trisha brown :
portrait d’une figure majeure
de la danse
automne 17 - N° 70
Trimestriel d’information
et de réflexion sur la danse
Édité par CONTREDANSE
N° 70
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ÉDITO SOMMAIRE
C’est une belle journée de mai. Assis dans P. 03 CR É AT IONS
son transat sur les hauteurs ardennaises,
Benoît Lutgen rêve. « Moi qui ne suis ni de P. 06 BR ÈV ES
gauche ni de droite, j’aimerais aussi
connaître une fulgurante ascension, plutôt
P. 08 DOSSIER
que de continuer de laver le linge sale d’un
Parti socialiste sur le déclin. Le MR, au
Comme un roman
moins, ils ont des blanchisseuses kazakhes,
Les liaisons entre danse et littérature
c’est plus chic ! » De l’épisode 1 « On ne peut
P. 16 P ORTR A I T
plus vivre ensemble » à l’épisode 8
« Cohabitation forcée », en passant par le
Trisha Brown : no limits
moment de bascule « Satané choix des
P. 18 JEU N E PU BL IC
urnes », le feuilleton de l’été nous aura fait
trembler. Jolie démonstration de l’effet pa-
- Vers un réseau international
pillon, ou comment une élection française
- Retour des Rencontres de Huy
doublée de jetons de présence indécents
dans une asbl bruxelloise peut nous donner P. 20 PU BL IC AT IONS
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Katrien Oosterlinck Imagine Moving Rocks © Katrien Oosterlinck
Thérians / Cie Rising Horses Imagine Moving Rocks / Katrien Oosterlinck musique américain et batteur. L’être humain
Avec Thérians, Louise Vanneste inaugure un Diplômée en Danse, Théâtre et Performance à reste au cœur de son travail. Première belge
nouveau cycle. Ce solo pour deux danseurs la Fontys Dansacadamy de Tilbourg (Pays- le 28 septembre à deSingel à Anvers.
s’inspire de la structure d’Orlando de Virgi- Bas) ainsi qu’en arts visuels à Sint Lucas à
nia Woolf, où le protagoniste passe du Anvers, Katrien Oosterlinck initie des projets
genre masculin au féminin sans rupture multidisciplinaires (danse, performance, Mer- / Étienne Guilloteau et Claire Croizé
narrative. La chorégraphe recherche l’inti- vidéo, dessin...) avec un intérêt particulier Mer-, comme mourir, comme la mer, méta-
mité avec le spectateur, semblable à celle pour le corps et le mouvement. Après une di- phore de la mort, du mystère et de l’inconnu.
qui se tisse entre le lecteur et son livre. zaine de créations, l’artiste propose Imagine Étienne Guilloteau et Claire Croizé livrent cette
Elle aborde également la question de notre Moving Rocks, un dispositif balisé par des ins- nouvelle pièce créée par cinq danseurs et cinq
origine animale (Thérians, du grec thêrion, tructions précises : un groupe de 8 à 12 per- chanteurs. Le concept de finitude, qui tient une
animal sauvage), de l’empathie – en jeu sonnes qui se connaissent (famille, amis, voi- place importante dans l’œuvre des deux
entre les deux interprètes – et, enfin, celle sins, collègues...) est guidé par une bande artistes, a déjà été abordé précédemment
de la narration. Lumière, son et corps sont audio diffusant des sons. Les codes de com- dans Affected (2006), The Farewell (2009) et
les trois éléments indissociables de la munication classique sont balayés et donnent Chant éloigné (2012). La mort est ici traitée
pièce, à laquelle ont collaboré Cédric Dam- naissance à une rencontre physique non ver- plus en profondeur, aux côtés de laquelle co-
brain (son) et Arnaud Gerniers (scénogra- bale. Une expérience sensorielle et esthétique habitent la lumière et la joie. Mourir telle une
phie/lumières). Celle-ci ouvrira la Bien- à vivre dès le 27 septembre au Stuk à Louvain. performance, voilà ce qui est cœur de cette
nale de Charleroi danse, le 27 septembre création, accompagnée de musique sacrée et
et, en résonance avec Thérians, le film profane, interprétée par Marnix De Cat’s Pluto
Ghost Dog de Jim Jarmusch sera projeté le Rule of Three / Jan Martens Ensemble. Le 29 septembre à Sint-Walburga-
29 septembre au Quai 10 à Charleroi. Ce Vous pensez connaître la règle de trois ? Il kerk, à Bruges.
cycle littéraire se prolongera en 2018 par s’agit ici d’une performance dansée où l’am-
une « déambulation chorégraphique », À biance de discothèque se combine avec le
travers les Aulnes, inspirée de l’univers de sentiment de se perdre dans les pages d’un AMOR / Michèle Anne De Mey,
Michel Tournier dont le premier volet est à livre. Après The common people (2016), le cho- Jaco Van Dormael
découvrir aux Halles du 5 au 27 octobre. régraphe et performeur Jan Martens travaille Après le succès de Kiss and Cry et de Cold
(Lire aussi l’entretien p. 10 et voir rubrique pour la toute première fois avec de la musique Blood que l’on pourra (re)voir cet automne, le
3
Autour de la danse.) en direct et collabore avec NAH, producteur de couple livre AMOR, un titre à double lecture
P.
(amour, à mort). Le point de départ ? Consé- plines (danse, cirque, théâtre de rue, cirque…) Pomero, Julien Monty et Boštjan Antoncic,
quence d’un choc thermique lors d’une tour- et a signé de nombreuses pièces. Après la re- le 24 octobre au Concertgebouw à Bruges.
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coma – ce que les scientifiques nomment « ex- biais d’ateliers créatifs. Les marionnettes ont Being / Bára Sigfúsdóttir
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périence imminente de la mort » –, dont elle été réalisées par Marie-Ghislaine Losseau. L’artiste islandaise Bára Sigfúsdóttir a étudié
ne se réveillera que bien plus tard. L’étrangeté Interprété par Jordi L. Vidal, danseur, comé- la danse contemporaine à l’Académie islan-
de cette expérience au caractère exceptionnel dien et marionnettiste, et Flora Gaudin, musi- daise des arts, à l’école des arts d’Amsterdam
a servi de base à AMOR, qui nous fait traverser cienne, danseuse et comédienne. Le 7 octobre, et enfin à PARTS à Bruxelles, où elle s’est
de l’autre côté du miroir. Un seule-en-scène dans le cadre du festival Murmurez Frénétique formée à la danse, à la recherche du mouve-
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intime, aux sensations de flottement et de lévi- à Bruxelles. + 6 ans. ment et à la chorégraphie. Aujourd’hui choré-
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tation pour parler « d’amour comme acte de graphe, elle a également été interprète pour
résistance absolu » (Michèle Anne De Mey). La diverses compagnies. Being, son cinquième
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mise en scène est de Jaco Van Dormael, la Mitten wir im Leben sind/Bach6Cellosuiten projet, résulte d’un voyage à Téhéran en 2014,
CRÉATIONS
chorégraphie, signée Michèle Anne De Mey, Rosas, Jean-Guihen Queyras où elle rencontre les danseurs Masoumeh Ja-
les images filmées, créées par Juliette Van La très productive Anne Teresa De lalieh et Alireza Mirmohammadi. Being ou la
Dormael et Julien Lambert. Première le 3 oc- Keersmaeker revient sur le devant de la rencontre de l’Islande et de l’Iran à voir à
tobre, au Théâtre National à Bruxelles. scène (au sens propre) dans cette nouvelle Gand. Première le 26 octobre, à Campo.
pièce qui met à l’honneur l’intégrale des
suites pour violoncelle de Bach, interprétée
AAARRRHHH !!! / Cie Jordi L. Vidal par le violoncelliste Jean-Guihen Queyras. Belgian Rules, Belgium Rules / Jan Fabre,
Derrière cette onomatopée se dissimule une La chorégraphe et le musicien ont ceci en Troubleyn
œuvre pluridisciplinaire tout public où se cô- commun qu’ils portent un intérêt particulier L’enfant terrible des arts visuels et de la scène
toient danse contemporaine, marionnettes, à l’analyse musicale, point de départ de est de retour avec Belgian rules / Belgium
théâtre d’objets, musique et arts visuels. Le leurs interprétations. D’autres productions Rules. « Le théâtre est à l’origine de la nais-
thème central ? La mort et les émotions qu’elle d’Anne Teresa De Keersmaeker, telles sance de ce petit pays, et ce petit pays est
suscite. Mais la mort envisagée comme renou- Toccata (1993), Zeitung (2008) et Partita 2 encore aujourd’hui un théâtre en soi. La Bel-
veau, comme un nouvel élan de vie et non sy- (2013), témoignaient déjà de son affinité gique est un pays qui croule sous la bureau-
nonyme de perte et de finitude. Jordi L. Vidal a particulière avec le monde de Bach. De cratie et les formalités inutiles. Un État artifi-
collaboré en tant qu’interprète / danseur dans Keersmaeker travaille ici avec quatre ciel qui ne semble tenir que par des bouts de
plus de 25 productions, est actif en tant que danseurs, dont chacun est au centre d’une ficelles, et que des pays voisins utilisent
professeur et coach en danse / théâtre phy- suite. Créé avec et dansé par Anne Teresa comme plate-forme pour mener leurs
sique pour des artistes de différentes disci- De Keersmaeker, Marie Goudot, Michaël guerres. Tous ses habitants (et aucun d’eux)
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Bienvenue en Absurdistan ! (…) Ce pays dif-
forme, déformé, déplacé constitue le magni-
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fique centre de l’Europe. Remontez les volets
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roulants et vous découvrirez une fenêtre
donnant sur ce pays laconique. Regardez par
le chambranle et vous verrez une grande
partie du monde. » À l’instar de Fellini et
Rome ou d’Arno et la Belgique dans le
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champ musical, l’artiste anversois célèbre
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son pays et tente de cerner l’identité belge à
travers une création totale où s’allient danse
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et théâtre. L’écrivain Johan de Boose en
CRÉATIONS
signe le texte et l’auteur-compositeur Ray-
mond van het Groenewoud, les chansons.
Bienvenue en Belgique, bienvenue dans
l’univers décalé et subversif de Jan Fabre !
Première le 3 novembre au Concertgebouw
à Bruges.
forme dans un cadre précis, de faire émer- singuliers de ceux qui, provisoirement ou Bruxelles. • Alexia Psarolis
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BRÈVES
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Action Culturelle Bruxelloise. Ce change- criptions : 3 novembre. www.ietm.org tistes les plus prometteurs pour 2017.
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Catherine Simon © Emile Lansman
La pièce Every Direction Is North, créée en juil- des cinq éditions suivantes un succès grandis- tils proposés dans la publication. Ils sont ou-
let 2016 par Karine Ponties avec la section sant. En 1985, la formule du festival tempo- verts à toute personne inspirée par le mouve-
contemporaine du ballet de Moscou, a rem- raire a été supprimée en faveur d’un fonction- ment et sa documentation. Le projet REFLEX
porté le Masque d’Or 2017 en tant que Meil- nement continu et régulier où le Kaaitheater Europe est cofinancé par le programme Eras-
leure pièce de danse contemporaine. Le connaît une période nomade non dénuée mus+ de l’Union Européenne et divers parte-
Masque d’Or est la plus prestigieuse distinc- d’embuches. Avec des figures telles que Jan naires internationaux. Pour les lieux et dates
tion des arts de la scène en Russie, qui récom- Decorte, Anne Teresa De Keersmaeker, Jan des laboratoires : info@idocde.net.
pense tous types de productions : opéra, Fabre, Jan Lauwers, la structure flamande a Voir aussi : idocde.net/, mindthedance.com
théâtre, ballet, danse contemporaine, théâtre participé à un nouvel élan artistique. Au-
de marionnette et théâtre musical. Karine jourd’hui codirigé par Guy Gypens et Katleen
Ponties remporte ici son deuxième Masque Van Langendonck, le Kaaitheater présente et Needcompany déménage
d’Or, après celui décerné en 2011 pour Mirliflor. coproduit du spectacle vivant national et inter- Molenbeek est assurément un repaire de dan-
Ce prix révèle également les liens que la cho- national, allant du répertoire à l’expérimental, seurs ! Après 23 années passées dans le
régraphe a tissés avec la Russie depuis plu- toujours soucieux du contexte socio-politique centre-ville, Needcompany emménage dans
sieurs années. dans lequel il s’inscrit. Festivités du 3 au 6 l’ancienne fabrique de tabac Gosset, rue Ga-
octobre. www.kaaitheater.be brielle Petit. Fondée en 1986 par Jan Lauwers
et Grace Ellen Barkey, rejoints depuis 2001 par
Les Rencontres de Huy, c’est fini (pour cette Maarten Seghers, Needcompany est une mai-
année). Parmi les 37 spectacles, Cartoon, Bruxelles à Berlin son d’artistes et compagnie internationale qui
spectacle de danse jeune public d’Anton Les 3 et 4 novembre, le festival berlinois Radi- produit des œuvres artistiques mêlant théâtre,
Lachky Company (photo de couverture), a cal System, parrainé par Sasha Waltz, accueil- danse, performances, arts plastiques, textes…
reçu le Prix de la ministre de la Culture Alda lera 20 chorégraphes et danseurs bruxellois. Ce changement de lieu coïncide avec une nou-
Greoli. (Lire aussi l’article p. 19). Radical System Contemporary Dance from velle phase pour la structure, désireuse d’ou-
Brussels est une initiative du ministre Rachid vrir ses portes à de jeunes créateurs.
Madrane et de visit.brussels, en collaboration
Comme chaque année, les Prix de la critique avec le Beursschouwburg, les Brigittines, les
marquent le début de la saison culturelle. Pour Halles de Schaerbeek et le Kaaitheater. Le Un lieu ferme ses portes…
la danse, les spectacles nominés sont : Anima programme qui sera dévoilé en septembre Le Cirque royal baisse le rideau – pour une
ardens de Thierry Smits/Cie Thor, Nativos d’Aye- rassemble des artistes de 10 nationalités dif- durée indéterminée – et voit sa programma-
len Parolin et Giovanni’s Club de Claudio Ber- férentes ayant tous comme dénominateur tion de rentrée annulée. Le Conseil d’État vient
nardo/Cie As Palavras. Dans la catégorie Jeune commun de vivre ou de travailler à Bruxelles. de trancher en faveur du Botanique, qui, en
public, la compagnie 3637 est nominée pour association avec le Sportpaleis d’Anvers, avait
Des illusions. Le Prix Bernadette Abraté revient introduit un recours en extrême urgence
à Philippe De Coen, fondateur et directeur ar- Publication numérique contre la décision de la Ville de Bruxelles de
tistique de la compagnie Feria Musica, tandis Mind The Dance est une nouvelle collection confier même de manière précaire l’exploita-
qu’Alain Platel, chorégraphe et fondateur des d’essais, de manuels, de partitions, d’exer- tion du Cirque royal à l’association Brussels
Ballets C de la B, est récompensé par le Prix cices et de cartes qui vient enrichir la docu- Expo. On ne sait quand la célèbre salle de
spécial du jury pour Nicht schlafen. Pour les mentation du mouvement. Développée par des spectacles rouvrira ses portes.
autres, verdict le 25 septembre. chercheurs, danseurs et enseignants (dont la
danseuse Anouk Llaurens), elle invite les ar-
tistes et pédagogues de la danse à utiliser la … un autre les ouvre
Un Lion d’or a été décerné à Lucinda Childs à documentation de leur pratique comme outil Après Paris, la Manufacture 111, centre de
la Biennale de Venise en juillet dernier. La cho- réflexif. Cette publication émane de la plate- créations urbaines, s’installe chaussée de
régraphe post-moderne américaine a été pri- forme IDOCDE, dont la mission est de donner Boondael à Bruxelles. Expositions, concerts,
mée pour l’ensemble de son œuvre. accès à de la documentation ainsi que de favo- danse, projections, live paintings…, la pro-
riser le dialogue entre professionnels de la grammation pluridisciplinaire met à l’honneur
danse, étudiants et autres publics. Au cours de les cultures urbaines et le street art. L’objec-
Les 40 ans du Kaaitheater l’année 2018, le projet REFLEX Europe organi- tif ? Inviter les artistes à se produire et à tra-
Le Kaaitheater fête ses 40 ans ! Le premier sera des laboratoires – qui auront lieu dans vailler dans le cadre de résidences artistiques,
Kaaitheaterfestival organisé en septembre chaque institution partenaire – pour étudier avec un dispositif d’accompagnement.
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1977 par Hugo De Greef a rencontré au cours Mind The Dance et mettre en pratique les ou- www.manufacture111.com • Alexia Psarolis
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Comme un roman
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Comme un roman. Ce titre de dossier emprunté surgir sensations et images, suscitant elle Vanneste initie un cycle littéraire avec Thé-
à l’ouvrage éponyme de Daniel Pennac se veut aussi des manifestations kinesthésiques. rians, inspiré d’Orlando de Virginia Woolf, pré-
moins provocateur que révélateur des liaisons « Quoi qu’elle mette en jeu comme gestes, senté à Bruxelles cet automne. Elle considère
qu’entretient la danse avec la littérature et de mouvements ou rythmes, la danse est la lecture, au cœur de sa vie et de son travail,
leur enrichissement mutuel. Si la figure de histoire(s), anecdote(s), narration(s) ».2 « Je lis comme un acte de création. « Les danseurs,
Pennac apparaît en filigrane, c’est qu’entre la énormément, passe des heures en librairie, à sans le savoir, font de la lecture une pratique
scène et lui un lien s’est noué l’amenant à ex- la recherche d’un verbe très incarné, confesse somatique, un exercice de danse virtuelle »,
plorer une autre forme de corporéité. Dans le chorégraphe Angelin Preljocaj. Et lorsqu’un observe l’universitaire Alice Godfroy, qui a
Journal d’un corps (éd. Gallimard) – son auto- livre me touche, comme Ce que j’appelle l’oubli élaboré le concept de « dansité » d’un texte. La
biographie fictive –, il livre la chronique des de Laurent Mauvignier, quand, hanté par les chorégraphe et performeuse Mette Edvard-
mouvements incessants entre le corps et l’es- corps, il produit un tel choc, une telle émotion sen, quant à elle, développe une démarche
prit. « Le corps est une manifestation physique sur moi, je le fais partager à travers une cho- originale autour de l’incarnation de livres,
qui n’en finit pas de se développer, de dispa- régraphie pour qu’un plus large public le dé- constituant au fil du temps une « bibliothèque
raître, de renaître… », note l’auteur. Ce livre, couvre. La danse est l’apocalypse du texte, pas humaine » : les textes se réveillent de leur la-
paru en 2012 et mis en lecture aux Bouffes du comme chaos mais dans le sens étymologique tence pour s’intégrer dans des corps vivants.
Nord à Paris, l’écrivain l’a incorporé pour le (du grec « apo-kalupto », ôter le voile), elle Enfin, la parole est laissée à un écrivain, Tho-
faire résonner en lui et sur scène. « La langue, révèle les mots et ramène à la fin au livre ».3 mas Gunzig, qui signe les textes des spec-
c’est du son », affirme-t-il. « J’aime voir le Maguy Marin et Beckett, Dominique Bagouet et tacles Kiss & Cry et Cold Blood, réalisés en
texte rentrer par les yeux, par les oreilles », ce Emmanuel Bove, Mathilde Monnier et Chris- collaboration avec la chorégraphe Michèle
qu’il nomme « le mystère laïc de l’incarnation tine Angot… Des écrivains sur scène ; des Anne De Mey et le cinéaste Jaco Van Dormael.
qui se joue tous les soirs sur les scènes de chorégraphes tellement séduits par l’expé- Une prose poétique pour une danse de doigts :
théâtre ». Ce va-et-vient entre la scène et les rience littéraire qu’ils cheminent jusqu’à Cold Blood est repris cet automne au Théâtre
mots a fait naître une collaboration avec le l’écriture.4 « La danse démultiplie ainsi ses de Liège ainsi qu’à Bruxelles, au Théâtre Na-
chorégraphe Farid Ounchiouene, qui s’est em- faces actives », analyse Nathalie Nachtergael, tional, qui met à l’honneur cette saison-ci les
paré du conte L’Œil du loup, « une matière à professeur de littérature et arts contempo- « constructeurs d’histoires »5... • AP
penser et à danser ».1 rains à l’Université Paris 13, qui met à jour les
possibles combinaisons du tandem écrivain-
La danse, comme un roman ? Ces deux formes chorégraphe. 1 L’Œil du loup, Daniel Pennac, éd. Pocket Jeunesse, 2002. Ad-
artistiques aux écritures pourtant si diffé- aptation chorégraphique par Farid Ounchiouene en décembre
2016, à la Maison des métallos, à Paris ; et repris en 2017.
rentes ont entrepris un dialogue fructueux, où Les démarches dont nous nous faisons l’écho 2 Danse contemporaine, Rosita Boisseau, Laurent Philippe,
le monde des perceptions s’entrelace à celui engagent des artistes du verbe et du mouve- nouvelles éditions Scala.
des idées. Si la danse contemporaine s’est af- ment, dont l’inspiration réciproque et les inte- 3 Livres Hebdo n° 946, 22/03/2013.
4 Des textes qui dansent. Quand les chorégraphes écrivent pour la
franchie de la narration traditionnelle, elle ractions ont donné naissance à des œuvres scène, éd. Micadanses.
raconte néanmoins quelque chose. Elle fait étonnantes. Ainsi, la chorégraphe belge Louise 5 Nouveau sous-titre du Théâtre National.
Dans l’état contemporain de la danse, les tions. L’expérience témoigne aussi de la place Faire voir la littérature dansée
du danseur-chorégraphe dans la nouvelle
arts se servent les uns les autres, se
configuration de la danse contemporaine ; ce Lorsque sort en 2005 le film de Claire Denis
croisent, s’enrichissent mutuellement et danseur a aussi un mot à dire, un regard à Vers Mathilde, le spectateur découvre visuelle-
poser sur ce qui est dit, un geste à faire en ment et matériellement l’importance de la
communiquent de façon plus directe avec
réponse à une parole. En effet, la condition phase de lecture collective chez Mathilde
le monde. contemporaine de la danse a fait surgir une Monnier, cela en amont de la préparation phy-
nouvelle figure, symétrique de l’écrivain qui sique des danseurs. Le principe de « se mettre
On pourrait parler d’une danse en contexte, monte sur scène, celle du danseur qui parle. à table », développé en 2003 avec sa pièce
connectée, pour laquelle le texte n’est plus Danseur qui déclame, danseur qui écrit, pro- collaborative Allitérations, dans laquelle le phi-
une matrice à appliquer ou à suivre (le fameux longe aussi l’autre figure du chorégraphe lec- losophe Jean-Luc Nancy lisait un texte sur
livret de ballet), mais une structure imagi- teur, chorégraphe traducteur : la danse dé- scène, dévoile sous l’œil de la caméra son
naire, conceptuelle, voire un contrepoint es- multiplie ainsi ses faces actives et rend plus origine livresque. L’écriture et la lecture ir-
thétique ; on pense ici à la rencontre entre complexe la réception de pièces qui engagent riguent la pensée chorégraphique tout autant
Mathilde Monnier et Christine Angot sur scène elles-mêmes des modes de lecture alterna- qu’elle leur sert d’outil de transmission. De-
pour leur création commune La Place du singe tifs. La danse engage également des imagi- puis les débuts de la notation chorégraphique
(2005). Dans cette pièce, écrivaine et danseuse naires littéraires qui traversent la scène, le (Laban, Benesh), la question de la transmis-
dialoguent directement : Monnier commente le corps du danseur ou les chorégraphies, décli- sion des pièces s’est posée, la danse moderne
texte d’Angot, en gestes, réponses oralisées, nant des univers fictionnels à la fois familiers intégrant dans son répertoire des réponses,
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qui évoluent d’ailleurs au fil des représenta- et inédits. soit sous forme de matrices conceptuelles
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DOSSIER
Maguy Marin May B © Hervé Deroo
(William Forsythe), soit par la mémoire directe créatrice. La danseuse et chorégraphe Enora forte à la fois du chorégraphe dans l’écriture,
des gestes (Pina Bausch). Depuis plusieurs Rivière, brisant encore un peu plus le silence, mais aussi de l’écrivain avec la scène. C’est un
années, cette dimension mémorielle et publie dans ob.scène : récit fictif d’une vie de pas que Pascal Quignard, homme de théâtre et
conceptuelle a en quelque sorte fusionné pour danseur un monologue intérieur composite qui scénariste, a finalement franchi pour son duo
donner lieu, comme Anne Teresa De Keers- dévoile les mouvements intimes de la pensée avec Carlotta Ikeda à l’occasion d’un Medea
maeker a choisi de le faire, à des carnets de des danseurs, leurs angoisses, leurs prépara- (2010) spécialement écrit pour la circonstance.
retranscription en collaboration avec la théo- tions, leurs doutes. Réalisé à partir Dans ce cas, l’auteur est, comme Angot, là
ricienne Bojana Cvejic, qui font alterner d’entretiens, le récit suit un fil dont on ne peut pour lire ou réciter son texte tandis que, simul-
images, dessins et textes pour tenter de gar- distinguer l’origine des voix qui se fondent tanément, la danse a lieu. Cette association du
der des archives ouvertes et vivantes de la toutes dans un anonymat générique, comme si danseur et de l’écrivain sur scène a par la suite
création. Mais au geste chorégraphique les danseurs étaient condamnés à s’effacer et reçu un tour d’écrou supplémentaire grâce à
s’ajoutent parfois des discours, des textes, des à renoncer à être sujet d’énonciation identifié l’initiative de Jean-François Munnier, qui l’a
bribes de paroles ou des évocations littéraires et singulier. Pourtant, le danseur écrit, ra- instituée dans le cadre du festival Concor-
qui tissent une trame toute singulière et per- conte, se raconte, et les blogs de danseurs, ce danses. Depuis 2007 en effet, un chorégraphe
sonnelle de son auteur. que Laura Soudy appelle « autobiochorégra- et un écrivain sont réunis pour la première fois
phie », témoignent de la dynamique littéraire pour créer, dans un temps court, une pièce
Je danse, donc je parle et d’écriture résolument liée à la danse la plus inédite. Célia Houdart, Arno Bertina, Marie
contemporaine. Desplechin, parmi bien d’autres, sont montés
Auteur donc, le danseur ? Par intermittences, sur des scènes ouvertes pour expérimenter
les rôles sont interchangeables, jusqu’à pro- Scène commune une collaboration qui interroge autant la plas-
duire des œuvres hybrides. Simone Forti, dans ticité de la littérature que la possibilité d’une
les années 1980, fait figure de pionnière en la Si le danseur-chorégraphe se fait auteur, le parole dansée, portée par des chorégraphes
matière. Après avoir travaillé avec Merce Cun- pouvoir de l’écrivain n’en reste pas moins aux sensibilités diverses, Myriam Gourfink,
ningham, elle développe à New York son puissant, au point de faire résonner sa propre Olivia Grandville ou encore Jonah Bokaer. Il ne
propre concept de « logomotion », une danse voix sur scène. Le texte, quant à lui, fournit s’agit donc pas seulement de faire vivre paral-
narrative, idiosyncrasique, qui se manifeste toujours des thèmes susceptibles de se trans- lèlement deux formes d’art, mais bien de les
par une syntaxe gestuelle qu’elle augmente former en livret libre. L’œuvre fondatrice de mêler pour faire surgir une nouvelle forme à
par la suite de paroles. Si le geste est signe Maguy Marin adaptant May B d’après Samuel part entière.
implicite, le danseur – et plus significative- Beckett a ouvert elle aussi les possibilités
ment la danseuse – ne s’interdit plus de parler d’une lecture singulière des œuvres litté- L’écriture de la danse est loin d’être une
à voix haute, donner de sa propre voix, quitter raires, soit quand Tatiana Julien interprète simple métaphore d’un geste créatif. Littéra-
le monde silencieux. De la même génération, Douve d’Yves Bonnefoy (2012), Christine Gé- ture et chorégraphie, par ces alliances, ces
Daniel Dobbels, à l’instar de Dominique Ba- rard, Les Fragments d’un discours amoureux de « pas de mots », pour reprendre une formule
gouet, qui a laissé de précieux carnets et mar- Roland Barthes (1998) ou que Daniel Larrieu de Laura Colombo et Stefano Genetti 1, accom-
qué une génération de danseurs, a mis l’écri- met en scène Divine d’après Jean Genet (2012). pagnent le mouvement contemporain de
ture au cœur de sa pratique chorégraphique, Parallèlement, Angelin Preljocaj s’empare de convergence des arts, tout en se partageant
en fondant la revue historique Empreintes textes résolument contemporains, renouant des qualités mutuelles ; d’un côté, donner un
(1977), mais aussi en écrivant régulièrement avec la tradition du livret, que ce soit pour poids aux mots, une visibilité, une voix ; de
sur la danse. Dans cette « empowerment » par L’Anoure (1995) d’après un texte inédit de Pas- l’autre, rendre au geste sa « densité » poétique,
la parole, la danseuse aussi a son mot à dire. cal Quignard, ou un récit de Laurent Mauvi- dessiner son paysage imaginaire et ouvrir à son
Dans I AM 1984 de Barbara Matijevic et Giu- gnier qui relate un tragique fait divers, dé- propre univers fictionnel, en amplifiant par ces
seppe Chico (2008), la Conférence dansée de clamé par un acteur dans Ce que j’appelle oubli échanges l’expérience du lecteur-spectateur. •
Louise Desbrusses (2015) ou la performance (2012). On retrouve l’esprit des fructueuses
numérique Sérendipité de Pauline Simon collaborations qui ont fait le succès des ballets 1 Laura Colombo et Stefano Genetti (dir.), Pas de mots : de la
littérature à la danse, Paris, Hermann, 2010.
(2016), le récit, le discours et la poésie hasar- romantiques et modernes, que l’on pense à
deuse d’un moteur de recherche s’entrelacent Giselle sur un livret de Théophile Gautier, à
avec les gestes dansés. La construction nar- L’Après-midi d’un faune à partir d’un poème de Magali Nachtergael enseigne la littérature et
rative et autofictionnelle des premiers fait ré- Mallarmé ou aux plus classiques romans les arts contemporains à l’Université Paris 13.
sonner un « je » qui s’affirme sur scène à la adaptés tels Don Quichotte et La Dame aux ca- Elle a codirigé avec Lucille Toth l’ouvrage
fois comme auteur, danseur et sujet. Cette mélias. Dans la contemporanéité de la danse et Danse contemporaine et littérature, éd. du CND,
nouvelle fonction-auteur, pour reprendre une de son dialogue avec la littérature subsistent Recherches, 2015, dans le cadre du pro-
expression de Michel Foucault, endossée par des moments de cette relation un peu subor- gramme Les Contemporains, littérature, arts
9
le danseur, autonomise sa propre capacité donnée, avec toutefois une co-implication plus visuels, théorie .
P.
« Lire est un acte de création »
N° 70
intéressant que l’imaginaire de mes collabo- boîte de nuit, danser à un mariage. Ici, c’est
du 5 au 27 octobre aux Halles à Bruxelles
rateurs puisse être activé par moi qui raconte la lecture.
P.
L’expérience littéraire comme danse intérieure
N° 70
Par Alice Godfroy
.
AUTOMNE 17
L’aventure de la lecture commence sous qui laissent monter en nous les voix, les es- que je peux danser avec les morts, par le tru-
prits et les présences venus d’un « espace chement des livres.
les significations. C’est une aventure de
séparé ».
gestes dont les graphes noirs sur le papier
Lire, un training pour le danseur
.
blanc n’indiquent que les portes d’entrée. Lire, une assimulation de gestes
NDD
Qui les ouvre sent que la littérature mobi- Tu ne lis pas pour avoir des idées, trouver un
Je lis. Je sens une petite transe, toute une micro-
thème ou une trame narrative à ta prochaine
.
lise invisiblement tout son corps dans l’acte kinesis qui anime mon corps interne, des flux qui
danse. Tu ne veux « rien raconter », ni être « uni-
DOSSIER
parcourent la trame tonique de ma posture, la
de lecture. Invisiblement, imperceptible- voque dans le propos ». Tu ne viens rien piller
tendent et la détendent, des altérations pondé-
dans les livres. Peut-être les dévalises-tu sur
ment, virtuellement. Et, un pas plus loin, rales qui modulent mon ancrage. Je suis soule-
place ? Pour qu’ils t’entraînent, t’apprennent
vée, portée, déséquilibrée, caressée, allégée, vi-
que la lecture ne diffère guère d’un exer- leurs gestes, t’obligent à débrayer certains
brée, alourdie par ce que je lis. Si les voix du texte
usages de ton corps, à embrayer sur d’autres
cice de danse. Qu’elle est, selon la lumi- m’habitent en quelque sorte, elles ne font que
hypothèses de mouvement. À percevoir autre-
m’indiquer toutefois des directions possibles (de
neuse formule de Maurice Blanchot, « une ment pour bouger autrement. Comme le danseur
la vie mentale, émotionnelle, pratique), à em-
de butô, Kazuo Ohno, qui écrivait avant chaque
danse avec un partenaire invisible dans un prunter ou non. Tout un ensemble de gestes que
spectacle en guise de training des centaines de
j’adopte virtuellement.
espace séparé 1 ». Étrange, belle, mais si poèmes, tu appréhendes la littérature comme
une danse intérieure, et le livre comme un pos-
juste formulation. À déplier. « Nous ne connaissons les choses, écrit
sible studio de danse.
Jousse, que dans la mesure où elles se jouent,
se " gestualisent ” en nous 5 ». Parler, écrire,
Très souvent, sans le savoir, les danseurs font
sont des actes articulatoires. Écouter, lire, des
Lire, un rituel animiste de la lecture une pratique somatique, un exer-
actes réarticulatoires qui n’ont pas d’autres
cice de danse virtuelle qui tend à muscler leurs
choix, pour faire sens, que de refaire intérieu-
sentis, à assouplir leurs modes de perception et
Je crée un espace dans l’espace, une bulle qui me rement les gestes de l’autre-s’adressant-à-
à affiner leur empathie kinesthésique, à savoir :
coupe du monde actuel et de ses flux de commu- nous. Sans en prendre conscience, nous ven-
cette capacité à éprouver dans son propre
nication. Je creuse un espace-temps, depuis triloquons la parole que nous entendons, nous
corps le mouvement qui anime le corps d’un
l’ancrage d’un fauteuil, d’un lit, d’un siège de mimons sans cesse, à mesure qu’ils s’énoncent,
autre, qu’il s’agisse des personnages d’un
tram. Je cherche la posture à adopter, comment les gestes verbaux qui nous entourent. La lec-
roman ou, plus subtil, de l’auteur qui prête son
placer l’un envers l’autre mon corps, mon regard ture est en ce sens une pratique de simulation
souffle au texte.
et le livre que je m’apprête à lire. Comment je qui, en deçà des thèmes et des histoires char-
m’immobilise, forme en moi un coffre de réso- riées, nous donne à tester, à assumer ou à dé-
Mais toute la littérature n’est pas suivie assidû-
nance et plonge dans la lecture. faire des gestes nouveaux. C’est dire que nous
ment par les danseurs, qui sont généralement
apprenons des (esquisses de) gestes en les si-
moins attachés aux thèmes et motifs de narra-
Nous avons pris, jeunes, le pli de la lecture. Et mulant : la lecture devenant ainsi ce que l’on
tion qu’à tout ce qui, à la lecture, dégage un fort
avons oublié à quel point cette pratique n’allait pourrait nommer une méthode d’assimulation
potentiel chorégraphique : rythme du phrasé,
pas de soi : le premier mystère devant des des gestes d’autrui.
force des images, mouvement ponctuant, sur-
lignes de traits noirs qui ne disent mot, puis la
sauts du souffle… Car les danseurs ont un
bouche qui se tord et articule des phonèmes Ces pré-gestes, dans lesquels nous nous cou-
mode particulier de lecture, très sensibles au
sans qu’ils ne rendent aucun sens, jusqu’à ce lons magiquement en les simulant en nous, ont
« style kinésique » 6 d’un auteur, à ce que j’ai
moment de bascule où – comme par magie – ceci de spécifique qu’ils sont, dans l’expérience
appelé ailleurs 7 la dansité d’un texte, c’est-à-
un texte me parle, comme le feront à sa suite littéraire, d’une grande intensité, et qu’ils af-
dire le mouvement d’une écriture en tant qu’elle
tous les autres. Que s’est-il passé ? Un certain finent en la questionnant notre puissance
nous mobilise physiquement. Ils seront ainsi
couplage entre mes yeux et mes oreilles qui d’agir. De part et d’autre de la page imprimée,
les élèves zélés d’une littérature qui accentue
provoque un étrange phénomène d’animation : un corps à corps subtil s’engage par la lecture
son souci poétique en travaillant la formulation
concentrant mon regard sur des mots écrits, entre un auteur lointain et moi-même, entre la
de ses gestes, la manière de dire, les nuances
je me mets à entendre des voix. Je prête une sphère de ses gestes et la mienne. Je peux
du tact et l’art des mondulations, ces modula-
vie au texte. David Abram nous invite à consi- ressentir chorégraphiquement le texte de mon
tions de notre présence au monde qui dé-
dérer la pratique de la lecture comme une « partenaire invisible ». Ce qui revient à dire
bordent notre corps anatomique, et désignent
forme d’animisme 2, « aussi mystérieu[se]
le lieu où le danseur-lecteur peut venir habiter
qu’une pierre qui parle 3 », au cours de laquelle
la chorégraphie de son dedans. Là où la poésie
le circuit ouvert de notre corps vient se nouer
donne souvent les meilleures leçons de danse.•
à la surface de la page pour la doter d’une
puissance expressive. 1 Maurice Blanchot, « Lire » in Le livre à venir, Paris, Gallimard,
1955, p. 261.
Ce pouvoir d’animation est acquis au cours 2 Façon de percevoir le monde qui considère ses objets et ses
éléments naturels comme vivants, doués d’une âme et
d’une initiation élémentaire : l’apprentissage d’intentions.
de la lecture. Le lecteur aguerri le remobilise 3 David Abram, Comment la terre s’est tue, Paris, éd. La Décou-
à loisir, mais sous certaines conditions. Plus verte, 2013, p. 177.
4 Yves Citton, Gestes d’humanités, Paris, Armand Colin, 2012,
exactement : selon un rituel préparatoire qui p. 112.
apprête et rend possible l’expérience litté- 5 Marcel Jousse, Anthropologie du geste, Paris, Gallimard, 2008
raire. Le corps du lecteur doit en effet s’immo- [1974], p. 61.
6 Voir Guillemette Bolens, Le style des gestes. Corporéité et kiné-
biliser pour se coupler avec le texte et, ce fai- sie dans le récit littéraire, Lausanne, éd. BHMS, 2008.
sant, gagner une autre forme de mobilité. 7 Alice Godfroy, Prendre corps et langue. Étude pour une dansité
C’est lorsque je m’isole et me mets au repos de l’écriture poétique, Paris, Ganse - Arts & Lettres, 2015 ;
Danse et poésie : le pli du mouvement dans l’écriture. Michaux,
que mon corps écoute, ouvre en lui un espace Celan, du Bouchet, Noël, Paris, Honoré Champion, 2015.
d’accueil, et se rend capable de mouvements
internes inouïs. La plongée dans un livre s’ap-
parente à une épreuve hypnotique qui éteint au Alice Godfroy est docteure en littérature com-
dehors ce qu’elle allume au-dedans. À ce titre, parée et maître de conférences en danse à
elle ne diffère pas des autres dispositifs d’im- l’Université Côte d’Azur. Au croisement de la
mersion – la salle de cinéma, la salle de phénoménologie, de la littérature et de l’es-
théâtre – dans lesquels nos corps se thétique, elle explore les savoirs du corps
« branchent » à ce qu’Yves Citton appelle des dansant et articule la théorie à ses pratiques
« opérateurs de transe 4 » : film, œuvre scé-
11
Incorporer
© Document Photography
lecteur ému et fasciné, prêt à mémoriser le
La chorégraphe et performeuse Mette en leur corps. Des performeurs devenus des Incorporer des mots entre en résonance avec
« livres vivants », comme les nomme Mette la pratique du danseur. Sonia Si Ahmed, dan-
Edvardsen a présenté, en mai dernier à Edvardsen. Pour l’artiste norvégienne instal- seuse de formation, en atteste : « C’est très
Bruxelles, dans le cadre du lée à Bruxelles, la littérature a toujours été physique, j’ai l’impression que les mots ont du
une source d’inspiration de par son lien à la volume, comme s’ils me faisaient bouger, pas
Kunstenfestivaldesarts (KFDA), une question du langage, au regard « de ce qu’il seulement bouger ma bouche mais également
nouvelle étape du projet qu’elle développe rend possible, de ce qu’il ouvre ». Les étapes tout mon corps, mes yeux, mes mains… Plus
successives font partie d’un processus en je me livre à cet exercice, plus j’en ressens les
depuis 2013 autour de l’incarnation de constant questionnement, détaché d’un subtilités. Cela m’apprend beaucoup sur la
livres. Aux confins de l’oral et de l’écrit, résultat final. Elles ont mené l’artiste à inter- relation à l’autre, sur le regard, sans que je
roger cette pratique du « par cœur », « proche sois dans une position d’analyse ou de mani-
cette proposition atypique met en jeu le d’une forme de méditation ou de la pratique du pulation. Quand le lecteur et moi nous regar-
corps et les mots, et ce faisant, questionne yoga », et de ce qui reste en mémoire. dons dans les yeux – ou pas –, cela n’est pas
neutre, je navigue entre tout cela mais je
la mémoire et la trace. n’interprète pas. Un mouvement intéressant
Disparaître derrière le texte
s’opère qui inclut le mental, les images… ». Le
Comment oublier le regard bleu gris de Julie face à face garantit l’intimité et la qualité de la
Christie dans Fahrenheit 451, l’adaptation ciné- Mrs Dalloway de Virginia Woolf, L’Amant de
rencontre entre le lecteur et le « livre vivant »,
matographique de François Truffaut, d’après Marguerite Duras, Li de Nikos Kavvadias,
un moment suspendu où la narration se fait
Ray Bradbury ? Le roman de science-fiction Faust de Goethe… romans, nouvelles, poésie ;
interaction.
– et le film – décrit un monde apocalyptique où en allemand, en anglais, en français, en grec,
les livres, considérés comme dangereux pour en italien… environ 80 livres, soit des milliers
la population, sont réduits à l’autodafé. Mais de pages réunies dans une bibliothèque hu- Transmission et réécriture
une communauté d’opposants décide de les maine, de quoi donner le vertige. « Nous com-
apprendre par cœur, devenant les seuls ga- mençons par apprendre l’équivalent d’une Si mémoriser un livre et le réciter constituent
rants du contenu des œuvres. Voici le point de demi-heure et nous augmentons petit à petit. les premières étapes d’un long parcours,
départ de Time has fallen asleep in the afternoon Il m’a fallu près de deux semaines de travail Mette le prolonge avec la transmission de la
sunshine 1, conçu par la chorégraphe et perfor- pendant des journées entières pour connaître pratique d’apprentissage. « Cette transmis-
meuse Mette Edvardsen. Présentée pour la les mots que j’ai pris du plaisir à répéter », sion orale donne lieu à des livres de seconde
première fois à Bruxelles en 2013, sa proposi- confie Sonia Si Ahmed, qui incarne Métaphy- génération. Après une expérimentation en
tion s’est développée en un projet au long sique des tubes d’Amélie Nothomb en français 2013, j’ai eu envie d’essayer de coucher sur le
cours autour de l’incarnation de livres. Pen- et Seltsame Sterne starren zur Erde d’Emine papier le livre resté en mémoire et d’observer
dant plusieurs années, des performeurs ont Sevgi Özdamar en allemand. ce qui se passe. Pour les livres réécrits, j’ai
appris par cœur un (ou plusieurs) livre(s) de proposé d’adjoindre une pré ou postface – tou-
leur choix pour, ensuite, le(s) réciter à des L’interprétation n’a rien de comparable à jours traduite en anglais pour un accès plus
« lecteurs-écoutants ». Programmée en mai celle du comédien ; au contraire, elle doit large – dans laquelle la démarche du perfor-
2017 par le KFDA, l’expérience s’est enrichie tendre vers la neutralité afin de permettre meur est contextualisée. » La danseuse Sarah
d’une nouvelle étape : la réécriture des livres une meilleure appropriation du texte par le Ludi témoigne, dans sa postface aux Rêveries
par les performeurs, tels qu’ils existent dans lecteur, semblable à celle qui s’opère durant du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rous-
leur mémoire. Ces éditions sont des versions la lecture silencieuse. Restent inévitable- seau, de la lenteur de la réécriture « qui fait
nouvelles d’œuvres existantes, réécrites à ment un rythme, une intonation, un timbre de écho [en elle] à la lenteur de la mémorisation ».
travers un processus d’apprentissage et d’ou- voix, ces révélateurs d’émotions propres à Elle s’est emparée de ces Rêveries « pour les
bli, et altérées par le temps. chacun. « Depuis mes débuts en 2013, ajoute inscrire dans ma mémoire, écrit-elle, puis en
Sonia, je ne suis parvenue que très récem- les falsifiant malgré moi lors de leur restitution,
Ils sont chercheurs, écrivains, étudiants, dan- ment à atteindre une forme de neutralité orale d’abord, écrite maintenant. Cette ver-
seurs, et ont plongé dans cette aventure li- dans le récit. Mais celle-ci dépend également sion, ma version, est un faux par défaut (de
12
vresque – voire romanesque – par amour des de facteurs physiques tels que la fatigue et de mémoire), dont les virgules et les points
mots et le plaisir de voir ceux-ci reprendre vie l’écoute du lecteur. » cherchent toujours où se poser ».
P.
Ces nouvelles publications ne répondent pas à
une ligne graphique prédeterminée mais re-
N° 70
vêtent un caractère unique, portant en elles la
facture que chaque performeur aura voulu lui
.
donner. Au graphiste ensuite de traduire maté-
AUTOMNE 17
riellement ces desiderata visuels (format, pa-
pier, couleur…) ou tactiles (poids du livre…).
.
NDD
Time has fallen asleep in the afternoon sunshine
est une performance contemporaine qui puise
aux sources de l’histoire du livre. La transmis-
.
DOSSIER
sion dont il est question renvoie à la tradition
du récit oral avant l’invention de l’écriture,
tradition qui a perduré bien au-delà, à une
époque où seuls les lettrés avaient accès à
l’écrit. Victoria Pérez Royo voit dans cette
configuration singulière entre corps, vie et
livre, telle que mise en scène dans Time has
fallen asleep in the afternoon sunshine, une évo-
cation de la figure du « hâfiz » (littéralement
© Bea Borgers - Kunstenfestivaldesarts, 2017
« gardien » en arabe), celui qui a appris le
Coran par cœur et est capable de le réciter à
partir de n’importe quel passage. « Il doit
s’assurer de ne pas l’oublier, de sorte qu’il y Seul importe que ce texte existe et qu’il vive mais s’engager dans quelque chose de durable
consacre durant toute sa vie une pratique parmi nous. Tous ces médias sont inertes tan- dans le présent. »
constante afin de fidèlement respecter chaque dis que le corps est le seul lieu vivant pour le
mot. Il s’agit là d’un processus de vigilance qui texte. Son support – physique ou numérique – La performance n’a pas vocation à revêtir un
s’applique autant au texte qu’au corps qui le ne représente qu’un espace de stockage, en caractère social (pour un public non-voyant ou
mémorise. » L’historienne de la danse attendant qu’un corps lui redonne vie. » analphabète par exemple). Non, pas question
convoque également la figure du moine co- pour l’artiste de voir sa proposition instru-
piste qui, au Moyen Âge, réécrivait mot à mot mentalisée ni enfermée dans un cadre. « Je
des textes religieux ou de l’Antiquité, et « entre De l’engagement ne revendique pas l’art pour l’art mais l’art
les mains duquel les livres voyageaient et sur- comme espace de liberté », conclut-elle, tout
vivaient au cours de l’histoire, jusqu’à Cette aventure – ouverte à qui le désire – ne en parcourant de son regard bleu gris cette
l’invention de l’imprimerie ». vise pas la virtuosité mais requiert de la moti- bibliothèque vivante, qui offre à la littérature
vation et un engagement certain. « Apprendre une dimension et un goût inédits. « Les livres
À l’ère du numérique, la démarche de Mette par cœur ne se résume pas à simplement sont des âmes », écrit Christian Bobin ; Mette
Edvardsen pourrait paraître à contre-courant sauvegarder une information dans sa tête, Edvardsen nous en fournit ici la plus belle
mais elle ne s’éloigne pas réellement de la nuance Mette Edvardsen, cela met en jeu preuve. •
dématérialisation à laquelle nous assistons l’imagination, la musicalité… C’est là que ré-
aujourd’hui. « Elle ne fait pas de différence side la beauté de cette expérience. Je trouve 1 Time has fallen asleep in the afternoon sunshine est une phrase
substantielle entre un medium ou l’autre, pré- dommage qu’à l’école on ne favorise pas l’ap- issue de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1953).
cise Victoria Pérez Royo. Le texte peut se trou- prentissage par cœur. Cette inutilité – passer 2 Victoria Pérez Royo est chercheuse en danse à l’Université de
Madrid. Son texte sur le projet de Mette Edvardsen « Et ce n’est
ver dans les pages d’un livre, dans les fichiers tant de temps à quelque chose qui ne sert à que dans la perte que nous perdurons » a été publié dans le
numériques d’un ordinateur ou dans des notes rien – est un geste politique. Ne pas se proje- programme du KFDA de mai 2017.
manuscrites ; le support n’a pas d’importance. ter dans ce qui peut perdurer dans le futur Voir aussi www.metteedvardsen.be
par Sarah Ludi. Appris par cœur depuis 2013, réécrit de mémoire en 2015.
P.
Vous appréciez autant les films de série B et d’allers-retours constants, d’écriture tographique, théâtrale… –, si l’histoire est
Z que les films d’auteur ; vous passez de la quasiment dans l’instant. Pour Cold Blood, j’ai bonne on peut tout faire. L’histoire, c’est la
nouvelle au roman, du livre pour la jeunesse voulu radicaliser la démarche d’écriture. Mon difficulté absolue qui fait fuir beaucoup d’ar-
à des scénarios et chroniques. Est-ce le goût travail a consisté à trouver une cohérence nar- tistes prétendant qu’on peut s’en passer. Les
de l’éclectisme qui a fait de vous un écrivain rative parmi 15 séquences que Jaco et Michèle jeux oulipiens sont amusants deux minutes, au
protéiforme ? Anne avaient préalablement sélectionnées. même titre que le Scrabble, mais ne génèrent
Non, il s’agit d’une suite de hasards et de ren- Comme un jeu de puzzle. pas des émotions de bonheur ou de tristesse !
contres ; je n’avais à la base pas de désir par-
ticulier d’aller dans autre chose que la littéra- Est-ce la première fois que vous collaborez Récit, nouvelles, prose poétique, les textes
ture, le roman ou la nouvelle. Quand je reçois avec une chorégraphe ? Êtes-vous un specta- de Kiss & Cry et de Cold Blood naviguent entre
une invitation de la part de quelqu’un de sym- teur de danse ? des registres différents, mais sont tous deux
pathique, de motivé et d’inspiré, j’ai tendance à Oui, c’est ma première collaboration avec une empreints de mélancolie et d’humour noir…
vouloir me lancer dans l’expérience par curio- chorégraphe. Je n’ai jamais été un spectateur Kiss & Cry est une histoire qui commence par
sité, peut-être par défi personnel. Toute forme de danse. Je me souviens avoir vu petit un ces mots : « Au début, on ne sait pas que c’est
d’écriture qui me sort de mes habitudes ne spectacle de Béjart avec mon père, ça ne m’a le début ». Cold Blood est un assemblage de
peut que m’enrichir. Il est important pour moi pas vraiment touché. Je dois reconnaître que nouvelles autour d’un même thème. Il débute
de toujours rester en mouvement pour rester je n’ai malheureusement aucune culture cho- par « À la fin, on ne sait pas que c’est la fin ».
en éveil. régraphique. Il s’agit de sept variations sur la mort. Après
avoir expérimenté différentes pistes, j’ai choisi
Est-il aisé de passer d’un genre à un autre ? Kiss & Cry et Cold Blood mêlent cinéma, litté- la forme de la nouvelle qui correspondait
C’est devenu aisé avec le temps mais, finale- rature – univers qui vous sont familiers – et mieux, selon moi, aux différentes séquences
ment, je ne vois pas de grandes différences la danse. Vous êtes-vous senti déstabilisé que Jaco et Michèle Anne me proposaient.
entre tout ce que je fais ; seul le médium par la présence de la danse dans le projet ?
change. La scène, le cinéma, la BD… peuvent Non, je me sens déstabilisé uniquement Jaco et moi sommes tous les deux sensibles à
sembler très différents mais la réflexion reste lorsque l’on fait abstraction de la narration. une forme de poésie sans aucun second degré
la même : raconter des histoires, travailler sur Dès lors que les choses s’intègrent à une his- mais nous aimons également plaisanter, désa-
l’émotion provoquée par les mots, comprendre toire, je peux commencer à comprendre la morcer et réamorcer des choses, jouer sur
la mécanique émotionnelle des lecteurs, des logique des choses même si celles-ci me sont plusieurs plans. Nous n’aimons ni la gravité, ni
spectateurs… très étrangères. Les séquences dansées le sérieux. Je trouve merveilleux de pouvoir
dans Kiss & Cry et dans Cold Blood s’intègrent emmener le public de façon simultanée dans
Comment avez-vous collaboré sur Kiss & Cry dans une narration et font sens ; elles des émotions assez profondes et de le faire
et Cold Blood ? Comment s’est déroulé le pro- viennent souligner une émotion à un moment rire à la fois, de le conduire dans des chemins
cessus d’écriture ? donné, ce n’est pas une danse qui vaut pour contrastés émotionnellement. La profondeur
Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey elle-même. Il y a une filiation avec la comédie d’une émotion et la présence de l’humour ne
avaient conçu une petite séquence de danse de musicale, que je comprends mieux. Raconter sont pas incompatibles. C’est faire preuve
doigts. Ils ont eu envie de faire un spectacle une histoire est une des choses les plus diffi- d’assez peu de générosité par rapport au lec-
plus long sur cette base-là, en intégrant une ciles au monde sur laquelle on fait souvent teur ou au spectateur que de lui imposer un
narration, et m’ont proposé une collaboration. l’impasse en prétextant qu’il faut dépasser la sérieux pur et brut, ce n’est pas bon… c’est
Nous ne savions pas dans quel ordre commen- narration. En fait, on fait l’impasse parce que comme le cacao 100 %, c’est très amer !
cer, écrire d’abord, faire la création ensuite… c’est compliqué.
Pour Kiss & Cry, nous avons décidé de tout Quelles ont été vos sources d’inspiration
réaliser simultanément : faire des expériences Mais la littérature s’est également aventurée pour écrire ces deux textes ?
d’images, de plans, de chorégraphies, de mise sur le terrain de la recherche formelle, avec Je ne pense pas que l’inspiration existe vérita-
en scène, de musique. J’étais présent dans l’Oulipo notamment… blement. Pour Cold Blood, Jaco et moi avons
l’atelier durant plusieurs semaines, essayant L’Oulipo a un aspect ludique mais reste pour dressé une liste de morts absurdes et avons
de m’inspirer de ce qu’ils faisaient pour trou- moi une façon de se dédouaner de cette diffi- essayé de les faire coller aux séquences rete-
ver un sens narratif, puis eux enrichissaient culté extrême de trouver une histoire. Quand nues. La forme de la prose poétique est venue
14
leur recherche à partir de ce matériau. Nous on parvient à dépasser cette difficulté, quelle naturellement. Le travail a consisté à partager
étions dans un processus très dynamique, que soit la forme narrative – dansée, cinéma- une émotion avec les spectateurs.
P.
Cold Blood pourrait être lu comme une à la fois extraordinaire et très effrayant. Sen- sur ce qui relie les gens, sur ce qui les fait
longue métonymie : le mouvement des tir la salle entrer en résonance avec ton texte vivre, sur ce qui nous donne du sens. •
N° 70
doigts suggère celui du corps ; la mort ri- est une chose qui te comble artistiquement.
sible dit l’absurdité de la vie. Qu’en pensez-
.
vous ? Avez-vous d’autres projets avec le collectif ? Thomas Gunzig est écrivain, scénariste et
AUTOMNE 17
Toutes les lectures sont bonnes ! J’avais sur- Je ne sais pas. Nous devons rester vigilants à chroniqueur. Son nouveau roman, La Vie
tout l’envie d’un commentaire joli et amusant ne pas réchauffer une vieille soupe. Si nous sauvage, vient de paraître Au Diable Vauvert.
sur la fragilité de la vie et l’absurdité de la avons une idée formidable, pertinente et qui Le texte de Cold Blood sortira en novembre aux
mort ; cette absurdité est belle également, n’a pas déjà été développée dans Kiss & Cry et Impressions nouvelles.
tout comme notre intense désir d’éternité qui Cold Blood, pourquoi pas ? Cela demande un
.
n’existe pas… tel investissement humain !
NDD
Vous n’êtes pas sur scène durant le spec- Au moment de mourir, on ne voit pas défiler
.
tacle mais dans la salle, donc aux premières toute sa vie mais il reste une image, une
DOSSIER
Cold Blood du collectif Kiss & Cry
loges pour capter en direct les émotions du odeur ; c’est le propos de Cold Blood. Écrire,
Du 17 au 19 novembre au Théâtre de Liège
public… serait-ce une façon de conjurer la mort ?
Du 12 au 23 décembre au Théâtre National,
Contrairement à l’auteur littéraire, l’auteur Non, c’est une façon de vivre plus intensé-
à Bruxelles.
de théâtre a cette chance merveilleuse. C’est ment. Écrire, c’est travailler sur l’émotion,
No limits
.
AUTOMNE 17
art d’exigence mais aussi la cu- terprètes postés à distance sur différents en-
riosité gourmande de la choré- droits des toits.
graphe. Dès l’enfance, Trisha
Brown a fait corps de tout. La En 2005, lors d’une rencontre avec Trisha
« rubber girl », comme elle se Brown, dans sa cuisine, à Soho, elle riait en-
pr é s ent ait el le -même core, non sans émotion, lorsqu’elle se souve-
lorsqu’elle évoquait ses débuts, nait aussi de ses balades à vélo dans ce
est passée par la danse clas- quartier populaire à l’époque, en se rappelant
sique, les claquettes et l’acro- le contexte de création de Roof Piece. « Je suis
batie. Un peu plus tard, elle allée sonner chez les gens : je leur disais que
poursuit ses études au Mills j’étais chorégraphe, que j’avais envie de dan-
College, en Californie, et y ap- ser sur le toit. Ils me regardaient comme une
profondit ses pratiques. Sur la bizarrerie et acceptaient. Je vivais et travail-
côte Ouest, elle rallie la cause lais dans un état d’innocence totale, sans li-
de la pionnière Anna Halprin mites d’aucune sorte, sauf celles que je don-
(née en 1920), figure de la post nais à mes chorégraphies. J’étais en
Longs bras, longues jambes, silhouette modern dance américaine et de la perfor- campagne. J’avais un appétit immense, envie
mance dès le début des années 50. Elle expé- de réaliser tout ce dont je rêvais. »
toujours légèrement perchée au-dessus
rimente à ses côtés la notion de « task »
du monde comme le survolant pour (tâche) en passant des heures à balayer. Au Mais Roof Piece n’est pas la seule action
risque d’envoyer tout balader pour atterrir à d’éclat de cette période riche en explorations.
mieux l’apprécier, la danseuse et choré-
New York. Refusant dans la foulée du Judson le cadre
graphe américaine Trisha Brown (1936- trop académique du théâtre, Trisha Brown et
La voilà en 1961 auprès du maître de l’abstrac- sa petite troupe prennent position dans les
2017) a tatoué dans les mémoires sa
tion Merce Cunningham (1919-2009) et du jardins, les parcs, sur des radeaux posés sur
ligne et son style. Avec cette classe compositeur John Cage (1912-1992), avant des lacs, mais aussi dans des galeries d’art.
d’opter pour le camp contestataire du Judson Elle y teste ses Equipment Dances, dont la fa-
pleine d’élan et cette subtile jouissance
Dance Theater, avec Simone Forti, Yvonne Rai- meuse marche-escalade le long des murs inti-
de soi dans l’espace qui illuminaient cha- ner, Steve Paxton, Lucinda Childs… Avec eux, tulée Man Walking Down the Side of a Building.
elle remet en cause les codes de la représen- « À l’époque, je me considérais plus comme un
cune de ses apparitions.
tation, parie sur l’expérimentation tous azi- sculpteur ou comme un maçon avec de l’hu-
muts, l’invention de soi et les gestes quoti- mour que comme une chorégraphe, confiait-
diens. Le « No Manifesto » d’Yvonne Rainer elle en 2005. Je n’avais pas de soutien finan-
Trisha Brown est l’une des rares artistes pose dès 1965 le cahier des charges critique cier, il n’y avait pas de lieu spécifique pour la
états-uniennes à avoir imprimé sa marque sur de cette bande « d’aventuriers de la forme », danse qui m’invitait à présenter mes spec-
différents chapitres majeurs de l’histoire de la selon la formule de Mikhaïl Barychnikov, qui tacles, pas de catégories non plus entre les
danse et de l’art en général. Depuis ses pre- leur consacra le spectacle PASTForward en artistes. Nous avons effectué des choses dan-
mières performances à l’enseigne du mouve- 2000. « Non au spectacle, non à la virtuosité, gereuses que je ne referais pas aujourd’hui. Le
ment d’avant-garde de la Judson Church, à non aux transformations et à la magie et au jour où un harnais s’est détaché, blessant lé-
New York, dans les années 60, jusqu’à ses faire croire que, non au glamour et à la gèrement un spectateur, j’ai été choquée et j’ai
mises en scène d’opéras 40 ans plus tard, en transcendance de l’image de la star, non à arrêté de concevoir des pièces dans des lieux
passant par ses pièces contemporaines, dont l’héroïsme… ». Ce rejet, accompagné d’un re- non prévus pour cela. »
les désormais mythiques Glacial Decoy (1979) tour aux fondamentaux du corps et du mouve-
et Set and Reset (1983), en complicité avec le ment, que la « non danse » française va re- Ses performances sont noyautées par la
plasticien Robert Rauschenberg (1925-2008), mettre au goût du jour dans les années 90, construction lente mais précise de son voca-
Trisha Brown a tout fait. Avec une analyse de bouleverse la donne spectaculaire. En 1962, bulaire et de sa syntaxe, qu’elle va regrouper
son parcours franche et lucide qui la verra dans Trillium, Trisha Brown joue sur les trois sous le titre générique d’Accumulations (1971-
soudain couper court sans peur à son envolée positions « debout, assise et allongée ». 1975). Un nom qui cible exactement la conduite
pour basculer vers de nouveaux territoires artistique de la chorégraphe aspirée par la
dans les années 2000. Et toujours, en courroie Refus de l’académisme spirale de son geste répétitif. « Je me
de transmission de cette autodéfinie « loco- demandais à l’époque ce que signifiait vraiment
motive de l’abstraction, reine des structures Vite, Trisha Brown prend les rênes de sa des- l’abstraction en danse. Le contraire de la nar-
mathématiques », une écriture immédiate- tinée. Elle fonde sa compagnie en 1970, à New ration, ça c’est sûr. À partir de là, tout restait à
ment reconnaissable, subtil système de poids York. Elle persiste dans une veine performa- faire. Dans le cadre des performances, la so-
16
et contrepoids, soudain dynamité d’un coup de tive qui va devenir le socle de son travail en lution était trouvée à travers la progression de
hanches swing. créant d’abord in situ. En 1971, Roof Piece, posé la chose. Marcher sur les murs du Whitney
P.
Museum avait un début, un milieu et puis une sante. Avec ce je ne sais quoi d’athlétique et de tiques, aime « le sens très développé du
fin. La suite, passer au stade de l’écriture, swing qui l’auréolait d’un charme unique. partenaire » des danseurs classiques. Pa-
N° 70
devenait plus délicate. » Toujours dans sa cui- L’élaboration articulation après articulation rallèlement, l’infatigable et aventureuse
sine, elle s’était spontanément levée de son était basée sur « les chemins naturels du Trisha se risque dans des performances
.
siège pour montrer concrètement quelle était corps avec un traitement démocratique de entre danse et dessin. Sa recherche pictu-
17
à l’époque sa méthode de travail, tournant le toutes les parties », selon sa formule. Jusqu’à rale, qui sera régulièrement présentée par
. AUTOMNE
poignet, puis ajoutant un autre mouvement du l’emporter dans un jet complexe de bascules, des galeries d’art, a toujours stimulé son
bras, puis un autre… pour une compilation de retournements, changements de directions, imagination depuis les années 70, où elle
gestes s’additionnant jusqu’à plus soif. avec ses bras battant l’air, ses jeux de hanches croquait déjà ses spectacles. Et lorsqu’en
Parmi les pièces-phares, Group Primary Accu- et de genoux. Elle qualifiait son écriture 2002, au Festival Montpellier Danse, elle se
mulation (1973) met en scène quatre inter- jette sur d’immenses feuilles de papier blanc
NDD
« d’éloquence abstraite ».
prètes allongés au sol qui déclinent des mou- et trace son mouvement, équipée de fusains
vements comme relever le genou, plier le De nouvelles explorations aux mains et aux pieds, elle ne fait que re-
.PORTRAIT
coude, soulever le bassin… Sticks (1973) les conduire en mode XXL son trait aiguisé. La
aligne avec de longs bâtons blancs qu’ils font Le parcours sans faute de celle qui était « en- manifestation dirigée par Jean-Paul Monta-
glisser le long de leur crâne. Spanish Dance tièrement dévouée à l’abstraction » a calé un nari lui rendra hommage lors de l’édition
(1973) s’amuse d’une chenille de filles en train jour sans prévenir. La foudre lui est tombée 2018 en mettant l’accent sur ces différentes
de se déhancher sur une chanson de Bob dessus en 1988 lors des répétitions de L’Orfeo actions et spectacles présentés à Montpel-
Dylan. La partition est stricte mais sa force de Claudio Monteverdi, le premier opéra de sa lier, dont, en 1992, la pièce One Story as in
d’expansion sera sans limites. carrière. Elle avait 62 ans. L’écouter, c’était falling, créée pour les danseurs du Centre
avoir la chair de poule tant on sentait que ce chorégraphique national alors dirigé par
Signe des temps, surprise de cycles esthé- choc émotionnel l’avait secouée. « C’était un Dominique Bagouet.
tiques qui remettent en jeu régulièrement à soir, en juillet 1998, à Marseille, j’étais en train
des années d’intervalle les mêmes principes, d’improviser sur l’aria Possente Spirito, et Ces retrouvailles avec l’émotion et un monde
ses performances minimalistes, d’un impact soudain tout a basculé. J’étais à la fois Orfeo affectif auquel elle semblait avoir résisté
visuel fort, reprendront du poil de la bête au demandant à entrer dans le royaume des pendant toute sa vie n’étaient pas chose fa-
début des années 2000. En pleine vogue morts, les mots qu’il chantait et les arpèges cile. « Je ne suis pas du genre à exporter mes
conceptuelle, les artistes et les diffuseurs se chorégraphiques que mon corps exécutait. émotions. Je suis une travailleuse, une dan-
passionnent pour ces boucles de mouvements J’étais emportée par la musique, le texte, la seuse, une sorte de machine à danser et c’est
simples incrustées parfois dans des installa- poésie, la littérature. J’ai su à ce moment-là dans ce trop-plein que l’émotion apparaît.
tions plastiques parfaites pour des galeries et que mon apprentissage était terminé. J’ai eu Parallèlement, je travaille sur la pureté. Vous
des musées. Ces Early Works seront donc à alors le désir d’explorer tout un tas de choses ne pouvez pas, en dansant, évacuer votre his-
l’affiche de différents lieux, dont le Centre que je ne connaissais pas et que je ne m’étais toire, votre mentalité, vos blessures. » Celle
Pompidou, où l’on pourra voir, entre autres en jamais autorisées, comme la musique jazz et qui rêvait depuis ses débuts de voler, a choré-
2008, Floor of the Forest (1970). À la grande le ballet classique. » graphié des portés planants où, sans doute,
surprise de la chorégraphe elle-même. elle rejoignait les oiseaux dont les murs de sa
Trisha Brown ouvre alors les fenêtres et a « le cuisine new-yorkaise étaient décorés.
C’est d’ailleurs ce corpus que la compagnie, sentiment de revenir à la maison ». Elle cho- « J’aime profondément les oiseaux. Lorsque
basée à New York, a décidé de mettre à l’af- régraphie El Trilogy (2000) sur le jazz de Dave j’avais 14 ans, mon père m’emmenait à la
fiche depuis la mort de la chorégraphe dans le Douglas, collabore avec le Ballet de l’Opéra chasse et j’en ai gardé un sentiment profond
contexte d’un programme intitulé Plain Site. Ce de Paris pour O zlozony / O composite (2004), de culpabilité. Je leur dois toujours quelque
qui n’empêche pas de céder les droits de cer- sur une musique de Laurie Anderson. Elle chose : ma danse en tout cas tente de le leur
tains spectacles à des troupes de répertoire s’attache à chorégraphier des portés acroba- rendre. » •
comme le Ballet de l’Opéra de Lyon. Lors de
l’édition 2017 de l’opération « Danse en ama-
teur et répertoire », pilotée par le Centre na-
tional de la danse à Pantin, un groupe de 22
danseurs de la compagnie De l’Air Dans l’Art,
basée à Longjumeau, a interprété des extraits
de Set and Reset – le cast initial était de sept –
en inscrivant le travail dans les règles d’im-
provisation de Trisha Brown : « Rester simple.
Jouer avec la visibilité et l’invisibilité. Si vous
ne savez pas quoi faire, alignez-vous. Rester
sur le bord du plateau. Agir à l’instinct ». Une
interprète de Trisha Brown ainsi que deux no-
tateurs Benesh, Romain Panassié et Fabien
Monrose, accompagneront la transmission.
La ville sud-africaine du Cap a accueilli, en caine sur des jeunes issus des « townships ») n’empêche pas de se structurer à une plus
sont reliées à l’histoire de l’Afrique du Sud, grande échelle. Nous devons inventer une
mai dernier, le 19 Congrès de l’Association
e
à l’Apartheid, au thème de l’immigration… façon de faire, à distance ; et nous aurons
internationale du théâtre de l’enfance et de Ce théâtre semble né de la nécessité de besoin de partenaires. Il faut élargir sa vision
dénoncer, de raconter, de témoigner, sans et penser international ». Faites passer ! •
la jeunesse (ASSITEJ). Au programme ?
être dans l’apitoiement. J’ai eu un choc
Des échanges, des spectacles… et surtout, culturel qui me nourrit, à la veille de com-
mencer ma nouvelle création. Celle-ci prend
la volonté d’ouvrir un réseau danse Jeune ASSITEJ Belgique : www.assitej.be
pour point de départ la cour de récréation,
ASSITEJ international
public à dimension internationale. La cho- un lieu où le poétique côtoie le chaotique ;
International Association of Theatre for
les enfants sont également dans la nécessité
régraphe belge Caroline Cornélis, en com- Children and Young People
du jeu, non dans la retenue. Cela a résonné
www.assitej-international.org
pagnie de l’auteure et metteuse en scène en moi, sur ce que j’ai envie d’aller chercher
dans les danseurs. »
Ariane Buhbinder, y représentait la CTEJ
(Chambre des Théâtres pour l’Enfance et la
« Élargir sa vision »
Jeunesse) et ses 80 compagnies, ainsi que
« Dans le cadre du Congrès, poursuit
l’ASSITEJ Belgique. Revenue avec des
Caroline, nous avons été amenés à réfléchir
étoiles dans les yeux, elle nous explique et imaginer ce que serait un projet de copro-
duction ou échange interculturel idéal. Com-
les raisons de son enthousiasme.
ment gagner dans la rencontre, accepter la
transformation, puiser dans l’autre pour se
L’ASSITEJ… peu la connaissent, et pourtant, transformer soi-même ? Bien que venus de
elle œuvre depuis 19 ans dans le secteur de pays différents, nous tendons tous vers la
la création Jeune public. Il s’agit d’un réseau même chose. » Le chemin n’est pourtant pas
qui réunit les théâtres, les organisations et dénué d’obstacles. La langue en est un, le
les artistes qui font du théâtre Jeune public temps et le budget également, ou encore des
à travers le monde afin qu’ils puissent par- restrictions propres à certains pays où
tager leurs connaissances et leurs pra- existent des résistances politiques. Depuis
tiques, les développer et, ainsi, renforcer l’avènement de Trump, par exemple, il est
l’ensemble du secteur. Parallèlement au devenu plus compliqué de voyager aux États-
Congrès, une pléthore de spectacles, re- Unis.
groupés autour d’un festival forcément in-
ternational et fidèle à la thématique de cette L’atmosphère féconde du Congrès a fait
année : « Cradle of Creativity » (berceau de naître un élan, celui d’ouvrir un réseau in-
créativité). Le Cap a rassemblé pas moins de ternational spécifiquement pour la danse
1 400 représentants de 100 pays différents. Jeune public, rassemblant les artistes de la
C’était le vœu de la présidente Yvette Hardie, danse, du théâtre de mouvement ou du
productrice de théâtre sud-africaine, met- théâtre non verbal. Un groupe de travail (qui
teuse en scène et auteure, de voir se réunir compte déjà 14 personnes) s’est dès lors
la profession en Afrique du Sud. Rendez- constitué pour organiser ce réseau, sous la
vous est pris, pour la prochaine édition, dans houlette de l’ASSITEJ international. « Com-
trois ans au Japon. ment profiter de nos expériences, comment
procéder afin que ce réseau existe concrète-
Si Caroline Cornélis est devenue membre de ment avec des réunions, des confé-
l’ASSITEJ Belgique – l’antenne nationale –, rences… ? », questionne la chorégraphe.
c’est pour aider au développement du théâtre « Concrètement nous allons faire des propo-
Jeune public, que l’on devrait nommer, soit sitions, cette réunion va être rapportée à
dit en passant, théâtre ET danse, (« il y a ASSITEJ international, à la CTEJ… La curio-
encore des batailles à mener ! », glisse-t- sité envers la création Jeune public est en
elle). Déléguée au Cap, elle avoue avoir été train de croître, c’est une occasion qu’il faut
admirative de la qualité des spectacles sud- saisir. Des questions ont déjà surgi, telles
africains, surtout du point de vue de l’enga- que la dramaturgie dans la danse Jeune pu-
gement, du jeu, de la physicalité… « Les blic, le rapport au public et sa spécificité, la
pièces que j’ai découvertes (par exemple visibilité, la reconnaissance et la fragilité du
18
N° 70
pour la danse contemporaine ! »
.
AUTOMNE 17
Par Sarah Colasse
Chaque été, au surlendemain des fêtes du bénéficier d’un contrat de confiance (Cie Féli- Devant un nuage, ils y voient 36 choses. Ils
cette Chazerand et No Way Back) ou avoir n’ont ni les appréhensions ni la difficulté que
15 août, les Rencontres Théâtre Jeune Pu-
passé, au printemps, le filtre de la sélection (XL peuvent connaître les adultes. » Présent à Huy
.
blic accueillent quelque 600 profession- Production et Anton Lachky Company). depuis 1994, le programmateur se souvient
NDD
And last, but not least, une cérémonie permet à d’un été où, au sein du jury, il avait tenu tête à
nels dans ses salles de spectacle impro-
un jury de décerner des prix provenant de diffé- ses collègues pour défendre un spectacle pour
.
visées. L’édition 2017 proposait 37 pièces, rentes cassettes ministérielles ainsi que de la ados, sans paroles, uniquement basé sur du
JEUNE PUBLIC
Province de Liège (organisateur de l’événe- mouvement et des bruitages. Lorsqu’il l’avait
8 jours durant, parmi lesquelles 4 créa-
ment) et de la Ville de Huy. Cet été, le Prix de la programmée ensuite à Tournai, cette pièce
tions chorégraphiques. Sans oublier plu- ministre de la Culture a été remis à un spec- avait conquis les jeunes. « Le problème de
tacle de danse : Cartoon d’Anton Lachky Com- l’enseignement et de la société en général, c’est
sieurs spectacles aux accents dansés. Petit
pany ! Comment ces artistes ont-ils vécu leur d’être trop cartésien. Nous, on est là pour par-
tour en bords de Meuse… premier Huy ? « Une expérience très joyeuse et tager des propositions en arts vivants, en arts
un accueil chaleureux ». Père de deux enfants, plastiques… qui permettent de “se lâcher” ».
Anton Lachky s’interroge « sur les façons
d’amener l’enfant à s’émerveiller, de piquer sa Proposer de la danse aux jeunes lui semble
Véritable passage obligé, les Rencontres per-
curiosité, de provoquer le désir de savoir et la essentiel. « On est dans une civilisation où le
mettent aux artistes de s’adresser au jeune
joie de connaître ». corps est beaucoup plus présent. Depuis
public et de bénéficier des systèmes d’aides
quelques décennies, il a pris une place impor-
existants. La Fédération Wallonie-Bruxelles et
tante dans la vie de tous les jours. On sort
les Provinces prévoient des interventions finan- On y danse depuis 16 ans
aussi d’une nuit des temps particulièrement
cières (programme Spectacle à l’École) afin de
recouverte d’une chape de plomb. Né à la fin
rendre ces créations accessibles au plus grand Si les Rencontres hutoises existent depuis 33
des années 50, j’ai le souvenir d’adultes coin-
nombre. Dès lors, les lieux culturels com- ans, la danse n’y fait timidement son appari-
cés auxquels il fallait ressembler : ne pas se
posent leur programme jeune public faisant tion qu’en 2001 avec Iota (Iota danse) et la Cie
relâcher, marcher droit, torse raide, s’asseoir
leur choix essentiellement parmi les spec- F. Chazerand (Carte postale). Un régal pour
ou saluer de telle manière… Des siècles de
tacles présentés à Huy. Sept lieux les y ac- Bruno Delmotte, en charge de la programma-
corps corsetés ! »
cueillent : le Centre culturel, bien sûr, mais tion danse et jeune public à la Maison de la
aussi des salles d’écoles (de gym, de fêtes…) Culture de Tournai : « Les petits sont le meil-
aménagées pour l’occasion ainsi que des leur public pour la danse contemporaine ! Ils Diversité et hommage
classes. Encore faut-il, pour les compagnies, adorent l’abstraction, peuvent s’y projeter.
Penser danse à Huy, c’est repenser au thé hila-
rant d’Alex au Pays des poubelles
(Chaaaaaaange !) de Maria Clara Villa Lobos ;
aux lumineux partages de danse contact des
Corps confiants de Félicette Chazerand ; à
l’énergie salutaire des quatre fascinants dan-
seurs de Cartoon plongés dans le monde des
contes de fées proposé par Anton Lachky ; au
hip-hop divertissant des Aventures de Super
Showman de Milan Emmanuel en mode conte
cosmique. Mais aussi à la force rebelle et bou-
leversante de la danseuse Mélody Willame
dans Les cœurs atomiques (Zététique théâtre),
au ludique et acrobatique Cache-cache du
Théâtre de la Guimbarde, à la richesse du tra-
vail d’Agnès Limbos et de Thierry Hellin avec
Nienke Reehorst pour Axe…
PUBLICATIONS
.
NDD
Isabelle Meurrens
P.
N° 70
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AUTOMNE 17
FESTIVALS
.
NDD
Biennale de Charleroi danse films de danse internationaux récents (au pressionnante palette de traditions indoné-
Trois semaines entièrement consacrées à la Danscentrumjette) et un volet historique de cet siennes, telles que la danse des mille mains et
création contemporaine, avec, à l’affiche, des art difficile de filmer la danse (à la Cinematek). celle du masque, le pencak-silat (un art mar-
artistes tels que Ayelen Parolin, Wen Hui, Ma- Tandis que les éditions précédentes abordaient tial typique), mais aussi l’art millénaire des
lika Djardi, le Ballet de l’Opéra de Lyon, Louise la production de films de danse américaine, marionnettes d’ombre et le baris (une danse
Vanneste et tant d’autres. Ce rendez-vous bi- belge, française, allemande et hollandaise, les martiale traditionnelle de Bali). Une carte
sannuel devenu incontournable dans le pay- films de danse britanniques (1910-2000) sont à blanche créative sera en outre attribuée à la
sage de la danse s’accompagne de multiples l’honneur cette année. Une coopération entre chorégraphe américaine Meg Stuart et au
activités et festivités. Du 27 septembre au 14 Redorangeproductions, le Danscentrumjette, plasticien Jompet Kuswidananto, ainsi qu’à
octobre. À la Raffinerie à Bruxelles et aux le centre Argos, la Cinematek, Contredanse, le l’artiste franco-autrichienne Gisèle Vienne. Du
Écuries à Charleroi. www.charleroi-danse.be Goethe Institut Bruxelles et le CND. Avec le 10 octobre au 21 janvier, sur l’ensemble du
(voir aussi rubriques Créations et Autour de la soutien de VAF Film, la Fédération Wallonie- territoire belge. Programmation complète à
danse). Bruxelles et Bruxelles-Ville. Du 4 au 7 octobre découvrir sur europalia.eu. (Voir aussi ru-
au Danscentrumjette, au centre Argos et à la brique Autour de la danse).
Cinematek. www.cinematek.be - www.face-
The Future is Feminist book.com/DanceFilmFestivalBrussels/
Le féminisme est en ce début d’année au cœur Danse avec les foules
de la programmation du Beursschouwburg. Depuis 2011, Céline Curvers et Géraldine
Théâtre, danse (Florentina Holzinger, Antonia Europalia Indonesia Harckman (asbl Espaï) proposent un festival
Baehr, Eisa Jocson…), expos, débats et films Ce festival, devenu légendaire depuis sa créa- hybride qui associe danse contemporaine et
animeront un festival entièrement consacré à tion en 1969, propose cette année une immer- arts plastiques. Déployé dans divers lieux
l’exploration et à la compréhension du fémi- sion au cœur de la culture indonésienne. Expo- de la capitale (aussi bien sur un quai de gare
nisme contemporain. Du 29 septembre au 22 sitions, musique, littérature, spectacles, désaffecté qu’au Centre García Lorca),
décembre. www.beursschouwburg.be conférences…, sa programmation foisonne de l’évènement est entièrement gratuit et
pépites artistiques. En danse, Europalia ac- accessible à tous les publics. Sa
cueille notamment les chorégraphes Eko Su- programmation hétéroclite accueille
Filmer la danse priyanto, Otniel Tasman, Melati Suryodarmo, notamment les compagnies Bobeloj, Ex Ni-
Organisée par la danseuse Stefanie Bodien et Rianto, Darlane Litaay, la compagnie Nan hilo, L.U.N.A., TeKoop et PlusEncore, ainsi
le cinéaste Wolfgang Kolb, la sixième édition Jombang, le maître I Made Sidia et tant que les artistes Alexis Rouvre et Samuel
de ce festival propose à la fois une sélection de d’autres. Le public pourra y découvrir une im- Lefeuvre. Les 14 et 15 octobre. www.espai.be
Festival L’art difficile de filmer la danse A Thousand Miles from the Sea de Marta Renzi
22
P.
Rode Hond
Douzième édition d’un festival familial dont
N° 70
la programmation s’adresse aux tout-petits.
Du 28 au 31 octobre à Louvain.
.
www.rodehond.be
AUTOMNE 17
Lezarts Urbains
Le KVS se fait cette année le chantre d’un fes-
tival incontournable pour les amateurs de
.
danses urbaines, organisé par l’asbl Lezarts
NDD
Urbains. Au programme : spectacles de hip-
hop, pop lock, krump et break dance en pré-
sence notamment des compagnies Les My-
bales, Be Fries et The Slayers. Le 28 octobre
au KVS. lezarts-urbains.be et www.kvs.be
Bâtard
Consacré aux jeunes artistes et penseurs, ce
festival se dote d’une programmation faite de
performances, de danse, de théâtre, de films,
mais aussi de conférences et de témoignages
artistiques. Du 31 octobre au 4 novembre au
Beursschouwburg. www.batard.be
IMPACT
Fruit d’une collaboration entre le Théâtre de
Liège et neuf partenaires de l’Euregio
Meuse-Rhin, la première édition d’IMPACT
(International Meeting in Performing Arts
and Creative Technologies) inaugure une
période d’activité de trois ans. Conscient du
© tout petit
leur spectacle Cold Blood.
Du 3 au 21 novembre. theatredeliege.be
NEXT Festival
L’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai ac-
cueille pour la dixième fois ce festival
franco-flamand. Fruit d’une collaboration producteurs pourront y découvrir 30 spec- d’une conférence. Du 27 octobre au 20 jan-
entre 15 organismes culturels, Next invite tacles en cours d’élaboration, dont ceux de vier au centre culturel Les Chiroux, à Liège.
cette année une trentaine d’artistes, dont Mercedes Dassy, d’Ana Cembrero Coca, de www.chiroux.be (voir Autour de la danse).
Mette Ingvartsen, Lisbeth Gruwez et Ayelen la Cie t.r.a.n.s.i.t.c.a.p.e. et de Lorenzo De
Parolin qui présentera Autóctonos II (avec un Angelis. Les 30 novembre et 1er décembre.
nouveau cast). Du 9 au 25 novembre. lookinout.be Noël au théâtre
www.nextfestival.eu Ce rendez-vous incontournable des vacances
de fin d’année offre une savoureuse brochette
December Dance de spectacles jeune public dans différents lieux
Kunstendag voor Kinderen December Dance accueille cette année culturels de la capitale et de Wallonie. Pro-
Différents organismes culturels flamands Christian Rizzo (chorégraphe et directeur de grammation en cours. ctej.be •Naomi Monson
participent à l’organisation d’une journée l’Institut Chorégraphique International -
artistique dédiée aux enfants jusque 12 ans. Centre Chorégraphique National de
Cet événement, qui se déploie tant en Montpellier) en tant que curateur du festival.
Flandre qu’à Bruxelles, propose notamment Une programmation dense et variée, avec
des ateliers de danse avec Vera Tussing au entre autres le Ballet de l’Opéra de Lyon, Ohad
Kaaistudio, avec Gabriela Carrizo et Franck Naharin et Marlene Monteiro Freitas. Du 7 au
Chartier de la compagnie Peeping Tom, une 17 décembre. www.decemberdance.be
visite guidée mouvementée au musée
d’Ixelles… Le 29 novembre.
www.kunstendagvoorkinderen.be Babillage
Un festival spécialement conçu pour les
tout-petits (dès 9 mois !). S’y côtoieront,
LookIN’OUT entre autres, la compagnie L’inconnue (avec
Le BAMP (Brussels Art Melting Pot) vous Géodésique) et la compagnie Nyash (Terre Ô).
23
convie à deux journées consacrées aux L’événement sera agrémenté d’ateliers pa-
créations émergentes. Programmateurs et rents-enfants, d’une exposition ainsi que
P.
N° 70
AUTOUR
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AUTOMNE 17
DE LA DANSE
EXPO, FILMS,
.
CONFÉRENCES...
NDD
Pour la beauté du geste resse aux interstices entre arts et médias, ne Expo photo, instants vidéo
Comment saisir le mouvement ? Comment pouvait être mieux choisi pour accueillir ce La réalisatrice et photographe Tatiana de
capturer visuellement sa part d’éphémère et performeur qui, depuis plus de 20 ans, ex- Perlinghi exposera une sélection de ses plus
la restituer matériellement, grâce aux plore la relation entre le mouvement et belles photographies lors du festival Danse
technologies ? La nouvelle installation de l’image. Le 4 octobre. avec les Foules. Des films de danse,
Thierry De Mey, constituée à la fois d’un dis- w w w.f acebook .com / DanceF il mFe s ti v al- sélectionnés par l’association Contredanse,
positif de projection et de sculptures réali- Brussels - www.argosarts.org seront projetés en plein air. Les 14 et 15
sées par impression 3D, évoque la saisie octobre. www.espai.be
même du mouvement, celui des danseurs,
des circassiens et des sportifs. Avec cette Flâner avec Louise Vanneste
façon unique qu’il a de se laisser capturer en Louise Vanneste sera présente au festival Tremplin Hip-Hop
courbes et en spirales, le geste saisi forme consacré aux arts numériques, Visions. Sa Initié par Jean-Claude Pambè Wayack (1971-
une sorte « d’abri virtuel », offrant à la ma- « déambulation chorégraphique » Through 2011) et soutenu par la Fédération Wallonie-
tière une trace manifeste de sa dimension the alders / À travers les aulnes (Tta / Atla #1), Bruxelles, la formation professionnelle pour
fugitive et éphémère. Du 27 septembre au 14 qui consiste en une installation vidéo et so- danseurs hip-hop accompagne une vingtaine
octobre. Biennale de Charleroi danse. nore, s’inspire notamment du roman de Mi- de jeunes danseurs de plus de 18 ans pendant
www.charleroi-danse.be chel Tournier, Le Roi des Aulnes. Il y est un an. Ceux-ci sont amenés à suivre une for-
question de ce moment de suspension qui mation intensive (théorique et pratique) les
caractérise toute errance, toute rêverie. Une menant vers la création chorégraphique et
À la Biennale déambulation qui préfigure la prochaine une tournée en 2019-2020 sur les scènes par-
Les spectacles de la Biennale de Charleroi création de la chorégraphe, en 2018-2019. tenaires. Au programme : break, locking,
danse s’entourent de nombreuses activités Du 5 au 27 octobre, dans le cadre de la Sai- popping, house dance, krump, waacking,
connexes. Pour celles et ceux qui souhaitent son des cultures numériques 2017 aux Halles afromodern et autres. La présélection des
s’imprégner de l’univers qui a inspiré la der- de Schaerbeek. www.halles.be danseurs est faite sur base d’une démo d’en-
nière création de Louise Vanneste (Thérians), viron cinq minutes ainsi que d’une participa-
une séance du film Ghost Dog : La Voie du sa- tion à un atelier entre septembre et no-
mouraï sera projeté au centre Quai10, intro- Europalia Indonesia vembre, dans plusieurs villes wallonnes.
duite par l’artiste en personne (le 29 sep- Une multitude d’activités prévues à l’occa- tremplindansehiphop@gmail.com
tembre à 20h30). La chorégraphe Dominique sion du festival Europalia ! Épinglons l’orga- www.facebook.com/Tremplin-danse-hiphop/
Brun vous convie, quant à elle, aux Écuries le nisation d’une plateforme « de recherche ou www.charleroi-danse.be
30 septembre à 18h30, pour une conférence transculturelle, multidisciplinaire et colla-
en marge de ses spectacles (L’Après-midi d’un borative » qui rassemble des artistes indo-
faune, Jeux). Vous aurez également la possibi- nésiens et européens, une sorte de « blind Open Cypher pour danseurs
lité de rencontrer la réalisatrice et choré- date » artistique entre créateurs venus d’ho- Les danseurs urbains – professionnels ou
graphe chinoise Wen Hui à la Raffinerie (le 3 rizons différents (Monsoon Platform, du 14 au amateurs – sont invités à rejoindre un « open
octobre à 19h30). Les amateurs de jumpstyle 21 novembre à Louvain et du 23 au 30 no- cypher » (cercle de danse) lors du festival
sont invités à rejoindre un workshop hip-hop/ vembre à Gand). Quant à la performance, art Lezarts Urbains. Le 28 octobre, à 18h30, au
afro avec Souleymane Ladji Koné, faisant activiste par excellence durant le régime KVS. lezarts-urbains.be
suite au spectacle Quelque part au milieu de militaire du général Suharto (1967-1998),
l’infini d’Amala Dianor (le 8 octobre, à 15h, aux celle-ci a poursuivi son action contestataire
Écuries). www.charleroi-danse.be après la démocratisation du pays en abor- Bébés au théâtre
dant des problématiques politiques, techno- À l’occasion du festival Babillage, le Centre
logiques et écologiques contemporaines. culturel Les Chiroux consacre une exposition
Féminisme à l’honneur Europalia entend en souligner toute la force à l’auteure et illustratrice Mélanie Rutten. Il y
Le Festival The Future is Feminist propose au cours d’un Performance Klub, du 21 oc- est question de ces petites et grandes
des films, documentaires, lectures, débats, tobre au 18 février, au centre S.M.A.K. à épreuves qui façonnent l’existence de ses
projections diverses, expositions ainsi que Gand. L’événement, accompagné d’une héros de romans. On y croise Mitsu, Öko,
des ateliers pour enfants et des workshops fresque murale créée par le plasticien Setu Nour, le Cerf, l’Ourse, le Soldat, Ploc et Baba,
pour les plus grands. Pour l’occasion, le café Legi, accueille non seulement des pointures personnages tendres et émouvants, vivant au
du Beursschouwburg se transformera à trois en la matière mais aussi de jeunes artistes cœur de la nature (Peut-être, du 28 octobre au
reprises en bar pour homosexuelles (les trois émergents. Notons ensuite la création d’une 20 janvier). Le festival accueille également
derniers vendredis de décembre). La scène installation de l’artiste interdisciplinaire cette année la metteuse en scène et initia-
ouvrira quant à elle ses bras à celles qui dé- Jompet Kuswidanando conçue pour la trice du mouvement L’Art et les tout-petits,
sirent faire entendre leur voix librement (jeudi grande salle du MAC’s. Jonglant entre Charlotte Fallon, pour une conférence s’inté-
26 octobre) et accueillera, l’espace d’un ins- théâtre et fantasmagorie, l’œuvre aborde un ressant aux (très) jeunes spectateurs : Les
tant, une « Big conversation », à savoir un épisode clé de l’histoire du pays, en juillet bébés vont au théâtre ! une aventure, un chemi-
débat participatif en 20 petits groupes entre- 1888. Il y est question de religion, de catas- nement… Plus d’informations à venir sur
coupé de musiques et de projections vidéo. trophes naturelles, de colonialisme et de sa www.chiroux.be
Du 30 septembre au 22 décembre. chute (On Paradise, du 22 octobre au 21 jan-
www.beursschouwburg.be vier, au MAC’s à Hornu). Les liens entre
danse et cinéma seront quant à eux mis en Débats décalés
lumière le 8 décembre à Bozar, au cours d’un Faites de cinéma, de danse et d’anthropologie,
Quand la danse rencontre l’image documentaire (Expanded Cinema) consacré les soirées coupé-décalé jonglent entre films,
L’artiste britannique Simon Whitehead inau- au chorégraphe et réalisateur Sardono W. débats et performances diverses. Leur pro-
24
gurera le festival L’Art difficile de filmer la Kusumo. De nombreux autres évènements grammation (en cours d’élaboration, avec la
danse au centre Argos. Ce lieu, qui s’inté- sont à découvrir sur europalia.eu. présence déjà confirmée de Robyn Orlin, de
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James Carlès, d’Ayelen Parolin, de Monia danseuse Maïté Jeannolin, de la chef-opéra- Autour de Nijinsky
Montali et de François Bodeux) propose une trice Charlotte Marchal et de l’anthropologue Mathilde Laroque, danseuse et chorégraphe
alliance peu commune entre les arts et les Justine François. Du 9 au 11 novembre à Char- et Jean François Lejeune, ingénieur du son
sciences humaines. Des soirées sous le signe leroi danse / La Raffinerie. et musicien vont guider un atelier autour de
de l’hypnose et du rêve, sous l’impulsion de la www.charleroi-danse.be Nijinsky, célèbre danseur et chorégraphe
des Ballets Russes, précurseur de la danse
moderne connu pour ses sauts, sa sensua-
lité, son imagination débordante et sa folie.
Une proposition qui s’inscrit dans la lignée
du « S de l’ange », projet pluridisciplinaire et
participatif conçu par Mathilde Laroque au-
tour des archives de Nijinsky. Ouvert à tous,
petits et grands. Le 18 novembre, à la Bel-
lone, dans le cadre des Petits goûters de la
poésie. www.midisdelapoesie.be
December Dance
Dans le cadre du festival December Dance,
le Centre culturel De Bond accueille une
exposition dédiée au corps en mouvement.
Intitulé La respiration des yeux dans le cadre,
ce parcours se constitue d’installations
vidéo, de photographies (Dorothée Smith)
ainsi que d’art plastique (Christian Rizzo et
Iuan Hau Chiang). Du 6 décembre au 28 jan-
vier, de 13h à 18h (tous les jours sauf le
mardi et les 24, 24, 31 décembre ainsi que le
1er janvier).
18/10 • Che Malambo, 20h30,
Westrand - CC Dilbeek BRUXELLES . BRUSSEL
.
20h & 15h, Europalia Indonesia, deSingel Imagine moving rocks, STUK kunstencentrum 11/10 • MALIKA DJARDI 3
20h30, Biennale de Charleroi danse, La Raffinerie
19-21/10 • WIM VANDEKEYBUS / ULTIMA VEZ Mockumen- 5-6/10 • PEEPING TOM Moeder, 20h, 30 CC
licht! (+ 3ans), 11h & 16h, Rode Hond, 14-15/10 • Festival Danse avec les foules,
20h, Europalia Indonesia, deSingel asbl Espai / Centre Lorca, Extérieur
STUK kunstencentrum
7/12 • BARA SIGFUSDOTTIR being, 20h30, CC Berchem
30/10 • DOFT Tweestrijd, 20h, 30 CC 17-18/10 • VOLMIR CORDEIRO
8-9/12 • AMANDA PINA The Jaguar and the snake, L’Oeil la bouche et le reste, 20h30, Kaaistudio’s
20h, deSingel 7-8/11 • LEMM & BARKEY / NEEDCOMPANY
Forever, 20h30, 30 CC 17/10 • OTNIEL TASMAN NOSHEHEORIT,
9/12 • Balinese dans en gamelan I Wayan Gede 20h30, Europalia Indonesia, KVS_BOX
Yudane, 20h, Europalia Indonesia, deSingel 23-25/11 • UGO DEHAES / FABULEUS & KWAAD BLOED
Rats, 20h30, STUK kunstencentrum (+12 ans) 19/10 • EKO SUPRIYANTO SALT
14-17/12 • PINA BAUSCH / TANZTHEATER WUPPERTAL Europalia Indonesia, Kaaitheater
PINA BAUSCH Viktor, 20h, deSingel 28/11 • EKO SUPRIYANTO Cry Jailolo, 20h,
26/10 • HNDRD / MIN HEE BERVOETS Europalia Indonesia, STUK kunstencentrum 9-11 & 14-18/11 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER,
One limited space, 20h15, CC De Werft LOUIS NAM LE VAN HO, ALAIN FRANCO, ROSAS
19-21/12 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER, ZEITIGUNG, 20.30 (sauf le 12/11 à 15h)
LOUIS NAM LE VAN HO, ALAIN FRANCO, ROSAS
HEIST-OP-DEN-BERG Kaaitheater
ZEITIGUNG, 20h30, 30 CC
14/12 • EKO SUPRIYANTO Balabala,
20h15, Europalia Indonesia, De Warande
BRABANT FLAMAND
AARSCHOT
ALSEMBERG
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I am not a sub-culture,...., 19h30, La Raffinerie
14-18/11 • KRITONAS ANASTASOPOULOS,
MAJA ZIMMERLIN ET MICHEL BERNARD EXODOS
(Cirque/danse), 20h, Théâtre Marni
.
NDD
17-18/11 • PERRINE VALLI L’un à queue fouetteuse,
Les Halles de Schaerbeek
23/11 • RADOUAN MRIZIGA 55, Kaaistudio’s
24/11 • RIANTO Medium, Europalia Indonesia
Les Halles de Schaerbeek
24-25/11 • RÓSA ÓMARSDÓTTIR Traces,
20h30, The Future is Feminist, Beursschouwburg
25/11 • POLINA AKHMETZYANOVA L’incorruptible,
18h & 20h30, Bozar
29-30/11 • MICHIEL VANDEVELDE Andrade, Kaaitheater
1-2/12 • ANA PI NoirBLUE,
20h30, The Future Is Feminist, Beursschouwburg
7-8/12 • KADER ATTOU Douar, Wolubilis
© Jean-Pierre Maurin
Só20, Théâtre Varia
14-15/12 • ALMA SÖDERBERG Nadita,
20h30, The Future Is Feminist, Beursschouwburg
15-17/12 • JÉRÔME BEL Gala, Kaaitheater
14/10 • JOSÉ MONTALVO / THÉÂTRE NATIONAL DE CHAIL-
12-14/10 • Thinking/ Blue Sy forever/ Chernobyl 14/12 • OHAD NAHARIN / BATSHEVA DANCE COMPANY
LOT Y olé (+ 5 ans), 17h45, CC Casino Koksijde
Drawings..., 20h30, 19h, 14h, X-tract, De Werf Last Work, 20h, December Dance, Concertgebouw
14/12 • OHAD NAHARIN / BATSHEVA DANCE COMPANY
24/10 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER 16/12 • CINDY VAN ACKER / BALLET DE LORRAINE
ELEMENTEN I - Room, Last Work, 18h15, CC Casino Koksijde
Mitten wir im Leben sind/Bach6Cellosuiten
20h, Concertgebouw 20h, December Dance, Concertgebouw
OSTENDE . OOSTENDE
3/11 • JAN FABRE Belgian Rules, 19h30, 17/12 • CHRISTIAN RIZZO D’à côté (+ 9 ans)
20h, CC De Spil
17/11 • UGO DEHAES / FABULEUS & KWAAD BLOED 14/10 • MICHELE RIZZO Higher, HASSELT
Rats, 20h, CC De Spil (+12 ans) 22h, Biennale de Charleroi danse, Les Écuries
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27/12 • BALLET NATIONAL D’UKRAINE Casse-Noisette, 18/11 • MATHILDE MONNIER, ALAN PAULS El Baile, 20h, CC Hasselt
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WAREGEM
Deep are the woods, CC Hasselt
NDD
26-27/10 • MAURO PACCAGNELLA
30/11 • JOSÉ NAVAS / COMPAGNIE FLAK Rites, & ALESSANDRO BERNARDESCHI / WOOSHING MACHINE 26/11 • YANG LIPING CONTEMPORARY DANCE
20h, CC De Schakel Happy Hour, CC régional du Centre La Louvière Under Siege, 20h, CC Hasselt
22/12 • BALLET NATIONAL D’ODESSA
12/11 • NICOLE BEUTLER 7:
Triple Moon CC régional du Centre La Louvière Sleeping Beauty, 20h, CC Hasselt
18h, CC Ieper - Het Perron
MONS
MAASMECHELEN
Hip Hop, 20h, Tremplin hip hop,
4/11 • Soirée
14/10 • KABINET K Horses
FLANDRE ORIENTALE La maison folie
(+ 8 ans), 20h15, CC Maasmechelen
21/11 • MICHÈLE ANNE DE MEY & JACO VAN DORMAEL
20h, CC Ter Vesten 20h (le 19/11 à 16h), Festival impact, 17-21/10 • MICHÈLE ANNE DE MEY & JACO VAN DORMAEL
Théâtre de Liège Amor, 20h30, Théâtre de Namur
EVERGEM 21-22/11 • Rianto Topeng Cirebon & Medium, 29/10 • DRASH, BONI SUN Esopipède (+ 3 ans),
Campo Nieuwpoort 22/10 • MARIA CLARA VILLA LOBOS/CIE XL PRODUCTION 21-22/11 • YOANN BOURGEOIS Celui qui tombe
Alex au pays des poubelles, 17h, CC C-Mine (Cirque/danse), Théâtre de Namur
26-27/10 • BARA SIGFUSDOTTIR being, 20h30, Vooruit
15-16/12 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
24-26/11 • Family trees (+12 ans), Kopergietery
spectacle jeune/tout public Rain, Théâtre de Namur
30/11 & 1/12/2017 • EKO SUPRIYANTO Cry Jailolo,
20h, Europalia Indonesia, Vooruit
6/12 • EKO SUPRIYANTO
SALT, 20h, Europalia Indonesia, Vooruit
10/12 • EKO SUPRIYANTO Balabala,
19h, Europalia Indonesia, Vooruit
15-16/12 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER • 30 CC : +32 (0)1 623 84 27 - www.30cc.be • Balsamine : +32 (0)2 218 79 35 - www.balsamine.be • Beursschouwburg : +32 (0)
Mitten wir im Leben sind/Bach6Cellosuiten, 2 550 03 50 - www.beursschouwburg.be • Bozar : +32 (0)2 507 82 00 - www.bozar.be • Budascoop : +32 (0) 56 22 10 01 - www.
20h, Vooruit budakortrijk.be • CC ‘t Vondel : +32 (0)2 365 94 05 - www.vondel.be • CC Berchem : +32 (0)3 286 88 50 - www.ccberchem.be • CC
C-Mine : +32 (0)8 965 44 90 - www.c-minecultuurcentrum.be • CC Casino Koksijde : +32 (0)5 853 29 99 - www.casinokoksijde.be •
LOKEREN CC De Borre : +32 (0)1 646 14 00 - www.deborre.be/cc-de-borre.html • CC De Meent : +32 (0)2 359 16 00 - www.demeent.be • CC
De Schakel : +32 (0)5 662 13 40 - www.ccdeschakel.be • CC De Spil : +32 (0)5 126 57 00 - www.despil.be • CC De Werf : +32 (0)5
21/10 • Che Malambo, 20h15, CC Lokeren 372 38 11 - www.ccdewerf.be • CC De Werft : +32 (0)1 456 66 66 - www.dewerft.be • CC Diest : +32 (0)13 460 640 - www.ccdiest.
10/12 • EKO SUPRIYANTO Balabala, be • CC Espace Senghor : +32 (0)2 230 31 40 - www.senghor.be • CC Evergem : - www.evergem.be • CC Hasselt : +32 (0)1 122 99
19h, Europalia Indonesia, CC Lokeren 33 - www.ccha.be • CC Het Gasthuis : +32 (0)1 656 48 24 - www.ccgasthuis.be • CC Jacques Franck : +32 (0)2 538 90 20 - www.
ccjf.be • CC Lokeren : +32 (0)9 340 50 56 - ccl.lokeren.be/ • CC Maasmechelen : +32 (0)8 976 97 97 - www.ccmaasmechelen.be •
CC Ottignies - Louvain-la-Neuve : +32 (0)1 045 69 96 - www.poleculturel.be • CC Strombeek Grimbergen : +32 (0)2 263 03 43 -
HAINAUT www.ccstrombeek.be • CC Ter Dilft : +32 (0)3 890 69 30 - www.terdilft.be • CC Ter Vesten : +32 (0)3 750 10 00 - tervesten.beveren.
be • CC Zwaneberg : +32 (0)1 525 07 70 - www.zwaneberg.be • CC d’Andenne : +32 (0)85 84 36 40 - www.centreculturelandenne.
CHARLEROI be • CC de Grote Post : +32 (0)5 933 90 00 - www.degrotepost.be • CC régional du Centre La Louvière : - www.ccrc.be • Campo
Nieuwpoort : +32 (0)9 223 00 00 - www.campo.nu • Cité Miroir : +32 (0) 4 230 70 50 - www.citemiroir.be • Concertgebouw :
4-5/10 • MOLINA ROCÍO Caida del cielo +32(0)7 022 33 02 - www.concertgebouw.be • De Velinx : +32 (0)12 39 38 00 - www.develinx.be • De Warande : +32 (0)1 441 69
20h30, Biennale de Charleroi danse, Les Écuries 91 - www.warande.be • De Werf : +32 050 33 05 29 - www.dewerf.be • Forest National : +32 (0)3 400 69 70 - www.forest-national.
7/10 • AMALA DIANOR be • Het Paleis : +32 (0)3 202 83 11 - www.hetpaleis.be • KVS_BOL : +32 (0)2 210 11 12 - www.kvs.be • KVS_BOX : +32 (0)2 210 11
Quelque part au milieu de l’infini, 00 - www.kvs.be • Kaaistudio’s : +32 (0)2 201 59 59 - www.kaaitheater.be • Kaaitheater : +32 (0)2 201 59 59 - www.kaaitheater.
19h30, Biennale de Charleroi danse, Les Écuries be • Kopergietery : +32 (0)9 233 70 00 - www.kopergietery.be • La Raffinerie : +32 (0)7 131 12 12 - www.charleroi-danses.be
• La maison folie : - surmars.be • Les Brigittines : +32 (0)2 213 86 10 - www.brigittines.be • Les Chiroux - CC Liège : +32 (0)4
7/10 • CIE AYELEN PAROLIN Autóctonos II
20h30, Biennale de Charleroi danse, Les Écuries 220 88 88 - www.chiroux.be • Les Halles de Schaerbeek : +32 (0)2 218 21 07 - www.halles.be • Les Écuries : +32 (0)7 131 12
12 - www.charleroi-danses.be • MaZ - CC Brugge : +32 (0)5 044 30 60 - www.ccbrugge.be • Maison des Cultures de Molenbeek
11/10 • MARCO DA SILVA FERREIRA brother : +32(0)2 415 86 03 - www.lamaison1080hethuis.be • Palais des Beaux-Arts de Charleroi (PBA) : +32 (0)7 131 12 12 - www.pba.
20h30, Biennale de Charleroi danse, Les Écuries be • Roseraie : +32 (0)2 376 46 45 - www.roseraie.org • STUK kunstencentrum : +32 (0)1 632 03 00 - www.stuk.be • Schouwburg
12/10 • LUCINDA CHILDS / BALLET DE L’OPERA DE LYON Kortrijk : +32 (0)5 623 98 55 - www.schouwburgkortrijk.be • Stadsschouwburg - CC Brugge : +32 (0)50 44 30 40 - www.ccbrugge.
Dance, 20h, Biennale de Charleroi danse, be • Stadsschouwburg Antwerpen : +32 (0)7 034 41 11 - www.stadsschouwburgantwerpen.be • Theater Malpertuis : +32 (0)5
Palais des Beaux-Arts de Charleroi (PBA) 140 62 90 - www.malpertuis.be • Théâtre Le Manège : - surmars.be • Théâtre Marni : +32 (0)2 639 09 80 - www.theatremarni.
com • Théâtre National : +32 (0)2 203 53 03 - www.theatrenational.be • Théâtre Varia : +32 (0)2 640 82 58 - www.varia.be •
be • Vooruit : +32 (0)9 267 28 28 - www.vooruit.be • Westrand - CC Dilbeek : +32 (0)2 466 20 30 - www.westrand.be • Wolubilis :
danse, Palais des Beaux-Arts de Charleroi (PBA)
+32 (0)2 761 60 30 - www.wolubilis.be • deSingel : +32 (0)3 248 28 28 - www.desingel.be
P.
P. 29 NDD . AUTOMNE 17 . N° 70
P. 30 NDD . AUTOMNE 17 . N° 70
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CONTREDANSE
NEWS
.
NDD
Départ vers d’autres postures
Après neuf années de collaborations éner-
giques tant pour le journal Nouvelles de danse, Pierre, papier, écran
où elle a été coordinatrice, que pour le centre Les lecteurs de disque ont déjà disparu des
de ressources, où les techniques somatiques ordinateurs. Que faire du DVD-ROM Steve
n’avaient plus de secrets pour elle, sans ou- Créer des liens Paxton - Material for the Spine paru en 2008 ?
blier l’accueil des visiteurs reçus avec sourire Depuis quelques mois nous avons proposé à Comment maintenir ce type de publication en
et empathie, notre très chère collègue Matilde L’L et au Grand Studio de s’associer pour en- vie ? Quel choix de traduction opérer ? Sur quel
Cegarra Polo a choisi d’approfondir ce qui déjà courager les artistes en résidence chez eux à support ? Télécharger l’information ou la
lui tenait à cœur : s’engager intégralement creuser les aspects théoriques de leurs re- consulter ? Quel rapport à l’édition souhaitons-
dans l’enseignement du yoga. Nous lui souhai- cherches dans notre centre de ressources. nous ? Un vaste chantier s’ouvre. • FC/BA
tons de belles aventures sur la route des asa- Notre objectif n’est pas de mener une cam-
nas. • YD pagne pour un prosélytisme intellectuel mais
de mieux atteindre les chorégraphes, drama- Soldes d’automne
turges, metteurs en scène… qui souhaitent Suite au succès de la 1re Foire du livre d’oc-
À la pêche à la perle contextualiser leurs pratiques dans une his- casion des arts de la scène, Contredanse
Contredanse cherche un·e chargé·e de pro- toire et une géographie plus large. C’est avec prolonge l’initiative et brade ses prix ! Re-
duction et diffusion à mi-temps. Trouver de plaisir et dévouement que notre équipe se trouvez certains de nos titres en seconde
nouvelles pistes de partenariat pour la pro- coupe en quatre pour trouver des ressources main (de - 40 à - 70%). Rendez-vous au Centre
duction de nos éditions, de nouveaux lieux de sur des questions aussi variées que les danses de ressources de Contredanse. • IM
diffusion pour nos livres et notre journal, com- rituelles, les neurosciences ou les dispositifs
muniquer sur les activités du centre de res- d’échauffement. • IM
sources seront ses missions. Intéressé·e ? Une rentrée ressourçante
Vous avez un master, de l’expérience dans la Histoire, science, poésie, architecture, philo-
diffusion des arts de la scène ou des lettres, Autour de Lisa Nelson sophie, sociologie, anthropologie, anatomie,
ou les deux, et vous êtes dans les conditions Le projet d’édition entamé avec Lisa Nelson se droits, politiques… mais oui, on parle bien de
ACS ? N’hésitez pas à nous le faire savoir par poursuit en cette fin d’année, avec une nou- la danse ! Lire, regarder, penser, questionner,
email : isabelle@contredanse.org • IM velle résidence en novembre, afin de travailler relier, échanger… vous êtes ici au centre de
avec elle autour du prototype 3D Tuning Game ressources de Contredanse. Nous vous ac-
et de la relation entre kinesthésie virtuelle et compagnons dans votre recherche, que vous
Les archives Pierre Droulers perception sonore. En collaboration avec l’ar- soyez professionnels ou amateurs, seuls ou
Des mètres cubes d’archives de la compagnie tiste numérique François Zajéga et l’artiste en groupe, d’ici ou d’ailleurs.
Pierre Droulers se trouvaient entassées à la sonore Thomas Turine. Bienvenue à toutes et à tous ! • ML
Raffinerie. Après avoir été triées, rangées, Parallèlement au jeu 3D, Lisa Nelson présen-
classées dans le cadre de la sortie du livre tera à New York, en octobre, le prototype
Sunday, ces caisses ont enrichi notre centre de d’édition vidéo en temps réel développé l’année CENTRE DE RESSOURCES
ressources pour notre plus grande joie. Nous dernière avec Contredanse. À cette occasion,
sommes à la recherche d’un·e stagiaire pour elle mettra pour la première fois en dialogue PERMANENCES
inventorier, indexer, protéger toutes ces pho- ce jeu vidéo « in progress » et sa danse. MARDI ET JEUDI DE 13H À 17H
tos, notes, vidéos, documents témoins de 40 Convergence : Sarma s’apprête à diffuser une ET VENDREDI DE 10H À 15H
ans d’histoire d’une compagnie majeure de la anthologie en ligne sur les écrits de Lisa Nel- OU SUR RENDEZ-VOUS
Fédération Wallonie-Bruxelles. • IM son compilée par Myriam Van Imsschoot. CONTACT : INFO@CONTREDANSE.ORG
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Au Centre de Documentation, nous avons reçu, DOCUMENTS À CONSULTER SUR PLACE
de Madame Elisabeth Biolley, un magnifique
don de livres, essentiellement consacrés à la RUE DE FLANDRE 46,
danse classique et néo-classique du 20e siècle 1000 BRUXELLES
en Europe. • CD
31
P.
ON SE
E L L E PARUTI C O N T R E DA N
NOU V I T ION S
AUX ÉD horégra
phe
c
anuel de danse.
h u m o ur, Un m n spectacle de
certain ion d’u et les
m in u tie et un n e t la product le s m atériaux pas ?
Ave c ructio hoisir s ou
la const r ? Comment c pecter les règle tions, les
revisite n c e re s o ra
omme itudes, s collab
Par où c Suivre ses hab soins, gérer le h ie r?
? be régrap
agencer subvenir à ses nser et/ou cho
nt Da nathan
Comme s du marché ? nnel, Jo ose
con t ra in te
t iq u e p e r s o
a n g la is, prop
ar t is ogu e ttre
e s o n p arcours s e u r e t pédag é d it e r et à me
n
Partant
d phe, da tions à m ropres
r o w s , c horégra s et d’observa sidérer leurs p
Bur rtition cteurs à
con
ie de pa
une sér e, invitant les le rande
en pratiq
u
g iq u e d’une g
g o
choix. til péda ment,
a p h e e st un ou tions et, finale t les
horégr de ques les danseurs e e
uel de c un livre
Un man ais s u r to u t
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gne
ccompa sant, dans l’ur
genc
li té m e . Il ion.
actu a
e li t térat u r
r o je t nais ’u n e diffus
vr e d ’u n p tiv e d hesse
une œu hes, à l’aube d ans la perspec explorer la ric
a p u d n t
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23 EUROS E 2017 ise Lucc
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VEMBR par Den
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De l’une à l’autre.
Apprendre, composer et
partager. — Ouvrage collectif NOS ÉDITIONS NUMÉRIQUES
Du mouvement au dessin, de la (DISPONIBLES AU FORMAT PDF)
sensation à la parole, cet ouvrage
Corps, espace, image. collectif questionne la danse et Incorporer,
— Miranda Tufnell, ses processus de traduction. Nouvelles de danse
Chris Crickmay Danseurs, chorégraphes, n° 46-47, mars 2001
pédagogues et chercheurs Enseigner, transmettre mais
Ouvrage de référence pour la présentent leurs pratiques et surtout « s’enseigner », une
pratique de l’improvisation, méthodes de travail où s’illustrent réflexion sur la pédagogie en
ce livre aspire à modifier ces passages d’un médium à danse.
les habitudes de perception l’autre. Des entretiens, des textes
et à éveiller l’imagination. inédits, des partitions et des La Composition,
Proposant des explorations, exemples originaux de systèmes Nouvelles de danse
les auteurs invitent à découvrir de notation témoignent des n° 36-37, octobre 1998
en mouvement la structure multiples facettes de la danse : L’occasion d’interroger les
interne du corps pour ensuite ses ressources, ses modes outils de composition, la
s’ouvrir à l’espace, aux sons, de composition, individuels reproductibilité de l’oeuvre,
aux objets et aux autres et collectifs, ses outils de la responsabilité des
partenaires. communication et de réflexion. danseurs dans l’écriture et
Illustré de nombreux dessins, d’envisager la composition
peintures, photographies et chorégraphique au regard
textes poétiques, ce manuel a des autres arts.
pour but de « stimuler plutôt
que d’enseigner », en donnant
à l’improvisation un rôle
central comme source de
créativité.
CONTREDANSE
DOCUMENTATION
rue de Flandre 46
INFORMATION
1000 Bruxelles
PUBLICATION
Tél. : 02/502 03 27
FORMATION
www.contredanse.org
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