Introduction
Les sociétés commerciales sont des personnes morales régies par des textes de loi,
notamment, l’Acte Uniforme OHADA portant Droit des Sociétés Commerciales et
Groupement d’intérêt économique (GIE).
A. Définition
La comptabilité des sociétés est l’ensemble des traitements comptables régissant les
opérations spécifiques aux sociétés. Elle fait partie intégrante de la comptabilité générale. En
effet, les traitements de la comptabilité des sociétés utilisent les mêmes supports que ceux
de la comptabilité générale.
B. Le plan des comptes
Deux comptes principaux sont concernés par la comptabilité des sociétés.
1. Le compte 101 Capital social : Il éclate en cinq sous comptes :
o 1011 Capital souscrit, non appelé
o 1012 Capital souscrit, appelé, non versé
o 1013 Capital souscrit, appelé, versé, non amorti
o 1014 Capital souscrit, appelé, versé, amorti
o 1018 Capital souscrit soumis à des conditions particulières
2. Le compte 461 Apporteurs, opérations sur le capital : Il éclate en neuf sous comptes :
o 4611 Apporteurs, apports en nature
o 4612 Apporteurs, apport en numéraire
o 4613 Apporteurs, capital souscrit appelé non versé
o 4614 Apporteurs, capital souscrit appelé versé
o 4615 Apporteurs, versements reçus sur augmentation de capital
o 4616 Apporteurs, versements anticipés
o 4617 Apporteurs défaillants
o 4618 Apporteurs, titres à échanger
o 4619 Apporteurs, capital à rembourser
A cet ensemble de comptes, il faut ajouter le compte de transition 109 Apporteurs, capital
souscrit non appelé.
Chapitre I : Généralités sur les sociétés commerciales
I. Le contrat de société
A. Définition
Dans les dispositions de l’AU OHADA portant Droit des Sociétés et Groupement d’intérêt
économique, la société commerciale est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent d’affecter à une activité, des biens en nature ou en numéraire dans le but de
partager les bénéfices ou de profiter de l’économie qui pourrait en résulter.
La société commerciale peut être également créée, dans les cas prévus par le présent Acte
uniforme, par une seule personne, dénommée " associé unique ", par un acte écrit.
La société commerciale est vue comme un contrat car elle nécessite l’existence d’au moins
deux personnes et comme un engagement unilatéral pour les sociétés unipersonnelles.
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B. Caractéristiques d’un contrat de société
Le contrat de société se caractérise par des éléments spécifiques qui le distancent des autres
contrats. Ce sont :
- Les apports
- Le partage de bénéfice et la contribution aux pertes
- L’affectio societatis.
1. Les apports
Les apports en société diffèrent par leurs formes et par leur type de rémunération.
1.1. D’après leur forme
L’AU OHADA portant D.S.C et G.I.E distingue trois type d’apport :
- les apports en numéraire
- les apports en industrie ou de main d’œuvre
- les apports en nature : ce sont des apports des droits portant sur des biens en nature,
mobiliers ou immobiliers, corporels ou incorporels.
NB : Tout autre apport est interdit.
1.2. D’après leur type de rémunération
On distingue :
- Les apports purs et simples : Ce sont les apports rémunérés par les droits sociaux
représentatifs du capital.
- Les apports à titre onéreux : Ce sont les apports rémunérés par les espèces ou les
promesses de payer un passif du montant équivalant.
2. Le partage de bénéfice et la contribution aux pertes
Sauf clauses contraires des statuts, le partage de bénéfice et la contribution aux pertes
doivent se faire proportionnellement aux apports. Ainsi, toute clause léonine est interdite.
3. L’affectio societatis
C’est un aspect psychologique, la volonté qui anime les associés de s’associer pour réaliser
l’objet social.
II. Conditions de constitution des sociétés commerciales
A. Les conditions de fonds : Elles portent sur :
1. Le consentement : C’est la volonté de contracter qui doit exister chez tous les associés et
être exempte de tout vice.
2. L’objet : C’est le genre d’activité que la société se propose d’exercer. Il doit être
mentionné dans les statuts et doit être licite. Exemple : commerce général, prestation de
service.
3. La capacité : Elle porte sur toute personne morale ou physique qui n’est pas frappée par
une interdiction, une incapacité, une incompatibilité pour être associé dans une société
commerciale. (Le cas des femmes mariées, des mineurs non émancipés, etc.)
4. La cause : Il s’agit de la raison pour laquelle les personnes s’associent. La cause consiste à
la réalisation de l’objet social. Elle doit exister et doit être licite et morale.
B. Conditions de forme : Elles portent sur :
1. Les statuts
1.1. Définition
Encore appelés actes sociaux, les statuts constituent soit le contrat de société, en cas de
pluralité d’associés, soit l’acte de volonté d’une seule personne, en cas d’associé unique.
1.2. Forme des statuts
Les statuts sont établis par acte notarié ou par tout acte offrant des garanties d’authenticité.
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Lorsque les statuts sont rédigés par acte sous seing privé, il est dressé autant d'originaux
qu'il est nécessaire pour le dépôt d'un exemplaire au siège social. Un exemplaire des statuts
établi sur papier libre doit être remis à chaque associé. Toutefois, pour les sociétés en nom
collectif et les sociétés en commandite simple, il doit être remis un exemplaire original à
chaque associé.
2. La publicité de l’acte : Il s’agit :
- de l’insertion d’un avis de l’acte dans un journal d’annonce légal
- du dépôt d’un exemplaire de l’acte au greffe du tribunal chargé des affaires
commerciales.
III. La personnalité morale des sociétés commerciales
La société commerciale acquière sa personnalité juridique à partir du jour de son inscription
au RCCM. La société doit donc se voir attribuer comme toutes autres personnes physiques :
A. Un patrimoine
Distinct de celui de ses associés, c’est l’ensemble de ses biens et de ses dettes.
B. Un nom
C’est la raison sociale pour les sociétés de personne et dénomination sociale pour les
sociétés anonymes et les SARL.
C. Un domicile
Il est distinct de celui de ces associés : c’est le siège social.
D. Une nationalité
La société a la nationalité du pays dans lequel elle est installée. Toutefois, une société aura la
nationalité étrangère en fonction de ses organes de contrôle.
E. Une capacité
C’est la capacité de jouissance et d’exercice. La société peut donc acheter, vendre, contacter
les emprunts, accorder les prêts, recevoir, donner.
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Sans capital minimum, cette forme de société est rarement utilisée car elle a pour
caractéristique de ne pas protéger le patrimoine des associés. Ces derniers peuvent désigner
un ou plusieurs gérants, associés ou non, personnes physiques ou morales, ou en prévoir la
désignation dans un acte ultérieur. A défaut d’organisation de la gérance par les statuts, tous
les associés sont réputés être gérants.
B. La société en commandite simple (SCS)
La SCS est celle dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales dénommés «associés commandités», avec un
ou plusieurs associés responsables des dettes sociales dans la limite de leurs apports
dénommés «associés commanditaires» ou «associés en commandite», et dont le capital est
divisé en parts sociales.
Sans capital minimum, et ayant presque le même régime juridique que la SNC, cette forme
de société est aussi rarement utilisée à cause de la complexité des règles qui l’encadrent.
Comme le cas de la SNC, elle n’offre aucune protection au patrimoine des associés qui sont
en effet responsables indéfiniment et solidairement des dettes sociales sur leurs biens
personnels.
C. La société à responsabilité limitée (SARL)
La SARL est une société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des parts sociales.
Elle est le premier choix des créateurs d’entreprise car elle offre l’avantage de limiter la
responsabilité des associés à la hauteur de leurs apports.
Sauf dispositions nationales contraires, le capital social doit être d’un million (1.000.000) de
francs CFA au moins. Il est divisé en parts sociales égales dont la valeur nominale ne peut
être inférieure à cinq mille (5.000) francs CFA.
La SARL est dirigée par un ou plusieurs gérants associés ou non et les statuts organisent
librement la cession des parts.
D. La société anonyme (SA)
La SA est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont représentés par
des actions. Elle est réservée à des projets d’une certaine ampleur. Son capital social
minimum est de dix millions (10.000.000) de Francs CFA et doit avoir au moins 3
actionnaires.
La responsabilité des actionnaires est limitée à la proportion de leurs apports. Son principal
avantage est qu’il est gage de sécurité par les investisseurs et les banquiers. Elle est soit
dirigé par un administrateur général, soit par un conseil d’administration.
E. La société en participation (SEP)
La SEP est celle dans laquelle les associés conviennent qu’elle n’est pas immatriculée au
registre du commerce et du crédit mobilier. Elle n’a pas la personnalité morale et n’est pas
soumise à publicité.
Cette forme de société est libre et ne pose pas de formalisme particulier pour sa formation.
Chaque associé contracte en son nom et est seul engagé à l’égard des tiers.
Toutefois, si les associés agissent expressément en leur qualité d’associé auprès des tiers,
chacun de ceux qui ont agi est tenu par les engagements des autres. Les obligations
souscrites dans ces conditions les engagent indéfiniment et solidairement.
La SEP n’a pas de capital minimum et peut être dirigé par un gérant à qui sont mis à
dispositions les biens nécessaires à l’activité sociale. Toutefois, chaque associé reste
propriétaire des biens qu’il met à la disposition de la société.
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F. La société par actions simplifiée (SPAS)
La SP AS, notamment citée par l’article 6 de l’Acte Uniforme relatifs aux sociétés
commerciales comme étant une société commerciale par la forme.
Les titulaires d’actions sont appelés des associés et ils ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leur apport. Cette société par actions qui est venue mettre fin à
la longue solitude de la SA laisse une grande place à la liberté contractuelle et répond
parfaitement aux investisseurs qui cherchent de plus en plus d’instruments ou de véhicules
souples et sécurisés
G. Le Groupement d’Intérêt Economique (G.I.E)
Le GIE est doté de la personnalité juridique. Il ne vise pas la réalisation et le partage de
bénéfices et peut être constitué même sans capital.
Chapitre II : Les opérations d’apport
I. Principes généraux
Au moment de la constitution, les associés vont s’engager à se libérer du montant du capital
souscrit. Il peut exister deux formes de libération selon les modalités prévues par les statuts
ou à défaut par les associés eux-mêmes.
A. Libération des apports en nature : Elle est intégrale quel que soit la forme de la société.
B. Libération des apports en numéraire : Elle peut être partielle ou intégrale sans minimum :
o Dans la S.N.C. aucune contrainte,
o Dans la S.A.R.L. elle est intégrale,
o Dans la S.A. le minimum légal est de ¼ des apports numériques.
En définitif, les apports (nature et numéraire) sont intégralement libérés dans les S.A.R.L. Par
contre dans les S.A. et S.N.C les apports en numéraire peuvent être intégralement ou
partiellement libérés.
II. Comptabilisation des apports avec libération intégrale
Cette comptabilisation s’effectue en deux étapes : la promesse et la libération des apports.
A. Les promesses d’apports : Ce sont des promesses faites par les associés en vue de mettre
en commun certains biens constituant les apports. Du point de vue comptable, ces biens
peuvent prendre les formes suivantes : Apports en numéraire ou en espèce, Apports en
nature : immeuble, stocks de marchandise,...).
Dans ce cas l’appel sera unique. Cette promesse traduit l’engagement des associés à se
libérer ultérieurement. Elle matérialise la créance de la société sur ses associés. On passera
donc les écritures suivantes :
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Comptes Intitulés Débit Crédit
2-3-4-5 Compte d’actif X
4611 Apporteurs apports en nature A
4612 Apporteurs apports en numéraire B
…. Compte de dettes (à titre onéreux) C
Premier appel
B. La libération du premier appel
Comptes Intitulés Débit Crédit
2- 3- 4-5 Compte d’actif x
4611 Apporteurs apports en nature A
4612 Apporteurs apports en numéraire B
… Compte de dette C
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1. Régularisation du compte 109
On crédite le compte 109 par le débit du compte 4613 Apporteurs, capital souscrit, appelé,
non versé (cas des S.A.) ou 4614 Apporteurs capital souscrit appelé versé (pour les S.NC).
Comptes Intitulés Débit Crédit
4613 Apporteurs, capital souscrit, appelé, non Fraction appelée
ou versé
4614 Apporteurs capital souscrit appelé versé Fraction appelée
109 Apporteurs Cap souscrit, non appelé Fraction appelée
Deuxième appel
2. Régularisation du compte 1011
Comptes Intitulés Débit Crédit
1011 Capital souscrit, appelé, non versé Fraction appelée
1012 Cap souscrit, appelé, non versé Fraction appelée
Deuxième appel
D. Libération du deuxième appel
Comptes Intitulés Débit Crédit
5 Trésorerie Fraction appelée
4613 Apporteurs, capital souscrit, appelé, non versé Fraction appelée
ou ou
4614 Apporteurs capital souscrit appelé versé Fraction appelée
Régularisation
A. Première présentation
Noms Capital appelé Capital non appelé Capital social
X Compte 4611 Compte 4612 Compte 1012 Compte 109 et 1012 Compte 101
ou 1013
B. Deuxième présentation
Noms Nature Numéraire Capital social