Vous êtes sur la page 1sur 67

UNIVERSITE DU BURUNDI

MASTERE EN GENIE CIVIL ET MAITRISE DES


PROJETS

COURS : AMENAGEMENT HYDROAGRICOLE


(IRRIGATION et DRAINAGE)

PREPARE PAR : Dr-Ir. NIYONZIMA Nestor

BUJUMBURA 2020

1
CHAPITRE 1 : L’EAU, LE SOL ET LA PLANTE

1.1 Introduction

Le monde en général et plus principalement le tiers monde souffre de l’insécurité


alimentaire. À présent plus de 900 millions de personnes dans le monde entier, manquent de la
nourriture et 30 % d'entre eux se trouvent dans les pays d'Afrique du sud du Sahara.
Au Burundi, plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté.
L'analyse montre que cette situation a été engendrée en grande partie par plusieurs facteurs dont
principalement le rendement agricole moins élevé. Pour sortir de cette crise, des réformes
complexes et multiformes doivent être engagées dont l’augmentation de la productivité
agricole. Pour y arriver, l’irrigation et le drainage des sols doivent occuper une place
primordiale. Cela permettra également de pratiquer l’agriculture toute l’année.
Dans ce cours, nous allons essentiellement se baser sur les problématiques techniques
et scientifiques de l’irrigation, du drainage et de gestion des eaux.
D’une part nous allons nous préoccuper des conditions d’alimentation de l’eau dans les
parcelles, des techniques de retrait des eaux supplémentaires dans les sols ainsi que la gestion
intégrée des eaux dans les grands utilisateurs et consommateurs d’eau.

1.2 Les caractéristiques du sol


Les grandes parties du sol qui sont mis en jeu lors de l’irrigation et drainage sont les
suivantes:

1.2.1 Profil pédologique

 Les caractéristiques physiques du sol sont essentiellement :

 La texture du sol: la proportion relative de la masse de sable, limon et argile définit la


classe texturale du sol ou d’une couche spécifique de sol;
 La densité apparente du sol: elle précise la quantité de masse sèche que contient un
volume unitaire de sol dans les conditions naturelles du terrain;
2
 La porosité totale ou volume poreux total: c’est le ratio du volume des pores par rapport
au volume apparent du sol. Il correspond à la teneur volumétrique en eau du sol quand
le sol est saturé.

 Rétention hydrique du sol.

 Capacité au champ (FC): L’eau est stockée dans le sol entre des agrégats, dans les
espaces poreux. Lorsque le sol est saturé, la rétention de l’eau est faible et la gravitation
fait qu’elle s’évacue vers le bas.
La capacité au champ est atteinte lorsque les forces qui retiennent l’eau dans le sol
s’équilibrent avec les forces gravitationnelles qui entraînent l’eau vers le bas. La
capacité au champ est un concept important lorsqu’on calcule le bilan hydrique des sols
car elle détermine la quantité d’eau retenue par la zone racinaire une fois le sol drainé
après avoir été bien imbibé par les précipitations ou l’irrigation.

 Point de flétrissement permanent (PWP): Au fur et à mesure que l’eau est extraite de la
zone racinaire, celle qui reste est retenue plus fortement par la matrice du sol et devient
plus difficile à prélever par les racines des plantes. Le point de flétrissement permanent
(PWP) est atteint quand le sol est si sec que les racines ne peuvent plus extraire d’eau.

 Quantité totale d’eau (TAW): Puisque la capacité au champ et le point de flétrissement


permanent sont respectivement les limites supérieures et inférieures de l’eau extractible
par la plante, ils déterminent la quantité totale d’eau (TAW) qui peut être utilisée par la
culture.

Le tableau suivant présente des valeurs indicatives de la TAW et de la teneur en


eau du sol pour la FC et le PWP et pour diverses classes texturales de sol.

Classe Densité Teneur en eau du sol TAW Ksat


texturale apparente SAT FC (% PWP (% mm/m mm/jour
du sol du sol (% vol) vol) vol)
mg/m3
Sable 1,71 36 13 6 70 3000
Sable 1,63 38 16 8 80 2200
loameux
Loam 1,56 41 22 10 120 1200
sabloneux
Loam 1,42 46 31 15 160 500
Limon 1,42 46 33 13 200 575
sabloneux
Limon 1,52 43 33 9 240 500
Loam 1,40 47 32 20 120 225
sabloneux
argileux
Loam 1,32 50 39 23 160 125
argileux
Loam 1,27 52 44 23 210 150
limoneux
argileux
Argile 1,32 50 39 27 120 35
sabloneux

3
Argile 1,21 54 50 32 180 100
sabloneux
argile 1,19 55 54 39 150 35

1.2.2. Teneur en eau du sol

Mesure de la teneur en eau :


 Méthode au Laboratoire.
 Méthode sur terrain : Lisière, Méthode diélectrique.

La teneur en eau du sol peut s’exprimer en fonction de la masse (kg d’eau), du volume
(m3 d’eau) ou de la profondeur équivalente d’eau (millimètre d’eau).

 La teneur en eau du sol exprimée en fonction de la masse (kg d’eau par kg de


sol sec) est appelée teneur massique en eau. C’est la masse d’eau dans le sol
par rapport à la masse de sol sec:

𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒅′ 𝒆𝒂𝒖 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒍


𝜽𝒎 =
𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝒔𝒐𝒍 𝒔𝒆𝒄

 La teneur en eau du sol exprimée en fonction du volume (m3 d’eau par m3 de


volume de sol) est appelée teneur volumétrique en eau. C’est le volume d’eau
dans le sol par rapport au volume apparent du sol:

𝒗𝒐𝒍𝒖𝒎𝒆 𝒅′ 𝒆𝒂𝒖 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒍 𝝆𝒃


𝜽= = 𝜽
𝒗𝒐𝒍𝒖𝒎𝒆 𝒂𝒑𝒑𝒂𝒓𝒆𝒏𝒕 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍 𝝆𝒆𝒂𝒖 𝒎

 La profondeur équivalente d’eau liquide (mm d’eau par mètre de profondeur


du sol) exprime la teneur en eau du sol en millimètres d’eau par mètre de
profondeur d’eau: Profondeur équivalente = 1000 θ
Il est courant, dans les études du bilan hydrique, d’exprimer la quantité d’eau
retenue dans la zone racinaire (Wr) par la profondeur équivalente d’eau dans le
sol (mm d’eau). En multipliant la teneur en eau moyenne du sol dans la zone

4
racinaire, exprimée en profondeur équivalente par profondeur unitaire de sol
(1000 θ), par l’épaisseur (Zr en mètres) de la zone racinaire,

on obtient Wr : Wr = 1000 θ Zr
C’est l’épaisseur de la couche d’eau qui sera obtenue en extrayant toute l’eau
de la zone racinaire et en la répartissant uniformément sur toute la surface du
sol.

Exemple de calcul :

Combien d’eau (Wr) est retenue dans une zone racinaire dont la profondeur réelle est de 0,7 m
(Zr), le sol ayant une densité apparente de 1,3 Mg/m3 et la masse d’un échantillon représentatif
de sol (en excluant toute tare) étant respectivement avant et après le séchage de 254 g et 200 g?

 Solution :
 La teneur massique en eau (θm) de l’échantillon est de (254-200)/200 = 0,27
g/g. Ou 27 % de la masse sèche de l’échantillon de sol prélevé est associé à de
l’eau.
 La teneur volumétrique en eau (θ) de l’échantillon est de (1,3/1,0) x 0,27 = 0,35
m3/m3. Cela signifie que 35 % du volume de l’échantillon dans son état naturel
était de l’eau.
 La teneur en eau du sol de l’échantillon exprimée en profondeur équivalente est
de (1000 x 0,35 =) 350 mm (d’eau) par mètre de profondeur de sol.
 La quantité d’eau Wr retenue dans la zone racinaire est de (1000 x 0,35 x 0,7=
245 mm.

1.3 L’évaporation, la transpiration et l’évapotranspiration

1.3.1. Introduction et interprétation

L’évapotranspiration est une combinaison de deux processus séparés de perte d’eau par
évaporation à la surface du sol d’une part, et par transpiration des plantes d’autre part.

La transpiration des plantes augmente avec l’augmentation de la canopée exprimée par


l’indice de surface foliaire (LAI = Leaf Area Index).

5
Le schéma suivant montre le phénomène de répartition des eaux

On peut distinguer trois notions dans l'évapotranspiration :

 l'évapotranspiration de référence (ET0) ou évapotranspiration potentielle (ETP), est


défini comme l'ensemble des pertes en eau par évaporation et transpiration d'une surface
de gazon de hauteur uniforme, couvrant totalement le terrain, en pleine période de
croissance, recouvrant complètement le sol et abondamment pourvue en eau.

L’évapotranspiration de référence (ETo) est l’évapotranspiration d’une superficie de


référence bien définie (couverte de végétation) pour des conditions standard. Les
conditions standard sont des conditions non limitantes permettant d’obtenir la pleine
production d’une superficie de référence couverte de végétation dans les conditions
climatiques données. Le concept de l’ETo a été créé pour étudier la demande
évaporative de l’atmosphère indépendamment du type de culture, du développement
végétal, des pratiques de gestion et des aspects environnementaux (autres que les
conditions météorologiques). Les seuls facteurs qui influent sur l’ETo sont les
paramètres météorologiques. Par conséquent, l’ETo est un paramètre climatique et peut
être calculé à partir des données météorologiques.

 L'évapotranspiration maximale (ETM) d'une culture donnée est définie à différents


stades de développement végétatif, lorsque l'eau est en quantité suffisante et que les
conditions agronomiques sont optimales (sol fertile, bon état sanitaire, ...).
 L'évapotranspiration réelle (ETR) est la somme des quantités de vapeur d'eau
évaporées par le sol et par les plantes quand le sol est à son humidité spécifique actuelle
et les plantes à un stade de développement physiologique et sanitaire réel.

Pour la culture de référence, en l'occurrence le gazon, on a donc : ETR ≤ ETM ≤ ET0. Pour
tous les autres végétaux, seule la relation ETR≤ETM est toujours valable tout au long de
l'année.

1.3.2. Mesures et calcul de l’évapotranspiration

6
L'évapotranspiration potentielle peut être mesurée directement à l'aide d'un lysimètre où
serait cultivée la culture de référence. Elle peut aussi être mesurée directement à l'aide d'un bac
d'évaporation. Elle peut également être calculée.

Les données requises pour calculer l’ETo sont essentiellement les suivantes :

 La température de l’air: la chaleur sensible de l’air environnant transfère de l’énergie à


la culture et exerce ainsi une influence déterminante sur le taux d’évapotranspiration.
La température maximale (Tx) et minimale (Tn) de l’air est mesurée au moyen de
thermomètres, de thermistances ou de thermocouples montés dans un abri
météorologique à deux mètres au-dessus de la surface du sol.
 L’humidité de l’air: La différence entre la pression de vapeur saturante et réelle, appelée
déficit de pression de vapeur ou déficit de saturation, est un indicateur précis de la
capacité évaporative réelle de l’air.
 Le rayonnement: le processus d’évapotranspiration est déterminé par la quantité
d’énergie disponible pour vaporiser l’eau. Le rayonnement solaire peut être mesuré
avec des pyranomètres, des radiomètres ou des solarimètres. Il peut aussi être estimé à
partir de la durée réelle d’ensoleillement mesurée avec un enregistreur d’ensoleillement
CampbellStokes. Si aucune mesure n’est disponible, il est possible d’estimer le
rayonnement solaire à partir de la différence de température de l’air (Tx – Tn).
 La vitesse du vent: le processus d’élimination de la vapeur dépend des turbulences du
vent et de l’air qui transfèrent de grandes quantités d’air sur la surface d’évaporation.

Cependant, et du fait que l'ETo est plutôt une caractéristique du climat, elle peut être calculé
à partir de paramètres climatiques. Les formules de calcul de l'ETo à partir de données
météorologiques peuvent être classées en quatre groupes:

a) les méthodes aérodynamiques : Ces méthodes considèrent que les deux facteurs
majeurs qui influencent l'évaporation sont le gradient du taux d'humidité de l'air
et la turbulence.
b) les méthodes du bilan d'énergie : Elles utilisent l'équation du bilan d'énergie pour
calculer la quantité de chaleur latente.
c) les méthodes combinées. Elles utilisent les deux précédentes approches et elles
sont les plus utilisées et les plus précises du point de vue théorique. La formule la
plus couramment utilisée est celle de Penman qui nécessite les données climatiques
suivantes: la température, l'humidité de l'air, la vitesse du vent, et la durée
d'insolation ou la radiation solaire.
d) les formules empiriques. Les méthodes empiriques regroupent plusieurs formules
qui utilisent des relations observées entre l'évaporation et un ou plusieurs données
climatiques. Ces relations sont souvent établies localement et donc peuvent ne pas
être transposables à d'autres régions.. Le recours aux méthodes empiriques pour le
calcul de L'ETP est souvent la seule alternative dans la situation où les seuls
enregistrements disponibles sont ceux de la température.

 Formules empiriques ou semi-empiriques

La plupart des formules empiriques pour l'estimation de l'évapotranspiration de référence


sont obtenues et ensuite testées pour une zone particulière ou une culture donnée, ce qui fait

7
que leur extrapolation à d'autres conditions climatiques nécessite un contrôle et parfois des
ajustements afin qu'elles soient adaptées aux conditions locales.

 La formule de Turc est en revanche une relation qui peut être appliquée dans les
régions tempérées pour estimer l'évapotranspiration de référence. Elle s'écrit dans son
expression mensuelle ou décadaire :
𝑡
Evapotranspiration mensuelle 𝐸𝑇0 = 0.4 ∗ (𝑅𝑔 + 50) ∗ 𝑡+50

𝑡
Evapotranspiration décadaire 𝐸𝑇0 = 0.013 ∗ (𝑅𝑔 + 50) ∗ 𝑡+50

Avec : t : température moyenne de la période considérée t en [°C] ; ET0 :


évapotranspiration de référence mensuelle ou décadaire [mm] ; RG : rayonnement global
mensuel ou décadaire [cal/cm2/jour].

Cette formulation est très simple d'emploi mais ne permet pas de prendre en compte
les effets du vent. De plus, elle n'est pas applicable à des échelles de temps réduites (pas de
temps horaire ou journalier).

 Formules à base physique

 Equation de Penman

Parmi les formules théoriques proposées pour le calcul de l'évapotranspiration de


référence, on trouve celle proposée par Penman qui a une signification physique bien définie
puisqu'elle résulte de la combinaison du bilan d'énergie avec le transfert aérodynamique. La
forme générale de l'équation de Penman est :

Où :

ET0 : évapotranspiration de référence calculée par la relation de Penman [mm/s] ; Rn :


rayonnement net [W/m2] ; : pente de la courbe de pression de vapeur à la température
moyenne de l'air [kPa/C°] ; : densité de l'air à pression constante [kg/m 3] ; : capacité
thermique de l'air humide [J/kg/C°] ; : différence entre la pression de vapeur saturante
[kPa] et la pression de vapeur effective dans l'air [kPa] ( ) ; : résistance
aérodynamique [s/m] (descripteur météorologique traduisant le rôle des turbulences
atmosphériques dans le processus d'évaporation) ; : chaleur latente de vaporisation de l'eau
[J/kg] ; : constante psychrométrique [kPa/C°].

Pour l'exécution pratique des calculs, certaines grandeurs définies ci-dessus sont considérées
comme constantes et certaines sont à calculer sur la base des données météorologiques
disponibles (en règle générale : la température, la vitesse du vent, la pression, le rayonnement

8
global, l'humidité et l'albédo). Les valeurs des différentes constantes météorologiques citées ci-
dessus peuvent être consultées dans des tables sur le site de la FAO à l'adresse suivante :
http://www.fao.org/docrep/X0490E/x0490e0j.htm

 Equation de Penman-Monteith

L'introduction de la notion de résistance de surface (rs) dans l'équation de Penman


conduit à la formulation de l'équation de Penman-Monteith :

L’approche de Penman-Monteith ainsi formulée comprend tous les paramètres qui


gouvernent l’échange d’énergie et le flux de chaleur latente correspondante
(évapotranspiration) à partir des étendues uniformes de végétation. La plupart des paramètres
sont mesurés ou peuvent être aisément calculés à partir des données climatiques. L’équation
peut être utilisée pour un calcul direct de l’évapotranspiration de n’importe quelle espèce
végétale puisque les résistances de surface et aérodynamique sont spécifiques aux types de
plantes.

Ainsi, l'équation FAO-Penman-Monteith, ayant des paramètres de rugosité et de résistance


de surface normalisés, est recommandée comme équation qui représente la nouvelle définition
de l'ETo :

avec : ET0 : évapotranspiration de référence (mm / jour) ; Rn : radiation nette à la surface de la


culture (MJ / m2.jour) ; G : flux de chaleur du sol ( MJ / m2.jour) ; T : température moyenne à
2 m (°C) ; U2 : vitesse du vent mesurée à 2m (m / s) ; (ea-ed) : déficit pression de vapeur (kPa) ;
: pente de la courbe de tension de vapeur (kPa / °C) ; : constante psychrométrique (kPa /
°C) ; 0.34 : coefficient du vent (s / m).

 Formule de Lugeon

𝟐𝟕𝟑+𝒕 𝟕𝟔𝟎
𝑬𝑻𝟎 = 𝟎. 𝟑𝟗𝟖 ∗ 𝒏 ∗ (𝑭𝒆 ∗ 𝑭𝒂 ) ∗ ∗ 𝑩−𝑭 [mm]
𝟐𝟕𝟑 𝒆

Où : E = Hauteur d’eau évaporée en “mm” ; n = Nombre de jours du mois


considéré ; Fe = Pression des vapeurs d’eau dans un volume d’air saturé « en mm de Hg », fa
= Moyenne mensuelle des tensions réelles “en mm de Hg”, de la vapeur d’eau, au moment
des lectures. B = Pression barométrique moyenne mensuelle en mm de Hg”.

 La formule des services hydrologiques de l’URSS

9
ETo = 0.15n (Fe – fa) (1+0.072V2)

Où V2 = Vitesse du vent à 2m au-dessus de la surface de l’eau (m/s)

 Formule d’Ivanov V.V.

𝐄𝐓𝟎 = 𝟎, 𝟎𝟎𝟏𝟖 ∗ (𝟐𝟓 + 𝐭)𝟐 (𝟏𝟎𝟎 − 𝐇)


ET0-Evapotranspiration moyenne mensuelle, t- température moyenne mensuelle, H- humidité
relative de l’air en %

 Méthode en bac d’évaporation


En dehors de ces formules, des estimations de l’évapotranspiration sont obtenues à partir des
valeurs d’évaporation d’eau contenue dans un bac:
ETP = Kp . E bac
Avec : ETP = évapotranspiration potentielle ; E bac = évaporation de l’eau en bac ; et
Kp = coefficient bac. Kp est un coefficient spécifique au bac, puisqu’il est influencé par la
couleur, la taille, et la position du bac.
En absence de pluie, la quantité d’eau évaporée durant une période (mm/j par exemple)
correspond à une diminution de la hauteur d’eau pendant cette période.
Les bacs d’évaporation fournissent des mesures des effets intégrés de radiation, de vent,
température et humidité sur l’évaporation des surfaces ouvertes d’eau.
Mais, malgré que le bac d’évaporation répond de la même manière aux mêmes facteurs
climatiques affectant la transpiration des plantes, beaucoup de facteurs produisent des
différences significatives dans la perte d’eau à partir des surfaces d’eau et à partir des surfaces
enherbées ou sous plantation : différences dans les taux de réflexion des radiations solaires,
stockage de chaleur pendant la journée et évaporation pendant la nuit, les différences de
turbulence, température et humidité de l’air immédiatement au-dessus des surfaces respectives.

10
1.4. Calcul du bilan hydrique du sol:
Pour suivre l’évolution de la teneur en eau du sol dans la zone racinaire (Wr) et du stress
hydrique du sol correspondant, il faut mettre à jour le bilan hydrique du sol à chaque pas de
temps quotidien.
Dans les études du bilan hydrique du sol, la zone racinaire est souvent représentée comme
un réservoir.
 L’évolution de la Wr est contrôlée par le suivi des flux d’eau entrants et sortants à ses
limites. L’eau est ajoutée dans le sol par les précipitations (P) et l’irrigation (I). Une partie
de P peut se perdre dans le ruissellement de surface (RO). L’eau peut aussi être transportée
jusqu’à la zone racinaire par ascension capillaire (CR) à partir d’une nappe souterraine
peu profonde. Des processus tels que l’évaporation du sol (E), la transpiration des cultures
(Tr) et les pertes par percolation en profondeur (DP) prélèvent de l’eau dans le réservoir
du sol:
Wr,t+1=Wr ;t+ (P-RO) + I + CR – E – T – DP
Wr,t+1=Wr ;t : la teneur en eau dans la zone racinaire au temps t et à t+1.
 Des pertes par percolation en profondeur (DP) se produiront si après des précipitations
importantes ou une irrigation excessive, Wr dépasse la capacité au champ (c.-à-d. la
quantité d’eau qui peut être retenue dans la zone racinaire.
Wr,FC = 1 000 θFC Zr
DP = Wr - Wr,FC

 L’épuisement de la zone racinaire (Dr) exprime la quantité d’eau du sol retenue dans la
zone racinaire qui représente un déficit par rapport à la capacité au champ. La capacité au
champ est choisie comme référence (Dr = 0) parce qu’elle exprime la quantité d’eau qui
reste dans une zone racinaire bien imbibée une fois le sol drainé:
Dr = Wr,FC – Wr
 Exemple de calcul du bilan hydrique du sol et de l’épuisement de la zone racinaire

 Etant donné une quantité d’eau retenue dans la zone racinaire Wrt de 245 mm et une
évapotranspiration moyenne de la culture de 3mm/jour pendant une période de 5 jours:
la quantité d’eau retenue dans la zone racinaire après 5 jours sera Wrt+5 = (245 – 5 x 3)
= 230 mm.

 Etant donné une teneur en eau volumétrique du sol à la capacité au champ θFC de 0,39
m3/m3, une épaisseur de la zone racinaire Zr de 0,7 m, et une teneur en eau du sol dans
la zone racinaire (Wr) de 230 mm: l’eau du sol retenue dans la zone racinaire à FC est
Wr,FC = (1 000 x 0,39 x 0,7) = 273 mm.

11
 L’épuisement de la zone racinaire est Dr = (273 – 230) = 43 mm. Cela signifie qu’une
profondeur nette d’irrigation de 43 mm est nécessaire pour ramener la zone racinaire à
la capacité au champ.

1.5. L’Evapotranspiration maximale ou réelle: besoin en eau d’une culture

Le besoin en eau d'une culture est "la quantité d'eau nécessaire à couvrir les pertes en eau
par évapotranspiration d'une culture saine, cultivée en grande parcelle, sans contraintes du sol
(fertilité etc..), et réalisant son potentiel de production sous les conditions considérées".
Cette définition correspond à l'évapotranspiration maximale d'une culture (ETM) qui
dépend du pouvoir d'évaporation de l'air ou demande climatique (ETP) et du coefficient
cultural (Kc). Ce dernier est en grande partie une caractéristique de la culture, notamment de
son degré de couverture du sol.
Par définition, le besoin en eau d'une culture est équivalent à l'ETM, calculée de la façon
suivante:

ETM = ETP. Kc

Kc est un coefficient dont les valeurs sont théoriquement comprises entre 0 et 1 (Kc
obtenu expérimentalement peut légèrement dépasser la valeur de 1), selon le stade de la culture.
La valeur de Kc est largement affectée par :
 la nature de la culture ;
 sa hauteur ;
 sa durée de cycle ;
 son taux de croissance.

La fréquence des pluies ou de l'irrigation au début du cycle de la culture affecte aussi le


Kc.
Les valeurs publiées dans les tables de Kc sont souvent données par culture, tout en
tenant compte des diverses phases de croissance.
Le cycle des cultures peut être subdivisé en quatre phases de croissance:
 la phase initiale qui s'étend du semis à environ 10% de la couverture du sol;
 la phase de développement du couvert végétal se terminant au moment où la couverture
du sol est complète;
 la mi-saison qui se termine par le début de la chute ou la sénescence du couvert foliaire,
 la phase de maturation.

12
Estimation de l’évapotranspiration par le coefficient cultural

Les procédures d’estimation de l’ETM par l’utilisation de Kc et ETo pendant la période


de croissance sont devenues une méthode standard largement utilisée.
La transpiration des plantes est déterminée par les caractéristiques physiologiques et
morphologiques typiques des plantes. Elle augmente pendant la période végétative avec la
croissance de la surface foliaire.
Par contre, l’évaporation de l’eau du sol décroît pendant la période végétative suite à
l’augmentation de la surface du sol située sous l’ombrage des feuilles des plantes en croissance.
L’effet de la transpiration des plantes et de l’évaporation de l’eau du sol sont intégré
dans un seul coefficient cultural Kc incorporant à la fois les caractéristiques des plantes et les
effets moyens de l’évaporation de l’eau du sol.
Dans les études plus détaillées se basant sur des analyses journalières, il est intéressant
de décomposer Kc en ses deux composantes :
 une pour la transpiration des plantes (Kcb)
 une autre correspondant à l’évaporation de l’eau du sol (Ke)
Kc = Kcb + Ke
En effet, les valeurs journalières de l’évaporation du sol montrent des variations
importantes suivant que le sol est mouillé après la pluie ou irrigation, ou que la surface du sol
est sèche.
Cependant, pour une planification normale des besoins d’irrigation et pour la plupart
des études de bilan hydrologique, les valeurs moyennes des coefficients culturaux Kc sont
suffisantes. L’effet de la période de croissance sur les valeurs de Kc est tenu en considération
en divisant la période totale en 4 saisons : stade initial, stade de développement, stade de mi-
saison et stade de fin de saison.

13
Le tableau suivant donne les coefficients culturaux (Kc) pour quelques cultures : Premier
chiffre : avec forte humidité (HR min > 70%) et vent faible (U < 5 m/s) ; Second chiffre:(HR min <
20%) et vent fort (U > 5 m/s)
Culture Stade de développement de la culture Durée totale
de la période
Initial Développement Mi-saison Fin saison Récolte végétative
Bananier
Tropical 0.4 – 0.5 0.7 – 0.85 1.0 – 1.1 0.9 – 1.0 0.75 – 0.85 0.7 – 0.8
Subtropical 0.5 – 0.65 0.8 – 0.9 1.0 – 1.2 1.0 – 1.15 1.0 – 1.15 0.85 – 0.95

Haricot
Vert 0.3 – 0.4 0.65 – 0.75 0.95 – 1.05 0.9 – 0.95 0.85 – 0.95 0.85 – 0.9
Sec 0.3 – 0.4 0.7 – 0.8 1.05 – 1.2 0.65 – 0.75 0.25 – 0.3 0.7 – 0.8

Chou 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 0.95 – 1.1 0.9 – 1.0 0.8 – 0.95 0.7 – 0.8
Coton 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 1.05 – 1.25 0.8 – 0.9 0.65 – 0.7 0.8 – 0.9

Raisin 0.35 – 0.55 0.6 – 0.8 0.7 – 0.9 0.6 – 0.8 0.55 – 0.7 0.55 – 0.75

Arachide 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 0.95 – 1.1 0.75 – 0.85 0.55 – 0.6 0.75 – 0.8

Maïs
Sucré 0.3 – 0.5 0.7 – 0.9 1.05 – 1.2 1.0 – 1.15 0.95 – 1.1 0.8 – 0.95
Grain 0.3 – 0.5 0.7 – 0.85 1.05 – 1.2 0.8 – 0.95 0.55 – 0.6 0.75 – 0.9

Ognon
Sec 0.4 – 0.6 0.7 – 0.8 0.95 – 1.1 0.85 – 0.9 0.75 – 0.85 0.8 – 0.9
Vert 0.4 – 0.6 0.6 – 0.75 0.95 – 1.05 0.95 – 1.05 0.95 – 1.05 0.65 – 0.8

Pois, frais 0.4 – 0.5 0.7 – 0.85 1.05 – 1.2 1.0 – 1.15 0.95 – 1.1 0.8 – 0.95

Poivron, frais 0.3 – 0.4 0.6 – 0.75 0.95 – 1.1 0.85 – 1.0 0.8 – 0.9 0.7 – 0.8

Pomme de terre 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 1.05 – 1.2 0.85 – 0.95 0.7 – 0.75 0.75 – 0.9

Riz 1.1 – 1.15 1.1 – 1.5 1.1 – 1.3 0.95 – 1.05 0.95 – 1.05 1.05 – 1.2

Carthame 0.3 – 0.4 0.7 – 0.8 1.05 – 1.2 0.65 – 0.7 0.2 – 0.25 0.65 – 0.7

Sorgho 0.3 – 0.4 0.7 – 0.75 1.0 – 1.15 0.75 – 0.8 0.5 – 0.55 0.75 – 0.85

Soja 0.3 – 0.4 0.7 – 0.8 1.0 – 1.15 0.7 – 0.8 0.4 – 0.5 0.75 – 0.9

Betterave sucrière 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 0.95 – 1.1 0.75 – 0.85 0.55 – 0.6 0.75 – 0.8

Canne à sucre 0.4 – 0.5 0.7 – 1.0 1.0 – 1.3 0.75 – 0.8 0.5 – 0.6 0.85 – 1.05
Tournesol 0.3 – 0.4 0.7 – 0.8 1.05 – 1.2 0.7 – 0.8 0.35 – 0.45 0.75 – 0.85

Tabac 0.3 – 0.4 0.7 – 0.8 1.0 – 1.2 0.9 – 1.0 0.75 – 0.85 0.85 – 0.95

Tomate 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 1.05 – 1.25 0.8 – 0.95 0.6 – 0.65 0.7 – 0.9
Pastèque 0.4 – 0.5 0.7 – 0.8 0.95 – 1.05 0.8 – 0.9 0.65 – 0.75 0.75 – 0.85

Blé 0.3 – 0.4 0.7 – 0.8 1.05 – 1.2 0.65 – 0.75 0.2 – 0.25 0.8 – 0.9

14
CHAPITRE 2. NECESSITE ET ORIGINE DES EAUX D’IRRIGATION

2.1 Nécessité d’irrigation

a) Définitions et avantages de l’irrigation


L’agriculture sans apport d’eau autre que celui des précipitations, dite agriculture " sous
pluie ", est très contraignante, car :
 généralement la répartition des précipitations, dans l’espace et dans le temps
n’est pas uniforme, surtout dans les régions ayant des régimes de pluie très
contrastés.
 cette agriculture limite le choix des cultures car dans une région bien
déterminée, seules les cultures adaptées à la répartition annuelle des pluies
peuvent être cultivées.
 elle contraint les agriculteurs à s’adapter aux aléas climatiques pouvant ruiner
les récoltes d’une l’année.
 elle est impossible dans les régions arides.

Pour pallier ces inconvénients, le meilleur moyen que les hommes aient trouvé jusqu’ici a
été d’humidifier artificiellement le sol, à l’aide de procédés divers : c’est ce que l’on appelle
l’irrigation.

L’irrigation est donc l'opération consistant à apporter artificiellement de l’eau à des


végétaux cultivés pour en augmenter la production, et permettre leur développement normal en
cas de déficit d'eau induit par un déficit pluviométrique, un drainage excessif ou une baisse
de nappe, en particulier dans les zones aride.

Cette opération consiste à apporter à la plante l’eau nécessaire, au complément de la


pluviométrie, quand c’est nécessaire et en quantité nécessaire.

Dans la pratique, généralement on parle d'« arrosage » pour les petites surfaces (jardinage)
et réservant le terme d'« irrigation » pour les surfaces plus importantes, mais il n’y a pas de
norme en la matière.

L’usage de l’irrigation présente alors de nombreux avantages :


 Il permet d’augmenter la superficie des surfaces cultivées, en particulier dans
les zones arides,
 d’assurer parfois deux récoltes (ou plus) au lieu d’une seule dans l’année,
notamment dans certaines zones tropicales humides,
 d’augmenter la productivité agricole et d’améliorer les rendements,
 d’intensifier et de stabiliser la production en se libérant des aléas climatiques.
 Il permet de pratiquer une culture plus intensive;
 Il assure une plus grande sécurité économique pour l'agriculteur;
 Il permet d'intensifier l'utilisation des engrais, de pesticides et d'introduire la
mécanisation agricole
 Il permet de programmer le recours à la main d'œuvre agricole la et la
commercialisation des produits agricoles.

15
 Les projets d’irrigation permettent également d’atténuer les inondations en aval
 La concentration et l’intensification des cultures sur des surfaces réduites
aident à protéger les forêts et les espaces naturels et à éviter leur conversion.
 Accroître le couvert végétal pendant une grande partie de l’année aide à
réduire l’érosion du sol, ainsi que le fait la préparation.

b) Risques de l’irrigation à l’environnement


Un projet d’irrigation est une grande opération qui nécessite beaucoup d’experts dans
les domaines diversifiés. Si une attention particulière n’est pas assurée, des conséquences
néfastes peuvent être manifestées :
Les effets négatifs que risquent de produire la plupart des projets d’irrigation
d’envergure comprennent en général :
 les problèmes d’engorgement et de salinisation des sols,
 l’élévation de l’incidence de maladies reliées à l’eau ou d’origine aquatique,
 la réinstallation des populations locales ou la transformation de leur mode de
vie, le développement de parasites et de maladies d’origine agricole, en raison de la
disparition de la saison sèche qui laisse place à un microclimat plus humide.
L’irrigation, en rendant possible le développement et l’intensification de
l’agriculture peut être à l’origine :
 de sérieux problèmes d’érosion,
 de la pollution des eaux de surface et souterraines provenant des biocides agricoles;
 de l’accroissement des quantités d’éléments nutritifs contenus dans les eaux
d’irrigation et de drainage favorisant la prolifération d’algues et d’herbes
aquatiques provoquant l’eutrophisation des eaux présentes dans les canaux
d’irrigation et des cours d’eau en aval.
Les grands projets d’irrigation qui comprennent l’endiguement ou la rectification de
cours d’eau peuvent créer de sérieux problèmes d’environnement en altérant le système
hydrologique et limnologique des bassins versants.
Réduire le débit d’un cours d’eau:
 entraîne des changements dans l’utilisation des terres et dans l’écologie du lit majeur ;
 perturbe les stocks halieutiques des rivières et des estuaires ;
 permet la pénétration d’eau salée dans l’embouchure du cours et son infiltration
dans les eaux souterraines des terres adjacentes ;
 menace l’alimentation en eau des usagers qui résident en aval, dont des municipalités,
des établissements industriels et des agriculteurs.
 amenuise également le niveau de dilution des déchets domestiques et industriels qui
sont ajoutés en aval ;
 engendre des problèmes de pollution et posant des risques pour la santé ;
 peut rendre l’eau impropre à la consommation et menacer les espèces aquatiques
en aval;

16
 la présence d’une forte teneur en éléments nutritifs facilite la prolifération de mauvaises
herbes qui obstruent les voies navigables et occasionne de graves conséquences sur la
santé, la navigation et le milieu nature.
L’utilisation des eaux souterraines pour l’irrigation a des effets négatifs directs lorsque
les prélèvements excèdent le taux de renouvellement des nappes. Cette surexploitation risque :
 d’épuiser ces ressources ;
 d’altérer leur qualité ;
 d’augmenter le taux de salinité de l’eau dans les régions côtières ;
 de provoquer des affaissements de terrain.
Il est évident que l’irrigation peut permettre d’accroître la production vivrière. La
concentration et l’intensification des cultures sur des surfaces réduites aident à protéger les
forêts et les espaces naturels et à éviter leur conversion. Accroître le couvert végétal pendant
une grande partie de l’année aide à réduire l’érosion du sol, ainsi que le fait la
préparation.
C) Problèmes particulier de l’irrigation : Engorgement et salinisation
Les problèmes habituels liés à l’irrigation de surface sont l’engorgement et la
salinisation des sols.
Le drainage inadéquat et une irrigation excessive sont avant tout responsables de
l’engorgement et, dans une moindre mesure, les pertes des canaux et des fossés par infiltration.
L’irrigation exacerbe les problèmes de salinité déjà naturellement plus aigus dans les
régions arides et semi-arides qui connaissent une évaporation en surface plus rapide et
dont les sols sont plus salés.
L’engorgement permet aux sels de monter vers la surface du sol et de se concentrer
autour des racines des plantes.
L’alcalinisation (concentration de sodium dans les sols) est une forme particulièrement
grave de salinisation difficile à corriger.

c) Problèmes sociaux liés à l’irrigation


Les projets d’irrigation qui couvrent de vastes étendues ne peuvent pas éviter les
perturbations sociales.
Les populations locales déplacées affrontent les problèmes usuels de réinstallation :
 aggravation des problèmes de santé ;
 conflits sociaux ;
 détérioration des ressources naturelles de la région.
Par ailleurs, il est probable que les populations qui demeureront dans la région seront
contraintes :
 de changer leurs pratiques d’utilisation des terres
 de changer leurs modes de cultures.

17
 De s’adapter aux nouvelles conditions de culture.
 De résoudre des conflits suite à une distribution inégale se produisant à la fois
dans la région du projet et en aval.
 L’ensemble de ces facteurs modification des pratiques agricoles, augmentation de
la densité de la population et changement dans la distribution des richesses – peut avoir
une profonde influence sur les modèles sociaux traditionnels.

 L’aggravation parfois spectaculaire des maladies reliées à l’eau ou d’origine


aquatique, est habituellement liée à l’introduction de l’irrigation.

 La schistosomiase, le paludisme et l’onchocercose, le choléra, la fièvre typhoïde dont les


vecteurs prolifèrent dans les eaux d’irrigation, sont les maladies les plus fréquemment
rencontrées dans ce secteur.

 L’abus de produits chimiques agricoles, la détérioration de la qualité de l’eau et la


pression démographique accrue dans la région représentent également des dangers
pour la santé.

 Le recyclage des eaux usées pour l’irrigation représente un risque de transmission


de maladies contagieuses (particulièrement de type helminthique, et dans une moindre
mesure, bactérien et viral).

 Les ouvriers agricoles, les populations qui consomment des produits (dont la viande)
cultivés dans les champs irrigués avec des eaux usées ainsi que les populations
avoisinantes sont des groupes à risque.

2.2.Propriétés qualitatives et quantitative des eaux d’irrigation.


L’ingénieur chargé de l’établissement d’un projet d’irrigation d’une surface donnée doit se
préoccuper d’abord de trouver l’eau nécessaire.
Indépendamment du fait que le point d’origine de l’eau ne doit pas être trop éloigné des
lieux d’utilisation, l’Ingénieur doit s’assurer que l’eau dont il pourra disposer sera en quantité
suffisante et que ses qualités physiques et chimiques seront satisfaisantes.

a) Quantité d’eau nécessaire.


L’irrigation d’un périmètre donné nécessite un débit global très variable au cours de
l’année.
Les ouvrages d’aménagement hydroagricoles doivent être conçus et calculés pour le
débit de pointe, augmenté même des pertes inévitables et d’une marge de sécurité.
Par conséquent le débit du point d’eau (émissaire) peut être diffèrent et même
notablement inferieur au débit des besoins bruts pour l’irrigation.

18
b) Qualités de l’eau d’irrigation
Les qualités physiques et qualités chimiques de l’eau sont à considérer en irrigation,
toutes les eaux n’étant pas favorables aux plantes.
Certaines règles générales peuvent être énoncées à ce sujet mais en une pareille matière
la seule règle que l’on puisse qualifier d’infaillible est l’expérience : il ne faut pas hésiter à
expérimenter l’eau que l’on désire utiliser sur des plantes témoins cultivées sur la terre à
irriguer.
Il y aurait en effet un risque d’erreur à dissocier l’eau et le sol qui sont deux éléments
en liaison intime et réagissant constamment l’un sur l’autre.

 Qualités physiques :
La température est la qualité physique à considérer en premier lieu. Une eau trop chaude
ou trop froide peut donner lieu à des conséquences néfastes surtout sur de jeunes plantes.
La température optimale semble se situer aux environs de 25o pour la plupart des plantes
durant la période active de la végétation.
Il faut en particulier se méfier des eaux de sources et des eaux de puits souvent très froides ;
il est vrai qu’il est possible de les réchauffer dans des bassins de grande surface et de faible
profondeur exposés au soleil.

 Qualités chimiques.
Les qualités chimiques des eaux proviennent essentiellement des sels dissous :
 Certaines sont utiles même si les eaux en sont très riches comme les sels de calcium, l’ion
calcium venant souvent compenser les pertes dues à un excès d’eau entrainé dans les
couches profondes du sol ;
 D’autres utiles à faible dose, deviennent nuisibles si la teneur s’accroit comme les sels de
magnésium;
 d’autres enfin sont franchement nocifs comme le chlorure de sodium ou sel marin ; on
admet qu’au-dessous de 0,5 g par litre l’eau est toujours bonne, tandis qu’au-dessus de 3
grammes elle est inutilisable sauf pour certaine plantes très résistantes.
Les normes de la qualité de l’eau d’irrigation sont données dans les bulletins de la FAO.

2.3.Les diverses origines de l’eau

Les conditions restrictives à l’emploi d’une eau en irrigation ne sont donc pas très
sévères, et l’on pourra utiliser la plupart des eaux douces : Elles proviendront soit des eaux
superficielles, soit des eaux souterraines.
 Les eaux superficielles (cours d’eau, lacs) sont les plus abondantes et elles alimentent
en fait la majeure partie des irrigations.

19
 Lorsque le débit dont on dispose est trop faible pour satisfaire les besoins de pointe durant
la période de végétation active on est amené à construire des barrages réservoirs qui
accumulent les eaux de la saison pluvieuse (d’hiver) les restituant pour les arrosages de la
saison sèche (de printemps et d’été).
 C’est surtout le cas des rivières à régime pluvial, car le régime des rivières alimentées
par la fonte des neiges et des glaciers convient assez bien à l’irrigation par sa modulation.
 Mais quand les eaux superficielles, essentiellement les cours d’eau, font défaut, on est
réduit à utiliser les eaux souterraines (puits, forages) malgré leur faible abondance et le
prix souvent élevé de leur captage
 Enfin on peut aussi retenir dans des bassins aménagés les eaux ruisselantes des pluies
qui s’écouleraient, s’infiltreraient ou s’évaporeraient sans profit, et les utiliser pour
l’irrigation.

2.4.Prise d’eau d’irrigation dans un cours d’eau


Les prises d’eau sont des ouvrages destinés à faire passer la totalité ou une partie
seulement de l’eau d’un cours d’eau dans une conduite d’irrigation.
En général ce cours d’eau ne cède à la conduite, appelé à cet endroit conduite de
déviation (dérivation), qu’une partie seulement de son débit.
Dans la pratique deux sortes de prises sont à distinguer :
 Prises d’eau sans barrage (prise directe, prise au fil de l’eau) : Ce sont des prises
d’eau consistant simplement en saignées pratiquées dans la rive du cours d’eau ;
par cette saignée une partie de l’eau pénètre dans la conduite d’irrigation.

 Prise d’eau avec barrages: si la saignée est pratiquée un peu en amont d’un barrage
qui relève le plan d’eau et le maintien à un niveau a peu près constant.
Il faut noter que le barrage est une obstruction établie dans un cours d’eau pour créer
une dénivellation entre l’amont et l’aval.

2.4.1. : Prises directes.


Les prises directes ont essentiellement l’avantage d’être bien moins coûteuses que les
prises avec barrages.
On les utilise surtout sur les cours d’eau à forte pente et a débit assez régulier. Mais
elles présentent par contre un certains nombres d’inconvénients qui les font abandonner de plus
en plus; en effet :
 Le plan d’eau du cours d’eau peut s’abaisser fortement à l’époque des sécheresses
et causer ainsi une interruption plus ou moins complète de l’alimentation de la
conduite au moment même où cette alimentation est la plus nécessaire ;

 Le lit du cours d’eau peut varier quelque peu et s’éloigner ainsi de la prise que l’on
doit alors modifier.
L’emplacement d’une prise directe en rivière doit être choisi en un endroit du cours
d’eau où la variation du lit est peu probable.

20
La prise directe peut être frontale ou latérale.
 prise frontale. – L’entrée de la prise est disposée normalement à la direction
d’écoulement du cours d’eau. L’alimentation est meilleure quand le débit à prendre dans
la rivière est important, mais les matériaux d’érosion dans les cours d’eau torrentiels
pénètrent aussi plus facilement dans le canal qui doit être fréquemment curé.

 prise directe latérale. – on évite cet inconvénient par une prise latérale et on évite de
placer dans le lit du cours d’eau tout ouvrage qui peut provoquait des dépôts.
Si pour des raisons locales on a adopté une prise frontale et si des inconvénients se
manifestent on peut souvent la transformer en prise latérale.

2.4.2. : Prise d’eau avec barrages.


a) Avantages.
Les prises d’eau avec barrage sont les plus employées car elles présentent beaucoup
d’avantages:
 Le plan d’eau de la rivière est relevé, ce qui permet de dominer un périmètre irrigable
plus étendu.
 Le niveau d’eau à la prise conserve une fixité à peu près constante.
 L’alimentation de la conduite de dérivation est assurée pour autant que le cours d’eau
porte au moins le débit nécessaire à cette conduite, les eaux s’accumulant derrière le
barrage est pouvant, s’il est nécessaire passer entièrement dans la conduite.

b) classification. on distingue les catégories suivantes de barrages :

 D’après le niveau de l’eau : nous distinguons les barrages d’exhaussement et


barrages d’accumulation. Les barrages qui jouent seulement un rôle
d’exhaussement sont principalement ceux des aménagements de basse chute (H
< 10 m) généralement situés en basse vallée. Les barrages d’accumulation sont
ceux des aménagements de moyenne et grande hauteur (10m <H).

Les barrages d’accumulation peuvent avoir des buts ou utilisations différentes


et souvent multiples : eau potable, irrigation, énergie hydroélectrique,
protection contre les crues…….

 D’après la structure : Suivant la structure du barrage, deux types de barrages


sont à distinguer : les barrages fixes et barrages mobiles. Les barrages fixes
créent une obstruction pratiquement invariable du lit du cours d’eau sur lequel
ils sont construits. Les barrages mobiles, au contraire, comprennent des
éléments amovibles (bouchures mobiles) qui permettent de faire varier
l’obstruction créée dans le cours d’eau et, par suite, de régler le niveau du plan
d’eau en amont en fonction du débit.

 Selon le type de matériaux et le mode de résistance à la poussée de l’eau.


Les barrages sont souvent classés sur la base du type de matériaux de
construction ou sur la méthode de résistance à la pression de l’eau.

21
Les principaux types de barrages sont : Barrages rigides (en matériaux assemblés) :
Barrages poids, Barrages voûtes, Barrages à voûtes multiples et Barrages à contreforts ;
Barrages en remblais (en matériaux non assemblés), Barrages en terre et Barrages en
enrochement

c) Aménagement des barrages d’irrigation


Deux grands types d’aménagements sont à distinguer : aménagement par dérivation et
aménagement par accumulation.

L’aménagement par dérivation est juste un aménagement pour dériver une quantité d’eau
sans pour autant procéder à une certaine accumulation indispensable. Les schémas ci-dessous
illustrent leur différence

Aménagement par dérivation

Aménagement par accumulation

Le tableau suivant détaille les termes, définitions et symboles du schéma précèdent.

22
Termes Définitions Symboles

Niveau (ou cote) des Cote correspondante aux dépôts solides dans la retenue NS

dépôts solide (m)

Niveau (ou cote) du lit de Cote du point le plus bas du fond du lit du cours d’eau NF

l’oued (m) en correspondance avec le parement amont du barrage

Niveau (ou cote) minimal Cote minimal du niveau de l’eau dans la retenue où Nmin

d’exploitation (m) l’eau accumulée peut être dérivée par la prise d’eau

pour l’utilisation prévue

Niveau (ou cote) normal Cote du niveau de l’eau dans la retenue à laquelle RN

de la retenue (m) commence le déversement dans l’évacuateur de crues.

Niveau (ou cote) des plus Cote maximale à laquelle peut arriver le niveau de PHE
hautes eaux (m)
l’eau dans la retenue au cas où se produirait le plus

important phénomène de crue prévu

Niveau (ou cote) de la Cote du plan de la crête du barrage, à l’exclusion des NCR

crête (m) parapets et d’éventuels murs de protection contre le

batillage

Hauteur de retenue Dénivelée entre le niveau normal de la retenue et celui hRN

normale (m) du lit de l’oued

Hauteur hors sol (m) Dénivelée entre le niveau de la crête et celui du lit de H

l’oued

Surélévation de crue (m) Dénivelée entre le niveau des plus hautes eaux et celui hL

de la retenue normale. Ce sur-remplissage représente la

charge maximale exercée sur le déversoir en

correspondance de la crue de projet.

Revanche Dénivelée entre le niveau de la crête et le niveau des hR

plus hautes eaux

Hauteur maximale du Dénivelée existant entre la cote du plan de crête et hm

barrage (m) celle du point le plus bas de la superficie de fondation

23
(à l’exclusion d’éventuelles sous-structures

d’étanchéité)

Tranche morte (m3) Volume de retenue situé au-dessous du niveau Vmin

minimal d’exploitation et destiné à l’envasement

Volume utile de la Volume d’eau compris entre la cote normale de la VU


retenue
retenue et la cote minimale d’exploitation : ce volume
3
(m )
comprend la tranche utilisable et celle correspondant

aux pertes par évaporation et par infiltration

Volume de laminage Volume compris entre la cote des plus hautes eaux et VL

la cote normale de retenue

Volume (ou capacité) Volume total d’eau compris entre la cote normale de V

totale de retenue (m3) la retenue et la cote du lit de l’oued

2.5.Ouvrages annexes au barrage de prise pour irrigation


Les principaux ouvrages annexes au barrage d’irrigation sont de deux catégories à savoir
les évacuateurs des crues, les ouvrages de vidange et le bassin de dissipation d’énergie.
Les évacuateurs des crues sont des déversoirs à seuil épais ou des canaux à surface libre
munies des vannes de réglage (ou pas) placées en amont. On peut aussi façonner d’autres formes
d’évacuateurs des crues suivant le relief et la conception des ingénieurs maîtres d’ouvrages.
Les déversoirs de crue sont des ouvrages annexes aux barrages, qui permettent la restitution
des débits de crues excédentaires (non stockés dans le réservoir) à l’aval du barrage.
D’une importance primordiale pour la sécurité du barrage, les déversoirs doivent être en
mesure d’empêcher le débordement de l’eau par-dessus du barrage et l’apparition de
phénomènes d’érosion à l’aval du barrage dans la zone de rejet dans l’oued. Les déversoirs
peuvent être groupés en deux principaux types : les déversoirs de surface et les déversoirs en
charge

a) Déversoir de surface

Il s’agit du type le plus communément utilisé et aussi le plus fiable. L’évacuateur de surface
débute par un seuil. Ce seuil dans un chenal à faible pente qui amène l’eau à l’aval du barage.
L’eau emprunte ensuite le coursier dont la pente permet de rattraper la différence de cote entre
le niveau de la retenue et celui de l’oued à l’aval. Le coursier aboutit soit directement dans
l’oued (différence de cote faible), soit dans un bassin d’amortissement (cas de forte pente).

24
Le déversoir du type latéral est adopté dans le cas où la pente du versant est faible. Ce
type d’ouvrage repose directement sur le sol et n’est donc soumis à des tassements sous l’effet
du massif du barrage. Si la pente du versant est forte, un déversoir latéral conduit à des déblais
important et un déversoir frontal est alors préférable. Ce type de déversoir est également utilisé
dans le cas de débit évacué très important conduisant à une longueur du seuil très important.

 Déversoir en charge
Ils peuvent être du type puits ou type siphon.

25
L’évacuateur en puits est un ouvrage en béton de forme circulaire. Il évacue l’eau par
chute verticale dans la conduite enterrée débouchant à l’aval de la digue dans un bassin de
dissipation. La conduite d’évacuation joue le rôle de conduite de vidange.
L’évacuateur en siphon est constitué d’une simple conduite qui fonctionne par
aspiration. Cette conduite peut être incorporée dans la digue (barrage) ou, de préférence, posée
dans une tranchée latérale creusée dans la berge. Des grilles installées à l’entrée de l’évacuateur
permettent d’éviter l’obstruction par les corps flottants.

 Choix du type de déversoir


Le choix entre un déversoir de surface et un déversoir en charge dépend :
 de l’importance des débits à évacuer ;
 de la dénivellation entre la cote des plus hautes eaux et celle du lit de l’oued dans
la zone de rejet des eaux à l’aval ;
 de la nature des terrains traversés par l’ouvrage, en particulier par le canal ou
coursier (rendant nécessaire ou pas le revêtement).

Dans tous les cas, il est recommandé de concevoir l’évacuateur de crues le plus simplement
possible afin de circonscrire les coûts dans les limites raisonnables. Il faut noter que les
déversoirs en charge ont, par rapport aux déversoirs de surface :
 une marge de sécurité beaucoup moins grande, due aux variations du débit en fonction
de la charge nettement moins élevée.
 Un coût de réalisation plus élevé

b) Les ouvrages de vidange

Les ouvrages de vidange sont constitués en général par une ou plusieurs conduites
métalliques ou en béton armé traversant le barrage à sa base. Ils assurent les fonctions
suivantes :
26
 Assurer le réglage de la montée du plan d’eau pendant le premier remplissage du réservoir.
 Abaisser le niveau de la retenue pour rendre possible la visite et l’entretien du réservoir.
 Effectuer les chasses pour évacuer les vases accumulées au fond

c) Bassins d’amortissement ou de dissipation d’énergie

Ce sont des ouvrages associés au déversoir qui ont pour rôle de dissiper l’énergie cinétique
de l’eau à la sortie aval du chenal, du coursier ou de la conduite (suivant le type de déversoirs).
La création d’un ressaut hydraulique, transforme un courant torrentiel (rapide) en un courant
fluvial (lent) pouvant être restitué sans risque dans le lit de l’oued. La figure suivante illustre
les différents types d’ouvrages de dissipation d’énergie.
Les dissipateurs nécessitent la présence d’un lit en matériau rocheux très compact et stable
pour éviter les affouillements.

Figure : Types de Bassin de dissipation d’énergie

27
CHAPITRE 3. CONCEPTION GENERALE ET METHODES DES RESEAUX
D’IRRIGATION.

3.1. Introduction
Le but précis de l’irrigation varie avec les conditions climatiques, culturales, démographiques
des régions dans lesquelles elle est développée et pratiquée :
Dans les pays qui reçoivent moins de 200 à 250 mm d’eau par an, pays qualifiés
désertiques, l’irrigation conditionne la culture sur des terres vouées autrement à la stérilité :
c’est une activité obligatoire. Mais dans ce cas le problème à résoudre dépasse loin de celui
purement technique de l’aménagement d’un réseau d’irrigation et c’est dans un cadre général,
à la fois économique, financier, démographique et cultural, que l’étude doit être poursuivie.
Dans les autres pays, où une organisation culturale préexiste, l’irrigation peut être
avantageuse à introduire: soit pour accroitre le rendement moyen des récoltes et même
empêcher leur destruction pendant les années de grandes sècheresses; soit pour permettre la
culture d’espèces qui, sans irrigation, ne pourraient y être cultivées (riz, par exemple) ; soit
enfin pour permettre, parfois, d’effectuer deux récoltes chaque année. Il s’agit d’irrigation
de « complément ».
Mais comme dans ces régions, l’irrigation ne conditionne pas la culture, comme parfois
elle est même inutile les années humides, elle rencontre souvent auprès des cultivateurs soit
défiance, soit indifférence.
Cependant au point de vue d’un plein rendement agricole de régions déjà évoluées et de la
régularité de leurs récoltes, ces irrigations présentent un intérêt économique tout particulier et
devraient, dans la conjecture actuelle, être développées. En fait le mouvement d’intérêt est
d’ores et déjà créé et l’on voit de plus en plus des réalisations de cette catégorie.
Cependant les projets de cette nature, en raison de même de leur caractère de
« complément », doivent être sérieusement étudiés du point de vue financier et technique et
ne nécessiter qu’une infrastructure de base moins onéreuse, donc plus légère pour les réseaux
des régions où l’irrigation est absolument indispensable.

3.2.Périmètre dominé, irrigable, irrigué


 En aménagement hydroagricole, le terme « périmètre » désigne pratiquement
la «surface » limitée par un périmètre.

 En irrigation, on appelait périmètre dominé toute la surface, quel que soit sa nature
(terres, routes, villages, forets,) dominée par la conduite d’amenée (conduite principal,
canal tête morte) et susceptible, en conséquence, d’en recevoir de l’eau par gravité.
En réalité ce terme a perdu son sens précis depuis que le développement du pompage
mécanique permet d’arroser des zones situées à des côtes plus élevées que le canal principal. Il
voudrait donc mieux parler maintenant de périmètre d’irrigation, quoique les termes périmètre
dominée restent d’usage.
 La partie du périmètre d’irrigation susceptible d’être arrosée avec profit s’appelle
périmètre irrigable.

28
 La fraction du périmètre irrigable qui en est effectivement arrosée est le périmètre
irrigué.
Les rapports entre ces dimensions de ces différents périmètres sont extrêmement
variables selon les régions, l’importance et l’évolution des projets.

3.3.Rôles et fonctions d’un réseau d’irrigation


Un « réseau d’irrigation » sera l’ensemble des organes, ouvrages et appareils qui
assureront la prise, le transport, la répartition et la distribution à chaque exploitation agricole,
même à chaque parcelle, des eaux destinées à l’arroser, sans oublier les ouvrages qui doivent
éventuellement évacuer les eaux en excès.
Apres avoir été captés, les eaux doivent éventuellement être stockées, en tous cas
amenées sur les lieux d’utilisation, qui se trouvent parfois loin du captage, en quantité voulue
et au moment propice.
Il s’agit de résoudre un problème extrêmement vaste et complexe car les quantités d’eau
à transporter sont le plus souvent très importantes et tous les irrigants désirent arroser en général
à la même période, de toute façon à des moments très voisins.
C’est grâce à un ensemble d’ouvrages, que l’on trouve, plus ou moins développés, dans
presque tous les réseaux, que le problème est résolu et que les différentes fonctions de base sont
assurées.
3.4. Méthodes d’irrigation
Les différentes techniques d'arrosage peuvent être rangées en cinq classes :
 L'irrigation par ruissellement.
 L'irrigation par submersion
 L'irrigation par infiltration
 L'irrigation par aspersion.
 L'irrigation localisée ou Micro-Irrigation.

a) Irrigation par ruissellement ou par déversement : L’eau distribuée par les rigoles
ruisselle sur le sol et s'y infiltre verticalement.
Le ruissellement, défini d'une façon générale, consiste à faire couler sur le sol en pente une
mince couche d'eau; On laisse l'eau couler tout le temps qu'il faut pour que le sol s'humecte
jusqu'à la profondeur voulue.
On appelle encore ce système « irrigation par déversement » parce que l'eau se déverse
généralement par le bord d'une rigole à peu près horizontale en une lame ruisselante.
La méthode type d'irrigation par ruissellement est l'arrosage à la planche, toutes les autres en
étant dérivées. Aussi c’est de cette méthode, qui en pratique s'applique essentiellement à
l'arrosage des prairies.

29
On divise la surface à irriguer dans le sens de la plus grande pente en planches rectangulaires
allongées de longueur L et de largeur λ et de surface s égale à la surface de l'unité parcellaire
d'arrosage.
Le côté supérieur de la planche, pratiquement horizontal, est occupé par la rigole d'amenée
de l'eau qui a donc pour longueur largeur λ de la planche ; le côté inférieur est occupé par la
rigole
b) Irrigation par submersion : L'eau submerge le terrain et s'y infiltre complètement, à
moins qu'on ne provoque, au bout d'un certain temps, l’écoulement de l'eau non encore
infiltrée dans des colatures.
Le système d'arrosage par submersion ou inondation consiste à recouvrir le sol d'une couche
d'eau plus ou moins épaisse ; On l'y laisse séjourner pendant le temps nécessaire pour qu'elle
pénètre par infiltration à la profondeur utile permettant ainsi au sol de mettre en réserve l'eau
indispensable au développement des cultures qui y seront ensuite pratiquées.
Cette méthode est fort différente de la méthode précédente ruissellement sur « une planche »,
dans laquelle l'eau court sur la surface du sol pendant toute la durée de l'arrosage avec un débit
calculé en rapport avec la perméabilité du sol, de telle façon que l'eau amenée est en presque
totalité absorbée au fur et à mesure sans s'accumuler.
Mais lorsque le terrain présente une pente très faible (inférieure à 2%0 environ) le
ruissellement devient irrégulier et la lame mince d'eau n'est pas uniforme.
On a intérêt alors à arroser avec un débit supérieur à celui qui serait absorbé immédiatement
par le sol de telle façon que l'eau s'accumule et dort, en principe,
pendant la durée de l'infiltration.
D'ailleurs la quantité totale d'eau apportée dans
un tel arrosage dépasse nettement en général la dose d'arrosage précédemment définie comme
devant être juste suffisante à l'humectation du sol et aux besoins des plantes.
 Principes d'aménagement du terrain.
Pour submerger une certaine étendue de terre, il faut évidemment l'entourer de digues, donc
créer des bassins dans lesquels on fait arriver l'eau.
Le sol du bassin submergé doit être aussi plat et horizontal que possible.
L'eau est maintenue dans les bassins jusqu'à infiltration complète ou bien est évacuée après
un temps
plus ou moins long, compte tenu des besoins des cultures et suivant les conditions
atmosphériques naturelles.
L'arrosage est intermittent car le sol doit pouvoir se ressuyer complètement entre deux
submersions. Il faut en effet permettre aux phénomènes respiratoires de reprendre leur activité,
condition essentielle de succès et il est préférable de renoncer à la submersion si le sol est trop
imperméable et ne peut suffisamment s'égoutter naturellement ou par drainage.
c) Irrigation par infiltration : L'eau ne ruisselle pas à la surface du sol, elle coule dans des
fossés, rigoles ou raies et pénètre par infiltration latérale jusqu'aux racines des plantes.

30
Parfois, dans ce cas, on combine l'irrigation et le drainage, mais cela seulement
dans un nombre très limité de cas particuliers.
L'irrigation par infiltration diffère des méthodes précédentes parce que l’eau n’est pas
déversée sur le terrain et n’en recouvre pas la surface.
Répartie dans un ensemble de rigoles, elle y reste sans jamais déborder et s’infiltre dans le
sol latéralement ou de haut en bas et humidifie ainsi toute la masse de terre comprise entre les
rigoles. Aucune modification n'est apportée à la topographie du terrain.
Théoriquement une rigole d'infiltration doit pouvoir humecter sur toute sa longueur et à la
profondeur exigée par les plantes cultivées, une masse de terre de largeur égale à la distance
séparant les rigoles.
La profondeur et la largeur humectées dépendent de la nature du sol. Si le terrain est
perméable, la descente verticale est rapide mais aussi l'humidification par capillarité se fait sur
une grande largeur ; il faudra donc éloigner les rigoles, qui seront courtes pour ne pas perdre
trop d’eau dans le sous-sol par infiltration profonde ; s'il est assez imperméable la descente est
lente et aussi la dispersion de l'eau latéralement ; il faudra, dans ce cas, rapprocher les rigoles
et allonger la durée de l’arrosage.
 Avantages et inconvénients du système.
Les principaux avantages de l'irrigation par infiltration sont les suivants
 Frais réduits d'aménagement du sol,
 Terrain accessible en tout temps pour les travaux, les sillons seuls étant en eau. - Sol
sans tassement notable ; pas de formation de croûte superficielle, pas de danger
d'érosion du sol.
 Feuillage des plantes qui n'est pas mouillé, ce qui évite certaines maladies.
 Système convenant particulièrement aux plantes que l'on cultive à faible écartement.
Par contre plusieurs inconvénients du système sont assez sérieux ; ce sont :
 la lenteur de l’arrosage,
 la gêne causée par les sillons pour les déplacements latéraux,
 les besoins importants en main-d’œuvre
 les pertes d'eau très importantes, notamment lorsque les sillons ont une longueur
importante.

d) Irrigation par aspersion : L'eau parvient alors aux cultures d'une façon qui limite la
chute naturelle de la pluie grâce à l'utilisation de divers appareils de projection alimentés
en eau sous pression.
L’irrigation par aspersion est un système d'arrosage qui consiste à distribuer l'eau sous forme
de pluie sur le sol.
Très employée depuis longtemps par les jardiniers, les horticulteurs et les arboricultures pour
les cultures maraîchères, florales, arbustes, fruitières, les pelouses, l'aspersion tend, vu les gros
avantages qu’elle présente et que nous énumérons plus loin, à être utilise de plus en plus en
grande culture.

31
Dans toutes les méthodes précédentes, l’eau est distribuée avec plus ou moins d’uniformité
sur le sol par des rigoles et elle y pénètre dans des conditions plus ou moins favorables suivant
sa régularité et sa pente.
Ici l’eau tombe naturellement sur le sol, donc dans les mêmes conditions que les
précipitations atmosphériques et s’y infiltre, compte tenu seulement de la perméabilité du sol.
La méthode d’irrigation par aspersion se divise en branches suivantes :
 Irrigation par des rampes fixes
 Par rampes fixes permanentes
 Par rampes fixes semi- permanentes
 Par rampes fixes portatives
 Irrigation par des rampes mobiles
 Par des rampes pivotantes (pivots)
 Par des rampes frontales
 Par des rampes avec roues
 Par des enrouleurs
 Avantages de l'aspersion.
 Elle ne nécessite aucun aménagement préalable de la surface à irriguer :
 la méthode peut être employée aussi aisément sur des terrains à relief accidenté
que sur des terrains à pente nulle;
 elle permet en conséquence d'éviter les travaux de terrassements toujours
couteux;
 elle laisse disponible pour les cultures la totalité de la surface du terrain
arrosable, les canaux et rigoles étant supprimés elle facilite l'exploitation du sol
 elle permet l'emploi aisé des machines qui ne rencontrent aucun obstacle à leur
utilisation.
 Elle peut être employée quelle que soit la nature du sol arrosé, même s'ils sont très
perméables. Or, sur un sol très perméable, les autres systèmes d'irrigation (infiltration,
ruissellement, etc.) ne peuvent être utilisés rationnellement.
 Elle provoque une forte oxygénation de l’eau projetée en pluie. On peut donc utiliser
des eaux acides et certaines eaux résiduaires dont les autres méthodes ne permettraient
pas l'emploi.
 On peut aussi utiliser éventuellement les engrais et tous les fertilisants ou désinfectants
que l'on dilue dans l'eau on répand ainsi sur le sol, avec économie, les produits
employés.
 Elle réalise une importante économie d'eau par comparaison avec les autres systèmes
d’irrigation.
 Elle permet un dosage précis et une répartition régulière des quantités d'eau distribuée.
On peut en effet arroser très exactement les seules surfaces cultivées en employant la
quantité d’eau strictement utile, sans perte par infiltration par le fond des canaux et
rigoles et par évaporation à leur surface.
 Elle supprime le contrôle rigoureux des quantités d'eau distribué puisque le débit des
appareils d’arrosage est connu ; on économise l'eau dans une proportion allant jusqu'à
50 % par rapport à l’arrosage par ruissellement.

32
 Elle met à la disposition des exploitants des conditions d'arrosage très souples ; les
installations peuvent facilement être individuelles ou d'intérêt local sans soulever des
impossibilités techniques ou financières comme cela se produirait souvent avec les
autres systèmes. C'est que l'aspersion ne demande pas systématiquement de « grands
travaux».

 Inconvénients de l'aspersion.
 On a l'habitude de considérer que l'inconvénient majeur de l'aspersion réside dans le fait
qu'elle nécessite au départ, pour chaque irrigant, une dépense importante de premier
établissement (frais de matériel) et qu'elle exige souvent une nombreuse main-d’œuvre
d'exploitation.
En fait, cet inconvénient est sans doute moins important qu'on ne le pense habituellement ;
en effet les investissements nécessaires pour une telle installation ne sont pas plus onéreux que
l'aménagement de tout autre système d'irrigation le coût du matériel et les frais de sa mise en
place sont compensés par la suppression des travaux de terrassement du sol et des travaux
périodiques de son aménagement (rigoles).
De leur côté les frais d'exploitation sont compensés par la rapidité des arrosages, par la
possibilité d'arroser la nuit sans surveillance et par les économies d'eau.
Enfin, il est toujours possible de réserver cette méthode à des systèmes de culture intensifs
et rémunérateurs. On ne se décidera d'ailleurs pas pour l'emploi de la méthode d'irrigation par
aspersion sans une étude technique et économique sérieuse ; et comme il doit en être ainsi,
d'ailleurs quelle que soit la méthode employée la comparaison des études faites permettra le
choix judicieux d'une méthode par rapport aux autres.
 Elle favoriserait l'évaporation qui est d'autant plus intense que les gouttelettes sont plus
fines et l'air plus sec. Mais si une partie de l'eau projetée tombe sur les feuilles des
plantes cultivées et s'évapore rapidement, ce n'est pas sans utilité pour la végétation, car
ce lavage des parties foliacées est en effet très recommandé dans certaines cultures
fruitières. De plus, on peut pratiquer des arrosages de nuit pour éviter une évaporation
trop intensive, l'évaporation diminuant très sensiblement avec la température.
 Elle provoquerait le développement des mauvaises herbes.
 On peut également risquer à la floraison des accidents dans la fécondation (coulure), et
à la maturation un retard et une diminution de la qualité des produits, et, d'une façon
générale, un développement foliacé excessif aux dépens des graines et des fruits.
 Enfin I ‘aspersion tasserait le sol.
Cette action est assez difficile à comparer avec l'action correspondante des autres systèmes
d'arrosage car, ici, le tassement s'opère de façon différente.
Dans l'aspersion il se produit une suite de chocs qui désagrègent les agrégats; l'eau et la terre
forment alors une boue qui durcit ensuite plus ou moins suivant la nature du sol et forme souvent
une croûte.
La submersion provoque plutôt un tassement en profondeur ; par contre la méthode des
sillons ne produit pas le tassement notable.

33
D'autre part, pas plus que les autres méthodes, l'aspersion ne met à l'abri des dangers
d'érosion, par exemple si l'on utilise de gros débits (800 m3 par hectare et par heure et même
davantage) qui dépassent la capacité d'infiltration du sol. Mais à condition de bien conduire les
arrosages on évite dans la plus grande mesure le tassement et l'entrainement des terres.

e) Irrigation goute à goute ou localisée, ou micro irrigation : L'eau est distribuée à la


surface du sol, ou dans des rigoles, par de nombreux goutteurs » qui fournissent chacun
un débit très faible mais, chaque fois, pendant une longue durée pouvant aller jusqu'à un
arrosage quasi continu. De plus, on humecte non la totalité du sol, mais simplement une
fraction (0,20 à 0,80 suivant les cas) correspondant à celle occupée par les racines des
plantes.

3.5.Schéma et éléments d’un réseau d’irrigation

a) La prise
La prise est généralement constitué par un ouvrage principal appelé « barrage » (pour
les prises avec barrages) et ses accessoires (vannes d’admission, vannes de chasse des
sédiments, vannes d’évacuateurs des crues, déversoirs des crues, bassin de dissipation
d’énergie..).
Les barrages déversoirs généralement utilisées sont des barrages types « Cregler » dont
leur fonctionnement normal a été approuvé, et leur mode de dimensionnement universellement
reconnu.

Les prises sur les rivières sont placées sur les émissaires pour alimenter les canaux
d'irrigation. Elles comprennent essentiellement selon le type du barrage:
 Un seuil réalisé en béton armé et en maçonnerie de moellons avec comme parties
principaux:
 le seuil ;
 le radier ;
 les murs bajoyers ;
 bassin de dissipation.
 Une passerelle généralement en béton armé équipée de garde-corps pour franchir
l'émissaire ;

34
 Des vannes pour permettre d’évacuer les sédiments qui s’accumulent en amont du seuil
et augmenter la capacité du seuil à évacuer les crues en période de hautes eaux (vannes
complètement ouvertes) ;
 Une prise pour les conduites d'irrigation en rive droite et/ou gauche munie d'une vanne
contrôlant de l’eau d’irrigation et d’une grille;
 En fonction de la configuration des berges de l'émissaire, des gradins de gabions à l'aval
pour protéger les talus de l'émissaire en cas de forte crue et un renforcement des talus à
l'amont et à l’aval de l'ouvrage.
b) Le dessableur

Le dessableur est un ouvrage à ciel ouvert dont les dimensions sont fonction de la
vitesse de décantation et du volume à décanter.
Son rôle est de se débarrasser des charriages et des sables entraînés à la prise par la
vitesse de l’eau. Il ne permet pas d’éliminer les particules très fines qui aillent dans les terres
irriguées.
Le rôle de l’ouvrage dessableur est primordial dans la rétention des sédiments et la
protection des canaux d’adduction et de distribution contre l’envasement.
Un bon dessablage des eaux dérivées de la rivière permet d’assurer un fonctionnement
optimum des infrastructures et de réduire les charges récurrentes au curage des canaux.
Le système de dessablage généralement adopté est constitué d’un dessableur à double
bassin fonctionnant à tour de rôle (lorsque un bassin est fonctionnel, l’autre sera au repos ce qui
permettra son nettoyage et sa purge).
Ceci permet d’assurer une alimentation continue de l’aménagement hydro-agricole
indépendamment des opérations de nettoyage nécessaires de temps en temps en fonction du
degré de remplissage de l’un des bassins.
Les bassins du dessableur sont raccordés séparément au canal de prise (amont) et
débouchent indépendamment au niveau du départ du canal adducteur (aval).
L’alimentation du dessableur à partir du canal de prise est assurée moyennant des
ouvertures vannées permettant l’isolement de chaque compartiment en cas de nécessité.
Chaque compartiment alimente le canal adducteur à travers un seuil déversoir exécuté
au niveau de l’extrémité aval du dessableur.
La vidange des bassins de décantation est assurée à travers des ouvertures vannées qui
chassent le fond des bassins et évacuent les sédiments décantés vers un canal de châsse qui les
renvoie vers la rivière.
Au fil du temps de fonctionnement, les matières en suspension transportées par les eaux
dérivées du cours d’eau se déposent et s’accumulent au fond du bassin de dessablage.
A partir d’un certain degré de remplissage, le compartiment doit être arrêté pour assurer
son nettoyage et l’autre compartiment prend la relève. L’opération de nettoyage consiste à
évacuer tous les sédiments accumulés au fond du bassin.

35
Pour assurer cette opération, l’extrémité aval de chacun des deux bassins du dessableur
est équipée d’une ouverture qui chasse le fond du bassin. Ces ouvertures sont équipées de
vannes permettant la fermeture (fonctionnement normal) et l’ouverture (nettoyage) en fonction
du besoin.
c) Le canal de chasse et le déversoir de sécurité.

Le canal de chasse des sédiments est un ouvrage permettant la chasse des sédiments
décantés dans le dessableur et les transporter vers l’émissaire où généralement l’eau a été capté.
Ce canal est en général connecté à un autre chenal venant du déversoir de sécurité.
Ce dernier a pour rôle principal de protéger les ouvrages de traitement d’eau, de
transport, de répartition et de distribution d’eau dans les parcelles lorsque les vannes
d’admission laissent passer un débit supérieur au débit de dimensionnement de ces derniers
ouvrages.
d) L’amenée des eaux : la " tête morte".

Les eaux d’irrigation dont on dispose ne sont pas, en général, destinées à être utilisées
à proximité de la prise ou du captage. Il faut les conduire aux lieux d’utilisation par des moyens
appropriés.
D’autres parts les lieux d’utilisation effective sont compris à l’intérieur de ce qu’il est
convenu d’appeler le « périmètre irrigable » qui se présente le plus souvent, sous l’aspect d’une
surface topographiquement irrégulière pour la distribution des eaux.
Il est nécessaire de les amener si possible dans la partie haute du périmètre irrigable
afin que chacune des parcelles à arroser puisse être disposée à recevoir l’eau nécessaire en
principe par gravité; si cela n’est pas possible, on amène les eaux en un point propice du
périmètre, d’où on les reprend par élévation mécanique.
Pour dégager un principe général, nous allons résonner sur un cas qui se trouve souvent,
celui d’une prise en rivière, à l’aide d’un schéma suivant :

36
Les possibilités techniques.
 Techniquement, pour amener en Ha, point haut du périmètre à irriguer les eaux de la
rivière(R), il existe deux modes de transport qui entrainent des modalités extrêmement
différentes. L’une est de choisir un point de prise 1 suffisamment en amont sur la rivière
(R) de façon à pouvoir tracer un canal d’amenée (ou « tête morte ») qui amènera par
gravité en Ha et ensuite dans le canal principal qui domine les eaux nécessaires à
l’irrigation de ce périmètre.
 L’autre possibilité est de construire sur le bord de la rivière, en 4, choisi de telle façon
que le trajet Ha4 soit minimum, une station de pompage P qui refoulera les eaux dans
la conduite de refoulement 4Ha, laquelle alimentera le canal principal qui domine le
périmètre.
Ces deux solutions extrêmes appellent des observations:
 En effet, s’il est intéressant au point de vue économie de l’exploitation, d’être alimenté
par gravité, il ne faut pas oublier que les travaux d’établissement d’une ‘’tête morte’’
très longue sont onéreux et que, le long du canal, qu’il faut d’ailleurs entretenir, se
produisent des pertes d’eau très sensibles.
 Au contraire la solution par pompage entraine des dépenses moins importantes en
général de premier établissement, mais des dépenses d’exploitation (main-d’œuvre,
énergie, entretien, renouvellement des machines, etc….) très fortes.
C’est pourquoi lorsqu’un projet de ce genre est envisagé, seule une étude précise des
deux solutions pourra permettre de déterminer celle qui est la plus économique.
 Possibilité d’une desserte combinée. – de plus on doit même envisager la possibilité
d’une irrigation combinée, c’est-à-dire la desserte d’une partie du périmètre par gravité
et la desserte de l’autre partie par pompage. C’est souvent une solution de ce genre qui
pourra permettre la réalisation la moins onéreuse.

37
Le fractionnement du périmètre peut d’ailleurs être envisage de plusieurs façons
différentes.
 On pourra par exemple placer la prise à une côte moyenne en 2, et la tête morte
2Hb alimentera, d’une part le canal Hb B desservant la partie basse du périmètre,
et, d’autre part, une station de pompage P’ placée en Hb qui refoule par une
conduite P’Ha l’eau nécessaire à l’irrigation de la partie haute du périmètre qui
est distribuée par le canal HaA.
 On aurait pu tout aussi bien placer la prise à une côte encore inferieure, en 3, et
établir une tête morte 3Hc alimenta le canal HcC et la station de pompage P’’.
cette station pourra d’ailleurs, refouler directement en Ha l’eau nécessaire à la
partie haute du périmètre, ou seulement en Hb où un nouveau partage se fera
entre le canal Hb B et P’ qui ne refoulera plus haut en Ha que l’eau nécessaire à
l’irrigation du périmètre comprise entre Ha A et Hb B.
On peut concevoir enfin une chaine P’’’ P’’P’ de stations de pompage.
On voit ainsi toute la souplesse que donne la possibilité d’établir où cela semble utile une ou
plusieurs stations de pompage mécanique. La topographie du terrain ne commande plus
exclusivement l’ordonnancement du projet.
L’erreur de beaucoup de projets anciens a été de placer la prise à une côte trop élevée
du point de vue économique, les autres des projets ayant eu tendance à vouloir irriguer le
maximum de bonne terres sans vouloir, ou pouvoir, recourir, à l’élévation mécanique des eaux.
e) La répartition-conduites de divers ordres.

 Nature du réseau de répartition


À la suite de la tête morte, ou au débouché de la conduite de refoulement, se trouve le
réseau proprement dite de répartition et de distribution.
Ce réseau est constitué de conduites ramifiées qui peuvent être:
 des canaux et aqueducs à écoulement libre ;
 des conduites sous pressions à la surface ou enterrées ;
 un ensemble de conduites des deux sortes.
Dans les réseaux mixtes, les conduites maitresses à gros débit seront des canaux, ce qui
n’empêche d’ailleurs pas le relèvement mécanique des eaux d’un canal d’amenée vers un canal
qui lui succède à une cote plus élevée.
A partir de ces conduites maitresses des stations de pompage alimentent des réseaux de
distribution, à rayon d’action limité, constitués par des conduites sous pression.
 Les réseaux classiques
Les éléments essentiels d’un réseau d’irrigation de type classique dans lequel tout le
transport de l’eau se fait par gravité dans des conduites à écoulement libre sont essentiellement
les suivantes:

38
 Le canal principal qui se trouve au débouché de la tête morte ; c’est à partir de ce canal
que l’irrigation de la toute « zone » intéressée va s’alimenter. Ainsi il domine à flanc de
coteau toute la zone du périmètre qu’il doit arroser. Il se termine par un canal de fuite
qui ramène à la rivière les eaux non utilisées, ou par un drain ou collecteur.

 Les canaux secondaires qui s’alimentent au canal principal sont capables d’arroser
le « secteur» grâce à des canaux tertiaires qu’ils alimentent et qui dominent chacun un
« sous-secteur ».

 Les canaux de dernier ordre (en général les canaux tertiaires) alimentent les rigoles de
distribution (on dit parfois « arroseurs ») qui amènent l’eau aux parcelles à irriguer. Les
rigoles de distribution portent parfois le nom de canaux quartenaires ; elles arrosent
un « quartier ».

 Les réseaux modernes sous pression


Dans un grand nombre de réseaux modernes, la distribution des eaux se fait, à partir
d’un canal (conduite) principal et des canaux secondaires par un réseau de conduites sous
pression desservant chacun une zone limitée du périmètre.
Dans un tel réseau il n’y a plus des canaux tertiaires dont le rôle est tenu par les
conduites du réseau sous pression.
Ce réseau est mis en charge par une station de pompage s’alimentant au canal.
 Les réseaux miniatures des lacs collinaires
Dans certaines régions il était possible et avantageux de mobiliser, en vue de
l’irrigation, les eaux de pluie ruisselantes derrière des retenues, de faible capacité unitaire, mais
réalisées à de nombreux exemplaires : ce sont les « lacs collinaires »
Chaque lac possède alors son propre réseau de distribution généralement construit en
canalisations fixes sous pression. L’alimentation s’effectue le plus souvent par gravité ;
cependant la mise en charge mécanique, avec petit réservoir d’équilibre surélevé est parfois
nécessaire pour disposer d’une pression suffisante.
Ajoutons que le terme « lac collinaire » désigne très souvent, non seulement la retenue,
mais l’ensemble du complexe lac-réseau.
f) Les autres principaux éléments des divers réseaux d’irrigation

1) Les canaux.
Le tracé de la tête morte et du canal principal lui-même doit, dans toute la mesure du
possible respecter certaines normes. Les plus importantes sont les suivantes:
 Il doit éviter les terrains trop perméables, surtout quand un revêtement des parois du
canal n’est pas prévu.
 Il doit également éviter les terrains glissants ou que les infiltrations pourraient rendre
tels.

39
 Il faut se méfier enfin des terrains dont la composition chimique altérerait le revêtement
bétonné, s’il doit y en avoir un.
 Il conviendra donc de déterminer exactement la nature des terrains à traverser, leur
consistance et leur porosité.
 Si l’on craint des glissements ou des éboulements de surface on peut envisager des tracés
en souterrains ou en conduite fermée.
 Le tracé de la tête morte et du canal principal lui-même doit, dans toute la mesure du
possible, être aussi court que possible.
 On doit rechercher un équilibre de déblais et de remblais, avec la réserve toutefois que
les remblais doivent être limités et les profils entièrement en remblais à rejeter, sauf
exceptions.

2) Prises pour canaux secondaires (PRCS)


Ces ouvrages sont construits généralement en maçonnerie de moellons, placés sur le canal
primaire et destinés à alimenter les canaux secondaires.
Ils comprennent:
- une prise équipée d'une vannette contrôlant l’admission vers le canal
secondaire/tertiaire;
- un batardeau permettant la régulation du plan d'eau sur le canal primaire; le dispositif
ne doit pas bloquer intégralement le débit sur le canal primaire,
- de manière optionnelle, en fonction de la topographie, l'aval de l'ouvrage sur le canal
principal et la sortie vers le canal secondaire peuvent être équipés d'une chute

3) Prises d’eau pour arroseurs


Ces ouvrages sont constitués d'un tuyau en PVC placé horizontalement dans la berge, calé à 5
cm du fond du canal et ancré dans une tête amont et aval en maçonnerie de moellons.
Le débit qui transite au travers d'une prise est calculé à partir des formules ci-dessous :

4) Déversoirs de sécurité
Ces ouvrages sont destinés à évacuer le débit excédentaire dans une section de canal exposé
à ce risque. Ils comprennent un déversoir latéral avec chute et bassin de dissipation et protection
aval du canal en raccordement avec l'émissaire adjacent.
Les eaux déviées sont évacuées soit directement vers l’émissaire, soit vers le réseau de
drainage par un canal en terre.
5) Chutes sur canaux (CH)
Les chutes sont des ouvrages généralement en maçonnerie de moellons qui comprennent un
seuil, deux parafouilles, un bassin de dissipation et une protection aval du canal par un
revêtement.
Les dimensions du bassin de dissipation sont calculées de manière à dissiper l’énergie
générée par la chute et obtenir un écoulement uniforme à l’aval de l’ouvrage.
6) Coursiers sur canaux (CS)

40
Ces ouvrages sont réalisés lorsque la dénivelée à rattraper dépasse 1.00 m et nécessite la
réalisation d'une succession de chutes rapprochées. Les coursiers sont dimensionnés sur le
même principe que les chutes.
7) Colature des eaux de ruissellement (CO)
Les eaux en provenance des versants arrivent dans le marais sous forme de ruissellement en
nappe ou concentrées dans des ravines, chemins piétonniers ou fossés de pistes. Le
ruissellement en nappe est généralement faible et l'eau en provenance des versants se déverse
dans les canaux qui disposent de la capacité de transit pour supporter l'augmentation de débit
correspondante.
La colature permet d'évacuer les eaux de ruissellement concentrées dans une petite ravine
ou fossé, des fois via un aqueduc.
8) Aqueduc (AQ)
Il permet de faire passer un canal au-dessus d'un autre canal, drain ou émissaire. Ils sont
similaires aux colatures si ce n'est que la largeur de l'aqueduc est fonction du débit du canal "du
dessus".
Ils comprennent une tête amont et une tête aval en maçonnerie de moellons avec parafouilles
; un canal rectangulaire (canal "du dessus") en béton armé posé sur des culées en maçonnerie
de moellons, permet de passer sur le canal "du dessous". De manière optionnelle une chute est
placée à l'aval du canal "du dessus".
9) Partiteurs
Les partiteurs se répartissent en partiteurs proprement dits fixes ou mobiles et partiteurs à
déversoir.

 Partiteur fixe.
Un partiteur fixe divise le volume transporté dans un rapport constant. Il est constitué
par un mur, terminé par un bec aigu parallèle à l'axe du canal, sa position étant fonction du
rapport de division que l'on veut obtenir.

 Partiteurs mobiles
Un partiteur mobile doit permettre de faire passer dans un canal secondaire un débit qui sera
une fraction variable du canal alimentaire.

 Partiteurs à déversoir.
On sait que lorsque l'eau s'écoule par un déversoir le débit est très sensiblement proportionnel
à la longueur du seuil et partage se fait sur le seuil même. Mais les déversoirs ne peuvent
fonctionner sans chute ; il faut donc la créer chaque fois qu’elle n’existe pas.

 Vannes fonctionnant comme partiteurs


Deux vannes de même forme et de mêmes dimensions placées sur un canal dans des
conditions identiques donnent des débits égaux. Si le niveau de l'eau varie dans le canal
alimentaire débits des vannes varient parallèlement. Les vannes peuvent donc jouer le rôle de
partiteurs. Si l'on veut ainsi obtenir un débit double ou triple d'un autre on placera d'un côté
deux ou trois vannes identiques à celle, unique, que l'on place de l'autre côté. I faudra établir
des cloisons séparatives entre la série des vannes pour rétablir des frottements identiques à ceux

41
qui se produisent dans la vanne unique, de façon à obtenir aussi rigoureusement que possible
les débits cherchés.
10) Décharge (DE)

Il permet aux drains de grosse capacité de se vidanger dans l'émissaire principal sans
occasionner une érosion dommageable des berges. Ils sont constitués d'une tête amont, d'une
descente épousant la pente de la berge et d'une tête aval. Suivant les conditions d'exécution,
notamment la possibilité d'atteindre le fond de l'émissaire, il sera éventuellement nécessaire de
placer des gabions pour protéger et asseoir l'ouvrage. Dans ce cas un soin particulier sera donné
à l'exécution des gabions et à leur fondation.
11) Des autres ouvrages comme des siphons, des ouvrages de régulation et de contrôle
d’eau, des modules à masque, des ouvrages de traversée, des ouvrages d’angles,
12) Les pistes et ouvrages connexes (Dalots pour passage des pistes sur les canaux (DP),
Dalots simples sur piste (DC), Ponts sur émissaires (PE), Passerelles piétonnières
(PL)….)

Ci-dessous est joint un schéma classique de l’irrigation

42
CHAPITRE 4 : DIMENSIONNEMENT DES RESEAUX D’IRRIGATION
4.1 Les bases de l’irrigation et études thématiques.

Le calcul d’un réseau d’irrigation nécessite 2 phases essentielles :


 Collecte des éléments de base
 Etablissement des paramètres nécessaires au dimensionnement.
Ces phases se réalisent en général en quatre étapes à savoir le diagnostic, l’APS, l’APD et le
DAO et les appels d’offres.

Les éléments de base indispensables que doit avoir à sa disposition le projeteur sont les
suivants :
 Topographie : plan côté en courbes de niveau à une échelle convenable.
 Etude agro-pédologique (vocation des sols ou d’aptitude des sols à l’irrigation.
 Données climatologiques.
 Ressources en eau (quantité, débit unitaire, débit d’étiage, débit des crues a des
fréquences bien déterminées...).
 Données géologiques et géotechniques
 Contraintes socio-économiques.

a) Etude Topographique

Les levés topographiques de terrain à effectuer consistent généralement en la réalisation


des actions suivantes :
 la réalisation d’une polygonale de base du levé avec l’implantation de bornes
topographiques rattachées au système IGN ;
 le levé du plan côté des zones aménageables ;
 le levé du plan coté du site de la prise;
 le levé du plan côté de l’emprise du canal adducteur.
 La différence d’altitude entre le terrain à irriguer et la source d’eau ;
 Les surfaces dominables ;
 Les accidents de relief : difficultés plus ou moins grandes des tracés des canaux
 Les pentes : Choix de la méthode d’irrigation ;

b) Etude Agro-Pédologique

L’optimisation de la gestion des sols repose sur une meilleure connaissance de leurs
propriétés physico-chimiques et de leur capacité de production (aptitude du sol).

Par aptitude, on entend la possibilité pour un sol de porter une culture ou un ensemble de
cultures dans des conditions écologiques déterminées et pour un degré de technicité défini.
Cette aptitude s'exprime en termes de rendements escomptés pour des cultures appropriées.

43
L’étude pédologique est une composante importante dans tout projet d’aménagement
hydroagricole.
Elle vise :
 la détermination des caractéristiques physico-chimiques des sols,
 leur classification
 leurs aptitudes aux cultures irriguées.

L’étude pédologique influence le choix des cultures pour garantir une meilleure utilisation
des ressources au sein d’un système cultural productif et durable.

L’étude pédologique comprend les étapes suivantes:


 Identification des zones homogènes sur la base des documentations thématiques
antérieures et de visites de terrain ;
 Caractérisation des zones homogènes par la description de profils pédologiques et par
la conduite de tests de perméabilité ;
 Classification des sols et détermination de leurs aptitudes culturales.
 Représentation cartographique des unités pédologiques (Carte pédologique) et des
vocations culturales en irrigué (carte d’aptitudes des sols)

L’identification des zones homogènes s’appuie en général sur la documentation de base


dont principalement :
 L’étude climatique qui permet d’expliquer l’effet des facteurs climatiques sur la
pédogenèse ;
 L’étude géologique qui décrit la nature de la roche qui a donné naissance aux sols ;
 L’étude topographique qui comprend des indications sur la morphologie du relief,
notamment les pentes et l’importance de l’érosion ;
 Les photos aériennes qui, à travers leur interprétation stéréoscopique, permettent
d’identifier les limites provisoires des zones homogènes.

Sur la base de la description du profil et des résultats d’analyses du laboratoire, une


classification des sols en différentes classes, sous-classes, groupes et sous-groupes doit être
réalisée selon les normes du système mondial de la FAO.

A la fin de l’étude pédologique, trois questions doivent trouver solution :

 Le sol en place peut-il supporter l’irrigation ?


 Profondeur de la couche arable ;
 Présence des couches imperméables ;
 Présences de sel ;
 Pente ;
 Risque d’érosion.
 Quelle sera l’évolution probable après quelques années d’irrigation ?
• Lessivage
• Déplacement des sels
• Grossissement des nappes
 Quelles vocations culturales de ces sols ?

44
• Analyses chimiques: Na+, Mg++, Cl-, pH
• Analyses physiques : Ks, da, He
• Analyse de l’eau : Na+, K+, Ca++, Mg++, pH

c) Etude hydrologique

L’étude hydrologique est d’une importance capital pour un projet d’aménagement hydro-
agricole.

Son but principal est d’inventorier les ressources en eau et leurs caractéristiques (quantité,
emplacement et débit unitaire) ainsi que de montrer d’où l’eau d’irrigation proviendra
(dérivation d’un cours d’eau, d’un barrage de retenu, de la nappe souterraine).

Pour l’estimation des besoins en eau du périmètre irrigué, l’étude statistique des séries
pluviométriques mensuelles doit être réalisée.

Les ajustements statistiques des séries de données à des lois de distribution théoriques
permet de déterminer par exemple les hauteurs annuelles de la pluviométrie pour différentes
périodes de retour et pour différentes station pluviométriques.

Les paramètres à traiter concernent essentiellement :


 Les caractéristiques physiques du bassin versant ;
 Les données climatiques ;
 La pluviométrie ;
 L’apport moyen annuel ;
 Les apports fréquentiels ;
 Les débits de crues ;
 Les volumes des crues ;
 Les apports solides.

Il faut alors obligatoirement arriver à déterminer :


 Les débits caractéristiques des crues et leurs périodes ;
 Les débits et les caractéristiques climatiques pendant les différentes années (année
moyenne, sèche et humide) ;
 Les débits d’étiage de la rivière qui conditionnent les superficies maximales à irriguer
pendant la saison sèche ;
 Le transport solide qui permet de définir la durée de vie des ouvrages projetés et les
dispositions à prendre pour protéger les infrastructures projetées contre l’envasement.

La détermination précise de ces paramètres nécessite la disponibilité d’enregistrements


continus sur de longues périodes au niveau des stations hydrométriques (limnigraphes
enregistreurs) ainsi qu’un suivi régulier du transport solide couvrant toutes les périodes
hydrologiques (crues et étiage).

45
Ces enregistrements nécessitent souvent d’être confirmés par des mesures continues de la
pluviographie (pluviographes enregistreurs) effectuées sur de longues périodes au niveau de
stations météorologiques bien réparties au niveau du bassin versant de l’emissaire et des bassins
versants limitrophes.

A partir de l’étude documentaire se rapportant au cours d’eau, et des données collectées


auprès des services techniques, l’étude hydrologique donnent de la lumière sur :
 Les observations recueillies pour le bassin limité au site d’étude ;
 Les apports annuels et les apports fréquentiels ;
 Les débits classés ;
 Les débits maximums journaliers et détermination des périodes de retour de ces
débits ;
 Les étiages et leurs caractéristiques telles que la durée des étiages, le débit d’étiage.

d) Données géologiques et géotechniques

Les données géologiques et géotechniques sont indispensables pour étudier la stabilité et la


cohésion. Ainsi :
 Sables, graviers, galets : posent des graves problèmes de stabilités des ouvrages
 Argiles, limons, limon-sableux : types d’irrigation et types de culture
 Stabilité des ouvrages principaux: capacité portante du sol, œdométrie, cisaillement,
limites d’atteberg….

e) Etudes socio-économique.

L’objectif de ces études est de proposer un schéma optimal de mise en valeur des périmètres
à aménager tenant compte des contraintes et opportunités techniques et socioéconomiques au
niveau des sites proposés.
Ces études portent essentiellement sur des points suivants.
 La sélection des cultures les mieux appropriées à développer sous l’irrigation (tant sur
le plan technique que socioéconomique),

 la description des itinéraires techniques à respecter pour ces cultures:


 semences,
 calendriers des travaux culturaux,
 rotations des cultures,
 fertilisation,
 mécanisation,
 traitements phytosanitaires,
 doses et calendriers d’irrigation,
 récolte,
 main d’œuvre etc.,

46
 la détermination des besoins pour les activités de la culture mécanisée (lutte contre les
mauvaises herbes, l'application d'engrais, récolte) et déterminer les besoins en termes
de mécanisation pour remplir les tâches ;

 Une étude sur les marchés cibles (locaux et étrangers) et faire les recommandations
adéquates pour faciliter l’écoulement des productions escomptées ;

 Un examen sur les possibilités de développer l’agro-industrie ou des petites activités de


transformation pour le traitement d’une partie des productions escomptées et formuler
les recommandations pour les modalités à adopter et les calendriers de la mise en place
de telles activités pour assurer la valorisation maximale des investissements;

 Un examen sur l’existence ou non des Organisations de Producteurs (OP) et proposer


les voies et moyens pour qu’ils soient appuyés et structurés afin de pouvoir intervenir
sur tous les maillons de la chaîne de valeur des différents filières comme la filière riz
(de la production, intensification, valorisation et commercialisation).
Des éléments suivant nécessitent d’être traitées.
 Objectifs assignés à l’aménagement ;
 Population, structure, organisation ;
 Tradition d’irrigation (méthode d’irrigation en vigueur dans la zone
considérée) ;
 Degré d’adaptabilité et de technicité des paysans ;
 Disponibilité de la main d’œuvre ;
 Matériels disponibles localement pour l’équipement des réseaux
d’irrigation ;
 Infrastructures socio-économiques ;
 Questions foncières, modalité d’attribution des parcelles ;
 Ressources financières ;
 Possibilités de commercialisation des produits.

f) Etude d’impact environnemental


L'étude d'impact environnemental concerne l'évaluation de toutes les questions
environnementales susceptibles de se poser avec le développement de l'irrigation et propose des
mesures correctives et de suivi nécessaires et ce, dans le respect des règlements et des directives
nationales en la matière. En particulier, Il faut :
 Tenir compte des directive en la matière du ministère ayant la gestion de l’eau et de
l’environnement dans ses attributions ;
 Parcourir les études sur l'environnement dans la zone du projet proposé et en faire un
examen critique pour intégrer les grandes questions sensibles ;
 Décrire les règlements et les normes pertinents (au niveau tant national qu’international)
régissant la qualité de l'environnement, la santé, la protection des zones sensibles, la
protection des espèces menacées d'extinction, l'utilisation des terres, etc.… Ceci inclue
les normes et les échelles de valeurs propres aux projets et aux pratiques d’irrigation ;
 Évaluer les caractéristiques des bassins hydrographiques de la zone d'irrigation proposée
tels que l'utilisation des terres /la couverture du sol, la topographie, la géomorphologie,
les sols, les cultures, les facteurs climatiques, les facteurs favorables de conservation

47
etc.… Tous ces facteurs seront évalués pour apprécier le degré de sensibilité à l'érosion
des sols ou de la dégradation des terres.;
 Décrire les règlements et les lignes directrices (au niveau tant national qu’international)
qui régissent l’évaluation des projets et les pratiques d’irrigation ;
 Déterminer l’importance de la dégradation des terres dans les bassins hydrographiques
et recommander des mesures de protection appropriées pour réduire les risques
d'envasement ;
 Faire une évaluation critique des sols et des impacts sur la santé des utilisateurs en aval
(étude des besoins en eau potable, d’abreuvement du bétail, d'irrigation, etc. à l'aval du
site à aménager) et les impacts écologiques (effets sur la flore et la faune aquatique) en
raison de la réduction des débits et de la détérioration éventuelle de la qualité de l'eau
par contamination (fertilisants, pesticides) ;
 Une analyse détaillée des pertes de terres dues à la diminution de la terre due à
l’utilisation de celle-ci pour la construction des ouvrages de dérivation et de prise, le
canal tête morte, le réseaux de canaux d’irrigation et de drainage, routes d'accès et
d’exploitations, etc. et ses impacts économiques et sociaux, ainsi que les besoins en
termes d'indemnisation ou de compensation pour les familles affectées, si nécessaire ;
 L'analyse détaillée des risques accrus de maladies d’origine hydrique, en particulier le
paludisme et la schistosomiase, associés au développement de l'irrigation, en particulier
pour ces programmes. Les impacts probables des programmes proposés sera évaluée en
prenant en compte les conditions actuelles de transmission de ces maladies ;Évaluation
des types de sol, des dangers de salinisation ou/et d’alcalinisation, l'envasement, les
inondations et l'érosion des sols dans et autour des zones à l’amont et à l’aval des
ouvrages de dérivations ;
 Évaluation de la pollution éventuelle des eaux de drainage par des produits chimiques
agricoles et l'effet possible de la réduction des débits de base sur l'augmentation des
concentrations, et détermination de la capacité de dilution de la masse d’eau réceptrice ;
 Evaluation des types de produits agro-chimiques et de leurs modes d'application et les
impacts probables de l'augmentation de leur emploi ;
 Evaluation des risques de la prolifération de mauvaises herbes aquatiques, des maladies
et ravageurs des cultures, et évaluation de tout autre effet indésirable non mentionné ci-
dessus, sur les conditions biophysiques et socio-économiques de la zone du projet ;
 Les mesures sociales et environnementales relatives à l’irrigation pourraient inclure : (i)
création d'infrastructures sociales pour soutenir l'évolution de l'agriculture irriguée, et
(ii) soutenir les mesures visant à protéger la santé humaine, les espèces menacées
d’extinction et l'environnement d’une manière générale ;
 Étudier et décrire les autres considérations environnementales ayant des liens avec les
activités du projet, notamment la conception, la technologie, les techniques de
construction, le fonctionnement et les procédures de maintenance, etc. ;
 Quantifier les coûts et les bénéfices de chaque alternative en intégrant le coût estimatif
de toute mesure d'atténuation y relative ;
 Proposer des mesures d'atténuation appropriées pour les impacts probables ;
 Evaluation de l'impact des projets de développement sur l'écosystème ;
 Evaluation des changements biophysiques sur l'équilibre écologique dû à l'exécution du
projet ;
 Évaluation de l'impact de la modification du mode d’habitat actuel sur l'environnement ;
 Evaluer l'impact probable que l'environnement social et naturel aura sur le projet ;
Préparer un programme de suivi des impacts et des effets des mesures d’atténuation

48
4.2.Besoins en eau d’irrigation :

Le dimensionnement des ouvrages hydrauliques d’un réseau d’irrigation passe par la


détermination des besoins en eau d’irrigation :
On distingue 3 types de besoins en eau :
 Le Besoin Net, noté BN, correspond à la quantité d’eau qu’il faut apporter sur la parcelle
pour la mettre à la disposition de la plante.

BN = ET0 x Kc – Pe

 Le besoin brut
Le Besoin Brut noté BB, est la quantité d’eau qu’il faut réellement mobiliser pour satisfaire
aux besoins nets et qui tient donc compte des pertes dans le transport de l’eau depuis la source
jusqu'à la plante.
Ces pertes dépendent du système d’irrigation, de la qualité du réseau et de l’expérience de
l’irriguant. Chaque système est caractérisé par son efficience ; l’on a alors:

𝑲𝒄 ∗ 𝑬𝑻𝒐 − 𝑷𝒆𝒇𝒇
𝑩𝑩 =
𝒆

où e est l’efficience et Pe la pluie efficace.

 Les besoins de pointe sont les besoins qui correspondent au mois où les besoins
en eau sont les plus élevés (ou à la décade ou à toute période choisie).

Notion de pluie efficace


Plusieurs auteurs ont défini la fraction de l’eau des précipitations qui répond réellement
aux besoins des cultures " pluie efficace ". Dans " Technique des Barrages en Aménagement
Rural" ou selon" Bulletin FAO d’Irrigation et de Drainage n° 42 –Consultation sur l’irrigation
en Afrique ", les valeurs mensuelles de la pluie dépendante ou pluie efficace sont celles
retenues suite à l’analyse fréquentielle au non-dépassement de 80 % des observations (notation
P80%).

 La pluie efficace est une pluie dépassée huit ans sur 10 ans (4 ans sur 5) qu’il faudra
multiplier par un coefficient réducteur de 0,73 pour obtenir la pluie efficace moyenne
mensuelle.

La formule dite des Agronomes considère comme pluie efficace 80 % des valeurs
moyennes observées (P) alors que le Service Agricole de l’Institut des Recherches
Agronomiques tropicales (IRAT) préconise la formule suivante : Pe = P - 0,15 (P - 20).
Par ailleurs, l’ingénieur pourra recourir à l’usage de 2 formules simples, selon ILRI-FAO1, pour
estimer la fraction de la pluie totale réellement utilisée par les cultures :
Pe = 0,8 P - 25 si P > 75 mm/mois

49
Pe = 0,6 P - 10 si P  75 mm/mois

Après avoir trouvé le BP on cherche le débit de dimensionnement en l/séc.ha.

4.3.Dimensionnement du barrage de prise

4.3.1. Dispositions constructives

Les actions préliminaires à entreprendre comprennent :

 Approvisionnement des matériaux : assurer des cadences de production et de mise en


place atteignant plusieurs milliers de m3 par jour pour un barrage en béton, plusieurs
dizaines de milliers de m3 par jour pour une digue en terre.
 Installation du matériel de chantier : le plus proche possible de l’ouvrage pour réduire
le plus possible les dépenses de transport et de mise en place de matériaux
 Logement du personnel : cités d’habitation et constructions collectives (écoles, services
administratifs, service sanitaires)

Les diapositives constructives communes aux différents types d’ouvrages concernent :

 les procédés de construction en lit de rivière


 les procédés d’étanchement et de consolidation des fondations

a) Procédés de construction en lit de rivière

Le premier stade dans la construction d’un barrage consiste essentiellement à réaliser une
obstruction (ou coupure) du lit du cours d’eau en vue d’assurer la réalisation des travaux de
fondations de l’ouvrage. Cette obstruction doit satisfaire les critères suivants :

 en cas de crue, la surélévation du plan d’eau en amont ne doit pas causer des
submersions supérieures à celles en absence de l’ouvrage et essentiellement dans les
zones habitées ou industrielles,
 la vitesse de l’eau sur le fond ne doit pas provoquer des affouillements du lit si le cours
d’eau est navigable, la vitesse de l’eau dans les canaux de navigation ne doit pas
dépasser une certaine valeur maximale.
Pour remplir ces conditions, deux méthodes de coupure principales sont utilisées :

 Méthode des empiétements successifs sur le lit (la coupure du cours d’eau constitue la
phase finale)
 Méthode de la dérivation provisoire (la coupure du cours d’eau est réalisée à la phase
initiale)

50
 Méthode des empiétements successifs sur le lit

Cette méthode est utilisée lorsque le lit est assez large en vue de réduire la vitesse de
l’écoulement. L’ouvrage est construit en obstruant successivement certaines parties du lit du
cours d’eau par des enceintes de batardeaux, souvent métallique, telle que (ABCD) et (EFGH)
à l’intérieur desquelles, l’ouvrage est construit en eau morte ou par épuisements

 Méthode de la dérivation provisoire

Elle est employée notamment lorsque le lit est relativement étroit et ne peut, être obstrué
partiellement par une enceinte de batardeaux ou par un caisson ; c’est le cas aussi des cours
d’eau avec fond rocheux rendant difficile l’enfoncement de palplanches.

La zone dans laquelle le barrage sera construit est mis à sec par des batardeaux amont et
aval et les eaux stockés derrière le batardeau amont sont alors dériver dans un canal à ciel ouvert
ou une galerie. Ce canal peut être transformé après la construction du canal en ouvrage de
vidange de fond ou de dévasement.

51
b) Etanchéité et consolidation des fondations

La fondation d’un ouvrage devrait présenter la plus grande étanchéité possible. Souvent, il
est nécessaire de procéder à l’étanchement des roches et sols de fondations par un traitement
particulier suivant la nature de la fondation.

 Fondations sur roches consistantes


Le traitement consiste à réaliser des écrans étanches en injectant dans la roche un coulis
constitué de produits susceptibles d’obturer les fissures.

Les produits utilisés : ciment, argile, silicate de soude, aluminate de soude ou produits
bitumineux. La mise en œuvre se fait par injection à l’air comprimé ou par pompage par des
forages de 5 à 10 cm de diamètre et sous une pression de l’ordre de 20 bars à raison de 50 à 150
Kg/ml de forage.

 b. Fondations sur terrain meubles


Les travaux d’étanchéité ont pour but d’empêcher la percolation qui peut compromettre la
stabilité de l’ouvrage et d’entraîner des pertes d’eau importantes. Les ouvrages réalisés sont des
écrans imperméables verticaux descendu ou non jusqu’au rocher. Ces écrans peuvent être
réalisés par l’un des procédés suivants :

 Digues en terre : écrans imperméables verticaux arrivant ou pas au rochet


 Murs en béton
 Rideaux de palplanches métalliques
 Rideaux de pieux forcés
 Rideaux d’injection

4.3.2 Dimensionnement du barrage


de prise et ses accessoires

a) Actions et remèdes des ouvrages hydrauliques

Nous avons vu qu’un barrage est un ouvrage qui retient les eaux contre une de ses faces à
un niveau supérieur à celui qui règne sur l’autre face. Si un barrage exerce une action sur le
niveau des eaux, ce niveau exerce une action réciproque sur le barrage. Cette action se manifeste
sous diverses formes.

 Actions

52
Ces actions peuvent compromettre la fonction du barrage dans le stockage des eaux et
peuvent conduire à la destruction du barrage à une échéance plus ou moins rapide.

L’examen de ces actions a montré que les trois accidents à redouter sont :

 Dislocation ou la destruction du corps ou du radier du barrage


 Pertes importantes d’eau empêchant le barrage de remplir sa fonction qui est de retenir
les eaux
 Déplacement d’ensemble d’une portion importante du corps ou radier du barrage par
basculement ou par glissement.

 Remèdes
Les remèdes envisagés intéressent :

 Un choix judicieux des dimensions et des formes du barrage permet de s’opposer à sa


dislocation et à son déplacement d’ensemble.
 La construction du barrage avec des matériaux appropriés peut s’opposer à sa
destruction, à son déplacement d’ensemble, et aux pertes d’eau.
 La liaison du barrage avec le sol avoisinant et l’aménagement de celui-ci permet de
lutter contre la pénétration de l’eau dans le terrain avoisinant au barrage, et aussi contre
les effets destructeurs de l’eau qui franchit le barrage.
 Accrochage dans le sol : Cet accrochage peut être réalisé au moyen d’ancrages : fer
ronds ou câbles d’acier travaillant à la traction à condition que le sol de fondation soit
un rochet compact.

b) Dimensionnement du barrage

 La hauteur du barrage
La hauteur du barrage de dérivation doit être choisie de manière à garantir en amont de
la prise latérale un tirant d’eau suffisant pour dériver le débit nécessaire à l’alimentation du
périmètre.
Cette condition doit être vérifiée surtout en période d’étiage de la rivière. Ainsi, la
hauteur du seuil est déterminée en fonction de la cote de calage de la prise latérale par rapport
au fond de la rivière et du tirant d’eau nécessaire en amont de la prise qui dépend de la section
et des dimensions des ouvertures de dérivation.
Pour le barrage d’accumulation, la hauteur est obtenue en fonction du volume à
emmagasiner (volume utile et tranche morte) sans oublier la lame d’eau à laminer pendant les
périodes des crues éventuelles.
 La longueur du seuil
Le dimensionnement du barrage est opéré sur la base de la configuration du lit de la
rivière des débits mis en œuvre (débit de crue, débit dérivé, débit transité vers l’aval).

53
La longueur du barrage doit être choisie de manière à assurer un tirant d’eau suffisant
pour le fonctionnement des prises latérales en basses eaux tout en garantissant une lame d’eau
modérée lors des fortes crues.
Cette condition est opérée sur base de la formule du débit de l’écoulement par
déversoir :
𝟑
𝑸 = 𝝁 ∗ 𝑳 ∗ √𝟐 ∗ 𝒈 ∗ 𝑯𝟐

Avec : Q : débit en m³/s ; µ: coefficient de débit ; L: longueur du déversoir en m ; H: charge sur


le déversoir en m
 Autres dimensions du barrage.

Les autres dimensions sont obtenues compte tenu de la vérification de la stabilité


l’ouvrage (stabilité au renversement, au glissement, à l’écrasement, aux secousses sismiques..).

c) Dimensionnement du bassin d’amortissement


Comme déjà mentionné ci haut, le barrage de dérivation doit assurer le transit des fortes
crues vers l’aval sans risques pour l’ouvrage.
La sécurité de l’ouvrage sera assurée moyennant un bassin de dissipation à exécuter à
l’aval du seuil déversant.
Ce bassin permettra de dissiper l’énergie cinétique et potentielle de l’eau générée par
la chute moyennant la création d’un ressaut hydraulique de manière à restituer l’écoulement au
lit du cours d’eau sans risque d’érosion. Cela alors permet de passer du régime torrentiel vers
le régime fluvial.
Dans le dimensionnement du bassin de dissipation deux paramètres sont à déterminer,
à savoir sa longueur et sa profondeur.
La Figure suivante représente les différentes sections de contrôle et les
profondeurs d’eau correspondantes intervenant dans le calcul de la longueur L du bassin.

54
Bassin de dissipation à ressaut hydraulique

Pour déterminer longueur du bassin, nous définissons :


𝒉𝟐 −𝟏 + (𝟏 + 𝟖 + 𝑭𝒓𝟏 )𝟎.𝟓
=
𝒉𝟏 𝟐
De même on peut écrire :

𝒉𝟏 −𝟏 + (𝟏 + 𝟖 + 𝑭𝒓𝟐 )𝟎.𝟓
=
𝒉𝟐 𝟐
𝑳∗𝑸𝟐
Avec 𝑭𝒓 = √
𝒈∗𝑨𝟑

Dans un canal rectangulaire, beaucoup de formules empiriques sont établies pour


déterminer la valeur de L en fonction des autres éléments hydrauliques du ressaut. Les plus
utilisées sont les suivants :
La formule de SMETANA : 𝑳 = 𝟔(𝒉𝟐 − 𝒉𝟏 )
𝒉 𝟎.𝟓
La formule de SCHAFFERNAK : 𝑳 = 𝟔𝑽𝟏 ( 𝒈𝟏 )

55
d) Dimensionnement des vannes d’admission et de dévasement

Les vannes de dévasement sont prévues aux extremités du seuil principal de dérivation et
entre celui-ci et la prise latérale.
Leur rôle principal est d’évacuer par charriage vers l’aval les matériaux transportés par les
crues pour qu’ils n’obturent pas la prise et pour empêcher leur transit vers le canal de tête morte.
Généralement, elles sont calées à un niveau plus bas (0,50 m) que le radier amont du seuil
et de la prise latérale.
La pente du radier amont est fixée de telle sorte à créer un écoulement torrentiel capable de
dégager le volume utile en amont de la prise latérale et de créer un écoulement préférentiel des
eaux vers cette dernière.
La pente aval au niveau du canal de chasse est fixée de telle façon à rattraper la cote du
bassin de dissipation du profil sous-jacent.
Les dimensions des vannes de dévasement sont déterminées de manière à créer des vitesses
de courant élevées capables d’entrainer les sédiments qui ont tendance à s’accumuler en amont
du seuil et surtout au niveau de la prise latérale.
Quant aux vannes d’aadduction, dans l’objectif d’assurer un contrôle plus ou moins précis
du débit d’alimentation de l’aménagement, la prise latérale est munie de vannes permettant la
diminution (cas des hautes eaux) et l’augmentation (cas des basses eaux) du débit dérivé vers
périmètre irrigué. Le débit de la prise latérale est fonction de sa section et du tirant d’eau amont.
Ces débits sont donnés par la formule de l’écoulement par vanne:
𝑸 = 𝜷 ∗ 𝒆 ∗ √𝟐 ∗ 𝒈 ∗ 𝑯𝒐

4.4.Dimensionnement du dessableur

La théorie utilisée pour la simulation des conditions de décantation des particules est
celle de Fair & Geyer qui prend en considération les effets de la turbulence et des courants de
circulation.
Cette théorie repose sur la détermination des vitesses de sédimentation des particules
concernées (vitesse de chute des particules isolées).
En plus de la vitesse verticale de dépôt des particules, la vitesse horizontale dans le
dessableur (Vh) est un paramètre qui conditionne le temps de séjour de l’eau dans le dessableur
et déterminent les particules décantées.
La formule suivante est à utiliser :
𝑄
𝑆≥
𝑉𝑔
Pour un dimensionnement optimal d’un dessableur dans les conditions précitées, la
largeur (l) et la profondeur (H) sont liées par une relation du type l/H = 2, soit l = 2H.

56
Le calcul de la longueur du dessableur dépend de la charge solide à décanter, du
rendement de la sédimentation et du temps réel de sédimentation pour une charge solide donnée
qui dépend de la vitesse horizontale dans les bassins de décantation.

4.5.Dimensionnement des conduites de transport et de


distribution

a) Tracé et calage des conduites de divers ordres


Après avoir trouvé les besoins en eau d’irrigation, les zones à aménager sont découpées
en parcelles types en tenant compte de la configuration du réseau d’irrigation, des dimensions
du paysannat, de la superficie totale du périmètre et des limites naturelles (drains, pistes :
dorsales et transversales).
Sur la base de ce découpage les parcelles sont regroupées, en fonction de la superficie
totale et du débit d’équipement, en quartiers hydrauliques.
Chaque quartier sera alimenté par une main d’eau utilisée à tour de rôle entre les
parcelles d’un même quartier. Le quartier hydraulique est constitué par un certain nombre de
parcelles alimentées en eau par un tertiaire véhiculant une main d’eau, qui est prise
généralement égale à 6 l/séc.
Le réseau de transport et de distribution du périmètre irrigué à partir est généralement
constitué des conduites (tuyauteries ou canaux à ciel ouvert) permettant le transport et la
répartition des eaux d’irrigation à l’intérieur des secteurs des sous-secteurs et des quartiers de
l’alimentation des parcelles irriguées. Les conduites constituant le réseau sont de différents
ordres : Conduite tête morte, primaire, secondaire, tertiaire et arroseur.
Le tracé des réseaux de distribution doit être opéré sur les plans côtés des zones à
aménager. Ils sont obtenus en tenant compte de la subdivision du périmètre en parcelles types
et en quartiers d’irrigation tout en respectant les principes suivants :
 relier les différentes prises d’irrigation par le trajet le plus court et présentant un
minimum de contraintes de passage jusqu’au raccordement aux canaux secondaires ou
le canal primaire du périmètre ;
 éviter autant que possible de multiplier les traversées des drains et des infrastructures
de circulation compte tenu des difficultés de réalisation et des coûts correspondants ;
 les canaux tertiaires sont à posér au niveau des limites des paysannats ;
 éviter les zones à forte densité d’habitation ;
 Intégrer dans la mesure du possible les terres traversées par le canal primaire.
 L’emplacement des prises d’irrigation est choisi de façon à assurer l’alimentation en eau
de toutes les parcelles.

Le calage des canaux d’irrigation doit être opéré sur la base des plans côtés des zones
à aménager en respectant les critères suivants :
 les zones à aménager parfois présentent des pentes variables ce qui nécessite leur
planage pour adoucir et homogénéiser les pentes;

57
 les conduites ou canaux tertaires sont disposés dans le sens de la plus grande pente,
chaque canal est calé de manière à assurer une lame d’eau minimale de 10 cm au niveau
du point le plus haut des parcelles irriguées.
 Ceci permet de définir, en tenant compte des pentes des canaux, les cotes imposées au
niveau des départs des conduites ou des canaux tertiaires des canaux secondaires, des
canaux primaires et du barrage de prise.

b) Dimensionnement des conduites


Les conduites en tuyauterie sont dimensionnées par le principe de l’écoulement en
charge.
𝒗 ∗ 𝝅 ∗ 𝒅𝟐
𝑸 = 𝒗. 𝒔 =
𝟒
La nature de la tuyauterie, la pression nominale PN et le diamètre de la tuyauterie sont
obtenus par rapport à la pression indispensable et le débit à véhiculer.
Les conduites en canaux à ciel ouvert sont dimensionnées par les lois de l’écoulement
uniforme :
𝟏 𝟐 𝟏
𝑸= ∗ 𝑹𝟑 ∗ 𝒊𝟐 ∗ 𝑺
𝒏
Les canaux doivent avoir une section économique
𝒃
= 𝟐 ∗ √𝟏 + 𝒎𝟐 − 𝟐𝒎
𝒉
Les parties des canaux avec changements de pente et /ou présentant des ouvrages sur
canaux sont régies par l’écoulement graduellement variés.
𝑽𝟐 𝒅𝑯𝒔 𝒅𝑯𝒔 𝑳∗𝑸𝟐 𝒅𝑯 𝒊−𝑱
𝑱= 𝟒 =𝒊−𝑱 =𝟏− = 𝑳∗𝑸𝟐
𝒅𝑿 𝒅𝑯 𝒈∗𝑨𝟑 𝒅𝑿 𝟏−
𝑲𝒔 ∗𝑹𝟑 𝒈∗𝑨𝟑

4.6.Calage du barrage de prise et nécessité de l’aspiration par


pompage
Le calage des canaux d’irrigation qui déterminent le calage du barrage de prise est opéré sur la
base des plans cotes des zones à aménager en respectant les critères suivants :
 Les canaux primaires longent les limites des zones à aménager et sont disposés
perpendiculairement aux canaux secondaires. Ces canaux sont calés en tenant compte
des cotes imposées aux départs des canaux secondaires et tertiaires et de manière à
dominer le canal le plus défavorable avec une charge suffisante pour assurer un
fonctionnement correct des prises ;
 Les conditions prises sur le calage des différents canaux d’irrigation permettent de
vaincre les pertes de charge et d’assurer un fonctionnement hydraulique correct des
prises d’alimentation des secondaires, des arroseurs et des parcelles d’irrigation. Par
ailleurs, la garantie d’une lame d’eau minimale de 10-15 cm au niveau des parcelles est
un critère qui conditionne la bonne application du mode d’irrigation retenu (irrigation
par submersion au niveau des rizières).

58
 Le calage obtenu au niveau du calage primaire détermine le niveau du calage de prise
au niveau du barrage de prise
Cela permettra d’utiliser une alimentation par pompage ou pas
Une pompe doit être choisie selon les caractéristiques réelles de l’installation dans
laquelle on doit l’installer. Les données nécessaires pour un dimensionnement correct sont les
suivantes:
 Débit Q : c’est la quantité de l’eau débitée par la pompe dans l’unité de temps,
normalement exprimée en m3/h
 Hauteur manométrique totale : c’est la somme de la hauteur géométrique dans les
niveaux du liquide et les pertes de charge causées par de frottements intérieurs qui se
forment au passage du liquide :
 dans les tuyaux ;
 dans la pompe ;
 dans les accessoires hydrauliques.

L’expression à l’identifier est la suivante :


H = Hg + ∆ pc ;
Hg = Hga + Hgr
 Hg : hauteur géométrique à l’aspiration ;
 Hgr : hauteur géométrique au refoulement
 ∆pc : somme des pertes de charge dans l’installation calculée selon les éléments suivants
:
o Diamètre,
o Longueur et matériel composant les tuyaux d’aspiration et de refoulement
o Quantité et type des coudes dans la tuyauterie et accessoires hydrauliques
comme clapet de pied avec crépine, vannes, clapet de non-retour, filtres
éventuels
o Nature du liquide (si différent de l’eau), température, viscosité et densité…

Il faut noter que la hauteur manométrique en aspiration Hga + ∆pc asp, doit être
comparée avec la capacité d’aspiration de la pompe.
Cette capacité d’aspiration ou « NPSHr » (Net Positive Section Head) est définie
comme hauteur de charge nette absolue demandée à l’aspiration, laquelle valeur est fournie par
une courbe en fonction du débit, donc c’est une caractéristique de la pompe.
A ce sujet, lorsque la pompe a été choisie selon le débit et la hauteur demandée, on doit
vérifier la formule simplifiée:
10 m ± Hga - ∆pc asp. > NPSH demandé + 0.5 m
Hga est la hauteur entre la surface de l’eau et l’axe de la pompe,
Hga est négative si la pompe se trouve au-dessus de la surface de l’eau.

59
∆pc asp. est la somme des frottements restants en aspiration distribués (tuyauterie) et concentrés
(vannes, coudes, etc.)
Si le résultat de la vérification est négatif, normalement il ne faut que limiter le débit
avec une vanne au refoulement, afin de rentrer entre des conditions de fonctionnement de la
pompe les plus optimales et sans cavitation.
Lorsque le liquide présente des températures supérieures à la moyenne optimale de
20°C environ, les pompes diminuent sa capacité d’aspiration.
Après avoir établi les valeurs de débit Q et de la hauteur manométrique totale Hmt de
l’installation, il faut déterminer la puissance absorbée N de la pompe en appliquant la formule
suivante :
𝑸∗𝑯∗𝜸
𝑵=
𝟑𝟔𝟕 ∗ 𝜼𝒑

Où on a :
 Q = Débit en m3/h
 H = Hauteur en mètres
 γ = Densité du liquide (pour l’eau = 1 kg/dm3)
 ßp = Rendement de la pompe (Ex. Rendement pompe 68% = ➩ ηp 0.68)

𝑵𝒏
𝜼𝒑 =
𝑵𝒑

Où on a :
 Nn = Puissance consommée par le fluide ;
 Np = Puissance absorbée par la moteur.

Remarque :
 En variant le nombre de tours, les performances des pompes changent selon les règles
suivantes :
 Le débit proportionnellement au rapport du nombre de tours :
𝒏𝟐
𝑸𝟐 = 𝑸𝟏
𝒏𝟏
 La hauteur, proportionnellement au carré du nombre de tours :
𝒏𝟐 𝟐
𝑯 𝟐 = 𝑯𝟏 ( )
𝒏𝟏
 La puissance absorbée, proportionnellement au cube du rapport du nombre
de tours :
𝒏𝟐 𝟑
𝑵𝟐 = 𝑵𝟏 ( )
𝒏𝟏
 Le fabriquant de la pompe fournit avec cette dernière ses courbes caractéristiques (Débit
Q en fonction de la hauteur, de la puissance absorbée, du rendement.. à la vitesse n de

60
rotation constante) et du NPSH. Il ne se suffit pas seulement d’augmenter la vitesse de
rotation, il faut vérifier que le rendement reste dans la zone optimale.

Courbe I : Courbe des hauteurs totales en fonction des débits ; Courbe II : Courbe des
puissances absorbées en fonction des débits ; Courbe III : Courbe des rendements en fonction
des débits ; Courbe IV : Courbe des pertes de charges totales (linéaires et singulières dans
l’installation en fonction des débits ; Courbe V : Courbe H1=Y+∆H en fonction des débits :
cette courbe est obtenue à partir de la précédente, en ajoutant à ∆H le terme Y correspondant
à la hauteur géométrique totale ; A : le point de fonctionnement de la pompe.
 Le couplage des pompes en série permet d’augmenter la hauteur de refoulement, tandis
que le couplage en parallèle permet l’augmentation du débit à refouler.

Le schéma ci-dessous montre le choix d’une pompe de marque grundfos

61
CHAPITRE 5 : DRAINAGE DES SOLS

5.1. Sols mal drainés


Le bilan hydrique souvent positif du territoire agricole ainsi qu’un égouttement déficient
engendrent des périodes de surplus d’eau dans les sols. Ces conditions sont défavorables au
développement racinaire des cultures. Il y a alors des conséquences suivantes:
 Les pertes de rendement et la réduction de l’efficacité des éléments fertilisants.
 Les conditions anaérobiques favorisent la dénitrification de l’azote et conduisent
éventuellement à la production de protoxyde d’azote (N2O), un gaz à effet de
serre 310 fois plus puissant que le gaz carbonique (CO2).
 La gestion optimale de l’eau du sol implique donc d’aménager adéquatement le
terrain afin d’éviter les excès d’eau au champ.

62
Le drainage des sols englobe diverses techniques qui assurent l’élimination des eaux
excédentaires du sol, ce qui permet de cultiver et d’obtenir une production suffisante et de
qualité. Il comporte 3 étapes :
 La collecte des eaux excédentaires
 Le transport ou l’acheminement par un réseau de différents drains et collecteurs ou de
fossés
 La restitution au réseau hydrographique naturel (émissaire).
Les sols mal drainés sont des sols souffrant d’un excès prolongé d’humidité pouvant résulter
 de nappe trop proche de la surface
 de la présence d’une nappe perchée
 de l’écoulement hypodermique
 des dépressions ou de ressuyage trop lent après les pluies en cas de sols à structure
instable
 d’une mauvaise irrigation

Ils sont reconnus de la façon suivante :


 terrain marécageux ou sol submergé
 milieux trop humides :
 caractéristiques mécaniques du sol : couleur des diverses couches de sol,
couche compactée, odeur du profil de sol
 nature de la flore, symptômes d’anoxie chez les cultures
 prospections à la tarière et ou suivi de l’humidité,
 cartes topographiques, photographie aérienne.
5.2. Inconvénients des sols mal drainés
Les Inconvénients les plus importantes des sols humides sont essentiellement :

 Difficulté de croissance des végétaux


 Imperméabilité et circulation limitée de l’air
 Températures plus basses des sols humides
 Prolifération des maladies et des fois mauvaises herbes
 Etc…
 Difficiles à travailler : accroissement du temps et coûts des travaux
 Dégradation des sols
 Difficulté d’accès aux parcelles
 Chute de rendement des cultures

Le drainage des sols humides a donc un effet positif sur les parcelles. Les plus
importants sont les suivants :
 meilleure aération du sol
 amélioration de la structure du sol
 pénétration plus profonde des racines
 échauffement plus rapide du sol (augmentation de la température du sol)

63
 diminution des mauvaises herbes et des maladies des cultures
 travail du sol facilité
 accès amélioré aux parcelles
 Augmentation des rendements des cultures et amélioration de la qualité des récoltes

5.3. Causes de l’excès d’humidité et type de drainage


L’excès d’humidité est dû essentiellement à 3 causes :

a. apports externes d’eau :


 en provenance de l’extérieur de la zone à drainer
Drainage : un collecteur de ceinture (colature)
 en provenance d’un cours d’eau
 débordement occasionnel
Drainage : ouvrage de maîtrise des crues

 cas des mouillères (remontée de sources souterraines, soit par accumulation d’eau
de ruissellement ou d’irrigation)
Drainage : captage, drainage par tuyaux enterrés, par fossés, par puits

b. présence prolongée d’une nappe peu profonde


Drainage : drainage par tuyaux enterrés, par fossés, par puits

c. stagnation temporaire des eaux de précipitation


 défaut d’infiltrabilité
Drainage : améliorer la structure de la strate superficielle, drainage de surface
 défaut de drainage interne
Drainage : drainage de surface et/ou drainage souterrain

5.5. Principales méthodes de drainage

 Drainage de surface pratiqué dans les zones plates, à très faible pente ou à surface
irrégulière, mais présentant des défauts d’infiltrabilité ou de drainage interne.
 Le but est de réduire les risques de submersion prolongée du sol sans provoquer
l’érosion, par aplanissement pour éliminer les irrégularités du sol comme les
dépressions locales, ou nivellement.

 Drainage de subsurface ou souterrain

 par fossés à ciel ouvert

64
Piézomètres

Surface du sol

Niveau initial d’eau

Nappe phréatique

Couche imperméable

Envisageable dans des cas :


- drainage de surface et souterrain simultanés
- sols tourbeux
- raisons financières

Inconvénients du système :
- perte de surface cultivable
- difficulté d’accès
- entretien onéreux
- maladies dues à la stagnation d’eau
 par drains enterrés
Infiltration continue

Surface du sol

Nappe phréatique

Drain
Ecoulement radial
Rabattement de la nappe

Couche imperméable

Quelle que soit la méthode, un réseau de drainage comprend :

65
 drainage à la parcelle
 système de collecte et d’acheminement
 ouvrage de restitution à un exutoire (émissaire ou autres)
Le schéma suivant montre un réseau de drainage :

re

Drain
i eu
r
xté

collec
ue
Ea

te
l
ipa

ur
e ur

rinc
Ouvr
t
collec
Drain

in p
age d

Dra
celle
à la par
Drain
e cei
nture

Cours d’eau = Exutoire

5.6. Dimensionnement du réseau de drainage


Le périmètre irrigué doit être doté d’un réseau de drainage dont la principale fonction
est
 d’intercepter les eaux excédentaire (pluies, vidange des rizières),
 de les collecter et de les acheminer vers l’exutoire.
Le réseau de drainage est en général constitué de colatures à ciel ouvert permettant de
collecter les eaux de drainage et de vidange des rizières et de les évacuer à l’extérieur du
périmètre.
Ce réseau comprend les éléments suivants :
 des colatures tertiaires bordant les parcelles irriguées. Ces colatures sont orientées
parallèlement aux antennes de distribution et disposées en bas des parcelles. Elles
collectent les eaux excédentaires et les évacuent vers les colatures secondaires ;
 des colatures secondaires orientées dans le sens de la plus grande pente. Ces
colatures constituent l’exutoire des colatures tertiaires. Elles déversent les eaux
collectées dans les colatures principales ;
 des colatures principales dont le tracé est choisi au niveau de la zone la plus basse
du périmètre. Ces colatures collectent les eaux provenant des colatures secondaires
et les acheminent vers l’exutoire à l’extérieur du périmètre.

D’une manière générale, les colatures de drainage sont conçues pour assurer les
fonctions suivantes :
 la vidange des rizières à la fin de la campagne agricole pour permettre de faire la
récolte ;

66
 l’évacuation efficace des eaux de ruissellement générées par les pluies
exceptionnelles. Les parcelles rizicoles ne nécessitent qu’un drainage de surface.
Dès lors, les drains servent à vider le périmètre pendant la période de croissance, si
nécessaire et à évacuer les excès d’eau dûs aux pluies afin d’éviter d’endommager les cultures.
De ces deux facteurs, c’est l’évacuation de l’excès d’eau lors d’une averse qui est le plus
critique.
Dès lors, le dimensionnement du réseau, dans la partie en extension, est fait de telle
façon à pouvoir évacuer l’averse d’une période de retour de 10 ans en 5 jours.
Le débit de chaque colature est déterminé en fonction de la superficie dont elle assure
le drainage. Les débits des colatures collectant les eaux évacuées par les ouvrages de décharge
du réseau d’irrigation seront augmentés des débits des ouvrages correspondants.
Les pentes longitudinales des colatures sont dictées par la topographie du terrain et de
la cote de l’exutoire. Les drains primaires et secondaires ont en général une section trapézoïdale.
Leur gabarit est choisi en fonction des superficies drainées et de la pente longitudinale du drain
par la formule de l’écoulement en charge :
𝟏 𝟐 𝟏
𝑸= ∗ 𝑹𝟑 ∗ 𝒊𝟐 ∗ 𝑺
𝒏

67

Vous aimerez peut-être aussi