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Chapitre 2 : Matériel et Méthodes

L’hydrodynamique du film dépend de plusieurs paramètres et propriétés, incluant la


sensibilité aux vibrations externes et les variations de la température ambiante. Ces derniers
peuvent influer sur la dynamique interfaciale du film liquide. Le montage expérimental, de ce
fait, devrait être stable, isolé mécaniquement et à température contrôlée de manière à éliminer
toute perturbation essentiellement mécanique ou thermique pouvant affecter l’écoulement.
L’évolution spatio-temporelle et la distribution de l’épaisseur du film représente l’information
la plus importante mais aussi la plus difficile à obtenir avec une précision élevée et sans
perturber l’écoulement. De ce fait les techniques de mesure doivent être sensibles et précises
afin de pouvoir capturer la moindre déformation de l’interface.

L’objectif principal est donc la conception et réalisation d’un montage expérimental


permettant le suivi de cette interface. Néanmoins, l’apparition d’instabilités est inéluctable et
de ce fait une approche théorique est rapportée dans la deuxième partie de ce chapitre
permettant de prédire le seuil d’instabilité.

2.1 Approche Expérimentale :

Un montage expérimental a été réalisé dans le but de générer un écoulement de film liquide
sur un plan d’inclinaison et de débit réglables. Ce montage offre la possibilité d’étudier
l’hydrodynamique du film liquide en mettant l’accent sur l’influence de ces deux derniers
paramètres sur la dynamique interfaciale, en utilisant une nouvelle technique expérimentale
dénommée « Laser Multi-Reflection Method » LMRM conçu et développé au laboratoire
LMFTA au cours de la présente thèse.

2.1.1. Le montage expérimental


Le montage expérimental dont le schéma est donné en figure 2.1 et la photo en figure 2.2 doit
permettre de générer un écoulement d’un film liquide sur un plan à diverses inclinaisons et
débits contrôlés. Il se compose essentiellement de quatre parties :

 Zone d’entrée et d’injection et de tranquillisation ;


 Zone d’écoulement et de mesure ;
 Zone de récupération et de stabilisation thermique.
 Zone associée à la métrologie

La zone d’entrée, figure 2.3, à travers laquelle est introduit le fluide permet de stabiliser ce
dernier afin d’éliminer toute perturbation pouvant apparaitre lors de l’interaction du fluide
avec la plaque. L’injection se fait à travers 8 injecteurs de 2 mm de diamètre, uniformément
répartis en largeur afin d’assurer une distribution équilibrée du liquide.

 

Système
d’enregistrement


 

 y 
𝜃
𝜃

 x

Figure: Schéma descriptif du montage expérimental.

Source laser, plaque couvercle en plexiglass, lentilles convergentes et


diapragme optique  système d’enregistrement , Ecran, Plan incliné,
Pompe , Réservoir Valve, Zone de stabilization.
A la sortie des injecteurs, le liquide rempli un déversoir comme indiqué en figure 2.4,
maintenu à niveau constant, puis s’écoule par gravité sur une plaque inclinée qui délimite le
déversoir et passe à travers un système constitué d’un nid d’abeille, qui sert à uniformiser
l’écoulement, auquel est accrochée une grille qui permet d’éliminer toute les ondulations
provoquées par l’injection du liquide.
Lx =75 cm ; Ly=50 cm ; Lz=2 cm

Figure: Photo du montage expérimental

Sorties du
Entrée du liquide
liquide

Figure 2.3: Schéma représentatif de la zone d’entrée et d’injection


Figure: Schéma représentatif de la zone de stabilisation et de
tranquillisation.

La zone d’écoulement est une plaque d’inclinaison contrôlée délimitée par deux parois
latérales. Elle permet au fluide de s’écouler sous forme d’une nappe liquide d’une épaisseur
uniformément répartie. La zone de récupération est consacrée à l’évacuation du fluide en le
conduisant vers le réservoir principal et empêche la remontée des perturbations. Cette zone est
aussi dotée d’un stabilisateur thermique pour éviter tout écart de température. Le fluide est
ensuite pompé vers la zone d’injection.

Enfin la zone associée à la métrologie est constituée d’un laser et d’un ensemble de lentilles,
d’une caméra, d’un système d’enregistrement et d’un écran comme indiqué dans la figure 2.1

2.1.2. La technique LMRM et métrologie associée


L’étude de ce type d’écoulement nécessite des moyens de mesure sensibles et précis afin de
pouvoir suivre l’évolution spatio-temporelle des paramètres régissant la dynamique
interfaciale du film liquide. Les techniques optiques sont largement utilisées en mécanique
des fluides en vue des avantages qu’elles présentent dont le plus important est le fait qu’elles
soient non-intrusives. L’analyse des travaux antérieurs, touchant à ces méthodes, a montré
qu’elles sont limitées ou incomplètes. Elles sont, dans quelques cas, entachées de plusieurs
erreurs ou elles peuvent causer des perturbations non-négligeables influençant
l’hydrodynamique de l’écoulement étudié. Elles peuvent, aussi, modifier les propriétés
physiques du fluide ou nécessitent l’utilisation de traceurs sous forme de particules.

Une technique de mesure a été mise en place, validée puis utilisée pour faire une étude
détaillée de l’écoulement considéré. Elle permet de procéder à des mesures directes de
quelques paramètres à savoir : l’évolution de l’épaisseur du film, l’amplitude des ondes à la
surface du film et leur célérité, ou de déduire d’autres paramètres tels que la longueur d’onde,
l’épaisseur moyenne, le nombre de Froude et le nombre de Bond.

2.1.2.2. Traitement des Données :

Les vidéos acquises correspondant aux positions, au cours du temps des points laser sur
l’écran par apport aux spots lasers référents, sont transformées en séries d’images et chacune
des images est traitée à l’aide du logiciel « imageJ » suivant les étapes suivantes :

Une echelle spaciale est introduite, cette dernière est mesurée à l’aide d’un système de mesure
mécanique ayant une précision micrométrique, afin d’avoir un maximum de précision.

- L’image est transfomée en une image binaire (noir et blanche) afin de distinguer les
points laser du reste de l’arière-paln sur l’image qui a une couleur uniforme.

- Les limites en terme de couleurs « edges » sont déterminées ce qui permet retrouver le
contour de chaque point laser

- Le niveau du gris « grey level » est tracé suivant l’axe « oy » ce qui donne deux paires
de pics correspondants aux limites de chaque point laser ( de référence et de mesure).

- L’écartement entres les deux couples de pics sur le diagramme de « grey level » est
directement déduit et utilisé pour retrouver l’épaisseur du film liquide.
Les images provenant des acquisitions vidéos sont traitées l’une après l’autre pour remonter aux oscillations de
l’interface du film liquide dans le cas de l’écoulement instationnaire mais très peu d’images sont nécessaires dans
le cas du film liquide stable à interface plate.
-

2.1.3 La technique de mesure par agrandissement du film liquide :


Cette technique est basée sur l’agrandissement d’un objet par un jeu de lentilles tout en
gardant la résolution de l’image ou la vidéo acquise par une caméra (Canon HG20) permettant
de filmer l’écoulement avec une résolution de 1920x1080 pixels et une fréquence 30 fps
(fcam =30 hz) ce qui nous permet de faire des acquisitions tout en respectant la loi de
Shannon sachant que la plus haute fréquence qui peut avoir lieu dans le phénomène étudié est
de l’ordre de fs=10 hz. La figure 2.8 représente un schéma simplifié de la technique.

Camér
a Lentil
les

Film liquide

Figure 2.8- : Schéma de la technique d’agrandissement.


L1 L2

L1 L2

Figure: Schéma optique de la technique de mesure par agrandissement.

La lentille « L1 » est une lentille convergente qui donne pour l’objet une image agrandie et
inversée. La lentille « L2 » est aussi convergente, son rôle est de renvoyer l’image donnée par
« L1 » vers l’infini. La condition pour laquelle une image agrandie garde sa bonne résolution
est équivalente à dire : « observer un objet à travers un jeu de lentilles sans
accommodation » pour la position de l’image donnée par « L1 » soit autour du point focal de
la lentille « L2 » comme le montre le schéma représenté par la figure 2.9.L’utilisation d’une
seule lentille (zoom de la caméra) peut donner une image agrandie mais elle sera « floue ». La
qualité de la photo décroit avec le zoom de la caméra, c’est le niveau du contraste qui
diminue.

L’introduction de la seconde lentille permet d’avoir une image plus nette tout en gardant le
même zoom de la caméra. Ce qui nous donne un film liquide agrandi ayant la résolution
maximale que notre caméra peut atteindre (1920x1080 pixels). La figure 2.10 représente une
comparaison entre deux images prises sans et avec la présence de la seconde lentille pour un
même zoom de la caméra.

Image du film liquide agrandi avec le zoom Image du film obtenue par la technique proposée

Figure 2.10 : Comparaison entre une photo prise sans et une autre prise avec la technique proposée.

La précision de cette technique dépend d’une part de la qualité des lentilles (agrandissement
et problème d’aberration) et d’autre part par la résolution de la caméra. A noter que ce dernier
est un paramètre important dans l’incertitude liée à la mesure de l’épaisseur du film. Les
aberrations chromatiques doivent être minimisées, autant que possible, pour minimiser les
erreurs liées à la position de l’interface lors de l’acquisition d’images. Le choix d’une lentille
est basé sur la qualité de l’image qu’elle donne. A titre d’exemple deux lentilles « A » et
« B », pour lesquelles des tests de qualité relatifs aux aberrations chromatiques ont été
conduits, sont montrées dans la figure 2.11. A cet effet, les photos d’une grille multicolore sur
laquelle des carreaux noirs et blancs sont dessinés sont analysées. Les bords des carreaux
servent de référence pour la présence d’aberrations chromatiques. La figure 2.11 représente
les résultats obtenus pour ces deux lentilles.

Lentille A : Présence d’aberrations chromatiques Lentille B : Absence d’aberrations chromatiques

Figure: Test d’aberrations chromatiques.

La technique de mesure par agrandissement du film liquide est adaptée pour un écoulement
bidimensionnel dans lequel l’onde présente une forme symétrique selon la largeur du plan sur
lequel le film liquide s’écoule (ce qui n’est pas toujours le cas). La technique nécessite
l’utilisation d’un couple de lentille, comme précisé au préalable, pour agrandir la zone de
mesure sur la déformation de l’interface : ce qui lui donne un caractère local. De ce fait,
l’épaisseur du film est la seule donnée pouvant être enregistrée, par cette technique, et donc
tous les paramètres dynamiques régissant l’écoulement du film n’est pas accessible.

2.1.4 Précision des mesures


L’utilisation de la technique d’agrandissement et de la «LMRM» nécessite une caméra et un
traitement spécifique d’image. Cela impose le calcul de la taille réelle d’un pixel selon l’axe
« oy » notée « Pimg » (car la mesure se fait suivant cette axe et est indépendante de l’axe
« ox ») afin de pouvoir remonter aux dimensions réelles du film liquide. Ce calcul se fait
comme un calcul intermédiaire qui permet d’obtenir l’une des incertitudes sur l’épaisseur
mesurée du film liquide :

𝑫𝑫𝒊𝒊𝒊𝒊𝑫𝑫𝑫𝑫𝑫𝑫𝒊𝒊𝑫𝑫𝑫𝑫𝑫𝑫é𝑫𝑫𝒆𝒆𝒆𝒆𝑫𝑫𝒆𝒆
𝑷𝑷𝒊𝒊𝒊𝒊𝒊𝒊 = 𝑫𝑫𝒆𝒆′ 𝒊𝒊𝒊𝒊𝒊𝒊𝒊𝒊𝑫𝑫𝑫𝑫𝑫𝑫𝒆𝒆𝑫𝑫𝑫𝑫𝒆𝒆′𝒊𝒊𝒂𝒂𝑫𝑫
"𝑫𝑫𝒐𝒐"
𝑵𝑵𝑫𝑫𝒊𝒊𝑵𝑵𝑫𝑫𝑫𝑫𝒆𝒆𝑫𝑫𝑵𝑵𝒊𝒊𝒂𝒂𝑫𝑫𝒆𝒆𝑫𝑫𝑫
𝑫𝑵𝑵𝑫𝑫𝒆𝒆′𝒊𝒊𝒂𝒂𝑫𝑫 "𝑫𝑫𝒐𝒐"
La taille réelle d’un pixel dans ce cas doit être préalablement calculée. La taille du pixel est
relative à la qualité d’acquisition de la caméra utilisée ainsi qu’à celle de son capteur CCD.

2.1.4.1. Mesure du Débit « Q »:


La mesure du débit en filmant l’évolution du volume dans le récipient gradué. Le traitement
d’images a permis de déduire le débit volumique :
𝑉𝑉𝑙𝑙
𝑄𝑄 =
𝑡𝑡𝑟𝑟 (2.1.11)

Où les paramètres « Vl » et « tr » représentent, respectivement, le volume du liquide recueilli


dans le récipient et le temps correspondant.

Les erreurs associées à ce type de mesure sont liées au temps (𝒕𝒕𝑫𝑫) de l’ordre de 1/30 s,
l’erreur de lecture de la graduation du récipient, l’erreur liée au traitement d’image
correspondant à la taille du pixel, à la qualité du capteur CCD de la caméra et à l’utilisation
des logiciels servant à extraire l’information. Cela nous conduit à une incertitude majorée
comprise entre 1.44 % et 5.18 % pour la gamme de débit considérée dans la présente thèse.

2.1.4.2. Erreurs Relatives à la Technique d’Agrandissement :


Cette technique nécessite l’utilisation d’une caméra, d’un couple de lentilles et d’un logiciel
de traitement d’image ce qui donne une valeur composée des erreurs relatives à :

 la détection de l’interface du film liquide sur les images traitées,


 l’introduction de l’échelle spatiale dans le logiciel de traitement,
 la référence définie lors du traitement d’image et
 au capteur CCD de la caméra utilisée

Un calcul d’erreur détaillé s’impose afin de déterminer le degré de précision des épaisseurs
mesurées à l’aide de la technique d’agrandissement car celle-ci est utilisée pour valider et
vérifier l’exactitude de la mesure par la «Laser Multi-Reflection Method » que nous avons
développé et qui est utilisée par la suite pour étudier l’hydrodynamique du film liquide sur un
plan incliné.

Les erreurs qui se cumulent sont :


𝐷𝐷𝑖𝑖𝑚𝑚𝑒𝑒𝑛𝑛𝐷𝐷𝑖𝑖𝐷𝐷𝑛𝑛𝑟𝑟é𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑡𝑡𝑒𝑒𝑒𝑒𝑟𝑟𝐵𝐵𝐵𝐵𝐷𝐷𝐷𝐷𝑒𝑒𝑖𝑖𝑒𝑒𝑒𝑒𝑛𝑛𝑡𝑡𝑒𝑒 ′ 𝑒𝑒𝑥𝑥𝑒𝑒"𝐷𝐷𝑜𝑜"
𝑒𝑒𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑡𝑡𝑐𝑐𝑐𝑐𝑟𝑟 =
𝑁𝑁𝐷𝐷𝑚𝑚𝑁𝑁𝑟𝑟𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑖𝑖𝑥𝑥𝑒𝑒𝑒𝑒𝐷𝐷𝐷𝐷𝑒𝑒𝑟𝑟𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑡𝑡𝑒𝑒𝑒𝑒𝑟𝑟𝐵𝐵𝐵𝐵𝐷𝐷𝐷𝐷𝑒𝑒𝑖𝑖𝑒𝑒
𝑒𝑒𝑛𝑛𝑡𝑡𝑒𝑒 ′ 𝑒𝑒𝑥𝑥𝑒𝑒"𝐷𝐷𝑜𝑜"
Cette erreur est de4 µm.
2.2.1 Les équations gouvernantes

y h(x,
t)
θ
x
g

Considérons le cas bidimensionnel d’un écoulement incompressible en régime transitoire :


𝜕𝜕𝑐𝑐
+ 𝜕𝜕𝜕𝜕 = 0 (2.2.1)
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕

𝜕𝜕𝑐𝑐 𝑐𝑐 𝑐𝑐
+ 𝑒𝑒 𝜕𝜕𝑐𝑐 + 𝑒𝑒 𝜕𝜕𝑐𝑐 = − 1 𝜕𝜕𝑐𝑐 + 𝜈(𝜕𝜕2 + 𝜕𝜕2 ) + 𝑔𝑔 𝐷𝐷𝑖𝑖𝑛𝑛 𝜃𝜃 (2.2.2)
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜌𝜌 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕2
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕2

𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕
+ 𝑒𝑒 𝜕𝜕𝜕𝜕 + 𝑒𝑒 𝜕𝜕𝜕𝜕 = − 1 𝜕𝜕𝜕𝜕 + (𝜕𝜕2 + 𝜕𝜕 2 ) − 𝑔𝑔 cos 𝜃𝜃 (2.2.3)
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜌𝜌 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕2
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕2

Les conditions aux limites associées sont :

Condition d’adhérence

𝑒𝑒 = 0 𝑒𝑒𝑡𝑡𝑒𝑒 = 0 𝑒𝑒𝑛𝑛𝑜𝑜 = 0 (2.2.4)

La condition cinématique à l’interface qui exprime que cette dernière est une ligne matérielle

𝜕𝜕ℎ 𝜕𝜕ℎ
𝑒𝑒 = + 𝑒𝑒 (2.2.5)
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝜕𝜕𝜕𝜕

De plus à l’interface nous avons des conditions sur les contraintes normales et tangentielles à
savoir :
−� �� � +�−𝑒𝑒
+ −� 2𝜇𝜇 𝜕𝜕𝜕𝜕
� 𝜕𝜕𝜕𝜕
𝜕𝜕𝜕 𝜕 𝜕𝜕ℎ 2 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕
− � 𝜕𝜕𝜕 𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕ℎ
𝜕𝜕ℎ 2 3/2
𝜕𝜕ℎ
2
�1+�
𝜕𝜕2ℎ � �
𝜕𝜕𝜕𝜕 �1+� � �
=Υ 𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕𝜕𝜕
(2.2.6)
𝜕𝜕𝑐𝑐
�𝜕𝜕𝜕𝜕 � �1 − �𝜕𝜕ℎ � + 2 𝜕𝜕 𝜕𝜕
=0 (2.2.7)
+
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕 −
𝜕𝜕𝑐𝑐 ℎ
𝜕𝜕 2 � � 𝜕𝜕 � 𝜕𝜕
𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕
𝜕

2.2.2. Régime permanent monodirectionnel (L’approche de Nusselt)


Cette solution n’est valable que pour des très faibles nombres de Reynolds. Dans ce cas
l’écoulement est considéré unidirectionnel, pleinement développé, parfaitement plat et
stationnaire. Les équations sont réduites à : ∂u = 0 donc u n’est fonction que de la variable
∂x

"y". De plus l’équation de conservation de la quantité de mouvement dans la direction y


s’exprime par : 0 = − 1 𝜕𝜕𝜕𝜕 − 𝑔𝑔 cos 𝜃𝜃.Après intégration et en utilisant la condition qu’à
𝜌𝜌 𝜕𝜕𝜕𝜕

𝒐𝒐 = 𝒉𝒉𝟎𝟎 la pression est égale à la pression atmosphérique on en déduit que la pression


n’est qu’une fonction de y.

(𝑜𝑜) = 𝑒𝑒𝑐𝑐 + 𝜌𝜌𝑔𝑔𝑒𝑒𝐷𝐷𝐷𝐷𝜃(ℎ0 − 𝑜𝑜) (2.2.8)

Ce qui permet de réduire l’équation de conservation de la quantité de mouvement dans la


𝑐𝑐
direction x à :0 = +𝜈𝜈(𝑎𝑎22 ) + 𝑔𝑔 sin 𝜃𝜃. En utilisant la condition d’adhérence à la paroi

𝑜𝑜 =
𝑎𝑎𝜕𝜕

0ainsi que la condition que la contrainte tangentielle est nulle 𝒐𝒐 = 𝒉𝒉𝟎𝟎 (où �0
représente l’épaisseur du film correspondant à la solution de Nusselt) on trouve le profil
de vitesse :

(𝑜𝑜) = 𝑎𝑎 sin 𝜃𝜃 (ℎ0𝑜𝑜 − 1 𝑜𝑜 2) (2.2.9)


𝜈𝜈 2

Remarque cette équation sous forme adimensionnelle en introduisant les variables


adimensionnelles suivantes :
y u
Y= ; U= ; u0 = g sin θ h2 (2.2.10)
h0 u0 ν 0

(𝑌𝑌) = 1
𝑌(2 − 𝑌𝑌) (2.2.11)
2

On fait de même pour l’équation de pression (2.2.8). On posera :


(𝑌𝑌) = 𝑐(𝜕𝜕)−𝑐𝑐𝑎𝑎, 𝜒𝜒 = 𝐵𝐵𝐷𝐷𝑡𝑡𝜃𝜃 (2.2.12)
𝜌𝜌𝑐0
𝑐2
On obtient ainsi :

(𝑌𝑌) = 𝜒𝜒 1 (1 − 𝑌𝑌)) (2.2.13)


3𝑅𝑅𝑐𝑐

La vitesse moyennée 𝑒𝑒0 sur la hauteur du film est calculée en intégrant le profil de vitesse :

ℎ0
𝑒𝑒𝑚𝑚𝑝𝑝𝜕𝜕 = 1 ∫ 𝑒(𝑜𝑜) 𝑒𝑒𝑜𝑜 = �𝑎𝑎 sin 𝜃𝜃� ℎ2 (2.2.14)
ℎ0 0 3𝜈𝜈 0

Sous forme
𝑐𝑐𝑚𝑚𝑚𝑚𝜕𝜕
adimensionnelle :𝑚𝑝𝑝𝜕𝜕 = 𝑐𝑐0

𝑈𝑈𝑚𝑚𝑝𝑝𝜕𝜕 = 1
(2.2.15)
3

La vitesse est maximale en y = 𝒉𝒉𝟎𝟎 ce qui permet d’écrire 𝑵𝑵𝒊𝒊 = 𝟐𝟐 𝒊𝒊 𝐬𝐬𝐬𝐬𝐬𝐬 𝜽𝜽 �𝒉𝒉𝟐𝟐 � = 𝟑𝟑 𝑒𝑒𝑚𝑚𝑝𝑝𝜕𝜕
𝟎𝟎
𝟐𝟐 𝝂𝝂 𝟐𝟐

Le débit volumique rapporté à la largeur du plan incliné peut être calculé dans ce cas :

0 ℎ
𝑄𝑄 = ∫ (𝑜𝑜 )𝑒𝑜𝑜 = 𝑒𝑒𝑚𝑚𝑝𝑝𝜕𝜕 ℎ0 = �𝑎 𝑎 sin 𝜃𝜃 � ℎ3 (2.2.16)
0 3𝜈𝜈 0

L’épaisseur du film dans ce cas peut être calculée sur la base du débit volumique par
unité de longueur 𝑄𝑄 à savoir

3 3𝜈 𝜈 (2.2.17)
ℎ0 = 𝑎𝑎 sin 𝜃𝜃
𝑄𝑄

On définit le nombre de Reynolds comme :

𝑐𝑐0ℎ0𝑄𝑄 𝑐𝑐𝑚𝑚𝑚𝑚𝜕𝜕ℎ0 1
𝑅𝑅𝑒𝑒 (2.2.18)
== =
𝜈𝜈 3 𝜈𝜈

𝜈𝜈

Ce modèle demeure valable tant que le nombre de Reynolds inférieur au nombre critique du
seuil d’instabilité rapporté par Benjamin (1957) et Yih (1963).
2.2.3. Les équations adimensionnées

Dans un souci de dimensionner ces équations on introduit :

Le nombre de Kapitza :

𝛾𝛾
Γ (2.2.19)
𝜌𝜌𝜈𝜈4/3(𝑎𝑎𝑝𝑝𝑖𝑖𝑖
= 𝑖𝜃𝜃)1/3

Un temps de référence T = ℎ0. On introduira alors les variables adimensionnelles :


𝑐𝑐0

𝑋𝑋 = 𝜕𝜕 ; 𝑌𝑌 = 𝜕𝜕 ; 𝜏𝜏 = 𝑡𝑡 ; 𝑈𝑈 = 𝑐𝑐 ; 𝑉𝑉 = 𝜕𝜕
. 𝑃= (𝜕𝜕)−𝑐𝑐𝑎𝑎;𝜂𝜂 = ℎ ; 𝜒𝜒 = 𝐵𝐵𝐷𝐷𝑡𝑡𝜃𝜃 ( 2.2.20)
ℎ0 ℎ0 𝑇𝑇 𝑐𝑐0 𝑐𝑐0 2
𝜌𝜌𝑐𝑐
0 ℎ0

Les équations résultantes sont :

𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝑉𝑉
+ =0 (2.2.22)
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕

𝜕𝜕𝜕𝜕
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕
1
+
= 𝑈𝑈
− + + 𝑉𝑉 𝜕𝜕 21𝜕𝜕 𝜕𝜕 2 𝜕𝜕 (2.2.23)
�+ + �
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 3𝑅 𝜕𝜕 𝜕𝜕 3𝑅𝑅𝑐𝑐
𝑅𝑐 𝜕𝜕2 𝜕𝜕2
𝑐

𝜕𝜕𝑉𝑉
𝜕𝜕𝑉𝑉 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝑉𝑉
1
+
= 𝑈𝑈
− + + 𝑉𝑉 2 2 𝑉𝑉
𝜕𝜕
𝜕𝜕 𝑉𝑉 (2.2.24)
� �+

𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 3𝑅 𝜕𝜕 𝜕𝜕 3𝑅𝑅𝑐𝑐
𝑅𝑐 𝜕𝜕2 𝜕𝜕2
𝑐

Avec comme conditions aux limites :

En 𝑌𝑌 = 𝜂𝜂
𝜕𝜕2𝜕𝜕
𝜕𝜕
𝜕𝜕𝑋𝑋2 (2.2.27)
Avec 𝑄𝑄 =0�∫ −(𝜕𝜕 )�
𝜕𝜕𝜕𝜕
�+ 2 ( +𝑉𝑉 )
𝜕𝜕𝜕𝜕
−𝑉𝑉
� 𝜕𝜕
2 𝑋 𝑋 𝜕𝜕 𝑋
−𝑃𝑃 −
𝑋 𝑌 𝑌 𝜕𝜕𝑋 Γ𝑋
=
3𝑅𝑅𝑐𝑐 𝜕𝜕𝜕 (3𝑅𝑅𝑐𝑐 2 3/2
�1+� 𝜕𝜕𝜕𝜕
𝜕 𝜕𝜕𝑋 )5/3 �1+� � �
� � 𝜕𝜕𝑋𝑋
2 𝑋

(𝑈𝑈𝜕𝜕 + 𝑉𝑉𝜕𝜕) 2
�1 − 𝜕𝜕 � � + (𝑈 )] 𝜕𝜕𝜕𝜕 = 0 (2.2.28)
� 𝜕𝜕 2[𝑉𝑉𝜕𝜕 − 𝑈𝜕
𝜕
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕

Parmi les études les plus importantes ayant examiné l’écoulement d’un film liquide sur un
plan incliné, en suivant une approche linéaire, on trouve celles de Benjamin 1957etYih 1963.

Approche Linéaire : La méthode des perturbations :

Pour cela on écrit que le champ de vitesse, de pression ainsi que la position de l’interface
s’exprime comme la somme de la valeur moyenne résultant de l’approche de Nusselt
augmentée d’une petite quantité exprimant la variation autour de cette valeur moyenne :

𝑈𝑈 = 𝓊𝓊 + 𝜖𝜖𝑒𝑒0 ; 𝑉𝑉 = 𝜖𝜖𝑒𝑒 0 ; 𝑃𝑃 = 𝓅𝓅 + 𝜖𝜖𝑒𝑒0 ;= 1 + 𝜖𝜖𝜂𝜂0 (2.2.29)

Avec ԑ≪ . les expressions (.2.2.29) sont injectées dans le système (2.2.22-28) comme suit :

L’équation de continuité (2.2.22) devient

𝜕𝜕𝑐𝑐 𝜕𝜕𝜕𝜕
0 + 0= 0 (2.2.30)
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕

L’équation de conservation de la quantité de mouvement (2.2.23) après développement et


sachant que 𝓾𝓾est indépendante du temps (2.2.11), 𝓹𝓹est une fonction de Y et en négligeant les
termes du second ordre on obtient :

1
𝜕𝜕�𝑐𝑐0 � 𝜕𝜕�𝑐𝑐0 �
0 𝑎𝑎𝓊𝓊 + (𝓊𝓊) + 𝜕𝜕�𝑐𝑐 0 �
= − +
𝜕𝜕 �𝑐𝑐 � 𝜕𝜕 �𝑐𝑐 �
� 2 0 + 2 0� (2.2.31)
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕
𝜕𝜕𝜕𝜕 �𝜕𝜕 2 0 + 𝜕𝜕 2 0� (2.2.32)

𝜕𝜕𝜕𝜕 0 𝜕𝜕𝑐𝑐0 1
𝓊
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕
= − 𝜕𝜕𝜕𝜕
+ 3𝑅 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕2
𝑅𝑐𝑐 𝜕𝜕2

2.2.4. Approche linéaire :


Parmi les études les plus importantes ayant étudié l’écoulement d’un film liquide sur un plan
incliné, en suivant une approche linéaire, on trouve celles de Benjamin 1957 et Yih 1963.On
impose une perturbation à la surface libre du film ayant une longueur d’onde λ et un nombre
d’onde adimensionné k = 2πh0/λ. On introduit la fonction de courant ϕ comme suit :

𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕
𝑒𝑒0 = − 𝑒𝑒0 =
(2.2.33)
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕

Les composantes de la perturbation sont prises sous forme d’ondes élémentaires, sinusoïdales
et périodique (modes propres du problème linéaire) :

𝜙𝜙 = (𝑜𝑜)𝑒𝑖𝑖 (𝑘𝑘𝜕𝜕−𝑤𝑤𝑡𝑡) (2.2.34)

Apres linéarisation des équations autour de l’écoulement d’équilibre on obtient l’équation


d’Orr-Sommerfeld :
𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝑐𝑐
4 − 2𝑘𝑘 2 𝜕𝜕 2 + 𝑘𝑘 4 𝜙𝜙 = 𝑖𝑖𝑘𝑘𝑅𝑅 �(𝑒𝑒 − 𝑒𝑒) �𝜕𝜕 2 − 𝑘𝑘 2 𝜙𝜙� − 𝜕𝜕
2 𝜙𝜙� (2.2.35)
𝜕𝜕𝜕𝜕4 𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕𝜕𝜕2

Avec c= w/k = cr+ ici (Célérité complexe de l’onde)

 En y= 0 :
 En y = h :
𝜙𝜙 = 0 et 𝜙𝜙𝜕𝜕 = 0 (2.2.36)
𝜕𝜕 𝜕𝜕 3
2 + �𝑘𝑘2 −
� 𝜙𝜙 = 0 (2.2.37)
3
𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝑐𝑐−
2

𝑘𝑘 2 𝑅𝑅𝑐𝑐 𝜕𝜕
�3 cot 𝜃𝜃 + � 𝜙𝜙 + 𝑘𝑘 ��𝑒𝑒 − 3� 𝑅𝑅𝑒𝑒 + 3𝑖𝑖𝑘𝑘� 𝜕𝜕𝜕𝜕 − 𝑖𝑖 𝜕𝜕 3 =0 (2.2.38)
3
𝑐𝑐−
2
2 𝜕𝜕𝜕𝜕
tilisant l’intégration analytique dans des situations asymptotiques, Yih 1963 a pu obtenir les
équations de dispersion dans les cas des courtes (k >> 1) et grandes (k << 1) longueurs
d’onde.

2.2.4.1. Les faibles longueurs d’onde ( k >> 1) :

Yih (1963), dans le cas des courtes longueurs d’onde, a obtenu une célérité donnée par :

𝑒𝑒𝑟𝑟 = 3et𝑒𝑒𝑖𝑖 = − 1
� (2.2.39)



2 2 𝜇𝜇𝜕𝜕0

ci< 0 cela veut dire que les modes de courte longueur d’onde sont stables et cela d’autant plus
que la tension de surface est importante.

2.2.4.2. Les grandes longueurs d’onde (k << 1) :

Yih (1963), dans le cas des grandes longueurs d’onde, a obtenu une célérité donnée par

𝑒𝑒 𝑅𝑅𝑐𝑐
= 3et𝑒𝑒 = 𝑘𝑘 �6 𝑅𝑅𝑒𝑒 − cot 𝜃𝜃 − 𝑘𝑘
2 � (2.2.40)
𝑟𝑟 𝑖𝑖 3 𝑊𝑊𝑐𝑐
5

Cela a conduit vers un nombre de Reynolds critique Rec :

𝑹𝑹𝑫𝑫
𝒄 = 𝟓𝟓 𝐜𝐜𝐜𝐜𝐜𝐜 𝜽𝜽 (2.2.41)
𝟔𝟔
𝒄

Ce critère constitue le seuil d’apparition des instabilités.

2.2.5 Approche non-linéaires :

On reprend les équations 2.2.1-2.2.7 adimensionnées comme suit :


𝑋𝑋 = 𝜕𝜕; 𝑌𝑌 = 𝜕𝜕
; 𝜏𝜏 = 𝑡𝑡 ; 𝑈𝑈 = 𝑐𝑐
; 𝑉𝑉 = 𝜕𝜕
. 𝑃𝑃 = 𝜌𝜌𝑔𝑔ℎ0𝐷𝐷𝑖(𝜃𝜃)𝑒𝑒(𝑜𝑜) (2.2.42)
𝜆𝜆 ℎ0 𝑐𝑐0 𝑐𝑐0
𝑇𝑇
On impose une perturbation à la surface libre du film ayant une longueur d’onde λ. On définit
le paramètre ε = h0/λ. Dans le cas grandes longueurs d’onde, ε est petit (ε << 1).

Dans l’approche non-linéaire on distingue deux cas de figure possible : faible et grand
nombre de Reynolds (Re = O(1) et Re = O(ε -1) >> 1 respectivement). Dans le cas du travail
présent on s’intéresse au cas des faibles nombres de Reynolds Re = O(1).

Faibles nombres de Reynolds Re = O(1) :

Pour les petites valeurs du nombre de Reynolds, l’effet de la viscosité l’emporte devant celui
de l’inertie. Cela a permis aux auteurs (tels que Gjevik 1970 et Roskes 1970) d’utiliser
l’hypothèse de lubrification qui consiste à chercher la réponse aux perturbations sous forme
d’un développement en puissances du paramètre ε = h0/λ << 1.

Le nombre de Bond est introduit tel que :

𝐵𝐵𝐷𝐷 = 𝜌𝜌 𝑊
𝑎𝑎ℎ 𝑊 = 3𝑊𝑊𝑐𝑐
sin 𝜃𝜃 (2.2.43)
2
𝑐𝑐 𝑅𝑅
0
𝜎𝜎 = 𝐹𝐹 𝑐𝑐
𝑟𝑟2

En utilisant la fonction courant 𝜙𝜙les équations gouvernantes sont écrites alors :

𝜕𝜕 𝜕𝜕
4 𝜕𝜕= 𝜀𝜀𝑅𝑅𝑒𝑒 𝜕𝜕
𝜕𝜕
� 3 𝜕𝜕�𝜕𝜕� 𝜕𝜕 𝜕𝜕�3�𝜕𝜕� � − 2𝜀𝜀2 + 𝜀𝜀3𝑅𝑅𝑒𝑒 � 𝜕𝜕3 +
+� + � − � + 𝜕𝜕 𝜕𝜕
4
𝜕𝜕 3 𝜕𝜕 𝜕𝜕 3 𝜕𝜕
� 𝜙𝜙 𝜕𝜕
𝜕𝜕𝜕𝜕4 𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 2𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕𝜕𝜕2𝜕𝜕𝑡𝑡
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕3 𝜕𝜕3 𝜕𝜕𝜕𝜕

𝜕𝜕�𝜕𝜕� 𝜕𝜕 𝜕𝜕 3 𝜕𝜕
� + � − 𝜙𝜙 𝜕𝜕3𝜕𝜕 𝜕𝜕4𝜕𝜕
𝜕𝜕 � − 𝜀𝜀4
𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕4
𝜕𝜕 𝜕𝜕3 𝜕𝜕𝜕𝜕2𝜕𝜕𝜕𝜕
(2.2.44)

Cette dernière équation accompagnée des conditions aux limites à la paroi et à la surface libre
est résolue par ordre successif des puissances de ԑ (Nakaya 1975, Gjevik 1970 et Roskes
1970). La solution du système est cherchée sous la forme d’un développement en puissances
de ԑ:

(0)
𝜙𝜙 = + 𝜀𝜀𝜙𝜙(1) + 𝜀𝜀 2𝜙𝜙 (2) + 𝜀𝜀3𝜙𝜙(3) + ⋯ (2.2.45)

Où Փ(n) le terme à l’ordre n de la décomposition.

Ordre zéro en ԑ

À l’ordre zéro (ԑ =0), le système d’équations s’écrit sous la forme suivante :

𝜕𝜕 𝜕𝜕
4 (0) = 0 , ∀(𝑥𝑥, 𝑜𝑜) (2.2.46)
4
𝜕𝜕𝜕𝜕

𝜙𝜙(0) = 𝜙𝜙(0) = 0 , 𝑒𝑒𝑛𝑛 𝑜𝑜 = 0 , (2.2.47)


𝜕𝜕 𝜕𝜕

𝜕𝜕 𝜕𝜕 � �𝜕𝜕� 𝜕𝜕
2 (0) + 𝜕𝜕 2 = 0 𝑡𝑡 𝜕𝜕
3 (0) = 0 , 𝑒𝑒𝑛𝑛 𝑜𝑜 = ℎ (2.2.48)
𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕3
𝜕𝜕2

[𝜙𝜙(h) + 𝜙𝜙�x(ℎ)] = 0 (2.2.49)


𝜕𝜕𝜕𝜕

La solution à l’ordre zéro est donnée par :


𝜕𝜕 𝜕𝜕 3
3 (0) = − (1 − ℎ ) 2 (2.2.50)
𝜕𝜕𝜕𝜕3 2

On introduit cette dernière solution dans la condition cinématique du précédent système


d’équations, on obtient l’évolution de l’épaisseur du film à l’ordre zéro en ԑ décrite par:

𝜕𝜕ℎ 𝜕𝜕ℎ
+ 3ℎ2 =0 (2.2.51)
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝜕𝜕𝜕𝜕
Ordres supérieurs en ԑ :

Lin 1974et Gjevik1970 ont obtenu une expression analytique à l’ordre O(ԑ2) en supposant que
le fluide a une tension superficielle suffisamment forte pour que le nombre de Bond soit du
même ordre O(ԑ2). Nakaya1975 a poussé l’analyse jusqu’à O(ԑ4) et a obtenu une équation
valable pour des faibles tensions de surface (Bo = O(ԑ))., cette équation peut être mise sous la
forme :

𝜕𝜕ℎ 𝜕𝜕ℎ 𝜕𝜕 ℎ 𝜕𝜕 ℎ 𝜕𝜕ℎ


+ �ℎ3 + 𝐴𝐴(ℎ) + 𝐵𝐵 (ℎ) 2 + 𝐵𝐵 (𝜕𝜕ℎ
ℎ) 3 ( ) 2 ( )
+ 𝐸𝐸(ℎ) � � = (𝜀𝜀 )(2.2.52)
3
𝜕𝜕ℎ 𝜕𝜕 ℎ
2 + 𝐷ℎ �3 � + 𝐸𝐸 ℎ
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝜕𝜕𝜕𝜕3 � 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕
𝜕𝜕
𝜕𝜕𝜕𝜕2

Les coefficients A à F dépendent des nombres de


Reynolds de Bond ainsi que de l’inclinaison θ. À l’ordre
O(ԑ2), la solution de
Il est à signaler que pour un nombre de Reynolds élevé (Lee and Mei 1996, Alekseenko et al.
1985,Trifonov et Tsvelodub1991, Prokopiou et al.1991) les équations précédentes ne sont
plus valables.

Prokopiou et al. 1991 ont considéré le cas d’un nombre de Reynolds élevé pour lequel les
équations ont été linéarisées autour d’un profil de Nusselt normalisé en supposant une
épaisseur ayant la forme h = 1 + η . Ils ont obtenu l’équation suivante :

𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 𝜕𝜕 3
2 5 + 2.4 2 + 1.2 2 + +3𝜕𝜕𝜂𝜂
−1𝜕𝜕𝜂𝜂 − cot 𝜃𝜃 − 2
𝜕𝜕 𝜕𝜕
4 =0 (2.2.54)
𝜕𝜕3
�− 𝜕𝜕 𝜕𝜕
𝜕𝜕
3 � +
𝜕𝜕𝑡𝑡2 𝜕𝜕𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕2 𝑅 3 𝜕𝜕𝑥𝑥 𝜕𝜕 𝜕𝜕𝜕𝜕3 𝑊𝑊𝑒𝑒 𝜕𝜕𝜕𝜕4
𝜕𝜕𝑡𝑡 𝑅 𝜕𝜕𝑡𝑡𝜕𝜕𝜕 𝑡𝑡
𝑒𝑒 𝜕2

En supposant une épaisseur de la forme η ≈ ei(kx-ωt) , Prokopiou et al.1991 ont trouvé une
valeur critique du nombre de Reynolds tel que :

𝑹𝑹𝑫𝑫𝒄𝒄 = 𝐜𝐜𝐜𝐜 𝜽𝜽 (2.2.55)

On retiendra dans ce qui suit la mise en évidence de ces deux valeurs critiques du nombre de
Reynolds valeurs seuils des instabilités. Ces valeurs seront comparées ensuite aux données
expérimentales obtenues à travers la méthode LMRM.
Chapitre 3 : Résultats et Discussio
3.2. Mesures expérimentales et discussion
Les mesures expérimentales ont été menées avec un angle d’inclinaison θ variant de 1° à 10°
avec un pas de 1° et un nombre de Reynolds Re compris entre 14 et 26. L’épaisseur du film
liquide est mesurée simultanément à diverses positions le long du plan incliné. L’Ecoulement du
film liquide sur un plan incliné présente deux principaux régimes :

-. Le Régime Stable d’Ecoulement : Ceci correspond aux faibles valeurs


d’inclinaison et de nombre de Reynolds où le film liquide présente une interface parfaitement
plate.

-. Le Régime Instable d’Ecoulement : Ce régimes correspond aux valeurs d’inclinaison


ou le nombre de Reynolds est supérieur à sa valeur critique où l’écoulement est caractérisé par la
déformation de l’interface liquide-fluide (gaz ou liquide).

Le critère de transition, entre le régime stable et instable de l’écoulement d’un film liquide sur un
plan incliné, rapporté en 1957 par Benjamin à travers le seuil des instabilités exprimé par un
nombre de Reynolds critique à savoir :

5
𝑅𝑅𝑅𝑅𝑐𝑐4 = cot 𝜃𝜃 (3.1)

Comme souligné au deuxième chapitre Liu et al. 1993 ont retrouvé ce même critère
expérimentalement avec un décalage moyen inférieur à 10% mais la méthode utilisée pour
déterminer la valeur critique du nombre de Reynolds reste à discuter.

En plus de l’examen des divers régimes d’écoulements il a été entrepris, à travers ce travail, de
vérifier le critère de transition expérimentalement. Les points de mesures sont repartis le long du
plan, sur lequel le film s’écoule, en des positions suffisamment éloignées de la zone d’injection.
Pour chaque inclinaison une variation graduelle du débit liquide est imposée jusqu'à l’apparition
des premières déformations de l’interface. La détection des oscillations primaires est précise
compte tenu de la technique utilisée. Tout le système est isolé afin d’assurer que l’origine des

26
instabilités n’est ni d’ordre mécanique ou thermique. A ce titre, on notera le bruit thermique,
dans un tel cas, peut avoir deux principale sources : les faisceaux Laser et la variation de la
température environnante. Pour ce qui est de l’apport thermique par faisceau Laser, l’élévation
de température, du film liquide, provoquée s’exprime par :

∆𝑇𝑇 = 𝑃𝑃 𝑡𝑡
𝑚𝑚 𝐶𝐶𝑝𝑝 (3.2)

P : Puissance du laser utilisé (W)

t : le temps durant lequel le film liquide est exposé au laser (s)

m : masse de l’eau utilisée pour le test (kg)

Cp : capacité calorifique du liquide (J K-1 kg-1)

Dans ce cas l’élévation maximale serait de 0.0019° C sur la base d’une puissance totale du Laser
(1 mW), d’absence d’écoulement et sur le temps de mesure le plus élevé (environ t =160 s).
Tenant compte du fait que les mesures se font en écoulement et que le faisceau laser principal est
divisé en 6 faisceaux secondaires, avant d’atteindre la surface libre du film liquide, l’élévation
serait nettement inférieure à 0.0019°C. On peut ainsi considérer que les propriétés physiques du
fluide ne sont pas affectées (Kestin et al. 1978). La température externe a été mesurée à intervalle
régulier durant la durée d’acquisition sans variation notoire.

3.3.1 Ecoulement du Film Liquide en Régime Stable

Ce régime d’écoulement concerne les faibles inclinaisons et valeurs du nombre de Reynolds, où


la surface du film liquide est parfaitement plate. Les forces qui servent à maintenir l’interface à
sa position d’équilibre (gravité e tension superficielle) prennent le dessus sur celles cherchant à
la déformer. Dans ce cas la formulation de Nusselt est applicable pour prédire l’épaisseur « h n »
du film à savoir :
3𝜈𝜈
𝑛h = � 1
𝑔𝑔 sin 𝜃𝜃
𝑛
𝑄𝑄𝑣𝑣 �3 (3.3)

Pour un nombre de Reynolds fixé l’effet de la variation de l’inclinaison est exploré sur la
distribution de l’épaisseur. Les résultats obtenus sont présentés sur la figure3.2 On note, comme
attendu, que la distribution de l’épaisseur moyenne du film diminue lors de l’augmentation de
l’inclinaison mais demeure la même le long du plan incliné pour une valeur donnée de
l’inclinaison.

Figure 3.2: Distribution de l’épaisseur du film liquide en fonction de l’inclinaison en différentes


positions Re =25.7.

3.3.2. Evolution de l’épaisseur h (XN,t) du film liquide

Un exemple de mesure de l’épaisseur du film liquide est présenté en figure 3.3. Cette figure
décrit l’évolution spatiotemporelle de l’épaisseur du film liquide s’écoulement sur un plan
d’inclinaison de 5° avec un nombre de Reynolds de l’ordre de 25.7.

On peut observer la propagation et l’amplification de la perturbation en aval de l’écoulement. La


célérité moyenne des vagues, entre deux positions successives « XN » de mesure, peut être
déduite en triant le temps de passage « tN » de la vague au niveau de chaque position de mesure,
cette positon étant connue, on peut remonter à la vitesse « C » telle que :

𝑋𝑋𝑁𝑁−𝑋𝑋𝑁𝑁−1
𝐶𝐶 =𝑡𝑡𝑋𝑋𝑁𝑁 −𝑡𝑡𝑋𝑋𝑁𝑁−1 (3.4)

La figure 3.4 présente, pour une inclinaison de 6° et un nombre de Reynolds de 18.61, un


exemple de mesure de la célérité d’une instabilité interfaciale pour une amplitude maximale. On
note que les instabilités s’amplifient en se déplaçant vers l’aval comme le montre la figure 3.5.

Figure 3.3 : Exemple de mesure de l’épaisseur du film liquide pour une inclinaison de 9° et Re
=25.7.
Figure 3.4 Exemple de mesure de la célérité des vagues entre deux points de mesures successifs
pour une inclinaison de 6° et un nombre de Reynolds de 18.61.

La position “xmoy” est la distance moyenne entre deux points de mesure successifs X N-1 et XN

L’amplitude relative maximale « A » des instabilités ondulatoires, en chaque point de mesure,


peut être obtenue à travers la mesure de l’évolution de l’épaisseur du film liquide au cours du
temps. Cette amplitude est calculée par rapport à l’épaisseur moyenne du film, à savoir :

h𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚−h0
𝐴𝐴 = h0 (3.5)

L’évolution spatiale, suivant l’axe de l’écoulement « ox », de l’amplitude correspondante à ce


dernier cas est présentée dans la figure 3.5 où on observe une augmentation de l’amplitude
indiquant qu’effectivement que les instabilités sont plutôt convectives. On pourrait aussi
associer cette amplification à la combinaison de perturbations d’autant plus que la figure 3.4
montre une diminution de la vitesse moyenne des perturbations. Il serait opportun à ce stade
d’examiner la longueur d’onde.
Figure 3.5 Evolution de l’amplitude des instabilités le long du bac d’étude pour une inclinaison
de 6° et un nombre de Reynolds de 18.61

En analysant les graphes traduisant l’évolution spatiotemporelle de l’épaisseur du film liquide,


nous pouvons déduire la fréquence « f » des instabilités ondulatoires d’où le calcul des longueurs
d’onde « λ »correspondantes en utilisant les valeurs de leur célérité « C » précédemment
mesurés, telle que :
𝐶𝐶
𝜆𝜆 =
𝑓𝑓 (3.6)

Figure 3.6 Evolution de la longueur d’onde des instabilités le long du plan incliné de 6° et un
nombre de Reynolds de 18.61.
Un exemple de la déduction de la longueur d’onde, à partir des données expérimentales, est
donné en figure 3.6. On observe au début de grandes longueurs d’ondes alors qu’au fur et à
mesure qu’évolue l’écoulement, le long de « ox » les ondes deviennent plus courtes et puis se
saturent. Cela indique qu’effectivement il y a une recombinaison des perturbations et donc un
effet plutôt tridimensionnel. En résumé la figure 3.3 indique une amplification de la perturbation
signifiant que l’instabilité est convective ensuite les figures 3.4 et 3.5 révèlent une interaction des
perturbations entrainant un ralentissement et une combinaison de ces dernières.

Le nombre de Froude est un paramètre très important dans les écoulements à interface libre de
façon générale. Il représente le rapport entre la vitesse et la force de pesanteur qui s'exerce sur
celle-ci, il est calculé en utilisant la valeur moyenne temporelle de l’épaisseur « h0 » et celle de la

vitesse moyenne de l’écoulement «U� », telle que :



𝐹𝐹𝐹𝐹 = 𝑈𝑈
�𝑔𝑔h0 (3.7)

Le régime d'écoulement torrentiel Fr> 1 et le régime fluvial a lieu dans le cas contraire.

D’autre part, le nombre de Froude exprime le rapport entre les forces d’origine inertielles
(cherchant à déformer l’interface) et celles d’origine gravitationnelle (essayant de ramener
l’interface à sa position d’équilibre).

La figure 3.7 présente un exemple de calcul du nombre de Froude à partir des données
expérimentales obtenues pour un angle d’inclinaison de 6° et un nombre de Reynolds de 18.61le
long du plan incliné.
Figure 3.7 : Nombre de Froude le long du bac d’étude pour une inclinaison de 6° et un nombre
de Reynolds de 18.61.

La figure 3.7 est un exemple de calcul du nombre de Froude à travers les mesures
expérimentales, on note que la valeur de ce dernier est légèrement supérieure à 1 ce qui peut être
interpréter par le fait que l’inertie l’emporte sur la gravité mais reste du même ordre de grandeur.

La variation de l’épaisseur du film en un point (X=26 cm) pour diverses valeurs du nombre de
Reynolds, en fonction de l’inclinaison, est fourni en figure 3.8.
Figure 3.8 : évolution de l’épaisseur moyenne du film liquide à x= 26 cm dans la gamme des inclinaisons
et débits considérés.

En observant les résultats expérimentaux représentés sur la figure 3.8, on remarque que la
variation de l’épaisseur moyenne du film liquide en fonction de l’angle d’inclinaison présente
une évolution globale commune pour les différentes valeurs de nombre de Reynolds. L’épaisseur
du film liquide peut être relié à l’angle d’inclinaison et au nombre de Reynolds comme suit :
1

h0 = 𝑎𝑎h(sin 𝜃𝜃) 3 (3.8)

Cette expression a la même forme générale que celle de Nusselt par contre l’amplitude est une
fonction du nombre de Reynolds, comme indiqué sur la figure 3.9, et se présente sous la forme :
1
𝑎𝑎h = 0.5 (𝑅𝑅𝑅𝑅)3 − 0.6464 (3.9)
Figure: Variation du paramètre de fitting ‘’ah’’ en fonction du nombre de Reynolds à x=26 cm.

Donc, on peut retrouver une corrélation reliant l’épaisseur moyenne du film liquide en
écoulement a l’angle d’inclinaison (1°< θ < 10°) et au nombre de Reynolds telle que :
1
0.5 (𝑅𝑅𝑅𝑅)3−
h = 0.6464 (3.10)
0 1
Sin3 𝜃𝜃

La corrélation obtenue est d’une importance majeure dans, elle permet de prédire l’épaisseur
moyenne du film connaissant l’angle d’inclinaison et le débit. Elle peut être utilisée dans
plusieurs domaines industriels faisant appel aux écoulements des films liquides telle que le
revêtement des plaques, l’industrie du papier et les photo-bioréacteurs où la connaissance de
l’épaisse du film est indispensable. Son importance se traduit aussi dans le fait qu’elle permet de
faire une estimation de l’épaisseur moyenne du film dans une gamme ou l’écoulement est
instable ou la formule de Nusselt n’est plus valable. Donc la corrélation obtenue offre une
solution au problème de prédiction de l’épaisseur dans les deux cas d’écoulement, stable et
instable.

En se basant sur le critère de stabilité définit au préalable (Eq.3.1), le régime d’écoulement stable
correspond aux valeurs de 3° pour l’angle d’inclinaison et 18 pour le nombre de Reynolds. On a
trouvé qu’il serait important d’examiner la limite d’applicabilité de la formule de Nusselt dans la
prédiction de l’épaisseur moyenne du film liquide en écoulement. On a calculé le décalage relatif
« gap », en pourcentage, entre l’épaisseur mesurée expérimentalement et celle prédite par la
formule théorique de Nusselt dans les gammes considérées d’inclinaison et du nombre de
Reynolds, telle que :

𝑔𝑔𝑎𝑎𝑔𝑔
h =
mesurée− h𝑛𝑛
100 ∗ (3.11)
h𝑛𝑛

Les résultats obtenus sont représentés sur la figure 3.10. Cette carte fournit une information très
importante concernant la prédiction de l’épaisseur moyenne du film liquide en écoulement. Elle
représente une sorte d’évaluation expérimentale de la fiabilité de la formule théorique de Nusselt.

On note que le décalage entre la mesure expérimentale et la prédiction théorique reste inférieure
à 10% même pour des valeurs d’inclinaison et de nombre de Reynolds qui correspondent à un
écoulement de film en régime instable (figure 3.2). Ceci peut être expliqué par le fait que les
instabilités ondulatoires présentent des longueurs d’ondes relativement élevées comparées à
l’épaisseur du film lors de leur apparition (10*h à 20*h), où la surface peut être considérée
comme quasi-plate. Quand les valeurs de l’inclinaison et/ou celles du nombre de Reynolds
augmentent, les instabilités deviennent plus importantes en amplitude (figure 3.5) et plus courtes
(figure 3.6)en terme de longueur d’onde, ce dernier paramètre prend des valeurs de même ordre
de grandeur que l’épaisseur du film, ce qui ne permet plus de considérer l’hypothèse des « long
waves ».Ceci est traduit par l’augmentation en termes de décalage entre la théorie et
l’expérience.
Figure: Distribution du décalage relatif entre l’épaisseur prédite et mesurée.

La carte présentée en figure 3.10 est d’un intérêt certain aux processus industriels incluant un tel
écoulement. En fonction du gap (jugé acceptable dans le processus), la carte permet de prédire
l’épaisseur du film liquide, tout en utilisant la formule théorique de Nusselt (Eq. 3.3) avec une
précision qui dépend des conditions d’écoulement du film (Re et inclinaison). Ceci facilitera
l’accès à la valeur moyenne de l’épaisseur spécialement dans les cas où la mesure expérimentale
n’est pas évidente (film opaque ou conduite opaque).
3.3.3. Critère de transition stable-instable

Figure: Valeurs critiques du nombre de Reynolds pour un écoulement de film liquide conduit par la
gravité.

La figure présente l’évolution de la valeur critique Re c du nombre de Reynolds en fonction de


l’angle d’inclinaison « θ »pour les cas rapportés théoriquement par Benjamin 1957,
expérimentalement par Liu et al. 1993 et la présente étude.

Les résultats obtenus dans notre cas conduisent vers un critère de transition stable-instable
exprimé par :

𝑹𝑹𝑹𝑹𝒄𝒄 = 𝐜𝐜𝐜𝐜𝐜𝐜 𝜽𝜽 ( 3.12)


Ce résultat représente un critère expérimental donnant alors la valeur du nombre de Reynolds
au- delà de laquelle les instabilités ondulatoires naissent à la surface d’un film liquide
gravitaire Newtonien pour des inclinaisons variant entre 1° et 10°. On note que nos résultats
expérimentaux sont en accord avec ceux de Prokopiou et al. 1991 retrouvés en utilisant la
théorie de stabilité non-linéaire. La différence avec les résultats de Benjamin peut être
expliquée par le fait que dans les travaux de cet auteur, et ceux qui lui sont similaires (Yih
1955 et 1963), des approximations, ont été introduites, afin de simplifier les équations pour
pouvoir les résoudre en utilisant la théorie linéaire de stabilité ou avec une approche
faiblement non-linéaire. Liu et al.1993 ont basé leur déduction de la valeur critique du
nombre de Reynolds sur la mesure de la fréquence de coupure du signale, les résultats
obtenus sont lissés pour remonter à ces valeurs critiques. La précision et la sensibilité de
l’approche expérimentale n’étaient pas du même ordre de grandeur comparativement au
présent travail qui permet de détecter le Reynolds critique dès la moindre mouvement de
l’interface.

3.4 Conclusion

Un montage expérimental est conçu puis construit dans le but de générer un écoulement de
film liquide sur un plan d’une inclinaison et débit réglables. Ce montage offre la possibilité
d’étudier l’hydrodynamique du film liquide en mettant l’accent sur l’influence de l’angle
d’inclinaison et du nombre de Reynolds sur la dynamique interfaciale en utilisant la technique
expérimentale L.M-R.M développée au cours de la présente thèse. Cette étude est faite à
travers l’ensemble des nombres adimensionnels habituellement utilisés dans le cas d’un tel
écoulement tel que : Re, Fr et Bo.

Une investigation est initialement menée dans le but de détecter la naissance des instabilités
ondulatoires à la surface du film liquide en suivant une approche qualitative. Une correction,
de 25 %, du critère régissant la transition stable-instable est apportée à celui déjà existant dans
la littérature donnant ainsi une corrélation plus exacte ayant une importance dans plusieurs
applications industrielles.

La dynamique interfaciale est aussi abordée à travers un groupe de nombres adimensionnels


tels que les nombres de Froude et de Bond, permettant alors d’analyser l’effet des forces
régissant le mouvement de la surface du film liquide.

Une étude, de l’effet de l’inclinaison du plan et du débit sur la dynamique de l’écoulement, a


conduit vers un ensemble de nouvelles corrélations. Ces corrélations concernent les

39
principaux paramètres régissant ce type d’écoulement.

Une interaction entre les instabilités ondulatoires à la surface du film liquide, déjà observée
dans la littérature, est quantifiée pour la première fois. Cette quantification est introduite sous
forme de corrélations qui concernent la variation de l’amplitude et de la longueur d’onde
avant est après l’interaction.

40

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