Vous êtes sur la page 1sur 2

UNIVERSITÉ D’ORLÉANS Unité MA501

Département de Mathématiques 2002-2003

Chapitre IV
Espaces métriques compacts

1 Définitions équivalentes
Soit (E, d) un espace métrique. On dit que (E, d) est un espace métrique compact s’il possède
la
S propriété suivante : quelle que soit la famille de parties ouvertes (Uα )α∈A de E telle que E =
α∈A Uα , alors on peut trouver une sous-famille finie Uα1 , · · · , Uαn telle que

E = Uα1 ∪ · · · ∪ Uαn .

Exemples. Une partie finie d’un espace métrique est un compact pour la métrique induite.
L’ensemble formé d’une suite convergente et de sa limite est aussi un compact pour la métrique
induite.
Lorsque F est une partie de E qui est un compact pour la métrique induite, on dit que F est
une partie compacte de E.
On dit encore que E est compact si, de tout recouvrement de E par des ouverts, on peut extraire
un sous-recouvrement fini. Cette terminologie usuelle se comprend mieux dans le cas d’une partie
F d’un espace métrique (E, d) puisqu’alors F est une partie compacte si et seulement si, chaque
fois qu’on peut recouvrir F par une réunion d’ouverts de E,
[
F ⊂ Uα ,
α∈A

on peut trouver un nombre fini d’ouverts dans la famille, Uα1 , · · · , Uαn tels que F ⊂ Uα1 ∪· · ·∪Uαn .

Par passage au complémentaire, nous obtenons immédiatement la proposition suivante.


Proposition. L’espace métrique (E, d) est compact si et seulement si il possède la propriété que,
quelle que soit la famille de fermés Fα dont l’intersection est vide, on peut trouver une sous-famille
finie Fαj , avec j = 1, · · · , n, dont l’intersection est vide.
Nous en déduisons la propriété que, dans un compact, de toute suite on peut extraire une
sous-suite convergente. Soit en effet (xn ) une suite du compact E et soit Fk = {xn ; n ≥ k}.
L’intersection d’un nombre fini de Fk est non vide, donc il existe x appartenant à tous les Fk . Nous
allons construire par récurrence une application ϕ : N 7→ N strictement croissante telle que la sous-
suite xϕ(n) ) converge vers x. On choisit ϕ(0) = 0, puis, par récurrence, ϕ(n) ≥ ϕ(n − 1) + 1 tel que
d(x, xϕ(n) ) < 1/n. Ceci est possible puisque x appartient à l’adhérence de Fk , avec k = ϕ(n−1)+1.
Ceci nous amène à donner la définition suivante : on dit que E est séquentiellement compact
si de toute suite on peut extraire une sous-suite convergente. Nous venons de montrer que tout
ensemble compact est séquentiellement compact. On a en fait l’équivalence des deux propriétés :
Théorème. Un espace métrique est compact si et seulement si il est séquentiellement compact.
Nous mettons la démonstration de la réciproque en appendice. Donnons tout de suite des
applications de ce théorème.
Exemples de compacts. Un intervalle fermé borné est une partie séquentiellement compacte de
R, donc compacte. De même, un produit d’intervalles fermés bornés est une partie séquentiellement
n
compacte de R .

2 Propriétés des compacts


Théorème. Toute partie fermée d’un compact est compacte. Toute partie compacte d’un espace
métrique est fermée et bornée.
Soit F un fermé dans le compact E, et xn une suite dans F . Elle possède une valeur d’adhérence
comme suite dans E, qui appartient à F puisque F est fermé. La deuxième propriété découle
immédiatement du fait qu’une partie F non fermée dans E possède des suites qui convergent dans

1
E mais ne convergent pas dans F . Elles n’admettent donc pas de sous-suites convergentes. Le fait
qu’une partie compacte est bornée découle immédiatement du lemme suivant :
Lemme 1. Soit (E, d) séquentiellement compact. Quel que soit ε > 0, il existe un nombre fini de
points x1 , · · · , xn tels que
E = B(x1 , ε) ∪ · · · ∪ B(xn , ε).
Supposons que ce ne soit pas le cas : on peut construire par récurrence une suite xj infinie telle
que deux points distincts de la suite soient à une distance supérieure ou égale à ε. Une telle suite
n’admet pas de sous-suite convergente, ce qui contredit le fait que l’espace est séquentiellement
compact.
Théorème. Un produit d’espaces compacts est compact.
n
Théorème. Une partie de R est compacte si et seulement si elle est fermée et bornée.
Il suffit de montrer qu’une partie fermée et bornée est compacte. Supposons n = 1. Une partie
bornée est incluse dans un intervalle [a, b], qui est compact (puisque séquentiellement compact). Si
elle est fermée dans R, elle est aussi fermée dans [a, b]. C’est donc un compact pour la métrique
induite. La démonstration est identique en dimension supérieure. L’intervalle [a, b] est remplacé
par un produit d’intervalles.
Il n’est pas vrai en général qu’une partie fermée bornée est compacte. Soit B la boule unité
fermée dans C([0, 1], R) munie de la distance associée à la norme uniforme. La suite de fonctions
fn (x) = xn n’admet aucune sous-suite convergente.
Nous allons maintenant généraliser à l’ensemble des compacts certaines des propriétés de
l’intervalle [0, 1].
Théorème (image continue d’un compact). Soient E et F deux espaces métriques, f : E 7→ F
une application continue. Alors l’image par f d’un compact de E est un compact de F .
Il suffit de montrer qu’on peut extraire de (f (xn )) une sous-suite convergente si on peut extraire
de xn une sous-suite convergente. C’est une application immédiate de la continuité.
Corollaire. Soient E et F deux espaces métriques compacts, f : E 7→ F une bijection continue.
Alors l’application réciproque f −1 est continue.
En effet l’image par f d’un fermé est un fermé, donc l’image réciproque par f −1 d’un fermé est
un fermé.
Corollaire. Soit E un espace métrique compact, f : E 7→ R une application continue. Alors f
est majorée et minorée, et atteint ses bornes.
En effet, f (E), qui est un compact de R, est majoré et minoré, et contient sa borne inférieure
et sa borne supérieure.
Théorème. Soit E un espace métrique compact, E 0 un espace métrique, f : E 7→ E 0 une applica-
tion continue. Alors f est uniformément continue.
Supposons que ce ne soit pas le cas : il existerait ε > 0 et deux suites xn , yn dans E telles que
d(xn , yn ) tende vers 0, tandis que d0 (f (xn ), f (yn )) ≥ ε. Quitte à extraire des sous-suites, on peut
admettre que xn et yn convergent vers la même limite, qu’on appelle x. On voit qu’on contredit
la continuité de f en x.

Appendice. Démontrons que, si (E, d) est séquentiellement compact, alors (E, d) est compact.
La démonstration se fait en deux étapes.
S
Lemme 2. Soit (E, d) séquentiellement compact. Soit E = Uα un recouvrement de E par des
ouverts. Alors il existe ε > 0 tel que, quel que soit le point x ∈ E, la boule B(x, ε) est toute entière
contenue dans l’un des Uα .
Supposons que ce ne soit pas le cas : on peut trouver une suite xj infinie telle que la boule
B(xn , 1/n) ne soit contenue dans aucun des Uα . Soit x une valeur d’adhérence de cette suite, limite
de la sous-suite xnk . Puisque x est dans l’un des Uα , et puisque ce dernier est un ouvert, il existe
ε > 0 tel que la boule B(x, ε) est toute entière contenue dans Uα . Il en découle que, si k est assez
grand, B(xnk , ε/2) est aussi toute entière contenue dans Uα , ce qui est contredit l’hypothèse.
S
Conclusion. Soit (E, d) séquentiellement compact. Soit E = Uα un recouvrement de E par des
ouverts, ε > 0 donné par le lemme 2, puis x1 , · · · , xn donnés par le lemme 1 pour cette valeur de
ε. Soit αj tel que la boule B(xj , ε) est toute entière contenue Uαj . Il est clair que E est la réunion
des Uαj , pour j = 1, · · · , n. Ceci permet de conclure.

Vous aimerez peut-être aussi