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Le plus souvent une faille n'est pas une surface plane, sans épaisseur, mais se révèle jalonnée par un coussinet de roche plus ou moins
épais, qui constitue un "couloir de faille", entre les lèvres de chacun des deux compartiments en mouvement relatif. Sa largeur varie, d'une
faille à l'autre et d'un point à l'autre d'une même faille, depuis un décimètre jusqu'à quelques mètres pour les failles importantes.
Cette tranche de roche intercalaire est "broyée" plus ou moins intensément car il s'exerce, entre les deux compartiments en déplacement,
un serrage qui induit une friction analogue à celle qui a lieu dans une meule (c'est-à-dire associant du cisaillement et de l'écrasement). Il en
résulte la formation d'une brèche de faille ou d'une mylonite, suivant la nature de la roche et l'intensité des pressions.
Le couloir de faille du passage des Roches Rousses (sentier entre le col de Léchaud et le col de Bovinant)
1/ vu du sud ... .. 2/ vu d'enfilade du sud-est ... 3/ schéma cartographique
Le sac à dos est posé sur la lèvre sud-ouest du couloir de faille. La flèche rouge est tracée sur sur le calcaire massif urgonien de la lèvre opposée (lèvre NE).
La zone de brèche du couloir de faille, large de 2 m et de teinte plus jaunâtre, est déprimée et utilisée par le sentier. Elle est bordée par un miroir de faille
(visible à l'extrémité gauche du cliché). Dans le quart inférieur droit de la photo un morceau de brèche de faille plus compacte, correspondant à une navette*
intercalaire, affleure en saillie devant le miroir et le cache : on y voit une ébauche de feuilletage mylonitique (encore espacé et grossier), noté S1 sur le
schéma, dont l'angle aigu par rapport au miroir de faille pointe vers la gauche (vers le nord-ouest).
La verticalité du miroir atteste qu'il s'agit d'un décrochement et la disposition du feuilletage de la brèche tectonique montre que son jeu était sénestre (comme
c'est le cas général pour les cassures NW-SE) : le sens de la flèche correspond donc au mouvement relatif de la lèvre qui la porte (voir à ce sujet le schéma A
ci-après).
http://www.geol-alp.com/0_geol_gene/tectomicro/couloirs_faille.html 1/4
23/09/2017 Couloirs de failles
Le résultat peut se limiter à ce broyage. Dans d'assez nombreux cas il se développe au contraire
GÉOL GÉNÉ SECTIONS
des microstructures
CHARTREUSE
organisées, dont
l'agencement géométrique est d'ailleurs étroitement lié au sens du mouvement.
Schémas montrant les relations géométriques existant entre les failles et les structures microtectoniques associées
On s'est limité aux cas fréquemment observés en Chartreuse.
Le mouvement relatif des deux compartiments est indiqué par les demi-flèches grasses.
Les schémas A, B et C donnent un représentation schématique de la disposition géométrique des plans de déformation microtectonique dans
le couloir de faille, entre les deux miroirs de faille (Mf), c'est-à-dire dans la "zone cisaillée", où se concentre la déformation et leur
disposition par rapport à la direction principale de raccourcissement (Z).
Le schéma B montre notamment la disposition angulaire des failles secondaires, "de Riedel", ainsi créées et le schéma C montre comment
elles sont disposées en échelons. Leur intersection avec le feuilletage schisteux aboutit à une texture de déformation microtectonique de la
roche dite texture S/C, où les plans de schistosité (S s'entrecroisent avec des plans de cisaillement (C) que sont les microfailles P.
Le schéma D montre le rôle que jouent souvent les fractures secondaires pour donner au tracé des failles principales un dessin en baïonnette
(notamment à l'échelle décamétrique). Le schémas E montre enfin comment ce tracé en zig-zag peut détacher des "navettes" entre les deux
miroirs de faille majeurs (Mf).
N.B. : comme le résument les deux schémas encadrés en bas à gauche, la figure représente aussi bien les géométries observables en vue
verticale (cartographique), dans le cas d'un décrochement dextre (sens de mouvement de loin le plus représenté en Chartreuse) que celles
visibles en coupe, dans le cas d'une faille "inverse" (c'est à dire de chevauchement). Dans ce dernier cas, pour se placer dans l'orientation la
plus fréquemment rencontrée en Chartreuse, il faut considérer que l'ouest serait à droite (donc que l'on observe la coupe depuis le coté nord).
On trouvera des commentaires plus détaillés ci-après, dans le texte de la page.
Dans les couloirs de faille le mouvement relatif des deux compartiments (demi-flèches grasses) est oblique aux efforts de
raccourcissement qui sont à l'origine de la faille (lesquels s'exercent en fait sensiblement selon l'horizontale de la figure). Il en résulte, au
sein du couloir de faille, une tendance à l'écrasement, selon Z (direction de raccourcissement interne au couloir)
Ceci induit une déformation microtectonique qui peut s'y exprimer par l'apparition de deux sortes de surfaces, les deux se trouvant
fréquemment combinés (fig. C) :
- des feuillets d'aplatissement dans les roches relativement plastiques (argileuses) : la roche devient une mylonite (schéma A) ;
- des fractures secondaires, ou microfailles (schéma B) , dans les roches plus rigides (calcaires).
La disposition géométrique de ces surfaces est étroitement liée au sens du mouvement et permet donc de déterminer celui-ci en cas
d'absence d'autres indices :
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23/09/2017 Couloirs de failles
- disposition
GÉOL GÉNÉ
du feuilletage schisteux dans une mylonite (schéma A) : les feuillets S1 (assimilables
SECTIONS
à de CHARTREUSE
la schistosité) se disposent
orthogonalement à la direction de raccourcissement Z et dessinent un "crochon" sigmoïde aux approches du miroir de faille le plus proche.
image sensible au survol et au clic
- combinaison des deux types de déformation, aboutissant à la structure dite "S/C" (schéma C). C'est l'aspect le plus commun des zones
de mylonites : les microfailles R tordent en "crochons" sigmoïdes les feuillets S1 qu'elles sectionnent.
Des exemples en sont fournis par la mylonite de la faille de chevauchement de la Saucisse, dans les pentes de la Bastille, par le couloir de
faille du décrochement du col de l'Alpe, à Valfroide, et par celui du chevauchement de la Chartreuse orientale, au tournant 1442 de la route
pastorale du Charmant Som.
Cliché pris le long du sentier, en aval des ruines de Valfroide : la surface représentée est
presque horizontale (photographiée en vue plongeante) et mesure environ 50 cm de coté.
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23/09/2017 Couloirs de failles
- combinaison de failles de deux types, aboutissant à un tracé de faille "en baïonnette" (schéma D) : à toutes échelles, et notamment à
l'échelle décamétrique, le tracé de détail des cassures est souvent formé de tronçons représentant alternativement des failles R et P inter-
connectées.
- formation de "navettes" (schéma E) : ceci est une variante du schéma D, dans laquelle des fragments losangiques ont été découpés par
l'intersection de couples de failles P et R. Les panneaux rocheux amygdalaires ainsi isolés ("navettes") s'effilent à leurs extrémités et sont
souvent séparés par des couloirs secondaires de brèche de faille. Ils subissent un déplacement de valeur moindre que celui des
compartiments entre lesquels ils s'intercalent.
Des exemples en sont fournis, en Chartreuse, par le monolithe de l'Oeille à la Dent de Crolles (ci-dessous) et par la cheminée ouest du Petit
Som.
Il est à noter que les connections entre branches de failles élémentaires, à l'échelle décamétrique, voire hectométrique ou kilométrique,
répondent également souvent au schéma de Riedel (schémas D et E) : un très bel exemple en est donné par le décrochement de l'Alpette
dans le secteur de Saint-Pierre-d'Entremont.
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