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Comment mettre fin à la mauvaise gestion

des équipements médicaux 


 
15 JANVIER 2017 À 10 H 00 MIN
 
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Le problème de maintenance s’est toujours posé avec acuité, a été à maintes


reprises évoqué par les spécialistes. Jusqu’a maintenant, il n’y a eu aucune stratégie
dégagée ni action efficace de la part des responsables pour y remédier ; et comme
conséquence, des équipements importés à des sommes faramineuses sont en
panne.

Exemples de Constats
Selon Le Quotidien d’Oran, 9 septembre 2010 : sur les 73 500 équipements
médicaux que comptent les établissements de santé au niveau national,

– 10 000 sont immobilisés ;


 – 5200 en panne ;
 – 2200 sont montés mais non opérationnels.

Ce qui peut représenter presque 30% du parc national qui est indisponible.
Le constat de large taux d’indisponibilité ou de défaillances techniques des
équipements biomédicaux, l’insécurité technique et l’absence de gestion de
maintenance dans les hôpitaux ont incité à soulever à nouveau ce problème de
gestion technico-économique crucial et touchant la santé des patients car un
diagnostic ou une thérapie-assistance fiable et rapide des médecins dépend
énormément des équipements et donc leur indisponibilité ou retard dans leur
dépannage peut conduire à des conséquences néfastes et surtout dans le cas des
urgences.
Le matériel médical coûte très cher et moins d’importance a été donnée à sa
maintenance (intervention et gestion technico-économique) et son exploitation
pour une bonne longévité du matériel.
Les techniques biomédicales ont pris de l’ampleur et le corps technique n’a pas suivi
en moyens, effectifs et en qualification. On n’a pas pu dégager  jusqu’à maintenant
une stratégie de maintenance efficace des équipements biomédicaux et
hospitaliers.
Il est donc nécessaire d’établir une évaluation globale, un diagnostic et un audit de
la fonction maintenance au niveau de nos hôpitaux, ce qui permettra d’identifier les
points faibles et points forts et d’indiquer le niveau de performance de la fonction
via des questions qu’on peut se poser et des constats.

Combien de matériels qui sont tombés en panne ont été mis de côté après
quelques tentatives de réparation ou à cause d’un composant ayant un coût
dérisoire ?

Un certain nombre d’équipements sont déclassés après une courte période de


fonctionnement alors que la durée de vie moyenne (MTBF) d’un équipement
biomédical est de 10 ans.

– A-t-on réuni les conditions et la logistique qu’il faut (documentation, pièces,


outillage et formation de qualification) pour que l’équipement soit maintenable et
donc disponible ? Qui assure la maintenance et respecte-t-on les normes (de
sécurité, courant, de fuite et performances) et surtout pour le matériel après-
réparation ou rénovation ?

– Le matériel acheté : est-il accessible, facile à réparer, pièce de rechange disponible


? Plus le matériel est complexe et sophistiqué (avec un software avancé et carte à
SMC) plus sa maintenabilité est faible ou donc difficile à maintenir ou rétablir en cas
de panne même par le SAV.
– Peu d’importance a été donnée à cette fonction. L’investissement dans la
maintenance fluctue entre 5% et 10% du prix de l’équipement (norme Benchmark :
réf. Occident) ou par rapport à la valeur du bien immobilisé. Ce ratio reste encore
faible en Algérie. On doit donc investir dans les conditions de base pour réduire les
coûts globaux à long terme.

-Le statut de technicien supérieur et d’ingénieur en biomédical est inexistant


(Fonction publique) et donc pas de recrutement et pas d’effectifs ou ressources
pour assurer la maintenance en interne. La sous-direction de l’équipement (créée
au niveau par exemple  de l’EHS) a un effectif 2 ou 3, très limité par rapport au parc
existant ou à l’effectif médical-paramédical. Ceci doit être pris en compte dans le
nouveau projet de la loi de santé.

En effet, il est judicieux de choisir une maintenance interne (prise en charge par
l’établissement) aux dépens de la maintenance externe pour les équipements
abondants. Elle a comme avantages (à moyen et long termes) : un court délai
d’intervention, un coût relativement faible (1/4), une longévité de l’équipement et la
sécurité technique. Pour le matériel lourd d’imagerie, une maintenance mixte serait
la solution, mais à la condition que les techniciens internes soient formés pour
intervenir à un certain niveau. Trop souvent, le SAV de certains fournisseurs fait
défaut et donc n’est pas assuré.

La maintenance (à laquelle est liée étroitement la sécurité) doit être sérieusement


prise comme fonction avec ses structures, son organisation et sa gestion. Elle a pris
de l’ampleur en occident, mais elle est restée méconnue et au stade pompier
(d’urgence) chez nous.
La notion de maintenance doit naître lors de la phase d’acquisition du matériel qui
nécessite une étude pour une optimisation du rapport coût-disponibilité par le
choix :

– du matériel présentant les meilleurs critères de fiabilité, de maintenabilité et de


sécurité
– du type de maintenance : interne ou externe ou mixte (et élaboration de contrat)
La réception du matériel, après les délais de livraison, doit être suivie d’une
formation du personnel d’exploitation et de maintenance donnée par le fournisseur
et de son installation.
La diversification technologique des équipements biomédicaux est la raison la plus
importante de la complexité de la maintenance dans un hôpital.

Il n’existe pas de méthodes standards de cette gestion à cause des moyens


financiers, humains et matériels qui diffèrent d’un hôpital à l’autre. Les techniques
d’optimisation et d’aide à la décision pour le bon choix de la politique de
maintenance (curative ou préventive) et du type de maintenance (interne ou
externe) restent les outils les plus efficaces.

Cependant, dans notre pays on a tendance à focaliser tous les problèmes de la


maintenance à la pièce indisponible (en raison de la diversification des marques
d’équipements) ou souvent spécifique (raison convaincante pour la majorité) alors
qu’en réalité cette dernière n’est qu’une raison parmi tant d’autres, telles que :

1- mauvaise démarche dans l’acquisition d’équipements biomédicaux (cahier de


charges, choix selon coût/qualité, négociation des contrats de maintenance…) ;

2- dominance de la politique de maintenance curative et d’urgence (pompier et


sous-stress) aux dépens de la maintenance préventive : plus de 80% ;

3- manque de connaissances en matière de gestion de la maintenance (suivi


technico-économique, stock de PDR, GMAO, des ressources humaines…) ;

4- non-qualification des techniciens en maintenance biomédicale et absence de


statut ;

5- mauvaise qualité d’utilisation et d’exploitation des équipements par le corps


médical;

6- environnement inadéquat :

 – électrique : qualité du réseau électrique (surcharge, harmoniques, déséquilibre à


l’intérieur de l’hôpital, absence ou mauvaise qualité de terre (normes non
respectées…) ;

– ambiant : température, poussière, humidité, vibrations… ;


– gaz médicaux : fuites, fluctuations de pression.

Pour les trois premières raisons, la formation est primordiale dans :

– la gestion technico-économique, GMAO, approvisionnement pour les


gestionnaires ;
– la qualification des techniciens de maintenance dans les méthodes et techniques
de réparation (pour un diagnostic efficace) ;
– la formation des manipulateurs pour une meilleure utilisation et une exploitation
à bon escient du matériel.

En ce qui concerne le 4e point, un contrôle rigoureux doit être effectué


périodiquement par des organismes agréés par la vérification des systèmes de
protection électrique (disjoncteurs, ampérage des fusibles, isolation câblage,
surcharge…), des isolations des appareils électromédicaux (ECG, EGG, bistouri
électrique…), des mise à la terre, la consommation électrique (bilan afin d’éviter des
surcharges), sécurisation de l’alimentation secteur (par des groupes électrogènes et
onduleurs) et leurs tests de bon fonctionnement.

Mon intention, en tant qu’expert dans l’ingénierie biomédicale, est simplement


d’éclairer les responsables concernés du secteur de la santé afin de mieux gérer le
plateau technique d’équipement dont le thème nécessite un analyse sérieuse et
notamment en cette période de contraintes économique sévères, et donc incite à
soulever un débat-rencontre entre les services techniques des principaux hôpitaux,
les organismes de contrôle technique en collaboration avec les instituts de
formation en maintenance, les universités et de nombreux Algériens ingénieurs
biomédicaux à l’étranger afin de trouver des solutions technico-économiques et un
modèle dans le cadre de l’amélioration de notre système de santé et ainsi éviter aux
patients des situations critiques…
Dans l’article qui suit, un expert biomédical partage sa réflexion sur des voies possibles
de résolution des problèmes liés aux équipements médicaux-techniques au Burkina Faso. 
 AMELIORER LA GESTION DES EQUIPEMENTS MEDICO-TECHNIQUES
 Par lettre ouverte publiée dans le quotidien le Pays N°4822 du lundi 12 mars 2011, le président
de l’association des professionnels de la maintenance du Burkina (APMB) interpellait les
autorités burkinabé sur l’importance de la maintenance dans la préservation de l’outil de
production aussi bien au niveau du secteur industriel que social tel que l’enseignement et la
santé. Pour faire écho de ce cri de cœur en ce qui concerne le secteur de la santé, on peut dire
que la question de la maintenance (plus particulièrement la maintenance biomédicale en relation
avec les équipements médio-techniques) est une problématique posée de façon récurrente
depuis un certain temps au cours de diverses missions de supervisions ou d’expertises réalisées
avec l’appui des partenaires techniques et financiers (PTF)
1
. Il est vrai que l’indisponibilité des équipements biomédicaux (les autres équipements et
installations non biomédicaux ne sont pas moins concernés) par une absence de maintenance,
entre autres, affecte sérieusement la qualité de service rendu aux populations. S’il n’est plus
besoin de s’attarder sur l’état des lieux, dont une bonne synthèse a été faite dans le Plan national
de développement sanitaire (PNDS)
2
, il convient néanmoins de relever quelques facteurs qui accentuent cette situation pour réfléchir
sur les pistes possibles d’amélioration. D’ores et déjà on peut retenir dans le secteur public que
les établissements de soins concernés par cette thématique sont essentiellement les quatre (04)
centres hospitaliers universitaires (CHU), les neuf (09) centre hospitaliers régionaux (CHR) et la
cinquantaine de centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) ainsi que quelques autres
établissements publics de santé tel que l’office de santé des travailleurs (OST), le laboratoire
national de santé publique (LNSP), le centre national de transfusion sanguine (CNTS), le Centre
Muraz… ; dans une moindre mesure on peut y ajouter les centres de santé et de promotion
sociale (CSPS urbains et ruraux) pour les équipements de la chaine de froid.
Les ressources humaines en maintenance
Le premier facteur à relever est l’insuffisance sinon le manque de ressources humaines
qualifiées en gestion et mise en œuvre de la maintenance biomédicale à tous les niveaux. Les
ingénieurs et les techniciens formés sont en nombre très limité et sont demandés à la fois par les
hôpitaux, l’administration centrale et les prestataires de services privés. Les états généraux de la
santé
 tenus en février 2010 dénombraient au niveau national neuf (09) ingénieurs biomédicaux dont

quatre dans le privé, cinq dans le public et huit (08) techniciens supérieurs biomédicaux. Les
opportunités de formation initiale et continue ne sont pas nombreuses alors que les techniciens
devraient bénéficier d’une mise à jour permanente de leur connaissance en matière
d’organisation, de diagnostic des pannes, de maintenance préventive, de contrôle de qualité, de
gestion d’un parc d’équipements… car l’évolution des technologies médicales, aussi rapide que
les sciences médicales elles-mêmes, ne laisse pas de place à l’approximatif. Il faut disposer
d’équipes de techniciens compétents et motivés dans les hôpitaux pour accompagner les
initiatives du Ministère de la Santé dans l’amélioration continue de la qualité des soins.
Le budget de la maintenance
Le second facteur est lié au budget alloué à la maintenance de l’outil de production des soins que
sont les équipements biomédicaux. Sauf erreur ou omission, il semble que contrairement aux
véhicules, au matériel bureautique et l’entretien courant des bâtiments il n’existe pas une ligne
spécifiquement prévue pour la maintenance des équipements et installations techniques de
santé. Or s’il fallait prévoir quelque chose c’est une estimation de 4 à 6% du budget d’acquisition
qui serait nécessaire pour une maintenance déjà organisée et réalisée dans de bonnes
conditions. Cette estimation atteint 20 à 30% quand les conditions de maintenance sont
seulement acceptables et encore plus élevée quand elles sont mauvaises
4
. Certes, la maintenance coûte cher mais la non-maintenance coûte davantage ; en effet à cause
d’une panne non résolue, on est contraint, pour la continuité de service, d’acquérir en urgence un
équipement neuf avant la fin de vie utile du premier et le cycle recommence. D’autres
conséquences de la non-maintenance sont bien sûr la détérioration de la qualité des soins,
l’augmentation des coûts pour les patients (durée d’hospitalisation allongée, prise de décision par
le médecin traitant différée), la dévaluation du plateau technique suivie d’une démotivation du
personnel.

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