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2. Le Chef du gouvernement
A. Les compétences administratives du Chef du gouvernement
B. Les services du Chef du gouvernement
3. Les ministres
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1ère partie : L’Administration d’Etat :
Dans un pays centralisé comme le Maroc, la part des tâches administratives considérées
comme l’intérêt national, et assurées par l’Etat, reste considérable. Malgré les reformes
relatives à la décentralisation, l’Administration d’Etat garde un poids important dans la vie
nationale. Elle se caractérise par les traits suivants :
La première tâche est confiée aux représentants du pouvoir exécutif, qui cumulent leurs
fonctions administratives avec les autres attribuées que la constitution leur assigne dans
l’ordre politique. Leur statut relève du droit constitutionnel. La préparation et l’exécution de
leurs décisions, par contre, sont assurées par un personnel exclusivement administratif, qui
constitue « l’administration » au sens courant du terme.
Tous les services assurant la satisfaction de besoins analogues ou connexes sont réunis
dans le cadre d’un même département ministériel, sous l’autorité d’un chef hiérarchique
unique, le ministre ; seuls font exception certains services directement rattachés au chef du
gouvernement. Même les services décentralisés (les établissements publics nationaux) sont
rattachés à un ministère pour l’exercice de la tutelle. Chaque département ministériel
comprend, d’une part des organes placés auprès du ministre pour la préparation des ses
décisions (administration centrale), et d’autre part les organes d’exécution dont la majorité
est répartie sur l’ensemble du territoire (services extérieurs).
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La politique du gouvernement en matière de déconcentration est élaborée par la « commission
permanente de déconcentration administrative ». Instituée auprès du Chef du gouvernement,
elle comprend le ministre chargé de l’intérieur, le ministre des finances, le ministre chargé des
affaires administratives, le secrétaire général du gouvernement et les ministres concernés.
5. Toutes ces distinctions ne doivent pas faire d’illusions :
Du point de vue juridique, l’administration de l’Etat est une, et s’exerce « au nom et pour
le compte » d’une seule et même personne juridique : l’Etat. Les départements ministériels
n’ont aucune existence juridique autonome ; c’est l’Etat, dans son unité juridique qui engage
par leurs actes les divers ministres et leurs subordonnés.
6. Enfin, de l’administration active, qui vient d’être mentionnée il
convient d’en distinguer d’autres.
D’autre part, au-dessous d’eux, des organes spécialisés dans la direction d’un groupe
de services, les ministres et leurs collaborateurs.
Bien que n’étant pas une simple autorité administrative, le Roi occupe une place centrale à
l’égard du pouvoir exécutif, composé par le Chef du gouvernement et les ministres.
Les pouvoirs du Roi et du chef du gouvernement sont fixés principalement par la constitution.
Les compétences administratives du Roi sont de deux sortes : le pouvoir réglementaire
général et le pouvoir de nomination des fonctionnaires et agent de l’Etat. Pour s’en tenir au
texte de la constitution, on constate que le Roi détient le pouvoir de nomination et n’exerce le
pouvoir réglementaire qu’exceptionnellement, alors que c’est le Chef du gouvernement qui a
une compétence générale de principe en matière réglementaire.
A. Le pouvoir de nomination
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En sa qualité de chef de l’Etat, le Roi nomme le Chef du gouvernement au sein du parti
politique arrivé en tète des élections des membres de la chambre des représentants, et au vu de
leurs résultats. (Article 47 de la constitution).
Sur proposition du chef du gouvernement, il nomme les membres du gouvernement.
Le Roi peut, à son initiative, et après consultation du chef du gouvernement, mettre fin
aux fonctions d’un ou plusieurs membres du gouvernement.
Le chef du gouvernement peut également demander au Roi de mettre fin aux fonctions
d’un ou plusieurs membres du gouvernement. (Art. 47)
Il est le « chef suprême des forces armées royales », il exerce le pouvoir de nomination
aux emplois militaires, qu’il peut d’ailleurs déléguer. (Article 53).
Le Roi préside le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. (Article 56.)
Le Roi approuve par dahir la nomination des magistrats par le Conseil Supérieur du
pouvoir Judiciaire. (Article 57.)
Le Roi exerce le droit de grâce. (Article 58.)
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Le Roi agit directement par dahir, et il arrive en pratique qu’il prenne des mesures à
caractère administratif de portée générale dont le fondement doit être précisé. L’exercice du
pouvoir réglementaire par le Roi apparaît dans ce cas comme le complément et la
conséquence nécessaire des compétences qui lui sont expressément attribués par la
Constitution dans trois domaines : la défense nationale, les affaires religieuses et les droits et
libertés.
Tout d’abord, lors de la suppression du ministère de la défense nationale en 1972, le Roi,
en sa qualité de chef suprême des Forces armées royales (articles 30), a exercé directement les
attributions de ce ministère. Cependant, depuis 1973, ces attributions sont régulièrement
déléguées par le Roi au Chef du gouvernement de façon permanente et générale. Auprès du
Premier, est normalement délégué un ministre chargé de l’administration de la Défense
nationale.
Ensuite, le Roi intervient en matière réglementaire (et plus généralement en matière
administrative) de manière indirecte.
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Pour conclure, il convient de signaler que dans l’exercice de ses fonctions, le Roi est
assisté par un cabinet (ses membres sont nommés par dahir et leur nombre est variable) et par
des organismes à caractère consultatif.
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A- Les compétences administratives du Chef du gouvernement :
Il faut noter tout d’abord que, sauf exception, le Chef du gouvernement n’est pas chargé de la
direction d’un département ministériel déterminé. Le Chef du gouvernement, qui a hérité les
compétences du grand Vizir du temps de protectorat, est chargé de l’administration générale du
pays, et d’une manière générale de tout ce qui ne relève pas des autres ministères.
Dans l’accomplissement de ses fonctions, il est aidé par certains services placés au niveau
central. Il s’agit essentiellement du cabinet, du secrétariat général du gouvernement et de certains
services rattachés au Chef du gouvernement.
1- Le cabinet :
Comme le cabinet des ministres, le cabinet du Chef du gouvernement est un organe politique
temporaire nommé par lui. C’est une circulaire royale du 23 mars 1966 qui fixe les conditions de
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désignation et les attributions des membres des cabinets ministériels. Ils doivent remplir
impérativement deux conditions : l’honorabilité et la compétence. Le rôle du cabinet doit se limiter
à l’étude et au règlement des questions ayant un caractère politique et n’impliquant pas
l’intervention nécessaire des services administratif. Un dahir du 10 avril 1995 fixe à huit le nombre
des membres du cabinet du Chef du gouvernement : un chef de cabinet, six conseillers techniques
et un attaché de presse.
C’est un organe administratif permanant qui a été crée par le dahir du 10 décembre 1955
auprès de la présidence du conseil et placé sans l’autorité directe du président du conseil. Depuis la
disposition de cette appellation, le secrétaire général du gouvernement dépend du Chef du
gouvernement. En 1966, il a été élevé au rang de ministre sans qu’il porte officiellement la
dénomination de ministre (Décret royal du 24 octobre 1966).
Le texte de création du secrétariat général du gouvernement lui assigne une mission de
coordination de l’activité des divers départements ministériels, l’organisation et le secrétariat des
conseils des ministres, ainsi que la centralisation des affaires soumises à l’arbitrage ou l’examen du
Chef du gouvernement.
Un décret du 29 janvier 1985 fixe l’organisation de cet organisme et précise de manière plus
détaillée ses attributions. Il est notamment chargé de contrôler la régularité juridique des projets de
lois et de règlements, et de préparer les projets de textes législatifs et réglementaires qui ne
relèvent pas de la compétence particulière d’un département déterminé.
Présidés par le Chef du gouvernement et crées par décret, ces services jouent un rôle de
coordination, de proposition et suivi de l’exécution politique gouvernementale sur une question
donnée. Ex : La commission permanente de déconcentration administrative (décret du 20 octobre
1993) ou le conseil supérieur de l’aménagement du territoire (décret du 13 décembre 2001).
Les ministres ont un rôle politique en tant que membres du gouvernement, et un rôle
administratif puisqu’ils se trouvent chacun à la tête d’un département ministériel.
Le nombre des ministres et des départements ministériels est pratiquement déterminé
conjointement pour le Roi et Chef du gouvernement ; les membres du gouvernement sont nommés
par dahir royal sur proposition du Chef du gouvernement. Le nombre des ministères varie d’un
gouvernement à l’autre, selon les domaines d’intervention de l’Etat, mais aussi pour tenir compte
de la représentation des partis politiques qui forment la majorité.
A- La hiérarchie gouvernementale :
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avec la fonction gouvernementale, les règles relatives à la limitation du cumul des fonctions,
ainsi que celles régissant l'expédition, par le gouvernement sortant, des affaires courantes.
Après le chef du gouvernement, on peut trouver dans un gouvernement donné un ou plusieurs
ministres d’Etat chargés ou non d’un département ministériel. Il s’agit d’un titre honorifique
attribué soit pour le mérites personnels de l’intéressé, soit en raison de son poids politique).
Ensuite, il y a les ministres dits le plein exercice. Chaque ministre se trouve à la tête d’un
ministère et participe de plein de droit à la réunion du Conseil des ministres. Les grands secteurs
d’interventions des pouvoirs publics sont érigés en départements ministériels (Economie,
Finance, Education nationale…).
L’organisation en différents services et les attributions de chaque ministère sont fixées par des
décrets de répartition.
En troisième position, on peut trouver des ministres délégués, également chargés d’un
département ministériel. Ils sont rattachés soit du Chef du gouvernement, soit à un ministre.
Elle est constituée par les organes locaux de l’Etat qui sont les services extérieurs des
ministères (chargés chacun d’une mission spéciale) et d’autorités administratives générales
placées aux différents niveaux territoriaux. L’implantation géographique des ces organes est
basée sur la division du territoire national en circonscriptions administratives déterminées. Les
rapports de l’administration centrale avec les organes locaux sont aménagés selon la technique
de la déconcentration. Il s’agit des bases de l’administration territoriale d’Etat.
Il résulte d’un texte fondamental, le dahir 2 décembre 1959, plusieurs fois modifié et complété,
d’après lequel : « le royaume est divisé en 17 willayas groupant 14 provinces, 12 préfectures et 8
préfectures d’arrondissement », ainsi que 1497 communes urbaines et rurales. Les provinces et
les préfectures sont divisées en cercles, les cercles sont divisés en caïdats. En outre, le décret du
17 août 1997 fixe le nombre des régions à 16.
Chaque région comprend une wilaya, sauf la région de Tanger – Tétouan qui en comprend
deux.
De toutes ces circonscriptions seules la région, la province et la préfecture ainsi que les
communes ont la double qualité de circonscription administrative de l’Etat et de la collectivité
locale décentralisée.
2- La déconcentration administrative :
Malgré la volonté maintes fois réitérée par les pouvoirs publics, la déconcentration est peu
développée au Maroc.
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Théoriquement, la déconcentration est une technique d’aménagement de l’exercice du pouvoir
administratif appliqué particulièrement au sein de l’Etat. Elle consiste de la part des autorités
placées à la tête de l’administration (autorité centrale) à transférer une partie du pouvoir de
décision à des autorités hiérarchiquement inférieures (organes locaux). Ce transfert consiste en
une délégation de pouvoirs, opérée soit par textes législatifs, soit par des actes règlementaires.
La déconcentration a l’avantage de rapprocher l’administration des administrées et de
désencombrer le pouvoir central pour certaines affaires. Elle a également pour avantage de
permettre aux organes décentralisés d’avoir sur place des interlocuteurs habilités à les aider dans
l’accomplissement de leurs tâches. C’est à ce titre que la déconcentration est considérée comme
le corollaire de la décentralisation.
C’est la province (ou la préfecture) qui sert de cadre géographique d’implantation des services
extérieurs, à leur tête se trouve le gouverneur.
La plupart des ministres ont des services extérieurs implantés en règle générale dans chaque
province ou préfecture. Concrètement, ce sont les différentes délégations provinciales ou
préfectorales qui ont pour objectif de permettre la réalisation de la déconcentration
administrative. Mais aucun texte législatif n’utilise l’expression « services déconcentrés ». La
constitution, révisée en 1996, les désigne par l’expression « services locaux des administrations
centrales ».
La mission des services extérieurs et définie par l’article 3 du décret du 20 octobre 1993 relatif
à la déconcentration administrative. Ils « sont chargés au niveau territorial, de l’exécution de la
politique gouvernementale et de toutes les décisions et directives des autorités compétentes ».
Les ministres peuvent donner délégation aux chefs de leurs services extérieurs et aux
gouverneurs pour agir en leur nom.
Enfin, les chefs de service extérieurs peuvent être institués sous- ordonnateur des dépenses
pour tout ou partie des crédits mis à leur disposition.
La coordination de l’activité des services extérieurs est exercée par le gouverneur dans le cadre
des comités techniques préfectoraux ou provinciaux.
Le premier colloque national sur la réforme administrative organisé les 7 et 8 mai 2002 a
permis de relever les insuffisances de l’organisation des services extérieurs comme moyen de
déconcentration administrative.
D’après le diagnostic établi, il est apparu que malgré le nombre élevé des services extérieurs, le
rôle qui leur est fixé n’a pas atteint le niveau souhaité pour répondre aux demandes des
collectivités locales pour réaliser un vrai partenariat en matière de développement local, et aux
besoins des divers citoyens.
Des obstacles existent en matière de gestion du personnel et du budget, méfiance du pouvoir
central, déséquilibre quant à la répartition des services extérieurs au niveau de national….
Quant à la couverture géographique, la création de services extérieurs n’a pas suivi le rythme
du découpage territorial : absence de services extérieurs dans certaines préfectures et provinces
malgré l’existence de besoins locaux qui doivent être satisfaits. Si l’on excepte le ministère des
affaires étrangères et certains autres ministères, d’autres administrations centrales ne couvrent
selon les cas qu’environ 40°/° à 60°/° de l’ensemble du territoire national. Exemple : la pêche
maritime, la culture et la communication.
En outre les services extérieurs ne sont crées qu’au niveau des chefs-lieux des préfectures ou
provinces. Ils n’ont pas d’annexes administratives dans la veste du territoire de la préfecture,
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d’où l’éloignement de l’administration des administrés, notamment dans les hypothèses où un
service extérieur couvre deux préfectures ou plus.
2-Le gouverneur :
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3-Les organes au niveau infra-provincial :
Les chefs de cercle sont les représentants du pouvoir exécutif dans leur ressort territorial ils
assurent sous la direction du gouverneur, l’exécution des lois et règlements, le maintien de
l’ordre, la sécurité et la tranquillité publiques.
Sous l’autorité du gouverneur, ils animent et contrôlent les activités des chefs de
circonscription comprises dans les limites du cercle. Dans ces mêmes limites, ils ont mission de
conseiller et de conciliateur pour toutes les affaires d’intérêt communal et intercommunal.
Les chefs de cercle sont également chargés des liaisons entre les différents services
administratifs et techniques implantées dans le cercle, et veillent à la coordination pratique des
interventions requises pour l’équipement et l’aménagement de leur territoire. Ils sont assistés par
un ou plusieurs techniciens des travaux ruraux qui peuvent être mis à la disposition des chefs de
circonscription et des conseils communaux intéressés.
Les chefs de circonscription urbaine et rurale (respectivement pachas et caïds) sont les
représentants du pouvoir exécutif dans leur circonscription. Dans les communes de leur ressort,
ils exercent les pouvoirs de police et le pouvoir réglementaire, conformément à la législation en
vigueur.
Les chefs de circonscriptions rurales sont on outre chargés, sous le contrôle des chefs de cercle,
de conseiller et d’aider les conseils communaux dans leur tâche administrative ainsi que dans
l’exécution des travaux d’aménagement et d’équipement communal. Ils prennent les initiatives
nécessaires à cet effet.
La région, collectivité locale la plus étendue, sert également de cadre d’action de l’Etat.
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A sa tête, on trouve le wali de région, qui n’est autre que le gouverneur de la préfecture ou la
province chef-lieu de la région. A ce titre, il exerce les attributions dévolues aux gouverneurs et
que nous venons d’expose.
En tant que wali de région, son statut n’est défini par aucun texte particulier, ses attributions
résultent donc de la pratique et de quelques textes réglementaires.
Le wali de région n’est pas le supérieur hiérarchique des gouverneurs des préfectures et
provinces de la région.
Il n’est pas non plus le représentant de l’Etat dans la région et ne dispose donc pas à ce niveau
des pouvoir de la police.
Ses principales attributions sont les suivantes :
- Il est chargé de la coordination de l’action des services régionaux de l’Etat (pour les
ministères qui disposent de délégations régionales).
- Il bénéficie de délégations de pouvoirs (des services régionaux de l’Etat) dans le cadre
politique de la déconcentration des investissements, initiée par la lettre royale du 17
janvier 2002. A ce texte, il agit au nom de l’Etat pour conclure ou édicter certains actes
qui relèvent du pouvoir central. Plusieurs textes réglementaires ont été pris en ce sens
dans les matières suivantes : les contrats de vente ou de location des immeubles du
domaine privé de l’Etat, les autorisations d’occupation du domaine public et du domaine
forestier, les autorisations d’exploitation des activités industrielles et touristiques.
- Enfin, le wali de région exerce dans certains cas le contrôle de tutelle sur le conseil
régional, dont il est, comme l’organe exécutif.
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Chapitre 2 : Les autorités administratives
indépendantes
A- Nations générales :
L’administration d’Etat que nous venons de voir, organisé en règle générale en ministère,
forme ce que l’on appelle l’administration active, c’est-à-dire l’administration qui décide.
A côté de cette administration active, on trouve au niveau central des organisations
consultatives (chargés de conseiller le gouvernement), de contrôle non juridictionnel ou même de
régulation de certaines activités économiques dont l’administration est responsable. Ils
dépendent cependant du pouvoir exécutif.
De ces organisations, il faut distinguer les « autorités administratives indépendantes » qui
peuvent exercer les mêmes attributions, mais qui ont la particularité d’être « indépendantes »,
c'est-à-dire qu’elles n’appartiennent pas à la hiérarchie des administrations centrales organisées
en ministères.
La notion d’A.A.I est consacrée par le droit administratif français depuis longtemps.
Les principales caractéristiques de ces autorités, telles qu’elles résultant des lois sur ou de la
jurisprudence, précisées par la doctrine, sont les suivantes :
- Tout, d’abord, ce sont des autorités, qui ne se limitent pas à donner des conseils, faire des
propositions et des recommandations ou exercer un contrôle, mais détiennent (sauf pour
le médiateur) un pouvoir de décision qu’elles exercent par voie de règlements ou de
mesures individuelles.
- Ensuite, ce sont des autorités administratives, en ce sens qu’elles exercent leurs
attributions dans des matières administratives relatives à des domaines importants comme
l’économie ou les libertés publiques. Créées par voie législative, elles ont pour rôle
essentiel de combler les lacunes du contrôle classique de l’administration, qu’il soit
administratif ou juridictionnel.
- Enfin, ce sont des autorités indépendantes, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas soumises au
contrôle hiérarchique ou de tutelle.
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B- Elément de droit comparé :
Une comparaison même très brève avec le droit français fait apparaître les spécialités du droit
marocain relativement aux AAI.
Il existe bien en droit marocain des organismes semblables aux organismes français, mais ils
n’ont pas tous la qualité d’AAI. Certains de ses organismes sont crées sous forme
d’établissement publics, comme par exemple le conseil déontologique des valeurs mobilières tel
l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT, institué auprès du Chef
du gouvernement par la loi du 7 août 1997).
D’autres instituions entrent bien dans la catégorie des AAI, mais sans que le législateur utilise
expressément cette qualification : c’est le cas du Conseil de la concurrence (crée par la loi du 5
juin 2000 sur la liberté des prix et de la concurrence, mais sans pouvoir de décision).
Les plus importantes AAI sont le «D’iwan el Madalim» remplacée récemment par l’institution
du médiateur et la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle. Elles ont la particularité
d’être créées par dahir royal, sur la base de l’article 19 de la constitution, qui confère au Roi la
qualité de protecteur des droits et libertés. Il s’agit là certainement de dahirs de nature législative
pour lesquels le Roi intervient dans un domaine partagé avec le parlement.
Créée par le dahir du 31 août 2002, dans le cadre d’une politique de désengagement de
l’Etat du secteur de l’audiovisuel, la HACA se compose du Conseil supérieur de la
communication audiovisuelle et de la direction générale de la communication audio visuelle.
Le CSCA comprend neuf membres, dont le président et quatre membres nommés par le
Roi, deux membres nommés par le Chef du gouvernement pour une durée de cinq ans
renouvelable une fois et deux membres, nommés, l’un par le président de la chambre des
représentants et l’autre par le président de la chambre des conseillers, pour la même durée. Le
président du CSCA est également président de la HACA. Il est assimilé quant à sa situation
administrative et financière à un membre du gouvernement.
Le CSCA exerce dans le domaine de l’audiovisuel plusieurs attributions :
-Il propose au Roi les nominations aux emplois publics à la tête des organismes publics
intervenant dans le domaine audiovisuel ;
-Il donne avis dans le même domaine au Parlement et au gouvernement lorsqu’il est saisi par le
Chef du gouvernement ou les présidents des chambres, il donne avis obligatoirement à ces
mêmes autorités sur les projets de lois ou de décrets et sur les propositions de lois avant leur
examen par Conseil des ministres ou par le Parlement.
-Il propose et suggère les mesures de toute nature, notamment d’ordre juridique, relatives au
secteur,
-Il contrôle et veille à l’application et au respect de la législation ou la matière ;
-Il accorde les autorisations nécessaires et édicte les normes applicables,
-Enfin, il sanctionne les infractions commises par les organismes de communications
audiovisuelles.
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