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Jean Beaufret
Parménide
Le Poème
QUADRIGE I PUF
À LA MÉMOIRE DE
JEAN-JACQUES RINIÈRI
ISBN 2 13 055902 6
ISSN 0291-0489
*
* *
(1) Notons que Simplicius (Diels, A. 19) ne comptait pas Parménide parmi le�
•Enigmatiques •. Il le rangeait aux côtés d'Aristote, de Platon et de Xénophane,
parmi les maitres « qui ne se soucient que de ceux qui entendent plus en surface "
(-rwv �m7toÀa:L6-rcpov iixpo<..> µÉv<..>v ... X7)86µcvoL)
(:i) Cf. Philosophie de l'Histoire, Introduction.
4 LE POÈME DE P A RMt!.NIDE
(r) • So trllge 111a1 tkr Weltgeist ... •(HEGEL, Geschichte der Philosophie, M. Hoff·
meister, I, p. 238).
(2) XIII, § 73; XV, § 90.
(S) XIII, � 895.
LE POÈME DE PARMÉNIDE
le mirage dont Hegel est victime, ce sont les Grecs qui l'ont eux
mêmes institué, car ils sont à eux-mêmes leurs propres épigones.
« Platon pour disposer au Christianisme » n'est pas une illusion de
(1) X, § 191.
(:z) XII, II• Partie, § 83.
LE POÈME DE PARMÉNIDE 7
(1) XIII, § r.
(2) XII, !'• Partie, § H2.
8 LE POP.ME DE PARMENIDE
*
* *
kônnte das Wort sein, das einen noch nicht erfahrenen Wink in das ungedachte
Wesen desesse gibt • (Was ist Metaphysik ?, p. 10).
Nous rencontrons ici le type même du • malentendu • qui ne cesse de fausser
d� le départ toutes les Auseinanderset%ungen mit Marti11 Heidegger. Il est vrai
que les frontléres entre l'inconsctenoe et la mauvaise foi ont toujours été ténébreuses.
Reviendrait-il à la psychanalyse de déceler à quelle profondeur la • fonction
de méconnaissance • travaille la • ctitique • ? Mais peut-être le probléme de la
méconnaissance dépasse-t-il l'horizon de la psychologie? Lorsque Heidegger constate
!'•assurance somnambulique• (Was ist Metaphysi.11. ?, p. 17) avec laquelle le lecteur
moderne passe à côté de la question, la référence est, dans son principe , ontol-Ogique
plutôt que psychologique. La psychologie, en tant que science >, n'est ici que le
•
véhicule d'un • état de choses • ( Sachverhalt) plus originel qui tient à l'intimité
radicale de !' • être • et du • temps •.
(r) R•f'., 497 d.
14 LE POÈME DE PARMENIDE
•
* *
C'est ici qu'il faut tenir ferme. Car peut-être est-ce précisément
l'illusion rétrospective que nous venons de dénoncer - entendons
par là notre disposition devenue habituelle à projeter, sans y prendre
garde, au lieu même de l'éclosion présocratique, des notions éla
borées bien plus tard - qui suscite l'une des énigmes les plus
déconcertantes du Poème, celle de sa division en deux parties qui,
pour l'antiquité, fai sait déjà problème. La singularité de Parménide,
dit très bien M. Wahl, est en effet, d'avoir, en un seul poème, <c chanté
deux chants » (z). Ce sont ces deux chants que l'on ne sait guère
accorder entre eux dans l'unité du poème. Car si la vérité est cette
lumière absolue et inconcessive qui émane de l'être, comment s'ex
pliquer qu'aux Paroles de la Vérité contre l' « Opinion », qui soutient
le parti du multiple, s'ajoutent immédiatement les Paroles de /' « Opi
nion » que Parménide développe à leur tour avec tant de sérieux qu'il
va même jusqu'à leur laisser le dernier mot. Il y avait là de quoi sti
tation hypothétique des paroles de !'Opinion n e rallie pas tous les suf
frages. D'autres philologues, comme Diels ou Burnet ( 2) , préféreront
voir, dans la deuxième partie du poème, une doctrine que Parménide
regarde comme entièrement fausse. Cette deuxième partie serait
donc non pas le développement d'une hypothèse dans la d imens ion
du vraisemblable, mais une polémique diri gée contre l'enseignement
d'une É cole contemporaine et rivale : !' É cole héraclitéenne, selon
Diels, les Pythagoriciens sel on Burnet.
Les deux interprétations des paroles de l' c.c Opinion », l 'interp réta
tion hypothétique et l'interprétation polémique (ou, comme on dit encore,
lristique) se déploient jusqu'à nous dans l 'opposition polémique de
leur& hypothèiei contraires. Aucune n ' eit j amai s à court de vraisem-
(1) Parmenides und die Geschichte der griechischen Philosophie (Bonn, 1916).
22 L E POÈME D E PARMÉNIDE
Ce sont là les deux vers les plus controversés de tout le poème, car
c'est de leur traduction que dépendra finalement le sens qui sera
donné aux Paroles de l' <c Opinion » ( 1 ) .
Pour soutenir son interprétation polémique des Paroles de l' cc Opi
nion », Diels avait été amené, dans l'édition de Parménide qu'il publia
en 1 8 9 7, à proposer une modification du texte traditionnellement
reçu. Au vers 3 1 , il faudrait lire non pas ôox [µwi:;, mais bien
ôoxtµwcr' , et dès lors, interpréter le mot litigieux non pas comme un
adverbe, mais comme l'infinitif d'un verbe qui dépendrait en réalité de
xpîjv auquel il fait immédiatement suite. ôox tµwcr' serait la contraction
de ôox tµwcrott, qui introduit une idée de mettre à l'épreuve. Quant à
dvoct, interprété j usque-là comme dépendant de xpîjv, c'est à 't'ii
ôoxouv't'ot qu'il conviendrait de le rattacher, en lisant 't'tX ôoxoÜv't'ot
e:Ivot t, les choses qui paraissent être. La force de l'expression, dit
Diels, n'est-elle pas renforcée par l'éloignement des mots dans le
contexte auquel ils appartiennent ? En détachant enfin le participe
rte:p wv't'ot de TtX ôoxouv't'ot, pour en faire non pas un simple qualificatif
des ôoxouv't'oc, mais pour lui restituer une valeur verbale, nous lirions
clairement : u Mais oui, malgré tout, tu auras à apprendre comment la
diversité de ce qui paraît être doit être soumise à une épreuve de
validité, au cours d' une recherche qui s'étend d'un bout à l' autre des
choses. » Quel sera le résultat d'une telle ép reuve, sinon de dénoncer
comme effectivement illusoires et trompeuses les choses qui ont
pourtant, dans leur diversité, l ' apparence d'être? Une telle dénon
ciation d'invalidité dans les �po-rwv Mé;ott aura pour effet de les
débouter définitivement de leurs prétentions. Que peuvent donc être
ici les �flOTWV 06Ç0tt, sinon ce qui apparaît comme vrai à d'autres philo
sophes - principalement à Héraclite - qui, dans le climat polémique
où se développe la rivalité combative des écoles, sera ainsi convaincu
de vanité (1).
Toutefois, les interprétations de Diels ( l ) vont paraître irrece
vables à maints érudits, et en particulier à Wilamowitz qui, dans une
note de 1 8 99 ( 2) , reviendra franchement au texte traditionnel et à la
construction la plus simple. Il comprendra dès lors : « Mais oui,
malgré tout, tu auras également à apprendre comment la diversité
de l'apparence (Til: OOXOÜVTOt) doit nécessairement déployer une
présence qui mérite d'être reçue, (oox(µ.wç dvatt), traversant et
mesurant toutes choses sur toute leur étendue. » Mais comment ce
qui, en un sens, n'est qu'apparence, peut-il cependant mériter d'être
retenu, sinon à titre seulement annexe, comme la probabilité ou la
vraisemblance d'une hypothèse qui tient encore validement son rang,
bien qu'au-dessous de la vérité. Aussi les ÔoxoÜvTOt, dans la mesure où
ils composent ce O�iX.xocr µ. ov Èotx6T0t. que nomme le vers 60 du
Fragment VIII, sont donc bien des apparences illusoires et trompeuses,
mais susceptibles cependant de fournir matière à une l!Jpothèse qui
constituera en elle-même un tout conséquent et complet - exactement
sont les choses qui leur apparaissent - tandis que toi, tu vas à travers toutes choses
en ton voyage. • A cet te modification près, Burnet est donc d'accord avec Diels pour
,
une in terprét at ion polémique des paroles de la 861;ct. C'est pourquoi il pl a ce comme
Diels, les vers dont avec Kranz nous faisons les vers 2 à 6 du Fragment V I I
Immédiatement à l a sui t e du vers 32 du Fragment I . Au contraire, dans l a récen t e
réédition d es Fragmente der Vorsokratiker, Walthe r KRANZ s e sépare formellement
de Diels pour faire siennes la l ec ture et l'interprétation de Wilamowitz.
2) Hermès, XXXIV, p. 204.
LE POÈME DE P A RMJ!iNIDE
sérieux, si leur règne s'étend en toute validité, d'un bout à l autre '
de ce qui existe, ce règne n'en est pas moins le lieu d'une menace
permanente et d'un péril constant. Loin d'être la voie de la vérité,
la voie des ôoxoÜvToc n'est-elle pas, en effet, celle « avec laquelle se font
ill usion les mortels qui ne savent rien » , les olxpocvo t ? N'est-elle pas
la voie de « l'esprit errant » où « se laissent entraîner, comme sourds
et aveugles, hébétés » ceux qui n'ont pas su se dissocier des (( foules
indécises, pour qui l'être et aussi bien le non-être, le même et ce qui
n'est pas même, font loi, et dont sans exception le sentier est laby
rinthe ». Ici les difficultés nous assiègent. Comment la non-vérité de la
Heidegger écrit dans une note de Sein und Zeit ; « Karl Reinhardt
a. . .
pour la première fois, conçu et résolu le problème si souvent
débattu des deux parties du poème philosophique de Parménide,
bien qu'il ne montre pas expressément le fondement ontologique
que présuppose la connexion de l'ocÀ�8etcx et de la ô61;cx, ainsi que la
nécessité de ce fondement (1). »
Le problème de l'unité du poème de Parménide ne fait qu'un
en effet avec le problème de la connexion de l'ocÀ�8etcx et du voue;
avec la ô61;cx. Nous avons vu que le domaine de la 061;oc. n'était ni
l'opinion d'un rival qu'il importerait seulement de réfuter, ni une
région périphérique où se déploierait simplement des vraisemblances.
Fondant la 061;oc. en nécessité, et lui reconnaissant ainsi une personnalité
spécifique, Reinhardt la rappelle de l'extériorité, où ne pouvait
plus l'atteindre que l'argumentation polémique ou le fléchissement
concessif de l'hypothèse, au centre vivant de la méditation parméni
dienne. La ô61;oc., ainsi réintégrée, devient dès lors « une création
au plus haut point originale >1 alors qu'elle n'était j usque-là qu'une
j uxtaposition adventice. C'est pourquoi Reinhardt peut dire des deux
parties du Poème : « Pour Parménide, aucune des deux n'est pensable
sans l'autre, et c'est seulement par leur rassemblement qu'elles don
nent lieu à un tout. 1> Mais dès qu'il s'agit de déterminer dans le
contexte du poème la situation de la 061;oc. par rapport à l' ocÀ�8etot et
au voue;, Reinhardt se rallie aux interprétations les plus traditionnelles.
Abordant le problème dans une perspective inconsciemment reçue
du Platonisme et du Christianisme, et comparant même expressément
le destin de Parménide à celui de Platon, il n'hésitera pas à entrevoir
dans la ô61;cx qu'il assimile anachroniquement à la subjectivité encore
insaisissable de la connaissance, une sorte de chute originelle : ein1
Begebenheit der Vorz.eit, eine Art Siindenfall der Erkenntni.r
- chute qui
entraînerait nécessairement après elle et comme dans son sillage toutes
simple planche sur la mer de l'incertitude, j uste assez large' pour m'é
tendre sur elle 1 Gardez pour vous tout ce qui est en devenir, les
formes diaprées, fleuries, trompeuses, charmantes, vivantes, et ne
me donnez que la seule, que la pauvre certitude toute vide » . Exacte
ment dans le même esprit que Nietzsche, les exégètes du Poème se
contenteront de l'image d'un philosophe éternellement contraint de
ressasser dans sa « désespérante monotonie » (Gomperz) la cc plus
que mince vérité » (Reinhardt) de son fo·n yO:p dvix�. Cette opinion
de Nietzsche comme des plus récents commentateurs n'est d'ailleurs
que l'opinion que Platon lui-même avait déjà de Parménide, en qui
il éprouvait le plus intime péril de sa propre pensée.
Oserons-nous enfin nous réveiller de la plus vénérable tradition
pour faire surgir l'inconfort d'un problème là où régnait j usqu'ici la
sécurité paisible de l'évidence ? Parménide platonise-t-il avant Platon
ou au contraire le climat de sa pensée est-il foncièrement autre que
le climat du Platonisme ? L'interprétation couramment reçue irait
évidemment de soi si les �oxoüv-rix que nomme Parménide consti
tuaient, relativement à l'è6v qu'il nomme aussi, une région inférieure
du réel, réelle encore, mais à mi-chemin du néant, et où nous serions
nativement précipités par l'accident extérieur d'une chute. Or, d'une
telle chute, nous ne trouvons, dans le poème de Parménide, pas la
moindre trace. Ce qui frappe, au contraire, c'est l'initialité et comme
l'essentialité de la M�ix que ne médiatise aucun mythe de la chute. A
aucun moment il n'est question pour l'homme d'une autre condition
que celle dans laquelle il est aux prises avec les réalités de cé monde-ci.
A aucun moment ne s'étend sur le monde des �oxoüv-rix l'ombre du
provisoire, ni ne s'introduit une nostalgie qui élèverait contre le
destin thanatophore des hommes, la prétention religieuse d'un salut.
Bien au contraire, les réalités de ce monde-ci, avec, pour reprendre
les mots de Nietzsche, leurs cc formes diaprées, fleuries, trompeuses,
charmantes, vivantes », en un mot les aoxoüv-rcx, il nous est enjoint
LE PO ÈME DE PA RMÉNIDE
Mais si dès lors Parménide n'est nulle ment l'un de ces Hintrr
•1lt/1r, que Nietzsche poursuivait de sa haine lyrique, si l'élan qui
porte sa pensée ne tend nullement à dissiper, c o mme un mirage, le
LE POEME DE PARMÉNIDE 33
-r p onoc:; XÉÀw8oc;) des aoxoÜ'Y't'ot. Ces trois voie.r, par la nature des
injonctions divines auxquelles elles correspondent, situent le voyageur
au lieu d'un x p [v&L'Y (Fragment VII, 5), d'une décision où il y va essen
tiellement de son destin le plus intime. Mais il n'arrive lui-même en vue
de ce trivium, c'est-à-dire au niveau de la décision, ou, pour être encore
plus fidèle au grec, au vif de la cri.re, qu'à condition d'avoir déjà par
couru une quatrième voie, celle qui est nommée la première et qui, grâce
à un cheminement à l'écart des sentiers fréquentés par les hommes, per
met au voyageur qui était d'abord, bien qu'à son insu, sur la troisième
voie, d'accéder au lieu décisif où tout chemin se partage en trois.
Cette quatrième voie est celle sur laquelle, dès l'exorde du Poème,
nous rencontrons pour la première fois le voyageur au grand galop du
char guidé par les Héliades, sans trop songer à nous demander d'où
il vient, car il n'est pas encore possible de le savoir avec exactitude.
Nous savons seulement qu'il va - avec quelle ardeur 1- et que cc
n'est certainement pas la première fois qu'il entreprend une telle
course. Car, note avec raison Wilamowitz, il faut donner la pléni
tude de leur signification itérative aux optatifs des vers I et 8 du
Fragment I. « Ce n'est pas le premier voyage que celui qui arrive
au but, et l'axe est devenu brûlant car, chaque fois que les Héliades
montraient la route, chaque fois la course était aussi rapide (1). » Le
difficile est en effet précisément, à partir de la vie courante, d'arriver
en vue du trivium, c'est-à-dire au point décisif de l'ouverture de
l ciÀ�8eLot L'e8oc:; rroMneLpov, l'habitude à la riche expérience qui,
' .
(x) Cc qui ne veut évidemment paa dire la question fondamentale pour le méta·
physicien, mais bien plutôt la question dans laquelle est mise en question la méta·
physique elle-même.
(:z) La divine tortue aux yeux toujours ouverts
Porte l'éléphant blanc qui porte l' Univers ...
(Victor HUGO.)
LE POf<.ME DE P ARME!.NIDE 41
libre. Toutefois, cette jeunesse et cette liberté n'ont guère été jusque
là perceptibles à ceux qui, négligeant l'avertissement, pourtant donné
par Kant, que la Critique ne proposait pas en philosophie un « nouveau
thermomètre » (1), n'ont pas vu que, pour comprendre ce qu'elle
mettait en question, il ne suffisait pas de la lire d'un bout à l'autre
comme un prospectus, « en s'aidant au besoin d'un dictionnaire » (2).
Une telle inadvertance de l'érudition lui interdit, en effet, de reconnaî
tre qu'avec Kant, pour la première fois depuis des siècles, un philo
sophe s'étonne devant l'étant, mais d'un étonnement qui, dans une
toute autre dimension que le saisissement métaphysique de Pascal,
renouvelle parmi nous l'étonnement ontologique de Parménide.
Le lieu où, rej oignant Parménide, se hausse la pensée kantienne
dans son dépassement de l'étant, n'est donc nullement celui où
s'accomplit cette pétition transcendante de causalité, base de toutes
les « explications » du monde par les « théories de la création ,, et
tout aussi bien des « preuves » cartésiennes de l' « existence » de Dieu
et des choses. Ce lieu, un instant entrevu par Leibniz, dans la mesure
où, au moins une fois, Leibniz libère de la tentation ontique la ques
tion ontologique par l'assignation du néant comme contre-possibilité de
l'être, est bien plutôt un certain entre-deux, ou une certaine Différence
entre l'être et l'étant, en laquelle seulement il devient possible d'aper
cevoir en un éclair - celui qu'Héraclite faisait jaillir coessentielle
ment à l'origine - comment il est déjà décidé de fond en comble de
l'étant à la mesure de l'ampleur que peut lttteindre l' éclaici e de l'être.
Cette Différence qui distingue et tient écartés l'un de l'autre l'être et
l'étant, mais pour les unir l'un et l'autre en une éclosion originelle,
nous pouvons maintenant reconnaître en elle la singulière relation
que protège encore, dans le langage, l'incomparable ambiguïté du
participe. Une telle relation, plus initiale que toute causalité émanant
( 1 ) Le Chccur.
(2) Tel quel (I, p. 213).
LE POÈME DE PARMÉNIDE
mystère, à son to ur, se dérobe et que, dès lors, commence cet lgare-
11tenl dan! /4 viable ( t ) qui nous concerne plu s intimement que toute
erreur ( 1 ) . En d'autres termes, pour Parménide, comme encore pour
Pindare et pour S ophocle, l' (( étonnement », le eocuµ&.�e:Lv n'est pas
seulement; comme il le deviendra pour Platon et surtout pour Aris
tote, &px_� qnÀO<tocp(oc.c;, commencement de la philosophie, qui aurait
ensuite à dép a ss er ce simple commencement par la mise en œuvre de
l'explication, sous peine de le voir dégénérer j usqu'à l' cc étonnement
imb écile » que dénoncera, non sans hauteur, la cc certitude » des Car
tésiens. Bien au contraire, le 0oc.uµ&.�e:w e st essentiel à la philosophie
véritable, à laquelle il est plus facile de manquer que de demeurer
fidèle, face au brio explicatif du c< tout connaître et tout savoir » ,
C'est à ce 0oc.uµ<X�e:Lv dont nous n'avons j amais fini l'apprentissage
que nous renvoie l'inj onction pindarique : yévoL' ofoc; ècrcr(,
µix0wv (2) - deviens celui que tu es, sans cesser d'être apprenti. Il ne
s'agit évidemment pas ici d'urte triviale leçon de modestie Pindare �
n'a pas l'e sp rit académi que mais de cette prise de mesure dan s
-
e *
* *
t
" Toutefois, arrivés où nous en sommes, une deuxième question
e se pose. Il ne suffit pas, en effet, à propos du Poème de Parménide,
" d'établir le fondement de son unité par une élucidation du rapport
e de 1'€6v aux aoxoÜVT()(, revenant à interpréter ce rapport, c'est-à-dire,
si l'on veut, la relation inépuisablement problématique de l'Un et du
Multiple, comme originellement intrinsèque à la Différence que recèle
en elle-même la structure ambiguë du participe €6v. Car, dans l'ana
lyse que nous avons faite de cette différence fondamentale, n'avons
nous pas négligé j usqu'ici l'examen d'une autre différence, disons
d'une autre dualité, celle de l'i6v et du voe!:v, qui ne paraît pas j ouer,
dans l'ensemble du Poème, un rôle moindre que la première ? La
dualité de 1'€6v et du voe'Lv n'a pas donné lieu dans l'histoire, à de
moindree corttroV'erses que celle de 1'€6v et des 8oxoüv-rot. On traduit
couramment voe'Lv par penser et voüç par entendement. Acceptons
cette traduction « classique » au moins comme hypothèse provisoire.
Dans ce rapport de l'être et de la pensée qui traverse le Poème de
Parménide d'une manière non moins décisive que celui de l'être aux
�tants, n'est-ce pas le problème même de la connaissance qui se trouve
dès lors posé ? Et suivant la façon dont ce problème pourra être
Réalisme ?
Les mots Idéalisme et Réalisme sont parmi les plus dangereux du
langage en raison de la multiplicité de leurs acceptions possibles.
Il semble cependant entendu en philosophie que l'on nommera réa
liste toute doctrine déterminant la connaissance à partir de son
« objet » interprété lui-même comme << existant » réellement hors de
Le même, lui, dit Parménide, est à la fois penser et être. Un peu plus
"
loin, il ajoutera (Fragment VIII, vers 3 4) :
ici nommer tout aussi bien Parménide, par qui Aristote et Platon
sont fondamentalement eux-mêmes (2).
(x) Kant und das Problem der Metaphysik, p. x 83.
(2) Was heisst Dinlien } (p. u2).
60 LE P OÈME DE PARMÉNIDE
talement dans une commune origine qui les retient l'un et l'autre dans
l'unité du Même, de telle sorte que ce qui est ainsi restitué parmi
nous, dans ce grand envol de murailles qu'est la pensée critique, ce
n'est pas moins, semble-t-il, que cette corrélation originelle du
vodv et de l'dvixt dans l'unité du Même que proclame, à l'aube de
la pensée occidentale, la plus mystérieuse peut-être des paroles de
Parménide.
Ce rapport fondamental de Kant à Parménide, peut-être pouvons
nous en retrouver plus explicitement encore la trace dans un texte
illustre de Kant, celui qui, à plusieurs reprises, énonce avec une
concision redoutable l'élimination de l'idéalisme et du réalisme vul
gaires pour la réciprocité de l'id�alisme transcendantal et du réalisme
empirique : « Les conditions de la possibilité de l 'expénence en général
sont, en même temps, les conditions de la possibilité des objets de
l'expérience. » Peut-être convient-il ici de remarquer avec Heidegger
que le contenu décisif de cette phrase doit être recherché moins dans
les mots soulignés par Kant que dans celui qui ne l'est pas, c'est-à
dire dans la locution en même temps (zugleich). Mais que veut dire au
j uste ce zugleich qui « exprime l'unité essentielle de la structure com
plète de la transcendance » ( 1 ) ? D'où vient-il ainsi j usqu'à nous ?
Hésiterons-nous plus longtemps à reconnaître en lui la locution
même par laquelle commence le Fragment III de Parménide ? Le
zugleich allemand n'est-il pas la reprise des mots grecs 't'O IXÙ't'O qui
énoncent, non pas sans doute dans une insipide uniformité, mais
dans son ipslité spécifique, la corrélation originelle du voe:rv et de
l'e:Ivoct dans l'unité du lvfême ? Ainsi, concluera plus tard Heidegger,
le texte de la formule kantienne qui rassemble le mieux en elle tout
le mystère de la Critique n'est, à son tour, que « la plus grandiose
variation », que, depuis son origine, la philosophie occidentale ait
j amais exécutée sur le thème de son propre destin, celui dont témoi
gna initialement Parménide (1).
Si donc, avec Kant, < c les murs s'envolent » (z) qui avaient jusque
là cantonné la métaphysique moderne dans les impasses corrélatives
de l'idéalisme et du réalisme, c'est pour la reprise enfin parmi nous
d'une vérité qui se dérobait à nos yeux au cœur de la philosophie
grecque. Ici, bien en deçà de Descartes, c'est le monde grec que
rej oint Kant dans la mise au j our d'une corrélation dissimulée comme
un recel par toute métaphysique, à savoir ce prodigieux débouché de
la présence et sur la présence dont connaissance et être disent le contraste
intime et primordial, en l'instituant corrélativement dans la perma
nence de son unicité. Rappelée au j our enfin avec la Critique, la réci
procité du voe:�v et de l's:Lvcx.L dans la dimension du Même ne signifie
ni l'établissement à l'origine d'un réalisme que Burnet va même j us
qu'à qualifier imprudemment de matérialiste, ni la fondation d'un
idéalisme qui ne serait pas moins anachronique. Mais il s'agit encore
bien moins de l'indifférenciation originellement confuse d'une pensée
qui serait incapable de se décider entre les deux solutions « inévi
tables » de l'idéalisme et du réalisme. Toutefois, si Parménide n'est
pas un « Primitif », peut-être sa parole a-t-elle néanmoins pour destin
de demeurer parole de « Primitif» pour tous ceux dont le partage est de
maintenir que l'opposition idéalisme-réalisme est en philosophie une
nécessité techniquement inéludable, comme on a pu croire que le
clair-obscur ou la perspective géométrique étaient en peinture des
nécessités techniquement inéludables, de sorte que ceux qui ne se
soumettaient pas à leurs lois n'étaient que des « Primitifs » dont la
gaucherie pouvait plaire ou toucher, mais restait, avec Gi tto et
Fra-Angelico, dans la dimension inférieure de la non-peinture. Il
fallut en peinture un Cézanne pour que les prétendus Primitifs appa-
russent non plus comme des débutan t s encore naïfs, mais, sous leur
naïveté apparente, comme les véritables gardiens de l'essen c e même
de la peinture . Peut-être le Cézanne de la ph i losophie fut-il l'auteur
de la Critique de la Raison pure qui, se donnant pour tâche de mettre
à déco uvert « la vérité trans ce ndantale qui précède en la rendant pos
sible toute v érité empi ri q ue » est bien de la même race que ceux qui,
de Cé za nn e à Pi ca sso et à B raq u e , se d o nnèren t pour tâche explicite
de reconnaître et de mettre au j our la vérité plastique qui p réc è de en
la rendant possible toute vérité seulement anecdoctique (1). Pour eux
dès lors, comme peut -être pour Kant, l'opposi ti o n de l'i d éa li sm � et
du réalisme n'a plus que la significa tion extrinsèque et t o ute relative
qui se d éploi e dans la dimension impure de la « ressemblance », de
sorte que le rappel de l'idéalisme ou du réalisme au rang des princip es
n' appara îtra plus aux a rti s tes comme aux p hi losophes que comme une
mortelle rétrogradation ou, selon le mot de Nietzsche, comme une
« g ri ma ce logique », g est e d'agonie d'un monde qui succombe et
non aurore natale d'un monde à venir.
Toutefois la confusion d'un monde qui vit de ses propre s ruines
et di s c ré dite aisément, comme « r éa ctionnaire », l' ép re uv e de ce rap
port à la source que suppose toute authenticité de mouveme nt, ne nous
permet guère en core d'apercevoir en Kan t, rattaché à l'histoire des
« É coles », le répé titeur solitaire d'une p e nsée dont les Présocratiques
furent les instituteurs - bien que l'étonnement dont fut un j our
saisi, devant la stature de Kant, celui qu'Alain nomma le « fumeux
Nietszche » et dont, en effet, nous commençons à peine à so upç onne r
le don de d ivinati o n, lui ait cepen dant arraché ces mots dont il ne
mesure pas lui-même toute la clairvo yan ce et t o ute la portée : « Nous
assistons à des événe ment s si étranges qu'ils seraient inexplicables
et résolument dépourvus de fondements si on ne pouvait les rat-
celui des mortels. Un tel Destin tient tout entier dans la parole mer
veilleusement solitaire d'Héraclite : 'AyxtootcrL'YJ· L' Approche que
nomme ici Héraclite n'est-elle pas l'événement perdu dont nous
vivons encore, et dont Kant se ressouvient ? Mais si c'est à la lumière
de Kant que nous avons pu enfin apercevoir Parménide au cœur
d'une telle Approche, au sens où c'est à la lumière de Valéry que
Racine est devenu visible à quelques-uns d'entre nous, c'est peut
être, en retour, à la lumière de Parménide que nous pourrons com
prendre aussi à quelle distance Kant reste de Parménide, moins sans
doute pour situer Kant dans une perspective historique, que pour
mieux éprouver encore où Parménide se situe lui-même.
La concordance profonde de la Critique kantienne et du Poème
présocratique, concordance que nous avons cherché à saisir sur le
vif en reconnaissant dans le zugleich kantien la << reprise n du grec
't'O otÙ't'o, est liée, en effet, à une différence essentielle. Dans la récipro
cité de la pensée et de l'être telle que l'énonce la Critique, c'est, en
effet sur l'être qu'il est directement prononcé, au sens où la célèbre
formule de Berkeley, esse est percipi, prononce sur l'être. On peut
même dire d'une telle formule que Kant la réfute moins qu'il ne la
situe dans la dimension à l'intérieur de laquelle elle est vraie, à savoir
la dimension du transcendantal. Si l'on donne au percipi la portée
du transcendantal (et non plus seulement celle de l'expérience psy
chologique) - c'est-à-dire la portée transpsychologique de l' cc unité
originairement synthétique de l'aperception » alors nous sommes
transportés sur le plan même de la Critique. L'esse, au sens de l'obj ec
tivité critique, reste essentiellement un per•eptum. Il ne se déploie qu'à
la mesure de la cc représentation n . C'est là, si l'on veut, son standing
en tant que Gegen-Stand, à la mesure duquel il est exactement réci
proque de la Vor-stellung. Stellen signifie mettre en place ('t'tflévoct).
Dans cette thèse << représentative n du Gegen- stand comme Gestellt
stin, survit bien encore quelque chose de la flfotc; des Grecs, qui est,
dans sa corrélation à la qivcrtc;, l'apparition directe de la chose même
LE POÈME DE PA RMÉNIDE
(1) Au !Ciis où nous disons encore la position , l'emplacement ou le site d'une ville
ou d'tm pays, ce qui est beaucoup plus qu'une simple localisation spatiale.
LE POÈME DE PARMENIDE
l'étant et ainsi porté par lui, virant au gré de ses contrastes et frappé
de sa dissension : voilà l'être essentiel de l'homme à l'époque de la
grandeur grecque. C'est pourquoi un homme d'une telle venue,
pour accomplir son essence, doit recueilli r (Mye:�v) ce qui s'ouvre en
LE PO�ME DE PARMÉNIDE 71
Tel est le .rystème hégélien. Mais il arrive aussi qu'une philo sophie
ne cesse d'appareiller selon l'élan originel et le mouvement de l'Iliade :
écoutons Parménide 1
Il est temps, en effet, de laisser la parole au poète, ainsi qu'au
lecteur le soin de s'expliquer lui-même avec les autres énigmes dont
LE POÈME DE PARMENIDE
II
III
LE POÈME DE PARMSNIDE 79
II
IV
VI
Xp� "l'o ÀÉye:w n voe:iv 1'' Èov ˵µe:vcxL' fo"t'L yocp dvotL,
µ'Y)ôèv ô' oùx fo"t'LV' "t'oc cr' Èyw cppoc�e:cr8ocL 1X.vwyC1..
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crTI)8e:crLv Wuve:L 7tÀ0tx1'àv v6ov· ot ôè cpopoÜV"t'cxL.
xwcpol oµwç 't'UcpÀoL n, n8'1)7tO't'e:ç, iXxpL't'ot cpÜÀcx,
otç -ro 7tÉÀe:Lv 1'E: xocl oùx dvocL "t'CXÙ"t'ov ve:v6µLcr't'OtL
xoù -rcxù-r6v, 7tocv"t'wv ôè 7totÀLV"t'po7t6ç Ècrn xÉÀe:u8oç.
LE POÈME DE PARMÉNIDE 81
IV (1)
VI
(1) DŒ:s et HEmEGGER proposen t de replacer ces 4 vers dans le Fragment VIII.
On pourrait les lire, selcp. DIÈS, après le vers 25 de ce fragment, ou, selon HEmEGGER,
après le vers 33. (Cf. DŒs, Platon, Parménide, éd. Budé, p. 1 3 ) . Remarque analogue
de REINHARDT (Parmenides, p. 48).
(2) Nous nous rall ions ici à l'interprétation proposée par REINHARDT (Parmi·
nilles, p. 87, n. 1 ) .
LE POÈME DE PARMÉNIDE
VII
VIII
VII
VIII
Il ne reste donc plus qu'une seule voie dont on puisse parler,
à savoir qu'il est ; et sur cette voie, il y a des signes en grand
nombre indiquant qu'inengendré, il est aussi impérissable ; il
est en effet de membrure intacte, inébranlable et sans fin ; jamais
il n'était ni ne sera, puisqu'il est maintenant, tout entier à la
fois, un, d'un seul tenant ; quelle génération peut-on rechercher
pour lui ? Comment, d'où serait-il venu à croître ? . . . Je ne te
permettrai ni ( 1 ) de dire, ni de penser que c'est à partir de cc qui
n'est pas ; car il n'est pas possible de dire ni de penser une fa çon
pour lui de n'être pas. Quelle nécessité en effet, l'aurait amené
à l'être ou plus tard ou plus tôt, s'il venait du rien ? Ainsi donc
il est nécessaire qu'il soit absolument ou pas du tout.
Jamais non plus ( 1 ) la fermeté de la conviction ne concé
dera que de ce qui est en quelque fa çon (2) vienne quelque chose
(1) Nous suivons au vers7 la leçon oih' des manuscrits au lieu de ov8' (Kranz),
ce qui nous conduit au vers 12 à risquer ou't'e: au lieu de où8e: des manuscrits. (Cf.
REINHARDT, Parmenides, p. 40-4 1 ) .
( z) A u vers x z , HEIDEGGER propose d e lire, a u lieu d e b e µ -lj è6v't'oç (texte de
DIELS-KRANz) . èx 11:1J è6noç. REINHARDT avait proposé èx 't'OÛ è6v't'oi; (Parmenides,
p. 42). Nous nous rallions id à la lecture de Heidegi:er.
LE POÈME DE P A RME.NIDE
15 &./.:>.' �XE L" � Sè: xp[crn; 7tepl. "t'OU"t'WV Èv 1'cj)8' fo"t' tv"
fo'nV � OÙX EcrTLV" xÉx.p mX L 8' OÙV1 WCr7t€p à.VcX"(X'Y)1
't'Yiv µè:v Èéiv &v6'Y)-rov à.vwvuµov - où yiXp &14l'fi c;
fo-rLV o86c; - 't'liv 8' W<11'€ 7tÉÀELV XotL È'î'lj"t'Uµov dvotL.
Ilwc; 8' ocv �7tE L1' ct 7tÉÀot "t'O È6v ; 7tw c; 3' tl..v xe: yévo L"t'o ;
'.JO Et yil:p !yev-r' , oÙx fo-rL, oùa' er 7t01'€ µÉ ÀÀEL foecr0otL.
T wc; yévecrLÇ µÈv &7tÉ crÔEcr"t'otL xcxl. cX7tU<11'0Ç 15Àe 0po c; .
(r) I.e ver& r !! , à partir de �. pourrait bien n'être qu'une glose de Simplicius
(DŒLS, P�rmenides Lehrgedicht, 1897, p. 78) .
(2) Noua revenons Id de Kranz (foct•' ii7t6Àot.oro ) à Diels (op. cit. , p. Bo) .
(sl Dlela et Burnct, 1uivant Bcrgk, avaient aupprim� IL� devant l611 comme
86 LE POE.ME DE PARMÉNIDE
TotÙ't'OV a· è aTl voe:î:v 't'e: xocl oiJve:x e:v fo't'L v 6'Y) µot .
35 Où y!X:p &ve:u 't'OÜ È6v't'oç, Èv � 7te:cpot't' L cr µév ov ècr't'(v,
e: u p� cre: Lç 't'O voe:ï:v· où8' �v y!X: p <� > fo't'w � fo't'otL
&AAo mxpe: � 't'OÜ t OV't'O Ç , È7te:l 't' O y e: M oï:p' hé8'Y)O'E:V
o?.iÀov &x(V'l)'t'OV T' � µe:v otL' T<i> 7tocv't'' 6voµ' f o't'ot L ,
6crcrot �pO't'OL Xot't'€6e:v't'O 7tE:7tOL66't'e:Ç dvotL &À'Y)e�,
40 y (yve:cr6 oc ( Te: xocl. 6JJ..u cr6otL 1 e:!voc( Te: xocl o ùx ( ,
Xotl 't'67tOV &JJ..focre:LV 8LOC 't'E: xp6ot cpotVOV &µe:(Ôe:LV.
A ù 't' ètp he:l 7te:î:pocç m)µocTov, 't'e:-re:Àe:cr µ év ov Ècr't'(
7tcXV't o 6e:v , tùx.ux.Àou crcpoc(p'Y)c; Èv oc À (yxw v oyx.q>,
µe:crcr6 6e:v tcromx.ÀÈ:ç 7tOCV't"() ' 't'O yètp oiJn 't'L µe:î:�ov
45 oihe: 't'L � IX LO't'tpov tte:ÀÉVotL xpe:6v Ècr't'L 't"'Îi � 't"'Îi .
OiJ-re: y!X:p o ùx Èov foTL, T 6 xe:v 7totUOL µLv txve:î:cr6 ot L
de; ôµ6v, o{h' ÈÔv fonv 67twç d'Y) xe:v Éév't'oç
't"'Îi µiJJ..ov 't"'Îi 8' �c;c;ov, È7te:l 7tOCV Ècr't'LV lJ.c;uÀoV'
o! yètp 7tOCV't'o6e:v foov, Ôµwç Èv 7tdpotcrL x u p e: L .
trois manit'res :
1 ° sans µlj : étant sans terme (Dlels, Bumet) ;
2 ° avec µlj : a) n'étant pas sans manque ( Kranz et pcut-Mre Dit's, op. cit. , p. 14.)
b) n'étant pas (Simplicius) .
Pourquoi ne pas suivre le plus simple, c'est-à-dire Simplicius ?
( 1 ) oùa' -J)v : conjecture de Bergk, signalée par Diels (op. cit. , p. 86) , retenue par
Hr:101mGER, Vortriige and A u/siiJze, p. 250, au lieu de oùôév que maintiennent Dicls
Kranz.
88 L E POÈME D E P ARMP.NIDE
IX
'
ELO"?l ô' oct6e:p[ocv -re; q>UcrLV 't'ii
è:v oct6épL 7t&v-roc
't'
IX
XI
XII
XIII
XIV
XV
LE POEME DE P A RM�NIDE 91
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
'!le; yocp Ëxoccr'Toc; ëxe:L xp éXcrLv µe:ÀÉwv r.oÀur.Myx...wv,
't'wc; v6oc; iivS pwr.OLcrL 7t oc p l crT ocT oc L ' 'TO yocp ocÙ'To
fo'TLV o 7te:p qipovÉe:L µe:ÀÉwv qiucrLc; iivS p w7to Lmv
xocl 7téXcrLv xocl. 7totV'TL • 't'o yocp 7tÀÉov tcr... l. v6'1] µot.
xvn
8e:�L'TEp ofoLV µèv XOUpouc;, ÀotLOi:crL 8è XOUpocc; •••
XVIII
Femina virque simul Veneris cum germina miscent,
venis informans diverso ex sanguine virtus
temperiem servans bene condita corpora fingit.
nam si virtutes permixto semine pugnent
nec faciant unam permixto in corpore, dirae
nascentem gemino vexabunt semine sexum.
XIX
O ihw 'TOL xoc'Toc 86�ocv écpu ... &.8e: xoc( vuv loccrL
xocl. µe:'t'é7te: L'T' oc7to 't'oü8e: 'Te:Àe:u't"ficrouc;L 'Tpoccpév't'oc'
't'O� 8' 6vo µ' &v6p W7tOL xa.'TÉ6e:v'T' t7t(cr'1) µ.ov fa&.a'T(f>.
LE POi?.ME DE PA RMÉ NIDE 93
XVI
xvrn (z)
Quand l'homme et la femme mêlent en même temps les
semences de l'amour, la force qui, dans les veines, est consti
tuante à partir des sangs opposés, si elle garde un j uste tempé
rament, fa ço nne des corps bien b âtis . Mais si, nées des semences
mêlées, les forces sont en lutte et refusent de s'unir dans le corps
qui résulte du mélange, alors, devenues funestes, elles c ontra
rieront de leur double origine le se::x:e de l'enfant.
XIX
Ainsi se fait voir comment ces choses sont venues au j our
et maintenant sont et au cours du temps, désormais, croîtront
etpuis mourront. A chacune les hommes ont attribué un nom
qui la signale en prop re .
(r) Cf. THtoPRRAsTE, De sensu 3, DIELS , A. 46. • Il dit : le mort ne sent ni la
lumière, ni le chaud, ni la voix, parce qu'il est abandonné du feu, mais sent au
oontraire le froid et le silence et l'obscurité. • ( cp7Jat Tov vcxpov cpwToc; µÈv xotl
6cpµoü xotl cpwvljc; oùx otla0iXvca0cxt 8t0: TYjv i!xÀct�tv TOÜ m.1p6c;, �uxpoü 8!
xcd atwîtij� xcx l Twv biotvT(wv cxta0 :ivca6cxt . )
(2) Nous n e connaissons ce Fragment que par une traduction au hcumètres;
latim que propœe Caelius Aurelianwi.
Table
Avertissement de l 'éditeur V
Avant-propos vu
Fragments