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Séminaire.
Imaginario em rede.
Résumé : dans la société des réseaux tout se joue sur le registre de ce qui est (quand les
réseaux numériques véhiculent entre les personnes histoires individuelles personnes
représentations souvenir…) ou met en commun des expériences existentielles e de ce qui
peut être. Référant ceci au double registre de la tribalisation du monde et de la
transculturalité, que nous définissons, nous explorons les formes par lesquelles cette
socialisation advient. Un exemple de réseau constitué dans le cadre d’une recherche-action
vient illustrer notre propos.
********************************************
Introduction.
Dans un article intitulé « Brésil, Arts populaires » paru en 2008, dans L’internationale de
l’Imaginaire1, Jean Duvignaud célèbre le Brésil comme une des rares régions du monde où le
passé est contemporain d’un présent toujours renouvelé et où l’imagination est associée à la
perception commune. « Tout ce qui se fait, tout ce qui se vit en ce pays, écrit-il, définit un
pays imaginaire où tout paraît possible, structuré par une énergie commune ».
Il nous semble aujourd’hui maintenant que la Société des réseaux, qui prend corps sous nos
yeux, répond également à cette définition, et peut se lire dans des termes approchants.
o de ce qui est (quand les réseaux numériques véhiculent entre les personnes histoires
individuelles personnes représentations souvenir…) ou met en commun des
1
Ed.Babel, MGM 2008, p.64
1
expériences existentielles comme nous le constatons en observant ce qui se partage,
par exemple, sur le web, à propos des Chemins de Compostelle2 ),
o de ce qui peut être (quand sont sollicités à travers le globe en un ballet baroque et
créatif les ressources iconographiques de l’espace virtuel).
La « Société Monde » où nous vivrions désormais n’est pas simplement comme l’avait bien
vu Simmel l’ensemble des individus socialisés, mais conjoint les formes rationnelles dans
lesquelles ils se reconnaissent et les relations et formes par lesquelles ils se socialisent, c’est
le cas des réseaux qui contribuent à nous différencier, en tant qu’êtres sociaux, des sociétés
qui nous ont précédés. Et de ce point de vue ils constituent bien un nouveau type de
sociabilité.
Il nous paraît que la Transculturalité est l’un des marqueurs de cette société globale, car
justement elle est une autre façon de concevoir les cultures non plus comme des ilots
distincts mais comme des réseaux interactifs de sens et de pratiques.
Après être revenu sur l’émergence de cette notion, et sur ses implications sociales, laquelle
pour nous dépasse celle d’interculturel désormais quasi admise, nous nous appliquerons à
entrouvrir une porte sur la compréhension de la société de communication en réseaux et
prendrons pour l’illustrer un exemple pris dans une recherche action qui nous est propre
autour d’une communauté virtuelle constituée sur le mythe d’Avalon,.
Il est difficile de penser le concept de Culture, laquelle s’effectue bien dans les sociétés mais
ne saurait se confondre avec elles (ainsi la culture chrétienne reste différente des Eglises qui
la véhiculent) puisqu’elle vise à l’Universalité en ne se manifestant que dans le contingent.
Ceci lui confère une capacité d’hétérogénèse (Deleuze et Guattari 3) comme point de
coïncidence, de condensation et d’accumulation.
De ce fait, la question de l’interculturel n’est pas moins ambigüe, comment par exemple
encourager le pluralisme culturel dans une société donnée tout en y développant un
sentiment d’appartenance et l’on sait que nombre de politiques y ont échoué entre un partis
pris d’assimilation et celui de la simple juxtaposition de cultures communautaires
différentes. On remarquera que l’une et l’autre peuvent envisage l’interculturalité, celle-ci
ne supposant que des relations réciproques entre deux types de positions qui restent
séparées, soit dans la dépendance négociée soit dans un système d’interférences qui laisse à
chaque culture sa posture de principe ou de départ. D’une certaine façon, l’une et l’autre
admettent un parti pris d’homogénéisation de chaque culture.
2
695000 entrées en septembre2013 pour les occurrences liées à cette expérience en français sur le net, 4940
000 en espagnol, 76000 en portugais, 250000 en anglais etc.
3
Deleuze Gilles et Guattari Félix, Qu’est-ce que la philosophie? Les Éditions de Minuit, Paris, septembre 1991.
2
La Modernité s’en est bien accommodée, qui, reconnaissant après les Grandes Découvertes
qui ont également été aussi le temps des Grandes Invasions, des différences culturelles
notoires par exemple dans la façon de se représenter le temps ou l’espace. Ceci, parfois, a
justifié bien des asservissements et peut se rencontrer dans des discours politiques récents
par exemple sur l’incapacité supposée des africains à se situer dans l’Histoire. Le fondement
de la Modernité étant la civilisation de l’écrit et du livre, les mécanismes culturels de base en
sont bien le recours à l’alphabet qui nous a appris à réduire les phénomènes à l’unité,
chaque culture étant en quelque sorte, dans le « concert de nations », un élément constitutif
de base. Et la convergence culturelle des sociétés de consommation, si elle vise à
l’homogénéité, engendre bien une dynamique ségrégative. En récupérant pour mieux se les
approprier tel ou tel élément culturel emprunté, elle se donne l’alibi de le reconnaître.
Philippe Engelhard4 insiste par exemple avec pertinence sur le fait que les échanges
technologiques renforcent particularités et dissidences, et de ce fait ne dépassent pas la
Modernité. De même, le Libre Echange ne conduit pas nécessairement au métissage mais à
la juxtaposition des cultures, les cultures dominées ou minoritaires étant toujours asservies
dans le sens d’une homogénéisation généralisée, marchandisée, et ordonnée à l’injonction
du progrès, ce qui implique une hiérarchie entre les cultures y compris dans la revendication
de l’interculturalité.
Elle apparaît justement aujourd’hui de façon prégnante sur la scène mondiale, au moment
où les cadres de pensée craquent et quand l’écrit n’est plus en position hégémonique dans
les mécanismes d’appropriation culturelle. Là où les sociétés modernes se vivaient dans des
systèmes revendiquant, en commun, un ensemble d’idées sur la nature humaine,
l’importance respective des différentes facultés, sur les droits et les devoirs, passer à une
position transculturelle consiste à admettre transferts, échanges, transactions, négociation
et concessions réciproques6 et, au-delà, hybridité assumée. Là où la Modernité créait des
frontières et des octrois, les sociétés post modernes fraient des voies, aménagent des
passages, et leurs acteurs comme l’avait bien noté Simmel 7, se voient « en passant et se
pensent en passeurs. Le pont y est le point de passage où l’homme est cet « être
4
Engelhard Phlippe, Internet change-t-l vraiment nos sociétés? (t. 1-3), L’Harmattan, 2012
5
Pour Wolfgang Welsch, c’est le concept le plus adéquat aujourd’hui pour définir la culture in Spaces of
Culture: City, Nation, World, ed. by Mike Featherstone and Sc ott Lash, London: Sage, 1999, 194-213
6
Engelhard insiste pour sa part sur le fait que le réseau est une métaphore trompeuse et que ce sont
seulement de micro-éléments qui seraient en interaction trompeuse, réfutant de ce fait l’idée de village global.
On verra que notre position sans nier les objections que cela pose est plus résolument utopienne, comme nous
tentons de l’illustrer ici.
7
Simmel Georg, L’Aventure in Philosophie de la Modernité, Paris, Payot, 1989.
3
frontière qui n’a pas de frontière»8. Et les antagonismes suscités par cette position
radicalement autre génèrent une tension créatrice source de vie, moteur de socialisation et
ressort de la pensée9.
Car, là où la Modernité campait les Cultures sur des terrains connus et des territoires
répertoriés, binarisait et dualisait les relations interculturelles, souvent sur la base
d’imaginaires nationaux, la position transculturelle constate que l’Autre est en nous et que
nous sommes l’Autre. Ici la relation transculturelle se fait hybridité, « changeability and
incertainty » et nous amène à envisager des liens ouverts fluides, liquides10.
Elle s’exerce à la fois au niveau macro culturel et micro culturel 11. Ici la position hybride ne
peut être vue comme une marque dévalorisée ou de dénigrement des autres cultures, mais
partie prenante d’un tissage des cultures avec toute la force de contestation sociétale qu’elle
implique, ancrée sur un imaginaire radical, c’est-à-dire qui s’ancre dans les racines de
l’humanité. En même temps, elle contient la possibilité de transcender nos déterminismes
monoculturels.
Et la surprise de cette position, c’est qu’elle permet de renouer, par exemple, avec un sorte
de néo médiévalisme ou à tout le moins d’établir des correspondances culturelles entre les
mythes les plus anciens au coeur de l’Arkhé et leur actualisation dans notre
contemporanéité, et ce, amplifiées par la communication en réseau. Et nous en voyons de
multiples exemples, dont celui que nous présentons infra12.
Ainsi, pour Florence Plet-Nicolas, le « néo Moyen Age » est une affaire d’espace tout autant
que de temps, qu'il s’agisse d’espaces réels (châteaux restaurés ou reconstitués, villes
médiévales investies par des fêtes et des jeux, musées, …) ou d’espaces fictifs (« subcréation
» selon Tolkien, cartographie des jeux de rôle et de la bande dessinée, espaces virtuels des
jeux vidéo, …). Parmi les périodes historiques, le Moyen Age constitue peut-être plus que les
autres un « ailleurs » plus qu'un « autrefois », tout en restant notre immédiat voisin : le
terrain privilégié de la quête, où le mouvement centrifuge vers l’aventure est indissociable
du mouvement centripète de la quête intérieure. Et elle affirme, la circulation entre les
8
Maffesoli Michel, Du nomadisme, vagabondages initiatiques, Paris, LGE, 1997.
9
Lapierre Nicole, de Georg Simmel à Sigfried Kracauer, in Communications, 70, 2000, pp45-52
10
Van Sayek Pascal, Transgressions: binaries revisited, in Nationalism and social imaginary : negotiation of
social signification… doctorat d’études transculturelles, Université Jean Moulin, Lyon, 2011
11
Wolfgang Welsch, op.cit.
12
Telle l’association universitaire «Modernités médiévales » qui a pour but depuis 2004, de promouvoir des
manifestations universitaires, et plus largement culturelles, autour du revival (reverdie ?) du médiéval, de sa
réécriture et de ses représentations, essentiellement aux XIX, XX et XXIe siècles (de la réception romantique,
symboliste ou moderne, en passant par la fantasy et la littérature de jeunesse). Elle fédère en un réseau souple
les intervenants culturels et les créateurs qui s’intéressent aux résonances médiévales dans le monde
contemporain : lecteurs, chercheurs, illustrateurs, éditeurs, romanciers… Lieu de convergence des travaux
scientifiques, de plus en plus nombreux, autour du "médiévalisme" en France. Elle contribue à interroger et à
théoriser cette notion problématique, en partenariat avec la recherche européenne et américaine la plus
récente.
4
territoires « en marge » et leur « centre » doit être posée, qu'il s’agisse de franchir les
frontières internes du monde fictif ou les frontières entre monde réel et fiction 13.
L’histoire de l’Europe n’est pas, en effet, celle d’une seule culture, mais de nombreuses
cultures (indo-européenne, mégalithique, judéo-chrétienne, grecque, celte, romaine,
orientale, nordique, germaine…) qui se sont entrecroisées « transculturellement» avec
d’autres et les transferts culturels ont joué du fait de nombreux agents : ethniques, sociaux,
religieux, professionnels, économiques, démographiques, selon le jeu des différentes
migrations dont cette petite péninsule de l’Asie a bénéficié. Ceci a eu des influences
considérables sur son histoire et le développement de sa culture sans pour autant empêcher
les positions d’exclusion vis-à-vis de telle ou telle culture, progroms anti juifs, racisme anti
italiens, puis anti arabes…
Pour autant, divers espaces étaient plus propices que d’autres aux transferts culturels, tels
les cloîtres15 et institutions religieuses, les universités, les ports et les grandes cités ceci étant
lié à la mobilité professionnelle et aux échanges. Aujourd’hui les initiatives des échanges
universitaires et scolaires et les programme européens qui y contribuent jouent encore ce
rôle, la famille de l’auteur de ces lignes, issue de la Normandie profonde, se trouve de ce fait
enrichie d’un gendre venant d’Afrique occidentale et d’un autre de Roumanie !
13
Florence Plet-Nicolas,: "Médiéval marginal ? L’imaginaire du Moyen Age aujourd'hui (XIX-XXIè s.)",
introduction au Master 1, Université de Bordeaux 3.
14
L’émergence de la notion de transculturalité est liée à l’explosion du « marché des identités », à la
renaissance des identités communautaires, ethniques, culturelles et religieuses dans leur diversité. On a vu
apparaître en même temps une littérature, aussi bien scientifique que littéraire, qui traite, indirectement ou
non, de la transculturalité. Voir notamment les travaux du Centre d’Etudes Transculturelles de l’Université
d’Heidelberg : les échanges transculturels ne sont pas acquis ni globalisé mais en mouvement constant et
médiés par des espaces et temps différents. En fait c’est la dynamique des échanges qui pour eux créent de la
globalisation, mais elle n’est jamais acquise. Elle signale donc à la fois fluidité des échanges, métissages
hybridité, changement et incertitude, puisque mouvement. Elle s’accorde en cela aux mouvements cosmiques
tels que les découvertes contemporaines de la physique nous ont appris à voir le monde désormais. Elle
s’oppose à une lecture stable de la vie en société de la Science de la mystique, laquelle a marqué nos
consciences jusqu’ici.
15
Nous avons été frappé visitant sur le chemin de Compostelle une abbaye cistercienne des Asturies (San
Salvador de Valdedios), de découvrir les nombreux témoignages culturels et même botaniques témoins des
échanges culturels de cette abbaye avec le monde entier et ce depuis au moins le 12 e siècle.
16
Le Monde 25/03/2002
5
syncrétisés … il s’enrichit par intégrations et rencontres », et de citer : le jazz, le rythmn and
blues, la diffusion mondiale du rock, le raï, la world music… La transculturalité constitue
ainsi, du fait des réseaux, une sorte de filet à mailles multiples, dans un tissage où se jouent
nos destinées et qui les inclue. Elle n’échappe pas pour autant à la manipulation marchande
et à toutes formes de récupération parfois même totalitaire, toutefois la multiplicité des
points d’accès en rend potentiellement au moins l’échappatoire possible si ce n’est le
détournement.
La société en réseaux incarnerait donc cette mondialisation 18, dont elle est un effet patent,
qui produit aussi de l’uniformisation sous la poussée de la consommation de masse
technicisée des réseaux numériques. Nous mesurons mal si elle produit les changements
sociaux ou si elle les induit. Dans une perspective systémique, la communication qui s’y
établit est sans doute marquée comme l’a fait remarquer Watzlawick, par des interactions à
la fois symétriques et complémentaires qui reste forcément ambigüe 19.
Si la Terre est devenue un « village global », s’y développerait, comme l’a analysé Manuel
Castells « une culture de la virtualité réelle, installée dans un univers audiovisuel de plus en
plus interactif, pénètre les représentations et la communication mentale partout dans le
monde, intégrant la diversité des cultures dans un hypertexte électronique » 20.
De fait, pour Castells, un nouveau monde est en train de naître dans la coïncidence de trois
processus indépendants mais interactifs fondant la société en réseaux:
la révolution informatique,
les crises parallèles du capitalisme et de l’étatisme,
l’essor des mouvements culturels et sociétaux.
17
Titres empruntés aux ouvrages de Manuel Castells (1988 et 2001).
18
Philippe Engelhard conteste lui cette notion, la mondialisation étant, pour lui, une constante de l’humanité
depuis l’émergence de l’homo erectus et se premières errances. Nous utilisons donc ce terme dans le sens
sociétal actuel.
19
Watlazawick P. et al., Une logique de la communication, Paris, Le Seuil, 1972, p.69.
20
Castells manuel, Fin de Millénaire, in L’ère de l’information3, Blackwell P. Oxford 1988 et Fayard 1999 p 14
21
Triki Fadhi, in Quel penser ? Arguments, Inventions, Transgressions revue Prétentaine 2011, N°s 27-28
22
Engelhard Ph, note à l’auteur de cet article, 21 septembre 2013 : « je n’ai pas trouvé, écrit-il, une seule
grande découverte et invention qui ait été collective ».
6
Pour autant, côté optimiste ou utopien, la Terre serait devenue un village global aux
éléments entrelacés. S’y créent des nœuds de relations sans précédents dans l’histoire de
l’humanité, relations interdépendantes marquées par l’instantanéité, et peut-être serait-ce
la faiblesse de ce nouveau système de communications marqué au coin de l’éphémère ?
Nietzsche l’avait d’ailleurs anticipé dans sa critique du journalisme dont il faisait « le maître
de l’instant » et qu’il opposait au Génie et au Guide, qui, justement, délivrent l’humain de
l’instant.
De fait, si la société des réseaux médiatiques existe, c’est au risque d’une culture instituée
massivement par l’économie de production déterminant imageries et modes et tendant à
brouiller les pistes du jugement. D’où la nécessité de se relier et de se délier, séparation et
liaison constituant un même axe structurant, comme l’a décrit Michel Maffesoli, dans la
recherche de de la stabilité des choses et dans le même temps, dans le désir du mouvement,
dans la recherche de la nouveauté de l’affect, au rebours de ce qui est établi 23.
Ainsi se crée sous nos yeux, induit par les réseaux à la fois vecteurs et producteurs, et
surtout accélérateurs, un régime sociétal placé sous le signe de la transculturalité. Elle
procède d’un ensemble de transmutations constantes. Créatrice et jamais achevée, elle est
irréversible, induisant des processus dans lesquels chacun peut échanger de façon non
séparée et non exclusive. En émerge une réalité nouvelle en mosaïque, phénomène original
et indépendant.
Pour Castells, la maturation de l’ère informationnelle libère des potentialités, pénétrant tous
les territoires et toutes les cultures quand le message devient le réseau lui-même. Flexibles
adaptables, de nouveaux modes d’organisation en naissent aux avantages extraordinaires.
Ils prospèrent dans un environnement qui change très vite, et leur caractère ludique
viendrait en accroître l’efficacité communicationnelle. Les technologies de l’information et
de la communication permettent de fait de déployer flexibilité, adaptabilité et Internet la
communication « de multitude à multitude 24». Pour lui, la société en réseaux est loin d’être
homogène car s’y croisent réseaux de production, de pouvoir et de vie en commun
construisant une culture de la virtualité à travers des flux planétaires qui traversent espace
et temps. S’ouvriraient sous nos yeux, potentiellement, de nouvelles voies au changement
social quand s’affirmeraient des identités autonomes reconstruisant d’autres systèmes de
relations.
23
Maffesoli op. cit p 72
24
Castells Manuel, La Galaxie Internet, Fayard, 2002, p11.
7
Position d’ailleurs discutée par Stangi 25 pour lequel, reprenant les théories de Mac Luhan qui
entendait la technologie comme un puissant élément culturel agglutinatif, estime que nous
sommes maintenant en train de transférer notre conscience dans le monde numérique.
Percevant le monde avec les technologies de la communication, nous voyons que ces
technologies font désormais partie de notre conscience, laquelle construit le sens du réseau
socio numérique, lequel s’impose comme une image fractale dans laquelle « chacun reflète
le tout ». Si nous nourrissons des sentiments confus vis-à-vis de nos artefacts, (l’homo
sapiens est aussi homo faber), nous ne devons pas oublier que vivre avec des artefacts, c’est
l’essence même de toute culture. Le langage y joue un rôle fondamental qui habite nos
forums et communautés grâce auxquels nous pouvons entrer en syntonie. En effet, pour
Stangi,« sans l’autre, il n’y a pas de réseau », ce qui ouvre de fait la porte à l’échange
symbolique.
Ainsi la technologie produit des effets agglutinatifs. Dans nos errances virtuelles, elle est
constitutive d’un hypercortex26 déterminant un autre univers de communication culturelle
Lévy insiste sur le fait que cette production s’opère sur un mode herméneutique et
multiproductiviste et Maffesoli d’une reliance à la source de la religiosité contemporaine27.
C’est précisément ce que nous voyons dans l’exemple à suivre, issu d’une recherche action
qui nous a conduit à créer un réseau virtuel autour d’un des plus anciens mythes
occidentaux, le mythe d’Avalon, et à induire sur Internet la constitution d’un espace
communautaire virtuel The Actual Avalonians.
Avalon, Afallach est l'île des pommes, le verger sacré toujours florissant, lieu de séjour des
héros celtes, jardin paradisiaque de l'Autre-Monde. C'est là, si l'on en croit le trouvère anglo
normand Robert Wace, qu'Arthur, lassé des batailles et navré mortellement se fit porter
pour soigner ses blessures, les bretons attendent qu'il en revienne: "rex Arturus, rex
Futurus". La pomme est ainsi pour les celtes, un moyen de conserver le contact avec l'Autre
Monde étant l'instrument par lequel les immortels jettent un charme sur les héros qu'ils
veulent attirer dans leur séjour. C'est sur une branche de pommier que Lug apparut un jour
au roi d'Irlande. La branche ornée de trois pommes est aussi insigne de la majesté royale.
25
Stangi André, la Nature artificielle de l’Homme, in Technomagies, Les cahiers européens de l’Imaginaire,
Février 2011, N° 3, CNRS éditions.
26
Levy Pierre in Technomagies op cit p 142sq.
27
Maffesoli op. cit. p 165
28
Cette partie s’appuie sur la communication « The actual avalonians, la part du symbolique dans un
communauté virtuelle » que nous avons présentée à Béziers, en novembre 2012, à l’invitation de Céline Bryon
Portet pour le colloque « Communication du symbolique et symbolique de la communication dans les sociétés
modernes et post modernes ». (Laboratoire ESACHESS, Université de Toulouse).
29
Terme à prendre dans le double sens du mot actual : véritable (anglais) et contemporain (français).
8
En Grande Bretagne, l'Ile d'Avalon est localisée à Glastonbury: (le cimetière caché des glaces
ou le brillant caché lumineux), nom d'une localité du Somerset anglais, siège d'une
importante abbaye cistercienne au Moyen-Age. Elle passe pour avoir été, dans l’antique
Domnonée, un des hauts lieux du celtisme, résidence favorite des fées, localisation de
l'Autre Monde.
Deux idées se dégagent de ce nom, celle de gel, de glace, de lumière (glass) et celle
d'enterrement, de cache de cimetière (bury), elles relient d'emblée ce lieu, l'Ile de Verre, au
séjour des morts et à un univers lumineux et régénérant. Occupée depuis l’Age du Bronze, la
cité doit son développement médiéval à l’Abbaye dont les ruines occupent le centre de son
espace géographique. Bâtie d’abord en bois au 6ème siècle et construite par saint Duncan
vers 950, elle devient vite l’une des plus importantes abbayes anglaise du fait de l’attraction
qui résulte des pèlerinages dont elle est destinataire :
le lieu est considéré comme sacré depuis les temps mégalithiques, et passe pour
avoir été le cadre d’un collège druidique, au temps des celtes,
c’est là qu’un disciple du Christ, Joseph d’Arimathie, aurait ramené de Terre Sainte et
caché le saint Graal, dernière coupe du Christ et récipient de son Précieux Sang, une
aubépine qui fleurit en hiver rappelle l’endroit où il planta son bâton,
l’abbaye a été fréquentée par des saints célèbres : Dunstan, David, Patrick, Brigitte,
on y a trouvé, en 1191, les tombes du légendaire roi Arthur et de la reine Guenièvre,
son épouse, elle est de ce fait avec Tintagel, un des hauts lieux arthuriens de Grande
Bretagne,
on y vénère deux moines irlandais, saint Indracht et saint Patrick, saints celtiques, et
l'on rend à cet endroit également un culte à sainte Bridget (héritière de la déesse
pan-celtique y aurait abandonné son sac et sa quenouille de fileuse).
- le mythe du calice sacré, ou graal, sous la forme d’une Coupe au pouvoir fédérateur en
même temps qu’il rencontre un imaginaire social latent,
9
allant dans le même sens. Lieu du Nouvel Age, il est le siège de nombre de communautés
artistiques, thérapeutiques, néo orientales et alternatives.
Etant familier du mythe d’Avalon auquel nous avons consacré plusieurs travaux et visiteur
régulier de Glastonbury depuis trente ans, il nous a paru intéressant de proposer, sur le web,
ce site dénommé « The Actual Avalonians », créé le 1er Novembre 2010, et d’analyser ce qui
s’y est produit en termes d’adhésions et d’échanges. L’invitation proposée étant une
invitation en trois langues à apporter une contribution à une meilleure compréhension et
mise en valeur du Mythe d’Avalon, sous toutes ses formes. Le résultat nous a vraiment
surpris dans la diversité des réceptions.
Notre étude (en novembre 2012) a porté sur les 105 premiers membres de cette
communauté virtuelle appréciée de manière holistique, « mettant en œuvre la
correspondance d’aires différenciées 30». Elle n’a cessé de se développer et compte, un an
après, 150 membres eux-mêmes en correspondance avec 80000 personnes sur le web qui
répercutent son information.
Nous avons également analysé les présentations et sites internet des 64 autres réseaux
interconnectés avec le nôtre. (Voir liste en annexe).
Profil des membres : ils sont prêtres formateurs ou éducateurs, religieux, thérapeutes,
cadres, chercheurs, artistes, journalistes, guide touristique, secrétaire, employés, etc. Leur
pays de résidence sont: Allemagne, Argentine, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Espagne,
France, Irlande, Maroc, Mexique, Pays Bas, Portugal, Roumanie, Suède, Turquie, Royaume
Uni, USA, Venezuela…
Nous observons une sur représentation du monde anglo-saxon, ce qui correspond aux
intérêts mythologiques des ressortissants du Royaume Uni et de sa diaspora, le mythe
d’Avalon étant bien ancré dans l’imaginaire britannique avec un lieu bien identifié
Glastonbury d’où proviennent la plupart des membres du Royaume Uni et de leurs avatars
Outre Atlantique, le local rejoignant ici l’universel. L’ensemble constitue un va et vient
permanent entre les tribus affiliées et la masse.
30
Maffesoli ibidem
10
Ce profil est assez semblable au profil moyen du « New Ager » décrit par la littérature
sociologique31 leur adhésion aux mouvements recensés recoupant tout à fait les enquêtes de
David Kemp pour lequel l’adhésion au NA se manifeste en deux temps pour l’usager:
Le N.A. typique a 36 ans et +, est une femme à 52 %, plutôt un col blanc, bien
éduqué, aisé, opposé à la bureaucratie et au complexe militaro industriel, il
s'engage dans des structures communautaires et sociales. Il est issu des
professions suivantes : Thérapeutes : 20%, Retraités : 13%, Etudiants : 12%,
Cadres salariés : 12%, Travailleurs sociaux : 7%, Femmes au foyer : 6%.
Les thèmes récurrents constatés chez les Avaloniens sont : le pacifisme, la libération de la
femme, la contre-culture, l’ouverture morale de la société, la libération des mœurs (néo
reichianisme), l’épanouissement corporel, le renouveau spirituel vécu syncrétiquement.
Libérés des formes institutionnelles des cultes institués sur la base d’interprétations
syncrétiques de leur relation à l’au-delà, leurs membres manifestent leur adhésion au plan
individuel et groupal, dans des micro communautés. Ils manient des symboles
interchangeables et fluides dans leur efficacité fonctionnelle. Leur adhésion à la société en
réseaux s’établit sur une base technicienne par l’usage quotidien d’Internet, les couplages
de réseaux Web avec TV, diffusion de musiques et manifestations de type festivals. Leur
mode d’accès y est consumériste et les formations dispensées résidentielles ou à distance,
les deux étant souvent couplés à des gazettes et divers pamphlets.
Les cérémonies partagées sur Internet sont des processions et cortèges, des cultes naturels,
avec une bonne place aux rituels de partage de type initiatique ou conviviaux. La relation au
31
Kemp David, New Age, a guide, spiritualités alternatives depuis la conspiration du Verseau jusqu'au Nouvel
Age, American Behavioral scientist Sage Publications, Edinburgh University Press, 2004.
32
Starhawk, London, The Spiral Dance: A Rebirth of the Ancient Religion of the Great Goddess, revised
édition ed.) San Francisco: Harper and Row.1997.
11
temps y est souvent différente (ex. de l’usage des calendriers celtiques) et les codes
vestimentaires ou de réunion également définis en rupture avec les codes fonctionnels
urbains.
Les rituels de fonctionnement de ces communautés font l’objet d’encadrements bien définis
par un contradictoriel archaïque/technologie et la plupart du temps explicités dans des
brochures d’information et/ou de réflexion. Le recours à des monnaies alternatives et à des
échanges de services sont également bien partagés par les réseaux concernés. La passion de
créer en communauté en est un marqueur fréquent.
The Actual Avalonians récupère ainsi le religieux flottant mêlant ésotérisme religions
antiques, traditionnelles ou extra européennes, ex : puritanisme, wicca, zen, néo celtisme,
astrologie yoga, paganisme. Le recours au sensible et le retour à l’immanent y est
majoritaire, comme de fortes implications thérapeutiques et en terme de développement
personnel.
La conscience du nous y est très forte et le primat de la relation interpersonnelle très vif
dans ces organisations entre identifications multiples et situations enracinées.
Conclusions.
La question du transculturel est tout à fait prégnante dans les messages des membres du
réseau. Nous observons en effet, entre la soixantaine d’organisations virtuelles associées
l’émergence de coopération visant à une mise en commun des énergies (par exemple entre
néo arthuriens français et anglais).
Ainsi la multiplicité des expériences partagées sur le site appelle confiance, aide mutuelle,
coopérations horizontales au rebours des institutions pyramidales aujourd’hui trop souvent
vécues comme attentatoires aux libertés d’initiatives. C’est dire que la dimension politique
au sens moderne du terme en est évacuée et les Institutions soit ignorées soit contournées.
33
Maffesoli Michel, Le temps des tribus, le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse, Paris, Méridiens
Klincksieck, 1988.
12
être vécue comme difficulté, est source d’enrichissements, de décentrage des points de
vue.. par partage d’expériences et mise en correspondance d’aires différenciées, par
exemple entre communautés thérapeutiques et éducatives, etc.
Nous sommes là dans un contexte d’adhocratie tel que le décrit Yvon Pesqueux, lequel est le
fait «d’un environnement complexe et évolutif et comprenant des technologies de pointe et
des changements fréquents de produits et de services et des projets à durée limitée 35 ».
La figure d’Hermés Trismegiste, le passeur, y est à l’œuvre, qui crée, entre ciel et terre,
entre espaces virtuels et lieux de vie, des collaborations « alchimiques » dans une visée
explicite de conjonction des contraires36.
Il semble en effet « au-delà ou au creux des apparences » que les membres du réseau s’en
soient saisis pour tenter d’accélérer l’histoire, passant de l’Antiquité et du Moyen Age au 21e
siècle dans un projet de maîtrise de leurs temporalités propres et singulières, et ce, grâce au
recours à la fonction transcendantale de l’espace, ici virtuel.
« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Et ce qui est en haut est comme ce qui en
bas, pour réaliser les miracles d'une seule chose… Il monte de la terre au ciel, et redescend en
terre, et reçoit la force des choses d'en haut et de celles d'en bas. Ainsi, tu auras la gloire du
monde entier. Et c'est pourquoi toute l'obscurité te fuira. Voici l'énergie forte de toutes les
énergies, qui vaincra toutes choses subtiles et pénétrera toutes choses solides »37.
Chacun peut constater que ce texte écrit à Nuremberg en 1541, évoque particulièrement
bien les constats effectués sur les réalisations transculturelles des réseaux contemporains,
34
Maffesoli, op. cit. p.176.
35
Pesqueux Yvon, L’utopie d’un modèle de l’organisation innovatrice et durable, in actes du colloque Figures de
l’Utopie (septembre 2012, CNAM et Université d’Angers), à paraître aux PUR.
36
Ex message de The Return of the Divine Feminine : Happy Heart Chakra Day ~ the bridge between
Heaven and Earth and soul with Nirvana... Expand your heart, wrap your arms around Gaia and let's
transmute this troubled realm...
37
La Table d’Emeraude d’Hermés Trismegiste, voir Faivre Antoine, D'Hermès-Mercure à Hermès Trismégiste :
au confluent du mythe et du mythique dans Présences d’Hermès Trismégiste, Albin Michel, coll. « Cahiers de
l’Hermétisme », 1988,
13
tel celui que nous présentons ici. D’Avalon à Hermés, il est en effet toujours question de
passage entre des mondes distants.
Ce réseau est le lieu, comme l’a écrit Gilbert Durand, du déploiement d’une imagination
créatrice partagée et collective « ordonnance de l’être aux ordres du meilleur … où l’espace
s’est découvert comme la forme a priori de la créativité spirituelle et de la maîtrise de
l’esprit sur l’âme du monde38».
Comme le roi Arthur, lassé des combats, se faisant porter pour soigner ses blessures en l’Ile
d’Avalon d’où il reviendra pour étendre le règne de la fraternité sur terre, la communauté
virtuelle est, sans doute, pour nombre de ses membres, un lieu de recherche du supplément
d’âme qui manque à nombre de nos organisations héritées des siècles mécaniques.
Le voyage dans l’Imaginaire mythique auquel invite ce réseau emporte ses membres dans un
lieu de nulle part (utopie), celui d’une transculturalité vécue comme Whole Earth conspiracy.
« Utopie d’aujourd’hui, vérité de demain », écrivait Victor Hugo.
Bibliographie.
Bertin Georges et Guillaud Lauric, Les Imaginaires du Nouveau Monde, ( co dir.) Mens Sana,
2011.
Castells Manuel, Fin de Millénaire, in L’ère de l’information3, Blackwell P. Oxford, 1988 et
Fayard 1999.
Deleuze Gilles et Guattari Félix, Qu’est-ce que la philosophie? Les Éditions de Minuit, Paris,
septembre 1991.
Engelhard Phlippe, Internet change-t-l vraiment nos sociétés? (t. 1-3), L’Harmattan,
2012.
38
Durand Gilbert, Les structures anthropologiques de l’Imaginaire, Dunod, 1985, p. 499.
14
Kemp David, New Age, a guide, spiritualités alternatives depuis la conspiration du Verseau
jusqu'au Nouvel Age, American Behavioral scientist Sage Publications, Edinburgh University
Press, 2004.
Maffesoli Michel, Le temps des tribus, le déclin de l’individualisme dans les sociétés de
masse, Paris, Méridiens Klincksieck, 1988.
Starhawk, London, The Spiral Dance: A Rebirth of the Ancient Religion of the Great
Goddess, revised édition ed.) San Francisco: Harper and Row.1997.
Triki Fadhi, in Quel penser ? Arguments, Inventions, Transgressions revue Prétentaine 2011,
N°s 27-28
Van Sayek Pascal, Transgressions: binaries revisited, in Nationalism and social imaginary :
negotiation of social signification… doctorat d’études transculturelles, Université Jean
Moulin, Lyon, 2011
15
Welsch Wolfgang, Spaces of Culture: City, Nation, World, ed. by Mike Featherstone and Sc
ott Lash, London, Sage, 1999.
16
Annexe 1. Tableaux descriptifs des « Actual Avalonians ».
Classement regroupé
prêtres religieux 35
formateurs
professeurs 22
thérapeutes 15
artistes créateurs 15
Cadres 8
chercheurs SHS 3
libraires 2
secrétaire 1
journaliste 1
guide touristique 1
non renseigné 5
108
prêtres religieux
formateurs professeurs
thérapeutes
artistes créateurs
Cadres
chercheurs SHS
libraires
secrétaire
journaliste
guide touristique
non renseigné
17
Interconnexions.
Le réseau The Actual Avalonians est lui-même interconnecté avec d’autres réseaux que nous avons
recensés au nombre de 64 mais qui tend à croître.
19
Sisters of the mists Enseignement London
Priestesshood of the ésotérique
Ancient ways et Phiona Hutton
From the whispers of
Avalon
Soulstice Rising Spiritual Coaching spirituel USA
Musings avec Kara
Tangled Tendrils bijouterie Glastonbury
Temple de la Dame Temple d’accueil Région Parisienne
d'Avalon
The Association for the Société savante San Francisco
Study of Women and réseau
Mythology (ASWM).
The Chalice Well, a living Domaine protégé Glastonbury
sanctuary. trust
The Glastonbury Goddess Organisation Glastonbury
Conference religieuse,
formations
The Goddess Ancasta Site d’info déesse Bitterne UK
The Green Spirit Movement Forest Gate
cosmique et Londres
écologique Site
de partage
the Hermetic Order of the Temple magique Rotterdam PB
Temple of Starlight
The Living Tree Company Site interactif UK
Shop.
The Return of the Divine Réseau cosmique 42513 USA
Feminine et écologique
THE RITE OF HER SACRED Site magique 14 UK
FIRES 2011 (Hecate) événement
The Rutland Boughton Infos musicales Hitchin UK
Music Trust.
The start of the Avalon Boutique e Glastonbury
zeitgeist* of social réseau
networking"
THE WAYSEER MANIFESTO - blog UK
[Official Video] (HQ)
Tribe & Psychogarden Festival Sao Paolo
15/07/2007
Wildly Organic Women Workshop et 8248 UK
produits naturels
de santé
Wishes Faery Fest Evénements et UK
magazine
Women’s Goddess Festival festival Hongrie
2012 Budapest
20
Women's Spirituality Conferences Minnesota US
Conferences and Events
« The Whole Earth is a borderless country, a paradigm of humanity with room enough for
outsiders and traditionalists, for all our ways of human knowing, for all mysteries and all
cultures. »
21
Annexe 2
https://www.facebook.com/groups/avalonianstoday/
Tableaux d’analyse.
Approche systémique.
22
Approche culturanalytique.
23