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Avant-propos
Le second XXe siècle a donné naissance à une réflexion majeure au niveau théorique,
tout au moins sur le continent européen détruit par une deuxième guerre mondiale aux
conséquences si dévastatrices pour l'esprit et si terrifiante pour la dignité du genre humain. Cette
réflexion a remis à plat tout ce qui était connu du langage musical si bien que le mot de radicalité a
pu prendre toute sa place au sein d'une problématique qui a accordé à l'expérimentation droit de
cité.
Introduction
On assiste à un séisme culturel sans précédent dans l'histoire de la musique au XXe siècle,
entre la capitulation de l'Allemagne nazie en 1945, l'édification du mure de Berlin en 1961, sa
destruction en 1989 et la révélation de la théorie boulézienne en 1963 (Penser la musique
aujourd'hui).
Darmstadt en Allemagne de l'Ouest est un lieu de rencontres et une pléiade pour les
compositeurs. La recherche de nouvelles théories, la publication d'écrits importants sur le langage
et le temps musical favorisent l'éclosion d'un climat favorable à la réflexion individuelle et
collective.
Penderecki a contribué à faire sortir la musique polonaise hors de ses frontières. Son œuvre
s’est affirmée dès la fin des années 1950 : Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1960)
pour 52 cordes, De natura sonoris n°1 (1966) pour orchestre. De natura sonoris n°2 (1971) pour
orchestre témoigne de la première phase de ses recherches et autres expérimentations sonores à
l’aide d’une codification graphique tournée vers la gestualité et la vision du trait. Penderecki s’est
mis à concevoir une musique proche de l’expérimentation basée sur la sonorité globale et ses
conséquences mais en ayant recours à des instruments traditionnels. La notation musicale en fût
réévaluée : Penderecki soumit au chef et aux instrumentistes une véritable nomenclature
orchestrale répertoriée dans la page de garde de la partition et comparable à un mode d’emploi.
L’ activité constante dont parle Cage est l’exercice d’indétermination : elle fait taire la
volonté de puissance du compositeur. Ce qui le distingue des autres musiciens, c’est une ouverture
à la non-œuvre : en tant que compositeur, il vise à déterminer non plus la nature de la musique
comme essence, mais l’essence de la musique comme nature.
Toute sa vie, Cage a cherché à libérer les sons. Initié à la philosophie orientale et au zen, il
crée une conception nouvelle du silence, une audace qui revendique le hasard y compris dans
l’interprétation musicale. Dès 1938, l’invention du piano préparé permet à Cage de développer une
attitude singulière. Les Sonates et interludes pour piano préparé (1946/1948) comprennent seize
sonates et quatre interludes et sont représentatives d’une période d’innovation reliée à la théorie des
rasas, déduite des neuf sentiments permanents de l’esthétique hindoue. Dans la théorie, il y a quatre
saveurs claires (l’érotisme, l’héroïque, le merveilleux, et le comique), quatre saveurs sombres
(l’odieux, le furieux, le terrible, et le pathétique), et une saveur commune aux huit autres (la
tranquillité).
Cage fait sensation avec 4’33’’ (1952) où le pianiste doit rester immobile et doit ressusciter
l’informe, le silence et l’instant. L’expérimentation chez lui trouve un terrain favorable à développer
des rapports entre l’ouïe et la vue.
Depuis 1969, l’interaction entre les arts visuels et la musique sont de plus en plus présents.
Compositeur prolifique, Rihm suit les conseils donnés par Stockhausen de ne pas se fixer. Sa
musique est hérissée de contrastes. Sa production comprend des œuvres scéniques (opéra de
chambre tel Faust und Yorick (1976), poèmes dansés, pièces de théâtre musical telle Oedipus
(1985/1987)) des œuvres symphoniques, des œuvres de musique de chambre.
Au XXe siècle, les musiques d’après la musique entraient dans le domaine du conflit, de la
mémoire, de la transformation créatrice d’une pièce, d’une vision originale transmise, du passé
revisité.
Après s’être détaché de toute influence sérielle, Gorecki a choisi de travailler dans une
langue musicale simple, dépouillée, statique, néo-tonale. Des œuvres telles que Miserere (1981) ou
Quasi una fantasia (1990/1991) portent les traces d’une histoire tourmentée, marquée par la
seconde guerre mondiale.
Pärt a fait plusieurs volte-face dans sa vie de compositeur : le milieu des années 1970
montre une immersion dans le passé revisité en ayant recours à la modalité héritée du Moyen-Age
et à la polyphonie de la Renaissance ; en 1980, Pärt quitte son pays d’origine et reconnaît
l’influence des compositeurs minimalistes, favorisées par l’éclosion de son nouvel univers
compositionnel.
Terry Riley
Terry Riley demeure pour le grand public le concepteur de l’œuvre la plus évocatrice qui
soit : In C (1966).
Dans les années 1960/1970, il se tourne vers les œuvres solo pour claviers électroniques et
saxophone. Il fût l’un des premiers à utiliser le principe du « retard sur bande » (ou Tape delay).
Plus tard naîtra une série d’œuvres de musique de chambre.
Steve Reich
Steve Reich a étudié la composition avec Berio. Il n’emploie pas le terme de « répétitif »
pour qualifier sa musique, mais plutôt Repeating patterns, c’est-à-dire « motifs qui se répètent ».
Sa technique compositionnelle est fondée entre It’s a gonna rain (1965), qui met en boucle le
sermon sur le déluge du prêcheur Frère Walter enregistré à San Francisco, et Drumming (1971), sur
un processus de déphasage progressif.
L’une de ses sources d’inspiration est l’aspect inhumain et insensé de la Seconde Guerre
Mondiale : Different trains (1988), œuvre dans laquelle Reich utilise l’échantillonneur (sampler).
L’urbanité n’est pas étrangère à ses préoccupations : City life (1994) en est l’exemple le
plus représentatif. Image sonore de New-York, on y entend des bribes de conversation, des klaxons,
claquements de porte, signaux sonores de métro, coups de marteau, …
L’orientation récente de Reich le porte à réaliser des ouvrages où la notion de théâtre
musical documentaire intervient au premier plan. The cave (1993) est divisé en trois actes. Dans
chaque acte sont posées les mêmes questions à différents groupes de personnes : Israéliens,
Palestiniens, Américains.
Philip Glass
Philip Glass a travaillé la composition musicale avec Nadia Boulanger. Il a rejeté
l’orientation musicale des sérialistes européens pensant qu’il ne pouvait aller plus loin que
Stockhausen.
Il fonde en 1967 le Philip Glass Ensemble, groupe amplifié. Il trouve un champ
d’application qui repose sur des principes basés d’une part sur la répétition et d’autre part sur la
persistance d’une formule rythmique ou harmonique.
Il a composé une quinzaine d’opéras, dont Einstein on the beach (1976). Il accueille et
valorise comme réalisation l’idée d’une transformation de la société par des personnalités qui ont eu
un impact considérable.
John Adams
John Adams se méfiait de l’influence des écoles. En 1985, il entame une collaboration avec
une poète et un metteur en scène.
Sa production touche à des domaines variés : Century Roll (1996) se réfère à la musique
pour piano mécanique, Naive and Sentimental music (1997/1998) est une pièce pour orchestre où il
illustre le souhait de conserver l’esprit de l’enfance, Guide to Strange Places (2001) s’inspire de la
Provence, My Father Knew Charles Ives (2003) imprime une musique savante.
En 2002, il rend hommage aux victimes de la tragédie du 11 Septembre 2001 dans On the
Transmigration of Souls In Memory of September 11, 2001.
VII/ L'aura du spectralisme français peu enclin à se conjuguer au futur antérieur et à proclamer la
fin de l'histoire
Il existe une filiation italienne due à la rencontre avec Scelsi (auteur épris de philosophie
bouddhiste et compositeur) par Murail et Grisey. Scelsi a notamment composé cinq Quatuors, qui
reflètent une pensée sur la sonorité : la musique spectrale. Située aux antipodes de la musique
sérielle, ce courant musical a déferlé avec une certaine réussite sur la musique française.
Une partie de l’histoire de la musique française la plus récente s’est établie à partir de cette
réflexion sur les composants du son et la possibilité par la théorie d’aller plus loin dans le champ
illimité de ses applications grâce aux progrès de l’informatique musicale.
Ces musiques ont trouvé un moyen de diffusion efficace : la fondation de l’Ensemble
Itinéraire.
Hugues Dufourt
Dufourt fonde en 1977 le Collectif de Recherche Instrumentale et de Synthèse Sonore
(CRISS) avec Bancquart et Murail. A partir de 1982, il est le responsable du Centre d’Information
et de Documentation en Recherche Musicale (CID-RM) et met en place un DEA de musique et
de musicologie à l’IRCAM en 1989. Ce compositeur-philosophe a participé aux activités du groupe
l’Itinéraire de 1976 à 1982.
Théoricien de la musique spectrale, il avoue avoir exploré les demi-teintes, les clairs-obscurs
et les fonds sombres de la peinture ancienne.
Gérard Grisey
Grisey a suivi les cours de Messiaen et de Dutilleux, ainsi que des séminaires de
Stockhausen, Ligeti et Xenakis. Cette solide formation lui a permis de s’orienter vers une voie de la
radicalité dans l’expression du devenir des sons.
Il occupa les fonctions de professeur de Composition au CNSMDP à partir de 1986. Il
restera comme le représentant le plus important d’un courant qu’il a lui-même contribué à créer.
Il est le promoteur d’un nouvel espace harmonique et sonore à partir de la résonance en réinventant
une construction suivant les propriétés acoustiques du son.
Considérant les traités d’orchestration comme désuets, Grisey plaide pour une analyse
spectrale des instruments grâce à l’emploi des sonagrammes et spectrogrammes.
Grisey s’intéresse à la synthèse instrumentale et aux sons résultants (et par conséquent à ce
qui entoure chaque intervalle et complexe de sons). Son œuvre Les espaces acoustiques
(1974/1985) illustre bien cet aspect : conçu comme un grand crescendo, on part de la pièce soliste à
l’œuvre pour grand orchestre.
Michaël Levinas
Cofondateur du groupe Itinéraire en 1973, Levinas est professeur d’analyse au CNSMDP. La
notion clef pour entrer dans son univers est « Qu’est-ce que l’instrumental ? » (Conférence
donnée en 1982). Il inclut de multiples interférences dont la mutation du timbre, l’amplification,
l’hybridation, la dimension théâtrale et son goût pour la voix.
Opposé à toute préoccupation qui pourrait dénaturer la facture instrumentale, il s’est orienté
vers la synthèse des sons pour repenser la mutation instrumentale et appréhender ses dimensions
implicites.
Un aspect important de la recherche de Levinas porte sur les hybridations de sons
instrumentaux par synthèse numérique. De ce travail conçu à l’IRCAM entre 1988 et 1991 est né
Préfixes (1991). L’œuvre a pour objet de centrer l’hybridation sur le transitoire d’attaque des sons.
Tristan Murail
Ancien élève de Messiaen, Murail est l’un des artisans du renouveau musical français en
réaction au sérialisme. Il est l’un des fondateurs de l’ensemble Itinéraire et a toujours revendiqué un
art musical en opposition totale aux compositeurs qui continuaient à fabriquer des combinaisons
abstraites sur le papier.
Il est un compositeur qui accorde la plus grande importance au phénomène sonore. Il a
également été un des pionniers dans l’utilisation de l’ordinateur dans la composition musicale.
Avant d’avoir eu recours à l’informatique musicale, Murail s’est intéressé aux propriétés du
son en ayant recours à l’analyse acoustique. Sa préoccupation majeure est de rendre pensable les
nouvelles dimensions du son et de rendre compte d’organisations qui intègrent à la composition
d’autres catégories en commençant par observer qu’il n’y a pas forcément de limite aisément
décelable entre son et bruit.
Il reconnaît l’influence de la musique électronique (échos, boucles, réverbérations, …).
HISTOIRE DES MUSIQUES
DES XXe ET XXIe SIECLES
- Musique électroacoustique -
Le Thereminvox, conçu en 1920, par Theremin, est le premier instrument électrique qui
stimule l’imagination des compositeurs (dont Varèse).
L’onde Martenot permet des modes d’expression sonores radicalement nouveaux : timbres
inouïs, glissando, vibrato. Cet instrument a engendré la composition de plus de 400 œuvres
(Messiaen, Jolivet, Milhaud, Murail, …)
Synchronisation interprète/électronique
Les œuvres mixtes pour instrument et électroacoustique apparaissent très tôt dans
l’histoire de la musique électroacoustique. Jazz et Jazz est l’un des premiers exemples de cet
alliage. Il s’agit d’une pièce pour piano et bande.
Le synthétiseur analogique
La première tentative de produire des sons complexes et imitant les instruments de
l’orchestre aboutit à la construction d’un gigantesque synthétiseur (1952/1955). Dès 1955,
les musiciens voyaient leur profession menacée par une machine.
Un grand bouleversement intervient en 1964, avec l’apparition des synthétiseurs
modulaires, dits analogiques.
IV/ MIDI
La norme MIDI a été conçue en 1983 pour permettre le pilotage de plusieurs synthétiseurs à
partir d’un seul clavier. Le principe de MIDI est dérivé du mode de contrôle gestuel instrumental.
Le MIDI a connu un énorme succès, et permet aujourd’hui de connecter toutes les
machines d’un studio de musique électronique.
L’idée du MIDI vient de Smith. L’acronyme signifie Musical Instruments Digital
Interface (Interface numérique d’instruments de musique).
Les informations de jeu sont multiples. Elles sont des codages de plusieurs dimensions du
jeu musical : hauteur, nuance, choix de l’instrument. La durée des sons n’est pas une donnée MIDI :
elle est représentée par deux actions (début d’une note et fin d’une note).
Les hauteurs sont représentées par des nombre entier, où le code 60 correspond au do sous la
clef de sol. Les instruments sont représentés par des nombres entier, où le 1 correspond au Grand
Piano Acoustique, le 7 au Clavecin, …
Le MIDI possédait ses limites : on ne pouvait représenter seulement 128 instruments par
exemple.
Malgré ces limites, l’avènement de MIDI a permis de créer des studios personnels.
L’industrie du logiciel a donc connu une croissance vertigineuse. Ce sont ensuite les séquenceurs
qui virent le jour dès 1985. A l’origine, ils permettaient de représenter une partition musicale, mais
dès les années 1990, ils s’étendirent aux fichiers de son.
V/ Temps réel
Les œuvres écrites avec un dispositif de sons calculés en temps-réel sont appelées « pour
instruments et dispositif électronique ». Elles se différencient des œuvres pour instruments et
bandes magnétiques : permettre aux musiciens de jouer la musique sans avoir la contrainte d’une
déroulement temporel inflexible. C’est l’enjeu des systèmes en temps-réel. Pour cela, il faut
permettre à l’ordinateur de suivre le jeu des instrumentistes afin de se situer à chaque instant dans
l’évolution de la partition.
VI/ Représentation des signaux
Amplitude/temps
Amplitude/fréquence
Fréquence/temps
Représentation combinée
Les catégories de signaux
La synthèse de Fourier
VII/ La musique électroacoustique dans le champ de la musicologie
Les sources documentaires des œuvres
Le domaine de l’étude des musiques électroacoustiques
VIII/ Appendices
Table des cinq périodes
Technologies pionnières de l’enregistrement et de la transmission du son
Tables des sigles
III/ L’évolution du format longue durée d’un format de distribution en un format de création
Les formats ont évolué à partir de 1959 avec l’accroissement des ventes des albums à
l’unité, et à partir de 1963 avec la commercialisation des cassettes préenregistrées.
Les précurseurs
Parmi les nombreux projets de Meek, I Hear a New World était celui qui lui tenait le plus à
cœur. Il a commencé à travailler à son enregistrement en 1959. Il avait prévu de structurer
l’ensemble de cet enregistrement en l’envisageant comme la bande originale d’un film composé de
12 scènes. L’enregistrement était supposé illustrer les sons de la vie sur la Lune telle que l’imaginait
Meek. Dans le principe, on était proche de la musique à programme.
Au même moment, Cash le musicien de country et western, s’apprête à faire paraître son
huitième album Ride This Train. Il souhaitait utiliser un procédé qui associait chaque plage à un
texte lu par Cash en guise d’introduction. Ces textes visaient à ramener l’auditeur à l’idée directrice
de l’album. Le concept de l’album était donc d’un voyage imaginaire en train au cours duquel on
revisitait l’histoire des Etats-Unis au travers de lieu ou personnage de l’histoire.
En 1965, Wilson va franchir un nouveau pas vers la transformation du format longue durée
en un format de création avec l’enregistrement de Pet sounds. Wilson a ajouté à la cohérence sonore
de Spector l’idée d’une cohérence d’écriture : chaque chanson était originale et non une reprise.
En 1966, Zappa enregistre Freak out. Il y introduit un procédé inédit dans les musiques
populaires enregistrées : la suppression des décrochements lors du mastering, c’est-à-dire
l’opération qui suivait directement le mixage. C’est pendant cette opération que les titres étaient
assemblés de manière à constituer une bande dite master, tandis qu’un fragment de bande vierge
d’environ trois secondes était inséré entre les titres. C’est ce que l’on appelait des décrochements.
Le fait de supprimer ces décrochements contribuait à unifier la face de l’album en créant
l’illusion d’une séquence musicale continue.
Avec du recul, on se rend compte aujourd’hui que le premier concept album est celui des
Beatles, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, sorti en 1967. Il marque l’aboutissement du
processus : cohérence thématique (spectacle de vaudeville américain ou de music-hall britanique),
cohérence sonore, suppression des décrochements, ajout d’une plage supplémentaire qui renforce la
cohésion formelle de l’album (reprise de la première plage).
C’est à New-York que va aboutir à l’apparition du DJ au sens moderne. Noel est le premier
DJ qui incarne cette évolution. Il rejoint en 1965 la discothèque Chez Arthur. Il va y poser les bases
de la technique du mix, c’est-à-dire du mélange de disques. Avant ce développement, les DJs se
contentaient de passer des musiques en prévoyant un temps mort ou une intervention leur laissant
le temps de changer de disque. Noel va mettre au point un système composé de deux platines
tourne-disque, dont chacune est munie d’un potentiomètre qui permet d’agir sur son niveau. Il va
adapter ces platines en remplaçant le tapis de caoutchouc disposé entre le disque vinyle et le plateau
par un feutre, de telle sorte qu’il devient possible de maintenir le disque en position, tandis que le
plateau continue de tourner. Le succès de ces enchaînements reposait davantage sur la connaissance
des enregistrements que sur la maîtrise technique.
Le second DJ ayant contribué à l’évolution du métier est Grasso. Avant de devenir DJ,
Grasso fréquentait les discothèques en tant que danseur, ce qui l’aidait à comprendre les attentes du
public. Il avait également une solide expérience de batteur. Il va perfectionner sa technique du
mix en commençant par relever méticuleusement le tempo de ses disques à l’aide d’un métronome.
Il pouvait ainsi sélectionner ses disques en fonction de leur capacité à s’enchainer, en créant
l’illusion d’une pulsation continue. En 1969, la marque Thorens va commercialiser les premières
platines équipées de la fonction permettant de maintenir un tempo identique sur un disque, et va
permettre à la technique du beat mixing de s’imposer dans l’art du DJing. Cette stabilité du tempo
va s’imposer comme une nécessité avec l’apparition dans les années 1970 de la musique disco,
spécialement conçue pour les discothèques.
En 1972, c’est Bozak qui va perfectionner le premier modèle de mixette, qui va s’imposer
comme un standard dans le monde du DJing. Cette mixette ajoutait un système d’égalisation
paramétrique qui permettait d’agir sur certaines bandes de fréquences : fonction utile pour les DJs
de club qui amplifiaient les basses et la grosse caisse pour mettre en avant la pulsation.
En 1977 naît la PMX 7000. Elle disposait d’un crossfader permettant de contrôler le niveau
sonore des platines à l’aide d’un curseur.
Lors de l’enregistrement de Night Fever par le groupe Bee Gees, les producteurs vont
sélectionner deux mesures sur la piste de batterie, puis les copier sur une bande séparée afin d’en
faire une boucle. Cela permettait d’obtenir une pulsation métronomique sur l’ensemble de la
chanson.
Kool Herc était un DJ qui avait pour habitude de privilégier la puissance sonore dans son
équipement. En 1973, il remarque les danseurs affectionnaient particulièrement certains passages de
ses disques. Il va donc concevoir une technique visant à prolonger ces passages. Cette technique
consistait à disposer deux exemplaires du même disque sur la double platine et d’enchaîner les
lectures. On appelait cette technique le quick mixing : le DJ pouvait désormais restructurer à
volonté les disques en procédant à de vrais montages.
Le premier DJ à maîtriser cette technique est GrandMasterFlash. Il est également l’initiateur
du body tricks, mouvements et positions acrobatiques qui rendent la tâche du DJ plus difficile.
L’autre technique qui a permis à la platine tourne-disque d’accéder au statut d’instrument de
musique est le scratching. On doit cette innovation à Grand Wizard Theodore. La technique
consiste à accélérer ou ralentir le disque avec sa main droite, ce qui avait pour effet de diminuer
ou d’augmenter le tempo et la hauteur ; pendant ce temps, sa main gauche contrôlait le niveau de
sortie de la platine.
L’échantillonnage numérique
La commercialisation des premiers échantillonneurs numériques abordables en 1986 va
permettre de faire évoluer la forme d’échantillonnage primitive (c’est-à-dire l’extraction d’un
disque) en rendant possible le fait de prélever un échantillon de quelques secondes de musique
avant de le traiter en modifiant à volonté sa hauteur, son tempo, …
C’est grâce à ces appareils que l’utilisation de boucles va devenir courante dans les
musiques populaires des années 1980/1990.