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Initiation au

Problème d’échecs
d’après le manuscrit de
Marc Benoît
préface de
Alain J. Godbout

LES ÉDITIONS DE L’APPRENTI SORCIER


ÉDITION ÉLECTRONIQUE

(2000)

-1-
Initiation au problème d'échecs

ÉDITION ÉLECTRONIQUE

Ce texte a été publié en édition électronique en utilisant la


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Toute reproduction pour des fins commerciales est interdite
sans le consentement de l’éditeur.

8 Guilde des problémistes du Nouevau Monde et


éditions de l’Apprenti Sorcier

Hull Québec CANADA

novembre 2000

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TABLE DES MATIÈRES

Préface 5
Introduction 7
I. Rudiments et Premiers pas 9
II. Notation des solutions 12
III. Les Thèmes simples 16
IV. Notions de thèmes 20
V. Qualité des mats 24
VI. À tout seigneur tout honneur 30
VII. Un peu d’Histoire 33
VIII. Explorations avant la clé 40
IX. L’essai 44
X. Récapitulons 49
XI. La correction noire 53
XII Les Jumeaux 55
XIII. L’Originalité 59
Postface 62
Index des problémistes 63

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Initiation au problème d'échecs

“À LOUISE”

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

PRÉFACE

Ce livre est une oeuvre qui aura pris plus de 25 ans à réaliser le rêve
de son auteur. Le manuscrit a été entrepris en 1975 par Marc Benoït
un des rares compositeurs canadiens dans la période 1950-1975.
Lorsque nous avons pris connaissance du manuscrit, il était dans un
état bien piteux. Le texte avait été transcrit à la dactylo mais la
plupart des diagrammes manquaient, certains des chapitres n’étaient
que des ébauches de quelques lignes bourrées de commentaires
touffus.

La reconstruction de ce manuscrit nous aura demandé re retracer les


problèmes que l’auteur avait choisi pour illustrer son livre. Les
problèmes de l’auteur se sont avérés faciles L’auteur avait conservé
dans un cahier d’école une copie de chacun des problèmes publiés
et le reste des inédits étaient conservés dans un cartable. Le
problème principal fut de réconcilier les solutions décrites avec des
problèmes désignés par seulement le nom de l’auteur et un numéro
séquentiel. Ce fut un défi de reconstruction synthétique qui nous
aura pris plus de cinq ans à réaliser.

Marc Benoit avait, au cours des ans accumulé une impressionnante


bibliothèque et une collection de miniatures orthodoxes unique.
Ingénier de profession, il était amené souvent à voyager à l’étranger.
Les problèmes miniatures étaient chez-lui une passion et il en
composera une grande quantité sur des serviettes de restaurant, des
marges de journaux et des blocs de note d’hôtels. En fouillant dans
ses archives, on peut ainsi retracer ses périples en Europe et en
Amérique du Sud.

Le texte qui suit est fidèle à l’esprit et à la lettre de l’auteur. Au


moment de son décès, l’auteur travaillait sur un chapitre sur la
construction d’un problème. Malheureusement l’exemple choisi
demeure inachevé et le texte qui l’accompagnait est demeuré trop

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

incomplet pour être publié. Nous avons dû le retrancher. Avec le


temps, peut-être pourrons nous reconstituer ce chapitre. En ce qui a
trait au texte restant, les corrections et additions sont nombreuses.
Le style télégraphique et très direct de l’auteur reflétaient sa
formation d’ingénieur de grands travaux.. Son intérêt en écrivant ce
manuscrit demeurait didactique. Il voulait faire partager sa passion
pour cet art dans une contexte où il a dû souffrir d’une profonde
solitude et de nombreux obstacles à le partager. En voulant
transmettre à d’autres son sens de la beauté aux échecs, il voulait
établir une conversation avec ses compatriotes.

Sur la première page du manuscrit on pouvait lire simplement “à


Louise”. Qui était Louise, nous ne le savons pas, peut être sa fille,
peut être quelqu’un de cher. Avec vingt-cinq année de retard,
Louise, voici ce que Marc voulait te dire.

Alain J. Godbout
Gatineau, novembre 2000

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

INTRODUCTION
Lorsqu'un joueur d'échecs et un problémiste se rencontrent,
l'un parle de son intérèt pour la variante Znosko-Borovsky et l'autre
du thème Zagorouiko, ce sont deux personnes à part qui ne se
comprennent souvent qu'après de longues explications. Ils sont
pourtant animés du même amour, enthousiasmés par la même beauté
: les merveilleuses combinaisons échiquéennes!

Le but de cet ouvrage est donc d'essayer modestement de


construire un pont entre les deux "tours". Je partage les deux passions.
Comme je suis un problémiste et qu'il y a des milliers de fois plus de joueurs
que de problémistes, j'ai donc opté d'initier les joueurs aux beautés du
problème.

Le défi est de taille. J'ai toutefois conclu qu'une petite


pérégrination, illustrée avec des exemples composés d'un minimum de
pièces, entraînerait le joueur à mieux comprendre la beauté des
problèmes. Cette beauté est plus qu'une simple question d'énigme ou
difficulté de clé comme on est porté à le croire trop souvent.

Pour conserver un contexte de simplicité, je me suis limité aux


mats en deux coups. Ainsi, presque tous les joueurs de club et les
amateurs d'un soir pourront lire l'ouvrage dans le métro, l'avion ou au
coin du feu, sans avoir à placer des pièces sur un échiquier. Une position
de moins de 7 pièce demande peu d'effort à visualiser. Un mat en deux
coups miniature et orthodoxe est facile à résoudre ou à suivre à partir du
diagramme, surtout si celui-ci est imprimé dans une grandeur convenable.

J'ai fait allusion à l'orthodoxie. En choisissant le problème


orthodoxe, nous j'ai éliminé le domaine du problème féerique cet
ouvrage. Les problémistes ont inventé toutes sortes de pièces
additionnelles aux pièces conventionnelles (Mao, cavalier de la nuit,
sauterelles, etc.) en plus de conditions de coups (maximiser, etc.) ou
d'arrangement d'échiquier (cylindrique, par exemple). Vous ne trouverez
ici rien de ce genre ici. Il existe d'excellentes revues qui ne publient que

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

ce genre de problèmes dont "feenshach". Ces inventions sont nées du


désir d'évasion des contraintes usuelles tout comme le joueur qui désire
dégrafer le corset des premiers coups d'ouverture.

Il ne sera donc pas question dans cet ouvrage de complications.


Au contraire, mon objectif est de rendre simple et accessible ce qui paraît
un art éclectique et étrange. J'aurai atteint mon but si par sa simplicité il
convertit des joueurs en solutionnistes et les amène à l'amour du "beau"
problème au point de tenter de composer. Il y a beaucoup d'inepties qui
se publient en fait de problèmes. Ce petit ouvrage est volontairement
incomplet mais il cherche, en évitant de grandes notions rébarbatives au
profane, être agréable et facile à lire et guider l'amateur à différencier le blé
de l'ortie dans ce domaine.

Et, s'il remporte un certain succès, on ouvrira la voie à d'autres


ouvrages sur les problèmes qui manquent à notre patrimoine. Soit des
anthologies de centaines de problèmes miniatures, des collection
d'oeuvres de Canadiens, des ouvrages plus avancés et plus complets sur
la connaissance et la composition du problème d'échec et finalement un
recueil avec anecdotes sur nos propres compositions. À vous, chers
lecteurs, de nous indiquer la voie à suivre.

Cancun, le 21 mars 1976.

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CHAPITRE I

RUDIMENTS ET PREMIERS PAS

Le but visé par cet ouvrage est de vous familiariser en tant


qu'adepte du jeu d'échecs avec cette branche très spécialisée qu'est le
problème. Pour apprécier le problème, il n'est pas nécessaire d'être un
joueur de fort calibre. Une connaissance élémentaire du mouvement des
pièces et une bonne expérience de leur rôle et fonction sur l'échiquier
seront suffisant.

Nous avons adopté le problème miniature pour nous servir d'exemple


dans le texte, Ce choix est purement pratique et vise à vous permettre de
profiter du livre sans avoir à un échiquier sous la main. En vous
proposant des diagrammes simples et en discutant de la solution, nous
introduirons peu à peu des notions de plus en plus complexes. Ceci
devrait vous permettre de découvrir, d'apprécier, de jouir d'une manière
plus satisfaisante des beautés du problème. Nous croyons que le
problème c'est la poésie comparée au jeu qui en est la prose. Nous
prenons pour acquis que le lecteur sait jouer aux échecs; c'est notre point
de départ.

Voici que nous vous avons introduit une notion : le miniature.


Comme le nom l'indique, ce sont de petits problèmes. Un problème
"miniature" contient, par définition au maximum sept pièces, incluant les
pièces blanches ou noires. Ne vous laissez pas tromper, le faible nombre
de pièce ne doit pas vous laisser croire que ce sont des problèmes de
seconde catégorie, réalisée par des compositeurs qui n'ont pas appris l'art
de travailler avec toutes les pièces. Les problèmes miniatures peuvent être
très sophistiqués. On en retrouve de tous les genres : mats directs, mats
aidés, mats inverses, féeriques et même des études de finales qui sont
mieux connues des joueurs. Pour notre part, nous nous contenterons des
problèmes qui utilisent les conventions et les règles du jeu conventionnel.

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Tous les problèmes utilisés dans cet ouvrage auront le même énoncé. Les
blancs jouent et font mat en deux coups exactement. C'est ce qu'on
désigne normalement comme étant des "mats en deux coups" orthodoxe.

Dans le domaine du problème, "Mat en deux coups" veut dire


que dans la position décrite au diagramme, les blancs jouent un coup
unique que l'on appelle "clé", et que quelle que soit la réponse des noirs, les
blancs font mat au coup suivant (deuxième coup). La position doit
toujours être obtenue "en théorie" à partir d'une partie légale, quelque
farfelue qu'ait été cette partie. Donc s'il y a trois cavaliers, le troisième doit
nécessairement venir de la promotion d'un pion. Un des défis posés par
les compositeurs consiste à l'occasion à forcer l'amateur à remonter la
logique de la position pour trouver des indices quant à sa validité ou à la
validité de certains coups. C'est ce qu'on appelle l'analyse rétrograde.

Chaque façon différente de mater des blancs à une réponse


différente des noirs s'appelle "variante". Un problème trouve souvent sa
grâce et son caractère dans les variantes. Dans le domaine de la partie, une
combinaison donne le mat, dans le problème les variantes donnent le
résultat artistique.

Nous reviendrons sur cette notion de variante en expliquant la


solution des problèmes qui vont servir d'illustrations. Nous reviendrons
aussi sur la notion d'analyse rétrograde. Comme premier exemple, nous
avons choisi un magnifique miniature
d'un grand auteur allemand.

No 1

Dr. Werner SPECKMANN


(d'après E.B. Cook)
Revue F.I.D.E., 1963

4 + 3 Mat en 2 coups

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Naturellement, un deux coups miniature, ne peut être


extrêmement difficile. Mais déjà vous pourrez déceler, en tentant de
solutionner les problèmes, qu'avec peu de pièces à leur disposition ce que
peuvent faire les grands maîtres. D'autre part, on apprendra à voir que la
beauté d'un problème ne réside pas dans la difficulté de la clé, une qualité
importante mais pas essentielle. Elle réside dans plusieurs autres éléments
que nous apprendrons à connaître ensemble lors de l'analyse des
solutions.

Allez-y ! Solutionnez ce problème à partir du diagramme. Dans


le diagramme, les blancs jouent vers le haut et les noirs vers le bas. Ainsi,
dans problème No 1, le pion noir peut avancer d'un pas, c'est-à-dire faire
Dame à son deuxième coup si il avait l'opportunité de jouer ce qui
n'arrive jamais au noir dans un "mat en deux coups".

Un conseil : méfiez-vous de ces "toujours" et de ces "jamais".


Un des talents typiques des bons compositeurs consiste à vous induire en
erreur en défiant la logique des toujours et des jamais. Il y a souvent des
exceptions démontrables par analyse rétrograde.

L'indice à droite de l'échiquier indique le nombre de pièces


blanches (4) et le nombre de pièces noires (3). Pour un miniature, ce total
ne doit pas dépasser 7. Lorsque le total des pièces vacille entre 8 et 12
pièces inclusivement, le problème s'appelle Meridith, du nom d'un
compositeur qui se spécialisait dans ce genre de problèmes légers en
matériel. Lorsqu'il y a plus de douze pièces sur l'échiquier et moins de 16,
on parle de poids moyen et de poids lourd pour les problèmes de plus de
16 pièces. Quant à l'indication "mat en 2 coups", il indique le nombre de
coups que les blancs peuvent prendre pour mater les noirs. À l'occasion,
vous trouverez cette indication sous la forme "2#" ou "#2". C'est la
convention utilisée par les revues d'échecs pour économiser l'espace.

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CHAPITRE II

LA NOTATION DES SOLUTIONS

Pour se comprendre, il faut un langage. Les échecs ont convenu


d'un langage écrit, et ce langage est, en pratique, le même que celui utilisé
pour noter et annoter les parties. D'abord un mot sur la notation. Dans
chaque langue, une pièce est désignée par son initiale en majuscule : D
pour dame; T pour tour, etc.
Roi =R= K
Dame =D= Q
Tour =T= R
Fou =F = B
Cavalier =C= N
Pion =P= P
La notation algébrique, le plus universelle,
sera utilisée dans cet ouvrage. Le
diagramme suivant sert d'exemple.

Dans ce diagramme, le pion noir est en d5


(comme au Bingo!) et le pion blanc en e4.
Si le pion blanc capture (mange) le pion
noir, on note le coup ainsi : Pe4 x Pd5.
Mais pour plus de simplicité et lorsqu'il ne
Diagramme 2-1 peut y avoir d'équivoque, on aura tendance
à noter ce coup en style abrégé: exd5 (ou
ed5) sans mentionner la pièce qui prend ou celle qui est prise. On peut
même simplifier encore par : exd (ou ed) c'est-à-dire le pion de la colonne
capture la pièce en d. L'important, nous le répétons, c'est qu'il n'y ait pas

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d'équivoque. Si, par exemple, il y avait deux pions noirs en d5 et f5 alors


ex serait équivoque. De la même manière, lorsqu'il y a deux pions blancs
(c4 et c6) sur la même colonne et deux pièces noires (d5 et d7) qui
peuvent être capturés, il faut alors mentionner lequel des deux pions noirs
est pris : c x d5 ou cxd7. D'autre part, si il y a une autre pièce blanche sur
la colonne e qui puisse prendre une autre pièce noire sur la colonne d, il
faut alors être encore plus spécifique.

Les principaux symboles utilisés sont :

x : prend
~ (ou ad lib) : coup général
+ : échec
++ : échec double
+d : échec à découvert
# : mat
! : bon coup
? : mauvais coup
!? : tentative ou essai

Ainsi, la solution du problème no 1 est :

La clé : 1.Dg8! *
si 1…Txd8 2.Cf6 # 1
si 1…Pg2 2.Dxg5 # 2
si 1…Rxh5 2.Dxg5 # 2
si 1…Rf5 2.Txd5 # 3

Quel magnifique problème dans lequel comme clé la Dame se


sacrifie à la Tour noire, et sacrifie sa Tour au Roi noir par retrait de
protection! Avec trois variantes! Tout cela dans un miniature soir avec
un maximum de sept pièces. Les joueurs habitués à noter leurs parties
auront remarqué que la difficulté vient d'avoir à noter plusieurs lignes de
jeu, les variantes. La convention "si 1… nous jouent, alors les blancs

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répliquent 2. " est souvent abrégée en commençant les défenses par


"1…" et les attaques blanches par 1. ou 2. ; les points de suspension
indiquent qu'il s'agit d'une réponse ou d'un coup des noirs.
À noter que dans la variante 1, lorsque la T noire joue en g6,
soit 1.....Tg6 les blancs peuvent mater de deux façons : a) 2.DxT et
b) 2.Cf6 car en effet, la T noire est clouée par la Dame blanche et ne peut
prendre le Cavalier. Ceci constitue un dual qui est une faute mineure ou
majeure dans une composition. Ici, la faute est très mineure. Nous
reviendrons sur cette notion importante du dual.

Qu'il suffise de dire qu'un dual résulte du fait qu'après un coup


des noirs, les blancs peuvent mater de deux façons différentes comme
c'est le cas ici. Il peut y avoir des façons triples de mater : ceci est une
faute tellement grave de composition qu'on ne la trouve
qu'exceptionnellement dans les problèmes publiés par les revues.

Pourquoi, direz-vous, attacher tant d'importance à cette notion?


En fait, le joueur de parties trouve excellent un coup qui lui permet
plusieurs avenues pour mater. Mais voilà, le problémiste pour sa part
dédaigne ce même genre de coup!

Rappelez-vous que l'essence même du problème - même si de


nos jours l'évolution s'en écarte - est la difficulté de la solution. Si donc un
coup blanc, ou mieux une clé blanche permet plusieurs avenues de mater,
elle devient alors trop évidente et elle perd ainsi de la subtilité, de son
verni. C'est pourquoi le problémiste condamne le "dual". À force de
résoudre des problèmes, vous viendrez probablement à partager ce goût
"l'anti-dual". Ce mot n'est pas de mon invention. Il y a des thèmes qui
exploitent à plein la répugnance du dual. Nous verrons ce que cela peut
signifier d'excitant dans un problème. Il y a même un volume du
compositeur Gabriel Authier intitulé "L'Anti-Dual"!(Édition d'auteur,
Paris 1953) qui est consacré exclusivement à la construction de problèmes
exploitant cette idée thématique.

Pour illustrer une des différences entre la combinaison et le


problème, je vous invite à considérer les deux problèmes qui suivent. Ce

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sont deux problèmes qui vont de pair et qui pourront vous aider à
comprendre un des concepts fondamentaux du problème moderne : le
thème. Les deux problèmes représentent le même thème qui s'appelle
PICKANNINY. Comme toute sous-culture, les problémistes adorent
donner des noms pour désigner les choses.
Dans un cas, on a un Pickanniny noir et l'autre la même idée
réalisée avec les blancs (aussi appelée "Albino" pour souligner la
diférence). En jouant la solution complète, vous découvrirez sans doute
ce qu'est un Pickanniny. William Anthony Shinkman est un des plus
illustres compositeurs américains qui a été actif au tournant du XXe
siècle. Un grand nombre des ses compositions ont été publiées dans les
journaux canadiens dont La Presse et le Ottawa Citizen.

No 2
Murray MARBLE et
Henry.W. BETTMAN
Gazette Times, 1915

1.De8!
Variantes thématiques:
si 1…Pxb6 2.Db5 mat
si 1…Pxd6 2.Th5 mat
si 1…Pc6 2.Dh5 mat
si 1…Pc5 2. De4 mat

5+2 Mat en 2 coups

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CHAPITRE III

LES THÈMES SIMPLES

No 3
William A. SHINKMAN
Pittsburgh Gazette Times, 1915

1. De2!
Si 1…Ra2 2.Pd4 mat
Si 1…Fd4 2.Pd3 mat
Si 1…Fc3 2.Pxc3 mat
Si 1…Ce3 2.Pxe3 mat

Les deux derniers problèmes ont en


4+3 Mat en 2 coups
commun d'illustrer comment quatres
coups possibles d'un pion peuvent
mener à des mats différents. Dans le no 2 de Marble et Bettmann, le P
noir joue sur toutes les cases (quatre) qu'un pion peut jouer (un pas, deux
pas, prise à gauche et prise à droite) provoquant en conséquence quatre mats
différents de la part des blancs. C'est un Pickanniny noir. Dans le no 3,
nous avons un la même idée, mais cette fois avec un pion blanc, i.e., le
pion blanc fait mat obligatoirement sur ses quatre cases possibles de jeu!

N'est-ce pas merveilleux d'avoir réalisé ce thème avec seulement


sept pièces! Toutefois, certains diront que la clé 1.De8 manque de
subtilité. Ces tours de force excusent grandement la presque brutalité de
la clé dans les deux problèmes et ceci illustre bien que dans un problème
ce n'est pas la difficulté de la clé qui importe le plus (tant mieux si la clé est
difficile) mais le jeu, l'idée, le thème que l'auteur réussit à présenter.

On remarquera des duals mineurs dans le no 3, sur les coups du


F en e5, f6, g7, le pion pouvant mater indifféremment en jouant en d3 ou

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d4, de même que pour les autres mouvements du C exception faite du


coup thématique Ce3.

Vous découvrirez avec le temps qu'il existe toujours au moins un


exemple où dans un même problème, les quatre coups réponses (à la clé)
d'un pion noir correspondent quatre mats différents d'un pion blanc! les
défenses Pickanniny noires sont répondues par un Pickanniny blanc!
Dans un même problème!!! Toutefois, il faudra plus de matériel que 7
pièces pour y arriver.

Un autre thème du même genre est la roue du Cavalier i.e. un


problème où à huit défenses noires, un Cavalier blanc fait mat sur les huit
cases où il peut jouer. Il n'existe pas d'exemple de ce thème en miniature.
J'enprofiterai pour introduire la notation Forsythe avec un problème de ce
genre qui compte seulement onze pièces.

MARC BENOIT
"Cape Times" 5 mai 1950
8 - t7 - 6pl - plR5 - N2C4 - p5pD - P7 - 6tl
(4+7) Mat en deux coups

La notation Forsythe est commode pour noter une position


rapidement. Elle sert à décrire la position des pièces sur l'échiquier sans
avoir à recourir à une illustration. Les lettres majuscules représentent les
pièces blanches, et les minuscules les noires, et les chiffres des cases vides.
Si vous regardez la formule, vous noterez qu'il y a 8 séries de caractères
séparés par de traits-d'union. Chaque série correspond à une ligne de
l'échiquier. L'échiquier se lit de gauche à droite, de haut en bas, comme
ces lignes. Ainsi dans la position du problème décrite ici, la rangée du
haut est vide (8), une tour noire occupe la première case à gauche de la
deuxième rangée (toujours en partant du haut du diagramme) dont les
autres cases sont vides (t7) etc.

Le concept de thèmes est apparu très tôt dans la composition.


Les thèmes comme le Pickanniny, qui exploitent le mouvement particulier
à une pièce, sont d'anciens thèmes, mais ils sont historiquement

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

intéressants par leur simplicité et constituent une bonne préparation à


l'exploration de thèmes plus complexes.

No 4
Henri WEENINK
Good Companions Folder - 1917
4+3 Mat en 2 coups
1.Dc4 menace 2.Dx c7 mat
si 1…Pc5 2.Dc6 mat
si 1…Pc6 2.Dd4 mat
si 1…Pc6 2.Db4 mat

No5
Henri WEENINK
OP de Hoogte - 1918
4+3 Mat en 2 coups
1.Rc7T~ 2.Df6 (xT) mat
si 1…F~ 2.De8 (xF) mat
si 1…Ff7 2.Dd6 mat
si 1…Tg6 2.De8 mat
si 1… Fg6 2. Df6 mat

No 6
MARC BENOIT, ing.
The Christian Science Monitor 1972
4+3 Mat en 2 coups
1.Cb5! si 1…Td7 2.Cxd7 mat
si 1…T~ 2.Da8 mat
si 1…Fxb5 2.Dc8 (xF) mat
Si 1…Fxb7; 2.Dc7 mat
Si 1… Txb7; 2.Dc8 mat

Prenons pour exemple le problème no 4 qui présente un autre


thème : le Grimshaw. Ce vieux thème est une idée un peu plus complexe
mais encore loin des thèmes modernes. Il propose une idée plus moderne,
soit le rapport entre deux ou plusieurs pièces. Cherchez à le découvrir?

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Pour mieux vous aider, nous en donnons trois exemples (nos 3,4 et 5) en
miniature dont deux sont d'un illustre compositeur néerlandais Henri
Weenink de l'époque du Good Companions Club. Une des associations
internationales qui ont marqué le développement du problème moderne.

Tel que vu pour le thème Pickanniny, les problèmes No 2 et 3


offraient une certaine ressemblance, une ressemblance dans "l'idée". Or,
dans les problèmes No 4, 5 et 6, il existe aussi une ressemblance d'idée.
C'est cette idée - qui est d'un ordre tout différent de celle des problèmes
No 2 et 3 - qu'il faut découvrir et c'est cette "idée" qui constitue le thème.

Dans le problème No 6, la clé 1.Cb5! introduit un échec au roi


blanc tout en se sacrifiant au fou noir! Après 1.....Tc7 il existe un dual
mineur, les blancs pouvant mater de deux façons : 2.Dxc7 et 2.Da8. En
plaçant le roi blanc en C3, on évitait le dual car 2.Da8 n'est plus possible
après 1.....Tc7, le roi blanc étant en échec. J'ai préféré laisser le dual et
ajouter l'échec au roi ajoutant ainsi une autre variante et rendant la clé
plus difficile.

Pour découvrir le thème, il faut jouer toutes les variantes, essayer


d'extraire celles qui ont un lien commun dans les trois problèmes.

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CHAPITRE IV

NOTIONS DE THÈMES

Maintenant, examinons les variantes thématiques (des trois


problèmes) pour découvrir ce qu'est un Grimshaw. Si vous avez
remarqué que le problème de défense était habituellement le résultat de la
nuisance causée par les pièces noires entre-elles, vous avez pu apprécier ce
que les problèmes avaient en commun, du moins du point de vue de leur
idée thématique. Le Grimshaw un thème d'interférence mutuelle de deux
pièces noires. Dans le No 4, Pc6 permet 2.Dd4 parce que le pion noir
interfère avec l'action du fou noir qui, autrement, pourrait venir
s'interposer en d5, empêchant le mat. D'autre part 1.....Fc6 permet 2.Db4
car il interfère avec l'action du pion noir en C5 qui pourrait aussi
autrement venir s'interposer. On remarquera que dans chaque cas
l'interférence a lieu toujours sur une même case.

On peut donc facilement étudier les variantes thématiques des


deux autres problèmes et conclure qu'un Grimshaw est "un problème où
deux pièces noires interfèrent mutuellement sur une même case avec
l'action de l'autre permettant des mats distincts à cause de cette même
interférence".

Si l'on place par exemple sur un échiquier vierge un fou noir en


d5 et une tour noire en f4, on remarque que le fou et la tour peuvent
interférer l'un avec l'autre sur trois cases :

1) c4, la T interfère avec l'action du F en a2 et b3. Le F interfère


avec l'action de la T en a4 et b4.

2) e4, le T interfère avec l'action du F en f3, (g2 et h1 faisant partie


de la troisième interférence), le F interfère avec l'action de la T en c4
et d4 et a4 (b4 faisant partie de la première interférence).

3) f3, la T interfère avec l'action du F en g2 et h1. Le F interfère

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avec l'action de la T en f1 et f2.

Ceci fait donc six interférences totales possibles (la Tour et le


Fou à tour de rôle sur trois cases). Un grand compositeur hollandais a
cependant déjà réussi 5 interférences. Je vous recommande d'étudier la
position A avec attention:
(A) Jan HARTONG
Good Companions Folder
Mars 1919

1. Fxç3! Menace 2. Tf6, De5 mat


si 1. ... Té7, Fc5~, Cxf3 2. Tf6 mat
si 1. ... Tf7 2. Fb1, Dc2/e5 mat
si 1. ... Td6 2. Ce7 mat
si 1. ... Td5 2. Tf6, Dh7 mat
si 1. ... Td4 2. Ce3 mat
si 1. ... Fd4 2. Fb1 mat
si 1. ... Fd6 2. Dc2 mat, si 1. ... Fe7 2.
9+9 Mat en deux coups Dh7 mat

Vous aurez probablement remarqué l'évolution de "genre" entre


l'idée du thème Pickanniny et celle du Grimshaw. Les thèmes les plus
anciens, comme la croix royale, la roue du cavalier, le Pickanniny illustrent
des idées comme l'exploitation maximum de la marche d'une pièce et
chaque pièce du jeu a subi un examen minutieux de cette façon.

Prenons en exemple la marche de la Dame. Avec une Dame la


dame, il y a douze positions ou cases différentes d'où elle peut mater le roi
noir lorsque ces deux pièces sont placées dans une certaine relation sur
l'échiquier. Si les douze façons sont des mats obligatoirement différents
ceci constitue un record - appelé, même en français, du mot anglais
"task". Ainsi les Pickanniny présentés sont des tasks. Le thème des
douze mats de la dame porte le nom de "Croix de la Dame" et fut vidé au
début du siècle :

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

(B) Marc BENOIT


Arbejder - Skak 1960

1. Ff5! blocus
si 1. ... Ff8~ 2. D(x)e7 mat
si 1. ... a7~ 2. Dxb6 mat
si 1. ... b6~ 2. Dc5 mat
si 1. ... Te6/Tf7/Txf5 2. D(x)e6 mat
si 1. ... Tg6 2. gxf8D mat
si 1. ... Th6+ 2. Dxh6 mat
si 1. ... b3~ 2. Da3 mat
10+9 Mat en deux coups. si 1. ... Dg2/Dg1 2. De5/Df4 mat; si
1. ... Dxf2/e5 2. D(x)e5 mat
si 1. ... Dh2~ 2. Dé5/g3/f4 mat; si 1.
... Dg3 2. Dxg3 mat
si 1. ... Df4 2. Dxf4 mat; si 1. ... Td1~ 2. Dd3/d2/d4 mat
si 1. ... Td2 2.Dxd2 mat; 1. ... Td3 2.Dxd3 mat; si 1… Td4 2.Dxd4 mat

Évidemment, l'idée du thème Grimshaw est plus éthérée, le


thème repose déjà sur des notions (interférence mutuelle) plutôt que sur
des faits physiques (marche de pièces). Avec le temps d'anciens thèmes
sont revenus à la surface mais en combinant leur idée plutôt rudimentaire
avec des notions plus modernes. Par exemple, la roue du cavalier apparaît
ainsi dans son habit dernière mode :

(C) John M. RICE


Stella Polaris, 1968
1. Dé1! Menace 2. Dxe5 mat
si 1. ... Cxd7 2. Txd7 mat
si 1. ... Cf7+ 2. Tgxf7 mat
si 1. ... Cç6+ 2. dxç6 mat
si 1. ... Cxg6 2. Txg6 mat
si 1. ... Cxç4 2. Cb3 mat
si 1. ... Cg4/Te4 2. D(x)e4 mat ; si 1.
... Cd3 2. c3 mat; si 1. ... Cxf3 2.Cxf3
mat; si 1. ... Fé2/xç4 2. Dxg1 mat; si
13 +7 Mat en deux coups 1. ... Fé3 2. Dxé3 mat; si 1.... Fh2 2.
Dé3/f2 mat.
Ici, le thème de la roue du cavalier

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

est combiné avec la notion de correction noire, notion que nous


définirons plus loin.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE V

QUALITÉ DES MATS


Nous avons abordé l'idée de la composition en faisant allusion que le
problème était une forme d'expression artistique. La clé d'un problème
est une composante importante qui met au défit le solutionniste.
Cependant, le résultat final, la position des pièces au moment du mat est
une autre dimension qui fait appel au goût et à l'appréciation des
amateurs.
Ceci nous amène à explorer la dimension de la structure du problème
dans son ensemble. La dimension artistique du problème tient au fait
que les compositeurs peuvent exprimer un ensemble d'idées, de
concepts et de visions des échecs. Dans la partie, la beauté est le résultat
d'une construction issue de la concurrence entre deux joueurs. Le
résultat est contraint par cette dimension de "coopération conflictuelle"
pour arriver au résultat final. Le problèmiste a plus de loisir de
construire à volonté des positions pour exprimer ses idées. Prenons par
exemple le problème no 7.

No 7
Fadil ABDURAHMANOVIC
Tournoi Yougoslave, 1958
1er prix

1. Cé4! blocus
si 1. ... Rxe4 2. Df3 mat
si 1. ... Rç4/e6 2. Df7 mat
si 1. ... Rc6 2. Dd6 mat

6+1 Mat en 2 coups Dans le no 7, la solution est


relativement banale, le cavalier établit
le blocus, et les fuites du RN en étoile
amènent quatres mats différents. Toutefois, avant la clé, les blancs
disposent de plusieurs essais qui sont tour réfutés: 1. Pxc8 (D) ? les noirs
sont pat. Si 1.Rxc8 (T) Rc8! Si par contre 1.Pxc8 (F) Rc6! Enfin si 1.Pc8

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

(C) ? Rc4!. L'idée thématique des quatre promotions du pion blanc


demeure un des thèmes difficile à réaliser. En le réalisant au moyen des
essais, l'auteur réussit là ou plusieurs auteurs ont échoué.
Le thème choisi est celui de la "fuite en étoile" (Star Flight) du
roi noir soit diagonalement ou orthogonalement. Encore un vieux thème
de marche des pièces (observez les dates de publication) mais qui a été
rajeuni par Abdurahmanovic dans le numéro 7 en y ajoutant les essais
infructueux de promotion du pion blanc. Toutefois le no 7 a un défaut
majeur car le même coup de la dame blanche (2.DSf7) sert à mater dans
deux variantes ce qui alors ne constitue pas des variantes et le thème de
fuite en étoile n'est pas complètement rendu. Dans le no 8, une des
fuites diagonales du roi est impossible (.....Rd3) mais quel magnifique
problème avec la clé sacrifiant les deux cavaliers.

No 8
Georges E. CARPENTER
Dubuque Chess Journal, 1873

1. Da6! blocus
si 1. ... Rf3 2. De2 mat
si 1. ... Rxd5 2. Dç6 mat
si 1. ... Rxf5 2. Dg6 mat

(5+2) Mat en 2 coups

No 9
Fred LAZARD
Bulletin Fédération Française
d'échecs, 1926

1. Dh7! menace 2. g8 (D) mat


si 1. ... Rd7/f7 2. g8 (D) mat
si 1. ... Rxe8 2. g8 (D ou T) mat
si1. ... Rxe6 2. g8=(D ou F) mat

6+1 Mat en 2 coups Si on le compare au problème no 9,


on note immédiatement que la

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

solution présente un intérêt. La définition logique d'une variante


demeure que les mats changent selon la nature de la défense noire. Ici le
compositeur français nous offre le paradoxe inverse voulant que sur
quatre "défenses thématiques" le même coup de mat s'applique. Ce
problème est un des rares exemples, peut-être le seul de la fuite
orthogonale du roi, mais il n'y a qu'une variante.
Autant le problème no 9 que le problème no 10 font appel à une
réflexion logique pour saisir l'idée de l'auteur. C'est là une des
caractéristiques des thèmes plus modernes. Pour être pleinement
apprécié, le problème doit être regardé dans son ensemble.

Le no 10 présente le thème parfait avec un mat différent pour


chaque fuite du roi. On remarquera aussi la position finale du roi noir
lorsqu'il se déplace en f4 et que la dame blanche fait mat en c7. On
remarque que toutes les cases qui entourent le roi sont vides, le roi peut
donc se mirer dans son entourage.

No 10
S. LIBERALI
Nueva Rivista degli Schacchi 1881
2e prix

1.Cf6!! RxCf6 2.Dg7 mat


si 1…RxCd4 2.Dd5 mat
si 1…Rd6 2.De7 mat
si 1…Rf4 2.Dc7 mat (ou Db8)

6+1 Mat en 2 coups

Considérons maintenant le
problème no 11. La clé 1.Cf4! occupe la case f4 et prévient la fuite en d3
ou en d5. Dans le tableau de mat final, toutes les cases autour du Roi
Noir sont libres. C'est le mat MIROIR, le mat le plus majestueux qui
excuse bien le dual mineur de cette variante. Une belle clé avec sacrifice!
J'ai dans ma collection de miniatures quatre autres exemples du thème
dont un seul parfait, sans dual, économique et avec une clé décente et
thématique .

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

No 11
Georges LEGENTIL
Journal de Rouen, 1909

1. Cf4! blocus
1. ... Rxd4 2. Db4#
1. ... Rxf4 2. Dh4#

Ces deux premiers problèmes


4+2 Mat en 2 coups illustrent des idées esthétiques
associées au tableau de mat. C'est à
dire une recherche d'une forme
particulière de qualité, soit d'économie (nombre de pièces), soit de relation
entre les pièces dans la position finale (disposition, distance…).

No 12
A. MISKOLCZY
Magyar Sakkujsag, 1911

1. g4! blocus
si 1. ... Rh4 2. Fe7 mat
si 1. ... Rf4 2. Df5 mat
si 1. ... Rf6 2. De7 mat
si 1. ... Rh6 2. Fe3 mat

5+1 Mat en 2 coups Le problème no 11 de


Legentil présente une de ces idées: le
mat MIROIR. En plus du mat miroir, il existe trois autres qualités
typiques du tableau de mat, soit le mat économique, le mat pur et le mat
modèle.

Le mat ÉCONOMIQUE est un mat où participent (sont


nécessaires) toutes les pièces blanches sur l'échiquier. On fait exception
pour le Roi et les Pions. Ainsi dans le no 7, dans la variante suivante :
1.....RxC et 2.Df3 mat, l'action de la Dame, du fou et de la tour sont

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

nécessaires pour mater, mais ni l'action du Roi ou du pion ne sont


requises. Nous avons donc là un mat économique. Bien sûr, si l'action
du roi et des pions sont nécessaires, l'effet d'économie est plus agréable.

D'autre part, le mat économique n'existe forcément que dans les


problèmes du poids léger (miniatures, Meridith surtout) car dans les autres
problèmes, il est rare que toutes les pièces blanches sur l'échiquier
participent au mat, même si l'on excepte le roi et les pions. Cosnidérez
le No 12 de Miskolczy, aucun dual, économique (seulement six pièces),
les quatre variantes bien différenciées et une clé thématique puisqu'elle
ouvre l'accès en f4 et h4 au roi noir, condition nécessaire à
l'épanouissement du thème de "fuite en étoile".

12a
Petko A. PETKOV
South African Chess Player 1962

1. Rh2! blocus
si 1. ... h5 (autoblocage) 2. Df6 mat
si 1. ... Cf2~ 2. D(x)g4 mat

Le mat PUR est un mat où toutes les


cases qui entourent le roi et incluant
3+4 Mate en deux coups celle sur laquelle il se trouve, ne sont
protégées que par une seule pièce
blanche ou occupées par une pièce
noire (auto-blocage). Par exemple, le mat cité dans le paragraphe
décrivant le mat économique, ce mat n'est pas pur car la tour et la dame
gardent chacune des cases d3, c3 et f3. Chaque fois que les noirs sont
matés, il existe au moins une case qui est protégée par l'action de deux
pièces blanches, si ce n'est dans le no 10: 1.....Rf4, 2.Dc7 mat. Dans ce
cas, aucune des cases vitales au roi ne sont gardées plus d'une fois. C'est
donc en plus d'un mat Miroir, un mat Pur. Comparez avec le mat 1…h5;
2.Df6# du problème de Petkov ci-dessus. De plus, ce mat est
Économique puisque toutes les pièces blanches sur l'échiquier y
participent.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Dans le problème 12b, l'auteur a tenté d'illustrer une sous-


promotion en même temps qu'in mat modèle. Si les blancs jouent 1.c8D?
ce qui apparaît être le coup le plus évident, le Roi Noir peut prendre la
fuite en b6 parce que cette case n'est pas gardée.

12b
Marc BENOIT
Original

1. f8=C! blocus
si 1. ... Rxf8 2. Fh6 mat idéal
si 1. ... Rh8 2. Ff6 mat modèle

La séquence 1…Rh8; 2.Ff6 nous


4+1 Mat en 2 coups donne un MODÈLE, c'est un mat qui
est à la fois Économique et Pur.
Toutefois, si vous comparez le mat 1… Rxf8; 2.Fh6 mat. On y retrouve
une qualité additionnelle, toutes les pièces blanches, y compris le Roi
Blanc sont actifs dans le mat final. Les compositeurs anglais utilisent le
terme de "mat idéal" à l'occasion pour décrire cette situation d'économie
complète.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE VI

À TOUT SEIGNEUR TOUT HONNEUR

On dénombre dans notre collection privée plus de mille trois


cent problèmes miniatures en deux coups composés par quelques trois
cents auteurs. On s'imagine devant une telle masse et avec si peu de
d'espace que l'originalité peut être difficile. C'est pourquoi la coutume
veut qu'en citant un problème, on donne toujours le nom de l'auteur. Il
y a bien droit, c'est comme un poème, un morceau de musique, une
peinture....

La coutume veut que chaque auteur conserve la propriété


intellectuelle des ses problèmes d'échecs, mais qu'il n'y ait pas de
restrictions quant à leur reproduction dans la mesure où on attribue le
problème à son auteur. Il est nécessaire aussi d'indiquer la date et la
source pour vérification, car souvent, même dans les problèmes à
plusieurs pièces, l'idée présentée par l'auteur mais pure coïncidence.
Habituellement, ce n'est pas du plagiat mais pure coïncidence. J'ai voulu
donner un exemple concret de ce fait en citant les problèmes 13, 14 et 15
dont voici les solutions :

No 13
S.L. KREININE
Luganskaia Pravda, 1929

1. Cç8! blocus
si 1. ... Rxa8 2. Fc6 mat
si 1. ... Rxc8 2. Fa6 mat

La clé donne au noirs un choix entre


la capture de l'un ou l'autre cavalier
5+1 Mat en 2 coups blanc. Ici l'idée du mat est rendue avec
économie mais il manque de mat

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Miroir. Mais l'idée présentée dans le no 13 avait déjà été publiée 20 ans
plus tôt en France dans un quotidien de Rouen.

No 14
Georges LEGENTIL
Journal de Rouen, 1909

1. Ca4! blocus
si 1. ... Rxc4 2. Fa6 mat
si 1. ... Rxa4 2. Fc6 mat

Remarquez la similarité dans l'idée.


Bien que la position de départ soit
6+1 Mat en 2 coups sensiblement différente, la clé est
constituée du même sacrifice et le mat
est donné par le fou selon le même patron. Considérez maintenant le
No15 tel que publié près de 50 ans plus tard.

No 15
Marc BENOIT

Problemas, 1974 1.Ch4


si 1…Rxh6 2.Fd2 mat
si 1…Rxh4 2.Ff6 mat
si 1…Rf4 2.Fd2 mat miroir

Encore une fois, la


mécanique du mat est la même. La
5+2 Mat en 2 coups seule consolation, c'est qu'il y a une
variante de plus qui est un mat miroir.
La critique officielle de ce problème
dit : "un excellent miniature avec une très bonne clé de double sacrifice
laquelle empêche l'avance du pion. Un mat MIROIR est ajouté."

On remarquera que le roi blanc aurait pu être placé en h2 et le


problème aurait été tout aussi bon. Il aurait eu même une qualité de plus :

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

un mat pieds, c'est-à-dire un mat où toutes les cases du domaine royale


noir ne sont gardées qu'une seule fois. Si le roi blanc est en h2 au lieu de
g2 dans la variante ou 1...Rf4 2.Fd2 mat, la case f3 n'est gardée que par le
cavalier en h4 (clé). J'ai décidé de laisser tomber cet atout pour éviter une
faute grave de composition. En effet, dans le "jeu apparent", c'est-à-dire
le jeu tel qu'il apparaît (avant la clé) sur le diagramme (cette notion de "jeu
apparent" est fondamentale pour comprendre les thèmes modernes), le roi
noir peut fuir en f4 mais tel que le diagramme est montré (roi blanc en
g2), le fou peut alors faire mat en d2. Si le roi blanc est en h2, alors dans
le jeu apparent après 1...Rf4, il n'y a pas de mat. Il est donc ultra
important dans le jeu apparent de pourvoir un mat pour les cases de fuites
du roi noir (comme de pourvoir aussi aux échecs possibles au roi blanc).
Ce fut la raison de mon choix. On remarquera que dans le "jeu
apparent", si 1...Rg6 2.Tg7 mat donc encore une fuite de prévue.

Bien sûr que les trois problèmes sont différents, mais les mats
sont semblables ainsi que les clés de double sacrifice. Il est probable et
même certain que Kreinine (1928) ne connaissait pas l'oeuvre de Legentil
(1909) lorsqu'il composa son problème, pas plus que je connaissais leurs
oeuvres lorsque je composai le mien.

Ainsi donc dans les concours, on publie les problèmes gagnants


mais le verdict ne devient officiel habituellement que six mois après. Ceci
a pour but de laisser aux amateurs le temps de chercher pour voir s'il n'y
a pas eu ANTICIPATION.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE VII

UN PEU D'HISTOIRE
Il n'y a pas de domaine comme celui du problème où l'adage
"celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la répéter" ne
s'applique pas avec plus de rigueur.

Considérons ce qu'il y a de plus vieux comme miniature, un


problème historique tiré de manuscrits de la Renaissance :

No 16
"BONUS SOCIUS"
Manuscrit XIIIe siècle

1.Th-g7!
si 1…Rc8,Cb7 ou Cc8 2.Ta8 mat
si 1…Rc8,Cf7 ou Cc8 2.Tg8 mat

Nous nous en servirons pour illustrer


le dual, un des défauts les plus
3+2 Mat en 2 coups fréquents chez les jeunes
compositeurs. On dit qu'il y a dual sur
tous autres mouvements du Cavalier, parce que les blancs peuvent mater
indifféremment avec l'une ou l'autre des deux tours. Ce problème no 16
était relativement facile à solutionner et n'avait pour ainsi dire qu'un
intérêt historique.

Bien que le jeu d'échecs soit millénaire, le problème d'échec n'est


apparu en réalité qu'au cours des deux derniers siècles. Les premiers
problèmes se retrouvent dans les manuscrits arabes de manuels
d'éducation des jeunes où on utilise le problème comme exercice de
logique. Au début de l'histoire des problèmes d'échecs, la mode était
plutôt aux énigmes. Les énoncés proposaient surtout des mats en
plusieurs coups, les clés étaient brutales souvent (échec au roi, prise de

- 33 -
I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

pièces majeures, etc.) et il n'y avait qu'une variante, une ligne d'attaque.
Par la suite, l'évolution a été relativement lente. L'objet du problème
demeurait didactique, mais cette fois l'audience était plutôt le jeune
joueur. La position ressemblait plus étroitement à la finale de partie.
C'était un peu comme les parties brillantes où une attaque subtile force un
mat à courte échéance.

16a
Bonus Socius
Manuscrit 1350

Jeu apparent :
1. ... Ca7 2. Txa7, b7#
1. ... Cc8~ 2. Ta7#
Clé : 1. Ta7!+
1. ... Cxa7 2. b7#

Le no 16a n'est pas un miniature, mais


4+5 Mat en 2 coups peut nous servir d'exemple. L'intérêt
de l'énigme tient à la nette supériorité
des forces noires dans la position de départ. La clé 1.Ta7+ n'a rien de
subtil puisqu'elle force le jeu dans une seule variante. Cependant, la
présence de deux lignes de jeu apparent illustrent comment le
compositeur pouvait tendre un piège au solutionniste et l'amener
découvrir la solution par simple déduction.

16b
Auguste d'ORVILLE
Manuscrit de Nurenberg 1842

Essai : 1. Dç2?+
1. ... Rb4 2. Fd6 mat
Mais 1. ... Rxd5!
Clé : 1. Fé5! Menace 2. Db5 mat
Si 1... Rxd5 2. Db5 mat

(5+1) Mat en 2 coups

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Au cours de XIXe sciècle une évolution lente a commencé à se produire,


la clé est peu à peu devenue plus subtile. L'échec au roi et la prise de
pièces majeures furent bannies comme étant brutales et manquant de
subtilité. Le no16b par Auguste d'Orville illustre ce changement : la clé
Fe5 prépare le mat en instituant la menace du mat par Dd5. Le problème
commence à se construire autour de la stratégie positionnelle. La
première victime de cette évolution sera l'agressivité dans la clé. À tel
point qu'aujourd'hui ce n'est qu'exceptionnellement que l'on voit un
échec au roi comme premier coup. Tout au plus tolère-t-on la prise d'un
pion comme clé. Cette ligne de pensée est un corollaire naturel de
l'essence même du problème : pour qu'il y ait une plus grande difficulté
à résoudre l'énigme, il faut que le coup clé ne soit pas trop puissant.

La multiplicité des variantes éloignait le problème du jeu


proprement dit. Elles mettaient mieux l'interrelation des pièces dans une
composition créée par un auteur, comparativement au hasard d'une
position de partie due aux cerveaux de deux antagonistes.

No 16b
Samuel LOYD
Linn News 1859

Jeu apparent :
1. ... Rxe8 [a] 2. De7 [A] mat
Clé : 1. Dg4! blocus
si 1. ... Fg7 2. De6 mat
si 1. ... Ff6, Rxé8 [a] 2. Dg8 [B] mat
si 1. .... Rf6 2. Tf8 mat

4+3 Mat en 2 coups


Quant au nombre de coups, on
peut dire que la masse des
problèmes modernes sont des oeuvres de mat en deux et trois
coups. Néanmoins, les mats à coups multiples conservent encore
une place importante. Le no 16b est représentatif de cette
transformation du problème. La clé, bien que forte, a pour objet de
réduire la marge de manœuvre du Roi Noir tout en donnant une
case de fuite en f6. Après la clé on retrouve trois variantes
différentes dont un mat changé par rapport au jeu apparent.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Au cours des années, des écoles se formèrent comme dans les


autres arts. Certains donnant leur préférence aux mats miroirs, aux mats
purs, aux mats économiques, etc., car au début du problème l'intérêt était
concentré, surtout chez l'école Bohémienne, sur le type de mat. Par
contre, l'école Américaine, représentée par le géant Samuel Lloyd, le
Paul Morphy des problémistes et surement le plus grand problémiste de
son époque, s'intéressait davantage à la difficulté de la clé.

Après les massacres genre parties, l'intérêt était commençait à se


concenter sur la difficulté de la clé et la beauté des mats. Pendant ce
temps, les européens étaient à la recherche des règles d'esthétique qui
allaient conditionner l'émergence des échecs artistiques. C'était l'époque
du problème américain (difficulté de la clé) et du problème victorien
(subtilité des variantes). La synthèse se réalisera gràce à un jeune mécène
de Cleveland: Alain Cambell White. Il sera l'instigateur et le parrain du
"Good companion Chess Problem Club", fondé en 1913. La grande
ambition de White sera de regrouper les problémistes du monde entier et
de former une fraternité qui aurait pour mission de mettre ne valeur le
talent et abattre les barrières géo-politiques. Nous sommes à l'époque de
la Guerre mondiale de 1914-1918 et de la prédominance de l'État-nation
impérialiste.

Chaque année ce philanthrope publiait un volume sur les


problèmes d'échec. Il l'offrait en cadeau de Noël avec ses voeux. C'est
pourquoi ces volumes portent le nom de "Christmas Series" et sont
importants tant au point de vue historique, qu'au point de vue de leur
contenu. Voici la liste complète des premiers volumes de "Christmas
Series" (1905 - 1929) :

1. Chess Lyrics (Problems by A.F. Mackenzie) New York, 1905


2. Roi Acculé aux Angles. Paris, 1905.
3. Les Tours de Force sur l'Échiquier. Paris, 1906.
4. Les Mille et un Mats Inverses. Paris, 1907.
5. Bauernumwandlungsaufgaben. Potsdam, 1907.
6. Ceske Melodie (Problems by J. Pospisil). Potsdam, 1908.
7. J. Juchli's Schachprobleme. Berne, 1908.
8. Memories of my Chess Board. Stroud, 1909.
9. Knights and Bishops. New York, 1909.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

10. The White Rooks. Stroud, 1910.


11. More White Rooks. Stroud, 1911.
12. First Steps in the Classification of Two-Movers. Leeds, 1911
13. Running the Gauntlet. Stroud, 1911.
14. Dame und ein Laufer. Leipzig, 1911.
15. The Theory of Pawn Promotion. Stroud, 1912.
16. Sam Loyds and his Chess Problems. Leeds, 1913.
17. White to Play. Stroud, 1913.
18. Robert Braune. Paris, 1913.
19. The White King. Stroud, 1914.
20. Tasks and Echoes. Stroud, 1915.
21. Retrograde Analysis. Leeds, 1915.
22. 100 Chess Problems by William Meredith. Stroud, 1916.
23. The White Knights. Stroud, 1917.
24. Chess idylls (Problems by G. Heathcote). Stroud, 1918.
25. A.C.W. Flights of Fancy in the Chess World. Leeds, 1919.
26. A. Memorial to D.J. Densmore. Stroud, 1920.
27. Alpine Chess (Problems by Swiss composers). Stroud, 1921.
28. The Good Companion Two-Mover. Stroud, 1922.
29. Bohemian Garnets (Problems by M. Havel). Stroud, 1923.
30. Simple Two-Move Themes. Stroud, 1924.
31. Changing Fashions (Problems by G. Hume). Stroud, 1925.
32. The Chess Problem. Stroud, 1926.
33. Echo. Prague, 1927.
34. Asymmetry. Stroud, 1927.
35. The Properties of Castling. Stroud, 1928.
36. Antiform. Berlin, 1929.
37. The Golden Argosy (Problems by W.A. Shinkman). Stroud, 1929.

La période d'entre-guerres verra l'émergence d'une nouvelle


génération de problémistes. L'apport du Good Companions sera majeur
dans la mesure où il démontrera la convergence des écoles de pensée et la
communauté des normes esthétiques. Cette synthèse sera le point de
départ d'une nouvelle phase d'exploration dans la composition. Bientôt,
les compositeurs s'intéressèrent aux diverses manières de réaliser des
mats changés et à la combinaison des idées dans des ensembles plus
stratégiques que techniques. L'analyse du jeu apparent (avant la clé) sert
de composante essentielle à la découverte du mat changé, mais aussi
donne une dimension de subtilité que le problème médiéval ne pouvait
donner.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

C'était un premier pas vers le concept du problème stratégique et


de ce qui est considéré comme le problème moderne. Les thèmes présentés
dans les chapitres précédents (Grimshaw, roue du Cavalier, fuite en étoile,
etc..) se manifestaient dans le jeu APRÈS la clé. Avec les mats changés,
voici que l'on reliait le jeu apparent, celui d'avant la clé, avec le jeu réel,
celui d'après la clé. C'était une démarche visant l'unité totale d'un
problème, vers l'intégration de deux phases importantes du jeu.

La différence importante va être introduite en donnant un rôle


à l'essai dans l'expression de l'idée de l'auteur. La notion d'essai prend
rapidement de la vogue, parce qu'elle crée une autre phase du jeu, elle
double le plaisir en mettant en vedette deux perspectives du jeu dans un
même problème. L'essai lui-même eut sa propre histoire. À l'essai
ordinaire, succéda l'essai thématique.

Puis vint le grand coup : le problème stratégique moderne.


C'est-à-dire un problème où les trois phases du jeu sont entrelacées,
formant un tout homogène, une ouvre d'une beauté suprême. Par
exemple, dans un récent concours (1976) on définissait le thème comme
suit :

"Dans la position initiale, les Blancs clouent une pièce noire N


qui cloue elle-même une pièce blanche B. L'essai thématique décloue B qui
mate en menace et/ou en variante. La clé décloue N qui décloue B qui
mate qui mate " - Memorial Jean Oudot".
Et voilà! Comment un joueur d'échecs peut-il apprécier un premier prix
sans être à la page de ces raffinements modernes? Le clouage, le déclouage,
l'essai thématique, le thème, la qualité des mats, les tabous, etc.... constituent
un ensemble de notions qu'il faut connaître pour bien apprécier un problème.
Nous n'avons pas la prétention de couvrir toutes ces notions dans cet
ouvrage. Notre but sera atteint si seulement nous pouvons susciter assez
d'intérêt pour que les "joueurs" désirent s'instruire davantage sur le domaine
des "problémistes".

Que réserve l'avenir du problème? Il faut faire confiance au


génie créateur des problémistes qui n'ont pas manqué d'innover en
progressant depuis deux siècles. D'autres et nous-même entrevoyons de
nouvelles possibilités. Pour ceux qui aimeraient se tenir à la page, nous

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

suggérons un abonnement aux revues suivantes, uniquement consacrées


aux problèmes :
"Thème 64"
"The Problemist"
"Sinfonie Scacchastica"
"Probleemblad"

Cette courte histoire - ultra brève - nous espérons situera le


lecteur. Nous avons cru qu'elle serait mieux comprise ainsi insérée à mi-
chemin de l'ouvrage. Ainsi l'on réalisera aussi mieux l'importance du
MAT CHANGÉ dont les problèmes suivants sont des exemples.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE VIII

EXPLORATIONS AVANT LA CLÉ

No 17
Birger RESTOD
Morgenbladet, 1928

1. Da8! blocus
si 1. ... Tf1 2. Tf2 mat
si 1. ... Te1 2. Te2 mat
si 1. ... Td1 2. Td2 mat
si 1. ... Tc1 2. Tc2 mat
si 1. ... Tb1 2. Tb2 mat
si 1. ... Ta1+ 2. Ta2 mat
5+2 Mat en 2 coups

On remarque que dans le "jeu apparent" 1.....Tal+ 2.Dxa1 mat.


Comme nous le disions précédemment dans un bon problème, les échecs
au roi blanc sont toujours prévus d'un mat dans le jeu apparent.. L'auteur
aurait pu renverser la position et alors remplacer les deux fous blancs par
deux pions blancs ce qui aurait présenté la même idée avec plus
d'économie, mais alors la solution aurait été de par trop évidente.

No 18
ALFRED KARLSTROM
Die Schwalbe, 1935

1.Tc4!
si 1…Dxc4+ 2.Pxc4 mat
si 1…D~ 2.De6 mat
si 1…Df5 2.Td4 mat
1…De4 2.PxD mat

5+2 Mat en 2 coups

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Dans le no 18, on peut observer le jeu apparent. L'échec possible


au roi blanc 1.....Dxe4+ est prévu car alors 2.Pxd4 mat.

Enfin, deux autres exemples qui font partie du même groupe soit
le thème "mats changés", "Mutate" en anglais et "Mattwechsel" en
allemand..

No 19
Constantin GAVRILOV
Revista de Sah, 1926

1. De5! Menace 2. De1, Da1 mat si 1.


... Txg2 2. Dh5 ou Dh8#
si 1. ... Th3 2. gxh3 mat
si 1. ... T~ 2. g4 mat
si 1. ... Th5 2. Dxh5 ou Dg4 mat
si 1. ... Th8 2. Dxh8,ou Dg4 mat

Dans le no 19, le jeu apparent était


5+2 mat en 2 coups 1.....Th4+ 2.Dxh4 mat. Le mat en h4
ne se retrouve plus dans la solution
finale.

No 20
Geoffrey MOTT-SMITH
New York Sun, 1932

1. De5! Menace 2. Db8 mat


si 1. ... Td6 2. De8/Dh8 mat
si 1. ... Txb6+ 2. Cxb6 mat
si 1. ... Te8 2. b7, Dxe8 mat
si 1. ... Txe5, Cç6 2. b7 mat

4+3 Mat en 2 coups


Dans le no 20, avant la clé on pouvait
déceler le mat préparé 1.....Txb6+
2.Rxb6+d mat. Quel magnifique problème! Quelle clé, quels mats
changés, quelle variété de jeu! Un seul petit nuage : le dual après 1....Td6,

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

car alors la dame peut mater en e8 ou en h8. Parmi les quatre problèmes,
c'est le premier prix d'emblée.

Vous avez certainement réalisé ce qu'est la notion fondamentale


de "mats changés" : c'est une relation qui existe entre certains mats préparés
contre des défenses noires dans le jeu apparent et qui sont changés (pour les
mêmes défenses noires) après la clé. Récapitulons :

Problème Avant la clé Après la clé


No 17 : 1…Ta1+ 2.Dxa1 mat 1…Ta1+ 2.Ta2 mat
No 18 : 1...Dxe4+ 2.Pxe4 mat 1. Dxc4+ 2.Pxc4 mat
No 19 : 1…Th4+ 2.Dxh4 mat 1…Th4+ 2. Pg4 mat
No 20 : 1…Txb6+ 2.Rxb6 mat 1…Txb6+ 2. Cxb6 mat

Le numéro 18 est un exemple moins pur car ce n'est pas


exactement le même échec au roi après qu'avant la clé (comme dans les
trois autres problèmes).

Dans ces miniatures, un seul mat est changé, mais dans les
problèmes plus "pesants" on a réussi plusieurs mats changés. Voici un
exemple à étudier :

No 20a
Erich E. ZEPLER
Die Schwalbe, 1928
(6+5) mat en 2 coups
1. Cf7! blocus
si 1. ... c4 2. Dd6 mat
si 1. ... Td4/b4/a4 2. Cé7 mat
si 1. ... Tc4 2. Dd6, Ce7 mat
si 1. ... Té5/e6/e8 2. Cxf4 mat
si1. ... Te4~ 2. Cxé7/xf4 mat

5+5 Mat en 2 coups Notez qu'il n'est pas nécessaire que les
mats changés soient des échecs au roi
comme dans les exemples que nous venons d'étudier; au contraire, ce
sont habituellement des mats divers qui sont changés.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Pour mieux vous familiariser avec cette notion importante des mats
changés, voici un autre exemple :

No 21
Demetrius N. KAPRALOS
Paul MOUTECEDIS
Skakbladet 1961

1. Cc6! Menace 2. Db4 mat


si 1. ... Fd4 2. Dxd4 mat
si 1. ... Fc4 2. De1 mat

Remarquez que dans le jeu apparent :


1......Fc4 2.DxFmat et 1.......Fd4 2.Del
4+3 Mat en 2 coups mat ces deux mats sont changés dans
le jeu réel (après la clé).

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE IX

L'ESSAI
Vous avez remarqué que dans les problèmes nos 21 et 22, il
existait un astérisque au chiffre 2 indiquant le nombre de coups pour
mater. Plusieurs revues (entre autres "The Problemist") emploient cet
indice pour avertir le solutionniste qu'il y a un jeu apparent important.
D'autres revues ("Sinfonie Scacchistiche") indique tout simplement qu'il
y a jeu apparent.
Pour introduire la discussion sur la notion d'essai, nous vous
proposons de résoudre les deux problèmes suivants :

No 22
Marc BENOIT
Die Schwalbe, 1974

1. Fg4! Menace 2. Df3 mat


si 1. ... Ff5 2. Dxf5 mat
si 1. ... d3 2. De5, Ff3 mat
si 1. ... Rd3 2. Dxg6 mat
si 1. ... Rd5 2. Dé6 mat

5+2 Mat en 2 coups*


No 23
Marc BENOIT
The Problemist, 1975

Clé : 1. Da6 [B] ! blocus


si 1. ... Fc8~ 2. Dxb7 mat
si 1. ... bxa6 2. Tb8#
si 1. ... b6/b5 2. Dxç8#

3+4 mat en 2 coups*

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Il est important de considérer la solution complète des deux problèmes


Nos 22 et 23, car nous voulons ici montrer la grande différence entre
l'essai simple et l'essai thématique. Comme cette différence est
importante et parfois subtile, j'ai donc choisi comme exemple deux
problèmes que je connaissais à fond, naturellement.
Dans le no 22:
Essai : 1. Rb3? blocus Clé : 1. Fg4! Menace 2. Df3 [A]
1. ... Fg6~ 2. D(x)f5 mat 1. ... Ff5 2. Dxf5 mat
1. ... d3 2. Fç6 mat 1. ... d3 2. De5, Ff3 mat
1. ... Rd3 [a] 2. Df3 [A] mat 1. ... Rd3 [a] 2. Dxg6 [B] mat
1. ... Rd5 2. Dç6/é5 mat 1. ... Rd5 2. De6 mat
Mais 1. ... Fh7!

Dans le no 23
Essai : 1. Db6? blocus Clé : 1. Da6 [B] ! blocus
1. ... Fc8~ 2. Dxb7# 1. ... Fc8~ 2. Dxb7#
1. ... axb6 2. Ta1# 1. ... bxa6 2. Tb8#
1. ... a5 [a] 2. Dxa5 [A] # 1. ... b6/b5 2. Dxç8#
Mais 1. ... a6!

Dans le no 22, nous avons un essai simple, tandis que dans le no


23 nous avons un essai thématique. Disons immédiatement que presque
toujours l'essai thématique a plus d'intérêt que l'essai simple. Ainsi la
critique du no 22 se lisait : "Donc un beau petit miniature mais avec rien de
spectaculaire". D'autre part, la critique du no 23 était beaucoup plus
encourageante : "Pourquoi l'essai du no 23 est-il thématique et celui du no 22 non?
Vous noterez que dans le no 22, l'essai n'a aucune relation avec le jeu réel i.e. le jeu
d'après la clé. Par contre dans le no 23, l'essai est un sacrifice de la Dame au Pion a7
et la clé un sacrifice de la Dame au Pion b7. Il y a donc une intime relation entre
l'essai et le jeu réel, ce qui rend l'essai thématique. C'est pourquoi on a qualifié ce
problème de "Very Good" car il est très difficile de réaliser un essai en miniature et par
conséquent encore plus difficile d'accéder à l'essai thématique".

Il faut ici vous mettre en garde contre de fausse interprétation de


l'essai thématique. De ce qui précède, on pourrait croire qu'il y a essai
thématique seulement lorsqu'il existe une relation entre le coup de l'essai
thématique (ici i.Db6!?) et la clé (1.Da6!). L'essai thématique peut porter
sur une autre notion. Il y a essai thématique même si le coup d'essai et la

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

clé n'ont pas une relation directe. Dans beaucoup de problèmes, le coup
d'essai développe un certain jeu qui, en tant que jeu, lui, a une relation
avec le jeu (et non la clé) ouvert par la clé.

Dans la critique du no 23, on mentionne que l'essai thématique


ajoutait une nouvelle dimension à un problème classique. Comme le
critique B.P. Barnes (un des plus grands compositeurs Britanniques)
l'implique, l'addition de l'essai thématique est suffisant pour différencier le
problème no 22 de ses prédécesseurs et lui mériter le qualificatif de très
bon. C'est donc insister sur l'importance qu'exerce l'essai et surtout l'essai
thématique sur les compositeurs modernes. C'est, comme nous l'avons
dit, que l'essai thématique noue parfaitement le jeu coup d'essai au jeu
réel.

Nous devons insister sur cette notion d'essai et d'essai


thématique car dans le problème contemporain, il existe peu ou pas de
thème qui ne relie pas une ou l'autre, ou les trois phases du jeu : le jeu
apparent au jeu réel, le jeu après le coup d'essai au jeu réel, le jeu apparent
au jeu d'après le coup d'essai ou mieux nouer les trois.

En conséquence, essayons d'extraire toutes les informations de


notre petit exemple no 23. Après le coup blanc :

1.Dc6 si 1… F bouge 2.DxP mat


si 1…Pxa6 alors 2.Tb8 mat
si 1…Pb6 alors 2. ?
si 1…Pa5 alors 2. ?

Le coup 1.Dc6 ne constitue pas un essai car il y a deux coups


noirs (Pa6 et Pa5) qui réfutent la tentative des blancs. Rappelons que
pour qu'il y ait essai, il faut que les blancs matent après tous les coups des
noirs, excepté un. Or dans ce cas il y a deux réfutations.

Il en va de même pour les tentatives 1.RxF (réfutées par Pa5 et


Pa5), 1.Dd8, 1.Df8, 1.Dh8 et 1.Df3, tous aussi réfutés par 1....Pa6 et
1....Pa5.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Examinons aussi un élément de composition.


Déplaçons la Tour blanche de b1 à b5. Alors,
l'essai thématique 1.Db6 disparaît car après
1....PxD et 1....Pa6, il n'existe pas de mat au
coup suivant. Donc, deux coups qui réfutent
la tentative 1.Db6. Cependant, un autre essai
est introduit :

1.Dc6!? Pxc6 2.Tb8 mat


si 1…F bouge alors 2.Dxb7 mat
si 1…Pa5 alors 2.Txb7 mat
si 1…Pa6 alors 2. ?

Comme compositeur, il fallait choisir entre cette disposition des


pièces (la Tour blanche en b5) ou la position publiée (la Tour blanche en
b1). Dans ce cas, le goût personnel devient le seul moyen de trancher la
question. J'ai choisi la forme publiée parce qu'elle était plus aérée, parce
que les mats me semblaient plus beaux.

Enfin, une dernière considération, la Tour


blanche pourrait être placée en b2 (mais elle
interférerait avec l'accès de la Dame en a1, une
tentative possible et une atteinte à la mobilité de
la Dame), en b3 ou en b4 (question de goût).
Mais si l'on place la Tour en b6 nous obtenons
un problème assez différent :

1.Dc6! Pxc6 2.Tb8mat


si 1…Pxb6 2.Da4mat
si 1…F bouge 2.DxPmat
si 1…Pa6 2.Txa6mat (mat cloué)
si 1…Pa5 2.Ta6mat (mat cloué).

Un beau petit problème avec quatre mats distincts, une pièce en


prise et une clé sacrifice mais n'ayant aucun essai thématique. En fait,
cette dernière disposition des pièces constitue un problème JUMEAU au
premier, problèmes qui font le sujet du chapitre XI.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

En terminant, voici un problème comportant deux essais thématique


composé par Viktor Melnichenko.

No 24
Viktor MELNICHENKO
Shakhmaty v SSSR, 1975

Essai : 1. Th3? Mais 1. ... Ff3!


Essai : 1. Th6? Mais 1. ... Fé2!

1. O-O! blocus
si 1. ... g5~ 2. Tf4 mat
si 1. ... Fd1~ 2. Ta1 mat
si 1. ... Fb3 2. Fe8 mat
4+3 Mat en 2 coups

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE X

RÉCAPITULONS

Ce modeste ouvrage n'a pas la prétention d'être un traité complet


sur le problème. Nous avons à peine exploré les rudiments. Nous
espérons en restant simple et forcément incomplet, vous enthousiasmer
suffisamment pour que vous poursuiviez vos lectures et que
graduellement le jargon propre aux problémistes vous devienne familier.

Mais surtout en entrouvrant cette fenêtre, nous espérons aussi


que vous apprécierai davantage la beauté des problèmes.
Malheureusement, beaucoup de problèmes publiés sont vides de contenu,
tout au plus méritent-ils le nom d'énigme et il n'offre rien à l'esprit. Dans
la bibliographie, les volumes portant un astérisque sont plus
particulièrement recommandés pour ceux qui désireraient apprendre
davantage. En plus, nous avons donné une liste des revues spécialisées
où presque tous, sinon tous les problèmes publiés sont d'excellente
qualité.

À ce stade de notre pérégrination, il convient de résumer le peu


que nous avons appris : la qualité des mats (École Bohémienne), la
difficulté de clé (Good Companions Chess Club), le jeu apparent, le jeu
après le coup d'essai, le jeu réel, l'interférence (Grimshaw, par exemple),
mats préparés, mats changés et enfin quelques thèmes. Mais surtout nous
connaissons mieux le problème.

Au sujet des thèmes : il en existe des centaines. Chaque année


de nouvelles idées thématiques naissent, exploitant des nouvelles
relations.
Comme exercice, nous proposons trois problèmes composés par des
grands maîtres norvégiens et qui contiennent l'une ou l'autre des notions
discutées. Pouvez-vous les identifier?

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

No 25
JOHAN SCHEEL
Casopis Ceskych Sachistu, 1919

1. Th5! Menace 2. Db6 mat


si 1. ... Tb7 2. Da3 mat
si 1. ... Txa7 2. Db5 mat
si 1. ... Rxa7 2. Ta5 mat

La solution du magnifique no 25,


4+3 Mat en 2 coups riche en jeu avec quatre belles
variantes et une clé de sacrifice, ainsi
que les éléments contenus dans ce problème se présentent comme suit :
après 1. Th5! Menace 2. Db6 mat
1. si 1. ... Rxa7 2. Ta5 mat - Mat pur car toutes les cases
entourant le roi ne sont gardées que par l'unique action
d'une pièce blanche. Mat économique aussi car toutes les
pièces blanches (exception faite du Roi ou des pions si il y
en a) sont nécessaires au mat. Donc, le mat étant pur et
économique s'appelle mat modèle.
2. si 1. ... Txa7 2. Db5 mat - Mat pur mais non économique
car la case a5 est gardée à la fois par la Dame et par la Tour
en action interposée. L'effet dans le mat de la Tour noire en
a7 est un effet dit d'autoblocage, c'est-à-dire que les noirs se
bloquent eux-mêmes, que la Tour noire empêche son Roi
de fuir en a7.
3. si 1. ... Tb7 2. Da3 mat - Mat économique mais non pur.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

No 26
Roald BUKNE
Tidskrift for Schack, 1946
2e prix

1. d5! blocus
si 1. ... Cf8~ 2. Dxh7 mat
si 1. ... Cg6 2. Da1 mat

La solution du no 26 on est en
présence, avant la clé, de mats
4+3 Mat en 2 coups préparés:
Si 1....Cg6 2.Da8mat (1)
Si 1....C bouge 2.DxFx (2)
Après la clé les mêmes défenses sont réfutées par des mats bien
différents:
1.Pd5!
si 1…Cg6 2.Dal mat (3)
si 1…Cbouge 2.DxF mat (4)

1. Ce mat préparé dans le jeu apparent est changé après la clé,


nous pouvons donc classifier ce problème dans la catégorie
des problèmes à mat changé (MUTATE, en anglais). On
remarquera que cette variante n'est possible qu'à cause de
l'interférence du Cavalier sur l'action du Fou qui pourrait
sans cette interférence venir autrement s'interposer en e4.
Par contre, le Cavalier défait la menace DxF en pouvant à
partir de g6 venir s'interposer en h4. Ce mat n'est pas pur
mais économique.
2. Mat économique seulement.
3. Mat ni économique (le Cavalier blanc étant inutile au mat)
ni pur (la case gl étant gardée par deux pièces blanches,
Cavalier et Dame).
4. Encore un mat économique.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

No 27
Nils G.G. Van DIJK
Dagbladet 1957

1. Fç8! blocus
si 1. ... Rf3/h4, h2 2. Dg4 mat
si 1. ... Rg2/h2 2. Dxh3 mat
si 1. ... Rf4 2. De3 mat

4+3 Mat en 2 coups


Essai : 1.Rg6!?
Si 1…Rf4 2.Fx7mat (1)
Si 1…Rh2 2.De5mat (2)
Si 1…Rh4 2.Ff2mat (3)
Si 1…Ph2! 2. ? pas de mat
Solution : 1.Fc8!
Si 1…Rf4 2.De3mat (4)
Si 1…Rh2, g2 2.DxPmat (5)
Si 1…Rh4, f3, Ph2 2.Dg4 mat

1. Problème à essai simple car on ne remarque aucune relation


entre le jeu de l'essai et le jeu apparent. De plus, il ne s'agit pas
ici d'un mat changé proprement dit puisque le changement a lieu
entre le jeu de l'essai et le jeu réel, mais entre le jeu apparent et le
jeu réel. Le mat est économique, mais pas pur.
2. Mat modèle (pur et économique). Remarquez l'effet
d'autoblocage du Pion noir en h3.
3. Mat pur mais non économique : le Fou blanc étant inutile au
mat.
4. Mat modèle (économique et pur).
5. Mat modèle.
6. Mat ni économique, ni pur (1....Rh4 2.DxPh3mat).

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE XI

LA CORRECTION NOIRE

Et pour solutionner en début de chapitre, nous soumettons à notre


sagacité une autre oeuvre d'un problémiste Norvégien.

No 28
JOHANNES LUND
Ostlendinge, 1961

1. Fc7! blocus
1. ... Cb7 2. Ta8 mat
1. ... Cd8~ 2. Dxé6 mat
1. ... Ce6~ 2. Dxd8 mat
1. ... Cxc7 2. Dxç7 mat

4+3 Mat en 2 coups Lorsque, après la clé, une pièce noire


jouant au hasard crée un dommage à
son camp en donnant l'opportunité
d'un mat aux blancs et que cette même pièce noire jouant en une case
spécifique empêche ce mat, mais obligatoirement crée un autre dommage
qui permet un autre mat par les blancs, nous avons ce qu'il est convenu
d'appeler une Correction noire (Black Correction, en anglais). Cette
Correction noire est un élément important de plusieurs thèmes modernes.
Quelquefois, et c'est l'objet d'un thème, la pièce noire jouant au hasard
pare à une menace directe introduite par la clé, mais tel n'est pas le cas de
notre exemple. De plus, la pièce noire faisant le jeu de la Correction peut
répéter son manège plus d'une fois, d'où la Correction noire multiplie.

Tout ceci peut paraître bien difficile à comprendre d'un premier


abord sans un exemple. Considérons la solution du no 28 :
La clé 1.Fc7!
Si 1…Cd bouge 2.Dx e6 mat (1)
Si 1…Cdb7 2.Ta8 mat (2)

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Si 1…Ce bouge 2.DxCdmat (3)


Si 1…Cexc7 2.Dxc7mat (4)

1. Le Cavalier en d8 joue au hasard et la Dame fait mat en prenant


l'autre Cavalier.
2. Ce que voyant, les noirs essaient de jouer leur Cavalier à un
meilleur endroit, ils jouent donc en b7 empêchant ainsi le mat de
la Dame prenant l'autre Cavalier. Mais en ce faisant, ils créent un
autre dommage à leur camp. Ils auto-bloquent la case b7,
permettant un nouveau mat des blancs par 2.Ta8!mat.
3. Le thème de Correction noire se répète avec l'autre Cavalier qui,
lui aussi, en jouant au hasard permet le mat 1.DxCdmat. N'est-
ce pas une merveilleuse composition, ce dédoublement de thème
dans un tout petit problème!
4. Cette variante un peu brutale complète le jeu et devant la finesse
de l'ensemble, on se doit d'oublier ce petit massacre de prises.
Qu'on me permette une parenthèse. Si de telles combinaisons, plaisantes
à l'esprit, peuvent être assemblées avec si peu de pièces que disposent le
problémiste dans un miniature en deux coups, peut-on alors réaliser les
merveilleux trésors de satisfaction intellectuelle que les grands maîtres
peuvent, disposant de plus de pièces et/ou de plus de coups, peuvent
enfermer dans leur merveilleux coffre échiquéen? Il me faut retenir mon
enthousiasme pour ne pas citer des une foule d'autres oeuvres et il me
faut faire violence pour m'en tenir au cadre que je me suis imposé :
simplicité pour une humble initiation.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE XII

LES JUMEAUX

J'intervertis ici un peu l'ordre sensiblement établi avant pour la


simple raison que la catégorie des problèmes jumeaux nécessite d'être
présentée avant de donner des ouvres à résoudre. Il existe des jumeaux,
des triplets, des quadruplets, etc. mais qui sont-ils?

On parle de problème jumeau lorsqu'une position représentant


un problème est modifié très légèrement et alors présente un autre
problème. Disons immédiatement que la modification est inventée par le
même auteur et que la clé des deux problèmes doit nécessairement être
différente. Seule la position des pièces des deux problèmes reste
semblable.

Quant aux modifications, elles peuvent consister en divers trucs.


Le déplacement d'une seule pièce, habituellement un pion mais pas
nécessairement. Par exemple ce problème d'Ottavio Stocchi, un des
"grands" d'Italie :

No 29
Ottavio STOCCHI
Bulletin Ouvrier des Échecs, 1949

a) diagramme
b) Pf7 = Pd7

Dans le no 29, les deux solutions ont


des éléments communs mais aussi
4+3 Mat en deux coups des éléments distincts. Ainsi, la clé est
différente. Bien que les deux coups
de mat 2.Fb6 se ressemblent, ils sont en réalité des réponses à deux
défenses différentes. Quant à la séquence 1.g2~ 2.Dh2 est commune.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

Diagram
Clé : 1. Dh7! blocus
Si 1. ... f7~ 2. Da7 mat
Si 1. ... Rg1 2. Fb6 mat
Si 1. ... g1=D/T/F 2. Dç2 mat
Si 1. ... g2~ 2. Dh2 matb) PNf7->d7
Clé : 1. Dh8! Menace 2. Dd4 mat
Si 1. ... Rg1 2. Fb6 mat
Si 1. ... g1=D/T/F 2. Db2 mat
si 1. ... g2~ 2. Dh2 mat

Et maintenant, deux quadruplets, du Dr Speckman d'Allemagne,


surement le Roi blanc des compositions miniatures :

No 30
Werner SPECKMANN
Kristal 1985

a) Diagramme
b) PBc6->b6
c) PBc6->b5
d) PBc6->e5

6+1 Mat en 2 coups


No 31
Werner SPECKMANN
Schach, 1963
1er Prix

diagramme
puis Dh7->a7
puis RNe6->c6
puis Rbe4->c4

3+1 Mat en 2 coups


Comparez les Nos 30 et 31.
Dans le premier cas, le quadruplet est

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

réalisé en déplaçant le Pion Blanc en c6 successivement sur trois cases


différentes. L'ensemble des jumeaux est donc relié à la position originale
du diagramme et chaque position est une variation de cette position. Dans
le numéro 31, la position se transforme successivement par le
déplacement d'une pièce. La position originale et la position finale sont
alors très différentes.
À remarquer que le no 23 aurait pu et aurait dû être publié comme un
problème jumeau :

a) Diagramme;
b) Le T en bl placée en b6.

Une autre manière de construire un jumeau consiste à déplacer


la position d'une ou plusieurs colonnes sur la droite ou sur la gauche ou
encore d'une ou plusieurs lignes. Le No32 du Dr Speckmann en est un
exemple simple.

No 32
Werner SPECKMANN
Diagam und Figuren 1971

a) Diagramme
Clé : 1. Rç2!+
si 1. ... Ra2 2. Ta1 mat
b) Translation a1-b1
Clé : 1. Tf2!
si 1. ... Ra1/ç1 2. O-O mat

3+1) Mat en 2 coups Dans le No 32a, le jumeau


est créé cette fois en faisant faire une
rotation de 90 degrés à l'échiquier. Ce genre de déplacement affecte
habituellement le rôle des pions dans la position.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

32a
John STEWART
Falkirk Herald 1921
(2+4) Mat en 2 coups
a) Diagramme
Clé : 1. Df4! blocus
1. ... e4~ 2. Dxf3 mat
1. ... f3~ 2. Dxe4 mat
1. ... Fg1~ 2. D(x)h2 mat
b) Rotation 90°
Clé : 1. Dd3! blocus
2+4 Mat en 2 coups
1. ... c3~ 2. Dxd4 mat
1. ... Fa2~ 2. D(x)b1 mat

La clé jouée, les blancs jouent à nouveau et ceci constitue un nouveau


problème :

No 33
Werner SPECKMANN
Deutsche Schachzeitung 1979

a) Diagramme
Clé : 1. e6! blocus
si 1. ... Cd7~ 2. Dxc5 mat
si 1. ... Rd6 2. Dxd7 mat
b) Après la clé
Clé : 1. exd7!
4+3 Mat en 2 coups Menace 2. d8=D, 2.d8=T ou 2. Dxc5
mat
si 1. ... Rd6 2. d8=D mat
Enfin, plusieurs autres formes de jumeaux existent. L'important
est que les deux positions se ressemblent étrangement, mais que la clé
et/ou le jeu diffèrent considérablement.

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

CHAPITRE XIII

L'ORIGINALITÉ

No 34
Nil G.G.van DIJK
"E.W.W.W. 1948

Clé : 1. Fd1!
Si 1. ... Fg2 2. Te1 mat
si 1. ... Fxf1 2. T5f3 mat
si 1. ... Fg4 2. Te5 mat
si 1. ... Fxf5 2. T1f3 mat

Malheureusement, beaucoup de
5+2 Mat en 2 coups problèmes publiés n'auraient jamais
dû l'être. Souvent composés par des
amateurs qui pensent, peut-être comme vous au début, qu'un problème
n'est qu'un énigme, que sa qualité principale, unique, est d'avoir une clé
difficile. Quelques-uns vont plus loin et avec une clé (qu'ils croient
difficile) présentent quelques variantes - sans briser de record bien
entendu!

Ces problèmes n'ont pas une seule idée de thème, de "task", de


rien que ce soit. Leur banalité déroutante est funeste à la bonne
réputation du problème et, à mon avis, constitue la principale cause
pourquoi il y a si peu d'amateurs de problèmes, comparativement aux
adeptes du jeu. Comment peut-on s'enthousiasmer pour l'insipidité, la
banalité?

Sans doute une autre cause du petit nombre de solutionnistes


(celui qui résout des problèmes) ou de problémistes (celui qui compose)
est qu'avant d'être problémiste, il faut savoir jouer aux échecs. Être
problémiste ajoute donc une dimension au jeu d'échecs, ceci dit sans
intention dénigrante, et souvent plusieurs s'arrêtent au premier pas sans
jamais franchir le deuxième. Peuvent-ils être blâmés si dans leurs

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

tentatives, ils sont tombés sur de piètres compositions qui n'avaient rien à
offrir comme défi intellectuel?

Comme je viens de le mentionner, le groupe d'amateurs de


problèmes se divise en deux camps : ceux qui proposent un problème et
ceux qui le solutionnent. Rarement un grand solutionniste est-il
compositeur! Toutes les revues spécialisées dans les problèmes d'échecs
publient la liste des meilleurs solutionnistes. Ceux-ci gagnent des points
pour résoudre les problèmes en deux coups, plus pour les trois coups et
plus pour les multi-coups. Certains magazines donnent d'excellents bonis
pour les démolitions. D'autres points encore sont attribués pour la
solution des mats aidés, des mats réflexes et de tous ces mats qui font
partie des échecs féeriques dont il n'est pas question dans le volume.
Cette somme de points que peut gagner un solutionniste est accumulée à
chaque mois et constituent un concours permanent.

Ainsi le solutionniste, constamment aux aguets pour les


démolitions, prodiguant souvent une critique sur les problèmes qu'il
solutionne, devient-il une aide précieuse au problémiste. Pour éviter les
démolitions dégradantes, le problémiste redouble de vigilance. D'autre
part, les remarques du solutionniste constituent soit un encouragement
pour un auteur ou soit une source d'information qui l'aide à améliorer son
style.

En conséquence des remarques précédentes, je vous propose


donc un mélange d'excellents et de piètres problèmes. Je suis certain que
vous pourrez différencier les uns des
autres.

No 35
Wouter J.G. MEES
Probleemblad, 1959

1.d8(T)! Menace 2.8 (D)


si 1…Rxe7 2.f8D mat

Un problème sans trop d'intérêt si ce


6+1 Mat en 2 coups

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I n i t i a t i o n a u p r o b l è m e d ’ é c h e c s

n'est la sous-promotion du coup clé et que le deuxième coup est aussi une
promotion. Il faut toutefois noter que du choix de la promotion des deux
pions en Dame ou en pièce mineure une seule sous-promotion constitue
la clé.

No 36
Eduard MAZEL
Wiener Schachzeitung, 1902

1. Re2! blocus
si 1. ... Re5 2. Tb5 mat
si 1. ... Rc4 2. Fe6 mat
si 1. ... Rc6 2. Fe4 mat
5+2 Mat en 2 coups

Un problème sans histoire, sans thème avec une clé assez facile.

No 37
I.G. TOTH
Magyar Sakkvilag - 1932

1. Rc6! blocus
si 1. ... Cc7~ 2. D(x)d5 mat

Le seul petit mérite de ce problème est


4+3 Mat en 2 coups le mat changé. Avant la clé : 1....C~
2.Txe6 mat et après la clé 1....C~
2.Dd5. Nous avons rencontré des problèmes définitivement plus
insignifiants.

On voit par ces trois exemples que souvent on publie des problèmes qui
n'en sont peut-être pas et dont le jeu n'offre peu ou pas d'intérêt. Pour

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exercer votre perspicacité de solutionniste, aucun problème excellent


n'était inclus.

POSTFACE
Le manuscrit s’arrête à peu près ici. Les deux dernières sections ne
comportaient pas suffisamment de matériel et de texte pour être
reconstituées. La première portait sur la composition et devait donner
l’itinéraire du compositeur dans une démarche autour du thème
Fleck. Malheureusement, la matrice utilisée demeure inadéquate et le
texte inconsistant avec le diagramme. Enfin, on peut retrouver le plan
d’un chapitre sur l’analyse rétrograde qui ne comporte que quelques
notes sans intérêt.
L’aventure de Marc Benoit s’arrête ici. En publiant ce manuscrit, nous
avons voulu chercher à préserver ce travail et le livrer aux générations
futures. Il nos apparaît que c’était la l’intention et nous aimerions
croire qu’elle est ainsi respectée.

Alain J Godbout
Novembre 2000

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INDEX DES PROBLÉMISTES


Abdurahmanovic, F. - 7
Benoit M. - 6, B, 12b, 15, 22, 23
Bettmann, H.W. - 2
Bukne, R. - 26
Bonus Socius - 16, 16a
Carpenter, G. - 8
d’Orville, A. - 16b
Gavrilov, C. - 19
Hartong, J. - A
Kapralos, D. - 21
Karlström, A. - 18
Kreinine, S. - 13
Lazard, F. - 9
Legentil,G. - 11, 14
Liberali, S. - 16
Loyd, S. - 16
Lund, B. - 28
Marble, M. - 2
Mazel, E. - 36
Mees, W. - 35
Melnichenko, V. - 24
Mott-Smith, G. - 20
Moutecidis, P. - 21
Muskolczy, A. - 12
Petkov, P.A. - 12a
Restod, B. - 17
Rice, J.M. - C
Scheel, J. - 25
Shinkman W.A. - 3
Speckmann, W. - 1, 30, 31, 32, 33
Stewart, J. - 32a
Stocchi, O. - 29
van Dijk, N.G. - 27,34
Weenink, H. - 4, 5
Toth, I. - 37
Zepler, E. - 20a

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Produit au Canada
4e trimestre 2000

Les éditions de l’Apprenti Sorcier ISBN - 0-9688828-3-8

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