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Accès hypertensif aigu


J. Maizel, J.-L. Teboul

La gravité d’un accès hypertensif aigu tient davantage à la présence de signes de souffrance viscérale
qu’aux valeurs absolues de pression artérielle atteintes. Ainsi les poussées hypertensives sans
retentissement clinique sont distinguées des urgences hypertensives où la présence de signes de
souffrance viscérale doit faire entreprendre rapidement un traitement antihypertenseur. Les principales
urgences hypertensives sont représentées par la dissection aortique, l’encéphalopathie hypertensive,
l’ischémie coronaire aiguë, l’œdème aigu pulmonaire, l’éclampsie et l’insuffisance rénale aiguë.
L’hypertension artérielle maligne est une urgence hypertensive particulièrement grave en raison des
risques de cécité et d’insuffisance rénale irréversibles. Les crises catécholaminergiques et les accès
hypertensifs postopératoires relèvent parfois d’un traitement urgent. La prise en charge thérapeutique
des urgences hypertensives nécessite un traitement antihypertenseur intraveineux et un monitorage
hémodynamique, qui sont au mieux entrepris en unité de soins intensifs. En dehors de la dissection
aortique, la pression artérielle ne doit pas être abaissée de plus de 20 % en quelques heures. En effet, en
particulier chez des malades dont les mécanismes d’autorégulation se sont précédemment adaptés à une
hypertension chronique ou chez les sujets âgés, la réduction tensionnelle trop brutale risque d’induire des
accidents ischémiques graves. Pour des raisons similaires, les accès hypertensifs accompagnant un
accident vasculaire cérébral, même hémorragique, ne relèvent que rarement d’un traitement
antihypertenseur. Les médicaments antihypertenseurs de l’urgence sont représentés surtout par les
formes injectables de nicardipine, d’urapidil et de labétalol.
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Mots clés : Accès hypertensif aigu ; Urgence hypertensive ; Poussée hypertensive ; HTA maligne ;
Encéphalopathie ; Traitement antihypertenseur

Plan défini par une pression artérielle systolique (PAS) comprise entre
140-159 mmHg ou bien une pression artérielle diastolique (PAD)
¶ Introduction 1
entre 90-99 mmHg, le stade 2 par une PAS entre 160-
179 mmHg ou une PAD entre 100-109 mmHg et le stade 3 par
¶ Épidémiologie - Physiopathologie 2 une PAS supérieure ou égale à 180 mmHg ou PAD supérieure ou
¶ Manifestations cliniques des accès hypertensifs 2 égale à 110 mmHg [1]. En revanche les dernières recommanda-
Poussée hypertensive 2 tions américaines regroupent les stades 2 et 3 [2]. Ce chapitre est
Hypertension artérielle maligne 3 consacré aux accès hypertensifs présentant une élévation brutale
Urgences hypertensives (en dehors de l’hypertension artérielle des chiffres de pression artérielle définis par le stade 3 de la
maligne) 3 classification européenne. Les stades 1 et 2 ne rentrant pas dans
¶ Prise en charge thérapeutique 5 le cadre des accès hypertensifs, ils ne sont pas abordés dans ce
Recommandations générales 5 chapitre.
Agents médicamenteux 6 On distingue habituellement trois situations d’accès hyper-
Indications particulières 7 tensifs :
• l’élévation transitoire de la pression artérielle ou poussée
hypertensive (équivalent de hypertensive urgency des Anglo-
Saxons). Il n’existe pas de signe de souffrance viscérale ;
■ Introduction • l’urgence hypertensive (équivalent de hypertensive emergency
des Anglo-Saxons). L’élévation tensionnelle est accompagnée
La gravité de l’hypertension artérielle (HTA) est définie par le d’une souffrance viscérale ;
niveau d’élévation des chiffres de pression artérielle. Les • l’HTA maligne. Il s’agit de l’association de chiffres tensionnels
dernières recommandations des sociétés européennes d’hyper- très élevés et d’une rétinopathie hypertensive sévère. Il s’agit
tension et de cardiologie distinguent trois stades : le stade 1 est donc d’une forme particulière d’urgence hypertensive.

Anesthésie-Réanimation 1

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■ Épidémiologie - Physiopathologie ■ Manifestations cliniques


Un traitement au long cours bien suivi de l’HTA est suscep- des accès hypertensifs
tible de réduire l’incidence des complications [3] . Il en est Avant même de parler d’accès hypertensif et de réagir en
probablement de même pour l’incidence des urgences hyper- conséquence, il faut s’assurer que la mesure de la pression
tensives. De fait, de nos jours, moins de 1 % des sujets hyper- artérielle a été réalisée dans des conditions correctes. Le malade
tendus présenteront un tableau d’HTA maligne [4]. Les doit être allongé depuis au moins 5 minutes, à distance d’une
principales victimes de cette maladie sont les sujets appartenant prise de café ou de tabac. Le brassard doit être adapté à la
à un milieu défavorisé ainsi que les sujets peu observants aux morphologie du patient car un brassard trop petit expose au
traitements prescrits. L’étiologie la plus fréquente de l’HTA risque de surestimation des valeurs tensionnelles. Un brassard
maligne est l’HTA essentielle. Lorsqu’une cause est retrouvée, il adapté doit couvrir environ 80 % de la surface du bras. Si des
s’agit d’une atteinte rénale parenchymateuse dans 80 % des cas. pressions élevées sont mesurées, le médecin doit les vérifier lui-
L’HTA maligne peut se développer chez un patient avec ou sans même après quelques minutes car dans un grand nombre de
antécédent d’HTA. En raison des progrès thérapeutiques réalisés, cas, des valeurs tensionnelles normales sont retrouvées à la
le pronostic des patients présentant une HTA maligne est seconde mesure. Si après 20 minutes de repos les valeurs
actuellement proche de celui de ceux ayant une HTA primaire tensionnelles restent élevées, il faut déterminer l’urgence d’un
sans complication [5]. traitement. Les situations qui exigent la mise en route rapide
Les facteurs provoquant une élévation des chiffres de pression d’une thérapeutique antihypertensive (urgences hypertensives)
artérielle sont cités (cf. infra). Cependant, seuls certains de ces sont présentées en encadré. En dehors de ces manifestations, il
accès hypertensifs évoluent vers l’atteinte d’un organe cible. s’agit alors d’une poussée hypertensive isolée et un traitement
Cette atteinte survient si l’élévation brutale de la pression antihypertenseur d’urgence n’est pas justifié.
artérielle dépasse le seuil maximal d’autorégulation des organes
cibles. Le niveau d’élévation de la pression artérielle pouvant
déclencher des lésions organiques est plus faible chez les
patients normotendus qu’en cas d’HTA préexistante en raison
du phénomène d’adaptation aux chiffres élevés de pression
“ À retenir
artérielle. La physiopathologie à l’origine des atteintes viscérales
est encore mal comprise [6]. Deux mécanismes participent à la Situations exigeant la mise en route rapide d’une
survenue d’accès hypertensifs avec retentissement viscéral : des thérapeutique antihypertensive (urgences
lésions vasculaires liées à la pression exercée sur l’endothélium hypertensives)
et la mise en jeu du système rénine-angiotensine-aldostérone • HTA maligne ;
(SRAA). L’élévation brutale de la pression artérielle au-delà du • dissection aortique aiguë ;
seuil d’autorégulation des organes cibles entraîne l’apparition de • encéphalopathie hypertensive ;
lésions endothéliales directement liées aux forces de cisaille- • éclampsie ;
ments (shear stress) exercées sur l’endothélium vasculaire [7-9]. De • infarctus du myocarde, angor instable ;
nombreuses études expérimentales ont montré que sous l’action • œdème aigu du poumon ;
d’une élévation brutale de pression, les cellules endothéliales
• crises catécholaminergiques (phéochromocytome,
sécrètent des molécules pro-inflammatoires (cytokines, molécu-
cocaïne, rebond après arrêt d’un traitement par
les d’adhésion des monocytes, etc.) [7], des substances vasocons-
trictrices (endothéline 1, etc.) [9], des molécules d’adhésion des antihypertenseur central, interactions alimentaires ou
cellules vasculaires (P-sélectine, E sélectine, etc.) [10], l’ensemble médicamenteuses avec inhibiteur de la monoamine-
favorisant l’agrégation plaquettaire à l’origine de phénomènes oxydase ([IMAO] non spécifique) ;
thrombotiques. Au cours des accès hypertensifs, il existe une • microangiopathie thrombotique ;
hypovolémie favorisée par une natriurèse de pression et par • insuffisance rénale aiguë ;
l’inflammation endothéliale responsable d’un œdème périvas- • HTA postopératoire.
culaire [11]. Cette hypovolémie entretient à son tour l’augmen-
tation de pression artérielle et les lésions endothéliales. Tout
ceci résulte en un cercle vicieux qu’il faudra tenter d’interrom-
pre par la thérapeutique antihypertensive. La pression exercée
Poussée hypertensive
sur l’endothélium vasculaire entraîne également la sécrétion de Le malade peut ne se plaindre d’aucun symptôme ou présen-
monoxyde d’azote, molécule vasodilatatrice, mais dont le rôle ter des signes non spécifiques : épistaxis, céphalées, phosphènes,
protecteur vis-à-vis de l’augmentation de pression artérielle acouphènes et nycturie. Il n’existe aucun signe de mauvaise
apparaît rapidement dépassé. Le second mécanisme physiopa- tolérance viscérale. Deux cas de figure peuvent se présenter :
thologique à l’origine du retentissement viscéral est endocrinien • l’HTA peut être déjà connue et suivie au long cours. Il faut
par stimulation du SRAA. En effet, plusieurs études expérimen- faire préciser au malade les moyens mis en œuvre et les
tales impliquent le système rénine-angiotensine dans l’appari- événements survenus depuis le début de la maladie : bilan
tion des lésions des organes cibles. Les rats transgéniques pour étiologique, mesure ambulatoire de la pression artérielle
les gènes humains de la rénine et de l’angiotensinogène (MAPA), règles hygiénodiététiques, médicaments prescrits et
développent une hypertension et des lésions vasculaires inflam- observance, complications de la maladie ou du traitement
matoires proches de celles qui sont rencontrées chez déjà apparues. La généralisation de la MAPA a permis de
l’homme [12]. La libération d’angiotensine 2 favorise la vaso- révéler que des poussées hypertensives cédant spontanément
constriction, l’hyperaldostéronisme secondaire et possède surviennent fréquemment chez tout malade hypertendu. Il
également des effets délétères directs sur l’endothélium vascu- faut rechercher des facteurs ou des événements déclenchants :
laire des organes cibles. L’angiotensine provoque une libération C la rupture d’un traitement comportant un antihypertenseur
de molécules pro-inflammatoires et l’activation du facteur de central peut être la cause de la poussée hypertensive (effet
transcription NF-kappa B. L’élévation de pression artérielle peut rebond) ;
favoriser la survenue d’une hypovolémie par augmentation C d’autres facteurs déclenchants sont possibles : anxiété,
d’excrétion urinaire de sodium et ainsi entretenir à son tour la douleur, globe vésical, hypercapnie, acidose, hypoglycémie,
vasoconstriction. Un argument supplémentaire pour incriminer prise de cocaïne ou de médicaments réduisant l’efficacité
le SRAA est l’action protectrice de l’administration d’inhibiteur d’un traitement antihypertenseur (anti-inflammatoires non
de l’enzyme de conversion contre l’apparition des lésions stéroïdiens, pansements gastriques). Le contrôle du facteur
vasculaires associées à l’HTA maligne chez la souris transgénique déclenchant permet le retour à des valeurs tensionnelles
pour la rénine [13]. normales ;

2 Anesthésie-Réanimation

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• le malade peut être habituellement normotendu ou l’hyper-

Débit de perfusion cérébrale


tension jusque-là méconnue. Un facteur déclenchant est
souvent mis en évidence. Son contrôle et la mise au repos
s’accompagnent en général de la normalisation de la pression
artérielle rendant inutile le recours à un traitement antihy-
pertenseur d’urgence. Le patient devra être revu ultérieure-
ment en consultation afin de confirmer un diagnostic d’HTA
permanente qui nécessiterait une prise en charge au long
cours [2].

Hypertension artérielle maligne


70 120 150 180
Elle se définit par une pression artérielle très élevée (habituel-
lement PAD > 130 mmHg) associée à une rétinopathie hyper- Pression artérielle moyenne (mmHg)
tensive sévère (hémorragies, exsudats, voire œdème papillaire). Figure 1. Autorégulation cérébrale chez le sujet normal (traits pleins) et
L’interrogatoire retrouve une altération récente de l’état général, chez le sujet hypertendu chronique (traits pointillés). Chez ce dernier, les
un amaigrissement et une soif intense en rapport avec une limites-seuils sont déplacées vers la droite, ce qui le rend particulièrement
hypovolémie secondaire à une polyurie par natriurèse de sensible à une ischémie cérébrale en cas de réduction tensionnelle trop
pression [11]. Ces signes doivent conduire à la pratique du fond marquée.
d’œil qui affirme le diagnostic. Le tableau peut s’accompagner
de céphalées, d’œdème aigu du poumon, d’ischémie myocardi-
que, d’accidents vasculaires cérébraux et rarement d’encéphalo- souvent essentielle, et accompagner le tableau de l’HTA maligne.
pathie hypertensive. Le patient doit être pris en charge en unité Elle peut aussi survenir chez des patients antérieurement sains
de soins intensifs où un traitement par vasodilatateurs intravei- soumis à une brusque augmentation de la pression artérielle.
neux associé souvent à un remplissage vasculaire est rapidement
Ainsi, l’encéphalopathie hypertensive peut se rencontrer en cas
institué. Le pronostic tient à l’apparition d’une néphroangio-
de néphropathie glomérulaire aiguë, d’éclampsie [16], de purpura
sclérose rénale maligne, qui se caractérise histologiquement par
thrombotique thrombocytopénique [17], de phéochromocytome,
une nécrose fibrinoïde prédominant sur les artérioles afférentes
d’utilisation de thérapeutiques immunosuppressives [18-20] ,
et les artères interlobulaires. L’insuffisance rénale aiguë favorisée
d’érythropoïétine [21] ou de ciclosporine [22]. L’encéphalopathie
par l’hypovolémie est souvent associée à une microangiopathie
thrombotique comportant biologiquement une thrombopénie et hypertensive est secondaire à une hyperperfusion cérébrale,
une anémie hémolytique avec schizocytose et test de Coombs créant une dysfonction endothéliale avec augmentation de la
négatif. Dans un premier temps sous traitement, la fonction perméabilité microvasculaire favorisant l’œdème cérébral. Il a
rénale peut se détériorer, mais s’améliore ultérieurement si le été mis en évidence par l’imagerie par résonance magnétique
contrôle de la pression artérielle est maintenu [14]. Les patients une leucoencéphalopathie postérieure à prédominance pariéto-
qui sont hémodialysés peuvent, après plusieurs mois d’évolu- occipitale, potentiellement réversible après traitement rapide et
tion, recouvrer une fonction rénale permettant l’arrêt des efficace [6, 18]. Les études autopsiques ont montré des lésions
séances de dialyse. d’œdème cérébral et artérioloalvéolaires à type de nécrose
fibrinoïde et de thrombi de fibrine, associées à des micro-
Urgences hypertensives (en dehors infarctus [23]. Les événements caractéristiques de l’encéphalopa-
thie hypertensive surviennent lorsque les mécanismes
de l’hypertension artérielle maligne) d’autorégulation cérébrale sont dépassés. À l’état normal,
L’urgence hypertensive est définie par l’association d’une l’autorégulation cérébrale permet de maintenir constant le débit
brusque élévation tensionnelle par rapport aux chiffres habituels de perfusion cérébrale pour des variations de pression artérielle
et d’une souffrance viscérale aiguë mettant en jeu le pronostic moyenne (PAM) entre 70 et 150 mmHg (Fig. 1). Le cerveau peut
vital. L’HTA pouvant contribuer à l’aggravation de la défaillance compenser une élévation tensionnelle à l’intérieur de ces limites
organique, son traitement doit être institué rapidement. Les en mettant en jeu des mécanismes produisant une vasoconstric-
urgences hypertensives sont représentées par l’encéphalopathie tion qui limite l’hyperperfusion. Chez le sujet hypertendu, les
hypertensive, la dissection aortique, l’ischémie coronaire aiguë, valeurs seuil d’autorégulation sont supérieures si bien que le
l’œdème aigu pulmonaire, l’éclampsie et l’insuffisance rénale débit cérébral est maintenu constant pour des PAM entre 120 et
aiguë. Les accidents vasculaires cérébraux, très souvent accom- 180 mmHg (Fig. 1) [24-26] permettant en quelque sorte, une
pagnés d’accès hypertensifs, doivent être envisagés séparément. protection du cerveau du sujet hypertendu vis-à-vis des fortes
pressions artérielles. Ce n’est que lorsque les mécanismes
Encéphalopathie hypertensive d’autorégulation sont dépassés que se produit une vasodilata-
Son expression clinique associe élévation brutale de la tion et que l’œdème cérébral se développe. Les sujets non
pression artérielle, céphalées d’intensité progressive, nausées, hypertendus peuvent développer une encéphalopathie pour des
vomissements et troubles visuels. Rapidement peuvent apparaî- valeurs tensionnelles plus basses que les malades hypertendus
tre confusion ou altération de la conscience. Des convulsions chroniques aux seuils d’autorégulation plus élevés.
localisées ou généralisées peuvent être la manifestation clinique
inaugurale ou au premier plan [6, 15] . Habituellement, ces Dissection aortique aiguë
symptômes s’installent progressivement sur 24-48 heures, ce qui
permet de différencier l’encéphalopathie hypertensive du Le diagnostic doit être évoqué chez tout malade se plaignant
tableau d’hémorragie intracrânienne. Les symptômes de de douleurs thoracique, dorsale ou abdominale, associées à des
l’encéphalopathie sont réversibles avec la réduction de la chiffres tensionnels élevés. L’examen clinique recherche une
pression artérielle. En l’absence de traitement, l’évolution se fait asymétrie des pouls ou de la pression artérielle, un souffle sur
vers un coma rapidement fatal. L’encéphalopathie hypertensive un trajet vasculaire, un souffle d’insuffisance aortique, une
peut survenir avec ou sans protéinurie et/ou rétinopathie. En ischémie cérébrale ou de membre. La radiographie de thorax
conséquence, un fond d’œil normal n’élimine pas le diagnostic. peut parfois orienter le diagnostic en montrant un élargissement
Le scanner cérébral permet d’éliminer une hémorragie intracé- du médiastin, mais les deux examens de référence sont
rébrale. L’électroencéphalogramme peut montrer la perte du l’angioscanner thoracique [27] et l’échographie transœsopha-
rythme alpha postérieur prédominant, un ralentissement gienne [28]. L’aortographie n’est réalisée qu’en cas d’images
généralisé de l’activité électrique ainsi que des décharges difficilement interprétables. L’imagerie par résonance magnéti-
épileptiques postérieures. L’encéphalopathie hypertensive peut que [29] est un très bon moyen diagnostique, mais son accès est
survenir chez un patient souffrant d’une HTA chronique, généralement limité dans le cadre de l’urgence.

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Ischémie coronaire aiguë : angor et infarctus de Guillain-Barré, le sevrage brutal en antihypertenseurs


du myocarde centraux et les intoxications par certaines drogues ou médica-
ments [38] . La prise d’IMAO non spécifique (Marsilid ® seul
L’ischémie myocardique peut être accompagnée d’un accès
encore en vente en France) combinée à l’ingestion d’aliments
hypertensif. L’origine de l’élévation tensionnelle est en grande
contenant de la tyramine (fromages fermentés, bières, foies de
partie liée au stress de la douleur. Un mécanisme réflexe initié
volailles, avocat, banane, chocolat, etc.) peut aussi conduire à
au niveau du ventricule gauche ischémié a aussi été évoqué [30,
31]. L’augmentation de l’impédance à l’éjection systolique que une crise catécholaminergique.
représente l’élévation brutale de la PAS résulte en une augmen-
tation de la contrainte myocardique et in fine en un accroisse-
ment de la consommation en oxygène du myocarde,
particulièrement inopportune en période ischémique.

Œdème aigu du poumon


“ À retenir
Une poussée d’insuffisance cardiaque aiguë avec œdème aigu Principaux médicaments et toxiques responsables
du poumon peut s’accompagner d’un accès hypertensif qui d’accès hypertensifs
constitue à l’évidence un facteur causal ou aggravant de • adrénaline en collyre ;
l’œdème aigu du poumon par la considérable augmentation de • alcools ;
l’impédance à l’éjection du ventricule gauche.
• androgènes ;
Prééclampsie et éclampsie • anorexigènes ;
Chez la femme enceinte, l’HTA est définie lorsque la PAS est • anti-inflammatoires non stéroïdiens ;
supérieure à 140 mmHg ou la PAD supérieure à 90 mmHg. Elle • antidépresseurs tricycliques, fluoxétine ;
est considérée comme sévère quand la PAD est supérieure à • bromocriptine ;
110 mmHg. L’HTA peut exister avant la grossesse ou se révéler • caféine ;
après la 20e semaine (hypertension gravidique). • ciclosporine ;
La prééclampsie (environ 3 % des grossesses) est définie par • cocaïne, amphétamines, LSD ;
l’association à l’HTA (gravidique ou préexistante) d’une protéi- • contraceptifs oraux ;
nurie (supérieure à 300 mg j–1 ). La présence d’œdèmes est • corticoïdes ;
fréquente. L’haemolysis elevated liver enzyme and low platelets
• décongestionnants nasaux (phényléphrine) ;
(HELLP) syndrome associe des perturbations du bilan hépatique
et du taux de plaquettes. Les facteurs favorisants de la préé- • érythropoïétine ;
clampsie sont la primiparité, les âges maternels extrêmes, la • glycyrrhizine ;
prédisposition familiale, les grossesses gémellaires, la grossesse • IMAO non spécifique et aliments contenant de la
môlaire, le diabète, le lupus et l’HTA essentielle. La physiopa- tyramine ;
thologie de la prééclampsie reste mal connue [32-34]. Le défaut • intoxication au lithium ;
d’implantation placentaire du trophoblaste résulterait en une • kétamine.
élévation des résistances vasculaires placentaires, suivie d’ano-
malies immunologiques locales responsables d’une dysfonction
endothéliale et de coagulation intravasculaire disséminée. Ceci
entraîne une défaillance des mécanismes adaptatifs cardiovas- Ces accès hypertensifs peuvent n’être que de simples poussées
culaires, caractéristiques de la grossesse normale, et in fine une hypertensives ou s’accompagner d’un retentissement viscéral et
augmentation des résistances vasculaires systémiques. nécessiter alors un traitement rapide.
La prééclampsie sévère peut conduire à l’éclampsie. Le tableau
Le phéochromocytome peut provoquer une HTA sévère, le
est alors complété par des troubles visuels, des convulsions
plus souvent paroxystique, mais parfois permanente. L’épisode
généralisées, une oligurie et parfois une insuffisance cardiaque
paroxystique est le plus souvent accompagné de la triade :
congestive ou un accident vasculaire cérébral. Les convulsions
céphalées pulsatiles, sueurs et palpitations [39]. L’association à
sont souvent précédées de signes prémonitoires : céphalées,
une hypotension orthostatique est très évocatrice. Les accès
douleurs abdominales, exagération des réflexes ostéotendineux
hypertensifs sont souvent provoqués (palpation abdominale,
et hémoconcentration. En l’absence de traitement, l’évolution
émotion, changement brutal de position, aliments contenant de
peut être fatale pour la mère.
la tyramine...). En plus des risques propres à tout accès hyper-
Insuffisance rénale tensif, la décharge de catécholamines expose à la mort subite
par troubles du rythme cardiaque ou collapsus par choc adré-
L’insuffisance rénale aiguë est à la fois cause et conséquence
nergique. Le dosage des métanéphrines urinaires est très fiable
de l’HTA. Des pathologies telles que les néphropathies glomé-
pour confirmer le diagnostic.
rulaires aiguës, vascularites ou sténoses de l’artère rénale
peuvent associer les deux pathologies. Des accès hypertensifs Accidents vasculaires cérébraux
sévères peuvent conduire à une insuffisance rénale aiguë –
répondant donc à la définition d’urgence hypertensive – ou Les accidents vasculaires cérébraux, quelle que soit leur
aggraver une insuffisance rénale préexistante. L’HTA est la étiologie, s’accompagnent presque systématiquement d’une
principale complication cardiovasculaire de l’insuffisance rénale élévation d’au moins 10 % de la pression artérielle [40]. En effet,
chronique. La cause de l’élévation tensionnelle est l’augmenta- l’accident vasculaire cérébral, tant ischémique qu’hémorragique,
tion du volume extracellulaire et la vasoconstriction par modifie les mécanismes d’autorégulation par le biais de subs-
activation du système rénine-angiotensine [35]. Les patients tances vasoactives provenant du foyer lésé. La perfusion
hémodialysés, en particulier ceux recevant de l’érythropoïétine, cérébrale des zones dites « de pénombre » (adjacentes à la
sont souvent hypertendus [36]. Les patients transplantés peuvent lésion) devient alors directement dépendante de la pression
présenter différentes causes d’HTA : sténose au niveau du artérielle. L’élévation tensionnelle observée à la phase aiguë
greffon, sécrétion de rénine par le rein natif, traitement par pourrait être une réponse physiologique réflexe visant à
corticoïdes et ciclosporine [37]. maintenir une perfusion cérébrale suffisante. De fait, dans le
cadre d’un accident vasculaire ischémique, il n’a jamais été
Situations cliniques particulières démontré que l’hypertension avait un effet délétère sur l’évolu-
tion de l’épisode [41, 42]. Au demeurant, en l’absence de traite-
Crises catécholaminergiques ment hypotenseur, la pression artérielle diminue spontanément
Sont inclus sous cette dénomination, le phéochromocytome, progressivement dans les 10 jours suivant l’accident [40, 43]. De
les dysautonomies telles que celles constatées dans le syndrome surcroît, ces accidents surviennent principalement chez des

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sujets préalablement hypertendus ayant, même lorsqu’ils sont pression artérielle jusqu’à un certain niveau de sécurité car la
déjà traités, des seuils inférieur et supérieur d’autorégulation diminution brutale est souvent plus dangereuse que l’hyperten-
élevés, permettant probablement une protection de leur cerveau sion elle-même. En effet, en particulier chez des malades dont
vis-à-vis des effets de l’hypertension chronique [26]. La probabi- le mécanisme d’autorégulation s’est précédemment adapté à une
lité non négligeable pour ces patients d’avoir des sténoses HTA chronique [25] et/ou chez ceux ayant des facteurs de risque
athéromateuses des vaisseaux à destinée cérébrale accroît encore d’artériosclérose et/ou chez les sujets âgés, la réduction trop
le risque d’hypoperfusion cérébrale en cas d’utilisation d’un brutale de la pression artérielle risque d’induire des accidents
traitement antihypertenseur. ischémiques graves, tels que cécité corticale, hémiplégie,
infarctus du myocarde, insuffisance rénale aiguë. En consé-
■ Prise en charge thérapeutique quence, en présence d’une urgence hypertensive, il est recom-
mandé de ne pas abaisser la PAM de plus de 20 % dans un délai
de quelques minutes à quelques heures [2, 4-6, 30] (Fig. 2).
Recommandations générales Lorsque dans certains cas (dissection aortique) il s’avère
cependant indispensable de faire chuter de plus de 20 % la
Poussée hypertensive
PAM, la surveillance neurologique doit être particulièrement
Rappelons qu’un accès hypertensif aigu sans signe de souf- étroite pour détecter les premiers signes d’hypoperfusion
france viscérale ne nécessite pas la mise en route d’un traite- cérébrale tels que nausées, céphalées, confusion, ralentissement
ment immédiat. Le repos et le contrôle des facteurs favorisants psychomoteur ou agitation. L’efficacité thérapeutique d’un
permettent le plus souvent le retour à des valeurs tensionnelles traitement antihypertenseur est requise dans l’heure, sauf dans
normales. Chez un sujet hypertendu connu, une réévaluation le cas de la dissection de l’aorte où un contrôle tensionnel est
du traitement au long cours sera envisagée dans un second exigé dans les 10 minutes.
temps. Chez un sujet qui n’est pas connu comme hypertendu, Les médicaments proposés pour le traitement de l’urgence
un traitement oral à distance de la poussée est mis en œuvre en
hypertensive doivent répondre à plusieurs critères :
cas de confirmation d’une maladie hypertensive authentique et
• utilisation par voie intraveineuse ;
après réalisation d’un bilan du retentissement, de l’étiologie et
• rapidité d’action ;
des facteurs de risque cardiovasculaires [2].
• titrabilité aisée ;
Urgence hypertensive • demi-vie courte permettant un maniement plus souple.
Leurs effets secondaires sont parfois des facteurs limitant leur
L’accès aigu hypertensif avec signe de souffrance viscérale est
utilisation. L’administration des traitements antihypertenseurs
une urgence thérapeutique. Toutefois, lors des accidents vascu-
par voie sublinguale est strictement proscrite car pouvant
laires cérébraux, une grande prudence est de rigueur dans le
générer des épisodes hypotensifs sévères et peu contrôlables [44].
traitement d’un accès hypertensif.
Le traitement de l’urgence hypertensive se conçoit dans une Dans les cas où une hypovolémie est présente (HTA maligne),
unité de soins intensifs où sont réalisés simultanément le un remplissage vasculaire peut s’avérer nécessaire, d’autant plus
contrôle des facteurs favorisants d’élévation tensionnelle que l’utilisation d’un agent vasodilatateur à effet veineux peut
(anxiété, douleur, hypoxémie, hypercapnie, hypoglycémie, etc.) accroître le risque de désamorçage de la pompe cardiaque et
et la mise en route d’un traitement antihypertenseur par voie donc de survenue d’un collapsus sévère. C’est souligner la
intraveineuse. Pour certains agents thérapeutiques, un monito- nécessité d’un monitorage hémodynamique lors de la mise en
rage intra-artériel de la pression est souhaitable. route du traitement.
L’objectif du traitement n’est pas la normalisation immédiate Lorsque le contrôle de la pression artérielle est obtenu, le
des chiffres tensionnels mais plutôt un abaissement de la relais per os doit être débuté.

Absence de retentissement viscéral Retentissement viscéral associé


(poussée hypertensive) (urgence hypertensive)

- Contrôler les facteurs déclenchants Dissection aortique Encéphalopathie hypertensive


- Mettre au repos Hypertension artérielle maligne
Œdème aigu du poumon
Infarctus du myocarde
Éclampsie
Insuffisance rénale aiguë

PAS ≥ 210 mmHg PAS ≥ 180 mmHg PAS < 180 mmHg
et/ou et/ou et
PAD ≥ 120 mmHg PAD ≥ 110 mmHg PAD < 110 mmHg

Débuter un Réévaluer dans la Réévaluer à


Obtenir PAS < 100 - 110 mmHg Réduire la PAM de 20 à
traitement oral semaine pour distance pour
dans les 10 premières 25 % au maximum dans
dans les premières prise en charge débuter ou modifier
minutes la première heure
heures rapide la prise en charge

Figure 2. Arbre décisionnel. Accès hypertensifs aigus : objectifs thérapeutiques. PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique ;
PAM : pression artérielle moyenne.

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Tableau 1.
Caractéristiques pharmacologiques des principaux antihypertenseurs utilisés par voie parentérale.
Dénomination Délai d’action Durée d’action Effets secondaires Principales indications Contre-indications
Nicardipine 5-15 min d’abord courte, Tachycardie, céphalées, Toutes les urgences hypertensives Intolérance au fructose
puis > 4 h flush, polyurie Hypertension périopératoire Prudence chez le coronarien
Urapidil 5 min 1-3 h Vertiges, céphalées, agitation, Toutes les urgences Rétrécissement aortique
nausées hypertensives
Labétalol 5 min 2-4 h Nausées, flush, bradycardie, Toutes les urgences Asthme, BPCO sévère, BAV
spasme bronchique, troubles hypertensives (sauf 2 ou 3, bradycardie,
mictionnels, tremblements si insuffisance cardiaque aiguë) insuffisance cardiaque
Hypertension périopératoire non contrôlée

Nitroprussiate quelques secondes 1-3 min Diminution du débit cérébral, Toutes les urgences Hypothyroïdie, insuffisance
de sodium intoxication au cyanure hypertensives hépatique
Hypertension périopératoire Prudence si insuffisance
rénale
Trinitrine 2-5 min 2-5 min Tachycardie, baisse du débit Accès hypertensifs associés Traitement par sildénafil,
cardiaque, céphalées, à ischémie myocardique aiguë infarctus avec extension
syncope vasovagale et/ou œdème pulmonaire ventriculaire droite
Isosorbide dini- 2-5 min 2-5 min Idem trinitrine Idem trinitrine Idem trinitrine
trate

Furosémide 5-30 min 2-4 h Perturbations électrolytiques Accès hypertensif accompagné Allergie aux sulfamides,
(hypokaliémie), d’œdème pulmonaire encéphalopathie hépatique,
encéphalopathie hépatique, hypovolémie, hypercapnie
réactions cutanées, élévation chronique, allaitement
de l’uricémie et de la glycémie
Bumétamide 5-30 min 2-3 h Idem furosémide Idem furosémide Idem furosémide
Esmolol 1-5 min 10-20 min Nausées, sudation, Hypertension periopératoire Asthme, BPCO sévère, BAV
bradycardie, bronchospasme 2 ou 3, bradycardie,
insuffisance cardiaque
non contrôlée
BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; BAV : bloc auriculoventriculaire.

Tableau 2.
Modalités d’administration et posologie des principaux antihypertenseurs par voie parentérale.
Dénomination commune internationale Principales présentations Posologie
®
Nicardipine Loxen IVSE : débuter à 5 mg/h, augmentation par palier de 2,5 mg, maximum :
15 mg/h. Une fois le but tensionnel atteint, diminuer à 4 mg/h,
éventuellement réaugmenter par palier de 1 mg/h
Urapidil Eupressyl®, Mediatensyl® Bolus i.v. de 25 mg en 20 s, éventuellement renouvelable après 5 min.
Puis entretien IVSE 9 à 30 mg/h
Labétalol Trandate® Bolus i.v. de 0,25 à 1 mg/kg, renouvelable après 15-30 min,
puis 0,1 à 0,3 mg/kg/h IVSE
Nitroprussiate de sodium Nitriate® IVSE entre 0,5 et 2 µg/kg/min (jusqu’à 8 µg/kg/min), à l’abri de la lumière
Trinitrine Lénitral® IVSE 3 à 10 mg/h
Isosorbide dinitrate Risordan® IVSE 2 à 5 mg/h, jusqu’à 15 mg/h en cas d’insuffisance cardiaque
Furosémide Lasilix® 20 à 60 mg IVD
Bumétamide Burinex® 2 à 4 mg IVD
Esmolol Brévibloc® 200 µg/kg i.v. en 1 min, puis 50 à 200 µg/kg/min (maximum 300)
i.v. : intraveineux ; IVD : intraveineux direct ; IVSE : intraveineux à la seringue électrique.

Agents médicamenteux (Tableaux 1, 2) Urapidil


Ce médicament est à la fois antagoniste des récepteurs
Nicardipine a1 postsynaptiques périphériques et agoniste des récepteurs
La nicardipine est un inhibiteur des canaux calciques de la 5-HT1A centraux. Son action vasodilatatrice ne s’accompagne
famille des dihydropyridines [45]. C’est un vasodilatateur artériel pas de tachycardie réflexe, ni de modification significative du
dépourvu d’activité inotrope négative. Cette molécule, par sa système rénine-angiotensine. L’urapidil diminue à la fois la
précharge et la postcharge cardiaques. Il exerce de plus une
rapidité d’action, sa simplicité de prescription (posologie
vasodilatation sélective pulmonaire et rénale [49, 50]. Ses indica-
indépendante du poids) et par les preuves de son efficacité [46-48]
tions actuelles sont les urgences hypertensives et les hyperten-
est devenue le traitement de première intention des urgences
sions périopératoires.
hypertensives. Son autorisation de mise sur le marché permet
son utilisation dans les situations suivantes : toute urgence
hypertensive, hypertension périopératoire, hypotension contrô-
Labétalol
lée en anesthésie. Ses inconvénients proviennent de la tachy- C’est un agent à la fois alpha- et bêtabloquant d’intérêt
cardie réflexe devant rendre son emploi prudent chez le patient reconnu dans la majorité des urgences hypertensives [51] sauf
coronarien [2]. l’insuffisance cardiaque aiguë. Ses avantages sont le maintien

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des débits cardiaque, cérébral et coronaire et une bonne urgence en unité de soins intensifs. Le but du traitement
tolérance clinique, si les contre-indications habituelles des médical est d’obtenir rapidement une PAS < 100-110 mmHg. Ce
bêtabloquants sont respectées. n’est pas uniquement l’effet hypotensif qui est recherché, mais
la diminution de la force du flux pulsatile sur la paroi aortique
Nitroprussiate de sodium pour limiter l’extension de la déchirure intimale. En cas de forte
Le nitroprussiate est un vasodilatateur artériel et veineux présomption diagnostique, l’abaissement tensionnel peut se
provoquant une diminution simultanée de la précharge et de la justifier avant la confirmation du diagnostic. Si les dissections
postcharge cardiaques, ce qui le rend particulièrement intéres- de type A (avec atteinte de l’aorte ascendante) réclament un avis
sant dans l’accès hypertensif accompagné d’insuffisance cardia- chirurgical, le type B (dissection débutant après l’origine de
que. Ses avantages sont sa rapidité d’action et sa durée d’action l’artère sous-clavière gauche) relève souvent du seul traitement
courte. médical [60]. Le labétalol seul [61] ou l’association bêtabloquant
Cependant, il possède de nombreux inconvénients : vol (esmolol, labétalol) et vasodilatateur (nicardipine, urapidil, voire
coronaire [52], ototoxicité [53], augmentation du shunt intrapul- nitroprussiate de sodium) sont indiqués.
monaire [54] et surtout risque d’intoxication au cyanure en cas
d’insuffisance rénale et/ou hépatique [55]. C’est pourquoi, le Infarctus du myocarde
nitroprussiate, longtemps antihypertenseur de référence, est Le traitement de l’infarctus comporte l’utilisation des bêta-
actuellement peu employé en première intention d’autant bloquants en l’absence de contre-indication. En cas d’accès
qu’ont été développés des agents antihypertenseurs au manie- hypertensif, non maîtrisé par les bêtabloquants, l’emploi des
ment plus simple [4]. Toutefois, il peut être utilisé dans les dérivés nitrés est justifié. La morphine est un complément
urgences hypertensives très sévères, notamment en cas thérapeutique efficace. Les vasodilatateurs purs ne sont pas
d’encéphalopathie hypertensive et en cas d’insuffisance indiqués. L’obtention d’une PAS inférieure à 180 mmHg permet
cardiaque. la thrombolyse. Il faut veiller à maintenir la PAD au-dessus de
80 mmHg pour ne pas compromettre la circulation coronaire.
Dérivés nitrés : trinitrine et isosorbide dinitrate
Les dérivés nitrés sont des vasodilatateurs mixtes à effet Œdème aigu pulmonaire cardiogénique
veineux prédominant diminuant la précharge cardiaque. Leurs Le traitement de première intention repose sur les dérivés
inconvénients sont un effet tachycardisant et une diminution nitrés et les diurétiques de l’anse en fonction de l’état d’hydra-
du débit cardiaque. Leur indication est reconnue en cas d’isché- tation du patient. Si ces traitements ne sont pas suffisamment
mie myocardique. efficaces, l’urapidil, la nicardipine, voire le nitroprussiate
peuvent être utilisés.
Furosémide et bumétanide
Ces diurétiques de l’anse ne sont indiqués qu’en cas de signes Prééclampsie et éclampsie
de surcharge circulatoire et en particulier d’œdème pulmo- En cas de prééclampsie, il est prudent d’hospitaliser la
naire [56] . Leurs effets secondaires sont dominés par patiente pour décider ou non de l’induction du travail. Entre
l’hypokaliémie [57]. 28 et 34 semaines d’aménorrhée il est licite de tenter de
poursuivre la grossesse afin d’améliorer la maturation fœtale
Esmolol tant que le risque pour la mère reste acceptable [62]. L’attitude
Il s’agit d’un bêtabloquant cardiosélectif d’action rapide habituelle lors de la survenue d’une prééclampsie proche du
(1 min) et brève (10-20 min). Ses avantages sont un effet terme est de déclencher le travail considérant que le risque
ralentisseur des tachycardies supraventriculaires et un métabo- maternel devient supérieur à celui du fœtus [63] . Le plus
lisme indépendant du foie et du rein. Son emploi est intéressant souvent, l’accouchement, quel que soit l’âge de la grossesse,
dans les poussées hypertensives périopératoires mais déconseillé s’impose si l’hypertension sévère persiste plus de 48 heures sous
dans les crises catécholaminergiques car la stimulation alpha traitement ou en cas de diminution du taux de plaquettes,
persistante provoque une majoration de l’hypertension par d’élévation des transaminases, d’insuffisance rénale, de signes de
vasoconstriction. souffrance fœtale ou de signes prémonitoires d’éclampsie [32]. La
prééclampsie pouvant survenir chez des patientes précédem-
Médicaments antihypertenseurs abandonnés ment normotendue, une élévation relativement faible de la
dans le cadre de l’urgence pression artérielle (par exemple : 150/100 mmHg) peut être
La forme injectable de l’hydralazine a été retirée du marché. responsable d’une symptomatologie grave justifiant la mise en
La phentolamine, la clonidine, le diazoxide et la nifédipine (en route d’un traitement immédiat.
administration sublinguale) [44, 58] ne font plus partie de En cas d’éclampsie, le traitement antihypertenseur est indiqué
l’arsenal thérapeutique des urgences hypertensives. si la PAS est supérieure à 180 mmHg, la PAD supérieure à
110 mmHg ou si l’élévation tensionnelle met en jeu le pronos-
Autres agents disponibles dans les pays tic vital maternel. Toutefois, il est recommandé de maintenir la
Anglo-Saxons PAD au-dessus de 90 mmHg pour permettre la perfusion
utéroplacentaire. Les médicaments préconisés sont le labéta-
Le fenoldopam [59] est un agent dopamine DA1 agoniste lol [64, 65] , l’urapidil ou la nicardipine. Cependant, l’effet
provoquant une vasodilatation et une natriurèse sans activation hypotensif des inhibiteurs calciques peut être dangereusement
a1 ou b1. Il peut être utilisé dans toutes les urgences hyperten- potentialisé par le sulfate de magnésium, traitement montré
sives et particulièrement en cas d’insuffisance rénale. L’énala- plus efficace que la phénytoïne ou le diazépam pour prévenir
prilate, inhibiteur de l’enzyme de conversion injectable, est ou traiter les convulsions de l’éclampsie [66]. L’extraction fœtale
particulièrement indiqué en cas d’insuffisance cardiaque. s’impose dès que la situation se stabilise.

Indications particulières Phéochromocytome et crises


catécholaminergiques
Encéphalopathie hypertensive
Les agents thérapeutiques de choix sont l’urapidil et la
Pour toutes les raisons déjà évoquées, la diminution de la nicardipine, en sachant que le nitroprussiate est une alternative
PAM sera d’au plus 20 % la première heure avec un objectif de possible. L’emploi des agents bêtabloquants purs est contre-
PAD de 100-110 mmHg. indiqué dans les crises catécholaminergiques en raison du risque
d’hypertension paradoxale par augmentation de la vasocons-
Dissection aortique triction. La prise de cocaïne peut entraîner une vasoconstriction
La mortalité de la dissection aortique reste élevée [60]. En coronaire justifiant l’emploi des dérivés nitrés. La nicardipine
conséquence, sa prise en charge doit être entreprise d’extrême peut être employée en cas d’accès hypertensif sévère, mais les

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bêtabloquants sont contre-indiqués [67]. Les benzodiazépines débuter prudemment un traitement antihypertenseur en cas de
représentent un traitement adjuvant souvent efficace. PAS supérieure à 220 mmHg sous surveillance de l’examen
neurologique [69] . Dans ce cas, la réduction de la pression
Accès hypertensif postopératoire artérielle ne devra pas dépasser 15 %.
L’hypertension per- et postopératoire est de mécanisme La réalisation d’un traitement thrombolytique de certains
essentiellement adrénergique. Différents agents peuvent être accidents vasculaires cérébraux ischémiques nécessite un
utilisés : nicardipine, nitroprussiate de sodium, urapidil, esmolol contrôle strict de la pression artérielle. L’élévation de la PAS
ou labétalol. La nicardipine qui est très utilisée [46] peut être à au-delà de 185 mmHg ou de PAD au-delà de 110 mmHg doit
l’origine de saignements périopératoires [68]. faire débuter un traitement antihypertenseur intraveineux
avant, pendant et 24 heures après la réalisation de la thrombo-
Accidents vasculaires cérébraux lyse [2, 69].
Dans le cas des hémorragies intracérébrales qui induisent
En cas d’accident vasculaire cérébral, il est préférable de ne
presque toujours une élévation de la pression intracrânienne et
pas modifier l’équilibre tensionnel physiologique afin de ne pas
une dégradation du système d’autorégulation des zones entou-
provoquer d’accident ischémique iatrogénique supplémentaire.
Ainsi une PAS entre 180 et 190 mmHg et une PAD entre 100 et rant la lésion, l’élévation réflexe de la pression artérielle
120 mmHg sont tout à fait tolérables. Ce n’est que lorsqu’un systémique permet de maintenir la pression de perfusion
accident vasculaire cérébral est associé à une dissection aortique cérébrale qui est égale à la différence entre PAM et la pression
ou à une ischémie myocardique qu’est débuté un traitement intracrânienne. Il semble plus logique en la circonstance de
antihypertenseur avec une diminution progressive et contrôlée réduire la pression intracrânienne médicalement, voire chirur-
des chiffres d’au plus 25 % du niveau de départ [5]. Le chiffre de gicalement, que de diminuer directement les pressions systémi-
pression artérielle au-delà duquel il est nécessaire de débuter un ques pour restaurer un débit satisfaisant de perfusion cérébrale.
traitement hypotenseur n’est pas clairement établi dans la Au demeurant, au décours d’une hémorragie cérébrale, il a
littérature. En l’absence de données suffisantes issues d’essais été montré que la réduction rapide de la pression artérielle
cliniques, l’American Stroke Association recommande de augmente la mortalité [70]. Lors d’hémorragies sous-
arachnoïdiennes, il existe un risque d’hémorragie intracérébrale
ou d’hydrocéphalie aiguë quand la PAS est supérieure à
160 mmHg ou quand la PAM est supérieure à 110 mmHg. Si

“ Points essentiels une de ces complications est déjà présente, une diminution de
la PAM risque d’être délétère pour les raisons déjà évoquées. En
leur absence, l’autorégulation cérébrale n’est pas altérée de façon
• L’accès hypertensif aigu est défini par l’élévation brutale supplémentaire par l’accident vasculaire. Toutefois, le traitement
de la PAS à une valeur supérieure à 180 mmHg et/ou de la antihypertenseur doit être manié avec prudence car, après
PAD à une valeur supérieure à 110 mmHg. 48 heures, le risque de survenue d’un vasospasme n’est pas
• La gravité d’un accès hypertensif aigu tient davantage à négligeable. Le contrôle tensionnel sera réalisé en milieu
la présence de signes de souffrance viscérale qu’aux spécialisé grâce aux données du Doppler transcrânien. La
valeurs absolues de pression artérielle atteintes. nimodipine, agent de la famille des dihydropyridines qui
• Seules les urgences hypertensives définies par la préviendrait le vasospasme, pourrait trouver sa place [45, 71].
présence d’une souffrance viscérale aiguë (dissection
aortique, encéphalopathie hypertensive, ischémie .

coronaire aiguë, œdème aigu pulmonaire, éclampsie et


insuffisance rénale aiguë) doivent faire entreprendre ■ Références
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réduction de la pression artérielle risque de provoquer un Cyclic stretch upregulates production of interleukin-8 and monocyte
chemotactic and activating factor/monocyte chemoattractant protein-1
accident ischémique iatrogénique supplémentaire.
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nicardipine, de labétalol et d’urapidil. increases monocyte chemotactic protein-1 secretion in human
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strictement proscrite car pouvant générer des épisodes release from endothelial cells in culture is elevated both acutely and
hypotensifs sévères et peu contrôlables. chronically by short periods of mechanical stretch. Biochem Biophys
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8 Anesthésie-Réanimation

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J. Maizel, Chef de clinique-assistant.


J.-L. Teboul, Professeur des Universités, praticien hospitalier (jlteboul.bicetre@invivo.edu).
Université Sud, service de réanimation médicale, centre hospitalier universitaire Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Maizel J., Teboul J.-L. Accès hypertensif aigu. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Anesthésie-Réanimation,
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