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Les systèmes territoriaux de production : revue de littérature et approches


théoriques d'un concept évolutif

Article · January 2006

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Denis Chabault
Université Paris-Sud 11
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Les systèmes territoriaux de production : revue de
littérature et approches théoriques d’un concept évolutif

Denis Chabault
CERMAT – IAE de Tours
Université de Tours

Les systèmes territoriaux de production : revue de littérature et approches théoriques d’un


concept évolutif

Résumé :
La notion de système territorial de production est relativement ancienne, elle traduit une multitude de
situations empiriques et une disparité conceptuelle parfois difficile à saisir.
Dès lors, cette revue de littérature permettra de mettre en exergue l’évolution de ces systèmes. Nous
mettrons notamment en évidence la place prépondérante de la notion d’innovation en montrant
comment nous sommes passés de la notion de système territorial de production à celle de système
territorial d’innovation.

Mots clés : Systèmes territoriaux de production, districts industriels, pôle de compétitivité, innovation.

Territorial production systems: state of the art and theoretical approaches of an evolutionary
concept

Abstract::
The concept of territorial production systems is relatively old, it translates a multitude of empirical
situations and a conceptual disparity sometimes difficult to seize.
So, this review of literature will make it possible to put forward the evolution of these systems. We will
highlight in particular the place dominating of the concept of innovation by showing how we passed from
the concept of territorial production system to that of territorial innovation system.

Key words: Territorial production systems, industrial districts, pole de compétitivité, innovation.

1
L’intérêt pour les phénomènes de concentration géographique d’entreprises s’est
considérablement accentué depuis le succès de la Silicon Valley et de la Route 128 aux Etats-
Unis (Saxenian, 1994). Ces différentes configurations peuvent être regroupées sous le nom
générique de système territorial de production que Maillat (2003), définit comme « un
ensemble caractérisé par la proximité d’unités productives au sens large (entreprises
industrielles et de services, centres de recherche et de formation, organismes d’interface,
organisations professionnelles, etc.), qui entretiennent des rapports marchands et non-
marchands d’intensité plus ou moins forte (Gilly, 1987) et qui génèrent une dynamique
productive d’ensemble » (Maillat, 2003 :8 , d’après Gilly et Grosseti, 1993).

Les crises et les mutations que connaissent les économies occidentales depuis les années 70-
80 ont notamment pour conséquence de réactiver l’intérêt porté au rôle des systèmes de
production flexible dans la croissance économique. La globalisation de l’économie, la
nouvelle répartition des activités dans l’espace, l’ouverture des marchés et la diffusion rapide
des nouvelles technologies, exercent des pressions sur les systèmes de production et les
soumet à des impératifs d’évolution et d’adaptation. On assiste a de véritables
« bouleversements spatiaux » qui ont conduit à dépasser les modèles traditionnels de
représentation de l’espace (Aydalot, 1984 ; Lacour, 1985).

On observe ainsi depuis quelques années une multiplication des applications empiriques de ce
concept : districts industriels, systèmes industriels localisés, complexes industriels localisés,
pôles industriels, technopôles, parcs d’activités et plus récemment, les pôles de compétitivité.
Ces multiples configurations, définitions et applications ajoutent à « la pénombre
sémantique » (Veltz, 1996 : 70) et ne facilitent pas la compréhension d’un phénomène
désormais ancien. Ils sont aujourd’hui considérés comme de véritables outils de
développement économique et se seraient développés en raison notamment de leur impact
positif sur la performance des entreprises, sur la croissance économique régionale et sur la
compétitivité des pays (Rocha, 2004).

Face à cet engouement pour les systèmes territoriaux de production, il semble aujourd’hui
nécessaire de faire le point sur les différentes approches théoriques qui rendent compte d’une
réalité parfois difficile à saisir.

L’objectif de cet article est de fournir un panorama global des théories permettant de
comprendre l’évolution des différents systèmes territoriaux de production. Nous nous
intéressons tout d’abord aux fondements de la notion de développement (1) qui ont permis
l’émergence des approches théoriques dites « traditionnelles » des systèmes territoriaux de
production (2), pour ensuite nous intéresser aux courants plus récents qui insistent tout
particulièrement sur le rôle de l’innovation comme vecteur du développement (3) et sur la
notion de réseau.

1. FONDEMENTS THEORIQUES DE LA NOTION DE DEVELOPPEMENT


Selon Rist (1996), le développement est assimilé à la théorie de l’évolution naturelle. Il
apparaît comme un processus de changement ininterrompu, ayant des effets cumulatifs
irréversibles et dirigés vers une finalité précise (Tremblay, 1999).

2
Pendant longtemps, les principes de l’économie élaborés par les premiers théoriciens de
l’économie classique1 ont servi de base aux théories du développement général et aux théories
du développement économique en particulier, puisqu’à cette époque les deux notions sont
confondues.

Ces principes voient leur consécration pendant la révolution industrielle avec la mise en place
d’un système organisé de production économique. C’est à l’intérieur de ce cadre que
s’établissent le fordisme et le keynésianisme qui sont à la base de la croissance économique
du XXème siècle. Différentes crises économiques successives remettent en cause ces modèles
et donnent naissance aux approches territoriales du développement, on parle également des
théories du développement dans l’espace (Tremblay, 1999). Celles-ci se sont multipliées en
raison de l’hétérogénéité des situations propres à chaque espace pour former aujourd’hui le
«corpus des théories du développement régional », corpus encore flou puisque « qu’aucune
théorie générale du développement régional n’est encore disponible » (Boisvert, 1996 : 188).

Pendant la période des 30 glorieuses, l’aménagement du territoire est basé sur la théorie des
pôles de croissance (Perroux, 1955 ; Boudeville, 1963) : « La croissance n’apparaît pas
partout à la fois ; elle se manifeste en des points ou des pôles de croissance, avec des
intensités variables ; elle se répand par divers canaux et avec des effets terminaux variables
pour l’ensemble de l’économie » (Perroux, 1955 : 309). La croissance n’apparaît pas
uniformément dans l’espace, les politiques interventionnistes doivent donc se centrer sur
quelques points géographiques ou secteurs d’activité qui auraient des effets d’entraînements
sur d’autres secteurs, villes ou régions (Aydalot, 1985). Il s’agit en ce sens d’un processus de
diffusion d’un centre vers les périphéries. Mais ces politiques ont un effet pervers puisque la
polarisation du développement dans un espace délimité contribue à créer des espaces
marginalisés autour du pôle de développement (Tremblay, 1999). De plus ce modèle perd de
sa puissance opérationnelle en cas de crise car la croissance n’est plus diffusable en raison de
sa raréfaction.

Aujourd’hui, la mondialisation de l’économie ne permet pas un développement territorial


homogène. Il apparaît alors nécessaire de freiner ces inégalités de développement dans
l’espace. Selon la notion du développement endogène (Garofoli, 1994) le territoire est à la
base du développement, il s’incarne dans un espace particulier et y prend sa source. Il est le
fruit de chacune des composantes territoriales d’un espace, c'est-à-dire les composantes
naturelles, culturelles, économiques et sociales. Il est communautaire puisqu’il fait appel à la
participation de la population, et démocratique puisqu’il suppose des structures démocratiques
pour sa mise en place (Aydalot, 1985. En ce sens, il se rapporte à des actions territoriales qui
influencent l’émergence ou la localisation d’activités économiques.

Le développement endogène est basé sur les besoins fondamentaux des personnes
(alimentation, logement, éducation, travail…) et non sur les besoins de la croissance du
marché. Il est axé sur la valorisation des ressources naturelles, sur sa culture et ses savoir-faire
locaux. Selon ces principes, un territoire peut chercher à transformer les caractéristiques qui
sont les siennes et à créer un certain nombre d’avantages qui lui sont spécifiques. Cette
démarche volontaire est susceptible de renforcer l’attractivité d’un territoire2.

1
Notamment Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823) et Jean-Baptiste Say (1762-1832).
2
Le développement endogène a connu de nombreuses applications, il a notamment alimenté les travaux de
Aydalot et des chercheurs du GREMI.

3
La théorie du développement local est un autre courant qui se présente moins comme une
théorie du développement que comme un paradigme nouveau du développement.

Selon certains auteurs (Boisvert, 1996), le développement local découle directement du


concept de développement endogène, mais selon Tremblay (1999 : 25), « il a subi une
formalisation encore plus grande, ce qui a engendré plusieurs approches de développement
local ». Tremblay (1999) dans une tentative de synthèse a dégagé deux approches qui
englobent l’ensemble des courants : l’approche du développement local communautaire qui
est centré sur une vision globale et sociale du développement et l’approche du développement
économique local.

L’approche du développement local communautaire est fondée à la fois sur les solidarités et
les initiatives à l’échelle de la communauté locale. Son objectif est de contrer les effets du
développement libéral et des interventions ou des non-interventions de l’Etat. Selon cette
approche, c’est donc le développement social qui influencera le développement économique.
Dionne (1996) parle de l’approche territoriale qui se fonde sur les solidarités humaines et
communautaires. Il rejoint le concept d’économie sociale et la mise en place d’entreprises
d’économie sociale.

L’approche du développement économique local est axée sur la mise en place d’initiatives
concertées par des partenaires oeuvrant au niveau d’un territoire local. Elle est principalement
orientée vers l’amélioration des indices économiques traditionnels tels que la croissance des
emplois et des revenus. Certains auteurs parlent de modèle fonctionnel qui se traduit par un
modèle de l’ajustement aux marchés mondialisés (Dionne, 1996).

Le courant des districts industriels, le courant de la spécialisation flexible et plus tard le


courant des milieux innovateurs, sont des approches différentes qui découlent du courant du
développement économique local. Elles se situent d’avantage dans une optique économique
classique, fondées sur l’entrepreneuriat, les systèmes de production géographiques et la
flexibilité des entreprises.

2. APPROCHES THEORIQUES TRADITIONNELLES DES SYSTEMES


TERRITORIAUX DE PRODUCTION3

2.1. L’école des districts industriels

L’école des districts industriels (1) s’est fondée autour des travaux de Marshall (1890) à partir
notamment de son étude sur les petites entreprises du secteur de la coutellerie à Sheffield en
Angleterre . Ce sont les chercheurs italiens (Bagnasco, 1977 ; Becattini, 1979, 1987 ; Brusco,
1982 ; Garofoli, 1981, 1983 ; Fuà et Zacchia, 1985 ; Trigilia,1986), qui au début des années
quatre-vingt réactualisent cette approche à travers l’étude des districts industriels italiens (2).

3
Dans la suite de l’article, nous utiliserons l’abréviation STP pour désigner les Systèmes Territoriaux de
Production

4
2.1.1. Les Districts Industriels Marshalliens

L’école des districts industriels est centrée principalement sur la qualité des relations sociales,
économiques et politiques, formelles et informelles comme facteurs déterminant du
développement économique durable. Cette approche est fondée sur les travaux initiaux
d’Alfred Marshall (1890) qui observe l’existence de deux schémas d’organisation industrielle
de la production : d’une part, l’organisation de type fordiste qui se caractérise par un
commandement unique et une forte division du travail intégrée au sein d’une grande
entreprise ; d’autre part, la coordination d’une division sociale du travail désintégrée entre des
firmes plus petites se spécialisant dans un segment du processus productif.

Marshall va se pencher sur le deuxième type d’organisation qu’il qualifie de district industriel
et que Zeitlin (1992) définit comme « un système de production localisé géographiquement et
fondé sur une intense division du travail entre petites et moyennes entreprises spécialisées
dans des phases distinctes d’un même secteur industriel « (Zeitlin, 1992 : 283).

Il centre son analyse autour de la notion d’économie externe qui résulte de l’organisation
industrielle et non de l’organisation propre à chaque entreprise. C’est la réalisation
d’économies d’agglomération liées à la proximité et permettant la baisse des coûts de
production qui permet le succès des districts. Ces économies sont externes à l’entreprise mais
sont internes à une aire géographique spécifique et elles permettent d’améliorer l’efficience de
chaque entreprise prise individuellement.

Marshall met également en avant la notion « d’atmosphère industrielle », processus culturel


qui favorise l’apprentissage et l’acquisition de compétences pour un métier : « lorsque de
grandes masses d’hommes dans la même localité sont engagés dans des tâches similaires,
(…), la compétence (ou le savoi- faire) requis dans leur travail est dans l’air et les enfants la
respirent en grandissant » (Whitaker, 1975). Cette notion est essentielle car elle est le garant
de la pérennité du système en favorisant à la fois l’éducation, l’échange d’idées et
d’expériences, elle favorise la coopération et l’innovation. Les relations sont alors basées sur
la confiance et la réciprocité. C’est donc notamment la proximité spatiale et l’homogénéité
culturelle qui favorisent la transmission d’idées nouvelles et augmentent la fréquence de leur
adoption (Courlet, 1991). Marshall introduit, en ce sens, la notion de territoire dans l’analyse
des districts industriels ; ce qui lui permet d’affirmer que l’efficacité et la dynamique d’un
système localisé de PME sont largement le résultat de leur inscription socio-territoriale.

2.1.2. Les districts Industriels Italiens

La crise économique mondiale des années soixante-dix, ainsi que les changements politiques,
institutionnels et technologiques ont été l’occasion d’un regain d’intérêt pour les STP (Rocha,
2004). La question centrale est de savoir pourquoi les anciens bastions industriels fordistes
rencontrent des difficultés alors que d’autres régions basées sur la désintégration verticale, des
réseaux inter-industriels et un marché du travail local, arrivent à tirer leur épingle du jeu en
restant en dehors d’une production de masse (Storper et Walker, 1983).

Les recherches menées par Bagnasco (1977), Brusco (1982), Garofoli (1981, 1983), Fuà et
Zacchia (1985) et par Trigilia (1986) sur la Troisième Italie4 permettent de réactualiser les

4
De nombreux travaux sont fondés sur l’étude de cette région située en Italie du nord-est et du Centre, où le
développement économique se situait entre l’industrialisation classique du triangle Milan-Turin-Gênes et le
sous-développement persistant du Mezzogiono.

5
différentes conceptions des modes de coopérations inter-entreprises en insistant sur les
dynamiques endogènes de développement et les caractéristiques sociologiques et culturelles
de ces régions comme facteurs explicatifs de leur dynamisme (Courlet, 1991).

Becattini (1979, 1987), à travers une approche fondée sur l’économie industrielle, rappelle
que le type d’organisation industrielle de ces régions mélange de concurrence et de
coopération au sein d’un système localisé de petites et moyennes entreprises, est similaire aux
districts industriels marshalliens.

Le modèle de district industriel italien s’inspire de l’idée d’Alfred Marshall selon laquelle
proximité et spécialisation géographiques pourraient, pour certaines régions, créer des
avantages économiques de la production à grande échelle. « Généralement l'agrégation d'un
grand nombre de petits ateliers, comme la création de quelques grandes usines, permet
d'atteindre les avantages de production à grande échelle... Il est possible de couper le
processus de production en plusieurs segments, chacun pouvant être réalisé avec le maximum
d'économies dans un petit établissement formant ainsi un district composé d'un nombre
importants de petits établissements semblables spécialisés pour réaliser une étape
particulière du processus de production » (Marshall cité par Becattini 1987 : 131).

Les premières études sur ce phénomène insistent sur les caractéristiques sociales de ces
régions de développement endogène (Benko, Dunford et Lipiez, 1996). Becattini (1979)
relève dans son analyse des éléments ayant trait à la fois à la configuration proprement
économique de l’ensemble d’entreprises et se rapportant en même temps au fonctionnement
social de la collectivité locale. Au-delà de l’appartenance des individus à un même ensemble
d’entreprises, c’est la culture, un ensemble de valeurs communément partagées qui permettent
de spécifier et de caractériser cette communauté locale. Il permet de circonscrire les conflits
d’intérêt, le district industriel est alors considéré comme « une entité socio-territoriale
caractérisée par la présence active d’une communauté de personnes et d’une population
d’entreprises à l’intérieur d’une aire géographique spécifique » (Becattini, 1979 : 38).

Les districts industriels sont en effet composés de petites entreprises qui coexistent et
collaborent dans un même lieu et dont la stabilité est due à l’absence d’une grande entreprise
leader. Les différentes entreprises qui composent le district sont généralement articulées
techniquement les unes aux autres et contribuent collectivement à une production de bien
spécifique, identifiable comme le produit industriel du district.

Selon Pyke et al. (1990) cette forme de coopération particulière est marquée par un « double
amalgame complexe », il s’agit d’un savant mélange entre principe de coopération et de
compétition d’une part, et principe de spécialisation et flexibilité d’autre part (Bernard et
Vicente, 2002). Les relations entre les entreprises dans les districts italiens sont basées sur des
relations de concurrence (facilitées par la quasi-absence de barrière à l’entrée dans l’industrie)
et sur des relations de réciprocité (caractérisées principalement par l’activation de
complémentarités technologiques, le partage des risques de marché et d’innovation et
l’échange de travailleurs) (Bernard et Vicente, 2002).

Le succès des districts industriels repose donc sur plusieurs attributs : confiance, permanence
des interactions, relations de proximités et de réciprocité. Il apparaît en ce sens comme une
forme typique d’organisation territorialisée dans laquelle les relations entre firmes sont régies
par un ensemble de normes implicites ou explicites, alliant règles du marché et code social.

6
Au final, on peut considérer comme le dit Bernard et al. que « les districts industriels italiens
révèlent leur spécificité en terme de coopération et de degré d’ouverture. La structure
d’interaction apparaît plus proche du marché que de la hiérarchie, mais avec un système de
valeurs très spécifiques, fondé sur une communauté d’intérêts et une convergence des
anticipations qui assure une forte coopération entre unité productives concurrentes ».

En somme, l’école italienne a mis en évidence que le succès des districts repose à la fois sur
une communauté efficiente de petites entreprises, et sur l’importance des facteurs historiques
(Bagnasco, 1977 ; Triglia, 1986) politiques (Zeitlin, 1992), socioculturels et territoriaux.

Cependant ce mode de coopération n’est pas exclusif ; le district industriel ne doit pas être
considéré « ni comme un mythe, ni comme un interlude » (Triglia, 1986), mais plutôt comme
une forme particulière de coopération parmi une diversité de voies de développement (Fua,
1991), qui dépendent toutes de nombreux paramètres.

« Atmosphère Industrielle »
Périmètre du
district industriel

Réciprocité
Confiance Entreprise Entreprise

Concurrence
Forte intensité locale
Relation de proximité des interactions
Coopération durable

Entreprise Entreprise

Culture
professionnelle Permanence des
interactions

Faible intensité des


interactions avec
l’environnement extérieur

Les attributs de la relation entre organisations dans les districts industriels.

2.2. L’approche de la spécialisation flexible

Dans la lignée de Marshall, Piore et Sabel (1984) mettent en avant que le succès des districts
industriels repose sur le modèle de « la spécialisation flexible » (Benko, Dunford et Lipiez,
1996). Selon eux, il existe deux stratégies potentielles contradictoires pour relancer la
croissance économique. La première stratégie s’est construite autour des principes dominants

7
de la production de masse. La seconde stratégie est fondée sur le rassemblement de petites
entreprises innovantes spécialisées dans un secteur de production. Celle-ci peut être
considérée comme une alternative à la production de masse et à la dépendance des grandes
entreprises. Piore et Sabel (1984) considèrent à ce titre que l’organisation en réseau constitue
une forme naturelle et dominante ; le marché et la hiérarchie n’étant que les extrêmes de ce
continuum.

Ils associent leur modèle au système de petites entreprises désintégrées verticalement qui
prévalent dans les districts industriels marshalliens et italiens qui sont la manifestation
spatiale de la spécialisation flexible. C’est le besoin de collaboration entre les entreprises qui
implique une tendance au regroupement spatial des entités (Rocha, 2004).

2.3. Les nouveaux espaces industriels

On assiste, à la fin des années soixante-dix, à une remise en cause du modèle strict de district
industriel avec notamment les travaux des géographes californiens (Scott, 1988 ; Storper et
Scott, 1989) qui développent le courant des nouveaux espaces industriels à partir notamment
de la théorie des coûts de transaction (Coase, 1937 ; Williamson, 1975). Selon Storper et Scott
(1989), la performance d’un STP passe par l’externalisation des différentes activités d’un
processus et par une désintégration verticale de la chaîne de production ; ce qui permet soit de
minimiser les risques, soit de maximiser les bénéfices de la spécialisation. Cependant cette
désintégration verticale peut accroître les transactions entre les entreprises et augmenter les
coûts de transaction.

Pour contrecarrer cette augmentation, les entreprises peuvent se rassembler dans un espace
géographique flexible matérialisé. En ce sens, le regroupement des entreprises est dû à la
minimisation des coûts de transaction interentreprises (Scott, 1988). On voit ainsi émerger un
« paradigme Coase-Williamson-Scott », selon lequel l’organisation industrielle arbitrerait
entre les coûts de transaction internes à la firme et les coûts de transaction entre les firmes. Ce
nouveau paradigme permet d’étendre le modèle de la spécialisation flexible en prenant en
compte les grandes entreprises, et en l’élargissant à d’autres secteurs d’activité.

Cependant, la principale critique faite à ce modèle est la prise en compte exclusive de facteurs
essentiellement économiques pour expliquer la performance des agglomérations d’entreprises.
Or, l’étude des relations purement économiques n’est pas suffisante pour rendre compte d’une
réalité beaucoup plus complexe, notamment dans le secteur de la haute technologie5 (Rocha,
2004). En réponse à ces critiques, Storper (1997) précise qu’il faut également prendre en
compte les interdépendances entre les acteurs, notamment les conventions et les règles
informelles, ainsi que les habitudes qui permettent de coordonner les parties prenantes. Il
s’agit donc de compléter une analyse purement économique par une approche sociologique
des relations sociales. Ces axes développements suggérés par de nombreux auteurs sont pris
en compte dans les approches les plus récentes des STP.

5
Par exemple, Liebeskind et al. (1996) ont démontré, en étudiant le secteur des biotechnologies en Californie,
que les coûts de transactions n’étaient pas suffisants pour expliquer le succès des agglomérations d’acteurs, mais
qu’il fallait également prendre en compte les connaissances, et l’apprentissage, fondé notamment sur les réseaux
sociaux.

8
3. LA PREGNANCE DE LA NOTION D’INNOVATION : VERS LES SYSTEMES
TERRITORIAUX D’INNOVATION
Dans les années 90, l’accélération du processus de globalisation de l’économie ainsi que les
évolutions technologiques poussent les scientifiques à réinterroger les différents phénomènes
d’agglomération des entreprises : pourquoi et comment les STP connaissent un tel succès dans
un contexte de globalisation de l’économie ? Pourquoi la localisation géographique de ces
unités est capitale alors que les évolutions technologiques permettent de passer outre les
frontières nationales et facilitent les échanges ?

Si les approches traditionnelles évoquent déjà l’importance de la notion d’innovation au sein


des STP, les développements récents font de celle-ci l’élément central de leurs construits. Le
point focal de ces modèles est notamment de réinterroger le territoire d’après le paradigme de
l’innovation (Verstraete, 2004). Fisher (2000) précise que « Un système d’innovation peut
être envisagé comme un ensemble d’acteurs et d’entités tels que des entreprises, des
organisations et des institutions qui interagissent pour générer, utiliser et diffuser de
nouvelles connaissances économiquement utiles dans le processus de production. »(Fischer,
2000 : 200).

Le couplage de cette définition avec la notion de territoire permet d’élargir la notion initiale
de système territorial de production au bénéfice de celle de système territorial d’innovation
(STI). Nous utiliserons ce construit comme « un nom générique pour les différents modèles
régionaux d’innovation dans lesquels les dynamiques institutionnelles locales jouent un rôle
significatif » (Moulaert et Sekia, 2003 : 291).

Depuis les travaux initiaux de Marhsall (1890), nous sommes passé des STP (districts
industriels,…) aux STI (parcs scientifiques, technopôles, parcs technologiques,…) dans
lesquels l’émergence d’innovations et le transfert de technologies sont des éléments essentiels
en raison notamment de l’avènement de l’économie de la connaissance et de l’innovation.

D’après ce constat, la littérature sur les STI s’est divisée en deux courants distincts dans les
années 90. Un courant à prédominance économique et un second courant qui s’est construit
autour de la notion de réseau.

3.1. Les approches économiques

Ces approches se sont construites autour de la notion d’économie externe (Marshall, 1919).
On retrouve les travaux de Porter (1990, 1998) et les écrits la nouvelle économie
géographique de Krugman (1991).

3.1.1. Porter et la notion de « cluster »

De nombreux territoires (régionaux, nationaux et supranationaux) ont adopté la théorie de la


compétitivité de Porter (1990). La notion de Cluster, issue de ses travaux, fut largement
diffusée dans les milieux académiques, politiques et économiques. Il s’agit d’un concept
proche de celui de STP/STI qui est supposé refléter les tensions entre globalisation et

9
localisation6. Porter le définit comme « un réseau d’entreprises et d’institutions proches
géographiquement et interdépendantes, liées par des métiers, des technologies et des savoir-
faire communs… Le cluster a une influence positive sur l’innovation et la compétitivité, les
compétences des travailleurs, l’information et la dynamique entrepreneuriale sur le long
terme » (Porter, 1998 : 199).

Ce concept relève d’une approche organisationnelle, et donc de l’économie industrielle et du


management (Porter, 1990). L’objectif qui est attribué au cluster consiste à stimuler et à
organiser les modes de coordination. Pour cela, on traite souvent du cluster comme d’une
chaîne de valeur ajoutée, c’est à dire d’un ensemble d’entreprises potentiellement
complémentaires (production et services liés), d’institutions publiques et privées de R&D et
de formation, situés dans une même aire géographique.

Porter cherche à savoir comment la localisation des entreprises peut affecter leur productivité
et leur compétitivité régionale/nationale. Il propose un modèle d’analyse des interactions entre
quatre facteurs7 qui met en exergue la localisation au sein d’un territoire. Le développement et
les interactions entre ces facteurs améliore la compétitivité de 3 façons différentes : favorise la
productivité, encourage l’innovation et facilite la commercialisation des innovations en
utilisant la créativité des nouvelles entreprises (Porter, 1998).

Notons l’évolution de la perception initiale de Porter (1990) qui définit un cluster par rapport
à un secteur d’activité, à sa dimension industrielle; et fait référence quasi-exclusivement à des
facteurs économiques, et son analyse de la fin des années 90, où il évoque dans son modèle
trois dimensions particulières (le secteur, la localisation et le réseau) et fait référence à la
géographie économique ainsi qu’à la sociologie économique (Porter, 1998). En effet, si la
« première génération de clusters » repose essentiellement sur les transactions économiques et
sur la notion d’économie d’agglomération (Marshall, 1919), les évolutions successives
permettent d’affirmer qu’il s’agit également de cumuler et de relier des talents dans une
région particulière au-delà des frontières des entreprises. L’accent est mis notamment sur
l’apprentissage, l’accès et le transfert de connaissance.

3.1.2. La Nouvelle Economie Géographique

Parallèlement aux travaux de Porter, Krugman (1991) propose une approche fondée sur la
nouvelle économie géographique, qui porte sur l’étude des espaces à travers leur dynamique
économique (Bobulescu, 2004). Ce courant utilise notamment l’approche par les économies
externes développée par Marshall (1919) et remise au goût du jour par Helpman et Krugman
(1985). Krugman (1991) cherche à décrire le phénomène de localisation industrielle en faisant
appel aux concepts de concentration8 et d’économie d’échelle, à leur nature et à leur
localisation. Selon lui, la concentration de l’activité économique dans une région particulière
représente l’aspect le plus important de l’étude de l’économie géographique.

6
Les travaux de Porter sont certainement ceux qui ont été le plus diffusés dans les milieux académiques,
politiques et opérationnalisés au niveau économique. Le terme de cluster est certainement le plus connu, mais il
renferme souvent des réalités bien différentes en fonction des situations spécifiques à chaque territoire. C’est
pourquoi nous avons fait le choix d’utiliser le terme de cluster uniquement pour se référer aux travaux de Porter.
7
L’avantage concurrentiel d’un territoire est le résultat de 4 facteurs (le diamant de Porter) :la stratégie, la
structure et la rivalité des sociétés, l’état de la demande, les industries de support liées et l’état des facteurs.
8
Entendu ici comme le rapprochement physique des entreprises et non pas comme faisant référence aux
conglomérats ou autres formes de coopération.

10
Dans son ouvrage « Geography and Trade », Krugman (1991) met en évidence la multitude
de cas de spécialisation et de concentration possible, dont le point de départ est souvent le
résultat d’une décision politique. En effet, l’intervention de l’Etat sur les échanges tend à
renforcer un avantage initial ou bien à le modifier. Cette théorie milite, par conséquent, pour
un interventionnisme étatique qui permet de créer une dynamique locale entraînant la création
ou le renforcement d’un avantage.

Il intègre également la dimension historique dans son analyse en précisant le caractère


dynamique et cumulatif des effets d’échelle liés à la localisation industrielle, il affirme que
« le temps historique permet de tracer ces évolutions des conditions de production, ce qui fait
intervenir des effets d’apprentissage » (Krugman, cité par Bobulescu, 2004 : 4).

Il étaye notamment son analyse grâce à l’étude de la création de pôles technologiques aux
Etats-Unis et précise que « la Silicon Valley a été créée à l’initiative de Fred Terman, le vice
président de l’Université de Stanford. Grâce à son initiative l’Université a permis le
démarrage de Hewlett Packard, qui est devenue le noyau dur de la Valée. Il a également
établi l’espace de recherche de l’université où au début Hewlett Packard, et ensuite beaucoup
d’autres firmes ont commencé leur activité. Un remarquable processus cumulatif eut lieu à
travers l’université : les revenus de la recherche ont aidé à financer l’accès à Stanford au
statut mondial en sciences et ingénierie et la montée de l’université a fait de la Silicon Valley
un endroit attractif pour les firmes de la haute technologie » (Krugman, 1991 : 64). Notons
l’importance de l’existence d’un avantage principal préalable (l’existence d’une main d’œuvre
qualifiée), qui fut impulsé par une initiative politique (celle de Fred Terman) qui permet de
pérenniser le développement de la Silicon Valley à travers un processus (historique) cumulatif
de développement. Ce phénomène de concentration s’accentue par l’arrivée de nouveaux
entrants attirés notamment par les économies externes (notamment d’agglomérations).

Kuttner (1991) complète l’analyse de Krugman, en insistant sur le rôle de l’Etat dans
l’impulsion donnée à la Silicon Valley. En effet, les universités de Berkeley et de Stanford ont
bénéficié initialement de dépenses des agences militaires d’espionnage visant à créer un
avantage pour le pays dans l’industrie des ordinateurs.

Ces travaux (Porter,1990, 1998 ; Krugman, 1991 ; Kuttner, 1991) se limitent à la prise en
compte de facteurs essentiellement économiques. D’autres approches ont été développées à
partir de l’étude des spécificités territoriales et socioculturelles pour expliquer le phénomène
d’agglomération des entreprises.

3.2 L’approche par les réseaux

Le second courant s’est construit autour de la notion de réseaux (Powel, 1990 ; Conti et al.,
1995), basée à la fois sur une vision socio-économique, qui met en exergue la notion
d’innovation, et qui insiste sur les facteurs territoriaux, sociaux, institutionnels et culturels de
la dynamique des STI (Rocha, 2004). Ce second courant regroupe notamment les travaux de
l’école des milieux innovateurs (Aydalot, 1986 ; Maillat, 1996), l’école de l’apprentissage et
de l’innovation (Lundvall et Johnson, 1994 ; Malmberg et Maskell, 1997), l’approche de la
géographie de l’innovation (Jaffe, 1989 ; Feldman, 1994 ; Audretsch et Feldman, 1996) et
l’approche institutionnelle (DiMaggio et Powel, 1983 ; Saxenian, 1994 ; Ingram et Roberts,
2000).

11
3.2.1. La Géographie de l’innovation

La géographie de l’innovation s’est constituée sur la volonté d’apporter des fondements


empiriques à l’explication de la forte polarisation spatiale des activités d’innovation. Ces
travaux initiés aux Etats-Unis au début des années 90 (Jaffe, 1989 ; Anselin et al., 1997 ; Patel
et Pavitt, 1991 ; Feldman, 1994 ; Audretsch et Feldman, 1996), en France (Autant-Bernard,
2000, 2001), puis en Italie (Breschi et Lissoni, 2003), se concentrent quasi exclusivement sur
une tentative de mesure de la dimension spatiale des « externalités de connaissances ».

Les externalités de connaissances peuvent être définies comme le bénéfice de connaissances


perçu par une entreprise ou une personne qui n’est pas responsable de l’investissement
originel lié à la création de ces connaissances, et ce, sans compensation financière (Almeida et
Kogut, 1999). Elles favorisent directement la croissance économique puisqu’elles engendrent
des rendements croissants et contribuent également au processus d’innovation sans en
augmenter le coût (Gallié, 2005).

Autant-Bernard et Massard (2001) mettent en évidence l’existence de plusieurs méthodes9


permettant d’étudier la présence et l’impact de la dimension géographique des externalités de
connaissances. Elles sont considérées comme ayant une diffusion locale en raison de la
dimension tacite des connaissances et du rôle des interactions dans leur transmission. En ce
sens, elles sont une source de polarisation géographique des activités.

Cependant, les études empiriques réalisées mettent également en évidence le rôle


combinatoire complexe des dimensions technologiques et sectorielles dans la localisation de
STI (Autant-Bernard et Massard, 2001). Selon ces auteurs, une meilleure compréhension de la
polarisation géographique des activités d’innovation passe par l’étude nécessaire des
modalités complexes de la diffusion et de la localisation des connaissances dans l’espace.

Ainsi, pour mettre en évidence le rôle de la dimension géographique des externalités de


connaissance sur l’agglomération et la croissance géographique différenciée des pôles de
développement, il est nécessaire de rechercher des moyens d’agir sur les capacités de
diffusion des connaissances dans l’espace (Autant-Bernard et Massard, 2001). Les études
empiriques s’attachent à étudier par exemple le rôle des acteurs (mobilité et collaboration des
chercheurs, impact des infrastructures de transport et rôle des TIC,…).

3.2.2. L’approche par les Milieux Innovateurs

Dans les années 80, Aydalot et les chercheurs du GREMI10 proposent l’approche par le
« milieu innovateur ». Ils posent la question du lien entre innovation technique et territoire, et
réinterrogent les fondements du développement économique régional et le rôle que joue
l’innovation dans ce développement.

Les chercheurs du GREMI tentent de comprendre pourquoi certains territoires se développent


et innovent, alors qu’ils ont été longtemps sous-développés, tandis que des territoires très
industrialisés tombent dans la crise et n’arrivent pas à refaire surface.

9
Les citations de brevets utilisés comme marqueurs des spillovers (externalités), la concentration géographique
de l’innovation comme signe de l’existence d’externalités, la localisation comme input de la production
d’innovation et, enfin, les interactions locales comme canal de diffusion de ces phénomènes.
10
Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs.

12
Cette approche consiste à lier analyse industrielle et analyse spatiale de l’innovation pour
comprendre les bouleversements des dynamiques spatiales. Ils cherchent à étudier les
relations entre les entreprises et leur environnement et les modes d’organisation qui
caractérisent ces relations (Ratti, 1992). Les analyses se centrent, par conséquent, sur les
relations interentreprises, l’encastrement socio économique territorial et sur le processus
dynamique d’apprentissage collectif local pour les activités innovantes (Keeble & Wilkinson,
2000).

Jusque là, les études étaient centrées sur la capacité des entreprises à modeler les territoires et
à générer des innovations ; avec l’approche en terme de milieux innovateurs, la problématique
s’inverse et l’attention est portée au rôle du territoire dans la formation de regroupements
spatiaux d’entreprises et son incidence sur l’adoption d’innovations.

Aydalot (1986) pose les hypothèses suivantes : «l’entreprise innovante ne préexiste pas aux
milieux locaux, elle est sécrétée par eux. Les comportements innovateurs dépendent
essentiellement de variables définies au niveau local ou régional. En effet, le passé des
territoires, leur organisation, leur capacité à générer un projet commun, le consensus qui les
structure sont à la base de l’innovation. L’accès à la connaissance technologique, la présence
de savoir-faire, la composition du marché du travail et bien d’autres composantes des milieux
locaux déterminent des zones de plus ou moins grande innovativité «. Il défend donc la thèse
qui considère « les milieux comme incubateurs de l’innovation » et pose l’hypothèse que les
réseaux territoriaux sont imbriqués dans des réseaux sociaux.

L’approche par les milieux innovateurs contribue à l’évolution du concept de STI dans le sens
où elle insiste sur la dimension territoriale des réseaux d’acteurs multiples (entreprises,
agences gouvernementales, universités…) dans l’adoption d’innovations : « dans la
perspective des milieux innovateurs, le territoire est entendu comme une organisation liant
entreprises, institutions et populations locales en vue de son développement économique,
l’accent ici aussi est mis sur les entreprises « (Crevoisier, 2001 : 157).

Contrairement aux approches de Porter (1991, 1998) et de Krugman (1991), sa limite


principale tient au fait qu’elle ne prend pas du tout en compte les logiques économiques par
lesquelles les spécificités territoriales permettent une meilleure dynamique technologique et
organisationnelle (Storper, 1997).

3.2.2. L’Ecole Nordique de l’Innovation et de l’Apprentissage

L’école nordique de l’innovation et de l’apprentissage (Lundvall et Johnson, 1994 ; Malmberg


et Maskell, 1997 ; Lundvall et Maskell, 2000) met en exergue les concepts d’économie
apprenante (Lundvall et Johnson, 1994 ; Lundvall et Borras, 1997), de région innovante
(Asheim, 1997 ; Malmberg et Maskell, 1997), et de système national d’innovation (Freeman,
1984 ; Lundvall, 1992 ; Lundvall et Maskell, 2000).

Ces travaux trouvent leurs fondements dans deux constats. D’une part, les politiques
scientifiques et technologiques sont implantées à différents niveaux géographiques. D’autre
part, la production scientifique et technologique ainsi que le transfert de technologies et de

13
connaissances doivent être analysés à travers différents niveaux d’analyse (ou territoires)
pertinents : systèmes national, régional, sectoriel ou technologique…11

Récemment, se sont donc multipliés des travaux traitant des systèmes régionaux
d’innovation12 (SRI)(Braczyk et al., 1998, Landabaso et al., 2001, Cooke, 2001, Oughton et
al., 2002, Asheim et Isaken, 2002 ; Carlsson et al., 2002). Cette notion s’inspire à la fois des
notions de districts (Marshall, 1890), de clusters (Porter, 1998) et de milieux innovateurs
(Crevoisier, 2001 ; Maillat et Kebir, 1999) et d’autres concepts territoriaux, qui ont été
développés en économie géographique tout en s’insérant dans le cadre théorique de
l’économie de la connaissance et des systèmes d’innovation.

Cette approche est fondée notamment sur les théories évolutionnistes du changement
technique et plus précisément sur la littérature ayant trait aux systèmes d’innovation qui
conceptualise l’innovation comme un processus social et évolutif (Edquist, 1997).
L’innovation est en effet stimulée et influencée par différents acteurs et différents facteurs à la
fois internes et externes à l’entreprise.

La notion centrale de SRI repose sur l’apprentissage collectif provenant des relations de
coopération entre les membres d’un système (Moulaert et Sekia, 2003). Cooke (2001) se
réfère notamment aux travaux de Lundvall et Borras (1997) pour affirmer que la notion
d’apprentissage est centrale au développement de ce qu’il définit comme « l’économie
apprenante », c'est-à-dire une économie où chacun des acteurs acquiert de nouvelles
compétences et connaissances.

La connaissance est vue comme une ressource stratégique et l’apprentissage comme un


processus clé du développement économique. Selon cette approche, la connaissance a une
dimension tacite et informelle (Polanyi, 1967), elle est encastrée dans un contexte social et
territorial, par conséquent elle est difficile à codifier et à transférer à travers un mécanisme
formel.

Le contact personnel informel est alors nécessaire pour transmettre la connaissance qui est
liée à la concentration géographique des agents innovateurs. La production et l’échange de
connaissances sont des éléments clés du développement des SRI, ils sont le moteur de
l’innovation et sont donc notamment facilités par la proximité géographique.

Mais si selon certains auteurs (Hussler, 2004), l’échange de connaissances (tacites) nécessite
dans certains cas une interaction en face à face entre les acteurs, il peut également être
amélioré si les individus qui interagissent partagent les mêmes valeurs, la même culture, et
donc s’ils sont également rapproché par d’autres types de proximité socioculturelle ou
institutionnelle. A ce titre, Boschma (2005) propose de différencier cinq types de proximité
(cognitive, organisationnelle, sociale, institutionnelle et géographique) qui peuvent
encourager et améliorer les interactions entre institutions productrices de connaissances et la
création de connaissances communes. Selon lui: « plus il y a de proximité entre les acteurs,
plus ils interagissent et plus ils apprennent à innover » (Boschma, 2005 : 15). D’autres
auteurs couramment cités dans les travaux en sciences de gestion (notamment Nonaka et
Takeuchi, 1997) proposent différents scénarios afin de faciliter le transfert de connaissances
inter organisationnels. Mais si ces différentes formes de proximités sont liées entre elles, elles

11
Voir Carlsson et al., 2002 pour une revue détaillée.
12
La notion emprunte également aux travaux de Lundvall (1992) sur les Systèmes Nationaux d’Innovation.

14
peuvent également être vues comme des substituts à l’existence de proximité géographique
(Levy, 2005).

Ainsi, un SRI se caractérise par un ensemble d’acteurs et d’institutions locales qui


interagissent pour créer de nouvelles connaissances et innovations dans les régions (Levy,
2005) ou comme le précise Lundvall (1997) « learning by interacting ».

Dans le prolongement des travaux de l’école nordique de l’innovation et de l’apprentissage,


Florida (1995) introduit le concept de « learning region » en partant du constat selon lequel
les régions deviennent des points focaux dans une société fondée sur la connaissance.

Florida construit sa théorie d’après la notion d’économie apprenante proposée par Lundvall,
qui place l’apprentissage par interaction au cœur de l’économie : « une économie apprenante
est une économie dans laquelle les capacités d’apprentissage sont cruciales pour le succès
des entreprises et des économies régionales et nationales. « L’apprentissage » se réfère à la
construction de nouvelles compétences, de nouvelles capacités et pas seulement à l’obtention
des informations accessibles. » (Lundvall et Borras, 1997 : 35). Selon Levy, (2005), le
concept de région apprenante se situe à l’intersection entre la notion de SRI et le concept
d’économie apprenante.

Ainsi, une région apprenante est donc une région dans laquelle la capacité d’apprentissage des
parties prenantes est essentielle. C’est également ce qui ressort de la définition proposée par
Maillat et Keibir selon lesquels une région apprenante est» une région dynamique et évolutive.
Elle est dynamique parce que chaque acteur, que ce soit à titre individuel, dans le cadre de la
firme, des institutions ou du réseau, est en interaction permanente avec son environnement
(direct ou indirect). Elle est évolutive parce que chaque acteur qui en fait partie est un «
apprenti « en situation d’expérience « (Maillat et Kebir, 1999 : 432).

Une région apprenante est donc plus dynamique et plus innovatrice qu’un « simple » SRI
(Florida, 1995 ; Maillat et Kebir, 1999 ; Hudson, 1999). Cependant, (Levy, 2005), la frontière
entre le concept de SRI et le concept de « learning region » n’est pas évidente ; car pour la
plupart des auteurs un SRI est également basé sur l’existence d’interactions régulières entre
les acteurs du système (Braczyk et al., 1998, Landabaso et al., 2001, Ougton et al., 2002,
Asheim et Isaken, 2002 ; Asheim et Gertler, 2005).

Une des principales différences entre les deux concepts se trouve dans l’introduction par
Florida de la notion d’environnement créatif, ce dernier pouvant favoriser la mise en place
d’innovations en région. Florida (2002) dans un article intitulé « The rise of the creative class
: why cities without gays and rock bands are losing the economic developement race « a
introduit cette notion de climat, de culture créative favorable à la création de connaissances,
qui se trouve en quelque sorte « dans l’air «, pour reprendre l’expression initiale de Marshall.

Ces nouvelles perspectives théoriques insistent sur l’étude des facteurs non marchands, socio-
culturels, institutionnels et politiques comme étant capitaux pour la compréhension de la
dynamique des clusters (Saxenian, 1994 ; Malmberg & Maskell, 1997).

15
3.2.4. L’Approche Institutionnelle

En s’intéressant à l’articulation des phénomènes économiques et sociaux, l’approche


institutionnelles culturelle des clusters (DiMaggio & Powel, 1983 ; Powell, 1990 ; Saxenian,
1994 ; Ingram & Roberts, 2000) permet d’introduire une dimension proprement sociologique
dans l’analyse économique conventionnelle.

Cette école (Meyer et Rowan, 1977) stipule qu’il faut prendre en compte la prégnance des
institutions pour comprendre et expliquer les faits sociaux et économiques. DiMaggio et
Powell (1983), qui s’inscrivent dans le courant de la sociologie néo institutionnaliste,
développent cette approche en s’orientant vers l’analyse des systèmes inter organisationnels,
au-delà de l’attention portée aux seules forces en présence à l’intérieur d’une organisation
(Huault, 2002).

Les auteurs cherchent à savoir pourquoi certaines organisations sont similaires. Ils proposent
le concept d’isomorphisme institutionnel selon lequel les organisations n’adoptent pas
nécessairement les pratiques les plus appropriées aux exigences économiques du moment,
mais celles qui apparaissent les mieux acceptées socialement afin d’acquérir de la légitimité.
Ce n’est donc pas forcément l’émergence d’un marché local, ou une certaine proximité
géographique qui pousse les acteurs à se regrouper en STI mais l’isomorphisme institutionnel,
structural, procédural… pour gagner en légitimité. Ce modèle structurel dominant forme un
« champ organisationnel », qui est le résultat d’un ensemble varié d’activités provenant de
diverses organisations et définit un domaine reconnu de vie institutionnelle.

Dans son article « Neither Market Nor Hierarchy », Powell (1990) réinterroge les nombreux
travaux réalisés sur les districts industriels selon une perspective institutionnaliste des
réseaux. Selon cette perspective et les travaux réalisés, la redécouverte du succès des districts
industriels a permis de mettre en avant le fait que les entreprises ne se regroupent pas
forcément en un même lieu en raison de l’émergence d’un marché local, mais en raison de
l’existence de relations denses entre entreprises, laboratoires,…, et infrastructures
institutionnelles.

Granovetter (1985) utilise le concept d’encastrement (« d’embededness13 ») pour illustrer


l’idée selon laquelle les organisations économiques ne peuvent être analysées en termes
strictement économiques mais doivent s’enrichir de questionnements plus larges, incluant les
dimensions sociales. Les formes organisationnelles résultent d’interactions concrètes entre
acteurs réels en liaison avec un environnement socio politique singulier : « les actions
économiques n’existent qu’insérées dans des réseaux de relations interpersonnelles »
(Granovetter, 1985 : 504).

L’encastrement structurel14 constitue l’élément spécifique et essentiel autour duquel


s’organisent les travaux de Granovetter. Il souligne notamment que les comportements et les
institutions économiques sont tellement déterminés et contraints par les relations sociales en
vigueur, qu’il est impossible de les analyser indépendamment de la sphère sociale.

13
Cette notion a été initialement introduite par Polanyi (1944), qui développa l’idée selon laquelle, dans les
société anciennes, pré capitalistes, l’économie restait encastrée (embedded) dans la société.
14
On distingue traditionnellement quatre types d’encastrements (DiMaggio et Zukin, 1990 ; Caillé, 1993) :
l’encastrement cognitif14 (Simon, 1978 ; March, 1991), l’encastrement politique14, l’encastrement culturel14
(DiMaggio et Zukin, 1990 ; DiMaggio, 1994 ; d’Iribarne, 1995) et l’encastrement structurel14 (Granovetter,
1985).

16
Granovetter introduit donc, dans son analyse, la notion de réseau. Celui-ci étant fondé en
grande partie d’après des formes sociales comme la logique d’appartenance, de communauté
voire de normes de réciprocité ; on parle alors de réseaux sociaux.

Granovetter insistait, dès ses travaux de thèse sur le marché du travail, sur « la force des liens
faibles », soulignant leur rôle dans la compréhension de la dynamique des actions
individuelles ou l’organisation des communautés. Les liens faibles permettent ainsi d’accéder
à des informations possédées dans des réseaux connexes aux réseaux habituels des individus.
(Granovetter, 1974). La diffusion de l’information et l’action collective seront ainsi
influencées par la structure de réseaux, la densité des liens et le cloisonnement entre les
réseaux sociaux.

D’après le courant des réseaux sociaux, l’adoption d’une structure réticulaire ne procède pas
d’un seul calcul économique. Le réseau se développe parce que préexistent des relations entre
les organisations et surtout entre les individus qui composent ces organisations. Le
comportement coopératif des acteurs est fonction des relations personnelles et des réseaux de
relations inter-organisationnelles et de l’encastrement socio-territorial.

L’approche institutionnelle des clusters est également fondée sur la notion de capital social.
Bourdieu (1980, : 2) le définit comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles
qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins
institutionnalisées d’inter connaissance et d’inter reconnaissance ». Burt (1995) reprend et
complète la définition de Bourdieu en précisant que « le capital social diffère du capital
humain. Le premier est une qualité créée entre acteurs , alors que le second est une qualité
propre aux individus (…) Le capital social est le complément contextuel du capital humain »
(Burt, 1995 : 601).

Mais c’est Coleman (1988) qui fut l’un des premiers à fournir un effort de définition et
d’opérationnalisation de la notion. L’objectif de la théorie du capital social est de comprendre
comment des individus et des institutions peuvent atteindre le plus efficacement et le plus
justement possible des objectifs communs (Lallement, 2004). La plupart des travaux ayant
repris ce concept se sont surtout intéressés aux caractéristiques des réseaux sociaux, en
considérant que la ressource clé de l’action (individuelle ou collective) est l’information.

Ainsi, le capital social facilite les transactions sur les marchés et la mise en œuvre de l’action
collective, il est facteur de sécurité collective.

Dans l’effort de mise en forme conceptuelle qu’il produit, Coleman distingue trois formes de
capital social : les obligations et attentes réciproques qui dépendent du degré de confiance
mutuelle au sein d’une structure sociale donnée, les canaux de communication informels à
même de faire circuler efficacement les informations et, l’existence de normes et surtout
l’assurance de l’application de ces dernières.

Dans les années 1970, Putnam va reprendre cette notion de capital social dans ses recherches
sur l’Italie pour proposer la notion de capital social de liens ouverts et capital social source de
liens fermés, qui sera en parfaite congruence avec la théorie des liens forts et faibles de
Granovetter (Lallement, 2004). Par analogie avec les notions de capital physique et de capital
humain Putnam précise que « le capital social se réfère aux traits des organisations sociales
comme les réseaux, les normes, la confiance sociale qui facilite la coordination et la
coopération pour une bénéfice mutuel » (Putnam, 1995 : 67). En d’autres termes, il retient

17
l’idée que les réseaux et les normes de réciprocité qui constituent le capital social présentent
des atouts pour le bon fonctionnement des sociétés. « Ils ont de la valeur pour les gens qui en
font partie [des réseaux] et ils ont, au moins dans certains cas, des effets externes
démontrables, ce qui fait que le capital social présente à la fois un caractère public et privé »
(Putman, 1995).

Putman, va ainsi tester son hypothèse du capital social sur différentes formes de coopération
interentreprises, et va notamment souligner, que « le capital social explique le succès
économique comme celui de la Silicon Valley » (Putman, 2000, : 324).

D’après ces préceptes théoriques, l’approche institutionnelle des clusters considère que les
facteurs sociaux, institutionnels et culturels sous-jacents à l’interdépendance des acteurs
économiques sont plus importants que les facteurs économiques et techniques (économies
externes) pour la performance des entreprises et le développement économique (Saxenian,
1994). A une vision initialement spatiale des regroupements inter-organisationnels, se
substitue une vision plus large du concept de réseau. En ce sens, si les STP/STI sont
regroupés par des frontières géographiques, ils sont désormais conceptualisés comme étant
des réseaux d’entreprises et d’institutions (Saxenian, 1994).

3.3. Approche stratégique et organisationnelle

De nombreuses approches issues de disciplines diverses (économie, géographie, sociologie…)


ont abordé les STP/STI à travers la notion de réseau. Les sciences de gestion et plus
particulièrement le management stratégique ne sont pas exempts de ce mouvement, et de
nombreux auteurs se sont intéressés à une approche dite transactionnelle des organisations15
(Fréry, 1998).

3.3.1. La notion de réseau en sciences de gestion

La spécificité de la discipline permet d’étudier à la fois les dimensions stratégiques et


organisationnelles des STP/SPI (Edouard et al., 2004). Il s’agit dans une perspective
opérationnelle d’apporter des outils pour l’action, pour la compréhension et l’analyse de leur
fonctionnement. La démarche caractéristique des sciences de gestion utilise un angle
d’approche particulier en se plaçant du point de vue des acteurs qui font partie de ces réseaux.
Ainsi, selon sa finalité de réflexion sur l’action, une approche par les réseaux permet
d’analyser et d’expliciter les interactions et leurs modes de pilotage.

La forme réseau est donc considérée comme la structure la plus à même de répondre aux
exigences de l’environnement concurrentiel. Les STP/STI sont en ce sens, une forme
particulière de réseau représentant un modèle possible de développement territorial.

Malgré son caractère polysémique, le manque de consensus sur une définition intégrative, et
l’absence de cadre théorique ou de modèle d’analyse qui lui soit spécifique16, plusieurs

15
En opposition à la structure financièrement intégrée (le modèle Fordiste), une structure transactionnelle se
définit « comme une organisation composite, rassemblant au sein d’une même chaîne de valeur des intervenants
capitalistiquements autonomes liés par une succession de transactions récurrentes » (Frery, 1998 : 61).
16
Le caractère polysémique de la notion renferme différentes réalités et renvoi à des formes hybrides
d’organisations parfois difficiles à appréhender et à distinguer. Notons la distinction classique en sciences de

18
approches permettent d’appréhender la notion de réseau. L’analyse bibliométrique réalisée par
Iturria et al. (2003) a permis de mettre en évidence quatre grands courants.

La première approche, à dominante économique, s’est constituée à travers la théorie des coûts
de transaction (Coase, 1937 ; Wiliamson, 1975). Ses auteurs se sont intéressés aux modes de
relations qui se situent à mi-chemin entre le marché et la hiérarchie et qu’ils qualifient de
« d’organisation intermédiaire17 ».

L’approche des réseaux organisationnels insiste sur le fait que la coopération n’est pas une
forme d’organisation intermédiaire entre la firme et le marché mais une forme alternative aux
transactions de marché. Suivant cette perspective, Jarillo (1993) examine les structures en
réseau comme des nouvelles configurations organisationnelles constituant un mode original
de coordination des activités inter-entreprises. Il étudie leurs spécificités en expliquant
pourquoi ces configurations représentent un facteur d’efficience, de flexibilité et d’innovation.
Il prolonge son analyse en établissant un pont avec la théorie des jeux, pour montrer combien
le maintien de la confiance est au cœur de leur fonctionnement.

L’approche de l’apprentissage organisationnel et des réseaux sociaux est largement inspirée


des travaux des sociologues comme Granovetter (1985), le concept d’encastrement et
l’importance de la notion de connaissance. Se sont notamment développés dans cette veine les
travaux de l’école suédoise du marketing industriel (Hâkanson, 1989 ; Hakanson et Snehota,
1995) et le concept de « réseau industriel ». En s’appuyant à la fois sur la théorie des coûts de
transaction (Wiliamson) et sur les critiques des sociologues, ils proposent un modèle
interactionniste dans lequel les activités et les ressources des entreprises partenaires sont
coordonnées et mobilisées en vue de mutualiser les risques et d’améliorer les possibilités de
développement : il s’agit de créer des synergies.

Enfin, Miles et Snow (1986) développent une approche autonome, « l’Ecole de la stratégie »,
en partant du constat selon lequel, au cours des années 70, de grandes entreprises, après une
tendance à l’intégration massive, ont cessé d’acquérir des actifs supplémentaires et se sont
concentrées sur les activités susceptibles de leur procurer un avantage comparatif. Elles ont
alors coopéré avec d’autres entreprises constituant ainsi des configurations réticulaires. Les
auteurs se sont engagés dans une démarche d’identification des différentes formes
organisationnelles et stratégies réticulaires. Selon eux, l’alliance stratégique est
prioritairement en quête de synergie, l’objectif étant d’obtenir des avantages compétitifs mais
également de la flexibilité (améliorer les opportunités d’affaire, améliorer la réactivité...).

Selon cette perspective, l’innovation tient une place importante car l’environnement
compétitif international et les rapides changements techniques obligent les entreprises à
développer de nouveaux produits, et processus de production afin de rester compétitif et
d’accéder à de nouveaux marchés.

Dans le prolongement, Pfeffer et Salancik (1978) développent, dans une perspective


stratégique, la théorie de la dépendance des ressources L’entreprise ne cherche pas seulement
à s’adapter aux turbulences de son environnement, mais aussi à mettre en œuvre des stratégies

gestion entre l’entreprise réseau et le réseau d’entreprises. Nous nous intéresserons dans cet article
essentiellement à la notion de réseau d’entreprises qui s’apparente à celle de système territorial de production.
Pour une revue des différentes conceptions de la notion de réseau voir Voisin C., Ben Mahmoud-jouini S. et
Edouard.S, (2004), Les réseaux : dimensions stratégiques et organisationnelles, Economica, 272p.
17
Nous n’insisterons pas sur cette approche qui a déjà été développée plus haut.

19
inter-entreprises selon une logique proactive pour s’imposer à lui. Cette approche met en
avant l’importance des ressources rares de l’entreprise pour expliquer sa réussite et son
développement.
Cette approche insiste sur le rôle du management qui revient alors à rechercher et investir
dans des actifs stratégiques. La compétitivité d’une entreprise s’appuie alors sur
l’accumulation, le développement et l’exploitation de ressources et compétences, tant en son
sein qu’à l’extérieur de celle-ci. En ce sens, les structures et réseaux et les STP/STI
constituent une voie possible d’acquisition ou d’échange de compétences permettant
l’amélioration du développement de l’ensemble des partenaires.

3.3.2. Implications empiriques et managériales des travaux relatifs aux STI

Dans le prolongement de l’approche bibliométrique d’Iturria et al. (2003), Edouard et al.


(2004) distinguent quatre approches spécifiques s’attachant à fournir à la fois des éléments de
compréhension théoriques et des perspectives d’illustration empiriques et managériales.

La première approche a trait à la formation, à l’évolution et à la recomposition des réseaux.


Selon cette perspective, les auteurs étudient notamment les facteurs d’émergence des
STP/STI, l’étude du processus de formation des configurations coopératives (Moreira-Begnis
et al, 2006), la structuration des rapports coopératifs (Ring et Van de Ven, 1992), l’analyse du
processus de formation et de structuration des arrangements coopératifs (Heide et Miner,
1992). Citons notamment les travaux de Browning-Beyer et Shetler (1995) qui partent de la
théorie de la complexité pour avancer que l’ambiguïté et le désordre seraient des facteurs
préalables à la formation des coopérations ; ou encore ceux d’Oliver (1990) qui révèlent que
la littérature a consacré six déterminants généraux de la formation de rapports coopératifs
(nécessité, asymétrie, réciprocité, efficacité, stabilité et légitimité). Doz (1996), quant à lui,
explore l’évolution des coopérations à travers la théorie organisationnelle, en abordant la
question de l’apprentissage organisationnel. Enfin, relevons les travaux de Gulati (1999) qui
développe une étude dynamique du rôle des ressources du réseau dans la formation des
alliances.

L’approche par le design organisationnel correspond à l’étude de l’architecture du réseau (les


relations inter ou intra-organisationnelles, leurs intensités, leurs natures et leurs structures).
Les travaux se réfèrent alors aux différentes formes de coopérations à l’intérieur des réseaux
(formelles, informelles), aux coopérations entre universités et entreprises, entre laboratoires
de recherche et pouvoirs publics, entre grandes entreprises et PME, entre entreprises, entre
entreprises et pouvoirs publics (Berro, 2006).

Les travaux sur le management et les outils de pilotage de réseau se sont développés en
prenant en compte à la fois le management global du réseau, le management individuel par la
firme et ses relations de réseau, et la gouvernance des alliances stratégies (Ring et Van de
Ven, 1992). Par exemple, Gulati (1995) met en évidence les éléments qui expliquent le choix
de la structure de gouvernance dans les alliances. Assens (2003) et Baudry (2004), quant à
eux, étudient les ressources critiques nécessaires pour gérer le fonctionnement des réseaux. La
plupart des auteurs reconnaissent le rôle capital que doit occuper un des acteurs en tant que
noyau18. En cas d’absence d’un organe formel de gouvernance, le réseau perd une partie de

18
Les appellations diffèrent en fonction des auteurs, certains parlent de « hub firm » ou de firme locale (Jarillo,
1988, 1993 ; Perrone, 1993), de firme pivot (guilhon et Gianfaldoni, 1990), de « broker » (Miles et Snow, 1986),

20
ses avantages pour devenir un « simple » marché. Dans les districts, ces acteurs sont plutôt
considérés comme des noyaux partiels (associations, syndicats, corporations…). D’autres
auteurs ont essayé d’étudier les moyens de coordination entre les firmes et notamment les
outils facilitant la coopération (systèmes d’informations,…) (Amabile et Gadille, 2006).

Enfin, la dernière approche a trait à l’évaluation de la performance et au partage de la valeur.


Notons dans cette veine, les travaux ayant trait au lien entre coopération et performance. La
coopération est alors perçue comme source d’avantages compétitifs (Nielsen, 1988 ;
Hagedoorn et Schakenraad, 1994). Ces derniers essaient d’expliquer dans quelle mesure les
partenariats stratégiques technologiques affectent la performance financière des entreprises
membres de ces systèmes. Dans la même optique, Dyer (1996, 1997) en analysant les réseaux
d’entreprises automobile américaine conclue à une relation positive entre le réseau et la
performance générale. Citons également les travaux de Kogut (2000), Afuah (2000) et Anand
et Khanna (2000), qui cherchent à expliquer la coopération inter-firmes et la performance de
ces organisations au travers du courant Ressource-Based-View et de l’Economie Industrielle.
Brulhart (2006) essaie quant à lui d’identifier les facteurs structurels, organisationnels et
managériaux des alliances logistiques.
Mohr et Spekman (1994) ont mis en évidence les variables les plus significatives pour le
succès des coopérations (coordination, compromis, confiance, qualité de communication,
partage d’information…). D’autres auteurs ont essayé de mettre en évidence les conditions ou
facteurs clés de succès des réseaux (Bertezene, 2006)
Enfin, toujours selon cette approche, de nombreux auteurs ont étudié le transfert de
technologie : mécanismes de transfert, évolution, entrepreneuriat technologique, impact de la
recherche publique sur le secteur privé, (Timsit, 2006). De plus, notons la multiplication des
publications scientifiques notamment le numéro spécial de Management Science de janvier
2002 « Spécial Issue on University Entrepreneurship and Technology Transfert ».

Malgré la diversité des travaux à la fois théoriques et empiriques sur la notion de réseau, peu
de recherches en management stratégique s’intéressent directement à la notion de STP/STI.

Pourtant, les spécificités de la discipline permettraient d’éclairer un certain nombre de


questions encore peu abordées dans la littérature scientifique : approche en terme de
gouvernance, détermination d’outils de pilotage et de coordination, évaluation des alliances,
spécificités managériales organisationnelles et stratégiques des entreprises innovantes, les
mécanismes de transfert et d’apprentissage des pratiques managériales des connaissances, des
technologies… Ces quatre approches spécifiques mises en évidence par Edouard et al. (2004)
peuvent constituer autant de programmes de recherche à adapter aux STP/STI.

Malgré tout, les chercheurs en sciences de gestion semblent avoir pris conscience de
l’importance du développement de ce champ pour la discipline. En tant que science de
l’action, les sciences de gestion ne peuvent pas rester en dehors de ce mouvement. Pour
preuve notamment, la multiplication des travaux sur les clusters de haute technologie, les
partenariats innovants, le transfert de technologie… mais pour preuve également la
multiplication des colloques, des conférences et des appels à communication sur la
thématique19.

de « strategic center » (Lorenzoni et Baden-Fuller, 1995), d’agence stratégique (Butera, 1990), ou encore de
« server », « distributor’ ou « intégrator » (Paché et Paraponaris, 1993).
19
Notons notamment très prochainement le Colloque du PESOR, « Management des entreprises innovantes à
l’heure des pôles de compétitivité » (mars 2007), Atelier de l’AIMS « Stratégie, Espaces et Territoires »,
Novembre 2006.

21
CONCLUSION

La revue de littérature a permis de mettre en évidence la grande diversité des approches


théoriques. Nous avons vu que les travaux se sont petit à petit diversifiés pour faire émerger la
notion de système territorial d’innovation, reposant notamment sur les complémentarités entre
acteurs et leurs capacités à générer des innovations.
Nous avons vu également que les sciences de gestion ne sont pas exemptes de ce mouvement
et que les questions qui restent posées sont très nombreuses.

Cependant, notre travail de synthèse théorique souffre d’un éclairage empirique. Nous nous
sommes limités aux travaux théoriques en éludant volontairement les approches empiriques
car selon Rocha (2004), la plupart des études empiriques se centrent sur une industrie
particulière, une seule dimension et, par conséquent, ne suffisent généralement pas à apporter
un éclairage exhaustif.

Les traductions empiriques des différentes conceptions théoriques exposées sont très
nombreuses : districts industriels, systèmes productifs locaux, pôles d’excellence,
technopôles, pôles de compétitivité…il est parfois difficile de s’y retrouver dans ce dédalle
des formes de coopération existantes puisque parfois, une même appellation renvoie à des
réalités différentes et inversement.

Cette diversité conceptuelle traduit le fait qu’il n’existe pas de modèle universel de
coopération et de développement. Selon certains auteurs (Benko et al., 1996), il existe autant
de configurations possibles que de spécificités locales. Mais d’autres éléments entrent en
compte ce qui permet à Rallet et Torre (1995) d’affirmer que « La coopération inter-firmes
revêt des formes extrêmement diverses selon la nature des partenaires, des secteurs
économiques concernés, de sa vocation originelle, des traditions managériales et juridiques
selon les pays et les aires géographiques concernées » (Rallet et Torre, 1995, p239).

Le gouvernement français a proposé en juillet 2005 la mise en place d’une nouvelle politique
qui s’inscrit dans le prolongement des systèmes territoriaux d’innovation : les pôles de
compétitivité qui se définissent comme étant « la combinaison, sur un espace géographique
donné, d’entreprises, de centres de formation, et d’unités de recherche publiques ou privées,
engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour d’un
marché et d’un domaine technologique ou scientifique qui lui est attaché et doit rechercher
l’atteinte d’une masse critique pour atteindre une compétitivité mais aussi une visibilité
internationale » (DATAR20).

Il apparaît clairement que la politique des pôles de compétitivité repose largement sur les
différentes considérations théoriques que nous avons mis en évidence dans notre revue de
littérature. Elle s’inscrit donc dans le prolongement des systèmes territoriaux d’innovation
déjà mis en place. Il ne s’agit pas d’une rupture, ni d’un véritable bouleversement des formes
organisationnelles, mais d’une application des travaux académiques et des situations
empiriques observées dans d’autres pays.

Dès lors, il nous paraît important de pérenniser notre travail essentiellement théorique en nous
focalisant sur ce nouvel objet de recherche.

20
Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale.

22
Les observations ont permit de mettre en évidence l’existence de certain éléments susceptibles
de limiter le développement des pôles de compétitivité : problèmes de coordination entre les
acteurs, de propriété industrielle et intellectuelle, espionnage industriel, concurrence,
légitimité des organes de gouvernance…autant de questions susceptibles d’interpeller les
chercheurs en sciences de gestion. Il semble, en ce sens, que les pôles de compétitivité se
révèlent un terrain d’étude fertile pour de nombreuses recherches futures.

Le principal apport de cette contribution se situe donc à un niveau prospectif, en effet comme
cette revue nous a permis de le voir, les gestionnaires se sont peu appropriés la notion de
STP/STI, les perspectives de recherches futures en sont d’autant plus importantes… En
définitive, les enjeux inhérents aux STI permettraient aux chercheurs en sciences de gestion
de s’ouvrir à des terrains d’investigation riches de perspectives nouvelles et de participer aux
débats de société directement liés aux questions actuelles sur la territorialisation des activités
productives et innovantes.

23
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