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École Nationale Polytechnique

Département du génie chimique

Exposé

Sadi Carnot

Père de la thermodynamique
2019 - 2020

Élaboré par:

• Houssem Eddine Kafi


Les hommes sont membres les uns des autres,
et créés tous de même matière,
si un membre s’est affligé les autres s’en ressentent :
Celui qui n’est touché du mal d’autrui
ne mérite d’être appelé homme.

Abū-Muhammad Muslih al-Dı̄n ben Abdallāh Shı̄rāzı̄, poète perse mieux connu
sous le nom de Saadi
Poème se trouvant à l’entrée de l’immeuble de l’Organisation des Nations unies
à New York
1 Introduction
Il existe de ces scientifiques qui en partant tôt, nous laissent perplexes quant à
leurs accomplissements s’ils étaient restés plus longtemps parmi le commun
des mortels. Evariste Galois1 , Niels Henrik Abel2 , Srinivasa Ramanujan3
mais aussi Sadi Carnot qui mourut du choléra à 36 ans font partie de ces
lumières parties trop tôt.
Nonobstant sa courte carrière, il réussit quand même à laisser sa trace sur la
physique en posant les bases d’une discipline totalement nouvelle: la ther-
modynamique.Toute centrale énergétique,toute automobile, tout moteur à
réaction fonctionne selon les principes fomulés par Carnot.

Sadi Carnot en
2 Biographie uniforme de
polytechnicien
2.1 Contexte familial
Sadi Carnot, du nom du poète persan Saadi de Shiraz en Iran naquit dans une famille à
la fois scientifique et très impliquée politiquement. En effet son père Lazare Carnot fut un
mathématicien et ingénieur brillant mais aussi soldat, meneur d’hommes et révolutionnaire. Il
fit partie de la première assemblée constituante de France et vota la mort de Louis 16. Il occupa
plusieurs postes de ministre sous le règne de Napoléon Bonaparte mais fut exilé après la défaite
de ce dernier. Son frère entreprit aussi une carrière politique mais c’est surtout son neveu -il
portait le même prénom- qui occupa le poste politique le plus imminent en étant élu en 1887
président de la république française.

Portrait officiel du président Sadi Carnot Lazare Carnot, son père

2.2 Jeunes années


Nicolas Léonard Sadi Carnot est né le 1er juin 1796 à Paris au palais du Petit-Luxembourg
-résidence actuelle du président du sénat français- où son père avait ses appartements de fonc-
tions.À cause de ces dernières, son père dut s’expatrier jusqu’en 1800, Sadi vécut donc avec sa
mère Sophie Dupont qui est issue d’une famille aisée durant cette période.À son retour,son père
décida de s’occuper lui-même de l’éducation de ses deux fils ; il leur enseigna les mathématiques,
les sciences, les langues et la musique.Cette formation marqua grandement Carnot et certaines
conceptions de son père influencèrent le contenu de ses travaux plus tard. Il intégra par la suite
1
mort à 20 ans dans un duel
2
mort à 26 ans de tuberculose
3
mort à 32 ans d’hépatite

1
le lycée Charlemagne en classe préparatoire au concours d’accès à l’école polytechnique qu’il
intégra à 16 ans se classant 24 ème sur 179 admis.

2.2.1 Vie active


Puisque les élèves de Polytechnique en plus d’étudier font partie de l’armée française, le cursus
de Carnot fut quelque peu perturbé par les guerres napoléoniennes.En effet les cours furent
interrompus maintes fois et Carnot prit même part à un accrochage qui fut heureusement sans
gravité. Malgré tout cela,Carnot arriva au bout de sa formation à l’école polytechnique en
se classant 5 ème dans sa promotion.Il intégra pour sa dernière année l’école d’application de
l’artillerie et du génie de Metz.
S’en suit une carrière militaire sans grand éclat, son travail consistait essentiellement à un travail
de topographie, d’inspection de fortification et de traçage de plan, rien de très enthousiasment,sa
carrière était en stagnation et la monotonie de celle ci le poussa à déposer sa démission en
1828.L’héritage laissé par son grand père maternel et parrain lui permit de mener une vie de
rentier modeste et de se consacrer pleinement à ses recherches personnelles.

3 Travaux
3.1 Contextualisation
Le 23 juin 1821 alors qu’il est toujours de service dans l’armée, il prend un
congé sans solde pour rendre visite à son père exilé à Magdebourg en Alle-
magne. C’est là qu’avec son père, il commence à s’intéresser aux machines à
vapeur, puisque c’est à Magdebourg trois ans plus tôt qu’avait été construite
la première machine. Dès son retour à Paris, il entame une réflexion sur ce
qui devint la thermodynamique. Ses premiers travaux importants datent des
années 1822-1823. Magdeburg,
Mais il faut noter qu’à l’époque de Carnot, et c’est ce qui fait son génie, la ville qui connut
seule science bien établie, fondée sur les mathématiques, était la mécanique. la première
Toute les autres sciences, chimie et études de la chaleur y compris fai- machine à
saient des progrès rapides mais n’étaient pas encore arrivées au stade de vapeur
l’abstraction mathématique.L’étude de la chaleur par exemple, rendue pos-
sible par l’invention du thermomètre reposait toujours sur des bases fragiles à savoir la
théorie imprécise du calorique4 et l’axiome de la conservation de la chaleur; son accepta-
tion de ces deux principes lui causera comme nous le verrons plus tard, bien des problèmes.

3.2 La machine à chaleur


À l’époque de Carnot, les machines à vapeur étaient déjà bien ancrées dans
le paysage, on les utilisait notamment dans les mines à Charbon partic-
ulièrement en Angleterre, berceau de la révolution industrielle. La machine
à vapeur la plus utilisée était celle de Newcomen, elle comportait un seul
compartiment -machine mono cylindre- dans lequel de la vapeur était in-
troduite pour y chasser l’air hors, puis celui-ci était refroidi de sorte que la
vapeur se condense et que la pression atmosphérique externe fasse redescen-
dre le piston. On laissait ensuite la vapeur remplir de nouveau le cylindre et
le cycle se répétait.
Machine de
Newcomen
4
D’après cette doctrine, la chaleur est un fluide, le calorique, s’écoulant
des corps chauds vers les corps froids.

2
Dans les années 1760, James Watt introduit les machines à 2 cylindres:
dans le premier aurait lieu la condensation tandis que le deuxième était
maintenu chaud en permanence. Cela afin de supprimer le gaspillage de la
chaleur lié au réchauffement et au refroidissement alternatif du cylindre dans
la machine de Newcomen. Sadi Carnot apprécia ce travail mais fit remarquer
que ce moteur avait le défaut de ne pas utiliser correctement le principe
d’expansion en partie car c’est la pression du condensateur qui marquait la
fin de l’expansion de la vapeur d’eau -la vapeur pourrait se dilater encore
plus si cette pression le permettait fournissant à terme encore plus de travail-
mais aussi car Watt refusait catégoriquement d’utiliser des machines à hautes
Les machines à
pressions les jugeant trop dangereuses privant ainsi les machines d’un gain
vapeur après
en puissance et une économie en combustible.
l’amélioration
apportée par
3.3 Son livre Watt
Durant sa courte carrière, Sadi Carnot ne publia qu’un seul livre intitulé: Réflexions sur la
puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance. Son livre
est considéré comme la genèse de tout ces travaux et s’avère comme un livre important dans
l’histoire de la physique. Il est divisé en 4 partie chacune traitant d’un aspect de ses recherches.

3.3.1 Ébauche de la deuxième loi de la thermodynamique


Dans la première partie de son livre, Carnot se contente d’un exposé philosophique sur la place
que possède la chaleur dans les grands phénomènes de la nature -le système des vents, les
courants océaniques. . . -. Dans son livre, Carnot ne s’occupe pas de la nature de la chaleur ni
aux conditions dans lesquelles la chaleur est transmise. Cependant il fait dans cette partie de
son livre allusion à une idée de la plus grande importance qui ni plus ni moins que la deuxième
loi de la thermodynamique. Il dit, je cite: ”il est impossible de produire de la puissance
motrice à moins qu’on ne dispose à la fois d’un corps froid et d’un corps chaud”.
Il est très fort probable que pour arriver à une telle conclusion sans réelle assise mathématique,
Carnot fit le parallèle avec les machines thermiques dont l’efficacité dépendait de la hauteur de
chute d’eau. Il voyait donc une analogie entre cette hauteur et la différence des températures
pour les moteurs thermiques.

Extrait du livre Original de Carnot dans lequel est citée pour la première fois la deuxième loi
de la thermodynamique

3
3.3.2 Cycle de Carnot
Dans la deuxième partie de son livre, Carnot définit un moteur idéal et son cycle de fonc-
tionnement.Il imagine une machine thermique réduite à ses composés les plus élémentaires à
savoir:

• Un cylindre rempli d’une substance agissante qui peut être de la vapeur d’eau ou un gaz.

• un piston qui se déplace sans frottements.

• Deux sources de chaleur, une chaude faisant office du foyer d’un moteur réel et une froide
faisant office d’un condensateur.

Le principe de fonctionnement de cette machine est explicité dans l’illustration suivante:

Ce n’est pas le principe de fonctionnement de la machine en lui même qui revêt une importance
particulière pour nous car étant assez proche de celui des machines à vapeur déjà présentes en
ce temps mais c’est plus les conclusions que Carnot et ses successeurs en ont tiré qui valent
la peine de s’attarder dessus. Voici ci joint une synthèse de ce qu’on doit retenir du cycle de
Carnot:

• Carnot confirma que c’est plus la différence de température


entre les deux sources de chaleur qui détermine le travail
fournit et non pas une différence de pression comme c’était
le cas pour les machines à vapeur. Résonner comme Watt
le faisait pour sa machine, à savoir en prédéfinissant les
pressions des deux cylindres -à la pression atmosphérique-
représentait un manque à gagner en terme de travail. En
d’autre terme,c’est la température du corps froid et non la
pression du condenseur qui marque le terme de l’expansion. Cycle de Carnot représenté
dans un diagramme de
• Il a deviné qu’il y avait une différence entre la chaleur Clapeyron
-comme forme d’énergie- et la chaleur -tombant comme
l’eau du moulin-. Nous savons qu’il a fallu 40 ans après
son livre pour définir, avec les travaux de Clapeyron l’entropie à partir de la quantité de
chaleur comme étant l’équivalent de l’eau du moulin. C’est aussi à Clapeyron que revient
le mérite d’apporter le formalisme mathématique nécessaire aux recherches de Carnot
puisque celui ci avait délibérément renoncé dans le texte au langage mathématique, qu’il
avait relégué dans quelques notes de bas de page.

4
3.3.3 Répercussion sur la physique des gaz

Carnot remarqua que pour les moteurs à chaleur idéaux, le rendement reste le même quelque
soit le gaz utilisé, il en déduisit qu’à température constante tous gaz subissant une dilatation
ou compression, absorbe ou bien dégage la même quantité de chaleur ce qui peut être confirmé
Vf
par la relation pour une transformation isotherme: W = −Q = nRT · ln où seuls les volume
Vi
initiaux et finaux rentrent en compte pour le calcul de chaleur.
Il prédit aussi qu’on pourrait déduire à partir de la branche adiabatique de son cycle des
rapports entre les chaleurs spécifiques des gaz. Il laissera entendre dans une note de bas,
longtemps négligée que le rendement des moteurs idéaux pourrait être utilisé pour concevoir
une échelle absolue de température. L’idée d’une échelle absolue de température a donc germé
dans son esprit la même année (1824) que celle de naissance de William Thomson alias Lord
Kelvin qui mettra en place celle ci et qui lui donnera son nom plus tard.

3.3.4 Intuition du moteur à air


Dans la dernière partie de son livre, il aborde
le sujet des moteurs à haute pression et con-
state leur supériorité par rapport aux moteurs à
basse pression et ce car ils font usage d’une plus
grande chute de température.Il soulève aussi
l’avantage de l’utilisation l’eau comme source
de vapeur pour ces moteurs -le fait qu’elle se
dilate énormément dans un intervalle de températures
très peu étendu-. Cependant, il arriva à la bril- Principe de fonctionnement des
lante conclusion -qui n’est qu’une autre preuve moteurs actuels
de son ingéniosité- que l’eau conviendrait moins
bien au moteur thermique du futur. En effet, dépassé les 100 degrés celsius la vapeur de-
mande de grandes variations de pression pour de très petites élévations de températures,
ce qui rend rend quasiment impossible un fonctionnement sur des gammes de températures
plus élevées comme celle qui seront rendues possible par la combustion du charbon et des
hydrocarbures un peu plus tard. En conséquence, Sadi Carnot prévit que, lorsque divers
problèmes techniques concernant la lubrification et la combustion auront été résolus, le
moteur le plus performant serait probablement le moteur à air. Une intuition qui s’avèrera
donc juste puisque dans tout les moteurs actuels c’est l’air comprimé par la combustion
du carburant qui actionne le mouvement des pistons.

4 Conclusion
Il se peut qu’une personne venant de lire ce modeste exposé sur les travaux de Carnot n’apprécie
pas leur teneur et le génie de leur auteur, jugeant qu’ils ne méritent pas l’intérêt qu’on y prête
car ne traitant que des bases de la thermodynamique que tout élève du lycée pourrait compren-
dre aisément et que surtout ils n’apportent même pas le support mathématique nécessaire.
Cette considération pourrait s’avérer juste si on jugeait les travaux de Carnot à notre époque
où la thermodynamique a eu tout le temps de se développer et non pas à l’époque de Carnot où
même la dénomination thermodynamique n’existait pas, où notre compréhension des phénomènes
liés à la chaleur consistait aux seules observations et améliorations mécaniques qu’apportaient
les ingénieurs aux machines à vapeur. Carnot réussi, avec son cycle idéal l’exploit de se détacher
de ces considérations prosaı̈ques pour amener ses réflexions à un niveau d’abstraction sans
précèdent pour l’époque et il en tira des conclusions qui sont considérées comme bases de la
thermodynamique actuelle. Ceci est inéluctablement l’étoffe d’un esprit très éclairé.

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