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dossier

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La dépollution
des sols
© Gaël Kerbaol/INRS

n DOSSIER réalisé 16 Les risques ne sont pas enfouis 22 Sous la tente, des travaux
par Leslie Courbon,
avec Antoine Bondéelle 19 L’Ademe met la main à la pâte 24 Des bactéries agents de propreté
et Cédric Duval.
20 Une pollution explosive 26 De la difficulté d’établir un diagnostic

travail & sécurité – n° 748 – mars 2014


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Les risques ne sont pas enfouis


Impossible de connaître le nombre de chantiers. Ni leur accidentologie.
Si la dépollution des sols est une activité propre au sein de certaines entreprises
spécialisées, elle est aussi souvent noyée dans les différents métiers de filiales
de grands groupes ayant plusieurs activités ou encore d’entreprises de terrassement.
Pourtant, les chantiers de dépollution sont de plus en plus courants. Et les risques
pour les opérateurs sont variés : risques inhérents aux chantiers, risques chimiques
et risques biologiques dus à la pollution.

F
riches industrielles,
remblais pollués, pres-
sings, stations service…
La France compte de
300 000 à 400 000 sites
aux sols potentiellement pol-
lués, ce qui représente envi-
ron 100 000 hectares 1. D’après
le ministère de l’Écologie, du
Développement durable et de
l’Énergie, « un site pollué est
un site qui, du fait d’anciens
dépôts de déchets ou d’infiltra-
tion de substances polluantes,
présente une pollution suscep-
tible de provoquer une nuisance
ou un risque pérenne pour les
personnes ou l’environnement.

© Gaël Kerbaol/INRS
Ces situations sont souvent
dues à d’anciennes pratiques
sommaires d’élimination des
déchets, mais aussi à des fuites
ou à des épandages de produits
chimiques, accidentels ou pas. Il
existe également autour de cer- Parmi les trois 2010, contre 3 200 000 tonnes découvre qu’il y a eu d’autres
tains sites des contaminations techniques existant en 2008 et 2 200 000 en 2006 2. activités et il est souvent difficile
aujourd’hui pour
dues à des retombées de rejets dépolluer un site, Les chantiers de dépollution de connaître les différents pro-
atmosphériques accumulés deux consistent dans se déroulent en trois grandes duits qui ont été utilisés. Il faut
au cours des années voire des l’excavation des phases. Tout d’abord, le dia- donc les identifier en fonction
décennies ». L’Agence de l’en- terres, qui seront gnostic. Il commence par une des activités connues ainsi que
traitées sur ou hors
vironnement et de la maîtrise étude historique. « Quand on les lieux et les façons dont ils ont
de l’énergie (Ademe) estime la ne connaît que l’activité la plus été utilisés », indique Christine
quantité de terres dépolluées récente sur le site, il faut faire David, experte en risques biolo-
par an à 3 700 000 tonnes en la généalogie du site. Là, on giques à l’INRS. Pour compléter

40 % des sites pollués


se situent en Île-de-France,
61 % des sols pollués sont
affectés par les hydrocarbures.
60 % des sites voient
leurs terres polluées traitées à
dans le Nord-Pas-de-Calais Les métaux et métalloïdes sont parts égales par une des trois
et en Rhône-Alpes. Ce sont les également souvent responsables techniques les plus fréquemment
anciennes régions minières de la pollution des milieux : 48 % utilisées : le stockage de déchets
et les régions les plus des sols de sites pollués. Ce sont dangereux dans des filières
urbanisées qui concentrent le chrome, le cuivre et le plomb qui spécialisées, le traitement
le plus de sites et sols pollués. sont les plus couramment détectés. biologique et le confinement.
(source : Basol. Un panorama des sites et sols pollués ou potentiellement pollués nécessitant une action
des pouvoirs publics. Commissariat général au développement durable ­­– novembre 2013.)

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le diagnostic, des prélèvements Trois questions à…


de sol sont effectués. À la suite
de ce diagnostic, un bureau Anne-Sophie Valladeau,
experte des risques liés aux transports à l’INRS
d’études examine les différentes
possibilités qui peuvent être Travail & Sécurité. Plus de la moitié des terres polluées sont
mises en œuvre pour dépolluer traitées hors site. Après excavation, elles sont acheminées,
le site. le plus souvent par la route, jusqu’à leur centre de traitement.
Démarre ensuite la dernière Elles sont alors considérées comme des déchets et, selon
la nature de la pollution, leur transport doit répondre à
phase, celle des travaux.
une réglementation spécifique. À quelle réglementation
De nombreuses techniques
est soumis le transport de déchets ?
existent et de nouvelles sont
Le transport de déchets est soumis à plusieurs réglementations
régulièrement expérimentées.
qui peuvent se compléter. Pour le transport routier, la première est le
Elles font appel à des procédés Code de la route. Il y a ensuite le Code de l’environnement qui définit la
physico-chimiques (oxydation dangerosité des déchets et qui rend nécessaire l’élaboration d’un
chimique, lavage des terres, bordereau de suivi des déchets. Enfin, l’ADR (Accord européen relatif
confinement…), thermiques au transport international des marchandises dangereuses par route)
(élévation de la température identifie certains déchets pouvant être dangereux pour le transport
pour que les polluants volatils et fixe notamment des règles d’emballage et de signalisation.
passent en phase gazeuse) ou
biologiques (dégradation des Quels sont ces déchets ?
polluants par des bactéries ou Ce sont les déchets qui peuvent générer un accident ou bien être
des champignons). dangereux en cas d’accident sur la route, aggravant ainsi la situation,
ou qui sont dangereux en cas de déversement si l’emballage est abîmé
notamment lors de la phase de chargement ou de déchargement sur
Des risques avant tout
le véhicule : produits corrosifs, inflammables, toxiques. Cela dépend
chimiques
non seulement de la nature du déchet, mais aussi de sa concentration,
Il existe actuellement trois tech-
de son état et de la quantité transportée… Il existe une classification
niques pour dépolluer un site. La
de ces déchets dans l’ADR. Par exemple, l’amiante, certains produits
première, appelée « traitement
chimiques ou hydrocarbures qui peuvent être présents dans des
hors site », est l’excavation des
terres polluées y figurent.
terres, qui sont évacuées du site
pour être traitées ailleurs. L’ex- Que doit faire le transporteur si les terres sont soumises à l’ADR ?
cavation dure de quelques jours Les mesures à mettre en œuvre dépendent du polluant et
à quelques semaines. Le site est de sa quantité. Ces mesures peuvent se traduire par la mise en place
rapidement disponible, mais le de panneaux orange à l’avant et à l’arrière du camion, d’équipements
coût de l’opération est très élevé. particuliers du véhicule, de procédures d’intervention pour les
La deuxième est le traitement pompiers en cas d’accident, la formation du conducteur, la présence
sur site : les terres sont excavées de documents spécifiques dans le camion et un conditionnement
et traitées sur place. Il faut avoir spécifique des déchets. Il existe des accords similaires pour
du terrain disponible sur le site les différents modes de transport : fluvial, maritime, aérien…
et le traitement dure quelques
mois. La dernière est le traite-
ment in situ. La terre est traitée 2008, 55  % des dépollutions Quelle que soit la technique uti-
sans être excavée, grâce à des ont été réalisées hors site (soit lisée, les risques professionnels
puits dans le sol. Cette tech- 1 770 000 tonnes), 21 % sur site liés à un chantier de dépollution
nique est plus longue, elle peut (650  000 tonnes) et 24  % in sont avant tout chimiques. Les
durer jusqu’à un an. Le choix de situ (840 000 tonnes), selon un polluants sont variés : hydrocar-
la technique dépend du type de panorama réalisé par le Com- bures, métaux, solvants, pesti-
polluant, de la nature du sol, missariat général au dévelop- cides, amiante… Leurs dangers
du coût de la mise en œuvre et pement durable (voir l’encadré le sont tout autant  : toxiques,
du temps dont on dispose. En page précédente). mutagènes, reprotoxiques, can­-

Pour En savoir plus
Publications Web
n Risques biologiques et biodépollution des sols, Hygiène n Ademe : www2.ademe.fr.
et Sécurité au Travail n° 230, 1er trimestre 2013. n Ministère de l’Écologie, du Développement durable
À consulter sur www.hst.fr. et de l’Énergie : www.developpement-durable.gouv.fr/.
n Recommandation sur la prévention et les bonnes pratiques n Basol : http://basol.developpement-durable.gouv.fr/.
à mettre en place sur les opérations de dépollution des
sites pollués, Carsat Nord-Picardie.
À consulter sur www.carsat-nordpicardie.fr.

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cé­
rogènes par inhalation, de nombreux composés vola- majorité, ils ne sont pas patho-
contact cutané ou ingestion… Première phase tils, et le port des équipements gènes, mais il faut s’en assu-
La prévention des risques est d’un chantier de de protection individuelle (EPI) rer. » Ceux qui sont pathogènes
compliquée car la concentration dépollution, le s’avèrent souvent indispen- sont susceptibles de pénétrer par
des polluants n’est pas stable diagnostic est sables. L’assainissement de contact avec la peau lorsqu’elle
primordial car il
durant le chantier – elle dépend permet d’identifier l’air alimentant les cabines des est lésée, par ingestion (en
de la zone et de la nature des tra- les polluants présents engins de chantier est aussi portant à la bouche des objets
vaux effectués – et les différents dans la terre et de primordial. Par ailleurs, des contaminés par exemple), par
polluants peuvent se mélanger, mettre en œuvre les mesures d’hygiène s’imposent projection sur les muqueuses ou
mesures de protection
créant ainsi de nouveaux dan- adaptées pour les
afin de ne pas exporter le risque encore par inhalation. Ces micro-
gers. Les détecteurs à photo- futurs salariés du hors du chantier : implantation organismes, leurs fragments ou
ionisation (PID), qui détectent chantier. des locaux sociaux dans une encore leurs toxines peuvent pro-
zone non polluée, division du voquer des infections, des intoxi-
site en secteurs pollués, non cations et des allergies. Parti-
pollués et zones de transition, culièrement nombreux et variés
identification des types de pol- dans le sol, les micro-orga-
luants par zone, nettoyage des nismes sont difficiles à identifier.
véhicules lorsqu’ils doivent sor- Les solutions pour s’en protéger
tir du site ou avant toute main- sont similaires à celles visant à
tenance, nettoyage des vête- se prémunir du risque chimique :
ments de travail… ventilation des cabines, mesures
d’hygiène, port d’EPI. Certaines
Micro-organismes entreprises ajoutent des micro-
difficiles à identifier organismes à ceux présents dans
À côté des risques chimiques, la terre afin d’accélérer le pro-
viennent se greffer les risques cessus de dépollution. Il est alors
plus classiques liés au chantier plus facile d’en connaître le dan-
et aux engins  : renversement, ger et d’adapter les mesures de
collisions entre engins ou avec prévention.
des piétons, vibrations, chutes Du fait de la difficulté à connaître
de matériaux, risque électrique. précisément les risques chimique
Ces risques peuvent être accrus et biologique, les mesures de
lorsque la dépollution se déroule protection collectives appro-
en même temps que le déman- priées peuvent apparaître insuf-
tèlement des bâtiments du site. fisantes et le port d’EPI peut se
Les mesures de prévention sont révéler indispensable. Appa-
alors l’organisation du chantier, reils de protection respiratoires,
le choix d’engins adaptés, de gants, lunettes, bottes, combi-
conducteurs formés et informés naisons jetables… sont le quo-
des risques spécifiques au chan- tidien des salariés du secteur. n
tier… Il faut y ajouter certains 1. Analyse stratégique de la filière
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

facteurs de pénibilité, comme le de la dépollution des sites publiée


travail au froid, les manutentions par le ministère en charge du
manuelles, le travail répétitif… développement durable en 2008.
Enfin, les salariés sont aussi 2. Taux d’utilisation et coûts des
confrontés aux risques biolo- différentes techniques et filières
de traitement des sols et des eaux
giques. « Dans le sol, il y a des souterraines pollués en France,
micro-organismes (bactéries, synthèse des données 2010 (Ademe -
moisissures…), explique Chris- janvier 2012).
tine David. Dans leur immense L. C.

Référentiel de certification
Le Laboratoire national d’essais a élaboré, en liaison avec l’Union n établir des consignes et des règles pour les intervenants
des professionnels de la dépollution des sites et l’Union des sur site, notamment pour réduire les expositions ;
consultants et ingénieurs en environnement, un référentiel de n vérifier, suivre et gérer les expositions de leur personnel ;
certification basé sur la norme NF X31-620 « Qualité du sol. n s’assurer du suivi et de la gestion des expositions
Prestations de services relatives aux sites et sols pollués ». des sous-traitants lors de leurs travaux ;
Les entreprises certifiées doivent connaître les règles n prévenir les risques d’accident et équiper ces chantiers
d’environnement, de santé au travail et de sécurité relatives en moyens de secours et d’alerte ;
aux interventions sur les sites et sols pollués et les faire n mettre en place des actions correctives en cas
respecter par l’ensemble des intervenants. Pour cela, elles de dépassement des valeurs limites d’expositions
doivent : professionnelles fixées par le Code du travail.

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L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) réalise,


en tant que maître d’ouvrage, des études et/ou des travaux de mise en sécurité
et de dépollution sur les sites industriels pollués dits à « responsable défaillant ».
Elle doit donc d’une part préserver la sécurité de ses agents amenés à se rendre
sur les sites et, d’autre part, nommer un coordonnateur sécurité protection
de la santé (CSPS) pour prévenir les risques liés à la coactivité sur les chantiers.

L’Ademe met la main à la pâte

D
éfinir les conditions tées : «  Avant la première visite, comme des bâtiments vétustes,
techniques et finan- le chef de projet fait une analyse de l’amiante et des produits dan-
cières de l’interven- préalable des risques (APR) en gereux. Il y a alors un problème
tion de l’Ademe sur fonction des informations por- de priorité qui se pose. » Et les
les sites pollués dont tées à sa connaissance : état des problématiques rencontrées sont
l’agence a la charge 1 : tel est le bâtiments, présence d’amiante, très variées : descente de plon-
rôle des chefs de projets « sites de produits chimiques… Il prend geurs dans un puits contenant
et sols pollués » de l’Ademe. Ce les mesures de prévention adap- des boues polluées, hélitreuil-
sont eux, ensuite, qui suivent tées et détermine les EPI dont il lage de déchets extraits de fosses
l’exécution des travaux. Ils se aura besoin », explique Philippe contenant des terres polluées aux
rendent donc au moins une fois Huet. Lors de sa première visite hydrocarbures issues de marées
sur le site avant la conduite des du site, le chef de projet com- noires…
travaux et une fois par semaine plète l’APR avec les dangers et « C’est le diagnostic qui nous est
en phase de réalisation. Pour les risques qu’il a pu identifier. très utile pour préparer le plan
assurer leur sécurité sur les sites, Il est parfois amené à intervenir général de coordination, indique
l’Ademe les forme : « Nous expli- seul, « c’est pourquoi il doit indi- Christophe Mathieu, du Bureau
quons l’évaluation et la préven- quer sur la fiche de préparation Veritas. C’est lui qui nous donne
tion des risques liés aux subs- de visite de site le plan d’accès et l’état des bâtiments, ainsi que la
tances chimiques et dangereuses sa localisation précise, ainsi que liste des produits chimiques pré-
ainsi que la mise en œuvre d’une ses horaires prévus d’arrivée et sents. Nous pouvons ainsi établir
démarche d’analyse préalable de départ du site. Il doit appeler l’analyse des risques et définir
des risques. Le risque amiante un de ses collègues, identifié à les protections principales par
est abordé, ainsi que les risques l’avance, lorsqu’il arrive sur site type de travaux et la liste des EPI
industriels, notamment ceux liés et lorsqu’il en repart. S’il n’appelle à préconiser. Car, si nous pou-
aux rayonnements ionisants, pas, le collègue le rappelle et, vons mettre en place des protec-
explique Philippe Huet, chargé de sans réponse, prévient les pom- tions collectives pour les risques
la sécurité sites et sols pollués à piers », souligne Philippe Huet. liés au chantier, pour le risque
l’Ademe. Chaque nouvel embau- Quant à la coordination SPS, elle chimique, sur ce type de chan-
ché suit cette formation de trois est assurée par Bureau Veritas. tier, il n’existe pas de protection
jours, puis un module de recy- «  Il y a de grosses différences collective toujours efficace. » n
clage tous les trois ans portant avec les chantiers de travaux 1. L’Ademe est chargée, par arrêté
notamment sur les évolutions de publics plus classiques, constate préfectoral et après accord du ministère
la réglementation et la valorisa- Jacques Mazuet, chargé du mar- chargé de l’Environnement,
des interventions nécessaires sur
tion des retours d’expériences. » ché avec l’Ademe chez Bureau les sites à responsable défaillant.
Un certain nombre de procédures Veritas : moins de coactivité,
doivent également être respec- mais des problèmes spécifiques L. C.

Législation Les dangers de la phase


La gestion des sites et sols pollués relève du Code de l’environnement de diagnostic
(livre V). Il impose de recenser les sites (bases de données Basol – sur C’est durant la phase de diagnostic que la prévention
les sites et sols pollués ou potentiellement pollués appelant une action des risques s’avère la plus complexe : « On arrive sur
des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif – et Basias inventaire le site et on ne sait pas ce qu’on va trouver. Même s’il
historique de sites industriels et activités de services). Il oblige à traiter y a des études historiques qui sont réalisées et qui,
systématiquement les sites pollués en fonction de leur usage futur. selon les cas, peuvent permettre de cadrer les
C’est l’exploitant d’un site qui est responsable des pollutions des sols de choses, on a toujours des surprises qu’on ne peut pas
ce site. Lorsque le responsable est défaillant (non identifié ou entreprise anticiper », indique Jean-François Kalck, président
qui n’existe plus), c’est l’Ademe qui prend en charge le financement et de la commission hygiène et sécurité de l’Union
assure la maîtrise d’ouvrage des travaux de réhabilitation. des professionnels de la dépollution des sites (UPDS).

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Une pollution explosive


Certains sites, appartenant à l’armée ou ayant été des lieux de combats lors des première
et deuxième guerres mondiales, sont pollués par des munitions. C’est le cas du site
de l’ex-Étamat (Établissement du matériel de l’armée de terre), à Châteaudun, en Eure-et-Loir.

D
es munitions, des historiques, des diagnostics et Arrive alors la phase de mise au
bombes… il arrive que des sondages des sols à l’aide jour de la cible, c’est-à-dire l’opé-
les sols contiennent d’appareils de mesure ont été ration qui consiste à la déterrer.
encore des traces des réalisés, afin d’évaluer la quantité Pour cela, afin d’éviter tout choc
guerres passées. C’est et la taille des munitions. Ensuite, risquant de la faire exploser,
le cas de l’ancien dépôt de muni- le prestataire a été choisi, et par la pelle mécanique ne doit pas
tions de l’Étamat, fermé depuis conséquence le chargé de sécu- approcher à moins de 50 cm de
1996. En 1945, il a été bombardé, rité pyrotechnique  1
. L’étude de la cible. Pour s’en assurer, l’opé-
ce qui a entraîné la dispersion de sécurité pyrotechnique a été vali- rateur est muni d’un détecteur de
munitions qui, lors de la recons- dée par les entités concernées métaux ferreux et guide l’aide-
truction du site, ont été enterrées. (voir l’encadré page suivante). opérateur, aux commandes de
Repères
Le terrain, appartenant au minis- Les travaux, commencés en mars l’engin, avec des gestes. « À ce n Superficie
tère de la Défense, va être vendu 2012, devraient se terminer en moment-là, le risque principal est du site : 56 ha.
à la Communauté de communes mai 2014. que la pelle heurte l’opérateur, n Nombre de cibles
du Dunois. Une centrale photovol- explique François Grandclerc, mises au jour
taïque sur une partie et un centre De la mise au jour responsable du chantier. Pour en janvier 2014 :
dédié aux énergies renouvelables à la destruction l’éviter, nous demandons à l’aide- 80 600.
sur l’autre vont y être installés. Deux personnes constituent une opérateur de ne faire aucun mou-
n Nombre
Il faut auparavant en réaliser la équipe de déminage : un opéra- vement de pelle vers la gauche, là
de cibles identifiées
dépollution pyrotechnique. teur et un aide-opérateur, équipés où est l’opérateur. »
comme munitions
« L’objectif de cette dépollution est de vêtements réfléchissants, d’un La terre à proximité immédiate de
ou morceaux
d’assurer la sécurité des travail- casque et de gants. Le terrain a la munition est excavée manuel-
de munitions :
leurs lors des travaux d’aména- été découpé en carrés de 50 m lement à l'aide de pelles. « Il y a
38 283.
gement et de maintenance du site de côté. Les équipes – quatre au plus de risques d’activer la muni-
et des futurs usagers lors de son maximum – interviennent cha- tion en cognant l’avant que l’ar- n Nombre de cibles
exploitation », explique Constant cune sur un carré. Les travaux rière. L’opérateur et l’aide-opéra- identifiées comme
Muller, ingénieur à la Direction sont organisés de façon à mainte- teur se placent donc à l’arrière de munitions actives
centrale du service d’infrastruc- nir une distance de 50 m entre les la munition », explique Jean-Yves et détruites en
ture de la défense. Sur ce site, carrés des différentes équipes 2. Montano, coordinateur des opé- janvier 2014 : 1 053.
cela consiste à supprimer toutes Dans un premier temps, à l’aide rations chez Sita Remédiation.
les munitions sur une profondeur d’un détecteur (magnétomètre Lorsque la munition est mise au
de 80 cm à 1 m selon les zones, et ou détecteur électromagnétique), jour, deux solutions sont pos-
jusqu’à 3 m là où seront implan- l’opérateur localise précisément sibles. Soit elle est détruite sur
tés les bâtiments. Le ministère les objets métalliques (munitions, place, soit elle est déplacée de
de la Défense est à la fois maître éclats de munitions, câbles…), quelques mètres pour être mise
d’ouvrage et maître d’œuvre. Les appelés cibles sur la parcelle. dans un « fourneau » où elle sera
opérations sont réalisées par Sita L’appareil donne également des détruite en même temps que
Remédiation. informations sur leur taille et d’autres munitions. C’est l’opéra-
Le projet date de 2009. Entre leur profondeur. L’aide-opérateur teur qui définira, selon plusieurs
2009 et 2012, il a fallu évaluer matérialise leur emplacement critères (présence d’un explosif,
l’ampleur des travaux. Des études avec de la peinture. d’un système de mise à feu, etc.),

Interview
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

Patrice Laurent, aide-opérateur

« L’opérateur et moi, nous assurons je suis plus haut dans ma pelle, je lui fais
mutuellement notre sécurité. Contrairement signe lorsqu’il peut y avoir un danger,
aux travaux publics, l’opérateur peut par exemple lorsqu’on arrive au niveau
se trouver dans la zone d’intervention de la nappe phréatique et que je risque
de la pelle. Il faut donc une grande confiance de lui projeter de la boue. De même, lorsque
entre nous : nous communiquons par gestes. je recule, il peut m’indiquer les obstacles
Parfois, je lui dis de s’écarter et, comme qui sont derrière la pelle. »

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si la munition peut être transpor- et prévient les secours en cas de méthodes de mise au jour et de
tée en toute sécurité ou non. Car problème. » destruction prenant en compte la
c’est lors des manipulations – que Puis le tout est recouvert de terre sécurité des travailleurs, connaît
l’entreprise s’efforce de réduire et mis à feu à distance. Cette peu d’accidents liés aux explo-
au maximum – qu’une munition distance dépend de la quan- sifs. « Les accidents enregistrés
peut présenter un risque. C’est tité d’explosif contenu dans les Pour mettre au jour les
ces dernières années, constate
pour cette raison que celles-ci ne munitions. Les éclats de muni- munitions repérées, Constant Muller, arrivent lorsque
sont pas stockées mais détruites tions – issus de la mise à feu la terre est excavée la dépollution pyrotechnique n’a
chaque jour. volontaire ou directement trou- grossièrement à la pas été prise en compte et qu’il
La profession est réglementée : un vés en l’état sur le site – sont à pelleteuse selon des y a la découverte fortuite d’une
procédures strictes
arrêté définit les connaissances nouveau examinés pour s’assurer et sous les ordres de munition 4.  » Ceux-ci sont très
que doivent posséder le respon- qu’ils ne contiennent plus d’ex- l’opérateur muni d’un graves, souvent mortels. Les
sable de chantier, l’opérateur et plosif. Ils passent alors à l’ate- détecteur de métaux. principaux risques auxquels sont
l’aide-opérateur 3 et une habilita- lier de démantèlement-déna- La terre à proximité confrontés les salariés du secteur,
immédiate de la
tion d’aptitude doit être délivrée turation où ils sont d’abord mis munition est excavée
en termes de fréquence, sont les
par l’employeur à chacun. « Pour dans un four pour que les traces avec des pelles troubles musculosquelettiques,
cela, chez Sita Remédiation, nous restantes d’explosifs se consu- manuelles. du fait des mouvements répétitifs
avons mis en place un système avec la pelle ou les détecteurs de
de test pour les nouveaux embau- métaux, et le risque routier, car
chés, indique Pascal Cavarec, les chantiers se déroulent partout
directeur des activités pyrotech- en France. n
nique chez Sita Remédiation. Il 1. Le chargé de sécurité pyrotechnique
permet de leur délivrer l’habilita- assure pour le compte du maître
tion, mais aussi d’orienter les for- d’ouvrage le respect des règles de

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


sécurité pyrotechniques établies dans
mations qu’ils vont suivre. » l’étude de sécurité pyrotechnique.
2. Pour chaque personne intervenant
Mise à feu volontaire sur le chantier (aide-opérateur et
Pour détruire les munitions, un opérateur d’une même équipe, membres
fourneau (trou d’environ 2 m de des autres équipes, visiteurs
extérieurs…), des distances de sécurité
profondeur) est creusé. Les muni- sont calculées pour les opérations de
tions y sont amenées, transpor- mise au jour des cibles et de destruction
tées manuellement ou à l’aide des munitions. Si une personne pénètre
dans le rayon de sécurité, les opérations
d’une pince permettant de por- doivent être arrêtées. C’est pourquoi, le
ter à deux les plus lourdes, qui photographe ne pouvant s’approcher à
peuvent peser plus de 40 kg. ment. Ils sont ensuite sciés ou moins de 42 m des opérations, celles-ci
pressés afin de ne plus avoir la ont été simulées pour ce reportage.
Elles sont empilées et recouvertes
de poudre d’amorçage. Un déto- forme de munitions. Les objectifs 3. Arrêté du 23 janvier 2006 fixant le
niveau des connaissances requises et
nateur électrique est ajouté, muni sont d’une part de faire dispa- les aptitudes médicales pour les
d’un cordon d’amorçage. Cette raître les traces d’explosifs afin personnes exerçant les fonctions de
phase est assurée par l’opérateur. que les anciennes munitions chargé de sécurité pyrotechnique, de
responsable du chantier pyrotechnique
«  Nous sommes en permanence ne soient pas dangereuses pour et pour les personnes appelées à
reliés par radio et téléphone por- les personnes travaillant dans exécuter les opérations de dépollution
table, explique François Grand- les filières de traitement des pyrotechnique. Une certification a été
élaborée et les premières seront
clerc. Mais, pour cette phase cri- déchets dans lesquelles elles
délivrées par l’Afnor courant 2014. Elles
tique – les ondes radio peuvent sont envoyées, d’autre part de concerneront les aides opérateurs, les
déclencher le détonateur –, ne pas permettre qu'elles soient opérateurs et les responsables de
l’opérateur coupe sa radio et son à nouveau chargées et utilisées. chantiers en dépollution pyrotechnique.
téléphone. L’aide-opérateur doit Bien que portant sur des 4. En 2012, 15 accidents dus à des
engins de guerre ont été recensés.
respecter une distance de sécu- matières dangereuses, la dépol-
rité, mais il surveille l’opération lution pyrotechnique, grâce à des L. C.

L’étude de sécurité pyrotechnique


L’entreprise de dépollution doit rédiger une Étude de à l’Inspecteur de l’armement pour les poudres et explosifs
sécurité pyrotechnique (ESP) pour la phase diagnostic et la et au Direccte (directeur régional des entreprises,
phase travaux. Dans cette étude, les lieux et produits/ de la concurrence, de la consommation, du travail
engins explosifs concernés sont décrits, les méthodes et de l’emploi). Le premier formule un avis, que le second
utilisées sont définies, ainsi que les mesures de protection doit approuver pour que les travaux puissent commencer
des travailleurs pour prévenir tout risque pyrotechnique selon les procédures prévues dans l’ESP. Si un aléa venait
(distances de sécurité, EPI…). Cette étude est visée par le à survenir (découverte d’une munition plus grosse
chargé de prévention pyrotechnique. Elle est soumise à l’avis que prévu), un avenant devrait être réalisé et suivre
du CHSCT de l’entreprise. L’ESP est ensuite transmise le même circuit.

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Pour la dépollution du site d’une ancienne usine chimique, l’entreprise URS
a mis en place une base de données pour suivre le chantier. Celle-ci permet
notamment de savoir quand changer les cartouches des masques de ses salariés
et de ceux de son prestataire.

Sous la tente, des travaux

A
vant, c’était une tente, ventilée, de 120 m de long monoxyde de carbone et qui
usine chimique. et de 40 m de large a été instal- évaluent la limite d’explosivité.
Aujourd’hui, c’est lée. « Elle sert à protéger l’envi- Pour compléter ces mesures,
un vaste chantier de ronnement et les riverains. Elle deux salariés sont équipés de
9 ha, situé à Persan, limite la propagation du bruit, PID portatifs et de détecteurs
dans le Val-d’Oise, ayant pour la dispersion des poussières multigaz.
objectif de réhabiliter le site, ou des polluants. Mais pour les
pollué en différents endroits. employés, ça rend les condi- Estimer la durée de vie
Une partie du site sera reconver- tions de travail plus difficiles, en d’une cartouche
tie en zone d’activités, l’autre en concentrant les polluants dans Les variations des concentrations
parc. Depuis 2002, l’usine a été leur zone de travail », explique de polluants au cours de la jour-
démantelée, les dalles de béton Tudor Pricop-Bass, directeur née rendent difficile l’évaluation
et les cuves enterrées ont été technique chez URS, le bureau du temps que met la cartouche
enlevées. La dépollution a débuté d’études spécialisé en ingénierie d’un masque pour être saturée.
en 2011 avec des campagnes de et conseil environnemental qui La durée de vie d’une cartouche
caractérisation des polluants assure l’assistance à maîtrise dépend de la température, de
(sondages des sols et prélève- d’ouvrage. Des opérateurs inter- l’hygrométrie, des caractéris-
ments d’échantillons) visant à viennent en effet sous la tente tiques des cartouches… mais
établir le plan d’excavation. Les pour réaliser des prélèvements aussi du type de polluant et de
polluants principaux sont les de la nappe mise au jour. Ils sa concentration. Comment donc
phtalates, les chloro­ benzènes, sont équipés d’une combinaison déterminer la fréquence de rem-
les hydrocarbures et les BTEX jetable, de gants et d’un masque placement de ces cartouches  ?
(benzène, toluène, éthylbenzène complet à ventilation assistée. Pour répondre à cette question,
et xylènes) qui peuvent être Sous la tente, les concentrations URS a décidé de s’appuyer sur
toxiques et cancérogènes, muta- en polluants varient fortement une base de données qu’elle
gènes, reprotoxiques (CMR) par tout au long de la journée et, utilise pour suivre son chantier.
inhalation, ingestion ou contact malgré les sondages qui ont été Y sont notamment intégrées
cutané. préalablement réalisés, elles ne toutes les données caractérisant
En novembre 2013, le chantier peuvent être connues à l’avance. le chantier : position des son-
est bien avancé. Dans la zone en Des mesures sont réalisées en dages, des piézomètres, des pré-
cours de traitement, les terres ont continu par des balises compor- lèvements d’échantillons, nom
été excavées jusqu’à 6 m de pro- tant d’une part un capteur PID des personnes présentes sur le
fondeur et évacuées du site. Au- (détecteur à photo-ionisation) chantier, mesures réalisées par
delà de 6 m, on atteint la nappe qui détermine la concentration les balises…
phréatique : il s’agit maintenant en composés organiques volatils, « Chaque jour, les valeurs mesu-
de la dépolluer. De l’air y est d’autre part des capteurs mesu- rées par les balises sont char-
injecté pour libérer les polluants rant la teneur en hydrogène sul- gées dans la base de données,
volatils. C’est le « sparging ». Une furé, dioxygène, dioxyde d’azote, indique Guillaume Julien, ingé-

Zones à risque
Zones verte, orange, rouge et noire. Quatre zones ont été identifiées sur le site.
La première ne présente pas de risque particulier et ne nécessite aucun EPI.
La zone orange est une zone de transition entre la zone verte et la zone rouge
et présente des risques liés au chantier de dépollution. Il est interdit d’y boire, manger
et fumer. Les chaussures de sécurité, le casque et le gilet jaune sont obligatoires
© Gaël Kerbaol/INRS

(pour être vu lorsque des engins de chantier sont présents). Dans la zone rouge,
qui correspond à une zone où la terre est excavée mais qui n’est pas sous tente,
une combinaison de travail est obligatoire, ainsi, éventuellement, que le port d’un
appareil de protection respiratoire. Enfin, dans la zone noire, qui correspond à la tente,
il faut de plus un masque à ventilation assistée et une combinaison intégrale jetable.

travail & sécurité – n° 748 – mars 2014


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les données du fabricant afin de


déterminer, à cette concentra-
tion, combien de temps la car-
touche est utilisable.
Chaque jour, ces données sont
entrées et la durée de validité
de la cartouche est recalculée.
« Deux autres critères sont inté-
grés à la base de données, pré-
cise Guillaume Julien : la date de
péremption et le fait que, d’of-
fice, nous avons limité la durée
d’utilisation d’une même car-
touche. » Il ajoute : « Ce système
n’est qu’un outil d’aide à la déci-
sion pour évaluer quand chan-
ger la cartouche. Si un opérateur
venait à sentir une odeur malgré
son masque, il devrait changer
la cartouche et nous le signaler
afin qu’on essaie de comprendre
pourquoi il a rencontré ce pro-
blème. » Cette base de données
est employée de la même façon
pour déterminer quand changer
les filtres des engins de chantier.
«  Jusqu’ici, nous n’avons eu
aucun problème sur le chan-
tier, constate Audrey Suffredini,
ingénieur travaux chez Soléo
services, l’entreprise qui réa-
lise les travaux de dépollution.
Sous la tente, les Sur ce chantier, nous avons de
concentrations en la chance, car nous pourrions
polluants varient
fortement tout au nous rendre compte facilement
long de la journée qu’un masque n’est plus étanche
© Gaël Kerbaol/INRS

et, malgré les du fait que la pollution est très


sondages qui ont odorante. Si un dysfonctionne-
été préalablement
réalisés, elles ne
ment des appareils respiratoires
peuvent être connues survenait, il serait alors facile-
à l’avance. ment décelable par l’opérateur. »
«  Sur les autres chantiers, nous
nieur de projets chez URS. Le prise en compte dans la base travaillons généralement à l’air
temps de présence sous la tente de données. Elle est considérée libre, les concentrations sont
de chaque opérateur ainsi que le comme étant la concentration à globalement plus basses et nous
numéro du masque qu’il a porté laquelle le salarié était exposé avons juste une durée maximale
sont également renseignés. » pendant tout le temps de sa pré- d’utilisation du masque déter-
La moyenne horaire maximale sence dans la tente. Pour déduire minée au préalable », constate
de concentration en polluants la durée d’utilisation de la car- Audrey Suffredini. n
rencontrée dans la journée est touche, le logiciel se base sur L. C.

Peut mieux faire


« Habituellement, à l’INRS, nous préconisons de changer diminuer leur durée de vie. La réflexion est donc bonne, mais
les cartouches tous les jours, explique Michèle Guimon, experte la méthode reste perfectible. » Dans l’optique d’aider les
en risques chimiques à l’INRS, afin d’éviter les phénomènes entreprises à évaluer le fonctionnement des cartouches
de relargage qui peuvent apparaître lors du stockage des utilisées dans les appareils de protection respiratoire (APR),
cartouches. » « La démarche mise en place sur ce chantier l’INRS a développé le logiciel Prémédia. Accessible en ligne,
est intéressante, poursuit Marc Charoy, contrôleur de sécurité cet outil calcule la durée de vie de ces cartouches en fonction
à la Cramif, car elle tente de prendre en compte un maximum de de leurs conditions d’utilisation. À découvrir sur www.inrs.fr.
données. Cependant, la problématique de la durée de vie des
cartouches est extrêmement complexe. Selon les polluants,
l’augmentation de leur concentration peut faire croître ou

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Dépolluer la terre en injectant des bactéries est une technique éprouvée
par la société Sita FD en Meurthe-et-Moselle. Imposant la construction
d’un immense talus, cette activité nécessite de prévenir les risques d’exposition
aux produits dangereux, mais aussi ceux rencontrés sur un chantier classique.

Des bactéries agents


de propreté

V
u du ciel, on pour-
rait croire à un golf
jouxtant des terrains
de tennis couverts. Il
n’en est rien. Le gazon
recouvre en réalité des déchets
industriels soigneusement
enfouis pour éviter toute conta-
mination des sols et des nappes.
Quant aux bulles vertes, elles
abritent des monceaux de terres
en phase de dépollution. « Ces
terres, que nous recevons et que
nous traitons, sont le plus souvent
© Serge Morillon pour l’INRS

issues de sites industriels ou de


stations-service souillés par des
hydrocarbures ou des solvants,
précise Hugues Henry, respon-
sable du site de Sita FD à Jeande-
laincourt, en Meurthe-et-Moselle.
De fait, la prévention des exposi-
tions à ces produits dangereux
est une priorité. Pour autant, les 7 000 tonnes. L’étape suivante Le traitement des dégrader les hydrocarbures en
autres risques majeurs sont sem- consiste alors à injecter dans terres polluées impose dioxyde de carbone et en eau.
blables à ceux que l’on retrouve les tuyaux un cocktail liquide la construction d’une En cette journée froide et plu-
biopile, grand talus
dans les travaux publics. » de bactéries pseudomonas. De traversé par un réseau vieuse de janvier, trois opérateurs
La méthode de dépollution utili- l’air éventuellement enrichie de tuyaux où circulent finalisent la construction d’une
sée par Sita FD repose en effet sur d’oxygène chaud circule ensuite des bactéries, de l’air biopile. Aux manettes d’une pel-
la construction d’une structure dans ces mêmes tuyaux pour chaud et de l’oxygène. leteuse, l’un d’entre eux façonne
appelée biopile. Les terres pol- favoriser la multiplication des les couches de terre tandis que
luées sont déposées couche par bactéries spécifiques mais aussi ses collègues installent à chaque
couche sur un réseau de tuyaux endogènes. Un arrosage régulier étage les tuyaux sur des couches
criblés de trous. L’ensemble maintient une humidité située de cailloux pour éviter tout col-
peut atteindre de 6 à 8 mètres entre 15 et 25 %. Tous ces micro- matage. « Le conducteur a pour
de hauteur pour un poids de organismes se chargent alors de consigne d’actionner la rotation

Interview
Hugues Henry, responsable de l’usine Sita FD à Jeandelaincourt
Que deviennent les terres dépolluées ? afin de faire pousser des herbes sur des sites industriels,
En France, les débouchés sont très limités. L’une des raisons en vue d’exploiter ces végétaux pour produire de l’énergie.
tient au principe de précaution en vigueur dans notre pays. Dans d’autres pays européens, la situation est différente.
Une autre est liée au fait que l’Hexagone n’est pas en En Belgique ou en Allemagne, par exemple, ces terres
manque de terres. Résultat, les terres dépolluées sont dépolluées peuvent être utilisées pour la construction
essentiellement utilisées pour recouvrir des sites d’ouvrages (pare-bruit, revêtement…) ou l’aménagement
d’enfouissement de déchets. Un projet est néanmoins d’espaces verts.
à l’étude avec la région Lorraine pour réutiliser ces terres

travail & sécurité – n° 748 – mars 2014


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de sa pelle lorsque tous ses col- PCB supérieure à 50mg/kg par


lègues sont dans son champ de exemple, la décision est prise de
vision », indique Hugues Henry. renvoyer les terres », explique
Tous les opérateurs sont en Hugues Henry.
outre munis de combinaisons Une autre activité du site, paral-
étanches, de gants, de masques lèle à la dépollution, consiste à
(AXP3 contre les composés orga- stabiliser des terres contenant

© Serge Morillon pour l’INRS


niques de point d’ébullition infé- des métaux lourds. Il s’agit concr
rieur à 65 °C et les poussières) ètement d’empêcher ces pol-
et de lunettes afin de limiter les luants dangereux de se répandre
risques de contacts avec les pro- dans l’environnement. Cette opé-
duits dangereux présents dans ration s’effectue dans un bâti-
la terre. Des spots de lumières ment ventilé. Les déchets sont
assurent en outre une bonne visi- envoyés à l’aide d’un convoyeur
bilité du chantier. dans un malaxeur à l’intérieur
Le montage d’une biopile prend Toutes les terres qui la pollution annoncée par son duquel ils sont mélangés avec
généralement une quinzaine de parviennent sur le client et la pollution réelle. Pour un liant hydraulique (sorte de
site sont testées en
jours. Des échantillons représen- laboratoire avant, ce faire, des échantillons de terre ciment). L’ensemble durcit alors
tatifs sont prélevés sur toute la pendant et après sont analysés avant réception. au bout de trois à quatre jours. La
hauteur. Les bactéries prennent réception, afin que Au moment de la livraison par machine, équipée d’un disposi-
ensuite le relais pendant envi- soit identifée la camion, les terres font à nouveau tif d’aspiration, est équipée d’un
nature des polluants
ron six mois. Au cours de cette l’objet d’un test rapide. Un détec- filtre à poussières. Son lavage est
présents.
période, la surveillance humaine teur de radioactivité est égale- en outre effectué automatique-
est réduite à son strict mini- ment disposé à l’entrée. Enfin, ment plusieurs fois par jour, grâce
mum. Un suivi microbiologique des analyses plus poussées sont à un jet sous haute pression, ce
est néanmoins réalisé à deux effectuées afin d’identifier le trai- qui limite fortement les interven-
reprises au niveau d’une cen- tement adapté. tions humaines.
taine de points d’analyse. Les Tous ces tests sont réalisés dans Conformément à la politique de
données sont alors traitées par un laboratoire dédié, qui béné- prévention définie par Sita, tous
ordinateur pour que l’évolution ficie d’un système d’injection et les opérateurs amenés à travailler
de l’élimination des polluants soit d’extraction d’air destiné à main- de manière isolée, lors d’inspec-
déterminée. tenir une atmosphère contrôlée. tions sur site ou lors du contrôle
Travaillant sous enceinte venti- des déchargements par exemple,
Tests en laboratoire lée, les opérateurs commencent sont équipés de talkies-walkies
Chaque année, entre 20 000 et par extraire les produits dange- dotés de capteurs de perte de
30  000 tonnes de terres sont reux des échantillons de terre verticalité et d’absence de mou-
ainsi traitées. Celles-ci doivent par lixiviation. Cette étape est vements. Des réunions de sécu-
néanmoins respecter certaines réalisée derrière un bouclier rité sont régulièrement organi-
contraintes. En effet, le site de de sécurité en plexiglas afin de sées pour rappeler les bonnes
Meurthe-et-Moselle est un éta- protéger les techniciens en cas pratiques, vérifier leur mise en
blissement de classe 1 (voir d’explosion des préparations. Le œuvre et faire remonter les pro-
l’encadré ci-dessous), ce qui recours à des flacons en plas- blématiques issues du terrain.
signifie qu’il ne peut accepter tique, et non plus en verre, limite Certaines réunions sont d’ailleurs
que certains types de polluants. également les risques. Parmi les croisées avec d’autres établisse-
Les polychlorobiphényles (PCB) tests réalisés, on trouve des ana- ments pour permettre le partage
sont par exemple refusés. Confor- lyses par chromatographie et/ou d’expériences. À ce jour, plus de
mément à la réglementation et spectrométrie de masse. L’objec- 1 500 jours se sont écoulés sans
pour des raisons évidentes de tif est d’identifier les différents accident avec arrêt sur le site de
sécurité, Sita FD se doit donc de polluants présents. « Si l’on Meurthe-et-Moselle. n
vérifier la correspondance entre observe une concentration en C. D.

Les conditions d’acceptation des déchets


d’un site de classe 1
Seuls les déchets dits « ultimes » peuvent être accueillis sur un site de classe 1.
Les déchets ultimes ne sont plus susceptibles d’être traités dans les
© Serge Morillon pour l’INRS

conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction


de la part valorisable ou par réduction de leur caractère polluant ou dangereux.
Sont néanmoins interdits les déchets explosifs, inflammables, radioactifs, non
pelletables, pulvérulents non conditionnés, fermentescibles et contaminés
(sanitaire). La France compte aujourd’hui treize centres de classe 1, répartis
sur tout le territoire. Les déchets dont le potentiel polluant est plus faible
sont envoyés dans des centres de classes 2 et 3.

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De la difficulté d’établir
un diagnostic
La dépollution des sites commence par une étape de diagnostic et d’analyse
des polluants, pouvant se prolonger par l’excavation, le confinement, le traitement
des déchets et terres polluées… L’entreprise Burgeap organise, à travers ses agences
locales, la maîtrise d’œuvre de ces « chantiers d’avant-chantier ». Visite d’un site
avec agents de terrain et sous-traitants, pendant les opérations de sondages
et de prélèvements aux fins d’analyse.

U
n mercredi matin, bilité en logements – et devant ter les investigations », remarque
humide et hivernal, donc bénéficier de la dépollution Vincent Huber. Dans ce cas pré-
à Nanterre, dans les la plus complète possible – a cis, sont recherchés en priorité
Hauts-de-Seine. Le été occupé par une menuise- des hydrocarbures, des COHV
tout premier chan- rie, avec une zone de vernis et (composés organiques halogé-
tier avant réhabilitation d’un de séchage. » Précédemment, le nés volatils) et des preuves de
ancien site industriel vient de site a connu deux autres acti- la présence ou non de BTEX 2.
démarrer : il s’agit d’établir un vités, comprenant également Ces produits sont en effet les
diagnostic de la pollution géné- le travail du bois mais aussi de plus fréquemment rencontrés
rée par d’anciennes activités, matières plastiques : « Un plan autour ou au droit des anciennes
afin de procéder le cas échéant de 1983 montre une cuve de structures, telles que décrites
à sa dépollution. Nicole Nivault, mazout, extérieure, en bordure dans les plans d’occupation suc-
directrice de l’activité Sols pol- proche ; des postes de fraiseuse, cessifs. « Notre métier consiste
lués chez Burgeap, accompa- tours, scies et injection de plas- à réaliser, en plus du diagnos-
gnée de Constance Lenne, ingé- tique y sont indiqués, complète tic, la maîtrise d’œuvre de la
nieur sécurité, rejoint Vincent Nicole Nivault. Encore aupara- dépollution, avant la réhabilita-
Huber, ingénieur terrain. Ce der- vant, une petite imprimerie a tion proprement dite, reprend la
nier est arrivé tôt pour préparer été présente de 1956 à 1976. directrice de l’activité Sols pol-
la mise en œuvre des sondages Nous avons retrouvé les décla- lués. Rechercher la présence de
et carottages aux fins d’analyse rations de stockages d’essence, composés dangereux peut expo-
du terrain et de pose de « pié- de diluants, d’huiles d’entretien, ser nos collaborateurs au risque
zairs  »1, pour la mesure de la d’alcool industriel et de fuel en chimique, même si les quantités
pollution de l’air contenu dans citerne. » varient considérablement d’un
les sols pour le compte du maître site à l’autre. C’est pourquoi tous
d’ouvrage. Dict et plan sont formés et informés préala-
« La première opération consiste de prévention blement, et régulièrement, sur la
à retracer et à documenter Ce travail de documentation prévention d’un certain nombre
autant que possible l’histo- s’avère indispensable à la bonne de risques. »
rique du site, afin d’évaluer préparation des chantiers : « Les Les risques sont multiples, tant
les risques, ainsi que le ou les sols, les eaux résiduelles, l’air pour les agents de terrain que
polluants à rechercher, signale peuvent être contaminés. Il pour les sous-traitants : perce-
Nicole Nivault. Dans le cas pré- vaut mieux savoir a priori vers ment de réseaux (eau, gaz, élec-
sent, ce site, destiné à être réha- quelles substances on va orien- tricité…), chutes de hauteur ou

Une maîtrise d’œuvre, plusieurs intervenants


Nicole Nivault, directrice de l’activité Sols pollués chez Burgeap
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

« Pour réaliser le diagnostic avant dépollution éventuelle, nous faisons appel à des sous-traitants
amont, par exemple l’entreprise Gaufor, qui effectuent les sondages et la pose des “piézairs”
(voir note de bas de page en fin d’article, page 28) ; et à des sous-traitants aval, qui sont des
laboratoires spécialisés, pour la mesure précise des quantités ou concentrations de polluants
dans l’air, l’eau ou les sols. Notre personnel de terrain, comme Vincent aujourd’hui, réalise les
premières estimations sur place (par exemple avec des tubes de détection de gaz par colorimétrie
et le PID) et établissent des “fiches d’échantillonnage des sols” d’après les sondages, qui seront
transmises aux laboratoires et dans nos services pour traitement ultérieur. »

travail & sécurité – n° 748 – mars 2014


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© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


de plain-pied, agents chimiques L’installation du poste sable du projet rassemble alors treprise Gaufor, spécialisée dans
et biologiques, poussières, de forage nécessite la les plans, en espérant qu’ils les forages. Il s’est muni d’un PID
détection de polluants
incendie ou explosion, espaces seront le plus exacts possible… et d’un explosimètre-détecteur
gazeux éventuels et
confinés, utilisation d’engins la mise en place d’un Nous effectuons une visite pré- quatre gaz 4 : « En cas de concen-
dangereux (machines de forage, dispositif d’extraction. paratoire, en récoltant les infor- tration trop élevée de l’un des
perforateurs, etc.), bruits, vibra- mations destinées à établir un gaz suspectés, une alarme se
tions… « Il ne faut pas oublier le plan de prévention (PDP) et en déclenche. Nous procédons alors
risque routier, car l’essentiel de vérifiant que les énergies sont à une évacuation de la zone,
nos déplacements, et la quasi- bien consignées, en particulier même s’il s’agit d’une alerte
totalité de ceux de nos sous-trai- les réseaux 3. » Dans le PDP, éga- temporaire (dégazage d’un
tants, s’effectuent par la route, lement transmis aux sous-trai- espace confiné, par exemple) et
détaille Nicole Nivault. Avant tants, sont indiqués l’ensemble laissons la diffusion et la disper-
toute chose, nous déposons un des risques rencontrés et les sion naturelles diluer les gaz. »
formulaire de déclaration d’in- moyens de prévention adaptés. Le poste de travail à proximité
tention de commencement de Vincent Huber surveille la mise de la foreuse est aussi équipé
travaux (Dict) afin d’entrer en en place de la foreuse pour la d’un dispositif d’extraction d’air,
contact avec les concession- réalisation d’un premier carot- dont l’extrémité est placée à
naires de réseaux. Le respon- tage par deux salariés de l’en- l’extérieur. Peu de temps après

Burgeap en quelques lignes
n Création en 1947, société du groupe BIHSE ; 750 collaborateurs énergie et climat ; environnement industriel ; nucléaire et
(monde). déconstruction.
n 16 agences en France, 300 collaborateurs environ, un siège n Missions « Sites et sols pollués » : expertise, évaluation,
social (comprenant notamment les missions transversales : conseil, audit, levée de doutes ; études réglementaires
sécurité, qualité, environnement, etc.). et environnementales ; maîtrise d’œuvre, assistance
n Quatre départements : ville et territoires (dont reconversion à maîtrise d’ouvrage ; contrôle de prestation en phase
des friches industrielles et dépollution des sols, eau et milieu travaux, suivi environnemental.
naturel, etc. : deux directions en Île-de-France) ; bâtiment,

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l’installation, l’alarme du détec-
teur quatre gaz se déclenche.
L’équipe coupe les énergies Dans le PDP, également
et évacue la zone pendant un transmis aux sous-traitants,
quart d’heure. Christophe, l’un
des foreurs, se souvient : « Avant,
sont indiqués l’ensemble
je travaillais en raffinerie. Les des risques rencontrés et
alarmes sur détecteurs, c’était
fréquent, on ne plaisantait pas
les moyens de prévention
avec ça. Du coup, j’en ai pris adaptés.
l’habitude et j’y reste attentif
naturellement. »
Le travail reprend après une autres moyens de prévention ne des spécialistes du risque. » Les
vérification du retour à la nor- peuvent être mis en œuvre, sou- résultats des analyses réalisées
male des concentrations de ligne plus tard Constance Lenne. sur place par Vincent Huber
gaz. La foreuse entre en action ; La fonction sécurité est organi- sont rassurants : « Pas de conta-
les intervenants coiffent leur sée de façon transversale chez mination apparente du sol par
casque anti-bruit ou utilisent La mise en place Burgeap. Mon rôle m’amène à les hydrocarbures et les autres
d’un « piézair » peut
des bouchons d’oreilles adap- exiger des travaux
visiter les agences et à animer agents chimiques suspectés. »
tés. « Nous sommes très vigilants de percements des actions d’information et de Si le laboratoire confirme, au
quant au port des EPI lorsque les particuliiers. sensibilisation à la prévention niveau des sols et de l’air, l’ab-
des risques. » sence de pollution chimique
Celles-ci prennent souvent la résiduelle, le maître d’ouvrage
forme de « causeries sécurité » pourra décider le lancement des
sur des thèmes divers : le travail travaux de réhabilitation, dès
au froid (les interventions ont que Burgeap aura rendu son
lieu souvent en extérieur et les rapport… n
conditions climatiques peuvent 1. Un « piézair » est un dispositif
rendre certaines pénibles, sur- de sondage permettant de déterminer
tout en hiver) ; le signalement la présence et la teneur en gaz dans
des situations dangereuses ; les les sols de faible à moyenne profondeur.
Dict ; le port des EPI… Les for- 2. Le terme « BTEX » désigne les
mations à la sécurité occupent composés aromatiques les plus
courants : benzène, toluène,
une place importante  : accueil éthylbenzène et xylènes. Voir les fiches
sécurité à l’embauche, risque de l’INRS : toxicologiques FT 49, 74, 77
chimique, incendie et explosions et 266 ; Demeter DEM 003, 007 et 060.
(Atex), port de charges lourdes, Consultables sur : www.inrs.fr.
travaux en hauteur, descentes 3. Voir le lien : www.reseaux-et-
canalisations.gouv.fr.
en réseaux, sauvetage-secou-
risme du travail… 4. Le PID (de l’anglais Photo-ionization
detector : détecteur par photo-ionisation)
La reconnaissance des limites de permet d’estimer principalement les
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

compétences est aussi présente : concentrations de certains COV


« En cas de risque d’exposition à (composés organiques volatils) dans les
l’amiante notamment, nous pre- gaz. Il mesure les concentrations
gazeuses allant de 1 ppb à 10 000 ppm.
nons contact avec la Carsat ou
Le détecteur quatre gaz mesure les
l’inspection du travail, précise teneurs de quatre gaz dans
Nicole Nivault. Nous préférons l’atmosphère, en général : oxygène,
envisager les éventuels confi- monoxyde de carbone, gaz combustibles
nements de chantier et le trai- et disulfure d’hydrogène.
tement des futurs déchets avec A. B.

Interview
Vincent Huber, ingénieur terrain chez Burgeap
« L’une des difficultés de notre métier réside dans le travail Dans les zones rurales, nous devons penser aux pauses repas
sur des sites parfois inoccupés depuis longtemps (friches), et les anticiper dans l’organisation ; dans les zones urbaines,
souvent en plein air, et en toutes saisons. Outre les repérer les installations avoisinantes (cafés ou restaurants,
équipements spécifiques de travail, nous devons prévoir sanisettes…) pouvant permettre de prendre des pauses,
également des tenues chaudes en hiver, des vêtements si nous restons sur site une journée ou plus. »
visibles (chasubles, vestes à revêtements fluorescents),
des tenues de protection contre les intempéries… Une autre
contrainte provient aussi, souvent, de la consignation des
réseaux (eau, gaz, électricité) sur nos lieux d’intervention.

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