Il y a deux Renaissances : l'Italienne, et les autres. Lorsque Charles VIII puis Louis XII
se lancent dans la conquête de l'Italie, ils sont stupéfaits. L'art, l'architecture, la musique,
la pensée, les moeurs sont beaucoup plus évolués qu'ils ne pouvaient se l'imaginer dans
leurs sombres forteresses médiévales. C'est une révélation. Les rois de France, suivis par
la noblesse vont tenter d'importer à doses massives ces manifestations concrètes et
raffinées de l'intelligence, du goût et des bonnes manières. Mais cela restera pendant
longtemps un vernis superficiel. Dans le domaine des idées, les Italiens connaissent
Platon depuis le XVème siècle. Il ne sera publié en France qu'en 1512. Il ne faut donc pas
confondre les Renaissances et faire de la France du début 16ème le pays merveilleux
qu'en ont fait l'imaginaire national, notre littérature et nos traditions orales. La vie dans
les campagnes s'est améliorée, mais les moeurs sont les mêmes: les relations amoureuses
sont liées à la transmission des biens et au rang famillial. Les traditions festives viennent
de plusieurs siècles en arrière et reproduisent des coutumes et des comportements parfois
socialement rétrogrades. L'Université est un lieu de conformisme intellectuel. Pourtant les
choses bougent : de hardis navigateurs font les découvertes de civilisations et de peuples
qu'on n'imaginait pas dans un monde dont on sait qu'il n'est plus plat. Les Humanistes,
navigateurs de haut bord dans les livres anciens redécouvrent des côtes qui n'ont aucune
référence avec la foi chrétienne. Et après tout, on y vivait et pensait pas si mal. On ne
s'étonne donc pas du thème récurrent de la navigation chez Rabelais. Tout cela permet le
doute. Et le doute est l'origine de toute évolution. C'est contre ce doute et cette évolution
que vont se battre avec acharnement les Théologiens tels que BEDA pour qui l'homme
doit seulement croire "avec la foi du charbonnier". Ah ! l'ignorance bénie de la
"simplicitas".... La Renaissance française est pourtant bien une énorme vague créatrice,
porteuse d'évolutions fondamentales, et poussée par l'exemple italien. Mais dans bien des
domaines, cette vague va retomber et s'écraser dans le bain de sang des guerres de
religion. Sur mer comme dans le monde des idées, les CONQUERANTS vont prendre la
place des DECOUVREURS. PIZZARE succède à MAGELLAN, et dans le domaine
spirituel, LUTHER et les JESUITES finissent par éclipser ERASME.
La science moderne naît pourtant à cette époque avec Giordano Bruno et Copernic. La
technologie va engendrer la plus grande révolution du millénaire, celle qui permet le
développement de l'humanité par transmission et capitalisation des expériences et des
savoirs : c'est l'imprimerie. Mais comme pour Internet, notre révolution de ce nouveau
millénaire, l'imprimerie est une forme nouvelle d'activité productrice, dont Paris et Lyon
vont être les capitales françaises. Elle va créer de nouveaux emplois, et une nouvelle
forme de commerce.
Est-ce pour cette raison que s'établissent à Lyon les grandes banques européennes de
l'époque ? Le bon allemand KLEBERGER, banquier à LYON s' enrichit au point de
payer de sa cassette la création du premier asile pour nécessiteux. C'est que la bourgeoisie
des villes connaît une fulgurante ascension. On assiste à une accélération des échanges, et
les Foires sont l'occasion de montrer des produits nouveaux. Parmi ceux-ci se trouveront
les éditions des oeuvres de Rabelais. Mais si la banque existe enfin en France, si François
1er accorde une exemption à l'interdiction d'usure lancée par l'Eglise au profit de la ville
de LYON, ce n'est ni par philanthropie, ni par soudaine conversion aux vertus du
capitalisme, quoique le chancelier DUPRAT n'ignore rien des lois du commerce au point
de s'enrichir sans vergogne. C' est pour financer sa GUERRE en Italie que le roi saute ce
pas décisif vers les lois de l'économie moderne. Mais ces guerres seront coûteuses , et
laisseront le pays presque ruiné à sa mort.
Rabelais
Rabelais fait des études classiques, de Latin et de Grec, au couvent de La Baumette, près
d'Angers où il s'imprègne des auteurs et des textes. Certains biographes pensent qu'il
abordera plus tard des études d'hébreu, en plus de celles de médecine. Cela n'apparait pas
dans ses écrits.
Sa mémoire est certainement prodigieuse, si on considère tous les emprunts et toutes les
références aux auteurs grecs et latins qui parsèment son oeuvre. A leur lecture, repérés et
commentés par les spécialistes universitaires, on y goûte son humour et son ironie. Car
Rabelais cite et détourne ce qui fut une fort sérieuse passion de jeunesse. Ces "emprunts"
ou citations savantes dans un contexte de bouffonerie joyeuse ont un double caractère : ils
dégoupillent certes le beau savoir, mais ils sont là tout de même, comme une façon de
dire : voyez, comme vous, qui savez lire entre les lignes, j'en suis ! Tout en clignant de
l'oeil. Tentons d'imaginer de nos jours un auteur de série TV dont le héros détective, féru
de philosophie allemande, disserterait sur le concept de liberté restreinte tout en menant
une enquête sur un crime dans une maison close...voilà qui donnerait une idée de
l'originalité de Rabelais à son époque. Et la raison de son succès.
Il faut aussi rapeller que la citation et la copie étaient choses courantes chez les auteurs
grecs et latins. Certains dramaturges se contentaient même de signer les textes d'autres
auteurs, vivants ou morts. A la Renaissance, cependant, lorsque la citation est
explicitement annoncée comme telle, elle a une fonction particulière, qui est de valider la
pensée nouvelle (ou non) par l'autorité d'un maître ancien. Ce qui a été écrit est forcément
VRAI. L'ironie Rabelaisienne à ce propos est sans aucun doute une façon de promouvoir
la véritable création de l'esprit.
A presque trente ans, RABELAIS est donc un militant de la connaissance, et un militant
qui cherche à le faire savoir autour de lui. Il a de l'ambition. Mais il est sans doute partagé
entre cette ambition et le désir de l'étude, qui est une sorte de renonciation au monde. Sa
lettre à BUDÉ (1521) est tout à la fois un désir de reconnaissance personnelle et un
hymne sincère pour les auteurs anciens qui vont - tous les humanistes en sont persuadés -
éduquer le monde nouveau. Qu'est-ce donc qui empêche notre moine de rester moine, et
de se consacrer entièrement à la lecture et la méditation comme des milliers d'autres avant
lui ? Son énergie, sans doute. Mais aussi un frémissement. Ce frémissement a
certainement pour nom La Renaissance. RABELAIS veut en être, il veut faire partie de
ce mouvement, il veut apprendre à connaître et transformer le monde. Le moine érudit se
lance donc sur les chemins de la vie réelle. Il se fera médecin . Mais actualise-t-on (au
sens Sartrien) un rôle d'intellectuel pour lequel on a été formé dans sa jeunesse lorsqu'on
est médecin ? Non, il y a une opportunité plus alléchante: c'est l'écriture.
La motivation financière n'est jamais si lointaine pour qui souhaite être publié. Les débuts
de l'imprimerie vont engendrer une demande d'auteurs de la part des imprimeurs-éditeurs,
jeunes patrons de cette "nouvelle économie", et malgré l'absence d'un véritable droit
d'auteur, il est plus que probable que le médecin Rabelais ait d'abord été tenté d'arrondir
quelque peu ses fins de mois. Il faut rappeller que le salaire que luil octroie l'Hotel Dieu
de Lyon en 1532 est somme toute assez misérable (quarante écus). Mais quoi écrire ? Et
quel sera son style et son public ? JEAN-YVES POUILLOUX professeur à l'Université
de PAU, grand spécialiste de Rabelais, montre bien dans ses préfaces reproduites ici
(avec son aimable autorisation) cette évolution de l'écriture de Rabelais. A partir du
Pantagruel, premier ouvrage de fiction dont l'objectif est de plaire à un public déjà
conquis d'avance par le thème du géant, Rabelais va se forger un style, trouver un public,
bref constituer une oeuvre. Il avait déjà publié "Les Lettres Latines" de Manardi et les
"Aphorismes" d'Hippocrate avant son GARGANTUA. Mais l'auteur se cherchait. Par
touches successives, il va se trouver.
La Renaissance en France
Comme en Italie, ses traits caractéristiques sont la soif de vivre, la confiance en l'homme,
l'appétit du savoir, l'esprit de libre examen. Ce mouvement remet en cause les mentalités
du Moyen Âge et rechercha de nouvelles formes de vie et de civilisation. En effet, les
possibilités de diffusion de l'information par l'imprimerie, et la découverte d'un nouveau
monde au-delà de l'Atlantique, modifient profondément la vision du monde des hommes
de cette époque.
En fait, l'évolution des techniques de guerre a une influence indirecte sur ce changement.
La défense des châteaux forts devient progressivement inefficace du fait de l'invention de
nouvelles armes de guerre à plus longue portée (bombarde), de sorte qu'il faut imaginer
de nouveaux systèmes défensifs. L'inefficacité de l'armée française pendant certains
épisodes de la guerre de Cent Ans (bataille d'Azincourt, 1415, notamment) est révélatrice
de ce changement.
Les seigneurs féodaux dont les « privilèges » dans la société médiévale sont compensés
par leur responsabilité sur la population environnante en cas d'agression de la
communauté locale, n'ont plus le même rôle. Ils prirent des responsabilités militaires au
niveau « national » (et non plus local (en langage moderne), conservant néanmoins leurs
privilèges.
La hiérarchie des suzerainetés s'en trouve bouleversée. Il faut donc redéfinir les
responsabilités réciproques du monarque, devenu le garant de la sécurité du pays unifié.
Le principal théoricien de la définition du principe de souveraineté est Jean Bodin.
François Ier est ainsi l'un des premiers monarques français, au sens propre du terme (dans
le système féodal, les rois sont suzerains de leurs vassaux, qui prêtaient serment
d'allégeance). On ne voit apparaître l'absolutisme, à proprement parler, qu'avec Henri IV,
dont les responsabilités sont accrues à la suite de l'édit de Nantes (1598), et surtout avec
Louis XIII (sous l'influence très forte de Richelieu), et avec Louis XIV, appuyé sur ce
point par Bossuet.
Architecture
Château de Chambord
Les plus grands châteaux de la Renaissance sont construits en Touraine. Les principaux
protagonistes en sont les rois Charles VIII, Louis XII, François Ier. La duchesse Anne de
Bretagne joue aussi un très grand rôle…
L'architecture de ces châteaux tranche avec celle des châteaux forts construits à partir du
XIe siècle. D'ailleurs, dans un premier temps, le style renaissance est utilisé lors de
travaux d'agrandissement, d'embellissement ou de modernisation des constructions
médiévales préexistantes. On voit, au château de Blois par exemple, une transition entre
le gothique flamboyant (dit aussi « tardif ») et le style Renaissance. Par la suite, on hésite
plus à construire de toutes pièces des édifices entièrement « Renaissance ». Ainsi,
Chambord et les autres châteaux construits ultérieurement, notamment ceux de la
« deuxième renaissance », présentent une unité de style.
François Ier fait appel à des artistes italiens pour la construction de ces châteaux :
Chambord aurait été ainsi conçu par Domenico Bernabei da Cortona dit « Boccador ».
Langue
De cette région du Val de Loire sont originaires plusieurs des premiers grands écrivains
en langue française.
Grandes découvertes
La participation de la France aux grandes découvertes s'est faite, pour les raisons déjà
évoquées, avec retard par rapport aux pays du sud de l'Europe.
Alors que le Portugal a implanté une première colonie en Afrique du Nord dès 1415, et
s'est lancé dans des explorations autour de l'Afrique, alors que les navigateurs espagnols
ont atteint l'Amérique du centre et du sud avant la fin du XVe siècle, la France attend
l'année 1534 pour envoyer une expédition vers l'Amérique : Jacques Cartier découvre une
nouvelle France (Canada).
Art de vivre
On peut faire remonter à la Renaissance la tradition de l'art de vivre à la française, qui fait
la réputation de la France dans le monde, encore aujourd'hui, et lui vaut des revenus
touristiques confortables.
le XVIe siècle:
LA RENAISSANCE EN FRANCE
Pourquoi?
Comment?
Dans la vie courante, se développe le goût du confort, des plaisirs, du luxe (voir
les plats de Bernard Palissy et le progrès du mobilier). On aime encore plus
qu'auparavant la musique, la danse, les jardins, la lumière et l'amour. Il ya les
poésies amoureuses des poètes de la pléiade (Ronsard, de Du Bellay, De baïf,
Rémy Belleau, Etienne Jodelle, Pelletier du Mans, Pontus de Tyard) de Clément
Marot, de Maurice Scève et de Louise Labé. C'est dans cette atmosphère qu'il faut
situer la multiplication des châteaux dans la vallée de la Loire et la construction
du chateau de Fontainebleau et du nouveau Louvre.
La science s'émancipe progressivement de la magie et du secret et l'on est
persuadé que le progrès du savoir entraine une grande sagesse. l'humanisme.
(Rabelais et Montaigne). François 1er crée le Collège de France à Paris pour
rivaliser avec l'enseignement théologique de la Sorbonne.
En art, on redécouvre les principes et les éléments de l'art antique et de l'Italie. En
peinture et en sculpture on fait une grande place aux figures mythologiques, à la
nudité et au réalisme (goût des portraits). L'architecture réutilise les pilastres, les
chapitaux antiques, les terrasses, les frontons, les arcs de triomphe. On garde un
souci de simplicité, d'équilibre et de symétrie qui limite les excès de décoration et
de composition de l'art italien.
En litérature, on remet à la mode les formes antiques (odes, élégies, tragédies)
mais aussi italiennes (sonnets, théatre) et nait une nouvelle école de litérature la
Pléiade.
la langue française s'impose et le latin est laissé aux prêtres, juristes et médecins.
L'édit de Villers-Cotterets de 1539 rend le français obligatoire dans
l'administration et en 1549 Du Bellay écrit " La défense et illustration de la
Langue Francaise" .
Conséquences: