I - INTRODUCTION
II - DEFINITION
A - Définition "classique":
B - Définition du DSM-IV
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Les équivoques de la relation avec l'hypocondriaque peuvent
enseigner au psychiatre à rester avant tout médecin.
Autre problème posé par l'hypocondrie est la mise en échec de
l'équipe soignante. La multiplication des consultations, la résistance des
symptômes aux traitements symptomatiques et aux tentatives de réassurance
sont d'autant d'éléments en faveur de l'instauration d'un climat de suspicion
et d'irritation entre le médecin et son malade.
L'hypocondrie est aussi un trouble invalidant, en raison de la
multiplication des arrêts de travail et des hospitalisations itératives. A long
terme, et avec la diminution de l'intérêt pour le monde extérieur, elle peut
être à l'origine d'une désocialisation de l'individu.
Se pose aussi un problème d'ordre économique, à savoir la
multiplication des examens complémentaires parfois fort complexes et
coûteux qui ne serviront finalement qu'à entretenir le symptôme.
IV - DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
A - HYPOCONDRIE NEVROTIQUE
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changements corporels et les informations fournies par les proches et le
médecin.
La névrose hypocondriaque implique une régression narcissique
perceptible à la fois dans la rencontre avec le malade et dans l'exploration de
son histoire.
Ce patient difficile associe l'exigence de cure à la conviction
d'incurabilité. La multiplication des examens complémentaires et leurs
résultats négatifs, loin de rassurer le patient, confirment ses craintes et
contribuent à amplifier ses symptômes. La mise en échec de l'équipe
soignante est constante.
Un tel patient suscite chez son médecin soit une agressivité contre-
transférentielle, soit une complaisance abusive. Le psychiatre, pour éviter
ces deux situations, doit réduire son intervention à une psychothérapie
d'écoute et à une chimiothérapie mesurée dont il doit garder l'initiative et
maîtriser la prescription.
L'évolution se fait vers la chronicité invalidante et désocialisante.
Les changements de médecins, la multiplication des examens
complémentaires, l'expérimentation d'un nombre important de substances
pharmaceutiques rendent la thérapeutique incohérente.
Les plaintes incessantes épuisent la patience de l'entourage qui finit
par ne plus écouter ses jérémiades. Ce rejet et le repli sur soi qui s'en suit
réduit le champ des activités à une existence recluse.
Parfois, on peut observer des comportements agressifs, des conduites
suicidaires, une quérulence et une hétéro-agressivité à l'égard des médecins.
L'homicide reste exceptionnel.
B - HYPOCONDRIE PSYCHOTIQUE
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4 - habitation, possession
Sentiment d'être possédé par une puissance diabolique, animale ou
autre.
5 - idées de négation
- négation d'organes : "je n'ai plus d'œsophage, d'intestins"
- négation de la personne, de son identité: "je n'existe pas"
- négation des facultés, de la pensée, des sentiments
- négation du monde extérieur : "choses ou personnes mortes"
Les idées de négation ne sont pas spécifiques d'une pathologie bien
précise. Dans les mélancolies délirantes, elles font partie du syndrome de
Cotard.
Le syndrome de Cotard, spécifique et caractéristique de la
mélancolie délirante, correspond à l'association :
1 - la mélancolie délirante
L'hypocondrie mélancolique s'observe surtout dans les formes
délirantes. Elle proclame alors, la ruine somatique, l'imminence de mort, le
châtiment corporel, la culpabilité.
Les thèmes de négation d'organes, de mort vécue, d'immortalité
douloureuse s'associent parfois pour constituer le syndrome de Cotard.
Le risque suicidaire est particulièrement important dans ces formes
hypocondriaques de la mélancolie.
2 - les schizophrénies
L'hypocondrie n'est pas rare au début de la Sx. Elle fait alors partie
des modes d'entrée pseudonévrotique (dysmorphophobie avec signe du
miroir, dépersonnalisation).
A la phase d'état, elle s'intègre à la thématique délirante des formes
paranoïdes. En outre, certains syndromes d'influence avec hallucinations
psychomotrices donnent la parole à des voix proférées par les organes
intérieurs : Sd de possession, d'habitation interne, de démonopathie et de
zoopathie interne.
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En matière de délire paranoïaque, le thème hypocondriaque est
retrouvé essentiellement dans la sinistrose. Un fait réel est souvent à
l'origine de la revendication. Dont la tonalité psychotique se manifeste par
l'hypersthénie passionnelle et la prédominance dans les préoccupations du
sujet, de l'auteur du préjudice.
Il faut insister sur la dangerosité des hypocondriaques
revendicateurs.
4 - les états démentiels
Les états démentiels débutent souvent par des préoccupations
hypocondriaques, parfois par des idées franchement délirantes. Lorsqu'il
s'agit d'un état confusionnel ou sub-confusionnel qui inaugure la démence, il
s'agit surtout d'idées de négation d'organes.
L'hypocondrie est particulièrement fréquentes dans la maladie
d'Alzheimer et dans les paralysies générales.
V - DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
VI - ETIOPATHOGENIE
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Il serait illusoire d'espérer de traiter l'hypocondrie en satisfaisant le
patient dans sa demande artificielle de sédation des symptômes, dans son
avidité des explorations complémentaires et dans sa vaine quête de
réassurance.
Les psychiatres ne sont pratiquement jamais consultés spontanément:
leur intervention est souvent mal comprise ou mal vécue par les patients qui
s'estiment parfois "abandonnés" par leur médecin somaticien. Les
psychologues sont souvent mieux acceptés.
Le traitement spécifique dépend de l'étiologie.
Mais le traitement consiste avant tout à accepter la doléance
hypocondriaque sans impatience mais sans concession c'est à dire en
refusant les investigations et surtout les gestes chirurgicaux inutiles.
C'est dans ces conditions qu'une chimiothérapie psychotrope
(anxiolytiques, neuroleptiques, antidépresseurs) adaptée peut être efficace.
Les thérapies cognitivo-comportementales associées à des séances
d'hypnose et de relaxation peuvent être envisagées.