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La reine Margot
ALEXANDRE DUMAS
INTEUiMATIONAL
Pour écrire ses oeuvres, A lexa n dre Dumas a
souvent cherché ses sources dans l’histoire. Certains
de ses romans, c’est le cas entre autres de La Reine
Margot, ont lieu au moment des guerres de religion.
Dans ce récit, Alexandre Dumas nous décrit l'un
des événements les plus sanglants de l ’histoire de
France, la Saint-Barthélemy.
En 1572, la famille royale établit une politique qui
cherche à réconcilier les partis religieux opposés de
Fépoque, le parti catholique et le parti protestant;
ceci a pour conséquence l ’influence marquée de
Coligny - chef protestant - dans les décisions prises
par le roi, et le mariage de Marguerite de Valois avec
Henri de Navarre. Mais le parti catholique, qui
n’apprécie pas ces changernents, devient rnenagant
et risque de s'opposer au roi Charles IX.
En voyant ce danger, Catherine de Médicis
pousse son fils, le roi Charles IX,à une réaction
violente. Ce dernier charge le due de Guise d'agir.
Dans la nuit du 23 au 24 aout 1572, plus de 3000
protestants, dont Coligny, sont assassinés.
1. Menacé : en danger.
2. A llié : personne qui partage les opinions d’une autre personne
et la soutient.
— Surement.
Le roi lui prend la main.
- Nous ne nous devons done rien comme
mari et femme, mais nous ne ferons qu’un s’il le
faut pour lutter contre nos ennemis. C'est bien
cela. ?
— Oui, monsieur, répond Margot, très bas ;
mais, partez, je suis fatiguée. Partez, je vous en
prie."
— Bon, nous reparlerons de tout cela ; nous
sommes done alliés ?
— Oui, monsieur... Mais laissez-moi.
— Je pars, madame, et merci, Margot, tu es
une vraie fille de France. Je n’ai pas ton amour
mais je sais que je peux compter sur toi.
Et, après lu i avoir baisé la main, le roi de
Navarre s’en va.
Le due de G uise e n tre a u s s itò t dans la
chambre.
— Ainsi, Margot, tu n'es pas sa femme mais
son alliée.
— Tu as tout entendu !
- Oui, et je comprends que tu as changé de
camp. Adieu, Margot.
Et le due part à son tour.
Margot, seule, se dit alors :
-1 1 -
« Quelle nuit de noces, le mari n’est pas là
et Famant1me quitte ! »
来来来
1. D,
un mauvais o e il: d ’un regard mauvais.
Le due de Guise et le ro i de N avarre se
séparent sans se dire un mot.
— Écoutez, d it alors Charles IX à Coligny,
une fois seuls. Je suis occupé aujourd'hui, je ne
peux done pas vous donner tous les plans de
guerre faits par mes m inistres. Je chercherai
tout cela et je vous les donnerai demain matin.
— À quelle heure, Sire ?
— À dix heures. Mais je serai surement à la
chasse. Vous les prendrez vous-mème dans mon
c a b in e t de tra v a il. Ils se ro n t dans un
portefeuille1rouge.
— Bien, Sire. Adieu.
Et Coligny s’en va.
C harles IX fa it v e n ir sa n o u rric e et lu i
dem ande de fa ire e n tre r l ’hom m e qui d o it
l’attendre.
L'homme, qui a un air mauvais, entre peu
après.
— C’est vous, d it le roi, que l ’on appelle
Frangois Maurevel.
— Oui, Sire.
— Je voulais vous voir. Vous savez que j'airne
tous mes sujets, qu’ils soient huguenots ou
catholiques.
一 Oui, Sire.
— Mais, d’après ce que je sais, il n’en est pas
-17 -
Une fois au Louvre, La Mole se demande
comment il va faire parvenir son message au roi
de Navarre, quand il voit so rtir un groupe de
cavaliers1 huguenots. II s’avance vers eux et
demande à celui qui semble ètre le chef s, il peut
voir le roi de Navarre.
— Q ui ètes-vous ? dem ande le ch e f des
cavaliers.
— Le comte de La Mole.
— En effet, vous ètes atteridu. Suivez-moi, je
vais vous conduire jusqu'à l’appartement du roi.
Une fois devant la porte de l'appartement,
l’homme dit à La Mole :
一 Entrez, monsieur, on vous informera.
Et il s’en va.
La Mole regarde autour de lui, appelle, mais il
n ’a pas de réponse. Les appartem ents du roi
sont vides.
II ressort dans le couloir, espérant trouver
quelqu’un,lorsque la porte qui se trouve en face
de lui s'ouvre et laisse passer une jeune femme
d’une grande beauté.
En voyarit le jeune homme, la femme s’arrète
et lui demande :
— Que voulez-vous, monsieur ?
一 Je cherche le roi de Navarre.
— Sa Majesté n’est pas chez lui. Mais, si vous
1. É b lo u ir : troubler, im pressionner.
l'auberge ; j'attends un message1. Venez done,
nous dinerons ensemble.
来来来
米米米
II est onze heures du soir. À La Belle Étoile,
Coconnas et La Mole, qui ont fin i de d in e r
depuis un bon moment, bavardent tranquillement.
— Je crois . *****
que je vais aller me coucher, dit
La Mole. Le voyage a été long ; je veux me
reposer un peu car on viendra surem ent me
donner des nouvelles, cette nuit.
- Eh bien, bonne n u it, m onsieur de La
Mole ; quant à moi, je vais rester un peu car je
crois que je vais bientòt recevoir un message.
La Mole monte done dans sa chambre tandis
que Coconnas reste boire un verre de vin.
Un moment plus tard, un homme au visage
dur entre dans l ’auberge, suivi de quelques
hommes. II regarde dans la salle, s’approche de
Coconnas et lui dit assez bas :
— Monsieur de Coconnas ?
— En e ffe t; mais qui ètes-vous ?
— Je m ’appelle Maurevel et j ’ai un message
pour vous de la part du due de Guise.
— Dites, s’écrie Coconnas, fo rt intéressé,
est-ce que je dois aller tout de suite au Louvre ?
— C’est là en effet que nous allons. II y a une
fete ce soir encore au Louvre. Mais cette féte
n'est que pour les bons catholiques. Tous ces
c h ie n s 1 d 'h u g u e n o ts n ’y sont pas in v ité s ,
1. G ra v ité : im portance.
de G uise, car sinon, é ta n t ennem is de ma
religion, ils me tueront. C’est ce que tu veux
faire, Henriot, me tuer ?
— Sire, vous avez dit, le jour de mes noces,
que vous d on nie z v o tre coeur à to u s les
protestants.
— Le jour de tes noces est passé, on n’en est
plus là a u jo u rd ’hui. Tu dois m o u rir à moins
que... À moins que...
— Quoi, Sire ? dit Henri de Navarre.
— Que tu... abjures1.
— Non, Sire, non..., dit Henri.
— Margot, je t ’en prie, dis-lui qu’il doit le
faire ; tu es son alliée, je le sais, dis-lui que c’est
la seule solution.
Margot profite d’un moment où son frère a le
dos to u rn é p o u r d ire to u t bas à H e n ri de
Navarre :
— Fais-le, rien ne sera perdu pour autant.
Henri de Navarre fin it par accepter.
Une fois sortie de chez son m ari, M argot
retrouve Henriette et rentre vite chez elle voir
son blessé. Mais, en entrant dans le cabinet, elle
voit qu’il a disparu.
— Mon Dieu, Henriette, il est p a r ti! II faut le
retrouver. Je le veux !
1. A b ju re r : abandonner sa religion.
— On ne peut pas sortir, tout est plus calme
mais on entend toujours des coups de feu.
— Je sortirai, m ’entends-tu,Henriette !
E t elle va che rch e r quelques se rvite u rs.
Alors, suivie de son amie, elle marche dans les
rues de Paris. Elle regarde, retourne tous les
cadavres. Elle est capable de tout pour sauver
l’homme qu’elle a décidé de sauver.
Margot et Henriette.
-3 4 -
La reine Margot les fait conduire dans une
maison sure et les fait soigner.
* 来米
-3 7 -
Catherine de Médicis et Charles IX.
1. O bstacles: diffícultés.
son couteau pour tuer le sanglier mais il n ’y
parvient pas.
— À moi, d’Anjou, le sanglier ! crie-t-il.
D'Anjou ne bouge pas. Au mème instant, le
sanglier frappe la botte1de Charles.
« Oh ! pense d’Anjou en souriant, je crois que
je serai bientòt roi de France. »
Mais Henri de Navarre est là. II saute de son
cheval, lève son couteau et l'enfonce dans le
coeur du sanglier qui m eurt sur le coup.
— Sire, dit Henri, ce n’est rien. C’est fini.
On aide le roi Charles IX à se lever. Charles
reste un moment sans bouger, puis il s’avance
vers Henri de Navarre, lui prend la main et lui
dit avec une grande sympathie :
— Merci, Henriot.
— Mon pauvre frère, s’écrie alors le due
d’Anjou, nous avons eu bien peur.
— J’en suis sur, répond froidement Charles IX.
Puis tous se dirigent vers une maison où ils
ont prévu de déjeuner.
Pendant to u te la jo u rn é e , Charles IX ne
quitte pas un seul instant Henri de Navarre.
Quand, le soir venu, on rentre au Louvre,
Charles qui, tenant Henri par le bras, se rappelle
l ’ordre qu ’il a signé le m atin mème, devient
soudain pale. C’est alors qu’apparait Margot.
来米来
来来来
- 47 -
D’Alengon s’avance alors et voit que Charles
est en train de lire le livre qu’il a mis peu avant
dans la chambre d’Henri de Navarre.
II ne peut s'empecher de pousser un cri.
Charles se retourne et le voit.
— Ah, c’est toi, mon frère. Viens voir ce beau
livre ; il n ’a qu’un inconvénient, les pages sont si
collées qu’il faut toujours mouiller son doigt.
— Vous..., vous en avez déjà lu beaucoup ?
demande d’Alengon ,d’une voix faible.
— Environ cinquante pages. II est vraiment
passionnant. Mais laisse-moi fin ir ce chapitre ;
ensuite nous parlerons.
D’Alengon ne peut en supporter plus. II sort
de la chambre en se disant :
— II a déjà lu cinquante pages, ce qui veut
dire qu’il a déjà gouté vingt-cinq fois le poison ;
mon Dieu, mon frère est mort.
Six heures sonnent alors. II est temps de
descendre dans la cour pou r p a rtir chasser.
Charles pose son livre sur un fauteuil et fin it de
s'habiller. C'est alors qu’il voit qu'Actéon, son
chien, a saisi le livre dans sa gueule1 et joue
avec. II le lui enlève et le met sur une étagère.
Puis il part.
On arrive sur le lieu de chasse, qui se trouve
près du pavilion Frangois Icr où attendent les
hommes d'Henri de Navarre.
一 48 一
Charles IX part à la chasse au vol.
Charles a vu un héron1et il làche son faucon ;
il veut montrer au roi de Navarre comment on
chasse avec un oiseau de p ro ie *. Le faucon
frappe le héron par surprise. Le héron s’envole ;
le faucon le poursuit ;il le frappe à nouveau. Ils
montent tous les deux haut dans le ciel et on ne
les voit plus.
— Ou sont-ils ? demande Henri.
— Là-bas, au loin, répond Charles. Tu ne les
vois pas mais tu peux les entendre. Écoute ce
cri, le héron se plaint, il est vaincu. Au faucon !
Au faucon !
Charles part au galop, suivi du roi de Navarre
et d'autres chasseurs. Mais soudain, il arrète son
cheval et pousse un cri. Ses amis arrivent.
- Ce n'est rien, d it Charles, j ’ai eu comme
une h o rrib le douleur à Festomac, mais c’est
passé.
Charles repart au galop et arrive à l’endroit
oil est tombé le héron que le faucon commence
déjà à dévorer. II descend de cheval mais doit
s’appuyer contre ce dernier. Tout tourne autour
de lu i et il a très mal à l’estomac.
- Je ne me sens vraim ent pas bien, il vaut
mieux arrèter la chasse et rentrer au Louvre.
来来来
- 57 -
M argot apprend alors l'arrestation de son
amant. Elle court chez le roi, son frère. Quand
elle entre, il va très très mal et elle ne peut
s’empècher de pleurer. Charles lu i d it, d’une
voix très faible :
— Margot, ma soeur Margot, viens près de
moi. Tu m ’aimes ,n'est-ce pas ?
— Oui, Charles, parvient à murmurer Margot.
Mais to i aussi, tu m'aimes, je le sais et tu ne
veux pas me fa ire s o u ffrir. C harles, deu x
hommes viennent d'etre conduits à la Bastille ;
l'un d’eux, dit-elle en essuyant ses larmes, est
toute ma vie, tu comprends, Charles ? Je sais
que toi aussi tu aimes et je te demande de...
— Ta main, Margot, je meurs, je meurs..., dit
Charles.
— Je t ’en p rie , C h arles, m on C h a rio t,
sauve-les.
— Trop tard, Margot, je ne puis plus rien
poureux.
Et, serrant la main de sa soeur, Charles IX
ferme les yeux pour toujours.
Margot se relève, baise la main de son frère
puis sort de la pièce en disant aux gardes :
— Le roi est mort.
Puis elle se dirige vers ses appartements. Elle
ne cherche plus à savoir ce qui se passe autour
d’elle. Elle prend un manteau et sort du Louvre.
E lle avance à pas le n ts , e lle ne v o it rie n ,
-58 -
n entend rien. Elle demande un cheval, donne
un ordre à deux serviteurs fidèles au roi de
Navarre et s’éloigne au moment où son frère, le
due d ’A n jo u , s o rt du L o u vre avec ses
gentilhommes. L’un d’eux s’écrie alors :
— Le roi est m o rt! Le roi est, m o rt! Vive le
roi Henri III.
Catherine de Médicis apparait alors derrière
son fils.
一 Tu règnes enfin, mon fils, lui dit-elle. Cette
fois encore je gagne.
一 5 9 -
M a rg u e rite , su ivie des deux s e rv ite u rs ,
galope comme le vent.
Elle se rend sur la place de Grève1. Là, on
rin fo rm e que deux hommes viennent d ’etre
décapités2. Elle court chez le bourreau3. Elle
parle avec lu i et, quelques minutes plus tard,
elle ressort avec un paquet.
— Jamais je ne te quitterai, murmure-t-elle
en s e rra n t c o n tre son coeur le p a q u e t qui
contient la tète de son amant.
Puis elle se to u rn e vers les se rviteurs et
s’écrie :
— M ainten ant, allons re jo in d re le ro i de
Navarre.
La chasse
Chapitre I
1. Quel est révénement qui a lieu au Louvre le
18 aoút 1572 ?
2. Qui sont les amis du roi de Navarre ?
Chapitre II
1. Quels personnages arriven t à Paris le 23 aout
1572 et qu’est-ce qu’ils veulent faire ?
2. Qu'est-ce que l'aubergiste apprend au comte de
La Mole ?
Chapitre III
1. P o u r q u o i e s t - c e qu e C a th e rin e d e M é d ic is
consulte René ?
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3. Qu'est-ce qui se passe pendant la chasse à
courre ?
4. Quel est le secret du roi Charles IX ?
5. Qu'est-ce que Margot promet à La Mole ?
6. Pourquoi est-ce que Catherine de Médicis fait
appeler son fils, le due d'AIengon ?
7. De quoi est-ce que le livre traite et qu’est-ce qu’il
a de particulier ?
8. Q u ’est-ce que le due d 'A le n g o n v o it quand il
arrive chez Charles IX ?
9. Qu’est-ce qui arrive à Actéon, le chien de Charles IX ?
10. Qu’est-ce que René apprend à Charles IX ?