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Expertise comptable
et secret professionnel
Edition 2015
ISBN 978-2-35267-492-4
19 rue Cognacq-Jay
75341 Paris cedex 07
Tél. +33 (0)1 44 15 60 00
Fax +33 (0)1 44 15 90 05
10,00 €
www.experts-comptables.fr Prix TTC valable en France Métropolitaine
EXPERTISE COMPTABLE
ET SECRET PROFESSIONNEL
Les travaux de mise à jour ont été coordonnés par Annabelle MINEO,
Responsable juridique, sous la direction de Gaëlle PATETTA, Directeur
juridique du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables.
« Le secret professionnel est l’apanage d’une profession libérale organisée
et responsable. Il favorise le climat de confiance indispensable à
l’accomplissement de la mission du professionnel et garantit aux individus
l’inviolabilité d’une certaine sphère d’activité » 1
1
Motion du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables du 7 mai 1980
Sommaire 3
SOMMAIRE
DEFINITION DU SECRET PROFESSIONNEL ............................................... 7
CHAPITRE 1
TEXTES ET PORTEE
Les professionnels soumis au secret professionnel sont définis par l’article
21 de l’ordonnance du 19 septembre 1945.
L’article 226-14 prévoit quant à lui que « L'article 226-13 n'est pas
applicable dans les cas où la loi impose ou autorise la révélation du
secret ».
1. Informations secrètes
Ainsi, par exemple, pourra être produite une lettre adressée par un avocat
relatant la teneur de ses entretiens avec un client au cours d’une réunion
à laquelle l’expert-comptable a participé, les informations échangées à
cette occasion ne pouvant avoir un caractère secret à l’égard de ce
professionnel (idem pour les lettres faisant état de faits notoires).
De plus, les informations qui ont vocation à être rendues publiques ne sont
pas couvertes par le secret professionnel.
Il est question ici, par exemple, des comptes de certains types de sociétés
qui, d’après une obligation légale, doivent être déposés auprès du tribunal
de commerce.
1
V. Malabat, Droit pénal spécial, 6e éd., 2013
2
Cass. com., 29 janv. 2013, n° 11-27.333
3
Cass. com., 4 novembre 2014, n° 13-20.322
4
Cass., civ. 1ère, 14 janv 2010, n° 08-21.854
5
CA Limoges, 30 mai 1985, Bull CNCC 1985 n° 58, p.243
A noter que les sociétés en nom collectif, dont au moins l’un des associés
est une personne physique, et les sociétés civiles ne sont pas dans
l’obligation de déposer leurs comptes annuels. Certaines micro-entreprises
commerciales ont également la possibilité de demander que leurs comptes
annuels, déposés au greffe du tribunal de commerce, ne soient pas rendus
publics.
Il importe peu que le fait dont on reproche la divulgation soit déjà connu
par ailleurs dans la mesure où sa confirmation par un professionnel lui
donne une plus grande réalité.
6
Décret du 30 mars 2012, article 160
7
Ordonnance de 1945, article 21
8
Règlement intérieur, article 417
A noter que les salariés des organismes de gestion agréés sont tenus au
respect du secret professionnel en vertu de l’article 371 QA de l'annexe II
du CGI qui dispose que « Les statuts doivent comporter des clauses selon
lesquelles les associations s'engagent […] à exiger de toute personne
collaborant à leurs travaux le respect du secret professionnel ».
9
Code pénal, article 226-13
10
Cass. soc., 14 mars 2000, n° 97-43.268, Bull. civ. V, n° 104
11
Cass. soc., 12 juillet 2006, n° 04-41.075, Bull. civ. V, n° 245
4. Notion de client
12
La question de la qualité de dirigeant du DG d’une SAS doit être examinée lors
d’une prochaine commission du tableau du CSO
CHAPITRE 2
LEVEE DU SECRET PROFESSIONNEL
L’article 226-14 du Code pénal prévoit que le professionnel est exonéré de
son obligation dans « les cas où la loi impose ou autorise la révélation du
secret ».
1
Exemple : l’article 77-1-1 du Code de procédure pénale consacre un droit de
communication dans le cadre de l’enquête et de l’instruction pénale et précise que
le secret professionnel ne pourra alors pas être opposé ; Cf. infra.
2
Exemple : les articles 92 à 99 du Code de procédure pénale prévoient la
possibilité d’effectuer des perquisitions et des saisies au domicile de certaines
personnes mais n’évoquent pas le secret professionnel. De même l’article 275 du
Code de procédure civile dispose que « les parties doivent remettre sans délai à
l’expert tous les documents que celui-ci estime nécessaires à l’accomplissement de
sa mission », sans prévoir expressément la levée du secret professionnel.
3
Conseil d’Etat, Section, 31 mars 2003, n° 229839
4
Cf. infra.
5
Cass. com., 8 février 2005, n° 02-11.044
APPLICATIONS CONCRETES
20 Deuxième partie : Applications concrètes
CHAPITRE 1
APPLICATION DANS LE CADRE DE LA MISE EN CAUSE
DU PROFESSIONNEL
1
Cass. crim., 29 mai 1989, n° 87-82.073
2. Contrôle de qualité
2
Cass. crim., 6 janvier 1989, n° 88-85.490
3
Règlement Intérieur, article 417
4
Conseil d’Etat, 31 mars 2003, n° 229839
Il s’agit de l’un des cas de levée du secret professionnel non prévu par la
loi mais par la jurisprudence.
CHAPITRE 2
APPLICATION DANS LE CADRE DES RELATIONS
ENTRE PROFESSIONNELS
A titre d’exemple, les commissaires aux comptes sont également tenus par
la loi à un secret professionnel, sous réserve de leur obligation de
1
Décret du 30 mars 2012, article 163 : les professionnels appelés « par un client ou
adhérent à remplacer un confrère ne peuvent accepter leur mission qu'après en
avoir informé ce dernier. Elles s'assurent que l'offre n'est pas motivée par le désir
du client ou adhérent d'éluder l'application des lois et règlements ainsi que
l'observation par les personnes mentionnées à l’article 141 de leurs devoirs
professionnels.
Lorsque les honoraires dus à leur prédécesseur résultent d'une convention conforme
aux règles professionnelles, elles doivent s’efforcer d’obtenir la justification du
paiement desdits honoraires avant de commencer leur mission. A défaut, elles
doivent en référer au président du conseil régional de l’ordre et faire toutes
réserves nécessaires auprès du client ou adhérent avant d'entrer en fonctions.
Lorsque ces honoraires sont contestés par le client ou adhérent, l’une des
personnes mentionnées à l’article 141 appelées à remplacer un confrère suggère
par écrit à son client ou adhérent de recourir à la procédure de conciliation ou
d'arbitrage de l'ordre prévue aux articles 159 et 160.
Le prédécesseur favorise, avec l’accord du client ou adhérent, la transmission du
dossier ».
CHAPITRE 3
APPLICATION DANS LE CADRE DES RELATIONS
AVEC LES POUVOIRS PUBLICS
Le droit de communication peut être exercé par les agents des finances
publiques et par les agents chargés du recouvrement des impôts, droits et
taxes prévus par le Code Général des Impôts (CGI). Ces agents ont le droit
d'obtenir communication de documents détenus par certaines personnes ou
organismes, afin d'effectuer le contrôle des déclarations souscrites par les
contribuables.
1
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031113463
2
Bulletin officiel des finances publiques-Impôts du 12/09/2012 disponible sous ce
lien : http://bofip.impots.gouv.fr/bofip/431-PGP.html?identifiant=BOI-CF-COM-10-
40-20120912
A noter également que les agents des impôts ne peuvent demander aux
membres des professions libérales la désignation de l'acte ou la nature de
la prestation effectuée (art. L 86 A du LPF).
3
CAA Lyon, 16 mai 2013
Les visites peuvent se dérouler en tous lieux, même privés, où les pièces et
documents se rapportant aux agissements frauduleux sont susceptibles
d'être détenus.
4
Bulletin Officiel des finances Publiques-Impôts du 12/09/2012 disponible sous ce
lien : http://bofip.impots.gouv.fr/bofip/4809-PGP.html
5
Cass. crim., 22 février 2001, n° 99-30.041 et 99-30.042
6
Circulaire DSS n° 2011-323 du 21 juillet 2011 relative aux conditions d’application
par les organismes de sécurité sociale du droit de communication institué aux
articles L 114-19 et suivants du Code de la sécurité sociale :
« Par dérogation au principe de la consultation préalable, l'organisme de sécurité
sociale peut se dispenser de solliciter au préalable l'assuré, l'allocataire ou le
cotisant si l'exigence d'une demande préalable est de nature à compromettre les
investigations engagées en vue de détecter une fraude. Dans le cas où l'assuré ou
l'allocataire n'a pas été préalablement consulté ou n'a pas donné suite à la
demande de l'organisme, il convient de veiller à informer l'organisme tiers que la
demande s'inscrit dans le cadre d'investigations menées en vue de détecter une
fraude et qu'en conséquence il lui appartient de ne pas informer selon les cas son
client, son contractant ou l'usager du service public, de l'exercice du droit de
communication afin de ne pas nuire aux investigations ».
Cet objectif nécessite que les agents de ces services publics jouissent d’un
droit de communication dans le cadre de leur contrôle (article L 215-3 du
code précité). En effet, le droit de communication permet aux agents de
prendre connaissance d’informations qui ne sont pas rendues publiques et
qui peuvent permettre d’établir la constitution du délit.
Pour le contrôle des opérations faisant appel à l'informatique, ils ont accès
aux logiciels et aux données stockées ainsi qu'à la restitution en clair des
informations propres à faciliter l'accomplissement de leurs missions. Ils
peuvent en demander la transcription par tout traitement approprié dans
des documents directement utilisables pour les besoins du contrôle.
Même si le refus peut reposer sur un motif légitime, ce dernier n’est pas
retenu par la Cour de cassation.
A noter que dans les moyens invoqués devant la Cour d’appel et écartés
par la Cour de cassation, l’appelant se prévalait notamment du défaut de
notification écrite de ce droit de communication. La Haute cour ne relève
pas cet argument. Selon les juges, dans le cadre de l’enquête de l’article
L 215-3 du Code de la consommation, le défaut de notification écrite du
droit de communication des agents publics ne le rend pas inopposable au
professionnel.
L’article 65 du Code des douanes dispose que certains agents des douanes
peuvent exiger la communication des papiers et documents de toute
nature (ensemble des livres, registres, notes et pièces justificatives, telles
que la comptabilité, les registres, les factures, les correspondances, les
copies de lettres, etc., relatives à l'activité professionnelle de l'entreprise)
relatifs aux opérations intéressant leur service, quel qu'en soit le support.
7
Cass. crim., 24 février 2009, n° 08-84.410
8
Cass. crim., 3 mai 2001, n° 00-81.691
L’article L 8271-1 du Code du travail désigne les agents qui disposent d’un
droit de communication dans le cadre de la lutte contre le travail illégal.
9
C’est le cas pour le droit de communication de l’administration fiscale, des agents des
organismes de sécurité sociale, des douanes, etc. Cf. paragraphes précédents.
Ils peuvent également pénétrer en dehors de ces heures dans ces mêmes
lieux lorsque ceux-ci sont ouverts au public ou lorsqu'à l'intérieur de ceux-
ci sont en cours des activités de production, de fabrication, de
transformation, de conditionnement, de transport ou de
commercialisation ».
Le Code monétaire et financier dans son article L 621-10 dispose que les
enquêteurs de l’AMF peuvent accéder aux locaux à usage professionnel et
qu’ils peuvent, pour les nécessités de l’enquête, se faire communiquer
tous documents. L’expert-comptable ne peut opposer aux enquêteurs de
l’AMF le secret professionnel.
10
Cass. com., 9 novembre 1993, n° 91-20.722
CHAPITRE 4
APPLICATION DANS LE CADRE DES PROCEDURES
COLLECTIVES
a. Le juge-commissaire
1
Article L 623-1 du Code de commerce
2
Article L 623-3 du Code de commerce
b. L’administrateur judiciaire
c. Le mandataire judiciaire
d. Le liquidateur judiciaire
CHAPITRE 5
APPLICATION DANS LES RELATIONS AVEC
LES SERVICES DE POLICE ET L’AUTORITE JUDICIAIRE
1
Circulaire du Ministère de la Justice du 14 mai 2004, « Présentation des
dispositions de procédure pénale immédiatement applicables de la loi n° 2004-204
du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité »
Dès lors, même dans l’hypothèse où les documents exigés seraient couverts
par le secret professionnel, un expert-comptable a l’obligation de les
transmettre s’ils sont exigés par le procureur de la République ou sur
autorisation de celui-ci, par un officier de police judiciaire dans le cadre
d’une enquête, même préliminaire. Il ne pourra sur ce seul fait ni être
sanctionné pénalement, ni voir sa responsabilité civile engagée, ni faire
l’objet d’une sanction disciplinaire.
2
Assemblée Nationale, 18 octobre 2005, page 9771, question n° 66777
l’effectuent dans les conditions fixées aux articles 151 à 152 du CPP. C’est
principalement cette procédure de perquisition qui pourrait être effectuée
au cabinet d’un membre de l’Ordre.
3
Cass. crim., 13 décembre 2006, n° 06-87.169
4
Code de procédure pénale, article 96
5
Code de procédure pénale, article 109
6
Code de procédure pénale, article 109
commettre une infraction. Cette audition libre encadrée par l’article 61-1
du CPP n’est pas limitée dans le temps.
7
Cass. crim., 13 nov. 2001, n° 00-83.382, Bull. crim. 2001, n° 232 ; Cass. crim.,
21 juin 2005, n° 04-87.797, Bull. crim. 2005, n° 181
Il faut rappeler de façon liminaire que le policier est lui aussi soumis à
l’obligation de discrétion professionnelle et au respect du secret
professionnel (Code de déontologie de la police nationale et de la
gendarmerie nationale intégré au Code de la sécurité intérieure).
Il n’a aucun intérêt à agir dans l’illégalité :il n’exécute pas les instructions
des magistrats pour son plaisir ou son propre intérêt mais dans un contexte
d’intérêt général et de service public. Tout acte illégal peut amener
l’annulation des actes, voire la totalité de la procédure.
8
Points de vue de Jacques Midali, commandant de police honoraire, délégué à la
lutte contre l’exercice illégal et les fraudes auprès du CRO Paris IdF, et Bernard
Caudrelier, ancien commandant de Police à l’emploi fonctionnel, chargé
d’enquêtes contre l’exercice illégal au Conseil supérieur
Ces sollicitations doivent s’opérer au cours d’une procédure prévue par les
textes légaux et réglementaires et prennent alors le nom de réquisitions
judiciaires. Elles interviennent dans tous les cadres légaux d’enquêtes
(flagrance, préliminaire et sur commission rogatoire).
Elles peuvent se dérouler soit dans les locaux des Services de Police, de
Gendarmerie ou des Douanes Judiciaires, soit dans les cabinets d’expertise
comptable notamment quand les enquêteurs ont une compétence
nationale et sont amenés à travailler et à se déplacer fréquemment sur
l’ensemble du territoire. Il peut aussi arriver que selon les enquêtes et le
degré d’implication de l’expert-comptable dans le dossier ou simplement
dans un souci d’efficacité, l’enquêteur décide du lieu de l’audition.
- rester dans des généralités lorsque leur client mis en cause les interroge
sur la teneur de leur audition, en n’évoquant pas des informations lui
permettant de freiner ou de nuire à l’enquête ou l’instruction en cours
et/ou susceptible d’entraîner des destructions de preuves ce qui
pourrait, le cas échéant, être assimilé à une complicité de l’infraction
principale.
9
CA Paris, 9e ch. B, 29 mars 1990
10
Code de commerce, article L 823-12
Il faut également noter que si l’article 434-1 du Code pénal prévoit une
obligation pour tout citoyen de dénoncer les crimes auprès des autorités
judiciaires sous peine de sanctions pénales, celui-ci prévoit également
qu’il ne s’applique pas aux « personnes astreintes au secret dans les
conditions prévues par l'article 226-13 ». De manière similaire, l’article
434-11 du même code prévoit que les personnes soumises au secret
professionnel ne sont pas tenues de fournir le témoignage permettant
d’innocenter une personne détenue provisoirement ou jugée pour crime ou
délit.
a. Déclaration de soupçon
b. « Le secret partagé »
Remarque
Le droit de communication de Tracfin est opposable de la même manière et dans
les mêmes conditions, aux commissaires aux comptes, en vertu de l’article L 561 -
2 12 du Code monétaire et financier.
Or, aucune exception légale, telle que celle prévue pour les commissaires
aux comptes pour la révélation de faits délictueux, n’existe pour les
experts-comptables. Sa responsabilité pourrait donc être engagée en cas
de révélation d’informations à caractère secret.
CHAPITRE 6
APPLICATION DANS LE CADRE DE LA PROCEDURE
CIVILE
L’article 145 du CPC sur lequel sont souvent fondées les injonctions de
communiquer dispose que « S'il existe un motif légitime de conserver ou
d'établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la
solution d'un litige, les mesures d'instruction légalement admissibles
peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en
référé », sans mentionner l’éventuelle levée du secret professionnel.
1
Cass. com., 8 février 2005, n° 02-11.044
2
Code de procédure civile, article 232
3
Cass. com., 16 avril 2013, n° 12-16.978