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c
·-
E
de
Génétique
Cours + QCM/QROC
Jean-Michel Petit
Professeur à l'université de Limoges
Sébastien Arico
Directeur R&D "lngenomix" Limoges
\J
0
c
::J Raymond Julien
0 Professeur émérite à l'université de Limoges
li)
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0
N
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0.
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u
4e édition
DU NOD
Les illustrations de cet ouvrage ont été réalisées par Sébastien ARICO.
Directeur d'ouvrage
Raymond JULIEN
®
taire, le développement massif du Nous rappelons donc que toute
photocop illoge. reproduction, partielle ov totole,
le Code de Io propriété intellec· de Io présente publication est
tuelle du l « juillet 1992 interdit lf Pll)ID'.XRJJŒ interdite sons outorisotion de
en effet expressément Io photoco· TUE LE LIVRE l'auteur, de son éditeur ov du
\J pie ô usage collectif sons outori· Centre fronçais d'exploitation du
0
c sotion des ayants droit. Or, cette pratique droit de copie (CFC, 20, rue des
::J s'est généralisée dons les établissements Grands-Augustins, 75006 Paris).
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li)
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.µ ©Dunod,2007,2011,2013,2015
.c
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ï:: 5 rue Laromiguière,75005 Paris
>-
0.
0 www.dunod.com
u
ISBN 978-2-10-072990-6
Le cours
Le cours, concis et structuré,
expose les notions importantes
du programme
Les rubriques
Une erreur à éviter
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c
::J Un peu de méthode
0
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0
N
@
p Un exemple pour comprendre
.µ
.c Les points clés à retenir
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0.
0
u
2 Mutations et sélection 25
Points c lefs 1 19
QCM-QRO C 1 20
VIII Génétique
6.5 An alyse de la li aison génétiq ue et test duC HI -de uxo uX,2 185
8.1 C alc uls des f réq uences génotypiq ues et allé li q ues 234
""O
0
c
:J 8.2 Le mo dè le de Hardy -Weinbe rg 236
0
li)
ri Conditions requises pour l ' application du modèle 236
0
N
@
Généralisation du modèle de Hardy-Weinberg 237
...µ
c Mise en évidence de la relation entre équilibre allélique
O'>
·c
>-
0. et équilibre génotypique 239
0
u
8.3 App li c ations aux allè le s rares 240
Glossaire 25 1
Index 261
Éléments de génétique
mendélienne
Le modèle 3:1
Les lignées parentales sont pures. Croisés entre eux, les individus de
chaque lignée transmettent à leurs descendants des caractères homo
gènes et exclusifs. Les lignées sélectionnées par Gregor Mendel
diffèrent chez les parents pour un seul caractère. Il observe et dénombre
les deux phénotypes parentaux sur chaque individu de la descendance
de première génération (Fl , filiation de 1 re génération) obtenue par
croisement des parents et sur la descendance de deuxième génération
(F2) obtenue par croisement des individus F l entre eux (Tableau 1. 1).
705 violets
Pétales violets x blancs 1 OO% violets 3, 1 5:1
224 blancs
428 vertes
Gousses jaunes x vertes 1 00 % vertes 2,82:1
1 52 jaunes
651 axiales
Fleurs axiales x terminales 1 OO% axiales 3, 1 4:1
207 terminales
1 .1 • La démarche de Gregor Mendel 3
Le modèle 9:3:3:1
Les lignées parentales sont pures (homozygotes) et diffèrent par deux
gènes contrôlant deux caractères séparés (4 phénotypes). Comme
précédemment, on dénombre les individus des générations F l obtenus
par croisement des parents et F2 par autofécondation entre individus
Fl.
Des calculs effectués pour chacun des couples de caractères, on peut
conclure qu'ils sont indépendants puisque l'un et l' autre répondent au
modèle 3:1. Le rapport 9:3:3:1 n'est finalement que le produit aléatoire
de deux rapports indépendants 3:1 (Tableau 1.2).
0 X
0
Gamètes J j j j
Génotypes
l
Jj Jj jj
l
jj
Graines jaunes Graines vertes
-ci
0
c
0 0
:J (Rapport 1 : 1 ) 50 % jaunes 50 % vertes
0
li)
ri
0 Figure 1 . 1 Croisement d'un pois hétérozygote (hybride F 1 ) avec un pois homo
N
@ zygote récessif.
.µ
..c
O'> �
"O
·c c::::l
>-
o.
0 ti11)
u
'<1)11)V>
·c Véri fication du mo dèle 9:3:3:1
2:::l
'"
c:
0c: Le croisement de pois à graines lisses et vertes avec des pois à graines
-ü�
c: ridées et jaunes (Tableau 1.2) donne une génération F l où toutes les
"O:::l0 graines sont lisses et jaunes, avec un génotype sous-jacent hybride
�
....
c.. Rr Jj. En croisant un tel individu F l double hétérozygote avec une
�:::l lignée double homozygote récessif (Fig. 1.2) on peut prédire qu'il y
E-0 aura équiprobabilité de rencontrer les 4 phénotypes (graines jaunes et
1
"O0
c:
:::l
ridées, vertes et ridées, lisses et jaunes et lisses et vertes) dans la
0 descendance, soit un rapport 1 : 1 : 1 : 1 .
<Q>
6 Chapitre 1 •
Éléments de génétique mendélienne
0 X
Gamètes RJ Rj rJ rj 1 00 % rj
Descendance
\ RrJj Rrjj rrJj rrjj
0 0 ® @
Graines Graines Graines Graines
lisses et lisses et ridées et ridées et
jaunes vertes jaunes vertes
(Rapport 1 :1 :1 :1 ) 25 % 25 % 25 % 25 %
Lorsqu'on écrit (R-) ou (J-) cela signifie (Fig. 1.3) que 1 ' allèle dominant
(R ou J) qui impose le phénotype peut être indifféremment apparié
avec un autre allèle dominant (RR ou JJ) ou avec un allèle récessif (Rr
ou Jj) sans modification du phénotype.
1 .1 • La démarche de Gregor Mendel 7
3: 1 3: 1
0 0
Rapport : 9 3 3
3 : 1
(A-) (aa)
I \
3 : 1 3 : 1
-ci (8 - ) (bb) (8 - ) (bb)
0
c
4 /\
:J
0
li)
ri
0
N
@
.µ 3 1 3 1 3 : 1 3 : 1
..c
O'> �
"O
·c c::::l (C-) (cc) (C-) (cc) (C-) (cc) (C - (cc)
>-
o.
0 ti11)
u
'<1)11)V>
·c phénotype 1 : (A - B - C -) correspondant à 8 génotypes
2:::l phénotype 2 : correspondant à 4 génotypes
'"
(A - B - cc)
c:0 phénotype 3 : (A - bb C-) correspondant à 4 génotypes
c:
c: phénotype 4 : (aa B - C -) correspondant à 4 génotypes
-ü�
phénotype 5 : (A - bb cc) correspondant à 2 génotypes
"O:::l0
....
c..
phénotype 6 : (aa B - cc) correspondant à 2 génotypes
� phénotype 7 : (aa bb C-) correspondant à 2 génotypes
�:::l
phénotype 8 : (aa bb cc) correspondant à 1 génotype
E-0
1
"O0
c::::l Figure 1 .4 Généralisation du calcul des rapports génétiques dans les hybrides.
0 Exemple d'un triple hybride.
<Q>
8 Chapitre 1 •
Éléments de génétique mendélienne
1 2 3
2 4 9
3 8 27
4 16 81
- - -
n 2n 3n
La phénylcétonurie
La phénylalanine hydroxylase, première enzyme de la voie catabolique
conduisant de la phénylalanine au fumarate et à l' acétoacétate, cata
lyse l'hydroxylation de la phénylalanine en tyrosine (Fig. 1.5). Un
1.2 • Le modèle 3:1 chez l'homme 9
Phénylalanine Tyrosine
Phénylalanine hydroxylase
Phénylacétate
a) b)
Pp Pp
P- pp pp P-
Nombre d'enfants du
D Homme ® [fil sexe correspondant
0 Femme
• • Individus atteints
0---0 Croisement
() IJ Hétérozygotes pour un
allèle récessif
Parents et enfants
1 garçon et 1 fille dans
l'ordre de naissance
8 Porteur d'un allèle
récessif lié au sexe
0 Décédé
• Avortement ou mort-né
de sexe inconnu
Faux jumeaux
(dizygotiques)
• Détermination de la
personne étudiée
;If
;r;
Méthode d'identification
d'une personne dans
une généalogie.
Vrais jumeaux Ici, 2° enfant de la
(monozygotiques) Il 119 génération ou 11.2
1/f 2 3
-ci
0 les générations successives et qui souligne finalement la rareté de
c
0
:J l'allèle p. À l'inverse, les unions consanguines accroissent le risque de
li)
ri naissance d'un enfant malade particulièrement si les ancêtres des
0
N parents sont hétérozygotes (Fig. 1.8). Cet exemple, qui peut être géné
@ ralisé (la mucoviscidose ou l' albinisme sont deux autres exemples bien
...µ
c �
O'> "O documentés), illustre pourquoi les mariages entre personnes apparen
·c c::::l
>-
o.
0 ti11) tées, cousins par exemple, augmentent la fréquence des maladies
u
'<1)11)V> récessives dans les populations humaines (voir aussi chapitre 8).
·c
2:::l Cependant, grâce aux progrès de la génétique moléculaire et des
'"
c:0 techniques d' identification des gènes et de leurs mutations, la prédic
c:
c: tion du risque d' anomalies génétiques liées notamment aux allèles
-ü�
"O:::l0 récessifs s'avère de plus en plus précise et précoce. Il existe chez
....c..
� l' homme également des maladies génétiques transmises selon un
�:::l mode dominant (par exemple la chorée de Huntington). Dans ces cas,
E-0 l'allèle normal est récessif et c'est l' allèle anormal, muté, qui est
1
"O0
c::::l dominant. La maladie (ou le désordre génétique) peut alors apparaître
0 à chaque génération et il est de ce fait en théorie possible de prévoir et
<Q>
12 Chapitre 1 • Éléments de génétique mendélienne
P- P-
pp Pp P- Pp pp
P- P- P- P- Pp Pp P-
P- pp P- pp
Figure 1.8 Généalogie d'une famille où deux enfants sont atteints de phényl
cétonurie (homozygotes récessifs pp) à la suite du mariage consanguin entre des
cousins dont les ascendants sont hétérozygotes.
Il
3 4 5 6 7
Ill
5 6 7 8 9 10 11
-ci
0
c
:J
0
li) IV
ri
0 2 3 4 5
N
@
D Ü Sensibles (SS ou Ss)
.µ
..c
O'> �
"O
·c c::::l
>-
o.
u
0 ti11)
'<1)11)V>
•• Insensibles (ss)
·c
2:::l Figure 1 .9 Généalogie d'un dimorphisme humain : l'aptitude à percevoir ou non
'"
c:0 l'amertume du phénylthiocarbamide (PTC).
c:
c:
-ü�
"O:::l0 1.3 DOMINANCE ET RÉCESSIVITÉ, MULTIALLÉLISME
....
c..
�
�:::l Aspects généraux
E-0
1 La notion de dominance d'un allèle s' oppose à celle de récessivité.
"O0
c::::l Elle résulte directement de l' état diploïde des métazoaires (individus
0 pluricellulaires engendrés au sein d'une espèce par reproduction sexuée).
<Q>
14 Chapitre 1 •
Éléments de génétique mendélienne
Ces organismes possèdent dans chacune des cellules de leur corps une
copie de chaque chromosome en provenance de l'un et l' autre des
parents. Les deux chromosomes parentaux, dits homologues, portent
ainsi la même série de gènes. Pour un gène donné, l' allèle paternel
peut différer cependant de l'allèle maternel, et inversement. L'un des
allèles est dit muté, comparativement à l' autre. Si les deux allèles
portés par un individu sont identiques, le phénotype qu'ils influencent
sera en général exprimé. S ' ils sont différents, le phénotype de l'indi
vidu, dit alors hétérozygote, dépend de l' allèle qui est dominant. L' autre
allèle, dit récessif, peut correspondre à un phénotype particulier qui
ne sera pas exprimé. On dit qu'il est réprimé. Il s'agit d'un cas de simple
dominance. Tout au long de la descendance de l'individu hétérozygote,
le trait phénotypique qui dépend de l' allèle dominant sera exprimé à
chaque génération, alors que ce n' est pas le cas pour le trait phéno
typique qui dépend de l'allèle récessif. Un descendant ne peut exprimer
le phénotype « récessif » que, si les deux allèles sont récessifs et
identiques (état homozygote).
La dominance de l' allèle sera dite incomplète si le phénotype de
référence, dit de type sauvage (parce que le plus répandu dans la
population naturelle) dépend de la présence des deux allèles, dits aussi
de type sauvage. La présence d'un seul allèle sauvage peut conduire à
un phénotype intermédiaire, d'où le terme de dominance incomplète.
Il arrive parfois que l' allèle muté, généralement récessif, influence
cependant l' expression du phénotype dépendant de l' autre allèle. Cela
peut se produire par exemple si la protéine produite par l' allèle muté
inhibe par compétition la protéine produite par l' allèle sauvage. On
""O parle alors de dominance négative. Ce phénomène s' observe très
0
c souvent lorsqu'un phénotype dépend d'un complexe protéique fonc
:J
0 tionnel composé de plusieurs sous-unités (enzymes ou récepteurs de
li)
ri
0 voies de signalisation, voir ci-dessous)
N
@ Le terme de co-dominance désigne la situation où les deux allèles
...µ
c de type sauvage ou non expriment simultanément et avec une « force »
O'>
·c
>-
0. comparable deux phénotypes distincts (voir également ci-dessous).
0
u
Deux exemples : groupes sanguins et tyrosinase
Il arrive fréquemment qu'un gène au sein d'une population possède
un nombre élevé d'allèles différents. Un individu diploïde de cette
population n'est par définition porteur que de deux exemplaires du
gène, c'est-à-dire deux allèles seulement (identiques ou différents).
C'est l'examen de différents individus de la même population qui révèle
en général ce multiallélisme. On dit que la collection des différents
allèles constitue une série allélique. Un exemple simple en est donné
par les allèles des groupes sanguins humains ABH (0).
1.4 • Allèles létaux 15
H (0, ni A, ni B) ii
A /A/A OU /Ai
B f B/B OU /Bi
AB fA/B
U n concept dynamique
Au cours des dernières décades en effet, des découvertes sur la manière
dont les informations génétiques associées à la séquence de l' ADN
assurent le fonctionnement des êtres vivants ont révolutionné en la
complexifiant la vision traditionnelle du concept de gène. Contrairement
au fonctionnement des gènes procaryotes, à l' origine du principe « un
gène, une protéine », on a découvert, en premier lieu, que la séquence
codante des gènes eucaryotes est discontinue, en quelque sorte dispersée
au sein de régions non codantes. Le concept de gène morcelé d'une
part en exons (parties codantes) généralement de petite taille et d' autre
part en introns de plus grande taille (parties non codantes) en résulta.
Pour reconstituer un ARN messager, apte à diriger la synthèse des
protéines, les transcrits primaires d'un tel gène sont épissés, grâce à
un mécanisme qui élimine les introns et reconstitue une séquence
codante continue. Les nombreuses variantes d ' un tel mécanisme
aboutissent à différents ARN messagers alternatifs et finalement à la
synthèse de plusieurs protéines différentes. Contrairement à la vision
classique un seul gène peut donc engendrer plusieurs protéines diffé
rentes grâce à un épissage alternatif (voir le Mini Manuel Biologie
moléculaire dans cette collection).
Un degré de complexité supplémentaire fut révélé avec l' existence
de gènes dont les séquences sont chevauchantes (des exons et introns
sont communs à plusieurs gènes et d' autres non). Autres éléments
plus récents de complexification, des gènes sont placés parfois à
l ' intérieur d' introns d' autres gènes ; des transcrits provenant de
régions génomiques distinctes se recombinent en une seule molécule
""O
0 d' ARN préalablement à leur traduction. Le développement des
c
:J
0 connaissances portant sur des génomes entiers révèle que de très
li)
ri nombreux transcrits sont synthétisés sans qu'ils soient ensuite traduits en
0
N protéines. Il s'agit d' ARN non codants. Correspondent-ils à des gènes
@
...µ
c
au sens traditionnel du mot ? Ces découvertes attestent qu'un grand
O'> nombre d'informations, peut-être majoritaires, et apparemment indis
·c
>-
0.
0 pensables à la formation et au fonctionnement des êtres vivants, tran
u
sitent par des transcrits ARN et non par des protéines (Fig. 1. 10). Plus
étonnant encore, certains ARN associés à des phénotypes clairement
identifiables, semblent être transmis de génération en génération,
indépendamment des « gènes » dont ils sont issus (voir chapitre 2, la
notion de paramutation).
Aussi, à la question « Qu' est-ce qu'un gène ? », la réponse à ce
jour s'avère très incertaine. On pourrait dire d'une façon certes un peu
vague, qu' il s'agit « d'une région définie de la molécule d' ADN,
correspondant à une unité héréditaire, localisable au sein d'une séquence
génomique, et qui se trouve associée à des régions régulatrices, des
1.5 • Actualité du concept de gène 19
\ !
t t
5' UTR 3' UTR 5'UTR 3' UTR
ARNm i 1 1 131 1 11 1
Micro ARN
�
/ lntronr------
Épissage alternatif et
autres ARN
Exon
..
ARN transcrit
non codant
POINTS CLEFS
QCM - QROC
RÉPONSES
""O
0
c
:J
0
li)
ri 2.1 ORIGINE DES MUTATIONS
0
N
@ Pour survivre et se reproduire, les organismes vivants doivent répliquer
...µ
c fidèlement leur ADN et le protéger des détériorations physico-chimiques.
O'>
·c
>-
0. En effet, des mutations chez l'homme peuvent par exemple dérégler le
0
u contrôle strict de la division cellulaire, entraîner la prolifération continue
de certaines cellules et former une tumeur cancéreuse. De la même
manière si les mutations concernent l' ADN du spermatozoïde ou de
l' ovule des parents, des maladies génétiques peuvent en résulter chez
l' enfant. Des mécanismes moléculaires de correction et de réparation
des défauts de l' ADN minimisent ces risques et agissent à l' instar de
filtres, certes imparfaits, pour éliminer les dommages causés à l' ADN
par les erreurs de réplication ou les agents mutagènes apportés par les
nuisances environnementales.
26 Chapitre 2 Mutations et sélection
•
2 3 4
uj
A
j j Étalement de
107 cellules
j
QQQQ
j j Incubation
pendant 48 h
j j
B
�
""O
0
c
16
g 41
� 9
:J
0
li)
ri Nombre de colonies bactériennes résistantes
0 à l'antibiotique
N
@
...µ
c
O'> Figure 2.1 Mise en évidence des mutations spontanées.
·c
>-
0.
0 Les quatre cultures de la même souche bactérienne sont propagées un grand nombre
u de fois dans un milieu liquide complet puis on réalise à partir de chacune de ces quatre
cultures un étalement d'un nombre identique de bactéries sur milieu complet solide
en boîte de Pétri (A) contenant une même concentration d'un antibiotique puissant.
Le nombre aléatoire de bactéries mutantes dans chaque culture (B) révèle le caractère
spontané et aléatoire des mutations de l'ADN bactérien conférant une résistance à
l'antibiotique. Des étalements témoins, non représentés ici, réalisés sur des boîtes de
Pétri dépourvues d'antibiotique donnent pour chacune des cultures après 48 h d'incu
bation un nombre élevé et similaire de colonies. Ceci permet de vérifier que le nombre
de bactéries présentes dans les quatre cultures est bien comparable et qu'aucun
défaut métabolique dans la croissance des bactéries ne vient perturber l'analyse.
2.1 • Origine des mutations 27
� @]
u
'<1)11)V> �
·c �
2:::l
'"
c:0 . . . . .
c: �
c:
-ü� �
"O:::l0
....
c..
� purine +-----+ purine
�:::l pyrimidine +-----+ pyrimidine purine +-----+ pyrimidine
E-0
1
"O0
c::::l Figure 2.2 Changements de bases pyrimidiques ou puriques par transition ou
0 transversion.
<Q>
28 Chapitre 2 Mutations et sélection
•
Réparation
2e cycle de
réplication
Figure 2.3 Deux cycles de réplication sont nécessaires pour qu'une mutation
ponctuelle soit définitivement introduite dans une région de l'ADN fils.
I l I l
@j
[JlTtJ� lTtJlTtJ[J@j@J[JlTtJ
I l l I l l I l I l I l l I l l I l l I l l I l
rmrA1ffirnrA1[AJrmrnLCJrmrA1
---
UV l� Formation d'un
dimère de thymine
-
�
@j�@J
: 1
[JlTtJ�
1 1 1 1 1 1 1
[JlTtJ
1 1 1 I l 1 I l 1 1 1 1 1 1 1 1 1
rmrA1ffirn[A][A]rmrnLCJrmrA1 1
-------
/
' /
/
/
' /
/ ' /
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'
' /
0
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H
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\
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"C - N/
/ \
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/ \
/ \
-ci
0
c I
I
/
Désoxyribose
/ \ \
\
\
:J I N T c =o
\c-1
0 I \
1
/
li) I 1
ri I 1
0 1
N 1
1 / \CH3 \
\
1
@ 1 H
0
1
...µ
c 1 1
O'> 1 Anneau 1
·c 1 1
>- 1 1
\
o.
0
1
1 0\ H
cyclobutyl 1
c j
u 1
'
1 1
1 1
1 I
I
1
1 Désoxyribose
I \ I
I
N T C =o
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1
/
\ I
\\ /I
/ \CH3
/
\ /
\ /
\
H
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' /
' /
' /
' /
' /
' /
' /
' /
' /
' /
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1
1
a
1 C.
""O
0
0
c
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li)
_ ,
- - _:' 1
.;� - - -
--- -- '<'"
,,. -
-J 2 \
"}h
ri
0 -- -- - -
1 -
\ ... _
/ - -
-
1
N Clivage 1 1
1
Clivage
@ � T
...µ
c
O'> A B A B c
·c c
>-
0.
0
u A b c A b c
a B c a B c
a b c a b c
>- Les mutations faux sens » par substitution de bases, ainsi que les
«
Délétion 6 085 2 1 ,8
Insertion/duplication 1 91 1 6,8
Répétition 38 0,1
Total 27 027 1 00
L'effet d'une mutation ponctuelle est parfois annulé par une deuxième
""O
0 mutation qui restaure la base initialement présente (c'est une vraie
c
0
:J réversion) ou qui intervient sur un deuxième site grâce auquel la fonc
li)
ri tionnalité de la protéine sera restaurée. C'est le cas d' une délétion qui
0
N interrompt le cadre de lecture qu'une insertion très proche restaurera.
@ C' est le cas aussi des ARN de transfert suppresseurs de mutations où
...µ
c
·c
O'> l' anticodon est porteur d'une mutation qui permet de lire un codon
>-
0.
0 sens préalablement muté en codon stop.
u
Les insertions peuvent comporter plusieurs bases ou nucléotides.
Les éléments transposables (transposons) ou les répétitions de bases
(comme AC ou TG) présentes dans les rrticrosatellites et incorrectement
répliquées sont de bons exemples de ce type d' événement. Lorsqu' ils
se produisent à l'intérieur d'une séquence génique les effets portent
sur la séquence codante ou bien les sites d' épissage ce qui dans les
deux cas, altère finalement la protéine. Le transposon peut cependant
à son tour être excisé, ce qui restaure la séquence initiale. Dans le cas
d' une délétion, la séquence codante d'un gène sera irréversiblement
altérée (Fig. 2.6).
2.2 • Les différents types de mutations modifiant ou non la fonction 35
- 7p22. 3
q
- 7q31 .2 - CFTR La phénylalanine 508 est mutée
chez la majorité des patients
atteints de mucoviscidose
- 7q36.3
Chromosome 7
]X
Chr. 9
Chr. 9 Chr. 9 Chr. 9 Chr. 9
Chr. 9
• Insertion
Chr. 20
-ci
0 Chr. 1
c
:J
0
li) • Translocation
ri
0
N
@ Chr. 9 Chr. 22
...µ
c C) C)
O'>
[�
·c
�
>-
o.
0
u
---
Nomenclature
Il existe une nomenclature simple pour désigner les mutations ponc
tuelles qui sont des substitutions ou des délétions. On écrira par exemple
Q2 1 3H pour nommer la substitution de la glutamine en position 2 1 3 par
l'histidine. Q désigne la glutamine dans le code international à une lettre,
2 1 3 désigne la position de la glutamine à partir de l'extrémité N de la
protéine et la lettre H, l'histidine qui est substituée à la glutamine.
""O Dans le cas d' une délétion, on écrit �Q2 1 3 . Le signe grec � (delta)
0
c indique la délétion. La lettre Q désigne la glutamine présente dans la
:J
0 séquence de type sauvage et le nombre désigne la position où se trouve
li)
ri
0 la glutamine à partir de l'extrémité N de la protéine.
N
@ On procède de façon similaire pour désigner les mutations affectant
...µ
c les bases puriques et pyrimidiques de l' ADN et de l' ARN.
O'>
·c
>-
0.
0
u 2.3 LA NOTION DE PARAMUTATION
Cette notion fait référence à l'existence d'une interaction entre les deux
allèles d'un locus. En effet, dans la paramutation, un des deux allèles
présents à une génération affecte de façon héritable l'autre allèle dans
les générations ultérieures, même si l'allèle responsable du changement
n'est pas lui-même transmis. La paramutation constitue donc une
exception à la règle mendélienne de la ségrégation indépendante des
allèles. Quel est le support physique qui est responsable de la transmis
sion de l'information génétique dans un tel phénomène ? La réponse
désigne aujourd'hui de petits ARN, sous toutes les formes non codantes
2.3 • La notion de paramutation 39
l l
ARNm de Kit
0
...
aberrant Ovule
Spermatozoïdes
� /
C"\ Embryon
V
l
F1
-ci
0
Figure 2.8 Paramutation d u gène Kit chez la souris � C"\
V
c
::J À la génération F l , bien que les souris mâles aient un
0 génotype de type sauvage +/+, le phénotype de leur
queue correspond à un génotype muté Kit 1m 1Alf/+. Croisés
li)
ri
0
N avec des femelles de type sauvage +/+, les individus F2 1
@ continuent de présenter, quoique souvent à un moindre
.µ
.c
Ol � degré, le phénotype mutant. L'extrémité de la queue de
-0 F2
ï::
>- c::::l souris mâles possédant un allèle paramutagénique Kit tm 1Alf
o.
0 tiQ) et un allèle de type sauvage (+) est blanche au lieu d'être
u
'Q)Q)V> colorée. L'allèle Kit tmlAlf produit un ARNm incorrect qui
·;::: est embarqué dans le sperme et transmis à l'embryon
2:::l Kit + / +
'"
c:0 après fécondation de l'œuf. Même si les descendants
c: possèdent les deux allèles sauvages, ils expriment cepen-
c: dant un phénotype dit « extrémité de la queue blanche ».
-tï�
-0:::l0 Ce phénotype est d û à l'action de l'ARNm Kit tmlAlf qui
....
Q.
provoque soit une dégradation ciblée interférentielle de
� l'ARNm sauvage, soit un blocage de sa traduction. La
�:::l
disparition progressive au cours des générations succes
E-0
1 sives de l'ARNm Kit tm7Alf incorrect ou de ses produits
-00
c::::l inhibiteurs dérivés conduit progressivement à une perte
Cl de la paramutation.
(Q)
40 Chapitre 2 • Mutations et sélection
connues. Ces ARN sont transmis par les cellules sexuelles (gamètes) de
génération en génération. L' ARN doit donc être considéré à part entière
comme une molécule de l'hérédité (voir aussi fin du chapitre 7).
Des exemples sont connus chez les végétaux. L'allèle paramuta
génique Rst au locus R peut influencer l'allèle dominant paramutable RR.
Rst peut même, au long des générations, contrôler un large éventail de
phénotypes de coloration chez le maïs, depuis l' absence de couleur
des grains jusqu'à la plus intense des colorations. Un tel phénomène
est également rencontré chez les mammifères (Fig. 2.8).
La sélection naturelle
-ci
0
c La sélection, sous sa forme naturelle théorisée en 1 859 par Charles
:J
0 Darwin, aboutit à ce que les caractéristiques (traits phénotypiques) favo
li)
ri
0 rables, transmises entre individus capables de se reproduire deviendront
N de plus en plus fréquentes chez les descendants au cours des généra
@
.µ
..c
tions successives. Si les caractéristiques ainsi sélectionnées ont une
O'> �
"O
·c
>- c::::l base génétique, au sens des découvertes faites à la même époque par
o.
0 ti11) Gregor Mendel, le génotype correspondant deviendra également de
u
'<1)11)V> plus en plus fréquent dans les générations suivantes. De façon symé
·c
2:::l triquement inverse, la fréquence des caractéristiques défavorables et
'"
c:0 celle de leurs génotypes correspondants diminueront progressivement.
c:
c: La sélection naturelle peut se manifester à divers stades du cycle
-ü�
"O:::l0 vital d'un organisme ayant une reproduction sexuée (Fig. 2.9).
....
c..
� Il arrive que la sélection naturelle de leurs caractéristiques phéno
�:::l typiques assure aux individus porteurs une excellente adaptation au
E-0 milieu dans lequel ils vivent (niche écologique). Le maintien d'une
1
"O0
c::::l telle sélection basée sur un processus interactif entre génotype et
0 milieu peut aboutir finalement à l'émergence d'une nouvelle espèce.
<Q>
42 Chapitre 2 Mutations et sélection
•
Zygote Survie
Compatibilité à se Capacité à se
reproduire reproduire
Gamètes Adultes
Viabilité et
)
sélection des Compétition
gamètes sexuelle
Reproducteurs
Fécondité Nombre de
croisée descendants
Figure 2.9 Identification des divers stades du cycle vital d'un organisme où
s'exerce avec des effets majeurs la sélection naturelle.
Capacité à se reproduire (ne pas disparaître avant d'être capable de se reproduire),
Compétition sexuelle (compétition entre adultes pour se reproduire), Nombre de
descendants (et durée de la période d'aptitude à la reproduction), Fécondité croisée
(fécondité relative mâle et femelle), Viabilité et sélection des gamètes (suivant les
événements de recombinaison méïotique), Compatibilité des gamètes (plus ou moins
grande compatibilité sperme-ovule).
La sélection artificielle
C' est la sélection pratiquée par les cultivateurs, les éleveurs et les
sociétés ou organismes producteurs de semences végétales et animales.
Elle repose sur le fait que la plupart des traits phénotypiques des
espèces vivantes exploitées par l'homme dépendent, lorsqu'ils ont une
base héréditaire, de l'interaction de nombreux gènes. Les variations
de ces traits, lorsqu'elles sont dues à un seul gène, ne produisent donc
à chaque étape de sélection qu'un effet quantitatif très faible sur les
phénotypes. Dans une espèce, une race animale ou une variété végétale,
les phénotypes d'intérêt se présentent ainsi sous la forme de séries
continues au sein desquelles les sélectionneurs cherchent par des accou
plements dirigés, à stabiliser ou à éliminer, les traits qu'ils jugent
favorables ou défavorables. Ils opèrent généralement en procédant à
""O
0 une sélection par troncature (Fig. 2. 1 0 et 2. 1 1 ) . Tous les individus
c
:J
0 ayant une valeur pour le trait d'intérêt supérieure à une valeur seuil,
li)
ri sont sélectionnés et utilisés comme reproducteurs. La valeur S ou écart
0
N sélectif est définie comme l'écart imposé entre la valeur moyenne du
@
...µ
c
caractère pour la sous-population des reproducteurs sélectionnés à la
O'> génération d' origine et la valeur déterminée pour l'ensemble de la
·c
>-
0.
0 population parentale (génération 1 ). La réponse R à la sélection ou
u
progrès génétique représente la différence entre les moyennes établies
pour deux générations successives. Elle montre que la supériorité
génétique des individus sélectionnés a été transmise à leurs descen
dants. Le rapport RIS (réponse de sélection sur écart sélectif) mesure
l' augmentation de la valeur additive, c'est-à-dire l'héritabilité du
caractère considéré.
Tant qu'une variabilité génétique existe entre les individus d'une
population soumise à la sélection artificielle, un progrès génétique
peut être enregistré. À partir d'un certain nombre de générations, la
variance génotypique additive du caractère comme son héritabilité
2.5 • La notion de sélection 45
Cl Reproducteurs sélectionnés
Génération 1 Cl Animaux non sélectionnés
s
Q)
(.)
c
Q)
:J Performances
0-
·Q)
· -
' moyennes des
.....
LL reproducteurs
sélectionnés
Point de troncature,
Génération 2 R limite du seuil de
+----.-...
' sélection
Q)
(.)
c
Q)
:J
0-
•Q)
i.t
Génération X
Q)
(.)
-ci
0
c
Q)
c :J
0-
:J •Q)
0
li) i.t
ri
0
N
@
.µ
..c
O'> �
"O
·c c::::l Mesure
>-
o.
0 ti11) du caractère
u
'<1)11)V>
·c Figure 2.10 Principe de la sélection par troncature après établissement de la
2:::l courbe de distribution d u caractère que le sélectionneur veut améliorer.
'"
c:0
c: La génération 2 résulte d'un croisement entre reproducteurs, sélectionnés à la généra
c:
-ü� tion 1 . On observe un progrès génétique R, en réponse à la sélection. S mesure l'écart
"O:::l0 sélectif. En conservant le même point de troncature au cours des générations successives,
....
c..
on enregistre à la génération x, un déplacement très significatif de la courbe de distri
� bution, vers la droite. Cela signifie que le progrès génétique, pour le caractère concerné,
�:::l
est devenu pour la majorité de la population, supérieur au point de troncature, fixé en
E-0
1 début de sélection.
"O0
c::::l
0
<Q>
46 Chapitre 2 • Mutations et sélection
35
30
Q)
<fl
<fl
"ê
Ol
Q) 25
""O
Q)
Ol
Cil
E
Q) 20
�
:J
0
a..
15
0 5 10 15 20 25 30 35
Nombre de générations
Figure 2.1 1 Réponse des animaux soumis à une sélection artificielle par troncature.
Les reproducteurs sont sélectionnés par troncature aux deux extrémités de la courbe
de distribution d u caractère (voir figure 2. 10). Au fil des générations, cette sélection
produit des populations qui divergent fortement pour le caractère concerné (ici le
poids de graisse ramené à la carcasse). L'application systématique d'une telle sélection
au fil des générations produit des populations A et B qui divergent fortement pour le
caractère considéré.
""O
0
c
0
:J Relations entre sélection et variation génétique
li)
ri
0 Il doit être noté qu'une partie importante de la variabilité génétique
N
@
(la différence de génotypes) observée entre les individus s'avère sans
...µ
c effet sur les phénotypes et n'influence pas non plus l' adaptabilité des
O'>
·c
>- individus. On dit de cette variabilité associée à la diversité qu'elle est en
0.
u
0 vérité neutre du point de vue de l'évolution selon la théorie proposée
par Motoo Ki mura. Autrement dit il n ' y a pas de relation directe entre
la variation génétique et des différences dans l' adaptabilité des indi
vidus constitutifs d'une population. Les mutations qui interviennent
dans le génome sans modifier son expression seraient sans effet sur
cette adaptabilité. On a pensé pendant longtemps que les mutations
neutres concernaient principalement l'énorme fraction des génomes qui
n'est pas occupée par les séquences codantes des gènes à l' origine des
protéines. Que des mutations interviennent dans ces régions n'avaient
pas d'importance puisque les protéines à l 'origine des phénotypes
n' étaient pas concernées. Cette conception fait place maintenant à une
2.6 • La distinction entre phénotype et génotype 47
vision très sensiblement différente depuis que l' on sait que les régions
non codantes de l' ADN sont maj oritairement transcrites et que les
ARN non codants influencent fortement l'expression des gènes et donc
les phénotypes (voir chapitre 5, ENCODE). Il est à prévoir que de
nouvelles théories à propos de la sélection naturelle et de ses rapports
avec l'évolution, intégrant les données concernant la nature des gènes et
leur expression verront le jour dans les prochaines années. La concep
tion que l'on se fait de la balance entre mutations et sélection peut s'en
trouver modifiée. La sélection est en effet un processus qui en éliminant
les mutations défavorables à une adaptation environnementale réduit la
variabilité génétique apportée par les mutations. Dans le même temps,
de nouvelles mutations, aléatoires, se produisent qui réalimentent la
variabilité génétique au sein d' une population. Une balance, un équi
libre s'établit entre les deux processus (vitesse d' apparition des muta
tions et élimination des mutations défavorables). De cette balance
résulte en quelque sorte la force propulsive de l'évolution.
des croisements par recombinaison (« crossing over »). Plus les gènes
sont proches les uns des autres sur un chromosome, plus faible est la
probabilité qu'un événement de recombiaison entre chromosomes
vienne à les séparer. Il en résulte que si l'un des gènes est l'objet
d' une sélection (naturelle ou artificielle), les autres gènes qui lui sont
proches ont toutes les chances d'être eux aussi sélectionnés. Au final,
la sélection agit sur le potentiel de variation du génome et suivant les
circonstances et l'échelle de temps considérée, elle peut ou non
appauvrir la variabilité intrinsèque du génome, objet de la sélection.
Par une sélection systématiquement dirigée, il peut arriver qu'un
gène (un allèle de ce gène), responsable d'un phénotype recherché par
l' éleveur ou le cultivateur, voit augmenter sa fréquence au sein de la
population. Les allèles d' autres gènes qui lui sont liés au locus chromo
somique qu'ils occupent, verront du même coup également leur
fréquence augmenter, quelle que soit leur action effective (neutre,
positive ou négative). Poussée à l'extrême, une telle sélection
conduira à fixer dans la population et pour la région génomique
considérée, un seul haplotype, c'est-à-dire une seule combinaison
allélique (l' allèle du gène cible de la sélection et les allèles des gènes
liés voisins).
....
c..
� Figure 2.12 Généalogie d'une famille humaine où s'observe chez les garçons
�:::l
une liaison génétique entre un retard mental et la présence d'un site fragile sur le
E-0
1 chromosome X.
"O0
c::::l Le symbole en losange barré correspond à la détection du site fragile lors d'un diagnostic
0
<Q> prénatal.
50 Chapitre 2 Mutations et sélection
•
some X avec un site fragile, et que celui-ci soit détecté sans ambiguïté,
elles ne présentent pas de retard mental puisque leur deuxième chromo
some X est normal. En examinant les garçons de la famille, on constate
que les deux caractères (retard mental et site fragile du chromosome X)
sont totalement corrélés. Cela signifie que les déterminants génétiques
de ces deux caractères sont très proches sur le même chromosome (en
l ' occurrence ici le chromosome X). Le chromosome Y des garçons,
d'une taille réduite et avec peu de gènes (voir chapitre 3), ne comporte
pas les déterminants génétiques (les allèles) du chromosome X. Il ne
compense donc pas l'absence du deuxième chromosome X.
Mutation ponctuelle
Nucléotide variant responsable
d'une maladie ou d'un QTL
•
ADN 1 1 1 1 1 1 1 1 Haplotype ancestral
A T AX G c T G
l Multiples recombinaisons
La génétique quantitative
La génétique quantitative étudie les caractéristiques biologiques (les
-ci
traits phénotypiques) qui sont mesurables et quantifiables en essayant
0
c de relier la série des valeurs constatées et leur distribution (la variabilité
:J
0 des phénotypes) aux mécanismes sous-jacents tels qu'ils sont admis par
li)
ri
0 une majorité de généticiens se référant aux bases théoriques actuelles
N
@ de leur discipline (la génétique mendélienne, voir cependant à ce sujet
.µ
..c
O'> � le concept controversé de gène, chapitre 1 ) .
·c "O
>- c::::l La valeur phénotypique (P) d'un individu résulte de la combinaison
o.
0 ti11)
u d' une valeur génotypique (G) et d'un effet environnemental (E) :
'<1)11)V>
·c P = G + E.
2:::l
'"
c:0 La valeur génotypique réunit toutes les instructions géniques ainsi
c:
c:
-ü�
que leurs interrelations. C'est pourquoi on subdivise habituellement le
"O:::l0 composant G en un composant A (addition cumulée des effets de
....
c.. chaque gène) et un composant D (effet résultant des interactions domi
�
�:::l nantes entre gènes). L' action de l' environnement se subdivise en une
E-0 composante E strictement environnementale et une composante 1
1
"O0 décrivant les interactions entre gènes et environnement :
c::::l
0 P = A + D + E + I.
<Q>
54 Chapitre 2 Mutations et sélection
•
t= �·
n.
covxy -
- L(xi -x)(yi -y) .
N
Le coefficient de régression (bxy) permet de déterminer si la valeur
pour un caractère (Y) dépend de celle du caractère (X). C'est la pente
de la droite Y = f (X), soit :
cov xy
bxy = .
s2(x)
POINTS CLEFS
-ci
0 > Pour survivre et se reproduire, les organismes vivants doivent répliquer
c
::J
0 fidèlement leur ADN et le protéger des détériorations physico-chimiques.
li)
ri
0 > Si l'ADN était absolument invariant, c'est-à-dire répliqué avec une fidélité
N absolue et donc dépourvu totalement de mutations, i l n'y a u rait pas
@
.µ
.c d'évolution des espèces vivantes.
Ol �
-0
ï:: c::::l > Un taux élevé de mutations peut permettre à certains organismes d'évoluer
>-
o.
0 tiQ) et donc de s'adapter plus rapidement à leur environnement.
u
'Q)Q)V>
·;:::
2:::l > Les m utations, qu'elles soient spontanées ou provoquées par des détério
'"
c:0 rations liées au contexte environnemental, sont principalement dues à des
c: erreurs de duplication de l'ADN, non corrigées.
c:
-tï�
> À la méiose, des fragments entiers de chromosomes s'échangent, par recom
-0:::l0
....Q. binaison homologue, processus connu sous le terme de « crossing over ».
�
�:::l > La transposition, réarrangements et/ou déplacements de séquences connues
E-0 appelées transposons, contribue à la plasticité des génomes.
1
-00
c::::l > Qu'elles soient géniques ou chromosomiques, les mutations ont de multiples
Cl formes ponctuelles (transitions, transversions) ou plus larges (amplifications,
(Q)
56 Chapitre 2 Mutations et sélection
•
QCM - QROC
RÉPONSES
2.1 a)
2.3 a)
""O
2.4 Capacité à se reproduire (ne pas disparaître avant d' être capable
0
c de se reproduire), Compétition sexuelle (compétition entre adultes
::i
0 pour se reproduire), Nombre de descendants (et durée de la période
li)
ri
0 d' aptitude à la reproduction), Fécondité croisée (fécondité relative mâle
N
@ et femelle), Viabilité et sélection des gamètes (suivant les événements
.._,
..c
O'>
de recombinaison méïotique), Compatibilité des gamètes (plus ou moins
·c grande compatibilité sperme-ovule).
>-
0.
0
u
2.5 Une mutation ponctuelle de la globine (un acide glutamique est
substitué par la valine) responsable de l' anémie falciforme (l'agrégation
de l'hémoglobine déforme les hématies qui adoptent une forme en
faucille et circulent mal). Les porteurs de cette mutation résistent à la
malaria (paludisme), l'agent infectieux de cette maladie (Plasmodium)
étant mal transporté.
Une délétion de 32 bases dans le gène codant un récepteur de cyto
kines (CCR5), exprimé préférentiellement dans les lymphocytes T, les
macrophages et les cellules dendritiques. Ce récepteur, utilisé par le
VIH (virus du sida) comme corécepteur pour coloniser les lympho-
Réponses 59
-ci 2.8 L' allèle responsable de ce nanisme doit être apparu spontanément
0
c
:J dans la lignée germinale de l'un des parents. La survenue d'un autre
0 enfant atteint de nanisme dépend du stade auquel la mutation est
li)
ri
0
N intervenue (cellule souche de la lignée germinale ou gamètes). Si les
@ cellules souches (2 n chromosomes) de la lignée germinale de l'un
.µ
..c
O'> �
"O
des parents ont muté spontanément, la moitié des gamètes (n chromo
·c c::::l
>-
o. somes) seront susceptibles d' être porteurs et la probabilité de survenue
0 ti11)
u d'un autre enfant nain sera de 112. Elle sera nulle, si l' événement de
'<1)11)V>
·c mutation initial est intervenu après la méiose ayant produit les gamètes
2:::l
'"
c:0
porteurs. Elle sera comprise entre 0 et 0,5 selon la proportion de
c:
c: gamètes atteints aux autres stades possibles de mutation.
-ü�
"O:::l0
....
c..
�
�:::l
E-0
1
"O0
c::::l
0
<Q>
"O
0
c
::J
0
li)
,..-{
0
N
@
.µ
�
Ol
·c
>-
0.
0
u
Structure des gènes
et des génomes
> Analyser dans ses principaux aspects la structure en double hélice de l'ADN
> Analyser dans leurs principaux aspects la structure et la dynamique
des nucléosomes et de la chromatine
> Répertorier les principaux aspects de la structure et de l'organisation
des différents génomes
3'
1 ,08 nm
0,28 nm H
H' C\ _,,�;P' /Ni���'C,.,H
/
. . . . . . . . . . H-N
01 H
1
C _,- c
;{5 4,
0,30 nm //6
\
C -5�
C 9
H1
H - c s T 3 N- H ......... N 1 A 4 c - N /.c-c H
3,
I
0 _- P-05,C-H O \ 2 \ 2 3/ � H1\1
Ô- J / """ N1-c
"
c=N c" / c 0_
CH C/ \
�O "- l 1
1 \1 �/ H/ O H-C5-0-P=O ·
H C---i: 1 1
3' 1 H 0
H 1 , 1 1 nm
3'
5'
Bases (%)
\J
0 Origine de I'ADN (A + T)/(G + C) (A + G)/(T + C)
c
::J A G c T
0
li)
ri
0 Bactériophage T7 26,0 23,8 23,6 26,6 1 ,1 1 0,99
N
@ Escherichia coti B 23,8 26,8 26,6 23,1 0,88 1 ,01
.µ
.c
Ol
ï:: Neu rospora
>-
0. 23,0 27, 1 26,6 23,3 0,86 1 ,00
0
u
Drosophile 30,7 1 9,6 20,2 29,5 1 ,5 1 1 ,01
a) Extrémité 3'
Extrémité 5'
�
H OH
3'
a � �
�-o-c�
0= 1 · ·••••• • •• •
• •
• • • • • • • • • • • • •
c- o-P-o
1
o· o
H H
0
1
............
o-
1
1 .. ..... . . ... 1
o· o
�
H H
0 �
1 .............
1 .. ........... 1
o- O
�
H
o a
o= P-
1 o-a-t2 '""""'"' A
• • • • • • • • '' •• •
O f-i:!C-o-P-o
1
o-
5'
o·
3' H H
O
Extrémité 5'
Extrémité 3'
Extrémité 3'
-ci b) Extrémité 5'
0
c
:J
0
li)
ri
0 5'
N
@
.µ
..c
O'> �
"O 5'
·c c::::l
>-
o.
0 ti11)
u
'<1)11)V> 5'
·c
2:::l
'"
c:0 5'
c:
c:
-ü�
"O:::l0 Extrémité 5'
....
c.. Extrémité 3'
�
�:::l
Figure 3.2 Structure des appariements complémentaires de deux brins anti
E-0
1 parallèles d'ADN. a) représentation développée ; b) représentation simplifiée.
"O0
c::::l
0
<Q>
64 Chapitre 3 • Structure des gènes et des génomes
l' ADN, la quantité des purines (A + G) est égale à celle des pyrimidines
(C + T). Par contre le rapport A + T sur G + C varie selon l' origine de
l 'ADN (Tableau 3. 1 et voir le Mini Manuel Biologie moléculaire,
Tableau 1. 1). Le principe d'appariement complémentaire des bases
a une grande valeur pratique. Il permet au généticien de déterminer la
séquence nucléotidique d'un brin d' ADN à partir de celle du brin
complémentaire, qu'il s' agisse d'un brin ADN ou d'un transcrit ARN.
L' orientation d'un brin polynucléotidique est définie par la présence
des groupes chimiques 5 ' -phosphate et 3' -OH portés par les carbones
5' et 3 ' des deux désoxyriboses extrêmes (Fig. 3.2). Dans la double
hélice d' ADN, les deux brins complémentaires sont orientés en sens
inverse. On dit qu'ils sont antiparallèles.
La double hélice
L'association des deux brins par des liaisons hydrogène provoque une
contrainte physique qui impose à l'ensemble l' adoption d'une struc
ture en double hélice (Fig. 3.3). Dans le modèle original, proposé par
James Watson et Francis Crick en 1 953, la double hélice a un diamètre
de 2 nm et présente deux périodicités. La première de 0,34 nm corres
pond à la distance séparant deux plateaux de bases appariées. La
seconde de 3,4 nm correspond au pas de l'hélice qui couvre une
longueur de 10,5 plateaux de bases (Fig. 3.3). À la surface de la molécule
Sillon
majeur
\J
0 (1,2 nm)
c
::J
0
li)
ri
0
N
@ 3,4 nm
.µ
.c
Ol Sillon mineur
ï:: (0,6 nm)
>-
0.
0
u
2 nm
� Sens d'enroulement
a)
dénaturation renaturation
(chaleur, urée) (baisse T°)
E ADN monocaténaire
b) 0
c
CO 1 00
C\J -
.Cù �
·=
z
0 � c
� :=:..... 0
�::J
-
- .0
a> ro
-0 •Q) (/) 50
Q) eu
c
0
c :'!:::
c:::'. •Q)
ro ::J ADN 0
.o
.... bicaténaire
0
(/)
.0
� 1
Tm Température (°C)
1
Tm = 69.3 + 0,41 (% G + C)
-ci
0
c
::J �
� 100
0 c)
li) ü
ri + 80
0 CJ
N (/)
@ Cl>
(/)
60
.µ
.c �
CO
Ol -0 .0
40
ï:: c::::l c
>-
o. Cl>
0 tiQ) ......
::::::i 20
u
'Q)Q)V> Cl>
c
·;:::
2:::l � 0 Tm (°C)
'"
c:0 70 80 90 100 110
c:
c: Figure 3.4 La dissociation de l'ADN et sa réassociation dépend de sa teneur en G + C.
-tï�
-0:::l0 a) Représentation simplifiée du processus de dissociation-réassociation de l'ADN sous
....
Q. l'action d'agents dénaturants ; b) représentation simplifiée de la courbe sigmoïde,
� témoin du processus de dissociation. La formule établit la relation entre la teneur en
�:::l
G + C de l'ADN et la température de fusion de l'ADN ;c) d roite reliant la teneur en G + C
E-0
1 et la Tm (Température de fusion) de divers organismes.
-00
c::::l
Cl
(Q)
66 Chapitre 3 Structure des gènes et des génomes
•
d' ADN, les deux brins torsadés ménagent deux sillons hélicoïdaux
de largeur différente, un sillon majeur ou grand sillon et un sillon mineur
ou petit sillon (Fig. 3.3 ). Ces deux sillons, tout particulièrement le
grand sillon, exposent de nombreux groupes chimiques avec lesquels
interagissent dans les conditions physiologiques de la cellule des
protéines dites de liaison à l' ADN. Ces protéines assurent des rôles
majeurs de régulation de l' expression de l' information génétique portée
par la séquence en bases proprement dite. Sous sa forme bicaténaire
(en double hélice) l' ADN absorbe modérément la lumière UV. Après
dissociation des deux brins, le démasquage des bases qui en résulte,
provoque une absorption plus marquée de la lumière UV. L' enregis
trement du phénomène à 260 nm fournit une courbe en forme de
sigmoïde, typique du phénomène (Fig. 3.4) . La dissociation thermique
de l' ADN et sa réassociation par refroidissement est une technique de
base utilisée dans la réaction de polymérisation en chaîne (PCR, voir
la technique PCR dans le Mini-manuel Biologie moléculaire).
Sous la forme linéaire souvent observée dans la plupart des cellules,
les extrémités de l' ADN sont libres et les contraintes physiques intro
duites par ses divers ligands sont, pour cette raison, facilement ajustées.
L' ADN peut cependant exister sous une forme circulaire, c' est-à-dire
sans extrémités libres. C' est le cas de l'ADN bactérien, de beaucoup
d' ADN viraux et de l ' ADN mitochondrial (Tableau 3.2). C' est aussi
le cas des plasmides, petits chromosomes bactériens surnuméraires
capables de s' autorépliquer de façon autonome. L' ADN circulaire
subit des contraintes physiques qui ne sont réduites pour stabiliser
l' ensemble que par un jeu de surenroulements parfois nombreux. Quel
""O
0 que soit l' ADN, l' orientation des gènes dépend pour chaque gène de
c
0
:J l'orientation du brin effectivement transcrit (orientation 3' � 5 ' ) . Les
li)
ri deux brins peuvent être porteurs de l' information transcrite (Fig. 3.5).
0
N Des chevauchements existent parfois entre gènes dont l'orientation
@ est opposée .
...µ
c
O'> Dans l' ADN de très grande longueur des cellules eucaryotes, malgré
·c
>-
0.
0 la linéarité de la molécule, les contraintes topologiques demeurent
u
au sein de la chromatine. Il est donc important que ces contraintes
soient réduites afin que les processus fondamentaux que sont la répli
cation et la transcription de l' ADN soient possibles. Une classe spéciale
d' enzymes, nommées topoisomérases, peut introduire des cassures
spécifiques dans l'un ou l' autre brin ou même les deux. Ces cassures
réduisent les contraintes, relâchent les surenroulements et rendent
possibles les processus physiologiques. Ceci est particulièrement
important lors de la séparation des deux molécules d' ADN résultant
de la réplication, qui sont encore liées l' une à l' autre avant leur adressage
aux deux cellules produites par la division cellulaire.
3.1 • La structure de /'ADN 67
ADN
l 5' c:::!---
3'
Gène 1
l:::e==J:: ____
--'- 7�
__.__,
5'
Gène 2
,-------,
1---'-
/
3'
Gène 3
5'
-
Gène 4
J---j-}-----,
>
------'----, 3'
3' � 71�/
1;---L- /
1---J-11--���,__,
7� 5'
� 5' .... 3' 5' ,.. 3' ___
Figure 3.5 Orientation des gènes suivant que la séquence codante se trouve sur
l'un ou l'autre brin de la double hélice.
Structure Nombre
Génome Groupe Taille (kb)
du génome de gènes
Eucaryotes :
Saccharomyces Levures 1 3 500 (L) 6 000
cerevisae
Caenorhabditis Nématode 1 00 000 (L) 1 3 500
elegans
Arabidopsis Plante 1 20 000 (L) 25 000
thaliana �
Homo sapiens Humain 3.106 (L) 28 000
Procaryotes :
Escherichia coli Bactérie 'li 4 700 (C) 4 000
Haemophilus Bactérie 1 830 (L) 1 703
-ci influenza
0
c Methanococcus Bactérie 1 660 (L) 1 738
:J 'f-
0 jannaschii
li)
ri
0 Virus :
N Virus T4 Virus 1 72 (UC) 300
@ bactérien
.µ
..c
O'> �
"O HCMV (virus Virus 229 (L) 200
·c c::::l de l'herpès) eucaryote
>-
o.
0 ti11)
u 11) Organites
'<1)
V>
·c Mitochondrie Levure 78 (C) 34
2:::l de S. cerevisae
'"
c:0 Mitochondrie Humain 1 7 (C) 37
c: de H. sapiens
c:
-ü� Chloroplaste Plante 1 2 1 (C) 1 36
"O:::l0
....
c.. D Séquences répétées L : Linéaire
� D lntrons C : Circulaire
�:::l
E-0 D Exons
1
"O0
c::::l
0
<Q>
68 Chapitre 3 Structure des gènes et des génomes
•
a) b)
c)
Queues
N-terminales
/
""O 2 x H2A
0
c
:J 2 x H2B
0
li)
ri 2 X H3
0
N 2 x H4
@ d'histones
...µ
c
O'>
·c Figure 3.6 Structure sim plifiée d'un nucléosome.
>-
0.
0 a) l'octamère d'histones ; b) l'enroulement de l'ADN autour de l'octamère et sa conso
u
lidation par !'histone H1 ; c) protubérance vers l'extérieur des queues N-terminales
d'histones de l'octamère.
taille de 147 paires de bases est enroulé (Fig. 3.6 b). L'histone Hl (20 kd)
ne fait pas partie du « cœur ». Elle est attachée d'une part, à l' ADN de
liaison situé entre les nucléosomes et, d' autre part, à l ' ADN nucléo
somal ce qui a pour effet de consolider l 'ensemble (Fig. 3.6 et 3. 7).
Nucléosome
ADN
Octamère
d'histones
internucléosomique
(20 - 60 pb)
Histone H1
Octamère
d'histones
ADN
diverses autres fonctions de l ' ADN. Les nucléosomes sont des struc
tures dynamiques, constamment modifiées par de nombreux
complexes protéiques de remodelage capables de les déplacer le long
de la molécule d' ADN, de les transférer d'une molécule d' ADN à une
autre ou de les modifier afin d' accroître l' accessibilité de l' ADN.
a) Mitose Entrée en
Ségrégation des quiescence
chromatides sœurs
Ségrégation
des chromosomes
en préparation
Division cellulaire
en préparation
Duplication
de l'ADN
Duplication des
chromosomes
b)
20
1
0
11
z
<(
=o
'Cl>
-
1
� Q 11
@) ® I1 @ @
ro
::J
a
Temps
Interphase
\J
0
c
::J
0 Au cours du processus complet de la division cellulaire, l' état de
li)
ri
0 condensation des chromosomes varie profondément. Durant les phases
N G l , S et G2 (groupées sous le terme d'interphase) il est plus faible
@
.µ
.c que durant la phase M bien que des changements discrets se produisent
Ol
ï::
>- constamment.
0.
0
u
3.3 LA STRUCTURE DES GÉNOMES
Qu'est-ce qu'un génome ?
On désigne par le terme de génome (contraction des mots gène et
chromosome) l 'ensemble des informations génétiques, codées par
l' ADN chez la plupart des organismes et parfois par l' ARN pour
certains virus et qui sont héréditairement transmissibles. De façon
plus précise, le terme désigne la séquence de l 'ADN correspondant à un
jeu haploïde de chromosomes (n chromosomes). Une cellule somatique
humaine, diploïde (2 n chromosomes), contient donc deux génomes
3.3 • La structure des génomes 73
-ci
0
c
Plantes
:J Oiseaux
0 Mammifères
li)
ri Reptiles
0
N Amphibiens
@ Poissons osseux
.µ
..c Poissons cartilagineux
O'> �
"O
·c c::::l
Echinodermes
>-
o. Crustacés
0 ti11) Insectes
u
'<1)11)V> Mollusques
·c Vers
2:::l
'" Moisissures
c:0 Algues
c:
c: Champignons
-ü� Bactéries Gram+
"O:::l0 Bactéries Gram
....
c.. Mycoplasmes
�
1 Q3
�:::l
1 02 1 04 1 Q5 1 06 1 07 1 08
E-0
1
"O0 Figure 3.9 Quantité d'ADN présent dans les génomes de différents g roupes
c::::l
0 d'organismes.
<Q>
74 Chapitre 3 Structure des gènes et des génomes
•
-ci
0
c Grands Chromosomes Petits Chromosomes
:J chromosomes moyens chromosomes sexuels
0
li)
ri
0 A B c D E F G C G
--- -- --
N
@ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 0 1 1 1 2 13 1 4 1 5 1 6 1 7 1 8 1 9 20 21 22 X Y
...µ
c �
O'> "O
·c c::::l
>-
o.
0 ti11)
u
'<1)11)V>
·c
2:::l
'"
c:0
c:
c:
-ü�
"O:::l0
....
c..
�
�:::l
E-0
1
"O0 8,4 8,0 6,8 6,3 6,1 5,9 5,4 4,9 4.8 4,6 4,6 4,7 3,7 3,6 3,5 3,4 3,3 2,9 2,7 2,6 1,9 2,0 5,1 2,2
c::::l
0 Longueur relative des chromosomes (%)
<Q>
76 Chapitre 3 Structure des gènes et des génomes
•
phage <I>Xl 74. C' est à cette occasion que commença à être résolue la
question centrale encore présente aujourd' hui pour toute démarche de
séquençage. Pour séquencer des molécules d' ADN composées d'un
alignement de millions ou de milliards de nucléotides, il s' avère
indi spensable de fragmenter au préalable la molécule. Mais cette
opération fait disparaître l'information de séquence qui est précisément
capitale pour l'exploitation des résultats. La solution de cette diffi
culté est venue de l'utilisation d' algorithmes informatiques capables
de combiner les informations de séquence et de reconstituer à partir
de petits fragments d 'ADN (environ 500 pb ), facilement séquençables,
la séquence complète d'un génome de grande taille. Cette technique
dite du « shotgun » connue un grand succès et fût appliquée, à partir
des années 1990, pour les très grands génomes comme celui de
l'homme, grâce aux progrès de l' automatisation du séquençage et des
logiciels d'assemblage informatique. Les fragments assemblés en
plus grandes régions génomiques par cette méthode sont dénommés
« contigs » . Ce terme particulier rappelle qu' il s' agissait bien de
Chromosome
c=- 1 1 1 1 1 1 X Il 1 1 1 1 )
4. ADN
Il 1 1111 1 1 111 1 11 1 11 11 11 1 Il 11
3. Contigs
..LL.....J..l
....lL....L
1111 1 Il
.il...J....UU. 1 Il
Il 1 1 � J....L.L...J. .L..L.J....
2. Cartes de restriction
et alignements
1 . Isolement
des clones
96 puits
Différentes
étapes
Niveau Niveau d e
d'organisation résolution
de l'ADN cartographique
(pb)
Chromosome
BAC -
4.104 - 3.105
ER ER ER ER ER
(2 )
que ce qui était attendu (environ 200 000) sur la base d'un raisonnement,
qui s' est révélé faux, liant le nombre de gènes à la complexité
supposée de l' organisme étudié.
Séquences codantes
(48.106 pb)
Séquences
répétées
(1 ,4. 1 09 pb)
Séquences non
codantes
( 1 ' 1 52 .109 pb)
44 Ofo
lntrons, régions
non traduites... 36 %
Fragments de
gènes,
transposons
Pseudogènes
D Régions géniques ou associées
� Régions intergéniques
Application Exemple
C I l 1 1 111
. ::'.: llll l )
,
-- -
(GT) 24
1111111111111111111111111
-
___. Allèle 1 (A1)
-
(GT) 23
-
(GT) 1 8
1111111111111111111
-
___,
-
Allèle 3 (A3)
(GT) 20
111111111111111111111
-
___,
-
Allèle 4 (A4)
Amorce A Amorce B
A1 A2 A3 A4 pb
- 88
86
80
-0
0 76
c
:J
0
li)
ri Gel de polyacrylamide
0
N
@ Figure 3.13 Analyse d u polymorphisme d'un microsatellite.
...µ
c Le microsatellite (courte séquence d'ADN répété) est ici constitué d'une répétition
O"I
·c variable (de 1 8 à 24) de dinucléotides GT (CA sur le brin complémentaire). Dans les
>-
0.
0 régions flanquantes du microsatellite, des amorces PCR ont été choisies pour réaliser
u
un test d'amplification. Le schéma représente 4 variants en longueur (taille), qui sont
autant d'allèles différents du microsatellite. Ils sont identifiés par leur distance de
migration en gel de polyacrylamide. Pour qu'un locus microsatellite soit informatif, son
polymorphisme ne doit pas être inférieur à 1 2 répétitions du motif nucléotidique. À un
locus donné, un individu portera pour chaque paire de chromosomes homologues,
l'un ou l'autre des variants du microsatellite. Dans une population, à un locus donné et
pour un microsatellite, de nombreux variants sont généralement observés. Des centaines
de loci polymorphes sont présents tout au long d u génome de chaque individu. Par un
choix raisonné de microsatellites et d'amorces PCR pour leur identification après
amplification et séparation électrophorétique, des empreintes génétiques spécifiques
de chaque individu de l'espèce peuvent être obtenues.C'est le principe du code-barre
génétique utilisé notamment par la police scientifique.
Points clefs 85
- -
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0 POINTS CLEFS
N
@
.µ
.c �
.- L'ADN est un acide nucléique bicaténaire constitué de deux chaînes poly
Ol -0
ï:: c::::l nucléotidiques antiparallèles associées par des liaisons hydrogène entre
>-
o.
0 tiQ) les bases puriques et pyrimidiques qui les composent.
u Q)
'Q)
V>
·;::: .- L'appariement spécifique des bases A:T et G:C fait que dans l'ADN la quan
2:::l
'" tité des purines (A + C) est égale à celle des pyrimidines (T + G)
c:0
c: .- L'orientation d'un brin d'ADN est définie par les groupements chimiques
c:
-tï� 5'-phosphate et 3'-0H portés par les carbones 5' et 3' des désoxyriboses
-0:::l0
....
Q.
extrêmes
�
�:::l .- L'appariement complémentaire des bases permet au généticien de déter
E-0 miner la séquence nucléotidique d'un brin d'ADN à partir de celle d u brin
1
-00 ADN complémentaire ou de son transcrit ARN
c::::l
Cl
(Q)
86 Chapitre 3 Structure des gènes et des génomes
•
> Dans les cellules d'eucaryotes, l'ADN s'enroule autour d'un noyau d'octa
mères d'histones pour former un nucléosome, premier stade d'empaque
tage de l'ADN pour constituer la chromatine
> Les protéines de liaison à l'ADN peuvent interagir avec les groupements
chimiques exposés tout particulièrement par le grand sillon de l'ADN. Ces
protéines contribuent à la régulation de l'expression des gènes.
> Des acides aminés des queues d'histones peuvent être modifiées par acé
tylation (lysine), méthylation (lysine, arginine) et phosporylation (sérine).
Ces modifications constituent le « code histones » et contribuent à la plas
ticité de la chromatine.
> La duplication des chromosomes s'effectue lors de la phase S du cycle cel
lulaire et leur ségrégation au cours de la phase M ou mitose.
> Le génome fait référence à la séquence d'ADN correspondant à un jeu
haploïde de chromosomes, soit n chromosomes. Le terme génome s'appli
que à l'ensemble des génomes d'un organisme : ADN du noyau (génome
nucléaire), des mitochondries (génome mitochondrial) et ADN des chloro
plastes chez les végétaux (génome chloroplastique)
> Le séquençage d'un génome consiste à déterminer l'ordre de l'agence
ment linéaire des nucléotides qui constituent un brin d'ADN ou un ARN
chez certains virus.
> La connaissance de la séquence de l'ADN humain (3,2 milliards de paires
de bases) apporte des données utiles dans la prédiction, le diagnostic et le
traitement de maladies.
""O
0 QCM - QROC
c
::i
0 3.1 Valider ou non les affirmations suivantes.
li)
ri
0 a) Les appariements entre les bases A, T, G, et C de l' ADN s ' opèrent
N
@
.._,
de façon aléatoire.
..c b) Il y a autant de bases T et C dans l' ADN que de bases A et G .
O'>
·c
>-
0.
0 c) La synthèse de l' ADN s' effectue dans la cellule grâce à des ribo
u nucléotides précurseurs.
d) L' ARN peut former des structures en double hélice.
e) Les molécules d' ARN d'une cellule sont en majorité codantes.
f) L' histone H l est la principale protéine du nucléosome.
humain qui code des protéines est de 1 ,56 % environ. Les autres
séquences comprennent diverses régions intergéniques, répétées et
non répétées, des transposons, des pseudogènes, des régions régulatrices,
""O des introns, etc.
0
c
::i
0
li)
ri
0
N
@
.._,
..c
O'>
·c
>-
0.
0
u
Introduction
à la génétique
des micro-organismes
Dès qu'il fut clair que des relations directes existaient entre le matériel
""O
0 héréditaire et les caractéristiques fonctionnelles d'une cellule ou d'un
c
:J
0 organisme, les micro-organismes s' imposèrent comme des outils de
li)
ri choix pour explorer en profondeur la nature des gènes. Pourtant, on
0
N ne peut pas dire a priori que, n' étant pas visibles à l ' œil nu, les micro
@ organismes possèdent des caractéristiques facilement reconnaissables .
...µ
c
O'> Le fait d'avoir assez rapidement caractérisé leurs défauts métaboliques,
·c
>-
0.
0 isolé les souches mutantes, établi une relation entre des variants bio
u
chimiques et les mutations géniques, en un mot, engagé une véritable
démarche d' étude génétique fondée sur les relations entre gènes et
fonctions, a largement contribué à leur succès.
Étant donné qu'il s'agit d'organismes haploïdes, l' analyse génétique
ne dépend pas du fait qu'une mutation soit dominante ou récessive
puisqu'un seul allèle du gène étudié est présent. Il ne peut donc pas
être masqué dans son expression par un autre allèle, comme c' est
fréquemment le cas pour les organismes diploïdes. De plus, les micro
organismes, tout particulièrement les bactéries, peuvent produire une
nouvelle génération de cellules en moyenne toutes les heures, ce qui,
90 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
leu- Auxotrophe pour la leucine qui doit être présente en plus du milieu minimum
Conjugaison bactérienne
En 1 946, Joshua Lederberg et Edward Tatum, par une expérience à la
fois simple et élégante, exploitent les exigences d 'E. coli en certains
nutriments pour démontrer l'existence de la recombinaison génétique.
Ils utilisent deux souches A et B présentant des exigences nutritionnelles
-ci
0
c
différentes.
:J
0 La souche A est auxotrophe pour la méthionine et la biotine et
li)
ri
0 prototrophe pour la leucine et la thréonine ; son phénotype est donc :
N
@
met-, bio-, leu+, thr+. La souche B est auxotrophe pour la thréonine et
.µ
..c la leucine et prototrophe pour la méthionine et la biotine ; d'où son
O'> �
"O
·c
>- c::::l phénotype : met+, bio+, leu-, thr. Si des cultures de bactéries A et B
o.
u
0 ti11) en mélange sont étalées sur des boîtes contenant un milieu minimum
'<1)11)V> sans supplément nutritionnel, quelques colonies apparaissent après
·c
2:::l 48 h. Seules des bactéries prototrophes (met+, bio+, leu+, thr+) sont
'"
c:0 capables de se développer sur un tel milieu. Par contre, aucune colonie
c:
c:
-ü� n'est visible sur les boîtes témoins ensemencées avec des bactéries A
"O:::l0 ou B (Fig. 4. 1). Pour s' assurer que les souches ne sécrétaient pas de
....
c..
� substances qui auraient été absorbées et utiliser par les autres cellules
�:::l pour leur prolifération, Bernard Davis construisit un tube en U dont
E-0 les deux bras sont séparés par un filtre qui ne peut laisser passer que
1
"O0
c::::l les molécules dissoutes dans le milieu. En introduisant la souche A
0 dans un bras, et la souche B dans l' autre, et après plusieurs heures
<Q>
92 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
Souche A Souche B
Met- Bio- Leu+ Thr+ Met+ Bio+ Leu - Thr -
Incubation
Étalement
!
""O
0
c Milieu minimum
:J
0
li)
ri
Apparition de quelques
0 colonies de phénotype
N (Met+ Bio+ Leu+ Thr+)
@
...µ
c
O'> Figure 4.1 Mise en évidence du transfert de matériel génétique entre bactéries.
·c
>-
0.
0 Les souches A et B ne peuvent pas se diviser sur un milieu minimal. En effet la souche A
u
doit trouver dans le milieu la méthionine et la biotine et la souche B, la leucine et la
thréonine. Or, le milieu minimal ne les contient pas. Le mélange des souches, qui favorise
le transfert de matériel génétique, conduit à l'apparition de colonies recombinantes
capables de synthétiser elles-mêmes les quatre métabolites à partir des constituants
du milieu minimal.
Le facteur sexuel
a) Réplication
Bactérie F+ autonome du
facteur F
______-/
�
Facteur F Chromosome
bactérien
c) ! b)
l
-ci
0
c
)
::J
0 lnégration du facteur F
li)
ri
0
N
@
.µ
.c �
Ol -0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;:::
Bactérie Hfr
2:::l
Quelques propriétés de !'épisome ou facteur F.
'"
c:0 Figure 4.2
c:
....
c: En a, présent dans les bactéries F+, le facteur F se réplique de façon autonome et il est
-tï�
hérité par toutes les cellules filles ; en b, lors du croisement d'une souche F+ avec une
-0:::l0
souche F-, toutes les bactéries deviennent F+ ; et en c, formation d'une bactérie Hfr.
Q.
�
�:::l
E-0 Quand on croise des bactéries F+ et des bactéries F- toutes les
1
-00
c::::l bactéries deviennent F+. Dans les bactéries donneuses, une copie
Cl
(Q)
simple-brin de l' ADN F est synthétisée selon un mécanisme particulier
94 Chapitre 4 Introduction à la génétique des micro-organismes
•
Transfert du matériel
génétique a+
Bactérie F- résistante à la
streptomycine Strr
j Dégradation du fragment
d'ADN linéaire
Milieu + streptomycine
Sélection de recombinants
pour le caractère a+
a) Origine de b)
transfert (T)
Gène 2
Gène
de la fertilité
Gène 1
Gène A Gène D
Gène A
Chromosome
bactérien
Gène B
c)
Gène 1 Gène A Gène 2
IJJ>
Gène C
""O
0 Gène Gène D Gène B
c
:J de la fertilité
0
li)
ri
0 Figure 4.4 Intégration du facteur F dans le chromosome bactérien et transfert
N
orienté de marqueurs génétiques.
@
...µ
c En a, le facteur F s'intègre dans le chromosome bactérien par crossing-over en mettant
O'>
·c
>- en jeu des homologies de séquences entre les deux molécules d'ADN. En b, le facteur
0.
0 F intégré dans le chromosome d'une bactérie devenue de ce fait Hfr ; en c, dans le cas
u présent l'endroit où s'intègre le facteur F permet le transfert à partir de l'origine T des
marqueurs dans l'ordre, A, B, C et D (1 et 2 sont des marqueurs symboliques pour
orienter l'ADN inséré).
Souche Hfr 1
pro
origine
du transfert
pro lac pur gal
�
his
1 1111111111111111111111111111111111111111111111 !)
his Souche Hfr 2
c
gal
j
d
pro
Agitation
Interruption de la conjugaison
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c � c
Ol -0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u
'Q)Q)V>
·;::: Figure 4.5 En a : Principe d'une expérience de conjugaison interrompue chez les
2:::l
'"
c:0 bactéries. On a représenté le passage du chromosome de la bactérie Hfr dans la
c:
c: bactérie F- et la rupture du pont cytoplasmique et du chromosome en fonction
-tï� du temps. L'arrêt de la conjugaison s'effectue par agitation. Une partie du fragment
-0:::l0 d'ADN ayant pénétré dans la bactérie receveuse peut s'intégrer par recombinaison
....
Q.
� homologue dans le chromosome. En b, chromosomes de deux souches Hfr. L'origine
�:::l de transfert est représentée par un triangle, le terminus de transfert par un rectangle
E-0 noir. La position et l'orientation de l'origine de transfert imposent le sens du trans
1
-00 fert. Pour la souche 1 c'est le gène pur qui sera transféré en premier alors que pour
c::::l
Cl la souche 2 c'est le gène his.
(Q)
98 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
Les plasmides R
l
Intégration dans le chromosome
ADN intégré bactérien
\J
0
c
::J
0
li)
ri
0 Figure 4.6 Principe de la transformation bactérienne. Un fragment d'ADN libéré
N par une bactérie morte est absorbé. Au niveau des protéines du complexe de
@
.µ
fixation de l'ADN, et au cours de son entrée un des brins de l'ADN est dégradé,
.c
Ol
ï:: l'autre brin envahit l'ADN de la cellule receveuse. Celui-ci sera par la suite, après
>-
0. synthèse du brin complémentaire, intégré dans le chromosome bactérien.
0
u
La transformation artificielle
eux est capable d' infecter une nouvelle bactérie, ce qui permet un
:; i ��� ![
nouveau cycle biologique du phage (Fig. 4. 7).
���
® � Bactériophage "'-Infection d'une
� bactérie
�� �
--.... ���,,,,
/... libre
��� �l
' I
I I
a)
Cycle lytique
w ��
Lyse de la cellule
0
ADN À
Intégration dans le
génome bactérien
b)
Cycle lysogénique
Multiplication bactérienne
Prophage intégré
Induction
Libération du ADN À
� o/ :
génome phagique
�
-ci
0
�
c
::J Génome
0 bactérien
li)
ri
0
N
@
___
__._ o._h_ag..._....
Pr_ e _� ._ _ Répresseur du
.µ
.c � bactériophage /....
Ol -0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;:::
'"c:
2:::l Prolifération des
bactéries
0c:
c:
-tï� Figure 4.7 Cycle lytique d'un bactériophage (a), et cycle lysogénique (b).
-0:::l0
....Q.
�
�:::l La lysogénie
E-0 Dans les années 1 920, on a observé que certaines souches bactériennes
1
-00
c::::l apparaissaient résistantes à certains phages. Cependant, ces bactéries
Cl résistantes entraînaient la lyse d' autres bactéries lorsqu'on mélangeait
(Q)
1 04 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
les cultures. Ces bactéries résistantes sont dites lysogènes. Vers le milieu
des années 1 940, André Lwoff montra qu'une bactérie lysogène est
une bactérie qui contient un génome viral, inséré en un point déter
miné de son propre chromosome. La présence de l 'ADN du phage à
l' état intégré dans le chromosome bactérien, on parle de prophage,
protège la bactérie de l'infection par un autre phage (surinfection). Cette
immunité reste stable et peut être transmise aux cellules bactériennes
filles. Le prophage se duplique par conséquent au même titre que les
autres régions du chromosome bactérien. Chez une petite fraction de
cellules lysogènes, on peut assister à la production de phages infectieux.
On parle de l 'induction du prophage des bactéries lysogènes. Ce
processus prive, évidemment, la cellule de son immunité, lyse la bactérie
et libère les phages infectieux dans le milieu. Ces derniers peuvent
infecter toute bactérie non lysogène présente dans le milieu de culture.
Des études ultérieures montrèrent que différents agents, tels que le
rayonnement ultraviolet ou certains produits chimiques, pouvaient
induire la lyse d'une fraction importante d'une population de bactéries
lysogènes.
Ainsi, on a pu classer les phages en deux catégories :
>- les phages virulents : ils provoquent toujours la lyse des bactéries
et ne peuvent exister à l'état de prophage ;
>-- les phages tempérés : ils suivent fréquemment un cycle lysogénique
et s'installent dans la bactérie hôte sous forme de prophage. Dans
certaines conditions, ils peuvent suivre un cycle lytique, lorsque le
prophage est induit.
""O
0 La transduction
c
:J
0 En 1 95 1 , J. Lederberg et N. Zinder, travaillant sur la bactérie Salmonella,
li)
ri
0 montrèrent que des caractères pouvaient être transmis de façon passive
N d' une bactérie à une autre par l' intermédiaire d'un bactériophage. Ils
@
...µ
c appelèrent ce phénomène la transduction .
O'>
·c
>- Une expérience typique de transduction consiste à infecter une
0.
u
0 bactérie leu+ par un phage transducteur spécifique de cette bactérie.
Le développement de ce phage dans les bactéries entraîne leur lyse,
ce qui libère un grand nombre de descendants. La majorité de ces
phages est identique au phage infectant. Exceptionnellement, la capside
renferme un fragment d' ADN du chromosome bactérien intégré dans
la molécule d'ADN du phage. Quand on infecte une culture de bactéries
leu- par le lysat contenant 1 ' ensemble des phages, certains de ceux qui
ont « embarqué » un petit fragment de chromosome bactérien intro
duisent dans les bactéries réceptrices le gène leu+. Par recombinaison,
l ' allèle leu+ peut se substituer à l' allèle leu- et la bactérie se trouve
transduite pour ce caractère. Tout fragment de l 'ADN de la bactérie
4.2 • Génétique des bactériophages 1 05
�
,.. ---------------
euB
-
---
�
Leub
-
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0 Infection d'une bactérie Leu- Intégration du fragment
N
@ dans le chromosome
j
.µ
.c �
Ol -0
ï::
i;
>- c::::l
o. tiQ)
0
u Q)
'Q)
V>
·;:::
2:::l L
'"
c:0
c:
c:
-tï�
-0:::l0
....
Q. Bactérie transduite portant
� le caractère Leu +
�:::l
E-0
-00
1 Figure 4.8 Mécanisme de la transduction généralisée. Le gène leuB code la
c::::l �-isopropylmalate déshydrogénase, enzyme impliquée dans la voie de biosyn
Cl thèse de la leucine. L'allèle muté de ce gène est noté Leub.
(Q)
1 06 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
ADN À
Chromosome Crossing-over
bactérien
gal + attB bio +
l
gal + attB prophage À attB bio +
gal+
bio +
! !
e attP
+ +
gal +
-ci
0
c
:J attB bio + bio +
0
li)
ri
0 Figure 4.9 Intégration du phage À et mécanisme de la transduction spécialisée.
N
@ Le bactériophage À s'intègre toujours dans la même région entre gal et bio par crossing
.µ
..c
over. Les séquences attP contenant les sites spécifiques sur I' ADN phagique et attB sur
O'>
·c
�
"O le chromosome bactérien contiennent une très courte région d'homologie qui permet
>- c::::l
o. la recombinaison. L'induction du prophage entraîne l'excision normale de I'ADN du
0 ti11)
u phage À. Rarement, le phage À peut s'exciser incorrectement et emporter avec lui un
'<1)11)V> fragment d'ADN du chromosome bactérien (go/+ dans le cas présent). Les particules
·c
2:::l phagiques ainsi formées sont déficientes car certains gènes À sont restés dans le chromo
'"
c:0 some de l'hôte, on les appelle : Affgal. De la même façon, on parle de Àdbio. Cependant,
c: il est tout à fait possible d'utiliser ces particules pour transduire une autre bactérie en
c:
-ü� réalisant une cotransduction avec un phage À sauvage.
"O:::l0
....
c..
�
�:::l de chances d' être cotransduits. L'étude de plusieurs marqueurs généti
E-0 ques permet par cette manière qui utilise la fréquence de recombinaison,
1
"O0
c::::l de cartographier une région du chromosome bactérien, c'est-à-dire
0 d' ordonner les marqueurs les uns par rapport aux autres.
<Q>
1 08 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
a) Mutant b) Mutant c)
r/IA r/18
r/IA r/18
r/IA r/18
•
•
t
\
_
! ! !
• Absence du produit • Absence du produit • Les protéines rllA et rllB
fonctionnel du gène ri/A fonctionnel du gène r/18 fonctionnelles sont
• Pas de complémentation • Pas de complémentation produites par les formes
non mutées des 2 gènes
• Pas de développement • Pas de développement
de particules phagiques de particules phagiques • Complémentation
Mutant Mutant
ri/A 1 rl/A2
rl/A1
rl/A2 =-•••[Il:=
E. coliB
/ \
Pas de Recombinaison
recombinaison (événement rare)
Crossing-over
•-
t·
rl/A 1 =-····-= rl/A 1
l l
E. coliB E. coliB
rl/A 1
-- --- ---
... ....
ri/A l
- --
rl/A2
---,
• •
- ri/A
rl/A2
• Type sauvage
\.... ..._
E. coli B E. coli B
'�"" ç-·
;
''
--·<:,,\
-ci �
0
c
::J
0
li)
ri
rl/A.i.j
0 rl/A 1 rl/A2
N • •
@
.µ E. coli K12 (À) E. coli K12 (À) E. coli K 1 2 (À) E. coli K 1 2 (À)
.c
l l l l
Ol �
-0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ) Absence de plage Absence de plage Absence de plage Présence de plage
u Q)
'Q) de lyse de lyse de lyse de lyse
'"
V>
·;:::
2:::l
c:0
c: Figure 4.1 1 Sélection de recombinants intragéniques du gène ri/A du phage T4,
c:
-tï� Deux mutants du même gène ri/A (ri/A 1 et rl/A2) sont mis ensemble en contact de la
-0:::l0 bactérie après leur développement simultané dans E. coti B (obtention de recombinants
....
Q. sauvages potentiels). Les phages obtenus sont utilisés pour infecter E. coli K12 (À.). On
�
�:::l constate l'apparition de quelques plages de lyse qui témoignent d'une recombinaison
E-0 intragénique entre les deux allèles mutés reconstituant le gène ri/A sauvage. L'infection
-00
1 par les simples mutants ri/A 1 ou r/18 tout comme par les doubles mutants ne révèlent
c::::l aucun développement phagique sur E. coti K12 (À.).
Cl
(Q)
112 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
Cellules diploïdes
(a/a)
(@)®!��
@ ) @
@ ! �) Phase Phase
@ (_�� a��
\
@
��
<S-�0
®@
�
® � �<) �/>)
,-,,0
�
(@) ---- �
Asque contenant 4
spores haploïdes
>- mutagenèse in vitro sur un gène donné afin d'identifier les domaines
fonctionnels d'une protéine et/ou d'un ARN ;
>- mutagenèse ciblée, un gène est spécifiquement inactivé ou altéré.
Après avoir identifié les différents mutants, leur caractérisation
s' effectue par :
>- l'étude phénotypique détaillée avec d'éventuels cribles secondaires ;
>- la détermination du caractère dominant ou récessif de la mutation ;
>- la vérification du nombre de mutations liées au phénotype (ségré-
gation 2/2 de la mutation après croisement avec la souche paren
tale) ;
>- on catégorise les mutants par groupes de complémentation.
b) c)
n - - - - - -
�, Mutant 1 �� - - - -
n -<
, , , - Mutant 2 /
1
'
,' ,'
Sauvage
/
+ + +
(Muta�! �--,""..:.< -
/ /
+ + '
'
,
, _ _ _ _ _ _
Mutant 1
,
+ + + - ,
Mutant 2
,
+
,
-
,- - '
'
Mutant 3
''
Mutant 4 '.
Mutant 4
'
... _ _ _ _ _ _ ...
a)
Séquences du gène X
- l l URA3 l l
Fragment d'ADN
linéarisé
I
Gène X URA3
Transformation
Invalidation in vitro du gène X par insertion d'une souche
du marqueur de sélection URA3 de levure diploïde
Germination Germination
en 0
� en
- · · -
ë
Q)
Q)
.... Sporulation Sporulation ë
Q)
Q)
....
:J :J
E
.... >
Q) (méiose) (méiose) E
.... >
Q)
®
0 - 0 -
-
'<t
....
:J .!!!
en
en
Q)
"O
c:
.Q
- ·
� - €) - �
· -
®0
-
'<t
....
:J
en
en
Q)
"O
.!!!
c:
.Q
®
Q)
....
0 Q)
....
0
0
a.
(..)
Q) 0 - · Souche de levure ·
00 0
a.
(..)
Q)
en c:
::J hétérozygote pour - en c:
:J
@
C\J '<t
-ci l'invalidation
®
0
c · -
0 - ·
:J 0 0
0
li)
ri
0
N Figure 4.14 Invalidation de gène chez la levure.
@
.µ En a, dans une première série d'expérimentations, le gène est invalidé en le remplaçant
..c
O'> �
"O par un marqueur de sélection (ici, URA3). Puis l'intégration au génome de la levure est
·c c::::l
>-
a. effectuée par une recombinaison homologue, basée sur un double crossing-over. En b,
0 ti11) l'analyse génétique de la descendance de la souche de levure hétérozygote pour
u 11)
'<1)
V> l'invalidation montre, suivant le cas, si le gène invalidé est essentiel ou non. S'il est
·c
2:::l essentiel, les 2 spores haploïdes contenant le gène invalidé ne forment pas de colonies.
'"
c:0
c:
c:
-ü� À l'inverse, on peut introduire par recombinaison, une mutation au
"O:::l0 locus du gène X invalidé par URA3, en utilisant précisément le
....
c..
� marqueur URA3 comme témoin positif de la transformation. Cette
�:::l technique est basée sur le fait qu'on peut contre-sélectionner le
E-0 marqueur URA3 en présence d'acide 5-fiuoro-orotique (FOA). En effet,
1
"O0
c::::l URA3 code l'orotidine 5' -phosphate décarboxylase qui convertit FOA
0 en 5-fluoro-uracile, toxique pour la cellule. Les cellules haploïdes (Ura-)
<Q>
116 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
Chaîne a
r r
Amp Amp
1 l
Production et purification
des protéines chimériques
LacZ [[�
LacZ - insuline dans E.coli
� J LacZ
Chaîne a tJSl' 8'17 Chaîne p
�� � �
-ci
0
c
::J
[� ] Lacz
0
li)
ri LacZ
0
N
@ Chaîne a Chaîne p
.µ
.c �
Ol -0 Clivage des protéines chimériques et
ï:: c::::l
l
>-
o. purification des chaînes a et p de l'insuline
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;::: Repliement et oxydation des cystéines
2:::l
[ NH22 .C•:I?
'"
c:0
c:
c: Insuline
oH.
::::::l:::::::.1·c·o--
·cz::
-tï� active COOH
-0:::l0 ----
....
Q.
� Ponts disulfure
�:::l
E-0
1
-00
c::::l
Cl
(Q)
118 Chapitre 4 • Introduction à la génétique des micro-organismes
POINTS CLEFS
> Les procaryotes ne possèdent pas de noyau. Leurs gènes sont regroupés
essentiellement sur un seul chromosome circulaire.
> Les plasmides, structures de petite taille, portent des gènes, tels les gènes
de résistance à des agents chimiques, qui fournissent à la bactérie la possi
bilité de vivre et se multiplier dans un environnement défavorable.
> Toutes les bactéries d'une colonie isolée sur une boîte sont issues d'une seule
cellule, elles ont donc toutes le même matériel génétique et constituent
un clone.
> Lors de la conjugaison bactérienne, le transfert d'ADN est unidirectionnel
de la bactérie donneuse vers la bactérie receveuse.
> Au cours de la conjugaison, un contact physique s'établit entre les deux
bactéries grâce notamment à l'action de pili sexuels codés par le facteur F.
> Le facteur F est un plasmide qui peut s'intégrer dans le chromosome
bactérien, la bactérie est a lors nommée Hfr pour Haute fréquence de
recombinaison.
> L'origine et la direction du transfert sont déterminées par la même extré
mité du facteur F, appelée origine de transfert. Lors de la conjugaison d'une
-ci bactérie Hfr avec une bactérie F-, l'information génétique du facteur F sera
0
c
::J toujours transférée en dernier lieu après transfert de tout le chromosome
0
li)
ri
de la souche Hfr.
0
N > Par des expériences de conjugaison bactérienne interrompue, on a pu faire
@
.µ la cartographie du chromosome bactérien .
.c �
Ol -0
ï:: c::::l > Les vecteurs transportant les multiples résistances d'une cellule à une autre
>-
o.
0 tiQ) appartiennent à un groupe de plasmides, les plasmides R.
u Q)
'Q)
V>
·;::: > Le mécanisme par lequel une bactérie absorbe de l'ADN exogène à partir de
2:::l
'" son environnement et l'intègre de façon fonctionnelle dans son chromosome
c:0
c: est appelé transformation.
c:
-tï�
> La capacité qu'ont les bactéries à absorber naturellement des fragments
-0:::l0
....
Q.
d'ADN exogène en solution, processus nommé compétence naturelle, est
� génétiquement définie.
�:::l
E-0 > Les bactériophages (ou phages) sont des virus qui infectent les bactéries.
1
-00
c::::l > Un prophage est constitué par l'ADN d'un phage à l'état intégré dans le
Cl chromosome de l'hôte bactérien.
(Q)
1 20 Introduction à la génétique des micro-organismes
4.3 Les phages servent d' intermédiaire pour le transfert d' ADN d'une
bactérie à une autre ; la transformation concerne des fragments
d' ADN libre dans le milieu.
�
...µ
c
O'> Promoteur
·c
>-
0.
0 A ct ivate u r
u
Gène X ADN
�
----
---__
_//
....a..
� -----
---
8 Opérateur
Répresseur
Figure 5.1 Schéma illustrant le rôle d'un activateur dans le recrutement d'une
ARN polymérase à son promoteur.
Lorsque le répresseur occupe son site, il exclut par compétition l'enzyme de son
promoteur.
5.1 • Expression des gènes : la transcription de /'ADN 1 25
-ci
0
c !
------ ARNm
:J
0
li)
ri
0 '
! ARNm polycistronique
e
Represseur
.
N Lac 1 ,/ ""
@ (monomère
.µ �-Galactosidase Lactose Thiogalactoside
..c
O'> �
"O inactd) � perméase transacétylase
·c c::::l
>-
o. Â (isomérisation) •
0 ti11)
u
'<1)11)V>
'"
Allolactose Lactose
·c Represseur Lac 1
2:::l
C Répresseur
(tétramère actif)
c:0
., ..6 (inactif)
c: 4 � Lac 1
c: à
lié l'allolactose
-ü� �
.
....
� � •
"O:::l0
c..
� Figure 5.2 Positionnement des d ivers partenaires fonctionnels de !'opéron lac.
�:::l
E-0 La transcription des gènes lacl, lacY et lacA n'est effective que lorsque le lactose est
1 présent c'est-à-dire lorsque le répresseur est inactif et l'opérateur inoccupé. La protéine
"O0
c::::l CAP complexée à l'AMPc stimule le recrutement de la polymérase uniquement en
0 l'absence du glucose.
<Q>
1 26 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
�
l'ARN polymérase
Domaine de Opérateur
fixation de la +1 Région occupée par
'\,__
protéine CAP le répresseur Lac 1
ill [l]i::� :i
::::::: .::: r ,::::::::::::::::::::[i:::::: -35 -10 1 1
Lac Z >
1 1
1 1
1 1
- --- - - - - - --� ... ...
- - - -- .....
.....
... ... -.
1
1
1
AATTGTGAGC G GATAACAATT
TTAACACTCG C CTATTGTTAA
: demi-site demi-site
1
_,
.... ...--
.-- �---
'
1
� Dimère du __/
répresseur Lac
� ARNm I �
répresseur À
î
gène cl
gène cro
l
PR
Induction
dimère de CAO
+1
gène cl
gène cro
\J
0
c
::J
0 ARNm �
li)
ri
0 Cycle lytique
N
@
.µ
.c
Ol
ï::
>-
0.
0
u Figure 5.4 Représentation schématique de l'action respective du répresseur /... et
de la protéine Cro (voir Fig. 4.7 pour le cycle du bactériophage).
Noter les mécanismes d'autorégulation positive et négative du répresseur /... .Par l'occu
pation coopérative des opérateurs OR2 et OR3 il active ou réprime sa propre synthèse à
partir de PRM·
a)
activateur
Transcription Transcription
du gène 2 active du gène 1 active
-ci
0
c
::J Transcription Transcription du
0 du gène 2 active gène 1 bloquée
li)
ri
0
N
@
.µ
.c b)
Ol �
-0
ï:: c::::l
>-
o. Site
0 tiQ) activateur 2
u Q)
'Q)
V>
·;:::
2:::l
'"
c:0
c: Transcription
c:
-tï� active
-0:::l0
....Q. Figure 5.5 Illustration du mode d'action d'un isolateur.
�
�:::l a) L'isolateur occupé inhibe uniquement l'action de l'activateur sur le gène 1 . 11 n'interfère
E-0 pas avec l'activation du gène 2 ; b) l'isolateur occupé n'interfère pas avec l'activation
1
-00 du gène 1 par un autre activateur (ici l'activateur 2).
c::::l
Cl
(Q)
1 30 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
a) Protéine
0 8
activatrice Protéine
répresseur
ADN
1 \.1 m�. . -c;c0
----
- ·F- \y Compétition
)
Site
activateur répresse ur
�----
( -- - \ - - - F;· .,\ · v
b)
+1
� cb
AD N
.1 -
L... --L...
- --'--'
- --
- -- "- -',
---- \ Inhibition
� ' ' .
"·<:: ________>.._...:
/\
Site Site
activateur répresseur
c) .l
Répression
directe
d) Histone désacétylase
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@ ADN
.µ
_c
Ol
ï::
>-
o. Inhibition indirecte
0 du promoteur
u
r
par condensation
Désacétylation de la chromatine
des histones
0
Figure 5.6 Exemple des principaux modes d'action des répresseurs eucaryotes.
a) Les sites de liaisons à I'ADN sont chevauchants et la présence du répresseur exclut celle
de l'activateur ; b) les sites de liaisons sont distincts mais rapprochés, le répresseur peut
inhiber par interaction directe l'effet de l'activateur ; c) le répresseur occupe son site et
agit sur la machinerie transcriptionnelle par l'intermédiaire du complexe médiateur ;
d) le répresseur, lié à son site, recrute une histone désacétylase qui en éliminant les
groupes acétyles des queues d'histones, entraîne une modification de la structure des
nucléosomes et de la chromatine, dont les effets sont inhibiteurs de la transcription.
5.2 • Expression des gènes : l'épissage alternatifdes transcrits 131
La régulation transcriptionnelle
à l'échelle de la chromatine
Contrairement au mode d' action le plus fréquemment rencontré chez
les bactéries, les répresseurs et activateurs eucaryotes n ' agissent
pas, pour inhiber ou stimuler l' attachement des ARN polymérases aux
promoteurs, par compétition et encombrement stérique du site promo
teur. Ils peuvent cependant interagir avec les ARN polymérases en se
liant à des sites adjacents à ceux des promoteurs, de façon alternative
ou compétitive. Les activateurs et répresseurs eucaryotes recrutent
fréquemment des protéines modificatrices de la structure chromatinienne
(Fig 5.6).
[ Exon 2
•• • • • .• •:.·
Exon 3
•
>:11!1
••
ADN
/ . .
·... .
·
.
·
· .
.
. · ··. ··.
.
·.
.· .
.
·. · ·. .
.
·
·.·..... · ..
l
Exon 2 lntron 2 Exon 3
•Glui �AIG• pré-ARNm
l
Première réaction
de transestérification
5' 3'
l
-ci Seconde réaction
0
c de transestérification
::J
0
li)
ri
0
N
@ • 3' 3'
.µ
.c 5'
Ol
ï::
>-
o.
0
u
Exon 2
- 3' +
Lasso excisé
5' Exons assemblés
a) site d'épissage
/ + site de fixation
� d'un répresseur
pré-ARNm 5' Exon 1 1 It- -- -il 1 Exon 2 3'
intron
\0 1e
�
sseU<
! !
'
.. '
\ \, /:/
5' Exon 1 \(' Exon 2 3' 5' Exon 1 1 � 1 Exon 2 3'
/d'un
b) Site de fixation
activateur
-ci
0 pre-ARNm 5' Exon 1 11 1 1 Exon 2
i ntron 1
c 3'
:J
/
0
\
li)
ri
0
N
@
0
Activateur
...µ
c � absent
O'> "O
·c c::::l
>-
o.
u
0 ti11) 5' Exon 1 • Exon 2 3'
'<1)11)V>
·c
2:::l
'"
l
c:0
c: 5' 3' 5' Exon 1 1 � 1 • Exon 2 3'
c:
-ü�
"O:::l0 lntron épissé lntron non épissé
....
Figure 5.8 Principes généraux de la régulation de l'épissage alternatif montrant
c..
�
�:::l les rôles respectifs des sites d'épissage, du splicéosome, des sites régulateurs de
E-0 l'épissage et des protéines régulatrices, activateurs ou répresseurs.
1
"O0
c::::l a) Le répresseur masque le site d'épissage et empêche l'action du splicéosome ;
0 b) en occupant son site, l'activateur favorise le recrutement et l'activité du splicéosome.
<Q>
1 34 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
l
..
Exon 1
5' 1
..
pré-ARNm
f AUG f
ARNm mature
AUG AUG
l l
Protéine 1 Protéine 2
)
Protéine
soluble
Cytosol
-ci
0
c
::J
0 Membrane
li)
ri plasmique
0
N extérieur
@
.µ
.c �
Ol -0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;::: Figure 5.9 Le transcrit primaire (pré-ARNm) peut subir u n épissage alternatif.
2:::l
'" Les deux protéines obtenues possèdent le même domaine (-terminal codé par les
c:0
c: exons 3 et 4 (même cadre de lecture) mais diffèrent dans leurs parties N-terminales
c: codées respectivement par l'exon 1 ou l'exon 2. Les deuxs protéines n'ont pas la même
-tï�
-0:::l0 localisation cellulaire. L'une est ancrée dans la membrane grâce à son domaine trans
....
Q.
membranaire codé par l'exon 1 et exerce une fonction réceptrice à l'extérieur de la cel
� lule, l'autre est strictement cytoplasmique et ne pourra s'associer qu'à un ligand
�:::l
intracellulaire.
E-0
1
-00
c::::l
Cl
(Q)
1 36 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
5' UTR µORF Cadre de lecture (ORF) 3' UTR Queue polyA
IRES
-ci
0
c
::J
0
li) 5' CAP AAAAAAAAAAn 3'
ri ·
0 START ·......
N .
~
... � STOP Site de régulation
@ .
..
.
.µ
.c
Ol
ï::
>-
o. �
5'- NN NNNAUGGNN -3'
COOH
0
u
Séquence de Kozack Protéine
Méthylation de l'ADN
Queues Modification
N-terminales des queues
d'histones
(acétylation,
méthylation ... )
Chromosome
été établie entre l' âge des jumeaux et l'étendue des différences épigé
nétiques. Celles-ci sont également corrélées avec le temps de sépara
tion qu'ont connu certains couples et leurs problèmes de santé. Afin
d' établir la signification biologique de ces analyses, les empreintes
méthylées de certaines séquences ont été soigneusement analysées.
52 % des séquences correspondent à des régions répétées et le reste à
des gènes connus ou suspectés. Sont également impliqués des îlots
CpG localisés dans des régions promotrices différemment méthylées,
ce qui suggère qu'un effet sur l'expression des gènes s'est manifesté.
Des analyses utilisant des microréseaux d' ADN confirment ces
données. Les profil s d'expression des jumeaux âgés de 3 ans sont
quasiment identiques alors que ceux des jumeaux âgés de 50 ans
différent fortement. Il est connu que les modifications dans l' expres
sion des gènes, dues à des marques épigénétiques accumulées au
cours du temps, exercent une influence significative sur de nombreux
types de maladies. Il reste à savoir si les différences de profils épigé
nétiques observées chez les jumeaux monozygotiques sont le résultat
d' une accumulation de mutations touchant le maintien ou la transmis
sion des marques épigénétiques ou si les facteurs environnementaux
comme l' alimentation ou la pollution ont joué un rôle.
a)
ARN polymérase
Résolution
É pissage
Maturation
de l'ARNm
b)
� ,(
Site donneur Site accepteur
d'épissage Point de d'épissage
)_,
bran ment
Allèle 1
.......>--
1 C_,_GI
p __._ __._,t--
_ ADN
,
,
CH 3
cH 3 � Méthylation de
l'ADN au niveau
des îlots CpG
ADN
,
,
'
'
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c �
Ol -0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;::: Activation
2:::l
'" de la transcription
c:0
c:
c:
-tï� Figure 5.13 Caractéristiques des gènes porteurs d'empreintes.
-0:::l0 La figure présente schématiquement une paire d'allèles porteurs d'empreintes au
....
Q.
� niveau des îlots CpG et de séquences répétées (flèches). Les agrandissements souli
�:::l gnent les changements observés selon les allèles : condensation des nucléosomes
E-0 consécutive à des désacétylations d'histones et des méthylations de l'ADN (allèle 1 ) ;
1 ouverture de l a chromatine suite à une acétylation des histones et une déméthylation
-00
c::::l de l'ADN (allèle 2). L'aptitude à la transcription de l'allèle 2 est indiquée par la fixation
Cl et l'action d'un complexe de transcription.
(Q)
1 42 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
Dans la lignée germinale, l'empreinte est effacée puis elle est rétablie
suivant le sexe de l' individu. Au cours de la formation des spermato
zoïdes, une empreinte paternelle s'établit, alors que dans l'ovule une
autre empreinte maternelle s' installe. Le processus d'effacement puis
de reprogrammation s'avère indispensable afin que l' empreinte soit
conforme au sexe de l' individu (voir aussi fin du chapitre 7). Les
gènes porteurs d'empreintes sont généralement regroupés en clusters
et partagent des éléments régulateurs communs, comme des ARN
non codants et des régions différentiellement méthylées. Ces dernières
sont généralement riches en G + C, la cytosine étant souvent méthylée
sur l'une des copies mais pas sur l' autre.
Les processus de mise en place des empreintes sont spécifiques aux
mammifères placentaires et ils jouent un rôle dans le développement
et la croissance embryonaires. Certains gènes de ce type participent
au développement postnatal (allaitement et métabolisme). Plusieurs
phénotypes majeurs dépendent des modalités de transmission ou de
maintien d' empreintes parentales. Ainsi, à titre d'exemple, plusieurs
maladies génétiques humaines sont associées à des empreintes anor
males du locus 15q 1 1 (la bande chromosomique 1 1 est située sur le bras
long du chromosome 15). Cette région porte une empreinte épigéné
tique différente sur les chromosomes paternel et maternel, les deux
empreintes étant cependant indispensables pour le développement
normal de l'individu. Si l' une des empreintes n' est pas correctement
transmise, en raison d' une délétion de la région touchant l'un des
chromosomes ou si les deux chromosomes proviennent d'un seul des
deux parents (disomie uniparentale), diverses maladies génétiques
""O graves peuvent survenir. Ainsi, l' absence d' une empreinte paternelle
0
c se manifeste par le syndrome de Prader-Willi, caractérisé par une
:J
0 hypotonie, une obésité et un hypogonadisme ; l'absence de l'empreinte
li)
ri
0 maternelle se manifeste par le syndrome d' Angelman caractérisé par
N
@ une épilepsie, des tremblements et une expression faciale figée dans un
...µ
c
O'> sounre.
·c
>-
0.
0
u À propos de l'origine des empreintes parentales
Deux théories ont été proposées pour expliquer l'origine de ces
mécanismes : la théorie de la parenté et la théorie de la co-adaptation.
La première, également connue comme l'hypothèse du conflit
parental, repose sur 1' existence d'un conflit entre les « intérêts » des
gènes maternels et paternels chez le fœtus ou le nouveau-né lorsque ces
derniers dépendent des ressources de la mère pour leur nutrition. Cette
hypothèse repose sur le fait que les mères de mammifères placentaires
peuvent porter et donner naissance à des fils/filles issus de plusieurs
pères. Alors qu'une mère est reliée génétiquement à tous ses fils/filles
5.5 • Les réseaux de régulation de l'expression des gènes 1 43
de façon quasi identique, chacun des pères n'est relié qu'aux descen
dants qu'il a engendrés. L'hypothèse postule que cette différence dans
la parenté engendre des « intérêts » différents pour le devenir des
génomes maternels et paternels des descendants. Du côté paternel, il
serait avantageux qu'un maximum de ressources maternelles soit
consacré, pour leur devenir, aux gènes paternels du descendant, sans
égard aux conséquences qui peuvent en résulter pour la mère elle
même ou ses autres descendants. Au contraire, du côté maternel, il
serait avantageux pour le devenir des gènes maternels du fils ou de la
fille que les ressources maternelles soient équitablement partagées de
telle sorte que la mère ait la meilleure chance de continuer à assurer sa
descendance. Cette théorie s' accorde avec les données montrant que
de nombreux gènes sous empreinte paternelle stimulent la croissance,
alors que de nombreux autres, sous empreinte maternelle, la répri
ment. Un constat similaire mais inverse peut être fait à propos des
gènes intervenant dans le comportement social et les soins maternels.
La théorie de la co-adaptation propose de son côté que les gènes
sous empreinte parentale agiraient de concert pour optimiser le déve
loppement fœtal, la santé de la mère et la nutrition des descendants.
Cette théorie est confortée par le fait que les principaux gènes sous
empreinte paternelle s' expriment à la fois dans le placenta et l 'hypo
thalamus. Au cours du développement d'un mammifère, l' ensemble
complexe des interactions se produisant entre le fœtus, le placenta et
l 'hypothalamus maternel, influencent la croissance du fœtus lui
même, le développement de son cerveau, le renouvellement des
ressources maternelles, aux stades prénatal et postnatal, ainsi que les
soins maternels postnatals. La régulation de ces fonctions par les
-ci
0
c empreintes génomiques serait due à une co-adaptation descendant
:J
0 parent, grâce à une sélection de gènes co-exprimés dans le placenta et
li)
ri
0 !' hypothalamus de la mère. Le gène sous empreinte paternelle Peg3
N
@ (Paternally expressed gene 3) qui code un important facteur de trans
.µ
..c
�
cription, constitue un exemple clé de cette théorie.
O'> "O
·c c::::l
>-
o.
0 ti11) 5.5 LES RÉSEAUX DE RÉGULATION DE L'EXPRESSION DES GÈNES
u
'<1)11)V>
·c
2:::l Analyse de l'expression à l'échelle des génomes :
'"
c:0 les outils de la génomique
c:
c: La génomique étudie la totalité du génome d'un organisme à la diffé
-ü�
:::l
"O0 rence de la génétique moléculaire qui s' attache plus spécialement à
....
c..
� l'étude de gènes particuliers en accordant une attention à leurs divers
�:::l rôles et fonctions. L'une de ses démarches principales consiste à établir
E-0 la séquence complète des génomes étudiés (génomique structurale) et à
1
"O0
c::::l procéder à l ' analyse de l'expression dans sa globalité (génomique
0 fonctionnelle) en fonction notamment les conditions environnementales.
<Q>
1 44 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
Extraction
}
et purification
des ARNm
---- AAAAA AAAAA
ARNm
----- AAAAA ----- AAAAA
--- AAAAA --- AAAAA
--- AAAAA --- AAAAA
---- AAAAA ---- AAAAA
Transcription
réverse en utilisant
! !
}
+ Cys une amorce + Cy3
---- TTTTT poly-dT
----- TTTTT
--- TTTTT
--- TTTTT
---===::
--- TTTTT
+++++ ADNc
--- TTTTT --- TTTTT
\ /
000000 • Échantillon de référence
Hybridation sur un oeoooo 0 Superposition du signal
• Échantillon à tester
8�88��
réseau d'ADN (puce)
représentatifs des
gènes
••oo••
••oooo
Figure 5.14 Représentation schématique de la démarche expérimentale condui
""O
0 sant à l'identification, à l'échelle du génome de la levure, des gènes dont l'expression
c
:J est associée à un état physiologique (à un phénotype) particulier.
0
li)
ri Les ARNm polyA, extraits des levures placées dans des conditions différentes de culture
0
N ou soumises à un stress biochimique ou physique, sont rétrotranscrits en ADN et marqués
@ par des fluorochromes différents (cyanines 3 et 5). Ils sont ensuite hybridés sur un
...µ
c microréseau de cibles ADN représentatives des 6 200 gènes de la levure. L'analyse des
O'> fluorescences de chaque spot et le traitement informatique des données identifient
·c
>-
0.
0 les gènes dont l'expression varie en relation avec les conditions imposées initialement
u aux levures. En rouge, dans l'échantillon testé ; en noir dans l'échantillon de référence ;
en rose, expression identique dans les deux échantillons.
� Culture de levures
Échantillon à tester
�
27 �? Sonication
��
Extraction et purification
de l'ADN
� Crosslink in vivo à
� l'aide de formaldéhyde
/ �
�
� � lmmunoprécipitation
� crosslink ��
� }-
Réversion du
� et ajout
-� Adapateurs
_
d'adapteurs
LM - PCR
-ci
0
c
::J
0
li)
§888§§
ri • Échantillon non enrichi
0
N
@ Ü Superposition
Hybridation sur un réseau
.µ
.c � d'ADN (puce) représentatifs • Échantillon enrichi à l'IP
Ol
§§§§
ï:: -0
>- c::::l des régions intergéniques
o. tiQ) (inhibitrices et stimulatrices)
0
u Q)
'Q)
V>
·;:::
2:::l
'"
c:0 Les séquences ADN sont obtenues par une technique d'immunoprécipitation de l'ADN
c:
c: chromatinien après que la fixation des protéines de liaison à l'ADN ait été rendue
-tï�
irréversible par « crosslinking » à la formaldéhyde. Après addition d'adaptateurs et
-0:::l0
.... marquage fluorescent, les séquences d'intérêt et les séquences témoins sont hybridées
Q.
� et analysées grâce à un microréseau d'ADN représentatif des régions intergéniques
�:::l (régulatrices) du génome de levure. La flèche rouge signale un « spot » identifiant une
E-0 séquence ADN ayant liée une protéine régulatrice (inhibitrice ou stimulatrice de
1
-00 l'expression de gènes). Cette protéine est présente dans l'échantillon enrichi par
c::::l
Cl immunoprécipitation (IP). LM-PCR : Ligation Mediated-PCR.
(Q)
1 46 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
Les outils privilégiés dans ces démarches reposent sur les analyses à haut
débit, autorisées par les nouvelles techniques de séquençage (voir Mini
manuel Biologie moléculaire) associées à la bioinformatique et à un
moindre degré par les microréseaux d' ADN (puces à ADN). Des appro
ches similaires sont pratiquées également avec l'ensemble des transcrits
(transcriptome) d' une cellule ou d'un organisme, c'est la transcripto
mique, ou avec les protéines (protéome), c'est la protéomique.
Aujourd'hui, des milliers de génomes viraux, bactériens et euca
ryotes sont séquencés et leur nombre s' accroît sans cesse. Beaucoup
de ces génomes appartiennent à des organismes modèles (levure,
drosophile, nématode, poisson zèbre, arabette, blé, riz, souris, rat,
bovin, chimpanzé, homme) dont l' intérêt est grand à la fois sur les
plans fondamental et appliqué.
Une branche très active de la génomique s' intéresse tout particuliè
rement à la comparaison des génomes et à leur évolution. Les données
qui en résultent renouvellent et confirment à la fois les idées évolution
nistes proposées initialement par Darwin. Les relations génomiques
entre des organismes vivants peuvent se résumer par une expression
devenue célèbre chez l'homme : « tous parents et tous différents » qui
intègre l'idée d'une commune origine (tous parents) et celle que muta
tion et sélection ont créé au fil du temps beaucoup de différences (tous
différents). De nombreuses séquences génomiques sont conservées
entre les espèces témoignant sans doute à la fois de l' avantage sélectif
qu'elles représentent et de leur importance pour le fonctionnement du
vivant. Mais toutes sont loin de coder des protéines, beaucoup sont
transcrites en ARN non codants, ce qui a pour signification que le
""O
0 fonctionnement des organismes vivants semble étrangement dépendre
c
:J dans une mesure aux limites encore inconnues de nombreux ARN
0
li)
ri dotés de fonctions régulatrices (voir ENCODE).
0
N Les données fournies par les études de l'expression des génomes à
@
grande échelle repose sur des approches utilisant les puces à ADN
...µ
c
O'> (Fig. 5. 14 et Fig. 5. 15). L'une des plus courantes aujourd'hui consiste à
·c
>-
0.
0 analyser de façon différentielle l'expression des gènes entre deux états
u
physiologiques fonctionnels et à identifier ainsi ceux qui sont associés à
la formation d'un phénotype particulier, qu'il soit biochimique ou
morphologique (Fig. 5.14). On notera que ce type d'analyse ne prend
en compte pour l'instant que les gènes dont les transcrits (ARNm poly
adénylés) sont traduits en protéines.
Un autre type d' analyse proche du premier consiste à identifier les
séquences génomiques qui sont des sites de liaison pour les protéines
exerçant une fonction régulatrice. Bien que la probabilité soit faible que
ces séquences se trouvent à l'intérieur de gènes, la démarche est cons
truite de telle manière qu' aucune éventualité ne soit exclue (Fig. 5. 15).
5.5 • Les réseaux de régulation de l'expression des gènes 1 47
Protéines Conditions
A B C D E F 1 2 3
A A
+--+--+-----< ,______.,,___.,
(/) B B
Q) 1--1--1--t-----i
-� c 1--1--1--t-----i gi c ���
•Q) c
°ê D t--1--1--t-----i ·� D ��
a.. E �
E
+--+--+-----< 1-------'i---'�
F ������ F ���
-ci
0
c
:J
0
li)
ri
0
N Condition 1 Condition 2 Condition 3
@
.µ
..c
O'> � Protéine B .......-. Protéine C Protéine B .......-. Protéine C Protéine B .......-. Protéine C
·c "O
>-
o.
0
c::::l
ti11) / / /
u Protéine A Protéine A Protéine A
'<1)11)V>
·c
2:::l t t
'" Protéine D Protéine D
c:0
c:
c: / �
-ü� Protéine E .......-. Protéine F
"O:::l0
....
c..
� Réseaux d'interactions protéiques conditionnels
�:::l
E-0 Figure 5.16 Différents sous-réseaux d'interactions protéiques spécifiques de divers
1
"O0
c::::l stades du développement d'un organisme ou d'une cellule peuvent se déduire
0 d'un réseau protéique maître et de données acquises à l'aide de puces à ADN.
<Q>
1 48 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
Stimuli externes
1
Voies de signalisation
i 1!
Activateurs
transcriptionnels oeooooee
-ci
0 � �
0
c
:J
- - 0
0
li) 0 0 -
ri
0
N Gènes cibles - -- 0
@ 0 � 0
...µ
·c
c
O'> C) � �
>-
o.
0 � C) C)
u
0 0 0
Figure 5.1 7 Schéma très simplifié d'un modèle de réseau régulateur de l'expression
de gènes.
Les cercles colorés représentent des activateurs transcriptionnels. Les ovales rectangles
représentent les gènes qui au sein du génome sont les cibles de ces activateurs. La
couleur du rectangle indique quels sont les activateurs qui régulent l'expression du
gène en réponse à un stimulus environnemental. Les flèches établissent la relation
entre chaque activateur transcriptionnel et son gène cible. Un tel modèle peut être
conçu comme un réseau individuel d'interactions géniques ou mieux encore comme
une collection de réseaux régulateurs disposés eux-mêmes en réseaux, comme le
suggère la flèche située la plus à droite du schéma.
5.5 • Les réseaux de régulation de l'expression des gènes 1 49
ADN Interactions
Gène 1 Gène 2 Gène 3 Gène 4 ADN protéines
-
Transcription l Transcriptomique ADN - ARN
ARN - ARN
� ARNm
ARN protéines
-
Traduction Protéomique
0 0 <> protéines -
0--6
protéines
0 Glycomique
Lipidomique
t A B C •
Métabolomique
<>.J _Lo-,-_�- --
1 1 ,,,. "' ,,•
Fluxomique
;I
I " E, ., .... '
F _ .:: 0 à 1 :
Phénomique
Localisomique
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c Figure 5.18 Schéma récapitulatif spécifiant les flux d'information allant du génome
Ol �
-0
ï:: c::::l au phénotype et indiquant les types de données utilisées pour décrire les processus
>-
o.
0 tiQ) biologiques intégrés.
u
De haut en bas, on trouve successivement, l'ADN (génomique) transcrit d'abord en
Q)
'Q)
V>
ARN (transcriptomique) et traduit ensuite en protéines (protéomique) qui elles-mêmes
·;:::
2:::l
'"
c:0 peuvent catalyser des réactions qui agissent ou donnent naissance à des métabolites
c: (métabolomique) parmi lesquels on trouve des glycoprotéines et des oligosaccharides
c:
-tï� (glycomique) et différents lipides (lipidomique). Beaucoup de ces composants peuvent
-0:::l0 être marqués et localisés au sein de la cellule ou de l'organisme (localisomique). Les
.... processus responsables de la formation et de la modification des composants sont
Q.
� basés habituellement sur des interactions moléculaires (interactions entre protéines
�:::l
E-0 et ADN par exemple pour la transcription, ou entre protéines dans la traduction et les
-00
1 réactions enzymatiques). Finalement, les voies métaboliques comportent des réseaux
c::::l intégrés, des cartes de flux (fluoxomique) qui dictent le phénotype cellulaire ou de
Cl l'organisme (phénomique).
(Q)
1 50 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
Autres « omiques »
Les termes en « orne » (génome, transcriptome, protéome, métabo
lome, lipidome, glycome, etc.) et « omiques » dérivent du suffixe
« ome » dont l'utilisation a été généralisée pour désigner des champs
nouveaux de la connaissance et de la recherche en biologie. Pour
certains (génome et génomique par exemple) ces termes sont réelle
ment fondés, ils sont plutôt spéculatifs pour d' autres. Le terme en
« orne » désigne une collection d' objets (les gènes par exemple) dont
il s' agit d' étudier la nature, l' origine, la fonction, etc., alors que le
terme en « omique », qui possède à l' origine le statut d'un adjectif,
désigne maintenant les sciences correspondant à ces objets avec leurs
concepts, hypothèses et spéculations. Compte tenu qu'il s' agit dans
tous les cas d' acquérir et de manipuler de grands ensembles de
données parfois complexes, l' intervention de l'informatique est une
constante de ces champs nouveaux de la biologie.
Les sciences « omiques » se proposent de fournir des descriptions
détaillées de tous les composants et interactions qui prennent place dans
une cellule ou un organisme vivant. Ces données peuvent être classifiées
en trois catégories : les composants, les interactions, et les données rela
tives aux états fonctionnels (Fig. 5. 18). Les données relatives aux compo
sants détaillent le contenu moléculaire de la cellule ou du système étudié ;
les données relatives aux interactions spécifient les liens existant entre les
composants moléculaires et les données relatives aux états fonctionnels
fournissent une lecture intégrée de tous les types de données « omiques »
en révélant un phénotype global de la cellule ou du système.
""O
0
c 5.6 LA GÉNOMIQUE EN SANTÉ HUMAINE
:J
0 ET POUR LA SÉLECTION ANIMALE
li)
ri
0 La génomique en santé humaine
N
@
...µ
c Découvrir les variations génétiques héréditaires qui sont à l'origine
O'>
·c
>- des pathologies humaines, constitue aujourd'hui l'un des défis scien
0.
u
0 tifiques majeurs de la biologie et de la génétique. Le séquençage
complet en 200 1 du génome humain a représenté, à cet égard, un
progrès considérable, mais l'exploit doit être atténué par le fait qu' il
s ' agissait alors de la seule séquence génomique haploïde. Aucune
indication ne mettait en évidence la présence des variations de
séquence qui sont, chez les humains comme chez tous les autres êtres
vivants, à l'origine pour l'essentiel des nombreuses différences
phénotypiques. Depuis lors, de plus en plus d'études ont été conduites
pour découvrir les liens de causalité existant entre les variations de la
séquence génomique et la susceptibilité des humains vis-à-vis des
maladies qui les affectent.
5.6 • La génomique en santé humaine et pour la sélection animale 1 51
Type
Exemple
de variation
SNP (polymor- ATGGCCTTTACCCCGACGATCAGGAT
phismed'un ATGGCCTTTACTCCGACGATCAGGAT
seul nucléotide)
Substitutions ATGGCCTTTACCCCGACGATCAGGAT
de blocs ATGGCCTTTAGAGTGACGATCAGGAT
Inversion ATGGCCTTTACCCCGACGATCAGGAT
ATGGCCTTCGTCGGGGTAATCAGGAT
Variation ATGGCCTTTAGCCTTTACCCCGACGATCAGGAT
du nombre ATGGCCTTTA- - - - - - -CCCCGACGATCAGGAT
de copies
-ci Les SNP sont des variations de séquences ADN où un simple nucléotide (A, T, G ou C) est
0
c
:J modifié. Les autres variations dites structurelles comprennent : les « lndel » (pour insertion
0
li) délétion) qui se rencontrent lorsque une ou quelques bases sont présentes dans un
ri
0
N génome et absentes dans les autres. Composées généralement de quelques bases elles
@ peuvent parfois aller jusqu'à 80 kb. Les substitutions de blocs désignent des séquences de
.µ
..c
� nucléotides adjacents qui varient entre deux génomes. Les inversions sont observées lors
O'> "O
·c
>- c::::l que l'ordre des paires de bases s'inverse dans une section définie d'un chromosome (on
o.
0 ti11) connaît une inversion d'une longueur de 900 kb dans le chromosome 1 7 humain, chez
u 11)
'<1)
V> 20 % des individus ayant un ancêtre nord européen). Les variations du nombre de copies
·c
2:::l (ou CNV pour Copy Number Variation) désignent des séquences identiques ou presque qui
'"
c:0 sont répétées chez certains individus mais pas chez d'autres. Le nombre de répétitions
c:
c: varie et ces dernières peuvent atteindre parfois une taille élevée de l'ordre de 2 Mb.
-ü�
"O:::l0
....
c..
� L'origine des polymorphismes génétiques doit être recherchée dans
�:::l les évènements aléatoires non corrigés survenant lors de la duplica
E-0 tion de l' ADN et de la recombinaison chromosomique concomitante
1
"O0
c::::l de la mitose et de la méiose (voir chapitre 2). La plupart des variations
0 génétiques, au sein de la population humaine sont ainsi dues au hasard
<Q>
1 52 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
Les S N P
Ils sont les plus fréquents et l'on estime à près de 1 1 millions le
nombre de SNP total au sein du génome humain (7 millions ayant une
fréquence supérieure à 5 %, le reste une fréquence comprise entre 1 et
5 %). L'analyse de ces SNP au sein des premiers génomes individuels
entièrement séquencés montre que la plupart d'entre eux sont réperto
riés dans la base de données générale des SNP (Tableau 5.2). Il a été
montré que les allèles des SNP présents dans une même région géno
mique sont souvent corrélés les uns aux autres. Cette corrélation,
désignée par le terme de « déséquilibre de liaison », varie à la fois de
façon complexe et imprévisible, au sein des génomes et entre les
différentes populations.
TABLEAU 5.2 POLYMORPHISMES DE TYPE SNP IDENTIFIÉS DANS QUATRE GÉNOMES REMARQUABLES.
% de présence dans la
Génome Nb de SNP
base générale des SNP
-g, C. Venter et J. Watson sont deux célèbres scientifiques parmi les premiers humains dont
·� le génome a été entièrement séquencé. lis sont de type caucasien. Les deux autres indi-
o.
8 vidus sont des anonymes de types asiatique et africain. Les trois premiers génomes pos-
sèdent un nombre similaire de SNP bien représentés dans la base actuelle de données
des SNP humains. Au total 5, 2 millions de SNP d ifférents sont identifiés entre les trois
génomes. Lorsqu'un plus grand nombre de génomes individuels sera séquencé,
1 1 millions de SNP devraient être identifiés. Le génome africain possède un plus grand
nombre de SNP, plutôt nouveaux vis-à-vis de la base de données. Cependant dans
l'ensemble, il apparaît que lorsque deux génomes humains sont comparés, la majorité
des bases qui diffèrent appartient à la catégorie des variations communes. La base de
donnée générale (dbSNP) est accessible librement à l'adresse suivante : http://
www.ncbi.nlm.nih.gov/projects/SNP/
5.6 • La génomique en santé humaine et pour la sélection animale 1 53
Le génome d'un individu caucasien {C. Venter) contient au total environ 4, 1 millions de
variations génétiques dont 22 o/o sont des polymorphismes structuraux représentant
74 o/o de toutes les bases variantes. Cependant, de nombreux polymorphismes structu
raux restent vraisemblablement à découvrir avec l'aug mentation du nombre de géno
mes individuels séquencés. Comme pour les SNP, on s'attend à ce que la majorité de
ces variations soit commune à beaucoup d'humains.
Dans les pays industrialisés, une personne sur 6 000 est centenaire, et
ceux que l'on appelle les supercentenaires - ayant plus de 1 1 0 ans -
représentent un individu sur 7 millions. Il faut noter que 90 % des
centenaires n'ont pas de handicap sur le plan de la santé avant l'âge de
""O
0
93 ans. Dans une étude portant sur l'analyse complète du génome de
c
:J 1 055 centenaires comparativement à 1 267 sujets contrôles, des cher
0
li)
ri cheurs ont bâti un modèle prédictif prenant en compte 1 50 SNP. Il en
0 ressort que lorsque l'on soumet les informations génétiques (c'est-à
N
@ dire les génotypes des 1 50 SNP) d'un individu à ce modèle mathéma
...µ
c
·c
O'> tique, il est possible de déterminer correctement dans 77 % des cas sa
>-
0.
0 prédisposition à devenir centenaire, ce qui atteste fortement du carac
u tère héréditaire de la longévité. Cependant la présence de certains
facteurs de risque (cancer, maladies cardio-vasculaires, etc . . . . ) amène
à moduler selon des groupes de risques les voies permettant
d' atteindre cette extrême longévité. La surprise vient du fait que la
présence de polymorphismes génétiques associés à des maladies ne
met pas en évidence de différence marquée entre les centenaires et les
sujets contrôles. Cela signifie que ce n'est pas l'absence de prédisposi
tion pour des maladies qui fait vivre longtemps mais bien le fait d'être
porteurs de mutations favorisant la longévité. Cela implique aussi que
si l'on veut calculer le risque de développer une maladie, il ne faut pas
5.6 • La génomique en santé humaine et pour la sélection animale 1 57
l
Population de référence
Phénotypes + Génotypes
Etudes d'associations
phénotypes-génotypes
Projet 1 000 Estimation de l'effet
génomes des marqueurs SNP et lndels
Base de données de
séquences ADN Équations statistiques de
prédictions génomiques
i
l
Imputation
Animal Évaluation
Génotypage génomique de
candidat SNP
l'animal
j
Efficacité de sélection
l
Progrès génétique
ENCODE
QCM - QROC
Brin B :
3 ' -GATCATTCCTCCACGCTTACGATACTTTCGTTGATTTGATCATGAACCCCGCCACTA- 5 '
Quel est le brin matrice ?
Quel est le brin codant ?
Donner la séquence du transcrit.
5.2 L' ADN d ' un gène morcelé est hybridé avec 1' ARNm mature
correspondant. Il se forme alors une structure avec des régions complé
mentaires (ARN-ADN) séparées par des boucles d'acide nucléique
monocaténaire. Parmi les propositions suivantes, lesquelles sont bonnes ?
a) Les boucles sont faites d' ADN.
b) Les boucles correspondent aux exons du gène.
c) Quand ils sont hybridés, 1' ADN et l 'ARN sont antiparallèles.
d) Le brin d' ADN qui s'hybride à l' ARNm est le brin codant.
3' c 5'
ADN
5' T G A 3'
ARNm 5' c A u 3'
Anticodon de l'ARNt 3' G c A 5'
Acide aminé incorporé N H
Trp COOH
dans la protéine 2
Réponses 1 63
RÉPONSES
5.1 a) Brin B
b) Brin A
c)
-ci 5 ' -CUAGUAAGGAGGUGCGAAUGCUAUGAAAGCAACUAAACUAGUACUUGGGGCGGUGAU-3 '
0
c
:J
0 5.2 Les bonnes propositions sont : a et c. Les boucles correspondent aux
li)
ri
0 introns et le brin d'ADN qui s ' hybride à l 'ARNm est le brin matrice.
N
@
.µ
..c
5.3 La taille du transcrit primaire est de 1 500 nucléotides. On ignore
O'> �
"O la présence et donc les tailles des introns. L' ARN messager comporte,
·c c::::l
>-
o.
0 ti11) après un éventuel épissage, 903 nucléotides (900 correspondent aux
u
'<1)11)V> 300 amino-acides et 3 au codon d' arrêt). Les tailles des régions non
·c
2:::l codantes comportent au total 597 nucléotides, introns éventuels
'"
c:0 compris. La taille des régions non codantes en 3 ' et 5' ne peuvent pas
c:
c:
-ü�
être déterminées sur la base des informations fournies.
"O:::l0 5.4 Arg a les codons suivants : CGU, CGC, CGA, CGG, AGA, AGG
....
c..
�
�:::l Trp a un seul codon, UGG.
E-0 Aucun codon de Arg ne commence par U. La mutation doit par consé
1
"O0
c::::l quent concerner cette position du codon. Étant donnée que la mutation
0 est ponctuelle, il ne peut donc s' agir que du changement C � U ou
<Q>
1 64 Chapitre 5 • Expression des gènes et des génomes
A � U. Au niveau de l' ADN c'est donc la paire C-G qui est mutée en
paire T-A ou la paire A-T qui devient T-A.
5.5
ADN 3' c G T A c c A c T G c A 5'
5' G c A T G G T G A c G T 3'
Anticodon
3' c G u A c c * * *
G c A 5'
de l'ARNt
Acide aminé
incorporé NH2 Ala Trp * -
COOH
dans la protéine
deux chromatides sœurs sont accolées sur toute leur longueur, et plus
particulièrement au niveau du centromère, région d'hypercondensa
tion de la chromatine, auxquels viennent se fixer de part et d'autre des
protéines formant des complexes protéiques, appelés kinétochores ;
> la métaphase ou alignement des chromosomes est un point clé de
la mitose. Tous les chromosomes ont leurs deux kinétochores liés
aux microtubules, et s' alignent dans le plan équatorial de la cellule.
L'équilibre établit entre les deux chromatides d'un même chromo
some les maintient et les oriente vers les pôles opposés de la cellule ;
�
/
2 cellules filles
�
diploïdes
Rupture de
l'enveloppe
nucléaire
Chromatides
\
sœurs
\J
0
c
::J
0
li)
ri Métaphase
0
N
@ Cytodiérèse
.µ
.c
Ol
ï::
\
>-
0.
0
u
Télophase
La méiose
La méiose ne peut exister que pour des cellules obligatoirement
diploïdes et aboutit à partir d'une cellule mère diploïde à quatre cellules
haploïdes génétiquement différentes entre elles (Fig. 6.2). La réduction
du contenu en chromosomes résulte de l'existence d'une seule répli
cation de l' ADN suivie par deux cycles de divisions méiotiques :
>- la première division méiotique ou méiose 1, au cours de laquelle les
chromosomes dont les chromatides restent associées ségrègent à
chacun des pôles de la cellule lors de l' anaphase 1. Il y a réduction
du nombre de chromosomes, leur nombre étant divisé par 2, à la suite
de cette première division. On parle alors de division réductionnelle ;
>- la deuxième division méiotique ou méiose II durant laquelle les
chromatides sœurs se séparent et migrent aux pôles de la cellule selon
un mode égal de répartition. On parle de division équationnelle.
Lors de la première division méiotique les chromosomes homologues
-ci
0
s' apparient formant des structures appelées bivalents. À ce stade les
c
:J chromatides sœurs dupliquées restent étroitement associées, et s'appa
0
li)
ri
rient avec leurs homologues pour former des structures à 4 chromatides.
0 L' appariement est un processus complexe qui permet à chaque cellule
N
@ fille d' hériter d'un lot haploïde de chromosomes comprenant un seul
...µ
c � exemplaire de chaque paire d' homologues .
O'> "O
·c c::::l
>-
o.
0 ti11)
u La recombinaison méiotique
'<1)11)V>
·c
2:::l La recombinaison méiotique désigne tout processus méiotique qui
'"
c:0 donne un produit haploïde présentant une combinaison d' allèles
c:
c: différente de celle portée par les génotypes haploïdes à l' origine du
-ü�
"O:::l0 méiocyte, cellule dans laquelle s'effectue la méiose, cellules de la lignée
....c..
� germinale chez les mammifères. Cette recombinaison est détectée en
�:::l comparant les génotypes des descendants (génotype de « sortie ») par
E-0 rapports à ceux des parents (génotypes d' « entrée »). Ainsi, tout produit
1
"O0
c::::l méiotique avec une nouvelle combinaison des allèles fournis par les
0 deux génotypes parentaux est par définition un recombinant.
<Q>
1 68 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
Chromosome
paternel
1
Chromosome ADN
maternel par noyau
l "
4
3
2 2n
�I 2n
n 1
1 n
Duplication des
chromosomes s M1 M2
l
homologues en prophase 1
J
Au moins 1
crossing-over par
paire homologue
\J
0
c
/
::J Séparation des centromères
0
li) ""-.� lors de l'anaphase I l
ri
0
N
@
.µ
.c
Ol
ï::
>-
0.
0
u n n n n
(AB\ 2 n 2n � Parents
� �
! !
� n n � Génotypes
parentaux
\ I
2n (D) X
CŒ b
2n
1
�
-ci
0
c Méiose Méiose
:J
0 i i
� �n
l
li)
ri
CŒ
0 n 2n
N X
b
n� �n
@ Type
CŒ
.µ
..c � parental
O'> X 2n
·c "O b
>- c:
n� �n
o. :::l
0 ti
�
(Ab\ l
u 11)11)
CŒ
X 2n
'<1)V> Type
n� �n
·c recombinant
2
:::l
'"
c: X 2n
0
c:
b
c:
-ü�
....
"O
0
:::l
c..
�
Gamètes
recombinants
Gamètes
prentaux
�:::l Figure 6.3 Détection des recombinants d'une méiose diploïde par un croisement test.
E-0
1 Les individus de la F 1 ayant tous le même génotype, leur croisement avec un double
"O
0
c: récessif permet d'obtenir à la génération F2 des individus dont le génotype peut se
:::l
0 déduire du phénotype et de les classer selon leur type parental ou recombinant.
<Q>
1 70 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
La recombinaison interchromosomique
Parents
!
�
� n
!
X
!
@] 25 %
CH) 2n Type
parental
1 Fréquence 50 % 1
25 %
CH) 2n =
CH)
""O
0
c 25 % 2n Type
:J recombinant
0
li) 1 Fréquence 50 % 1
ri
CH) 2n =
0 25 %
N
@
.µ
-§, Figure 6.4 Recombinants issus de la recombinaison entre gènes non liés à la
·c
� suite d'un assortiment indépendant.
0
u Chaque paire d'homologue porte un des caractères étudiés.
Lorsque les gènes sont situés sur des chromosomes différents, les
gamètes sont issus d ' un assortiment indépendant. Les génotypes
« Aabb » et « aaBb » sont de type recombinant car ils diffèrent des
La recombinaison intrachromosomique
En second lieu, la diversité des gamètes peut être accrue en raison des
enjambements chromosomiques ou « crossing-over » (Fig. 6.2 et 6.5).
C' est la recombinaison intrachromosomique, elle accroît encore un
peu plus la diversité génétique des populations ultérieures.
a b
� a b
A
1 B
� A B
a 1 b
A B
1 re division méiotique
a b A b
-ci
0
c
� a B
� A B
:J
0
li)
ri
0
N 1 2e division méiotique
l
@ a b A b
.µ
..c
O'> �
"O
·c c:
Parental Recombinant
>- :::l
o.
0 ti
11)
u 11)
'<1)
V> Recombinant a B Parental A B
·c
2
:::l
'"
c: Figure 6.5 Crossing-over au cours de la méiose et production de gamètes
0
c:
c: recombinants.
-�
ü:::l
"O
0
....
c..
� Dès le début du xxe siècle, les travaux sur l' hérédité menés par
� William Bateson, avec comme modèle le pois de senteur, et ceux de
:::l
0
E-
1 Thomas Hunt Morgan, avec comme modèle la drosophile, avaient
"O
0
c:
:::l
montré que la ségrégation des caractères n' obéissait pas toujours aux
0 lois de Gregor Mendel.
<Q>
1 72 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
Combinaisons
Caractéristiques des individus Nombre
alléliques
de la génération f2 d'individus
gamètes possibles
Attendus sur la
f1 P2 Phénotypiques Génotypiques Observés base du rapport
1 :1 :1:1
Ab ab Ab Aabb 98 750
aB ab aB aaBb 1 02 750
2n 2n Parents
B b
! !
n cg) (g) n
\ I
X
l
@]
-ci
0
0
c
:J
> 25 %
CH) b
2n Type
parental
1 Fréquence > 50 % 1
CH)
li)
ri > 25 % 2n
0 b
N
@
.µ
..c
·c
O'>
>-
�
"O
c:
< 25 %
CH) b
2n Type
recombinant
1 Fréquence < 50 % 1
o. :::l
CH)
0 ti
u 11)11) < 25 % 2n
'<1)V> b
·c
2:::l
Figure 6.6 Recombinaison entre gènes liés et fréquence des gamètes. Un seul
'"
c:
0
c: chromosome porte les 2 caractères étudiés.
c:
-�
..�..
ü:::l
"O
0
c.. La recombinaison intrachromosomique peut se produire entre
�:::l n'importe lesquelles des deux chromatides non sœurs (Fig. 6. 7). Cepen
0
E-
1 dant le pourcentage de recombinants est toujours inférieur à 50 % en
"O
0
c:
:::l
raison de leur rattachement au même chromosome, ce qui empêche
0
<Q> leur assortiment indépendant. On doit de plus noter que la valeur seuil
1 74 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
A B A B
: (3)
� (4) A B
A B
b)
a b a B
: (1 )
: I
(2) a b
a b -
A b
A B
: (3) A B
(4)
A B
c)
a b a B
-ci
0 : (1)
: I
c a
I
:J (2) B
0 a b
li)
ri
-
A b
A B
0
N : (3) A b
@ (4)
...µ
c A B
O'>
·c
>-
o. Figure 6.7 Exemples de possibilités de crossing-over.
0
u Les gamètes produits sont tous de type parental en absence de crossing-over (a) ; de
type parental et recombinant lors de crossing-over impliquant les chromatides 1 et 3 (b),
ou 1 et 4, et 2 et 3 (c). Ce dernier exemple montre que lors de la méiose les crossing-
over peuvent s'effectuer entre n'importe lesquelles des chromatides non sœurs et que
plusieurs crossing-over peuvent s'effectuer pour un même bivalent.
>- localiser ou assigner les gènes sur les chromosomes et établir les
distances qui séparent les gènes, c ' est la cartographie génétique ;
>- reconstituer le génome à l'échelle moléculaire en établissant au final
la totalité de la séquence, c' est la cartographie physique.
Naturellement, les cartographies physique et génétique, tout comme
le séquençage sont interdépendants et leur association ont favorisé
l'avancée rapide de la connaissance des génomes complexes comme
celui de l'homme.
B A c
(1 )
- ?cM ------+
+----- 10 cM -------+
B c A
(2)
--- 10 cM - 7cM ------+
Figure 6.8 Positions envisagées pour différents loci portés par un même chro
mosome. Les distances entre les caractères sont données en centimorgans (cM).
""O
0 ÎABLEAU 6.2 CLASSIFICATION ET DÉNOMBREMENT
c
:J EN FONCTION DE LEURS PHÉNOTYPES D'INDIVIDUS ISSUS D'UN CROISEMENT-TEST.
0
li)
ri
0
N Phénotypes Génotypes Nombre d'individus
@
...µ
c
O'> aBC aaBbCc 1 250
·c
>-
0.
0 Abc Aabbcc 1 258
u
abc aabbCc 1 43
ABc AaBbcc 1 39
ABC AaBbCc 93
abc aabbcc 99
aBc aaBbcc 8
AbC AabbCc 10
6.2 • Liaison génétique et cartographie 1 77
a c b
r--
---._..-
.._ -- -------------------, ( 1)
�---' (2)
a b c
A B c
�--� (3)
�
L__ ...-
_ --..._ ________________, (4)
A c B
.._.._---�----�---� (3)
�-.
A c B
A c B
a B c a b c
(1)
X X --
A b c A B c
B a c B A c
(2)
X X --
b A c b a c
a c B a c B
(3)
X X --
A c b A c b
Mitoses post-méiotiques -i
\J
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c
Ol
ï::
>-
0.
0
u
rosy BX-C
Chromosome polytène 3
Il Il
87E 89E
l Inversion
l
Hybridation in situ du clone 3 rosy
l
Hybridation
d'une sonde rosy
c:::::;::::J Chromosome
sauvage
l Inversion
Chromosome
portant l'inversion
J
Hybridation sur un Fragment portant
chromosome normal 87E 89E la jonction 87E/89E
utilisé comme sonde
rosy BX-C
l
Marche sur le chromosome vers BX-C
""O
0
c
:J
0 Figure 6.1 2 Exemple d'utilisation d'une inversion chromosomique identifiée sur
li)
ri
0 u n chromosome polytène pour la localisation d'un gène.
N
@ Dans l'exemple montré l'inversion d'une partie des régions a permis de rapprocher une
...µ
c région connue portant le gène rosy de la région dans laquelle on suspecte la présence
O'> d'un gène impliqué dans le développement BX-C, mais encore non identifié.
·c
>-
0.
0
u
Fibrobaste
humain
i
Hétérocaryon
4 Formation
d'hybrides
! !
Prolifération
Cellule hybride cellulaire
et formation
des colonies
..
.;,
\J
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c
Ol (1) (2) (3) (4) (5)
ï::
>-
0.
0
u Colonie
d'hybrides
Figure 6.1 3 Techniques d'obtention d'hybrides somatiques.
Les hybrides (homme/souris) sont produits par fusion cellulaire grâce au virus de Sendai
qui est utilisé comme agent de fusion. Dans les hétérocaryons, les deux noyaux vont
fusionner, et la cellule hybride contiendra dans son noyau le génome murin et le
génome humain. Très rapidement, une partie des chromosomes humains disparaîtront
alors que la cellule tumorale conservera la totalité du génome murin. Par analyse cyto
génétique, on caractérise chaque colonie hybride par son contenu en chromosomes
humains encore présents dans les cellules tumorales.
6.5 • Analyse de la liaison génétique et test du CHI-deux oux2 185
1 2 3 4 s
A + -
+ - -
Séquences humaines 8 - -
+ + +
recherchées c + -
+ - -
D + + -
+ -
1 -
+ - - -
Chromosomes humains
10 - -
+ + +
présents dans l a lignée
21 + -
+ - -
-ci
6.5 ANALYSE DE LA LIAISON GÉNÉTIQUE
0
c ET TEST DU CHI-DEUX OU X2
:J
0
li)
ri En génétique, les résultats expérimentaux sont souvent proches des
0 résultats attendus, mais cependant légèrement différents. Un test statis
N
@ tique s' avère nécessaire pour confronter ces résultats entre eux et
.µ
A a Total
Ségrégation B 155,04 148,96 304
de B et b b 1 50,96 145 ,04 296
Total 306 294 600
La valeur de x2 est de :
Génotype 0 E (O - E)2/E
AB 1 70 1 55,04 1 ,44
aB 1 34 1 48,96 1 ,50
X X
- ---- - - �.i
----------------
X
�
---------
y
---
� Régions
pseudo-autosomales
(régions d'homologie
� entre X et Y)
Déterminisme du sexe
La détermination du sexe est génétiquement définie. En prenant
l'homme comme exemple, un gène, SRY pour « Sex Regulation on the
Y », localisé sur le bras court du chromosome Y, joue un rôle crucial
dans le déterminisme du sexe. En effet, il a été montré que l'inactivation
de ce gène chez un individu XY aboutit à un phénotype féminin. SRY
assure une fonction d' interrupteur et le produit de son expression est un
facteur de transcription qui se lie à l' ADN dans les gonades indifféren
""O
0 ciées les transformant en testicules ; en revanche, en son absence ces
c
0
:J mêmes gonades deviendront des ovaires. Après formation des testi
li)
ri cules, il y a activation des gènes impliqués dans la synthèse et sécrétion
0
N de testostérone, hormone liposoluble responsable des caractères
@ sexuels secondaires masculins (forme corporelle, pilosité, etc.) propres
...µ
c
·c
O'> au phénotype masculin. La testostérone se fixe sur son récepteur, codé
>-
0.
0 par le gène AR « Androgen Receptor » et porté par le chromosome X.
u Le complexe testostérone-AR passe dans le noyau où il agit sur des
facteurs de transcriptions qui activent la transcription de gènes de la
« masculinité » . En l' absence du gène AR, la testostérone ne peut pas
agir. L'individu présente un syndrome d'insensibilité aux androgènes,
dont fait partie la testostérone, et il n' aura aucun caractère masculin.
-- --
� �
� Souris
�
Souris hétérozygotes hétérozygotes
(invalidé / normal)
X (invalidé normal) I
-ci
0
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c
Ol �
-0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u
'Q)Q)V> Souris homozygotes Souris hétérozygotes Souris homozygotes
·;::: (normal / normal) (invalidé / normal) (invalidé / invalidé)
2:::l
'"
c:0
c:
c:
-tï�
-0:::l0 Figure 6.1 5 Méthodologie générale pour la création de souris transgéniques
....
Q.
« knock-out ».
�
�:::l On constate qu'il faut trois générations de souris, à partir de la mère, pour obtenir les
E-0 individus homozygotes pour le gène invalidé (invalidé/invalidé). Les cellules ES utilisées
1 pour la transformation sont issues d'une lignée de souris agouti (couleur du pelage
-00
c::::l marron). Le suivi de ce caractère permet aux généticiens de sélectionner plus facilement
Cl les souris chimères portant le gène invalidé en Fl et les souris hétérozygotes en F2.
(Q)
1 92 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
l
Insertion de 2
séquences Lox P
l
Expression de la
protéine Cre
ADN Gène A
11
Gène B
Recombinaison
Fragment d'ADN
circulaire éliminé
cl CRISPR-CA59 Cas9
RuvC
T
Séquence cible
B Séquence PAM
T Site de coupure
----3'
dl Cas9
5'-
3'-
I
NHEJ HDR
\J
0
c
!:: =i -�:::
::J ADN génomique -3'
0 _
li)
ri -3'
0
N
:::::S:-
-5'
@
.µ
.c
3'- -5'
Ol matrice modèle
ï:: I de réparation
>-
0. Mutation indel t
0 5'- ----- - --- -3'
u 5'- ----- ---- -3'
3'- ----- - --- -5'
Apparition d'un 3'- ---------- -5'
codon stop gène réparé
avec précision
l ' un d' eux étant complémentaire de l' ADN viral à neutraliser. Il guide
une endonucléase Cas jusqu'à cet ADN que l'enzyme découpe et met
hors d'état de nuire. Les kits utilisés aujourd'hui s' inspirent de cette
découverte et se présentent sous la forme de vecteurs développés pour
l' ingénierie des génomes (Fig. 6- 1 8). Utilisés in vivo ils concernent
toutes les espèces animales et végétales et plusieurs résultats spectacu
laires (Fig. 6- 1 9) confirment le grand intérêt de ce remarquable outil
qui soulève également beaucoup d'espoir pour la thérapie génique.
ARNg
2A GFP
1
Région cible
de 1 9-20pb
""O
0
c
:J
6.8 DÉRIVES AUX LOIS DE MENDEL DANS LA TRANSMISSION
0 DES CARACTÈRES
li)
ri
0 L'épistasie
N
@
...µ
c Le phénotype d'un individu résulte pour de nombreux caractères de
O'>
·c
>- l'interaction entre gènes. Si les effets d'un gène ne peuvent pas être
0.
u
0 observés en présence d'un allèle particulier d'un autre gène, on parle
d' épistasie. Pour ce phénomène, tout type d'interactions entre gènes
entraîne une modification du rapport 9:3:3: 1 à la génération F2. De
manière générale, on dit que l' expression d'un gène masque l'expres
sion de 1 'autre. Les phénomènes épistasiques se produisent uniquement
lorsque les gènes sont impliqués dans la même voie biochimique.
À titre d'exemple chez la souris, des gènes impliqués dans la couleur
du pelage peuvent interagir entre eux et modifier la couleur. Des souris
noires de race pure ont pour génotype BBCC où B code pour un
pigment noir et le produit de C permet le dépôt de pigment. Les allèles
récessifs b et c correspondent respectivement à des pigments bruns et à
Dérives aux lois de Mendel dans la transmission des caractères 1 97
1/ Fécondation Micro-injection
de sperme
�AAAAAA
Culture �wWW
/, w
Injection d'ARNm
2/ Injection Cas9 I ARN guide
1 Transfert
embryonnaire
Gestation
5 mois
�
-ci
0
c
::J
0 41 Fondateurs 3/ Mère porteuse
li)
ri mutants
0
N
@ Figure 6.19 Principe de l'ingénierie d u génome de macaque
.µ
.c
Ol � Après fécondation de l'ovocyte ( 1 ), une micro-injection des ARN guides dirigés contre
ï:: -0
>- c::::l PPAR- et Rag 1, et de l'ARNm codant Cas9 est effectuée au stade une cellule (2). Les
o. tiQ) embryons sont ensuite implantés dans une « mère porteuse » (3). Naissance de deux
0
u Q)
'Q)
V>
macaques (4) avec des allèles mutants pour les deux gènes ciblés PPAR- et Rag 1 . 1 1 est
·;:::
2:::l important de noter que l'ingénierie des gènes se fait ici par injection directe d'ARNm
'" une démarche souhaitable pour l'ingénierie de gènes in vivo alors que la transforma
c:0
c: tion à l'aide d'un vecteur serait susceptible d'introduire des informations indésirables.
c:
-tï�
-0:::l0
....
Q. l' absence de dépôts de pigments. Le croisement de souris noires avec
�
�:::l des souris blanches de génotype bbcc, donne des descendants Fl noirs
E-0 et hétérozygotes : BbCc. En F2 pour un même phénotype, divers géno
1
-00 types sont possibles :
c::::l
Cl � animaux noirs : BBCC, BBCc, BbCC, BbCc dans un rapport de 9/1 6 ;
(Q)
1 98 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
-ci
0
c POi NTS CLEFS
::J
0
li)
ri
0 > La mitose concerne à la fois les cellules haploïdes et diploïdes. Elle aboutit
N
@ à deux cellules filles génétiquement identiques à la cellule mère.
.µ
.c
Ol �
ï:: -0
c::::l > La méiose ne peut exister que pour des cellules obligatoirement diploïdes
>-
o.
0 tiQ) et aboutit à partir d'une cellule mère diploïde à quatre cellules haploïdes
u Q)
'Q)
V> génétiquement différentes entre elles.
·;:::
2:::l
'" > La recombinaison méiotique désigne tout processus méiotique qui donne
c:0
c: un produit haploïde présentant une combinaison d'allèles différente de
c:
-tï� celle portée par les génotypes haploïdes à l'origine du méiocyte.
-0:::l0
....
Q.
> L'analyse de la descendance à l'issue d'un croisement test ou « test-cross »
�
�:::l permet d'identifier les recombinants dont les phénotypes diffèrent de ceux
E-0 des parents P l .
1
-00
c::::l > Les recombinants sont produits par deux processus distincts : l'assortiment
Cl indépendant et les crossing-over.
(Q)
200 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
QCM - QROC
6.1 Quelle affirmation est exacte ?
a) Par division mitotique, une cellule génère deux cellules filles géné
tiquement différentes.
b) La mitose est réservée exclusivement aux cellules diploïdes.
c) Au cours de la méiose, il y deux réplications de l' ADN puis une
seule division cellulaire.
d) La méiose est à l' origine de la diversité génétique des individus
d'une même espèce.
6.2 Les affirmations suivantes sont-elles vraies ou fausses ?
a) Au cours de la prophase de la 1 re division méiotique les chromosomes
sexuels chez l'homme s ' apparient sur toute leur longueur.
b) Au cours de la prophase de la 1 re division méiotique les chromosomes
sexuels chez la femme s' apparient sur toute leur longueur.
c) La division réductionnelle concerne la séparation des chromatides
d'un chromosome, et la division équationnelle la séparation des
chromosomes homologues.
d) Les crossing-over s'effectuent entre chromosomes homologues lors
de la 1 re division méiotique.
6.3 Parmi les propositions suivantes, quelles sont celles qui sont vraies ?
a) Les mécanismes de recombinaison génétique peuvent générer plus
de 50 % de recombinants.
b) Deux gènes liés sont portés par des chromosomes différents.
""O
0 c) Les fréquences de recombinaison entre deux loci permettent d'estimer
c
:J
0 la distance qui les sépare sur un chromosome.
li)
ri d) La distribution des ascospores de même génotype dans un asque
0
N linéaire est toujours identique.
@
...µ
c e) La présence de doubles crossing-over dans une même région inter
O'>
·c
>- fère sur le calcul des distances génétiques entre les caractères étudiés.
0.
0
u f) Le test du x2 valide, sur la base d'une hypothèse vraie, la part du
hasard dans les distributions phénotypiques observées par rapport à celle
attendues.
6.4 Chez les humains, lorsque des caractères sont portés par la région
différentielle du chromosome X :
a) Le père transmettra les allèles de ces caractères à ses fils.
b) S i une femme, porteuse saine, se marie avec un homme sain, la
probabilité d'avoir un fils normal est de 25 %.
c) Pour les caractères analysés, le phénotype des filles dépendra exclu
sivement du génotype maternel.
202 Chapitre 6 • Transmission et hérédité
6.6 Si sur des individus AaBb d'une F l , issue d'un croisement AABB
x aabb, on effectue un croisement test, au niveau de la descendance
quel pourcentage sera Aabb si :
a) les gènes sont non liés ;
b) les gènes sont liés et distants de 20 cM ;
c) trop proche pour qu' il y ait un crossing-over.
RÉPONSES
6.2 b) et d) vraies
Réponses 203
::J- <tg
2
É pissage no lntrons
épissés
ARN primitif 2
modulaire
Exon
transposable
·
'
... ,
.. ,.,
......
.... ,.,..'
.. ,....
..
...... '
,..
t
ARN primitif A
modulaire
l
A 2
Les huit gènes homéotiques de la souris sont organisés en deux clusters (complexes
de gènes). Cinq des huit gènes sont localisés dans le complexe Antennapaedia et
les trois autres dans le complexe Bithorax. Il y a une correspondance colinéaire
entre l'ordre des gènes homéotiques le long du chromosome et les profils d'expres
sion selon l'axe antéro-postérieur des embryons. Ainsi le gène /ab, en position la
plus extrême en 3' du complexe Antennapaedia s'exprime dans la partie la plus �
7.3 • La boîte à outils génétiques du développement 211
Embryon de drosophile
Ser •••
Ubx
Abd-A
Abd-B ____
b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 bB b9
b9 ---c::==
bB
b7
b6
b5
b4
b3
b2
-ci
0 b1 -
c
::J
0
li)
ri
0
N
@
.µ
.c
Ol �
-0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;:::
2:::l Embryon de souris
'"
c:0
c: > antérieure de la tête de l'embryon.Au contraire, le gène Abd-8,en position la plus 5' du
c: complexe Bithorax est exprimé dans la région la plus postérieure. La signification de
-tï�
-0:::l0 cette colinéarité n'est pas établie mais elle est observée pour tous les embryons y com
.... pris chez les mammifères et l'homme. La souris possède 38 gènes Hox organisés en qua
Q.
� tre clusters (un seul est présenté ici, le cluster Hoxb). Chaque cluster contient 9 ou 1 O
�:::l
gènes homéotiques qui correspondent à chaque gène du cluster de la drosophile,
E-0
1 avec le même type de colinéarité. Comme la souris, l'homme possède quatre clusters
-00 de gènes Hox avec les mêmes caractéristiques : HOXA (Chr 7), Hoxb (Chr 1 7), HoxC (Chr
c::::l
Cl 1 2), HOXD (Chr 2).
(Q)
212 Chapitre 7 • Génétique de l'évolution et du développement des organismes
La notion d'homéoboite
Une homéoboîte est une courte séquence d' ADN localisée au sein d'un
gène impliqué dans la régulation du développement des animaux,
champignons et plantes. Ces gènes sont nommés, pour cette raison,
« gènes à homéoboîtes » . Ils forment la famille des gènes homéotiques.
La séquence ADN d'une homéoboîte possède environ 1 80 paires de
bases et code un domaine protéique (l'homéodomaine) qui se lie à
d'autres séquences d' ADN, d'où le nom générique de protéines de
liaison à l' ADN. Les gènes homéotiques codent en général des facteurs
de transcription qui activent à leur tour la transcription d'autres gènes
qui participent aux cascades nécessaires à la formation d'une patte, par
exemple. La protéine contenant une homéoboîte se fixe à sa cible ADN
d'une manière spécifique. Habituellement cela ne suffit pas cependant
pour qu'une protéine possédant une seule homéoboîte reconnaisse
spécifiquement son gène cible. Les protéines à homéodomaines agissent
en effet généralement sous la forme de complexes avec d' autres facteurs
-ci
0
c de transcription, eux-mêmes contenant des homéoboîtes, pour se lier à la
:J
0 région promotrice de leurs gènes cibles. Ces complexes ont des spécifi
li)
ri
0 cités beaucoup plus élevées qu'une seule protéine à homéodomaine.
N
@ La notion de morphogène
.µ
..c
O'> �
"O
·c
>- c::::l Cette notion ancienne ne désigne pas une catégorie particulière de
o.
u
0 ti11) biomolécules, mais plutôt une substance qui contrôle la manière dont
'<1)11)V> se développe un tissu et comment se positionnent les différentes
·c
2:::l cellules spécialisées qui le composent. Un morphogène diffuse géné
'"
c:0 ralement à partir d'une cellule émettrice. Il forme un gradient de
c:
c:
-ü� concentration au sein du tissu cible en développement. Cette notion a
"O:::l0 été popularisée, il y a une cinquantaine d' années, par Lewis Wolpert
....
c..
� qui a décrit comment un morphogène subdivisait un tissu en domaines
�:::l cibles de 1' expression de différents gènes, un peu à la manière des
E-0 couleurs d'un drapeau. Le premier morphogène à être identifié fut un
1
"O0
c::::l facteur de transcription dont le gradient, dans l'embryon syncitial de
0 drosophile, participe à la définition de l' axe antéro-postérieur de
<Q>
214 Chapitre 7 • Génétique de l'évolution et du développement des organismes
�� � 1°
o
O o0 0
0
o
0 0
Activation des
récepteurs
Cellule 1
�� 0
Cellule 2 Cellule 3
y
-ci
0
c
::J
l l l
0 Niveau d'activation
li)
ri des facteurs
0 de transcription
N
@ dans le noyau
.µ
l l l
.c
Ol
ï::
>-
o.
0
u Niveau
de transcription
des gènes cibles
Gradient de Bicoïd
0 0
Fi
r
0
0
0 0 ,.... o ,.... ,....
-ci
0 � iii mchback 1-
c
::J 0
0 Domaines de liaison à bicoïd Domaines de liaison à bicoïd
Éléments stimulateurs
li)
ri
É léments stimulateurs o
0 de faible affinité de haute affinité
0
N 0 0 0 0 0
@ 0
.µ
.c
0
Ol �
-0
ï:: c::::l
>-
o.
0 tiQ)
u Q)
'Q)
V>
·;:::
2:::l Gradient de orthodenticle Gradient de Hunchback
'"
c:0
c: Figure 7.4 Exemple de l'intervention d'un gène à effet maternel, le gène Bicoid,
c:
-tï� dans la formation d e l'axe de symétrie a ntéro-postérieure de la mouche.
-0:::l0 a. Le gradient de la protéine bicoid, un facteur de transcription, engendre différents
....
Q.
� niveaux d'expression des gènes cibles, orthodenticle et hunchback. Seules de fortes con
�:::l centrations de bicoid stimulent orthodenticle dans la tête de l'embryon. Hunchback est
E-0 stimulé par des concentrations élevées et moyennes de bicoid, dans la tête et le thorax.
1
-00 Les deux gènes possèdent des sites ADN régulateurs en 5' (« enhancers ») qui fixent la
c::::l protéine bicoid et stimulent la transcription du gène en aval. Mais les trois sites « enhan
Cl
(Q) cers » de chacun des gènes n'ont pas la même affinité pour bicoid. Les sites de ortho
denticle sont de faible affinité alors que les sites de hunchback sont à haute affinité.
216 Chapitre 7 • Génétique de l'évolution et du développement des organismes
Gradient de Bicoïd
0
0
0
•i• 51unchback 1-
0
Domaines de liaison à bicoïd Domaines de liaison à bicoïd
Éléments stimulateurs Éléments stimulateurs o
0 0
0
b. Dans les parties centrales de l'embryon, le gène orthodenticle n'est pas stimulé
car la concentration de la protéine bicoid n'est pas suffisante pour qu'une liaison
avec les sites en 5' de fa ible affinité se produise. Pour hunchback c'est le contraire,
car la concentration de bicoid est suffisante pour que la protéine se lie avec les sites en
5' de haute affinité du gène. Les protéines orthodenticle et hunchback sont aussi des fac
teurs de transcription qui contrôlent avec des effets de gradients (indiqués en noir
grisé) d'autres gènes du développement qui participent à leur tour par leurs produits
au façonnage de l'embryon de la mouche.
Protéine Dorsal
cytoplasmique
noyaux
(-)
0
0
0
•
(+)
Gradient de
twist Dorsal dans
les noyaux
Rhomboid
Sog
+1
r sog
----l ••• • �
"-- �---�
Régions
4 domaines de
haute affinité latérales
+1
rhomboid
+1
twist
-ci
0
c \____. Régions
::J 2 domaines de ventrales
0 faible affinité
li)
ri
0
N
@ Figure 7.5 Exemple d e l'intervention des trois gènes sog, rhomboid et twist, dans
.µ
.c
Ol � la formation de l'axe de symétrie dorso-ventrale de l'embryon de mouche.
ï:: -0
>- c::::l Dans le cytoplasme syncitial (nombreux noyaux en l'absence de cellules) de l'embryon,
o. tiQ)
0 la protéine Dorsal, un facteur de transcription, est fortement concentrée en partie dorsale
u Q)
'Q)
V>
·;:::
et faiblement en partie ventrale. Par contre dans les noyaux c'est l'inverse, la protéine
2:::l Dorsal est concentrée dans les noyaux de la partie ventrale et faiblement représentée
dans ceux de la partie dorsale. Les deux sites régulateurs en 5' du gène twist ont une
'"
c:0
c: faible affinité pour Dorsal et ne sont occupés que pour les fortes concentrations de
c:
-tï� Dorsal dans les noyaux de la partie ventrale. Un seul des sites en « cluster » 5' du gène
-0:::l0 rhomboid possède une haute affinité pour Dorsal de sorte que ce gène n'est stimulé
....
Q. que dans les parties ventrale et latérale de l'embryon où la protéine Dorsal est assez
�
�:::l bien représentée dans les noyaux. Les quatre sites introniques à haute affinité du gène
E-0 sog peuvent lier la protéine Dorsal à toutes les concentrations nucléaires, ce qui a pour
1 conséquence que ce gène est stimulé dans toutes les régions latérales de l'embryon
-00
c::::l où Dorsal est présente.
Cl
(Q)
218 Chapitre 7 • Génétique de l'évolution et du développement des organismes
+1
- 3 kb - 1 kb + 5 kb + 7 à 8 kb
ADN
\J
0
c
::J
0
li)
ri Profils d'expression
0 du gène eve
N
@
.µ
.c Figure 7.6 Exemple d u contrôle de l'expression d u gène eve participant à la
Ol
ï:: segmentation du corps de l'embryon de drosophile.
>-
0.
0 La séquence codante de eve est assez courte, mais le gène lui-même possède des
u
régions régulatrices de grande dimension ( 1 2 kpb), composées de sites localisés à la
fois en 5' et en 3' de la région codante. La région 5' possède deux stimulateurs
(« enhancers »), d'une taille de 500 pb chacun, qui contrôlent l'expression du gène
dans différents groupes de cellules disposées en forme de bandes (les bandes 2, 3 et 7)
à la surface de l'embryon. La région régulatrice en 3' possède trois stimulateurs qui
contrôlent l'expression du gène eve dans les bandes de cellules 1 , 4, 5 et 6. Au total, les
cinq stimulateurs produisent sept bandes d'expression cellulaire du gène eve qui avec
d'autres gènes contribuent à la formation des sept parties segmentées du corps de
l'embryon de drosophile.
7.4 • D'où vient la nouveauté en matière de développement ? 219
�
c.. D'où provient alors la nouveauté, puisqu'elle ne se constate pas
�:::l dans les génomes, au final si remarquablement apparentés ?
E-0 Ne résiderait-elle pas dans des changements, intéressant la régulation
1
"O
0
c:
:::l
de l'expression des gènes et non dans les gènes eux-mêmes ? (Voir
0 chapitre 5, réseaux de gènes et ENCODE.)
<Q>
220 Chapitre 7 • Génétique de l'évolution et du développement des organismes
Chromatine
CD ® • Dynamique du noyau
CD
• condensation de la
chromatine et remodel�e -
ADN système de mémoire (3)
Promoteur :
®
l Transcription • Spécificité du promoteur @
de transcription (enhancers,
pré ARNm
inhibiteurs) ©
......../ ®0
® \.,_ \ /�/ Épissage Transcription
(I -� :�
j··_ (_·.· ® • Dégradation des facteurs de
ARNm �--.� �
transcription ®
-ci
0
c • Régulation de la
:J Export dans le polyadénylation ®
0 cytoplasme
li)
ri
0 Maturation de l'ARN
N ARNm
• Régulation par les petits ARN 0
@
@ • Dégradation de l'ARN
®
l
.µ
• Epissage alternatif ®
..c
O'> �
"O Traduction
·c
>-
o.
c::::l @ • Export de l'ARN dans le
0 ti11) cytoplasme @
u
'<1)11)V> Protéine
@
·c Traduction
2:::l
'"
l • Localisation subcellulaire de
l'ARNm @
c:
0
c: Localisation de la protéine
• Dégradation de l'ARNm @
c:
-ü�
l • Régulations traductionnelles @
"O:::l0
....
c.. Fonction de la protéine Modifications post-traductionnelles
�
�:::l (phosphorylations, ubiquitylation,
E-0 sumoylation et glycosylation) @
1
"O0
c: Figure 7.7 Schéma récapitulatif des niveaux où s'exerce une régulation en cis et
:::l
0 en trans de l'expression génique.
<Q>
222 Chapitre 7 • Génétique de l'évolution et du développement des organismes
Gène A
--;--4 f-: E-, x-
-D----c=J-- ----=- on...,.1 .. Exon 2 � ADN
t0 _,I
----,,__
_
Facteur de
0 transcription
1 { \
tO f-L
---D DO---l Gène 1 f- DO---l 1
---Df-1 f-� ne-2�f- ADN
Gè-
!
Niveau basal de protéine 1 Niveau basal de protéine 2
,r- mutation 1
cg)
{ \
(/)
t1 ---D
f-LDO---l 1Gène 1 f- DO---l �
---Df-1 ,__ ne-2�f- ADN
Gè-
a.
E
2 ! !
Effet légèrement négatif Faible niveau d'expression
et avantage sélectif
t2 f-L
---D DO---l
r { C9 �
Gène 1 f- -D-OD--l
f-1�___,.
Gè-
r-
.,ne-2-.f- ADN
mutation 2 � !
Niveau d'expression
et avantage sélectif élevés
Figure 7.8 b Deux scénarios montrant comment des mutations de sites régulateurs
de l'expression de gènes sont sélectionnables au cours de l'évolution.
Une première mutation (mutation 1 ) intervient au temps t1 dans un facteur agissant en
trans. Cela peut être un facteur de transcription comme retenu ici, mais aussi un facteur
agissant par exemple sur la stabilité du messager du gène 2, avec pour conséquence
d'exercer un effet légèrement négatif sur le gène 1 , et au contraire un effet légèrement
\J positif sur le gène 2, pas complètement décisif cependant en terme d'avantage sélectif.
0
c Une deuxième mutation (mutation 2) au temps t2 dans un site régulateur stimulateur de
::J la transcription du gène 2 contribuera à rendre optimal le niveau de transcription de ce
0
li)
ri gène et l'avantage sélectif qui l'accompagne. On observera ici que les deux mutations ne
0 sont probablement pas liées.La première mutation peut donc être perdue lors d'un événe
N
@ ment de recombinaison ou par ségrégation, ce qui éliminera son effet négatif sur le gène 1 .
.µ
.c
Ol
ï::
>-
0.
0 >- modules régulateurs en 5 ' (IRES) : 3 0 pb ;
u
>- modules régulateurs en 3' (HSP 83, �-actine) = 247 pb.
Soit une taille moyenne totale de 450 ph (35 + 1 8 + 120 + 30 + 247) pour
les sites mutables non transcriptionnels régulant l'expression d'un gène.
Ces estimations montrent que les tailles respectives des sites régu
lateurs mutables sont comparables qu' ils soient transcriptionnels ou
non transcriptionnels. Elles montrent finalement que, comparativement
aux séquences codantes, l'impact des mutations des sites régulateurs
de l ' expression des gènes peut jouer un rôle majeur dans les chan
gements évolutifs à l ' origine de la biodiversité des processus dévelop
pementaux (Fig. 7.8). On n