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DEPUIS 1985, UN MERCREDI SUR DEUX UNE

PUBLICATION
DU SITE
Nº810
Les hommes, les affaires, les réseaux PARIS, LE 23 OCTOBRE 2019

Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Afrique centrale Comment le FMI Angola Patrouilleurs : Lourenço Afrique de l'Ouest Tchad, dernier Mauritanie Les rêves de retour
fait la paix avec Pékin et Sassou NP.2 change les règles de la bataille NP.3 eldorado des majors du fichage NP.6 contrariés de Bouamatou NP.8

France / Afrique comme un marché de compensation : Poly-
tech a négocié ses contrats militaires de gré
à gré, en échange de services de génie civil,
MAGFORCE II : et notamment la construction de marchés
couverts dans plusieurs villes béninoises.
LE RETOUR
la DGSE (Direction générale de la sécurité
extérieure) Alain Juillet (Franchitti et Juillet
sont tout deux hauts dignitaires francs-
maçons). Mais ce dernier n'a finalement
pas rejoint MagForce et, après une valse
d'administrateurs qui a duré l'essentiel

DE LA VENGEANCE Rififi à Aubervilliers. Le contrat de Mag-

Et pourtant, elle tourne ! Avec son principal
actionnaire, Robert Franchitti, mis en exa-
men, et un conseil d'administration déchiré
par d'homériques batailles, le courtier en
équipements de sécurité MagForce inter-
national n'en continue pas moins d'opérer
en Afrique, sa principale zone d'interven-
tion depuis les années 50. Enquête sur l'un
des derniers survivants de la Françafrique.
Association chinoise. Le groupe chinois Poly
Technologies (Polytech) négocie actuelle-
ment à Cotonou la deuxième phase d'un
contrat d'envergure qui verra le groupe four-
nir à l'armée béninoise non seulement des
camions, mais également des uniformes, des
casernes clés en main et même un patrouil-
leur (le pays en possède déjà un, acheté à
Navantia au début de la décennie). Selon
nos informations, ce contrat a été négocié
par MagForce.
En échange, le groupe basé à Aubervilliers a
hérité du volet uniformes de l'accord. L'opé-
ration béninoise, dont une première phase
portant sur la logistique militaire a déjà été
exécutée au début de l'année, a été structurée
Force au Bénin, comme d'autres ailleurs
en Afrique, a été négocié alors que le PDG
et principal actionnaire du groupe, Robert
Franchitti, s'est mis en retrait et n'exerce
officiellement plus aucune fonction. Mis
en examen en 2014 pour "corruption
d'agents publics étrangers" au Mali et au
Cameroun, Robert Franchitti a été incar-
céré quelques semaines la même année,
puis libéré. Il a été relaxé sur un volet du
dossier en 2015, mais l'enquête prélimi-
naire sur les opérations de MagForce au
Mali et au Cameroun reste ouverte.
Peu après l'ouverture de l'enquête,
Robert Franchitti avait confié les rênes
de MagForce à l'homme d'affaires Fran-
çois Gontier, longtemps président de la
holding Electricité et eaux de Mada-
gascar. Mais les relations entre les deux
hommes se sont rapidement détériorées
et Gontier a été promptement débarqué
lors d'un conseil d'administration tendu,
le 23 novembre 2018 (  LC n°789). Robert
Franchitti avait soumis pour cette révo-
cation un formulaire de vote par corres-
pondance, que les administrateurs n'ont
pas accepté…
Pour remplacer Gontier, MagForce avait
sollicité l'ex-directeur du renseignement de
de l'année 2019, le conseil du groupe s'est
finalement stabilisé le mois dernier, sous
la surveillance de Dominique Franchitti
et d'Antoine Franchitti, respectivement
femme et fils de l'ancien PDG. MagForce
Be, l'antenne belge qui a longtemps servi
de support aux montages financier les plus
créatifs du groupe, a également été fusion-
née avec sa maison mère française.
Contrecoup camerounais. Si les enquêtes
préliminaires qui visent MagForce, comme
son éternel concurrent Marck (   LC
n°770), n'empêchent pas les deux socié-
tés de continuer à opérer en Afrique, elles
leur ont tout de même fermé quelques
portes. Outre le Mali, c'est notamment
le cas de l'Angola, où Robert Franchitti a
longtemps opéré en tandem avec Vincent
Miclet avant de se brouiller à mort (Miclet
et Franchitti ont longtemps occupé des
appartements en vis-à-vis dans une
impasse huppée du quartier de la Muette,
à Paris).
C'est surtout vrai en ce qui concerne le
Cameroun, où l'ancien ministre de la
défense Edgar Alain Mebe Ngo’o est en
prison depuis mars à la suite d'une enquête
sur les conditions d'attribution des contrats
de MagForce. 

Au palais
AFRIQUE
BIYA, OBIANG ET
WEAH À PARIS POUR
LE 11 NOVEMBRE
Le président camerounais Paul Biya
ainsi que son homologue équato-
guinéen Teodoro Obiang Nguema
se rendront à Paris le 11 novembre
pour participer à la seconde édition
du Forum de Paris sur la Paix.
Outre Biya et Obiang, plusieurs
autres chefs d'Etat africains pren-
dront part à ce forum à l'instar de
Félix Tshisekedi, Mahamadou
Issoufou, Idriss Déby, Faustin
Archange Touadéra et George
Weah (  LC n°809).
ANGOLA
LOURENÇO À LA NOCE
Le président angolais João Lourenço,
avec sa femme Ana Dias Lourenço,
a assisté fin septembre au mariage
particulièrement tapageur de sa nièce
Lizandra Dias dos Santos, fille du
président de l’Assemblée nationale,
et du neveu du général Leopoldino
Fragoso do Nascimento, qui fut le
bras droit de l’ex-président José
Eduardo dos Santos. Clou de la fête,
qui a duré trois jours : un gâteau de
sept étages.
BÉNIN
LES AFFAIRES DE
MATHIEU KÉRÉKOU
BIENTÔT À LA RUE ?
Par sommation d’huissier, les héritiers
de l’ancien président Mathieu Kéré-
kou ont reçu le 19 septembre ordre de
déménager dans les plus brefs délais
les effets personnels de leur père et de
libérer la maison où ce dernier a vécu
jusqu’à sa disparition, le 14 octobre
2015. Cette mesure fait suite à une
requête de l’Etat, représenté par
l’agent judiciaire du Trésor. Les héri-
tiers de l'ancien chef d'Etat plaidaient,
jusque-là, pour une transformation en
musée de cette vieille bâtisse située
dans le quartier des banques, dans le
centre-ville de Cotonou

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Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Afrique centrale ce malgré les nombreux manquements du
pays, notamment en matière pétrolière (  AEI
n°843). Si le FMI et, derrière lui, Paris ont
COMMENT LE choisi d'ignorer ces écarts et de prêter quand
même, c'est que le programme négocié à
FMI FAIT LA PAIX Brazzaville a permis de sceller un accord avec
une portion (15%) des ventes de cargos
de brut à Sinopec.
Le FMI s'aligne. Si Pékin a pris tous ces enga-
gements envers le FMI, c'est que l'empire du
Milieu espère gagner bien plus que ce qu'il

AVEC PÉKIN, ET
COMMENT SASSOU
EN PROFITE
Dans le sillage du FMI, la France
s'apprêter à prêter à Brazzaville.
Une vague de prêt justifiée par le
rééchelonnement de la dette du
pays envers la Chine, une première
en Afrique.
Paris doit verser avant la fin de l'année une
enveloppe de 45 millions € au bénéfice du
Congo. Une manne dont le déblocage a été
permis par la conclusion, en juillet, d'un
prêt de 448,6 millions $ du Fonds moné-
taire international (FMI,  LC n°803), et
la Chine qui va bien au-delà du seul Congo.
Pékin paie pour voir. Alors qu'elle avait
refusé de le faire sur l'Angola voisin l'année
précédente, la Chine, principal créancier
du Congo (21% du PIB), a en effet accepté
de voir sa créance sur le pays réduite sur les
quinze prochaines années, Brazzaville ne
payant plus que 1,75% d'intérêt. Un haircut
que la Chine avait, jusqu'ici, toujours refusé
d'accorder à ses débiteurs africains.
Autre concession : Pékin a accepté de clas-
sifier comme dette privée les créances de
la China Machinery Engineering Corp
(CMEC) au Congo, et ce bien que le groupe
soit une société d'Etat. Une opération qui
prive l'entreprise de garantie souveraine.
Enfin, la Chine a accepté de montrer au
FMI les termes du remboursement des
travaux d'infrastructure effectués par des
entreprises chinoises et remboursés par
perd au Congo. Soucieux de développer son
influence dans les organisations internatio-
nales (FAO, ONU, etc.), Pékin se heurtait
jusqu'à récemment à un obstacle majeur :
les critiques virulentes du FMI sur ses pro-
grammes de prêts envers les pays en voie de
développement, singulièrement en Afrique.
Des critiques qui bloquaient l'influence de
Pékin au FMI, et surtout empêchaient le
pays de voir ses nationaux accéder à des
postes à responsabilité dans l'organisation,
ce alors que la Chine est la principale éco-
nomie mondiale et la principale détentrice
de devises étrangères.
A ce jour, seul Tao Zhang, ancien vice-
gouverneur de la Bank of China, a un poste
dans la hiérarchie du Fonds : il est… qua-
trième directeur général adjoint. A la suite
de l'effort consenti au Congo, Pékin espère
voir ses rapports avec le FMI évoluer, et son
influence grandir au sein du Fonds. 

Mission spéciale
ARABIE SAOUDITE/AFRIQUE
MOHAMED BIN SALMAN
VEUT SON SOMMET DU
G5 SAHEL À RIYAD
Le prince héritier saoudien Mohamed
bin Salman (MbS) doit organiser le
22 novembre à Riyad un sommet
consacré au G5 Sahel. MBS souhaite y
inviter les cinq chefs d'Etat de l'alliance
sahélienne ainsi que le secrétaire per-
manent du G5, Maman Sambo Sidi-
kou. Les préparatifs pour ce sommet
interviennent alors que le royaume
saoudien n'a toujours pas décaissé sa
contribution de 100 millions € au G5
Sahel, annoncée en novembre 2017.
Comme l'avait révélé La Lettre du
Continent (  LC n°779), l'enveloppe
saoudienne est censée venir directe-
ment financer l'achat d'équipements
militaires français, dont une centaine
de blindés Bastion du constructeur
tricolore Arquus (  LC n°800). Frère
ennemi de Riyad, Doha a pour sa part
déjà livré une vingtaine de blindés au
Mali et au Burkina Faso (  voir notre
enquête). En janvier 2018, MbS avait
déjà souhaité organiser un sommet
consacré à la force sahélienne dans
la capitale saoudienne avant de fina-
lement renoncer.
MALI
FAMAKAN SISSOKO,
NOUVEAU GRAND MAÎTRE
DES "FRÈRES" MALIENS
La Grande loge nationale du Mali
(GLNM) a élu, lors d’un "convent" orga-
nisé le 10 octobre dans son temple, à
Bamako, Famakan Sissoko comme
nouveau grand maître pour une durée
de trois ans. Cet ingénieur en génie
électrique de 55 ans remplace l’ancien
ministre malien des affaires étrangères
Sadio Lamine Sow, qui ne pouvait
pas se représenter. Ex-conseiller du
président déchu du Burkina Faso
Blaise Compaoré, Sadio Lamine Sow
a tenté, au cours de son mandat, de
remettre de l’ordre au sein de la GLNM,
secouée depuis plusieurs années par
une crise de leadership. Dans la sous-
région, il a dû faire face à l'hostilité du
ministre ivoirien de la défense, Hamed
Bakayoko, par ailleurs grand maître
de la Grande loge de Côte d’Ivoire
(GLCI), et d’Alain Roger Coeffé, grand
maître de la Grande loge du Burkina
Faso (GLBF). Le premier le soupçonnait
d’être lié à Guillaume Soro alors que
le second, ancien ministre de Thomas
Sankara, lui reprochait d’avoir été le
collaborateur de Blaise Compaoré.
NIGER
ISSOUFOU SE RÉINVENTE
Le président du Niger, Mahamadou
Issoufou, qui a d'ores et déjà annoncé
ne pas briguer de troisième mandat
en 2021, devrait lancer sa propre fon-
dation pour l'Afrique après sa dernière
mandature. Néanmoins, plusieurs de
ses proches continuent de l'encoura-
ger à endosser une carrière internatio-
nale aux Nations unies. D'ores et déjà,
le chef de l'Etat nigérien joue les média-
teurs auprès de ses pairs. Le 15 octobre,
il a longuement reçu l’ancien président
béninois Thomas Boni Yayi, installé
au Nigeria voisin. L’entretien, qui a
démarré par une discussion à trois avec
le directeur du cabinet présidentiel,
Mahamadou Ouhoumoudou, s'est
poursuivi lors long d'un tête-à-tête où
ils ont notamment évoqué la crise poli-
tique béninoise. Au terme de l’entre-
tien, Boni Yayi a regagné Lagos à bord
de l’avion présidentiel nigérien. Début
octobre, le président béninois Patrice
Talon avait demandé à son homologue
nigérien de lui organiser une rencontre
avec Boni Yayi à Niamey mais avait
finalement renoncé face aux condi-
tions posées par l'ancien président
béninois (  LC n°809).
TCHAD
ABAKAR MANANY EN
MISSION AU CAIRE
Ancien conseiller spécial d'Idriss
Déby, Abakar Manany se rendra en
Egypte le 28 octobre, où il doit par-
ticiper à la Munich Security Confe-
rence (MSC), dont une partie de
l'édition 2019 se tient au Caire et à
Doha, du 26 au 29 octobre. Brouillé
avec le président tchadien depuis
2008, Abakar Manany doit interve-
nir lors d'une table ronde consacrée
à la situation au Soudan, pays fron-
talier du Tchad qui a longtemps servi
de base arrière aux mouvements
rebelles tchadiens (  LC n°802).
Ancien envoyé de plusieurs pré-
sidents africains au Qatar, Abakar
Manany a par ailleurs été l'émissaire
de Nicolas Sarkozy auprès de cer-
tains chefs d'Etat africains. Proche
de l'ancien ministre de l'intérieur
français Claude Guéant et fami-
lier du président rwandais Paul
Kagame, il avait été un des princi-
paux artisans de la visite de Nicolas
Sarkozy à Kigali, en février 2010
(  LC n°553). Reconverti dans
l'aviation, il dirige la société de jets
privés Amjet Executive.

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Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Angola La présidence vire de bord. Raison du
soudain empressement français ? C'est
désormais le ministère de l'intérieur ango-
PATROUILLEURS : lais qui gère le contrat d'achat de patrouil-
leurs hauturiers (OPV - Offshore Patrol
LOURENÇO Vessel) qui fait rêver toute l'industrie de
3,7 milliards $ avec le Fonds, João Lourenço
n'a eu d'autre choix que de geler l'accord
avec Privinvest. Le FMI a validé son prêt
en décembre 2018 et Privinvest s'est vu
proposer, au début de cette année, une
compensation pour le contrat rompu sous

CHANGE LES défense navale française (LC n°802). Le

RÈGLES DE LA
BATAILLE NAVALE
Interlocuteur des chantiers naval
lorsqu'il était ministre de la
défense, João Lourenço a transféré
au ministère de l'intérieur la tâche
d'équiper le pays en patrouilleurs
OPV.
Une délégation de la Direction de la coo-
pération internationale (DCI) du minis-
tère de l'intérieur français s'est rendue à
la mi-octobre à Luanda pour proposer à
l'Angola un partenariat d'envergure. L'offre
des Français porte à la fois sur le maintien
de l'ordre, comme à la grande époque de la
Sofremi (  LC n°289), mais également, et
c'est nouveau, sur la protection des fron-
tières, notamment les frontières maritimes.
ministère de la défense, qui avait depuis
cinq ans autorité sur ce programme, a dis-
crètement été mis sur la touche. Au milieu
des années 2010, les militaires angolais, et
singulièrement leur ministre de l'époque,
João Lourenço lui-même, se sont en effet
engagés dans d'actives négociations avec
les Constructions mécaniques de Nor-
mandie (CMN), propriété de Privinvest,
la société de l'homme d'affaires français
Iskandar Safa. Un contrat a même été
finalisé et validé en 2016 par le président
José Eduardo dos Santos.
Problème : en 2017, dès sa première
année au pouvoir, João Lourenço a été
mis en garde par le Fonds monétaire inter-
national (FMI) contre tout accord avec
Privinvest. Quelques années auparavant,
le groupe d'Iskandar Safa avait négocié
un contrat avec le Mozambique qui avait
démesurément creusé la dette du pays
et conduit Maputo à la rupture des rela-
tions avec le FMI (  voir notre dossier). En
pleine négociation d'un accord de prêt de
la forme d'un projet d'achat de quelques
patrouilleurs, construits à l'origine par
CMM pour un contrat avec l'Arabie saou-
dite qui ne s'est jamais matérialisé.
Bâbord toute ! Pour rebattre les cartes, ce
contrat d'équipement avorté a donc été
transformé en contrat d'équipement civil
et confié aux garde-côtes, sous la tutelle du
ministère de l'intérieur. Le ministère veut
avancer vite sur ce contrat, qui doit per-
mettre de répondre à deux besoins urgents.
D'abord la surveillance de la pointe des
blocs 14 et 15, dans l'offshore profond,
dont la RDC réclame avec insistance la
propriété (‌  AEI n°765). Et, plus largement,
la sécurité des zones pétrolières.
A ce jour, ce sont les opérateurs pétroliers
qui assurent la surveillance et la sécurité de
ces zones, service qu'ils facturent au prix
fort à l'Angola, ce qui réduit d'autant plus
le montant des revenus pétroliers reversés
au pays. En s'équipant de patrouilleurs,
l'Angola veut faire diminuer cette facture
de sécurité maritime. 

RDC Derrière le crash de l'Antonov, la guerre des courtiers présidentiels

L'organisation des voyages
présidentiels oppose
l'ancien logisticien de
Kabila, Charles Bujiriri
Deschryver, à l'assistant en
titre de Félix Tshisekedi,
Jean-Paul Mulamba
Mutekemena
Commencée le 15 octobre, l'en-
quête sur le crash de l'Antonov 72
qui transportait plusieurs gardes du
corps du président congolais envoyés
préparer la visite de Félix Tshisekedi
dans l'est du pays sera particuliè-
rement longue et difficile. D'autant
plus qu'elle devrait se dérouler sur
fond de bras de fer entre l'assistant
logistique du président congolais,
Jean-Paul Mulamba Mutekemena,
et un ancien conseiller de Joseph
Kabila, Charles Bujiriri Deschryver.
Incontournable chef de la logistique
aérienne durant plus de dix années,
le très discret conseiller était notam-
ment responsable de l'ensemble des
déplacements de Joseph Kabila. Si
son rôle, dans la location de l'Anto-
nov 72 qui s'est crashé le 10 octobre,
n'est pour le moment pas établi,
Charles Bujiriri Deschryver a néan-
moins été sollicité plus d'une dizaine
de fois par le directeur de cabinet du
président congolais, Vital Kamerhe,
pour affréter plusieurs aéronefs avec
équipage pour le compte de la pré-
sidence depuis février 2019.
Fils d'un photographe belge ins-
tallé à Bukavu, dans le Sud-Kivu,
depuis les années 50, Charles Bujiriri
Deschryver est un ami intime de
Joseph Kabila, qu'il a connu lorsque
ce dernier n'était encore que chef
d'état-major de l'armée de terre.
C'est au milieu des années 2000
qu'il a rencontré Vital Kamerhe,
alors que l'actuel directeur du cabi-
net présidentiel était le président de
l'Assemblée nationale. Surnommé
"Charlie Delta" pour son réseau tissé
dans l'aérien congolais sous l'ère
Kabila, son nom était déjà apparu
après le crash à Nsele (Ouest), le
30 septembre 2017, d'un Antonov 12
loué avec un équipage russe par
la présidence pour le compte de
l'armée congolaise.
Le rôle joué par "Charlie Delta"
auprès du directeur de cabinet est
un sujet de vives tensions alors
que la charge des vols présiden-
tiels est théoriquement dévolue à
l'assistant logistique du président,
Jean-Paul Mulamba Mutekemena.
Depuis mars, les incidents entre
Vital Kamerhe et l'assistant logis-
tique se sont multipliés. En mai,
Jean-Paul Mulamba Mutekemena
avait même tenté un coup de
force en nommant un "directeur
des opérations de l'aviation prési-
dentielle" sans l'accord préalable
de Vital Kamerhe. Une manœuvre
qui avait suscité l'ire de ce dernier
(  LC n°800). Cet été, le directeur
de cabinet avait même tenté de
mettre à pied l'assistant logistique
alors qu'il avait réquisitionné un
hélicoptère militaire pour le compte
de la présidence sans le lui notifier.
L'enquête sur le crash du 10 octobre
devrait notamment viser à éclaircir
les zones d'ombre entourant le pro-
priétaire de l'Antonov 72 affrété par
la présidence. Sorti d'usine en 1987,
l'appareil a changé d'immatriculation
à plusieurs reprises, opérant respec-
tivement en Afghanistan, en Ukraine
et aux Emirats arabes unis avant de
rejoindre la RDC. Le commandant de
bord de l'Antonov, Vitaly Shumkov,
avait été arrêté en Thaïlande en
2010, soupçonné de transporter
plus de 30 tonnes d’armes nord-
coréennes sous embargo. Quant
au co-pilote, Vladimir Sadovnichy,
il avait été condamné en 2011 au
Tadjikistan pour "trafic" après avoir
traversé sans autorisation la frontière
depuis l'Afghanistan aux commandes
d'un Antonov 72 pour le compte
d'une société enregistrée dans les
îles Vierges britanniques. 

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Diplomatie
Dalmook al-Maktoum, le
AFRIQUE / EAU
sheikh préféré des présidents africains
En moins d'un an, l'homme
d'affaires émirati Ahmed
bin Dalmook al-Maktoum a
rencontré pas moins de sept
chefs d'Etat africains. Une
frénésie qui n'a pour le moment
abouti qu'à un seul contrat…
Le mois dernier, il était à Luanda pour un
projet d'usine de tracteurs. En juillet, c'était à
Conakry, avec Alpha Condé, puis Monrovia,
avec George Weah. A Noël, il bivouaquait
dans le désert émirati avec le vice-président
équato-guinéen Teodorin Obiang Nguema,
qui relayait sur son fil Instagram ses tentatives
de chasse au faucon… Car si le sheikh Ahmed
bin Dalmook al-Maktoum est avant tout un
homme d'affaires, c'est en tant que membre
de la famille régnante d'Abou Dhabi qu'il se
présente dans les présidences africaines.
Son lien avec le premier ministre de Dubaï
est pourtant distant : sheikh Ahmed est un
cousin issu de germain de Mohammed bin
Rashid al-Maktoum. Par sa femme, Hessa
bint Ahmed bin Mubarak, sheikh Ahmed a
également un lien avec la famille régnante
Fragilisé au sein du RHDP,
CÔTE D'IVOIRE
Amadou Gon veut muscler sa com'
Face aux critiques, l'actuel
premier ministre et probable
candidat du RHDP à
l'élection présidentielle veut
renouveler son image 4.0.
Fin septembre, Amadou Gon Coulibaly a
reçu à Abidjan plusieurs cabinets spécialisés
en traitement de données électorales. C'est
le directeur exécutif du Rassemblement des
houphouëtistes pour la démocratie et la paix
(RHDP), Adama Bictogo, qui est chargé de
superviser ce recrutement pour le compte du
premier ministre. Ce contrat doit notamment
permettre à Amadou Gon de davantage ren-
forcer et cibler sa communication digitale. Il
intervient au moment où de nombreux cadres du
RHDP manifestement ouvertement leurs doutes
quant à une candidature du premier ministre.
Pourtant proche de ce dernier, Adama Bictogo
a personnellement fait part de ses réserves à
Alassane Ouattara il y a quelques jours, mais
le président ivoirien continue d'ardemment
soutenir la candidature d'Amadou Gon.
Pour faire face aux discrètes critiques de
son propre camp, le premier ministre mise
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Premier cercle
d'Abou Dhabi, les al-Nahyan, mais là encore
très lointain.
Ce double patronage lui permet cependant
d'avoir accès au plus haut niveau en Afrique,
et surtout de se positionner sur des deals
partiellement financés par la coopération
émiratie. Son récent intérêt pour le secteur
agricole en Angola est ainsi lié à un projet
de financement bilatéral des Emirats dans
ce secteur.
Car si sheikh Ahmed a hérité de propriétés
immobilières aux Emirats, il n'est pas suffisam-
ment fortuné pour mener par lui-même les
projets d'envergure qu'il signe sur le continent
africain. Et quand il ne s'adosse pas à des
fonds d'Etat émirati, sheikh Ahmed travaille
avec des partenaires privés, comme le groupe
minier Fortescue Metals, avec lequel il s'est
associé en Guinée (  AMI 446).
Son premier projet a été, en 2015, la location
de dix unités de génération au Ghana. Le
contrat, largement surévalué, a été renégocié
en urgence et c'est, à ce jour, le seul projet
concret d'Africa Middle East Resources
Investment (Ameri Group), la société de
sheikh Ahmed en Afrique.  dans le cadre de sa tournée sahélienne, du 16 au
notamment sur sa com' digitale. Très actif
sur les réseaux sociaux depuis quelques
semaines, il a notamment missionné sa
communicante Stéphanie Tchibanda pour
mettre en avant ses activités sur la toile
(‌  LC n°797). Il s'appuie par ailleurs sur la
web TV du RHDP, Rassemblement WebTV,
pilotée par Mamadou Touré, ministre de la
jeunesse, et Masséré Touré, la directrice de
la communication de la présidence. Cette
chaîne internet tente d'éclipser la populaire
web TV de Guillaume Soro, GKS TV, dirigée
par son fidèle directeur de la communication,
Moussa Touré. Le Parti démocratique de
Côte d'Ivoire (PDCI) a pour sa part chargé
la directrice de la communication d'Henri
Konan Bédié ("HKB"), Djénébou Zongo,
de superviser la web TV du parti, PDCI
TV, entièrement financée par "HKB". Sur
les conseils de son communicant Félicien
Koffi - ancien directeur de service de la
Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) -,
"HKB" a par ailleurs créé le 20 octobre son
compte Twitter pour tenter de rattraper son
retard sur Internet face à ses concurrents à
la future présidentielle.  en Afrique.
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Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir
NIGER
LE RENSEIGNEMENT
MILITAIRE US REMPLACE
LES FORCES SPÉCIALES
Le Pentagone opère depuis plusieurs semaines
un revirement stratégique au Niger, où les forces
spéciales déployées dans le pays sont graduelle-
ment remplacées par des agents de la Defense
Intelligence Agency (DIA), le renseignement militaire
américain. La manœuvre répond au souhait du secré-
taire d'Etat à la défense, Mark Esper, de diminuer
les éléments opérationnels positionnés sur le terrain
et d'y substituer des spécialistes du renseignement.
Le 22 août, Washington a partiellement inauguré sa
nouvelle base de renseignement aérien à Agadez
(nord), qui doit abriter les drones armés MQ-9
Reaper ainsi que des avions de renseignement du
323rd Expeditionary Reconnaissance Squadron
engagés contre Al-Qaeda au Maghreb islamique
(AQMI) et Daech au Sahel (  voir notre enquête).
Plus important chantier jamais entrepris par l'US
Army Corps of Engineers (USACE) en dehors des
USA, la base doit être pleinement opérationnelle
d'ici la fin de l'année. Depuis 2016, les Etats-Unis
déployaient près de 800 forces spéciales au Niger
sous l'égide d'Africom. Le 4 octobre 2017, une
embuscade à Tongo Tongo (sud-ouest) avait causé la
mort de quatre d'entre elles. L'arrivée en force de la
DIA au Niger intervient alors que le général Stephen
Townsend a pris cet été les rênes d'Africom. L'ancien
patron de l'United States Army Training and
Doctrine Command (TRADOC) s'était rendu au Niger
19 septembre. Washington livre divers équipements
militaires aux pays du G5 Sahel (  LC n°802).
AFRIQUE DE L'OUEST
DANS LES COULISSES
DE LA GUERRE DU RIZ
Officiellement destinée à juguler la "contrebande",
la fermeture partielle de la frontière avec le Bénin
maintenue depuis deux mois par le président nigé-
rian Muhammadu Buhari vise surtout à mettre
fin à la réexportation, via le Bénin, de riz indien
sur le marché nigérian. Ces dernières années,
le Bénin est en effet devenu l'un des principaux
exportateurs de riz en Afrique, ce alors que le pays
n'abrite pas la moindre rizière… Il s'agit en réalité
de céréales indiennes qui entrent dans le port de
Cotonou et sont ensuite dispatchées dans toute
la sous-région, où elles bénéficient de droits de
douane préférentiels. La fermeture de la frontière
nigériane a d'ailleurs été décidée moins de trois
semaines après la visite officielle, le 28 juillet, du
président indien Ram Nath Kovind à Cotonou.
Outre le Bénin, le chef de l'Etat indien a visité un
autre pays entrepôt, la Gambie, avec laquelle New
Delhi entretient des relations soutenues. Depuis la
libéralisation de l'exportation du riz, en 2012, l'Inde
a dépassé la Thaïlande et est devenu le principal
exportateur de riz au monde. Par rapport au mar-
ché asiatique, très protégé, le marché africain est
une zone de forte croissance pour les exportateurs
indiens, d'où l'importance stratégique du Bénin et
de la Gambie. La visite de Ram Nath Kovind était la
première jamais effectuée par un président indien
23 OCTOBRE 2019 - Nº810

Diplomatie
GABON Lemontage pétrolo-financier
qui va payer les fonctionnaires
Pour pallier le manque de liquidités des
comptes publics, le gouvernement gabonais
vient de procéder à une manœuvre originale.
Tous les opérateurs pétroliers et miniers du pays
ont été avertis par courrier que la redevance
minière proportionnelle (RMP), un impôt dont les
bénéfices servent habituellement à payer une
partie des salaires des fonctionnaires gabonais,
allait devoir être acquittée non plus en devises
comme autrefois, mais en nature. Les pétroliers,
principaux contributeurs de la RMP, devront ainsi
affecter des volumes de brut à l'Etat gabonais,
charge à la Gabon Oil Co (GOC) de les vendre
Les taxis mourides font
SÉNÉGAL
barrage à Uber
Le géant californien Uber, qui souhaitait
déployer son offre VTC à Dakar, a vu sa
demande rejetée par les autorités sénéga-
laises. C'est le ministre des transports sénéga-
lais, Omar Youm, qui en a averti la directrice
Afrique de l'Ouest de la firme américaine,
Lola Kassim. La trentenaire canadienne
d'origine nigériane, diplômée d'Harvard et
de la London School of Economics, avait
rencontré le ministre des transports à plu-
sieurs reprises ces derniers mois. A Dakar,
le groupe américain a notamment fait face
à la vive opposition des syndicats de taxis,
la majeure partie des chauffeurs étant issus
CAMEROUN Quand le ministère des
finances joue les "nettoyeurs"
Officiellement, personne, ni le président
Paul Biya ni le premier ministre Joseph Dion
Ngute, ne cherche à évincer les barons qui
dirigent les sociétés publiques depuis parfois
plus de vingt ans (  LC n°805). En réalité,
ces caciques font depuis quelques mois l'objet
d'une pression aussi vive que discrète du
ministère des finances, Louis Paul Motaze.
Par le biais des agents financiers et comp-
tables qui ont la haute main sur les décaisse-
ments des agences parapubliques, le ministre
des finances a privé certains hiérarques de
toute autonomie financière. C'est le cas de
Camille Mouté à Bidias, le DG du Fonds natio-
nal de l'emploi, en poste depuis 27 ans, qui a
toutes les peines du monde à faire débloquer
la moindre dépense sur ses 10 milliards F CFA
(15 millions €) de budget. Son homologue de
la Caisse nationale de prévoyance sociale
Tous les articles depuis 1992 sur AfricaIntelligence.fr
Premier cercle
et de reverser le bénéfice au Trésor public.
Au cours du Brent (58 $), l'opération devrait
se révéler très profitable pour l'Etat gabonais.
Au titre de la RMP, la GOC devrait donc hériter
de près de 600 000 barils par mois, ce qui
représente 35 millions $/mois, soit 420 mil-
lions $ par an. Les volumes de brut ne devraient
pas être commercialisés par la GOC elle-même,
mais par les traders avec lesquels elle travaille,
au premier rang desquels Vitol (  AEI n°809).
Mais son concurrent Trafigura, longtemps
exclu du pays, cherche actuellement à faire
un come-back (  LC n°802).  Pour quelle raison le président tchadien
de la puissante confrérie mouride. Dans un
contexte social déjà tendu après l'affaire Sall
(  LC n°803), le président sénégalais, Macky
Sall, a préféré ne pas donner suite aux sollici-
tations appuyées de la start-up californienne.
Peu présente en Afrique de l'Ouest, où elle
opère seulement au Ghana et au Nigeria via
un service VTC et des bateaux-taxis, la start-up
souhaite s'ouvrir à de nouveaux pays d'Afrique
francophone. Outre le Sénégal, Uber continue
de prospecter en Côte d'Ivoire ainsi qu'en
RDC. Déjà présente en Afrique de l'Est, la firme
californienne opère notamment au Kenya, en
Ouganda ou encore en Tanzanie.  ment donner le 28 octobre une conférence au
(CNPS), Alain Olivier Mekulu Mvondo, est
dans la même situation, et ce bien qu'il dispose
de ressources autonomes (parc immobilier,
fonds de pension). Marie-Claire Nnana, qui
règne depuis dix-sept ans sur la Société de
presse et d'édition du Cameroun, éditrice du
quotidien gouvernemental Cameroon Tribune,
subit les mêmes blocages.
En juillet, Louis Paul Motaze s'est en effet
engagé auprès du Fonds monétaire inter-
national (FMI) à revoir le management des
entreprises publiques et à auditer, avant la fin
de l'année, la viabilité de quatre d'entre elles :
l'opérateur téléphonique Camtel, la société de
distribution d'eau Cameroon Water Utilities
(Camwater), la compagnie aérienne Camair-Co
et le Port autonome de Douala. En échange de
ces engagements, le FMI a décaissé 76,2 mil-
lions $ supplémentaires au pays en juillet.  présidentiel de fin 2020.
5/8
Exemplaire destiné exclusivement à Daniel KOUADIO - Abonné n°AA040961
Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir
Case à devinettes
OSS 117
Quel acteur d'origine congolaise
devrait être à l'affiche du prochain OSS
117 : Alerte rouge en Afrique noire ?
Le film, qui doit s'ancrer en Afrique
centrale, au cœur de la Françafrique
des années 80, sera largement tourné
au Kenya et sortira en 2021.
EXAMEN
Pourquoi, pour la première fois dans
l’histoire des Forces armées de Côte
d'Ivoire (FACI), lors de l’examen de
passage au grade de sergent-chef,
les instructeurs se sont contentés
d’épreuves orales uniquement ?
AGACEMENT
Idriss Déby s'est-il plaint auprès de
plusieurs de ses conseillers de son ministre
de la défense, Mahamat Abali Salah ?
ANNULATION
Quel chef d'Etat ouest-africain, qui avait
prévu de se rendre à Tokyo le 22 octobre
pour la montée du trône du nouvel
empereur Naruhito, a-t-il dû annuler son
déplacement à la dernière minute ?
GUINÉE
ALPHA CONDÉ REPORTE
SA VISITE À PARIS
Le président guinéen a annulé au dernier
moment une visite qu'il devait effectuer fin
octobre en France. Alpha Condé devait notam-
siège de la Grande loge de France (GLDF), rue
Puteaux, à Paris (17e). Mais le regain de tension
de ces derniers jours à Conakry, où plusieurs
milliers de manifestants sont descendus dans
les rues pour s'opposer au projet du chef de
l'Etat de faire adopter une nouvelle constitu-
tion, l'a convaincu de renoncer. L'intervention
d'Alpha Condé à la GLDF devait porter sur le
réchauffement… climatique. A Conakry, Alpha
Condé entretient une relation tumultueuse
avec Abdoul Kabélé Camara, qui dirige la
Grande Loge de Guinée (GLG) depuis vingt et
un ans. Abdoul Kabélé Camara, qui a été recon-
duit dans son fauteuil de grand maître, le
12 octobre, pour un nouveau mandat de sept
ans, est particulièrement critique à l'égard du
président guinéen. Ancien ministre délégué à
la défense, puis ministre de la sécurité et de la
protection civile, cet avocat s’était brouillé en
2018 avec Alpha Condé avant de prendre la
direction d’un parti d’opposition, le
Rassemblement guinéen pour le développe-
ment (RGD). Abdoul Kabélé Camara réfléchit
actuellement à sa participation au scrutin
23 OCTOBRE 2019 - Nº810
 Exemplaire destiné exclusivement à Daniel KOUADIO - Abonné n°AA040961
Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Afrique Gemalto et SELP jouent la carte tricolore. Plus
de cinq groupes étrangers spécialisés dans la
gestion de données et de fichiers numériques
TCHAD, DERNIER cherchent à se positionner sur ce contrat.
Parmi les candidats, deux groupes français
ELDORADO jouent des coudes. Racheté par Thales en
Les Américains et les Belges s'invitent à la fête.
Les deux groupes français doivent aussi affron-
ter la concurrence du géant américain IEC
Electronics. Présidé par Jeffrey T. Schlarbaum,
IEC a envoyé des commerciaux à N'Djamena
ces derniers jours, où ils ont rencontré plusieurs

DES MAJORS 2017, Gemalto a soumis une offre pour la

DU FICHAGE
Après la RDC et avant la Côte
d'Ivoire, les fournisseurs de contrôle
d'identité se précipitent à N'Djamena
où ils tentent d'obtenir le marché de
la mise à jour du fichier électoral en
vue des élections législatives.
Sans cesse repoussées depuis quatre ans, les
élections législatives devraient finalement se
tenir au mois d'avril 2020 (  LC n°808). Face
à des délais particulièrement serrés, la Com-
mission électorale nationale indépendante
(CENI) tchadienne, dirigée par Issa Adjidey,
vient de publier en toute hâte un appel d'offres
pour la mise à jour de son fichier électoral.
mise à jour du fichier électoral tchadien. Déjà
implanté en Afrique du Sud où il fournit les
cartes d'identité électroniques, le groupe dirigé
Philippe Vallée cherche depuis plusieurs
mois à étendre sa présence sur l'ensemble du
continent. Outre le Tchad, il s'est aussi posi-
tionné en RDC où il a fait une offre de services
au président congolais, Félix Tshisekedi (  LC
n°802). Le groupe français mise notamment
sur une hypothétique remise en jeu du contrat
de passeports biométriques accordé au belge
Semlex, en 2015, par l'administration Kabila.
Au Tchad, Gemalto fait face entre autres à
la concurrence du français SELP. Présente
en Afrique de l'Ouest via son bureau régional
à Dakar, l'entreprise dirigée par Stéphane
Guilbault entend elle aussi tirer son épingle
du jeu à N'Djamena. SELP était le partenaire
historique d'Elf Aquitaine dans les années 70
pour la production des cartes à puce.
autorités tchadiennes.
Autre société en lice, la belge Zetes. Cette der-
nière s'était positionnée au printemps dernier
sur le contrat de confection des nouvelles cartes
d'identité ivoiriennes finalement accordé à sa
compatriote Semlex (  LC n°801). A Abidjan,
Zetes s'appuie notamment sur l'entremise de
l'ancien ministre Adama Bictogo.
Idemia out ? En 2016, c'est le groupe français
Idemia, né de la fusion de Safran Identity &
Security et Oberthur technologies, qui avait
été retenu par la CENI pour la mise à jour des
fichiers électoraux relatifs à l'élection présiden-
tielle tchadienne de la même année. Selon nos
informations, le nouveau patron de la CENI, Issa
Adjidey, est peu favorable à une candidature
d'Idemia, jugé trop proche de son prédécesseur.
Le groupe reste néanmoins implanté dans le
pays, où il doit fournir les nouveaux passeports
biométriques et cartes d'identité. 

Business
MAROC/AFRIQUE
SGTM PASSE EN FORCE
À GRAND-BASSAM
Bien que n'étant pas moins-disant face
à ses concurrents, le groupe SGTM
Africa, filiale de la SGTM (Société géné-
rale des travaux du Maroc), a remporté
le contrat des travaux d’ouverture de
l’embouchure du fleuve Comoé près
de la ville balnéaire de Grand-Bassam,
dans le sud-est de la Côte d'Ivoire. Avec
21,6 milliards F CFA (32 millions €),
l'offre de SGTM était pourtant plus
chère que celle de China Harbour
Engineering Co (18 milliards F CFA
soit 27 millions €) et du groupe libanais
A.R. Hourié (18,7 milliards F CFA). Deux
candidats ont été écartés de ce marché
lucratif : le consortium ivoiro-algérien
Safeeti/ Gemhy (21,8 milliards F CFA
soit 33 millions €), pour non-conformité
technique, et Sinohydro par défaut
de garantie financière suffisante. Ce
marché stratégique a été géré direc-
tement par Patrick Achi, le secrétaire
général de la présidence. Recentré sur
l'Afrique (  MC 1342), SGTM a déjà
remporté en Côte d'Ivoire le marché du
contrat d'aménagement du carrefour
de l'Indénié, sur la baie de Cocody
(‌  LC n°802).
SÉNÉGAL
KERSHIP S'INVITE
SUR LE MARCHÉ
DES PATROUILLEURS
En vue de la prochaine exploitation
du gisement de gaz géant Tortue par
BP sur sa frontière avec la Mauritanie,
le Sénégal cherche à accélérer la
consultation restreinte ouverte l'an
dernier pour l'achat de trois patrouil-
leurs hauturiers (OPV - Offshore
Patrol Vessel). Pour ce marché, les
français Kership, détenu par Naval
Group et Piriou, ainsi que le chantier
naval de La Rochelle Ocea ont été
consultés. En 2016, Ocea avait déjà
livré au Sénégal un patrouilleur de
58 mètres, le Fouladou, actuellement
utilisé par les garde-côtes. Outre les
opérations pétrolières en offshore, les
futurs patrouilleurs doivent également
surveiller les zones de pêche, les res-
sources halieutiques du pays étant
régulièrement l'objet de conflits entre
les pêcheurs sénégalais et maurita-
niens, et ce malgré un nouvel accord
de pêche négocié et signé en juil-
let 2018 (  LC n°809). A l'automne
dernier, le chef d'état-major de la
marine sénégalaise, Momar Diagne,
s'était rendu au salon Euronaval au
Bourget, consacré à l'industrie de
défense maritime (  LC n°787).
CÔTE D'IVOIRE
ETHIOPIAN AIRLINES
MET SA LIAISON VERS
WASHINGTON EN STAND-BY
Sans cesse repoussé, le projet d'Ethio-
pian Airlines (EAL) d'ouvrir une ligne
directe entre Abidjan et Washington
semble désormais dans les limbes. La
compagnie éthiopienne avait prévu
de lancer cette ligne en juin, puis
en juillet 2019, mais, deux mois plus
tard, elle n'est toujours pas ouverte.
EAL, qui a construit une partie de
son succès commercial sur son vol
entre la capitale américaine et Addis-
Abeba, pensait reproduire la recette
en Afrique de l'Ouest. C'est la diaspora
éthiopienne et somalienne exilée en
Virginie qui a fait le succès du vol
Washington-Addis, et la compagnie
espérait réitérer l'exploit en captant
le marché des exilés ouest-africains,
notamment ivoiriens et guinéens. Mais
le groupe a ouvert entre-temps une
liaison entre Newark (New Jersey) et
Addis qui passe par Abidjan et mord
sur le marché de la future ligne vers
Washington. En outre, le groupe subit
la concurrence d'Air France, qui offre
des vols vers les Etats-Unis via Paris.
RDC
ERNST & YOUNG REMPORTE
UN AUDIT ULTRA-SENSIBLE
L'antenne congolaise du cabinet d'au-
dit Ernst & Young a remporté à la fin
septembre un contrat portant sur les
trois derniers exercices (2017, 2018 et
2019) du Fonds pour la promotion de
l’industrie (FPI). Cette institution, dont
le budget est alimenté par la taxe pour
la promotion de l’industrie et l’impôt
sur les importations, a déjà fait l'objet
d'une vigoureuse enquête parlemen-
taire en 2015 à la suite d'accusations de
détournement de fonds proférées par
des députés pourtant membres du parti
de Joseph Kabila, alors au pouvoir.
Au terme de dix mois d'enquête, le
rapport des parlementaires, soumis
à l'Assemblée en juin 2016 et révélé
par Le Monde, pointait des prêts du
FPI non remboursés aux bénéfices de
sénateurs, de parlementaires et même
de membres du gouvernement Kabila
pour un montant total de 138 millions
de francs congolais, soit 98 millions $.
Ces prêts n'ont, à ce jour, pas fait l'objet
de recouvrements.

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Diplomatie
CÔTE D'IVOIRE/RUSSIE Quels
businessmen
volent avec Ouattara vers Sotchi ?
Au moment où les businessmen
trop proches de l'opposition sont
mis à la diète, Alassane Ouattara
n'a choisi que des proches pour
l'accompagner au sommet
Russie-Afrique.
La délégation qui accompagnera le chef de
l'Etat ivoirien au sommet Russie-Afrique, les
23 et 24 octobre à Sotchi, n'est composée
que de fidèles. Outre Adama Bictogo, à la
fois directeur exécutif du Rassemblement
des houphouëtistes pour la démocratie et
la paix, le parti présidentiel, et président du
conglomérat Snedai, qui gère de nombreux
contrats d'Etat, Alassane Ouattara a égale-
ment demandé à Mohamed Sidi Kagnassi
Premier cercle
de l'accompagner en Russie. Fondateur de
la Société des infrastructures modernes et
de développement de la Côte d’Ivoire
(SIMDCI), Kagnassi est un proche du couple
présidentiel.
Troisième élu, Ahmed Cissé, qui préside le
consortium C2I/Archi 2000, attributaire du
marché de construction de la Bibliothèque de
la renaissance africaine, un complexe compre-
nant un hôtel cinq étoiles de 177 chambres et
une bibliothèque. La mise en œuvre du chan-
tier, qui n'a pas encore débuté, est évaluée à
63 milliards F CFA (96 millions €). Également
vice-président de la Confédération générale
des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI),
Ahmed Cissé est un proche de Hamed
Bakayoko, le ministre de la défense.  le chiffre d’affaires de G4S a triplé, passant
Exemplaire destiné exclusivement à Daniel KOUADIO - Abonné n°AA040961
Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir
Décideurs
CÔTE D'IVOIRE HERVÉ KOFFI,
NOUVEAU DG DU GÉANT DE LA
SÉCURITÉ PRIVÉE G4S À ABIDJAN
Leader mondiale de la sécurité privée, le
groupe britannique G4S a nommé début
octobre Hervé Koffi Gnalhey à la tête de sa
filiale ivoirienne. Il y remplace Serge Konan
Kouakou, qui en était le directeur général
depuis près de dix ans. Financier passé par
la banque américaine Citibank, Hervé Koffi
était jusqu'à présent directeur régional Afrique
de l’Ouest de G4S, poste qu'il cumulera
dorénavant avec la fonction de directeur Côte
d'Ivoire. Les relations entre Hervé Koffi et
Serge Konan étaient devenues compliquées
ces derniers mois. En mai, G4S avait déjà
remanié son organigramme pour tenter de
faire mieux cohabiter au sein de son bureau
ivoirien un directeur régional et un directeur
pays. La Côte d'Ivoire constitue l'un des plus
gros marchés ouest-africains de la société
britannique. Durant le mandat de Serge Konan,
de 6 milliards F CFA (9,15 millions €) en 2004
à 17 milliards F CFA (26 millions €) en 2018.

Quitte ou double pour

MALI/CENTRAFRIQUE
Ecolog, sous-traitant favori de l'ONU
Fournisseur de l'ONU et de l'armée
française, le groupe émirati
Ecolog voit ses deux contrats
emblématiques remis en jeu.
La division des achats des Nations unies
dépouille actuellement les offres qui lui
ont été remises pour l'accompagnement
en vivres et équipement de la Minusma
au Mali, l'une des principales missions de
maintien de la paix sur le continent (12 000
hommes). Depuis 2014, le contrat est détenu
par le groupe émirati Ecolog de l'homme
d'affaires macédonien Nazif Destani (  IOL
n°707). Actif en Afghanistan et au Kosovo
auprès de l'OTAN, ce dernier est arrivé en
Afrique grâce au parrainage de l'Econo-
mat des armées (EDA) français - l'EDA et
Ecolog ont été associés jusqu'en 2017 sur
une partie du contrat de fourniture de la
Minusma. L'américain Agility, le français
GCC et le monégasque Esko ont tous soumis
des offres pour succéder à Ecolog, qui a
pour sa part soumissionné pour continuer
à opérer le contrat.
Devenu grâce à ce marché malien un mas-
todonte de l'intendance de guerre, Ecolog
va également devoir défendre son contrat
d'approvisionnement de la Minusca en
Centrafrique, qui vient de faire l'objet d'un
nouvel appel d'offres de l'ONU. Ce marché
centrafricain, beaucoup moins lucratif que
celui de la Minusma, intéresse l'indien Hashi
Energy, qui fournit déjà en nourriture et
produits pétroliers la Monusco, en RDC,
à partir de ses entrepôts de Mombasa. 
AFRIQUE BOB DJANI, NOUVELLE
ARME DE SONY MUSIC POUR
CONCURRENCER UNIVERSAL
Soucieux de grappiller des parts de marché
à Universal Music Africa sur le continent,
Sony Music s'appuie sur l'ancien journaliste
Bob Djani, spécialiste du hip-hop reconverti
depuis peu dans la production musicale via
son label Makea Production. Fin septembre,
Sony a signé un partenariat avec Makea
Production - qui est basé au Cameroun
- pour faciliter l'identification de jeunes
talents africains. Sony Music, qui a ouvert
un bureau à Abidjan en 2017 dirigé par le
producteur historique de Cesaria Evora,
José Da Silva, reste largement distancé par
Universal, leader incontesté sur le marché
ouest-africain. Le directeur d'Universal Music
Africa, Romain Bilharz, peut notamment se
vanter d'avoir signé feu DJ Arafat, le groupe
Kiff no Beat ou encore le duo Toofan.

Business
CÔTE D'IVOIRE
BOUYGUES QUI RIT,
BOUYGUES QUI PLEURE
En villégiature mi-octobre dans sa
villa de Mougins (Alpes-Maritimes),
Alassane Ouattara a reçu Martin
Bouygues et Olivier Bouygues, les
deux dirigeants du groupe Bouygues,
pour un repas célébrant la signature
du contrat du métro urbain d’Abidjan.
Peu de temps auparavant, le groupe
français avait convaincu l'Etat ivoirien
de rajouter 300 millions € à l'enve-
loppe initiale de 1,3 milliard € prévue
pour ce marché, ce afin de financer
les interconnexions avec les autres
réseaux de transport dans la capitale
ivoirienne (‌  LC n°806). Au cours de
ce dîner, les frères Bouygues s'étaient
enquis du projet d’extension de
l’aéroport d’Abidjan, pour lequel leur
groupe avait soumissionné. Las : lors
de l'ouverture des plis quelques jours
plus tard, ce contrat a été attribué à
China Railway International Group,
et ce bien que le groupe chinois ait
fait une offre à 580 millions $, une
somme en partie financée par de la
dette d'Etat, contre 400 millions $
sans endettement souverain pour
Bouygues. Humiliation supplémen-
taire, une fois le contrat attribué, la
Côte d'Ivoire a proposé au groupe de
BTP français d'assurer la maîtrise d'ou-
vrage en guise de lot de consolation…
Bouygues a refusé avec humeur. Ce
contrat stratégique a été géré par trois
personnes : le ministre des transports,
Amadou Koné, cousin du premier
ministre Amadou Gon Coulibaly ;
le général Abdoulaye Coulibaly,
directeur de la société de gestion de
l’aéroport d'Abidjan, Aeria, et conseil-
ler aéronautique auprès de la pré-
sidence ivoirienne ; et enfin Thierry
Kinapara Coulibaly, le directeur
général du BNETD (Bureau national
d’études techniques et de dévelop-
pement). China Railways était pour
sa part conseillé par l’avocat d’affaires
Karim Fadika, très proche du premier
ministre Amadou Gon Coulibaly.

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Diplomatie Premier cercle Réseaux d’affaires Hommes de pouvoir

Angola dentiel, le directeur du service du ren- QUI SONT LES CANDIDATS

seignement extérieur, José Luis Cae- POUR SUCCÉDER À "DISCIPLINA" ?
tano Higino de Sousa, surnommé "Zé
JOÃO LOURENÇO Grande", s'est positionné pour prendre
la suite de "Kianda" au portefeuille de
GERALDO MUHENGO UKWACHITEMBO
Surnommé "Kamorteiro", l'actuel vice-

VEUT BOUSCULER la défense.

LES HAUT GRADÉS
Ancien ministre de la défense, le pré-
sident angolais ne mâche pas ses cri-
tiques contre son successeur, le général
Salviano de Jesus Sequeira dit "Kianda",
et le chef d’état-major António Egidio de
Sousa Santos, surnommé "Disciplina",
tous deux accusés en privé par le pré-
sident de laisser les Forças Armadas
Angolanas (FAA) sans équipement adé-
quat, notamment en termes de casernes
et de véhicules de transport de troupe.
Surfant sur le mécontentement prési-
chef d’état-major général, Geraldo Abreu
Muhengo Ukwachitembo, est le favori
de la présidence, mais également de "Zé
En 2018, c'est déjà "Zé Grande" que
Lourenço souhaitait nommer au
Grande", potentiel ministre de la défense,
pour succéder au chef d'état-major
poste de chef d'état-major. Mais António de Sousa Santos, dit "Disciplina".
"Disciplina" était parvenu à évin- L'un des rares haut gradés de l'armée
cer son concurrent en mobilisant en angolaise à être issu des rangs de l’Unita,
"Kamorteiro" maîtrise les méandres de
sa faveur les commissaires politiques l’état-major. Il prépare actuellement un
originaires, comme lui, de Malanje, et doctorat à l’université portugaise d’Evora.
notamment le général António dos
Santos Neto dit "Patónio", président GOUVEIA SÁ MIRANDA
Outre "Kamorteiro", les généraux des trois
du tribunal militaire suprême (dans la armes des FAA, à savoir Gouveia Sá Miranda
tradition russe, l'armée angolaise est pour la terre, Altino José dos Santos et son
chaperonnée par des membres du parti- prédécesseur Francisco Lopes Gonçalves
Etat MPLA). "Patónio" a fait rencontrer Hanga pour l'armée de l'air, et l’amiral
Augusto da Silva Cunha dit "Gugu" pour
au président angolais sa future épouse la marine, jouent également des coudes et
et garde, à ce titre, une réelle influence des réseaux pour succéder à "Disciplina".
sur le chef de l'Etat. 

MAURITANIE Les
rêves de retour contrariés
de Mohamed Ould Bouamatou
Alors que l'homme d'affaires et opposant
Mohamed Ould Bouamatou espérait nor-
maliser ses relations avec le nouveau chef de
l'Etat, Mohamed Ould Ghazouani, ce dernier
reste intransigeant. L'ancien ministre de la
défense n'entend pas pour le moment lever
les poursuites engagées par l'Etat mauritanien
contre le businessman. Début septembre, il
avait déjà refusé de laisser rentrer Mohamed
RDC Maxime Gandzion se lance dans
le conseil à Kinshasa
Déjà implanté à Brazzaville, MG
Consulting, le cabinet de l'homme d'af-
faires Maxime Gandzion, vient d'ouvrir
une antenne à Kinshasa. Ancien conseil-
ler du président gabonais Omar Bongo,
Maxime Gandzion a régulièrement joué
le rôle de go-between auprès de plusieurs
investisseurs étrangers dans son pays
d'origine, le Congo (  LC n°704). Proche
du clan Sassou, il est le père de Yoann
Gandzion, le patron de la société Afrique
Ould Bouamatou en Mauritanie alors que ce
dernier souhaitait se rendre aux obsèques
de sa mère, décédée quelques jours plus
tôt. Plusieurs opposants mauritaniens à l'ins-
tar de Biram Dah Abeid et Sidi Mohamed
Ould Boubacar ont réclamé ces dernières
semaines à Mohamed Ould Ghazouani l'arrêt
des poursuites contre l'homme d'affaires mau-
ritanien (  voir notre Insiders).  Afrique du Sud. Depuis plusieurs mois, chaque
Pesage Congo et compagnon d'Antonella
Goma, petite-fille de la première dame
Antoinette Sassou Nguesso (   LC
n°775). En 2018, Maxime Gandzion avait
été cité dans le dossier Gunvor, où il avait
notamment été accusé par la justice suisse
d'avoir "établi une entente corruptive"
avec l'entreprise de trading pétrolier. En
2010, au moment des faits, Maxime
Gandzion était en poste à la Société natio-
nale des pétroles du Congo (SNPC).  de l'Etat.
GABON L'exil
contraint
de Frédéric Bongo
C'est lundi 21 octobre qu'a eu lieu la pas-
sation de pouvoir entre Frédéric Bongo et
Brice Clotaire Oligui Nguema, nommé le
16 octobre directeur général des services
spéciaux, l'unité de renseignement de la
Garde républicaine, en remplacement du
demi-frère du président, nommé attaché mili-
taire auprès de l'ambassade du Gabon en
conseil des ministres était l'occasion de
manœuvres plus ou moins subtiles pour écar-
ter Frédéric Bongo de son poste, central dans
l'appareil de renseignement gabonais et à
ce titre âprement convoité.
Ces dernières semaines, il a successivement
été flanqué de responsables des renseigne-
ments militaires fidèles à Brice Laccruche
Alihanga, l'ambitieux directeur de cabinet
du président (   LC n°804 ), puis affecté à
une session de formation au Maroc, etc.
Lorsque Maixent Accrombessi dirigeait le
cabinet d'Ali Bongo, ses relations avec
Frédéric Bongo étaient, déjà, exécrables, et
il avait tenté à maintes reprises de limiter
ses prérogatives et surtout son accès au chef
 

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