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Des mesures immédiates (l’autogestion) ont été prises pour remédier à cette situation
avant qu’une stratégie de développement ne soit mise en place
1
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
2
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
D’après cet auteur, le rôle dévolu aux industries, c’est de créer les moyens matériels
(machines) dont a besoin l’économie algérienne (notamment l’agriculture), pour augmenter
la productivité, et en parallèle, celles ci doivent constituer un marché qui absorbera les
produits des autres secteurs (réaliser une symbiose entre l’industrie et l’agriculture).
Ce modèle se présente comme un meilleur moyen pour asseoir une base industrielle
qui n’existait pas auparavant). Il permettra l’articulation de l’économie nationale et favorisera
la lutte contre le chômage et le sous emploi.
1
- A. BEN ACHENHOU, planification et développement en Algérie 1962-1982, 1980, p.25.
2
- Idem
3
- S. BEDRANI, l’agriculture algérienne depuis 1966- étatisation ou privatisation. op, Cit, 1981.
3
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
- Fournir les biens alimentaires à la population se trouvant dans les villes avec un coût
minimum. Cet objectif répond à une logique d’accumulation dans le secteur industriel. Cela
exige une forte croissance dans le secteur agricole pour pouvoir accompagner la croissance
de moyens physiques et d’augmenter le pouvoir d’achat ;
Le secteur public, quant à lui, est vu comme un moyen de réalisation des opérations
du plan. Celui ci joue un rôle prépondérant dans la mise en place de la politique
économique. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre les multiples moyens utilisés
pour son renforcement (la nationalisation, l’appropriation par la collectivité des moyens de
production).
4
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Pendant cette période, l’effort de l’épargne nationale est très élevé. Ce taux passe
de moins 20% en 1965 à 47% à la fin de 1973, pour atteindre 46% en 19774. Ce taux
d’épargne dépasse en moyenne 35 %. Ce qui amène l’Algérie à occuper une place
privilégiée, en termes d’investissement à l’échelle mondiale. Si on se réfère aux étapes de
développement économique, arrêtées par W.W.ROSTOW, l’Algérie a rempli largement le
critère de décollage économique qui se réalise lorsque le taux d’investissement net passe
de 5 % à 10% ou plus5.
A la fin des années 1970, plus exactement en 1978 et 1979, une halte en matière de
planification est observée, afin d’établir un bilan de réalisation et engager une réflexion sur la
décennie1980, sans pour autant arrêter les investissements. D’ailleurs, durant ces deux
années précitées, un montant de 56 milliards de dinars pour la première année et 65 milliards
de dinars pour la deuxième année devaient être dépensé, afin de parachever les programmes
précédents.
Le décès du Président HOUARI BOUMEDIENNE, en 1978, a engendré un
changement politique. A cet égard, la nouvelle équipe dirigeante au pouvoir a poursuivi la
planification pendant la décennie 1980. Désormais, la priorité est accordée, plus
particulièrement, aux équipements sociaux (pour une vie meilleure).
Deux (02) plans de développement ont été adoptés pendant cette décennie qui
s’étalait sur cinq (05) ans pour chacun d’eux. Le 1er plan allant de 1980 à 1984 et
le 2ème plan de 1985 à 19896.
4
- M.T. NADIR, l’agriculture algérienne dans la planification en Algérie de 1967-1977 , o.p.u, 1982, p. 91.
5
- M. E . BENISSAD, économie de développement de l’Algérie, sous développement et socialisme, o.p.u et
économica, 1979, p.46.
6
- En réalité, sous l’effet de la crise du contre choc pétrolier intervenu en 1986, le deuxième plan quinquennal a
été abandonné.
5
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Années
Structures 67 / 69 % 70 / 73 % 74 / 77 % 80 / 84 %
des investissements
Agriculture, Hydraulique, Pèche 1,62 17,41 4,94 17,80 16,72 15,16 47,10 11,75
Dont l’Agriculture 1,26 13,54 2,92 10,52 12,00 10,88 20,00 4,99
Industries et Hydrocarbures 5,40 58,08 12,40 44,60 48,00 43,57 154,50 38,56
Dont Hydrocarbures 2,27 24,40 4,57 17,01 19,50 17,69 63,00 15,72
- Les investissements du 2ème plan quadriennal ont atteint 110 milliards de dinars (en
1974 à 1977), soit 293 % d’augmentation par rapport au premier plan quadriennal ;
- Et à 400 milliards de dinars lors du 1er plan quinquennal 1980 à 1984, soit 363 %
d’augmentation par rapport au deuxième plan quadriennal.
• De 1967 à 1969 83 %,
• De 1970 à 1973 69 %
• Et de 1974 à 1977 71 %
6
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Ces déséquilibres intersectoriels ont été accentués au profit de l’industrie lors des
réévaluations des coûts des projets inscrits dans les plans ainsi que l’introduction d’autres
projets non prévus dans les programmes.
Par ailleurs, les montants accordés sont tous supérieurs à ceux qui ont été prévu
pour l’industrie. Tandis que, les autres secteurs ont vécu le phénomène inverse comme le
montre bien le tableau suivant :
Dans l’ensemble, les montants accordés pour tous les secteurs confondus, sont
beaucoup plus supérieurs à ceux initialement prévus, à cause de la faiblesse dans la
planification, la flambée des prix du pétrole et le non respect des délais de réalisation (ce qui
engendre des surcoûts).
Il est clair que malgré l’importance des sommes consommées, les réalisations
physiques demeurent en deçà des attentes.
Le taux des restes à réaliser est éloquent, il varie de 47% à 61,3% pendant la période
allant de 1967 à 1977 (avec une moyenne de 58%), cette situation nous renseigne sur les
difficultés rencontrées à concrétiser les opérations planifiées.
Le tableau n° 03, ci-après, montre la vulnérabilité de cette situation dans le domaine
de la planification (tous secteurs confondus):
7
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Tableau n°04 : La part des investissements agricoles prévus dans les investissements
totaux (En millions de DA)
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Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
L’allusion faite au secteur de l’hydraulique dans ce point est dictée par les objectifs
qui lui ont été assignés qui sont :
L’évaluation de ces deux modes de financements est illustrée dans le tableau n°10, ci-après,
On constate la prédominance des concours temporaires qui représentent un peu plus de
2/3 du total des crédits. La plus grande partie de ces crédits est destinée au secteur public
auquel sont accordées toutes les facilités contrairement au secteur traditionnel. A l’image des
autres secteurs, le taux de consommation des crédits est très faible, il est inférieur au taux
moyen durant toute la période, exception faite, du premier plan triennal 1967-1969.
7
- Note : les chiffres sont arrondis.
9
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Tableau n°05 : Les types de crédit accordés à l’Agriculture (En milliards de DA).
Concours définitifs Concours temporaires
PERIODES Total des crédits
Nombre en % Nombre en %
1967-1969 1,2 0,4 33,3% 0,8 66,7%
1970-1973 2,9 1,0 37,5% 1,9 62,5%
1974-1977 12,0 4,5 37,5% 7,5 62,5%
1978 2,9 1,0 34,4% 1,9 65,6%
1979 3,5 0,9 28,6% 2,6 71,4%
1980 3,9 1,0 25,6% 2,9 74,4%
1981 4,5 1,5 33,3% 3,0 66,7%
1982 4,5 1,6 35,7% 2,9 64,3%
Source : H. TOULAIT, op. Cit, p.306.
Tableau n°06 : Taux de réalisation des investissements dans l’agriculture (milliards de DA).
Agriculture 1,35 1,39 102 5,63 2,14 38 16,75 5,85 35 16,44 7,49 47
Les raisons de ces faibles taux de réalisations des investissements dans le domaine
agricole sont multiples. On peut citer d’une part, le retard enregistré dans le domaine
industriel qui a fortement pénalisé l’agriculture par la non disponibilité des matières
intermédiaires, et d’autre part, la marginalisation du secteur privé.
8
-A. HERSI, op, Cit, p.93.
10
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
a)- L’assemblée générale des travailleurs, qui est constituée par l’ensemble des
travailleurs au sein du domaine agricole ; elle a pour mission :
- D’adopter les programmes de l’exploitation ;
- D’élire le conseil des travailleurs ;
- De contrôler les activités des autres organes de l’autogestion ;
9
- Décret de Mars 1963 portant organisation de l’ autogestion et Décret de Juillet 1963 portant création
l’ONRA
10
- H.TEMMAR. Stratégie de développement indépendant. OPU.1980.
11
- Idem, p.126.
11
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
b)- Le conseil des travailleurs : élit par l’assemblée générale. Ce conseil est un organe
chargé d’exécuter les décisions prises au niveau de l’assemblée générale. En outre, ce conseil
des travailleurs est chargé de réaliser ce qui suit :
Il apparaît, de ce qui précède, que le conseil des travailleurs est l’organe principal sur
lequel repose la gestion de l’exploitation, étant donné qu’il est investi de pouvoirs élargis au
sein de l’exploitation.
c)- Le Comité de gestion : Il est issu du conseil des travailleurs et son effectif ne dépasse
pas douze (12) membres. Son rôle est de prendre les décisions nécessaires à l’activité de
l’exploitation et plus particulièrement :
d)-Le président du comité de gestion : Il est élu par l’assemblée générale pour une
période de trois (03) années. Il représente le collectif des travailleurs au niveau de
l’exploitation et dans tous les actes de la vie publique, notamment :
12
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
En fait, un directeur nommé, détient le droit de blocage de toute décision non conforme
à la politique définie par l’Etat ; ce qui limite considérablement le champ d’action de
l’autogestion.
Organigramme12.
MINSTERE DE L’AGRICULTURE
PRESIDENT DIRECTEUR
Le secteur autogéré s’est développé sur les terres abandonnées par les colons après
l’indépendance. Il s’agit d’un secteur qui a bénéficié des efforts appréciables en termes
d’investissements, qui consistaient à l’introduction de nouvelles cultures et de procédés de
mécanisation. En outre, les terres dont dispose le secteur autogéré sont les plus riches et se
situent dans les plaines de la MITIDJA, ANNABA et CHLEF…etc.
12
-H. TOULAIT, op. cit, p.188.
13
- D. BEN AMRANE, op. cit, p.121.
13
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
G.MUTIN écrit à ce sujet : "Il n’existe aucune corrélation entre la taille des domaines
et le système de cultures pratiqué ou la surface moyenne des exploitations coloniales dont ils
sont issus. Ainsi les domaines viticoles de la Mitidja occidentale sont de taille relativement
restreinte contrairement aux domaines viticoles de l’Est de la Mitidja qui sont
les plus vastes15".
2. Le secteur privé
2.1. Les systèmes de production
Le secteur privé reste, en termes de superficie, majoritaire malgré la réforme agraire.
Il occupe près de 59 % de la totalité des terres agricoles utiles (SAU), l’équivalent
de 04.415.000 hectares.
SUPERFICIE
DESIGNATIONS %
o Secteur autogéré (Ha) 2.046.000 27
o Secteur Révolution Agraire (Ha) 1.036.000 14
Total … 3.082.000 41
Superficie agricole utile
(SAU) o Secteur privé (Ha) 4.415.000 59
Total général… 7.497.000 100
Source : MARA cité par S. BEDRANI, l’agriculture algérienne face au marché mondial. Ouvrage collectif, les
politiques agraires en Algérie, vers l’autonomie ou la dépendance CREA, p.42.
14
- BENAMARANE, op. Cit, p. 220.
15
- G. MUTIN, "L’agriculture en Mitidja" in problème agraires au Maghreb, CRESM, CNRS, 1977, p152, cité par
TOULAIT, op, Cit, p. 213.
14
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Le secteur regroupe un grand nombre de petites exploitations. Cette situation est due
à deux facteurs de reconditionnement de l’espace agricole couvert par ce secteur :
Sur le plan de l’organisation, les exploitations du secteur privé sont gérées par leurs
propriétaires qui y travaillent avec leurs familles. La production de ce secteur est destinée à
leur subsistance, à laquelle s’ajoute parfois une faible part destinée au marché et qui se
pratique dans les grandes exploitations.
Le travail salarial est fortement réduit à cause de la faiblesse des moyens de ces
exploitations. L’utilisation temporaire d’ouvriers saisonniers intervient lorsque la force de
travail familial n’est pas suffisante pour accomplir certaines tâches conjoncturelles.
16
- La charte de la Révolution Agraire a délimité la propriété agricole dans le secteur privé à 5 hectares.
17
- Secrétariat d’Etat au Plan. Directives pour les études socio-économiques par zones sur l’agriculture,
Annexe III à l’enquête socio économique sur l’OUED-RHIOU. Tome IV. Système de production et Révolution
Agraire. Décembre 1974. Alger. Cité par S. BEDRANI. op. cit, pp. 284-286.
18
- Le système de production est défini par les chercheurs du Secrétariat au Plan et du Ministère de
l’Agriculture, Cité par S. BEDRANI. op cit p.284, comme un moyen permettant d’analyser et d’apporter "une
explication d’ensemble des mécanismes de fonctionnement" des exploitations émanant de la comparaison des
facteurs de production et des modalités de leur mise en œuvre, les formes sociales d’appropriation, des facteurs
de production et du produit.
15
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
16
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
se trouvant dans des fourchettes de 20 à 50 hectares en sont mieux équipées. Le fait, qui est
aussi caractéristique, est que ces exploitations fournissent 39% de blé tendre.
- Une concentration de plus de 31% des superficies agricoles privées dans des
exploitations qui dépassent 50 hectares par exploitation. Leur nombre ne dépasse pas 1 % de
leur total ;
- Une mécanisation importante par rapport aux autres formes d’exploitations : elles
détiennent 37 % des tracteurs et 52 % des moissonneuses batteuses ;
19
- Enquête réalisée par le Ministère de l’Agriculture et de la Révolution Agraire (MARA), " Main d’œuvre dans
le secteur privé", 1968, cité par S. BEDRANIi op. Cit, pp 284-308.
17
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Par ailleurs, l’amélioration des conditions de vie des masses rurales par une
promotion sociale et culturelle constitue un autre enjeu à relever par cette entreprise
(la Révolution Agraire).
Certains auteurs notent que les objectifs de la Révolution Agraire sont très
ambitieux22, dans la mesure où ils touchent même aux domaines se situant en dehors du
secteur agricole et rural.
20
- Les économies du Maghreb, CNRS, p. 32, cité par T. BENHOURIA, L’économie de l’Algérie. FRANCOIS
MASPERO, 1980, p.191.
21
-"La Charte de la Révolution Agraire" citée par A. BENACHENHOU, Idem, p.174.
22
-Parmi ces auteurs, M.T NADIR, qui qualifie les objectifs de la Révolution Agraire d’utopie, op. Cit, p.39.
18
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Agraire". Chaque phase touche à la structure foncière des terres appartenant au même
mode d’appropriation. Cependant, la révolution Agraire ne touche pas les terres appartenant
au secteur autogéré.
Les dates de lancement des trois phases, les terres concernées par les nationalisations et
les superficies délimitées par chaque phase sont arrêtées dans le tableau ci-après :
19
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
- Les Groupements d’Entre Aide Paysanne (GEP). Il s’agit de regroupement par des
moyens financiers ou pour demander dans un cadre collectif des crédits pour l’acquisition de
matériel agricole, que les agriculteurs, individuellement, ne peuvent prétendre l’acquérir ;
- Les Groupements de Mise en Valeur (GMV). C’est la forme qui précède le type
d’organisation le plus important et le plus évolué qui est les CAPRA. Ces groupements ont
pour objectif la viabilisation de l’exploitation et la mise en valeur des terres. Après avoir
concrétisé ces deux objectifs, le groupement sera divisé en CAPRA.
20
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Cependant, dans cette forme de coopératives, la présence d’un directeur peut ne pas
avoir lieu dans la mesure où son existence est facultative. Ce cas de figure, on le retrouve
particulièrement, dans les coopératives de type inférieur qui sont mises sous la tutelle des
23
coopératives de type supérieur .
Les coopérateurs n’ont pas reçus la formation qui leur permettait de comprendre et
d’appliquer les règles régissant la coopérative. Ce handicap de taille a donné naissance à
une désorganisation interne qui s’est manifestée par :
21
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
place de CAPRA ont entraîné la constitution des groupes hétérogènes formés de l’addition
d’attributaires d’origines diverses (géographique, familiale, professionnelle) et pour lesquels,
il est difficile de faire émerger un sentiment de solidarité".
- Un autre problème est celui lié à la structure physique des CAPRA qui sont, pour
la plus part d’entre elles, constituées de parcelles éloignées les unes des autres, cela ne
permet pas de les exploiter dans de bonnes conditions, ce qui a poussé les coopérateurs à
l’abandon de certaines parcelles.
- En outre, les CAPRA ont perdu leur autonomie et initiative au profit de la tutelle.
Ce qui n’a pas permis la réussite de cette forme d’organisation.
La comparaison des résultats produits aux prévisions arrêtées, nous permet de tirer les
conclusions suivantes :
- En effet, initialement, l’objectif prévu est de réinstaller 424.000 familles sur des
exploitations privées de moins de 10 Ha et 500 000 familles de paysans sans terres.
Cependant, jusqu’en 1978 et parmi les 230 277 demandes, il n’y avait que 143 144
candidatures retenues puisque remplissant les conditions requises à l’attribution et lesquelles
représentent à peu près 15 % de fellahs possédant de petites propriétés ainsi que des paysans
sans terres.
22
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
23
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
1. Le système d’approvisionnement
1.1. Le système d’approvisionnement des exploitations agricoles et ses incohérences
L’approvisionnement des exploitations agricoles est soumis au monopole de l’Etat,
que ce soit dans le domaine de l’équipement ou bien dans le domaine de fournitures
d’intérêts agricoles. Un certain nombre d’organismes ont été créés afin de parrainer
l’opération d’approvisionnement (dans le cadre d’un schéma général) dans le but de
permettre la coordination des interventions de différentes natures.
24
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
24
Schéma des circuits d’approvisionnement
Société Nationale
De l’Industrie ou
Importation
CAPCS.
Livraison des moyens
Remarque : L’administration intervient au niveau national ou wilaya pour vérifier la conformité des besoins exprimés avec
les prévisions du plan et le déroulement des livraisons
24
- T. NADIR, OP, cit, p. 386.
25
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
la Coopérative Agricole Spécialisée dans les Services de Réparation (CASSR) qui assure la
maintenance du matériel des exploitations agricoles.
b)- L’Office National de l’Approvisionnement du Secteur Public Agricole
(ONAPSA) : Il est spécialisé dans l’approvisionnement du secteur public agricole en facteurs
de production et de consommables. Au niveau local et régional, c’est la Coopérative
Agricole de Services et d’Approvisionnement (CASSAP) qui remplit la tâche de fournitures
et de préparation des semences et des consommations intermédiaires.
c)- L’Office Algérien Interprofessionnel de Céréales (OAIC) : Il est chargé de fournir
aux exploitations les semences de céréalières et de légumes secs.
d)- L’Office National des Aliments de Bétail (ONAB) : Il est spécialisé dans la
fourniture des aliments de bétail. C’est à ce dernier que revient le rôle de régulateur
(orientation et financement) dans la mesure où il est responsable de tous les centres avicoles
et des unités de production et de transformation des aliments de bétail.
e)- La Coopérative Agricole Spécialisée dans les Services de l’Aménagement Rural
(CASSAR) : Elle a pour rôle de réaliser les travaux d’infrastructures pour les exploitations
agricoles publiques.
Cependant, le fonctionnement du circuit d’approvisionnement a révélé un certain
nombre de lacunes et d’incohérences parmi lesquelles on peut citer :
26
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Il est à signaler que si la situation du secteur agricole public est peu reluisante sur le
plan de l’approvisionnement, le secteur privé, quant à lui, rencontre des problèmes plus
importants étant donné qu’il est servi en dernier lieu.
b)- L’Office des Fruits et Légumes d’Algérie (OFLA) : Il est créé en 1969 et vient
pour remplacer les formes précédentes de fonctionnement coopératif dans la
commercialisation des fruits et légumes. Ce dernier est alimenté par la COFEL (Coopérative
des Fruits et Légumes). Il consiste à transférer ses excédents au niveau des communes au
profit de l’OFLA. Le manque d’infrastructures de stockage et de conditionnement a engendré
d’énormes pertes et a gêné considérablement l’évolution de l’activité de cet office.
27
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
3. Le système de financement.
Le financement de l’agriculture a connu deux (02) phases importantes et distinctes :
- La première phase est celle de l’ONRA qui intervient pour financer le secteur
agricole autogéré. Les exploitations agricoles bénéficient de crédits secrétés par cet Office
dont les fonds émanent du budget de l’Etat. Au niveau régional et local, l’Office est
représenté par les caisses de prévoyance agricole (SAP) avec l’aide des Caisses du Crédit
Agricole Mutuel (CACAM).
Par ailleurs, le financement du secteur agricole privé n’a pas connu un encouragement
lui permettant de se développer. Il n’y eu que de faibles montants accordés par les banques
dans le cadre des crédits d’investissement ou de crédits de campagne.
A cet effet, au cours des campagnes agricoles de 1967 à 1969, 1970 à 1973 et de 1974 à
26
1977, le secteur privé a eu droit respectivement aux montants suivants :
- Crédits d’investissement………: 343, 250 et 111 milliards de dinars ;
- Crédits de campagne agricole…: 13, 80, 124,9 et 67 milliards de dinars.
25
- D’après A. BEN HALIMA, le système bancaire algérien, textes et réalité, DAHLEB, 2ème édition 2001.
La création de BADR intervient après la restructuration de la BNA en Mars 82.
26
- A. BRAHIMI, Economie Algérienne, opu, 1991, pp. 238 et 239.
28
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Donc, on peut dire que la faiblesse des crédits dans le financement du secteur agricole
autogéré et privé a beaucoup amenuisé leurs possibilités d’améliorer leurs capacités de
production.
Organigramme du circuit de financement de l’agriculture
Trésor Public
CONSULTATIONS
SAP
27
- Enquête citée par M. TOULAIT, op, cit, p.216,
29
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
TABLEAU n°11 : Production annuelle moyenne des céréales (en million de Qx)
Source : G. MUTIN in «Agriculture et dépendance alimentaire en Algérie» Maghreb-Machrek n°90, 1980, Cité
par H. TOULAIT, op. Cit, p.69.
28
- L’annuaire statistique du Ministère de l’Agriculture, Cité par H. TOULAIT, op Cit, p.71.
30
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
- La préparation du sol et les semailles ne sont pas réalisés d’une façon adéquate
entraînant une mauvaise implantation (non respect dans l’application des itinéraires
techniques) ;
29
- Ces chiffres sont tirés de A. BRAHIMI, op. Cit. p.242.
30
- D. BELAID, Aspect de la céréaliculture algérienne, opu, ALGER, 1986. p.4.
31
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
il y a eu une progression dans la production pour atteindre 660 000 Qx/An ; en 1979,
cette production passe à 531 000 Qx/An.
Tableau n°13 : Production des légumes secs (en milliers de Quintaux et Hectares)
Campagnes agricoles 1967-1969 1970-1973 1974-1977 1978-1979
Superficie moyenne (ha) 82 86 96 110
Production annuelle moyenne 404 421 666 531
Objectifs du plan 500 670 1 240 -
Rendement Qx/Ha 05 05 07 44
Source : A. BRAHIMI, Tableau n°54, op. Cit, p.244.
Les objectifs du plan ne sont pas réalisés notamment lors des deux (02) plans
quadriennaux où le taux de réalisation des objectifs est de l’ordre de 63% pour le premier
plan et de 54% pour le deuxième plan. Quant à la superficie occupée, elle varie
entre 82.000 Ha et 110.000 Ha entre 1967 à 1979. On constate qu’il y a une extension
continue des superficies consacrées aux légumes secs qui sont considérés comme des
produits de première nécessité. Pour cela, l’administration à fixer leurs prix, mais cela n’a
pas encouragé la production de cette culture malgré son importance.
Parmi les produits les plus importants, en termes de production, on trouve la pomme
de terre qui évolue avec un taux moyen annuel de 11,27%. Les tomates avec un taux
d’évolution annuel de 3,8%, en plus d’autres produits tels que le melon et la pastèque, les
31
carottes et aussi d’autres produits .
31– Ces chiffres sont tirés d’A.BRAHIMI, op. Cit, tableau n°55, p.245.
32
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
Les superficies des cultures maraîchères ont évolué au détriment des autres cultures
notamment les céréales et les légumes secs.
A signaler aussi que la production des huiles d’olives connaît une perturbation d’une
saison à une autre malgré que la superficie cultivée a doublé de 1967 à 1982, en passant de
90 000 Ha à 180 000 Ha.
33
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
TABLEAU n°15: Résumé de la production des agrumes, des fruits à noyaux et à pépins
(en milliers ha et en quintaux)
Campagnes agricoles 1967 / 1969 1970 / 1973 1974 /1977 1979 / 1983 1984
Agrumes :
- Superficie
47 49 49 47 47
- Production moyenne
4 410 5 143 5 100 4 000 4 200
- Rendement (Qx / Ha)
94 105 105 85 93
Arbres à noyaux et Pépins
- Superficie (millier d’Ha)
12 21 48 60 86
- Production moyenne (Qx)
580 610 960 1 200 3 400
- Rendement (Qx / Ha)
- 37 37 40 50
Source : H. TOULAIT, op. Cit. Tableau n°11 e t12, pp.77-79.
A cet effet, malgré les efforts déployés dans le but d’améliorer la production laitière
en important massivement des vaches laitières à haut rendement (5.000 litres par an). La
production laitière n’a pas pu atteindre les objectifs escomptés à cause de la sécheresse et des
conditions d’accueil peu conformes aux normes requises. Pour cela, ces vaches laitières
importées ne produisaient, en moyenne, que 2 000 litres par an et par vache.
Selon les données du tableau n°16, ci-dessous, les productions animales ont évolué
avec un taux annuel moyen de 4,5 % au cours de cette période pour la production laitière.
Mais cette progression n’a pas pu satisfaire les besoins en la matière, ce qui explique
l’évolution rapide des importations en passant de l’ordre de 44 % de la production locale en
1967 à 127,50% de la production locale en 1982.
34
Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
TABLEAU n°16 : Evolution des productions animales (en 100 000 tonnes et 100 000 Litres).
Années
1967 1973 1977 1982 1984
Désignation
Production Laitière
Production 482 550 700 742 708
Importation 213 302 677 946 -
Viandes rouges
Production 76 100 118 140 160
Importation 0,5 - 14,5 58 -
Source : Constitué à l’aide des données des tableaux de H. TOULAIT, op. Cit. n°15 et n°16. pp. 92-95
et A. BRAHIMI, op. Cit, tableau n°59, p. 249.
Conclusion du chapitre
Nous avons vu dans ce deuxième chapitre que l’agriculture algérienne, durant la
période de planification, est mise à la disposition de l’industrie pour la disponibilité des
matières premières d’un côté et de l’écoulement des produits industriels de l’autre côté.
En somme, la couverture des besoins alimentaires par la production nationale n’a pas
cessé de reculer, passant de près de 93 % en 1967 à environ 30 % au début des années 1980.
La progression des besoins en produits agricoles est comblée par une importation de plus en
plus diversifiée.
La dépendance alimentaire est devenue pour certains produits de base très importante
dont la part des importations des céréales a atteint près de 60%, des légumes secs 86% et
32.
plus de 50% pour les produits laitiers en 1984
La stratégie algérienne de développement s’est basée sur la mise en place d’un tissu
industriel lourd. Le choix de ce modèle est dicté par un certain nombre de facteurs objectifs
et subjectifs en même temps. Celui-ci préconise la création d’une complémentarité entre les
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Chapitre 2 : L’agriculture algérienne durant la planification
branches de l’économie algérienne dont l’industrie joue un rôle moteur censé entraîner la
croissance dans les autres secteurs d’activités.
Pour rappel, les formes d’organisation dans le secteur agricole sont de trois (3) types
que sont : le secteur autogéré installé juste après le départ des colons afin de combler le vide
laissé dans les domaines agricoles. Ces derniers sont caractérisés par des terres de meilleure
qualité, contrairement au secteur privé qui détient des terres très importantes en termes de
superficie mais moins fertiles. Enfin, la dernière forme concerne le secteur de la révolution
agraire qui est venu au début des années 1970. Cette expérience s’est déroulée en trois (3)
phases en créant plusieurs types de coopératives. Néanmoins, l’application de la révolution
agraire a rencontré d’énormes difficultés qui ont touché à l’incohérence du système
d’approvisionnement des exploitations en grande partie et à la résistance de certains
propriétaires à ce projet.
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