit au mot Bort. EHe a les mêmes mérites de richesse
et de netteté que celles qui ont été annoncées déjà.
Pendant l'impression <!u présent fascicule a paru une
livraison qui va jusqu'à </<7~M~ Une partie est due à
M. Knudsen.
A. M.

H. HtRT. ~M</AMC//des ~yC/WMMMcA~ Teil t. Laut-


und ~L/t-c/p. Heidetberg (Winter), 1931, In-8,
vm-i68 p. (Indoe'crmanische Bibtiothek, 1. 2i).

ti est mélancolique de voir paraftre sous un nom nouveau


le manuel du irermaniquc commun de la collection Winter.
Au moment ou it a paru. le groupe des disciples de
Brusmann qui s attachait à poser, à la suite de F. de Saus-
sure, la théorie du vocalisme indo-européen, était dans toute
sa force. Les disciples de brugmann publiaient ces manuels,
encore bien nourris de faits à la manière allemande, mais
limpides et ordonnés, qui ont beaucoup fait pour éclaircir
les idées sur la grammaire comparée, et auxquels on ne
t:~
COMPTES RENDUS

saurait reprocher d'avoir cristallise les théories car ils


ont été renouvelés quand il le fallait. Le manuel du germa-
nique commun de W. Streitberg avait été comme un rayon
de lumière en un domaine qui était resté sans assez de
fenêtres sur le dehors les faits germaniques apparaissaient
dans leur ordre, et bien situés parmi les faits indo-euro-
péens. J'ai eu, en son temps, de la joie à le lire. Car il
unissait l'exactitude à la clarté. Mais, comme il arrive à
nombre de linguistes, Streitberg est devenu de moins en
moins théoricien et, tandis qu'il donnait de son admirable
manuel de gotique des éditions successives qu'il ne cessait
d'enrichir, il ne se décidait pas à donner du manuel du
germanique commun une nouvelle édition. Il est mort sans
l'avoir donnée. Le plus germaniste des membres du groupe,
Michels, qui aurait pu procurer cette édition après la mort
de Streitberg, est mort à son tour. Il n'y avait pour
reprendre le travail que M. Hirt, qui est demeuré théori-
cien. Mais M. Hirt est. par cela même, trop personnel
pour reprendre un livre d'autrui. Il s'est inspiré de l'ou-
vrage de Streitberg, dont le plan était bon. Mais il a écrit
un livre nouveau qui est bien un livre de M. Hirt. En voici
la première partie. On y trouve à plein ses brillantes qua-
lités. au minimum ses défauts.
Comparatiste né, M. Hirt est du nombre, plus petit qu'on
ne croit, des linguistes qui se rendent compte de ce qu'est
le développement des langues, et du nombre, également
petit, de ceux qui osent prendre des partis nets. Il sait faire
le départ entre le germanique commun et les développe-
ments parallèles postérieurs des parlers germaniques son
~20 où il ne faut pas négliger la note au bas de la p. la
exprime une vérité capitale. Il sait dire que les innova-
tions du germanique supposent que le germanique est la
langue d'un peuple où il y a une forte part d'éléments
allogènes personne ne s'exprime plus fermement sur la
question du substrat. Il sait marquer le parallélisme entre
les innovations du germanique et celles du celtique (il a
seulement tort de ne considérer que l'irlandais il faut tenir
compte du brittonique, qui offre d'autres nuances, mais ne
t38
H.HtRT

contredit pas à la thèse g-énérale). I! sait formuler avec


rigueur que le ton de l'indo-européen commun consistait en
une élévation de la voix peu importe qu'il envisage, de
façon chimérique, des périodes pré-indo-européennes où il
v aurait eu un acceni d'intensité. Ce théoricien a le sens de
la réalité, et il n'en noie pas les contours dans des demi-
lumières troubles.
On n'ignore d'ailleurs pas qu'il expose bien et qu'il sait,
à propos, faire comprendre le passé en évoquant un fait
actuel. On n'ignore pas non plus qu'il est plein d'idées. et
qu'il est toujours suggestif.
Bien entendu, il faut, comme d'habitude. le lire avec cri-
tique. On n'entrera pas ici dans le détail des discussions.
M. Hirt apprend peu des autres: il tien! encore, p. 86, au
rapprochement de skr. jo/'o~- avec g'r. T:x0xy:-<: alors que
gr. -=-x6:c montre que ~Xx6~ est de la famille de
'K~M. Est-il utile de le lui redire ? Et combien faut-il de
temps pour qu'un rapprochement faux disparaisse de la mé-
moire des comparatistes '? Pourquoi pose-t-il le sigDe de
l'identité entre des formes qui ne sont pas superposables?
H n'est pas vrai que got. ~M~ et sîbun répondent à gr.
::y.x et ~2 le -MMa-otiquf- suppose *-M~, tandis qu'il n'y a
pas de raison de douter que gr. ~x et ~xrépondent à skr.
<M('a..M/9/M. à lat. e~cc/M: A'e/~?/! les formes gotiques
n'étaient donc pas immédiatement utilisables p. 2i9. On est
plus surpris encore de voir que v. h. a. MM~a = g'r. '/j::
la forme allemande est refaite. On ne parlera pas des
menus détails des faits. toujours imprécis chez M. Hirt,
ainsi, dans cette même pasr-. lat. e</Mca/~(ainsi écrit) à côté
de/)i''pM/'x'(ainsi écrit). II faut vérifier chacun des faits cités.
et c est as'açant.
On ne s'arrêtera que sur quelques points qui ont de la
portée.
Au 60. p. 91 et sui\ M. Hirt maintient la doctrine
suivant laquelle des groupes consistant en occlusive quel-
conque plus ?/ auraient abouti en germanique a des occlu-
sives sourdes. L'idée est manifestement fausse. La dispari-
tion de /? dans groupes est sans analogue en germanique
\)-
COMPTES RE~DL'S

l'assourdissement des anciennes sonores aspirées, égale-


ment. Du reste, il n'y a pas un cas où les formes germa-
niques à géminée répondent à un ancien groupe en Md'une
manière évidente toutes les formes supposées sont arbi-
traires, à commencer par l'exemple classique de v. h. a.
~°cA'<~ car *?!a- ne saurait être ancien dans une racine
monosyllabique, et gr. /suM ne l'indique pas. M. Hirt
admet que les groupes occlusives plus n auraient après le
ton le traitement normal des occlusives, et que le passage
a la géminée aurait lieu seulement après une atone mais
il n'y a pas un exemple où ce contraste soit établi en fait;
l'hypothèse est arbitraire. On ne voit pas pourquoi M. Hirt
écarte l'idée qu'il s'agit d'anciennes géminées ayant un
caractère expressif il n'en donne aucune raison. C'est, au
point de vue théorique, un des points ou le livre satisfait
le moins.
P. i5S, § 94. En ce qui concerne l'accent germanique
sur l'initiale, les deux hypothèses possibles ne sont pas for-
mulées nettement l'une est la création d'un accent sur
l'initiale indépendant du ton ancien, l'autre un changement
du ton ancien suivi de fixation sur l'initiale de l'accent ainsi
obtenu. L'argument qui est invoqué contre une véritable
création de l'accent initial ne convainc pas. Le fait que
1 accentporte sur le verbe, et non sur le préverbe, ne prouve
'[u une chose c'est que, en germanique commun, le pré-
verbe et le verbe n'étaient pas fondus en un mot un des
faits gotiques connus en apportent la preuve dès lors le
caractère inaccentué des préverbes montre seulement que
c'étaient des mots accessoires, comme l'indique en effet
ensembledes faits indo-européens. Il aurait convenu de
rappeler les faits irlandais l'accent y tombe, suivant les
cas. sur le verbe ou sur le préverbe, et l'on voit ainsi que,
suivant que le préverbe formait anciennement un mot un
avec le verbe ou qu'il était autonome, l'accent frappe ou le
préverbe ou le verbe. Le contraste entre got. a~e~e~ et
H/!e~p~o?t,signalé 89, 2, p. iiS. montre que le traite-
ment de anda dans ûMo~'e~Mest celui d'un mot autonome.
Quant aux accentuations M~, !'??!<! qu'on trouve chez Otfrid
~.u
A. G. \'A~ HANEL

et dont on peut se demander si elles étaient constantes


dans tous les parlers allemands anciens elles figurent
dans 'tes mots accessoires <*t ne prouvent rien pour les
mots principaux. H semble que, comme le caractère
propre de l'initiale latine. l'accent sur l'initiale en ger-
manique et gaélique provienne d'une véritable création,
sans rapport direct avec te ton indo-européen. Cet accent
initial n'atteint pas les mots accessoires. II a eu pour résul-
tat que, dans les verbes germaniques, 1 étément radical
porte l'accent; et ce fait a eu pour le développement ultérieur
du germanique de grandes conséquences. Mais cette inno-
vation qui concerne le sens ne résulte de l'accentuation
initiale que secondairement et n'est pas intervenue dans la
création du procédé. Les formes nominales, ou l'accent ne
porte souvent pas sur un élément radical, même en germa-
nique le montrent assez.
L'explication de skr. aprM par un ancien *~o~f/)aA'M.
qui est donnée p. 3i2 n'est pas vraisemblable en elle-même:
les mots indo-européens avaient trop d'autonomie pour
subir de pareilles mutilations que le jeu de la flexion
suffirait à rendre difficiles. Mais lit. <:?&'o'ra,qui n'est pas
neutre; aurait du être cité: et le tokb. A ~'<ïr « larmes a
est aussi féminin (v. Schulze-Sieg-Siegling, 7"6~. § 8,
p. 6), ce qui montre que lit. ~crc, dont le genre concorde
avec celui du lat. /Nc~7?!<7.etc., n'est pas récent. C'est le d-
initial du gr. cxy. got. ~c~y qui est un élément prénxé.
A. M.

A. G. van HAMEL. 6r'o~c/! /~anf/~oeA', t~veede druk.


Haarlem (Tjecnk ~VUlinf-;), 193L in-8, xix-283 p. et
1 planche.

Le manuel de gotique (le M. van Hamei; qui fait partie


de la collection hollandaise de manuels germaniques, arrive
à sa seconde édition. Il est clair et Lien ordonné. Et, par
le fait que l'auteur situe les faits gotiques dans le deveiop-
i~l
COMPTES RENDUS

pemcnt du germanique, et ne se place pas seulement au


point de vue gotique, il répond aux besoins de la plupart
(les étudiants.
Sans doute. dans un manuel assez court et où il a fallu
sacrifier nombre de détails, aurait-il mieux valu ne pas
insister sur l'accent ici, le gotique n'enseigne rien, et
l'on ne peut faire que des hypothèses et, en revanche,
marquer plus explicitement entre autres faits caractéristi-
ques la survivance du duel, qui est instructive pour l'en-
semble du germanique. Les nuances d' « aspect x signa-
it'-es p. 199 et suiv. n'ont pas le caractère de faits de
morphologie c'est fausser le plan de la langue que de
mettre à un même niveau en gotique le passif, l'oppo-
sition du temps et J'aspect. De même, p. 184-185, il ne
faudrait pas mettre à un même njveau les « préJSxes )) et
les sumxcs que, dans le verbe, emploie le gotique ce sont
(tes éléments d'origine différente et. dont, en gotique, le
caractère est demeuré distinct. Onremarquera au contraire
pour s'y associer les remarques présentées p. xi sur
l'usage qu'a fait Solmsen des hypothèses de M. Sievers.
A. M.

Fr. KLUGE. ~M!0/O~Me/ H'ô'McA der f~Mi~C~S?!


~sracAc. 11 Auflage;mitUnterstutzung durchW. KRAUSE;
bearbeitet von A. GôTZE.Lief. i-3 (A ~e~M<7).
Ueriin-Leipzig (\V. de Gruyter), 1930-1931, In-8, 240 p.

Ce dictionnaire a rendu des services éminents. Au moment


ou il ~;nparaît, après la mort de l'auteur, une nouvelle édi-
tion procurée par d'autres savants, il convient de rendre
hommage au linguiste qui a fait œuvre si utile et dont
chacun doit se sentir l'oblis~.
Le livre avaitses faiblesses. Aveugle depuis 1902, l'auteur
n'avait pu le tanir au courant autanjL(]u'IIl'aurait souhaite.
Mais il avait un mérite capital Kluge avait l'esprit histo-
rique. ctson livre donnait, dans la mesure ou le permettaient
t42
JOSTTR)ER

la brièveté des articles et 1 état des connaissances, une véri-


table histoire (les mots. Grâce à la position de l'allemand.
c'est un manuel de l'histoire du vocabulaire européen que
Kluge avait traité avec un remarquable sens du réel.
Les articles sur les motsempruntës à datehistoriqucsont,
dans la nouvelle édition, précis et fondes sur des faits
positifs. Des articles comme T'a/j.-M~~ ou /o/~e/ sont
excellents.
Quant aux mots anciens. l'auteur de la revision a un
faible pour les explications par des racines. Or c'est une pué-
rilité que d'expliquer v. h. a. y~M/par une racine *~AM-
visiblement, le mot est l'un de ces emprunts, de nature
politique et juridique que le vieux germanique a faits au
celtique, et dont r<A'- est le plus remarquable le mot est
celtique commun irl. //< Et, dans ce dictionnaire de
l'allemand moderne, il est inutile de chercher si aclise et
ac/My appartiennent à la racine de v. isl. aA'c, lat. <xye?*c.
Dans un article sur ail. ye~e~, on peut se dispenser de
parler de got. !</f//a, etc. Ce qui est dit est plein d'erreurs
lit. y~/M se distingue de cw:; par le sens autant que par la
forme et 1 de ce mot lituanien doit reposer sur un ancien
M un ancien aurait donne K.
A. M.

Jost TRIER. Z~e~'</eM~<e n'o~c/<a~ ~??y~c~


des ~'e~~Mf/M. Die C~'c/~c/ CM!e~~yMcA/zc/te/e/f/c~.
Band L t'o~t der ~4.ff?~en bis rM~ ~e~M des
7~' .<w:f/e/ Hcidelberg (Winter), !93i. in-8,
[)v-]347 p. (Germanische Bibliotttek, Il, H)).

!1 y a dans le sous-titre un terme technique à noter,


celui de « champ linguistique x. L'auteur en défend Fusa~o.
dans son introduction, par de bonnes raisons, et le terme
dit bien en en'et ce qu'il veut dire. Par ceci que la valeur
des mots consiste en oppositions, on ne peut la déterminer
qu'en examinant les mots qui figurent dans un même
i43
COMPTES REKDUS

Mchamp M.Le « champ » choisi par l'auteur est d'un vit


intérêt: c'est celui des mots qui se rapportent à l'action de
l'intelligence.
Si M. Trier avait voulu donner des mots qu'il étudiait
une explication approfondie.. il aurait rencontré de grandes
difïicultés. Au moment où on le rencontre dans les plus
anciens textes, le vocabulaire allemand résulte de la ren-
contre de deux traditions une tradition indigène et le latin
de l'église. Mais les premiers textes sont chrétiens et pro-
viennent de monastères sur la tradition indigène, on n'a
aucun témoignage direct, et l'on ne peut s'en faire une idée
que par la comparaison avec les autres langues germa-
niques. On n'a donc pas les moyens de voir exactement
comment s'est constitué le vocabulaire étudié. Aussi
M. Trier a-t-il décrit plutôt qu'expliqué. II énumere les faits
qu'il a rencontrés dans les divers textes et il les analyse.
Comme les centres d'où viennent les textes du vieux haut
allemand sont divers et, en une large mesure, indépen-
dants les uns des autres, la description n'aboutit pas à un
tableau d'ensemble. On assiste à des recherches indivi-
duelles, et à cet és'ard, les observations de M. Trier sont
précieuses.
L'inconvénient du plan adopté est qu'il exclut l'histoire
particulière de chaque mot. Par exemple:pour arrivera tirer
du livre l'histoire de & il faut le parcourir d'un bout à
1 autre.
Pour un mot tel que /ey'/tMme~, il y aurait eu lieu
d'examiner l'influence du latin /c'MMH rappelle de près
tr. coMM'rcM~e M. Trier se borne à constater, p. 68 n.
que le sens intellectuel de /me?: est propre à l'allemand
c'est significatif. Et, d'autre part, est-il fortuit que rede soit
).t traduction de ?'<x~?
M. Trier fournit de bons matériaux. Mais l'histoire des
mots étudiés n'est pas faite pour cela.
A. M.

!A4
H. MOJMtR GEORGE 0. CL'MIE

H. MojMtR. ï~'o~e?~Mc/<</p~c~M~c/;e~J/M~f/o?'~~o??
Erster TeiL A-R. hearbeitet von Adam
ït~Ya'yM~M~fce.
K.LECKOWSKI.Cracovie (Gebethner). in-8, xxm-355 p.
(/~o~A'o ~A'e</(?M!/<7t<e/e//ïo.~cz. /~?'û'ce ~'o??!
~r.o~p; 18, 1).

Le parler de Wilamowice est une enclave allemande en


Potognc, près de Cracovie. ~1.K)eczko\vski en a dujù donné
la description et montré que le parler appartient au type
siiésien. Il édite maintenant un lexique de ce parler qu'a
préparé un médecin exerçant dans le pays. Ce lexique est
riche, précis, et il renferme un grand nombre de phrases
qui. en même temps que du parler, donnent une idée de la
mentalité des g-ens. L'auteur de ce lexique est mort. et la
fin du manuscrit est perdue. Mais. grâce à des notes
conservées et à d'autres moyens, la Im sera restituée. On
aura ainsi au complet un document précieux.
A. M.

George U. CurojE. 6'ï~ Boston, New-York, etc.


(Heath), 1931. in-8, xv-616 p. (A Grammar of the english
Ianguage,!tt).

M. Curme n'a pas prétendu; dans cet unique volume,


exposer le détail d'une langue aussi complexe que l'anglais,
et qui comporte tant de particularités idiomatiques. Son
objet est d'en faire apparaître les traits généraux, la struc-
ture d ensemble, tels qu'on les peut observer chez les gens
cultivés de langue anglaise. en Amérique comme en Europe.
Le livre est clair et propre en effet à montrer ce qu est l'an-
glais d'aujourd'hui.
M. Curme a le mérite de ne pas chercher l'originalité
facile qu'on obtient par des innovations singulières. Mopère
avec les catégories connues. Le trait particulier de son
exposé est qu'il commence par une analyse méthodique de
145
'iC
b
COMPTRS
HRKRUS
la phrase, et qu'il étudie ensuite la valeur des différentes
formes grammaticales que possède l'anglais.
Il ne se lie du reste pas à un système rigide. Tantôt il
opère avec des procédés linguistiques dont il décrit l'emploi
tantôt avec des notions dont il indique les divers moyens
d'expression en anglais. Son objet est de décrire mais
sans cesse il se réfère au passé de la langue, et, quand il
s'agit des emplois de noms dans la phrase, il part des
anciens cas accusatif, datif, génitif, et c'est sous le nom
de ces cas qu'il expose les emplois.
Cette souplesse rend la rédaction facile. Mais elle offre
l'inconvénient de ne pas faire apparaître avec des lignes
nettes le système de la langue. Par exemple, le titre Old
simple !M!~e/'<x~:be/b/'M oriente mal le lecteur; peu importe
d'où sort la forme moderne le fait est que le commande-
ment est exprimé par la forme qui sert à la fois d'infinitif
et d'indicatif présent (sauf à la 3° personne du singulier) et
qui est le radical des autres formes ce fait est intéressant
pour la linguistique générale et caractérise la structure
actuelle de la langue précédé de don't, la même forme
sert pour la prohibition. Il importe avant tout de ne pas
noyer ce trait essentiel dans des détails accessoires.
Par exemple, il vaut la peine de noter que la forme ainsi
définie peut servir à exprimer un vœu. Mais cela ne change
rien ni à sa nature ni à sa valeur le vœu est un comman-
dement adressé aux faits pour signifier que les choses
doivent se passer de la manière Indiquée. Il y a ici un pro-
''édé de « style M(en employant le terme de « style »
comme M. Bally), non un fait de grammaire.
Cette forme qui sert à commander offre une faiblesse
un commandement s'adresse à quelqu'un or, ni par elle-
même, ni par opposition, elle ne comporte indication de la
personne à qui s'adresse l'ordre. C'est ce qui a conduit à
employer la forme qui sert à indiquer la 2~ personne, mais
en insistant sur you. Ici encore, procédé de style plutôt que
forme grammaticale. Et il en va de même des autres pro-
cédés que signale M. Curme, p. 432 et suiv.
Le chapitre du genre se compose d'éléments hétéroclites.
t4G
SVA:\t!ERG

M. Curme y marque, bien entendu, le fait connu que,


en anglais, l'opposition des genres est exprimée seulement
par le pronom personnel et l'adjectif possessif; mais il ne
fait pas assez ressortir l'originalité du procédé. Puisque,
dans un ouvrage descriptif; il ne se refuse pas à invoquer
l'histoire, il aurait valu la peine de souligner plus qu'il ne
afait p. 555 1 explication de l'emploi de he pour les noms
de fleuves, de lacs, de montagnes, et aussi de vices, de
.<~c pour les noms de vertus et de bateaux le genre des
noms français correspondants (lire fr. /!6' et non M:'e/")a
été reproduit par les sujets au temps où beaucoup étaient
bilingues cette action du bilinguisme donne lieu de
penser que, dans la structure de l'anglais, le français a été
pour beaucoup.
A. M.

hVA~BERG (Nils). –~M~e~s~a~'e~ teori. T~~M/M OC/<


/;Mi'o/'M/t'a' <<cy. Thèse publiée dans l'AnM/y' de
l'Université d'Upsal. Uppsala (Lundequist), 1930. ïn-8,
xxm et 252 p.

Le livre (le M. Svanberg consiste en une revue critique


de certaines des vues dont ont été l'objet plusieurs des
problèmes fondamentaux de la linguistique. Il est composé
de trois chapitres le style et la langue, la forme gramma-
ttcate, la phrase. L'auteur discute les idées d'un très grand
nombre de savants. On y trouvera étudiées les vues de
grammairiens c( de linguistes de toutes les époques à partir
de J antiquité. des anciens grammairiens français, deHum-
boidt jusqu'à MM. Croce et Humboidt et d'autres autorités
contemporaines. D'anciens grammairiens scandinaves y
sont aussi représentés, mais l'auteur n'a pas cherché à être
complet. Ses vues personnelles ne se dégagent pas toujours
très nettement il s'associe, cependant, notammcntàH. Paul
t'n soutenant le caractère historique de la linguistique. Une
en'mmairc vraim'nt générale ne serait pas possible. On
)47–
COMPTES RENDUS

peut dinérer d'opinion avec l'auteur, mais on lit son exposé


avec intérêt et,profit.
Alf SOMMERFELT.
Alf SOM.~IERFEL'r.

ô~~o~ce Osloenses. Ediderunt S. Eitrem et Gunnar


Rudberg. IX. Osloae (Some), MCMXXX. In-8, lli p.

Ce fascicule est presque entièrement consacré à des


questions philologiques, archéologiques, historiques et
numismatiques. M. Fridrichsen résume la discussion dont
a été l'objet pendant les dernières années l'Sp-=: M'.sj?t=:.Il
conclut que dans epioiisios « wahrscheinlich die volkstum-
liche Bezeichnung fur ein kleines, bescheidenes Quantum
(" Ration ») steckt. Die sprachlichen Grundiagen aber und
die semasiologische Entwicklung bleiben eine ofïene
Frage ». Seuls des documents nouveaux pourront éclaircir
le problème.
Alf SOMMERFELT.
Alf SOM.)IERFELT.

.Se~a ~M~cr~M~ Ediderunt H. Holst et H. Marland.


Osloae (Brogger), MCMXXXI. In-8, 87 p.

Ce volume de mélanges est dédié à l'excellent philologue


M. Gunnar Rudberg, qui, avec son collègue M. Eitrem. a
renouvelé en Norvège les études de philologie classique.
On y trouvera quelques contributions de caractère linguis-
tique. M. Leiv Amundsen signale et explique une prépo-
sition jusqu'ici inconnue: ~j~xpx; qui apparaît au numéro233
de l'édition des Ostraca de Earanis que prépare M. Amund-
sen. La préposition ~xps a été modifiée par yuv et le déve-
loppement semble avoir été influencé par les composés
verbaux en cu~xpx-. M. R. Ullmann étudie le caractère
des clausules dans les discours de Tacite. On trouve,
d'après M. Ullmann, une tendance spondaïque-daetyliqueet
H8
SKARD (EtUY)

trochaïque-crétiquf en même temps dans les clausules des


discours et dans la prose non rythmée. Le tait s'explique
donc par le caractère rythmique de la langue latine.
M. E..Molland étudie et :0sv en tant que particules de
liaison.
Dans un intéressant article Some Oo~e~a~o~M on the
~<o??.o~ o/nc/eM~ 6'~ee~' Z)«x~ M. E. Smith s'efforce
d expliquer un certain nombre de changements phoné-
tiques grecs, notamment la chute de M' et de et change-
ments connexes, par une tendance générale du grec à
ouvrir les syllabes, tendance qu'on peut observer jusqu'à
l'époque moderne. M. Smith, qui se fonde sur la théorie
syllabique de M. Grammont. parle de voyelles à tension
croissante et décroissante. D'après M. Grammont, cepen-
dant, les voyelles connaissent seulement la tension décrois-
sante.
Parmi les contributions philologiques un linguiste remar-
quera surtout les notes de 31. Eitrem sur des passages de
papyrus et sur les /~?<7p d'Aristophane (103 et sui\), de
M. OEstby sur Sophocle. Oed. Co/ t452 et suiv., sur
Dérnosthène, jP/~7., IM, i8 et surQuintilien, //M/. or., X,
). G. de M. Thomas sur Tite Live, XXi. 18, 13.
Alf SOMMERFELT.

SKAUu(Eiliv). ~a/e/ ~~0~7 A'o~M~~ae (Dans les


.S7~<e/' de l'Académie d'Oslo, !L 1930. no. 3). Oslo
(Dyb~vad). 1930. tn-8. 86 p.

//M~o~c -o/'tfey/ae est le titre d un ouvrage anonyme,


écrit en latin, trouvé en 1849 en Ecosse par P. A. Muncii.
M date. à ce qu'il semble, de la dernière moitié du xn" siècle
et l'auteur de l'ouvrage était probablement originaire de
l'Opland (Norvège de l'Est). M. Skard examine les carac-
tères linguistiques de cet ouvrage, œuvre difficile puisqu'on
possède peu de points de comparaison. L auteur de l'ou-
i4i)
COMPTES RENDUS

vrase a dû étudier à l'étranger où il a appris son style


f]euri. Il a été influencé par la langue de laVuigate et par
des auteurs contemporains, tandis qu'il ne semble pas avoir
connu les auteurs classiques. On ne peut pas déterminer
plus précisément les modèles qu'il a suivis.
M. Skard a découvert,une source de l'ouvrage inconnue
jusqu'ici, l'écrit géographique d'Honorius Augustodunensis.
L'auteur de la ~M~o?'a ~VoyweyM'een copie des passages
entiers.
On regrettera que l'ouvrage consciencieux de M. Skard
soit écrit en norvégien. Une étude qui intéressera tous les
spécialistes du latin du moyen âge devrait être rédigée dans
une des langues principales.
Alf SOMMERFELT.

BUNKENBERG (A.) et THIELE(M.). Z~aM~ra?!~ 0/*6~0~.


Fascicules 2-3 (p. 81-240). Copenhague (Hagerup), 1931.
In-8 (Cf. ~7~, XXXI, no. 94, p. 184).

Ces fascicules, qui ont les mêmes excellentes qualités


que le premier, vont de ~'û'/ve-/b~! jusqu'à e~~M~o~e~T*.
Sur la couverture du troisième fascicule apparaît le nom
d'une collaboratrice nouvelle, celui de M°" C. Thierry.
Alf SOMMERFELT.

K.ARSTEK (T. E.). De fôrsta germanerna (Extrait de


.F!?; ,MspMi?!, 1930). Uppsala (Lundequist), 1930.
In-8. 30 p.

Réponse détaillée aux critiques de M. Nordiing (cf. ~M/-


letin, n" 94, p. 178). M. Karsten trouve l'occasion de
réfuter la prétention absurde que l'hypothèse par laquelle
M. Meillet explique la mutation consonantique du germa-
nique. serait inspirée par un point de vue germanophobe.
~o0
)tAM;UARSTR~M(.'U.)F:'r KAHS'n:\ (')'. ;)

))cs linguistes allemands comme Brugrnann et MM. Hirt


et Kauffmann ont exposé des idées analogues.
Atf St~MERFELT.

HA.MMARSTRÔM (M.) et K.ARSTE;(T. E.). ZM den ~<~P-


/MM</6'Me~ /~MMeK~c~r/<e7! aus f/ey Unterweser (Societas
Scientiarum Fennica, Commentationes Humanarum
Litterarum. !i!. 5). Hc'Isingfors-Leipzig (Harrassowitz),
1930. In-8, 12 p. (Cf. Bulletin, XXXI, n° 94, p. 180).

M. tiarurnarstrorii maintient, vis-à-vis de M. S. AgreU,


l'interprétation des inscriptions runiques de la Weser.
M. Agreli avait proposé de lire s, et les signes que
AI. Karsten avait lus s et ?ïM, et de lire la ligne du
milieu dp la troisième inscription de droite à gauche. Il
était abouti au résultat suivant qu il croyait être une
inscription gotique
/<7/0~? /<a~!
<?/. !~«.y
/<~<
et
/O.MWher.

Le dessin de navire représente un navire romain et


M. Hammarstrum suppos< que l'inscription est une incan-
tation contre un navire ennemi romain. Les caractères de ce
dessin rendent probable l'authenticité des inscriptions. Mais
d'autre part, la façon dont on a trouvé, dans des endroits
différents et à de brefs intervalles, toute une série d'objets
faisant partie d'un ensemble, est suspecte. Dans ces cir-
constances, le nn de CMM/ peut être considéré comme un
indice contre l'authenticité.
M. Karsten, par contre, est persuadé de l'authenticité. IJ
se demande si le dessin ne représente pas un type de navire
que les Germains avaient emprunté aux Romains ft sou-
ia)
COMPTES REXDUS

tient, d'autre rien ne à une date de 3SO-


part. que s'oppose
400 J.-C. les
après pour inscriptions.
Alf SoMMERFELT.

JAConsEX (Lis). /Vye~M~e/b~A'M~er. Soborg. Tornby.


7?~u/</p. C/auK~Mp. Copenhague (Levin et Munks-
gaard), 1931. Grand in-8, J p. et 8 pl.

Dans cette plaquette, M" Jacobsen nous annonce


d'abord qu'elle projette de publier une nouvelle édition de
toutes les inscriptions runiques danoises, 800 environ, édi-
tion qui profitera des nouvelles méthodes de lecture et de
reproduction qu'elle a inaugurées et qui sera nnancée par
la Fondation Carlsberg. Elle nous communique ensuite des
corrections à quatre inscriptions. dues à son collaborateur
M. E. Moltke. L'inscription de Sohorg doit être lue ~BH
/<p « le premier » et non pas ~<B~/(o'~6?) V~c? « la
belle Yrsa » que Wimmer y avait cru voir. L'inscription de
l'église de Tornby, due à un Norvégien, que M"" Jacobsen
avait lue « Thorstœin Brœidi écrit ces runes les jours de
la Pentecôte, (il s'était) baucoup amusé là le matin avec
Jeanne M.doit être interprétée différemment. M" Jacobsen
avait cru voir ioanom qui serait un datif incorrect de
Johanna. De son côté, M. Marius Kristensen avait lu
«Mo~i. dat. pl. du mot poétique ~'d?*« cheval ». Il faut pour-
tant lire tonom, de ~dm « ton, mélodie, chant M.C'estdonc
une inscription pieuse et. comme le remarque spirituelle-
ment M"" Jacobsen, le bon renom de mon compatriote a
été rétabli.
L'inscription de Ravnkilde ne contient pas un nom ~M~
que l'on croyait être ~yr! mais s~M~, nom de femme
qui serait .-l~M~, J~o~ en orthographe ordinaire.
Eniin. dans l'inscription de Glavndrup, M. Moltke a pu
lire quatre runes nouvelles La partie qui en était dou-
teuse jusqu'ici est donc ~M/? ala ~aM/:<o/)'M~ MM
/«MpMM!~<M ~'a~M « après A11ISoivi yof/p (« prêtre ») des
152
THOBSEN (P. K.) SEIJMER (E. W.)

sanctuaires, chef distingue de la garde militaire a. On voit


donc qu'aussi en Scandinavie le mot j~H a pu signifier
« chef )). sens connu de l'anglo-saxon. Et l'inscription pos-
sède un grand intérêt, historique, car elle nous montre
qu'au Danemark, aux environs de 900, le pouvoir temporel
et spirituel était détenu par la même personne.
Alf SOMMERFELT.

THORSEN(P. K.). j4/7M/!o7: o~ ~eue. lit. Copen-


hague (Schanbergske For'lag), 1930. tn-8, xxxix et 352 p.
(Cf. ~;<?, XXX!, n°9~ p. 186).

Voici le troisième volume des écrits de P. K. Thorsen


contenant sa correspondance privée. On y trouvera une
biographie de Thorsen par M. M. Kristensen et une intro-
duction à la correspondance, due à la plume de M. Bvskov
qui a reçu lui-même la majorité des lettres publiées.
La correspondance jette une vive lumière sur la person-
nalité de Thorsen, sur ses qualités et ses défauts et aussi sur
le milieu scientifique danois. Les lettres sont souvent amu-
santes. pleines de défiance pour la science officielle. On est
heureux de les posséder, car elles nous permettront, du
moins dans une certaine mesure, de déterminer le rôle de
Thorsen dans le développement de la linguistique danoise.
Alf SOMMERFELT.

5ELMER(E. W.). ~poA'OjOe und ~Wt'M?~/?C.K. jEV~C


</<eo~6~Me~pjE'.x/3e/~e/&~6~' t!M/' G'~M~a''der o&7?!-
disclten ~LA're/<?/*Aa/~ï~e (Dans les ~t'er de l'Aca-
démie d'Oslo, t!, 1930, n-' 10). Oslo (Dyhwad), 1930.
tn-8, 149 p.

M. Selmer continue ici ses intéressantes études sur les


intonations Scandinaves. Cette fois, il a collaboré avec

i53
COMPTES REXUUS

M. Lindroth qui a entrepris une grande étude sur le parler


de l'ile d'Oland (cf. 0/aK~ /b/~a/, T, Goteborg, 1926),
avant étudié l'intonation du parler au moyen d'instruments
phonétiques. M. Selmcr nous donne d'abord des chapitres
d'introduction dans lesquels il discute des travaux anté-
rieurs intéressant le problème qui l'occupe, notamment
ceux de MM. Ekblom, Chiumsky et A. Schmitt et. les
ouvrages consacrés à l'intonation scandinave. De son côté,
M. Selmer examine l'intonation du point de vue musical,
en supposant qu'il y a parallélisme entre le facteur dyna-
mique et le facteur musical.
M. Selmer arrive aux résultats suivants
L'accent aigu (le « ton simple ») connait la descente et la
montée, mais la première n'a pas l'importance de la seconde.
La phase la plus importante de l'aigu est la montée.
L'accent grave (le « ton double ))) est également carac-
térisé par une montée et une descente. La montée s'étend
jusqu'à la syllabe suivante et culmine en un sommet dyna-
mique secondaire. L'opposition entre les deux accents est
donc moins nette que dans d'autres parlers scandinaves.
L'accent circonflexe, dont la structure varie suivant les
cas et qui apparait sur des monosyllabes provenant d'an-
ciens bisyllabes, est caractérisé par une descente et une
montée, mais il a une étendue tonale moins grande que les
deux autres accents. L'accent circonflexe est d'origine nette-
ment secondaire et conserve encore des caractères du type
dont il est surgi.
Ce qui manque chez M. Selmer, ce sont des renseigne-
ments sur le rôle phonologique de l'intonation du parler
étudié. De tels renseignements sont nécessaires si l'on veut
comparer utilement les différentes intonations scandinaves.
Alf SOMMERFELT.

-1S4-
BROKDUM-XIELSE~ (JOHS.) RE)TAK (J.)

BRO:Dr:U-N[I:LSEX(,)ohs.). 6'~ ~~A/~M!9~0~/0~yM


<?y tilblivelse (Dissertation-programme public par l'Uni-
versité de Copenhague a 1 occasion du 60'* anniversaire
du roi Christian X). Copenhague (Imprimerie Bianco
Luno), MCMXXX. In-8, 97 p.

L'ouvrage de M. Brondum-Nielsen est une étude détaillée


de la chronique rimée danoise. Après avoir examiné le
caractère littéraire et linguistique du texte, l'auteur arrive
au résultat que le texte remonte à plusieurs auteurs, proba-
blement a une série de moines de Soro. Le texte date de la
dernière moitié du xv" siècle il est donc postérieur à la
petite chronique rimée suédoise. Il se peut, cependant.
qu'une petite partie de la chronique danoise soit antérieure
à cette dernière. ayant fourni le point de départ des deux
chroniques.
Alf SûMMERFELT

REn'AK(J.). ~*e/<'<«;</e/. J/c<~o/j/yA'?!e/' o/~ c//f/re


/</<7&Z'e M?a/ (Publié par l'Académie d Oslo). Oslo
(Dybwad), 1930. In-8, lût p.

M. Reitan, qui s'est spécialisé dans l'étude des parlers de


Trondheim, est allé faire une enquête dans le Yemdal
(département de Hurjedal). M. Reitan nous donne une
description et un étude historique des systèmes phonolo-
gique et morphologique du parler de cet endroit en les
comparant, sur de nombreux points, avec ceux des parlers
voisins.
Le parler de Hârjedal est proche des parlers norvégiens
de l'autre côté de )a. frontière on sait que le H:);'jedal
n'est devenu suédois que par la paix de Bromsebro. en
1645, ayant appartenu, jusque-là, au pnvs de Trondhcim.
Maisi! présente aussi des traits importants qui le rapprochent
des parlers proprement suédois (p. ex. le développement de
155
COMPTES RENDUS

/?u en r. et non pas en /u comme dans les parlers norvé-


giens voisins, et certaines formes des pronoms personnels).
M. Reitan compare le parler étudié surtout avec les parlers
norvégiens de Trondelag. Il aurait fallu le mettre davantage
en rapport avec les parlers norvégiens de l'Est.
L'auteur s'efforcenon pas seulement de décrire le déve-
loppement phonologique, mais aussi de l'expliquer. Son livre
contient des remarques intéressantes et importantes pour
l'étude des parlers norvégiens(et suédois). Particulièrement
intéressantes sont les remarques sur les changements qu'a
subis le système vocalique norrois on ne pourra pourtant
pas se contenter de comparer les ditt'érentes voyelles du
système entre elles. Il faudra voir les changemen t aussi
en relation avec les changements de l'ancien système quan-
titatif.
Quelquefois la terminologie de l'auteur n'est pas très
heureuse. Pourquoi parler, p. ex. (p. 65), d'un 6~para-
sitique dans teiz'der (de ~w)? H est ici question d'une
segmentation des plus fréquentes d'un n. P. 78. Le S'norrois
suivant voyelle ne s'est pas « conservé » en Lilihardai du
moment qu'il est devenu d (par une espèce de différen-
ciation).
P. 78. le t de t'~o~MM~ « demain M,etc.: n'est proba-
blement pas dû seulement à l'influence d'adverbes comme
/s'<. etc. Il doit y avoir ici aussi un fait phonétique; une
segmentation qu'on connaît par d'autres parlers et d'autres
langues.
.M. Reitan a noté une forme ~MMM~?M pour l'ancien
~aMe~p:My, la ville de Trondelag au nom célèbre. Cette
forme montre que le n long de ce nom a pu être palatalisé
et constitue donc un appui pour la théorie de M. Seip
d'après laquelle la forme du nom dans le parler de la ville
~'OH~/cp~ serait le résultat d'une segmentation du n long
et palatal.
On est heureux de posséder l'étude de M. Reitan qui
contient beaucoup de renseignements d'intérêt pour l'étude
des parlers scandinaves.
Alf SOMMERFELT.

iS6
SOREtDE(LAUS)

SoRE)DE(Lars). .Vorf/o~</??m/p~(Norske maaafore, publié


par if Studentmaallag, Xïf). Oslo (Norli), 1930. In-8,
98p.

Cette étude s'occupe des parlers de Nordfjord, pays qui va


de Sunnfjord à Sunnmore dans la région au nord de
Bergen. L'auteur, qui fonde sa description sur le parler de
Gioppen, en v joignant des remarques sur les parlers envi-
ronnants, nous donne une phonétique, une morphologie,
des remarques sur l'ordre des mots et quelques textes. II
compare généralement les données actuelles à celles du
vieux norrois.
Le livre présente le caractère des autres travaux dialec-
tologiques publiés par le Studentmaallag. On n'y trouvera
donc pas de notation phonétique précise. mais l'on peut en
général se faire une idée des phonèmes par la description
qu'en donne l'auteur. Mais la transcription employée n'est
pas toujours systématique. Ainsi M. Soreide écrit, par
exemple, y (c'est-à-dire y ouvert) pour une voyelle qui est
un fermé (p. 23 et 25).
Quelques remarques de détail. P. S. Il ne faut pas dire
que l'accentuation (lu second terme des composés continue
un fait indo-européen. L'accentuation s-ermanique s'oppose
radicalement à l'accentuation indo-européenne. P. 60. L'o
de bon ne peut pis être comparé à de ~M?;du dano-nor-
végien commun, mais seulement a la forme de ce pronom
tel qu il est prononcé à Bergen. Dans le ?'Ka/ de i'Est la
voyelle de ce pronom est tout autre. P. 91. Le verLe ~ue
n est pas un emprunt au danois, mais au bas allemand.
peut-être par l'intermédiaire du suédois (cf. Seip. /~e~
.s'c/ 6~f6'e/~ p. 231 et suiv.).
L ouvrage de M. Soreide. qui est sans grandes prétentions.
est utile et rendra des services.
Alf So~MERFELT.

1-j-,
COMPTES RENDUS

Danske Folkemaal. Udgivet af Udvalg for Folkemaal.


Redigeret af Poul Andersen. 1-V, 3. fascicule. Copen-
hague, 1927-31. ïn-8. 2.50 couronnes danoises par
volume.

La commission pour l'étude des parlers danois a


commence-, en 1927, la publication d'une petite revue:
Da/M/fcFolkemaal qu'il faut signaler aux lecteurs du Bul-
letin. Elle est rédigé.epar le secrétaire de la commission,
Poul Andersen. La commission réunit des matériaux
intéressant les parlers danois. Onse sert aussi bien d'enquê-
teurs spéciaux que d'enquête par correspondance. De plus,
on entrepend des enregistrements phonographiques. La
revue de la commission a pour but de publier des études
consacrées aux parlers danois et à la civilisation populaire
du Danemark. On essaie d'intéresser le grand public à ces
études et s'efforce de lui rester compréhensible.
On trouvera dans les volumes parus bien des choses
intéressantes et plusieurs contributions d'une valeur gêné-
raie. Je signalerai des articles de MM. Brandum-KieIsen et
Marius Kristensen sur les parlers danois en général.
M. Péter Jorgensen publie une note sur ce qu'on a appelé
l' « oralisation » du stad, c'est-à-dire le développement de
consonnes occlusives du .sied, dans l'Ouest de Siesvig: et se
demande si le développement des occlusives en question
dans certains mots n'a pas eu lieu en même temps que le
développement du ~M/dans d'autres. Les mots à occlusives
nouvelles n'auraient donc pas connu le M. Knud
B. Jensen soutient, avec raison, qu'il ne faut pas expliquer
des particularités du parler du Sksvig par l'influence de
l'ancienne colonie suédoise qui y a été établie à l'âge des
Vikings. On trouvera dans le volume 4 deux articles sur des
questions de lexicologie géographique avec des cartes, l'un
par M. Svend Jespersen sur les noms de l'étable. l'autre par
M. Ole Widdingsurles dénominations du guéret.
Les fascicules 2-~ du volume 3 sont dédiés au linguiste
iS8
SEtf(D. A.)

danois bien connu. M. Marius Kristensen, à l'occasion de


son 60e anniversaire, en 1929.
AifSoMMERFELT.

SEIP (D. A.). T~o~a~/c~M bynavn. ~Mp og ~7/e~.


Oslo (Bruns Bokhandel. Trondhjem), 1931. In-8, 19 p.
txDREBO(G.). AY<~<X~O~y!<X??!?ÏP~
0~ 7"yO?!<<PM!Ma~Me~
i .Vo~<?y.~V~/e<~ŒyÂ'<2~' M?M&M<2??!/ïp~.Oslo (i\oregs
Muiiag), 1930.' In-8, 93 p. VAGsuo (E.). ~c/W!
/?a~/t'e ~~6!?M~~e:y~M~o~a~e~cM. Oslo (Noregs
Matlag), 1931. In-8, 14 p.

Les deux premières brochures résument les points de


vue des deux savants qui ont été le plus en vue dans la
lutte politique et scientifique autour du nom de la ville de
Trondheim. M. ïndrebo expose ses vues avec plus de détails
et maintient ses conclusions anciennes (cf. ,SM/ n" 91;
p. !78); son argumentation Iinguist)que garde le même
caractère simpliste. M. Seip résume son livre paru J'année
dernière (cf. ~;<ï. n" 9~ p. 19t) et répond aux critiques
qui lui ont été adressées. M. Vagslid soutient que, puisque
-Y/M-est emp)ové dans les documents judiciaires, ce nom
n a pas été seulement de caractère ecclésiastique. Son argu-
mentation porte un peu à côté. Ce que suppose M. Seip, c'est
que le nom est du à une action de l'église et il est donc
naturel qu'il soit entré dans l'administration de iavifiede
t.n'chevéché. Le fait qu'on trouve ;c/'dM' dans les
documents judiciaires n exclut pas la possibilité que ce nom
ait pu être peu courant dans le parler populaire.
Dans les élections au Sterling de l'automne dernier
(1930). la question du nom de )a ville a joué un certain
ruic. surtout en Trnndela~. Les partisans de Trondhjem
sont revenus plus nombreux qu'ils n'étaient au Storting
précédent, mais pas suffisamment nombreux pour réunir une
majorité de deux tiers. nécessaire si l'on veut changer une
ici en vigueur. Après des débats passionnés, on a iancé de
1 ,i9
COMPTES RENDUS

nouveau la forme archaïsante Trondheim qui était restée hors


de la discussion. Cette forme a été adoptée, les travaillistes
ayant reçu l'ordre de voter pour elle. Ce compromis était en
fait la seule solution possible de la diHIculté. Les habitants
de la ville de Trondheim l'ont acceptée, mais sans enthou-
siasme, et il en est de même de presque tous les partisans
de ~idaros. Il faut espérer que cela marquera la fin en Nor-
vège de tels débats, qui, quoiqu'ils soient instructifs et
amusants pour le linguiste, ont occupé trop de place
dans la vie politique norvégienne qui connait bien des pro-
blèmes autrement importants.
Alf SOMMERFELT.
Alf SOMUERFELT.

SoRUE(M.). Bergens ~M!ËM .<y~'aMM~O?'M/f under-


A'cA'g&e(Publié par la Société historique de Bergen).
Bergen (Imprimerie Beyer). 1931, In-8: 221 p.
On a prétendu que la forme actuelle du nom de la ville
de Bergen serait d'origine allemande, les Hanséates ayant
joué un grand rôle dans l'histoire de la ville, on le sait.
M. Sortie, qui a examiné la question à fond, arrive à la
conclusion que la forme du nom est duc à un développe-
ment norvégien.
Le nom remonte à l'époque préhistorique, étant composé
de ~c/ « mont, montagne », et vin & pâturage M (got.
?~'n/f/), mot sorti du vieux norrois littéraire. La majorité
des noms de ce type date, d'après M. Magnus Olsen. du
ir au tV siècle après J.-C. L'ancienne forme a dû être
"e/'Y<2-M'Mï/o qui est représentéepar~e/~u~, /(/<7?~/uM! dans
les plus anciens documents. D'autres formes sont j~/o~iwï
et /o/H qui apparaissent surtout dans l'Ouest et en
Islande. La dernière de ces deux formes domine dans les
documents islandais. On trouve enfin aussi ~?!'o~M~ et
jSc~/M~,toutes formes qui s'expliquent par le prototypee
*~er"c-M?m/'o.Au xn'" siècle apparaissent en Islande les
formes .S/~yuM, .B/a~ (l'n norrois se changeant en ~cn
islandais) et c'est .S/.07t/u!Mqui est devenu le nom littéraire
t6U
-OKUE(:M.)

et poétique de la ville et que les nationalistes en matière


linguistique veulent substituer au nom actuel.
Dans les plus anciens manuscrits norvégiens on trouve
les deux formes principales ~e~'u:~ et ~o~U!M. Jusqu'à
l'an 1320 M. Sortie a noté Z~n dans 24 documents,
7y<o?yuM dans 21. Après 1320 Biorgvin devient dominant
pour disparaître brusquement en 1375. C'est donc à l'époque
où les écoles de scribes avaient dégénéré après les terribles
ravages de la mort noire. A la fin du xiv~ siècle, c'est
Bergvin qui domine pour se maintenir jusque vers 1460.
On le trouve pour la dernière fois en 1529.
H est probable que Bergvin a joué un rôle plus considérable
dans la langue parlée que les documents ne le laissent entre-
voir. C'est.lui qui a fourni la forme latinisée Bergae, avec
l'adjectif bergensis. 2?pryu!'y! évolue en donnant des formes
différentes. Déjà au xtv" siècle il est représenté par jSe~MM.
Z~yuen et Z~s~'H. Bergen. Dans les documents étrangers:
anglais et irlandais, on rencontre les mêmes formes; les
Hanséates appellent la ville Z~e~y~eM. Il va de soi que les
étrangers ont reproduit les formes qu'ils ont entendues des
Norvégiens. Au xv' siècle Z~< -ï devient général
dans les documents; on en rencontre aussi des formes
casuelles i Z~7~ i jSe/yp~e. etc. Dans la langue
parlée une forme sans le se généralise Z~yeM, Bern, qui
a dù surgir dans le parler deBergen à la fin du moyen âge
et qui est bien connu dans les parlers norvégiens. On le
trouve dans des documents suédois et danois et même dans
la littérature européenne. C'est l'intonation du monosyllabe
Bern qui est passé à Bergen quand cette forme littéraire a
pénétré dans la langue parlée.
L'étude de M. Sariie est solide, son exposé précis et clair.
On lit le iivre avec grand intérêt. M. Sorlie a donné une
explication scientifique des changements subis par le nom
de la ville. Il faut espérer que ce livre introduira les réa-
lités dans une discussion oi) les sentiments ont dominé
jusqu ici.
Ait' SOMMERFELT.

J61
1)
COMPTES
REKDUS
SE!p(D. A.) et STEEK(Sverre). Romsdal. A~u~p~ og
oy/~ae~ i sagatid og lenstid (Publié par l'Association
de la jeunesse de Romsdal). Molde (Imprimerie Eristian
Larsen), 193). In-8, 12 et 9 p.

Quand, en 1918, on a change les noms des départements


de Norvège,le Ronzsdals amt a été remplacé par Af~re/y//K?
qui contientle nom des districts voisins de Romsdal ~or~-
MM7'eet.S'M?Mïm~e. Ce changement a provoqué le méconten-
tement de la population de Romsdal qui voudrait garder
l'ancien nom ~oms</Œ Afin de donner une base à la dis-
cussion, MM.Seip et Steen nous exposent l'histoire du nom
et de l'unité administrative appelée /~OMMe~
La plus ancienne forme du nom est Raumsdalr qui
apparait pour la première fois dans les documents vers
1200. Le premier élément de ce nom se retrouve dans le
nom du fleuve qui longe la vallée, la Rauma. Depuis le
xv° siècle on écrit généralement Romsdal, mais la mono-
phtonguaison y est probablement plus ancienne. La forme
nouvelle n'a pas été introduite par l'administration danoise
qui, si elle avait voulu avoir une forme d'aspect danois,
aurait du choisir 7~?Me~
M. Steen montre que Romsdal-s'est maintenu en tant que
Hef autonome jusqu'au xvu' siècle. Ce territoire a eu pen-
dant l'époque des fiefsune position plus indépendante que
les districts de Sunnmore et de Nordmore.
Aif SOMMEUFELT.

LANGUES
SLAVES
_ETBALTIQUES

Jan OTREBSEi.jPysyc.M~ <S'~o~MM~o-<eM76-e. Wilna


(Inotytu) Europy Wschodniej), 1930, 80 p.

Dans cette brochure, assez brève, car le texte proprement


dit s'arrête à la page S8 (suivent sept pages d'un résumé en
français et des index), M. Otrebski expose avec son habi-
i62
nfBDOr.RAFΠCKSKOVSLOVAXSEYCH

tuel don de combinaison des vues sur six questions diffi-


ciles relatives au slave et au baltique. La première de ces
questions touche à toute la théorie des finales en slave.
Les hypothèses proposées sont ingénieuses, mais compor-
tent un si grand nombre de suppositions accessoires indé-
montrables que sans doute l'auteur convaincra peu de ses
confrères. On ne saurait entrer ici dans une discussion de
détail qui obligerait à examiner à peu près tous les pro-
blèmes de la flexion nominale en siave.
A. M.

/ruM~a~o ~M~.y/t'o/M~<x~t'c' i slovesnesti, 1930, tome III,


kn. 2. Leningrad (Académie des sciences), 1930, in-8,
p. 369-640.

Le linguiste remarquera ici une note de M. Bogorodickij


sur la métrique. et une description d'un parler russe par
M" P. Grinkova.
A. M.

~!Z/:o~<x/?p ee~A'ou~~oua~i'yc/o~<2c:KyMM~e~c~ a /?/o-


/o~'e~/c~ 2a ~'o/t' 19?9. 6a~ Z~MM~cy obecna,
~ïf/op~vop~o', .9/ouaM~ e e&~i. Prague (Académie).
1930, in-8, 61 p.

Les slavistes avant décidé que chacun des pavs slaves


ferait la bibliographie des travaux publiés chez lui ou par
ses nationaux, voici la partie tchèque du travail pour la
linguistique. Organisé par M. Hujer. rédigé par M. Ha-
vrànek, le recueil est assurément excellent. Chaque indica-
tion de travail est accompagnée d'un petit résumé.
Mais on regrettera le vieux ./?oef7n7t'de Cracovie si bons
que soient les recueils partiels, et a supposer que tous
163
COMPTES RENDUS

paraissent le travail russe est-il assuré ? un recueil


un était plus commode à manier.
L'idéal aurait été de préparer la bibliographie dans chaque
pays et de constituer un centre unique de rédaction et de
publication. Mais on sait que le monde est loin de l'idéal et
que, s'il était peut-être possible d'obtenir des publications
séparées, ç'aurait été trop demander que de donner à
J'un des pays l'honneur de la rédaction.
A. M.

uredjuje Banc'. IX. Belgrade, 1930,


</M~Mos/oup/s'A'?/o/oy,
1930, in-8, 388 p.

Ce volume de la revue de M. Belic' comprend la part


yougoslave de la bibliographie slave décidée par le congrès
des slavistes (voir l'indication de la partie tchécoslovaque,
p. 163).
Outre une étude dialectale et des études sur la langue d'un
texte ancien, on v remarquera une note de li. Belic' sur
le nom de nombre Ksept ? en slave. Le maintien du d dans
.~p<7~ est énigmatique. M. Bélier constatant que la forme
N~/y~existe, notamment en russe, pose que l'ordinal aurait
étt'' M</t7KMoù le maintien de d est normal. Il n'y aurait
donc pas de problèmes du maintien de -~M! mais seule-
ment une question d'analogie.
A. M.

iS. van WtjR. G'Mc~c/~c der a~~cAe~c'uz~c~cM


6)o~Hc/<e.Erster Band. Laut- und Formlehre. Berlin-
Leipzig (W. de Gruyter), 1931, in-8, xv-234 p. (Slavischer
Grundriss).

Le titre ferait attendre un exposé du développement du


vieux slave entre la fixation de la langue par les premiers
164
K.A.UK

traducteurs et les formes qu'on rencontre dans les textes


conservés. Ce serait un sujet capital, mais il est vrai.
périlleux. Modestement, M. van WIjk s'en est tenu, comme
ses prédécesseurs, à exposer les faits tels qu'on les rencontre
dans les textes, en les expliquant discrètement par la gram-
maire comparée, et en caractérisant chaque fait au point
de vue historique dans la mesure du possible. Ainsi conçu,
j'expose a tous les mérites qu'on peut attendre d'un savant
qui, comme M. Wijk. connait les textes à fond, qui sait
tout ce qui en a été dit et qui. sur chaque point, s'est fait
une opinion personnelle. Pour chacun des problèmes qui se
posent, on trouvera dans le livre une bibliographie à jour,
l'état actuel des connaissances et une appréciation judicieuse
et autorisée. Trait à noter on n encore ici qu'un début,
et la syntaxe, qui sera sûrement plus neuve, est réservée
pour un second volume. Promesse qu'on reçoit avec satis-
faction.
On regrettera que l'auteur présente trop les faits isolé-
ment, sans assez les ramener à des principes. On verra. par
exemple, p. 176, que l'ancien nominatif /<v</ n'est pas
conservé en vieux slave, et que seul sv rencontre le nomi-
natif-accusatif féminin Av' ce n'est pas un accident le
vieux slave tend à confondre. au singulier, la forme du
nominatif avec celle de l'accusatif, et. seuls, les noms de
personnes ~a~ et </îA' distinguent le nominatif de l'ac-
cusatif même au féminin. sauf dans les thèmes en -<?-. Au
masculin, la confusion des formes du nominatif et de l'ac-
cusatif est complète le paradigme nom. /c??!y, ace. A'a'T~e~!
donné p. 183 est imaginaire les textes des premiers tra-
ducteurs ont Aoy~e?!! nominatif-accusatif, et si le Supras-
liensis a /M/My, c'est et M. van WIjk le note expressé-
ment à l'accusatif comme au nominatif. Si, au féminin
un nominatif c~M/?/ s'oppose à 1 accusatif c~M/t'Mu!,c'est sans
doute parce que ce mot, qui est emprunté, reproduit la
flexion du nom de personne AwA'y, ~e~w;. Des détails
juxtaposés ne font pas une grammaire il y faut l'indication
de la manière dont des faits sont liés les uns aux autres.
P. t77; il est enseigné que la flexion oy?! <~r< provient
165
COMPTES RENDUS

de la mouillure de Mais c'est decette mouillure qu'il faut


rendre compte car H' (n molle) ne se confond pas en vieux
slave avec n' (n mouillée. Le problème de o<~W,qui est
embarrassant, reste entier. tl faut expliquer pour quelle
raison. qui ne peut être qu'une raison de sens, o~ est
passé du type de ~çi{î au type de ~OK~ï on ne peut s'em-
pêcher de penser au fait que ~uc/'t a reçu un génitif ~c~/a
de nom d'être animé.
Ce qui est dit, p. 178, de la flexion de ~os~oc~!est un
amas de faits sans aucune explication, Il aurait convenu de
dire qu'il ne s'agit évidemment pas d'un ancien thème en
-<- et que l'Incohérence des formes indique un embarras
singulier où s'est trouvée la langue. Il est clair, par exemple,
que~o~oec~'é, ~'<M~o<Mne sont pas des formes anciennes,
puisque d avait été éliminé devant dès le slave commun.
P. !7't et 175, les formes en -o~ï, -o~ -oa?M,telles
que ~y/!o?H!,syMO?MM, ~y~ïo.KM et les formes -eml, -e?MM,
-rM, telles que ~)pi~?H,/~e?KM, p~e~M, sont rapprochées
avec raison, et, aussi avec raison, il est marqué, d'accord
avec Yondràk et M. KuFbakin. qu'il n'y a pas là pronon-
ciation o, c d'anciens L Mais le rapprochement même
exclut l'hypothèse proposée, suivant laquelle ~/?!O~M,
~KOHï!serait dû à l'influence des thèmes en -o-, hypothèse
qu'exclut du reste le locatif NyKo.xM, cfomoa;M,</<?y'o.K< etc.
Sans doute ces formes sont énigmatiques. Mais il faut avant
tout se garder de dissimuler la difficulté par des explications
qui évidemment ne satisfont pas. Il est remarquable que,
dans des formes où le mot se terminait par -w:î, -M?K!ou
par -;a"M,-M;CK,des voyelles pleines e et o aient été
substituées aux jers forts, dans le parler représenté par les
textes vieux slaves comme aussi en vieux serbe, alors que
Hç~/M!.sy?!M?K!ont subsisté. M. Vaillant, j6c;M~e de
Zlataric', tl, p. 29 et suiv-, a rencontré la même difîlculté
et ne l'a pas non plus résolue.
P. 2U2. il est risqué de voir dans sega du Suprasliensis
un c serbisrne ». L'action analogique par laquelle la finale
-a du génitif a été substituée à o de <oyo. -s'eyo a pu
intervenir sporadiquement ailleurs qu'en serbe. 11 ne
166
A. VAH.LAKT
faut pas, en pareille matière, vouloir être trop précis.
P. 203, M. van Wijk présente les faits comme si le relatif
~Y-~eet l'anaphorique étaient un seul et même mot. Le
fait que l'anaphorique n'a pas de nominatif, tandis que le
relatif en a un, suggère une autre explication. L'anapho-
rique doit appartenir au groupe de skr. ay-am, !M?-c'?K,
f<a, c'est-à-dire à un thème alternant ei- :c/o-, tandis
que le relatif répond à skr. ya~, gr. L'c d'un datif emu
a ses correspondants dans le démonstratif où le vocalisme e
est courant. Il y a donc ici deux mots distincts par l'éty-
motogie comme par le sens.
A. M.

Ateksej ~e~<2~</rou~c ~.r??:<ou, t86i-t920. Leningrad


(Académie des sciences). 1930, in-8, 103 p. et 1 portrait.

Saxmatov a sans doute été le linguiste le plus érudit et le


plus original qui ait consacré à l'histoire du russe son
activité. Quand il est mort des souffrances et des misères
endurées lors de la période révolutionnaire; les études slaves
ont fait une perte dont la gravité a été notée dès l'abord
par tous les hommes compétents. Le meilleur hommage à
rendre à sa mémoire était de donner une bibliographie de
son œuvre qui est grande. L'Académie vient de le faire; on
l'en remerciera.
A. M.

A. YAtLLAXT. Le De Autexusio de Méthode t/'O/y~'e,


version slave et texte ~y/'ecédités et traduits en français.
Paris (Firmin Didot), 1930; in-8 (Patrologia orientalis,
XXH[fasc. 5], p. 631-888).

Pour la /~2~'o/e~:Q;orientalis de M~ Graffin, M. Vaillant


a édite un petit ouvrage de Méthode dont l'original grec,
en partie perdu, ne peut ctre restitué que grâce à la traduc-
167
COMPTES RHKDUS

lion .slave. qui est étroitement littérale. L'édition est un


citcf-d'œuvre de philologie slave et se substituera à l'édition
princcps de Bonwetsch, un initiateur, mais qui a beaucoup
laissé à faire après lui.
Toute la littérature slavonnc est traduite, et souvent
avec littéralite, des textes grecs et ne peut être interprétée
que par une comparaison constante avec les originaux.
Tant dans ses introductions que dans ses deux lexiques,
siave-grcc et grec-slave, AI. Vaillant montre comment il
convient de procéder pour étudier le vocabulaire des anciens
textes.
Les textes ont été transmis sans souci de reproduire
exactementles originaux etavec des adaptations successives:
M. Vaillant fait de son texte une critique serrée.
On s'est trop servi de textes vieux slaves bruts. Il faut
maintenant les critiquer. M. Vaillant a donné un exemple
de ce qu'il convient de faire.
A. AI.

Gunnar GuKKARsoK. 7ïee/:e/'c/<~ syntaxiques NM/'la


décadence de l'adjectif nominalen slave. Paris (Geuth-
ner), i931, m-8<vm-15i p.

Le sujet est intéressant, et le jeune auteur a en slave des


connaissances étendues et solides. Mais, pour traiter une
question relative à l'histoire d'une forme grammaticale, il
lui manque la volonté de se tenir à quelques points fixes et
l'instinct d'aller à la bonne solution, qu'il ne reste plus.
une fois qu'on en a l'intuition, qu'à illustrer par les faits.
L'historien du slave a la jdiance que des formes litua-
niennes parallèles aux formes slaves montrent comment
s'analysent les formes slaves, et que du reste, en slave même,
le vieux slave a, dans son type le plus ancien, toutes les
formes encore clairement analysables, à la scutc exception
de celles où la finale de l'adjectif comportant deux syHabcs.
la finale de la forme composée en aurait comporte quatre.
168
RU~AX Gt~ARSOK

L'analyse de la forme est donc évidente.–M. Gunnarsson


paraît embarrasse parle caractère enclitique de l'ancien *yo-
dans tes formes lituaniennes et slaves. Cette enclise ne fait
en slave aucune difficulté. elle est de même sorte que
cncHse de si et /<? dans v. si. rodi-si, ~a~<M, et dans
toutes les formes pareilles des diverses langues slaves. C'est
cette enclise qui. en faisant de l'ensemble adjectif plus *yo-
une unité, a conditionné l'histoire de la forme.
L'état de lansue des écrits des premiers traducteurs
montre un cmp)oi de la forme composée facile à définir et
qui répond exactement à l'origine connue. Au lieu de partir
de là. en rapportant l'usage des langues baltiques, M. Gun-
narsson émet des doutes sur la valeur du témoignage
vieux slave; à tort, car il y a trop loin de la forme compo-
sée de l'adjectif à l'article grec pour que le modèle grec ait,
sur ce point, influencé les traducteurs.
Deux conditions ont dominé le développement de la forme
composée. D'une part, en vertu des altérations subies, elle
a cessé d être notée comme composée, et elle est devenue
une forme longue d'ad,jectif, qui avait sur la forme simple
] avantage d'être propre à l'adjectif. D'autre part. la valeur
déterminée qui était isolée et n entrait pas dans le plan
généra! de la langue, s'est de bonne heure affaiblie et a
disparu.
Et ce détail montre combien M. Gunnarsson est sujet à
donner à certains faits une valeur qui ne répond pas à la
réalité. Alors que dès la constitution de l'état vieux slave, la
flexion de 1 adjectif composé a été employée d'une manière
complète, il se demande si )a double forme de l'instrumental
singulier des thèmes en -a- n'aurait pas servi de base à
j analyse (p. 15). Il est évident qu'une forme d'un seul cas,
dont l'importance n'est pas particulièrement grande, dans
un seul type de flexion, moins important que le type en -o-,
ne saurait avoir exercé une action dominante. Cette action
devait du reste être d'autant moindre que, dès la période
s!ave commune. le type en -o- était sorti de l'usage ordi-
naire. et que. par suite. il n'y avait plus lieu à l'opposition
du h'pf nominal et du tvpc à flexion du démonstratif.
169
COMPTES RENDUS

Comment le jeune auteur n'a-t-il pas vu immédiatement


qu'H faisait fausse route?
Au point de vue de la graphie, l'emploi de est fâcheux
tout indique un o nasal pourquoi ne pas employer le ç in-
dique par la graphie glagolitique? L'idée de noter le e
initial non yodisé du russe par a est malheureux a est
employé d'ordinaire avec de tout autres valeurs.
A. M.

A. VAILLANT. La langue de DoMM'M~'0 Z~<ŒC, II.


.)/o~~o/oy:'e. Paris (Champion), 1931, in-8, 393 p. (Tra-
vaux publiés par l'Institut d'études slaves, VI).

Gràce à une subvention de la Caisse des Recherches,


l'Institut d'études slaves de Paris a réussi à publier, sans
attendre, la seconde partie de l'ouvrage capital de
M. Vaillant, consacré à la morphologie.
La langue de Zlataric' fournit, on le sait par le premier
volume. un point de départ pour poser l'histoire du serbo-
croate depuisle slave communjusqu'à l'époque moderne. Ala
fois philologue précis, et complètement informé et linguiste
solide et inventif, M. Vaillant a fait œuvre originale il ne
s'- borne pas à mettre au point l'état actuel des connais-
sances d'une part, il apporte un grand dépouillement de
faits nouveaux, de l'autre il construit un ensemble qui se
tient et il l'orne, à chaque instant, de vues personnelles et
neuves.
11faut signaler ce caractère systématique de l'exposé et.la
richesse des aperçus, parce que la nécessité où s'est trouvé
auteurde ramasser des faits et de les citer marque la net-
teté de lu conception et l'abondance des idées. Du reste, par
là même, l'ouvrage a un intérêt général pour le linguiste
on y aperçoit en même temps le caractère souvent trouble
des sources où est obligé de puiser Je linguiste, et la
complexité des faits qui se produisent dans le développement
d'une langue les essais qui ne réussissent pas, les longues
–no–
A. VAtLLAKT

survivances et les commencements qui n'ont pas de suites,


en somme la confusion d'une histoire que des témoignages
permettent d'apercevoir dans une part au moins de son
détail. L'histoire d'une langue n'est simple que dans le cas
où l'on en possède seulement le terme final, et ou sont
oubliées les variations des périodes de transition. Par là,
le livre de M. Vaillant est instructif pour tout linguiste
qui veut se rendre compte de la façon dont évoluent les
langues.
Ce que l'on serait parfois tenté de reprocher à M. Vaillant,
c est 1 excès de certaines de ses qualités. H a trop d inven-
lion pour se résigner à laisser un mot sans étymologie, et
ses étymologies sont parfois aventurées par exemple,
p. 37, il estime que bedro « aine, hanche, cuisse », se
laisse ramener à une racine signifiant « creuser, piquer »,
celle de lit. bedù. v. si. ~o~ pour le sens, ce n'est pas
satisfaisant; quant à rapprocher rebro « côte » d'une
racine '~e?M~-« entailler o. ce n'est satisfaisant ni pour la
forme, ni pour le sens.
P. 62, il est dit que o~~est devenu masculin en serbe.
Mais ce changement ne s'explique pas. Le genre masculin
ne pourrait-il être ancien ? Lat. c.rM et autres mots de la
famille sont masculins.
P. 287 et suiv., l'exposé des restes du type athématique
fournit un bon exemple de la richesse et de l'ingéniosité de
l'exposé. Mais ici encore l'auteur risque d'aller trop loin.
Par exemple, on croira d'autant moins que *ç et ye</p
sont dus à l'influence de ~'cc~, que ~'e<~ est moins cou-
rant que les deux autres verbes et que la valeur « déter-
minée » de_f/p en face de l'indéterminé i.-e. *cz'-s'explique
par l'addition d'un suffixe *-de- qui a cette valeur.
P. 366; il aurait été bon de marquer le caractère à part
de darovati, qui est dérivé du thème en -M-e~M-. Dès lors
1 aspect perfectif de darovati n'est plus aussi surprenant
ce n'est pas un dérivé en -ovati, mais simplement en -<x~.
À. M.

-171-
COMPTES
RENDUS

A. M&zox. G'~MMMï'rede la langue <cAe'yMe, 2" édition


revue et augmentée. Paris (Champion). 1931, in-S, 292 p.
(Coltcction de grammaires de l'Institut d'études slaves,
n).
La grammaire de M. Mazon est claire et précise, telle
que pouvait seul récrire un slaviste dominant l'ensemble
(lu domaine slave et connaissant à fond la langue qu'il
décrit. La première édition avait été établie avec soin
celte nouvelle édition y apporte encore des améliorations
et l'on a l'Impression qu'elle est au point.
C'est une grammaire descriptive. Mais l'auteur ne s'est
pas interdit de laisser apercevoir des explications histo-
riques là où il lui paraît que la description en est utilement
éclairée. Tout en préférant une description pure et simple
où l'explication ne résulte que de la façon dont est mis en
évidence le système de la langue, je ne saurais blâmer un
procédé qui, en certains cas, donne à l'exposé plus de
clarté.
Les faits sont présentés au point de vue du tchèque. Mais,
les verbes étant classés d'après la forme du présent, les
formes classées les premières, ?ïMM(cl. 1) et~Mï (cl. 3) ne
sont au point de vue slave que des survivances. Il y a là
un inconvénient appréciable.
H y aurait lieu d'examinersi ladénnition donnée p. 15S
de l'aspect est pleinement correcte. Elle satisfera sans doute
la plupart des lecteurs; elle a le mérite d'être et simple et
ctaire. Mais, à l'examen, elle paraît s'appliquer mieux à
l'opposition de déterminé/indéterminé, c'est-à-dire à celle
df M~M/MS~/ïdont il n'est question que p. 23~ et suiv.
C'est le déterminé qui indique le procès parvenant à un
terme le perfectif indique le procès pur et simple, sans
acception de durée, sans considération de développement.
Mais. les définitions de ce genre prêtent toujours à dis-
cussion, et l'ensemble de l'exposé de M. Mazon est lumi-
neux.
A. M.

-t72-
)!. HALA F. TRAYXi'CEK ST. SXOBER

B. HALA. .2a/<~y spisovné urs~ou~o~é'oue/M~'e a srov-


~aM! u~/ouMO~ c~A'OM. Prague (Tï~Kac). 1929, in-8,
133 p. et 1 carte.

Travail du laboratoire de notre confrère M. Chiumskv,


avec de nombreuses figures, des tracés et même une carte
montrant lu répartition (l'un fait sur le domaine étudie.
M. H'Ha v étudie la prononciation slovaque, avec la préci-
sion que permettent des appareils manœuvres par un expé-
rimentateur habile. Le texte tchèque est accompagné d'un
résumé français.
H est intéressant de relever que. comme en tchèque,
l'accent d'intensité est faible, et l'opposition (Je quantité
nette; les longues durent le double des brèves.
A. M.

F. TR~vKtCEK. Neslovesné t~y v oe~ 1~ partie,


M<cr/f~ /M (Faculté de philosophie de l'Université).
1930, 255 p.

On ne peut que signaler ici ce volume du distingué sla-


vistc de Brno, qui comprend un matériel important et soi-
gneusement classé relatif aux phrases cxclamatives en
tchèque.
A. M.

St. SzoBER. 6~a~a~~a~r~a/)o/o. Parties 1 et2.


Varsovie (\vyd. Arcta): 1931, in-8, xn-276 p. et 1 carte,
et vH-190p/
.foc~o~e/MC ~orM~o/ jDO&e~o ~~yAc ~p~û'c~pfyo.
Varsovie (wyd. Arcta), 1931, 35 p.

La grammaire du polonais littéraire actuel de M. Szober


sera ample. Car le premier volume est consacré à situer le
173
COMPTES RENDUS

polonais parmi les langues indo-européennes et les langues


slaves, et le second à en exposer le phonétisme à tous
points de vue. C'est dire que la grammaire proprement dite
n'y est pas encore abordée.
On sait que les linguistes polonais s'intéressent parti-
culièrement à la psychologie linguistique, et M. Szober plus
que tout autre. Naturellement, M. Szober indique les résul-
tats de la grammaire comparée quand il doit exposer la
place du polonais parmi les langues, et il le fait correcte-
ment. Mais ce n'est pas ce qui l'intéresse spécialement. Et,
quand il pose des problèmes historiques, il évite, les solu-
tions tranchées. Par exemple, quand il discute vol. I,
p. 88 et suiv., la nature de la parenté linguistique, il le fait
avec toutes sortes de réserves il insiste sur la notion
trouble de « mélange des langues s et, au lieu de se placer
au point de vue de la langue, réalité sociale qui comporte
une continuité, il envisage, avec Schuchardt, les éléments
qui entrent dans la constitution de la langue c'est s'inter-
dire, dès l'abord, une conclusion nette. Du reste, cette théo-
rie étant mise de côté, M. Szober est bien obligé de poser
que le polonais est une langue slave, et le slave un groupe
indo-européen. Mais ces pages n'ont, dans le livre, rien
d'essentiel.
Les indications sur les dialectes polonais tiennent natu-
rellement plus de place. Elles sont nettes et commodément
présentées. Mais M. Szober les fait précéder d'un exposé de
la « théorie des ondes » de Joh. Schmidt. Il serait, en
vérité, plus simple de parler de l'indépendance des lignes
d'isoglosses l'idée de Joh. Schmidt était bonne mais
l'image des ondes est fâcheuse. Quelle que soit la manière,
imagée ou directe, dont s'exprime la notion de l'indépen-
dance respective des limites de chaque caractère dialectal,
il en ressort une conséquence ce qu'il faut mettre à la
base de l'exposé, ce sont les limites de faits particuliers, qui
sont choses positives, et non des limites de dialectes qui,
dès qu'on les fait précises, sont inexactes. On aimerait voir
sur la carte qui est à la fin du premier volume comment
les limites tracées se justifient par les lignes d'isoglosses.
174
STUDt RALDC)

M. Szober s'est vu obligé de multiplier les divisions et


sous-divisions, au point d'en compter, dans l'ancienne
Pologne russe, vingt-cinq.
Le premier volume se termine par un exposé bref, mais
substantiel, des changements qui sont intervenus en polo-
nais depuis les plus anciens monuments où l'on ne peut
encore voir une langue littéraire jusqu'à la fixation
moderne. A la question de la langue littéraire, M. Szober
a consacré une brochure annoncée ci-dessus, ou il indique
les problèmes historiques.
Dans le second volume, sur la phonétique, M. Szober
insiste sur les faits d'alternance qui jouent en polonais un
rôle considérable le polonais est la langue avec laquelle
Beaudouin de Courtenay a fait une théorie qui est fonda-
mentale.
Les linguistes qui s'intéressent au polonais trouveront
dans cette grammaire une information de première main
ils en attendront la suite avec impatience.
A. M.

~Mf/6c~ dirctti de G. DEVOTO,


Volume primo. Rome,
1931, 117 p. (Puhlicazioni dell' Istittito per l'Europi
orientale. Sezionebaltica. t.).

L'activité de l'Institut italien pour l'étude (le l'Europe


orientale est grande, mais ne s'est guère étendue à la phi-
lologie. La section baltique, dont la direction a été remise
à un linguiste bien connu, notre confrère M. Devoto, publie
au contraire un périodique de caractère tout philologique et
linguistique dont le premier volume vient de paraitre. Hors
de la Lituanie et de la Lettonie, il n'y avait jusqu'ici aucun
recueil consacré aux langues et littératures baltiques. Ne
trouvant pas encore chez lui assez de collaborateurs auto-
risés, M. Devoto a su intéresser à sa publication des spécia-
listes étrangers M. Niedernmnn a fait l'histoire des débuts
de la linguistique lituanienne en s'arrêtant à Schleicher et
175
COMPTES RENDUS

a Kurschat dont il donne des portraits à la fois vivants et


critiques M. Blese donne un historique plus touffu et
moins critique, mais complet et allant jusqu'à l'époque
actuelle, de la linguistique lettonne. M. Endzelin, en une
note précise et riche de faits, montre les traces qui subsistent
de l'emploi du datif pluriel tiems au féminin. J'ai donné une
petite note sur le mot~'MMM.
L'article le plus personnel est celui où M. Bonfante
s'efforce d'amender la loi de F. de Saussure sur un dépla-
cement de l'accent. M. Bonfante est un jeune dont on peut
attendre beaucoup. Il a une bonne érudition, mais trop
d'assurance. Il fera bien de méditer les publications de
F. de Saussure moins pour y apprendre des détails que pour
se pénétrer de la méthode rigoureuse du maître. Sans doute
apercevra-t-il que le type a~M ne sunit pas à une démons-
tration, et qu'il faudrait tenir compte de tous les i finaux.
Peut-être aussi apercevra-t-il que l'accentuation du présent
lit. nësa ne doit pas être ancienne, que skr. !w<xAétant un
témoignage unique n'est pas décisif pour la place du ton
indo-européen (qu'on compare seulement skr. o/~C! et gr.
x'j: gr. T::§:v);que le sens de gr. Oup. rend
skr.joa<~a??!,
peu plausible un rapprochement avec lit. c~M~<M et lat.
/M~tM, que r de skr. iK?~A<~H étant un i.-e. r à en juger
par l'ensemble des mots signifiant « traverser », lit. tiltas
ne s'en rapproche pas aisément, que, à en juger par arm.
MK,l'a de lit. ~p/MMpourrait être un ancien o, etc.
A. M.

G. GERULLIS. Litauische Dialektstudien. Leipzig


(Marketu. Petters), 1930, in-8, Lv-lit p. et 8 planches
hors texte (SlavIsch-Celtische Quellen und Forschun
gen. Y).
La dialectologie du lituanien moderne laisse presque tout
à désirer. Les observations de Baranowski ont été en partie
excellentes; mais elles étaient l'œuvre d'un autodidacte, et
elles n'ont été publiées qu'après la .mort de l'auteur, dans
176
ARL'MAA
des conditions qui ne rendent pas facile d'en tirer tous les
résultats utiles. M. Gerullis a raison de vouloir qu'on
comble cette lacune. Là comme partout, il y a urgence.
Car les parlers locaux s'altèrent vite aujourd'hui. L'auteur
se propose moins de combler la lacune que de donner une
direction aux recherches que devraient entreprendre des
savants locaux.
Sans doute. le plus urgent serait d'organiser immédiate-
ment une enquête par questionnaire qui aboutirait a un
atlas linguistique de la Lituanie. M. Gerullis ne semble pas
t'envisager. Mais c'est évidemment le seul moyen de fixer à
bref délai l'éLat des parlers dans leur ensemble. Ceci ne
devrait pas empêcher, bien entendu, des descriptions dé-
taillées du plus grand nombre de parlers qu'il serait pos-
sible.
L'ouvrage se compose de deux parties distinctes.
t! y a d'abord une longue introduction ou M. Geruiiis
décrit notamment l'accentuation lituanienne. Les intona-
tions ont été étudiées au moyen d'appareils, et de nombreux
tracés indiquent la façon dont elles se présentent. C'est a
cette description de la prononciation que se rapportent les
huit photographies qui se trouvent dans l'ouvrage.
Suivent, après quelques pages sur la langue écrite actuelle,
de brèves descriptions de dix parlers, accompagnées chacune
d'un peu de littérature populaire notée phonétiquement.
Il est à souhaiter que l'initiative de M. Gerullis éveiiieen
Lituanie un intérêt pour les recherches de dialectologie
qui a manqué jusqu'ici.
A. M.

ÂRUMAA. Litauische M!M~f/<2A'~C/!P Texte aus der ~7-


/~er Gegend, mit y/'a/M/~c~c/te~ ~.y!??!e/7~MM~e~.
Dorpat
1931, in-8, 78 p. (extrait des ~.e~a et coyM?Me/<x~oM(?.s'
de l'Université de Tartu).

M. Aruniaa a relevé, dans quatre ilots lituaniens qui


subsistent, noyés dans une masse blanc-russienne, à l'Ouest
i77
12
COMPTES RENDUS

de Vilna, des contes et quelques traces de chansons. Ces


parlers fournissent de bons exemples de l'état où se trouvent
des parlers qui sont aussi des survivances à côté des formes
singulièrement anciennes qui y ont persisté, on y observe
des altérations graves. En même temps qu'aux linguistes
qui s'intéressent au baltique, l'étude de M. Arumaa s'adresse
donc aux linguist.es en général. Elle offre un vif intérêt.

NtEDERMANK-SENK-BpENDER. H*or~?~McAder ~MMC~CM


~y'ac/tp. 7 Lieferung. Heiden)erg(Winter), 1931, in-8,
p. 385-448.

Le dictionnaire lituanien de MM. Niedermann-Senn-


Brender avance lentement ce fascicule n'amène encore
qu'à kàsti. Mais il est excellent.
11 est bref, et il n'est pas historique. Mais, dans sa
brièveté, il dit beaucoup et, pour le lecteur averti, il est
suggestif. Dans un article comme ~/<xM?!<M, il n'en faut pas
plus que l'exemple :'s sëna y!ay(m?!c pour faire voir que
c'est à së7?Mque s'opposeyaMH~M. La différence d'intonation
entre ya:<?!a~et &'g/:6~'indique Immédiatement au lecteur
compétent que les deux mots sont formes diS'éremment
tous deux sont des dérivés: en face de lat. :'MMe?!- (gén.
plur. M/Me?ïMMï), lat. sen- (gén. pl. ~e?!M??ï)mais l'un a
f/-6~H, et l'autre non. Le mot latin et le mot lituanien
s'appliquent d'abord à des hommes mais des dérivés, indé-
pendants l'un de l'autre, s'appliquent aux animaux lat.
!Mi<e?:CMN et lit. jaunilclis. Pas de lecture plus savoureuse
pour un vrai linguiste qu'un dictionnaire aussi dense et aussi
précieux.
A. M.

-t78-
F~LOLORL' BfEDRfBES RAKSTI MLLEXBACH-A

-7o/o~K ~!e<e~ r<ï~ XI sejunis. Riga, 1931. in-8,


208 p.

Avec cette régularité, cet ordre laborieux qui caracté-


risent le travail letton, la société des philologues lettes
poursuit sa publication, apportant chaque année des faits
nouveaux, des discussions utiles.
Les travaux du laboratoire de phonétique de M" A. Abele
tiennent une grande place dans le recueil p. 84-99 et
141-180.
Il y a, comme d'habitude, des descriptions de parlers.
M. S. Fraenkel signale, en allemand, des Ze~'CMwzeM
in Daukantas Wortschatz.
Tous les espaces libres sont occupés par des notes brèves
de M. Endzelin. de qui des comptes rendus indiquent
également les vues.
A. ~1.

M)'LE:BACH-A. ~a~xesM ua~afa~ ua~M~ea. Fascicules


XL-XLL Riga, 1931, in-8, p. 321-480.

La publication se poursuit, à un rythme régulier, peu


rapide on n'est encore qu'au mots varsts la fin n'est pas
encore en vue.
Le fascicule XL est plein de formes comprenant M~ Mr-.
Les variations d'un nom comme celui dela « grenouille»
uc!</e et ua/y~?, le premier ancien, à en juger par arm.
,qort, le second au moins letto-lituanien, doivent s'expliquer
par le fait qu'un mot de ce genre a une forme peu fixe. Cf.
les variations du nom grec, gx-ax~ etc.
M. Endzelin admet un rapprochement du nom Moe~a de
la « queue avec le groupe de gr. MS~M. Le sens d'une
racine signifiant « pousser, frapper convient assez mal.
A. M.

–i79–
COMPTES RENDUS

LANGUES
ASIATIQUES, BASQUEET ÉTRUSQUE
CAUCASÏQUES,

F. SoMMER. Das ~~MeAe und e~M~~c~e ~Ze!'c/:eM.


Munich, 1930, in-8, 23 p. (Sitzungsberichte der WIener
Akademie, Phil. hist. Abt. 1930, 1).

Avec l'esprit critique qu'on lui connaît' et auquel nos


études doivent tant, M. Sommer discute les conclusions
qui ont été tirées de la découverte portant sur la commu-
nauté d'un signe entre les alphabets étrusque et lydien. Il
les réduit à peu de chose. La démonstration est instructive
d un bout à l'autre.
A. M.

N. JAKOVLEV et D. ACHXAMAF. ~ra~C/'O ~C~C~t'a'


Adygejckovo (~/CMC~'OUO)~'<M~M' dlja C~O~ u Ca/MOO-
~?'a~o~aK/'a.Krajnaisdat, 1930, in-8, 23 p.
Bien que destiné avant tout aux maîtres qui doivent
enseigner le tcherkesse aux enfants du pays, ce petit ouvrage
rédigé par le maître russe des études caucasiques M. Ja-
koviev, avec la collaboration d'un de ses élèves originaire
du Caucase, est propre à informer utilement les savants
qui s intéressent aux langues du Caucase. A ce titre il
convient de le signaler ici. On remarquera que la descrip-
tion commence par l'analyse de la phrase.
A. M.

Revue internationale des études ~(M~MM.tomes XXH,


janvier-juin '1931. Paris (Champion) et San Sebastien.

La revue poursuit son utile carrière. Au point de vue


Hnguistique, on notera un article de type intéressant, sur
les noms relatifs à la maison en souletin, et le commen-
cement d'un travail de G. Bôhr sur le verbe en guipuscoan.
A. M.

-i80-
EVA FŒSEL

E\a F)ESEL. ~tM/McA. Berlin-Leipzig (W. de Gruy-


ter). 1931, in-8, 81 p. (G'MC~!0~~eder ~/o~c?'~M-
/!<A'C~P?! It, 5, 4).
tS)'3~'C'C/<M~MSe?MC~<2/'<eM,

De ce que cet excellent aperçu de l'état actuel de la ques-


tion étrusque paraît dans une histoire de la linguistique
indo-européenne dirigée par des maîtres aussi prudents que
MM. Debrunner et Sommer, on ne conclura pas que
l'étrusque soit désormais classe parmi les langues indo-
européennes. Il s'en faut du tout. Les directeurs du recueil,
en s'adressant à M°"' Fiesel, savaient choisir un savant à la
fois bien informé et d'esprit critique, et qui ne se laisserait
abuser par aucune théorie spécieuse.
Personne ne peut plus croire que l'étrusque soit une
langue indo-européenne dès qu'une langue indo-euro-
péenne. comme le tokharien ou le hittite, est découverte,
l'interprétation aboutit assez vite, et l'origine de la langue
se dénonce immédiatement. Or, on n'arrive pas à interpré-
ter vraiment l'étrusque, et les quelques détails qu'on arrive
à déterminer sont si peu clairs que l'on n'est enclin sur le
caractère grammatical d'aucun quant aux mots. ils ne
ressemblent de près à aucun mot connu d'une autre langue.
Quand une personne qui demande des démonstrations
valables, comme M"" Fiesel. considère ce qui est établi, elle
n'y trouve pas les données qu'il faut pour une morphologie
si sommaire soit-elle. L'exposé est, sur ce point, d'une
netteté saisissante.
D'une manière générale. les problèmes sont posés avec
rigueur. On pourra être tenté de trouver M°" Fiesel scep-
tique. Mais que faire avec les données actuellement
acquises ? L'auteur espère que, une fois qu'on aura un
index complet des inscriptions et qu'on aura disposé chro-
nologiquement les faits dont on dispose, l'étude pourra
faire quelques progrès. Mais il faut concevoir que cela ne
promet pas de révélations importantes.
Le mieux est de n'avoir pas d'illusion, et M" Fiesel n'en
donne pas. Sauf pour le phonétisme de la langue sur lequel
18i
COMPTES
RENDUS
il aurait été possible de dire plus. il semble qu'elle dise
l'essentiel elle le dit bien clairement, et elle apporte un
jugement sûr en une matière où beaucoup de bons esprits
ont ci ré. Elle marque où l'on en est, et ce n'est pas sa
faute si presque tout le chemin est encore à faire.
A. M.

LANGUESCHAMITO-SÉMITIQUES

P. DnoMtE. Langues et écritures ~M!M. Paris


(Geuthner), 1930, in-8, 73 pages.

Le Père P. Dhorme donne ici un résumé des connais-


sances acquises, rendu précieux par l'expérience d'une vie
de savant consacrée à l'étude des langues sémitiques; par
son existence sur ou à portée des champs de fouilles. Dans
les notes bibliographiques il ne laisse rien passer de ce qui
a paru, en partie de sa plume, dans les revues archéolo-
giques ces notes pourront être consultées par les érudits
non moins que par les étudiants.
JI y aurait néanmoins des additions à faire même à la
bibliographie, et la clarté apparente de la rédaction demande
sur divers points des précisions plus grandes (L'auteur a été
otontairementtrès court sur l'hébreu, la présente plaquette
étant comme l'Introduction de l'ouvrage qu'il annonce sur
)'/7c~eM à travers les ~e$).
P. 6. Il n'a paru de la grammaire comparée de Lindberg
que l'étude sur le consonantisme. Il est essentiel de citer
Bergstr~sser, .Eï~/M~MKy in die ~em~Me~eM<S~<7c~e?ï,
Munich, 1928.
P. 16. L'inscription de Byblos en caractères inconnus,
qui présentent des points de contact avec le phénicien,
l'égyptien et le vieux-sinaïtique, est maintenant publiée par
Maurice Dunand dans Syria, 1930; p. 1-10.
P. 24. Sur le punique de Plaute, voir L.-H. Gray, dans
182'–
P. DHOMIE

American journal o f tS'e?M!'i':C ~~MŒC~ and literature,


janvier 1923.
P. 27. Il faudrait mentionner l'idée que les ~abatéens
auraient été des Arabes ou au moins se seraient de plus en
plus mélangés d'éléments arabes.
P. 32. Ajouter à la bibliographie Is. Lévy, dans ./OM?'/?c/
asiatique, 1927. Il.
P. 33-34. La rédaction laisserait croire que l'araméen a
été admis dans le recueil biblique avant d'être la langue
parlée de la Palestine; est-ce bien la pensée de l'auteur'?
Les quelques mots sur l'écriture sont obscurs.
P. 34. A propos dû Samaritain, il faut renvoyer aux
études de M. Gaster, notamment dans l'.ËMC:/c/o/~e~'f de
/aM.
P. 35. Sur le Nabatéen. voir maintenant l'ouvrage de
J. Cantineau (Paris, 1930).
P. 36. Pour le paimyrénien. voir maintenant J. Canti-
ncau, /uey~<7!re. (Beyrouth, depuis 1930).
P. 38. Le syriaque étant de l'araméen ne peut pas être
opposé à celui-ci. L'araméen moderne occidental de
JA/M/r<, etc., dans l'Antiliban n'est pas du syriaque. Citer
Bergstrusser, A~!«2y'c?M<7MC/<c~~cAe~ <2M~~/c'/M/a,
Leipzig, 191S. et 67<M6w ofc.y. dialekts von Af<2'
Leipzig. 1921. avec bibliographie. Pour le dialecte
oriental de Tour Abdin, voir Siegel, ~aM~-M?!(/~o~eH~<?
des Dialekts des Tûr ~4~f/:M, Hanovre, 1923, avec biblio-
graphie, et pour la région de Mossoul le dictionnaire de
Maclean, Oxford. 1901.
P. 41-43. L'alphabet sudarabique représente une branche
de l'alphabet sémitique différente de l'alphabet phénicien.
La double direction droite-gauche puis gauche-droite (bous-
trophedon) est assez fréquente dans les inscriptions, tandis
<jue la direction fixe de gauche à droite ne se rencontre
guère que sur certains groupes de textes en dialecte du
~Œ/a~OM.
On aurait pu citer la A'o~'cc.sw les caractères <aMyp/'A',
tmprimerie Nationale, 1927. La bibliographie des inscrip-
tions sudarabiques (notamment des ouvrages de Rho-
183
COMPTES REKDUS

dnkanakis) est Incomplète. Voir Répertoire <fZ~<a;~AM


sémitique, V, par G. Ryckmans.
P. ~5. Sur une seconde inscription sudarabique de Délos.
voir Plassart, Les sanctuaires et les cultes ~M Cy~~e
/)p/M. Paris, 1928, p. 263.
P. Si. La présence d'éthiopiens en Yémcn se prolonge
jusqu au vt" siècle mais l'écriture sabéenne seule a été
emptoyée dans ce pays, ce qui n'apparaît pas dans la rédac-
tion.
P. 52-S3. La rédaction ne montre pas clairement que
i'amharique a été la langue officielle en Abyssinie depuis
la lin du x)n° siècle. Il n'a pas supprimé les langues du
Sud argobba, harari, gouragué.
P. 57. La bibliographie de l'Arabe maghribin est trop
sommaire. Deux descriptions détaillées au moins pourraient
être ajoutées W. Marçais, Dialecte arabe des ~7~<~Bra-
A~ de Saïda, et M. Colien, Parler arabe des Juifs d'Alger.
P. §8. On ne peut pas dire que les langues sémitiques
n'aient qu'une flexion interne elles sont caractérisées par
une flexion à la fois interne et externe. Dire qu'on y évite
les mots composés n'est pas exact, l' « état construit )) étant
une véritable composition, sans parler des composés qui
servent de noms propres.
Marcel CoHEK.

Martin SpMEKGUXG. The alphabet. /? yMe and deve-


/~w:<?~ /ro?K the 6'MKM inscriptions. Oriental institute
communications n" 12. The university of Chicago press.
1931, in-8, x)-71 pages (P. S7-62 A. T. OLMSTEAD,
~eCM?'M on ifAeCMyM:/W?K alphabet o f Ras Shamra
M?ï</ relation to the sinaïttc inscriptions).

Depuis le temps où il était rendu compte dans ce jSM//e<~


(n°"80 et 82) des premiers ouvrages de H. Grimme sur les
inscriptions sinaïtiques, la question a continué à juste titre
à passionner le monde savant divers articles et livres ont
184
P. PAULJOrOK

paru (notamment un nouveau livre de H. Grinmie non par-


venu à la rédaction) des expéditions archéoiogiqucs ont
n'-coité quelques petits textes nouveaux. Examinant les
pubHcations récentes, M. Spr. s'est convaincu qu'on pouvait
confirmer diverses lectures déjà proposées et traduire de
manière nouvelle certains passages. Ses suggestions pour-
ront t'-tre en partie retenues pour examen, de même que
certaines des idées qu'il émet sur les modes de propagation
de l'alpbahet. dont il ne met pas en doute l'origine .M?!~7<yMc-
A'<* M'~e (~e'~==pays entre mer Morte et mer Rouge). Un
des points, déveioppépar M. OImstead, serait que les signes
cunéiformes de Ras Shamra s'expliqueraient comme des
formes « cloutées » des signes alphabétiques d'origine
sinaïtique. Ouvrage non sans témérité, mais non sans
utilité.
Marcel CoHt;K.

P. Paul Jocox. 6~MaH~Me </&s'verbes .s'/a~s' de la


/&w< qatila (qatel) c~ <2~'<x~<hébreu et araméen. Mé-
langes de l'Lniversité Saint-Joseph, tome XV, fasc. 1,
Beyrouth, i930. in-8, 32 pages.

Dans ce mémoire le P. Joüon définit mieux, en s'ap-


puyant sur d'importantes listes d'exemples, ce qu'il entend
par le terme « statif » dont il a fait usage dans des ouvrages
antérieurs. Sa pensée est ainsi résumée p. 4-5 « La caté-
gorie morphologique ya/<7 répond à une catégorie séman-
tique présentant une certaine unité fondamentale c'est, à
l'origine, une notion d'état. puis, par analogie avec l'état,
une notion de « passion (nettement distincte cependant
du « passif » proprement dit), enfin par une progression
insensible, une notion d action envisagée d'une façon plus
ou moins stative ou une notion d'action moindre. »
Le développement est fait surtout en contradiction avec
) article de nos J/<w<o~'&y. XXH). p. 22U-248, ou j'ai essayé
de définir tes mêmes verbes comme « dépon''nts internes »

185
COMPTES RENDUS

ou « adhérents », en les comparant (pour le sens et pour la


forme, qui est proche du passif), aux déponents latins et à
ceux des verbes du grec qui n'ont que la forme moyenne
(et non. comme parait le croire le P. Joüon, au moyen du
grec en général).
H y a accord entre les deux points de vue sur le point
essentiel il ne s'agit pas de verbes « intransitifs ou
« neutres ') l'emploi transitif y est normal et n'a pas besoin
d'être expliqué en particulier pour chacun des verbes qui
le comporte. La pensée du P. Jouon est bien précisée par
In comparaison avec les verbes du type MM~eredu latin
(référence à Vendryes, B. S. L., t. 27, p. xxtv).
.le continue à ne pas comprendre le passage « insensible »
de la notion d'état à la notion d'action, ni au juste ce qu'est
l' « action moindre ». A ce sujet on jugerait mieux sans
doute si on envisageait la contre-partie, et on est tenté de
demander a l'auteur un nouveau mémoire ou il dévelop-
perait la phrase (p. 29) « Pour certaines notions nettement
statives on trouve, il est vrai, des formes <~c'{ assez nom-
breuses, mais on peut d'ordinaire les considérer comme
d'origine secondaire. »
Jusqu'à preuve du contraire le mélange des formes ~a~/c
d qatila dans l'expression des mêmes notions ne me parait
pas pouvoir s'expliquer par l'opposition état-action, a /b~-
<M~'pas par une gradation de l'une des notions à l'autre.
Je persiste donc à penser que (à part les cas ou il s'agit
de qualité ou de neutre opposé à l'actif, cas sur lesquels je
n'ai pas assez insisté dans l'article précité), la notion qui
fait apparaître la forme labisa est celle qui est connue en
indo-européen par le phénomène du déponent, à savoir une
expression insistée « de la part personnelle que preml le
sujet au fait exprimé ».
Marcel CoHEN.

-186-
F. A. SCHAKFFER CH. VtROLLEACD

F. A. SCHAEFFER. Les fouilles de ~Me~-e/3c!~7 et de


T~s' ~</M~'f< (Campagne du printemps 1929).

Ch. VtROLLEAL'D. Z~P.S/C~ de Ras .S*Af7M! ~aVCC


contribution de R. DussAuo). Paris. Geuthner, 1929
(Extrait de ~~), in-4, p. 285-310, pl. LI-LXXX.

La découverte (tes tablettes de Ras Shamra (Syrie du


Nord, sur la côte, sensiblement à l'Ouest d'Alep) est le plus
grand événement qui se soit produit pour les études semi-
tiques dans ces dernières années.
L'opuscule annoncé ici est le premier compte renduu
complet de la découverte, fait avec précision et avec
une illustration abondante M. Schaeffer décrit méthodi-
quement les fouilles faites par lui et M. Chenet et la mise au
jour d une cinquantaine de tablettes portant un texte en
caractères cunéiformes. Différentes données permettent de
les situer au xtv'xm*'siècle avant J.-C.
M. Virollcaud a donné très vite une bonne copie de toutes
les tablettes, et une photographie de certaines d'entre elles.
H a fait des premières constatations sur l'écriture mettant
à part deux tablettes qui se lisent en accadien. il a reconnu
que les autres présentent un alphabet de 26 ou 27 lettres, à
mots courts (séparés par un trait vertical), donc sans doute
écrits sans les voyelles.
Cette prompte et bonne publication des documents a
porté ses fruits sans tarder. Chacun de leur côté, M. Hans
Bauer et le Père Dhorme ont effectué un déchiffrement, en
cherchant à lire du phénicien ou au moins une langue
proche. Après peu de tâtonnements, et chacun utilisant
h's faits reconnus par l'autre, ils se sont arrêtés à un
tableau de signes dont ils se sont servis pour des lectures et
traductions étendues. A ce sujet. les dernières références de
revues savantes, qui permettent de se reporter à la bib)io-
graphie antérieure, sont. sauf erreur H. Bauer;
/.Y/<2~«7< ~1~/M~/in A'<~7~c/ dans Z. D. M. G.
(i930). p. 251-25L ci P. Dhorme. /<i'</Mc/<<~
f/f. /e~(?.s-~e/ f/<i's ~7~M7' dans/~euMc ~yMe,
–i87–
HEKDUS
COMPTES

)931, p. 32-56 (Ajouter maintenant les articles de <S'y?'M,


1931, fascicule 1 connus trop tard).
Entre temps la campagne de fouilles de 1930 a livré de
nouvelles tablettes à MM. Schactfer et Chenet. M. Virol-
leaud. les lisant grâce aux valeurs de lettres reconnues par
MM. Bauer et Dhorme, avec de menues modifications, a
annoncé (communication à l'Académie des inscriptions en
avril 1931) qu'on se trouvait en présence d'une longue
épopée mythologique phénicienne. Enfin les fouilles de 1931
ont fourni de nouveaux documents, donnant le complément
cle l'épopée découverte en 1930.
Il faut maintenant attendre la publication de M. Yirol-
Icaud. La lecture d'un long texte compréhensible devra per-
mettre de fixer les détails de la graphie et de la làngue. On
peut remarquer que MM. Dhorme et Virolleaud emploient
le terme de « phénicien », tandis que M. Bauer s'abstient de
nommer la langue de Ras Shamra. Sans doute cette prudence
est-elle justifiée; dès maintenant on sait (notamment par
une communication de M. Virolleaud à la Société de lin-
guistique) que le traitement des consonnes que révèle
i'écriture n'est pas proprement cananéen. Je me hasarde,
à titre de timide suggestion, à citer le nom de ~4~ïM/M.
Dans la carte de la p. 297 de l'opuscule annoncé ici, ce nom
se trouve écrit de manière à se terminer juste à l'Est de
Ras Shamra. Si du phénicien, ou un langage proche, a été
écrit dans une écriture diS'érente du phénicien connu,
n'est-on pas en présence d'une frontière politique, et ne
faut-il pas penser à un Etat dont on connaît un peu l'his-
toire, mais dont on n'a aucun document écrit?
Marcel CoHEK.

Wifhe!m BoRËE. Die ~L~e~ O~KCM:c/ï jPa/a~~aN.


StaaUicheForschungsinstitutcbei der UniversitatLeipzig.
Leipzig (PfeifTer), 1930, in-8, 11, 125 pages.

Los études sur les noms de lieux snnt toujours Impor-


tantes ceMe-ci est faite avec méthode et réserve elle
188
WH.HELM BORËt:

représente un gros travail en dépouillements, classements


et réflexions et elle présente des résultats positifs.
Les noms de lieux étudiés s'expliquent pour la plupart
en sémitique. Il y a dominance de termes composés, dont
beaucoup comportent un nom de dieu, supposant un éta-
blissement religieux. Parmi les noms à un seul terme, la
plupart ont soit un préfixe net de nom de lieu, soit une
terminaison plus ou moins claire qu'on peut considérer
comme sufnxe de nom de lieu. Tous ces noms. au moins
dans la forme attestée, peuvent être attribués sûrement aux
populations sémitiques de la région.
Dans le résidu non reconnu comme sémitique, un nombre
appréciable de termes a des caractéristiques asianiques
nettes l'auteur les attribue avec prudence, au choix, à une
occupation partielle antérieure aux populations sémitiques
ou à une avance momentanée vers le Sud des éléments
asianiques dans un pays déjà sémitisé.
On aurait aimé, pour la meilleure utilisation du livre
par un public varié, que les résultats acquis soient repris
en tableaux, en index variés et surtout en croquis géogra-
phiques. H manque même une mise en évidence des numé-
ros des paragraphes qui1 permettrait d'utiliser la courte
table des matières et de se reporter facilement auxréférences
d'un endroit du livre à un autre.
H serait souhaitable que l'auteurpoursuive ses recherches,
suivant des voies qu'il expose en partie lui-même. Il y au-
rait lieu de distinguer mieux les temps et les régions et
surtout d'étendre la recherche à tout le domaine sémitique
du Xord-Ouest. La plupart des noms importants de la Phé-
nicie et de l'intérieur de la Syrie sont cités, en dépit de la
restriction initiale à la Palestine: il faudrait aller plus avant
dans cette direction. Une fois l'ensemble du domaine dé-
broussaillé on pourrait essayer de faire la part des divers
langages cananéens: hébreu; phénicien, moabite, amorite
si c'était possible, etc.. ce qui n'a pas été fait par M. Borée.
Les principales sources ont été utilisées hébreu, grecdes
Septante, documents accadiens et égyptiens, tablettes pales-
tiniennes en écriture cunéiforme. Il y aurait à pousser plus
189
COMPTES RENDUS

loin. pour être exhaustif versions bibliques grecques


autres que les Septante, Vulgate, versions araméennes et
autres versions orientales, documents extrabibliques en
grec, arabe, etc.
Une étude des faits phonétiques, qui manque, ne donne-
rail pas seulement des résultats pour les langues citées
(les échanges de liquides à eux seuls mériteraient un relevé
soigneux), mais sans doute aussi des indications en ce qui
concerne l'origine de divers noms, et leurs transformations
sur place sous diverses influences.
A propos du gros bloc des noms simples, ou pour-
vus d'une simple finale de valeur plus ou moins claire,
il faudrait, tout en mentionnant comme l'a fait l'au-
teur les racines sémitiques connues, penser aux homo'
nymies de langue à langue. Les explications de noms
de personnes ou de lieu par des étymologies hébraïques
évidemment fausses dont l'Ancien Testament est saupoudré
suffisent à faire soupçonner beaucoup de réemplois et
d'adaptations. Ainsi doit-on peut-être expliquer un certain
nombre de désignations apparentes, en partie surprenantes,
par des noms d'animaux et de plantes. Il y aurait lieu aussi
de reprendre en un tableau à part les noms que le grec a
traduits et non transcrits.
(~ueiquesobservations de détail.
P. i6. Le nom nbr peut être un doublet (existant en
éthiopien moderne) de nmr « panthère » (voir p. Si, n° 12).
P. 63 et 73 bas. L'équivalence Nx:.Ax~M~ s'appliqueàdeux
noms différents; le moderne Naplouse (arabe MC~/M)n'est
pas cité. sauf erreur.
P. 83. il faudrait ajouter aux noms en « vallée M
ceux qui n'ont ce terme qu'en grec (par ex. p. 9U,n" 24,~3).
P. 86. Le grec s~M~.ne recouvrirait-il pas un nom du
« sel )) dansquelque langue?'?
P. 95. Les noms contenant un nombre peuvent se rap-
porter à un événement périodique, comme les noms de
marchés désignés par les jours de la semaine en arabe mo-
derne.
Marcel ConEK.

t90
MAVER LAMBERT

Mayer LAMBERT. Traité de ~'cM~cz're hébraïque, Fas-


cicule I, Paris, librairie Ernest Leroux, 1931, in-8,
1-224 pages.

[) est affligeant que Mayer Lambert n'ait pu voir imprimé


ce Traité, fruit de longues décades d'études, de réflexions,
d'efforts pédagogiques. Au moins, au moyen de cette claire édi-
tion, son enseignement se perpétuera de manière profitable
pour les hébraïsants et sémitisants. en particulier pour ceux
qui n'ont pas l'usage de l'allemand grammatical en rem-
placement de la grammaire vieillie et épuisée de Preiswerk et
a côté de la grammaire du Père P. Jouon, ce sera un ouvrage
essentiel dans les bibliothèques publiques et privées pour
les lecteurs de langue française. L'ouvrage ne pouvait être
réalisé tel qu'il est dans sa richesse que par un homme pos-
sédant à fond la langue, au courant de tous les travaux
grammaticaux des savants juifs de toute époque et de la
littérature linguistique moderne, savant dans les langues
sémitiques en général, Tl ne pouvait avoir cette clarté que
rédigé par un homme méthodique et modeste qui, se pla-
çant continuellement comme à l'extérieur du sujet qu'il
connaissait si bien. l'expliquait pas à pas en définissant
tous les termes au passage. Les références à d'autres ou-
vrages ont été choisies judicieusement et mises à leur
place en des notes qui n'écrasent jamais l'exposé.
Le résultat est qu'on voit aussi clairement que possible
ici, avec l'aide d'un esprit positif chez qui le souci linguis-
tique n'était occulté par rien; les variations des différents
morceaux de la Bible dès leur plus ancien état atteignable,
et les retouches postérieures des massorètes. On peut dire
qu'un pareil ouvrage clôt dignement une période d'études.
Dorénavant il restera à reprendre encore le travail en
tenant compte des connaissances nouvelles sur l'hébreu pré-
massorétique, et en entreprenant des monographies gram-
maticales de différentes parties de la Bible. Puis on arrivera
sans doute une fois à replacer tous les faits dans un cadre
qui tienne compte de plus près de la « phonologie », tant
<9i
COMPTES RENDUS

pour les réactions des phonèmes en contact que pour la


constitution syllabique. Les progrès de la comparaison
apporteront aussi de nouvelles lumières.
!I sied de marquer les réserves: comme la systématisation
phonétique de Maycr Lambert apparaîtra déficiente, sa sys-
tématisation logique apparaîtra un peu excessive, sa termi-
nologie un peu trop proche encore de la grammaire fran-
çaise usuelle.
Le fascicule donné ici seul comprend une courte Intro-
f/Mc~'OH, une Sémasiologie ou étude des signes graphiques,
une Phonétique, le début de la ~o~~o/o~'e (notions géné-
rales, et étude du nom avec les pronoms et les noms de
nombre).
Dans la morphologie, suivant la bonne méthode, les
emplois sont étudiés avec les formes.
En généra! les explications historiques sont mises à leur
place, après l'exposition complète des faits. Par places
seulement la forte conviction sur la valeur de l'explication
a entraîné l'auteur à en faire le début de son exposé, et le
lecteur devra s'armer de doute ceci s'applique surtout,
dans la partie relative au nom, à l'explication des dési-
nences de pluriel comme d'anciennes désinences du fémi-
nin. qui ne parait pas tenable.
L'éditeur annonce la parution proche de la suite de la
morphologie. On souhaitera que le fascicule final de l'ou-
vrage contienne un index très complet permettant aux sémi-
tisants de retrouver rapidement tous les détails concernant
non seulement l'hébreu mais les langues parentes et les
hypothèses ingénieuses qui sont répandues un peu partout.
Au total, bon ouvrage- de philologue, de linguiste, de
professeur.
Marcel CoHEN.

-192-
J. CANTINEAU

J. CAKTtKEAC. jLg/!<x&a~eM.1. Notions générales, écri-


ture, grammaire. Paris, Librairie Ernest Leroux, 1930,
in-8, x)-l 12 pages.
.]. C~NTtNEAu. Inventaire des inscriptions de ~'<a'~??yye.
Fascicules 1-IV, Beyrouth, 1930-1931 (Publications du
Musée national syrien de Damas).

Les langages sémitiques connus seulement par des in-


scriptions doivent être l'objet d'études précises et complètes.
M. Cantineau à donné à la fois un ouvrage utile et un bon
exemple en traitant méthodiquement la question du
nabatéen.
L'ouvrage annoncé ici sera complété par un tome II, dès
maintenant en cours d'impression, qui donnera, avec des
reproductions au trait, tous les textes importants connus.
et un lexique complet de toutes les inscriptions recueillies.
Ainsi le nabatéen peut prendre vraiment sa place dans les
études de linguistique araméenne.
L'exposé de M. Cantineau est clair et méthodique la
comparaison y intervient partout, mais sans jamais masquer
l'exposé des faits; les difficultés qui résistent provisoirement
à une explication sûre sont nettement indiquées.
Le domaine du nabatéen est situé à la frontière entre
l'ancien domaine araméen et le domaine arabe beaucoup
de noms propres nabatéens se retrouvent en arabe. D'où
une question importante historiquement, et aussi pour le
jugement à porter sur certains traits dialectaux du naba-
téen les gens qui ont écrit les inscriptions nabatéennes
depuis environ 100 av. J.-C. jusqu'à 100 ap. J.-C. ont-ils
parlé nabatéen (c'est-à-dire araméen), ou arabe? M. Can-
tineau (voir notamment p. 9 et suiv.) adopte la seconde
hypothèse, en réservant toutefois la possibilité que certains
éléments de la population aient parlé araméen. II me semble
au contraire probable que les villes de la Kabatène ont eu
des citadins de langue araméenne, que sans doute J araméen
était une langue employée même par les campagnards de
langue arabe. Ainsi l'écriture originale nabatéenne a du
19~
Ib
COMPTES RENDUS

noter une tangue véritablement vivante, avec ses parti-


cularités propres, et non un aspect d'une grande langue de
relation implantée seulement pour des usages savants et
pratiques.

Pour le paimyrénien, M. Cantineau poursuit une double


besogne il augmente le nombre des documents connus par
des fouilles qui se sont montrées fructueuses, ainsi que le
révèlent des publications de textes inédits (Inscriptions pal-
Damas,1930, Textes funérairespalmyréniens
M!?/y'pM!<??ï?!e~,
dans Revue Biblique, i930) d'autre part il a entrepris un
inventaire général des inscriptions tant palmyréniennes
que grecques, qu'il bâtit avec rapidité. Ainsi, lorsque les
campagnes de fouille à Palmyre marqueront un nouveau
temps d'arrêt, les documents seront rassemblés à la fois
dans le répertoire de M. Cantineau et, il faut l'espérer, dans
le Co~M~ inscriptionum semiticarum, et on peut escompter
que quelqu'un rédigera alors pour ce dialecte aussi une
bonne monographie grammaticale.
Marcel CoHEK.

Karolus CoKTtRossiNt. C/i~'e~o~a/~M a~o~xco ???e?'!


dionalis e~yra/)/ti:c<xedita et glossario instructa. Rome,
Istituto per l'Oriente, 1931, In-8, xi-264 pages.

Le sudarabique n'a pas pris la place qui lui est due dans
les études sémitiques comparées, parce que le matériel déjà
abondant d'inscriptions a été et est encore publié trop len-
tement, et qu'on a hésité à faire ou a.u moins à publier des
exposés grammaticaux et des lexiques sur des documents
souvent difficiles à interpréter et qu'on savait destinés à être
complétés sous peu.
M. Conti Rossini rend un signalé service en munissant
cette chrestomathie d'un lexique (p. 99 à 261) qui contient
tous les mots des inscriptions publiées qui sont usuels et de
sens suffisamment établi, y compris les noms propres. Ce
194
K. RHODOKAKAEtS CARL MEtNHOF

lexique est comparatif, ce qui s'impose d'autant plus qu'en


majorité les sens des mots ont été reconnus par compa-
raison avec d'autres langues sémitiques, l'arabe, le sudara-
bique moderne et l'éthiopien étant ici spécialement impor-
tants.
A la vaste information et à la sûreté de travail de l'auteur
tous les sémitisants sont redevables d'un excellent instru-
ment de travail, qui survivra tel quel, et qui devra aussi
provoquer de nouveaux travaux sur la même matière.
Marcel CoHEN.

N. RHODOKANAKfs. Studien ~M~ Z.e.r~o~~Axe M~/


C~<?w??ï<7/<7.'
< .4/~M~/a'~a~M'c/teM IM. Heft., <S*~?~
~c~e, -4~'a<~eMM'e. M: tFx'e~ 213. 3, Vienne (Holder),
1931, in-8, 50 pages.

M. Rhodokanakis, poursuivant ses patientes et minu-


tieuses études, donne ici une monographie sur une seule
racine sudarabique. Il définit le sens des différentes formes
à la lumière de textes inédits, de sorte que nombre d'autres
termes se trouvent étudiés dans le commentaire. La racine
étudiée est ~r~ avec l'idée générale de « garantie a.
Marcel CoHEN.

Cari ME!KHOF. Die libyschen /?M'c/i'eM. Eine Unter-


suchung. Leipzig (~L~Aa~M~e?! für die ~M??c/e des
~o/yeM/<x?!</e~ XIX, 1), chez Brockhaus, 1931; in-8,
46 pages.

L'infatigable vétéran des études africaines rend un nou-


veau grand service en publiant ses recherches sur les
inscriptions libyques (berbère ancien).
Son étude méthodique s'appuie sur un examen très
soigneux des deux bilingues punico-libyques relativement
195
't3.
COMPTES RENDUS

longues (7 lignes), et sur les inscriptions tombales latino-


libyques. Pour les comparaisons graphiques et pour les
interprétations phonétiques et lexicales il tient compte dans
le détail de l'écriture berbère encore vivante au Sahara (le
tifinagh) et du phonétisme moderne (qui apparaît peu
évolué en regard des documents du début de l'ère chré-
tienne). Les berbérologues ont maintenant la parole; il est
probable qu'ils admettront les identifications nouvelles de
signes, en rectification à Fessai ancien (i87.i.) et sur divers
points pas assez méthodique de Halévy, qui avait été insuffi-
samment critiqué par des continuateurs commeLidzbarski et
Chabot les études ultérieures en seront facilitées. Elles
devront compter en partie sur des découvertes de hasard
qui permettront l'interprétation des mots qui doivent rester
provisoirement incompris.
P. 5. Le traitement anormal de u pour b est attribué; ce
qui n'est pas dit ici assez nettement, au nom complexe
!/< (voir p. 19).
Les considérations sur la graphie (présumée fautive)
b pour r se comprennent mal parce que dans la reproduc-
tion de l'inscription p. 4 le bon signe de y (un rond) a été
mis au lieu du signe de b (rond avec point central).
L'observation surj/j~M sous1. S se rapporte à 1. 4.
P. 7. L'édition de l'inscription de Masinissa faite par
Meinhof dans 0. L. Z. 1926a échappé à F. Beguinot lorsque
celui-ci a traité des deux premières lignes dans ses A'o~fdi
p/?!~f/~ libica, de .A?ma~'6~/ ist. or. di Napoli, 1928-9
mais illeinhof a de son côté Ignoré cet utile travail où on
trouve notamment un supplément de bibliographie.
P. 13. A propos de t et considération inutile sur
l'alphabet hébreu (ainsi qu'ailleurs certaines observations
sur la prononciation spirante des occlusives intervocaliques
propre à l'hébreu massorétique et à l'araméen), alors que
l'auteur admet en somme avec Littmann que l'origine de
técriture libyco-berbère doit être cherchée plutôt dans une
dérivation du type méridional de l'écriture sémitique. (P. 33,
il vaudrait sans doute mieux ne pas tenir compte de d dans
le tableau phonétique).
i96
FRAKCESCO nKf.L'iKOT

P. 20-22. A propos des échanges de y et de (spirante


véiaire sonore) on pourrait citer le nom ancien M!M6'r-cA'et
le moderne MM~eK.
P. 34. 1. 15 fin, lire Zeiclaen et non Ze~
P. 35. A propos de ~s~ « monument du souvenir )).
compHrer amharique ~c'ars « témoigner ».
P. 37, 1. 12, lire rechts et non /M~.
P..13. Parler d'écriture sémitique plutôt que d'écriture
&/<C/MC!C/?7?P.
Marcel CoHEx.
CoHEV.

Francesco BEGuixOT. Il ~e~e/'o Ap/~M /M<x/


Grammatica. testi raccolti dalla viva voce, vocaholarletti.
Home, Istituto per l'Oriente, 1931. in-8, vni-3ji pages.

Le berbère de l'ilot compact du Djebel Nefùsa en Tripo-


litaine était jusqu'à présent assez mal connu. Voici un
manuel complet, fait de documents strictement situés, de
l'un des deux grands dialectes qu'on y distingue. L'auteur
rend un service important aux études berbères.
La notation est stricte, l'exposé grammatical (p. i-131)
clair et précis les textes abondants permettront aux spé-
cialistes de l'enrichir encore, au moins pour la syntaxe.
L'auteur est de ceux qui réclament avec énergie une
étude systématique et comparée des dialectes berbères, et
il y contribue efficacement. Mais sans doute, dès mainte-
nant, aurait-il pu mettre mieux en lumière le système du
parler particulier qu'il étudiait.
Lu classification des consonnes et voyelles est faite de
trois manières, et pourtant le système phonétique propre du
parler ne ressort pas. On ne voit pas quels sont les pho-
nèmes essentiels, et leurs relations contrastées. Les phéno-
mènes « conditionnés » sont énumérés sans que les princi-
pales tendances apparaissent bien. Il faudrait séparer non pas
l'assimilation totale et l'assimilation partielle, mais l'assi-
milation en contact et l'assimilation à distance, noter la
i')7
COMPTES RENDUS

fréquence du phénomène, si l'accommodation se fait entre


éléments de la racine, du mot, de deux mots, etc. La
constitution syllabique pourrait être étudiée de plus près,
et abstraction faite du dogme caduc que les chutes de
voyelles sont dues essentiellement à la prédominance des
syllabes actuellement accentuées.
Dans la morphologie, le rôle de la forme d'habitude est
mal mis en valeur il s'agit, actuellement, d'un aspect du
verbe, non d'une voix comme sont les autres thèmes
dérivés. Comment d'anciens thèmes dérivés (intensif et
rénéchi) ont convergé dans la constitution de cet aspect est
un problème capital de la linguistique historique berbère
mais une description se doit de représenter d'abord claire-
ment l'état actuel.
Encore une fois, les faits sont bien recueillis et mainte-
nant offerts aux recherches ultérieures. On souhaitera
d'avoir beaucoup de pareils travaux.
Marcel COHEN.

François REYKiERS. Taougrat ou Les Berbères racontés


par eux-mêmes. Paris (Geuthner), 1930, petit in-8,
89 pages, illustré de bois et dessins.

Taougrat est le nom d'une vieille poétesse chleuh dont


des poèmes sont ici édités, en écriture phonétique à peu
près scientifique et en traduction française, avec de courts
commentaires quelques autres textes, d'intérêt moins
littéraire et plus ethnographique, complètent la plaquette.
Marcel CoHEK.

Ernst ZvLHARZ. Z)û:$~ero~MeAc <S~o'c~)~o~Z?~ tirage


a part de J.~ro~<M, T. XXV, 1930, pp. 409-463.

L'auteur a appliqué à un sujet délicat une excellente


méthode et de l'ingéniosité, en s'appuyant sur ses connais-
198
r:R\ST ZYLHARZ

sances en égyptotogic et au sujet des langues couchitiques


et nilotiques. Son mémoire est d'un excellent type d'exposi-
tion. On se sentdisposé à suivre avec confiance un savant qui
sait si bien résumer les travaux antérieurs et qui retrace tous
les progrès de l'étude avec une minutie telie que le lecteur
sait exactement sur quoi s appuie chaque affirmation, et
aussi ce qui empêche provisoirement d'aller plus outre.
Tout au plus regrettera-t-on que le résumé final ne ren-
voie pas par des chiffres de paragraphes au détail de la dé-
monstration.
Une critique assez grave les trois voyelles que distingue
i écriture mëroïtique. et dont le timbre n'est pas connu,
sont désignées conventionnellement par des signes qui sont
employés par ailleurs dans les études chamito-sémitiques
ou spécialement égyptologiques pour transcrire des
consonnes « faibles M il aurait fallu adopter soit des
chiffres. soit des signes typographiques quelconques, à
condition qu'ils ne servent nulle part à désigner des pho-
nèmes connus.
Les faits sont tels on possède dans la région de l'ancien
royaume de Méroé des inscriptions assez nombreuses soit
en un jeu simplifié (jusqu'au nombre de 23) d'hiéroglyphes
égyptiens, soit en une cursive de 23, caractères dérivés de ca-
ractères démotiques. Le déchiffrement graphique a été fait par
les égyptotogues(surtout Griffith)gràce aux nombreux noms
propres et mots égyptiens de ces inscriptions. D'autre part
les circonstances historiques, aussi bien que linguistiques
(non-concordance avec le Nuba), mènent à supposer que la
langue des inscriptions doit être (conclusion de Meinhof
dès !922) une langue « chamitique ». C'est la conclusion
confirmée par Zvhtarz au bout de son étude. Il pense qu'on
a retrouvé la vieille langue du pays de A;M.Il ajoute qu'elle
est beaucoup plus ancienne que les inscriptions méroïtiques;
il entend sans doute en tant que langue nationale et. lit-
téraire A ce propos on peut remarquer que le mot
< ancien est souvent employé abusivement en parlant des
langues; il faudrait toujours spécifier qu'on parle de l'an-
cienneté en tant que langue distincte, ou en tant que languee
)99
COMPTES RENDUS

nationale (transportée ou non sur le domaine d'autres


langues). L'ancienneté ainsi définie se manifesterait sou-
vent par un aspect assez évolué, autrement dit par un sys-
tème d'innovations, un caractère moins archaïque que celui
de tel idiome qui n'a pas eu les mêmes destinées de culture
sur place ou en domaine conquis. Aussi bien sait-on que
les langues les moins anciennement attestées sont souvent
les plus archaïques.
Vo'ci les principales caractéristiques morphologiques
<7~M~'<yMM (il vaudrait mieux dire c~c~~o-~em~~Mp.s')du
méroïtique reconnues jusqu'à maintenant: préfixes des voix
du verbe s- (-)- voyelle)causatif, t- réfléchi, ~(+ voyelle)
passif; préCxes personnels: y- de 3e pers. masc. sing.,
oppose à du féminin, préfixe vocalique pour la 1"' per-
sonne. De plus il y aurait une distinction de deux aspects
des verbes (parfait et imparfait) par la voyelle du préfixe,
fait connu en couchitique.
D'autre part. le vocabulaire reconnu jusqu'à présent ne
permet que mal la comparaison lexicale avec le couchitique.
On voit tout l'intérêt de ces faits si le méroitique peut
être assez bien déchiffré pour donner vraiment l'idée de ce
qu'était une langue couchitique déterminée du premier mil-
lénaire avant l'ère chrétienne, c'est une donnée de pre-
mière importance pour la comparaison chamito-sémitique.
Marcel CoHEN.

Atk'C'ERNER. ~~MC~M~P CHef/'C~i'<0?M/p0/'G:C<XM


/a~Maye~. Londres, New-York, Toronto (Longmans,
Green and Co), 1930, in-8, 62 pages.

Cette plaquette est une erreur d'édition. Le petit ouvrage


du même auteur (The /a??yMa<ye-/c'?M:7!M of ~L/?'xca;,
sie'naië dans ce Bulletin, t. XXVI, p. 261), sunisait à ren-
seis'ner un public large sur la question des langues en
Afrique, en lui indiquant cnmmenL pousser la recherche.
Il s'agit ici de quatre courtes conférences publiées sans
200
MARCF: COHE~'

bibliographie (hors quelques citations) et sans carte. Dans


)'ext;'t''mc brièveté de 1 expose, certaines questions ou théo-
nés traitées avec un peu plus de longueur prennent une place
disproportionnée en outre, malheureusement, il s'agit de
préoccupations déjà dépassées en partie. On s'étonne
d'autre part de l'absence de toute allusion à l'activité et aux
théories de M. Delafosse et à celles plus récentes de
L. Homburger on aimerait qu'une africaniste compétente
comme M"" A.. Werner donne sur celles-ci une opinion cir-
constanciée.
Marcel CoHEK.

Marcel CoHEx. ~:<<~M f/MjD!?~ méridional. Paris


(Geuttmer), 193L in-S, xvi-H6 p. (Collection d'ouvrages
orientaux de la Société asiatique).

H n'y a pas de linguiste plus curieux de poser des pro-


blèmes et plus soucieux de montrer la nécessité de recueillir
des laits nouveaux que M. Marcel Cohen. Son domaine,
qui est le chamito-sémitique en général, et en particulier
{éthiopien, au point où le sémitique voisine avec le couchi-
tique, ne lui donne que trop d'occasions de manifester ce
tempérament de chercheur toujours en quête de questions
non résolues. Car le travail n'v est, pour une large part,
qu'à ses débuts. Les doctrines générales ne sont pas fixées,
et le détait des faits n'est en partie pas relevé, et, là où il
est connu, pas méthodiquement exploité. M y a trop peu
de travailleurs.
Le livre de M. Marcel Cohen n'est pas un ouvrage systé-
matique, bien qu'il soit foriement composé et calculé dans le
détail. C'est un ensemble de théories sénérates et d'études
spéciales provenant à la fois d'enquêtes personnelles et d'un
examen attentif des publications faites sur le domaine étu-
dié les parlers éthiopiens méridionaux.
Au début de l'ouvrage, M. Marcel Cohen marque les traits
qui caractérisent dans l'ensemble l'éthiopien, en distinguant
30!
COMPTES RENDUS

chose particulièrement intéressante les particularités


initiales de celles qui résultent de développements paral-
lèles des parlers éthiopiens. II considère comme réelle une
influence du substrat couchitique sur le sémitique d'Éthio-
pie. Le fait le plus remarquable est la modification de
l'ordre des mots sémitiques sous l'influence du couchitique
(p. 12 et suiv.). Les observations des p. 44-46 sur les sub-
strats sont prudentes et fermes à la fois on ne saurait
trouver meilleur exposé théorique d'une question contro-
versée. La conclusion de la p. 52 est tout entière à retenir;
c'est moins une conclusion qu'un programme de travail
méthodique.
Le principal du livre consiste en trois études sur des dia-
lectes éthiopiens méridionaux gouragué, harari, argobba.
La plus poussée est celle sur le gouragué représenté par
quatre de ses types de parlers, sur une douzaine environ
il est indiqué que le groupe oriental a des rapports étroits
avec le harari. L'étude sur le harari est aussi assez détaillée
sur l'argobba, il n'est donné que de brèves indications on
notera qu'un document du xv" siècle, découvert par
M. Jorga, y est utilisé ce document n'est, malheureuse-
ment, pas situé d'une manière exacte.
Le volume se termine par l'examen de yMe/yMa~'o~/è?MC6'
phonétiques. Il s'agit de ces innovations phonétiques non
constantes, mais propres à indiquer des tendances caracté-
ristiques, que M. Marcel Cohen s'est fait une spécialité de
signaler et d'examiner. Il y a là un ordre de faits curieux et
dont t'intérêt peut être grand. Par exemple, dominé par
i'i'icc générale que les labiales seraient débiles en sémi-
tiques. le chapitre de l'affaiblissement et des échanges de
consonnes labiales est frappant.
Outre ce qu'il enseigne aux sémitisants, et le programme
de travail qu'il fait apercevoir, on voit que le livre de
M. Marcel Cohen est important pour la linguistique géné-
rale.
A. M.

202
JOURNAL DE LA SOCfÉTÉ FtK~O-Ot'GRIEXXE

/p/<m<~aM~~9~<'<~ la section des arabisants de l'/M~~


français de Z)~ Tome 1 (1929). Beyrouth, in-8,
181 p. et XXI planches.

Dans un recueil qui inaugure les publications du jeune


<'[ déjà actif 7M.M/ /?~~paM de Damas, un seul article de
caractère linguistique E. Saussey, mots ~~c~ dans le
~o/er/e ara~c de Damas, p. 75-129. Le sujet est inté-
ressant. et la méthode suivie semble bonne cet article est
d'un bon exemple, et l'on aimerait avoir beaucoup de
travaux de ce genre qui mettent en évidence des faits de
civilisation vus de la langue.
A. M.

LANGUES DIVERSES

VoM~KG~de /a Société finno-ouqrienne. XLIV, Helsinki,


1930. Ce volume comprend trois grands mémoires.

P. 1-160. Ham:dâinen. ~e~M~e rM~ Ethnographie der


Ostflî?,nen. Des indications sur les usages matrimoniaux des
Mordves, des Tchérémisses et des Votiaks en occupent la
plus grande partie, p. 9-H7. Le reste est occupé par les
observations sur les usages en cas de décès et sur des levées
de récoltes. Dans tous ces articles, il est donné beaucoup de
faits relatifs au vocabulaire.
P. 1-32. Kai Donner. Uber die Ienissei-Ostjaken und ihre
Sprache.
P. 1-39. Olaf Hansen. Zur so~bdischen Inschrift aufdem
dreisprachigen Denkmal von Karabalgasun.
Suivent des extraits de procès-verbaux de la Société,
pleins de données intéressantes.
A. M.

203
COMPTES RENDUS

YrJÔWlCHMANN. l'O~C~~MMjy und rb~<ÏMC/!e der


7'e~eypMïMSCK. Helsinki, 1931, in-8,xvt-479p. (Afe~o~M
de la Société /~ïMO-OM~7'MMe, LIX).

Textes en divers dialectes du tchérémisse, aussi importants


pour le fond que pour la forme linguistique. M. Y. Wich-
mann les publie en une notation phonétique précise, avec
une traduction. Ces textes ont été recueillis durant un
voyage d'études, d'octobre 1905 à août 1906.
A. M.

S. RoGOZtK. ,4~7t'M//aC!/ ~UM~O!~ M/'Œ/O-C/ifC/.S~'M;


y<<z.K v s~au~e?! a7*Meu~'o-~t~fMM!. Uijanovsk,
!930. i4p.

Mémoire de phonétique d'un caractère neuf.


A. M.

./OM~a/~e Société des Africanistes. Tome I, fasc. 1.


Paris (61. rue de BuETon),1931, in-8, 130 p.

II est surprenant que, dans un pays qui a en Afrique autant


d'intérêts que la France, il ait fallu attendre jusqu'à 1930
pour qu'une Société des ~r!'caMM~' se constitue. C'est
chose faite, et voicile premier fascicule que publie cette nou-
velle société.
La linguistique en profitera. Dans ce premier cahier, un
seul article de caractère linguistique un petit vocabulaire
dorhosié et dorhosié-unng que M. L. Tauxier ajoute à sa
notice sur les populations de ce nom.
A. M.

-204-
CH. TISSERANT )!n.)OTHECAAFRtCAKA

Ch. T'SSERAKT. Essai NM~'la ~<X?~y7?<X:~'TM</C.1930,


in-8, 185 p. D<c~oMMO!re~a~a'ay~aM, 1931, in-8,
f))7 p. (Travaux et Mémoires de ['Institut d ethnologie
de l'Université de Paris [19), rue Saint-Jacques, Paris.
Y"]. XiM et XIV).

Le P. Tisserant. qui réside dans l'Oubangui Cl)ari depuis


!9H, a réuni dans ces deux ouvrages la somme du travail
fait par la mission dont il est l'un des membres sur les
parlers du Banda. La grammaire, et plus encore ie voca-
bulaire, témoignent d'une familiarité Intime avec la langue
étudiée. En publiant un travail aussi approfondi et qui
apporte autant de faits soigneusement observés, l'Institut
d'ethnologie rend à la linguistique africaine un grand ser-
vice. Le P. Tisserant a tenu compte autant qu'il l'a pu des
différences entre les parlers du Banda. II n'a donné que
quelques pages de textes mais le chapitre de la syntaxe
renferme nombre d'exemples, et les articles du dictionnaire
sont nourris de phrases et de locutions. de telle sorte que
l'on peut se faire une idée de la langue. Le dictionnaire se
termine par une énumération des noms d'animaux et des
noms de plantes qui sera sûrement utile. Si, un jour, le
P. Tisserant y pouvait joindre une liste des noms d'outils
avec des figures et de ce qui sert à la technique et
une liste des mots employés dans les relations sociales
noms de parenté, noms d'institutions, termes religieux
il augmenterait encore le service qu'il a rendu.
A. M.

.S!0if/!ec<x Africana. vol, IV. fasc. 2. innsbruck,


Innalen H. 1930/31. 68 p.

Ce fascicule de la revue africaniste du Père Drexel


comprend trois articles de caractère linguistique. La suite
de l'article sur le Bantou du P. \Vangcr, un article sur
l'Ewe et un sur une lanarue du Kordofan.
A. M.

203
COMPTES RENDUS

Renward BRANDSTETTER. Das ~y*ec~e?îund die Spracfie


im j5*/?Mye/ der m~o~e~McAe~Idiome und Z<<e/'Q'~M~eM.
Lucerne (Haag), 193t, in-8, 35 p. (Wir Menschen der
indonesischen Erde, VII).

Les termes qui se rapportent au langage intéressent trop


l'homme pour ne pas comporter des renouvellements. Ce
trait qui s'observe dans les langues indo-européennes se
retrouve dans les langues indonésiennes. M. Brandstetter,
à côté de quelques concordances, est amené à signaler entre
les langues données nombre de différences. Suivant son
procédé habituel, M. Brandstetter ne donne que les résultats
d'ensemble d'un travail qui a été poussé plus avant et
n'entre pas dans le détail il illustre les idées générales
il n'énumère pas tous les faits. Mais il pose toutes les ques-
tions principales.
A. M.

T. CmBA. TÏMearcAinto the cA<zr<zc~~M~'cs of the ~ue


.7c~oMpsevowels compared analytically M?:'<A ~o~c o f
the e~A~cardznal vozvels. (Yokohama). 1931, in-8, 44 p.

Description des voyelles du japonais qui sont de type


peu varié. On sait qu'en japonais la variété est obtenue par
1 emploi des tons. On retiendra des remarques curieuses
celle de la p. 38 sur une altération de Fc qu'entraîne l'obli-
gation pour les femmes bien élevées de ne pas trop ouvrir
la bouche est curieuse et instructive.
A. M.

-206-
JOURNAL DE LA SOCtËTÉ DES AMÉtUCAXfSTES

C. C. UHLENBECK and R. H. van GULIK. An e~7~-


6~c/bo~ uoca~M/a~, ~aM</ material from the NOM~yM
~'p~eMy! Amsterdam. 1930, in-8, 263 p. (publication de
l'Académie d'Amsterdam, Fc~Ae~e~eM. Zp~r/fMM~c,
N. R. XXIX, 4).

Sous la direction de son maître, M. R. H. van Gutik a


rédigé un dictionnaire qui est fondé sur les données
recueillies sur place par M. C. C. Uhlenbeck et M. de Jos-
selin de Jong. Le nom de M. Uhlenbeck suffit à indiquer
avec quel soin le travail a été fait. La préférence accordée
au type anglais-biackfoot indique les tendances du maître
qui a dirigé le travail ce sont les idées expressives qui
intéressent M. Uhlenbeck, et le matériel de la langue l'in-
téresse surtout en tant qu permet de pénétrer la mentalité
des indigènes.
A. M.

Journal de la Société < américanistes, XXH, 2. Paris


(61, rue de BufTon), 1930, in-8, xL:v p. et p. 249-S43.

Ce beau fascicule complète le volume XXM.


Deux articles de caractère linguistique. l'un de F. John
Duval Rice, en portugais, sur la position de la langue
de Urubu parmi les langues sudaméricaines. l'autre de Curt
Nimuendajù, en allemand, une description de la langue de
Kuruàva.
A. M.

-207-
TABLE DES COMPTES RENDUS'1

Pages.
ADjAREAX.S'KKatA.:MKj)jrf!r<:Y6tSt6ar6c[rt' 90
ALoxso. Dialectologia AMpanoameftcana. 119
Année Psychologique. 32
.-4rc/t:t'OrMRh~)tt. 37î
.4re/t!'t)MmneopANo&)~!eum. 48
AttL'MAA.Litauische Texte aus W~hia. 177ï
BA[LLY..Lac)'tsedtf/')'<Mte<ïts. 133
BATTtSTi.Popote/MS'MeKe~'A~e. 118
BE<;utxoT.~6<')'&e)'oA'e/MS!(M.Cohen). 197
BExvExtSTE.Grammaire du vieux perse. 85
B:6~o</t'<e cNs/:os<at;a!nsAyc/t. 37, 163
~<6/tot/tcco<t/)'K;<!M. 203
BnxKENBERG-lHŒLE. Df!)M~)'<Ms/: Ord6og (Sommerfp)t). 150
!!LCCH(Jules). I)!f~-<j!/anpMi'o!oyt/ 80
Bi.'tOMFtELD-EDGEKTOX. ?ed:C t'at'MKfS. 64
fionurxu. Santal t!e<t0)t<:< (J. Bloch). 77i
Uon.i.oT. Français de la Gran~'Com&c. 133
BuHEE. «t'(sH<MH<'?i Pa~Mttna~ (M. Cohen). 188
BftAxDs'rETTER. DasSprce/tettMM~etteSpMc/tC. 206
B)tocH-SELMER.E<em<'K<a<b?:e<:& 35
Bnùxm.'M-KtELSEX. RMH~-OHA'ens sprogform (SommerMt). 158
Rt~/ctùt de r~M. G. Budé, supplément. 92
BM~tt international de rAo<tdem:<*po~oMfsc. 43
CAxnxEAU. Le A'a6atMn. IttMrtph'OKs de Pa<m.)'c (M. Cohen). 193
CAp~TAXT.Voca6M/t[M'<M)'ta'gMe. t31
<.AS.s)nE!t.PMosopA:'ede)'sym6oHM/te!t Forme)! 4
CcMC'a.M. 39
))ECELLES.Notre &MMp<!)'~)' 138
CtnBA.jF'~eJapanesefOMei! 306
CnH!STEXSEX. Dialectologie iranienne. 88
CnHEK(M.). Ethiopien méridional. 301
Questionnaire !tK<?MM<KyMe. 34
CoLurz. Vert'so/'motton. 341*
CoLL&MP.Cft<:</Mdeste.E<M. 95
Cox'n RosstNt. Chrest. arabica tno'MtOKO's (M. Coben). 194

1. Les comptes rendus signés A. M. sont de M. A. Meillet. L'auteur n'en


n'est pas indiqué dans cette table.

308
TABLE DES COMPTES REXDL'S

CouRnfx.Grf!tKM6K'reMMs/frtte(J.B)och). 71
CuftME.S~ttta.E. 145
CMrmcM~UMe. 51
DAMOURETTE-PtnHOx. Grammairc ~ro~cat'M. 124
D<!K.!A:eJ'o<A'e?7Mo/(Sommerfc)t). 158
DEMUxxEft..R/aM' Gromm. des KeM(es<<:m.GrMcAMe/t. 101
DELACitO[x.~<aK</f7y<'e~/ap2~e< 1
UnoHME. Langues el ecn'tin'M s~ttMh'ÇMM (M. Colten). -182
i).!nUDJEFF.A~MS<ÇMepOpM~)'~6td~aM. S3
URERCP.SchM~aMssprac/tf des Gr:cc/t:sc/teK. 100
En'nEM-AMUxDSEx.Papi/t'<(<s<ocnses. 94
E)<:s'OUT-ME)LLET.jDtC<M!tK.e<nM)~0~!ÇMe~!t:M. 107
Espt:<osA..E~M;io<deA'i<6<M.~c;'tM. 119
FIESEL.jEtrMsA-t.SC/t. 181
F:/o<of/t;6Mdr:6f.sr~/fs< 179
FmEDRtCH.Hethitisch M)tdA'<e~asta<ise/<eSpfac/ten. 56
GAxcmxA.;Ue<odtA'c pt'epodauaH~a. 35
GAUCHAT-.tEAXJAQCET-TAPPOLET. J'atois de la SKtSM Rcmc~~C.. -i38
GAUDEFHOY-UEMOMRYXES (J.). L',ruvre de HMK!&oM< 33
9
GERULus. Litauische Dfa~'A'tsttfcft'cn. 176
GoTTL!ER.Jn~o-<'uropMf)aK:nio<Komes. 53
GuxxAttsox. Décadence de racf/ce~ttomtna~ 168
HALA.Z<tA'<6[di!/sp:'sot'net't/s<ort<o.!< 173
vunHAMEL.Go<r!cA/M?!d6oc/ 141
HAMMAKSTRôM-KAitSTEx. R!tne!!sc/o'<ct! (Somme)'f'eX). 1S1
HACST.DtCt!0?!t~<r<eg'MfS. 128
HAVE~s.H~)t(/6)feA der erA'Mre;:dett S'/n<a.r. 20
H[RT.~SMd6:<cAdest'rjyo'Ma))/.<!e/t<'K. 137
HoFt'MAX\. ~ne'/c~opaedia mtoido~ec (.). H)u'h). 77i
Hot'MAx~.La<<:<M~'c/tescf'/mo<. ~'urtet'&Me/f von n'aide. 106
HuGUET.D!'c<t0)u;t'e dit xvï'' siécle. 127
H['MBERT.D:s~Mrtt«.)ndi<da: 98
7~d!<ï~StMdiM.J'{ap.'io<t. 69
7Kdo~rman!se/)c~tr6t<c/ 49
IxoKEun. A'idartM (SonmprMt). 159
tpSEX. Sprac/t/jAt/osop/ne der Ge.~Kttxïrf. 3
J'M)!~«()f)'Acndëmie. 163
JABERU-.tun.,Sp;'ac~-Mnd .Soc/fn/~s Italiens. 116
jAr.oBSEx. -Vt/t' h'i«tc/bf's/KM~c) (SommerfeX). 152
.TAKOBsnx.R.a'raA'<fr!f<7;e6U)'c.s/M!;o. 7
.tAKOVLEV-AcH\AMAF.Gt'SMm<P/C/<Ct*A'eME. 180
.)~rox.Ve)'6MX)'~<s(M.Cohc))). 185
.tour)tft/d<Soc:ei'edes~r<c<!M!s(<'s. 204
.f<!urnn/dc<<!St'c!c?('des~inie)';cn)H'sfc.s. 207
Jo<frtif!~dc~<!Soc;e~n)!o-OMr/<ip)U!e. 203
.h'xKER.ya<j'/<)!où/-s<Md'cn. 87
.t!<M~t.'e?!.<i'<u<<);if. 164
f\Af!.STi;LMn;tc<en'crma?n~ 136
/)c/)rs~f(r<')'m<!nernf7(Somm<'t'tfJt). 150
)\E\'T."<dpC)'<!Œy!SC)'<pfMns. 86
209
TABLE DES COMPTES RENDUS

KiECKERS. H:'s<or!'scAelateinische Cran:Ma<tA. 409


KtLAUKA.iUetresde~opocsMs'rec~MmoKod~Me. 103
KLÂut.BeM:c/îMn~H/'u!-Kj!Ve6e<)' 130
Ku'GE-GuTZE..E<ym.t7o)'<er6.derdeMfsc/t?!tSpracAe. 143~)
KXUDSËX-SOMMERFELT. A'0)'S/fn'/fSntah ord&O/t. 136
LAMUEHT (Mayer). G)'<!)Kma:f'e hébraïque (M. Cohen). 191
LAXE.0?'ds/'orc!o<7: S3
LEHCH.~nMp<pt'o6<t';)<e der /')'<!nz6sMcAe7:Sp;'acAe. 31
LtDDELL-ScOTT. C)'ee/eK~<<S/t ! <TtCOK. 93
tjOMUAHn. Constructions nominales. 130
AlAxstox.Histoire de la langue sans/;rt~c. GS
MARLKS.~iot'tSt~gtSU~'OKCtt/sett! 89
MAHOUZEAU.-4MMpA!<0/0~t<j'M< 91
Prononciation du latin. 108
MAzoK.Gt'ttMMCtMtcAe~Me. 172
MEtLLET,voir Benveniste et Ernout.
MEtNHOf.Die H&~sc/tf):Jnsc/M't/'tfM(M. Cohen). 19S
.Ue~aK~esC/~MMtsA'y. 35
.U~ansres de l'Institut français de Damas. 303
MEYEH-LuBKE. Romo)t:'scAe~etym. tVt))'te)'6McA. 113
MtETHHCH.Get!'6Me-K)tdHeM/t<!M/t!H. 139
Jh)tMess/;r:/)!G(!<e&o)' 47
MujMm. Deutsche JfM)!da)'<von ~t!<:n!OM!ce. 14S
MÙLENBACH. Dictionnaire ~«e. 179
~tEDERMAXX. Phonétique historiqae du <a!tK. 110
XtEDERMAXX-SENX-BREXDER. Dictionnaire lituanien. 178
KYBERG.H~/s6!<c&desPe/t/6t't. 83
0<TiR. Vop's~MM/t-ett'MS/H'sc/ie Vo~ehMmen. 58
C'TREBSKi. Prjst/czT/MA':S~OM):a)MA'<j-KfetM/t* 163
PaM!)'s/M~oeAspedMt/a~92~ 88
PARRY.Ho<)ie)'<:nd/tome)'cs<< M-Ik
PEDEHSEx.Linguistic science )KfAextx~/tMnfMr; 33
PEDHOTn-BEHTOLDi.A'om:d:<et{a~deHepfsKfe. 117
PtSAKi.~cceK<o Mpn'a~or:'oindo-europeo. S4
Û7atn))ta<:ca dell'antico tK~M~o. 69
PROcovn;t.jL!H~M:s<!CK~eneraM. M
PstCHAm.OMC/tj'MCS~MMM.); ?
QADRt.HMdMs~~tp/tOKe~es~.Btoch'). 74
/fad~!<~o.s~MnsAe<ï/Mdem:?e. 44
REtCHELT. Die Soghdischen HctMd<c/M't/'te)t)'Mte. 84
hENOU.jH!&Ho<?t'apAMMd.M6. 64
Revue des études basques. 180
R<'utfeA:t<etas:M:gMe. -H
REYxiERS.Taougrat (M. Cohen). 198
RHODOKAXAKis..A~Mda!'a6:sc/t(M.Cohen). 19S
rttEs.Wa!i:steMtSa~?. 17î
~tMstaotdo-g'reco-tta/tca. 14r
ïtOBERT-JuRET.Patois de ToMt'ttMS. 130
MoGoztx.Ar<:&Mi'~acty.:t'M/Mt' 304
RoHLFs. tVur<er6McAder unteritalienischen GMZttat. 104

210
TABLE DES COMPTES RENDUS

SAXDBACH. Die zweisilbigen SC/tM)6)'C~


Basen. 48
SAPtR.7o<a~t/ ai
~a.rmatou. 1R7
ScHAEDER.V)'C!tt:'SC/teBc:<r&fS'e. M
SCHAEFFER. Fouilles de Af!)te<Bc!'do (M. Cohen). 187
ScHM!TT.AA'eKtMHf/D!p/t</tOn~erM)t~ 13
ScHCLzE-SfEG-S[Ennxr..Toc/<af<<!e/<e Gra<Hma<t/ 39
SEfp.ï'fOKd/t/em(Sommei'fe]<). 159
SEtp-STEEx.Ro??!sc~(Sommerfe]t). 162
SELMER.Apokope und ZMum~c.r (Sommerfelt). 153
SERHO[ANL'.LesJ's!~<es(J.n)och). 75
Sef~aLeodensta. 44
S~rta RMd6crg':ana (Sommerfett). 138
SjOESTEDT.PaWer:?'<anc!a:'s6!eKcr;'y. 135
SKARn.Historia ;orM)~<K (Sommerfe))). 149
S.\nTH.Sa~aK:<(J.B)och). 7-1
SoMMER.f-ZeM/ten. 180
S~REfDE.A'ore!/yo?'dm<f (Sommerfeit). 187
SoRHE.Be)'g'<'Ks6!/Mat.'n(Sommerfe]t). IGO
SPITZER.Romance/te Sh'Mnd Literaturstudien. 14
S~r~Â'~e~ens~ap~~a .SM~sAcpet~i Uppsala For/tondKngar. 46
SpREXGLixG.r/t<'a</)/fa6ef(M. Co)ien). 184
StMfh&a/~c: 175
S!!t<G':o:n~o-!rante<j.H'.<?e:'oer. 61
STURTEVAXT.J':r:«t<e~~OSSaf! 38
SvAXBERG.Sp)'a/:c<.< teori (Sommerfeit). 147
S:n&o<ae ~s/oense~ (Sommerfett). 148
>zoBER.Gramaf!a~z!/&apo~e<yo. 173
PocAod:eK<c<ro.:tfo; 473
THORSEX.A/<an~!nyet' o~ Bret'e (Sommertp]!). lg3
T)sœRxiA.L:iy!<s~e<)f<:)'<F<erfo;). 119
T!ssERAXT.Gramman'fetc{te<!0)'!MS!M&<!na!f! Mo
7'raHMC<'tonso~tfPAt~o<o~ca/Soe!ef! 4~
Travaux du Cercle linguistique de Pr<Me. 8
TRAvxicEK.Ve<tK~r/eAeK! 173
TRiER.DerdfMtsc~eWot'fscAat. 143
TcKXER. I\'ep< dictionary (J. Bioch). 72
TrTTLE. Dravidian deue/opment.s (J. B)och). 7S
UHLEXBECK-van GunK. English-blackfoot uocc&i~sry. 207
VÂGSL[D..Yta!ttros(Sommerfe]t). lo9
\'AtLLAXT.L'7!tgMea'fZ<a!'sr:'c. 170
Le De autexusio.
I,<'Deautexusio. 167167
VALCHOFF..Uo~d'origine ~eeWMdaMc. 133
YALLjÈE.D:ehoHMtt'('/rf:K''a!s-&Mton. 137
YfROLLEAu.Tablettes de Ras-Shamra (M. Cohen).187 -1
VossLER..Ue<odo~/<7/oMy!eo. 2S
\on \VAHTB<R(;. fra)):6sMe/<Mg<m. Tt'~er<)uc/< H~
\VATER5.~n//M t)c<'s/ox o~ </te .Yar:'f;fot:oS. Brendani.. 118
EVALUE.~e)'S'~<C/;<'))dM~'<?<'<<')'6ue/t. g2
Voir Ho~niono.

2H
TABLE DES COMPTES RENDUS

WERKER.A/rtcant<t!Mas'es(M.Cohen). 200
WiCHMAXK.Volksdichtung der T'cAeMMtSSCM. 204
vanW[jK.~MMrscAe)ts<st).Spr<:c/te. 464
\VrsTER.lKte)'H&(M)Ka!eSp)'acAMO)'mMKg!'tt(&;<ree/M!A. 5
Z<:p!s;uos<oyfOMe!ot). 45
ZYLHAxz.Das meroitisclee Sp)'a'cy<p)'o6y<'m
(M. Cohen). 198

CHARTRES. IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT (r-1932)

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